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3me A n n é e . — N° 172 U n N u m é ro : 2 0 C e n t im e s 15 J uin 1901
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TRIBUNE LIBRERÉDACTION ET ADMINISTRATIONR u e O e v i l l e , TO U LO U SE
Directeur-fondateur............................. A. MOULINIER.Rédacteur en chef................................ Jean de L’HERS.
M ardi et Vendredi de 5 à 5 heures.
B I - M E N S U E LUn a n ........................................................... 5 fr.Edition de luxe .......................................... 10 fr.Publicité (la ligne) dernière page........... 1 fr.
Les abonnements fa r ten t du i ' c janvier et i Kt ju i l le t . Les Manuscrits non insérés e tle s dessins non reproduits ne SBront pas rendus.
RÉDACTION A PARISRédacteur en ch e f ............................... Marc LEGRAND.
34, rue Gay-Lussac (Vendredi de i z h. à midi).
Secrétaire de la Rédaction. Guy de MONTGAILHARD 42, Eaubourg Montmartre (Lundi de 3 à 5 heures).
So m m a ir e
Exposition Daumier.................L ’Exposition de Photographie.Le Soir ..........................................Reflets d’Evangile .......................Concert de la Clémence-Isaure.Tribune libre...............................Le Congrès régionaliste............oAttentes.......................................Echos et Nouvelles ..........
Jean L o r é d a n .
U n P a s s a n t .
Francis L e p a g e .
Aulète C a l o y e r .
B. F o u r n e z .
Vicomte d e C a u m o n .
B. F.P a s s i m .
EXPOSITION DAUMIER
C> r a c e à M. Roger Marx, nous avions pu le voir l ’année der-
J n iè re ,à la Centennale, ce grand et bon Daumier — l 'admirer
dans un nombre important de ses œuvres. Et de nouveau le
voici parmi nous.
Cette fois, c’est à l ’Ecole des Beaux-Arts q u ’il habite et c’est
la Bienfaisance qui nous le ramène. Le fait n ’a rien qui doive
nous surprendre : La Bienfaisance et lui marchèrent souvent de
compagnie.
Car il fut un brave h om m e — pas toujours heureux — et s’il
haïssait le mensonge, l’égoïsme, la cruauté, c’est qu ’il aimait les
humbles et les simples, les délaissés, toutes les victimes; philo
sophe résigné, il avait pitié même de ceux-là qu’il fustigeait
rudem ent de sa main puissante. Aussi, l ’un de ses fervents, l ’un
de ceux qui le connaissent le mieux aujourd’hui, Gustave Geffroy, le disait-il fort justement : « Ce violent^ ce féroce, qui s’empare
de tout ce qui se passe et ne cèle rien de ses tares visibles et
secrètes, est tout de même un bon homme, compatissant à ses
semblables.. . Sa cruauté va sans dégoût. Il est terrible et fra
ternel ».
Regardez ces vieux paillasses, usés et lamentables, tra înant la
grosse caisse et les trétaux, la représentation terminée, t irant la
jam be , l’œil morne, la grimace effacée maintenant, redevenus
eux-mêmes après la parade ; regardez ces braves et laborieuses
femmes du peuple , m ontan t les escaliers des quais, chargées des
lourds paquets de linge, avec des marmots pendus à leurs jupes;
et ces naïfs spectateurs du paradis, attentifs, béants, suivant les
péripéties du sombre drame risible, qui fait tressaillir leurs
âmes eniantines ; et ces tout peti ts qui dansent, insouciants,
dans la lumière b londe ; et cet autre naïf, son Don Quichotte , les yeux aux n ues , et, sur les bancs de la Cour d’Assises, en
face des juges somnolents, ces pauvres diables effondrés, a t ten
dant la sentence, au ronflement m onotone des belles périodes oratoires, tandis que leurs défenseurs, surprenantes machines à
paroles, les bras tendus, la tête en arrière, des larmes dans la
voix, laissent couler l ’intarissable flot de leur éloquence indif
férente ! Ah, ceux-là il ne les aime guère ! Les égoïstes, les
menteurs, les bêtes de proie sont ses ennemis. Mais, quels
sourires pitoyables il a pour les déshéri tés, pour ceux qui souf
frent !...
Non certes, nulle plus noble figure ne pouvait présider une
œuvre charitable. Et quel plaisir de le revoir , ce merveilleux et
bon Daumier !
J e a n LORÉDAN.
o u r beaucoup, l’exposition organisée par la Société photographique de Toulouse a été une véritable révélation. Là en effet les incrédules, les indécis ‘ ont vu que l’art et la photographie loin d’être des sœurs ennemies, pouvaient, au contraire, s’entendre
admirablement et qu’en se prêtant un mutuel appui elles pourraient produire des œuvres dignes de figurer à côté des maîtres du pinceau.
Malheureusement, il faut bien en convenir, trop de photographes amateurs ont émis la prétention de faire à coup sûr des photographies artistiques, certains mêmes ont prétendu codifier, mettre en formule cette photographie artistique dont ils avaient plein la bouche. Mais ils oubliaient, les malheureux, que ce n’est jpas le procédé qui laissé à lui seul peut constituer une œuvre j
d’art ; ce qu’il fallait tout d’abord posséder, c’est l’instinct artis- !tique, c’est l’enseignement de l’Ecole.
Et comme l’a dit excellemment M. Robert de la Sizeranne : enfin l’art est venu ; peu à peu, par l’éducation de son œil et de sa pensée, le photographe a deviné que le sujet n’était pas tout entier dans la nature, mais aussi en lui même et que le travail ne devrait pas tout entier être tait par sa machine, mais aussi par son cerveau et par ses mains. »
L’éducation photographique est aujourd’hui poussée à un degré extrême, appareils et procédés sont parfaits, et il suffit d’ajouter à cela l’éducation artistique. Le photographe, comme le peintre, doit savoir composer, pour l’un et pour l’autre les règles sont les mêmes, le mode d'exécution seul est différent.
Les études d'intérieur peuvent se traiter de même façon, et le peintre aussi bien que le photographe auront à leur disposition : le choix de la pose, les accessoires, enfin l’éclairage, qui est de jtout premier ordre en photographie. j
Dans le paysage, les difficultés seront plus nombreuses; mais comme en peinture et comme disait Corot la chose essentielle est de savoir s’asseoir, de trouver ce point où le tableau tout fait se montre à l’observateur qui sait voir.
Composer une scène d’intérieur, se bien placer devant un paysage ne seront que la mise en pratique de la science de la composition et « savoir présenter une idée esthétique sous la forme concrète d’un ensemble de lignes et de tons liés par le mystérieux accord d’une harmonieuse unité, c’est, en effet, tout l’art de composer, art subtil et fuyant qui se joue des règles et des formules et dont il faut tâcher simplement d’analyser à grands traits les éléments essentiels. » '
Telles sont les considérations que le véritable amateur en photographie doit toujours avoir présent à l’esprit et qui lui permettront de faire réellement œuvres d’arts.
L exposition du Conservatoire aura le grand avantage de mettre sous les yeux des véritables connaisseurs, une série remarquable d’œuvres photographiques qui démontrent amplement l’exactitude de ce que nous venons d’exposer.
A côté des études envoyées par les maîtres du Photo-Club de Paris et dont l’éloge n’est plus à faire, nous pourrons mettre en parallèle les œuvres si variées et si nettement personnelles j:de M. Bert, le président bien connu de notre Société photogra- jphique. Il est vrai de dire que M. Bert plus que tout autre était j i
déjà préparé à faire œuvre d’art en photographie, et qu’avant de
tracasser l’objectif, il maniait avec aisance le pinceau et l’ébau- choir. Il 3 changé d’outil, et trouvé de nouvelles ressources dans les procédés photographiques, sachant les approprier avec un rare bonheur à l’interprétation de scènes d’intérieur et de paysages admirablement choisis.
Ici tout est combiné, agencé pour l’interprétation complète du sujet choisi, jusqu’à l’en cadrement qui n’est pas quelconque et auquel M. Bert n’a pas craint de mettre la main.
Il faudrait tout citer : le port de Westminster, la tour du Parlement sont bien des sujets Anglais, traités à l’Anglaise ; les marines, sur les côtes Basques surtout, sont de véritables tableaux; le dome de la Grave est d’un effet saisissant. A côté de ces sujets de paysages, les motifs d’atelier, portraits et études; mais n’oublions pas un délicieux éventail d’une originalité à nulle autre pareille; et un panneau art décoratif étonnant.
Tout à côté de l’exposition de M. Bert et dans le même ordre d’idée, nous citerons les marines de M. Sirven, tableaux de genre des mieux réussis; les délicieux cadres de M. de Bonne: salle capitulaire et cloître de Fontfroide.
Nos amateurs toulousains ont donc fait œuvre d’art photographique et, nous ne saurions trop le répéter, les œuvres par eux exposées ont fait très bonne figure à côté des maîtres du photo- club de Paris.
A côté de ces morceaux, absolument hors ligne, il y aurait à citer encore nombre de cadres qui dénotent également chez leurs auteurs une entente parfaite de la composition appliquée à la photographie, mais nous ne pouvons donner à cet article une trop grande longueur ; et force nous sera de citer parmi nos amateurs Toulousains, les épreuves de MM. docteur Castaing, Gaubert (surtout les numéros 929 et 931), Maury, Regnault, Sans, etc., etc.
En résumé 1 exposition de Toulouse a mis au premier rang nos amateurs Toulousains, et elle a prouvé amplement que l ’art et la photographie pouvaient s’allier de la manière la plus complète.
UN PASSANT.
S a S § @ 1 1
Le son des chalumeaux décroît dans le sentier Q u ’obscurcissent déjà les ombres viole ttes;Chèvres, chiens et moutons ont suivi les bergers ; Myrto, voici venir la grande nuit muette.
Le village, là-bas, fume au bord du ruisseau;Les filles, en riant, descendent aux fontaines,Et jasent, accoudées, au bord des vasques pleines, Mêlant le son des voix au murmure des eaux.
Les grands bœufs au poil roux, méditatifs et lents,Vers l’étable connue s’en viennent pas à pas,Tandis que derrière eux le pasteur indolent Chante sur ses pipeaux Hellé 011 Glycéra.
Viens, marche près de moi, le crépuscule est doux ; Dévide, en cheminant, ta quenouil le de lin ;Le chèvre-pieds, charmé, t ’admire ; — et devant nous Nos deux ombres unies marchent sur le chemin.
F r a n c i s LEPAGE.
T(cflets d ’Evangile ”P a r M . l’abbé B a r t h é s , maître ès jeux-floraux.— Paris, Alphonse L e m e r r e , 1901 j j
Vo i c i , peut-ê tre , dans ces vers exquis, un cinquième livre de
VImitation. De longues méditations sur l’Evangile, distillées >en quelques strophes de pieuses élégies, des colloques, des prières i
tournés en fines pièces d’anthologie , des sonnets mystérieusem e n t épanouis en oraison jaculatoire : tel est ce petit traité jartistique de la vie intérieure . O n y démêle com m ent les impressions de la nature et des livres se transposent en rythmes
choisies dans un esprit dévot et rare. On sent que, pour noter
les démarches sinueuses d ’une émotion qui jouit d ’elle-même en i s ’analysant, l’auteur a dû, jus tem ent pour éviter la manière, j
recourir aux artifices des poèmes à forme fixe. Voilà pourquoi il jj
y a tan t de sonnets . jLe desservant qui, dans les loisirs du presbytère, r imait ainsi s
ses élévations, ne se douta it pas (et c’est un apostolat qui n ’est
pas banal; , q u ’il dilatait d 'autant son ministère. Les esthètes
dev iennent ses paroissiens. Le secret est retrouvé de faire parler j
l ’Ami des âmes : jj
Je suis la goutte d’eau que tu cherches, je suis L’apaisement des soifs. Mais pour qu’à ma fontaine Je te conduise, ainsi que la Samaritaine,Il te faut renoncer à boire aux autres puits.
C’est pour avoir écouté et regardé, non en dilettante , mais en j
croyant , que le poète a mérité d’en tendre ces paroles et de sentir
sur lui le regard du divin Ami :
Regard d’homme et de dieu sous la même paupière.
La sincérité, en effet, donne tout leur prix aux R eflets d ’Evan
gile. Sous la plume d’un alexandrin , les formes de l’art le plus
raffiné se sont trouvées l’expression spontanée d ’émotions naïves.
La simplicité y est un prestige. C’est par où cette poésie fait le
■charme des délicats et l ’édification des simples. i
11 n ’est pas donné à tout le monde, disait M. de Saci à Pascal,
de faire de telles réflexions sur ses lectures. Il n ’a été donné j
«ans doute à personne au même degré qu ’à M. l’abbé Barthés
d ’entendre les poètes modernes, d ’en tre r dans leur tour de sen- j
sibilité et d ’imagination et d ’en dégager, sans y tâcher, ce qu’ils
renferment de christianisme inconscient. Encore q u ’il n ’est pas j
trace de déformation professionnelle, on retrouve toujours en
lui l ’accent sacerdotal. Par un don unique de réaction sym path ique, sans cesser d ’être lui-même, il est tour à tour, sans imi
tation ni postiche, chacun des poètes qu’il vient de lire. N ’est-ce
pas Rodenbach qui j
... a ouaté de flocons cette urne de prières, 5s
ou dégradé ce « Crépuscule ? »
Le soleil d’hiver meurt d’une mort lente et pâle;Et voici qu’au-dessus des maisons peu à peu j<De l’âtre ranimé sort un panache bleu, jjEt qu’au ras des sillons flotte un brouillard d’opale. jj
Où s’en va la fumée, où s’en vont les brouillards Qui s’élèvent le soir, des toits et de la plaine?Suivent-ils le caprice entraînant d’une haleine?Non, c’est vers Dieu qu’ils font de nocturnes départs. jj
Car la chute du jour est clévote. C’est l’heure Où l’âme rentre en sa chapelle intérieureEt rallume la cire blanche à son autel. j >
La pâture à son tour comme un encensoir fume 5 <Et ce vol bleu de la fumée et de la brume 5 sEst l ’encens de la terre et monte vers le ciel. j j
Sans doute , M. Rostand, qui a vu les lèvres de Shakespeare se
poser aux bagues des doigts de Sorah, a vu aussi {5
... qu’à tes doigts, où nul bijou ne reste,] j jLes Anges ont baisé la pitié de ton geste.
Parmi les Passants du Passé, M. de Régnier a oublié de mettre
le Franciscain :
Barbu, la corde aux reins, les mains gourdes, nu tête,Et la sandale ouverte aux morsures du gel.
Est-ce M. Harancourt qui a traduit ainsi le Cantique des Can
tiques, ou si c’est M. Maurice Bouchor?
La plaie est passée et l ’hiver a fui.Au figuier mûrit la figue nouvelle,Nos prés sont en fleur, j ’ai même aujourd’hui Ouï roucouler la tourterelle,La pluie est passée et l hiver a fui.
N’avez-vous pas vu quand l’aurore à lui Bondir comme un faon Celui que j’appelle ?Depuis le matin je cours après Lui.Veilleurs avez-vous de la citadelle Vu le Bien-Aimé quand l'aurore a lui?
Mais je reconnais son pas dans la nuit Viens, ta fiancée est brune, mais belle.Posez sous mon front des fleurs pour appui Et soutenez-moi, mes sœurs, je chancelle En reconnaissant son pas dans la nuit.
Au milieu des courts poèmes, trois ou quatre pièces d’une
plus longue haleine s’élèvent à la plus émouvante é loquence :
l e Christ de l'A lcove, écrit p ou rM . François Coppée, est un acte d’apostolat. Une remarque s’impose ici qui viendra à bien des
lecteurs. Si Refle ts d ’Evangile et Pour la Prière et pour la L u t te , n ’eussent pas été donnés au public presque en même temps,
on se serait demandé lequel des deux s’était inspiré de l ’autre.
Nous sommes de ceux qui se perm etten t de prédire à M. Pabbé
Barthés que son évolution n ’est pas achevée ; mais il est un
point sur lequel il ne modifiera p robablem ent pas ses partis-pris
généraux. La métrique qui, depuis vingt ans, a eu de folles oscil
lations, est en train de reprendre son équil ibre. Les nouvelles
écoles auront bien mérité des Muses. O n leur doit d ’avoir mieux
compris que le vers pris isolément a u n e beauté organique. Elles
on t montré que la coupe ternaire équivaut à la coup binaire et l ’accent tonique à la césure. Seulement, il s’agit de rimer, d ’au
tan t que la rime, dans un système moins stable, devient la seule
barre de mesure. Notre poète , sans tom ber dans le scrupule, a la
probité de la rime et les professionnels t rouveront chez lui
(puisque aussi bien cela se chiffre comme la chimie ou les
accords), toutes les formules de l ’équivalence ternaire. Ils admi
reront dans la facture la même sincérité que nous avons admiré
dans l’émotion. Rien n ’a été mis de chic, mais pour satisfaire a u x subtiles exigences d’une oreille épurge et sensible jusqu’au
frisson à l 'é légante mathématique de son métier. Les profanes,
en lisant ces vers, p rennen t peu à peu confiance dans leur
sens crit ique ; ils se savent gré de démêler si bien les procédés
des décadents et des symbolistes. M. l’abbé Barthés a eu la poli
tesse de nous ménager cette satisfaction d ’amour-propre.
Un des rêves caressés de Renan était de ren tre r après sa mort
dans l ’Eglise en un petit livre de luxe entre des doigts, f inement
gantés. Les R efle ts d 'Evangile y seraient mieux à leur place. A
«la chute dévote du jour* , lorsque les urnes de prière épanchent
leurs sons troublants , alors que les lumées et les nuages appa
reil lent pour de nocturnes départs, on se navrera à faire dans
cette précieuse plaquette sa lecture spirituelle. Elle est aussi le
cadeau le plus délicat à présenter, avec un tendre respect, à une
belle main. A u lète CALOYER.
Concert de la C lém enee-Isaupe
La société chorale de Clémence-Isaure , dont l ’in tell igente
direction appartient à M. Aimé Cuq, donnait tout récem
m ent son concert annuel de bienfaisance.
On sait déjà à quel point de perfection est parvenue cette
société chorale qui, seule de notre région, a osé prendre part au
grand concours d’honn eu r de l’Exposition Universelle et qui en
est revenue, sinon avec la grande timbale, du moins avec un
premier prix d’exécution bien digne de flatter son amour-propre.
Etant donné le peti t nombre (50 environ) de ces chanteurs,
ouvriers pour la plupart , on se demande com m ent ils ont pu
faire bonne figure à côté de ces énormes et riches sociétés du
Nord avec leurs 100, 150 et même 180 voix. Ces chiffres, que
nous citons à dessein pour faire un peu honte à notre indolence
méridionale , sont significatifs. Est-il vrai q u ’à Toulouse, « la
patrie des chanteurs, » on ne puisse arriver à grouper ces impo
santes masses chorales dont le Nord nous a donné l’exemple.
Le dernier concert de la Clémence-Isaure nous a prouvé que,
à défaut de la quantité , cette société possédait de belles qualités
de nuances, de justesse et de sûreté dans l ’attaque.
Le chœ ur de Théodore Dubois, La Voix de la N ature, aux
harmonies hardies et délicates, le pit toresque chœ ur de Laurent
de Rillé, Les Fumeurs d,'Opium* la piquante Sérénade d 'H iver de
Saint-Saëns, et enfin, la magistrale Bénédiction des Poignards
du quatrième acte des h u g u e n o ts , nous ont permis d ’apprécier à
loisir toute la vail lance de la Clémence-Lsaure et la variété de
ses belles qualités. Une mention spéciale aux deux solistes,
MM. Subra et Décamps.
Une pléiade de jeunes artistes a in terprété, en outre, toute
une série de jolies pièces de concert. Nous relevons tout d ’abord
la délicate attention de ces jeunes gens qui avaient tenu à rendre
hommage au distingué vice-président de la Clémence-Isaure,
M. A. Moulinier, en puisant avec abondance dans son riche et
délicat répertoire musical. C’est ainsi que nous avons en tendu
la spirituelle Aubado à M argarido, par M. Méau, dont la voix
légère et agréablement t imbrée se plaît dans les gracieux dessins
de cette piécette ; — la Berceuse , et la romance sans paroles
Cœur dolent, dont M. Lescat a fait vibrer, sur le violon, la grâce
harm onique et l ’émotion mélodique. Mmo Gardes, après avoir
déclamé le grand air de Sigurd , nous a donné la Sérénade tr is te ,
où sa voix généreuse semble avoir trouvé sa juste mesure. Enfin
Mlle Labat, une jeune pianiste qui, pendan t toute la soirée, s’est
prodiguée avec autant d ’intelligence que de grâce au piano
d’accompagnement, a exécuté avec brio un thème sur lequel
M. Moulinier a b rodé d’intéressantes et de capricieuses varia
tions. Au programme encore : Les deux Grenadiers de Schum-
man, dont M. Galinier, basse noble du théâtre royal d ’Anvers,
a rendu, d’une voix souple et puissante , la grandeur tragique ;
L ’Ecole buissonnière, une bluette de Marcel Legay, gentiment
chantée par M. M éau; des fables de La Fontaine, dites avec
beaucoup d’intelligence et d ’expression par M. Monteil ; la
Romance pour violon de Swendsen, jo l im ent interpretée par
M. Lescat, etc.. .
Enfin n ’oublions pas de m ent ionner YUnion harmonique, l ’in
téressante société instrumentale également dirigée par M. Cuq,
qui a joué, avec ensemble et justesse, une ouverture de Suppé,
une valse de Strauss, une fantaisie pour clarinette sur Lucrèce
Borgia , et qui a partagé le succès de la Clémence-Isaure dans
l ’exécution de la célèbre Bénédiction des Poignards.
B. FOURNEZ.
TRIBUNE LIBRE
Nous term inons à peine un h iv e r lo n g e t maussade et pendant
lequel, mieux que pendant tout autre, nous avons pu cons"
tater que taisaient com plè tem ent défaut à Toulouse les p rom e
noirs couverts. Dans une ville comme la nôtre, avec une muni
cipalité rompue aux affaires par la longévité que lui donne le
suffrage universel, il est à peine croyable q u ’un industriel ou
une Société n ’ait pas essayé de doter de galeries couvertes notre
ville.Nul doute que dans la mesure du possible l’adminis tration ne
lui eût accordé toutes les facilités pour doter Toulouse d’une des
choses dont elle m anque le plus en hiver et qui eût été égale
m ent très fréquenté en toute saison.
Il n 'est pas une des grandes cités italiennes qui ne possède
plusieurs galeries monumentales ornées avec le goût inné de nos
voisins transalpins et dont les colonnes, stuquées avec l’habileté
des ouvriers italiens, séparent les plus beaux magasins, ou, du
moins, les plus fréquentées de ces villes. Toulouse, par bien des
traits, rappelle la ville artistique par excellence : j ’ai nom m é
Florence. Là, tous les arts on t embell i la ville. L’architecture,
la sculpture, la peinture, et au printemps l’horticulture, font de
Florence l’A thène de l’Italie, comme de Toulouse l ’Athène du
Midi.
Mais là s’arrête la comparaison, car le Florentin en tre , quand
il veut causer affaires ou se prom ener à l’ombre ou à l’abri du
vent, dans la loggia où se trouvent des œuvres d’art inestimables
et si j ’ai amené ce souvenir, c ’est parce que sans bourse délier
notre municipali té , dans un m onum ent à peu près pareil , pour
rait, si elle était b ien inspirée, donner aux Toulousains libre
accès dans les salles basses de notre nouveau musée et créer
ainsi, au milieu de statues que leur poids et leur taille, sans
compter une surveil lance constante , mettra ient à l’abri des
déprédations, un véritable lieu de délices pour les causeurs. Ils
pourraient s’y prom ener tout à leur aise sans craindre les cou
doiements du trottoir , sortir, interroger le temps et ren trer pour
continuer leur prom enade si les in tempéries les y forçaient.
Nous en connaissons beacoup des ces éternels péripatéticiens
qui, bousculés rue Alsàce-Lorraine, gagnent les arcades du Capi-
tole quand il pleut ou qu’il vente . Là, peu à l ’abri et sûrs de se
trouver seuls de leur sexe, ils ne restent pas longtemps et ren
tren t morosesdans leurs appartements ou dans l’airv iciéd’un café.
Mais nos bébés, nos nourrices, ne peuvent pas suivre les retrai
tés de tout genre qui p rom ènen t leurs graves soucis sous les
arcades; pas une femme ne s’y aventurerait, le vent emporte
t rop facilement la cendre des cigares sur leurs voilettes, et elles
y sont plus crottées que dehors. Pourquoi ne pas leur ouvrir
toutes grandes nos galeries du musée ; un ou deuK gardiens de
plus suffiraient. Et d ’ailleurs, par le mauvais temps, ils ne sont
pas dans les squares, où ils n ’auraient que faire?
Espérons un bon et généreux m ouvement en faveur de tous
ceux, et ils sont nombreux, qui viennent chercher le repos de
la retraite dans notre cité amie de la poésie, des fleurs, des arts,
et d’une vie plus facile, oserais-je le dire, que dans bien d’autres
cités moroses et revêches. Rendons à ces épris de Toulouse son
beau côté encore plus séduisant, et si nous ne voyons pas éclore,
pour le plus grand profit du commerce, les grandes galeries des
villes italiennes ou les passages de quelques villes françaises,
ouvrons-leur celles qui sont toutes prêtes pour cela avec bien
peu àe trais.V i c o m t e d e CAUMON.
Mai 1901.
n ç j r c s r é g i o n a l i s t e BIBLIOGRAPHIE
V oici le compte rendu du Congrès régionaliste de Toulouse
tel que nous le communique M. Armand Praviel, secrétaire du comité régionaliste.
Séance du samedi 25 mai, à 9 heures du matin : Présidence de M. André Sourreil, capiscol de VEscolo moundino , assisté par MM. Constans et Bourciez, professeurs de lit térature romane aux Universités d ’Aix et de Bordeaux.
O r g a n is a t io n d u t r a v a i l .
i° Le Congrès émet le vœu immédiat que le travail puisse être organisé l ibrement sur les chantiers munic ipaux et dépar tem en taux.
20 Que les capitaux régionaux et particulièrement les fonds des Caisses d ’épargne soient maintenus dans la région pour servir à des placements dans les caisses rurales et les coopératives de production.
30 Pour le jour où l ’autonomie communale et régionale sera un fait, que l’on accorde le droit de légiférer en matière d ’organisation du travail, sous le contrôle de la commune par la région et de la région par l’Etat. (Rapport de M. Frayssinet.)
A u t o n o m i e c o m m u n a l e .
10 Gestion des affaires de la commune par la com m une, de la région par la région, et de la Nation par l’Etat.
20 Organisation du référendum communal ; organisation de la représentation proportionnelle dans les assemblées com m unales et législatives. (Rapport de M. Charles Delorme.)
— Séance du Sa medi 25 mai, à 2 heures du soir. Présidence de M. Constans, assisté de MM, Jeanroy, professeur de littérature romane à l ’Université de Toulouse, et de M. Bourciez.
-—• E n s e i g n e m e n t :
Le Congrès émet le vœu que l ’histoire de la com m une et de la province fasse partie de l ’enseignement primaire, secondaire e supérieur. (Rapport de M. J.-M. Simon.)
— Le Congrès émet les vœux suivants :
« Enseignem ent supérieur. — Autonomiecomplète des Univer sités régionales. Disposition de leur budget et de leur programme. Groupement, autourdes Universités, des forces décentralisatrices de la région.
« Enseignem ent secondaire. — A utonomie relative des lycées etcollèges. Adjonction aux conseils de professeurs, de personnalités compétentes et de pères de famille. Enseignement de l'histoire et de la géographie au point de vue régional.
« Enseignem ent primaire. — Réforme de l’enseignement p r i maire au point de vue régional par une m éthode plus pratique (enseignement agricole et industr iel suivant les besoins locaux) par l’utilisation des dialectes locaux et par la glorification de la terre et du métier. » (R apport de M. H. de la Renommière.)
— Le Congrès émet le vœu que l ’article 14 du règlement des écoles primaires qui édicté que le français sera seul en usage dans les écoles soit abrogé. (Rapport de M. Vié.)
— L’enseignement de la langue d’Oc sera donné dans les écoles normales et accompagné de notions élémentaires de latin, de façon que les insti tu teurs puissent, en connaissance de cause, se servir de l ’idiome local pour l’enseignement du français. (Rapport de M. le baron H. Guill ibert .)
— Le Congrès invite les adminis trations de l’Etat à respecter l ’orthographe des noms des localités. (Rapport de M. Ronjat.)
D é v e lo p p e m e n t d e s œ u v r e s d e l ’i n i t i a t i v e p r iv é e .
Le Congrès, considérant q u ’il y a lieu de répandre dans toute la France, fut-ce au détr iment de la Capitale trop abondam m ent favorisée, le culte du Beau par la lormation du goût artistique, ainsi q u e l ’on ten trep r isdes sociétés comme la Cœcilia et l ’Union Artistique, de Toulouse, émet le vœu que la commune, le départem ent et l ’Etat in terv iennent sérieusement pour seconder avec elficacité ces sociétés dues à l’initiative privée, dont le but élevé nécessite des secours ou subventions indispensables à leur vitalité. (Rapport de M. Emile Deniau.)
A T T E N T E S
Par J. Cottin
La jalouse Mort exerce parfois de hâtives et soudaines ven geances contre les poètes, chanteurs de la Vie ! Voici un recueil
de vers, signés J. Cott in , qui devait n ’être qu 'un essai de jeu
nesse et qui est le tes tam ent poétique d’un poète de 25 ans !
Saluons avec tristesse cet élu de la Mort : il était aussi l ’élu des
Muses. Sans doute il serait facile de relever dans son recueil,
dans la première partie surtout, des traces de jeunesse à.prosaïs
mes, vers déjà lus, phrases sonores mais vaines. Il est plus juste
d’y signaler d ’estimables et bien personnels mérites. D ’abord ce
jeune hom m e était bien au then t iquem ent un poète. O n sent, à
le lire, une tendresse ingénue pour les rythmes et qu’il disait en
vers ses rêves et ses tendresses par naturel inst inct de parler le divin langage (et là sans doute est l’excuse de cette facilité un
peu lâchée de quelques pièces). « Il pensait en poète » ; il avait
le don des gracieuses inventions. Un conte est bizarre et joli. Ils s’aimaient developpe avec largeur et sur un ry thme soutenu unè
ingénieuse et assez émouvante idée. Il lui manquait , semble-t-il, de «chan ter en am ant ». Assurément, les propos d’amour jasent
au cours de ces vers de jeune hom m e. Ils révèlent une âme
délicate, désireuse d'a imer et qui en est digne, mais que ne sou
lève ou ne secoue aucun sentiment puissant. Le solide mérite de ce jeune infortuné, il faut le chercher dans la copieuse série
de sonnets plastiques qui clot le livre.
Ce ne sont proprement que jeux poétiques, prouesses de
palestre d’un ingénieux disciple des Banville et des Hérédia .
Mais quelques-uns de ces exercices d’écolier sont des gages de
maîtrise prochaine- Tels Pierre tombale, Fontaine pompéienne, Flocons blancs, A près la mort. Et le , charme de cette nature fine
et douce se révèle en certains vers, en certaines strophes dont
voici quelques modèles :
Le bleuet azuré, mystérieux joyau,Charmeur comme les yeux des Muses vagabondes.
L’astre des nuits pâli se fond dans le silence.
Des sarcophages blancs où la joie est enclose Sous les neiges d’hiver, secouant son sommeil Le printemps radieux surgit.
Et enfin, dans le sonnet Flocons blancs , cette strophe exquise
sur la neige :
Ouatant de ciel les pas de l’humaine détresse S’abattent en essaims impalpables et lents Les duvets exilés des harmonieux flancs Des cygnes purs voguant sur les lacs d’allégresse. •
B. F.
Plume au fe n t.
No t r e très distinguée compatr io te , M. Max-Lyan — une
femme voilée, dont le pseudonyme commence à devenir
célèbre — vient d’obtenir à l ’Académie française un prix Mon-
tyon de 500 Irancs pour le roman bien connu de nos lecteurs,
car il en a été rendu compte, avec les éloges qu’il mérite, dansY A r t M éridional, et inti tulé la V o c a t i o n d e S œ u r E x t a s e , en
a t tendant q u ’il en soit de même pour son successeur Comme la
plume au vent, paru il y a quelques jours à peine et don t la pre
mière édition est déjà épuisée.On annonce,’ en outre, que les palmes académiques on t été
décernées àM . Max-Lyan.Tous les succès, tous les bonheurs et tous les honneurs à la
fois! Nous y joignons nos plusc ordiales félicitations.
L fccoLE L a ï q u e e t le s I n s t i t u t e u r s de Fr a n c e a M a u r i c e F A U R E D é p u t é db m D r ô m e
V i c e - P r é s i d e n t de la Ch a m b r e Ra p p o r t e u r du B u d g e t oe l' I n s t r u c t i o n Pu b l i q u e
H o m m a g e db R e c o n n a i s s a n c e 13 A v r i l : 1901
3BGHÔS ET NOUVELLESM/éme patine.
Le groupe li ttéraire de l’A m e Latine nous conviait, le mardi
21 mai, dans la grande salle de l ’hôtel d ’Assézat et de Clé-
mence-Isaure pour écouter quelques poèmes et une conférence
sur la Poésie d’aujourd’hui, par M. Arm and Praviel.
La séance étai t présidée par l’érudit abbé Maisonneuve, pour
qui c ’est un jeu de louer les jeunes amplem ent tou t en leur
faisant comprendre q u ’ils exagèrent. Se souvenant des récents
succès à la Faculté de Droit, de M. Armand Praviel, il a emprunté
une image au cantique des cantiques et voyant cette âme de
poète s’épanouir entre le Code et les Pandectes il l ’a appelée
lilium inter spinas.
L'image est d ’autant plus heureuse que notre très éloquent
ami Praviel nous a paru candide comme un lys dans son enthou
siasme sans borne pour M. Maurice Magre, qui aurait , d ’après
lu i , influencé tous les poètes d ’aujourd’hui sans exception.
M. Magre sera év idem m ent très touché de cet hommage
inattendu, de même que M. Laurent Tailhade dont M. Praviel
a lu quelques strophes, superbes d’harmonie et de sentiment.
M. Praviel n ’a examiné que le côté socialde la Poésie d ’Aujour-
d’hui. Mais est-ce toute la Poésie? Et l’amour? l’Eternel Amour??
j'omment élever nos § rils ?
Mo n s i e u r Lavisse, de l’Académie, professeur à la Sorbonne,a
fait à Paris, le 26 mai, à propos de Comment élever nos fils ?
une conférence organisée par le comité Dupleix. M. Paul Cam-
bon , Membre de l’institut et Ambassadeur de France à Londres,
présidait.
IiA PENSÉE
P a r A l f r e d B O U C H E R
P r ix d'honneur du Salon.
J nos gïonnés.
Les abonnements de ju i l le t prenant fin avec te présent numéro, pour éviter tout retard nous prions nos abonnés de réserver un bon accueil à la nouvelle quittance qui va leur être présentée par la poste.
Concours littéraire de 1a. “ $ampe "
Nous sommes heureux d’apprendre à nos lecteurs que le
concours littéraire organisé à Toulouse par la Société
La Rampe p romet d’être des plus bril lants si nous en jugeons
par le nombre des œuvres déjà reçues. Ceux qui n ’en ayant pas
encore eu connaissance voudraient y prendre part, n ’ont qu’à
demander la circulaire explicative au secrétaire-général de La
Rampe (Salle du Jardin-Royal , rue Laviguerie).
En réponse à une objection t im idem ent formulée par quel
ques-uns : qui composera le Ju ry? nous répondons, pour mettre
à l’abri de toute sollicitation messieurs les jurés, que les noms
ne seront pas donnés, mais nous pouvons affirmer que le ju ry
sera recruté parmi les sommités lit téraires de Toulouse.6N9-K§>*-SN9
§ ’£louette.
Le dernier banquet de « l’Alouette » — Société qui a pour but la
fédération des peuples latins — était présidé par le peintre
Edouard Sain — un fervent de l’Italie lui aussi, l ’un de ceux qui
l ’ont le mieux comprise et exprimée.
Au dessert, en réponse à une très aimable allocution de
M .EdmondThiaudière ,président de « l’Alouette» , Edouard Sain a
dit, en termes pleins d’une charmante bonhom ie , ses premiers
voyages en Italie, son affection pour la na t ion-sœ ur, son amour
pou rN ap les en particulier, pour Capri, où, chaque année , il
fait un long séjour.
Remarqués dans l’assistance : le peintre Cuisinier, nos con-
frèresMarc Legrand, d irec teurde la Revue du Bien Paul Romilly, Léo Lucas, Jean Lorédau etc.
®n9- ï < § * S'-s
Mxercice-goncert.
Nous avions reçu pour notre dernier numéro, mais trop tard
pour pouvoir l ’insérer, un article s u r l ’Exercice-Concert du
Conservatoire. En vertu de l ’adage Bis repetita placent nous en
extrayons les lignes suivantes :
« Trois jeunes élèves de M“e Ruth se sont engagés dans une
scène d ’Iphigénie . C’était une bien dangereuse entreprise. Cepen
dant Ml|e Sentis a dit quelques passages dans la note juste, m o n
tran t un certain tem péram ent dramatique ; bien conseillée,
Mlle Sentis pourrait arriver à de bons résu lta ts ; mais, qui lui
donnera de bons conseils?
« Le conservatoire de Toulouse est cette année riche en
ténors ; nous en avons en tendu trois, qui maintiendront , il faut
l ’espérer, la réputation du galoubet toulousain.
« M. Bailhé, qui suit sur la scène un itinéraire compliqué, nous a dit, Je veux la jeunesse !... d ’un air ennuyé et les mains jo in
tes. La voix est jolie quoique difficile ; M. Cabrol qui lui donnait
la réplique dans Méphistophélès. chante bien d ’une voix peu sûre.
« Dans la leçon de géographie de Y Africaine, M. Rivière et
M Ue Calmon ont poussé des notes avec l’entrain et la conviction
voulus, — mais le gros succès a été pour M. Rabouil dans l ’air
de Guillaume Tell avec l ’u t final envoyé par deux fois à la satis
faction du public et à celle de l’artiste !« On nous a donné sur la fin une petite Comédie de salon
assez agréable, et enlevée fort prestement par M. Lacoste qui a
u n joli ta lent. . . d ’amateur. » P. M.
sj
g z z « j p g J-prk Mtrald. » j s
La comtesse Gréffulhe, dans l’après-midi d ’hier, a fait enten- j
dre M"'e Gilda Lemoyne, une exquise cantatr ice qui s’est !
fait beaucoup applaudir dans des romances de Tosti et dans des jj
pages de Saint-Saëns. Reconnu dans le petit cénacle de la rue
d ’Astorg . ||« S. A. R. la duchesse de Vendôme, prince et princesse sj
Edmond de Polignac, princesse de Brancovan, comtesse de j
Guerne, duc et duchesse de Rohan, comte et comtesse Arnaud !
de G ram on t , comte et comtesse Jean de M ontebello , vicomte
et vicomtesse Gaigneron, baron et baronne Denys Cochin, mar
quise de Ludre, comtesse Murât, prince et princesse Alexandre s
de Caraman-Chimay, comte Robert de Montesquiou, M. Vin-
cent d’indy , M. Chevillard, comte Joseph de Gontaut-Biron, |
M. Luis de Errazu, etc. » jj
Musicographie.
Le genre gavotte est toujours en faveur auprès des musiciens j j
compositeurs, celle de M. F. Poirier, Un. soir d ’E té , qui j jvient de paraître mérite une mention spéciale pour la facilité de
son invention. Elle a du reste fait le charme de plusieurs soi
rées musicales de l’été dernier sur la terrasse du café des Amé- j jricains. î
C’est sans doute le fils de M. F. Poirier qui a écrit en même
temps cette nouvelle Chanson du Gondolier qui se recommande j
par la fraîcheur de l’inspiration, surtout dans la seconde partie.
C’est sans prétention et facile à chanter.
— -><•>:- — jJ f a Falladier.ns.
L’e s t u d i a n t i n a La Palladienne a obtenu les récompenses sui-
vantes au concours musical de Cahors du 2 juin :
P remier prix d’exécution, avec félicitations du jury, médaille j
de vermeil ; premier prix d ’honneur, palme de vermeil et prime'
de 50 francs. Diplôme de direction décerné à M. Delmas.
La Palladienne, un iquem ent composée de mandolines, luths, :
guitares et guitares-basses, sans instruments à archets, a exécuté S
le prélude de Faust et le ballet de Sylvia. Ces pages de Gounod
et de Delibes ont été fort bien interprétées et le mérite qui
revient à La Palladienne est d’obtenir, sans archets, des effets
auxquels les orchestres de mandolines arrivent difficilement,
é tant donnés le caractère des instruments et la sécheresse habi-
tuelle des trémolos. jNos félicitations au Directeur ainsi q u ’aux membres de La j
Palladienne. j ]
Bjanqueî ffé lix jharpentier. !
La récente nom ination de notre ami le célèbre sculpteur Félix :
Charpentier au grade d ’officier de la Légion d’honneur, a été fêtée par un banquet , présidé par M. Paul Deschanel, p rési- !
dent de la Chambre des Députés, et auquel on t assisté d ’innom-
brables amis et admirateurs.
Au dessert, MM. Paul Deschanel et Paul Faure, député de
Vaucluse, département d’origine du maître fêté, ont parlé é lo
quem m ent de l ’œuvre considérable et bril lante dont l’art est
redevable à Félix Charpentier. Après ces discours longuem ent
applaudis, Mlle Caristie Martel, de la Comédie Française, qui a \
dit, avec son puissant talent, un poème émouvant, a excité un
véritable enthousiasme. -
M'nfants de l’Hérault.
Un punch a été offert à M. Cabanel, pharmacien militaire,
membre de la Société, à l ’occasion de sa promotion comme
officier du dragon de l ’Annam. La joie fut générale. I
Mscolo Moundino.
La Terro d ’Oc nous donne in extenso le superbe discours pro
noncé par M. l’ingénieur Juppont, adjoint au Maire de Tou-
lousé, à la dis tribution des fleurs de YEscolo M oundino. C ’est l'oeuvre d’un penseur, et longue serait la citation si nous voulions em prun te r à ces éloquentes pages tout ce qui a trait à la poésie des
sciences exactes. Il est piquant de no te r le scepticisme bon enfant
de ce savant :« Le savant comme le poète n ’est sûr que de la vérité abstraite,,
leur domaine de certi tude commun c ’est l ’idéal, et le pr ince de
la science n ’est pas plus certain de la vérité objective que le
rêveur n ’est sùr de sa chimère. »Ce qui nous é tonne c’est que M. Juppon t ait éprouvé le besoin
de faire savoir aux lauréats de YEscolo M oundino qu ’il avait été
élu Capitoul « comme tous ses collègues » grâce à « la fermeté
de ses convictions républicaines ».
Q u ’est-ce que cela peut bien leur faire?
Un mot de bonne hum eur lancé joyeusem ent par jffiiavielle,
le félibre maigre et osseux, en apprenant son échec au
capoulat et l ’élection de M. Dévoluy :
«; Ils avaient un Gras,i ls p rennen t un Gros; ça prouve combien
peu ils a iment le Maigre! »
Cette élection provençale n ’est pas du reste sans produire une
émotion profonde dans nos régions.
La Terro d ’Oc n ’est rien moins que contente du discours du
nouveau Capoulié. La Revue Méridionale trouve « dure sans
doute, mais juste peut-ê tre l ’opinion de M. André Sourreil ». _
S e § 'arcassonne.
Un e solennité musicale est annoncée pour le 23 ju in, dans
l ’église Saint-Michel, avec le concours de La Tolosa et de
quelques artistes de Toulouse. Prix d’entrée 3 francs.- «$*-—
J f . Rostand à Y Académie.
Mo n s i e u r E. Rostand vient d’être appelé dans le sein de
l ’Académie Française. Il a fallu six tours de scrutin pour
que le nom de l ’auteur de VAiglon l ’emporte sur son concurrent
M. Masson. On dit que l'auteur des Trophées s’est montré le
plus irréductible adversaire de M. Rostand.
Pourquoi ?Si M. de Hérédia veut bien nous honorer d ’une réponse nous
en ferons part à nos lecteurs.—»<$■> —
£ppel aux poètes.
Le cinquante-septième Concours poétique, ouvert en France
le xer juil let 1901, sera clos le 51 décembre 1901. Vingt m é
dailles seront décernées.
Demander le programme à M .Evariste Garrance, à Agen (Lot-
et-Garonne).
■gnion ■ j j ’rtistiçue.
Le s concerts de l ’Union A rtis tiq u e ont pris fin sous les applau
dissements répétés du public élégant qui tous les mercredis
suit avec empressement les tentatives artistiques de M. Borne.
Cette année nous eûmes un véritable orchestre avec les princ i
paux solistes du théâtre du capitole. A ce très grand attrait
M. Borne sut jo indre l 'audit ion de nos meilleurs artistes parmi
lesquels M. Galand, ténor, Mme Gardes, MUes Courbières, G ondre t ,
M. Grillères, le remarquable saxophonis te M. Cordier, etc., etc.
Avec de pareils appoints on est toujours sûr du succès. C om
pliments à M. Borne l ’organisateur et aux membres du bureau
de FUnion Artistique qui le favorisent.
théâtre d’§r$nge.
Les représenta tions sur le théâtre romain d’Orange sont défi
n i t ivement fixées aux 10 et n août prochain. On donnera
C ytharis de de M. Mouzin, et l im o n d 'A thènes de M. Emile
Fabre. On sait que M. Mouzin est l’auteur de /’Empereur d 'A r le s ,
une des premières pièces jouées à Orange,
Timon d ’Athènes , qui fut créé il y a deux ans à Marseille, lors
des fêtes du 25e centenaire, a été remanié par l’auteur. Cette re
constitution de la vie antique met en scène un nom bre considé
rable de personnages dont les rôles seront interprétés par les
principaux artistes des théâtres de Paris.
M. Silvain et Mme Louise Silvain, officiellement autorisés par
M. Claretie, c réeront C ytharis et rep rendron t dans Timon d 'A
thènes les rôles de Timon et d’Aspasie ou ils obtinren t un si vif
succès. La pièce de M. Emile Fabre sera accompagnée d’une
importante partie de musique qui a été confiée à un jeune com
positeur, M. Abel Auscher.SN9-J c-s\3
M'âissance.
Mo n s i e u r Panassié, avoué, et Mme Panassié font part de la
naissance de leur fille Renée.
§ arnet Blanc.
Mo n s i e u r Charles Griole t fait part de son mariage avec
Madame Eugénie Lesage.
— Le mariage de M. Paul Fabre avec Mlle Lanes, fille de
l ’in tendant militaire, a été célébré, à Toulouse, à l ’église m étro
politaine au milieu d’une grande affluence de parents et d ’amis.
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