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Au moment où j’écris cet éditorial nous
sommes entrés dans la lutte contre la pandémie de
« Covid-19 » qui occupe l’actualité de notre monde.
J’aime à reprendre les mots de notre évêque qui nous
invite à la prière, à la charité et à la prudence ! Mais
aussi au « bon sens » et à l’esprit de responsabilité, ajouterai-je ! Il va de soi
que les chrétiens ne sont pas immunisés par une grâce spéciale et que ce
fameux « virus » ne disparaît pas en franchissant les portes de nos églises !
Viendra le temps, plus tard, de réfléchir spirituellement à cette traversée de
l’épreuve mais d’ores et déjà notre mission, comme toujours, c’est de nous
réveiller, de garder confiance, d’agir en conformité avec les instructions
sanitaires de notre pays, de vivre la fin de ce Carême et du temps Pascal
avec un surcroît de foi, d’espérance et de charité ! Il nous faut être proche de
celles et ceux qui souffrent du mal et de la solitude, prier pour eux et pour les
soignants que nous devons soutenir, aider à notre mesure et continuer à
mettre sourire et joie au cœur de notre monde éprouvé ! Actuellement la
situation de confinement que nous subissons est aussi l’occasion de
téléphoner davantage, d’utiliser largement les réseaux sociaux (et personne
ne s’en prive apparemment avec une très belle inventivité dans l’humour
pour mon plus grand bonheur, vous me connaissez…) mais aussi d’écrire aux
personnes que nous aimons, de prendre le temps de lire et de prier… J’aime
à relire en ce moment la fable célèbre de La Fontaine : « Les Animaux
malades de la peste ! », un petit bijou de notre littérature que l’on peut fort
bien paraphraser en l’adaptant à notre situation… Ce « mal qui répand la
terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre,
le « Covid-19 » (puisqu’il faut l’appeler par son nom) (…) faisait aux humains
la guerre… » Il s’agit de « sourire » - un peu - bien sûr, et de ne pas trop voir
dans cette épidémie une punition divine ou encore l’injustice qui oppose
toujours le « puissant » et le « misérable » (cf. la morale de la fable) mais de
nous interroger sérieusement sur la grande fragilité de notre humanité ! De
ce « mal » objectif peut aussi sortir, je le crois, je l’espère, du « bien » en
termes de solidarité, de courage, de remise en cause de nos modèles
économiques et sociaux, de dépassement de nos égoïsmes nationaux et de
notre « chacun pour soi », de l’urgence de mettre en pratique une écologie
intégrale… Croyons-le ! Espérons-le ! Je souhaite que le Seigneur nous donne
la force de lutter intelligemment et la patience nécessaire pour attendre des
jours meilleurs, des jours de résurrection où cette pandémie ne sera plus
qu’un mauvais souvenir. Mais, frères et sœurs, il nous faudra aussi, après
l’avoir « panser », « penser » cette grave crise sanitaire ! Ne tournons pas la
page trop vite et prenons le temps de la relire à la lumière de l’Evangile et du
Seigneur qui nous redit : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (cf. Ap.
21,5)… Vivons ce Carême bien spécial que nous traversons parfois dans
l’angoisse en n’oubliant pas l’Espérance, le partage, la prière et le jeûne qui
prennent, en ces temps troublés, tout leur sens !
P. Bertrand Godefroy,
curé
P a r o i s s e S t H e n r i –S t U r s i n
La lettre aux paroissiens 27
Ma
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0
Edito « Ce trésor, nous le portons dans un vase d’argile »
2 Cor 4,7
La lettre aux paroissiens
Comment rester chrétiens,
paroissiens, dans ce temps si
particulier que nous vivons ?
D’où l’idée de cette lettre,
chaque semaine, à l’occasion
du week-end, comme un lien,
un rendez-vous dominical,
malgré tout, au bord d’un
puits, comme un chemin de
confiance au milieu des
inquiétudes, une communion…
Nous vous invitons à la
partager largement, en le
diffusant auprès de vos
proches, de vos voisins, …
Proposez-leur de nous faire
parvenir leurs adresse mail
afin qu’il puisse la recevoir
directement.
Voici la nôtre :
st-henri.bourges@diocese-bourges.org
Pendant le
temps du
“confinement”
(et tant que
cela sera
p o s s i b l e … )
notre église St
Henri reste ouverte toute la
journée (en gros de 9h à 19h).
N’hésitez pas à venir y prier à
l’occasion d’un temps pour
s’aérer et dans le respect, bien
évidemment, des consignes
sanitaires. C’est aussi une
façon de rappeler que la vie
p a r o i s s i a l e c o n t i n u e …
autrement !
1
En ce temps-là, Marthe et Marie, les deux sœurs de
Lazare, envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est
malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit
pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils
de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que
Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux
jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux
disciples : « Revenons en Judée. » À son arrivée, Jésus trouva Lazare
au tombeau depuis quatre jours déjà. Lorsque Marthe apprit
l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait
assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui
dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier
jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt,
vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je
le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Jésus, en son esprit, fut
saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : «
Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »
Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher
Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une
pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est
le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la
gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends
grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à
cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria
d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des
bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup
de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
PAGE 2
L’Evangile 5ème Dimanche de Carême — Année A
L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
Jea
n 1
1,
3-7
.17.2
0-2
7.3
3b
-45
« Je suis la résurrection et la vie »
Prions en Eglise Halte spirituelle
Protégez, Saint Gardien, notre
pays.
Éclairez les responsables du bien
commun, afin qu’ils sachent –
comme vous – comment prendre
soin des personnes qui leur sont
confiées.
Donnez l’intelligence de la science
à ceux qui recherchent des
moyens adéquats pour la santé et
le bien-être physique de leurs
frères et sœurs.
Soutenez ceux qui se dépensent
pour les nécessiteux : bénévoles,
infirmières, médecins, qui sont en
première ligne pour soigner les
malades, même au prix de leur
propre sécurité.
Bénissez, Saint Joseph, l’Eglise : à
commencer par ses ministres, fais
d’elle un signe et un instrument
de ta lumière et de ta bonté.
Accompagnez, Saint Joseph, les
familles : par ton silence priant,
construis l’harmonie entre les
parents et les enfants, surtout les
plus petits.
Préservez les personnes âgées de
la solitude : ne laissez personne
dans le désespoir de l’abandon et
du découragement.
Réconfortez ceux qui sont plus
fragiles, encouragez ceux qui
vacillent, intercédez pour les
pauvres.
Avec la Vierge Marie, priez le
Seigneur de libérer le monde de
toute forme de pandémie.
Amen.
Pape François
19 mars 202O
Il y a de nombreux exemplaires de
« Prions en Eglise » pour vivre la
Semaine Sainte du 5 au 12 avril qui
sont à votre disposition à l’entrée de
l’église St Henri.
N’hésitez à venir en prendre pour vous
et votre entourage. C’est aussi une
façon de garder ou même de créer des
liens… même distanciés !
PAGE 3
Homélie
L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
Le retour à la vie de Lazare.
Voici notre Evangile, notre Bonne Nouvelle de ce 5e
dimanche du Carême, alors que le « Comité
Catholique contre la faim et pour le développement
– Terre Solidaire » nous invite au partage et à la
solidarité avec nos frères et sœurs les plus
pauvres, un peu justement comme on sort d’un
tombeau pour revivre et faire revivre l’humanité. Le
thème de cette année est le suivant : « Contre la
faim, l’heure de l’écologie intégrale a sonné ! »…
Car il n’y a pas que le « Covid-
19 » dans la vie ! Il y a aussi bien
d’autres pandémies dont
personne ne parle parce qu’elle
ne concerne pas directement
nos pays riches (paludisme,
choléra, lèpre…). Il y a encore
des frères et des sœurs qui
meurent de faim et d’autres qui
sont contraints à l’exil du fait de
la guerre, des dérèglements
climatiques ou de la misère économique. Ne les
oublions pas. Et prenons conscience, nous le
voyons bien, que l’humanité est une seule et même
famille, fragile, bien petite devant les assauts d’un
simple « virus » ! Tout cela doit réveiller une
nouvelle solidarité entre nous. Nous la voyons à
l’œuvre cette solidarité et nous nous réjouissons de
tout ce qui se met en place pour sauver des vies et
nous maintenir la tête hors de l’eau. Les textes de
ce dimanche sont d’ailleurs extraordinairement
d’actualité puisqu’il est question d’un Dieu qui
ouvre les tombeaux et qui donne le repos à notre
terre (Lecture du prophète Ezéchiel). Il est question
d’un peuple qui crie vers le Seigneur depuis les
« profondeurs » (Psaume 129). Il est enfin question
du retour à la vie de Lazare dans le long récit de
l’évangile de ce dimanche (Jean 11, 1-45). Dans la
situation que nous traversons, ces textes nous
redonnent confiance et espérance ! Oui, Dieu, notre
Dieu, est le Dieu qui ouvre les tombeaux et qui
libère son peuple de toutes les formes de mort à
commencer, sans doute, de la pandémie actuelle.
Et nous attendons tous que revienne le repos sur
notre terre. Beaucoup d’entre vous se sont
exprimés sur l’arrivée du printemps - qui ne connaît
par le « Covid-19 » - en montrant des photos d’une
nature déjà florissante ! Le signe de la vie plus forte
que la mort ! Voilà déjà une 1ère ESPERANCE !
« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, écoute
mon appel »… Là encore, les événements actuels
nous obligent à vivre un vrai Carême de pauvretés,
de « profondeurs », de retour sur soi et sur les
autres, de prière plus forte que d’habitude pour les
malades, les soignants, pour ceux et celles qui font
« tourner » le pays et qui nous permettent de tenir.
Nous développons aussi une nouvelle proximité
entre nous grâce aux moyens modernes de
communication. Jamais les « réseaux » que l’on dit
souvent « a-sociaux » se révèlent aujourd’hui
« sociaux » (bienveillance généralisée, humour
incroyable, bavardage sympathique entre nous…).
Bien sûr que tout cela passera, et c’est tant mieux,
car rien ne vaut les rencontres en « chair et en
os » (enfin pour moi ce serait plutôt en « chair », ou
même en « chaire » !) ! Il n’empêche que nous
aurons vécu autre chose, peut-être le désir de prier
davantage, d’être plus proche des autres, de
découvrir d’autres formes de solidarités et
d’humanité ! Voici une 2ème ESPERANCE !
Et puis je repense enfin au récit
de Lazare ! « Seigneur celui que
tu aimes est malade ! »
Aujourd’hui c’est l’humanité tout
entière qui est malade, peut-être
pas seulement du « Covid-19 »
mais aussi de peur, d’anxiété,
d’angoisse… Or le Seigneur nous
redit aujourd’hui que « cette
maladie ne conduit pas à la
mort » mais qu’elle est au service
d’un projet plus grand, celui de la résurrection et de
la vie ! Oui, si nous croyons du plus profond de
notre cœur que le Seigneur est la résurrection et la
vie nous ne mourrons jamais ! Croyons-nous cela ?
La question que Jésus adresse à Marthe est une
question qu’il adresse à chacun et à chacune
d’entre nous aujourd’hui. Croire que le Seigneur est
la résurrection et la vie c’est croire en cette
humanité qui se bat pour la vie, aux chercheurs,
aux soignants, à tous ceux que l’on appelle les
« personnels essentiels » et dont nous
redécouvrons le rôle « essentiel » pour faire vivre
notre société ! Si j’osais je dirais bien : bienheureux
« virus » qui nous permet de prendre conscience de
cette humanité au service de la vie ! Croire que
Jésus est la résurrection et la vie c’est croire qu’il
est celui qui ne cesse de nous délier et de nous
envoyer hors de nos tombeaux comme Lazare !
Pour dire la vérité j’ai d’abord songé à ces mots de
l’évangile : « Déliez-le et laissez-le aller… » Et je
pensais surtout à nous tous, liés que nous sommes
dans nos confinements plus ou moins facile à vivre
et aspirant vraiment à être libéré et à pouvoir
reprendre notre vie « normale » ! Eh bien croyons
que le Seigneur peut faire cela, qu’Il le fera avec
l’aide des hommes, qu’Il le fera sans doute, qu’Il le
fera déjà à Pâques que nous continuons à préparer
dans nos « petites églises » que sont nos familles et
nos domiciles. Oui, le Seigneur viendra bientôt nous
délivrer mais nous n’oublierons pas cette épreuve
et, avec la grâce de Dieu, nous saurons en tirer le
meilleur ! C’est ma 3ème ESPERANCE !
Amen !
P. Bertrand Godefroy,
curé
Sont entrés dans la paix du Seigneur :
• Andrée PILLET
• Ginette DAMOISEAU
• Yvonne MONDIN
• Jean-Marc DEVULDER
• Jean DAGOIS
• Jean-Noël DERBOIS
• Simone BREIL
CCFD—Terre solidaire : campagne 2020
PAGE 4 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
Messes
Le dimanche à 1Oh15 :
Messe célébrée par Mgr Beau,
archevêque de Bourges.
Le dimanche à 11h00 :
Messe célébrée dans le cadre
du Jour du Seigneur.
Tous les jours à 09h15 :
Messe célébrée par Mgr
Jérôme Beau , archevêque de
Bourges, en direct de la
chapelle de l’archevêché.
Sur la chaîne You Tube du
diocèse ou sur le site internet
du diocèse.
Tous les jours à :
•07h00 : messe célébrée par
le Pape François à la chapelle
Sainte-Marthe à Rome.
Dessin de Coolus
LA MISSION DE L’EGLISE CONTINUE :
MERCI DE VOTRE GESTE.
En cette période de confinement qui nous oblige à trouver
de nouvelles formes de rassemblement, nous vous
proposons de verser en ligne le montant de votre offrande
habituelle à la quête. Nous vous en remercions : votre
générosité permettra à notre paroisse de poursuivre sa
mission.
L’offrande de la quête est
un acte liturgique associé
à l’offrande du pain et du
vin eucharistique.
L’offrande pour les
pauvres et l’Eglise lors de
l’Eucharistie participe du
sacrifice eucharistique lui-
même. Il est dans l’Eglise une expression de la générosité
du Christ qui s’est livré à la mort pour nous, ce sacrifice
dont l’eucharistie est le sacrement.
Pour ce faire vous pouvez vous connecter au lien suivant :
www.quete.catholique.fr
Quêtes : vous pouvez donner !
APPEL AU DON POUR LE 5e DIMANCHE DE CAREME
Comme chaque année, le
CCFD– Terre solidaire
appelle l’ensemble des
chrétiens au partage
pendant le carême.
Cette mission s’inscrit dans
notre démarche de carême.
Elle nous invite, à l’écoute
de la Parole, à la conversion et au partage aux
dimensions du monde. Grâce au soutien de tous, le
CCFD-Terre Solidaire peut soutenir sur tous les
continents des organisations qui luttent contre la faim et
ses causes. Ce temps fort représente pour l’organisation
près de 30% de sa collecte annuelle. Avec la crise que
nous traversons, la campagne de carême du CCFD-Terre
Solidaire est bouleversée. Toutes les animations autour
de la solidarité internationale organisées par ses
bénévoles ont été annulées. La collecte du 5ème
dimanche de Carême dans toutes les églises de France
reversée au CCFD-Terre Solidaire est elle aussi annulée.
Toutes ces actions de collecte et de mobilisation de
terrain qui nous permettent, nous bénévoles, de lever
des fonds n’auront donc pas lieu. Nous invitons donc
l’ensemble des communautés chrétiennes à faire vivre à
distance ce geste de partage lors du 5ème dimanche de
carême, pour continuer notre action auprès du CCFD-
Terre Solidaire et de ses partenaires locaux pour qu’ils
poursuivent leurs projets et aident les plus vulnérables
dans leur lutte contre la faim et les inégalités. Il est
important de continuer à les soutenir .
Pour faire un don en ligne :
https://soutenir.ccfd-terresolidaire.org/
Gardons le sourire
PAGE 5 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
Se confesser en période de confinement
Durant ce carême, nous sommes confrontés au mystère de la Passion du Christ. Nous avons les yeux fixés sur
l’homme des douleurs, sur l’Agneau de Dieu qui, pour nous, a fait le don de sa vie. Pâques sera l’affirmation que
ce sacrifice est la victoire de la vie et de l’amour. Durant ce temps de douleur où nous ne pouvons même pas
accompagner nos proches à l’hôpital et qu’ils ne peuvent pas recevoir les sacrements, nous sommes profondé-
ment unis à la solitude du Christ sur sa croix. Que ce temps de douleur ne nous vole pas l’Espérance ! Dieu est
miséricorde, il veut nous sauver et nous donne dès aujourd’hui la grâce de nous savoir être pardonné. Malheu-
reusement, ce temps de confinement va rendre impossible pour la très grande majorité d’entre nous de recevoir
l’absolution sacramentelle. C’est pourquoi, le Saint Père nous offre la possibilité d’être renouvelé intérieurement
d’une autre manière.
A tous les malades du Coronavirus, à tous les confinés qui ne peuvent pas vivre le sacrement de la réconciliation
en cette période de Carême, le pape François rappelle ce que prévoit le Catéchisme pour demander pardon à
Dieu.
« Je sais qu’à l’occasion de Pâques, beaucoup d’entre vous allez vous confesser pour retrouver Dieu », a dit le
pape lors de la messe qu’il célébrait ce 20 mars 2020. « Mais nombreux me diront aujourd’hui : “Mais, père, où
puis-je trouver un prêtre, un confesseur, puisque je ne peux pas sortir de chez moi ? Et je veux faire la paix avec
le Seigneur, … Comment faire sans prêtre ?” »
« Fais ce que dit le Catéchisme », a-t-il répondu : « C’est très clair : si tu ne trouves pas de prêtre pour te confes-
ser, parle avec Dieu, il est ton Père, et dis-lui la vérité : “Seigneur, j’ai manigancé ceci, cela, cela... pardon”, et
demande-lui pardon de tout ton cœur, avec l’Acte de contrition et promets-lui : “Je me confesserai plus tard, mais
pardonne-moi maintenant”. Et tu reviendras immédiatement dans la grâce de Dieu. ». Ainsi, a ajouté le pape, « tu
peux t’approcher toi-même du pardon de Dieu, comme l’enseigne le Catéchisme, sans avoir de prêtre sous la
main… Trouve le moment juste, le bon moment. Un Acte de contrition bien fait, et ainsi notre âme deviendra
blanche comme la neige ».
Le pape François citait les articles 1451 et 1452 du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui stipulent que la « con-
trition « parfaite » remet les fautes vénielles ; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la
ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle ». « La contrition dite » imparfaite »
(ou « attrition »), poursuit le texte, est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l’Esprit Saint. Un tel ébranle-
ment de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l’action de la grâce, par
l’absolution sacramentelle.
Une indulgence plénière, c’est-à-dire non seulement le pardon mais aussi une guérison de l’empreinte que tout
péché laisse dans notre être, est accordée pour tous ceux qui meurent, qui sont atteints par cette maladie, à
ceux qui les soignent, à ceux qui prient pour eux.
Cette démarche demande donc que, lorsque « les temps seront meilleurs », vous preniez rendez-vous avec un
prêtre pour recevoir l’absolution sacramentelle.
Mgr Jérôme BEAU
Archevêque de Bourges
15 Mars 2020
PAGE 6 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
Vivre la « communion spirituelle » : repères pour le discernement « La « communion spirituelle » désigne l’union au Christ qui se réalise par le désir de la réception du sacrement, un désir qui, par
nature, est donc assorti de l’attente de la communion sacramentelle ».
Comment discerner la question de la « communion spirituelle » lorsque les fidèles n’ont plus accès à la
communion sacramentelle ?
En raison des décisions de confinement prises pour lutter contre le coronavirus, et par conséquent dans un
contexte inédit touchant la vie sacramentelle, la proposition faite aux fidèles de remplacer
la communion sacramentelle (qui peut être sous une seule ou sous les deux espèces) par une
« communion spirituelle » ou mieux une « communion de désir » est désormais largement relayée dans les
médias. Cependant si des circonstances exceptionnelles conduisent à opter pour des pratiques inhabituelles,
il est toujours nécessaire d’exercer un discernement ecclésial afin de préserver la cohérence de la foi et des
pratiques.
Cette proposition de « communion spirituelle » s’enracine dans la tradition de
l’Église au temps des martyrs qui a parlé du baptême et de
la communion « de désir ». On visait alors des fidèles, qui se trouvaient dans
l’impossibilité de recevoir ces sacrements pour des raisons de persécutions
ou d’isolement. S’ils venaient à mourir dans la persécution, l’Église de cette
époque a estimé qu’ils avaient reçu le « baptême du sang » même s’ils
n’avaient pu recevoir le baptême d’eau. De ce point de vue, la situation
provoquée par le coronavirus trouve un certain écho dans cette expérience
des premières générations chrétiennes. Et en conséquence ceci peut
éclairer non seulement l’accès à la table eucharistique mais aussi la
question complexe des célébrations catéchuménales et des sacrements de
l’Initiation chrétienne (célébration des scrutins, et bien sûr celle de la Nuit
pascale).
Il convient cependant de préciser ce que signifie l’expression
« communion spirituelle » car elle reçoit des interprétations fort diverses :
elle désigne l’union au Christ qui se réalise par le désir de la réception du
sacrement, un désir qui, par nature, est donc assorti de l’attente de
la communion sacramentelle1. L’adjectif « spirituel » attire d’ailleurs
l’attention sur ce que le Catéchisme de l’Église Catholique souligne dans un
développement sur « la communion de l’Esprit Saint » : le terme de la mission de l’Esprit Saint dans toute
action liturgique est de mettre en communion avec le Christ pour former son Corps. L’Esprit Saint est comme
la sève de la Vigne du Père qui porte son fruit dans les sarments (cf. Jn 15, 1-17 ; Ga 5, 22). Dans la Liturgie
se réalise la coopération la plus intime de l’Esprit Saint et de l’Église. Lui, l’Esprit de Communion, demeure
indéfectiblement dans l’Église, et c’est pourquoi l’Église est le grand sacrement de la Communion divine qui
rassemble les enfants de Dieu dispersés. Le fruit de l’Esprit dans la Liturgie est
inséparablement Communion avec la Trinité Sainte et Communion fraternelle (cf. 1 Jn 1, 3-7)2.
Il faut sans cesse souligner que c’est l’Esprit-Saint – et lui seul – qui est le maître de la communion :
la communion n’est ni une chose, ni une volonté humaine mais un don reçu d’En-Haut, « le don » par
excellence. Et nous avons l’assurance que le Christ ressuscité donne l’Esprit pour conduire les fidèles au Père.
C’est pourquoi le Notre Père est une entrée dans la communion trinitaire à laquelle toute la vie liturgique, et
pas seulement la communion eucharistique, nous invite.
Situer la communion spirituelle dans l’histoire
Au cours de son cheminement dans l’histoire, l’Eglise a connu des pratiques et des théologies de
l’Eucharistie diversifiées. La notion de communion spirituelle s’est surtout développée à un moment de
l’histoire où, pour les fidèles, la communion eucharistique était rare voire exceptionnelle. Il est donc
nécessaire d’enraciner le discernement actuel dans cette longue histoire pour mieux mesurer combien les
conditions actuelles transforment l’approche d’une réalité ancienne.
La notion a été reprise en particulier par le Concile de Trente sur la base d’une approche médiévale
distinguant trois manières de communier : « sacramentellement seulement » (ce que fait le pécheur qui reçoit
l’eucharistie sans véritable désir), « spirituellement seulement » (c’est la communion de désir) et enfin
« sacramentellement et spirituellement », ce qui correspond à la pleine vérité de la vie sacramentelle qui
consiste à recevoir la communion avec foi et intention droite3. On voit ainsi que la notion de
« communion spirituelle » est liée en profondeur avec un modèle théologique spécifique, qui est aujourd’hui en
grande partie étranger à beaucoup de fidèles.
PAGE 7 L A L ETTR E AUX PAR O IS SIEN S
De plus, on ne peut oublier que dans un monde façonné par les modèles de la consommation, notre rapport à
la communion est imprégné par la volonté de satisfaire un besoin plutôt que de rencontrer le désir d’un Dieu qui
vient à notre rencontre parce qu’il aime et sauve toute l’humanité. Ceci se traduit parfois dans le langage. Ainsi
on peut entendre : « je n’ai pas eu ma messe » ou « je n’ai pas eu ma communion ». En d’autres termes,
la communion spirituelle ne peut être pensée comme une manière d’avoir quand même la communion dans un
temps de privation. Elle doit être l’expression d’un désir de relation et de vie, une relation qui comme toujours
dans le christianisme ne peut séparer l’amour du prochain de l’amour de Dieu.
En s’appuyant sur l’enseignement de Sainte Thérèse d’Avila, Jean-Paul II a fait sienne l’idée de
« communion spirituelle » dans l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia en notant qu’elle s’est « heureusement
répandue depuis des siècles dans l’Église » et qu’elle est « recommandée par de saints maîtres de vie
spirituelle »4. Ceci peut se comprendre à la lumière de l’histoire des pratiques eucharistiques. Au XVIe siècle,
la communion spirituelle était vécue alors qu’il existait une sorte de césure (matérialisée dans l’espace par la
séparation entre nef et sanctuaire) entre le prêtre qui « disait » la messe et les fidèles qui « l’entendaient ».
D’autre part, l’accès à la communion sacramentelle était lié à une discipline rigoureuse (jeûne strict, confession,
etc.) qui tenait même des religieuses, éloignées de la communion sacramentelle5. Or cette discipline a été
profondément modifiée au début du XXe s. par le Pape S. Pie X qui fut un fervent partisan de
la communion fréquente6. Et c’est sur la base de ses impulsions que Vatican II affirme : on recommande
fortement cette participation plus parfaite à la messe qui consiste en ce que les fidèles, après la communion du
prêtre, reçoivent le Corps du Seigneur avec des pains consacrés à ce même sacrifice7.
Il ne conviendrait donc pas de penser la communion spirituelle comme une sorte d’alternative à la vie
sacramentelle. La communion spirituelle doit demeurer en lien profond avec le mémorial eucharistique dont la
célébration communautaire de la messe est l’expression ordinaire.
Penser la proposition à la lumière du renouveau théologique contemporain
Il est important de souligner que la théologie au XXe siècle a apporté un regard renouvelé sur les pratiques
eucharistiques et leur signification : la participation à la table eucharistique – ou son impossibilité dans les
conditions actuelles – doit donc être pensée à la lumière de ce renouveau. Dans un paragraphe portant sur la
« participation » à l’Eucharistie, et sur la base d’un ressourcement en tradition puisé dans les écrits des Pères de
l’Église, la Constitution sur la liturgie du dernier concile énonce un principe qui unifie le rôle de présidence du
prêtre et la « participation » des fidèles dans une action qui est celle, conjointe, du Christ et de l’Église8.
Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des
spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de
façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table
du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du
prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés,
par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous9.
Il faut donc que la proposition de « communion spirituelle » reste en cohérence avec cette réappropriation de la
Tradition et ses conséquences sur les pratiques sacramentelles. On notera en particulier que cette doctrine de
la participation au mystère eucharistique tient ensemble quatre aspects : l’écoute de la Parole qui est une forme
de communion, la communion sacramentelle, l’action de grâces et, reliée intimement à la mémoire du sacrifice
du Christ, l’offrande de notre vie dans l’union avec nos frères. Il ne faudrait pas que la promotion de
la communion spirituelle aboutisse à séparer ce que l’enseignement de l’Église prend soin d’unir étroitement.
Des repères pour exercer un discernement
• Toute communion sacramentelle est communion spirituelle : Augustin souligne qu’il s’agit de manger la
chair du Christ, non seulement sacramentellement, mais aussi spirituellement10. Dès lors, la distinction
entre communion « sacramentelle » (au corps et au sang du Christ) et communion « spirituelle »
présuppose une séparation entre deux voies de communion, qui en réalité forment une unité
inséparable.
• L’idée de « communion spirituelle » en tant que communion sans réception du sacrement faisait partie
(avec l’élévation ou l’adoration) des moyens pour rapprocher les fidèles d’un contact avec
l’eucharistie alors même que la peur de la communion en état d’indignité et de péché mortel les en tenait
éloignés11.
• La notion de « communion spirituelle » a été dans le passé d’autant plus compréhensible qu’il était
habituel pour tous, de voir la messe célébrée sans autre communion que celle du prêtre.
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• Pour l’antiquité chrétienne, « aller à l’assemblée » surtout le dimanche, constituait un aspect décisif de
l’appartenance à la communion ecclésiale12. En faisant de l’assistance à la messe une obligation (sous
peine de péché), la communion sacramentelle en a reçu en retour le caractère d’une pratique
d’exception, souvent réservée à une élite. Le XXe s. a redécouvert le lien fondamental
entre communion sacramentelle et participation à l’assemblée chrétienne comme l’indique St Augustin
dans un célèbre sermon adressé aux nouveaux baptisés :
Si tu veux savoir ce qu’est le corps du Christ, écoute l’Apôtre dire aux fidèles : « Vous, vous êtes le corps
du Christ et ses membres » (1 Co 12,27). Puisque donc vous, vous êtes le corps du Christ et ses
membres, c’est votre mystère à vous qui est placé sur la table du Seigneur ; c’est votre mystère que
vous recevez. C’est à l’affirmation de ce que vous êtes que vous répondez : Amen, et votre réponse est
comme votre signature. On vous dit : « Le corps du Christ », et vous répondez : « Amen ». Soyez donc
membres du corps du Christ, pour que soit vrai votre amen. (…) Soyez ce que vous voyez, et recevez ce
que vous êtes »13.
• Vatican II et, à sa suite la réforme liturgique, a voulu renouer avec une vision unitive de
l’Eucharistie supportée par la notion de mystère. C’est toute la célébration qui est un mystère sponsal
d’union entre le Christ et l’Église. La liturgie de la Parole en tant qu’elle manifeste le dialogue de l’Époux
et de l’Épouse ne fait qu’un avec la partie eucharistique14. L’Eucharistie est donc inséparablement
« parole et pain » : la liturgie de la Parole trouve son accomplissement sacramentel dans la liturgie
eucharistique. C’est cette unité fondamentale de l’Eucharistie que la pratique de la
« communion spirituelle » ne doit pas effacer.
La Présentation générale du Lectionnaire romain15 et surtout l’exhortation apostolique Verbum
Domini de Benoît XVI ont par ailleurs souligné la dimension sacramentelle de la proclamation de la
Parole de Dieu dans la liturgie16. A ce titre, l’idée de « communion spirituelle » ne peut réduire
l’affirmation de la valeur sacramentelle de la liturgie de la Parole à une formule sans consistance
véritable. Benoît XVI déployait alors une affirmation capitale de Vatican II concernant la « présence » du
Christ – et donc une véritable expérience de communion spirituelle – dans toute liturgie de la Parole et
notamment dans la liturgie des Heures :
Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures.
Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois
sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20)17.
• Vatican II a développé une théologie de la participation active à la liturgie qui en fait l’une des voies de
l’exercice du sacerdoce commun des baptisés devenus par les sacrements de l’Initiation chrétienne,
prêtres, prophètes et rois18. La vie de prière et la communion sacramentelle font donc partie de
l’exercice même du sacerdoce commun. Mais l’exercice de la charité au quotidien, particulièrement
sollicité dans un temps de confinement, est aussi un lieu d’exercice de ce même sacerdoce commun.
• Les auteurs qui à l’époque contemporaine ont approfondi la théologie de l’Eucharistie ont souligné
l’unité entre communion au Christ et communion ecclésiale19. De là résulte l’insistance sur l’unité
entre communion eucharistique et communion ecclésiale, dont la mémoire du Pape et de l’évêque
diocésain dans la Prière eucharistique est l’une des manifestations les plus concrètes. La
« communion spirituelle » ne peut donc être séparée de la communion ecclésiale et de ses signes.
Dans le monde occidental contemporain, la catégorie de « spirituel » est confondue trop souvent avec un
aspect de la vie intime des personnes, et le terme de « spiritualité » est devenu un mot flou utilisé dans
des contextes très larges et sans référence avec la vie chrétienne, ce qui justifie parfois une vision
subjective de la foi. Dans ce contexte, en invitant à la « communion spirituelle », on doit faire en sorte de
ne pas alimenter une tendance « spiritualisante » qui ôte la dimension concrète aux pratiques
liturgiques. Celles-ci ne concernent pas seulement l’individu (« moi et mon Dieu ») mais le corps de
l’Église. La communion spirituelle n’est pas une forme d’isolement dans un face à face avec Dieu, mais
elle est une rencontre avec un Dieu qui fait alliance avec un peuple.
C’est pourquoi la liturgie s’exprime habituellement en « nous » et rarement en « je ». Et parce que le
Corps ecclésial n’est pas seulement une réalité spirituelle dépendant de la volonté individuelle
subjective d’adhérer à ce corps, la dimension corporelle de la liturgie est un aspect décisif de
l’édification du Corps de l’Église. A l’heure, où se multiplient les propositions de célébration via internet,
il est vital de manifester la différence entre « prier devant la télévision » (ce qui se comprend comme
manière de communier « spirituellement ») et « participer » à la célébration de la messe. Ceci ne dévalue
pas la valeur surtout en période de confinement de ce mode de participation liturgique, mais invite à
trouver les moyens de donner une dimension corporelle à cette pratique de célébration par écran
interposé.
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Conclusion
Dans le contexte extraordinaire d’une crise sanitaire qui déroute les habitudes, la proposition de la
« communion spirituelle » comme forme de vie eucharistique doit s’accompagner du discernement
théologique et spirituel auquel invite sans cesse le Pape François. Ce contexte invite surtout à réapprofondir
le sens de la célébration ordinaire de la messe et de la participation à la table eucharistique. Les quelques
éléments historiques que cette contribution apporte, montrent combien la notion même de
« communion spirituelle » s’enracine dans une longue histoire des pratiques et des conceptions théologiques,
qui ne sont plus vraiment les nôtres. En d’autres termes, il convient de ne pas se contenter de répéter des
expressions du passé, mais à l’intérieur de l’héritage que nous a laissé Vatican II relayé et déployé par le
magistère récent de l’Église. La proposition de la « communion spirituelle » doit donc chercher la cohérence
avec l’affirmation que la participation
Patrick Prétot, Theologicum/ Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris
—
1. Mgr Louis de Bazelaire, « Communion spirituelle », Dictionnaire de Spiritualité, II, 1294-1300 : « Communier spirituellement,
c’est s’unir à Jésus-Christ présent dans l’eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par un désir procédant
d’une foi animée par la charité (DTC, art. Communion spirituelle, col. 572-573) ».
2. Catéchisme de l’Église Catholique (CEC), n. 1108.
3. Concile de Trente, Session XIII, 11 octobre 1551, Décret sur le sacrement de l’Eucharistie, ch. 8, Denzinger n. 1648.
4. Jean-Paul II, Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003, n. 34, qui renvoie à Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la
perfection, ch. 37 : « Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement,
c’est là une méthode très avantageuse […] ; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur ».
5. Ceci apparaît par exemple dans les écrits de Thérèse de Lisieux ; pour la pratique de la communion au cours de l’histoire, voir
l’article très complet de Joseph Duhr, « Communion fréquente », Dictionnaire de spiritualité, II, 1234-1292 ; des prescriptions
ecclésiastiques médiévales imposaient la continence aux époux tandis que les règles empêchaient les femmes de recevoir
la communion (Ibid., c. 1255-1257).
6. Pie X, Décret Sacra Tridentina Synodus sur la communion fréquente, 20 décembre 1905, Denzinger, n. 3375‑3383.
7. Cf. Concile Vatican II, Constitution sur la liturgie, n. 55 ; voir aussi Présentation générale du Missel romain, n. 85.
8. Ibid., n. 2.
9. Ibid., n. 48.
10. Homélies sur l’Évangile de Saint Jean, XVV-XXXIII, dans Œuvres de Saint Augustin, « Bibliothèque Augustinienne », 72, trad.
introd. et notes par M.-F. Berrouard, s.l., Desclée de Brouwer, 1977, Tractatus XXVI, 11, p. 509.
11. Cf. Concile de Latran IV (1215), Denzinger, n. 812, qui prescrit le minimum de la communion (et de la confession) une fois
l’an, pour la fête de Pâques.
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