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Revue Marocaine de Recherche en Management et Marketing N°8, Juillet-Décembre 2013 281
Fiscalitédesrevenusdel’actionauMaroceteffetfiscaldeclientèle
Fiscalitédesrevenusdel’actionauMaroceteffetfiscaldeclientèle
OUBAL KHADIJA
Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Rabat, Université Mohammed V – Souissi
k.oubal@um5s.net.ma
Résumé
Dans le cadre de ce travail, nous avons essayé de montrer dans quelle mesure les différences d’imposition entre dividendes et plus-values de cession peuvent-elles induire un effet fiscal de clientèle.Le premier point présente les principales théories ayant pris en considération ces disparités de taxation dans le choix d’une politique de dividende.Le deuxième point traite des modalités d’imposition des dividendes et des plus-values de cession au Maroc.Enfin, un troisième point s’interroge sur l’existence d’effet fiscal de clientèle dépendamment de la structure de fiscalité des revenus de l’action au Maroc.
Abstract
Within the framework of this work, we are going to try to show in which measure the differences of taxation between dividends and capital gains of transfer can lead a fiscal effect of clientele.The first point presents the main theories having considered these disparities of taxation in the choice of a dividend policy.The second point treats modalities of imposition of dividends and capital gains of transfer in Morocco.Finally, the third point wonders about the existence of fiscal effect of clientele according to the structure of tax system in Morocco.
Mots clésFiscalité des dividendes, plus-values de cession, effet fiscal de clientèle
KeywordsTax system of dividends, capital gains of transfer, fiscal effect of clientele
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OUBAL KHADIJA
IntroductionD’un point de vue théorique, la politique de dividendes est l’un des sujets les plus controversés.
De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer la politique de dividendes des sociétés. Cette dernière semble dépendre de plusieurs facteurs dont chacun exerce une influence sur la stratégie de distribution. Parmi ces facteurs, la fiscalité constitue une imperfection du marché susceptible d’influencer le choix de la politique de dividende.
L’objectif de cet article est de déterminer la nature de l’influence que pourrait avoir la structure de la fiscalité sur le comportement des investisseurs et partant celui des firmes en matière de distribution des dividendes.
En effet, compte tenu de la différence d’imposition entre dividendes et plus-values de cession, il est clair qu’un investisseur désirant maximiser son revenu après impôt ne doit pas être indifférent entre percevoir un même montant sous forme de dividende ou de gain en capital.
La prise en considération de la fiscalité personnelle est à l’origine de l’effet clientèle. Cet effet stipule que les investisseurs faiblement imposés préfèrent les actions à dividende élevé et vice-versa.
Selon cette théorie, les entreprises chercheraient par la manipulation du taux de distribution à attirer une clientèle particulière. Le dividende est plus qu’un simple moyen de rémunération de l’actionnaire ; c’est également un moyen de gestion de l’actionnariat.
Aussi les développements de cet article aborderont-ils successivement les trois points suivants :
Le premier point sera consacré à la présentation des principales théories montrant l’incidence du traitement fiscal favorable aux plus-values en capital sur la politique de dividendes. Nous verrons que les premières réflexions en la matière prônaient une distribution nulle, par la suite des développements ont reconnu l’existence d’effets de clientèle. Entre ces deux positions, Black et Scholes maintiennent la thèse de neutralité.
Dans un second point, nous présenterons les principales modalités d’imposition des dividendes et des plus-values de cession au Maroc.
Dans le cadre d’un troisième point, nous nous interrogerons sur l’existence d’effet fiscal de clientèle dépendamment de la structure de fiscalité des revenus de l’action au Maroc.
I. Impactdeladiscriminationfiscaleentredividendesetplus-values de cession sur la politique de dividendeFarrar et Selwyn (1967) se sont intéressés à l’analyse de l’incidence du traitement fiscal
favorable aux plus-values en capital sur la politique d’endettement. En effet, la distribution des dividendes ampute la capacité de financement de la firme, ce qui peut entraîner une augmentation de l’endettement à court terme; d’où l’idée de « dividendes financés par la dette ».
Selon Farrar et Selwyn, la fiscalité influence la décision de distribution des dividendes, car l’investisseur a intérêt à percevoir le revenu sous forme de gain en capital plutôt que sous forme de dividende.
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Miller et Scholes (1978) rejettent cette hypothèse. Pour ces auteurs, les personnes physiques ont plusieurs moyens pour neutraliser l’effet de la fiscalité des dividendes.
Campbell et Beranek ont déjà mentionné en 1955 l’effet fiscal lors du détachement du coupon. Leur raisonnement a été le suivant: un actionnaire qui vend son action après le détachement du coupon a le droit de percevoir le dividende mais l’action sera vendue à un prix inférieur. Sur un marché en équilibre, cette chute du cours devrait correspondre au montant du dividende versé. De ce fait et compte tenu de la différence d’imposition entre la plus-value en capital et le dividende, les actionnaires ont intérêt à vendre leurs actions bien avant le détachement du coupon et à acheter les actions coupons détachés. La formalisation de ce raisonnement revient à Elton et Gruber (1970).
Par ailleurs, il est possible de segmenter le marché conformément aux diverses tranches marginales d’imposition des dividendes.
Modigliani et Miller reconnaissent que la différence d’imposition au détriment des dividendes est l’imperfection la plus systématique du marché, ils affirment aussi que si l’on introduit les disparités fiscales de taxation entre plus-value et dividende, la distribution de dividende risque de ne plus être neutre. Cette imperfection peut engendrer une préférence des investisseurs pour les actions de firmes à rendements en dividende faibles.
Black et Scholes (1974), quant à eux, maintiennent la thèse de non pertinence de la politique de dividende à l’égard de la valeur de l’entreprise, même en prenant en considération les imperfections du marché liées au système fiscal.
Selon l’hypothèse de l’effet fiscal de clientèle, la prise en considération de l’impôt personnel sur le dividende débouche sur la segmentation des investisseurs en deux grandes catégories : ceux à orientation capital et préférant le gain en capital, et ceux à orientation revenu et préférant le dividende. En choisissant une politique orientée vers la rétention ou bien une politique orientée vers la distribution, une entreprise particulière attirerait soit une clientèle préférant le gain en capital soit une clientèle préférant le dividende.
C’est ainsi que le rendement en dividende devient un moyen utilisé par les entreprises pour attirer une clientèle fiscale particulière.
Le mérite de ce raisonnement est de fournir une hypothèse d’explication au comportement de stabilité des dividendes de certains dirigeants. Ne cherchent-ils pas par là le mantien également d’une clientèle particulière ?
II. Les principales modalités d’imposition des dividendes et des plus-values de cession au MarocNous présenterons successivement le régime fiscal des dividendes, et celui des plus-values de
cession.
II.1.RégimefiscaldesdividendesLe régime fiscal applicable aux dividendes dépend d’un double critère :
le statut juridique du bénéficiaire (personne physique ou personne morale) ;
le régime d’imposition de la société distributrice (IS ou IR).
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En combinant ces deux critères avec celui de la territorialité (qui se base sur le lieu d’établissement de la société distributrice et le lieu de résidence du bénéficiaire), on peut distinguer quatre situations :
- le bénéficiaire est une personne physique résidente ;
- le bénéficiaire est une personne physique non résidente (un non résident est une personne
physique ou morale dont le domicile fiscal ou le siège social est situé hors du Maroc) ;
- le bénéficiaire est une personne morale résidente ;
- le bénéficiaire est une personne morale non résidente.
II.1.1 Régime d’imposition des personnes physiques résidentes titulaires de dividendes Les dividendes perçus par une personne physique résidente sont obligatoirement soumis à
l’impôt sur le revenu au taux de 10% libératoire de l’IR.
Ces produits sont exonérés (article 6 (I-C-1°) du Code Général des Impôts 2011) lorsqu’il s’agit de dividendes distribués par :
- les banques Offshore régies par la loi n° 58-90 relative aux places financières offshore, promulguée par le dahir n°1-91-131 du 21 chaabane 1412 (26 Février 1992) ;
- les sociétés holding offshore au prorata du chiffre d’affaires offshore correspondant aux prestations de services exonérées, régies par la loi n° 58-90;
- les titulaires d’une concession d’exploitation des gisements d’hydrocarbures régis par la loi n°21-90 relative à la recherche et à l’exploitation des gisements d’hydrocarbures, promulguée
par le dahir n°1-91-118 du 27 ramadan 1412 (1er avril 1992) ;
- la Banque Européenne d’Investissements (B.E.I.), suite aux financements accordés par celle-ci au bénéfice d’investisseurs marocains et européens dans le cadre de programmes approuvés par le gouvernement.
II.1.2 Régime d’imposition des personnes physiques non résidentes titulaires de dividendes Les dividendes perçus par une personne physique non résidente distribués par des sociétés
passibles de l’IS sont soumis :
soit à la retenue à la source au taux de 10% libératoire de l’IR (droit commun) en l’absence de convention fiscale ;
soit à la retenue à la source au taux conventionnel s’il existe une convention.
Le bénéficiaire va opter pour le taux le plus avantageux.
Par ailleurs, lorsque ces dividendes proviennent d’activités exercées par les sociétés installées dans les zones franches d’exportation, régies par la loi n°19-94 promulguée par le dahir n°1-95-1 du 24 chaabane 1415 (26 janvier 1995), ils sont exonérés.
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II.1.3 Régime d’imposition des personnes morales résidentes titulaires de dividendesL’imposition des dividendes perçus par des personnes morales dépend de leur propre régime
d’imposition. En effet, les personnes morales peuvent être soumises soit à l’IR soit à l’IS.
II.1.3.1 Personnesmoralesassujettiesàl’ISLes dividendes perçus par les sociétés marocaines passibles de l’IS subissent :
soit la retenue à la source au taux de 10% libératoire de tout autre impôt direct (IS) ;
soit la retenue au taux de 0% ; les dividendes seront alors compris dans les produits financiers de la société bénéficiaire avec un abattement de 100%, à condition que ces sociétés fournissent à la société distributrice ou à l’établissement bancaire délégué une attestation de propriété de titres comportant le numéro de leur identification à l’impôt sur les sociétés (article 6 (I-C-1°), Code Général des Impôts 2011).
Par ailleurs, Ce bénéficiaire peut prétendre aux mêmes avantages fiscaux que ceux prévus pour les personnes physiques ; il s’agit de régimes spéciaux qui concernent les sociétés holding offshore, les banques offshore, les titulaires d’une concession d’exploitation des gisements d’hydrocarbures et la Banque Européenne d’Investissements (B.E.I.),
II.1.3.2. Personnes moralesassujettiesàl’IRLes dividendes distribués par des sociétés passibles de l’IS à des personnes assujetties à l’IR
sont soumis à la retenue à la source au taux de 10% libératoire de l’IR.
Ces personnes ne bénéficient pas de la possibilité d’exonération accordée aux sociétés marocaines passibles de l’IS, mais bénéficient des exonérations prévues dans l’article
6 (I-C-1°) du Code Général des Impôts.
II.1.4. Régime d’imposition des personnes morales non résidentes titulaires de dividendesComme dans le cas des personnes physiques, il y a lieu de distinguer deux cas selon qu’il y
ait oui ou non convention avec le pays de résidence de la personne morale. Ainsi, en l’absence de cette convention, les dividendes perçus par les personnes morales non résidentes subissent la retenue à la source au taux de 10% libératoire de l’IS. En présence d’une convention, les dividendes transférés à l’étranger sont soumis à la retenue à la source au taux conventionnel libératoire de l’IS.
En définitive, l’imposition des dividendes dépend dans une large mesure de la qualité du bénéficiaire. Une lecture des différentes modalités d’imposition qui en résultent montre que la personne morale résidente passible de l’IS supporte la plus faible imposition.
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II.2Régimefiscaldesplus-valuesdecessionA ce niveau également, le mode d’imposition est déterminé par la qualité du bénéficiaire. On
distingue trois cas :
- les plus-values sont réalisées par une personne morale soumise à l’IS ;
- les plus-values sont réalisées par une personne soumise à l’IR ;
- les plus-values sont réalisées par une personne non résidente.
II.2.1Profitsréalisésparunepersonnemoralesoumise à l’IS Les produits réalisés par une société sur cession de valeurs mobilières sont soumis à l’IS.
Toutefois, lorsque les cessions effectuées au cours d’une année civile n’excédent pas le seuil de 30.000 DH (Article 7 de la loi de finances n°48-09 pour l’année budgétaire 2010), les profits nets correspondants sont exonérés (article 68, Code Général des Impôts 2011).
II.2.2Profitsréalisés par les personnes soumises à l’IRL’imposition des plus-values de cession réalisées par les personnes soumises à l’IR diffère
selon que les valeurs mobilières, objet de la cession, sont détenues ou non dans le cadre d’une activité professionnelle, donc selon le statut juridique du bénéficiaire.
II.2.2.1 Personnes physiques soumises à l’IR
Les profits nets annuels réalisés par les personnes physiques résidentes au Maroc, à l’occasion de la cession d’actions ou de parts sociales émises par les personnes morales (à l’exception des profits nets sur cession réalisés par les actions de sociétés à prépondérance immobilière définies à l’article 61 et les actions des sociétés immobilières transparentes au sens de l’article 3-3°), sont soumis à l’IR (catégorie revenu des capitaux mobiliers):
Au taux de 15% pour les plus-values résultant des cessions :
d’actions cotées en bourse (article 7 de la loi de finances n°48-09 pour l’année budgétaire 2010),
d’actions ou parts d’Organismes de Placement Collectif en Valeurs mobilières (O.P.C.V.M) dont l’actif est investi en permanence à hauteur d’au moins 60% d’actions.
Au taux de 20% pour les profits nets résultant des cessions
d’actions non cotées et autres titres de capital ;
d’actions ou parts d’O.P.C.V.M autres que ceux visés ci-dessus.
0% si le montant des cessions est inférieur ou égal à 30 000 DH.
Le profit net de cession est calculé par référence aux cessions effectuées sur chaque valeur ou titre. Il est constitué par la différence entre :
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- le prix de cession diminué, le cas échéant, des frais supportés par le cédant à l’occasion de cette cession, notamment les frais de courtage et de commission ;
- le prix d’acquisition majoré, le cas échéant, des frais supportés à l’occasion de toute acquisition, notamment les frais de courtage et de commission.
II.2.2.2. Personnes morales soumises à l’IR
Les plus-values de cession ou retraits de valeurs mobilières réalisés par une personne morale assujettie à l’IR sont soumis au barème progressif par tranches de l’impôt sur le revenu.
II.2.3.Profitsréalisésparlespersonnes non résidentesLes profits résultant de la cession de valeurs mobilières réalisée au Maroc par des personnes
physiques non résidentes sont imposables au Maroc, sous réserve des dispositions des conventions de non double imposition. Ils sont soumis à une retenue à la source au titre de l’impôt sur le revenu, selon la nature des valeurs, aux taux libératoires de 15% ou 20% visés à l’article 73-II-C et F (2°- 3°- 4°) du Code Général des Impôts.
Pour les personnes morales non résidentes, sous réserve des dispositions des conventions de non double imposition, elles sont soumises au même régime fiscal que les personnes morales résidentes.
Par ailleurs, les plus-values réalisées sur les cessions de valeurs mobilières cotées à la bourse des valeurs du Maroc, à l’exclusion de celles résultant de la cession des titres des sociétés à prépondérance immobilière sont exonérées (article 6 (I-A-10), Code Général des Impôts 2011).
La présentation du régime fiscal des dividendes et des plus-values de cession étant faite, il convient maintenant de se demander si la structure de la fiscalité marocaine favorise l’existence d’effet fiscal de clientèle.
III. Les disparités de taxation entre dividendes et plus-values de cession sont-elles susceptibles d’induire des effets de clientèle ?
La comparaison entre le régime d’imposition des dividendes et des plus-values de cession fait ressortir de grandes distorsions (tableau n° 1). Ces distorsions sont favorables ou défavorables à la perception du revenu de l’action sous forme de dividende selon la qualité du bénéficiaire.
Le tableau n°1 ainsi que le tableau n°2 (qui reproduit le coût fiscal des dividendes en comparaison avec les plus-values de cession) montrent que, d’une façon générale, le système actuel est en faveur des plus-values de cession.
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Formules de calcul :
Soient Ts : le taux de l’IS Tr : Le taux de la retenue à la source Tm : le taux marginal d’imposition à l’IR Tc : Le taux conventionnel
Coûtfiscaldesdividendes(Cd): - Pour les personnes résidentes Cd = Ts + Tr (1 - Ts) (1) - Pour les personnes non résidentes Cd = Ts + Tc (1-Ts) (2) Coûtfiscaldelaplus-valuedecession(Cv) :
- si le bénéficiaire est soumis à l’IS Cv = Ts (3) - si le bénéficiaire est soumis à l’IR Cv = Tm (4) - si le bénéficiaire est une personne physique : Cv = Tr (5) Différentiel d’imposition (Di) :
Di = Cd - Cv
De l’analyse de ces deux tableaux, il ressort que pour les personnes physiques résidentes et non résidentes, les dividendes subissent une double imposition, une première fois au niveau de la société distributrice, et une seconde fois entre les mains du bénéficiaire. De même que le coût fiscal des dividendes reste toujours plus élevé que celui des plus-values de cession. Donc théoriquement, ces personnes ne seraient pas incitées à détenir des actions de sociétés distribuant des dividendes, la fiscalité étant totalement dissuasive.
Il s’ensuit que pour cette catégorie d’investisseurs, on ne peut parler d’effet fiscal de clientèle. Les investisseurs sont fiscalement dissuadés d’investir dans des actions servant des dividendes.
En ce qui concerne les personnes morales résidentes, il convient de distinguer celles qui sont soumises à l’IS de celles qui ne le sont pas.
Pour la première catégorie, l’arbitrage dividende gain en capital va dépendre de la possibilité de bénéfice de l’exonération des plus-values de cession. Une telle exonération est accordée, rappelons-le, lorsque le montant des cessions n’excède pas 30 000 DH. Sous cette condition, un investisseur rationnel désirant maximiser sa richesse après impôt a intérêt à investir dans des actions à faible rendement en dividende. L’entreprise qui ne bénéficie pas de cette exonération subit une imposition dont le coût fiscal est de 30%. Pour rapprocher cette imposition de celle des dividendes, il convient de distinguer deux cas : si la société décline son identité, elle bénéficiera de l’exonération des dividendes qui subiront uniquement l’imposition au titre de l’IS au niveau de la société distributrice. Dans le cas contraire, le coût fiscal des dividendes s’élève à 37%. En combinant les deux situations où l’entreprise décline son identité et ne bénéficie pas de l’exonération, l’effet de la fiscalité est neutre, car dans cette situation le coût fiscal des dividendes est égal au coût fiscal des plus-values qui est égal à 30%. Dans les autres situations, le coût d’imposition des dividendes est nettement plus élevé que celui des plus-values de cession. Les investisseurs s’orienteront, en principe, vers les actions à rendement faible en dividende.
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Par contre, pour les personnes morales soumises à l’IR, la structure de leur fiscalité peut théoriquement favoriser l’existence d’un effet de clientèle des dividendes. En effet, le différentiel d’imposition entre dividendes et plus-values dépend du taux d’imposition marginal de l’investisseur. Dans ce cas, les investisseurs faiblement imposés sur les dividendes, c’est à dire dont le différentiel d’imposition entre dividende et plus-value de cession est négatif, ont intérêt à s’orienter vers les actions de rendement. Tandis que les investisseurs dont le différentiel d’imposition est positif seraient incités à investir dans des actions de croissance offrant un faible rendement en dividende.
Par ailleurs, les investisseurs situés dans les tranches d’imposition les plus élevées devraient s’orienter vers les actions à dividende élevé. Seuls les investisseurs dont les taux d’imposition sont inférieurs à 37% vont préférer de recevoir leurs revenus sous forme de gain en capital. Concrètement, et en considérant le barème de l’IR, on peut dire que la structure de la fiscalité est telle que : les personnes morales situées dans la tranche d’imposition la plus élevée (38%) sont incitées fiscalement à détenir des actions à rendement en dividende élevé. Si le taux d’imposition marginal de l’investisseur est inférieur à 38%, tous les investisseurs ont intérêt à préférer fiscalement la plus-value de cession au dividende. Ce qui est incompatible avec la situation financière des investisseurs parce que ce sont les investisseurs à revenu limité et, situés par conséquent dans les tranches d’imposition faibles, qui ont besoin d’un revenu immédiat et non pas l’inverse. Les effets de clientèle dans ce cas ne seraient que relatifs et ne remettent pas fondamentalement en question la préférence pour la rétention.
Aussi pouvons-nous affirmer que la fiscalité en vigueur au Maroc, en encourageant la rétention des bénéfices, n’est pas susceptible d’induire des effets de clientèle ; les entreprises marocaines n’utiliseraient pas, de ce fait, le taux de distribution pour gérer leur actionnariat.
Conclusion
La présentation des grands traits de la fiscalité des revenus de l’action nous a permis de montrer que, de façon générale, il y a une discrimination fiscale en faveur des plus-values de cession et au détriment des dividendes. Cette disparité de taxation entraînerait deux conséquences : premièrement, elle peut engendrer - toutes choses égales par ailleurs - une préférence des investisseurs pour les plus-values de cession et amènerait, par conséquent, les entreprises à pratiquer des taux de distribution faibles. Toutefois, la prise en compte d’autres variables notamment l’état d’illiquidité du marché boursier marocain remet en cause la préférence pour les plus-values. Deuxièmement, le schéma explicatif du comportement des firmes, en matière de distribution des dividendes, basé sur l’effet de clientèle n’est pas pertinent pour le cas des sociétés marocaines. L’adoption de politiques de dividende différentes par celles-ci ne trouve pas sa justification dans le désir d’attirer une clientèle particulière située dans une tranche d’imposition donnée.
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OUBAL KHADIJA
BIBLIOGRAPHIE
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