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Chapitre 7 : La Troisième République (1870-1940)
I La difficile mise en place de la Troisième République
A) Une république construite dans la défaite
Petit papa voici la mi-carême,
Car te voila déguisé en soldat,
Petit papa dis-moi si c'est pour rire,
Ou pour faire peur aux tout petits enfants (bis)
Non mon enfant je pars pour la patrie,
C'est un devoir où tous les papas s'en vont,
Embrasse-moi petite fille chérie,
Je rentrerai bien vite à la maison (bis)
Dis-moi maman quelle est cette médaille,
Et cette lettre qu'apporte le facteur,
Dis-moi maman tu pleures et tu défailles
Ils ont tué petit père adoré (bis)
Oui mon enfant ils ont tué ton père,
Pleure avec moi car nous les haïssons,
Ces guerres atroces qui font pleurer les mères,
Et tuent les pères des petits anges blonds (bis)
La neige tombe aux portes de la ville,
Là est assise une enfant de Strasbourg.
Elle reste là malgré le froid, la bise,
Elle reste là malgré le froid du jour (bis)
Un homme passe, à la fillette donne.
Elle reconnait l'uniforme allemand.
Elle refuse l'aumône qu'on lui donne,
À l'ennemi elle dit bien fièrement (bis)
Gardez votre or je garde ma souffrance,
Soldat prussien passez votre chemin.
Moi je ne suis qu'une enfant de la France,
À l'ennemi je ne tends pas la main (bis)
Tout en priant sous cette Cathédrale,
Ma mère est morte sous ce porche écroulé.
Frappée à mort par l'une de vos balles,
Frappée à mort par l'un de vos boulets (bis)
Mon père est mort sur vos champs de bataille,
Je n'ai pas vu l'ombre de son cercueil.
Frappé à mort par l'une de vos balles,
C'est la raison de ma robe de deuil (bis)
Vous avez eu l'Alsace et la Lorraine,
Vous avez eu des millions d'étrangers,
Vous avez eu Germanie et Bohême,
Mais mon p'tit cœur vous ne l'aurez jamais,
Mais mon p'tit cœur il restera français.
- 2 septembre 1870 : défaite de Napoléon III à Sedan contre la Prusse.
- 4 septembre 1870 : proclamation de la République à Paris.
- Février 1871 : les partis monarchistes remportent les élections.
- Mars-mai 1871 : échec de l’insurrection de la Commune de Paris contre le gouvernement
monarchiste.
- 24 mai 1873 : Ministère d’ordre moral – mesures contre l’idéal républicain.
- Février 1875 : lois constitutionnelles organisant la Troisième république
- 1876 : majorité républicaine à la chambre des députés.
- 16 mai 1877 : le président de la république monarchiste Mac-Mahon dissout la chambre.
Les Républicains l’emportent à nouveau aux élections législatives d’octobre 1877.
- 1878 « révolution des mairies » : aux élections municipales, la grande majorité des
communes vote républicain. La France rurale se rallie à la république.
- 30 janvier 1879, démission de Mac-Mahon et élection de Jules Grévy, républicain modéré
A l’annonce de la défaite de Napoléon III face à la Prusse,s’engage à Paris une révolution pacifique. Elle aboutit à laproclamation de la République, le 4 septembre 1870, et à lamise en place d’un gouvernement de défense nationale dirigépar Léon Gambetta.
Avec plus de 100000 victimes, le bilan de la guerre est lourd etest aggravé par l’occupation prussienne. Celle-ci s’achève parl’armistice du 28 janvier 1871 dont les conditions sont dures:outre l’Alsace et une partie de la Lorraine, la France doitverser cinq milliards de francs d’indemnités de guerre.
Des élections sont organisées en février 1871, elles offrent unenette majorité aux royalistes. Certaines villes s’insurgentcontre la politique du nouveau chef de gouvernement, AdolpheThiers. A Paris, la Commune renoue avec le vieux projet de« république démocratique et sociale ». Au bout de 72 jours,Pris tombe aux mains des troupes du gouvernement lors d’uneterrible répression.
D’après A. D. Houte, « La France sous la IIIème République,1870 – 1914 », La Documentation Photographique, 2014.
• La République est proclamée le 4 septembre 1870, suite à lachute du Second Empire de Napoléon III (1852 – 1870) et ladéfaite face à la Prusse. Les débuts de la République sontincertains: elle rencontre des difficultés.
• Les royalistes sortent majoritaires des premières élections etdemeurent critiques à l’égard de ce nouveau régime. Acontrario, les révolutionnaires de la Commune de Parissouhaitent se passer de ce nouveau gouvernement, mêmedémocratique.
• Ces derniers sont violemment réprimés suite à la SemaineSanglante de mai 1871.
B) La République s’installe lentement
• La République réussit malgré tout à l’emporter: la division desroyalistes et l’action des républicains aboutissent aux loisconstitutionnelles (1875).
• La République est un régime parlementaire, que lesRépublicains dominent définitivement à partir de 1879.
II L’enracinement progressif de la République (1879 – 1899)
A) L’enracinement de la République dans des lieux de la vie quotidienne
• la mairie : présence des symboles républicains (drapeautricolore, devise « liberté, égalité, fraternité », buste deMarianne…)
• l’école communale : école obligatoire en 1882
• l'armée : service militaire obligatoire pour tous les jeuneshommes français
• Thabault (Roger), 1848-1914. L'ascension d'un peuple. Mon village, ses hommes, ses routes, son école, 1944
Une des premières actions de la
municipalité sera de faire bâtir une
nouvelle école de garçons. En 1881, le
maire fait reconstruire le lavoir. En 1889, il
fait réparer l’école des filles. Tous les ans, il
fait inscrire au budget des sommes
importantes pour construire de nouveaux
chemins. Tout cela allait très bien mais dès
que le maire touchait aux habitudes et aux
croyances, la commune s’agitait. Le
cimetière était auprès de l’église, et le
maire voulait le déplacer sur un terrain
situé dans la direction de la gare. Le prêtre
entretenait l’indignation selon laquelle on
ne pouvait déterrer et transférer les morts.
Le Conseil dû abandonner le projet. Le
maire accusa le prêtre de sa défaite.
CONTEXTE: LOIS SUR LE
SERVICE MILITAIRE
- 1872: le service militaire devient
obligatoire pour tous les Français
âgés de 19 ans. On tire au sort la
durée du service (de 1 à 5 ans).
- 1889: fin du tirage au sort, la
durée du service militaire est
fixée à 3 ans (et 1 ans pour les
diplômés et les ecclésiastiques)
- 1905: la durée du service devient
égale pour tous et est porté à 2
ans
- 1913: la durée est portée à 3 ans
• Art 1. Il ne sera plus perçu de rétributionscolaire dans les écoles primaires publiques. Extrait de la loi Ferry 16 juin 1881
• Art 1. L’enseignement primaire comprend:l’instruction morale et civique, la lecture etl’écriture, l’histoire et la géographie,particulièrement de la France, lesmathématiques, […] pour les garçons lesexercices militaires, pour les filles, lestravaux à l’aiguille.
• Art 4. L’instruction primaire est obligatoirepour les enfants âgés de 6 à 13 ans Extrait de la loi Ferry de 1882
• Art 11. Toute commune doit être pourvue aumoins d’une école primaire publique
• Art 17. Dans les écoles publiques de touteordre, l’enseignement est exclusivement confiéà un personnel laïque. Extrait de la loi Goblet de 1886
Hussard noir est le surnom
donné aux instituteurs
publics sous la IIIe
République après le vote des
lois scolaires dites « Lois
Jules Ferry » et le vote de la
Loi de séparation des Églises
et de l'État en 1905.
Correction•La mairie, la caserne et l’école (sous la houlettedes hussards noirs) quadrillent le territoire etdeviennent les hauts lieux de la transmission desvaleurs républicaines et de l’apprentissagecivique: des générations entières intègrent etpartagent ces idéaux.
• Il s’agit de susciter l’adhésion à ce régime et delui permettre de s’ancrer dans les mœurs.
B) Les lois fondamentales de la République:
QUELLES GRANDES
LOIS
REPUBLICAINES
CONNAISSEZ VOUS??
RAPPEL: Etymologie : grec
"sun", avec, et "dike", procès,
justice. Un syndicat est une
association de personnes qui a
pour but de défendre les
intérêts professionnels et
économiques de ses membres
(employés, ouvriers, cadres,
patrons, professions libérales)
•Le vote des grandes lois républicaines permetd’établir les libertés d’expression, de presse(1881) et les libertés syndicales: reconnaissancedes droits des travailleurs (droit de grève,droit d’appartenir à un syndicat).
•La vie démocratique est rythmée par des électionsrégulières que remportent majoritairement lesrépublicains
C) La République face aux contestations et aux menaces
Lettre à M. Félix Faure,
Président de la République
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour,
d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est
menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez
rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous
vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition Universelle, qui couronnera notre
grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire
sur votre règne — que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser
acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la
joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être
commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice,
régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être
complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus
affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.
Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte
d’honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc
dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat du
pays ?
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en
inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les
machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus
grandes iniquités du siècle.
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de
les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but
politique et pour sauver l’état-major compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans
doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche
sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par
là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un
impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports
mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue
et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et
dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce
restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en
commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur
la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.
•Les contestations aurégime ne manquent pas.
•Elles émanent de groupesactifs et parfois violents:anarchistes (Sadi Carnot),antiparlementaires…
•Elles se cristallisent dansdes « affaires » telles quel’Affaire Dreyfus
L'assassinat de Sadi
Carnot, 5e président de la
République française, a
lieu à Lyon le 24
juin 1894.
Son assassinat a pour
conséquence l'adoption
par la Chambre des
députés de la dernière et
de la plus marquante
des lois scélérates visant
les anarchistes, leur
interdisant tout type
de propagande. Elle sera
abrogée en 1992.
III L’apogée de la République (1900 –1914)
A) Une république solidement enracinée
•A partir des années 1900, la République estsolidement enracinée.
•Elle a su surmonter les crises et emporter lesoutien de la grande majorité des Français, quiadhèrent aux valeurs républicaines.
B) Une réaffirmation des principes•Dès le rétablissement de la Républiqueen 1875, Gambetta, lors d’un discours àBelleville, établissait le lien entre lesphilosophes du XVIIIe siècle, laRévolution française et la laïcité.
Gambetta, le 23 avril 1875
« Nous voulons que l’Etat nous
ressemble, que la France soit la nation
laïque par excellence… Nous
continuons l’œuvre de nos pères, la
Révolution française préparée par les
hommes de la France de la raison, du
libre examen. »
• Avec la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905,l’Etat garantit la liberté religieuse de tous mais nes’occupe d’aucune religion: C’est le principe de laïcité.
• QUI S’OPPOSE A L’ASSEMBLEE?
• QUEL SONT LES 4 PILIERS DE
LA LAICITE?
La loi divise les Français (ex création de l’ActionFrançaise avec Léon Daudet), notamment danscertaines régions comme la Bretagne, où les catholiquessont réticents
•L’adhésion républicaine demeure cependant forteet n’est pas remise en question …
POINT VOCAB
Anarchisme: idéologie hostile aux lois et à l’état
Antiparlementarisme: opposants au régime parlementaire
Du grec, composé de an, préfixe privatif : absence de, et
arkhê, pouvoir, hiérarchie, commandement
C) La République reconnue par la majorité des Français
•A la veille de la Première Guerre Mondiale,la République, ses valeurs et ses principesse sont largement diffusés et font consensusau sein de la société française
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