View
1
Download
0
Category
Preview:
Citation preview
C 1.1 & C 1.2 CONNAITRE & CONTEXTUALISER Le nationalisme grec & le massacre de Chios POINT DE PASSAGE ET D’OUVERTURE
« Les Turcs ont passé là. Tout est
ruine et deuil.
Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre
écueil,
Chio, qu'ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands
bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs
noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec,
assis,
Courbait sa tête humiliée ;
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée. […]
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il
donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi
l'affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau
front,
Comme les feuilles sur le saule ? […]
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau
merveilleux ?
- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux
bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
Victor Hugo, Les Orientales, 1829
En 1821, des soulèvements contre la domination ottomane éclatent dans le Péloponnèse et de nombreux civils musulmans sont massacrés. La répression est sévère mais les autorités ne parviennent pas à désarmer les insurgés. En 1822, les nationalistes proclament l’indépendance de la Grèce. La même année, la garnison ottomane de l’île de Chios – une île hellénophone – est attaquée, le Sultan décide alors de faire un exemple : il envoie une armée sur place, avec mission de ravager l’île. Le massacre dure deux semaines. Le bilan estimé par les historiens est de 23 000 morts et 47 000 personnes vendues comme esclaves, sur une population d’environ 100 000 habitants. L’évènement suscite l’engagement de nombreux artistes en faveur de ce que l’on appelle désormais « la cause grecque ».
« Les Turcs égorgent les Grecs. Les Grecs leur coupent la tête.
Voilà les nouvelles les plus agréables que j'ai apprises. C'est une question
hors de la civilisation. Là-bas, par-delà nos frontières orientales, trois ou
quatre cent mille individus pendus, égorgés, empalés, cela ne compte
pas. »
Déclaration prêtée à Klemens von Metternich en 1821.
Scènes des massacres de Scio, Eugène Delacroix, 419 x 354
cm, 1824, Musée du Louvre, Paris.
Questions
Document 1 – En 1821, quelle est l’opinion de Klemens von Metternich sur la lutte
d’indépendance menée par les nationalistes grecs ? D’après vous, comment
expliquer ce positionnement ?
Document 2, 3 & 4 – Comment et par quels procédés les artistes cherchent-ils à
mobiliser l’opinion – et par extension les gouvernants – en faveur des nationalistes
Grecs ? Y parviennent-ils ? Analysez les documents, faîtes quelques recherches et
détaillez vos réponses.
1
2
Lord Byron en costume albanais, Thomas Phillips, 76,5 x 63,9 cm, après
1835 (sur une esquisse de 1813), National Portrait Gallery, Londres. Lord Byron
est un célèbre poète britannique. Il se prend très tôt de sympathie pour « la cause
grecque » et part même, comme de nombreux autres volontaires européens,
combattre aux côtés des nationalistes en 1823.
3
4
Recommended