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8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
1/70
ORGANISATION
DE
L'UNITE.AFRICAINE
.
CENTRE D'ETUDES
LINGUISTIQUES ET
HISTORIQUES
P R
TRADITION
OR LE
ECRITS SU LE
S O U D A ~
Septembre 1978 )
Boubou H M
COL.
B H A ~ 1 A O l
Janvier
1983
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
2/70
I
L VIE INTELLECTUELLE D NS LES GR NDES VILLES
MEDIEV LES
DE
L A ~ R I Q U E
SOUD N ISE
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
3/70
R
A
c
I
N
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
4/70
..
es
qU on parle de l 'or igine de
l'homme,
le regard
du
savant se'tourne
tout de sui te , vers
l 'Afrique
oD se trouvent
ses
vestiges
les
plus
,'anciens.
De
la
region
des
Grands Lacs aux
terra ins
guat-eFnaires du Tchad, de
l 'Ethiopie ~ la Vallee du
Nil,
ses l ~ i t t e s et
ses
efforts sur lui-mAmel'
ont
sor t i
de 1
t
animali
te,
l ' on t o n d u ~ t
de
l ' inculture ~ la u l t u r ~ ~ ~ la
'pratique de
1 ar t et d e l aTe c
tln
i"que, a 1 a c i viI is a t i,o n don
t e
m nu e nt s de
l 'Egypte antique
f ~ g u r e n t
une
phase grandiose qui surgi t ,
lIon
dira t , de l ' in f in i du temps arr@te au passage
dans
un de ses
vols puissants.
Du gibbon
primit if aces
oeuvres exceptionnellea,
l homme a eu
un
commerce
suivi avec la n a t ~ r e la m a t i ~ r e variee
de
cel1e-ci, son air
subt i l et
son cie1
profond,
a v ~ c l 'univers
qu' i l
apprehenda de
l 'energie
de ses
yeux,
de
son cerveau,
de ses
nerfs et de ses muscles - de
la sensibi1ite
de tout son Atre
mobilise
~ la rencontre
des
forces du cosmos et de celles te l lu -
rigues
de la
terre .
Ainsi 1ui
apparurent
1es
forces
du
ttbien ,
le
sens
qui
caracterise
ce dernier, les
forces du mal ,
le
pOle
dans 1 e q ~ e 1 el les se groupent ou
se
cumulent. Pour
lu i ,
sur
ces
deux
pOles
se
fixerent
lea Esprits de ~ et ceux du " :1 . .".
Sur la
route de
sen evolution i l crea la Croyance
au Bien
et
aux
Esprits qui
favorisent
ce bien,
au
M et
aux forces
qui le sou
tiennent
dans
la nature.
La p r e h i s t ~ i r e
de notre Continent nous
di t , par
ses peintures
et ses gravures r u p e ~ t r e s quels hommes
ont vecu le
Sahara,
comment i1s y ant vecu de
la cUeil le t te ,
de
la
chasse, de l 'elevage
et
d'une
agriculture archaique
voisine
de
celle
qui se
prat iquait dans ceitaines
regions de notre globe
au debut de netre siecle .
Dans
ces
peintures qui
mentraient
quels animaux
(ele
phants,
girafes, antilopes) ces hommes
chassaient
et avec
quelles
armes
i l s
Ies chassaient,
se:g l issai t
deja l 'ombre
de
la
Croyance
en un
dieu solaire
dont le disque, dans
l ~
Sahara,
etai t p o s ~
entre
les cornes d'un bel ier .
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
5/70
i
-
4
_.
Les
m@mes images, plus elaborees, se retrouvent dans
la
v a l l ~ e
du
Nil,
sur
le pourtour m e d i t e r r a n ~ e n o ~ Pheniciens, Cartha
ginois,
Grecs,
Romains
et
Berberes
ont
m ~ l e
intimement,
leurs
dieux a ceux de
l 'Egypte antique.
Au
confluent
de
I 'ancien monde avec l 'Afrique,
de
la ren
contre des
hommes e t de leurs idees, l 'Egypte a
su
t i re r une syn
t h ~ s e harmonique _ l 'origine de la Civil isation de la Grace ant i
que, in i t ia t r ice
de
l 'Europe Occidentale pour
laquelle
la
lumiere
est
venue
aussi
de
l 'Afrique.
C'est
sur
lea
bards
du
Nil
que
Platon,
Pythagore, A r c h i m ~ d e Solon, etc vinrent
chercher la
science.
L'Egypte, dans l 'image
d'un
solei
1
s p i ~ i t u e l
avec le
pharaon Akenaton,
a cru a
Oleu ,
Unique, ayant
engendre le
monde.
Cette voie,
bien
vite , spres la
mort de
son promoteur, fut
abandonnee et l 'Egypte en revint
sux vieux
usages des dieux
qu'el1e
avait h ~ r i t e s
e l 'ancienne Nubie, ia Patrie oubliee
de
ceux-ci.
El1e
renis
cette premiere
verite
enoncee
par le
Pharaon
ivre
de Oieu' at i'enoUa
avec la tradition, avec son successeur
Tout-Ankh-Amon
qui
retabl i t le culte d'Amon a Thebes.
La
route perdue fut retrouvee par
Molse qui sor t i t de
l 'ancienne Egypte, Convaineu de l 'existence dlun Oieu unique ,
".y.. .. .",
le
Oieu
Jaloux
d Israel ,
dans
le desert ,
pour
nourrir
son
peuple , qui f i t tomber du cial la manne miraculeuse .
Molee, en dehors de la
science
Hebraique, fut in i t ie
a
celle
des Rouges
dans le temple
d'Osiris et a celle des Noirs par
son
beau pere
Gethro
dana le
temple du
desert .
La, l h is to i re
n a t tes te- t -e l le
pas que la science des
Hebreux s e ta i t intimement mAlee, des le
depart,
a
la science des
fiouges
et ~
celle
des Noire? De
Moise
~ Jesus e t
d'Abraham
a
Mohammed, Oiau est d ~ f i n i .
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- 5 -
Apres Abraham,
les
Arabes, ayant perdu ses t races,
retournerent a leur polytheisme ancien qui ne
sera
aneanti que par
l t ls lam
triomphant.
l tAfrique
Noire
qui n' ighorai t
pas
l 'Existence de Oieu,
comme le Judalsme,
le
Christianisme e t
l 'Islamisme,
ne
voulut
pas
s'embarrasser du
poids
ecrasant de
ce
D ~ e u C a t ~ g o r i q u e .
Les
croyances des
a n c i e n ~
Berberes
etaient
voisines, sinon
identiques
a
cel les
des
Noirs d A f ~ i q u e . Ce qui
preoccupait
ces
Berberes c e t a i t i'imminence
du
mal
qu i l
f a l l a l t
eloigner
de
soi
e t des siens.
Sur
le sujet dans son
l ivre
: uLa Religion Musulmane
en Berberie
t
Alfred
EL
(1) ecr i t : Eloigner de soi , de sa demeure
de ses champs, de
ses
troupeaux, les
Espr
i ts mechants, les apaiser ,
les cohtraindte a ne pas nuire, ou meme a seconder I e f fo r t de
I homme e t des desirs ,
tout
cela s tobtient par
des
r i tes appropries
de meme que par d'autres moyens, par
un
culie adequat, ou se conci-
l i ent
les
faveurs des Esprits bienfaisants o
La croyance
des Berberes aux
Esprits de
mal,
hotes
des
demeures
sombres,
des grottes
e t
des
caverres,
des eaux e t des vents,
etc 51 l on en
juge
par le present, a dQ et re generale dans le
passe, el le
l 'emporte
de beaucoup sur la croyance aux Esprits de
bien, ceux qui peuvent dis tr ibuer de leur gre
un
fluide
capable
de
faire
reussir leur bon servi teur , f luide q u ~ le musulman
nomme
la
Baraka
e t
qu'au
sud
du
Sahara,
Ies
Songhay,
les
Bambaras
e t
m
me
les
Peuls
designent sous
le
nom courant de ftKorte , l 'energie
qui
anime
l ob je t consacre e t qui
ser t de vehlcuie
aux
espr i t s ou aux
dleux. Le Korte
peut
penetrer
les
choses e t
sly
accumuler
dans
le
but
de
dispenser sa
force
bienfaisante
ou dans celui condamnable
de
repandre
le mal
contre l 'ennemi qU'on veut
nuire ou detruire .
1.
Les
rel igions
musulmanes en
Berberie.
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- -
Sous
l ac t ion
du
verbe
createur ou de la formule magique
l ' energie
du Korte est
u vehicule par
lequel
se deplacent
ins
t n t n e m e ~ t
les
Esprits
ou
les
Dieux
de
l'Olympe
Songhay.L'Afri
que Noire es t animiste, el le nlest pas fe t ichis te . A notre temps
encore, dans le Continent, i l y a des
pretres qui
off ic ient unique
ment qU'avec l a lde de
ce fluide
vivant e t intel l igent dont les
Zarmas
e t
les Songhays
Aisent
qu l l
i m p r ~ g n e
le corps du Korte
koIni ,
le
mattre du Korte .
D'autres
pretres
invoquant
les
dieux
ou
Holey pour
I.
guerir leurs malades e t
chasser
de
leur
etre inter ieur l 'angoisse
qu'y
causent
les mauvais genies ou
le
sor t qu'y j e t tent les maltres
du Korte .
Cette Afrique des maitres de la parole (Kor.te-kolni) e t des
mattres des genies e t
des
dieux ,
loin
de l a , peu s 'en faut, n es t
pas morte, du fa i t de l ' introductlon de
l ' I s lam
ou du Christianisme
dans
notre
continent . Elle
demeure
e t
el le
est
une
source vive
de
notre
Patr imoine
CuI ture l
m a i n t e s ~ t ' f 1 s C d e r n o . e :aans oson
1 : j 6 ~ c a
.
geographique e t
dans son
deroulement
historlque.
Entre Berberes e t
Noirs d'Afrique,
11 n'y a
pas
que
la
simil i tude
des croyances, mais, a l 'examen du passe, des rencontres
de peuples differents dont les t ra i t s ont ete communs a tous
ceux
de
l 'Afrique Saharienne e t
Soudanaise
qui
ont voisine ou
qui se
sont
meles aux
populations du Soudan
medieval qui nous
occupe i c l .
le
Soudan
medieval
eta i t plus intimement
l i e
au
Sahara,
a
son
ar t ,
a
ses
religions
e t
a
ses
cultures.
Dans
ce grand
desert les conditions
climatiques
qui
ont
permis
l ' exis tence de l homme
dans cet te par t ie
de notre
continent
jadls
en relat ions suivies avec la
savane
soudanaise.
Etudiant la
faune
de
l 'Afrique Saharienne Soudanaise,
Andre
Berthelot
e c r i t : Les
grands
mammiferes sauvages, l ions ,
elephants, ne viventOplus au nord du Sahara, mais
leur
disparitlon
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- 7 -
est
recente
car i l s y
pillu1aient
encore i1 y a 2 000
ans.
L homme 1es a detrui ts pour
le
p1aisir de
tuer
ou de voir tuer .
L'auteur ajoute
:
L'examen
de
l 'Afrique
saharienne
et
soudanaise, au
f i1 des siecles
passes, nous
montre,
dans le
sahara, des conditions d'existence ideales pour l homme :
l 'eau
abondante, des r ivieres , de longs fleuves, de grands 1acs, de la
faune aquatique e t de
la
savane
tl
, ce qui supposait la possibi l i te
de la
euei11ette,
de la chasse d'ou l 'enorme
quanti te
de fleches
1ithiques
trouves
a profusion dans cet te par t ie de notre conti
nent.
Un
autre a t out pour l'homme, a
cet te
epoque,
fut
la presence
de gramlnees variees
propres
a
l 'Afrique, particulierement dans la
zone qui fa i t l ob je t de notre investigation.
Ainsi, l 'on
peut
admettre, t res to t , la pratique de l agr icu l ture e t de l 'e levage
dans
cet te
region donnant
ainsi l 'occasion
a l homme de sly
sedentariser , de
sly
f ixer dans la prosperite assu.ree.
a dispari t ion du cheval dans
le
Sahara
fut le
fa i t e
la
chasset
de
sa
destruction
par
les
hommes;
cet
animal ayant
eu
une
grande importance dans
leur
alimentation.
Clest , sans
doute, par
If
meme
procede
que furent extermines, dans ie
desert ,
le charneau,
l ' e lephant , le
zebre
e t
le
rhinoceros dont
les
zarmas
n'ont pas
oublie
le
nom: Hllli-fo (qui a une corne).
a
devastation
systematique des
forets
par les nomades
avait
detrul t l a rbre , le vegetal, e t
provoque l 'exode
des
ele
phants,
des
l ions ,
des
anti
lopes qui
vivaient
dans
la
savane.
Cette transformation entratna egalement l 'exode
des
chasseurs, l 'avance du
desert ,
le reflux des pasteurs
sur
les
zones les plus humides des confins medlterraneens e t de la
savane
soudanaise .
Tirant
les
consequences de l 'assechement du Sahara
Berthelot dlt
Ainsi
fut l h ls to i re de l homme dans le sahara:
processus
de la f ixation des hommes au sol ou
les
conditions de
leur
malntien
sur
place
dependent du t e m p e r a m e t ~ du conquerant.
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- 8 -
C'eta i t souvent
le
c iv i l i se qui
envahissai t
le
sedentaire
en
l 'encadrant
ou la bande pil larde qui le
t e r ror i sa i t e t
le fa i sa l t
se
repl ier
plus
loin dans
une
contree
plus clemente.
C'eta i t
l 'antagonisme
du
pasteur
e t du
sedentalre, le
pauvre qui
tr iom
phait
du
r iche.
C'eta i t
avec l 'assechement
du
Sahara, l ' a f f lux
des hommes
vers la mediterranee, la
vallee du Nil,
le
bassin du
Tchad, les rives
du
Niger, leur
accumulation
dans ces habi ta ts
favorises, leur fusion
en un
peuple
conscient producteur
d'abon
dance e t de civi l i sa t ion. C'eta i t encore
les apaches
que
ce t te
r ichesse a t t i r a i t . C'est aujourd'hui
l 'antagonisme
des
classes ,
celui
des
ideologies
e t
des
systemes,
le
conf l i t
entre
le
colonise
e t le
colonisateur,
la lu t te toujours
triomphante
de la pauvrete
~ n t r e
l 'abondance,
l ' inegal l te , aujourd'hui , entre
les
pays sous
developpes e t les nations hautement industr ia l isees - toujours
l ' inegal l te
du
developpement
qui
entralne cel le
de
la cul ture, a
la base de toutes
les
incomprehensions ~ t d e O t I t e s ~ l e s horrEturs
du racisme dans
le
monde. Crest
l ' inquietante
condition humalne
reservee aux pauvres sur
notre
planete .
e suje t qui
nous
occupe
est aussi profond que Qa. 11
plonge
ses
racines
dans le passe lointain
de
l ' ancien
monde,
autour
du lac
mediterraneen, qui e ta i t d'un seul
tenant
jusqu'a l ' a sse
chement
du Sahara
qui
a rompu
l 'uniformite
de
l 'Afrique Saharienne
e t Soudanaise, qui a
creee
la barriere de ce grand
desert
dont
le vide, en ce moment,
semble
diviser notre
Continent
en deux
zones
dis t inctes
:
le
Maghreb
et le
Soudan
qui
ne
fut
jamais
separe
du septentrion de notre
Continent,
au seln de l 'Afrique
Saharienne
e t Soudanaise,
au
Moyen-age, avec lequel i l
ne
formait qu'un seul
marche commun.
Dans
cet ensemble,
11 n'y
avalt
pas
duali te entre
l 'animisme
e t
les
dieux mediterraneens,
les
spir i tua l i tes du
Soudan
e t
le
Christianisme, entre
cel les -c i
e t l 'Islamisme, mais
voisinage
parfois
intime
qui
changea
le
t issu
social
e t
les
rap
ports humains sur lesquels reposait la societe animiste.
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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- 1 -
- L E N CAD
REM
ENT
A N I M
ST
E -
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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-
11
-
L'animisme
base
la
direction de
la societe
sur sa concep
t ion de
la vie e t
du monde,
sur
l un i t e de
l ' individu imbrique
dans
cel le
de l 'ensemble,
sur le "part ie l" qui
prend
corps
avec
le
tout
qui I a fourn e t dont 11 ne se
separe
pas. Si ~ ' a l
ton
cheveu ou
le
vetement
qui
a touche ton corps, j a i ce dernier dans
son
ent ier" . C'est cet te
croyance qui
fa i t
que
le soudanais coiffe
ne
je t te
pas ses cheveux mais les enterre , de meme,
pour
la meme
raison, i l ne donne pas son vieux vetement a un
homme
douteux qui
pourrait
le
passer a son ennemi.
Cette conception de l homme e t du monde existe encore
chez
les animistes
zarmas
e t songhays. Elle
est
contenue
dans la
formule
introductive suivante :
Bissimilahi
Bissimilahi
Bissimilahi
"le
m'adresse a N'debl ;
"N'debl s 'adresse
son Maltre ;
"le
m'adresse aux sept cie ls ;
ffJe m'adresse aux
sept
bas ;
"Je m'adresse A
I 'horizon
de l 'Ouest ,
"Je
m'adresse
a l 'horizon
du Sud".
Par
cet te formule, avant toute autre chose,
le
mage
s insc r i t
dans
l 'univers
physique
e t
sp i r i tue l ,
dans l e to f fe
de
celui-ci
appropriee
par
ses quatre
points
cardinaux,
par
l 'espace
des sept
cie ls
d'en haut et
des
sept cie ls d'en bas
(2).
e "Demiurge
t
N'Debl
et son
"Mattre"
(Oieu), se si tuent
hors de
l 'univers
physique
et
spir i tuel .
e
mage
Songhay,
sauf
dans
des
rares cas,
ne
s 'adresse
pas Oieu,
mais
N'Debi,
en
son
nom,
qui
gouverne
cet
univers
dont l equi l lbre assure
la
santa du monde.
Sas se COMprend
dans le
sens de l 'espace du cie l
si tue
de l au-
t re cote
de
la terre .
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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-
12
-
Toute
faute
qui porte a t te in te a cet equil ibre doi t e tr
immediatement reparee ou punie.
Pour
l 'animisme, i l
n'y
a
pas de
remission des peches,
car
chaque
faute
affecte
l 'ensemble
de
la
creat ion
d ~ n t a
la
fois ,
est
responsable
l individu
e t
la societe
qui l a s s i s t e .
Chaque unite se
refere ,
d'abord
a l 'ensemble qui
lu i
f ixe
le cadre
permis
de sa creat ion humaine,s ' lnscri t dans l un ivers
physique e t sp i r i tue l qui lui assigne
sa
place. la case, la con-
cession,
le
vi l lage ,
la
region,
le
pays,
l a t e l i e r
du
forgeron,
celui du t i sserand ne
sont pas seulement mater iels ,
i l s
reposent
aussi un pouvoir
materiel
figure par des
objets concrets.
Chaque
Unite
es t
spir i tuel lement
appropriee par
cinq
scories
de fer
repar t ies de la faQon
suivante
:
1 .
2.
3 .
4.
5.
une
pour
une
une
une
une
scorie
au
centre
pour
les se
pt
d'en
bas
scoric pour
I 'horizon
scor ie pour
I 'horizon
scorie pour
l 'horizon
scorie
pour
l 'horizon
les
scpt
cie ls
d'en haut
e t
e l Es t
e
l 'Ouest
du
Nord
du Sud.
La scor ie ,
a defaut ,
le tesson
de canari pris dans
un
ancien
vil lage
abandonne
suggere
la
duree
de l Ent repr i se
appropriee
dans
sa
double
nature
physique
e t
spir i tue l le .
le point d intersect ion
de
deux routes
qui
se
coupent,
d'apres cet te conception de la vie
e t
du monde
represente
le cen-
t re de
l 'Univers
ou les animistes deposent leurs offrandes a l i n
tention
des
Espri ts
du
cie l
e t de
la
t e r re .
Crest dans ce cadre que l , individu,
dans
l 'ensemble, est
s1gnif1e, que le Roi represente cet ensemble qu i l est , qu i l
incarne
e t dont par das r i t es rigoureux, par son geste conforme
a
l e t ique t te ,
i1
doi t assurer
la
s tab i l i t e , c es t -a -d i re ,
la
Sante
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
13/70
13
basee
sur cet
ordre divin que ne
doivent
transgresser
ni
ce Roi,
ni les princes, que dolveht respecter ,
s tr ictement,
taus ceux
qui,
a
quelque niveau
que soi t ,
exercent
une
Responsabilite.
Dans la s o c i e t ~
animiste
cel le-c i
incombe d'abord au chef
ou
culmine la R e s p o n s a b i l i t ~
sa to ta l l t e
vers
laquelle
converge
la
r e s p o n s a b i l i t ~
de
l ' individu, du
pere
dp familIe, des chefs
de
groupement,
de vil lage, de
la
communaute
humaihe qui
agi t .
Dans
l ' ancien
Ghana
les fetiches
royaux
sont
deposes dans
une
foret
sacree.
Mais
c ~ a q u e region, chaque vil lage avaient leur
genie
tu t i l a i re . Chaque
famil le, chaque caste avaient sa science
ou
son culte
part icul iers .
Dans
l 'Empire
Mossi, c 'es t
le
Moro Naba
qui es t le chef
supreme du cul te , c 'es t lu i qui detient les fet iches principaux
de
l 'Empire et avec eux, la supreme connaissance qui guide les pretres
et
les
responsables
de
la
vie
poli t ique.
La societe
animiste, emanation de
sa
"super-s tructure,
dans
la
meme
conception
de la
vie
e t de
l'homme,
est
fortement integree
dans
les cul tes par t icul iers
ou
s 'execute l ' ac t ion
au nlveau
de
l ' lndivldu,
de
la familIe et des castesD
C'est
dans
ces
cellules
de
base
qu'on s ' i n i t i e
l ' a r t ,
la
science,
a la pratique
d'un
metier. L' in i t ia t ion en
direction
du
peuple,
des enfants
du
peuple
se
fa i t dans
des
associations ou,
sans
dist inct ion de rang social ,
ces enfants
se
l ivrent a
la
pra
t ique d'une certaine philosophie
de la
vie, a cel le
du
"savoir
dire"
e t
"savoir
fai re .
Le
Dogon
(Bandiagara,
Mali)
dl t "que
le
mil
de
l ' an dernier
qui l l
bat
est le
mll
de
cette
annee",
du
mil
toujours
pare l
lul-meme.
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-
14
-
La Societe
animiste est caracter isee par sa grande
Tolerance.
Le
culte du
vainqueur n'opprime
pas celui du
vaincu,
sous sa dependance, i1
lui assigne
une place conforme
a
sa specia
l i t e par t icul ie re . u Niger,
dans la
province
de
Dogon-Doutchi, se
superposent quatre
cultes qui
ne se
genent pas
du tout
1. le cu1te de la Saraounia (matri l inaire)
2.
celui
du Baoura (pat r i l inai re)
3.
le Toungouma
originaire
du Bornou
4.
le
Dogoua
qui
appartient
aux
princes
actuels
de
Doutchi,
de Bornou, apres
un re la
au Daoura,
qui
vinrent
enca
drer l 'arewa.
Les fetiches royaux e t principaux
au Soudan
medieval se
t rouvaient
dans
les vi l les
ou
les grands centres
u se
dl t
l ' h i s -
totre (Kangaba, Republique du
Mali)
ou se
l i t
dans les signes de
la terre l 'horoscope de
l 'annee
(Massalata, Republique du
Niger).
C'est
dans un te l contexte apaise,
que
les
Tounkas
du Ghana,
n'ont pas
agresse l ' l s lam
auquel i l s ont me me
demande des
secretai res pour les
seconder dans
leur
tache.
l I s ont considere
cet te rel igion comme
une
sp l r i tua l i t e
nouvelle apportee
au Soudan
par
l 'Etranger.
L'Empire
Mossi
lu i
aussi
n'opprima pas
les
musulmans.
Les
Nabas de Ouagadougou, en dehors de leurs p l e n s ~ se donnaient des
noms musulmans. L'Islam e ta i t represente dans leur cours.
Sonni
All
Ber eta i t ,
en 1464, le bri l lant
Roi de cet te
Afrique
animiste confrontee avec
l ' l s lam.
Sonni Ali respectai t
cet te
rel igion
e t
fa isa i t
des cadeaux somptueux
des
Oulemas.
11 disai t
meme
: La
vie sans
le savant
sera i t invivable . Ce qu ' l l
n'admettai t pas c 'e ta i t
l ' indiscip1ine,
l ' in t rus ion de ces
savants
dans les affa i res de l 'Etat . 11 dut, pour sauvegarder l ' un i te de ce
dernier sevir contre
les Peuls, les Touaregs
e t les
Arabes
dont les
agissements
entravaient cct te
unite
t l rai11ee
entre
l ,ordre
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- 15 -
existant e t
l l s lam
s table, a n i m ~
par
des princes e t
une bour
geoisie
in te l lec tuel le ,
dans les vi l les , qui
renonQa
d ~ f i n i t i -
vement
~
l animisme,
~
son
mode
d acquision
de la
connaissance
et sa philosophie
de
la vie. La
tradit ion
a
s u r v ~ c u
dans
maints centres
animistes
qui
n ont
pas o u b l i ~ leur p a s s ~
glorieux
:
- Gambaga Ghana
actuel) pour
les
Rois du
Mossi
-
bomey B ~ n i n ) pour ceux
du
pays
Fong
- Kangaba
(Mali),
-
Aribinda(Haute-Vo1ta)
pour
les
D o f ~ r o s
ou
Kouroumba,
les
hommes
du
mil qui ant, ~
notre ~ p o q u e ,
un
centre
r ~ g i o n a l
important a Massalata
(Kbnni, Niger), des pr@tresses
de
la terre a
Lougou (Doutchi,
Niger), a Boisi sur lea o r ~ s
de
la
Sirba (Niger), a
Hombori
(Mali).
De
te ls centres animistes sont encore
vivants dans les
falaises
du
Bandiagara,
a
Bankasai,
a
Sanga oD le professeur
Griaule fut
i n i t i ~
au
s y s t ~ m e
du monde
des
Dogon,
~ la
philoso
phie de la vie de ce peuple e x p r i m ~ e dans ses
masques,
dans
le
symboliame
profond
de
ceux-ci.
11 y a
2.500 ans p r o s p ~ r a i t la
Civil isat ion
de
Nok dont
lea
terres uites etaient
d une per
fection a
toutes
epreuves, ce qui
nous
conduit a l a r t d I f ~
dans lequel
Leo
F r o b ~ n i n s trouve
una
influence
de la
civi l i sa t ion
de
l Atlantide.
Ces centres abri taient le commerce
internat ional
au
cours
duquel, dans
les
vi l les du
Soudan
m ~ d i e v a l ,
se rencon
t raient
etrangers et a b o r i g ~ n e s ,
t ra i tants
musulmans et nego
ciants
autochtones,
avec
eux lea idees et les hommes,
l ancien
ordre etabli e t
l l s lam
mili tant
qui
vint changer
au
Soudsn.
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6
LE
SOUD N
MEDIEV L ET
Lt
ISL M
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- 17 -
Dans 80n
l ivre ,
Lee musulmans de
l 'Afrique Noire",
Froelich(
;
~ c r i t
: D ~ s l an 640, l ' l s lam tenta de
progresser
par la
v a l l ~ e du
Nil,
mais
se heurta, tout
de
suite
aux Etats
C h r ~ t i e n s
devant
lesquels i l
pietina
pendant
p r ~ s
de
neuf
cents
ans. A
l oues t , la p r ~ d i c a t i o n
des nomades sahariens
fut
r e 1 8 y ~ e
par les'Noire
e u x - m ~ m e s qui se
p a s s ~ r e n t
le
flambeau en
progres-
sant ~ e t s l Es t . u centre, l ' Islam Arabe r ~ u s s i t , d ~ s le
10e
s i ~ c l e ,
une p e r c ~ e en direction du
Tehad,
"du Bornou
dont
lea princes a d h ~ r ~ r e n t cette
religion
en 1085.
D'un
c O t ~
l ' Is lam
Arabe,
conquerant
e t
guerrier
au
Soudsn Oriental, mar n et e o m m e r ~ a n t
dans l 'Afrique
de l Es t ,
de
I 'autre l ' Is lam B e r b ~ r e ,
i m p t ~ g n ~ de
Soufisme.
Ses deux courants extr@mes, t r ~ s
differents
d' inspira-
t icn,
part is des
deux
bards
du
c o n t i ~ e n t , '
ne
se joignirent sur
les rives
du Tchad qu'au 20e
s i ~ e l e .
u
10e
s i ~ c l e ,
alors
que
I'hegemonie
de
l ' Is lam
s ~ t e n -
dait de l ' lnde ~
l 'Espagne,
le monde musulman connut une periode
extr@mement bri l lante qui ~ c l i p s a i t les royaumes
d'Occident,
~ m e r g e a n t ~ peine de la
barbarie,
dans laquelle les
avaient
e n t r a l n ~ s
les invasions g e ~ m a n i q u e s .
Alars
que Charles le Simple r ~ g n a i t chez nous e t
devait
c ~ d e r
la
Normandie aux
pil lards
Normands,
lea
savants
Arabes
et
M a g h r ~ b i n s , r e n 8 e i g n ~ s par les
voyageurs
et
les
c o m m e r ~ a n t s ,
deerivaient le
pays de
l o r et
des
Noirs avec exactitude.
L'Afrique fut parcourue, ~ cet te epoque, par
d in fa t i -
gables marchands Arabes
et
B e r b ~ r e s , traversant
lea
d ~ s e r t a au
pas lent
de
leura
chameaux ou
affrontant lea
rivages
inconnus
ou peri l leux de l O c ~ a n Indien.
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- 19 -
l lactuel le Mauritanie. Apres
une
r ~ s i s t a n c e acharnee
el les
se
convertirent ~ l ' islamisme. Le
premier
prince qui p r o n o n ~ a la
chahada fut tlTarsina
qui
pri t le nom d '
Abdallah Alou Mohammed
11 regna de 1020
1023.
Vers 1035,
Yahia
Ben Brahim
gendre
et SUCC6aseur de Tatsina, eu
retour
de
son
p ~ l e r i n a g e 8 l ~
Mecque ramena
avec ui
un predicateur,
ItAbdallah Ben Yacine dont
l 'ardeur l ava i t f r a p p ~ Apres de,grands revers, Ben Yacine, se
re t i re
dans
une l Ie ~ u bas-senegal,
dans
un'monastere ou Ribat ou
i l forma la fameuse ~ e t e
des A l ~ o r a v i d e s .
En 1054, 11 s'empara dw
la
v i l ~ e
berbere
d'Aoudsghqst.
11
mourut
en
1059
spree avoir
soumis
Sidjilmassa ,
Sous-Aghmat , uNou1 et
lea
t r ibus du d ~ s e r t
quli l
parvint
~ arracher
~ l ' e m p ~ r e ~ r u
Ghaha.
Sa p r ~ d i e t i o n
touche le Fouta Toro, le Tekrour, le
Galam
le
Sossb
et le Dieta, les peuples
Noirs
~ t a b l i s le long
du
f l u v ~
et contacts f r ~ q u e n t s
avec les
nomades blancs. Le Roi
du T ~ k r o u r ,
0
uar
-Ndiaye U
AbQu-DardaI ,
avec sa
famille
e t son peuple,
se convert i t
a
l ' Is lam. Apres
sa mort
survenue en
1040, son f i l s
l ~ b b i commanda le
contingent du Tekrour
qui se
porta,
en l 0 5 6 ~
au secours des Lemtounas fideles
~
Ben Yacine
e t
qui avaient
e t ~
attaques par
les GDddalas .
Apres la m o ~ t de
Ben
Yacine, Abou Bekr Ben Omar,
chef des
Lemtouna,
s'empara
du Maroc. 11 chargea
son
cousin,
Ben
Tachfine,
de
continuer
la
goerl'e
BuMa.roe,
tandis
que lui-mAme
prenait
hAte
le
c h e m ~ n du Soudar.
A p r ~ s avoir ~ t a b l i
l 'ordre
dans le
sud
de son eta t , i1
fut
tente par l Ia r du Ghana. 11 dressa contre
l ' E m p ~ r e u r de cette vil le ses V8ssaux
Noirs
dont l a r i s tocra t ie
avait ete i s l a m i s ~ e . Aid, par
le
successeur
d'Abou
DardaI, i l par
vint ~ les entra1ner
dans
une
vaste r ~ u o 1 t e
concertee.
Pendant ce
temps, lui-mAme d ~ c l e n c h a 1 t des raIds
dans
le
sud
pour
se
procurer
des
esclaves et de
l o r
et
sussi pour tenir
lee marches
o ~
la
poudre
d'or
pouvait
~ t r e ~ c h s n g ~ e
contre
le
sel
des
salines
saha
riennes .
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20
A p r ~ s
quatorze
ans de guerre et de troubles,
l E m p ~ r e u r
fut
a b a n d o n n ~
par ses a l l i ~ s . Le pays,
r u i n ~
se vida de beaucoup
de ses
habitants.
La
capitale
fut
prise et p i l l ~ e
de fond en
comble par les
B e r b ~ r e s
en
1076. A p r ~ s
la
mort d'Abou-Behr
en
Omar
intervenue
en 1087, le Roi
du
Ghana
p r i ~
son
i n d ~ p e n d a n c e .
11 r ~ o c c u p a sa capi tale, i l en chasss les Blancs et i l in terdi t
la
pratique de l ' Is lam. Mais l 'empire ne retrouva pas
son
ancienne
splendeur. Le Tekrour, le Galam, le 50sso et le Diara surent con
server leur i n d ~ p e n d a n c e .
l 'animisme
y
perdit
sa
p r ~ p o n d ~ r a f t . e
au prof i t de
l ' Is lam,
des
princes musulmans.Le Ghana fut
annexe
par le Roi du Sosso
qui
sera battu
par "50undiata
KeIta" en 1235 dans la plaine de
Kirina
p r ~ s
de Koulikoro
(Mali).
Lea
M a n d ~ s p r i ~ e n t la releve des Tounkas,
celle
des s o n i n k ~ s . L'Islarn pr i t ft
essor
p ~ i s s a n t avec les e m p ~ -
reurs
du
Mali
: Kankan Moussa dont
in conna t le fastueux peler i
nage 8 la Mecque au XIVe
siecle et la magnificence
de la cour de
Mansa Souleymane
qui
~ t a i t le
souverain
du
Mali
lors
du
passage
du
voyageur
Arabe
lbh Batoutha
au COUlS du
mame s i ~ c l e .
Sous
l a c -
t ion de l ' Is lam, la super-structure de
l 'animisme
dahs les vi l les
et
les grands centres c ~ d a
la
place
8 une
ar is tocrat ie
musulmane
plus dynamique.
L E c r i t u ~ e
et
le
Caran
parurent et la V ~ r i t ~
cessa
d'@tre uniquement la par . le , jadis s a c r ~ e de la
t radi t ion
qui ne
continua pas moins de
r ~ g l e r dans
les campagnes et au sein des
castes, la vie
du
peuple,
de conserver et
d'animer l h i s to i re et
la
culture. le
marabout
pr i t
une
importance
primordiale
et
les
O u l ~ m a s devinrent preponderants dans
la
cour des empereurs o ~ leurs
avis
~ c l a i r e s d ~ c i d a i e n t de
la
guerre
e t de la paix. Ces Oulemas
definissaient pour
les
sultans, les principes que devaient
observer
l e t a t
musulman,
disaient
le droit
qui
n in teressa i t que
la super
structure dont l act ion, souvent, la issai t lea
masses, non
c o n c e r n ~ s
i n d i f f ~ r e n t e s cependant
gue
la vraie
foi
s incrus ta i t dans
l Ame
profonde des
savants
dans
lea
vil les de
Biro,
(Oualsts),
Tombouctou,
D j e n n ~ t A g a d ~ s
e t Kano au Soudan Central converti 8 l ' islamisme
par
les
Princes Mandingues.
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21
u moment de l 'ecrasement ntervenu en 1464 qui vit
la
destruction
du Mali par Sonn Ali
Ber,
ce
furent
ces
vi l les
qui
empecherent l 'ecroulement
to ta l
de
1'1slam
domine
par
les Songhays
qui etaient
a
cette epoque,
dans le Dandi surtout
- des paiens,
s1non, des
musulmans
t res
t iedes.
Sonni AI Ber
e ta i t
conscient
de
la rea l i te
a un
niveau -
de
I ' Islam
dans son Etat. 11
I ta meme
accepte
comme
une importante spir i tuaI i te de ce dernier . 11 combat-
t i t moins
cette rel igion
que les
O u l ~ s qui s ' ingeraient
dans les
affaires de
I 'Administration dont
l 'Empereur entendait
etre
le
seul
maltre
dans
le
respect
des
dlfferentes
sp i r i tua l i tes
de
son
Etat ,
y
compris la sienne, l 'an mlsme des Songhays du sud
qui l l
n'imposa pas
aux peuples de
son empire.
Sonni Ali Ber
devint
un
cas
au Soudan. 11 nladhera
pas
au
r i te
malekite. Nous aIlons etudier la
nouvelle
si tuation
dans
le
chapitre qui va suivre.
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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SON
N I A L I
B E R
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-
3
-
11 est di f f i c i l e de dire que Sonni AI Ber ne fut pas
musuIman. Son
nom
I e s t . sacr i f ia i t a toutes les mosquees et
nil
a t tes ta i t
qu l l
n'y
a
de
Oieu
que
Oieu
e t
que
Mohammed
est
son
Prophete. 11 appartenait
a la
secte des Kharadjites qui avait des
adeptes jusque sur les bords Niger. Cette secte "ne
croyait pas a la
necessite d'avoir un chef
supreme
de
l ' islamisme. Elle
est imait , en
outre, que
tout f i d ~ l e
s t r i c t
observateur
de la
10i,
d'or igine 9 u e l : ~
conque, pouvait
et re eleve au pouvoir souverain (4) .
Dans un t e l courant religieux, Sonni Ali ne voulut pas
se
pIler aux exigences des Oulemas ma1ekites.
se
dressa
vigoureuse
ment contre leurs pretent10ns poli t iques dissolvantes , destructr ices
de l un i t e de l 'Empire qu i l
eta i t
en t rain de bat i r .
dut
sevir
contre l l n t e l l igen t s i a musulmane des
vi l les ,
des Peuls,
des
Touaregs
e t des Arabeso refoula
les
o u a r e g ~ e t
les Arabes
dans
le Sahara et 11 extermina la t r lbu
peuple
des Sangare. I l devint
la
cible des
in te l lec tuels
e t des savants
d ~ n t pourtant, i l appre
cia i t
le
role
important
dans
la
marche
en
avant
de
la
societe .
disai t m me concern ant
ces
dernlers : La
vie
sans les savants
sera i t invivable". Au dire
d'un de
ces
detracteurs, Es-Sa'di,
l au -
teur du Tarikh Es-Soudan,
i l fa isa i t des cadeaux somptueux
aux
Oulemas quand 11 revenait de ses
expeditions
victor ieuses.
La
haute
personnalite
d'Ali
Ber contint l in te l l igen ts ia des
vi l les .
l 'obl igea a
cohabiter
avec les
autres sp i r i tua l i tes de
l 'Empire
dans
une
synthese
harmonique
qui
n'etouffa
pas
l Is lam ,
pratiquement,
celui-c i s e t a i t affranchi de
la
tu tel le de l 'animisme.
A l 'epoque de cet
empereur, 11
exls ta i t , deja, du moins chez
les
Songhays, un
Islam t radi t ionnel qui composait
avec
le pouvoir
etabli e t , dans les
vl1les, un Islam plus
radical ,
qui eta i t en
efferveseence,sinon sur
le
bord
de
la
revol te .
Ce dernier
avait un
chef
occulte
: Mohammed Aboubakar, alors general en
chef
de l 'armee
de
Sonn
All
Ber.
4. El-Sadi, Tarikh Es
Soudan.
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-
24
-
Les in te l lec tue ls musulmans
n'
epargnarent guare Sonn Al i . Br:, .
l I s r e l e v ~ ~ c n t
ses
moindres
fautes,
ses
exactions
m ~ m e
banales.
Pour
eux,
l e m p ~ r e u r
e ta i t
"le tyran ~ ~ ~ r e ~ j i t e ,
l ~
debauche,
le maudit, le sanguinaire ,
l 'oppresaeur".
Kati,
dans
le
Fettach, d e n o n ~ a n t ses cruautes , ecr i t
:
11' f i t mettre ~ mort des jur isconsultes I Et que des vi l lages
i l
det ru is i t , faisant per i r
leurs
habi tants dans
les
flammes
11
inf l igea i t
toutes sor tes
de
tor tures
aux
gens
:
tantOt
l
se
servai t du feu pour les
faire
perir 11 fa i sa i t emmurer un ~ t r e
vivant pour le l a i sser mourir ainsi , tant6t
enfin
11 fa i sa i t
ouvrir le
ventre d'une
femme vivante pour en
re t i r e r le
foetus"
Le Tarikh
Ea
Soudan n es t
pas, non plus
tendre ~
l egard
de
ce
souverain.
A son
sujet ,
i l ecr i t "Jusqu'en
l 'annee
875
(1470-1471) Sonni
Ali
Ber
continua
a
faire
mettre
a
mort
des
sa
vants ou les
humilier".
11
s v i t ~
ains i , contre
les
gens
de
Sankore qui s enfuirent a
Biro, contre
les enfants
du Cadi EJ. t:
Dans
les
vi l l es , l i n t e l l igen t s i a
musulmane,
m ~ m e
sous le
ragne
de Sonni Ali
Ber,
continua de
mOrir
sa revo1te contre
regime en
place,
de preparer une revolution contre le camp d0s
Songhays
t rad i t ionnels .
Celle ci
jclAta a la mort du souverai1
intervenue en
1492.
Comme dans
l 'ancien Ghana,
la super-st ructure
musulmane accede a
la
direct ion des effa i res avec un Prince
devoue
a sa
cause
e t a cel le de
l ' is lamisme,
desormais, qui
VB
inspirer 1es nouveaux souverains du Songhay.
\
I
'-.
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
25/70
25
L REVOLUTION
D ASKIA
MOH MMED BEN
BOUB K R
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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26
A la destruction de l 'Empire du Mali, i l exis ta i t , d e j ~ ,
au Soudan un fort
courant
islamique
eclaire
par
les Universites
de Tombouctou, de
Ojenne,
par
une
jeunesse
ins t ru i te
d'origine
surtout e t r a n g ~ r e ,
qui
en approfondirent l e tude, la vie sociale
et
polit ique.
A l 'examen des Tarikhs, sous le r ~ g n e de Sonn Ali Ber,
on s a p e r ~ o i t que lee savants, les
Oulemas,
eteient
rarement
des
Songhays.
C'est dans
ce contexte
de l 'Empire que mourut Sonni
AI
Ber en 1492
et
que
son f i l s Sonni
Bakery
le
remplaga
sur
le
tr6ne
du Songhoi. La haute personnalite du fondateur disparue, son gene-
ral ,
Chef du par t i musulman, exigea de Sonni Bakary qu i l abjurat
l 'animisme pour embrasser la
vraie foi ,
l ' islamisme, s i l veut
garder le trOne de son p ~ r e . Dans
la ~ e v o l u t i o n
qui a
oppose
Sonni
Bakary et Mohammed Aboubakar,
l 'on
peut
remarquer que "Taus les
emissaires que ce dernier dep@cha aupres du Souveraih investi du
Songhay etaient des "non Songhays"t des Oulemas n a p p ~ r t e n a n t pas
~ ce
peuple, mais
~ une
souche berbere
ou Wakoree (nom d'un clan
soudanais
duquel
Askia Mohammed t i r e ra i t
l or igine
de
son
pare).
Ces
emissaires
qui t e n t ~ r e n t de
convertir
le nouveau Roi
etaient
1. Mohammed Toule, d'origine Berbere,
2.
SAlih
Oiawara ,
d'origine Soninkee
3. e t
AIfa
Kati , d o r ig ine Soninkee.
Quand la guerre eclata
entre
Sonni Bakary et le
general
de son pare,
tous
les Songhays t radi t ional is tes
se
rangerent du
s q ~ \ l e r a i n '
it'lvestj.',
a
d
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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- 27 -
croyants qu'au
roi
designe
par
les t radi t ional i s tes
La
Revolution,
rapidement
triompha
de
sa
Resistance
et
la
dynastie
des
Sonni
fut
renversee. Mohammed Ben
Aboubakar,
a sa place,
crea la
sienne qu i l
savait
contra Ire la
t radi t ion
- donc - i l legi t ime
aux
yeux. des
Songhays pour lesquels le
nouvel
elu
e ta i t
un usurpateur.
Apres
avoir mis
de
l 'ordre
dans
l E ta t qu i l venait
d her i -
ter de Sonni Bakary, Mohammed en
Aboubakar,
aureole, deja, du
t i t r e
des
"Princes des croyants",
se
donna celui
d'Askia
sous lequel
les Princes de
sa
dynastie seront, desormais,
appe1es.
11
entrepr i t
son
pelerinage remarque
a la Mecque. 11 en
revint avec
le t i t r e
prest igieux de Khalife pour le Soudan.
I l
s affranchi t
de la t radi t ion
et
de la coutume. L e ta t
n e ta i t
plus
domine par 1'animisme des Sonni
vaincus.
11 devint
musulman sous une dynastie nouvelle, cel le
des
Askias presida au
destin
de l 'Empire Songhay de 1493
a
1591.
EI-Hadj,
Khalife
repre
sentant le prophete au Soudan, Mohammed EI-Hadj Askia aboli t l an -
cien
ordre
des choses e t
le
droi t
devint
celui du Coran. Apres
avoir
consulte
les Oulemas de son
pays,
au retour de son
pelerinage,
i1
consulta, en
Egypte Abderrahman Es-Soyouti pour savoir quels
etaient son droit
e t
son devoir de prince musulman vis
a
vis de
l 'her i tage
qu i l
avait
regu du
f i l s
de
Sonni
Ali Ber. EI-Meghili
qui
f i t
meme
un
voyage
a
Gao
confirma
la
le90n
que
l 'Empereur
$on
ghay avai t re9u de
son
hote Egyptien.
L'Encadrement
de
l 'Empire tourna le dos
a
l 'animisme qui
ne
survecut
que dans le Dandi, que
dans son
berceau du sud. Quand
on examine
la
l i s t e des
grands
Oulemas qui
accompagnerent Mohammed
Askia
a
la
Mecque on s 'apergoit que presque
taus
eta ient des
etrangers.
Voic
cet te
l i s t e
:
1. Le
Cheikh
Mohammed Toule,
2. Alfa Salik Diawara,
3.
Le
Gao-Zakaria,
4. Mohammed-Tenekou
8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf
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- 28 -
5.
Le
Cadi Mahmoud Niedebogo
6.
Le
Cheikh
Mori
Mohammed
Haougara,
7.
Le
Cad
Mohamoud Kati
(Fettach pages 25 e t
26).
Apres son pelerinage, au
fl1
de ses
expeditions
victo
r ieuses, El-Hadj Askia Mohammed partout,
insta l la ou renfor9a
l ' Islam
sur une
base
plus
radicale.
11
crea
des Mosquees
et
des
Ecoles
sur
tout dans
le
Gobir
et
dans
l 'Alr
par
lequel
i1 penetra
dans
le
Sahara ou i l ranima l ' Islam
t iede
des Berberes.
Dans son
propre pays,
i1
s ' inquieta
de
l ' importance
de
l'animisme dans
le Dandi.
Dans
un
but
manifestemment
polit lque,
11 resolut de porter la guerre dans le Bargou (Haut-Benin) ou fu
rent decimes
les nZabir-Banda ,
les cadres animistes e t guerrlers
du Dandi. Cette
province ~ e s s d'e tre
un danger
pour l 'Empire,
pour le
nouvel eta t musulman.
Mais, ce dernler,
apres
E1-Hadj Askia Mohammed e t son fl1s
Askia
Oaoud,
s 'ecarta
des princlpes du
torant
de sa morale
et
de
sa
just ice.
L'Empire bougea
sur ses gonds.
11 s 'ecroula sous les
coups
des
Marocains en 1591 qui ne vinrent
pour y
repandre l '1s1am,
mals pour y chercher de l o r que le Soudan
n'avai t
plus.
L'1slam,
de nouveau
se
refugla
dans
les
vil les .
11
cessa
de
dispenser
l lnst ruct ion dans les campagnes qui retournerent a
la
tradit ion. Les differents peuples rassembles se separerent en
creant une
multitude
de
pet i ts
royaumes Independants les-uns
des
autres.
Sous la direction des Peuls, l '1slam ranimera, au debut
du
XIXe
siecle le
Soudan
Central
(Sokoto
1804)
et le
Macina
qui
e ta i t un
empire
en
1810.
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29
ON C L U 5
ON
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30/70
- 30 -
Quand on examine
l h i s to i re
du
Soudan,
on s aper90 i t que
la
Revolution
musulmane de
EI-Hadj
Mohammed
Askia
de 1493 a
des
simili tudes troublantes
avec celle d Ousman
Dan
Fodio qui reussi t
la
sienne
en 1817. Dans les deux
cas, i l
ne
s agissa i t
pas d in -
t roduire l Is1am, mais de le
radicaliser
dans
l Empire
de
Gao e t
dans celui
du
Gobir
tombe sous le joug des Peuls.
A Gao, la Haute
personnalite
avait
contenu
l I s lam
Mallkite
e t cel le
de
awa
Jan
Gorzo I ta empeche de s emparer du pouvolr
legal. Dans les deux
cas
ce fut une minorite d etrangers qui pro
f i ta
de
la
faiblesse des
princes
regnants pour renverser
les
dynasties
etabl ies .
Dans les deux cas la Revolution s appuya
sur
l in te l l igen ts ia , sur la jeuhesse des Universi tes, sur
les
vi l les
de Tombbuctou, de
Ojenne
ou de Gao (Empire Songhay), sur les Talibes
des Ecoles Coraniques (Sokoto).
La
posit ion
de
Dan
Fodio
est
identique
cel le de
l Empire
du Macina
qui
succomba sous
les
coups
des
Toucouleurs
d El-hadj
Omar, de
son
oote
qui e ta i t talonne par
les fran9ais qui ne
donne
rent
pas le
temps
aux Peuls de
se
concerter pour reussir
leurs
effor ts
dans
un seul
front
commun.
C est sur la meme base que Samory e t Mahammadou eurent
a
lut ter
a
la fois
contre
les
troupes
coloniales
e t
pour
se
mainte
nlr au Soudan
dans
les
frontieres heurtees qui les mirent aux
prises
avec d autres
Etats
Africains.
Nous retrouverons les cadres
1.
animistes
2. musulmans
3.
Occidentalises,
tous reunis dans
le mame
front
de lu t te ant icolonial is te a
par t i r
de 1936 (avenement du
front
populaire),
surtout ,
de 1944-45-46 (mise
en place
des ins t i tu-
t ions
de
l Union
Fran9aise).
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31
Si
je rappelle ces epoques recentes,
c e s t
parce qu e l les
si tuent
mleux
le
rOle
des
cadres
e t
des
vi l les
dans
la
vie
intel lectuel le
de
notre continent.
11
y
a des moments ou les
l ~ o n s
du present
(un aboutissement)
eclairent d une
l u m i ~ r
s i n g u l i ~ r e l h i s to i re du passe, toujours une
his toi re
eclose
dans
u
contexte
qui
lui donne
u
visage
caracter is t ique, u
contenu
qui m a r q ~ e qui
en a
fa i t l h i s to i re
d une epoque.
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3
11
LE
PATRIMOINE
CULTUREL
D NS L ZONE
SOUDANO-SAHELIENNE
CARACTERISTIQUES
EVOLUTION
ET
INFLUENCES
SUR
LES
AUTRES
AIRES DE CIVILISATION
AFRICAINE.
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-
l
C R CT
E R
1 ST
I
QUE
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o
- 34 -
1.1. FUSION VOISINAGE
1.
L'Afrique,
massive,
est
d'un
seul
tenant.
A
l in ter ieur
des ter res
une seule
plate-forme,
sans
dlscontlnulte ,
dessert tout
le Continent par
son pourtour defendu
seulement par la
barre de
ses cotes e t quelques hauteurs insuffisantes pour en empecher
l 'uniformite. Son espace geographique est aujourd'hul
entrecoupe
de
deserts
: ceux-ci ne furent
pas
des barrieres etanches en ce qui
concerne
la zone soudano-sahelienne. Dans
cet te partie
de notre
Continent, l un i te
geographique
avait entratne cel le de la faune
et des hommes, des voisinages et des fusions
qui s 'opererent
dans
la savane que formait, alors, le Sahara dont
l'examen
de la pre
histoire
montre que les hommes qui vecurent
dahs le
Grand
Oesertll
etaient IIpetitsll (le ancetres, peut-etre , de nos negri l les
actuels) , de t a i l l e moyenne, de
grande
t a i l l e ,
des
femmes qui
por
ta ient des cimiers semblables a ceux des femmes P.eules du
Fouta
Djallon, des
hommes
qui avaient des cheveux
longs
(ce qui fa i t
penser a la
presence
du
Berbere dont
i1 n es t pas prouve qu i l
n es t pas originalre de l 'Afrique), des chasseurs dont l ou t i ll age
l i thique
abonde
dans le Tenere
nigerien,
des pasteurs qui pous
saient devant
eux
des boeufs sans bosse dans une region t res humide,
des agricul teurs dont les meu1es dormantes se ramassent,
partout,
dans le Sahara.
Au sud de ce desert les
meules,
dans les pays gourmantches
et mossis, continuent de
servir
a ecraser le mile Dans la savane
soudanaise, les
fleches
en fer sont une evolution directe des f le
ches
l i thiques
dont
se servaient nos
devanciers
des
ages
prehisto
riques.
l 'animlste
Songhay
qui
fabrique une pate magique n'emploie
pas de la
farine
sort ie
d'un mortier mais du mil
ecrase
entre
deux
meules.
Les haches l i thiques
(armes
redoutables
de Dongo, le genie
du tonnerre) sont sacrees
dans
la savane
soudanaise e t
elles figu
rent parmt
les objets du eulte quand celui-c i concerne le genie de
l 'orage.
le
Sahara ne fut done
pas
suff isant pour detruire l un i te
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- 35 -
de
la culture
qui
exis ta i t
dans la zone soudano-sahelienne, ou,
au
se in des castes , les croyances
de
l 'Afrique saharienne eveil lent
des larges echos
material ises
par le
sacr if ice du
bel ier ,
du tau
reau, l 'offrande d 'objets
de
couleurs (blanche, noire, rouge,
rousse,
etc
) ,
par le
sacrif ice d'animaux portant
ces
couleurs
(poulet,
chevre,
chat domes,tique, chien, etc) .
L'uni te du
cul te animiste
dans
la
zone soudano-sahelienne
t i re son
origine
d'un te l passe vivant dans son
ar t
que pratiquent
de
nos
jours des hommes qui en maintiennent
le
style au
sein
des
castes.
L'unite
des
cultes, cel le
de
l a r t ,
suppose
l un i te
des
races sahariennes,
leurs
fusions
ou leurs
voisinages prolonges,
intimes.
2. Les
Noirs sont
de
l 'Afrique. 115 sont nes sous ses t ro
piques. 115
ont
habite,
assez
to t , les plaines du
Sahara
tandis
que
dans le
meme
temps d'autres
hommes
venus des
bords de la Medi
terranee abordaient
la
Vallee
du
Nil
ou i l s formerent, probablement,
avec
les
Noirs, des metis
a
l o r ig ine
de
la race
rouge de l 'ancienne
Egypte. Celle-ci cohabitera
plus
tard
avec
les Hebreux
qui vien
dront se refugier dans la
vallee
egyptienne qui
sera enrichle de la
science
hebralque.
u
temps
de Moise vivaient ensemble ou voisi
naient
les
Rouges ,
les
Hebreux
e t les Noirs .
MoIse
apprit la
science
des
Rouges dans le Temple
d'Osir is
e t cel le
des
Noirs
aupres
de
son
beau-pere Gethro
dans
le Temple du desert .
Apres
l 'assechement de ce dernier, les Noirs
conduisirent
leurs
migrations
vers
le sud
ou
les
rejoignirent
les Berberes
qui
durent qui t ter
leur Maghreb
natal a
la
sui te des changements historiques intervenus
avec l a r r ivee des Pheniciens,
des
Carthaginois, des
Grecs, des
Romains et des
Arabes musulmans.
Pour
l essen t ie l , la encore,
Rouges e t
Noirs
melerent
leurs ethnies
soeurs
et
voisines. Ce
metissage se retrouve
dans
les
races
soudanaises parmi
lesquelles on distingue
encore
les Blancs
ou Kore (Songhay) representes
par
les Maures, les Berberes, les
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-
36
-
"Rouges" que
sont
les Touaregs,
les Peuls, les
Noirs ou
"Bi"
que
sont les
Bobo-Fing
( les Bobo
Hoirs
en Mande)
les
"Gabibi"
(les
Hoirs
en Songhay de
Tombouctou). la
zone soudano-sahelienne
malgr.e
la barriere
du
Sahara
ne
perdit
jamais
le
contact
avec
le
Maghreb
et
la
vallee du
Nil avec lesquels,
jadis , el le ne
formait,
au Moyen
Age,
qu'un
seul
marche
commun, t res act i f a
l echel le
de l'ensembl
de
l 'Afrlque
Saharienne et Soudanaise.
C'est
du
contexte
humain de
cette
derniere
que
le
Sahel
et le
Soudan
reQurent
nombre de leurs
cadres dynastiques
qui
seraient par t is
- du
Yemen
(les
"Oias"
ou "ZasH de
"Gounguia",
Empirl
de Gao) ;
- de Medine
(une legende du Fettach qui indique l o r i -
gine du
prince
Song hay qui
tua
a Gao ou
a "Gounguia"
le poisson
mythique des
Sorko)
;
de la Vallee
du
Nil
d' Oll seraient
venus
les
F e ~ l l s
- du Nord d'ou continuent de ven r les
TOUar9J3 .
L'encadrement Saharien, souvent, se reclame d'une origine
.unique.
Des
legendes existent 'qui etablissent des parentes entre
les
differentes races
de la zone
soudano-sahelienne. Ainsi, les
Ouakores (Soninkes ou
Sarakolles)
les
Songhays
et les
Ouangaras
(des Mandes)
se revendiquent
la
meme origine.
Des
legendes Peule3
disent que les Songhays descendent de "Dedjita" une Peule,
f i l l e
d'Ocba
en
Yassir
et de Badjo Maga,
f i l l e
du Ro du
Toro. L'encadre
ment
des royaumes Mossis,
sous
le ~ o
de Al-Vaman"
se
donne une
origine Vemenite qui le rapproche
des
Songhays qui ont
pris le
pou
voir sur
les Sorkos.
3.
Le croisernent des races entralna des rencontres
qui
influerent sur l a r t ,
les religions et les
cultures, sur
les langues
qui dans cette
region
et d'apres beaucoup de
l inguistes,
se rame
nent toutes
a
l 'ancienne
Egypte. I l
s ag i t ,
maintenant
de
verifier
s i
ce
croisement se retrouve dans nos
differentes
cultures te l les
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37/70
37
qu'elIes
existent en Afrique et dans la zone
soudano-sahelienne
sur le
plan de I a r t non
materiel
qui se degage :
de
la poesie des Selenko (des p o ~ t e s
;
des
devinettes (qui
exercent l e spr i t
de
I 'enfant a
la vivacite,
a
la
repartie rapide et juste)
;
des
fables qui commentent
les
themes moraux de la
vie
courante
;
des
contes qui
sontdes-archetypes
vivants de
la
vie
et de la societe ;
des
legendes qui
resument
l h is toi re
de
nos
person
nages hlstoriques ou celle de nos
systemes
u mon e ;
- ~ d e s ecr i ts
des
historiens de l 'Afrique medievale qui
ont
su
t i re r de
la
t radit ion orale
des
complements
indispensables a
la
comprehension
de
notre
histoire.
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-
38
-
1.2. UNITE
11 y a une unite fondamentale des cul tures et de l ense i -
gnement
moral
:
4.
La fable
-
Elle developpe un theme moral. Elle defend
ou
autorise
: Ne fais pas
cela, fais
ceci ;
e l le
recommande
la
patience , la
constance
qui
permet
d'aboutir , de
triompher
des
obstacles,
des epreuves
apres lesquelles
l enfant
poli
trouve
le
bonheur et l ' impoli ,
l ' impert inent , le
malheur
qui
l 'emporte.
La
fable punit
ou
recompense.
Elle
punit
le
for t
qui
mal-
.
t r a i t e le
faible, l 'orphel in , le perclus, le pauvre,
qui
ne
peuvent
pas se defendre.
Elle
recompense
I ac te jus te , Ithomme g e . ~ r e u x
l am i t ie
ou
l 'amour sincere.
La
fable f l e t r i t la gourmandise, la gloutonnerie,
la
betise et l ' imprudence
de a hyene.
Elle exalte
l in te l l igence
du
l ievre ,
ses ruses
qui
sont
des l ~ o n s qui s 'adressent aux hommes.
Elle st igmatise la suffisance de l 'e lephant dont
triomphe
le
coq
dans
une
guerre qui appose
la
gent ai lee aux animaux
a
quatre
pattes ,
l 'ephemere,
la gu@pe,
l abe i l le ,
le grand
v8utour,
l a ig le a pat tes rouges,
au
crapaud, a
l 'hyene
puante, au l ion
courageux, a la
girafe,
au buffle e t a
l 'e lephant enorme.
Dans les fables, on
semble
percevoir des hommes qui sont
des l ievres ,
des
hyenes,
des
l ions, des elephants. Clest en eela
que
les fables se servent
des animaux
pour ins t ru i re ceshommes
qui se reconnaissent dans les ruses du l ievre ,
dans
les b@tises
de la hyene ou dans la force
aveugle
de
l ' e lephant .
La fable est ,
comedie,
drame ou,
tragique,
le coeur humain
eat
oblige
de
se determiner
dans
une
complainte
ou
par
une
emotion
violente
qui
l 'accule
choisir entre son devoir
e t
son amour.
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- 39 -
La
fable es t , surtout, le fabulis te lui-meme, l ' incarnat ion
de
ses personnages, la
comedie,
le
drame
qu ' l joue adapte
aux
rea l i tes
d'une epoque.
La fable, c 'es t la vie
mlmee,
chantee
; la fable
donne
a
cel le-c i une
plate-torme
ou
se
ref le te
pour se
produire la vie
intime du
corps social , cel le
de
ses
dlfferentes castes sais les e t
fixees
dans des archetypes eternels .
5. Les contes - Le
conte
peut etre une simple devinette :
"3 'a i un
cheval. D'ou
que vous
venez
ou que
vous vous trouvez,
vous en
voyez la queue" : C'est la fumeeo 11 est
un arbre tordu.
On y monte,
mais,
on
n'en redescend
j amais :
C'est l ' au t re
monde.
"La
bande
de
la
brousse":
C'est la piste
Qui
t raverse
la
brousse.
IIJ'entends
cr ier :
ourourou
et bambam"
C'est la pet i te four.n
rouge qui rase
ia barbe de
l 'elephant"
:
C'est
hache et l ' a rbre
gue cel le-ci a b ~ t
Sous
cet te forme, le o n t ~ excite I ' espr i t de
l ' enfant a reponore juste et rapidcment aux questions du conteur.
Le conte peut obliger I ' enfant
a
falre at tent ion e t amelio
rer ,
ains1, sa memoire.
On
di t , par
exemple : Mon
pere bute contre
la buche, la buche fa i t
pout
La buche bute
contre
mon pere,
la
buche
fa i t pout I .
11
s 'ag i t
de repeter
t res vi te
ces
phrases
en
evitant
de
d i r e :
Mon
pere fa i t pout it ce
qui
sera i t
une
injure
grossiere adressee a son propre pere,
par sol-meme.
Le conte, parfois
est
un theme
qui
vient animer une
conver
sat ion. En
volci
un
:
Un
voyageur
est
seul sur
la
route. 11 est
sulvl de son ane apres lequel
vient
son mouton pourvu
d'une
0 1 0 -
chette au
eou. Le son
de
la
clochette 1u1
indique
que
ses
deux
ani
maux le suivent.
Le voyageur
est
rejoint par
t rois
voleurs qui se croient
tous
t res
for ts ,
t res
experts dans
leur metier.
Le premier
voleur
dit : "Par les seules ressources de
mon in te l l igence ,
je peux
voler
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le mouton du voyageur sans le vlolenter e t sans qu l l
le sache".
Le second voleur
dl t
: "51
tu fals
ce que
tu viens
de
dire,
moi,
je
pourral
lui voler son ane
sans qu i l le sache
e t sans
le violenter".
Le
t r o i s i ~ m e voleur r ~ p l i q u e
: "Si vous fa i tes ce que vous venez
de dire , moi, je
me
fais
for t
de 1ui voler
les
vetements qu l l
porte sur
son corps sans le violenter".
Le premier voleur marcha
doucement. 11 d ~ t a c h a d ~ l i c a t e
ment la clochette du
cou
du mouton et l a t tache a la queue de l ' ane.
Par
les
seules
ressources de son
intel l igence,
i l vola
le
mouton du
voyageur
qui continua
de marcher au son de la clochette , maintenant
suspendue a la queue de l ane .
Le second voleur s'approcha du voyageur e t 1ul di t :
"He
voyageur, c es t maintenant
la
mode
d'at tacher
des c10chettes
a la queue
des
anes". Le voyageur se
retourna
e t
vi t
que
son
mouton
n e ta i t plus lao
11 dit au
second vo1eur
: Bon compagnon de
route,
t iens moi mon ane
pendant
que je
vals chercher
mon mouton dans
les
environs". Le
voleur
ne se f i t
pas
prier . 11 pr i t
l 'ane e t
s 'en
alIa . Par
1es
seules ressources
de son
intel l igence, i1 vola l 'ane
du voyageur
sans aucune
v i o 1 e ~ c e
Le troisieme voleur devan9a
le
voyageur. 11
se
mit
dans
un
pults . A l 'approche du voyageur, 11
so r t l t sa te te
du
pu1ts
et le
voyageur l ' aper9ut . 11
1ui
di t :
Homme
du pul ts , n'as tu pas vu
passer
mon
mouton 1". "Si I 1ui repondit
le
voleur. Ton mouton est
mame
dans
ce
pults .
5eulement
je
ne peux
pas
l en so r t i r
sans
con
cours. Ne peux-tu pas te deshabl1ler et
descendre
dans le
pu1ts
p o u ~
m'alder a
sor t i r ton
mouton 1 0 51 I 51 I repondlt avec vigueur
le voyageur. 11 se m1t a l 'oeuvre. 11
ota
ses vetements e t les
posa
sur
le
bord du pui ts . Tout nu,
i l descendit
dans le
pults
pour
aider l'homme a
en
degager le
mouton.
Le voleur
pr i t
appui sur le
dos du voyageur e t sauta dehors. 11
lui
vola, sans le violenter ,
les
vetements
qu i l
portai t sur
son corps par
les seules
ressources
de
son
intel l igence.
Le
conte
vous
pose
la
question
sui
va.rlt.e : Parm.
c es t r o i ~ - V o J . . ~ - . . J . . e q u e l ..e.srle- plus fo.rt, le p us expert 1".
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l e i , le eonte
est
appel '
faakarey qui vient du Songhay :
faaj i
solitude e t
kaa
oter, chasser . Faakaarey
signifie
done
ehasser la sol i tude, egayer,
recreer .
e
conte
pe ut
indiquer
une
voie
ini t ia t lque
dont l l n i t i e
dolt
apprendre
A ~ h i f f r e r les symboles. Oans un
conte
Songhay,
l 'e leve sur
sa route rencontre
:
1)
Un troupeau de brebis. Oans ce
troupeau
un b l i e r ,
sans
d i s c o n t i n u i t ~
assal l le
toutes les
brebis.
A sa
suite
un
agneau
tete
A toutes ces
dernieres
sans
jamais
s a r re t e r un instant .
2) Un
pui ts
aux abords
verdoyants
e t humides. A cote du
puits ,
une
puisette ~ t a i t posee.
L'e1eve
mit la pui
se t te dans
le
puits
et
11 n'en re t i ra que du
sable.
3)
Un
puits creuse dans
le
roe
aux
abords
austeres e t
secs.
A cote du puits , i l trouva la
meme
puisette.
L'el eve la pri t et la mit dans le puits . 11 puisa une
eau
fralche,
clai re et l impide. 11 en
but
e t f i t ses
ablutions.
11
f i t sa priere e t continua
sa
route.
4)
A
la meridlenne,
11
apor9ut
un arbre dans
la plaine.
Epuise,
11
voulut se
reposer a son ombre. Celle-cl
se
mit
A
le bruler
comme
des
langues
de
feu.
11
dut,
mal
gre la fat igue, continuer son chemin.
5)
Sur
le
bord de
ce dernier, i l
trouva des
vautours qui
mangeaient
la
viande
d'un
animal
mort sans
avoir
ete
saigne. Les
vautours voyant
venlr l 'e1eve, s ecarte-
rent
de
1eur charogne.
115
se
rangerent sur chaque
co t
de la route. l Is essuyerent leurs bees e t leurs
pattes.
Quand
l ' e leve
parvint
a
leur
niveau,
i l s
lul
barrerent le
chemin
e t
lui
dirent
:
Qu'est-ce-que
tu
nousas trouves
en t rain de
fa ire
1 . L e
1eve, honnete,
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di t ,
sans
d ~ t o u r
: Je vous ai trouves en t ra in de
manger de l charogne, de
la
viande
d'un
animal
mort
sans
avoir
ete egorge .
La reponse juste de l 'e leve re ten t i t comme un
scandale.
Les
vautours la
considererent
comme u ~
monstrueuse
calomnie.
l I s
dirent a
l 'e1eve
: Jeune h'lmme,
nOU
sommes tous
i c i
de
grands savants musulmans. Comme sans preuve ni temoin, tu nous
accuses de manger de la charogne, de la viande d'un
animal
non
egorge, nous allons te ci ter devant le
t r ibunal
du roi de
notre
pays . Comme l e leve eta i t seul, sans temoin, i l eta i t
sOr
d'@tre condamne par
le
tribunal du roi . I l abjura ce qu i l avait
di t .
I l demanda pardon aux
vautours.
Absous par eux, i l obtint
l au tor isa t ion
de
continuer sa route.
6)
A l entree du
village U
res idai t son
ma1tre,
l 'eleve.
trouva
une
chienne pleine couchee
dans un
creux
de
la
r o u ~ e Du ventre de leur mere, les chiots se
mirent
a
aboyer
contre
l 'e tranger
surprise
La
chienne
remarquant
son desarroi ,
lu i di t :
Etranger continue ton chemin,
n'ecoute pas
les
enfants
du
s iec le . L'eleve ne s a t ta rda
plus
en
cet
endroit .
I l
entra dans le
village.
Plein
d'emotions,
i l vint
trouver
son ma1tre.
Celui-ci
lui
di t : Qu'as-tu vu sur ton chemin, sur
la route avant
de
parvenir jusqu'a mo ? .
L'eleve lui
raconta
son
aventure.
Le
mattre
lui di t
:
1) Dans le
troupeau, les
brebis
representent
le peuple
e t
le
bel ier e t l 'agneau ses dirigeants , insat iab1es,
qui
l exploi tent , qui le
grugent
continuel1ement.
2) Le premier puits est un homme , un type d'homme . 11
paral t
bon
alors qu i l
a
du f ie l
dans le coeur.
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3)
Le deuxieme pui
ts
est
aussi
UJ\ g nr ol homme
..
Il_-repousse
11
nlest
pas
accueil lant
de prime abord
alors
qul l
es t
plein
de bonte,
de
mansuetude.
4)
Llarbre dont llombre brule
comme
le
feu
est une
epoque.
Quand ce l l e -c i a r r ive personne ne se sent bien chez
lu l .
Tout
le monde
cherche a l le r a i l l eurs , s 'evader .
5) Les
vautours e t
leur charogne
figurent
aussi une
epoque.
Quand cel le-c l arrivera, ce sera le savant qui violera
le plus la 101.
6) La chienne et ses
chiots
representent, eux, aussi,
une
epoque. Quand cel le-c i arrivera,
les
enfants deferont
la nuit tout ce que les grandes
personnes auront
fa i t
pendant le jour.
Le
conteur peut etre un
poete
qui reci te des poemes
circons
tanciels
pour
expl ici ter une
question determinee.
Sans
arret ,
le
conteur improvise ces poemes qui distr ibuent maximes, proverbes,
adaptes a un auditoire , a une si tuat ion eclairee
seulement
par ces
allusions dont
souvent
use
le griot
pour
rappeler
les grands a
l 'ordre de la bonne morale t radit ionnelle.
Le conteur
est parfois
un
Selenko,
un maltre
de
la
parole,
un poete ambulant qui
amuse
la
cour des chefs,
mais,
aussi
les
masses
rurales
qui
l insp i ren t ,
dont
i l
v t
de
la
generosite.
Le
conteur par son
art de
"savoir
dire" ou "de savoir
faire
l
est un
cri t ique de
la societe qui sa i t en denoncer les
t ravers sans
blesser
personne.
11
exis ta i t a
Tera
(Niger) vers la fin
du
X Xe
s iec le ,
un
Selenko
du
nom
de flKoulli Bagouma .
Le
premier FranQais qui
arr iva
a
Tera
demanda
aux
notables
des
oeufs de
poule.
Les notables,
genereux,
d rent : "Apportez
vite
des oeufs
a l e t ranger . 11 ne vient
pas
demeurer i c i . 11
est
de
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a
- 44 -
passage". Koulli , pendant ce
temps la , baissa
obstinement
la
t@te,
ne dl t p a ~ un mote Les notables voyant son at t i tude r ' se rv ' e ,
l ' apostropherent : ilKoulli f Que dis- tu
de
notre
d'c is ion
1".
Koulli, repondit
: . I I V r a i m e n ~
vous
etes
betes
I
Un
etranger
qui de
mande dans un vil lage
i ~
chose la plus cachee n'es t pas de passage,
car l 'oeuf se t t o u v e ~ o s l ~
l i t ,
d e r ~ i e r e la jar re a mil, sous les
greniers.
Si l ' e t ranger e ta i t seulement de passage, 11 aurai t
demande
le boeuf,
le cheval,
le
mouton
qu ' i l voit
passer
e t
non
1
oeuf qu)'
se
trouve dahs
1
I
alcove ~ o u s le
11
t"
Voici encore
sur
le meme
sujet ,
un t r a i t
de
l ' e sp r i t
de
~ a n t o r e y - I z e
B ~ ,
un
5elenko
du Soboye
(Birni ,
Dosso -
Niger).
Chasse par la f a m i n e ~ le poete vint se refugier a N'dounga chez le
chef
de
province.
Aupres du
monarque, Faritorey-Ize
B're,
trouva
le gi te e t
le
repas.
Hais, pour rehdre
service
i l dut
piler le mil,
le r iz
e t ,
surtoUt
le
ma1s ; avec une t e l le besogne, le poete
e ta i t constammerit dans ia
compagnie
des femmes. Dans
ce
milieux
rtJa11cieux, i1 n 'e ta i t
habi l l '
que
d'Une
blouse,
"dansigi algar ' "
qui
lul cachait mal
les
fesses. n jour qu ' l
ah malt la cour
de
Ouabaneyze, le chef
de
Ntdounga,
11 di t d rectement
a
ce dern er :
Tu m'as rassasie,
mais
tu ne m'as pas
donne,
car une blouse
algare
tu
m'as donnee.
Tu
sais que le
pi l lage
du
maIs
est di f f lc i le .
Aussl,
quand je me
baisse,
je montre mes par
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