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ORIE-B-435
Histoire de l’Empire ottoman Madame Jihane Sfeir
Mauranne Detré Année académique 2014-2015
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Travail et examen
Société, culture, politique ou une ville avec à la fin une question générale à la fin. Travail à
rendre de 10 à 15 pages sur un thème à envoyer par mail et imprimer pour le mois de
décembre.
1. Introduction à la civilisation Ottomane
Les loisirs
Il y a une culture des cafés qui s’est faite au cours des siècles. C’est en ce lieu que se
développe la vie sociale. On est face à une civilisation ottomane qui va subir des influences
arabes mais aussi européennes. Elle fut construite au fil des siècles grâce à un
cosmopolitisme, multiplicité ethnique.
Le XVII et XVIIIe siècles donnent naissance à une société très singulière et très riche. Les
Sultans vont faire appel à des artistes de tous les pays pour décorer leur palais notamment
des artistes florentin. Ils vont s’inspirer de la miniature persane.
Il y a aussi une vie religieuse dans les mosquées et une vie commerçante dans les souks.
Les Juifs sont considérés comme des dhimmis (minorité religieuse) qui payent un impôt dit
de capitation au Sultan pour leur protection. Attention la parole d’un chrétien ou Juif ne
valait rien devant un tribunal, celui-ci devait être représenté par un musulman. Seulement,
les Juifs et Chrétiens possédaient leurs propres tribunaux. Les processions religieuses ne
pouvaient pas avoir lieu dans des grandes villes musulmanes de façon visible. De même que
l’église ne peut pas être plus haute que la mosquée. Il y avait une sorte de discrimination
acceptée qui régulait la vie sociale et politique. Ils devaient aussi parfois porter de vêtements
permettant de les distinguer.
Les Kahvehane (cafés)
Ils se situaient souvent en face des mosquées. On pouvait
y retrouver de l’alcool. Certains cafés étaient tenus par
des Grecs ou de Arméniens mais ceux-ci se situaient près
des ports et près des portes de la ville. C’est un endroit
où on revenait sur le sermon du vendredi. On pouvait
3
aussi y jouer du backgammonn.
Le tabac ou le keyf
Outre le thé et café on fumait beaucoup. On exportait le tabac
vers l’Europe. On fumait aussi le keyf. Certains Sultans étaient
des grands fumeurs d’opium comme Bayezid.
« Jusqu’à de nombreux Oulémas et de grands personnages qui tombèrent
dans le même travers. Tous les garnements et vauriens fréquentant les cafés
soufflaient leurs bouffées en si grande quantité qu’une fumée bleue
envahissait tout et qu’ils ne pouvaient plus se voir les uns les autres. De même,
dans les marchés et les bazars, ils avaient constamment leur pipe à la main, se
crachant mutuellement la fumée sur le visage et dans les yeux, empuantissant
l’atmosphère autour d’eux. Ils versifiaient abondamment sur le sujet, débitant
leurs poèmes ineptes à tout bout de champ »
Ibrahim Petchevi, Chroniques, 1635
Le repas
Le repas est un moment très important dans la
journée et un moment de silence. Alors que les
Français ne font que parler à table, dans l’Empire
ottoman on se tait. Les plats circulaient entre la
Grèce, la Turquie et le Liban comme par exemple les
feuilles de vignes.
Antoine Galland est l’auteur français qui va traduire
les mille et une nuits. On retrouve une littérature et peinture orientaliste qui aura beaucoup
4
de succès au XIXe siècle
« Les français ne sauraient être à table sans s’entretenir les uns avec les
autres; les Turcs, au contraire, ne disent mot et y gardent un grand silence »
Antoine Galland dans le « voyage à Smyrne »
Cela crée un imaginaire oriental. C’est un extrait d’Antoine Galland, traducteur des contes
des Mille et une nuits. Il y a donc création d’une littérature et peinture orientalistes.
Ichkembe
C’est une spécialité, une soupe aux tripes.
Réception au Palais
Les Sultans organisaient des réceptions dans leur palais où l’on
retrouve une grande profusion de plats.
Boissons alcoolisées
L’alcool était produit dans l’Empire. Un des Sultans, Selim II est
surnommé le Sarkhoch, l’ivrogne.
L’art
Soliman le Magnifique est très important pour l’apogée de
l’Empire ottoman. Il va apporter les arts, la poésie et
développer l’architecture ottomane notamment les
mosquées comme Sainte-Sophie. De plus, il va aussi unifier
l’Empire ottoman et l’agrandir et conquérir les lieux saints
de l’Islam.
Soliman le Magnifique reçoit Mahmoud adb el Baki, poète
bachique. Pour lui, l’Empire n’est pas rigide.
« Les beautés de la nature, de la jeunesse, du bonheur sont toutes
condamnées à périr. Donc aimez, buvez et soyez gai tant que vous le pouvez;
ne renoncez pas à ces occasions car les plaisirs de ce monde sont aussi fugitifs
que la saison des roses! »
Divan
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Mehter officiel
Le mehter officiel est cérémonie impériale qui était généralement faite par les Janissaires1,
soldats ottomans du XIII-XVIIe siècle. C’est une cérémonie musicale. Le corps des Janissaires
est composé d’hommes souvent enlevés lors de razzia. Le Devchirme2 est le ramassage des
enfants masculins entre 5 et 10 ans qui sont Chrétiens. Par la suite, on va les rendre
musulmans. Si on se rend compte qu’ils sont plus intelligents on va les envoyer au palais
pour les rendre vizirs ou faisaient partie du divan impérial3 c’est-à-dire ministres dans le
gouvernement. Ceux qui paraissaient plus fort devenaient Janissaires, soldats. Sinan,
architecte venait d’Albanie. A l’âge de 10 ans, on va le kidnapper, le convertir. Il va devenir
l’architecte du palais. Les Janissaires recevaient leur tribu, argent une fois par mois et s’ils
n’étaient pas contents, ils pouvaient se mutiner. S’ils renversaient le « chaudron », ils
montraient leur mécontentement et pouvaient mettre des villes comme Istanbul à sac.
La musique, le Mehter ambulant
On retrouve aussi des troupes musicales
ambulantes qui utilisaient des instruments que l’on
retrouve dans tout l’Empire ottoman et même en
Grèce.
Ils utilisaient des sortes de trompettes
appelées zurna.
1 Les janissaires formaient un ordre militaire très puissant composé d'esclaves d'origine chrétienne et constituant l'élite de l'infanterie de l'armée ottomane à l'apogée de l'Empire ottoman.
Les janissaires appartenaient à la classe des esclaves de la Porte, qui occupait les postes les plus influents dans l'administration et l'armée. 2 Le devchirmé était, dans l'Empire ottoman, le système de recrutement forcé consistant à réquisitionner des garçons enfants et adolescents dans les populations chrétiennes pour les élever comme des Turcs musulmans, afin de les destiner, pour la plus grande part, à faire partie des troupes d'élite ottomane : les janissaires et pour occuper des fonctions au Palais et dans l’administration. 3 Le divan impérial est conseil du sultan ottoman, réunion de ce conseil et salle où il se réunit et par extension : le gouvernement turc.
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Mevlevi et les derviches tourneurs
Le développement de la danse comme Mevlevi ses membres
sont des derviches tourneurs. Ils dansent en tournant en rond
jusqu’à entrer en transe pour entrer en contact avec Dieu.
Le Techi
Le Techi est la danse du ventre.
Danse albanaise « arnavut »
Dans l’Empire, on retrouve aussi la danse albanaise,
l’arnavut
Danses valaques
Mais aussi, des danses valaques qui désignent le peuple
roumain. Une autre danse valaque et la « matraki »
Zeybek (Dans traditionnelle turque)
Zeybek qui est la danse traditionnelle truque.
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Monteur d’ours
On retrouve aussi des foires qui se développent comme
des montreurs d’ours.
Orta oyunu (Théâtre traditionnel)
Karagöz
Karagüz est une sorte de guignol qui se fait sous forme d’ombres
chinoises.
Istanbul était une ville de fête et on festoyait pour n’importe quelle
occasion.
« Pendant quelques minutes, la ville turque n’est plus qu’un monstre de cent
mille bouches qui engloutit et dévore »
Théophile Gautier dans L'Orient (1877), posthume.
Okmeydani (Champ de tir à l’arc)
9
Djerid (Tournoi)
On retrouve aussi des jeux plus militaires comme
les concours sur le terrain du tir à l’arc, les
tournois de sabre généralement donnés en
présence du Sultan.
At Meydani Hippodrome
Il y aussi des courses de chevaux.
Yagh güres
Le Yagh güres est la lutte turque.
Les jeux
Il existe aussi des manèges
surtout présents lors des fêtes
musulmanes. Certains Sultans
sont très connus pour leurs
parties de chasses comme
Mehmed II. On joue aussi
backgammonn.
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Le hamman
Le hammam est généralement annexé à la
mosquée. Puisque les maisons jusqu’au
XIXe siècle, n’avaient pas de salles de
bains. Il y avait un temps pour les hommes
et un temps pour les femmes. C’est un vrai
lieu de sociabilité où les femmes mariaient
leurs enfants. Au hammam on est nu mais
on discute commerce.
Ces lieux vont disparaître. On les voit réapparaître en Europe sous forme de spas.
Le voyage
Le voyage on utilisait le palakain ou le
mahmal. Il était généralement porté par
des porteurs.
Pèlerinage
Les femmes ne pouvant pas se rendre à
pieds en pèlerinage, on utilisait souvent des
porteurs. Le pèlerinage à la Mecque était le plus important.
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1. 1. Naissance et constitution d’un empire
La constitution de l’Empire du XIIIe au XVIIe siècles. L’Empire domine l’Afrique du Nord, une
grande partie du Proche-Orient avec l’Irak, la péninsule arabique, la mer Noire, l’Europe de
l’Est jusqu’aux portes de Vienne. Au XVIe siècle, l’Empire va connaitre son apogée. Il est
édifié au XIVe siècle sur les ruines du royaume des seldjoukides. Il commence en Anatolie et
va s’étendre sur tout l’Empire Byzantin, jusqu’à assiégé Constantinople en 1453 qui
deviendra Istanbul. Cet Empire est devenu très puissant parce qu’il avait une flotte maritime
assez importante et parce qu’il avait une administration singulière et bien faite. Il y avait une
délégation du pouvoir et l’armée était très solide. Les Janissaires n’avaient pas d’états d’âme
car c’étaient des orphelins formés dans des casernes. Ils pouvaient attaquer une ville, faire
des prisonniers et ramener un butin qui renflouait les caisses de l’Etat.
L’évolution de cet Empire est comparée à un organisme :
La genèse ou jeunesse de l’Empire du XIIIe au XVe siècles
On parle d’ottoman car on fait référence au fils d’Osman, Ertoghul. Il va étendre l’Empire
vers les Balkans, la Roumélie – Occident – et la partie Anatolie – Orientale –.
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XV au XVIe siècles, on parle de maturité de l’Empire ou de l’âge d’or.
C’est l’âge d’or sous Mehmed II qui prendra Constantinople en 1453, va transformée la
basilique Sainte Sophie en mosquée, Selim Ier va faire appel à l’architecte Sinan pour y
réaliser des travaux d’envergure et Soliman le Magnifique. Ces deux Sultans sont
conquérants, ils accroissent énormément les territoires. Ils contrôlent la Méditerranée et les
routes maritimes mais aussi les routes terrestres qui mènent vers l’Afrique et l’Asie.
Cet âge est aussi caractérisé par la consolidation de l’administration. On va avoir des
administrations de plus en plus efficaces.
Le déclin, la vieillesse fin du XVIe siècle
L’Empire connait une crise économique très grande car on ne fait plus de guerre, on ne
conquiert plus de nouveaux territoires. Les Janissaires vont permettre la corruption. Ils vont
perdre des batailles décisives.
Les défaites du XVIIe et XVIIIe siècle
XVII-XVIIIe on va avoir des défaites et pertes de territoires. Ces siècles sont marqués par des
mutineries des Janissaires, des troupes de l’armée.
On a retrouvé peu de sources sur cette époque. On retrouve des sources grecques et des
sources turques mythifiant la naissance de cet empire.
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1. 1. 1. Origines
Les origines sont mal connues, sources premières sont en grecques et les sources turques
inventent le mythe de la naissance de cet empire.
On peut retracer ces origines à une tribu de semi-nomades dite les Oghouzes, Oghuz, Oğuz
ou Turcoman vivant en Asie centrale qui sera poussé par l’avancée des Mongols. Ils vivaient
aux abords des villes et vivaient de la transhumance. Ils arrivent au début du XIIIe siècle. Le
fondateur de cette tribu s’appelait Osman.
1. 1. 1. 1. Osman Ier ou Othman (1299-1326)
Osman va créer des liens avec les Seldjoukides et Byzantins. Petit
à petit, il découvre qu’il était assez puissant car il va capter les
hommes de lettre, les hommes de loi qui travaillaient pour les
Byzantins mais aussi les Seldjoukides.
La première guerre qu’il va gagner est la bataille de Nicomédie en
1302 contre les Byzantins. Grâce à cette bataille, il va créer une
principauté, un émirat4. Osman commence construire un bureau
administratif autour de lui et à menacer les autres émirats voisins.
1. 1. 1. 2. Tamerlan (1336-1405)
Entre le XIIIe et XIVe siècle, l’Empire ottoman ne va pas s’agrandir
énormément car il menacé par Tamerlan. Le territoire va s’agrandir sous
Beyazid Ier. Tamerlan va l’arrêté et l’emprisonner à Ankara. Il y a un
affaiblissement de l’Empire à cause de luttes fratricides qui affaiblissent
et retient l’agrandissement de l’Empire.
4 Un émirat ou principauté en français est un territoire uni politiquement qui est gouverné par un émir.
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1. 1. 1. 3. Mehmed I (1413-1421)
Mehmed I va accéder au pouvoir en tuant tous ses frères. Il a pour
mission de consolider ses territoires.
1. 1. 1. 4. Mehmed II (1451-1481)
On le surnomme le « Fatih » ce qui signifie le
« conquérant ».
La période de l’apogée va commencer Mehmed II qui va redynamiser les
guerres. Cette période se termine en 1566, sous Soliman le Magnifique.
On a une domination de l’Empire ottoman sur l’Europe balkanique,
Proche-Orient, la péninsule arabique, l’Afrique du Nord à l’exception du
Maroc.
1. 1. 2. L’apogée de l‘Empire ottoman
Les Ottomans vont être les maîtres de tous les lieux saints musulmans. Ils vont instaurer le
califat5 pouvoir politique et religieux sur toute la communauté des croyant. Le calife se
déclare comme successeur du prophète. Hors, ils sont issus d’Asie. En s’auto-déclarant calife,
le pouvoir du Sultan devient divin car il est l’ombre de Dieu sur terre. En gardant les lieux
saints, il garde tous les musulmans.
5 Un califat ou khalifat est le territoire reconnaissant l'autorité d'un calife, successeur de Mahomet, le prophète de l'islam, dans l'exercice politique du pouvoir. Ce mot sert aussi à désigner le régime politique lui-même et la période pendant laquelle il s'exerce. Plusieurs califats ont existé depuis la fondation de l'islam.
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Le XVIe siècle est marqué par une activité scientifique et
intellectuelle très importante.
Lecture conseillée : Mathias ENARD, Parle-leur de batailles, de
rois et d'éléphants.
Dans le roman, il est dit que Beyazit est appelé Michel-Ange
pour faire un pont entre Occident et Orient.
On va créer de grande Mosquée dite Aya Sophia ou Sainte-
Sophie et ce au XVIe siècle.
1. 1. 3. La prise de Constantinople en 1453
Le 29 mai 1453, les Ottomans avec à leur tête Mehmed II prennent la capitale byzantine,
l’émirat devient un califat et un empire. La ville avait déjà été assiégée par d’autres peuples.
A ce moment, l’Empire byzantin connait une crise économique, l’Empire s’effrite. Les
Byzantins vont représenter une menace économique et militaire. La ville a une place
géographique stratégique. Sa prise en 1453 va installer l’Empire ottoman et rendre possible
son extension des deux côtes des rives du Bosphore.
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1. 1. 4. L’installation de l’Empire ottoman
1. 1. 4. 1. Mehmed II (1451-1481)
Mehmed II arrive à Constantinople en 1543. La première chose qu’il va faire c’est ériger le
drapeau sur lequel on retrouve un verset du coran « il n’y a de Dieu que Dieu » c’est la
victoire de l’Islam sur la chrétienté. Mehmed II va décider du sort des prêtres byzantins. Il
va tuer les plus hauts placés et assurer un système de protection pour les faibles. Mehmed
II va transformer la basilique Sainte-Sophie en mosquée.
1. 1. 4. 2. Selim Ier, “Le Terrible” (1512-1520)
Selim Ier, qui va succéder à Mehmed II, va mener une campagne vers
l’Iran, l’Empire des Safavides en Perse. Il va conquérir l’Egypte et
battre la dynastie des Mamlouks. Il va étendre l’autorité vers l’Afrique
du Nord et vers le Sud le long de la mer rouge. C’est d’ailleurs sous son
règne que les deux villes saintes La Mecque et Médine vont tomber.
1. 1. 4. 3. Soliman Le Magnifique (1520-1566)
Soliman le Magnifique va étendre l’Empire vers Belgrade qui tombe vers 1521. Il va aller
vers Rhodes en 1522. La ville de Buda tombe en 1526 mais sera arrêté aux portes de Vienne.
Il a la qualité d’être orfèvre et s’entoure d’artistes, poète et développe la calligraphie, l’art de
l’écriture.
Le développement de la Calligraphie
La mosquée bleue
Tapis de prière XVIe siècle
Une reliure de Coran et enluminure
On développe des arts où l’on ne reconnait pas les vissages comme la calligraphie, l’art floral,
l’architecture, des miniatures, les mosquées, la tapisserie et tapis de prière, les reliures de
Coran en cuir, les enluminures des pages du Coran, etc.
Le prophète est toujours représenté sans visage. On retrouve aussi des influences indiennes
ou chinoises. Cela démontre que cet Empire était cosmopolite. Soliman le Magnifique a fait
appel à des artistes de partout.
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1. 2. Gestion d’un empire
1. 2. 1. La collecte des impôts
Dans chaque province on retrouve un gouverneur aidé
d’un juge, qadi ou cadi6 et aidé d’un représentant de
l’Empire pour la collecte des impôts, daftaldar. On
retrouve aussi des scribes. Les gens donnent la taxe qu’ils
doivent à l’Empire ottoman. Au départ, ce sont des
personnes envoyées par le Sultan d’Istanbul petit à petit
ce sont les notables, les grandes familles qui vont collecter
les impôts. Dans certains cas, il va y avoir des abus. Cela va
affaiblir l’Etat ottoman car il va y avoir des révoltes contre la notabilité locale. C’était une
force car c’était centralisé. Il s’avère que ce système va être réformé au XVIIe et XVIIIe siècle.
1. 2. 2. Le dialogue des religions
On retrouve un prêtre orthodoxe, un imam, un rabbin, une mosquée, deux
bâtiments religieux sans signes ostentatoires. Il y avait des règles qui
devaient être suivies par les minorités qui vivaient sous l’Empire ottoman. Il
y avait des grandes familles riches chrétiennes au Liban, Egypte etc. Tant que
les non-musulmans payaient l’impôt, ils étaient couverts, protégés.
6 Un cadi est un juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix et un notaire, réglant les problèmes de vie quotidienne : mariages, divorces, répudiations, successions, héritages, etc. Le mot « cadi » vient d'un verbe signifiant « juger », « décider ». Il est à l'origine de l'espagnol alcalde, en français alcade.
Gouverneur → wali/vali
Juge → qadi ou cadiReprésentants de
l'Empire → récolte la daftaldar
Scribe
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1. 2. 3. Les savants l’Observatoire de
Constantinople XVIe siècle
Les savants vont cartographier le ciel. La marine était très forte
car ils avaient cartographié le ciel, ces cartes permettaient de
pouvoir naviguer. Une autre science très développée est
l’horlogerie.
1. 2. 4. Les Janissaires
Les Janissaires portaient des chapeaux qui représentaient leur
corps militaire. Au XVIIe siècle, les Janissaires vont être la cause du
déclin de cet empire.
1. 2. 5. Le déclin
Le XVIIe et XVIIIe siècle marque le début de la fin de l’Empire avec la défaite de la flotte
ottomane en 1571, durant la bataille de Lépante en Grèce. C’est une grande bataille navale
qui va se déroulé au large de la Grèce. La flotte ottomane dite infaillible va affronter une
coalition de flottes chrétiennes vénitienne, espagnole, génoise, maltaise, vaticane et
savoyarde. Toutes ces flottes chrétiennes sont rassemblées sous le nom de Sainte Ligue et
c’est le pape Pie V qui va appeler à sa formation. Cette bataille va être une vraie défaite pour
les Ottomans qui vont perdre plus de 30 000 hommes et la plus grande partie de ses
vaisseaux. Cette bataille va avoir des répercutions énormes en Europe. Cela va sonner le
coup d’arrêt porté à l’expansionnisme ottoman. Les Européens vont alors se dire qu’il est
possible de vaincre l’Empire ottoman. C’est la fin de l’expansion de l’Empire Ottoman.
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A partir de cette date-là, on a une armée sainte. C’est une autre forme de Croisade. Le Turc
va alors être représenté et vu autrement.
Ce déclin est aussi dû à une crise économique, une dévaluation brutale, une corruption des
fonctionnaires laïques mais aussi des Oulémas7, chefs religions, par une lourdeur
administrative et les campagnes militaires ne rapportent plus d’argent. L’armée devient un
fardeau. Le XVIIe siècle est marqué par plusieurs défaites militaires surtout dans les Balkans.
Le pouvoir central va s’affaiblir.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’Empire ottoman est devenu « l’homme malade de l’Europe »
menacé de partout, il va tenter de se réformer, de se renouveler, de se moderniser et de
rattraper l’Europe de la Révolution industrielle. L’Empire ottoman se termine avec la
Première Guerre mondiale et la République turque.
7 A l'époque ottomane, il y eut à Istanbul un véritable Conseil des oulémas, dont les membres étaient désignés par le Shaykh al-islām et le Grand Vizir. Ils étaient rétribués, généralement, sur les revenus des fondations pieuses. Les grandes cités de l'Empire ottoman, cités dotées d'une mosquée illustre (Jérusalem, Le Caire, etc.), eurent aussi leur propre conseil, et la pratique s'étendit à tout l'islam.
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1. 3. Les peintres orientalistes.
Le harem est une partie du palais. Le Topkapi8 est une sorte de petite ville dans la ville. Les
femmes sont souvent issues de rapts lors des conquêtes. Les femmes qui y vivaient avaient
une certaine hiérarchie avec la mère du Sultan, la première femme du Sultan et la favorite.
Le harem est gardé par des eunuques, esclaves émasculés venus d’Afrique. Aucun homme ne
pouvait entrer au harem s’il n’était pas le Sultan ou peut-être le vizir9.
Il y a un imaginaire érotique débordant qui a imposé une peinture orientaliste. Parmi les
peintres on retrouve Delacroix, Ingres et Gérôme alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans
un harem. Il y a une mode des turqueries car elle porte des éventails, des lampes etc.
Delacroix va peindre des odalisques algériennes en position lascive que l’on retrouve chez
Renoir ou chez Matisse. La peinture orientalise est aussi anglaise avec Dicksise, Bridgman,
Lewis et italienne avec Liotard, Costa ou Fabbi.
La femme orientale est souvent étendue, les bras levés à moitié nue. On représente aussi la
mère du Sultan. Le top de la peinture est la représentation du bain turque avec toutes des
femmes occidentale comme Le bain turc de Ingres. Gérôme va utiliser la Lumière qui passe à
travers les coupoles.
Les garçons étaient admis dans le hammam avec les femmes jusqu’à un certain âge. A la
puberté, ils seront envoyés avec les hommes.
Brigman va représenter une fille algérienne, de manière très réaliste. Lorsqu’on se baladait
dans les rues du Caire on ne voyait que très peu de femmes dévoilées.
Les récits sur la favorite disent que le Sultan lance quelque chose à ses pieds lorsqu’elle
danse. On dit qu’elle doit ramper pour arriver au lit du Sultan. Il y a une imaginaire européen
orientalisant pédophile.
8 Le palais de Topkapı est un palais d'Istanbul, en Turquie. De 1465 à 1853, il est la résidence urbaine, principale et officielle, du sultan ottoman. Le palais est construit sur l’emplacement de l’acropole de l’antique Byzance. Il domine la Corne d'Or, le Bosphore et la mer de Marmara. Le nom de « Topkapı Sarayı » signifie littéralement « palais de la porte des canons », d'après le nom d'une porte voisine aujourd'hui disparue. Il s'étend sur 700 000 m² (70 ha), et est entouré de cinq kilomètres de remparts. 9 Le mot arabe vizir désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).
21
2. L’organisation politique et sociale
Le secret de sa longévité est du à sa délégation des pouvoir : au vizir, divan impérial et aux
gouverneurs dits vali (occidentale) wali (orientale).
Les Ottomans ont participé à la reconfiguration des villes arabes et palestiniennes. A la fin du
XVIIIe siècle, les élites palestiniennes vont vivre à Gaza et les élites arabes vont vivre à
Ankara et Istanbul. Les ottomans voulaient construire un pôle autour des villes arabes. Cela
va créer un sentiment nationaliste anti-ottoman.
Cela va créer une nouvelle carte sociopolitique car les députés auront un pouvoir assez
grand. Les Ottomans vont créer de nouveaux cadres sociaux. Plusieurs figures de
nationalisme palestinien sont nées suites à la confrontation aux Ottomans. Ils avaient l’idée
de créer un pôle autour des villes ottomanes. Les palestiniens se sentaient exclus de ce
processus d’intégration. Il va y avoir création d’un sentiment anti-ottoman comme
conception de nationaliste palestinien. Il y a deux tendances :
tendance maghrébine qui voit les Ottomans comme la continuité de l’empire
arabomusulman, le califat
tendance moyenne-orientale qui voit les Ottomans comme des forces étrangères
d’occupation.
Il y a 5 raisons de cette divergence :
Maghreb Moyen Orient
Musulmans, surtout des sunnites à tendance
malik. Musulmans, Juifs, chrétiens, etc.
S’oppose aux autres religions S’oppose au nationalisme arabe
Autorité tutélaire sur les territoires Territoire intégrés dans l’Empire dirigé par la
Sublime porte.
Pas de massacres Massacres contre des non-musulmans
Mythe d’utilisation de soldats pour défendre
les territoires
Utilisation des soldats (population locale)
pour accroître les territoires
22
1. Au Maghreb on a très peu de Juifs et Chrétiens. La majorité est des musulmans
sunnites de tendance malik. On retrouve plusieurs confessions religieuses au Moyen-
Orient : Juifs, musulmans, chrétiens.
2. Au Maghreb, la lutte contre les forces étrangères est d’utiliser la religion comme un
élément important. Au Moyen-Orient, on ne peut pas utiliser l’élément religieux. Ils
sont fédérés par une opposition à un nationalisme arabe car les Ottomans sont des
musulmans et non arabes. Tout au long de l’histoire, les rapports entre Moyen-Orient
et Maghreb sont très différents. Le nationalisme arabe est une reproduction du
nationalisme des jeunes turcs. La jeune turque est une reproduction de la conception
allemande et européenne du nationalisme. On est dans un rapport d’imitation de l’un
à l’autre par rapport à des concepts qui ne sont pas les leurs. Les Turcs s’inspirent des
Allemands, les Arabes s’inspirent des Turcs. La différence entre le Maghreb et le
Moyen-Orient va jouer un rôle dans le nationalisme au XXe siècle. Au Maghreb, la
religion est le ciment fondateur contre les puissances coloniales, au Moyen-Orient
c’est plutôt l’arabisme.
3. Au Maghreb, les Ottomans étaient protecteurs de l’Algérie et la Tunisie par une
puissance tutélaire alors qu’au Moyen-Orient, c’était une gestion depuis de la
Sublime Porte de territoires intègres dans l’Empire ottoman. Le Moyen-Orient faisait
partie de l’Empire ottoman musulman de façon très concrète.
4. Au Maghreb il n’y a pas eu de massacres. L’attitude des Ottomans vis-à-vis des
minorités au Moyen-Orient est l’histoire la plus sombre suite aux massacres contre
les chrétiens par exemple. Ça pousse les arabes à se fédérer contre les Ottomans, ça
crée un nationalisme.
5. Au Moyen-Orient, les Ottomans ont utilisé la population locale comme des soldats.
La Sublime Porte vient chercher des soldats au nom de l’Islam. Beaucoup de
penseurs arabes accusent les Ottomans d’être « 4 siècles en retard » à cause de leur
occupation, colonisation. Les deux derniers siècles ont été marqués par un mythe
populaire palestinien racontant que ces guerriers ont été utilisés pour défendre
l’Empire ottoman et non pour s’agrandir.
23
Il y a deux tendances dans le monde arabe :
Les islamistes et Magrébins voient l’Empire Ottomans comme la continuité des
dynasties des califats → musulmans.
Le courant nationalisme arabe inspirer du nationalisme européen appelé l’umma, qui
signifie une nation. Ces nationalistes voient l’Empire ottoman comme responsable
des 4 siècles de retard suite à une occupation, une colonisation.
On a toute une littérature arabe qui désigne l’Empire ottoman comme responsable du retard
de certains pays arabes (tendance nationaliste et moyen-orientale). Ce n’est pas aussi simple
car les 2 derniers siècles de l’Empire ottoman ont été marqués par l’exclusion des arabes du
monde politique et même économique. Tous ces éléments ont poussé les moyen-orientaux
à penser que les Ottomans étaient des colonisateurs pour le Moyen-Orient et comme la
continuité des califes au Maghreb.
A la fin de la période ottomane, il y une grande transformation du droit foncier et de
nouvelles élites avec grand rôle dans le nationalisme : grande bourgeoisie palestinienne est
issue des Ottomans, du système économique ottoman. Les Ottomans étaient axés sur les
systèmes d’agriculture, d’irrigation, architecture, arts, etc. Il y a une présence ottomane qui
est visible : on peut lire l’histoire sociale et économique dans les villes arabes. Ce grand
Empire a laissé des traces : archives ou architecture.
Des années 1980, il y a une renaissance de l’histoire ottomane qu’on avait oubliée à cause de
la fin de l’Empire ottoman qui a été fort troublée (famines, génocide, etc.). Le
nationalisme arabe passe par une langue, une culture, une Nation par Sati’ Al Husri.
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2. 1. Le Sultan, un monarque absolu ?
2. 1. 1. Le pouvoir du Sultan
La figure du chef, monarque est celle du Sultan. Lors du déclin de l’Empire, du XVIIIe et XXe, il
y a un développement d’un courant orientaliste. Les peintres vont à la rencontre du monde
ottoman. Ils vont observer les Ottomans et revenir en Europe avec une image du Sultan
comme un despote. Il y a aussi toute une mode de l’oriental qui va être importé pour
l’Europe. Ils avaient tous lu Le prince de Machiavel où l’on retrouve un pouvoir absolu et où
le Sultan détient tous les pouvoirs. Ce Sultan avait quand même un pouvoir limité par la loi
coranique par la Chari’a ou Sharia.
Les esclaves ou le « le kul » n’ont pas le sens que nous l’entendons aujourd’hui. Ce sont les
sujets du monde ottomans. Le Sultan se doit être un idéal princier de dignité, de justice, de
prodigalité et protecteur de tous ses sujets (musulmans ou non). Il doit protéger tous ses
sujets qu’il soit de religion musulmane ou issus des minorités. Le Sultan déléguait son
pouvoir mais pouvait émettre des édits, discours pour protéger ses sujets dans la continuité
de cet idéal princier. Ils ont repris les habits des empereurs byzantins.
Au lieu de châtier les brigands et autres trublions, vous leur réclamez de
l’argent et les laisser agir. Dans ces conditions, ils ont toutes les audaces et
fondent en troupes compactes sur les pauvres paysans auxquels ils infligent
des violences et des exactions sans limite. Ces malheureux ne pouvant rester
au repos chez eux n’ont de ressource que dans la fuite… D’innombrables
villages ont été ainsi abandonnés et laissés en ruine… Il est parvenu à mon
auguste oreille que les paysans étaient ainsi violentés et molestés sans
relâche… Or, si vous avez été faits gouverneurs, c’est pour aimer ce qui est
commandé et abhorrer ce qu’il est interdit. »
Ahmed 1er 1609
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2. 1. 2. Le Sultan
Le Sultan est une appellation arabe, châh, padichâh (persan) ou khân (turco-mongol)
Il y une tradition selon laquelle les frères s’entretuent pour avoir le pouvoir. Après le XVIIIe
siècle, on institue le système de cache, où l’on va cacher les descendants menacés de mort.
Lorsqu’il y a un nouveau Sultan, il y a la cérémonie du Be’yat, lors de laquelle le Sultan
promet qu’il protègera le peuple et le peuple, lui, jure fidélité au Sultan. Durant cette
cérémonie, le corps des Janissaires joue un grand rôle, ils doivent protéger le Sultan mais en
échange celui-ci doit être généreux avec eux. Le corps des Janissaires va être supprimé lors
de la première réforme.
Lorsque le Sultan était intronisé il donnait des bakhchich, argents pour acheter leur loyauté.
On insistait à la lignée des ottomans issue d’une dynastie.
Mehmed V, Sultan de l’Empire ottoman 1909-1919.
2. 1. 3. Le pouvoir du Sultan
Les Sultans tirent leur légitimité de leur dynastie. Il a un pouvoir politique, maitre de
l’Empire mais aussi pouvoir religieux car il est l’ombre de Dieu sur terre. Peut-on le dire
calife, descendant du prophète ? Quand ils ont mis la main sur tous les lieux saints, ils se sont
proclamés califes comme gardien de l’Islam.
Ce sont aussi les ottomans qui ont renversé la chrétienté en Orient. Le pouvoir ottoman est
très centralisé. Toutes les grandes décisions sont prises à Istanbul à l’intérieur du capet.
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Le vizir
Le Sultan déléguait son pouvoir d’abord au vizir, premier ministre actuel. Les vizirs sont issus
du devchirme, éduqué à l’intérieur du palais. Le divan impérial est le conseil. À l’intérieur du
divan impérial on va nommer le gouverneur, chefs militaires.
Les gouverneurs ou vali/wali
Le Firman, décret impérial nommait un nouveau
gouverneur, loi, etc. Le Sultan y imposait sa signature, la
tughra. Cela célèbre la grandeur du Sultan toujours
victorieux.
2. 2. Le grand vizir et le divan impérial
Le grand vizir, deuxième personnage de l’Etat. C’est le vekil mutlak représentant absolu du
Sultan, c’est le général en chef des expéditions militaires, responsable de l’ordre public à
Istanbul. La situation est assez précaire pour le grand vizir car le Sultan peut menacer sa vie.
On change régulièrement de grand vizir pour qu’il n’ait pas trop le goût du pouvoir.
2. 3. Le palais et la famille royale
2. 3. 1. Le Divan impérial
Le divan impérial – conseillers - se réuni sous la
grande coupole Kubbe altï, à Topkapi, c’est-à-
dire le palais impérial. A partir du XVe siècle,
Sublime Porte dite Bab-ï ‘ali est le siège du
gouvernement. Le Sultan n’assistait pas
physiquement à la réunion, il peut y assister de
manière informelle derrière une planche de
bois.
Il est composé de :
1 chef de la chancellerie,
2 représentants car il y a deux régions la Roumélie (Occident) et Anatolie (Orient),
2 juges de l’armée,
2 contrôleurs des finances,
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1 chef des Janissaires (âgha),
et parfois 1 commandant en chef de la flotte impériale,
parfois 1 chef religieux de la ville, le mufti.
2. 3. 2. Un pouvoir en délégation
En pratique le Sultan délègue son pouvoir:
Au Grand Vizir
Aux membres du Divan impérial
Aux gouverneurs des provinces, wali ou vali
En réalité il existe des limites, exemple les hommes de religion composant Oulémas.
2. 3. 3. Les limites
Les gouverneurs des provinces, wali ou vali ont du pouvoir mais en réalité il y a des limites.
Les limites ne sont pas un pouvoir de type du despotisme mais le Sultan n’a pas
véritablement tous les pouvoirs. Les sujets du Sultan sont placés sous la protection de celui-
ci.
Il existe des inégalités :
Les hommes ne sont pas tous libres, ils doivent racheter leur liberté.
Il y a aussi des inégalités entre les minorités religieuses. Il y a des différences entre un
musulman sunnite, un alaouite, chrétien etc.
Il existe différents niveaux d’esclaves.
La bureaucratie ottomane
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2. 3. 4. Les sujets du Sultan
Les millets
Les millets représentent la religion d’une communauté qu’elle soit juive, musulmane ou
chrétienne. On retrouve ce terme dans le Coran pour désigner la religion, nation, etc. Les
millets sont des « petites nations » et l’umma est la « grande nation ». La justice hanéfite,
tribunal de la ville réglait tous les problèmes mais chaque millet pouvait régler les problèmes
de sa propre communauté. La plupart de la population est sujet du Sultan.
Par exemple, un chrétien qui veut vendre un terrain à son cousin chrétien : on inscrit cette
transaction au tribunal du millet, puis au tribunal de la ville. Ainsi, s’il y a un litige, on l’inscrit
mais c’est au tribunal du Sultan qui chapeaute tout.
Les asker
Les asker étaient des soldats, fonctionnaires de la cour exempts d’impôts en contrepartie de
leurs services. On pouvait confisquer leur bien, leur statut de privilégié, les bannir s’ils vont à
l’encontre de la sureté de l’Etat.
Les oulémas
Ce sont des prêtres comme ceux des confréries soufismes, branche ésotérique de l’Islam. On
a généralement un maître soufi qui va revoir l’Islam et professer. C’est la face non dévoilée
de l’Islam. Par exemple les derviches tourneurs, personne qui entrent en transe en tournant.
La roue tourne et la vérité se trouve à l’intérieur. Il existe aussi les courants salafistes qui sont
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une interprétation littérale du Coran. Dans le salafisme on retrouve plusieurs courants. On ne
parlera pas des salafistes dans l’Empire ottoman car ils n’étaient pas vraiment présents.
Le r’âyâ
Le r’âyâ littéralement « troupeau de mouton » est composé des nomades, artisans,
agriculteurs. Ce sont les producteurs de l’Etat. Ils soutiennent l’Etat par un prélèvement fiscal
sur leur travail. Ils sont sujets à des inégalités entres eux car certains producteurs sont très
pauvres alors que certains artisans sont très riches. Le Sultan pouvait les réquisitionner en
cas de guerre, pour les grands travaux ou leur demander une aide financière supplémentaire.
Le Sultan pouvait prendre aussi des gens pour le travail forcé pour les grands travaux.
‘abd ou kôle
Les esclaves (‘abd ou kôle) sont traités comme des marchandises et soumis au droit à la
propriété. On y retrouve des turcs, tatars, kurdes, caucasiens, arméniens, araméens, arabes,
berbères, coptes, grecs, roumains, albanais, hongrois et slaves.
Les sujets du Sultan ne sont pas homogènes, il existe plein de minorités et d’autres ethnies
comme les turcs, roumains, albanais, arabes, coptes, etc.
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Les non-musulmans: les dhimmis
Les non-musulmans : les dhimmis
Ils sont composés de 3 groupes :
Les Chrétiens orthodoxes appelés Rûm ou grecs. On y retrouve aussi les slaves.
Les Chrétiens orientaux qualifiés d’Erméni. On y retrouve les Arméniens,
monophysites, syriaques, maronites.
Les Juifs ou Yêhudi y compris les
romaniotes ou karlaïtes (Byzantins). Ce
y compris les séfarades issus
d’Espagne et ashkénazes issus
d’Allemagne.
Le patriarche œcuménique, représente tous
les Chrétiens : miniature de Mehmed II qui
donne un décret qui reconnait les autres
religions.
Statut des dhimmis
Le Coran reconnait les minorités (Chrétiens et Juifs). Le pacte d’Omar, est l’acte de
protection des Chrétiens. Le calife protège et permet aux autres religions de pratiquer leur
culte, on y retrouve la dzyschia, la dîme, imports que l’on prélevait pour la protection. Les
Juifs et Chrétiens doivent payer l’impôt mais jouissent de pouvoir se gérer culturellement.
L’apostasie – fait de revenir à sa religion après s’être converti à l’Islam – peut amener au
châtiment de mort. On peut se convertir à l’Islam mais vaut mieux ne pas revenir à la religion
d’origine.
Les Juifs détiennent les métiers touchant à l’argent, l’orfèvrerie et la joaillerie. Le
système d’intérêts et autres était interdit pour les musulmans. Les musulmans ne
peuvent pas toucher à l’argent. Les Juifs ne peuvent pas cultiver la terre.
Les Chrétiens ont joué un rôle important dans le commerce maritime (soie et tapis).
Les Arméniens avaient des contacts avec la Chine et l’Inde pour la Soie. Les
Maronites travaillaient la soie dans les montagnes et le revendait au lyonnais.
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Ils y avaient des règles urbanistes qui interdisaient le lieu de culte plus haut que celui
musulman. Il y a une exception pour les églises au Liban. Les Juifs avaient des vêtements
particuliers à porter au Maghreb. On ne pouvait pas faire des processions dans la rue. Un
chrétien doit toujours être représenté par un agent, wakil, au tribunal.
Les Esclaves ‘abd ou kôle
Les esclaves abd ou kôle ne peuvent pas être propriétaires. L’esclave ne peut pas devenir
homme de religion, juge. Il n’est pas soumis à la djizîa mais peut s’affranchir. Il peut se marier
avec l’autorisation de son maître. Un esclave peut devenir libre à la mort de son maître si ce
dernier l’avait déclaré. Les femmes esclaves sont des concubines. Si elles donnent naissance
à un enfant d’un homme libre, elle devient libre à la mort de leur mari. De même que les
enfants seront esclaves jusqu’à leur mort sauf s’il y a un certificat. C’est pour cela qu’on a
beaucoup de noms arabes avec abed qui signifie esclave comme Abdullah, l’esclave de dieu.
Les Mamelouks
Les mamelouks sont des esclaves sous les dynasties
musulmanes vont se révolter et régner plusieurs
siècles en Egypte. L’Empire ottoman va ensuite les
conquérir.
La notion d’esclave est très complexe, elle est loin
de la notion de négrier. Ils ne sont pas tous issu de
la Turquie
2. 3. 5. Le ramassage ou Devchirme
On va sélectionner des jeunes recrues chrétiennes et les sélectionnés soit sur leur force
physique ou plutôt culturelle.
Le corps des Janissaires fait partie des KapıKullari ou esclaves de la Porte, c’est-à-dire de
l’armée impériale directement placée sous les ordres du Sultan.
L’administration est composée de Janissaires issus du Iç oglan, ils vont au Palais.
Cette pratique est instaurée au XVIe siècle sous Beyazid Ier et disparaît progressivement au
XVIIe siècle.
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2. 3. 16. Les grandes conquêtes
Syrie, Égypte 1516-1517
On a deux zones importantes comme la Syrie et l’Egypte conquissent entre 1516-1517.
Après la guerre contre les Kızılbaş il y a incorporation du Kurdistan. Il y a aussi concurrence
des Européens en Mer rouge. C’est aussi fin de l’Empire mamlouk et donc intégration de
l’héritage arabe. Les Ottomans deviennent protecteurs des lieux saints, il y a une primauté
en islam.
Afrique du Nord
Ils vont défier les Espagnols avec la Reconquista.
Les corsaires vont d’abord se rendre en Afrique du Nord et arriver en 1519 à Alger dans la
province du grand amiral, en 1551 à Tripolis et en 1574 à Tunis.
Irak
De 1534 à 1536 on se rend en Irak. Il y a une concurrence contre les Safavides. Il y a
intégrations des grands Shiismes.
Yémen
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En 1538, ils sont face à la menace portugaise.
Hongrie
Du côté européen, l’Empire Hosto-Hongrois est menacé par des anti-catholiques. Il y a
défaite du roi hongrois à Mohacs, 1526 et le premier siège de Vienne, 1529. Il y a État
tributaire car Jean Zapolya accepte de devenir vassal de l’Empire ottoman en 1540. Il y a
annexion de Budapest en 1541.
En 1566, l’Empire est à son
apogée, il possède les ¾ des
terres de ces régions.
Constantinople qui relie la partie
occidentale, à la partie orientale
est appelée la corne d’or. Il y a
beaucoup d’échanges, de
circulations des marchandises et
des hommes.
2. 4. Conclusion : le déclin après Suleyman ?
Dès le XVIIe siècle, on fait face au déclin, après Soliman le Magnifique, c’est la fin de
l’expansion militaire, la bureaucratie très lourde. Dès 1571, la bataille de Lépante marque la
fin de l’expansion militaire et une bureaucratie très lourde. Les grands Sultans vont
disparaître, ils ne vont plus aller à la conquête et s’engager dans des campagnes politiques.
Les gouverneurs seront efficaces mais il y aura une lourdeur de l’armée car s’il n’y a plus de
conquêtes, il n’y a plus d’argent. Les grands Sultans ne vont plus aller à la conquête et
l’Empire va se bureaucratiser et se figer. Cela devient très cher à gérer. Le clientélisme et la
corruption s’installe au sein du gouvernement.
Le palais
Le palais est une succession de constructions faites par chaque Sultan.
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3. Les grandes villes ottomanes
3. 1. Des villes ottomanes
Qu’est-ce qui fait une ville ottomane/islamique ?
Quelle importance eurent les villes dans l’Empire ottoman ?
Quelles « fonctions » avaient les villes ?
Il y a plusieurs villes importantes dans la période ottomane. La ville principale est la capitale,
Istanbul. Ces villes sont de moyenne et de petite taille, les plus grandes sont dans le monde
arabe : Le Caire, Alep, Damas, Alexandrie, et ce sont des capitales, donc de grandes villes
commerçantes, et aussi des centres juridiques et politiques bien entendu.
Le monde musulman est divisé en province ou wilayat, elles-mêmes subdivisées en sandjak,
divisées en kaza. Cette division est faite pour le contrôle militaire et bien sûr pour le
ramassage de l’impôt.
3. 2. La diversité culturelle
Une mosaïque de cultures
Une mosaïque de cultures, le repeuplement de la ville a permis à̀ des populations diverses de
cohabiter et de vivre dans une bonne entente. Pourtant les quartiers sont repartis en
fonction des religions.
Il y a une domination turque dans la vieille ville (Stamboul) : centre administratif, commercial
et religieux avec nombreuses mosquées, mais aussi des quartiers Juifs avec des synagogues
(une partie des Juifs chassés d’Espagne au XVe siècle s’est installée à̀ Istanbul et à
Salonique).
Quartier génois à Galata (au nord de la Corne d’or) avec quelques Grecs, et quelques rares
mosquées.
Sur la colline de Péra (au nord de Galata) s’installent les étrangers et les ambassadeurs
européens. A Usküdar (rive est d’Istanbul en Asie), c’est le rendez-vous des marchands, avec
la présence de Turcs, d’Iraniens et d’Arméniens.
On peut parler d’une véritable ville cosmopolite, beaucoup plus d’ailleurs que dans
l’ancienne Constantinople. On le voit, outre l’islam, les deux autres religions monothéistes
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sont tolérée : ces habitants non musulmans ont le droit de pratiquer leur religion à condition
de payer un impôt. Les différents Sultans qui se succéderont feront preuve de grande
tolérance.
On retrouve aussi des commerçants français depuis que François Ier a signé́ avec le Sultan
Soliman le Magnifique les capitulations qui permettent la liberté́ de commerce et de
circulation aux Français dans tout l’Empire.
Une ville embellie, Istanbul devient le plus grand centre culturel de l’islam : des artistes, des
écrivains, des poètes, des historiens, s’y côtoient et ils sont encouragés par les différents
Sultans. Cela est particulièrement vrai au XVIe siècle, qu’on peut qualifier de « siècle d’or »
de l’Empire ottoman, avec Soliman II comme Sultan. De nombreuses mosquées, des
bâtiments, des fontaines publiques, des jardins sont alors construits pour faire de cette
capitale une ville raffinée. La grande mosquée de Soliman témoigne de cette richesse.
Des quartiers répartis en fonction des appartenances religieuses
Il faut savoir d’abord que l’Empire ottoman se trouve sur 3 continents. Pour contrôler ces
régions, comme relais du pouvoir, on crée des centres militaires, politiques, commerciaux.
Ces centres sont construits autour d’une mosquée : édifice religieux comme centre de la
ville, grande mosquée. Ces villes ne sont pas seulement musulmanes : le pourcentage de
non-musulmans dans ces villes est très élevé.
Elles sont donc multiconfessionnelles mais aussi multiethniques, et avec une grande diversité
linguistique.
Exemple, Istanbul : on a les Turcs de souches, plus des Grecs, des chrétiens d’Orient, des
Juifs, mais c’est un facteur positif. Toutes ces communautés sont sous l’autorité du Sultan
(pouvoir fort, centralisé), mais ce sont aussi ses protégés.
D’autre part, ces villes font partie d’un système (économie-monde, cf. Fernand Braudel)
économiquement elles sont reliées les unes aux autres et s’auto-suffisent.
Centre-ville organisé autour des édifices religieux et des centres commerciaux.
Chaque cité a un quartier autonome pour chacune de ces communautés. On soit voir ça à
travers les archives juridiques du monde ottoman. Ces quartiers tournent autour d’un centre
commercial et religieux, dont le plus important est la grande mosquée (on s’y rend le
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vendredi pour écouter le sermon puis en discuter dans les cafés des alentours). Mais chaque
communauté a bien sûr ses lieux de culte au sein de la ville ottomane.
Pourcentage des Chrétiens à Alep en 1900
Plan d’Alep de 1900 (Syrie). Les Souks d’Alep sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco
parce que ce sont les plus longs du monde arabo-musulman. Le grand marché nourrit à la
fois les bédouins et reçoit la marchandise des ports du littoral. C’est un relai entre les villes
portuaires et l’arrière-pays. Alexandrie est aussi un grand centre commercial.
Exemples d’autres villes: Jérusalem où l’on retrouve 24 % de non-musulmans et à Istanbul
42%. Il y a existence de quartiers plus ou moins homogènes sur les plans ethniques et/ou
religieux autonomes
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3. 3. Les types de villes : Les centres religieux et militaires
Des Balkans à l’Egypte, de l’Anatolie à l’Algérie, les villes sont les lieux de résidence, de
rencontre et de décision. Elles subissent toutes le même sort de l’Empire (crise, apogée,
réformes).
Ces centres religieux et militaires sont des lieux de rencontre et des lieux de décision. Elles
subissent toutes le même sort que l’Empire. Pendant les périodes d’apogée, elles sont
prospères, et quand il y a des crises profondes (économiques notamment), ces villes vont en
souffrir. Lorsqu’au XVIIe siècle, l’Empire entreprend de réformer son administration, les
réformes touchent en premier lieu les centres et les grandes villes.
À l’exception d’Istanbul, du Caire, d’Alep et de Damas, toutes les autres villes sont
d’importance secondaire. Quand on parle de grandes villes, leur population ne dépasse tout
de même pas les 70 000 habitants.
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3. 4. Les grandes villes commerçantes
Pour la plupart les villes commerçantes demeurent des petites bourgades secondaires à
l’exception d’Istanbul, du Caire, d’Alep et de Damas. Au XVIe et XVIIe siècle, les plus grandes
villes ne dépassent pas de 60 000 à 70 000 habitants. La ville ottomane est donc
pluriethnique
3. 5. Istanbul : « la porte de la félicité »
On retrouve, à Istanbul, le palais porte le nom de Sublime Porte et
c’est de là qu’émanent les décisions administratives, fiscales, militaires,
ainsi que les désignations, et ce pour tout l’Empire.
Le Sérail (palais) de Topkapi était la résidence des Sultans. Bâti sur
l’acropole de l’antique Byzance, le site domine à la fois la ville, le Bosphore et la Corne d’Or,
à l’extrême pointe de la péninsule du vieux Stamboul. Ce palais, constitué d’un ensemble de
pavillons disséminés dans des jardins, était une vraie ville avec harem, mosquées,
bibliothèques, services extérieurs, etc., le tout entouré de hauts murs flanqués de tours de
surveillance. Le sérail est aujourd’hui un musée, célèbre pour ses trésors, témoignages d’un
passé somptueux.
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La disposition des lieux et leur appellation même sont conçues pour inspirer au visiteur la
vénération des Sultans. On quitte la place du Divan, première cour réservée aux membres du
gouvernement, par la porte des Morts, allusion peu discrète à la toute-puissance du
souverain, qui avait droit de vie et de mort sur ses sujets, ministres compris.
3. 6. Capitale impériale
C’est une capitale impériale, lieu de résidence de l’empereur, mais c’est aussi un des plus
grands centres militaires. On parle en effet de ville-garnison, parce que les Janissaires y ont
leur caserne. C’est Istanbul qui influence toutes les autres villes. Le Topkapi est le site du
pouvoir.
Istanbul est un centre politique et économique. En effet, Mehmed II fait d’Istanbul la
nouvelle capitale de l’Empire ottoman à la place d’Andrinople.
3. 7. Capitale politique et économie
Activité commerciale et économique : la capitale importait pas mal de denrées des régions
alentours :
du blé et de l’orge de la Mer noire ;
des fruits secs ou frais de Thessalie ;
de la viande d’Anatolie ;
des produits de luxe de France (soie de Lyon, draps de Lille)
de la laine, du drap, de l’acier et de l’étain d’Angleterre ;
verre et papier
des épices, du parfum de l’est ;
des tissus d’Inde ;
de la porcelaine et de soies de Chine ;
des peaux précieuses, du cuir, des esclaves blancs d’Europe du Nord (Zibeline,
Vison) ;
de l’or et des esclaves noirs d’Afrique.
Dans l’Empire, on produit du coton, de la laine, du blé, des drogues, des épices, de l’huile
d’olive, et du parfum. Le commerce est donc dynamique, qui va enrichir des villes, qui
deviennent alors des capitales économiques de leur région comme Alep et Saïda.
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3. 8. L’économie urbaine
Dans ces villes, on a de petits et de grands commerces.
Le petit commerce est constitué de boutique, écoulant leur marchandise dans les marchés
couverts (bazar ou souq), ou en plein air une fois par semaine.
Le grand commerce est représenté par des tudjar musulmans, chrétiens et Juifs. Ils stockent
leurs marchandises dans les Khans ou caravansérails qui sont des entrepôts et auberges,
lieux de commerces spécialisés.
3. 8. 1. marché central : artisanat et finance
Les petits commerces s’organisent chez les boutiquiers, dans les marchés couverts come les
souks ou bazars qui sont des agglutinations de petits commerces. Les boutiquier, dukkan ne
peuvent stocker dans leur boutique que ce qu’ils vendent par jour donc il y a ailleurs dans la
ville un bayka, entrepôt.
3. 8. 2. marché-entrepôt : commerce international
Pour les grands commerces, on a les khans (caravansérails) : ce sont des bâtiments
beaucoup plus grands qui servent à la fois d’entrepôt et d’auberge. Ce sont des lieux de
commerce spécialisés. Au premier étage, on a des chambres pour les voyageurs, qui viennent
négocier l’achat de marchandises dans le caravansérail. Ils achetaient la marchandise en gros
et la revendaient au détail aux boutiquiers de la ville et aux négociants de l’arrière-pays. Le
khan est au centre de la ville pour une meilleure distribution des marchandises.
3. 8. 3. financement par les wakif privés
L’économie urbaine relie tous les centres des provinces. Les villes ont une fonction artisanale,
financière, commerciale, et qui nourrit les caisses de l’Etat, mais aussi celles des différentes
communautés religieuses, ou des wakif privés. Chaque communauté vivant dans un quartier
et a en effet son propre financement (taxes), qui sert pour la bienfaisance, les écoles, etc. Ces
communautés possèdent des propriétés (les wakif), des biens mobiliers ou immobiliers.
Quand on va dans un hammam par exemple, comme celui-ci dépend de la mosquée, le prix
d’entrée est récupéré par la communauté qui la réutilise dans une activité de charité ou de
prosélytisme. On a donc une économie urbaine mais aussi une économie communautaire,
religieuse. Certains wakif communautaires appartiennent à de grandes familles, qui ont
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l’obligation de réinvestir l’argent dans la communauté.
Donc l’économie des villes appartient à…
L’économie monde
L’économie marchande, qui s’organise autour des centres religieux ;
L’économie religieuse ou à caractère communautaire, reliée aux wakif.
3. 8. 4. Le secteur public ?
Ces wakif ont comme mission d’entretenir les bâtiments publics, les édifices, les fontaines,
les hammams, alors que l’autorité du Sultan, ses représentants ont pour obligation de
protéger les villes contre les invasions extérieurs ce qui explique que les garnisons de
Janissaires sont postés à la sortie des villes, et de ramasser les taxes et réglementer le
marché car on doit avoir le même prix du blé dans toutes les villes.
o protection contre les incendies
o réglementation du marché
o approvisionnement de la ville, des Janissaires
Présentation sur Istanbul : pas mal d’influences dans Istanbul : ancienne Constantinople,
influences ottomanes, asiatiques, etc. Mehmed II a déjà dans l’idée d’en faire sa capitale. Il
va notamment la repeupler, en libérant des prisonniers ou en déportant des populations
conquises. Il reconstruit aussi les murailles qu’il a détruit pendant son siège, construit une
forteresse qui ne servira à rien.
Lecture imposée
Jihane Sfeir-Khayat « Beyrouth au milieu du XIXe siècle : naissance d’un centre », in JL
Arnaud, Beyrouth Grand Beyrouth, IFPO,1996, http://books.openedition.org/ifpo/3236 ;
Jean-Claude David, Trace et tracés: Alep à l’époque mamelouke et ottomane,
http://archeorient.hypotheses.org/2971 ; Site photos Istanbul: http://ilmfeed.com/40-
photos-of-ottoman-Istanbul-from-the-1900s/
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3. 9. L’art ottoman
Il s’impose avec des particularismes, il reflète la grandeur des Sultans. C’est l’art impérial. Il y
a deux périodes dans l’art, une avant et une après la prise de Constantinople. Pourquoi ?
Influence de la basilique Sainte-Sophie.
3. 9. 1. L’architecture extérieure
La mosquée s’inspire de la maison du prophète. Deux directions : vers Jérusalem ou vers la
Kaaba. Deux influences sur les mosquées :
3. 9. 1. 1. Influence seldjoukide et iranienne
Il y a une influence seldjoukide (émirs avec lesquels les Ottomans vont pactiser dans un
premier temps) et iranienne (vu que la Perse influence les Seldjoukides). C’est avec les
seldjoukides qu’on aura des coupoles.
Exemple : mosquée de Damas, une des plus anciennes d’Anatolie. C’est un art typiquement
seldjoukide, avec la calligraphie notamment (gravure dans le bois ou le marbre), motifs
végétaux et géométriques.
3. 9. 1. 2. Influence byzantine
Quand les Ottomans s’installent, on a la naissance d’un art ottoman, avec des salles
cubiques, surmontées par une coupole surélevée sur une travée. C’est comme ça qu’ils
améliorent la hauteur des coupoles. Au XIVe siècle, on rajoute une coupole. On est toujours
avec un seul minaret (pour le Muezzin). On a donc une sophistication de l’art ottoman à cette
époque.
Dès qu’on conquiert Sainte-Sophie, on se rend compte que les Byzantins avaient réussi à
élever la coupole centrale à 54 mètres au-dessus du sol. On a la transforme en mosquée, on
couvre les fresques religieuses représentant les apôtres (vu qu’on ne peut montrer les
personnages Saints) qu’on remplace par des versets du Coran et des ornements qui
représentent le nom du prophète. Système avec deux demi-couples sur lesquelles on base la
coupole centrale.
Avec l’architecte Sinan, les mosquées sont par la suite une réinterprétation de Sainte-Sophie.
Sinan est l’architecte de Selim Ier mais aussi de Soliman le magnifique. On ne sait pas d’où il
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vient mais est issu du Devchirme. Il est nommé à 50 ans comme architecte impérial.
La Soleymania est l’œuvre la plus célèbre de cet architecte, cour en atrium et quatre
minarets. On va calquer le plan de Sainte-Sophie et on va essayer de l’améliorer. On retrouve
beaucoup de fenêtre qui donne une autre dimension au lieu. La calligraphie, l’art floral se
développe aussi dans la décoration des mosquées. On a une architecture une fontaine dans
la cour, où les fidèles font leurs ablutions avant d’entrer dans la salle de prière. Jeu de
lumière aussi et jeu avec les différentes matières (marbre, granit, etc.).
La Mosquée bleu est moins haute que les constructions de Sinan mais est magnifique. Avec
le XIXe siècle, on entre dans le baroque, l’ornementation est beaucoup moins belle et
grande. On va imiter le style baroque utiliser à Paris dans les constructions des opéras ce qui
fait que le style est lourd. A l’intérieur des mosquées on voit naître les tulipes qui
singularisent l’art ottoman avec la technique de faïence. Les iraniens utilisent beaucoup la
faïence bleue, verte, rouge sur un fond blanc pour l’extérieur de leurs mosquées.
On a une architecture hybride au départ mais rationnel. Cela fera la singularité et la grandeur
de l’architecture de cet empire.
La ville arabe est construite par quartier de manière concentrique.
Au XVII-XVIIIe-XIXe siècle, il y a une influence occidentale, notamment avec le baroque, puis
des éléments décoratifs Louis XVe, des dorures, style lourd.
Il y a plusieurs salles avec plusieurs coupoles et des tours cylindrées. La fontaine à ablution
est toujours au centre de la cours. Il faut toujours se déchaussé en entrant dans la mosquée.
Après Sinan, on va essayer de le copier mais jamais on arrivera à le copier : une construction
aussi haute et pure.
3. 9. 2. L’architecture intérieure
Tulipes, art floral qui singularise l’architecture et l’art ottoman. Utilisation de la technique de
faïence, avec du bleu, du vert, du lilas, du rouge, etc. Influence iranienne parce que les
Persans utilisent beaucoup ces couleurs pour décorer l’extérieur des mosquées.
C’est une architecture hybride et rationnelle, avec une utilisation de l’ornement qui est
modérée mais qui va faire de l’architecture des mosquées turques la singularité et la
grandeur de cet empire.
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3. 9. 2. 1. Edouard Empain : Heliopolis, une ville utopique en orient
L'idée de cette nouvelle cité revient à un
Belge, le baron Edouard Empain (1852-
1929). Fils d'un modeste instituteur du
Hainaut, il avait construit peu à peu un
empire, au moyen d'une incroyable
collection de sociétés industrielles et
financières, imbriquées les unes dans les
autres.
Heliopolis, ville du soleil, ce serait une ville
construite pour les Européens qui viennent en Egypte. On y retrouve un hippodrome, palace,
villa, chacune inspirée de l’architecture d’un pays différent. Empain est le reflet de la société
européenne qui accompagnait l’opération colonialiste, parce que durant le XIXe et XXe, les
Européens construisent les chemins de fer, les télégraphes, les grandes routes, etc. : en
contrôlant les transports, ils contrôlent l’espace et préparent l’arrivée de populations
occidentales.
C’est une ville musulmane c’est-à-dire espace résidentiel, économique et religieux, le tout
divisé en quartiers selon les minorités ethniques.
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4. La vie religieuse sous l’Empire ottoman
4. 1. Les ottomans défenseurs récents de l’Islam
A l’origine ces peuplades nomades occupant les steppes de l’Asie Centrale sont chamanistes
et vénèrent toutes sortes de dieux (cultes des arbres, des eaux, des astres) et pratiquent le
totémisme.
Chamanisme : chez les populations nomades généralement (culte des astres) on retrouve
des rituels qui font appel à la sorcellerie, usage de certaines drogues, guides spirituels
(chaman) qui guide toute personne dans un rite initiatique. Les ottomans la pratiquaient
avant la conversion à l’Islam.
Totémiste : construction de certains édifices qui représentent les dieux et auxquels on fait
des sacrifices.
Au XIIe siècle, il y a des contacts avec les Chrétiens en Anatolie, rencontre avec d’autres
religions.
Parmi les motifs ottomans les plus connus le “ çintemani ”, (prononcer Chinteémani) est
certainement celui que vous verrez le plus souvent sur les céramiques, les tissus, les kaftans
(robes d’apparat des Sultans) et cartes postales.
Motif à trois ronds ou points larges on peut les considérer comme un “reste du
chamanisme”. Les trois ronds sont aussi le symbole du Sultanat, du pouvoir du Sultan.
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4. 2. Propagateurs de la foi islamique
Au XIe siècle, les Ottomans se convertissent à l’Islam et propagent la foi. Pour ça, ils
établissent une stratégie militaire et politique. Ils légitiment ce pouvoir en développant le
thème de la Ghazi c’est-à-dire la conquête territoriale et matérielle et spirituelle, combattant
de la foi avec pour objectif de propager la foi. On conquiert en se positionnant comme les
représentants de l’Islam, on pille les villes, ce n’est pas seulement une histoire de butin ou
d’espace conquis mais c’est aussi établir son autorité sur l’Anatolie, asseoir son pouvoir en
Anatolie.
L’esprit de la Ghaza ne fournissent pas de butin mais permettent aux Ottomans d’étendre
progressivement leur autorité sur l’ensemble de l’Anatolie
4. 2. 1. Prise de Constantinople
1453 est un date importante, c’est la prise de
Constantinople. Ça marque un tournant décisif dans
l’histoire religieuse et politique de cet Empire naissant.
La cathédrale Sainte-Sophie est convertie en mosquée
sous Mehmed II. Cela inscrit la suprématie de l’Islam
sur la chrétienté. C’est un vrai tournant dans la vie
religieuse et politique. C’est la fin de la période de
l’Empire romain latin, et début de la période des
Ottomans et d’une ère musulmane ottomane mais pas
islamique car il y a une tolérance, une acceptation des
autres religions, on n’est pas dans la conquête
religieuse pure et simple.
Cette illustration tirée d'un manuscrit français de 1455 montre le siège de Constantinople
avec, à gauche, la Corne d'Or, et au fond, de gauche à droite, le détroit du Bosphore et la
mer de Marmara.
Constantinople a une position géostratégique importante. En effet, elle se retrouve au
confluent de 3 mers et de 2 continents. Les Byzantins avaient fortifié la ville et avaient placé
des chaines pour empêcher les bateaux d’accoster. La légende dit que les Ottomans vont
porter les bateaux sur leurs épaules et rentrer de l’autre côté de la ville.
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4. 2. 2. Sélim Ier et Soliman le Magnifique Sultans sacrés
La dynastie ottomane fonde sa suprématie sur l’ensemble des émirs de l’époque. Il y a une
dimension de conquête des lieux saints de l’Islam, dès le début du siècle d’or de l’empire. En
1516, Selim Ier élimine les Mamlouks, anciens esclaves qui ont fondé leur dynastie, en Syrie
et en Egypte. Les Ottomans les chassent et prennent leur place. L’intérêt de s’installer là, est
politique et économique mais ça permet aussi aux Ottomans de régner sur une des plus
anciennes populations islamisées du bassin méditerranéen.
Toujours sous Selim Ier, il conquiert La Mecque et Médine.
Comment ?
Pas tout de suite militairement, parce que si on combat les chérifs de La Mecque10, on perd
en légitimité et en crédibilité. Il va négocier avec le chérif de La Mecque et faire un accord.
D’un côté il le débarrasse de la menace portugaise en Mer rouge (efficacité de la piraterie
ottomane), en échange il obtient la suzeraineté et l’administration de La Mecque et de
Médine.
Au XVIe siècle, les Ottomans ont donc les villes saintes : Médine, La Mecque, Jérusalem,
Kerbala, et Nadjaf. Ils ont les lieux saints des Chiites11, des Sunnites12, des juifs et des
chrétiens. Ils établissent donc leur pouvoir sur les lieux religieux des trois grandes religions.
4. 3. Le Sultan serviteur et gardien des lieux saints de l’Islam
Protecteur de l’Islam, il assure aussi la sécurité du Hadj, pèlerinage à la Mecque.
Le Sultan se pose en protecteur de tous les croyants en protégeant les lieux saints. Qui dit
protection dit devoir aussi : il accompagne les caravanes de pèlerinages. Chaque année, des
dizaines de milliers de personnes viennent d’Afrique, d’Asie, d’Orient, se rendent à La
Mecque. Certaines routes spécifiques sont empruntées et devaient être sécurisées par des
Janissaires et des troupes ottomanes, ils évitent les attaques de brigands et donnent à
manger et à boire aux pèlerins.
10 Le chérif de la Mecque est le titre anciennement donné par les musulmans au gardien des lieux saints de la Mecque et Médine (deux des trois lieux les plus sacrés de l'islam, avec Jérusalem). 11 Le chiisme constitue l'une des trois principales branches de l’islam avec le sunnisme et le kharidjisme. 12 Le sunnisme est le courant religieux majoritaire de l'islam. Il est parfois apparenté à une vision orthodoxe de l'islam.
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Le Sultan en établissant son contrôle sur les lieux saints, il a aussi le contrôle sur toutes ces
routes.
4. 4. Le Sultan : l’Ombre de Dieu sur Terre
Revendication du titre de Calife.
Auto-proclamation de l’Ombre de Dieu sur terre
Sacralité religieuse de la fonction
Soliman le Magnifique est le premier à se dire ombre de Dieu sur terre : pouvoir donc divin,
religieux, absolu. Il va également revendiquer le titre de calife13. Il se dit donc descendant du
prophète, mais c’est tout à fait faux ! Pour que ce soit le cas, il faudrait être né en Arabie, or
les Sultans ne peuvent pas se dire Arabes. Soliman le Magnifique instaure un rituel
d’intronisation qui se passe dans les faubourgs de la capitale, dans le sanctuaire d’Ayoub.
Ayoub était un des compagnons du prophète, décédé en 670, et dont les reliques se
trouvent là. C’est donc un endroit avec une dimension sacrée et qui va procurer au calife, au
Sultan, sa dimension religieuse et sainte vis-à-vis de la population.
Soleiman le Magnifique, fragment de miniature médiévale
13 Les califes réunissaient le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Le porteur du titre a pour rôle de garder l'unité de l'islam et tout musulman lui doit obéissance. C'est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans. L'autorité d'un calife s'étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants.
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4. 5. Le Sunnisme religion d’Etat
Chiites et Sunnites, quelle différence ?
Suite à la mort du prophète, période où ses compagnons règnent, on se demande qui va lui
succéder. Un des compagnons se pose comme légitime descendant et se dit être dans
l’orthodoxie de l’Islam. Ali, le gendre du prophète, n’est pas d’accord, il se dit être du même
sang. Conflit entre les deux, à Kerbala et à Adjaf. Les enfants d’Ali (Chiites) sont massacrés,
par les Omeyyades (Sunnites).
Encadrement de la population selon les rites de la communauté sunnite.
Les Ottomans sont convertis à la branche sunnite et proclament les bases de religion comme
étant religion d’Etat. Le tribunal juridique qui dépende la religion sunnite, c’est le tribunal
hanéfite (sage qui rédige les lois).
Imposer la courant sunnite comme religion d’Etat, ça signifie se plier à la loi coranique, la
charia.
On construit aussi des mosquées, on forme des agents du culte qui seront des fonctionnaires
de l’Etat, payés par le Sultan. On encadre les fêtes comme le Ramadan et le Pèlerinage, et le
Sultan va asseoir son autorité sur les lieux de culte et sur les lieux communautaires, les
wakf14.
Montée des confréries mystiques à certaines périodes pour encadrer et canaliser
les troupes.
Au même moment que la religion sunnite est désignée religion d’Etat, apparaissent des
mouvements mystiques, des confréries, mouvements encouragés par le Sultan parce qu’ils
rajoutent une dimension ésotérique et mystique à la religion sunnites. Les Janissaires
appartenaient tous à un courant soufi mystique, le bektachi15. C’est un courant mystique qui
influence le déroulement du rituel, la vie de la caserne.
14 Le Waqf ou Wakf est, dans le droit islamique, une donation faite à perpétuité par un particulier à une œuvre d'utilité publique, pieuse ou charitable. Le bien donné en usufruit est dès lors placé sous séquestre et devient inaliénable. 15 Le bektashisme est un ordre religieux ésotérique (batinite), issu de la mouvance soufi de l'islam à l'origine même de nombreux autres ordres batinites (ghulat) et considéré comme une branche du chiisme par les Turcs.
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Les gens du Livre (ehl ul kitâb) bénéficient d’un statut particulier prévu par la
chariaa (loi islamique).
4. 6. Une religion qui rythme la vie
Pratiques journalières, 5 prières
Le muezzin indique 5 prières journalières. Chacune a un nom :
o sabah (matin) ;
o öghle (midi) ;
o ikindi (après-midi) ;
o akcham (soir) ;
o yatsï (une heure ou 2 après le coucher).
Mihrâb, qibla
Chacun a son tapis qui représentait le mirhâb16, qui indique la qibla17, la direction de La
Mecque.
Ablutions Tapis de prière sidjade
Les prières commencent par des ablutions du visage (bouche, nez, oreilles, nuque, mains,
avant-bras, pieds), d’où l’importance des fontaines dans les mosquées.
Le muezzin l’appel à la prière
Le Muezzin18 est la personne chargée d’appeler à la prière.
Interdits alimentaires
La religion interdit certains aliments : porc, alcool, vin, la viande halal (viande tuée selon le
rituel).
La prière du vendredi obligatoire pour tous les musulmans, dirigée par un imam.
16 Le mirhâb désigne la direction de la Mecque. 17 Qibla, kibla, kiblat ou kiblet en arabe qibla est la direction vers laquelle doit se tourner le fidèle pour effectuer le rite de la salat. Dans les mosquées, cette orientation est indiquée par le mihrab, une niche souvent encadrée de deux colonnes supportant une arcature. 18 Le muezzin est le membre de la mosquée chargé de lancer l'appel à la prière (adhan), au moins cinq fois par jour, souvent depuis le sommet d'un des minarets de ladite mosquée. Cet appel par la voix a semble-t-il été choisi pour se démarquer de l'appel juif, par une corne, et de l'appel chrétien, par une cloche et également parce qu'il est le moyen le plus naturel d'appeler.
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La prière ou la prêche du vendredi est obligatoire pour tous les Musulmans. Généralement,
dans ce prêche, l’Imam prononce un discours à la fois religieux, sociale et politique, dans
lequel il mentionne toujours la grandeur du Sultan et ses bienfaits. Cette mention est le
meilleur moyen pour le Sultan de rappeler qu’il est là. Les Imams sont formés par lui.
La prière du vendredi est aussi un lieu de rassemblement, d’échanges sociaux et
généralement on discute après dans les cafés ou dans les jardins. C’était une journée de
détente, dédiée aussi à la prière.
4. 7. Les obligations religieuses
Les 5 piliers de l’Islam
La chahâda profession de foi
« Il n'y a de vraie divinité si ce n'est Allah et Mahomet est Son messager. », c’est la profession
de foi (chahâda).
La zakât aumône légale
Le jeûne (situé généralement durant le mois de ramadan)
Le hadj pèlerinage à la Mecque
Le Jihâd : « effort dans la voie de Dieu » dans un sens moral
C’est un effort dans la voie de dieu, pris dans un sens moral (Jihad), pas dans un sens de
guerre sainte. Chacun doit faire un effort personnel pour s’améliorer de jour et jour.
4. 8. Le pèlerinage
Au moins une fois dans sa vie, le bon musulman doit se rendre à La Mecque et Médine.
Cette décision doit être volontaire. Le Sultan envoie chaque année au chérif des cadeaux
pour s’assurer de sa bonne confiance. Le musulman doit notamment tourner autour de la
Kaaba.
Les différents pèlerins, au cours du pèlerinage, vont tisser des liens. S’ils sont fortunés, ils se
font accompagner par des esclaves. Si ce sont des marchands, ils vont en profiter pour
vendre leurs produits, si ce sont des intellectuels, ils vont en profiter pour parler, assister à
des réunions.
Le pèlerinage a eu des répercussions économiques, culturelles et sociales.
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En gros, tous se sentent membres d’une communauté soudée et protégée par le Sultan qui
assure le bon fonctionnement de ce pèlerinage.
Comme cadeau, le Sultan envoie chaque année au cherif le drap noir qui recouvre la Kaaba,
brodé d’or, ainsi qu’une lettre et de l’or.
Sürre Alayı (Le Régiment de Sürre ) de Stefano Ussi (1822 -1901) un bataillon spécial de
l’armée des Ottomans chargé de protéger les pèlerins de la caravane qui porte les cadeaux à
la sainte Kaaba à la Mecque
4. 9. Ramadan: Le Sultan des douze mois
C’est le moi sacré de l’année, qui est attendu par toute la communauté. C’est la plus grande
manifestation de foi en terre d’Islam. Période intense d’échanges, de dialogues de jeûne.
L’activité est ralentie pendant la journée et une vie nocturne intense. Tout le monde ne doit
pas jeûner : les voyageurs (ils peuvent manger à cause de la fatigue), les soldats qui mènent
des campagnes, les femmes enceintes, les malades, et les jeunes enfants. C’est surtout
pendant ce mois qu’on verse les aumônes légales.
C’est une période de dévotion. On y fait des échanges de cadeaux, invitations à briser le
jeune (le iftâr). Il est interdit de manger, de boire d’avoir des relations sexuelles, l’aactivité
diurne ralentie vie nocturne dense.
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4. 10. Personnages de la vie religieuse
Le Qadi19 et ‘alim20 sont des juges et théologiens, qui apprend la religion musulmane. Quand
on se rend à l’université, on a des formations pour devenir Imam, juge, ou théologien. Dans
la religion musulmane, il n’y a pas de clergé. Il n’y a pas de fonction vraiment hiérarchisée,
mais ça va le devenir au fil du temps.
Pas de clergé mais le corps des Oulémas bien hiérarchisé, défini et contrôlé par
l’Etat.
À la tête, on a le grand mufti, désigné par le Sultan, nommé aussi cheykh al Islâm. Sous
Soliman le Magnifique, ce grand mufti devient un vrai rouage de l’Etat, personnage aussi
important que le grand vizir.
En-dessous, on a les deux juges : qâda asker, il y en a un pour chaque partie de l’Empire
(Anatolie et Roumélie).
Le reste, ce sont les Oulémas : Kâdi (juge), cheykh21 (sage), muezzin (personne qui appel à la
prière). Il y avait des concours de muezzins, pour voir celui qui chante le mieux (pas de micro
à l’époque !).
4. 11. Le soufisme
Ce sont des confréries mystiques qui coexistent avec l’Islam officiel. Mouvement parallèle à
la religion sunnite, religion qui peut paraitre parfois très pragmatique, très terre à terre,
puisque la loi coranique explique tout le fonctionnement de la vie. Certains guides spirituels
vont recevoir un don d’interprétation, d’ouverture, basée sur le mysticisme.
Le terme soufi vient du mot souf, qui signifie laine. La robe de laine était généralement
portée par les plus pauvres, à même la peau, ceux qui ne pouvaient pas avoir de vêtements
en soie ou en coton. Avoir une robe de laine, qui irrite la peau, ça renforce cette dimension
19 Un cadi est un juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix et un notaire, réglant les problèmes de vie quotidienne : mariages, divorces, répudiations, successions, héritages, etc. Le mot « cadi » vient d'un verbe signifiant « juger », « décider ». Il est à l'origine de l'espagnol alcalde, en français alcade. 20 Un alem ou ālim (au pluriel ouléma) est un théologien, généralement sunnite, de l'islam. 21 Un cheikh est, chez les musulmans, un homme respecté en raison de son grand âge et surtout de ses connaissances scientifiques ou religieuses (c'est-à-dire la connaissance du Coran et de la sunna). Ce titre correspond au sage. Il faut souligner la place importante des cheikhs dans certaines villes arabes, ceux-ci sont très appréciés et la population ne manque pas de leur faire plaisir, en leur offrant toutes sortes de biens comestibles (moutons, légumes, fruits...) et aussi de l'argent selon les occasions.
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de pauvreté, de dénuement, on se rapproche de l’essentiel.
Le soufisme est synonyme de recherche personnelle, de perfectionnement intérieur et de
renoncement, d’amour de Dieu et de mysticisme.
L’idée, c’est que le centre c’est Dieu, mais il y a plusieurs moyens d’y accéder. Leur pratique
est un cercle : dans les confréries, ils tournent sur eux-mêmes pour atteindre la transe et
donc le milieu de l’univers, donc Dieu. Pour d’autres, c’est la répétition du mot Allah qui les
fait atteindre Dieu.
4. 12. Les confréries: les tariqas
Dans l’Empire ottoman, les soufis sont assez puissants parce qu’il y a plusieurs confréries qui
ont un pouvoir d’influence sur les décisions du Sultan. Deux types de soufis :
o Ceux qui vivent dans la confrérie et suivent le guide, ce sont les fakirs ou akhi.
o Ceux qui sont sympathisants, qui assistent parfois au rituel et qui s’engagent de
manière extérieure leur rôle est de transmettre un message spirituel.
Mais au fur et à mesure, ces confréries deviennent des groupes temporels, des groupes
sociaux, politiques. Il y a plein de confréries, les plus importantes sont :
les bekhari ;
les derviches tourneur
les meflevi (accompagnent les prières par des chants, rythmés par des tambourins,
et des danses circulaires).
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4. 13. Les gens du livre : Chrétiens et Juifs
Ce qui a fait la longévité de l’Empire, c’est sa tolérance vis-à-vis du christianisme et du
judaïsme. Pas de prosélytisme, on ne cherche pas à prêcher l’Islam comme les missionnaires.
Les conversions forcées sont épisodiques et accompagnent les campagnes militaires, et elles
sont circonstancielles, il n’y a pas eu de conversions massives. En Europe, la Serbie n’a jamais
été convertie alors qu’en Bosnie, il y a eu convertis, pour des raisons stratégiques.
Les deux communautés avaient un statut de Dhimmi22 : ils sont protégés par le Sultan en
contrepartie d’un impôt, la djezya. C’est un impôt cité par la charia, qui encadre le statut de
ces communautés.
Patriarche Gennadios, présent à la chute de Constantinople, il est fait prisonnier mais vite,
Mehmed II va comprendre la centralité de ce personnage. Gennadios est en guerre contre
les catholiques avant l’arrivée des Ottomans. C’est une guerre idéologique, théologique, et
quand Mehmed II, comprend que ce Grec orthodoxe, qui rassemble autour de lui des
milliers de fidèles, est un personnage incontournable pour asseoir son autorité. Mehmed II
va signer un accord avec lui et le nomme patriarche de Grecs orthodoxes de l’Empire.
22 Un dhimmi est, suivant le droit musulman, un citoyen non-musulman d'un État musulman, lié à celui-ci par un « pacte » de protection.
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4. 14. La tolérance ottomane
Dès l’installation d’Istanbul comme capitale, on a une tolérance vis-à-vis des minorités. Elles
ont leurs propres lieux de culte et leurs propres tribunaux. On tolère beaucoup plus dans
l’Empire qu’à la même époque dans le monde catholique, où les minorités étaient
persécutées. Au XVe et XVIe siècle, les Juifs sont persécutés en Espagne et atterrissent dans
l’Empire qui leur fournit une protection, notamment au Maroc, en Algérie, en Tunisie, et au
Proche-Orient.
4. 14. 1. Les Dhimmis
Unis par des pratiques et des croyances communes, ils possèdent leur clergé et
leurs tribunaux.
En ville ils se regroupent en quartier (mahalla ou hay) généralement autour de lieu
de culte (synagogue ou église)
Ces Juifs et chrétiens forment des communautés soudées autour d’un clergé, de lieux de
cultes, et se regroupent dans les villes, dans des quartiers qui porteront leur nom.
Pratiquement, dans chaque grande ville ottomane, on a le quartier des Juifs, des Grecs
orthodoxes, des chrétiens, des Arméniens, etc. Dans ces quartiers, les communautés se
sentent sécurisées, elles ne sont pas noyées dans la masse turque. Le Sultan encourage cette
pratique parce que c’est plus facile pour les surveiller. Des deux côtés, on était satisfait de cet
équilibre.
Plan de la ville intra-muros avec les tracés hippodamiens du centre et l’organisation
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radioconcentrique des quartiers périphériques.
1. tracés de la muraille et emplacements des portes.
2. Grande Mosquée omeyade.
3. Emplacement de la Grande Église (cathédrale byzantine transformée en mosquée au
XIIe siècle).
4. La Grande Synagogue, bâtiments d’origine byzantine transformés ultérieurement,
utilisés comme synagogue jusqu’au XXe siècle.
5. Trame à mailles larges du Centre.
6. Trame à mailles plus petites du damier hippodamien pour les quartiers d’habitation.
7. Tracés des voies radioconcentriques passant par les portes de l’enceinte (état au XXe
siècle).
4. 14. 2. Les Millets
L’Eglise Orthodoxe
Les communautés Juives
L’Eglise arménienne
C’est avec l’accord du Sultan qu’on désigne un haut représentant pour tous les fidèles. Les
communautés religieuses portent le nom de millet. Généralement, ces communautés
désignaient des représentants dans chaque ville, avec un conseil, et le haut représentant
était à Istanbul. Ces représentants dialoguaient avec les instances locales et encadraient la
communauté. Dans ces communautés, on agissait sur le spirituel, on décide des fêtes, on
organise les fêtes, les baptêmes, les mariages, etc. A la tête des conseils, on a le prêtre de la
communauté, ainsi que des représentants. Dans ces réunions, on décide qui va ramasser la
taxe, on décide des constructions d’églises, etc. C’est une sorte de conseil municipal religieux.
Le millet a un pouvoir juridique également. Si deux Chrétiens veulent se marier, ils ne se
réfèrent pas au code de la ville, le Sultan donne en effet aux communautés le pouvoir de
statuer sur les mariages, les divorces, les héritages, les naissances, les décès. Il y a des
registres paroissiaux qui sont de bonnes archives pour comprendre le fonctionnement de ces
communautés dans les grandes villes. Chaque communauté a son tribunal, et son code
personnel dans tous ces domaines. En ce qui concerne la vente des terrains, au sein d’une
même communauté, ça peut se passer dans ce tribunal. Mais s’il y a un litige, on peut aller
voir le juge de la ville qui applique alors le code hanéfite et qui statue de manière définitive,
parce que ce code est au-dessus de toutes les lois.
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4. 15. Les conversions
Elles étaient circonstancielles et liées aux guerres. Comment se passait une conversion ? La
personne fait ses ablutions, prononce la profession de foi en présence de deux vêtements. Il
change ensuite de vêtement, vu que les minorités avaient des vêtements distincts, il y avait
des codes vestimentaires pour chacun. Quand on est converti, on ne peut revenir en arrière,
sinon c’est l’apostasie, qui est généralement punissable de la décapitation.
4. 16. Le statut particulier du devchirme
Entorse à la loi coranique: le ramassage des garçons chrétiens.
Pratique qui reste minoritaire
Anatolie, Balkans.
Dans les convertis, il y a le statut particulier des enfants issus du devchirme. C’est particulier
à l’Empire ottoman vu que ça n’a existé que là et c’est une entorse à la loi coranique, qui ne
propose pas ça. Mais cette pratique reste minoritaire par rapport au nombre des habitants.
Petit à petit, à partir du XVIIe siècle, cette pratique disparait progressivement alors qu’elle a
vu le jour qu’au XIVe siècle. Ces conversions répondent généralement à des besoins militaires
et politiques.
Répondent aux besoins militaro-politique
4. 17. Avantages des convertis
Il y a aussi des conversions stratégiques, qui offrent au nouveau musulman de ne plus payer
l’impôt sur la religion. Par ailleurs, quand on est musulman, on peut plus facilement obtenir
des postes dans l’administration. Quand un esclave se convertit à l’Islam, cette conversion
favorise son affranchissement. D’autre part, quand une chrétienne est forcée d’épouser
quelqu’un, elles peuvent se convertir à l’Islam pour être protégées par la communauté.
4. 18. Conclusion
Pendant l’Empire ottoman, la vie religieuse rythme la vie publique. La loi coranique était
appliquée, les représentants de la religion, qu’ils soient juges, théologiens, étaient
généralement rémunérés par l’Etat, ce sont des fonctionnaires, et les minorités chrétiennes
et juives étaient protégées par le Sultan.
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5. La langue turque
Au départ, Empire multiethnique, donc c’est un Empire bâtard, mais c’est ça qui lui donne
une force et qui lui permet de perdurer, vu qu’on a respecté tout le monde. C’est la diversité
qui fait la force de l’Empire. Avec la langue turque, fabrication d’une nouvelle identité,
tournée cette fois vers l’Europe avec la Révolution industrielle, et parce qu’on se dit que c’est
la laïcité qui va permettre de se détacher d’un régime trop conservateur.
On va turquiser l’Empire c’est-à-dire imposer la langue turque et persécuter ceux qui ne le
parlaient pas (intellectuels arabes). Mais la langue turque était imposée dans toutes les
administrations et les fonctionnaires doivent donc apprendre le turc, ça sera un peu
n’importe quoi, il y aura de la résistance, certains continuent de travailler en arabe et seront
donc persécutés, exilés, voire même exécutés.
C’est une langue qui sera donc fondatrice d’un Etat qui veut une pureté ethnique et qui veut
se détacher de l’Empire ottoman, multiethnique. Il y aura donc des persécutions ethniques :
arméniens, kurdes23, etc. Ils seront parqués dans des zones bien surveillées et le kurde sera
banni de la Turquie, comme pour l’arménien. Ceux qui sont restés en Turquie vont changer
leurs noms (plus de nom en –ian) pour se protéger. Etudier la langue revient à étudier la
politique, la société, et le nationalisme.
23 Les Kurdes sont un peuple iranien, descendant des Mèdes, qui compterait environ 40 millions de personnes vivant surtout en Turquie (Kurdistan du Nord), en Iran (Kurdistan de l'Est), en Irak (Kurdistan du Sud) et en Syrie (Kurdistan de l'Ouest). Depuis le XXe siècle, certains Kurdes luttent pour leur autodétermination, afin d'avoir leur propre patrie, le Kurdistan. Tous les États qui abritent une communauté non négligeable de Kurdes s’opposent activement à la création d’un État kurde, craignant de devoir abandonner une partie de leur territoire national.
60
6. Etude du régime des capitulations
6. 1. Définition
Privilèges reconnus aux étrangers, en dehors de la chrétienté, par le Sultan dans le cadre
d’avantages réciproques issus des relations civiles ou commerciales entre chrétiens et
musulmans.
6. 2. Origines
Le système de capitulation est un régime très spécifique, instauré d’abord entre l’Empire
ottoman et la France.
6. 2. 1. François Ier et Soliman le Magnifique
Traditionnellement, l’on situe les premières capitulations en 1536 lors de l’alliance politique
et militaire passée entre Soliman le Magnifique et le roi de France François Ier.
6. 2. 2. Charles IX et Selim II
Il est cependant acquis aujourd’hui que ces capitulations de 1536 ne furent jamais ratifiées
par Soliman et par conséquent il faut considérer que les premières capitulations
effectivement accordées à la France et applicables à toutes les échelles ottomanes le furent
en 1569 sous le règne de Charles IX et Selim II. Ce régime sera un peu le pied dans la porte,
les premières manifestations de la pénétration occidentale en terre ottomane. Petit à petit,
ces capitulations, donc des privilèges accordés aux étrangers, seront renégociés, amendés,
jusqu’à ce qu’on fasse en sorte que les étrangers pourront vivre, travailler, dépendre d’une
juridiction propre et non la juridiction ottomane.
Cependant, il reste que le projet de traité de 1536 servira de modèle aux capitulations
accordées ultérieurement et que si elles n’ont pas été ratifiées cela n’empêcha pas les
marchants français de tirer profit de l’alliance nouée entre Soliman et François Ier.
Il y a une reconnaissance de la religion mais pas ceux qui sont déjà installés, ce sont des
étrangers qui s’installent pour le commerce, pour travailler en Turquie.
Les matières concernées sont très diverses :
o relations entre consuls, entre ambassadeurs, préséance (on commence à ouvrir des
consulats) ;
61
o exécution des décisions juridiques (on crée un tribunal spécial pour les étrangers, soit
mixte, soit qui dépend seulement du consulat) ;
o les visites domiciliaires (on ne peut pas entrer directement chez lui s’il est étranger, il
y a une immunité territoriale) ;
o les propriétés ;
o leur circulation ;
o les taxes et les douanes ;
o la navigation de leurs bateaux ;
o les lettres de change ;
o la protection des lieux saints (Saint-Sépulcre).
Ces privilèges créent une situation d’extra-territorialité qui, pour nous, parait choquante. En
opposition avec l’article 3 de notre code civil qui énonce dans son paragraphe, le principe
selon lequel “les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le territoire”.
Ces occidentaux ont énormément de privilèges. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on n’est pas, à
l’époque, dans la souveraineté totale de l’Etat comme on le connait aujourd’hui. Pas de
souveraineté absolue. On est plutôt dans la personnalité des lois.
Pourquoi on donne ces privilèges ?
Parce que les Ottomans veulent créer des liens avec l’Occident. On veut établir des relations
diplomatiques entre les Etats à travers la protection des étrangers qui vivent dans l’Empire.
Mais ce n’est pas vraiment réciproque.
En turc, on parle de Ahdnâme : « les engagements écrits du souverain ».
En français, le terme est emprunté aux chancelleries médiévales en raison de la
structure en petits chapitres de ces actes (capitulum).
Le sens, dans les deux langues, n’est pas le même. Capituler, ça veut dire abandonner, et côté
turc, ça veut juste dire des accords.
62
6. 2. 3. Le rôle du commerce
Il y a déjà une tradition de relations entre orient et occident, avec Charlemagne et le calife
de Bagdad. Charlemagne obtient des facilités d’accès et de commerce. Il va aussi obtenir de
commissionner des juges chargés d’observer, de juger et de punir les Francs installés dans les
ports des provinces orientales. Certes, le monde méditerranéen médiéval était très
conflictuel mais ça amène à rencontrer la culture de l’autre. Les Francs se rendent compte
que les orientaux sont plus avancés en navigation et en médecine. Il y a aussi la circulation
des marchandises, on va vers les Indes et on commence à développer le commerce avec ces
pays et les régions plus reculées dans les terres (Asie centrale).
Les Croisades sont une période très troublée, mais aussi une période qui favorise les
échanges entre orient et occident. Les Marseillais, ainsi que les marchands des villes
portuaires italiennes, se rendent vite compte des avantages commerciaux qu’ils peuvent
retirer de ces guerres. Ils deviennent les fournisseurs des croisés et installent pour ça des
comptoirs un peu partout en Méditerranée.
C’est comme ça que les occidentaux finissent dans les ports de l’Empire. Au fur et à mesure
que le commerce avec les Indes se développe, on a besoin de ports évidemment. On les
appelle les échelles. On établit des comptoirs et il fallait absolument régulariser les affaires
en établissant des lois. Les chambres de commerce de Marseille et de Lyon vont élargir leur
zone d’influence commerciale et demander des accords avec les autorités locales. Ils
obtiennent alors des immunités : le port où ils accostent dépendra de la France. Les Italiens
suivent et dès le XIIIe siècle, les Génois, les Pisans et les Vénitiens ont les mêmes privilèges.
Dès la prise de Constantinople en 1453, les Vénitiens signent un accord avec le Sultan
Mehmed II : ils paient 2% de taxes sur leurs marchandises pour pouvoir continuer leur
commerce et acceptent que ce soit le tribunal de la ville d’Istanbul qui règle leurs affaires (le
kâdi). D’autre part, Mehmed II accorda aux communautés non-musulmanes des privilèges
de juridiction.
Voici le texte rédigé entre François Ier et Soliman le Magnifique qui servira de base par la
suite.
« Il (l’adjoint de l’ambassadeur) a également indiqué que votre souhait était
que les marchands et négociants de votre pays puissent continuer d’aller et
63
venir dans mes pays bien gardés comme ils l’ont fait jusqu’à présent. Or,
conformément à l’affection et l’amitié qui ont existé entre nous dans le passé,
et jusqu’à maintenant, de la même façon que vos marchands ont eu l’habitude
d’aller et venir dans mes pays bien gardés, dorénavant aussi, personne ne
devra les opprimer ni les molester davantage. Au contraire en accord avec
l’amitié, ils doivent pouvoir aller et venir et pratiquer leur commerce en toute
sûreté et sécurité. Pour répondre à vos souhaits à ce sujet, des ordres sacrés
ont été rédigés à l’intention des beylerbey d’Egypte et de Syrie, de même que
de tous les beys et cadis de mes pays bien gardés, de sorte qu’aucun des
marchands venant de votre pays ne soit opprimé ni molesté dans les allées et
venues tant sur mer que sur terre ».
6. 2. 4. Généralités
De manière générale, la différence de religions, la superposition dans les tribunaux hanéfites
de la loi civile à la loi religieuse, l’exclusion de toute protection des individus professant une
loi différente de l’Islam et, d’autre part, les rapports commerciaux florissants et continus
contribuent à la naissance de nouvelles lois, au développement de coutumes, d’usages qui
vont créer avec le temps un droit particulier.
Pour fonder les capitulations, on est dans la loi coranique et dans le principe de l’aman.
Double signification, qui s’appliquent chacune à des situations différentes :
o Sauf-conduit temporaire et individuel (« Si le polythéiste cherche asile auprès de toi,
accueille-le, pour lui permettre d’entendre la parole de Dieu ; fait-le ensuite parvenir
dans un lieu sûr, car ce sont des gens qui ne savent pas ») : infidèle qui peut très bien
être réduit en esclavage sur le territoire musulman. Grâce à ce sauf-conduit, il est
temporairement accepté en terre musulmane et est intouchable.
o Pardon (on pardonne d’être chrétien sur le territoire turc). Idée d’infidèle qui a
encouru les reproches du Sultan mais à qui celui-ci décide de pardonner.
64
En quoi ça les protège ?
Ça protège les infidèles d’être tués ou réduits en esclavage. Ils sont intouchables en quelque
sorte. Il est accepté de manière temporaire. Ce sauf conduit donne en effet une date
d’entrée et de sortie. Ce sauf-conduit peut être donné par le gouverneur, wali ou vali, par
une autorité locale, mais la plupart du temps il est envoyé par le Sultan.
Pourquoi ce caractère temporaire est-il essentiel ?
Parce que le Sultan ne peut faire définitivement la paix avec l’infidèle. Selon les différents
cas, un sauf conduit est valable pour 4 mois renouvelables ou pour 1 an. Même si ces
capitulations sont des concessions temporaires, elles sont soumises à l’approbation du grand
dignitaire de la foi musulmane dans le monde ottoman, le cheikh ul-islam.
Au début, on les délivre au cas par cas, ça dépend des relations diplomatiques. Au fil des
siècles, on négocie des sauf-conduits pour des négociants de manière collective, et le
caractère temporaire disparait en 1740 grâce à un accord négocié entre le Sultan Mahmud
Ier et Louis XV. Ce seront alors des actes négociés d’Etat à Etat.
6. 3. Evolution
Même si, comme nous l’avons signalé au début, le traité passé entre Soliman le magnifique
et le roi François Ier n’est pas la véritable première capitulation, il reste que son texte servira
de base à la rédaction de toutes les conventions ultérieures. Le but recherché par ce premier
traité est bien évidemment l’obtention d’avantages commerciaux.
o Taxes ;
o Liberté d’établissement ;
o Sécurité de la navigation ;
o Accès aux ports et villes, échelles ;
o …
C’est ainsi que ce texte déterminera des taxes de même que des garanties de liberté
d’établissement et visera également à assurer la sécurité de navigation non seulement aux
navires français mais également aux autre navires navigant sous bannière française, ouvrant
ainsi aux ressortissants d’autres états occidentaux l’accès aux ports et viles de l’Empire
ottoman.
65
L’évolution des Capitulations est liée à celle de l’Empire ottoman. D’abord ces avantages
concernent la France puis après les autres puissances vont revendiquer les mêmes
capitulations. Les Anglais en obtiennent en 1583, les Hollandais en 1612. Mais la France fait
tout pour que ces projets n’aboutissent pas. Pour se consoler le France obtiendra un droit de
pavillon selon lequel tous les navires étrangers naviguant dans les eaux ottomanes devront le
faire sous pavillon français à l’exception des Anglais et de Venise (ils ont leurs propres
capitulations).
Les capitations sont temporaires et doivent être renégociées lorsqu’un autre Sultan monte
sur le trône. Au fil du temps, ces capitations sont aussi complétées par de nouvelles
dispositions parfois âprement négociées et rendues nécessaires par l’évolution des relations
commerciales.
Grâce aux Capitulations, les nations qui en bénéficiaient ont pu installer des consulats dans
les principales échelles outre un ambassadeur à Istanbul, alors qu’au départ on avait juste
des comptoirs. Ces consuls qui initialement étaient nommés par les chambres de commerce
furent ultérieurement désignés par les puissances qui opéraient dans l’empire, par les chefs
d’Etat entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Ils ne sont plus de simples défendeurs des
commerçants, mais des fonctionnaires ayant une fonction de représentation.
D’autre part, les Ottomans n’étant pas spécialement attirés par le commerce international,
ce sont les Grecs, les Juifs, les Arméniens qui serviront d’intermédiaires avec les marchands
occidentaux, notamment par les emplois qu’ils occupaient dans les douanes.
D’intermédiaires ils deviendront des participants effectifs au commerce international ou
serviront d’interprètes et de secrétaires auprès des consulats.
Grâce aux services rendus à l’Occident, ces intermédiaires vont recevoir les mêmes
capitulations, qui leur donnent un statut de protégé les soustrayant à l’autorité ottomane :
les barataires parce que pourvus d’un brevet de protection appelé bêrat.
Au XVIe siècle, se développe de façon intense le commerce international avec l’Empire
ottoman. Avec l’affaiblissement progressif de celui-ci, les nations occidentales utilisent
largement les capitulations pour asseoir leur autorité par l’intermédiaire de leurs consuls. Si
à cette époque l’activité commerciale de la France est de loin plus importante que les autres
nations, nous voyons apparaître l’intérêt croissant des Anglais pour l’Egypte et le golfe
66
persique suite au développement de leurs colonies aux Indes. Cela montre à quel point
commerce et politique étaient de plus en plus intimement liés.
Au même moment se développent aussi les voyages en terre sainte. Les pèlerins vont de
plus en plus se diriger vers Jérusalem et les Français, de nouveau, vont se positionner en
gardiens des lieux saints.
Déjà en 1536, François Ier avait obtenu de Soliman le Magnifique la liberté de religion pour
les étrangers. Jusqu’en 1645, l’Eglise avait recours aux Vénitiens pour la protection des lieux
saints et des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem.
A la suite d’une guerre entre Venise et l’Empire ottoman, Rome doit donc trouver un autre
protecteur, la France. Louis XIV et Louis XV profitent de ce rôle pour renforcer la présence
française en Méditerranée, et ces deux rois redonnent à la France le rôle de protectrice des
lieux saints et une position très influente dans l’empire. Leur rôle dans le commerce au
Levant en est aussi favorisé.
A partir de là, l’évolution des Capitulations est liée à celle de l’Empire ottoman.
6. 4. Les capitulations de 1740
Capitulation du 28 mai 1740, négociée entre le Marquis de Villeneuve, ambassadeur de
Louis XV et El Hadji Mohamet Pacha, Grand Vizir du Sultan. Le texte qui en découle
constitue un aboutissement dans le système des capitulations et remplace le texte établi par
Soliman. Il servira de modèle aux capitulations du XIXe siècle. Plusieurs articles dans le texte.
Il reprend de manière générale et globale tout ce qui touche aux étrangers.
Article important : 85, annonce que ce texte est perpétuel. C’est la fin du caractère
temporaire des capitulations. On y retrouve 4 matières principales :
visite domiciliaire,
litige entre deux Français,
matières commerciales,
protection des pèlerins.
67
6. 4. 1. Protection des pèlerins
Protections des pèlerins et
des lieux saints, et plus
généralement, liberté de
culte en Terre sainte.
6. 4. 2. Primauté de la France
L’article 32 permet la
protection de tous les
pèlerins originaires de
tout pays, pour autant
que ce pays soit en paix
avec la France (bateaux
de tout pavillon d’un pays
chrétien).
6. 4. 3. Clause de la nation la plus favorisée
L’article 83 instaure la clause de
la nation la plus favorisée, c’est
une innovation dans la rédaction
des traités. La France se
présente comme la plus vieille
amie de l’Empire ottoman. La
France a le droit d’avoir tous les avantages et privilèges accordées par les capitulations à
d’autres nations.
Dans l’art 85, on reconnaît des
deux côtés, que la France est la
négociatrice et le Sultan
reconnaît la France comme
une privilégiée.
68
6. 4. 4. La visite domiciliaire
Parmi les autres matières spécifiques réglées par la capitulation de 1740 nous pouvons cités
les visites domiciliaires, le règlement des différends entre français, règle en matière de
commerce, protection des
ressortissants de pays n’ayant
pas de traité avec l’Empire.
L’article 70 reprend le principe
de l’inviolabilité du domicile.
Les gens de justice et les
officiers ottomans ne peuvent
pas entrer de force chez un
Français sans avoir l’autorisation de l’ambassadeur français, et seulement en cas de
nécessité.
6. 4. 5. Les différends entre français
Les articles 15-25 et 65. Confirme la solution des capitulations antérieures : compétence
unique et entière des ambassadeurs et consuls. Pour les litiges entre 2 français : ce sont les
ambassades et les consulats qui règlent les problèmes. Sauf si cela interfère avec la loi
ottomane. Mais si un Français se sent lésé par la décision de son consulat ou son ambassade,
il peut demander de passer devant un tribunal de la ville mais là, à la façon ottomane. La
présence de l’ambassadeur ou de son représentant (drogman) est nécessaire pour entamer
la procédure.
L’article 52 étend ce principe aux ressortissants d’une autre nation chrétienne.
Dan l’article 36 et 82, la France devient bien la protectrice de la chrétienté au Proche-Orient.
D’où le fait qu’elle intervienne souvent là-bas pour cela.
69
6. 4. 6. Privilège commerciaux
Privilèges commerciaux en
matière d’établissement, de
marchandises autorisées à
l’export et à l’import, de
tarifs douaniers. Matière
importante : le commerce
dans les échelles. L’art 37
ramène le pourcentage de
droits de douanes de 5% à
3% (privilèges commerciaux).
Art 22-23-53 et 66 concernent la situation des français endettés ou en faillite Pour les
matières commerciales et pour les commerçants en faillite ou endetté, l’article 66 donne au
commerçant français en faillite, le droit d’écrire une lettre en disant qu’il ne peut/veut pas
payer ses dettes à son consulat/ambassade, et c’est ce dernier qui décide. Seul le débiteur
sera poursuivi et ni l’ambassadeur, ni le consul ni aucun ressortissant français ne pourra être
poursuivi.
6. 4. 7. Privilèges étendus
En matière de protection des nationaux de puissances étrangères art 32-34-38 et 83.
6. 5. Le XIXe siècle
6. 5. 1. La concurrence
Au XIXe siècle, on assiste à une crise économique dans l’Empire. Par le biais des
missionnaires et des commerçants, il y avait déjà une tentative impérialiste d’occuper
l’Empire ottoman. Ça se voyait déjà en Afrique du Nord (Algérie, 1830 et en Egypte). Cette
poussée impérialiste se manifeste aussi dans la guerre entre Français et Anglais. L’Empire
subit la concurrence des puissances occidentales entre elles. Il y a des poussées impérialistes
venant de ces différentes puissances qui se livrent une lutte pour la course aux matières
premières : ils profitent des capitulations et des accords commerciaux passés avec la Sublime
Porte pour accentuer leur mainmise financière, culturelle et économique :
70
6. 5. 2. Point de vue culturel
Importance de la langue française comme langue diplomatique et développement important
des établissements d’enseignement français et américains, qui ne comportent que très peu
d’élèves musulmans.
Il y a pénétration de l’Empire par les missionnaires au XIXe siècle. On va alors créer des
écoles qui enseignent le français et l’anglais à l’élite notable des grandes villes. Ces
missionnaires vont avoir beaucoup de popularité, car ils enseignent des matières qui ne sont
pas enseignées dans les écoles coraniques. D’autre part, les Anglais et les Américains tentent
d’implanter le protestantisme dans l’Empire tandis qu’en réaction, l’Eglise catholique envoie
d’autres missionnaires (français et italiens). La Russie quant à elle étend son action sur les
chrétiens orthodoxes.
Les populations converties passent évidemment sous protection consulaire et les puissances
européennes se constituent ainsi de véritables protectorats au sein de l’empire.
6. 5. 3. Point de vue économique et financier
Impossibilité de modifier les tarifs douaniers
Protections consulaires étendues
Pouvoir des tribunaux consulaires
Administration de la Dette
Régie des Tabacs
Concessions ferroviaire accordées aux occidentaux.
L’Empire ottoman est endetté et il va se lancer dans son entreprise de réformes, et de
modernisation. Cependant, il est obligé d’emprunter aux Français et Britanniques, qui
ouvrent donc une banque pour administrer la dette ottomane. Ils la rachètent à des taux
faramineux et ils demandent à l’Empire des concessions en échange du tabac, de la
construction des chemins de fer (tous construit par les Allemands, Belges, Français et
Anglais). Le chemin de fer permet de cartographier le terrain et de préparer la colonisation.
Le coton passe aux mains des Britanniques en Egypte. En plus, l’Empire ne peut pas modifier
les tarifs douaniers, ce qui entraine l’inondation du marché ottoman par les marchandises
71
manufacturées d’Europe. Cela élimine donc toute initiative industrielle locale et cela entraine
une dépendance croissante de l’Empire par rapport à ces importations.
À la veille de la Première Guerre Mondiale, les puissances européennes ont réussi à obtenir
la capitulation pour tout le monde, y compris aux minorités et les tribunaux consulaires
deviennent très puissants. Les protections consulaires s’étendent maintenant à des pans
entiers de la population ottomane (Chrétiens et Juifs essentiellement). L’autorité de l’Empire
ne s’exerce donc que très difficilement sur ces sujets protégés par les Occidentaux.
D’autre part, ces derniers étant exemptés d’impôts, les ressources fiscales de l’Empire
décroissent dangereusement et obligent ce dernier à emprunter encore plus aux puissances
européennes.
Les Ottomans se rendent compte que ces capitulations sont des dangers pour eux car ils
n’ont pas de taxes encaissées. Plus on accorde de capitulations, plus on a de dettes, plus de
demandes d’emprunts, plus la mainmise de la part des Européens augmente.
6. 6. Tentatives de réaction
6. 6. 1. Ali Pacha (1815-1871) et le Congrès de Paris (1856)
L’autorité de l’Empire ne s’exerce donc que très difficilement sur ses sujets « protégés » par
les puissances européennes.
Ces derniers étant exemptés de l’impôt ottoman, les ressources fiscales de l’Empire vont
décroître dangereusement, obligeant celui-ci à emprunter auprès des puissances
européennes. D’autre part, le XIXe siècle verra apparaître une grande offensive missionnaire.
D’une part les anglais et les américains tentent d’implanter le protestantisme dans l’empire
tandis qu’en réaction, l’Eglise catholique répond par l’envoi de missionnaires italiens et
surtout français. La Russie quant à elle étend son action sur les chrétiens orthodoxes.
Les populations converties passent évidemment sous protection consulaire et les puissances
européennes se constituent ainsi de véritables protectorats au sein de l’empire.
Ali Pacha, grand Vizir et ministre des affaires étrangères, essaie d’obtenir la suppression des
capitulations au Congrès de Paris, en vain (1856).
72
6. 6. 2. Abdül Hamid II (1842-1918)
En 1900, Abdül Hamid II essaie de revoir les droits des douanes. Il veut que les produits
importés aient une taxe de douane de 3%, mais les puissances européennes vont refuser
cela, en vertu des capitulations déjà obtenues.
Ces capitulations deviennent un enjeu politique majeur.
Toutes les tentatives pour restreindre la portée des capitulations voire de les supprimer
rencontraient la plus vive des oppositions de la part des puissances capitulaires. Celles-ci
utilisaient les capitulations à des fins politiques. C’est ainsi que sous la pression de
l’Allemagne et de la Russie qui encouragent l’émigration juive vers la Palestine (apparition du
sionisme), les puissances occidentales s’opposent à la politique de restriction en la matière
menée par l’Empire ottoman et déclarant que les mesures visant à restreindre l’immigration
et l’achat de terre par des immigrants Juifs étaient contraires aux capitulations. Donc on
achète des terres pour ces Juifs, avant même qu’ils ne soient présents.
Les différents mouvements visant à moderniser les institutions de l’Empire seront toujours
confrontés à ce tiraillement entre la volonté d’occidentaliser la Turquie et d’autre part rejeter
les puissances occidentales qui avaient progressivement amené l’Empire ottoman à l’état
semi-colonial.
Le système capitulaire était tellement ancré dans les mœurs qu’un projet d’échange
d’ambassadeurs entre le Japon et la Turquie échoua, le premier exigeant que lui soit reconnu
les privilèges capitulaires.
6. 6. 3. Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938)
La politique ottomane très affaiblie jusqu’à l’arrivée de Mustafa Kemal Atatürk. En effet,
suite au mauvais calcul des Ottomans qui entrent en guerre le 9 septembre 1914 aux côtés
de l’Allemagne (Triple Alliance) et en même temps, supprime unilatéralement les
capitulations. Mais en 1918, c’est la défaite et cela reporte l’annulation des capitulations.
Durant la conférence de San Rémo en 1920, les Français renoncent aux capitulations en
Palestine et le 23 juillet 1923, Atatürk signe le Traité de Lausanne et abolit complètement
les capitulations en Turquie.
73
6. 7. Les Tribunaux Mixtes et les Capitulations en Egypte
L’érosion de la puissance ottomane favorisa une interprétation extensive des privilèges
capitulaires, les cours consulaires élargirent leurs compétences à des causes dont elles
n’avaient pas à connaître initialement. Les compétences s’accroissent considérablement.
Dès 1820, dans le cadre de la réforme administrative et judiciaire, des commissions mixtes
siégeant à Istanbul furent instaurées. Cette juridiction fut réorganisée à l’occasion de la
promulgation du Hatti Humayoun (écrits sacrés, décrets) en 1856. La compétence de cette
juridiction s’étend donc à tout le territoire ottoman.
6. 7. 1. Méhémet Ali (1769-1849) et Nubar Pacha (1825-1899)
En Egypte, du fait de l’autonomie administrative acquise progressivement par Méhémet Ali
(1820) et ses successeurs, des réformes sont également introduites. Il est fasciné par
l’Occident et envoie des juges et des étudiants étudier là-bas, ce qui va contribuer à réformer
la juridiction. Ça aboutit dans un premier temps à la création de conseils commerciaux
mixtes qui incluaient des représentants élus des négociants étrangers et égyptiens.
Cependant, suite au développement important que connut l’Egypte dans la seconde partie
du XIXe siècle, et au nombre croissant de litiges qui en découlaient inévitablement, Nabur
Pacha, ministre des Affaires Etrangères, proposa une réforme judiciaire qui consistait à faire
venir d’Europe des magistrats afin d’appliquer dans les litiges un droit familier aux
ressortissants étrangers dans le cadre d’une juridiction égyptienne. Cette réforme déboucha
en 1875 à la création des Tribunaux Mixtes. Caractéristiques et compétences :
Composition mixte: magistrats indigènes et occidentaux
Récupèrent de nombreuses compétences des juridictions capitulaires, qui ont donc
une compétence limitée.
6. 7. 2. Tribunaux Mixtes
Affaires civiles et commerciales Nationaux V Etrangers / Etrangers V Etrangers ;
Affaires criminelles affaires de simple police (compétence réduite par rapport aux
tribunaux nationaux).
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6. 7. 3. Tribunaux Consulaires
Affaires civiles et commerciales Etrangers V Etrangers de même nationalité
Affaires Pénales, autres que celles dévolues aux tribunaux mixtes.
Etablissements religieux/Donations
Les nouvelles lois égyptiennes ne peuvent être appliquées aux étrangers que si elles ont été
préalablement homologuées par les puissances capitulaires.
La Convention de Montreux du 8 mai 1937 permet l’abolition des capitulations. Dans la
convention, les capitulations sont supprimées petit à petit, sur une durée de 12 ans. Les
tribunaux mixtes disparaitront en 1949.
6. 8. Conclusion
Si le régime des capitulations et le droit capitulaire qui en est résulté n’est certes pas exempt
de critique, il reste qu’il a permis à la Turquie et à l’Egypte d’adapter leur législation
nationale aux nécessités du commerce et des relations internationales.
L’adaptation des législations locales aux nécessités du commerce international ;
La transposition de concepts juridiques modernes : modification des lois nationales,
permet d’intégrer le principe d’égalité devant la loi, la non-rétroactivité des lois et
la hiérarchie de la norme. Donc hybridation du système judiciaire ;
Elles ont permis aussi l’arrivée progressive des nations européennes dans l’empire.
C’est un phénomène d’acculturation au niveau juridique et législatif.
75
7. L’impérialisme européen et les réformes ottomanes au
XIXe siècle
Au XIXe siècle, on publie des écrits, des actes, qui apportent des nouvelles réformes, des
nouvelles lois, qui vont tenter de mettre toutes les communautés sur un même pied
d’égalité. Ces réformes assainissent l’Etat ottoman et tentent de lui apporter une nouvelle
constitution, qui sera promulguée dès 1876. Les prérogatives du Sultan Abdülhamid II
seront amoindries, ce qui ne va pas lui plaire. Il applique d’abord la constitution puis opère
un retour en arrière en 1878 et plonge l’Empire dans le conservatisme ou la tradition.
Il faut attendre la révolution des jeunes turcs de 1908 et la mise en place d’une république
pour que ces réformes aboutissent concrètement à la naissance d’une société et d’une
république démocratique à l’européenne.
7. 1. La question d’Orient
7. 1. 1. Le traité de Kutchuk-Kaïnardji (1774)
Les réformes sont le fruit de plusieurs facteurs, notamment la question d’Orient qui débute
aux XVIIe et XVIIIe siècles avec les aspirations européennes pour affaiblir l’Empire ottoman.
On a d’abord le traité de Kutchuk-Kaïnardji (Bulgarie) le 21 juillet 1774, entre le Russie
tsariste et l’Empire ottoman. Il met fin à 6 ans de conflit entre les deux Etats.
Entre 1768 et 1774, la Grèce faisait partie de l’Empire ottoman mais était orthodoxe donc
affiliée à l’Eglise russe, et les Russes se faisaient les protecteurs des Chrétiens orthodoxes. Il
va donc y avoir des expéditions russes vers la Grèce, et la Russie va mettre au pas l’Empire
ottoman, qui va signer un accord qui lui sera défavorable.
La Crimée est déclarée indépendante et passe sous le contrôle de l’Empire russe. Mais en
Crimée il y avait des musulmans, donc le Sultan va conserver une ascendance religieuse sur
les Musulmans de Crimée.
Les Russes obtiennent de la part du Sultan que les bateaux qui battent pavillon russe
naviguent librement. Il y a libre échange, libre circulation sur toutes les mers du levant. Ils
ont donc le même privilège que les Français.
Ils ne paient plus les taxes de passages pour passer les détroits.
76
La Russie obtient aussi la protection sur les Valaques et les Moldaves, et peut donc parler en
leur nom.
Les Russes deviennent les protecteurs orthodoxes dans l’Empire. Les îles grecques passées
sous contrôle russe sont exonérées d’impôts. Des marchands et armateurs grecs se placent
sous protection russe et bénéficient ainsi des avantages commerciaux concédés à la Russie. Ainsi
ils commencent à faire fortune. Ça prépare, sur le plan financier, la renaissance grecque et la
guerre d’indépendance grecque.
Dans l’article 7 et 16, on est dans le début des relations internationales et des ingérences
d’un pays tiers dans les affaires d’un autre Etat souverain.
Les Russes, et toutes les autres puissances européennes ou étrangères, ont le droit de
s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain sous prétexte de crise
humanitaire.
C’est ce qui se passe lors de la première guerre entre Maronites Chrétiens et Druses
musulmans, dans la guerre de la montagne libanaise qui se déclenche dans les années 1860 :
des navires européens viennent pour sauver les Chrétiens d’Orient.
7. 1. 1. 1. Le début d’une longue crise
L’Empire est donc en crise. Comment se présente-t-elle ?
7. 1. 1. 1. 1. L’affirmation des a’yan (notables) locaux
C’est une crise de l’autorité dans les gouvernements des villes. L’affirmation des notables
dits a’yan, des grandes familles locales, contre le pouvoir des gouverneurs envoyés par la
Sublime Porte. Il y a des révoltes au Liban, à Alep, à Damas, etc. Les familles puissantes et
riches qui ramassaient les impôts deviennent de plus en plus réticentes à la souveraineté de
l’Etat.
7. 1 .1. 1. 2. La contestation califale ottomane
Le califat sera contesté, notamment dans la péninsule arabique où on a le wahabisme,
courant qui effectue une lecture au pied de la lettre du Coran : fondement de l’Arabie
saoudite, fondée au XVIIIe siècle par Muhammad b. ‘Abd al-Wahab. Des révoltes éclatent
un peu partout à La Mecque, à Kerbala, à Najaf (1801-1803). Apparait alors la future famille
régnante de la péninsule arabique, à la tête de ces révoltes, la famille Al Saud.
77
7. 1. 1. 1. 3. Bonaparte en Egypte (1798-1801)
Il y a déstabilisation de l’Egypte. En 1798, la grande armée de Napoléon Bonaparte
débarque en Egypte avec des scientifiques, des géographes, des anthropologues, des
archéologues, etc. Ils envahissent l’Egypte pendant 3 ans, de 1798 à 1801.
Les locaux, habitués au règne ottoman, seront confrontés à une occupation étrangère qui ne
comprenait pas leurs mœurs et les habitudes. Pendant 3 ans, tout le réseau des élites sera
brisé. Pour les Ottomans, la perte de l’Egypte est à la fois une perte territoriale et une perte
symbolique parce qu’on perd le Caire qui est le deuxième pôle de l’Islam.
Parallèlement à orientalisme d’Edward Saïd, on revient aux racines des préjugés concernant
les Arabes et construits par les Européens. Pour lui, l’expédition de Napoléon, résume et
synthétise l’entreprise orientaliste c’est-à-dire qu’on envoie des soldats, accompagnés
d’hommes lettres et des scientifiques qui décrivent un orient mystérieux, obscur. Ils sont à
l’origine de clichés, d’une pensée qui marque encore aujourd’hui la représentation de
l’Arabe dans la littérature, les journaux, les médias, etc.
7. 1. 2. L’ingérence des Européens
7. 1. 2. 1. L’économique au nom du libre échange
Les Européens insistent sur leurs droits en matière de commerce, et, pour cela, se réfèrent
aux capitulations qui leur donnent du pouvoir économique c’est-à-dire qu’ils peuvent aller
et venir sans payer d’impôts. Ils ont aussi accès aux marchés locaux. De nouveaux pôles
commerciaux naissent en Méditerranée comme à Lyon et Marseille. On y retrouve des
chambres de commerce qui sont des lieux commerciaux mais aussi des lieux de décision, car
elles désignent les consuls et les ambassadeurs. Se crée alors une nouvelle bourgeoisie
commerçante.
7. 1. 2. 2. Le culturel en faveur des Chrétiens d’Orient
La question des Chrétiens est centrale dans la question d’Orient. La France finance des
églises, des écoles, des monastères appartenant à des communautés chrétiennes affiliées au
Vatican. Ça vise les Chrétiens maronites. L’Italie protège surtout les latins et les chaldéens,
les syriens, les arméniens grégoriens, les arméniens catholiques, les protestants, les
évangélistes… Il y a au bas mot 15 communautés chrétiennes en Orient.
Ce qui est paradoxal c’est qu’en Europe, à cette époque, on est dans l’époque de la
78
naissance des républiques laïques mais on prône de plus en plus la défense des Chrétiens,
mais à l’étranger.
Henri Pirenne explique dans Mahomet et Charlemagne que la frontière entre Orient et
Occident remonte à la fin de l’Empire romain et au début des invasions islamiques.
7. 1. 2. 3. L’invention du Liban
La France se distingue de ses intérêts commerciaux, pour prendre position dans protection
des Chrétiens maronites du Liban. Il y a une relation très fusionnelle entre l’Eglise maronite
et la France. Très rapidement, Louis XIV demande la protection de cette minorité dans les
capitulations. Il va pousser à la naissance, dès le XVIIIe siècle, de la mise en place d’une
principauté autonome qui sera basée dans la montagne libanaise (chrétienne et druse). Les
historiens libanais parlent de petit Liban et de grand Liban.
Le petit Liban est un Etat de la montagne qui a une certaine autonomie et indépendance
mais dépend quand même des Ottomans.
Le grand Liban est l’Etat-nation libanais, créé en 1920 par les Français sous mandant de la
société des nations. L’idée était de créer un foyer national chrétien, insufflé aux Maronites
par les Français, qui n’y avaient jamais pensé vu qu’ils ont toujours vécu en harmonie avec
les autres religions.
7. 1. 3. Un Empire en déclin
7. 1. 3. 1. La perte de territoires
L’Empire est gangréné par les crises. Il perd ses territoires en Afrique du Nord (Algérie,
1830), l’Egypte qui s’en va et revient, la Crimée, territoires en Europe… L’Empire est
grignoté et très en retard par rapport à une Europe en mutation, en train d’accomplir sa
révolution industrielle et économique, qui assainit son armée.
L’Empire perd la Grèce en 1839. En effet, la bataille de Lépante, était déjà le début de la fin.
La bataille de la Grèce lance aussi une coalition entre Anglais, Français et Russes qui
forment une coalition pour prêter main forte aux indépendantistes grecs et bouter les
Ottomans hors du pays.
Le soulèvement de l’Egypte par Mehmed Ali, envoyé en Egypte après le retrait de
Napoléon pour y remettre de l’ordre, il s’y sent bien et prend le pouvoir, se rebelle et
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obtient l’indépendance de l’Egypte.
Il y a aussi la perte d’une partie du Maghreb au profit des Français et des Italiens.
7. 1. 3. 2. L’Empire ottoman en 1878
7. 1. 3. 3. L’homme malade de l’Europe
Il a aussi la mainmise des Français et des Anglais sur la dette ottomane, ce qui est une
véritable pénétration économique de la part des Européens. On remarque aussi une
certaine tendance vers l’autonomie régionale et une distorsion des relations sociales.
Les Sultans veulent se réaffirmer et cherchent cela dans la religion. Il y a un repli vers
l’identité religieuse et réaffirmation de l’idée du Califat. C’est une réaction assez intégriste.
Ce repli sur le religieux se voit aussi en Europe lorsque la question d’Orient devient plutôt
une question chrétienne. On demande la protection des Chrétiens d’Orient.
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7. 2. Les premières réformes : Égypte (1805-1882)
7. 2. 1. Méhémet Ali : la modernisation forcée
Méhémet Ali est d’origine albanaise. À la base, il est gouverneur de l’Egypte, envoyé par
Istanbul en 1805, mais il va se révolter contre les Ottomans. C’est un homme éclairé qui se
rend compte de l’étendue de la crise financière. En se coupant de la Sublime Porte et de son
administration, il tente de sauver une partie de cet empire, l’Egypte.
Il se rend compte que pour sauver cette Egypte, il faut moderniser l’Etat. Il le fait dès le
début du XIXe siècle. Pour cela, il impose des réformes culturelles, éducatives, financières,
etc.
Il met fin au régime des Mamlouks, trop traditionnel selon lui, et centralise le pouvoir
autour du gouverneur.
L’industrie du coton tenue par les grandes familles ou des entreprises étrangères vont être
étatisée. L’industrie du coton fait donc partie de l’Etat.
Il va aussi uniformiser la juridiction pour toutes les communautés, qu’elles soient
musulmanes ou chrétiennes : tout le monde est égal devant la loi.
Il envoie des délégations égyptiennes vers l’Europe, recrute des formateurs militaires
européens et impose le service militaire obligatoire (conscription).
Il y a donc modernisation de l’Etat et de l’armée.
De 1805 à 1811, Méhémet Ali est considéré comme gouverneur envoyé par la Sublime
Porte. À partir de 1811, il commence à s’imposer comme souverain puissant puisqu’il va
participer à la fois à la répression des mutineries wahabistes qui prêtaient main forte à
l’armée régulière ottomane dans la péninsule arabique et contre les révoltes grecques.
Quand il commence à envoyer ses hommes, l’Empire ottoman doit demander de l’aide aux
Européens c’est-à-dire aux Français, Russes et Britanniques. En effet, Méhémet Ali tente
d’étendre son influence vers le Nord avec la conquête de la Syrie entre 1831 et 1840. Les
soldats d’Egypte arrive ainsi aux frontières de l’actuelle Turquie en 1833, et menace même
Istanbul. Entre 1820 et 1840, Beyrouth est sous domination égyptienne. Jusqu’à cette date,
Beyrouth était une ville secondaire. Mais les Egyptiens vont y faire construire un Lazaret au
large. Celui-ci avait pour but d’éviter la propagation des maladies. On y plaçait des gens en
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quarantaine. Ça fait de Beyrouth une ville importante.
En 1840, les Européens attaquent Mehmed Ali à Beyrouth, la muraille de la ville s’écroule.
Cette destruction va faire en sorte que la ville s’ouvre vers la campagne et s’étend.
Méhémet Ali est donc repoussé avec l’aide des Européens, ça marque encore plus
l’ingérence ottomane face aux Européens dans cette ville.
Il a quand même été un homme éclairé qui a vu le problème ottoman, c’est Méhémet Ali. Il
s’est ouvert à l’Europe car il envoie des étudiants en Occident en mission à Paris pour qu’ils
s’y forment et s’y informent. Rifa’a al Tahtawi (1801-1873) va être fasciné par les sciences,
l’esprit des Lumières, etc., mais il est choqué par les tenues de parisiennes.
Il dit que pour se réformer, il faut être indépendant économiquement, donc arrêter
d’importer et produire soi-même ce qu’on importait. Il évite donc les importations.
Sous Méhémet Ali, on procède à toute une série de réformes pour moderniser l’Etat, et
l’Egypte devient en même temps une grande puissance armée par l’utilisation de méthodes
de formation européennes. L’Egypte obtient dès lors une autonomie, même si elle reste
sous obédience ottomane. Le Sultan est reconnu, mais on n’a plus de comptes à lui rendre.
Quand Méhémet Ali fait de l’Egypte une Egypte moderne, les Ottomans se rendent compte
que l’Empire est très en retard. Son armée est lourde, désuète. Il y a une vraie nécessité de
se moderniser pour faire face à l’Europe.
7. 2. 2. La dynastie des Khédives d’Egypte
Méhémet Ali laisse derrière lui des enfants qui portent le titre de roi dits Khédives. C’est le
début d’une dynastie héréditaire qui sera toujours sous la suzeraineté ottomane. Les
Khédives se tournent vers l’Occident plutôt que vers l’Orient. Ils laissent les occidentaux
installer leur compagnies et avoir une influence sur l’économie et la politique égyptienne.
Sous ces Khédives, on instaure une justice civile qui se distingue des tribunaux religieux et
inspirée par le code Napoléon. Ils se lancent dans le développement de l’Egypte, on crée des
villes, des voies de communication, des ouvertures d’écoles, mais tout ça coute de l’argent.
Cela endette l’Egypte. On crée une banque de la dette de l’Egypte dirigée par les Français et
Britanniques, pratiquement au même moment où ces deux puissances décident du projet
du canal de Suez. Quand on ouvre le canal, les Britanniques obtiennent 44% des parts
82
égyptiennes, tandis que la dette s’élève à 93 000 000 livres sterling. On va alors mettre
l’Egypte sous tutelle.
Le canal résume un peu la relation complexe entre l’Egypte, la France et la Grande
Bretagne. C’est une compagnie franco-britannique qui le crée, la compagnie de Suez.
L’exploitation de cette compagnie sera concédée à l’Angleterre et la France pour 99 ans. Cf.
en 1956, la guerre de Suez par Nasser et nationalisation du canal.
7. 2. 3. La révolte nationaliste et la conquête britannique
Au XIXe siècle, en Egypte, il y a nationalisme sans précédent, incarné par deux personnes,
des intellectuels. Ils construisent leur idéologie en miroir et face à la domination impérialiste
européenne. On est dans le début des indépendances, des nationalismes.
Muhammad Adbuh, théologien, réformateur musulman
Sa’d Zaghlul.
Face à eux, l’armée et le peuple.
Le colonel Urabi, donne une deuxième dimension à ce mouvement. La dimension
sociale. Il vient du milieu paysan. Idée est que l’« L’Egypte soit aux Egyptiens ». Il
mène un soulèvement. Ça aboutit à des massacres d’étrangers, notamment à
Alexandrie.
En même temps, il y a aussi le développement de l’impérialisme européen. A la conférence
de Berlin (1884-1885), les puissances occidentales se partagent le Proche-Orient. Les
Anglais conquièrent l’Egypte en 1882 et imposent une constitution.
7. 2. 4. Égypte (1805-1882) : résumé
Sous les fils de Méhémet Ali, il y a modernisation donc endettement auprès des Européens
qui vont mettre l’Egypte sous protectorat. Mais ça va donner naissance à une identité
nationale particulière égyptienne, qui commence à puiser sa grandeur dans l’histoire des
pharaons (invention d’une tradition historique, antique, biblique, pharaonique). A partir de
là, tous les chefs d’Etat égyptiens vont se poser comme descendants des pharaons.
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7. 3. Les Tanzimat (1839-1876)
7. 3. 1. Les réformes Tanzimat ou comment construire un État de
droit (1839)
Les réformes lancées en Egypte vont produire un choc dans l’Empire ottoman et à Istanbul.
Les Ottomans se rendent compte que leur régime doit être modernisé.
Ils vont d’abord effectuer des réformes préliminaires, notamment en 1826. Il y a réforme de
l’armée et suppression du corps des Janissaires qui deviennent trop encombrants, trop
traditionnels, et qui représentent une menace constante sur Istanbul et sur le Sultan. Ils se
révoltent de plus en plus car ils refusent toute modernisation de leur corps.
Il a trois édits qui sont au centre de ces réformes avec le problème de l’égalité des
communautés.
C’est Mahmud II (1808-1839) qui opère ces réformes. On est dans une autre vision que les
premiers Sultans qui considèrent les minorités comme très différentes, ici le discours est
plus ouvert et plus tolérant :
« Je fais la distinction entre mes sujets, les musulmans à la mosquée, les chrétiens à l'église
et les Juifs à la synagogue, mais il n'y a pas de différence entre eux dans quelque autre
mesure. Mon affection et mon sens de la justice pour tous parmi eux est fort et ils sont en
vérité tous mes enfants. »
Le 16 juin 1826, il donne le signal en faisant déployer l’étendard sacré du prophète de l'islam
Mahomet. La masse populaire, préparée par les Oulémas, se précipite en renfort de l’armée.
Les Janissaires sont massacrés à coups de boulets, on va incendiés leurs casernes (plus de 8
000 morts), et les égorgés dans les rues. Les jours suivants, des commissions militaires
passent les rescapés par les armes, à Istanbul et dans les provinces. Sur un effectif de 140
000 hommes, 20 000 seront bannis, les autres étant, en majorité, massacrés ou exécutés
(120 000 morts), hormis à Alger que cette dernière révolte des Janissaires laissa « sourde ».
7. 3. 1. 1. Hatt-ı Şerif de Gülhane (1839)
Hatt i Serif de Güllane, qui signifie le noble édit de la maison des roses, est œuvre d’Abdul
Mejid Ie. Elle liste ce qu’il y avait à réformer. Ce sera encadré par des bureaucrates qui ont
reçu une instruction à l’étranger.
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Cet édit annonce :
o la conscription universelle (service militaire obligatoire)
o la réforme de l’enseignement
o l’épuration de l’administration (élimination de la corruption, assainissement)
o la restructuration de l’Etat, surtout au niveau provincial
o l’égalité entre tous les sujets devant la loi quelle que soit leur confession (pression
européenne).
Pour arriver à aboutir à ces réformes, on crée un conseil des ordonnances judiciaires
(Meclis-i Ahkam-i Adliye) et progressivement, les réformes seront lancées. L’idée est de
greffer sur l’Empire de bonnes pratiques européennes.
En France, on applaudit ces réformes mais dans les faits, on est encore très loin d’une
constitution égalitaire (bien qu’elles soient présentées comme telles) ou d’un bicaméralisme.
La liberté de religion et de croyance n’est pas instituée de manière univoque, il n’y a pas non
plus d’égalité politique entre musulmans et non-musulmans, et les gens du livre doivent
encore payer des impôts et n’ont pas accès aux hautes fonctions.
Dans la pratique, les communautés non-musulmanes reconnues bénéficiaient de la liberté
de religion, certains non-musulmans remplissaient des fonctions auxiliaires au sein des
institutions ottomanes, interprètes, envoyés spéciaux, mais aussi, d'une manière informelle,
des Grecs, des Arméniens et des Juifs travaillaient comme médecins, secrétaires et
conseillers pour divers Sultans et notables pendant la première moitié du XIXe siècle.
7. 3. 2. Le problème des minorités et l’égalité juridique (1856)
L’égalité entre minorité est voulue par les Européens. On a déjà le régime des capitulations
qui protège les minorités dans l’Empire. D’autre part, il protège aussi les commerçants
européens et leurs associés et donne un pouvoir extraterritorial aux consuls. En outre, on a
une installation des écoles catholiques, protestantes ou orthodoxes ce qui produit une élite.
Les élèves inscrits dans les écoles de missionnaires sont des chrétiens ou des Juifs. L’élite
sera chrétienne et détiendra les meilleurs postes.
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7. 3. 2. 1. Le Hatt-i Hümayun de 1856
La réforme de 1856 dite Hatt-i Humayun va favoriser les chrétiens pour qu’ils soient égaux
aux musulmans. Cet écrit impérial garantit l’égalité entre tous les citoyens ottomans sans
distinction de religion. Il est adopté sous pression européenne. Elle établit aussi des
tribunaux commerciaux mixtes.
La même année, l'Empire célèbre la fondation de la Banque Ottomane.
Les chrétiens et les Juifs peuvent accéder à des postes dans la fonction publique, dans
l’armée, et s’inscrire dans des écoles publiques, civiles et militaires. Le favoritisme de ces
communautés va d’une part les renforcer dans leur particularisme alors qu’avant, ils
appartenaient à un tout. Il y affaiblissement de la charia, nationalisme exacerbé des millets,
il y a mécontentement des musulmans donc massacres, à Damas en 1860 ou au haut Liban
la même année. C’est le début des conflits confessionnels.
7. 3. 2. 2. Le pouvoir européen
Il y a mutation de l’Empire, développement des nationalismes et ingérences européenne,
qui favorisent tous les particularismes susceptibles d’affaiblir l’Empire :
Grèce (1821-1830)
Balkans (1878)
Etat sioniste (1882)
On favorise aussi le nationalisme arabe en invitant les intellectuels arabes à venir se réunir à
Paris. En Europe, au même moment, on fait face à un grand antisémitisme, pogroms en
Russie, et on favorise le sionisme (mouvement national juif) à partir de 1882.
La France va s’assurer de la protection de Jérusalem en va obtenir beaucoup de concessions
de la part de l’Empire. Endettement de l’Etat, banqueroute en 1875, donc administration de
la dette publique par les Anglais et les Britanniques en 1881. Comment on fait ça ? On fait
main basse sur le tabac, la production de la soie (Lyonnais), l’alcool, etc.
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7. 3. 3. La question du « gouvernement responsable » : la
Constitution (1876)
Le 23 novembre 1876 est la chance manquée de l’Empire, car on adopte une constitution
qui a pour objectif de contrôler le pouvoir absolu du Sultan, son autocratie. Le but de cette
constitution est de limiter le pouvoir du Sultan. Le Sultan Abdulhamid II la signe parce qu’il
y est obligé mais 2 ans plus tard, il la suspend et suspend aussi le parlement ottoman.
À partir de là, on entre dans une période de régression, une période conservatrice. On entre
dans 3 décennies de contre-lois pour détruire les réformes. D’un autre côté, certaines
mesures sont tout de même conservées comme réorganisation des provinces et
simplification de leur administration.
Il faut attendre 1908 et la révolution des Jeunes Turcs pour voir revenir cette constitution.
7. 3. 4. Que retenir des Tanzimat ?
Ce sont des réformes qui ont été réelles et durables et qui ont permis au mouvement des
jeunes turcs de prendre de l’ampleur. En effet, grâce aux écoles laïques qui sont créées à
cette époque, on a une éducation à l’européenne qui permet la création d’une élite
éduquée. Elle compose une classe moyenne bourgeoise et commerçante qui sera la
concurrente des vieilles familles notables et la concurrence des clergés. On retrouve des
révolutionnaires au sein de cette élite éduquée. C’est la naissance de la République de
Turquie et mouvement nationaliste arabe qui ont bénéficié de ces réformes.
Il y a 3 points à retenir :
Elles ont été faites sous pression européennes et en réaction à la modernisation de
l’Europe.
Elles répondent aux besoins de l’Etat.
Elles vont centraliser le pouvoir puisque le Sultan, qui perd de ses acquis, les
retrouve après.
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La nahda, renaissance arabe du XIXe siècle, constitua dans une certaine mesure un
mouvement culturel parallèle aux Tanzimat, notamment par l'introduction d'un système
d'enseignement de type européen qui permit la création d'une élite instruite concurrente
des notables féodaux et du clergé et donc ferment révolutionnaire.
7. 3. 4. 1. L’Empire ottoman en 1900
Dans le Moyen-Orient, on a 3 pôles de concurrence : Arabie Saoudite, l’Iran qui a été
longtemps le protecteur des minorités chiites, et la Turquie, anciennement l’Empire
ottoman. Ces trois pôles se battent au sujet de l’influence dans le conflit syrien. On peut
revenir sur cette complexité entre les rapports déjà dans l’Empire ottoman.
Empire ottoman et Perse safavide
L’origine de la dynastie safavide est Empire qui atteint son apogée sous le Cha Abbas Ier au
XVIe-XVIIe siècles. Cet empire s’étend sur l’Iran, l’Irak et l’Azerbaïdjan, et aussi quelques
autres zones comme l’Arménie et l’Afghanistan.
Les Halevi composent une communauté juive turque (alevi = chiites) Il y a pas mal
d’emprunts des deux côtés, surtout de la part de l’Empire ottoman en termes de miniatures
et d’art calligraphique. On a de très bons artistes en Iran, eux-mêmes sont influencés par les
Indiens.
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8. Nationalisme et révolutions (1908-1914)
Une constitution importante a été votée en 1876, c’est une chance manquée pour l’Empire
de reprendre le pouvoir. Le problème c’est que cette constitution sera suspendue par le
Sultan Abdelhamid II qui a peur de voir son pouvoir réduit en 1878. C’est une sorte de
monarchie constitutionnelle plutôt que monarchie absolue. L’Empire est endetté, la dette
est rachetée par les impérialistes. De 1908 à 1914, on a la constitution de la Turquie
actuelle, d’abord avec le comité du Nom et du Progrès.
Le 24 juillet 1908, Abdelhamid II cède à la pression des Jeunes Turcs (fondateurs du
nationalisme turc, jeunes éduqués) et reconnait que son pouvoir sera limité et que le
pouvoir du parlement et du Sénat sera effectif. Ils rétablissent donc la constitution qui avait
été suspendue. La révolution est en marche.
En même temps, dans toutes les provinces, on assiste à l’émergence des nationalismes
d’autres populations : Arméniens, Arabes, Grecs, Albanais… Ces nationalismes seront
encouragés et instrumentalisés par les futures puissances colonisatrices, à savoir la France et
la Grande-Bretagne. Les Sultans, pendant ce temps, sont juste là pour le symbole, ce ne sont
pas des monarques décisifs. On fait de la place est aux jeunes Turcs et aux Turquisme. C’est
un système politique qui s’impose face à l’Oumma musulmane.
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8. 1. Le nationalisme turc
Quels sont les éléments de ce nationalisme ?
Ce sont des idéologies répandues en Occident qui influencent ce nationalisme mais on est
dans une langue, dans une culture. On va épurer, nettoyer tout ce qui n’est pas turc pour
renforcer la Turquie. On va persécuter ceux qui ne se plient pas à la décision de transformer
l’administration, la fonction publique, en une administration turque. C’est le turquisme :
sorte de repli identitaire et nettoyage ethnique :
◙ Déplacements de populations
◙ Exil des intellectuels
◙ Refus des autres nationalités. Par un renforcement du nationalisme, notamment au
niveau de la langue. Construction d’une langue turque en réaction à la langue
ottomane, une langue plus simplifiée, plus proche du peuple. Or jusqu’alors, la force
de l’Empire était sa tolérance envers les gens du livre.
8. 1. 1. La révolution des jeunes Turcs
Le nationalisme et les idées de nation étaient seulement véhiculés dans des cercles lettrés,
intellectuels et restreints. On débat des idées, des théories sur la pureté de la race, l’unicité
de la langue et de la religion, mais ça reste minoritaire, ça ne touche pas la société.
En 1908, on a un groupe d’officiers qui se rebelle et qui prend le pouvoir, et alors le
nationalisme turc se propage dans la société, dans les administrations, dans les écoles. On
est dans un mouvement qui prend le nom de Jeunes Turcs.
Cette révolution sera déclenchée à Istanbul et dans les provinces. Rôle de musulmans turcs
mais aussi Albanais. À l’époque, les Francs-Maçons sont très forts impliqués et la révolution
des Jeunes Turcs est un peu due à ceux-ci. On a par exemple des Francs-Maçons en Albanie.
o C’est un mouvement qui s’inscrit dans un courant global de révolutions qui se
passaient un peu partout : en Inde sous l’occupation britannique, en Chine, etc. C’est
un mouvement libéral d’inspiration moderniste et anti-européenne. Le mot d’ordre,
c’est qu’il faut sauver l’Empire et le moderniser. Pour ça, on a besoin de son symbole
national le plus fort : l’armée, et aussi grâce à la modernisation de cet empire.
o C’est une révolte aussi contre le cosmopolitisme. On est dans des villes très
90
mélangées, avec plusieurs nationalités et religions qui cohabitent Le mouvement des
Jeunes Turcs voulait rétablir une sorte d’uniformité ethnique des villes.
o C’est aussi une révolte contre la cour et l’entourage des Sultans, qui avaient des liens
forts avec les gouverneurs, les commerçants, etc. La question califale était centrale. Les
nationalistes turcs n’acceptent pas qu’ils soient entourés d’étrangers, donc ils écartent
l’entourage et épurent l’administration. Du côté des provinces arabes, on a des
soulèvements, une prise de conscience d’une menace véritable sur la langue, sur la
culture.
C’est une décennie terrible, marquée par les génocides, les exils, la Première Guerre
mondiale et une grande famine. Cette décennie va marquer les historiens arabes car plus
tard, ceux-ci coïncideront l’Empire ottoman comme le Moyen-âge de l’histoire arabe. Alors
que si on regarde ces 5 siècles, ce n’était pas le cas, le monde ottoman a accompagné le
monde arabe dans son évolution, c’est après qu’on rejette cette période.
8. 1. 2. L’évolution politique et territoriale
Au même moment (1908-1909), on a un développement de presse, des clubs, et d’une
presse pas uniquement turque, on a une certaine liberté d’expression parallèlement à la
constitutions, donc on voit se répandre des idées nationalistes qui circulaient dans les clubs
ou les salons fermés. En effet, les minorités sont aussi touchées par cette vague nationaliste.
Donc les jeunes turcs comprennent qu’il faut fermer ces clubs, exiler ces intellectuels,
interdire la presse parce que les nationalismes minoritaires représentent un réel danger
pour eux.
Influence de plusieurs idéologies comme l’union des peuples turcs, le pansylvanisme, et le
pantouranisme. On veut se débarrasser des peuples qui ne parlent pas le Turc (Egypte,
Arabie, Iran, Irak, etc.), mouvance qui dit que la langue définit la culture.
Certaines idéologies vont naitre, comme le djadisme, union des peuples turcs pour
modernisation de la société.
L’évolution démographique inclut les personnes qui avaient été exilés par le Sultan, envoyés
aux frontières de l’Empire et qui reviennent renforcer le nationalisme turc.
91
Les jeunes Turcs se rendent compte que les idées de révolution seront mises à profit par les
minorités, qui vont aussi faire jouer de leur nationalisme. D’où la fermeture de cercles
d’opinion et le musèlement de la presse.
8. 1. 3. L’évolution économique et sociale
Cette révolution est aussi le résultat des Tanzimat qui ont modernisé l’Empire puisqu’on
assiste à la formation d’une bourgeoisie, d’une classe moyenne. Selon un recensement, on
peut se faire une idée de la richesse des minorités chrétiennes. À la veille de la Première
Guerre mondiale…
o 50% du capital industriel est ente les mains des Grecs;
o 20% par les Arméniens
o 5% par les Juifs
o 10% par des étrangers
Un autre recensement indique qu’à Istanbul, on trouve entre 5 et 10% de Turcs seulement.
Donc, dans le centre du pouvoir, on a une contradiction entre le pouvoir économique et le
pouvoir politique. Les Jeunes Turcs, une élite militaire, vont réussir, grâce à la constitution
de 1876 à consolider la position économique des non-musulmans. Par ailleurs, un autre
facteur de déstabilisation, c’est l’ingérence européenne qui va agir sur le clivage entre
Chrétiens et Musulmans.
92
Le Sultan Abdelhamid II restaure le Parlement
8. 1. 4. Les étapes du nationalisme turc
Un des fondateurs de ce mouvement, Ziya Gökalp, va écrire énormément, ses livres vont
circuler dans les salons littéraires et il sera considéré comme l’idéologue du Gouvernement,
du comité d’union et du progrès. Il va développer un discours populiste pour répondre aux
frustrations.
On peut en faire une analyse systémique plutôt que systématique car le système politique
est pour lui au centre du nationalisme. Tout doit être au profit de la consolidation d’un
système politique national turc.
À côté de ça, on a des organisations, des associations de sociétés savantes qui vont avoir comme
objectif de promouvoir la culture turque. Une de ces associations est la Turk Dernegi qui est une
association turque, qui va aussi produire des revues. C’est là qu’on commence à utiliser la langue
populaire et qu’on va se pencher sur l’utilité de cette langue, et non l’osmanli des
administrations, considéré comme faisant partie d’un passé ottoman lourd et qu’il faut modifier
pour arriver à un parler populaire. Le nationalisme turc veut se débarrasser de l’Ottomanisme.
On n’est plus dans un projet de millet, reconnues comme ensembles administrés par
l’Empire qui a été utilisés pour les minorités. Maintenant, les Turcs vont aussi se considérer
comme millet, construire un groupe avec une langue turque, une culture turque, dont
l’objectif serait de tout organiser à Istanbul donc on rejette tout projet décentralisateur. On
s’oppose à lamarkiziya prôné par les nationalistes arabes, dont les chefs seront exilés ou
pendus.
93
On commence à préférer l’ethnie, pour accéder aux hautes fonctions de l’Etat, il faut être
Turc, parler le Turc et être musulman sunnite. On construit une identité singulière face à
l’impérialisme européen.
Les Jeunes Turcs entretiennent des liens avec les nationalistes. Le 24 avril 1915, le Comité
Union et Progrès met fin à la présence arménienne en Turquie par la déportation et le crime
de masse. Les Turcs ne parlent pas de génocide mais de crime de masse, et expliquent ça
parce que selon eux les Arméniens préparaient des coups d’état. Ever Pacha et Talaat Pacha
vont mettre en application cette politique d’épuration poussé par les Allemands.
8. 1. 4. 1. Le Touranisme ou Pantouranisme
Le Touranisme ou Pantouranisme est un courant idéologique politique dont le but est
l'union des peuples de langues turques et finno-ougriennes au sein d'une entité nommée
Touran. Le Touranisme est basé sur une hypothétique origine commune aux deux groupes
linguistiques et, par extension, d'un « super-groupe » ouralo-altaïque, selon une théorie
aujourd'hui largement abandonnée.
94
8. 1. 5. La lutte
Le nationalisme va susciter un débat et des oppositions entre l’Islam (religion d’Etat) et
l’Etat. Avant 1908, pendant la période ottomane avec des Sultans vraiment au pouvoir, la
religion et l’Etat n’étaient pas séparés. Progressivement, on tente de séparer les deux. On
modernise la justice, insister sur la juridiction laïque, redéfinir un espace national qui
n’inclurait pas les villes saintes et qui sera cantonné à un foyer national turc parallèlement «
Anatolie foyer des Turcs ».
Au même moment, en Palestine, il y a naissance d’un foyer national Juif. On fait la même
chose qu’au Liban où on avait proclamé un foyer national chrétien. On est bien dans des
particularismes. Les Jeunes Turcs vont développer un discours populiste basé sur l’exception
culturelle et linguistique turque pour échapper à l’impérialisme européen.
En 1920, la Turquie perd beaucoup de territoires. La Société des Nations a proclamé
autonomes l’Arménie, Thrace, Smyrne, etc. lors du Traité de Sèvre en 1920. En 1923, il y
arrivée d’un homme puissant, Mustafa Kemal Atatürk. Jeune, il conteste le pouvoir
autoritaire du Sultan, les exils, les censures, etc. Il est très patriotique et veut mettre fin à la
décadence de l’Empire.
Des groupes se forment contre ce remodelage des frontières et vont prêter main forte à
Mustafa Kemal Atatürk dans sa reconquête des territoires (Turquie actuelle). Ça va de pair
avec un déplacement massif de populations. En 1923, il y a un nouveau départ d’Arméniens
et de Grecs vers la Grèce.
95
8. 2. La Nahda et l’Islâh
En 1908, dans les provinces arabes, on est dans une révolution culturelle et dans un éveil
nationaliste arabe. Deux courants de pensée et de religion :
8. 2. 1. Une révolution culturelle : nahda
Le nahda, courant de renaissance culturelle qui va se construire face au turquisme et face à
l’impérialisme occidental. Le nationalisme arabe se distingue d’Istanbul et aussi des
nouvelles puissances. C’est un éveil nationaliste.
8. 2. 3. Un réformisme religieux : islah
L’islah, mouvement qui concerne un renouveau religieux. On revisite, on repense les
fondements de l’Islam contre le dogme des grandes mosquées d’Istanbul et du Caire.
Mouvement qu’on peut dater de la première expédition de Napoléon au XVIIIe-XIXe siècle.
L’Egypte, la Syrie et le Liban sont les foyers de cette renaissance culturelle. On a des
journaux écrits en arabe et distribués partout dans les provinces arabes ottomanes. Il y a une
libération de parole. Le rôle des syro-libanais est très important parce que ce sont à la fois
des hommes d’affaires, des hommes de l’entre-deux : ni des journalistes, ni des historiens, ni
des hommes d’affaire, ni des traducteurs, mais tout à la fois. Ils font du commerce, mais ce
sont des lettrés, donc ils ont l’argent pour faire ces journaux.
8. 2. 3. Un éveil nationaliste
8. 2. 3. 1. Rifa’a Raf’ al-Tahtawi (1801-1873)
Les écoles de missionnaires offraient des premiers voyages de boursiers vers l’Europe. Ils
découvrent les philosophes des Lumières, les traduisent et sont influencés par leur pensée. Il
y a des voyages boursiers pour égyptiens et syriens en Europe comme l’on fait Rifa’a Raf’ al-
Tahtawi et Ahmad Faris Shidiak.
Les pays islamiques ont excellé dans les sciences juridico-religieuses, dans leur application,
et dans les sciences rationnelles, mais ont négligé la totalité des sciences profanes; ils ont
ainsi recours aux pays étrangers, afin d'apprendre ce qu'ils ignorent et d'acquérir ce qu'ils ne
savent pas fabriquer.
L'Or de Paris est un des livres phares de la période de la Renaissance arabo-islamique ou
96
Nahda, qui a débuté avec l'Expédition d’Égypte. Écrit par un imâm égyptien, Rifâ'a al-
Tahtâwî, il décrit une relation de voyage qui va de 1826 à 1831, au cours de laquelle des
étudiants égyptiens et leur imâm sont envoyés par le Pacha d'Égypte afin d'acquérir des
connaissances utiles au renouveau scientifique et intellectuel de la société égyptienne.
Paradoxalement, ce ne sont pas les étudiants de la mission qui auront la plus grande
influence mais leur imâm, Rifâ'a al-Tahtâwî, chargé pourtant de les encadrer afin qu'ils
gardent leur cohésion. Ce livre paraît à Paris, et est édité par les éditions Actes Sud.
8. 2. 3. 2. Mohamed Abduh et Jamal al-Din al-Afghani (1849-1905)
Le modernisme islamique est créé par Jamal al-Din al-Afghani et Muhammad Abduh futur
grand mufti d’Egypte. Ils fondent à Paris la revue Le lien indissoluble. Cette revue circulera
dans toutes les privances arabes. Les auteurs se demandent pourquoi l’Islam est en retard
par rapport à l’Occident. Selon eux, la faiblesse de l’Islam face à l’Europe viendrait de ses
penseurs, de la division des musulmans, des superstitions, du soufisme, de l’ignorance du
savoir moderne et la corruption des chefs d’Etat.
8. 2. 3. 3. Boutros al Boustani (1819-1883)
Boutros al-Boustani (1819-1883) est un écrivain et un intellectuel arabe. Il est l'un des
précurseurs du nationalisme arabe et du patriotisme syrien. Boutros al Boustani fonde
l’école publique. Il se distingue des missionnaires et fonde la première école publique dans la
montagne libanaise.
8. 2. 3. 4. Beshara Takla et Saleem Takla (1849-1892)
On a aussi les frères Beshara et Saleem Takla, hommes d’affaire syro-libanais, qui vont au
Caire et fondent un quotidien qui existe toujours : Al-Ahram (les pyramides).
8. 2. 3. 5. Jorge Zeydan (1861-1914)
L’écrivain libanais chrétien, Jorge Zeydan s’installe en Egypte, où il fonde une maison
d’édition et une revue nommée Al-Hilâl.
8. 2. 4. Réformismes musulmans
Mouvement religieux, mouvement de réformisme religieux qui se construit face à deux
choses :
Contestation de l’Islam enseigné dans les mosquées notamment celle du Caire
97
comme Al-Azhar. Il y a une volonté de reformulation du dogme pour répondre aux
exigences de la modernité.
Critique des théologiens d’Al-azhar, pour qui, ils sont corrompus (on est sous mandat
britannique) et critique de les puissances occidentales. Ils sont coupables de cette
corruption.
8. 2. 4. 1. « al-Islâh » « al-tajdîd »
C’est un mouvement religieux mais aussi social et politique. Quand on traite des courants
islamiques, on revient toujours sur ces premiers idéologues. Ils veulent réparer, réformer et
renouveler. Reformulation de l’Islam pour sa renaissance. Pour ça, ils disent que les imams
se sont trop éloignés du Coran, des fondements de la religion. Ils veulent revenir aux
premiers temps de l’Islam où qui lui était pur. Il y a une pureté des origines. L’idée est
d’améliorer, de réformer à travers la religion islamique les sociétés musulmanes qui, avec le
temps, se sont éloignées du message originel et se sont corrompent.
8. 2. 5. Aux origines des réformismes
8. 2. 5. 1. Ibn Taymiyya (1263-1328)
Ibn Taymiyya, contemporain du XIVe siècle, est un théologien et un jurisconsulte
musulman sunnite. Il est influe au sein du madhhab hanbalite, école de pensée sunnite. Son
époque est marquée par les conflits entre Mamelouks et Mongols, il tente d'organiser
le jihad contre ces derniers qu'il accuse de mécréance. Se distinguant par son refus de toute
innovation dans la pratique religieuse, rejetant tant Al-Ghazâlî qu'Ibn Arabî tout comme
l'ensemble des philosophes, son radicalisme le fait incarcérer à plusieurs reprises par les
autorités mameloukes de son époque et il trouve la mort en prison. En réaction aux invasions
Mongols, il prononça le Jîhad et émit des Fatwas (un avis juridique donné par un spécialiste
de loi islamique sur une question particulière) contre les chiites et les alaouites qui
déformaient le Coran
8. 2. 5. 2. Muhammad b. ‘Abd Al-Wahhâb (1703-1792)
Muhammad b. ‘Abd Al-Wahhâb veut la réaffirmation du tawhîd (unitarisme), pour la
réunification de l’Islam. Il y a un rejet de la modernité, retour à la religion pure des salafs,
trois premières générations de l’Islam. Le jîhâd serait la première œuvre à accomplir pour
l’islam. Il se lance dans une guerre sainte pour unir toutes les communautés musulmanes et
98
se débarrasser du chiisme.
Ce sont deux idéologues assez extrêmes, tendances très dures.
Ce n’est pas le cas des réformistes modernes qui, eux, vont plutôt moderniser, se dire qu’il
faut rejeter la présence européenne. Ils se demandent ce qui peut servir l’Islam.
8. 2. 5. 3. Jamaleldin al Afghani (1838-1897)
Jamaleldin al Afghani (1839-1897) est persan et chiite, franc-maçon. Il se fait passer pour un
Afghan pour mieux se faire entendre de la majorité des musulmans. Il voyage beaucoup en
Irak, en Inde, à Istanbul, à Paris, à Londres, en Russie et en Egypte. Il fonde des cercles de
réflexion contre l’impérialisme européen. Par la religion, il lance un appel à l’union des
musulmans pour lutter contre la mainmise de l’Occident.
On prône donc un retour aux sources, à l’âge d’or de l’Islam, une représentation idéologique
qui sera très attractive pour la nouvelle bourgeoisie nationale, égyptienne et libano-
syrienne. Il s’agit donc de retourner aux sources de l’âge classique arabo-musulman sans un
tournant critique préalable comparable à la « Révolution copernicienne » et une
représentation idéologique conforme aux nouvelles exigences de la bourgeoisie nationale
naissante dans les sociétés arabo-musulmanes qui tentaient alors de secouer le joug
colonial.
Ces discours qui ne seront pas seulement débattus dans les mosquées mais aussi dans des
cercles nationalistes, qui sont souvent fréquentés par des officiers. Selon eux, s’ils veulent
atteindre leur objectif, réformer l’Islam, il faut éduquer la société. On emprunte à l’Occident
et on interdit quand même toutes les innovations blâmables. On introduit les sciences
profanes et on revoit les cycles d’études religieuses. On a un recours à la raison (‘aql),
rapprochement entre les écoles juridiques, réforme des études religieuses par l’introduction
des sciences profanes et des langues étrangères.
8. 2. 5. 4. Mohammed Rachid Redha (1865-1935)
Une autre idéologue est celle de Mohammed Rachid Redha. C’est le disciple syrien de
Mohammed Abduh. Il est fortement influencé par Ibn Taymiyya. Il fonde au Caire la revue
Al-Manar qui devient vite l’organe du courant salafiste arabe et véhicule principalement
l’idéologie wahhâbite (Saoudiens), dont il devient d’ailleurs le défenseur. Il participe au
Congrès de Paris en 1919. Après l'abolition du califat par Atatürk en 1924, Redha insiste
99
alors sur le caractère arabe de la fonction du califat. Il partageait avec Abd al-Rahmân ibn
Ahmad al-Kawakibi la certitude de la supériorité religieuse des arabes sur les autres peuples
de la communauté islamique, et était persuadé que la renaissance musulmane (Nahda)
passera par les arabes. Après la prise de La Mecque par les Saoudiens, il devient le
défenseur de cette monarchie qui a instauré un nouvel État islamique dans lequel il voit un
facteur d'espoir pour le monde musulman.
Après sa mort les fondateurs des Frères musulmans en 1928 fondés par Hassan al-Banna
(1906-1949) en Egypte reprendrons certaines de ses idées. Rachid Redha est plus radical
que les deux premiers. Il prône le panislamisme.
Ce sont des réformistes musulmans.
Ce réformisme musulman ne serait-il pas un occidentalisme, donc un orientalisme
inversé ?
Pour eux, l’Occident est à la fois fascination et répulsion. Il y fascination pour les idées mais
c’est obscure, et répulsion parce que les idées non-conformes au Coran sont considérées
comme mauvaises et pouvant corrompre l’esprit d’un bon musulman.
8. 4. Conclusion
À la fin de siècle, les nationalismes naissants, le repli identitaire, le questionnement
religieux, marquent la fin d’un grand empire, la naissance d’un Etat-nation et la création d’un
Islam politique.
Est-ce qu’on ne serait pas, actuellement dans un moment du même genre ?
Contestation de la part des pères fondateurs des indépendances, qui sont aujourd’hui
contestés eux-mêmes pour la création d’une nouvelle formule, d’un nouveau mode
d’organisation politique.
100
9. Table des matières
1. Introduction à la civilisation Ottomane 2
1. 1. Naissance et constitution d’un empire ............................................................................. 11
1. 1. 1. Origines ............................................................................................................................. 13
1. 1. 1. 1. Osman Ier ou Othman (1299-1326) 13
1. 1. 1. 2. Tamerlan (1336-1405) 13
1. 1. 1. 3. Mehmed I (1413-1421) 14
1. 1. 1. 4. Mehmed II (1451-1481) 14
1. 1. 2. L’apogée de l‘Empire ottoman .......................................................................................... 14
1. 1. 3. La prise de Constantinople en 1453 .................................................................................. 15
1. 1. 4. L’installation de l’Empire ottoman .................................................................................... 16
1. 1. 4. 1. Mehmed II (1451-1481) 16
1. 1. 4. 2. Selim Ier, “Le Terrible” (1512-1520) 16
1. 1. 4. 3. Soliman Le Magnifique (1520-1566) 16
1. 2. Gestion d’un empire ........................................................................................................ 17
1. 2. 1. La collecte des impôts ....................................................................................................... 17
1. 2. 2. Le dialogue des religions ................................................................................................... 17
1. 2. 3. Les savants l’Observatoire de Constantinople XVIe siècle ................................................. 18
1. 2. 4. Les Janissaires ................................................................................................................... 18
1. 2. 5. Le déclin ............................................................................................................................ 18
1. 3. Les peintres orientalistes. ................................................................................................ 20
2. L’organisation politique et sociale 21
2. 1. Le Sultan, un monarque absolu ? ..................................................................................... 24
2. 1. 1. Le pouvoir du Sultan ......................................................................................................... 24
2. 1. 2. Le Sultan ............................................................................................................................ 25
2. 1. 3. Le pouvoir du Sultan ......................................................................................................... 25
2. 2. Le grand vizir et le divan impérial .................................................................................... 26
2. 3. Le palais et la famille royale............................................................................................. 26
2. 3. 1. Le Divan impérial............................................................................................................... 26
2. 3. 2. Un pouvoir en délégation ................................................................................................. 27
2. 3. 3. Les limites.......................................................................................................................... 27
2. 3. 4. Les sujets du Sultan ........................................................................................................... 28
2. 3. 5. Le ramassage ou Devchirme.............................................................................................. 31
2. 3. 16. Les grandes conquêtes .................................................................................................... 32
101
2. 4. Conclusion : le déclin après Suleyman ? ........................................................................... 33
3. Les grandes villes ottomanes 34
3. 1. Des villes ottomanes ....................................................................................................... 34
3. 2. La diversité culturelle ...................................................................................................... 34
3. 3. Les types de villes : Les centres religieux et militaires ....................................................... 37
3. 4. Les grandes villes commerçantes ..................................................................................... 38
3. 5. Istanbul : « la porte de la félicité » ................................................................................... 38
3. 6. Capitale impériale ........................................................................................................... 39
3. 7. Capitale politique et économie ........................................................................................ 39
3. 8. L’économie urbaine ......................................................................................................... 40
3. 8. 1. marché central : artisanat et finance ................................................................................ 40
3. 8. 2. marché-entrepôt : commerce international ..................................................................... 40
3. 8. 3. financement par les wakif privés ...................................................................................... 40
3. 8. 4. Le secteur public ? ............................................................................................................ 41
3. 9. L’art ottoman .................................................................................................................. 42
3. 9. 1. L’architecture extérieure ................................................................................................... 42
3. 9. 1. 1. Influence seldjoukide et iranienne 42
3. 9. 1. 2. Influence byzantine 42
3. 9. 2. L’architecture intérieure .................................................................................................... 43
3. 9. 2. 1. Edouard Empain : Heliopolis, une ville utopique en orient 44
4. La vie religieuse sous l’Empire ottoman 45
4. 1. Les ottomans défenseurs récents de l’Islam ..................................................................... 45
4. 2. Propagateurs de la foi islamique ...................................................................................... 46
4. 2. 1. Prise de Constantinople .................................................................................................... 46
4. 2. 2. Sélim Ier et Soliman le Magnifique Sultans sacrés ............................................................. 47
4. 3. Le Sultan serviteur et gardien des lieux saints de l’Islam ................................................... 47
4. 4. Le Sultan : l’Ombre de Dieu sur Terre ............................................................................... 48
4. 5. Le Sunnisme religion d’Etat ............................................................................................. 49
4. 6. Une religion qui rythme la vie .......................................................................................... 50
4. 7. Les obligations religieuses ............................................................................................... 51
4. 8. Le pèlerinage .................................................................................................................. 51
4. 9. Ramadan: Le Sultan des douze mois ................................................................................ 52
4. 10. Personnages de la vie religieuse..................................................................................... 53
4. 11. Le soufisme ................................................................................................................... 53
102
4. 12. Les confréries: les tariqas .............................................................................................. 54
4. 13. Les gens du livre : Chrétiens et Juifs ............................................................................... 55
4. 14. La tolérance ottomane .................................................................................................. 56
4. 14. 1. Les Dhimmis .................................................................................................................... 56
4. 14. 2. Les Millets ....................................................................................................................... 57
4. 15. Les conversions ............................................................................................................. 58
4. 16. Le statut particulier du devchirme .................................................................................. 58
4. 17. Avantages des convertis ................................................................................................ 58
4. 18. Conclusion .................................................................................................................... 58
5. La langue turque 59
6. Etude du régime des capitulations 60
6. 1. Définition ....................................................................................................................... 60
6. 2. Origines .......................................................................................................................... 60
6. 2. 1. François Ier et Soliman le Magnifique ................................................................................ 60
6. 2. 2. Charles IX et Selim II .......................................................................................................... 60
6. 2. 3. Le rôle du commerce ........................................................................................................ 62
6. 2. 4. Généralités ........................................................................................................................ 63
6. 3. Evolution ........................................................................................................................ 64
6. 4. Les capitulations de 1740 ................................................................................................ 66
6. 4. 1. Protection des pèlerins ..................................................................................................... 67
6. 4. 2. Primauté de la France ....................................................................................................... 67
6. 4. 3. Clause de la nation la plus favorisée ................................................................................. 67
6. 4. 4. La visite domiciliaire .......................................................................................................... 68
6. 4. 5. Les différends entre français ............................................................................................. 68
6. 4. 6. Privilège commerciaux ...................................................................................................... 69
6. 4. 7. Privilèges étendus ............................................................................................................. 69
6. 5. Le XIXe siècle ................................................................................................................... 69
6. 5. 1. La concurrence .................................................................................................................. 69
6. 5. 2. Point de vue culturel ......................................................................................................... 70
6. 5. 3. Point de vue économique et financier .............................................................................. 70
6. 6. Tentatives de réaction ..................................................................................................... 71
6. 6. 1. Ali Pacha (1815-1871) et le Congrès de Paris (1856) ........................................................ 71
6. 6. 2. Abdül Hamid II (1842-1918) .............................................................................................. 72
6. 6. 3. Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938) ................................................................................. 72
103
6. 7. Les Tribunaux Mixtes et les Capitulations en Egypte ......................................................... 73
6. 7. 1. Méhémet Ali (1769-1849) et Nubar Pacha (1825-1899) .................................................. 73
6. 7. 2. Tribunaux Mixtes ............................................................................................................... 73
6. 7. 3. Tribunaux Consulaires ....................................................................................................... 74
6. 8. Conclusion ...................................................................................................................... 74
7. L’impérialisme européen et les réformes ottomanes au XIXe siècle 75
7. 1. La question d’Orient ........................................................................................................ 75
7. 1. 1. Le traité de Kutchuk-Kaïnardji (1774) ............................................................................... 75
7. 1. 1. 1. Le début d’une longue crise 76
7. 1. 1. 1. 1. L’affirmation des a’yan (notables) locaux ....................................................................... 76
7. 1 .1. 1. 2. La contestation califale ottomane .................................................................................. 76
7. 1. 1. 1. 3. Bonaparte en Egypte (1798-1801) .................................................................................. 77
7. 1. 2. L’ingérence des Européens ............................................................................................... 77
7. 1. 2. 1. L’économique au nom du libre échange 77
7. 1. 2. 2. Le culturel en faveur des Chrétiens d’Orient 77
7. 1. 2. 3. L’invention du Liban 78
7. 1. 3. Un Empire en déclin .......................................................................................................... 78
7. 1. 3. 1. La perte de territoires 78
7. 1. 3. 2. L’Empire ottoman en 1878 79
7. 1. 3. 3. L’homme malade de l’Europe 79
7. 2. Les premières réformes : Égypte (1805-1882) ................................................................... 80
7. 2. 1. Méhémet Ali : la modernisation forcée ............................................................................ 80
7. 2. 2. La dynastie des Khédives d’Egypte ................................................................................... 81
7. 2. 3. La révolte nationaliste et la conquête britannique ........................................................... 82
7. 2. 4. Égypte (1805-1882) : résumé ............................................................................................ 82
7. 3. Les Tanzimat (1839-1876) ................................................................................................ 83
7. 3. 1. Les réformes Tanzimat ou comment construire un État de droit (1839) .......................... 83
7. 3. 1. 1. Hatt-ı Şerif de Gülhane (1839) 83
7. 3. 2. Le problème des minorités et l’égalité juridique (1856) ................................................... 84
7. 3. 2. 1. le Hatt-i Hümayun de 1856 85
7. 3. 2. 2. Le pouvoir européen 85
7. 3. 3. La question du « gouvernement responsable » : la Constitution (1876) .......................... 86
7. 3. 4. Que retenir des Tanzimat ? ............................................................................................... 86
7. 3. 4. 1. L’Empire ottoman en 1900 87
8. Nationalisme et révolutions (1908-1914) 88
104
8. 1. Le nationalisme turc ........................................................................................................ 89
8. 1. 1. La révolution des jeunes Turcs .......................................................................................... 89
8. 1. 2. L’évolution politique et territoriale ................................................................................... 90
8. 1. 3. L’évolution économique et sociale .................................................................................... 91
8. 1. 4. Les étapes du nationalisme turc ....................................................................................... 92
8. 1. 4. 1. Le Touranisme ou Pantouranisme 93
8. 1. 5. La lutte .............................................................................................................................. 94
8. 2. La Nahda et l’Islâh ........................................................................................................... 95
8. 2. 1. Une révolution culturelle : nahda ..................................................................................... 95
8. 2. 3. Un réformisme religieux : islah ......................................................................................... 95
8. 2. 3. Un éveil nationaliste ......................................................................................................... 95
8. 2. 3. 1. Rifa’a Raf’ al-Tahtawi (1801-1873) 95
8. 2. 3. 2. Mohamed Abduh et Jamal al-Din al-Afghani (1849-1905) 96
8. 2. 3. 3. Boutros al Boustani (1819-1883) 96
8. 2. 3. 4. Beshara Takla et Saleem Takla (1849-1892)96
8. 2. 3. 5. Jorge Zeydan (1861-1914) 96
8. 2. 4. Réformismes musulmans .................................................................................................. 96
8. 2. 4. 1. « al-Islâh » « al-tajdîd » 97
8. 2. 5. Aux origines des réformismes ........................................................................................... 97
8. 2. 5. 1. Ibn Taymiyya (1263-1328) 97
8. 2. 5. 2. Muhammad b. ‘Abd Al-Wahhâb (1703-1792) 97
8. 2. 5. 3. Jamaleldin al Afghani (1838-1897) 98
8. 2. 5. 4. Mohammed Rachid Redha (1865-1935) 98
8. 4. Conclusion ...................................................................................................................... 99
9. Table des matières 100
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