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« La bande dessinée et les garçons » Audrey Cantin
Québec français, n° 148, 2008, p. 60-61.
[…] Voici les facteurs qui définissent la popularité d'une série ou d'un album de bande dessinée:
• La vérité psychologique du héros que le recours au magique n'occulte pas ; le héros peut jouir, à
l'occasion, d'une force surhumaine, mais il peut aussi, à d'autres moments, être vulnérable et
faible. Bref, il est vraiment incarné.
• La présence continue du comique qui fait référence à la culture du jeu, où plusieurs auteurs
établissent ce lien important entre les garçons et le jeu.
• La clarté, la vraisemblance (et non le réalisme) des images et l'impression d'une continuité dans
le décor ainsi qu'un texte généralement économe (bref) et toujours efficace, c'est-à-dire qu'il livre
le plus possible en évitant le superflu encombrant, à l'exception des albums de « Tintin », que
malgré de longues narrations, les jeunes apprécient tout autant. […]
Caractéristiques de la BD
Serge Tisseron différencie la bande dessinée des autres médias visuels par trois caractéristiques
qu'il considère comme essentielles :
• l'immobilité des cases permet au lecteur de les regarder, de les lire aussi longtemps qu'il le
souhaite ;
• l'intérieur des cases, chaque forme – les éléments du décor, les personnages et ou le texte - est
réunie aux autres par un trait précis qui en délimite les contours ;
• les espaces blancs entre les cases incitent constamment le lecteur à imaginer les actions
absentes, mais dont la compréhension est essentielle à la suite narrative.
« L’ABC de la BD du QC » Jean-François Caron Lettres québécoises : la revue de l'actualité littéraire, n° 142, 2011, p. 13-16.
« La bande dessinée (dite brièvement la BD) est un art à part entière. Un art spécifique, avec
ses lois, son langage, ses univers particuliers. On l’appelle le neuvième art. Neuvième, c’est-à-
dire le plus jeune, le plus récent. Art de l’image et du verbe, la bande dessinée n’est ni un art
visuel ni de la littérature. »
Mira Falardeau, Histoire de la bande dessinée au Québec
C’est un beau roman
Si vous entendez parler de la bande dessinée pour adulte, ça vous dit quoi ? Le réflexe le plus
répandu est de s’imaginer une BD pornographique. Pourtant, les connaisseurs vous le diront :
ça n’a rien à voir. Au Québec, et les proportions seraient équivalentes à l’étranger selon
Frédéric Gauthier, c’est 85 % de toutes les bandes dessinées qui seraient destinées aux
adultes — pas au sens où elles montrent des scènes de sexualité explicite, mais plutôt parce
qu’elles présenteraient des thématiques qui intéressent un public mature.
L’appellation « roman graphique » serait justement née, au milieu des années quatre-vingt-dix,
du besoin de clarifier la situation. Gauthier explique: «C’est pratique pour ne pas avoir à
justifier que c’est de la BD pour adulte qui n’est pas pornographique. » Cette nouvelle
nomenclature aurait aussi permis de briser le moule de la bande dessinée telle que nous la
connaissions alors, de sortir de la formule qui a longtemps dominé le marché — cet album à
couverture cartonnée, en couleurs, contenant 48 pages, comme les Tintin, Astérix et
compagnie. Cette nouvelle vision du livre graphique aura permis de se concentrer sur un objet
littéraire et de produire des œuvres de plus de 100 pages. Un format beaucoup plus près du
roman, présenté en noir et blanc à l’époque, est d’ailleurs apparu au cours des années quatre-
vingt-dix.
[…]
Des sujets délicats
Elle n’est pas toujours jojo, la BD. Il suffit de jeter un œil à la production récente pour voir que
les auteurs arrivent à traiter sérieusement de sujets particulièrement difficiles… Les médias
ont eu faim de La fille invisible (Glénat Québec), cette BD scénarisée par Émilie Villeneuve et
dessinée par Julie Rocheleau qui traite de l’anorexie. Que dire de Tuer Vélasquez (Glénat
Québec), cette œuvre de Philippe Girard qui met en scène un prêtre pédophile pour montrer
comment un manipulateur abuse de ses victimes? Les jeunes éditions Pow Pow (créées en
novembre 2010) se démarquaient déjà à la fin de l’année dernière avec la publication
d’Apnée, de Zviane, qui aborde la question certainement délicate de la dépression. […]
Source: http://ybocquel.free.fr/1__histoire_bd.html
Auteur: Yves Bocquel, Professeur- documentaliste
Bref historique de la BD
Certains ont fait remonter les origines de la bande dessinée à Lascaux, aux fresques égyptiennes ou à la
tapisserie de Bayeux. Sans aller si loin, on considère que les premières associations de texte et d'images
pouvant être qualifiées de bandes dessinées datent du début du 19e siècle avec les oeuvres de Rodolphe
Topffer.
Ce dernier a conscience de créer un mode d'expression nouveau et va donner une première définition de
la B.D. : « [Elle] est d'une nature mixte et se compose d'une série de dessins au trait, chacun de ces
dessins est accompagné d'une ou deux lignes de texte.
Le dessin sans ce texte n'aurait qu'une signification
obscure ; le texte sans le dessin ne signifierait rien. »
A comparer avec les définitions du type de celles que
l'on trouve dans la plupart des dictionnaires : « récit
fait d'images dessinées à l'intérieur desquelles figure
un texte composé principalement de commentaires et
de dialogues », et qui paraissent un peu courtes.
D'après elles, par exemple, une B.D. sans texte (il y en
a beaucoup) n'en serait plus une.
Pour ma part, celle-ci, qui est de Scott Mac Cloud, me
semble plus pertinente : « images picturales et autres,
volontairement juxtaposées en séquences, destinées à
transmettre des informations et/ou à provoquer une
réaction esthétique chez le lecteur ».
En France, le dessinateur Christophe crée dans les
années 1890 la famille Fenouillard, le sapeur
Camembert, le savant Cosinus, en gardant toujours ce principe du texte illustré par une image (d'où le
nom d'« illustrés »). Il découvre et utilise, largement avant le cinéma qui n'est pas encore né, de
nombreux cadrages comme les plans américains et moyens, le travelling, le panoramique, la plongée, la
caméra subjective... Bref, il commence à construire le langage graphique.
Extrait d'une bande de Topffer
Bandes dessinées de Christophe
C’est au USA que la B.D. éclate et se répand vraiment, surtout grâce à la presse (les
journaux américains se font concurrence dans ce domaine, elle s’adresse donc plus aux
adultes qu’aux enfants) : en 1896, The Yellow Kid est la première série publiée et connaît
un énorme succès. C'est dans cette B.D. que l'on voit pour la première fois apparaître les
ballons (ou bulles, ou phylactères). C'est aussi la première série à héros de la B.D.
La bande dessinée américaine va ensuite se développer dans les « comic books », petits
fascicules d'une trentaine de pages. Superman naît en 1938.
En Europe, c’est surtout dans les revues pour enfants que la B.D. se développe, et ce timidement car ces
journaux sont très conservateurs. La série Zig et Puce d'Alain Saint-Ogan, qui débute en 1925, est la
première à n'utiliser que les bulles pour faire s'exprimer les personnages : la présence de texte sous
l'image faisait en effet plus sérieux et les éditeurs hésitaient à laisser les auteurs s'en passer.
Dans les années 1930, la bande dessinée américaine envahit la France avec un énorme succès : elle est
vive, nerveuse, pleine d'action, malgré les traductions qui atténuent ses aspects trop hardis, voire
censurent textes et dessins (n'oublions pas que dans son pays d'origine elle s'adressait essentiellement
aux adultes). Les productions françaises, trop mièvres, sont pour la plupart balayées.
Appellations variées et diverses:
Jusqu’à la fin des années 50, on parle d’«illustrés». Ce dernier terme apparaît vraiment dans
les années 1940 et viendrait des États-Unis (de l'anglais « comic strip »), où beaucoup de gags
en une bande, comme celui de Calvin et Hobbes ci-dessous, étaient publiés dans la presse.
On parle aussi de « figuration narrative » ou d' « art séquentiel ». En France, il tarde à
s’implanter. Les dessinateurs y travaillent par planche et non par bande.
Le terme «9e art» apparait autour des années 60.
«comics» aux États-Unis (parce que les premières B.D. étaient toutes comiques);
«historieta» en Espagne (qui signifie «petite histoire»);
«fumetti» en Italie (qui signifie «petites fumées» (en raison des ballons));
«manga» au Japon: «man» qui signifie «imprécision, légèreté» et «ga» qui signifie «esquisse,
illustration.»
Calvin et Hobbes, de Bill Watterson (c) Editions Hors-Collection
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