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1
Le groupe 2017 entouré des amis du Campement Solidaire de Baribsi.
Coline à la pharmacie de M. Bouda.
RDV en page 9.
Klervi et Alassane en pleine séance de
rééducation, en page 10.
Marie biberonne à l’orphelinat. Elle vous
raconte son expé-rience en page 10.
Des éléphants et des crocos grandeur nature, en pages 2 et 3.
Visite guidée de l’Hôpital de l’Amitié, en page 3.
Maxime et Salam nous accueillent au Campe-
ment Solidaire de Baribsi en page 6.
Le Pays des hommes intègres… et
les femmes.
Elles marchent, elles portent, elles enfantent, elles éduquent, elles subissent, elles se bat-tent, se regroupent pour être plus fortes, pour se faire entendre, pour faire valoir leurs droits,
pour plus de dignité.
Au Burkina-Faso (le pays des hommes in-tègres, en langue mooré), le combat des femmes est âpre et quotidien. Le poids des traditions, le manque d’éducation pèsent lour-
dement sur leurs épaules.
Cette constatation a été le point de départ d’une réflexion commencée à Koudougou par Coline, Klervi, Laëtitia, Lina, Marie, Nathalie et poursuivie à notre retour au lycée par plu-sieurs classes. Quelle est la place de la femme aujourd’hui dans la société française, quels sont les combats menés, parfois depuis des siècles, par les aînées ? Quels profits et quels enseignements garçons et filles de notre lycée en retirent-ils ? Reste-t-il beaucoup de chemin à parcourir avant l’égalité au travail, dans le couple, entre amis ou dans la vie so-
ciale ?
Beaucoup de questions, peu de réponses posi-tives. Quelques éléments tout de même, per-mettent de rester optimiste. Au Burkina comme en France, le combat quotidien de certaines femmes atténue peu à peu les disparités entre
les sexes.
Lire notre article en p.7
Laëtitia surprise pendant sa séance de muscu. Avec Lina
elles nous retrouvent en
pages 4 et 5.
Les animatrices
de l’UGF/CDN de
Réo mènent un
combat difficile
contre le SIDA et
toutes les tradi-
tions qui permet-
tent à la maladie
de se propager.
Quel statut pour les femmes chez les hommes in-
tègres, ? Des éléments de
réponse page 7.
2
Attention
Éléphants ! La route est longue pour descendre de la capitale vers la ville de Pô. Après le repas pris dans cette dernière ville avant la frontière avec le Ghana, elle semble encore plus longue car si jusque là nous avons roulé sur un goudron très correct, nous voici cahotant sur 40 km de piste partiellement défon-cée. Secoués, ballottés, compressés sur les sièges inconfor-tables du taxi brousse d’Abdoulaye, nous arrivons enfin, à la nuit, au campement du ranch de Nazinga, une réserve ani-
malière.
Nous déchargeons le véhicule, nous installons dans les cases/bungalows avant de savourer un bon repas qui nous fera oublier la fatigue de la route. 22h, extinction des feux
dans le restaurant et tout le campement. Nous rejoignons
nos cases à la lumière de nos lampes torches.
Aux premières lueurs de l’aube, nous sommes debout. Si nous voulons voir des animaux, il faut les surprendre avant
que la chaleur ne s’installe.
Un véhicule 4x4 nous attend pour nous conduire sur la piste des éléphants, cobes de Buffon, phacochères et autres. Et peu importe si nous ne voyons que des éléphants car nous
sommes là surtout pour eux.
Installés pour moitié dans l’habitacle du 4x4, pour moitié
2 cobes de Buffon aux premières heures du
matin.
sur le toit, nous démarrons. Nous oublions vite la frai-cheur matinale car les rencontres s’enchainent avec la faune locale : une femelle cobe de Buffon et son petit, un galop d’hippotraques fuyant à l’approche du 4x4, un petit calao au plumage bleu et bec rouge, un grand calao, majestueux, plumage noir et bec oranger, une troupe de babouins détalant dans toutes les directions à notre ap-proche. Un peu plus loin, deux phacochères fouillent le sol de leurs défenses à la recherche de racines et, enfin,
les voilà, paissant paisiblement au bord de la route. Les éléphants ! Quelque peu dissimulés par les hautes herbes, nous les distinguons tout de même parfaitement du toit du véhicule. Notre présence ne trouble pas leur repas et à condition de rester à bonne distance, nous ne
nous mettrons pas en danger.
De retour au campement, pendant le petit déjeuner, de
l’autre côté du marigot, 4 éléphants adultes viennent se désaltérer. C’est bien plus sympa que de manger devant
la télé !
Un patas peu farouche se laisse photographier avant, lassé, de s’en aller jouer les stars devant d’autres touristes.
Première rencontre tant atten-due avec les éléphants.
Des pan-neaux comme l’on en voit rare-ment en France...
De retour au campement, nous retrouvons les élé-
phants au bord du marigot où ils vont longuement se
désaltérer.
3
Les sacrés
crocos
De sabou
Sabou est une petite ville à 30 mn de route de Koudou-
gou où, comme en pèlerinage, nous allons rencontrer les
crocodiles sacrés. Ils sont un peu moins de 200 spécimens à nager dans les eaux du marigot, parfois au milieu des pê-
cheurs, ou à se prélasser sur les berges.
La légende locale veut qu’un crocodile ait, jadis, sauvé de la déshydratation un membre de la communauté de pêcheurs
vivant à proximité.
Depuis, tout croyant animiste peut venir faire l’offrande d’un poulet à l’un des crocos qui exaucera une prière
(reconquête de l’être aimé, guérison de maladie…).
Pour nous, il s’agit surtout d’approcher ces carnassiers et de frissonner en les regardant déchiqueter le pauvre pou-
let sacrifié pour notre plaisir (sadique) de touriste.
Aujourd’hui, la mare de Sabou n’est plus fréquentée uni-quement par les touristes blancs. Elle attire de plus en plus de familles des environs cherchant à se distraire les
dimanches après-midi.
Les crocos de Sabou ne sont pas prêts de mourir de
faim !
Equipement
rudimentaire
des chambres.
Laëtitia et
Lina aident
Yves-Alain
à reposition-
ner un bles-
sé sur son
lit.
Grâce à notre ami Yves-Alain, infirmier anesthésiste du ser-
vice de chirurgie, nous avons pu visiter quelques services
(chirurgie, pédiatrie, maternité) de l’hôpital de l’Amitié.
D’emblée, c’est le manque de moyens qui saute aux yeux :
du mobilier « France-au-revoir » (mobilier déclassé en
France et récupéré en Afrique) partout. Rien de neuf, no-
tamment le bloc chirurgical où Yves-Alain nous fait entrer
entre 2 désinfections. Néanmoins, les équipes font un travail
formidable auprès des centaines de patients de la région
soignés ici.
A qui le poulet ?
A moi !
Non, ch’est
pour moi !
M’en fiche,
même pas
faim !
Touchez cette peau comme elle est rugueuse !
Tant que ce n’est pas pour en faire un sac à main !!!
4
Pendant ses 2 semaines de stage, Lina s’est rendue chaque jour à la caserne des pompiers de Koudougou. Dans l’interview qui suit, elle nous raconte ce qui l’a mar-quée lors de cette expérience. Pourquoi es-tu venue au Burkina Faso ?
J'ai décidé de participer au séjour 2017 afin de découvrir le Burki-na Faso, une nouvelle culture et un mode de vie différents. Ce séjour humanitaire m'a permis de le découvrir, tout en apportant mon aide à la population.
Pourquoi as-tu choisi d'effectuer ton stage chez les Pom-piers ?
La caserne de Pompiers était le lieu qui se rapprochait le plus de mon projet professionnel.
Quelles sont les principales différences que tu as remar-quées entre la France et le Burkina ?
Pendant ces journées de stages, j'ai constaté que malgré l'impor-tant manque de matériels , les Sapeurs Pompiers s'adaptent aux différentes situations qu'ils rencontrent lors d'interventions.
Peux-tu nous raconter une de tes journées chez les Pom-piers ?
Ma journée commençait à 8h00, par de l'observation pendant l'ap-pel de la relève, suivie d'une heure de sport, qui pouvait à tout moment être interrompue par l'alarme annonçant une intervention. Il m'est souvent arrivé ensuite d'apporter mon aide à Eulalie, à la cuisine de la caserne. Je quittais mon lieu de stage à 12h00 pour reprendre à 15h00, par les cours de secourisme, suivis de hand-ball. Ma journée se terminait à 17h30 environ.
Raconte-nous une intervention qui t'a marquée. Durant mon stage il n'y a pas eu de grosse intervention, nous avons été appelés surtout pour des accidents de la circulation concernant en grande majorité des scooters ainsi que des ma-laises dus à la chaleur.
Qu'est-ce que ce stage va t'apporter dans ta future vie professionnelle ?
Une capacité d'adaptation, une ouverture d’esprit.
ETHIQUE DU POMPIER
Je ne veux connaître Ni ta philosophie Ni ta religion Ni ta tendance politique Peu importe que tu sois Jeune ou vieux Riche ou pauvre Burkinabè ou étranger Si je me permets de te demander Quelle est ta peine ? Ce n'est pas par indiscrétion Mais bien pour mieux t'aider Quand tu m'appelles, J'accours Mais assure-toi de m'avoir alerté par les voies les plus rapides et les plus sûres Les minutes d'attente, Te paraîtront longues, très longues Dans ta détresse Pardonne mon apparente lenteur.
GENERAL CASO
Laëtitia et
Lina au
garde à vous
à l’entrée de
la caserne.
En
intervention
On prend la
pose avec les
sapeurs de
service.
5
Pendant mon stage j'ai souhaité faire une garde de nuit. J'ai demandé au commandant Bazongo si cela était possible et il m'a répondu par l’affirmative. On a donc échangé pour se mettre d'accord sur les horaires et le jour. J’ai finalement effectué ma garde du mardi 14 février à 19 heures au mercredi 15 février à 8 heures. Le gîte et le couvert A mon arrivée à la caserne, je n'ai pas encore mangé. Je demande s’il est possible de grignoter un petit quelque chose et un pompier me sert une assiette de riz sauce. Je n'aime pas tellement cela je ne fais pas la difficile je mange. Ce soir, tous les pompiers de service sont as-sis sous le hangar devant le match PSG – Barcelone. Je le regarde avec eux et je peux vous dire que le spectacle est autant dans l’assistance que sur le ter-rain. La plupart sont pour le PSG qui finit par gagner 4 à 0 ! Après le repas une stagiaire pompier de Koudougou m'accompagne jusqu'à l’infirmerie pour me montrer le lit où je pourrai me reposer. Elle me dit qu'elle veillera sur moi cette nuit et aussi qu'elle n’était pas de garde ce soir mais qu’elle s’est proposée pour que je ne me sente pas seule. Trop sympa ! Il me fallait un drap pour le matelas et une couverture. Comme je n'étais pas au courant je n’en fais pas un drame ; je dormirai sans. Je n’aurai de toute façon pas froid, il fait 30°. Sorties de nuit Cette nuit, il y a deux interventions : deux malaises, vers 21 heures et 22 heures. La première victime est consciente. Elle respire bien mais elle est agitée. Nous la prenons en charge et la conduisons à l’hôpital de l’Amitié. La deuxième victime est inconsciente à notre arrivée. Nous la déposons sur le brancard, remontons dans l’ambulance et fonçons à nouveau vers l’hôpital. Généralement, pendant les nuits de garde, aucun pom-pier ne dort. Dans l’attente des sorties, ils s'occupent
en regardant la télé, en écoutant de la musique, en bavardant autour d’un café, d’un thé, en jouant aux cartes ou aux dames… Trop bien, j’y retourne Au matin, nous retrouvons à l’appel les pompiers de jour qui arrivent prendre leur service pendant que ceux de nuit rentrent chez eux se reposer. Pour ma part, bonne surprise ! Abdoulaye, de bon ma-tin, est là pour me récupérer et me ramener à l’hôtel. J’y prends mon petit déjeuner avec le reste du groupe… et comme cette nuit, il n y a eu que 2 inter-ventions à des heures pas trop avancées, je ne suis donc pas fatiguée. Une fois restaurée et douchée, je repars avec Lina à la caserne dès 8 heures pour ma dernière matinée de stage. Cette expérience à la Caserne m' a beaucoup apporté. J’ai constaté que même avec leurs faibles moyens, ils sont toujours très dévoués, motivés, courageux pour aider la population dans un rayon de 150 km ! Ce stage, m'a permis d'ouvrir les yeux sur mon orienta-tion professionnelle : je serai pompier !
Laëtitia
Laëtitia reçoit son attestation de stage des mains du Com-
mandant Bazongo.
6
7 cases, une cuisine, un bar, une paillotte, douches et toilettes à l’africaine. En payant notre séjour dans ce Campement solidaire
créé en 2004, nous permettons à la population de réaliser des projets collectifs.
2005 : mise en place d’un
service de repas à midi.
Cela a boosté le recrute-
ment : 84 élèves en 2004,
plus de 400 aujourd’hui.
2006 : création d’un potager à l’école.
Entretenu par les enfants, les légumes
apportent un plus au repas de midi,
généralement constitué de céréales.
2009 : construction de latrines, toujours à l’école.
2010 : construction d’une 5ème salle de
classe et d’un bureau de direction.
2011 : construction d’une 6ème salle de
classe. L’école représente désormais tous les
niveaux, du CP1 au CM2. Elle est normalisée.
2014 : construction d’un bâtiment accueillant une plate-forme multifonctionnelle destinée à moudre les grains et supprimer la corvée de
pilage.
Découvrir les
baobabs sacrés.
Tirer de l’eau au
forage.
Découvrir le chaos
rocheux de Péla..
Fêter des anniversaires. Faire un don au
dispensaire de Kindi.
7
Lorsque l’on pénètre dans une concession (cour intérieure
d’une habitation) burkinabè, on y voit généralement une ou plu-
sieurs femmes affairées à la préparation du tô (repas tradition-
nel national) ou du dolo (bière locale). Si la cour est déserte,
c’est qu’elles sont sorties pour l’épuisante corvée d’eau ou de
bois afin de cuire le repas. Elles peuvent marcher jusqu’à 20 km
avant de recueillir tout ce dont elles ont besoin.
Un monde d’hommes
Ainsi, les femmes pilent le grain, préparent le tô, jamais les
hommes. Mais seul un homme, ou un garçon, peut accéder au
grenier à mil pour prélever la quantité nécessaire au repas.
Telle est la tradition au Burkina-Faso. La tradition pèse égale-
ment sur l’accès à la terre. C’est l’homme qui transmet la mé-
moire du foncier. Si une femme devait y accéder, cette mémoire
disparaîtrait. On ne saurait plus à quel lignage appartient telle
ou telle parcelle car en raison de son statut une femme ne peut
permettre de remonter les généalogies.
Autre exemple très parlant, donné par l’anthropologue Fran-
çoise Héritier, constaté chez les Samo, une ethnie burkinabè à
la fin des années 1950 : « une mère donnait tout de suite la
tétée à son enfant si c'était un petit garçon, alors qu'elle le
faisait attendre si c'était une petite fille. Elles expliquaient cela
par le fait que les garçons […] peuvent se mettre en colère, et
c'est dangereux pour leur vie, donc il faut les satisfaire tout de
suite. Au contraire, les filles devront attendre toute leur vie et
ne jamais être satisfaites, donc autant le leur apprendre dès
l'enfance » (http://bf.15actionjuste.free.fr/15heritier.htm).
D’autres pratiques, très violentes, existent toujours. Dans le
journal Le Monde daté du 19 août 2016, on y découvre un ar-
ticle sur le rapt des petites écolières. « Cette pratique consiste à
enlever une jeune fille vierge à sa famille et la mettre enceinte
pour forcer un mariage, explique Kamimana Singbeogo, direc-
teur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation
de Fada N’Gourma. C’est un acte barbare aux conséquences
terribles sur les plans psychologique, physique et social. »
Pas d’instruction, pas de travail
Au début des années 2000, les revenus des femmes attei-
gnaient 75% de celui des hommes au Ghana, 51% au Nigeria,
45% au Mozambique et… 23% au Burkina.
Cette disparité entre sexes provoque des effets néfastes poten-
tiels sur la croissance durable et sur la baisse de la pauvreté.
L’accès à l’éducation, à l’emploi et à un revenu devrait per-
mettre aux femmes d’influer sur la prise de décisions du mé-
nage en affectant les dépenses à des besoins essentiels (santé,
éducation des enfants…) or 70% des femmes burkinabè sont
encore analphabètes, surtout en milieu rural. C’est ce que nous
constatons lors de nos séjours à Baribsi, en pleine brousse : à
l’école primaire, l’effectif des garçons est bien plus important
que celui des filles. Difficile pour elles, dans ces conditions, plus
tard, de contracter le moindre prêt à la banque. On comprend
mieux pourquoi la création d’emplois, notamment féminins, est
le principal objectif du nouveau Président burkinabè.
Ce Dwane Nye (l’union fait la force)
Pour affronter ces conditions de vie difficiles et ces inégalités,
beaucoup de femmes s’unissent au sein de groupements. Nous
travaillons ainsi depuis près de 20 ans avec l’UGF/CDN (Union
des Groupements Féminins/Ce Dwane Nyee) créé par la regret-
tée Jacqueline Bassolet. Depuis 1978 jusqu’à sa mort, en 2008,
cette ancienne fonctionnaire de l’administration a œuvré pour
permettre aux femmes de vivre dans la dignité. Aujourd’hui,
elles sont plus de 4 000 et leurs activités sont florissantes
(alphabétisation, séchage de fruits et légumes, fabrication de
beurre de karité, campagnes de prévention contre le SIDA…).
De nombreux groupements de ce type ont vu le jour au Burkina
et travaillent à faire évoluer, petit à petit, les esprits.
Et en France ?
Aucun pays au monde n’a atteint la pleine parité entre les
sexes. Si elle tendent à se réduire en France, avec un pourcen-
tage d’étudiantes (56 %) ou une espérance de vie (85,4 ans
contre 79,3) supérieurs à celui des garçons, les salaires demeu-
rent inférieurs de près de 20 %. Les emplois à temps partiel
sont plus fréquents pour les femmes (1 241 000 heures contre
471 800), la pauvreté les touche davantage (8,4 % contre 7,7
%), les tâches ménagères (3h26 contre 2 h/jour) leur incombent
encore bien souvent, 80 % d’entre elles sont confrontées au
sexisme ordinaire au travail et seulement 29 % sont ingé-
nieures.
Et au lycée Sainte Marie ?
Cette année scolaire 2016/2017, les élèves de 2de ont participé
à un temps fort de théâtre-forum sur le thème de la disparité
hommes/femmes et nos filles de CAP2 ont travaillé sur les
combats menés par leurs aînées. Elles ont ainsi pu mesurer à
qui elles doivent leur statut de jeunes femmes dans la France
du XXIè siècle. Une place enviée par beaucoup de femmes
burkinabè mais que de chemin encore à parcourir.
8
Quel voyage... Que de riches moments... Que d'émotions... Je n'aurai pas assez de quelques lignes pour exprimer tous les moments intenses et merveilleux vécus durant notre séjour à Kou-dougou. C'est pourquoi, j'ai décidé de parler de L'Association BEOGO BIGA qui vient en aide aux enfants défavorisés.
Inoubliable ! Cette soirée restera inoubliable pour moi ainsi que pour les élèves, mon dieu quel accueil... Une petite vingtaine d'enfants filles et garçons de 5 à 18 ans nous attendaient dans cette petite cour qui leur sert de point de ren-contre, de refuge pour certains. Cette Association du nom de Béogo Biga (L’Enfant de demain) est gérée sur place par Dao et Armand mais également par Chris-tine et Philippe professeurs au Lycée Sainte Marie de Plouigneau.
Béogo Biga est soutenue financièrement grâce à des actions réa-lisées par les élèves du lycée et des parrainages. Certains sont en famille d’accueil, d'autres vivent dans leurs fa-milles mais sont en situation précaire, d'autres sont orphelins et vivent dans la cour comme ils l'appellent à l'abri des tourments de la vie de rue. Et malgré cela c'est en chantant et en nous communiquant une joie de vivre incroyable que tous ces enfants nous ont accueillis dans leur cour. Après s'être tous présentés, en nous donnant leurs noms, leur âge et dit en quelle classe ils sont et leur moyenne scolaire, c'est au son du djembé qu'ils ont chanté pour nous souhaiter la bienve-nue.
« Comment tu t'appelles ? » Puis c'est avec la chanson « Comment tu t'appelles ? » que nous nous sommes présentés à notre tour. Quatre filles toujours accompagnées au djembé ont chanté et fait une démonstration de danses africaines, et c'est tout naturelle-ment qu'elles sont venues nous chercher et que nous avons
voir rire ces enfants que les tourments de la vie n'ont pas épargnés. « Courage et Travail » sont deux mots qui revenaient sou-vent durant l’assemblée. Je peux vous dire que du courage ils en ont à revendre et que bien travailler à l'école est l'une de leurs priorités afin, un jour, de pouvoir obtenir un di-plôme qui leur permettra d’ensoleiller un peu plus leur vie.
Respect ! Je tiens à témoigner à Armand et à Dao mon plus grand respect pour l'aide et l'affection qu'ils apportent au quotidien à tous ces enfants. Ah ! Dao, ce grand gaillard de plus d'1,80 m et 90 Kg envi-ron qui m'a fait penser à un nounours à la guimauve, impo-sant par sa stature de géant au cœur tendre ! Encore Bravo et Félicitation pour votre travail accompli au-près de ces enfants.
Nathalie
fini nous aussi au milieu de la piste à nous déhancher et chanter du mieux que nous pouvions. Quel grand moment de partage…
Comptes et projets Ah, bien sûr après tous ces bons moments, les choses sérieuses ont repris car nous étions aussi là pour parler de l'association et de ses activités durant l'année passée. Place donc aux comptes et aux projets futurs pour ces enfants. Subvenir aux besoins alimentaires, vestimentaires et sco-laires de ces enfants est l'une des priorités de l'associa-tion. C'est pourquoi lorsque nous leur avons offert vête-ments, chaussures, livres, dictionnaires que nous avions apportés ce fut à nouveau la fête. Et c'était reparti pour danses et chansons au son du djembé. Quelle belle leçon de vie que d'entendre et de
Comme à chacun de nos
passages depuis 2005,
l’association Les Amis de
Plou-Dougou (de PLOUi-
gneau et kouDOUGOU) a
remis aux enfants de Beogo
Biga des fournitures sco-
laires, des vêtements et la
somme de 760 €.
9
Durant mon voyage au Burkina, j’ai souhaité effectuer mon
stage en pharmacie. Depuis quelques années, les officines se
multiplient à Koudougou et c’est dans l’une des plus anciennes
que j’ai passé une semaine. Elle porte le nom de Zoodo et a été
fondée par le docteur pharmacien Moussa Bouda.
Mr Bouda m’a dirigée vers le magasin de l’officine où j’ai pu
découvrir le métier de magasinier. J’ai commencé par ensacher
des gants en latex par paquets de 10, destinés à l’hôpital de
l’Amitié. Une matinée, ça va mais j’ai répété cette opération
fastidieuse pendant 2 jours !
Heureusement que le magasinier en chef m’a confié un peu de
saisie de commandes sur ordi. Ça a rompu un peu mon rythme
hyper répétitif.
Les jours suivants, le Dr. Bouda m’a orientée en vente. J’ai
rapidement constaté que les pharmacies avaient un rôle très
commercial. J’y ai rencontré quelques difficultés dues à la bar-
rière de la langue car repérer tous les noms de médicaments
en langue locale, pas facile. J’ai rapidement appris des mots
comme yelkabé (y’a pas de problème), ou barka (merci) mais
constater le mauvais état des lits des enfants. Mes différentes
actions réalisées en France (loto, papier cadeaux, marché de
Noël…) m’ont permis de financer la fabrication de 10 lits pour
l’orphelinat Wend Raabo où j’ai rejoint Marie en stage.
Jean-Baptiste, un ami éducateur travaillant au Centre d’Action
Sociale de Koudougou, nous a mis en relation avec un soudeur
pour fabriquer les lits. La deuxième semaine de notre séjour,
nous avons réceptionné les lits à l’orphelinat. Un grand mo-
ment !
Coline
les noms de médicaments ! En tout cas, mes essais de pro-
nonciation ont beaucoup fait rire le personnel et les clients !
Assez rapidement au cours de mes quelques journées d’ap-
prentie pharmacienne, je me suis rendue compte que ce métier
n’était finalement pas une voie professionnelle faite pour moi.
Malgré le très bon accueil et la sympathie du personnel j’ai dé-
cidé de quitter ce lieu de stage pour intégrer l’orphelinat la
2ème semaine du voyage.
L’orphelinat était également un lieu de stage qui m’attirait. Lors
du diaporama des anciens élèves, en avril 2015, j’avais pu
Visite chez le soudeur pendant la fabrication des lits. Cela
fait quelque chose d’assister à l’aboutissement d’un projet!
Coline en pleine saisie des commandes de médicaments.
Ça change un peu de l’ensachage de gants...
Réception des 10 nouveaux lits financés par Coline.
Y’a d’la joie !
10
Pendant 2 semaines, j'ai été en stage à l'orphelinat de Wend
Raabo à Koudougou, où les enfants de 0 à 6 ans m'ont fait dé-
couvrir leur bouille d'ange et leur mode de vie.
Des enfants aux destins douloureux
L’orphelinat accueillait en février 46 enfants pour une capacité
d’accueil de 50. La plupart de ces enfants arrivent à la suite du
décès de leur mère, souvent au moment de les mettre au
monde (le décès pendant l’accouchement est la 1ère cause de
mortalité des femmes au Burkina), comme cela a été le cas pen-
dant mon séjour. La structure a pris en charge un petit prématu-
ré de 7 mois
Au boulot !
J'ai participé aux différentes tâches, sous l’œil bienveillant des
auxiliaires et des animatrices de la structure : aller chercher de
l'eau au puits, distribuer le goûter, préparer et servir les repas.
Cela a été l’occasion de constater qu’ici on n’utilise pas de cou-
verts. On mange avec les doigts, les enfants tous assis par terre
autour du récipient. J'ai également participé aux changes, aux
bains.
Tout est si différent de chez nous !
Par exemple, à l’orphelinat, il n'y a pas de couche jetable
comme chez nous. Un simple bout de tissu tenu par une ficelle
fait l'affaire. Les bains se font à la chaîne ; lavage, essuyage de
l'enfant, application de beurre de karité et habillage. Pour les
vêtements, pas de code couleur, pas de genre, pas de discrimi-
nation : un garçon peut très bien porter un short rose.
Dons en nature
A la fin de mon stage nous avons déposé plusieurs cartons de
livres, de vêtements, de matériel de puériculture, ainsi que de
médicaments achetés à Koudougou en fonction des besoins les
plus urgents et pathologies les plus courantes.
Rires et sourires
Les adieux ont été déchirants car je me suis beaucoup attachée
aux enfants. Jamais je n'oublierai toutes ces journées où ils ne
me lâchaient pas, leurs sourires, leurs rires, avec leurs bouilles
d'enfants heureux, avec pourtant pas grand chose pour vivre.
Je les ai quittés en espérant les revoir lors d'un prochain séjour.
Marie ♥
Pour Ma-
rie, la jour-
née com-
mence par
la corvée
d’eau.
Le mo-
ment de la
collation
de 10 h est
toujours
très atten-
du.
Après la
douche,
Marie
sèche les
enfants,
Nathalie
les habille
L’apprentissage de
la propreté passe
par la séance du
pot. Ici, c’est Marie.
qui s’y colle.
11
J’ai souhaité faire mon stage au centre de rééducation Yik’n kéné (Lève
-toi et marche !) à environ 5 min de notre l’hôtel.
Le premier jour je n’étais pas vraiment rassurée… mais le personnel
m’a accueillie à bras ouverts et m’a mise à l’aise. Esther, une aide-
soignante, m’a fait visiter les locaux et m’a présentée les différents
membres du personnel. Ils avaient hâte de m’apprendre quelques
techniques de massage et de manipulation.
Une fois fait le tour des locaux et du personnel, Esther m’a laissée
prendre mes marques. J’ai décidé d’aller voir les enfants qui jouaient.
Sur mon chemin, j’en ai croisé un marchant à l’aide d’un
« déambulateur » fait de matériaux de récupération. Il portait des
attelles qui lui arrivaient jusqu’en haut des cuisses. Sa mère n’était pas
très loin. Elle m’a demandé de venir vers elle. Elle ne parlait que
quelques mots de français, alors au début, le dialogue n’a pas été très
facile… mais au bout d’un moment on se comprenait beaucoup mieux
par des signes. Elle me raconta que son fils s’appelait Alfred et que son
état résultait de séquelles du paludisme. Pendant que nous discutions,
Alfred et les enfants se rapprochaient de moi, intrigués. Une petite fille
s’est assise à mes côtés, m’a pris la main et a comparé notre couleur
de peau. C’était un moment à la fois émouvant et drôle.
Je me suis ensuite rendue dans la salle des massages. Une petite fille
se faisait masser et n’avait pas du tout l’air d’apprécier. Elle était para-
lysée des deux jambes suite à un accident qu’elle a eu bébé. Les mas-
sages avaient pour but de stimuler les muscles et réactiver la circula-
tion sanguine. Un membre du personnel m’expliqua que cette petite
fille suivrait 15 séances de massage avant de recevoir des attelles pour
remarcher.
Tout au long de mon stage j’ai suivi Alfred. Je l’ai aidé à marcher entre
les barres parallèles. Puis un jour André, le prothésiste, m’a demandé
de l’amener dans la salle de consultation. Il m’a demandé de lui enle-
ver ses attelles actuelles pour de nouvelles, fabriquées par nous
quelques heures avant. Le meilleur moment arriva : Alfred m’a pris les
mains et m’a fait comprendre qu’il voulait marcher avec moi. Je l’ai
donc aidé à faire ses premiers pas sans le soutien des barres parallèles.
Il me regardait, le sourire jusqu’aux oreilles. Sa mère riait. André ap-
plaudissait. C’était vraiment un moment fort en émotions qui restera
gravé.
Ce fut un stage inoubliable. J’y ai appris beaucoup sur la vie et le suivi
des malades dans un pays en développement où, si les moyens man-
quent souvent, l’énergie et le savoir-faire des soignants sont grands.
Klervi est reçue
au centre de
rééducation par
M. Simplice
YILI, le kiné en
chef de la struc-
ture.
C’est l’occasion
de lui remettre
quelques dons
de matériels.
Klervi assiste à la séance de rééducation d’une petite
fille souffrant de séquelles de la méningite.
Equipé de ses nouvelles orthèses, Alfred suit Klervi
vers l’espace de rééducation à la marche.
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Comme chaque année depuis 2008, nous nous rendons sur un site d’orpaillage dans la province du Sanguié. Quelque soit le
site visité, c’est toujours la même émotion qui nous étreint devant les conditions extrêmes dans lesquelles vivent et creusent
ces chercheurs d’or, bien souvent au péril de leur vie. Sur ces sites sauvages, où l’on fouille la terre en toute illégalité, la prosti-
tution et des traditions d’un autre âge favorisent la propagation des MST, le SIDA en tête.
Cette année encore, nous avons suivi les animateurs et animatrices du groupement de femmes UGF/CDN, basé à Réo, sur un
site aurifère où ils et elles mènent, dans le bruit infernal des concasseurs, de difficiles réunions de prévention.
Compte rendu en photos.
Arrivée sur le site, dans le bruit infernal des con-casseurs. Les orpailleurs vivent dans des abris de
fortune et dans une absence totale d’hygiène..
Le site est organisé comme une mini ville. On peut y jouer au baby foot, recharger son télé-
phone, acheter des unités, à manger...
Des enfants sont chargés du ravitaillement en eau, élé-
ment précieux pour laver la
terre et les pierres aurifères.
La séance de prévention débute. Nous serons, en fin de réunion, entourés d’une centaine de
personnes.
Bépio harangue la foule en s’égosillant. Les
gens écoutent attentivement.
Démonstration de l’utilisation d’un pré-
servatif sur un
manche de marteau.
Bayomé, le successeur de Jacqueline Bas-solet à la tête de l’UGF/CDN, donne au res-ponsable du site une partie des 5 000 pré-
servatifs collectés en France par Nathalie.
Pas facile de distribuer les pré-servatifs. Ils sont parfois arra-
chés de la main du donneur.
Comme tous les ans, nous remettons à Bayomé un don
de 100 000 CFA (150 €) pour
continuer la campagne de
prévention.
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Ce séjour qu'aucune de nous n’oubliera, intense en émotions, riche de nombreuses marques de reconnais-sances, n'aurait pas eu le même impact sur la population et les différentes associations que nous avons aidées du-rant notre séjour sans les aides reçues avant notre départ, qu’elles soient financières ou matérielles.
Nous tenons donc encore à vous dire en mooré : Barka woussogo (merci beaucoup). Merci
Aux entreprises ignaciennes : - Jaouen Fréres. - Plombellec. - B2.M.H - Le Guillerm J.Jacques.
Aux Magasins: - Intersport St Martin des Champs. - Géant Morlaix.
pour leur accueil durant les fêtes de Fin d'Année (Paquets cadeaux). À :
- L'entreprise Légumes Bio Poder de Mespaul . - Super U de St-Pol-de-Léon. - S.D.I.S.S. de Brest.
À - La famille MADEC pour leur don annuel depuis de nombreuses années. - à tous les parrains de Beogo Biga et autres nombreux donateurs.
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