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Jean-Pierre van Staëvel. Cuadernos de Madinat al-Zahra [año 2004, Número 5]. Actas de las IV Jornadas de Madinat al-Zahra : Nuevas investigaciones sobre el Califato de Córdoba. [Revista de difusión científica del Conjunto Arqueológico Madinat al-Zahra]
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CuaderRosdeMadlnatal -Zahrá'
Vol. 5
Córdob a, 2004
CTJADERI{OS DE MADiNAT AL-ZAI]RÁ'
Cuadernos de Madinat a|-ZahraRevista de difusión científica del Conjunto Arqueo.lógico Madrnat al-Zahra
CONSEJO DE REDACCIÓN(Miembros de ia Comisión Técnica de Madinat al-Zahra)
Presidente: D. JESÚS ROMERo BENÍTEZDirectur Genera/ d¿ Biene.¡ Calnrales
Vocales: D." MERCEDES MUDARRA BARRERODe/egada Prorjrcia/ le Ca/ttra rJe Cít'daba
D. ANTONTO VALLEJO TRTANODirrtor del Con.funto Arquealígico Madjrat dl Z¿br¿
D. MANUEL ACIÉN ALMANSAUniru':idad de rtIálaga
D." CARMEN BARCELÓ TORRESL,ttt. n)J¿J J. \ L/.ttri¡
D." JULIA CARABAZA BRAVOUú¡w¡irlad d¿ ,\eúllt
D.JUAN STRRANO MUÑOZArquitecta
COMITÉ ASESOR
D. PATRICE CRESSIERCa:a de Vlázqrcz
D. CHRIST]AN E\rERTIrntituta Arqaeolígico A lenún
D. PIERRE GUICHARDtJnit,ersidad ¿tt llon IID. ESTEBAN HERNÁNDEZ BERMEJODirector delJardín Batánico rk Córdoba
D, M,'ANTONIA ]\4ARTíNEZ NUNEZUniursidal le lIálaga
D. ALASTAIR NORTHEDGEUniuersi¿lad de Parí: ID. VÍCTOR PÉREZ ESCOLANOfl n irer.¡ i tlad de S eú / la
O Junta de Andalucía. Consejcría dc Cultura
(c) Los autores
Imprenta San Pablo, S. L. - Córdoba
Sor Ángela de Ia Cruz, 1 2 - Teléfir¡o 951 283 106
ISSN:1119-9996
Depósito Legal: CO. 1.64412004
SUMARIO
. ESTUDIOS
EDUARDO MANZANO MORENOEl círculct de pocler de los califas ornelas cle Córclaha Pág. 9
JEAN-PIERRE VAN STAÉVELPrítoir jzgaler, bátir : droit de la cr¡nslruclian et institarians
judiciairu ) Cordoae rJurant le í'lX' si¿cle Pág. 3L
MOHAMED MEOUAKMadinat al-Zabm' en las fuentes árabu del occidente i¡láttica Pág. 53
BRUNA SORAVIAUne bistaire de la f.rna. Aurariré er lígitirnirí dan:
le tuIutpaltis d'Ibn Hayan Pág. 81
MANIIELA MARÍNA/tos fancionarios para e/ ca/ifa: jueces 1 otras cargos de la
Adntinisnación cle'Al¡d al-Rabntan III Pá9.97
M.' ANTONIA MARTÍNEZ NÚÑEZ.MANUEL ACIÉN ATMANSALa epi¡1rafra de Madinar al-Zabra' Pá9. I07
SOLANGE ORYL' ep i grap b i e umayy ade s ya - pa / e s t i n i enne Pás.159
CARMEN BARCETÓ
El cíJin andalusi de "praaincias" durante el Califato(3a0_403t9j2_10j3) pá9. t73
ANTONTO VALLEJO TRTANO,ALBERTO MONTEJO CÓRDOBA,ANDRÉS GARCÍA CORTÉS
Resa/tados preliminares de /a interaenciín art¡aeo/ígica en /a
"Ca:a de Ya'far" 1 en el ecliJicia cle "Patio cle los Pilaru"de X[adinat al-Zahra' Pá9. I99
PATRICE CRESSIER,
MOURAD RAMMAHS¿bra al-A4ansariya : [Jne autre aille caltfale Pág.241
JUAN F. MURILLO REDONDO,MARÍA TERESA CASAL GARCÍA,ELENA CASTRO DEL RÍOMadinat Qar¡aba. Aproxinaciín al procesa de forntaciín de la
ciudad emiral 1 califal a patir de la información arquealógica Pág. 217
VICENTE SALVATIERRALa instauraciín clel Califato en el AIra Gaadalqaiuir Pá5. 291
PEDRO GURRIARÁN DAZAHacia una canstrucción del poder. Las prácticas edi/icias
en la periferia andalusi duranre el Califaro Pág. 297
ALBERTO CANTO GARCÍAEl dinar en al-Andalas en el sigla X Pás.327
CAROLINA DOMÉNECH BELDALa rnaneda farimí 1 sa relaciín con al-Andalus Pág. 339
PATRICE CRESSIER
Histarias de capiteles: ¿Hubo talleres califales pratincialesi' Pá9. 751
TILO ULBERTResafa en Siria. Una residencia califal de los últimrts onteyas en )riente Pá9. 377
BERNABÉ CABAÑERO SUBIZA,VALERO HERRERA ONTAÑÓNLa tecbu¡nbre de la ampliación de al-Hakan II rJe la mezqaita aljama
d¿ Círdoba. Análisi: tícnico 1 estulio forxul de sa policrarnía Pá9. 391
SABINE NOACK.HALEYLos capireles de la hlezt¡aita de Madinar al-Zaltra' Pág. 4I3
MARIANNE BARRUCANDLe prentier clécor arcltitectural fatimide en Egypte Pág. 445
PIERRE GUICHARDCanc/usions Pág.463
. CRÓNICA DEL CONJUNTO
ANTONIO VALLEJO TRIANO,
JOSÉ ESCUDERO ARANDACrínica del Conlanto, añas 1998-2003 Pág. 47 I
ESTIJDIOS
ACTAS DE LAS IV JORNADAS DE MADINAT AL-ZAHRÁ':Nuevas investigaciones sobre eI Califato de Córdoba
Córdoba, 10-12 Noviembre 2003
PREVOIR, JUGULER, BATIR : DROIT DE LACONSTRUCTION ETCORDOUE DURANT
INSTITUTIONS JUDICIAIRESLE 4EIXE SIi]CLE
A
JEAN-PIERRE VAN STAEVELUniuersité Paris lV-Sorbonne, UMR n" )618
nÉsuuÉ
Larticle propose une analyse de quelques-unes
des régles de droit que I'on peut rencontrer dans
la littérature juridique málikite á propos de litigesinhérents á la construction et an voisinage immé-diat dans la Cordoue du 4"/X" siécle, en discutantdes apports et des limites de ce type de documen-tation á notre connaissance tant de I'habitat urbainque des modalités de régulation des conflits de ce
type par Ies magistratures urbaines, et de préciser
la nature des moyens dont se sont alors dotés les
juristes du temps pour édicter la norme juridiqueet ia rendre efTective.
Mots clefs
Cordoue ; urbanisme ; construcrion ; droit mu-sulman ; normes ;pratique judiciaire ; preuve ; ex-
pertise judiciaire.
ABSTRACT
This articie carries out an analysis of some ju-dicial issues that one comes across in the judicial
máliki licterarure about construction and vicinitydisputes in Cordoba in che 4'r'lX''' century. It dis-
cusses the contribution and the limics of this kindof documents to our knowledge of the urban hou-
sing and the mode of regulation of these conllictsused by the urban magistrats, as it tries to clarifythe very natllre of the means given to the jurists ofthis period to enact the rules.
Key words
Cordoba; urbanism; construction; islamic law;
rules; judicial practice; proof; judicial expertise.
J a question des institutions établies par le ré-
I-lgime politique umayyade durant l'époqueémi¡ale puis califale a reEu ces derniéres années
un éclairage nouveau avec la publication des tra-
vaux de Muhammad 'Abd al-\r7ahháb Halláf et
de Christian Müllerr. Ces études, centrées sur Ies
magistratures en charge des affaires urbaines et
notamment les institutions judiciaires, religieuses
)1
oll politiques, font slrite aL1 travail qu'a consacré
Pedro Chalmeta, il y a tolrt jlrste trente ans á pré-
sent, au ,rihib al-saq et á la prév6té du marché en
al-Andah-rsr. Outre le remarquable effort de leurs
deux auteurs pour bien séparer les sphéres de juri-diction respectives de ces différentes magistratures,
telles qu'elles apparaissent notamment au travers
des cas d'espéce conservés dans les Abkitn du juriste
Abu l-Asbag 'Isá Ibn Sahl (m. 48611093),I'analyseque fait Christian Müller de l'appareil judiciaire
cordouan durant le l'lXI' siécle met égalementen lumiére le fait que des systémes judiciaires dif-férents, celui du cadi (qádi), le juge religieux, et
celui des juridictions gouvernementales, reposent
tous deux sur Lrne méme tradition légale , celle de
la doctrine málikite. C'est de ce corplls normatifdu málikisme andalou, tel qu'il intervient dans la
question complexe de ia gestion, par ces mémes
autorités judiciaires et plus particuliérement par
I'office de la judicature, des espaces Lrrbains et des
litiges inhérents á la construction, qu'il sela ques-
tion, pour Cordoue durant le 4'lX' siécle , dans Ies
quelques réflexions qui suiventt. Par cette notionde " gestion ", á laquelle il conviendrait plutót de
substituer celle, ph-rs nuancée, de " régulation ",j'entends caractériser ici, au travers de la phase
d'url¡anisation sans précédent que connait Cordoue
durant cette période, les modalités d'applicationd'un droit de la constri-rction clont on sait, depuis le
travail pionnier de Brunschvig en la matiére, c¡-r'il
s'agit avant tout cl'Lrn ensemble de normes centrées
su¡ les rapports cle voisinage immédiat'. Diverses
études, pour 1'essentiel menées par des arcl-iitectes,
ont proposé depuis, en partant de I'exploitation(directe or-r non) de ces textes de droit, des éléments
de modélisation de l'évolution du tissu urbain des
villes d'un monde arabe perEu comme . tradition-nel " : leurs auteurs mettent en avant des " princi-pes > et des " régles > polu expliquer les mécanis-
mes qr-ri assurent la prodr-rction et la reproductiondes structures matérielles des vilies dr-r monde arabe
médiéval;. Si I'analyse proprement architecturale et
urbanistique qui est faite de ces mécanismes (par
exempie les conséquences sur Ie plan du báti des
mouvements d'expansion, de saturation, etc., tel-les c¡-r'elles sont défrnies parJavier García-Bellido),parait suggestive á plus d'un titre, il n'en faut pas
moins souligner que l'exploitation qui est faite
32
dans ces travalrx des sources juridiques demeure
fort sommaire. Le risque est grand en effet, á tropvouloir réclui¡e des avis jr-rridiques nombreux et
souvent contradictoires entre eux ) un ensemble de
grands " principes ", d'essentialiser ) nouveau les
modalités cle l'évolution des villes du monde a¡abe
mécliéval, et par conséquent d'en revenir, par un jeu
de balancement historiographique assez paradoxal
de prime abord, ) un discours de nature compléte-ment anhistorique, qr-re la ph-rpart des chercheurs
s'efforcent ) présent de ne plus reproduire, no-tamment depr-ris qr-re la perception occidentale dusyst¿me normatif des pays de l'Islam médiér'al a
fait l'objet d'une sérieuse rrmise en question de lapart de Baber Johansen, \Vael Hallaq et d'autres
historiens du droit musulmant'. D'autre part, iIne s'agit pas non plus, dans le cadre de cette pre-miére et modeste approche, de mettre en évidence,
en partant des sources juridiques, les " intentionscitadines o censées expliquer sur le plan social ces
mémes mécanismes prodr-rcteurs du tissu urbain,comme l'a tenté Ch¡istine Mazzoli-Guintard dans
Lrn ouvrage récemment publiér. Les études que jeviens de citer ne prennent pas en compte la dimen-sion normative de ces régles, c'est-á-dire qu'elles ne
proposent pas d'éléments d'analyse des conditionsde leur production et de leur application, cluestion
-on en conviendra polutant- de toute premiéreimportance dés lors qu'il s'agit d'essayer de mesu-
rer l'effectivité d'un tel systéme de régulation des
conllits. De ce fait, la tentation est grande pour les
auteurs en question de réduire ce corplrs de nor-mes á une série de " principes , invariants relevantuniquement du social, et non du juridique : c'est
la conclusion, assez paradoxale de prime abord, álaquelle parvient notamment Christine Mazzoh-Guintard, lorsqu'elle argue que ces normes ne sont
autres que des régles . tacites ", appliquées dans
le cadre du voisinages. Au risque par conséquent
d'étre taxée de lecture par trop " juridiste ", l'ap-proche dont je propose ici quelques linéaments est
difÍérente, puisqu'elle étudie Ies ouvrages en ques-
tion pour ce qu'ils sont, c'est-¿-dire des sources de
droit que 1'historien se doit donc de comprendre et
d'analyser comme telles avant méme de voir ce qui,dans ces textes, reléve bien sür aussi de Ia pratiquesociale. Je m'en tiendrai donc pour ma part, dans
cette présentation, á une lecture un peu générale, á
la fois juridique et historique, de ces livres de droitmálikite, sans prétendre aucunement aller au-delá
-pour le moment du moins- du contenu normatifqu'ils nous fournissente.
1. UNE TRADITIONJURIDIQUE ENFRAGMENTS
Quoiqu'á l'évidence fascinant du point de vue
du développement de Cordoue durant cette pério-
de, le ,l'lX' siécle n'est cependanr pas le terrain le
plus facile pour l'l-iistorien travaillant sur Ies textesjuridiques. Linventaire (non exhaustif) des sources
qui ont été consr-rltées ponctuellement dans le ca-
dre de cette premiére approche donne une idée )la fois de la pauvreté relative du corpus -eu égard
) f importance du moment, et á l'activité dans le
domaine légal- et de son hétérogénéité. On pos-
séde ainsi, olrtre Lln traité de juridiction du mar-
ché avec Ia Risala rt A¿ab al-hisba u'a-l-mahtasib
d'Ibn 'Abd al-Ra'uf (Cordoue, premiére moitié du4'lX" si¿cle)l'), un formulaire d'actes notariés, le
Kirnb a/-Wat¿'iq d'Ibn al-'Attár (m. 3991I009)tt,des ouvrages doctrinaux, comme les Usu/ a/-fu-tya d'lbn Flárit al-Hufini (m. 37Il98l)t2,Ie Kitáb
al-Qadá' bi-l-rnarJiq fi al-mabanz ua-naJi al-darar dtjuriste tudélan Ibn al-Imám al-Tutili (m. 180/!90ot 3861996)'r, ou le Muntahab al-abkam d'IbnAbt Zamantn (m. 399l1008)La. On ajoutera á ces
sources disparates l'édition partielle des Ahkatt a/-kabrV d'Ibn Sahl (m. 48611093) dont le texte, bienque centré sur le 5"/XI" siécle, consigne néanmoins
de copieux extraits des Abkam d'Ibn Ziyád (Cor-
doue, m. 3L21924) et, bien que dans une moin-dre mesure, des X[.asV'il d'Ibn Zarb (Cordoue, m.
38ll99l)tt. On ajoutera enfin á ces ouvrages les
informations éparses, conservées sous forme de cas
d'espéce isolés, qui sont slrsceptibies de nous étre
fournies par les compilations tardives de juristes
maghrébins de I'époque postalmohade, comme leCánti' al-fatVuu d'al-Bvzuli (Kairouan, Tunis, m.
84111438) ou Ie Mi'1tár d'a1-\TanSarisi (Tlemcen,
Fés, m. 9l4llt0ü16.On peut, une fois énumérés les divers compo-
sants de ce corpus -auquel on ajoutera pollr faire
bonne mesu¡e tous les autres ouvrages de nature
historique qui perme ttent de mettre e n évidence, au
détour d'anecdotes ponctuelles, le fonctionnement
des institucions en charge de la chose urbaine-, en
souligner Ies limites, les lacunes. A .o--"n."t pu,
l'impossibilité dans laquelle nous nous trolrvons, en
l'état actuel de la documentation, de faire ressortir
au travers de ces textes juridiques les étapes de la
croissance urbaine et donc de contextualiser précisé-
ment en temps et lieu les nombreux problémes in-hérents á la construction et ar-r voisinage immédiatque génbre celle-ci tour au long du ,i"/X" siécle. La
relative rareté des cas conservés, outre qu'elle pose
avec une acuité toute particuliére la question de la
représentativité des cas d'espéces ainsi sélectionnés(ceux-ci sont-ils emblématiques des situations juri-diques qu'ils servent á illustrer, ou relévent-ils de la
catéÉlorie du rare, voire de l'exceptionnel ?), impose
également la prise en compte d'un temps long afin
de mieux appréhender la nature de tels litiges et
leur traitement par les autorités : ainsi qr-re je l'aidit plus haut, le texte d'Ibn Sahl, tel qu'il nous est
accessible aujourd'hui gráce á l'édition (trés) par-
tielle de 'Abd al-Wahheb Halhf, conserve pour1'essentiel des cas datant soit du 5'IXI'siécle, c'est-
á-dire du vivant de l'auteur, soit antérieurs á I'an-
née 3121924, date du décés d'Ibn Ziyád, I'auteurdes Ahkat¡z; de ce fatt, Ia claire distinction -pour-tant combien souhaitable- entre, par exemple, la
période qui précéde la construction de Madinatal-Zahrá' et celle qui voit l'urbanisation atteindre
son extension maximale entre Cordoue et la nou-
velle cité palatine, n'est guére envisageable pour
f instant. On ajoutera á ces problémes intrinséques
d'autres lacunes qui caractérisent la documentationjuridique concernée, comme l'absence de toute ré-
férence normative explicite concernant, d'une ma-
niére ou d'une autre. Madinat al-Zahrá't- . Dans le
méme ordre d'idées, ii reste encore aujor-rrd'hui ex-
trémement difficile, faute d'une analyse minutieuse
des sources disponibles, de cerner certains des fon-
dements juridiqr-res pourtant les plus essentieis á
notre compréhension des modaiités de 1'expansion
urbaine du 4'lX' siécle, á savoir ceux concernanr
Ies mécanismes d'appropriation du sol: qu'en est-
il par exemple du statut des terres ainsi mises en
valei-rr dans le cadre de l'expansion " occidentale "de la ville, en direction de la nouvelle résidence
princiére ? Ce mouvement d'urbanisation s'inscrit-il dans le cadre d'une politique de vivification de
terres < mortes " ou s'appuie-t-il sur I'existence de
t1
contrats emphythéotiques, marquant une situationde dissociation des droits de la propriété du sol sur
lequel on construit ? Et qu'en est-il, d'une maniére
plus générale, des formes juridiques prises par les
politiques de patronage du développement urbain
de ce¡tains quartiers satellites, dont les chroniques
notamment nous ont gardé le souvenir ténur8 ? La
question de la propriété de la terre demeure, on levoit, pour cette époc1ue, une inconnue de taille, quigréve lourdement notre perception du phénoméne
de 1'expansion de la Cordoue de l'époque califale.
Partant de ces prémisses, la reconstitutiond'aprés les textes juridiques de quelques-uns des
traits propres ) la ville durant le 4'lX' siécle res-
seml¡ie á s'y méprendre, du point de vue du droit,á l'image souvent évoc1uée du puzzle dont bien des
piéces seraient manquantes. Lépoque est pourtantcapitale en ce domaine, puisque c'est alors qu'aché-
ve de se constituer la doctrine málikite de haute
époque ; en ce qui concerne le droit de la cons-
truction et les rapporcs de voisinage immédiat, Ies
ouvrages composés ) I'époque assimilent déj) une
tradition antérieure marquée par Ia rédaction, dés
le 3'lIX' siécle, de textes (ou plus exactement de
chapitres) spécifrquement dédiés á cette qlrestion.
Ainsi ie Muntabab al-ahkam d'Ibn Abi Zamantnparait intégrer de maniére préférentielle la matiére
contenlre dans le .. Liare [ou, plus exactement, le
Clcapitre) du Mur ,, (Kitab al-C¡dar) de 'Isá b. Dinár(Toléde, Cordoue, m. 2121821), dont on sait par
le juriste cordouan Muhammad b. 'Attáb (m.
46211069) qu'il faisait partie intégrante du grand
ceuvre de ce juriste, Ie Kitab a/-Har/i1,1a1e. En l'étatactuel de la recherche, il semble toutefois que lepremier olrvrage entiérement consacré á ces ques-
tions de construction qui nous ait été conse¡vé soitIe Kitáb al-Qadá' bi-l-nnrJiq Ji al-wabán7 u,a-nart a/-darar ow . Liare du jttgenrent {ea faaeur} du bon usage
en rnaÍiDre tle con¡truction et de la pro.scription du préju-
dice " d'Il¡n al-Imám, membre d'une familie d'émi-nents juristes de Tr-rdela, dans la Marche supérieure
d'al-Andalus. Louvrage -dont les circonstances de
la composition restent encore en grande partie á
éclaircir20 constitue Lln témoignage assez excep-
tionnel qui rassemble toute la doctrine málikite en
la matiére, selon trois voies de transmission privilé-giees : I'our rage précédemment cité de Tsa b. Drnar.
Ie Kitáb al-Cidar; le chapitre de Ia construction,
34
dans le Kitih al-llauaúr wa-l-ilyVüt d'lbn AbtZayd (Kairor-ran, m. 3861996)" ; le Kitnb al-Qadá'
fi al-bunyán (.6¡ " Litre lou Cbal:¡itrel du jugentent {en
ltatiire] de constntction ") enfin, écrit par le juriste
égyptien 'Abd Aliáh b. 'Abd al-Hakam (Fr-rstLr¡-
Misr, m. 2L41829), disciple d'Ibn al-Qásim, une fi-gure éminente du málikisme primitif". Lexistence
d'r,rn ouvrage entiérement constitué de cas d'espéce
relevant de la construction et cles rapports de voi-sinage immédiat souligne sans doute la pertinence
de ce théme spéciÉque dans I'effort de réflexion ju-ridique qui est mené par les juristes d'al-Andalusen lien direct (mais selon quelles modalités ?) avec
l'essor url¡ain qui caractérise alors Ia capitale du ca-
lifat Lrmayyade.
2. DE QUELQUES Ri]GLES, ET DE LEURNÉCESSAIRE CONTEXTUALISATION
Espace de temps privilégié oü fusionnent, com-me en témoigne Ie Kitáb al-Qada' d'Ibn al-Imám,les héritages doctrinaux de provenance diverse, le
4"/X" si¿cle consrirue é¡¡alement le terme d'une
étape importante dans I'histoire du droit máliki¡e :
c'est alors en eflet qu'achéve de cristalliser la masse
doctrinale sr-rr laquelle se fondent jr-rges et juristes de
cette obédience. Il s'agit donc d'un moment idéale-
ment propice á I'observation des principes qui ten-dent alors á se dégager, en mati¿re de mitoyenneté,
d'articulation entre espace privé et espace public,d'appropriation des biens-fonds i 1'échelle du voisi-nage. Ces régles peuvent ét¡e ramenées á de¡-rx idées
principales. Le point nodal de toute 1'organisation
d¡l savoir juridique de haute époqr-re sur la cluestion
des rapports de voisinage immédiat réside tout en-
tier dans l'économie de l'usage du bien ; ainsi laprééminence de la propriété individuelle -émana-tion de ce que Manuel Acién nomme de maniére si
heureuse dans plusieurs de ses travaux l'" hégémo-
nie du privé ", en tant que notion qui contribuefortement á sttucturer sur le plan idéologiqr-re Ia
o formation sociale islamique o'l- est-elle avant
tout envisagée sous la forme d'une propriété utile(tnanfa'a) qui procure á son bénéficiaire la jouis-
sance du bien envisagé, d'oü I'importance prise par
l'idée d'une possession active dans les mécanismes
de I'appropriation en clroit málikite2''. La prise en
compte du dommage (¡/arar) causé á autrui dans le
cadre de l'exercice indü de ce droit de propriété,
du n mésusage " justement, vient tempérer pro-gressivement au long dr-r 3'lIX" siécle cette nettepreÉminrnce de l initiltive privée2 . L'in¡erclicrion
du préjndice (nafi al-darar) qui en découle et qu'on
a souvent assimilée, dans les études qui ont été con-
sacrées au rapport entre droit et organisation des
espaces habités, i un principe uniqur structurantl'ensemble du dispositif normatif élaboré par les
jurisconsultes:6, n'apparait donc dans le discoursjuridique qlle comme un effet de cette conceptionparticuliére clui entoure Ia propriété ( utile , dans
la doctrine máiikite de haute époque. Dés ¿rvant la
fin de i'époque émirale á Cordor,re, la notion de pré-judice , désormais bien intégrée d¿rns la matiére ju-
ridique, est partollt présente, notamment dans les
cas d'espéces rapportés par Ibn Sahl, qr-r'il s'agisse
de conllits de mitoyenneté concernant des murs2r,
des canalisations ou des écoulements d'eau". de
nuisances affectant la mosquée ou ses espaces atte-nantste, de sources variées de dommage survenantdans un contexte périurbain ou ruralj0. Il en est de
méme pour certains modéles d'actes notariés que
consigne lbn al-'Attár dans son ouvrage et quiprennent la forme d'un constat du préjr-rdice causé
) la personne qui en demande la rédaction. On pos-
séde ainsi deux exemples d'* acte de réserve " ('ac1d
istir'i'), par lequel les témoins instrumentaires at-testent de 1'existence d'un fait dommageable dont,pour des r¿risons Iiées généralement au statut social
de f initiateur du préjudice, le plaignant ne peut oune veut contester dar-rs f immédiat et publiqr-remenr
la licéitérr. Dans I'un de ces de ux cas conservés dans
Ies Va4á'iq du notaire cordouan, les témoins recon-
naissent ainsi qu'
" Un Tel s'est présenté devant eux et leur
a raconté que Tel autre avait éievé á son
détriment, dans ia maison contiglré á la sienne
par tei cóté, sise en la capitale, Cordoue, dans
tel faubourg, dans le qlrartier de telle mosqr-rée,
les limites de ces deux maisons étant telles et
telles pour chacun de leurs cótés, un canon de
goutti¿re (tnizab) qui débouche slrr sa demeure.
Il I'a installé au niveau du toit de la piéce c¡-ri se
ttouve de tel cóté, et évaclre par 1) I'ear-r pluvia-le de son toit dans le patio de la maison [d'UnTel], oü elle stagne. "ir
En sollicitant la rédaction d'un te I acte, la per-
sonne en question vient se prémunir contfe rolrte
tentative d'acquisition par prescription décennale
de la source de préjuclice par son promoteur, ses
descendants ou le fr-Ltur acquérer-rr de lil maison, si
lui-méme ne peut porter plainte durant la période
envisagée. Ibn al-'Attár indique cl'ailleurs qu'ilexistait á son époque d'autres motifs de rédaction
de ces constats, tels la construction de latrines(mirbAó ou I'écoulement cl'eau (fiurn! nú') aux dé-
pens du voisinagejj. Et de mentionner un cas sem-
blable, concernant cette fois l'établissement dans
une ville d'al-Anda1us, sans qu'il soit en l'occi-rrren-
ce expressément question de Cordoue- d'un pointde vr-re (i¡ülA') aménagé par un puissant personnage
(da qudra), " détenteur olr non d'une magistrature(.hulta) ' , ou d'une construction éievée par 1'autorité
(sultin), au détriment d'une maison dont Ie propié-
taire est trop faible pour s'y opposer:
" Un Tel a fait établir Lrne ¿rttest¿rtion de ré-
serve et de réclamation pour abus de droit, ldé-clarantl que Tel autre (...) a élevé, du fait de
son ascendant et de son rang, une piéce haute
Qrrfr) qui surplombe la demeure [d'Un Tel],depuis tant cl'années, qu'il y a ouvert une porte
ou plusieurs, depuis lesquelles il a vue sur lepatio de celle-ci, sise dans telle ville, en telendroit, ou bien qu'il a construit sur le muroriental ou occidental de lladite] maison -dontles limites sont telles et telles- en f imposant
arbitrairement {á son voisin] et en abusant de
sa position clominante. [Un Tel] n'a pu s'en dé-
fendre, ni n'a trouvé possibilité de s'y opposer,
compte te nu de sa situation. Ii a gardé le sile nce
sllr tout ceci, dr-i f¿rit de l'autorité {dont jouic]
l'autre, et non parce qu'il a consenti á ce que
ce dernier construise au-dessus lde sa maison]
et lui nuise ainsi, jusqu') ce qu'il lui soit pos-
sible de faire valoir son droit et de trouver funmagistrat disposé] ) se pencher sur cet abus de
pouvoir. Par conséquent, il a demandé [aux té-
moins instrumentaires de rédiger] une attesta-
tion de réserve, en Ieur clemandant d'en garder
le secret, de per-rr du dommage et du préjudice
lqui pourrait résulter de sa divulgationl, afin
qu'il puisse le cas échéant le leur demander,
l5
lorsqu'il lui sera possible de plaider en justice,
si Dieu Tout-puissant le veut. , j'i
On notera par ailleurs, dans le corplrs jurispru-
dentiel réduit et dispar,rte qui nous est accessible
en l'état actr-rel de la documentation, la place consi-
dérable acco¡dée aux litiges variés ayant pour objet
l'évacuation des eaux usées, tl-réme dont l'impor-tance se trouve par ailleurs particuli¿rement bien
corroborée par les découvertes archéologiques de
ces derniéres années en mati¿re de réseaux d'as-
sainissement domesticlueit. On conserve ainsi une
discussion, datant de Ia frn du 3"/IX" ou du débr-rt
du 4'lX'siécle, á propos du caractére ancien ou non
d'une canalisation aboutissant ) des jardins'Á. Unautre récit concerne, pour la méme période, une
inspection diligentée par les autorités judiciaires
dans le cimetiére dit de Ámir. á propos d'autres
canalisations qui déversent en ce lieu les eaux usées
de maisons et d'un hammámt-. La situation est
connlre, nous dit le narrateur, depuis I'année 241
(soit 859-860), mais la qr-restion du dommage ainsi
occasionné n'est téellement soulevée que soixan-
re-trois ans plus tard, soit en 308 (920-92I): Ies
structures hydranliques enfouies font alors peser,
selon le document qu' Ibn Lubába 6. 3111926)
rédige á l'attention de l'émir 'Abd al-Rahmán III,Lrn grave préjudice tant slrr la nécropole que sur la
route qui longe celle-cirs. Le probléme se pose alors
de savoir s'i1 est possible d'intervenir pour faire ces-
ser ce dommage manifestement ancien, alors que
nul ne s'en est plaint durant tout ce tempsre. Dans
Lrne alrtre affaire, datant probablement lá encore
des premiéres décennies du 4"/X" siécle, une cana-
Iisation prend son origine dans la maison apparte-
nant á deux femmes, puis passe soLrs une ¡artie de
la maison du voisin -un dénommé Asbag-, avant
de déboucher, toujours dans celle-ci, á l'air libre
et d'aller se jeter dans un fossé (handaq) situé non
loin de lá. Por-rr protester contre cet état de fait,
Asbag obture ladite canalisation ) son débouché,
provoquant le reflux des eaux usées dans la maison
des deux femmes, et celles-ci de porter plainte. Les
juristes consultés considérent que si le propriétaire
de la seconde maison n'a pas d'argument á oppo-
ser au témoignage produit par ceux qui ont mené
I'inspection in situ et c1ui, par Iá méme, contribuent
7(¡
á entériner la situation initiale, il devra cesser de
porter ainsi préjudice á ses voisines''O.
Quant aux voies de circulation, leur statut jLiri-
dique est le sujet, dans le coLlrant du 3'lIX'siécle,de maintes controverses entre juristes málikites,dont on rrolrve un précieux état dans le Kitab al-
Qadá'd'Ibn al-Imám'r. De ces débats parfois vifs
se dégage toutefois une image asscz nette de lafagon dont le milieu judiciaire málikite en Occi-
dent musulman considére, au tolrrnant des 3'/IX'er ,1"/X" siécles. la rue. Assimilable á un " bien sans
maitre ", celle-ci ne peut étre l'objet d'une appro-
priation ni donner lieu ) une possession privative,méme ) titre temporaire ; relevant d'une catégorie
d'" espace utile ", elle est ainsi affectée á l'usage et
au bénéfice (wanfa'a) des meml¡res de la commu-nauté enti¿re des Croyants. On sait que, lorsque les
droits concurrentiels des passants sur la rue et des
riverains su lesJina'-s -ces ( espaces d'usage préfé-
rentiel " qui la bordent- ne peuvent étre conciliés,
et que l'usage des uns en vient i étre menacé par
celui, abusif, des autres, cadis et muftis málikitesse prononcent idéalement pour la démolition de
la constmction empiétant sur la voie publique. Le
XIi'yár d'al-\ü7aníarisi nous a conservé le souvenir
d'un tel cas, qr-ri fait I'objet d'une consultation ju-ridique du juriste et cadi de Cordoue Ibn Zarb (m.
381t99r) :
On questionna Ibn Zarb au sujet d'une cana-
lisation ) ciel ouvert (qanit wakítfa), bordée
d'un trottoir (ra¡7fl, qui se trouvait dans une
rr-re fréc¡-rentée (zaqáq nntkk¡. Leau y courait
et les habitants des rues alentour y passaient,
sans qLr'alrclrne béte s'y füt jamais blessée, ou
qr,re quelqu'un s'en trouvát jamais incommodé,
et ce jusqu'au moment oü Ies riverains se mi-rent á construire des boutiques (hauanit), des
échoppes GawVbTt) et des banquettes (masátib).
Lorsque Ia rue se réduisit au trottoir, ils couvri-rent la canalisation, cette opération empéchant
clorénavant l'évacuation de l'eau dans Ies deux
conduits de celle-ci (banilatay al-qanát). Si bien
que {la rue] devint un cloaque oir tombaientbétes et passants. -Tu donneras ordre, répon-
dit-il, á ceux dont tu acceptes le témoignage
de véri6er ll'état de] la canalisation [á présent]
recouverte, de I'empiétement sur la rue et du
préjudice [ainsi] causé. Une fois I'état des lieuxd¡essé et confirmé devant toi, tu adresseras Lrne
premiére sommation aux constructeurs {deces aménagements]. S'ils n'excipent d'aucunmoyen de défense, tu orclonneras la démolitiondes empiétements sur la rue, la mise au jour
de la canalisation et sa remise en l'état, tellequ'elle était ar-rparavant. Si Dieu le veuta2 !
Dans le méme temps, on sait que, générale-
ment, une telle condamnation de l'empiétementsur la voie publiclue dépend de I'estimation du pré-judice car-rsé ce faisant par les riverains all passage
des hommes et des bétes, et qlre les juristes procé-
dent souvent par ajustement ponctuel, en essayant
de concilier, lorsclue cela est possible, les droics
d'usage des uns et des autres sur l'espace commun.Cette prise en compte de l'aléa et l'ajustement alrx
circonstances de la décision du juriste ou du juge
qui en resultent, sont exprimés avec une admira-ble concision dans une opinion du grand juriste
de Kairouan Il¡n Al¡l Zayd"), tout comme elle se
trouve avancée par l'un des membres de la frnz cor-douanc. Mrrhamma.l b. Galib (m. 295 t)08). quis'appuie sur l'autorité du savant égyptien Asbag(m. 2211840) selon laquelle on ne démolira pas
I'empiétement réalisé aux dépens de la voie pr-rbli-
que, si celle-ci est sufhsamment Iarge ; Ie cadi doitalors choisir en fonction de ce qu'il estime étre lameiller-rre solutionll. Ce statut de " bien sans mai-tre ), reconnu á la rue par la grande majorité des
docteurs málikites des premiers siécles, est cepen-
dant concutrencé ¿rlors á Cordoue par une autre opi-nion qui, trés n-rarginale, assimile le bien communá un bien de mainmorte. On en veut pour preuve
cet extrait de Ia Rinla d Ibn 'Abd al-Ra'üf :
On doit empécher quiconqr-re voudrait s'appro-prier une portion ldes habous] pour son usage
personnel, s'en octroyer le [profit] exclusif, ou
bien les détourner de leur destination premié-
re, comme c'est Ie cas pollr Ies routes (tilruq),
Les JinV'-s, les ¡¡randes art¿res (mal2á'i"g) et les
terrains constitués en biens de mainmc:rte QI-arádjn al-ntuhabbasrz), ainsi qr-re Ies arbres des
indigents. Tout ceci doit étre l'objet d'une
surveillance et d'une inspection, alin que nulne s'en empare, ne s'en approprie une portionpour son usage personnel, ou ne détourne ftes
habousl de leur destination premiére, [méme]polrr en faire quelque chose de meille¡-r¡ ou de
plus facile, car ce sont des fondations pieuses,
lesquelles ne cloivent étre modifiées en aucune
faEon et en aucun cas (/i'anna-bá abbas ua-l-abbas la tugd)yaril'an báli-h7 bi-'*-a!h u,a-/a'dle
baD.^t
Bien que cer argt¡mrnr nc soir prrsque jamlitévoqué iorsqu'il est fait mention de cas d'empié-
tement dans Ies grands ouvr¿rges jr-rrispmdentiels
málikites, les propos tenus ici par Ibn 'Abd al-
Ra'üf ne sont pas uniques en leur genre ;et de fait,on rencontre dans la littérature juridique d'autres
notations de cette idée selon laquelle les routes et
les grandes art¿res doivent étre assimilées ) des
biens haboussés au proñt (innfZ' ou nnnaf.', pl:ur.
de wanfa'a) des musulmans. Lidée, en fait, circule
déjá dans ies milieux lettrés de Corcloue entre laIln du 3"/IX" siécle et le début du siécle suivant.
Elle se trouve exprimée par exemple i l'occasion
du Iong compte-rendu d'une affaire d'empiétement
qr-ri, réalisé aux dépens de la route située prés de Ia
l\tan)tót ^ppaftenant
á al-Mugtra"6, fait grand bruit á
l'époque, puisqu'elle implique r-rn proche de l'émir,Ibn Sálim (m. 3O2l9f4). A ceux qui, sans le légi-timer entiérement, semblent s'accommoder du faitaccompli, le jurisconsulte Sa'd b. Mu"d (Cordoue,
m. )081920) oppose en effet l'idée selon laquelle
" les grandes voies de circr-rlation doivent étre con-
sidérées á l'instar de biens de mainmorte que les
musulmans haboussent á leur proht " (u,a-intuntá
a/-sikák xtin "gihat al-ahbVs allati habasa-bV a/-ntus-
/ir¡tun b-tnanaf:i-bint)at. Certes, c'est lá une notionqui semble concerner bien plus les grandes voies de
communication que l'ensemble des éléments de la
voirie urbaine, ceile-ci conservant par ailleurs son
statut de " bien sans ma?tre " tel que l'a défini latenclance clominante de la doctrine málikite. Mais
il s'agit dans le méme temps d'un jalon juridiqueimportant, qui implique que 1'on a peut-étre, dans
le petit cercle des magistrats cordouans, cherché
alors i marqlrer clavantage le caractére intangibledes grancles rues, art¿res et routes principales, en
mettant en avant leur affectation pr-rblic1ue, donc
leur soustraction de fait, de par leur statut habous,
á toute privatisation ou usage exclusifdans le cadre
de manifestations d'empiétement". On notera en-
)1
Iin, par cette derniére piéce qu'on puisse apporterau dossier des modalités théoriques de la protec-
tion de Ia rue et du statut juridique qu'elle rcgoit
d¿rns ie cadre de l¿r cr-rlture légale de I'Andalus du4"/X" si¿cie, que la mise en avanr de cer argument
supplémentaire pour assurer la défense de I'inté-grité de l'espace public semble s'inscrire également
dans le cadre plus général d'une réflexio1-r -toLltepartielle qu'elle soit sur les voies de circulation,dont témoignent par exemple également les propos
tenus par le cadi de Huesca, Muhammad b. Thlld(m. 2951901-908 ou 2961908-909), qr-ri avait, ar-r
dire d'Ibn al-Imám, établi une véritable hiérarchie
de la largeur des chemins en fonction de leur des-
tination :
. Pour les chemins destinés lá ler circulationldes piétons, leur largeur doit étre de sept cor-r-
déesle ; si elle s'avére inférieure, on prendra le
complément sur les parcelles des riverains, jus-
qu'á concurrence des sept coudées. Quant [) lalargeur] des pistes empruntées par ies molltons
et les vaches, elle sera de vingt coudées ; c'est
ainsi du moins qu'en ont décidé 1es clocteurs,
mais le Prophéte n'¿r rien dit á ce sr,rjet. Qr,rant á
la larger-rr des sentiers (í.n.t.1.r.) peu fréqr-rentés,
et qui ne font pas partie des chemins connlrs
[des usagers], elle sera de quatre coudées.¡o 'Resterait á mieux cerner I'articulation entre le
discours normatif dont je viens cle présenter quel-
ques-uns cles Iinéaments et les traces de planifrca-
tion urbaine qui, nombreuses, ont été mises au jour
) I'occasion des for-rilles réalisées ces clerniéres an-
nées ) Co¡doue et dans ses envi¡ons immédiats¡r. Lá,
comme dans le sectelrr cl'El Fontanar par exemple,
les vestiges de voirie qui ont été exhumés témo.i-
Éanent, á f instar de ce que I'on peut rencontrer sllrd'autres sites contemporains comme Pechina, d'unévident sor-rci de planification dans f implantationplus ou moins orthogonale des pátés de maisonst2.
Il serait inté¡essant de voi¡ s'il existe une éventuellerelation entre les mesures canoniques (et leurs mul-tiples) prónées par les juristes málikites en se réfé-
rant á l'exemple prophétique, et la lar¡¡eur initialedes rues et ruelles dégagées sur les sites archéologi-ques. On reste enfin quelque peu confonclu ) Ia vue
de ces rnaisons parfaitement alignées initialement,er Jcs empiitem(n¡s qui. ¡rogressivemenr. vien-
l8
nent rédr-Lire la largeur des rues. Mais le paradoxe
n'est qu'apparent, comme 1'a bien souligné ManuelAcién en se basant sur les travaux de Brunschvig¡.Ces débordements du privé sont en effet le frr-ritd'un compromis et d'un accord tacite -passant par-
fois tor-rt simplement par le silence des voisins, quine s'opposent pas ) I'aménagement c¡-ri en vient )réduire un tant so.it peu l'espace de circulation- ou
d'un ajustement éventuel résultant de I'interven-tion des auto¡ités judiciaires. En ce sens, i1s ne vien-nent pas contredire l'image idéale de 1'ordre Lrrbain
prónée par les maitres-d'ceuvre de f implantationprimitive en illustrant ainsi on ne sait quelle ma-
nifestation tangible d'" anarchie urb¿rine >, commeon I'a longtemps vor-r|-r croire- mais en constiruentI'aboutissement logique, clui sans cloute était bienprésent á l'esprit des planiÉcatelrrs all moment
d'implanter les tracés respectifs des maisons et des
rlres.
3. DE LA STANDARDISATION DELHABITAT A IUXITORMISATION DESRñGLES
A moins de s'en tenir ) la vision idéale d'une
cité uniquement gérée p¿rr ses commllnalltés, sans
que l'autorité judiciaire n'intervienne, si ce n'est
pour avaliser ies pratiques consensuelles cle celles-
ci, il est vraisemblable que, dans ¡-rne ville en pleinecroissance comme la Cordoue du ,1"/X" siécle. les
régles ¡uridiqlres concernant les litiges inhérents) la construction et les rapports de voisinage im-médiat que je viens de décrire ont reEu une cer-
taine application, méme si celle-ci n'est assurée que
ponctr-rellement. La complexification croissante cles
institutions en charge des affaires urbaines qu'onnote pour l'époque dans les textes va dans le méme
sens : certes, les sphéres de juridiction de ces diffé-rentes magistratures, religieuses et gouvernemen-tales, sont théoricluement bien séparées : mais en
a-t-il été vraiment tor-rjours ainsi ? Et le chevauche-
ment éventuel de certaines de leurs compétences ne
participe-t-il pas lui aussi i i-rne meilleure collver-ture des conflits et délits slrsceptibles de survenirdans une telle mégapole ? C'est-á-dire c1u'il en va 1á
exactement á I'inve¡se de la rdgle juridiqr-re que ces
mémes institutions sont chargées d'appliquer. Onsait en effet c1ue, bien souvent, l'intervention des
autorités n'a d'autre objectif que de juguler I'actron
des particuliers, donc d'intervenir t posteriari pour
corriger et réprimer les abus de droit : I'affaire de
la canalisation sur Iaquelle se prononce Ibn Zarl>
en constitue un bon exemple. Mais il ne faudraitpas en déduire que la régle éclictée en ces occasions
est toujours circonstancielle, toujours sor-rmise á
l'aléa, á ia contingence. Ou, si j'inverse la propo-
sition, il convient de se demander si, á pzrrtir du
moment oü Corclor-re connait une urbanisation mas-
sive, marquée par la répétition des mémes formules
urbanistiques, des mémes formes architecturalest'
et, en conséquence, des mémes problémes de voisi-nage et d'empiétements, la fréquence d'occurrence
de conllits et de litiges absolument semblables les
uns allx autres n'a pas pu pousser l'institution judi-
ciaire á poser les bases juricliques d'une plus grande
prévisibilité des jugements qu'elle devait rendre le
cas écl.réant. Prévoir les situations de conflit slrscep-
tibles de survenir et assigner á ces sitr-rations des
normes que l'on puisse répéter de cas semblable en
cas semblable. de maniére á assurer ) ces dernié-
res une certaine uniformité : c'est lá en effet Ie seul
gage d'effectivité de la sanction judiciaire dans un
tel contexte de massification des objets comme des
causes de litiges. Or, comment concilier cette exi-
gence cle cohérence avec Lrn régime de pluralisme
normarif qui est encore, au long du ,i'lX' siécle,
fondé sur Ie choix raisonné et personnel du juriste
dans Ie cadre d'une doctrine alors foisonnante, et re-
pose donc, dans la plupart des cas, sur une accumlr-
lation d'opinions contradictoires, toutes valables en
théorie ? C'est par consécluent sur les instrumentsjuridiques capables de réduire tant cette diver-
gence (ilttilaf) d'opinions que la contingence des
situations susceptibles de survenit qu'il convient áprésent de s'arréter. Trois de ces moyens ont été ici
isolés : la composition d'ouvrages regroupant une
sélection des opinions considérées comme valables
en un temps et un lieu donnés ; la mise en place
d'une u pratique jr-rdiciaire " ('arnal) qui permet Ia
reconduction d'une norme de cas semblable en cas
semblable ; l'évoh-rtion de Ia procédure dans le sens
d'une meilleure prise en compte d'éléments qui
échappent á la subjectivité des témoins, par l'im-portance croissante conférée á l'expertise judiciaire,
et ) Ia trace matérielle considérée comme preuve
d'un fait. Ce sont ces trois éléments que je vars á
présent évoquer l'un aprés l'autre.
a) La sélection raisonnée des opinions
Lépoque, on le sait, est marquée par I'appari-tion d'ouvrages dont 1'objectif premier est de con-
tribuer ) réduire la divergence d'opinions existant
pour nombre de situations juridiques, en consi-
gnant les régles qui se dégagent alors, par consen-
sus oLr par tolrt alrtre moyen d'autorité : les titres,Ies introductions des deux auteurs et le contenu des
deux textes susmentionnés d'Ibn Há¡it al-HuSani
et d'Ibn ,LbI Zamantn en témoignent de maniére
éloquente. Ainsi, les U¡ul al-futyá d'al-HuSani con-
tiennent un chapitre consacré á diverses sitr-rations
de mitoyenneté litigieuse qui, pour l'essentiel, ne
posent pas de probléme de désaccord entre juristes ;
on a tout lieu de croire que les régles qui sont énon-
cées ici sont celles qui étaient sr-rivies par 1es cadis
et les muftis ) 1'époque caiifale. Ces no¡mes concer-
nent le mur (mitoyen ou privatif), sa revendication
en propriété, les conditions de sa réfection et de son
entretien, les seruitudes de support qui le grévent
enfin ; la porte de la maison, selon qu'elle ouvre slrr
une rue ou sur une impasse ; les fosses d'aisance et
leur curage5i ; le voisinage vertical et la question de
la piéce haute ('ulutu) ; le puits et les plantations,les moulins et les aires á battret6. Certes, á premiére
vue, on peut étre amené á se dire que les régles quisont ainsi présentées sont de méme nature que cel-
Ies que I'on rencontre dans tolrt ouvrage de d¡oitmálikite d'époque médiévale, et en conclure que le
systéme normatif est avant tout caracté¡isé par son
invariance, perdant du méme coup une grande par-
tie de son intérét pour I'historien. Or il s'agit l) r-rn
a priari commLrn dont il faut absolument se défaire.
C'est en etTet par la comparaison minutieuse de
chaque cas avec des situations juridiqr-res sembla-
bles repérées dans d'autres ouvrages, por-rr d'autres
temps et d'ar-rtres lieux, ainsi que Par le croisement
systématique cle toutes les informations valables en
un temps et un lier-r donnés, qi-ie l'on pourra étre )méme, progressivement, de mieux cerner l'évolu-tion des normes en la matiére et leur degré d'appli-cation. J'ai essayé de montrer ailleurs comment la
question de l'appui de ¡outres sur Lrn mur mitoye n
qu'évoque justement al-Huíani avait donné lieu,á Cordoue duranr le 4'lX siécle et comme en té-
19
moigne par ailieurs le formulaire d'Ibn al-'Attár, á
L'établissement d'attestations de concession d'usu-
fruit (irJád á titre de précaire ou ) titre perpétuel,
illustrant par lá méme l'effectivité d'une pratiquesociale revétue des formes de I'écrit juridiques-. Unautre exemple allant dans le méme sens concerne
la question de l'aménagement de piéces hautes dans
certaines maisons, dont Ie méme Ibn al-'Attár nous
a conservé deux modéles de formulaire. Lun con-
siste en 1'. acte de réserve " précédemment évo-
qué qui porte sur la chambre haute qu'un puissant
personnage aménage au-dessus de sa demeure, luidonnant ainsi vue sur ie voisinage . La mention d'untel cas con{irme qu'il s'agit bien d'un probléme quise pose aiors, dans les villes d'al-Andalus, avec Lrne
acuité particuliére ; auparavant en effet cette cause
de iitige n'est envisagée -ie notaire le note explici-tement que dans le discours de juristes égyptiens,
á propos de 1'habitat ) Fustát-Misr notamment, un
discours qui nous a été d'ailleurs en partie conservé
dans 1'ouvrage contemporain du juriste tudélan Ibnal-Imám. De maniére plus générale, cet acte témoi-gne d'une évolution assez nette de la pratique no-
tariale et judiciaire dans le courant du 4'lX' siécle
á Cordoue, de par l'attention á présent accordée )la vente de l'" air " (ibtiyá' a/-hawá'), c'est-á-dire
au transfert á I'acheteur, moyennant compensationfinanciére, du " droit d'aft " (fu¿7¿7q al-ha'**á') qlue
détient le propriétaire initial sur l'extension verri-cale de l'emprise au sol de son bien-fonds, donnant
ainsi á I'acquéreur la possibilité de construire, dans
cette < colonne d'ai¡ ", au-dessus des bátimentspréexistantsts :
" Untel, fils d'Untel de telle contrée, a acheté
de tel autre, flls de tel autre, dix á vingt cor-r-
dées len hauteurl de I'air (hattw') du dessus dumur de la maison de celui-ci, sise en telle capi-tale, ou ) Fustát-Misr, dans le quartier de tellemosquée (...) ou bien ldix á vingt coudées de
l'espace situé] au-dessus d'une terrasse (sath)
lsituée] en tel end¡oit de Ia maison que le se-
cond posséde dans telle localité, afrn d'éiever
sur les murs de sa terrasse, de sa piéce d'ha-
bitation (bayt) ot de sa piéce hatte (gurfa), u.n
mur qui suréléve de tous Ies c6tés ladite piéce
haute ou Iadite terrasse. Ce mur sera lédifré] en
briques cvites (/garr), en adobes Qnb ou en ma-
4o
tériaux banchés Qatúb7), suivant la largeur des
parois lde Ia maisonl (galr hTtan) du vendeur.
Untel construira en ce lieu jusqu'á atteindre lahauteur des coudées qui a été mentionnée.;'' -
Si le modéle de rédaction trolrve son origine,
comme l'évoque d'ailleurs en toutes lettres I'acte ci-
dessus, dans la capitale égyptienne du J'IIX'siécle,certains traits lexicaux ou éléments de description
technique (la mention de la technique du tapial, non
usitée en Égypte, ou celle d'un toit á deux versants,
citée un per-r ph-rs loin) montrent l'effort d'adaptationqui a été consenti par les notaires cordouans pour
rendre les stipulations du formulaire conformes aux
réalités architecturales locales60. Une telle référence á
la const¡-rction de piéces d'étage, tant dans I'ouvrage
d'Ibn Hárit al-Hufini qr-re dans celui d'Ibn al-'Attár,améne bien entenclu ). s'interroger sur la fonction
particuliére qui leur est alors dévolue dans la capi-
tale umayyade. Plusieurs pistes semblent pouvoirétre explorées á ce sujet. On peut tout d'abord y voirune réponse apportée aux besoins internes du groupe
familial. II est plausible en effet que, du fait de l'aug-
mentation naturelle de la population urbaine et de
la promiscuité domestiqr-re en résr-rltant, Ia nécessité
de " caser " les jeunes couples et leurs enfants dans
un logement indépendant ait 6ni par susciter, dans
les quartiers présentant un tisslr url¡ain trés dense
(et notamment, pelrt-étre, dans la médina méme de
Qurtuba), I'aménagement de piéces d'étage desti-
nées á les accueillir6r. On ne pelrt d'autre part ex-
clure totalement la possibilité d'une constructionsymbolisant le prestige de son promotelrr, á I'instar
du puissant personnage qu'un voisin dénonce dans
le . constat de réserve " dont j'ai pailé plus haut,
ou comme des pratiques plus tardives -bien établies
par exemple dans le Maghreb prémoderne en at-testent également l'existence"2. Enfin et surtoltt, ilfaut prendre en compte une alltre dimension, écono-
mique celle-ci, de ces piéces hautes, en lien avec des
stratégies locatives. Une telle hypothése, qui n'est
d'ailieurs pas exclusive des deux précédentes et quipeut correspondre á un stade particulier d'évoluriondu groupe familial, a été émise parJean-Claude Gar-
cin ) propos de Ia rnasriyya, chambre haute d'abord
conEue comme un iogement de rapport et qui, desti-née á la location. est dotée de ce fait d'un accés indé-pendant sur la rLre, les jours destinés á l'éclairage et
l'aération ouvrant sur celle-ci, et non sur l'.intérleur
de ia demeure6r. De l'Égypte, son point d'orig.ine
comme en témoigne de maniére éloquente son nom
mOme, cette composante de l'habitat r,rrbain gagne, á
parrir des ,1"/X"-6VXII" siécles, tant l'Andal-rs que le
Maghreb extréme61. Les sources juridiqr-res semblent
bien constituer par conséquent, en ce cas précis, un
bon témoignage enregistrant sur Ie vif l'évolutionde ]'hrbira¡ urbain.lans certc conjoncrurr parricu-
Iiére de croissance démographique et d'urbanisation
) grande échelle qui caractérise alors la capitale du
califat umayyade .
b) La reconduction de la norme : la pratiquejudiciaire cordouane
Un autre élément allant également dans le
sens d'une meilieure prévisibilité du rendu des ju-gements consiste en l'institution d'une . pratiquejudiciaire " ('artal) qui permet de reconduire une
méme norme de cas semblable en cas semblable.
Lexamen des notations extraites d'un ouvrage ju-ridique de la premiére moitié du S"/XIV siécle, Ie
Kitib a/-l'lán hi-abkáru al-bunyán du maitre-maEon
Ibn ai-Rámi, expert auprés du grand-cadi de Tunis,
permet d'envisager cette pratique judiciaire, telle
qu'elle se présente alors, sous sa forme médiévale
canonique, en tant qu'instrument normatif d'ap-
plication stricte pour les cadis et les membres de
f institution judiciaire :
o Tout ce qui vient d'étre dit dans ce chapi-
tre li.e. : ) propas de la condamnailon de /'entpiDte-
nznt rui" /a uote pub/ique) est mis en pratique et
donne lieu á des jugements en ce sens ('a/a1t-lci
a/-'amal ua-bi-lci a/-qa..Ja'). Ainsi, quiconque
fait avancer sa construction sur la voie publi-que verra [cette construction] mise á bas, seion
l'opinion notoire ('alá al-rnaíbrr). (...) Des cas
de ce genre sont survenus nombreux chez nous
{i Tunisl, et 1e cadi nous a ordonné [) chaque
foisl de procéder á la démolition {de Ia cons-
rrLrction lirigieusel t...1" ..
Ainsi formulée, une telle mention dtt'anla/fournit par conséquent une bonne indication de la
norme en viguei-rr, celle appliquée par f institutionjudiciaire en un lieu et un temps donnés. Or, de
cette pratique judiciaire, dont la toute premiére oc-
currence est ) situer au HiSáz dans le milier-r des
savants de Médine, il convient d'en rechercher les
premiéres traces en Occident musulman dans 1e
contexte cordouLan, oü elle commence á s'exprimer
avec une frécluence particuliére á partir du ,i'lX" sié-
cle justement. On doit á Pedro Chalmeta d'avoir, le
premier, souligné la place c1u'elle prend alors dans Ie
formulaire notarial d'Ibn al-'Attár6'i ; depuis, Delfr-na Serrano est venue poser ie probléme de Ia n¿rture
de ce'antal andalou d'époque médiévale, que l'on a
sollvent trop eu tendance á analyser á l'aune de Ia
pratique judiciaire plus tardive de Fis'-. Pour s'en
tenir ) la doctrine málikite des 4"/X"-9'/XY siécles
en effet, la notion recouvre un principe juridique
assllrant, á I'intérieur du corpus de régles contra-
dictoires qui constituent la doctrine de l'école, lareconduction des normes recevant localement une
application par les tribunaux. On en trouve, dans
l'ouvrage d'Ibn al-'Attár, de nombreux exemples ;
c'est le cas notamment des modalités de partage par
tirage au sort, mais également d'autres situationsjuridiques, pour lesquelles r-rne semblable ligne di-rectrice semble alors pouvoir se dégager68. On con-
goit que les 1'r-rristes cordouans aient eu besoin d'une
telle instance de régulation de 1a production nor-
mative a6n de stabiliser et d'uniformiser -dans une
certaine mesure, bien évidemment- le régime des
normes á leur disposition, en réduisant l'ambiguitéd'une norme plr-rrielle ) l'unité de la régle. Il faut
sans doute insister également sur la concomitance
-qui est sans doute loin d'étre r-rne coincidence- en-
tre l'apparition d'une " pratique judiciaire " et ledéveloppement d'une activité notariale soutenlre,
ces deux niveaux de la pratique témoignant de la
nécessité qu'ont alors éprouvée les agents de l'ins-titution judiciaire á Cordoue de s'assurer un mini-mum de contróle sur la régr-rlarité de 1'édiction des
régles de droit. Enfin, il n'est bien sür pas anodin
non plus -symbole oblige- de voir ainsi ravivée,
sous la plume des juristes cordouans, une notionqr-ri avait trouvé á s'exprimer tout d'abord ) Mé-
dine, la ville du Prophéte et Ia Cité par excellence,
dans la nouvelle mégapole de I'Islam occidental et
capitale des califes umayyades d'al-Andalus.
c) Prise en compte de la trace architecturale et
promotion de la figure de I'expert
Il est enfin Lrne autre donnée capitaie polu notre
compréhension de la maniére dont Ies institutions
4I
judiciaires ont pu alors s'assurer d'un semblant de
prévisibilité dans l'édiction de Ia norme : il s'agitde la procédure et des moyens de preuve dont ontpu disposer les juges de 1'époque concernée. On sait
que dans la configuration procédurale " habituel-le ,, ou plus justeme nt celle sur laquelle s'attardentgénéralement tant les manuels médiévaux que laplupart des historiens du droit musulman, c'est-)-dire la procédure de type accusatoire, le plaignantdoit apporter la preuve soLrs une forme testimoniale(bayina), d'oü I'importance des témoins (sing.
tra/cid),le juge se bornant á enregistrer et mesurer les
moyens de preuve produits par les parties en pré-
sence. Or, comme l'avait déjá bien vu Brunschviget comme Baber Johansen I'a démontré á nouveau
ces derniéres années, Ie droit musulman connaitun deuxiéme type de procédure menée, de bout en
bout, á l'initiative du cadi, qui prend en compte
-c'est le cas par exemple pour les litiges inhérents
á la const¡uction ou aux droits de voisinage immé-diat- ies signes matériels dont l'existence est attes-
tée par des témoins ou des experts en la matiére"e.
Louvrage d'Ibn Sahi conserve ainsi, pour 1a périocle
concernée, le souvenir de plusieurs cas d'expertise
ou de constats dressés sur les lieux mémes du litige ,
ce qui permet d'en donner une image relativement
cohérente. Par 1a mention répétée dtt rukub, on sait
que ies fuclahV' et le cadi se rendent in s)tu juchés
sur des montures, signe distinctif de ieu¡ rang'". Ce
cort¿ge est parfois imposant, tel celui qui, composé
" de faqaha', d'un groupe de pieux musulmans et
de témoins honorables ('adu/) ", se rend devant Ia
mosquée de l'émir Hi5ám, ahn d'inspecter 1'une de
ses portest'. Autrement, ce sont dgg " personnes
de confiar-rce " que le cadi envoie sur place pourmesruer d'r-rne part la réahté et le degré de la nui-sance constatée, d'autre paft son caract¿re fécent(in-rpliquant la suppression de I'aménagement en
cluestion) ou ancien (les choses étanr alors laissées
en 1'état, clu fair de la prescription acquisitive)r2. Le
cas suivant, concernant une canalisation(qanat') quidéverse ses ealrx dans des jardins (ginán) er dont le
propriétaire prétend qu'il en a toujours été ainsi, en
tonstitue une bonne illus¡rarion:
" Il est donc obli¡¡atoire (...) que deux person-
nes dont on accepte [e témoignage] inspec-
tent cette canalisation (fa-l-u,/gib ,tn )tanzar.t
42
ilA lredA al-qanát ra"gnlVn7 yuqbalu-hunrZ) , s'ilstémoignent de l'ancienneté de I'aménagemenr,
d'aprés ce que [eur] ar-rra montré l'observarionin.ritu ('alá rua yu'addi-hi al-'i1tán), on diraá ce-
lni qui allégue son caract¿re récent (wan idda'aal-ihd-aD: " Apporte un témoignageá tes allé-gations t " (uqint a/-ba11ina 'a/á nti iclda'a1ta).
Si tout indique qu'il s'agit lá d'une canalisationrécente, on empéchera le dommage (...)" "Lenquéte sur les lieux du litige a bien entendu
pour but de rechercher des indices : on ne trouvepas encore, comme ce sera Ie cas plus tard, á parrirde l'époque almoravide notamment, de mentionsclaires de la méthode inductive ot istidlál, ) laquel-le on préftre encore, dans les cas rapportés par IbnSahl, le vieux concept de kaíf, la " découverre > ou
le . dévoilement " de la source de nuisancerl, quis'appuie sur 1'observation in situ ('i1Vn, rnu'á1tan¿)'-t ,
ou l'inspection (nazar) des aménagemenrs conrro-versés"'. Une fois le dommage düment constaté et
la source du préjudice identifiée, les témoins doi-vent en apporter la preuve au cadi :
. Au cas oü la prer-rve serait apportée de l'an-cienneté de la canalisation (al-ba1,),ina bi-qi-dam a/-qanZr), d'aprés ce que leur aura montrél'observation jil tit//. ('.tlá nta d,a/la-hum a/-'ilAt'ala1-hi), le caractére décisif de la déposition
{sera apporté par] un témoignage déterminantle degré d'ancienneté [de I'aménagemenr en
questionl, soit par r-rn indice (dal7/), soir parvoie de connaissance (rna'rifa)-'- . "Au vu de ces récits de constats dressés ou rap-
portés au cadi par des témoins ou des experts, on est
amené á se demander si l'expertise jr-rdiciaire n'est
pas en train d'acquérir, dans la Cordoue dLr 4'lX'siécle, une plus grande importance qLr'auparavanr.
En d'autres termes, la division du travail liée á
l'évolution et á la complexiÉcation de la vie u¡bainea-t-elle amené á une plus grande prise en compte de
l'expérience des gens de métiers -et il faut voir en
ceux-ci non de simples témoins dignes de confian-ce mais, en mati¿re de construction, de vé¡itablesexperts-maEons- et á la diversifrcarion des modes
de recrutement des témoins, pour englober plusqLr'auparavant la sphére des métiers de la const¡uc-tion ? Le témoignage s'est-il alors fait plus " tech-
nique >, comme on a pu le mettre en évidence pour
la hn du Moyen Ág., u.r Maghreb notammentts ? IIdemeure aujourd'hr-ri difhcile de l'afflrmer, au vu de
1'état fragmentaire de la documentation disponiblepour Ia Cordoue émirale puis caiifale. Tout au plus
peut-on avancer Iá quelqr-res hypothéses, fragiles et
qui n'ont d'autre prétention que de poser les termes
du probléme en mati¿re procédurale. La question
de l'expertise est bien connue en al-Andalus á par-
tir de 1'époque almoravide, pour lac¡-relle on dispose
de plusier-rrs textes d'Ibn RuId et de 'Iyád qui mon-
trent nettement que le recours au savoir de spécia-
listes est alors pleinement assumé par les alrtoritésjudiciaires. Mais qu'en est-il auparavant i, 11 semble
assez si¡¡nihcarif á cet égard de voir ainsi, alr tollr-nant des 3'llx'-4"lx siécles, Ie juriste Ayyub b.
Sr,rlaymán (m. 301/913), un membre de la .íuru de
Cordor-re, répondre aux protestations d'un individuqui, ayant édifré indüment un étage ('a/atu), rcf:u-
se I'intervention d'experts )tt sirtt, en avanqant un
paradigme prophétique, selon lequel l'Envoyé de
Dieu lui-méme a envoyé, clans une affaire sembla-
ble, Hudayfa b. al-Yamán -unJuif converti, maqon
de son état- pour procéder au réglement du conflit.Et Ayyub b. Sulaymán de préciser qlre ce /2ad,4 est
( notre principe {en matiérel d'envoi [d'experts] et
d['inspection des] chainages cles murs Gs/u-ná Ji al-it,al ,o-t, tt"táq)J al-bt.t.tt) *
Un autre moyen de juger de la place á présent
accordée á ce type de procédure et, partant, de la
promotion gradr-relle de I'expert-magon sur le plan
institutionnel dont les soluces jr-rridiques contem-
poraines se font peut-étre l'écho, consiste á s'inté-resser aL1 statut de la trace architecturale et la force
probatoire qui lui est alors dévolue. La question,
prosarque de prime abord, est en fait d'une gran-
de importance : car la prise en compte des signes
matériels est I'Lrn cies moyens privilégiés par les-
qr,rels le cadi peut s'affranchi¡ de la contrainte de la
preuve testimor]iale et, partant, de la contingence
de toute parole humaine. Les traces, Lrne fois mises
en évidence par les experts sur Ie terrain du litige,constituent autant de présomptions légales sur les-
quelles le juge peut en effet s'appuyer pour se for-
ger une opinion et ¡endre un jugement susceptible
d'étre reconduit de cas semblable en cas se mblable,
en fonction de ia présence ou de I'absence de ces
mémes témoins matériels (on voit li toute f impor-
tance de la relative homo¡¡énéisation de I'habitat
d'époque caiifale dans Ia défrnition des éléments
architecturar-rx porteurs d'une telle force proba-
toire). 11 s'agit donc bien, ) terme, d'une véritabierévolution épistémologique, qui accorde au monde
sensible une capacité á produire cles signes qui peu-
vent étre interprétés par les personnes compétentes
et devenir ainsi des indices probantst('. Dans cette
configuration procédurale particuliére, dont témoi-
Éane par exemple avec éloquence I'ouvrage du mai-
tre-maEon tunisois Ibn ai-Rámi pour Tunis dans Ie
premier tiers du S'/XIV" siécle, la trace architectu-
rale l'emporte désormais sur la parole humaine. Ce-
pendant, si la c¡-restion est tranchée en ce qui con-
cerne le Maghreb postalmohade, 1es sources juridi-ques qlre j'ai consultées pour Ia Cordoue du 4'lX'siécle montrent á I'évidence que la reconnaissance
de la force probatoire de la tr¿rce architecturale est
encore loin d'avoir reEu l'assentiment de tous. Pour
illustrer mon propos, je prendrai un exemple par-
ticuliérement ¡évélateur en la matiére : il s'agit du
chainage d'angle susceptible d'existe¡ sur un murrevendiqué en propriété par deux voisinssr. Dans
la doctrine de haute époque, il existe des opinions
t¡és contradictoi¡es sur la place á accorder ) ce lien
de magonnerie clans la décision jr-rdiciaire . En gros,
rrois r¡ritudrs Souv(rnrnt cette t¡uesrion: soit on
ne tient pas compte du chainage, et la parole des té-
moins l'emporte clans tous les cas ; soit le chainage
compte pour un témoin (frbiÓ, mais on demande
alors á son propriétaire d'appuyer le témoignage en
sa faveur de la trace architecturale par un serment(1atún)82; soit enfin le propriétaire du chainage se
voit automatiquement attribuer la propriété du
mur en litige, du fait méme de l'existence de ce
lien de mergonnerie entre sa maison et le mur en
question. C'est cette derniére solution qui reqoit
une application sans réserve auprés des juristes tr-r-nisois contemporains d'Ibn al-Rámi :
Chez nous [á Tunis], les us et coutumes {veu-lent] qu'une m:rison, si elle a tous ses murs
chainés les uns allx alrtres [et que cei-rx-ci ne
sont Iiés á aucun ar-rtre bátiment], a lforcément]été bátie avant les constructions qui l'entou-rent. Comment donc un voisin pourrait-il alors
revendiquer {la propriétél d'un des mr-rrs [de
cette n-raisonl, clui était déjá lobjet del proprié-
43
té avarrt meme que sa propre maison ne soitconstruite i'Par conséquent, le propriétaire [dela maison á laquelle est lié le mlrr en questionln'est pas obiigé de préter serment [pour se voirattribuer celui-cil (a-/á yalzintu sabib a/:aqdyam7n)Bi.
Les choses sont, si l'on se place ) présent quel-ques siécles plus t6t et dans Ie contexte cordouan,
beaucoup moins claires. En certains cas, Ie chainage
n'a de force probatoire que si sa présence dñmentattestée est accompagnée d'un serment de son pro-priétaire présumé. C'est ce qr-ri ressort d'une affaire
datant de la fin du 3"/IX" siécle ou du début du siécle
suivant et qui nous a été conservée dans l'ouvrage
d'Ibn Sahl : suite á l'inspection d'un aménagement(tars, sur la nature exacte duquel subsiste quelque
ambiguité84) dont les propriétaires de deux maisons
mitoyennes se disputent la jouissance, l'existence
d'" un lien de magonnerie {au niveaul de ia derniére
lligne de] banchée, celle se trouvant en-dessous dutoit " ('ac1d al-tábi1ta a/-'u/1á allati tabta al-saqf)E
permet aux juristes consultés de se prononcer en fa-
veur des deux femmes qr-ri possédent l'une des mai-sons, á la double condition que le voisin n'apportepas de moyen de preuve contraire et qu'elles pré-
tent serments('. De méme, quelques décennies plus
tard, Ibn al-'Attár privilégie dans son formulairecette solution intermédiaire du serment supplétifpour accorder la propriété du mur á celui des deux
voisins qr-ri détient le lien de maEonnerie :
. Lorsque deux voisins se disputent [a pro-priété d'l un mur se trouvant á Ia limite de
leurs deux maisons, chacun en revendiquant [apropriétél ) 1'exclusion de I'autre, sans qu'il se
trouve au-dessus Lrne constructlon appartenant) i'un des deux, on fera appel á deux personnes
de confiance parmi les experts Qiqarani min ah/al-basar). Si ceux-ci déclarent qr-re [e mur en
questionl est lié á Ia construction de l'un des
deux, et que cela indique qu'il revient ) celuidont la maqonnerie est liée par ce chainage, ce-
iui-lá prétera serment qu'il en est bien le pro-priétaire et qu'il n'a pas connaissance que son
voisin et adversaire ait un quelconque droit sur
celui-ci, et lle mur] sera lui. I1 est nécess¿ire
que [le propriétaire] préte serment, en sus dutémoignage des deux [experts], car ceux-ci ne
44
peuvent décider de i'attril¡ution en propriété,mais témoignent jusre [en vertu] d'indices(/)'anna-buntá laysa laqta'Vni h-ntilki-hi la-hu'n^ a - i nnanu 1 a íb adan i b i - / - da lá / a)8- .,,
Et ce alors méme que d'autres juristes parmiles contemporains du notaire cordolran acceptent
qlrant á eLlx sans réserve la dimension pleinementprobatoire du cha?nage d'angle. C'est le cas notam-ment d'Ibn Hánt al-!lu5ani, pour qui
" Lorsque deux individus se disputent {lapropriétél d'un mur sicué entre leurs deux
{maisons}, on examinera la liaison du mur.Celui ldes deux voisinsl dont la maison est
ainsi chainée se verra attribuer [e mur en
questionl (...)tt "
Le lien de magonnerie ne se voit donc encore
ainsi, malgré cette derniére opinion, reconnairreqlr'un caractére probatoire partiel. Toutefois, si
les institutions judiciaires restent par conséquent,
pour les questions de construction, tributaires de
la parole humaine, Ies sources juridiques consultées
n'en témoignent pas moins de la maniére dont la
prise en compte de Ia trace par les témoins et les
experrs a alors, vers la fln dLi 4'lX' siécle, trouvé sa
place dans la procédure judiciaire. On en rrouvcraitune illustration dans ces discussions -dont on ne
rencontre pas d'équivalent dans la littérature juris-prudentielle málikite du siécle précédent- concer-
nant 1'e nl¿vement par la partie condamnée de toutetrace susceptible d'étre utilisée ) mauvais escient.
Le risque de voir apparaitre des revendications pos-
térieures en arglrant de 1'ancienneté de 1'aménage-
mentr dont les traces sont encore visibles, pousse
en effet Ies autorités judiciaires á faire suivre toutjugement des a1'r-rstements techniques assuranr lanon-reproductibilité du méme préjudice au méme
endroit, c'est-á-dire la destruction de tout élémentmatériel susceptible de devenir un argumenr pro-bant (hñg"ga) dans la bouche de son propriétaire, oud'étre réactivé par l'appui de témoignagesse. Ainsidans le cas suivant, rapporté par le juriste et nocaire
Ibn al-Hindi (m. e n 39911001), et qui concerne en-
core une chaml¡re haute Qtrfa) -décidément l'unedes sources de préjudice apparemment des plusproblématiques en cette fin du ,1"/X' siécle á Cor-doue- au niveau de Iaquelle a été percée une baie(!áq) qut donne vue sur le vestibule (ustuuwn) ott la
cl.rambre haute cle la maison voisine. Ibn al-Hindidécrit alo¡s en ces termes la procédure ) suivre pour
supprimer toute revendication ultérieure de la part
du propriétaire inclélicat :
n La condamnation de l'ouverture [en question]ne pollrra se faire qu'au moyen d'une maEonne-
rie, et son encadrement sera arraché 1u,¿-/-galq
lV y¿1p¡tt, i/17 bi-/-kralan 'n^a-c1a/' a/-'ataha),
car en laissant celui-ci ) son emplacement, lons'expose á ce qu'] il devienne, Ie temps ayant
efTacé Ie souvenir [du jugement l'ayant con-
damné], un arÉilrment probant témoignant de
I'ancienneté {cle 1'aménagementl dont pourrait
arguer celui qui avait percé cette ouvertlrre(kánar bu|qlga ü-l-nuhdal /i-/-l,Ab yhtallgu bi-
há Ji al-qidarn), en disant qu'il I'avait obturée
sous réserve de pouvoir la rouvrir á son gré.e(' "
Lon doit également, rappelle son contemporain
Ibn Abi ZamanIn, préter grande attention lors de
l'opération de fermeture á la qualité et ) la nature
des matériaux employés, de peur qu'un travail mal
fait ou incomplet ne remette en question LLn jour ou
I'autre le jugement prononcé :
u lle propriétairel démolira 1'encadrement
[de l'ouverture condamnée) (ua),aqla'a 'ata-
bata-ha). Une personne faisant autorité s'est
méme prononcée pour la destruction de toutélément pouvait incluire en doute (íab/ca). Oncondamnera I'aménagement en question par
une maEonnerie cle méme natlue que le reste
de la construction, afin que l'on ne puisse diffé-rencier l'une de 1'autre ; ainsi, si le bátiment est
construit en briclues cuites, on utilisera alrssi
des briques, et non des pierres, car si cette ma-
gonnerie vient ) se distinguer de celle du murqui I'entoure, cette différence pelrt devenir pré-
texte h revendicationl (tt'a-in kana bi-l-7"gurr
fa-lZ tabná bi-l-ha:gar bal tabna lti-l-Vgurr li'an-na-ha in sadda-ha ntin gayr"gins a/-h7'it takunu
íabbatan).')r "
CONCLUSIONS
La présente étude n'a eLr polrr 6nalité qr-re de
poser quelques jalons en vue de recherches plus
approfondies sur les relations entre faqons d'habi-
ter, formes d'expression de la norme juridique et
moyens de régulation ) la disposition des institu-tions judiciaires dans la capitale umayyade ar-r long
du 4"/X' siécle . Certes, il convient dés ) présent de
souligner á nouveau les lacunes de ce travail, dont
il faudrait notamment affiner la chronologie en pré-
cisant davantage les diverses étapes d'une évolutionque, confronté á une documentation fragmentaire
et disparate, je n'ai pu qu'esc1r-risser dans ces pages
á grands traits, sans en saisir toujours les nuances.
Cependant, de cette premiére ébauche d'un dé-
por,rille ment méthodic¡-re qui reste ) faire, trois axes
de recherche paraissent d'ores et déjá devoir étre ex-
plorés avec une attention toute particuli¿re.
Le premier d'entre eux concerne la reconstitr-t-
tion des normes en vigr-reur á Corclor-re durant le'l'/X" siécle. La croissance u¡baine que conna?t ia cité
au long de cette période n'a pu en effet que géné-
rer, dans le cadre vicinal, nombre de litiges dont les
solrrces juridiques se font I'écho. S'il convient de ne
pas considérer les normes qui sont censées régir ces
conflits comme des principes invariants, clont l'ap-
parente répétition d'un ouvrage ) 1'autre leu¡ dénie-
rait toute historicité dans la pratique ce caract¿re
d'immuabilité étanr invalidé en fait par une lecture
attentive et en diachronie des sources juridiques-,
il faut également résister i la tentation d'une expli-
cation globalisante qui assimilerait ces régles iuri-diques á des normes . tacites ", réduisant le d¡oit) un ensemble de pratiques sociales entérinées par
les institutions judiciaires. Ce serait l) méconnaitre
la nature de cette société citadine, dont une parrie
au moins s'avére, en ce 4'lX' siécle, procédurilre et
oLlverte á l'évidence, comme en témoiélne d'ailleurs
de maniére éloqr-rente le formulaire nota¡ié d'Ibnal-'Attár, ) certaines formes de l'écrit juridique. Ilfaut donc plutót, et aLlt¿nt que faire se peut. essayer
de dégnger pe u á per-r, par Lrne analyse de s variations
doctrinales d'un ouvrage ) 1'autre, la sensibilité lé-
gale propre au milieu cles juristes de Cordoue, com-
me semble bien i'illustrer par exemple I'apparition
d'une opinion marginale sur la question du statutjuridique de la voie publique, qui fait de celle-ci
non plus " un bien sans maitre " (c'est le cas de
l'extréme majorité des opinions consignées dans les
ouvraéles de droit cle l'époque considérée, tel celui
dr-L jr-rriste tudélan Ibn al-Imám), mais un bien de
45
mainmorte, dont Ie caract¿re intangible se trouverenforcé, du moins en théorie .
Or, de cette théorie, il convient dés i présent
de mesurer le degré d'effrcience, en l'éprouvant au
regard de l'archéologie. Le second axe de recherche
á privilégier, et certainement celui dont l'approcheest la plus complexe, consiste en effet en I'indis-pensable mise en relation du contenu de ces sources
normatives avec les nouvelles et abondantes don-nées archéologiques engrangées ces toutes dernié¡es
années á Cordoue et dans ses environs. Force est de
reconnaitre que, 1) encore, nous n'en sommes qlr'audébut d'une réflexion commune qui ne pourra por-ter ses fruits que par un croisement, aussi précis
que possible , des informations issues de ces deuxtypes de documents, ce que ni l'imprécision -to-pographique notamment- des textes, ni I'état de
conservation des vestiges -soltvent assez fortementarasés- ne facilitent vraiment. Aussi pour I'instantles données issues de chacun de ces deux milieuxdocumentaires se complétent plus qu'elles ne se re-
coupent. C'est le cas par exempie de la question cles
piéces d'étage, dont bien des cas d'espéce de l'épo-que nolrs entretiennent, attestant de la diffusiond'un nouvel élément architectural dans l'habitaturbain de l'époque, pour répondre á des besoins de
natllre diversifiée, d'ordre familial ou économique,ou encore relevant du prestige social, sans qu'on aitplr, pour l'instant du moins, attester sur le plan ar-
chéologique I'existence d'un tel élément, ni sa fré-quence dans l'architecture domestique du remps.
La redondance dans les textes des situations juridi-ques litigieuses impliquant des canalisarions ou des
problémes d'évacuation d'eau trouve par conrre son
pendant archéologique, sans qu'on puisse toutefoisentrer plus avant dans les détails pour le momenr
-faute notamment de descriptions textuelles trés
précises.
La troisiéme direction de reche¡che esr peut-étre, au vu de la natlue des textes déjá consultés en
ce sens, l'une des pius prometteuses : elle touchemoins directement allx pratiques sociales qu'alrxmodalités de 1'édic¡ion de la norme et á celles de sa
reproduction, donc á la pratique du droit. C'est li,on en conviendra, un théme de particuliére impor-tance, car il permet d'aborder une question cen-traie : celle de la maniére dont les magistratures en
charge des affaires urbaines onr pu á tout le moins
46
tenter de réprimer les abus et touer ce faisant unr6le régulateur dans les mécanismes de producrionet de reproduction des strucrllres matérielles de laville. Dans un tel contexte cl'expansion urbaine et
donc de multiplication des sources potentielles etréelles cle litiges en mati¿re de construcrion et de
voisinage immédiat, il semble bien que les insti-tlrtions judiciaires se sont alors dorées, alin que ce
corpus nofmatif trouve á s'exprimer réellementet de manibre réitérative, des moyens formels et
des instruments juridiqr-res qui leur étaient néces-
saires pour s'assurer un certain contróle sur leurproduction de Ia régle, en termes de stabilité et
d'uniformité. J'ai essayé de clévelopper cette ré-
flexion préliminaire á propos de rrois points quim'ont semblé particuliéreme nt ressorrir des textes
étudiés. Lépoque se caractérise ainsi par Ia com-position d'ouvrages qui metrenr en avant une sé-
lection de normes á appliquer pour des situationsjuridiques connues et répétitives, du fait d'unthéátre des conflits -l'architecture domestique- á
présent en grande partie uniforme. De méme, lesjuristes cordouans ont alors renré également de se
détacher du poids trop contraignanr d'un plura-lisme normatif de caractére absolu pour poser les
bases d'un principe de reconduction des régles em-ployées dans les tribunaux de cas seml¡lable en cas
semblable, sans pour alrtant que les autres normes
soient considérées comme caduques. C'est dans ce
contexte de forte pression sur le milieu judiciaireque semble apparaitre alors, sous la plume des no-
taires notamment, la notion de'ama/,la " pratiquejudicaire ", qui permet de réduire I'ambiguité de
la norme tout en ravivant, dans le milieu des éliteslettrées málikites de la capitale umayyade, le sou-venir de Ia Cité par excellence -Médine et sa légi-timité prophétique. Enfin, les juristes cordouansparaissent développer á pzrrtir de certe époque uneposture épistémologique qui leur permet de com-mencer á se détacher peu ) per-r, dans Ie cadre pro-cédural, dr-r poids Iui aussi contraignant de la pa-role des témoins, pour lui préférer le témoignagedes experts et, au-del), la prise en compte, dans
la décision judiciaire, de la force probatoire de latrace architecturale. L'époque parait voir s'amor-cer les prémisses d'une évolution épistémologiquemajer-rre dans le droit musulman, dont plusier-rrs
travaux rendent compre pour la Én du Moyen Áge.
C'est vraisemblablement dans le contexte de ce
mouvement d'urbanisation ec de division sociale
du travail sans précédent qui caractérise Cordoue
au long du 4YX" siécle que se produit de maniére
concomitante une spécialisation des táches á l'in-térieur de I'appareil judiciaire entre le témoin quiatteste l'existence d'un fait passé, l'expert qui té-
moigne de l'état matériel des choses, et le cadi quiédicte la norme pour mettre fin au conflit. Autantd'éléments qui, mis bout á bout, semblent bien
attester de la réalité d'une mise en pratique des
normes édictées dans le cadre de l'école málikited'al-Andalus en mati¿re du droit de la construc-
tion et du voisinage immédiat.
47
NOTES
1. Voir respectivement Mllhammad 'Abd al-\flahhab I{ALLÁF,TerTh al-qaia' Ji ¡/-Anc/¿/rs nin al-Jarh al-is/ani ili xihfuatal-qarn tl-f,inis al-hilri/a/-hec/7 'aí¡r ¿l+tilidi, Le Cerre,
1992, et Christian MIJILElR, Ga.icht.rpraxi.¡ itt St¿.¡t.¡t¿at Ctírdob¿. Ztun Retbt du'Ge.;e//.;chaft it ein¿r ná/ikiti¡ch i:slantisrben
I?echrslradition de: i./l L Jahrhtuderts,Leycle, Boston, Colo-
g¡e, 1t)99.
2. CHALMETA (Pedro), E/ " sóiar del zl.a > eil Eslaña : Edades
ned)a 1 nodenn, Cantriblciín al esncila de la bistoria del ner-
uda,Machid, l9f ).3. Sur l'évolution urbaine de CordorLe clur¿rnt le haut Moyen
Age, ,rn s" reporrera norammenr ) ACIÉN ALMANSA (Ma
nuel), VALLEJO TRIANO (Antonio), " Urbanismo y Es-
t¡rdo islámica : de Cordaba i Madinat al-Zah{a' ", in PatictCRESSIER, Mcrccclcs GARCiA-ARENAL (cd.), Gtili.¡e Je
/a t,i/le islaniqrc n al-Andalrc a at Magl:reb ottidental, Ma-drid, 199U, 107-116 et, des mémes aLrteLLrs, << Cordoue , lir
.]ean Ciaucle GAITCIN Gd.), Gr¿nde.¡ Li//e.¡ núditerr¿níeune: da
uonde runtltuan nídiít,¿1,I{ome, 2000, 116-1)1. Sur I'évo-
lution qui caractérise pour la méme époque le nálikjsme en
al-Anclalus, voir FIERRO (Mrribel), " El derecho málikí cn
¿l-Andalns : siglos II/VIII-VIXI ", Al-Qantar¿,Xil (lL)91),
I 19- 1.12.
.i. BRTINSCHVIG (Robert), " fJrbanisme médiéval et droitr¡usulman,, Retru da Étada Islantiqrus, XV (l9ri7), 127-
1tt.5. Voir, cn dcrnicr 1icu, lcs arriclcs .lc GARCÍA-BELLIDO Y
GARCÍA DE DIEGO (Javier), . Principios y reglas morfo-géneticas de 1¿ ciudad islámica ", Qrrtaba, 2 (lt)t)]), 5t)-86 ;
i/., " Morfogénesis cle I¿ ciudad islámrca : algunas cuestlones
abiertas y ciertas propuestas explicativas ", lz Patrice CRES-
SIER, Maribel FIERRO ctJcen-Pie rre VAN STAÉVEL (éd.),
L'arbanistne da¡ts l'C)cddent nrusuhtnn at AIol,ett Áge, Madrid,2000,241-2¡t:1.
6. P¿rrmi les nombreuses études qui ont permis de relatir iser
la vision " classiquc o du droit musulman, on consultera
notarnment les remarques préliminarires cle Ral¡er
JOHANSEN, intitulées " l)rd Islamic Las' Changc ?,,d¿ns son ouvrage 7/a I.t/¿tnit ltu ¡¡t L¿tnd'fax dnJ R¿nt. Tbe
Ptt.¡¿nt t Lt¡: ú Pru!u'[) Rigltts as [iltur|re/ú.l in the ITaa,tf.tt
Lqt/ Littttuttrt ol' tht lhtu/tk ¿tud )Ítot¡¡tlt Periatl.r, Lotc\es,Nen. York, Siclnev, 1988, I 6. Voi¡ égarlemcnt lcl., " Legal
li¡e,¡¿tirre ¿ncl the Problem of Change : Thc Casc of the
Lrrncl llcnr ", tu Chibli MALLAT (.é,J.), I:ldt¡ ¿ú Pnúlit'
liu, Lon116, 1993, )9.17; UDOVITCH (Al¡raham),
n lcs échanges cle marché dans 1'Isl¡rm médiéval : rhéorie clu
droi¡ et s¿rvoir local ", Stadia Is/ctnica, XLV (1987), j-30;HALLAQ (Wael B.), < From Fatwás to Furu' : Gror'¡h ¿rncl
Change in Islamic Subsr¿rntive Larv ,,,|¡/aruic Lau.,¿tncl Sottrtl,
I r loo r,.,rO-r,5 : IOMEÑO rAm¡li,rr. [)ut, ),..at,jt,.nttj,,,t¿/ Anda/n y el Nute Je Áfriu. Estudia¡ sol:re la jrri:ltradcniaisl,ínica necleual, Madrid, 2000.
7. MAZZOLI GTIINTARD (Christine), ViLrc ¿) Cordorc atllo1n Age. So/id¿rirís ci¡¿¡Jine.¡ en tele d'lslatt dtx X'-Xl .¡ii-¡/¿.i, Rennes,20Ol.
8. Ibid., notammcnr 179.
Pour une vue plus détailléc cle cette approche, je me permets
cle renr.oycr ici á ma thése, solrtenue en janvier 2000 á l'tlni-r.crsité dc Lyon II, sorrs le titre Le.; tsage.r de /¿ t,i//e. Disnrrsrtrtrnuti.[. habitat ¿ únitrr.lian ub¿tine dans /u ú/la de /'Ori-dent rut.¡lll¡¿n nídiét¿t/ lX' X/y r,;, i pararirre aux P¡csses cle
I'Institut Francais d'Archéologie Orientalc ¿ru Caire.
IBN 'ABD AL-RAÚF, Al-Rivla f7 arlab al,bijha ta /nurhrasib, écl. Eva¡istc LÉVI-PROVEN QAL, Dountents arabes
inídi¡,¡ sw /a úe socia/e et íconantiqte eil )c¿¿ert rut:thtnn ¿ut
lIolut Agt. Prntiire .¡írie: tlli.t tldití\ b)¡uniqtes /¿ hisba, Le
Caire, 195i, 61-116; trad. Rachel ARIÉ, . Traduction an-
notée et commentée cles traités de hisba d'Ibn 'Abd al-Ra'ufet de 'Llmar al-Garsifi ", Hespy'ris:l'antJd,I (1960), I4-18,l9c) 214 er )49-a64. Cer ouvrage ¿rurait été écrit par rur dis
ciple de ce personnilgr, cntrc 950 et 975.IBN AL-'ATTÁI., Kireb d/-Wa1á')q u.a / :t"gi//a.r, éd. Peclro
CHALMETA et ¡ederico CORRIENTE. sous le ti¡re Kl¡71
a /-\Ya¡n ) q u'a- / -.r Qi / ltu (F omn lar i a aotarLt / b ispaxo-árabe),
Madrid, 1981 ; tracl. esp. par Mrrir MARLTGAN rt Pedro
CHALME1A, Forrut/ario natttrial 1 jrdicial an¿la/t.¡í, Madrid,2000.
AL-tluSÁNi, Ll:n/ al-Jit1,i f7 ¿l-rtqh 'ali nt¿elbab ¿/-intint\1.,/tL.,J. \4ulr.rmrn.t,l AL-.\4ACDl B, MLrh.rmmrJ ABÚL-AGFAN, 'Utmán BATTIH, tTunisl, 1!85.IBN AL-IMAM, Kital al Qatñ' bi-l-nxtrfq Jt al-nubit¡i u.¿-
nafi a/-c/arar, éd. Muhammad Af-NMINAG, R¿brr, lqqg ;
trad. Barbier, " Des droits et obligations entre propriétaires
d'héritages voisins ", I?et.,at i\lgírienne et Tani.;ienne & Lígis/a-
ilon ef fu Jtrislturdanu, XYI (1900), 9 li, 17 -2i. 12-16, 9l-104,113-111, et XVII (1901), 6t 8,i, 89-108 (dorénavant
" l)roits-l " e¡ " Droits-2 ").iBN ABi ZAMANIN, t\Iilrt¿l:ab al ahkin, éd. 'Abd Altáhb. 'Atiyya aI-RADDÁD AL GAMIRT. tomcs 1-2. Be¡ routh,La Mckkc, 1998.
IBN SAHL, a/ Ahk7n a/-kabrá, choix de quesrions intércs-
sirnt les mosquées et les maisons dans les \Yatu'it7 fi út'tn a/-'nru'aa fi tl-Aúa/ns. A/-Ala:a"gid u'a I tñr. et les c¿rs concer-
ntnt lt Lish¿ clans lcs'X/a¿i'it¡ Ji ít'ra a/-hi:lu fi al-Andalu:.jJ. VLrh¡mm¡,1 Abd rl-\\ ¡hlrrrh HALLÁF. Lc Crire. rerl.s,-tivemcnt 1981 et 198j. Sur I'ouvragc et son auteur, voir ipréscnt NÍÜLLEIl, G*ichtsVrdxis, xr.i suiv. er 1 suir'.
AL-BURZULI, Gáati' nn.w i/ al-ahkin¡, écl. Muhammacl al-
Habib AL-HILA, 7 r,ol., Beyrorrth, 2002 ; AL-\íANSARISI,A/-i\D fir, éd. Muhammad HAGGT, l-i vol.. Beyrourh,
llabat, I 981.Sur la conurb¿rtion QrLrtubtr-Madin¿rt ¿rl-Zahrá', r'oir, outreI'¿rrticle cité stpra cle Manu,-l ACIÉN ALMANSA er Anto-nio VALLEJO TI{IANO, les .lcnx ¡r¡iclc: suiv¿nts : ACIÉNALMANSA (M.), " A\ultnat ¿/-Zabm' en el urbanismo
mrtsulmán ", Cnttdernos ¿fu ll¿djn¿t ¿/ Zahm', 1 (1987), i 1-
26, et VALLEJO TRIANO (A ), ., El proycto urbanístico
del Estado calif¡rl : M¿dinat tl-7,ahra' ", )n ILtfael LÓPEZGUZMÁN Gd.), La artltitecttra ¡/¿/ lslan¡ ottidntal, Barcc-
lone, M¿rdrid, 199t, 69-81 . Dans une perspective plus large,
on consultera également désormais ACIÉN ALMANSA(M.), " La fb¡nación clcl te jido urbtrno en al-Andalus ", zz
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)2
Jean PASSINI (écI.), La citd¡d nrcdieL¿l : de la casa al te.fidn
mbtno, Ctenca, 2O0l, 17-32.
Sur cette question, voir ACIÉN ALMANSA, " Madinat al
Zahra'... ,,17, er ACIÉN ALMANSA, VALLEJO TRIANO,n Urbanismo... >>, notamment 127 et 111.'lYAD. ttry)] ,/ t udLil . r. id. AbJ rl-Qrdir AI-SAH RÁU i.Rab¡r, lr)-0, lOa; llu:scin Muncr, lz L.l. .'.t. . lsr b.
Dinár ", donne comme titre \e Kir7b al Hirt1a.Le Kitab alGidar esr apparemment perdu. Il est toutefois possible qu'rl
soit au moins partieliement conservé d¡rns un ouyrage bien
posrérieu¡, le Kiúh IlLIid al-htkkan du juriste cordou¿rn lbn
Hiüm al-Azdi (m. 6t)6/i209), sans doute par I'intermé-
diaire du Kitab \lantabab al-¿hkim d'Ibn Abt Zamantn. E¡collarionnant les citations dc ces deux ouvrages et cclles du
Kitab a/-Qacla.'d'Ibn al-Imám, il parait possible d'en tenter
une testitution partielle.
A ce sujet, voir mon . Iniluencia de 1o jurídico sobre la cons-
trucción : análisis cl'lbn al-Imám al-Tutili (Tudela, final del
siglo X) ", lz Jean PASSINI (écl.), I'a ciudad n¿rheaal : de /a
usa a/ njida urhauo, Ctenca,2001,2Ii-219.IBN ABi 7.AYD, Kirab al-Nauaclir u,a-/ z4'idar,1.5 vol., éd.
tr{uhammad HAGGI, Beyrouth, 1999 (vol. 11).
Le texte est apparemment perdu.
ACIÉN ALMANSA, " Madinar tl-Zahn' ... ", 11-12 suiv.
; //., " Sobre el papel de la rdeología en Ia caracterización
de las formaciones sociales. La formación social islámica ",Hispaúa, LVIII (1998), 91t-968 (936-914).
Paradoxalement, c'est une notion clont l'importance semble
avoir éré trés largement sous-évaluée dans les études consa-
crées á l¿r propriété en droit máliki¡e ; pour une prerniére
¡éévaluarion du concept, voir VAN STAIIVEL, lnflucncia
delo jtrrídico... ",2i3 2it.Sur l'émcrgence progressive clu concept d'. interdiction du
préjudicc " (.naJi al darar), insufF.samment prise en compte
dans les études consacrées ) la iittérature jurisprudenticlle
d'al-Andalus. voir not¿rmment les réflexions de Delflna SE-
RRANO, " Las demandas particlLlares como limitación de
las consttucciones privadas en el Occidente islámico me-
dieval: dos ejemplos rel¿cionados con la actividad jurídica
del cadí'Iyad ", inPatrice CRESSIER, Maribel FIERRO et
Jean-Pierre VAN S'|AÉVEL (éd.), L'mbdnisrue dan.¡ l'Orciden¡
tnuah¡tan aa lIaln ága, Madrid, 2000, 17-18 (11-21).
Vorr par cxemple FERNANDES (Leonor), " H¿bitat e¡
prescriptions légales ", in L'/:ahitat ¡raditiornel dan: les pays
nu.¡ilman¡ autorr dt la Míditerraníe. 2. L'histoire et le túlier,Le Cai¡e, ,rro,4tc1-126 (.i20), et MAZZOLI-GUINTARD,op. dt., 171 -I7).iBN sAHL, U',.ut,,-8 E2.8l-xx.lhi¿., ()l ct 117; id., Hi.¡ha,Ii2-111, 1i3-138, 139-140,
r4t-t42.lhid,'Unrin, 61 -68, 69 70, 7l-7t.Voir par exemple ibid., Il7-172 (préjudice causé ) la pro-
priété voisine par un olivier) et 131-117 (dommage occa-
sionné par des pigeonniers et des abeilles au voisinage).
SANTILLANA (David), I¡titrzioni di diri¡to rualichta (con
riguarJa ancbe a/. sistenta:cia/ilta),2 vol., Rome, I922-lc)21t(Vol. I), 348 ; ibid., 1938 (Vol. II), 2t9 et 122.
IBN AL-'ATTÁR, Wtá' it1,.l7 1 / trad. 591.
31. Voir ia jurisprudence concernant la rédaction de I'acte en
question en ibid.,ill-3131 trad. i9i-595.14. Ihd.. )6t)l trad. i9I.3 j. Et ce méme si ces trouvailles concernent p1ut6t le plein'1"/X'
sidcle, alors que les cas exposés )nfra relévent plutót d'une pé
riode légérement antérieure, celle du tourn¿rnt des l"/IX'et4'lX'siicles, avant justement la mise en place, dans cercains
quartier fondés ¿x rtoto, d'tn tel réseau cl'assainissement.
16.
i7.38.
ac).
40.
4r.
IBN SAHL, Hi.¡ba, \32-773.tbid..1i}-r18.llri¿., \31.Ibi¿.. t i8.l|,id..I4l-l/+2.Ces divergences portent en général sur les modalités de prise
en compte de 1a . possession de longue durée " (hiyza) et dtdroit d'usage eflectif qu'ont les ¡ive¡ains de l¿r ¡ue su le Jiniattenant á leurs maiso¡s afin de légitimer ou au contraire
conclamner l'empiéte ment. Sur ces qrrestions, voir également
Ies divergences cl'opinions apparues entre les membres de la
.íari cordort¡e au début du '1"/X' siécie i propos de l'affaire
de I'empiétement par Ibn Salim sur Ia chaussée, cas traité
ixfra ; IBN SAHL, Hi:ba, L,i3-1Ul et notamment163.
AL-NTANSAnISÍ, Mlpr, 9 : 6l-62. Les Annale.¡ P¿la¡ines
du chroniqueur al-Rázi, telles qu'elles nous ont été transmi-
ses parr I'historien cordouan Ibn Hayyán (m. 107ó) nous ont
également conservé, pour l'année 972, le souvenir de I'in-rervention d:irecte drL calife al-Hakam lI (r¿g. 961-976) dans
l'un des faubourgs orientaux de Qurtuba (Furn Burriel);
IBN IIAYYÁN, Al-AIuqtabi: (partie reiative aux années
911-911), éd. 'Abd al-Rahm¡n 'Ali AL-HAGGI, Beyrouth,
I96t,67-68 et 71 ; rrad. Emilio GARCÍA GÓMEZ sous le
titre: Anales palatinas del ulqt'a & Círdaba d/-Hakattt ll par'isá
ibn Ahn¿d a/-Rá:7, Madrid, 1)(1 ,3c1-c;¡¡ (n' 41) et 93 (n",i8).
20
22. 42.
4i. AL-WANSAI'ISI, mtpr,s : 445..i4. IBN SAI:IL, Hi:ba,1i8 ; voir également i|rid.,li1./+i. IBN'ABDAL-RA'UF, I?i¡á/¿,84/ cl Arié, " Traduction... ",
33. Les cimetiéres entrent également dans cette catégorie de
biens-fonds ; IBN SAHL, Hish¿, li5.16. IBN SAHL, Hi.¡ba,14l-183. Si ce personnage est bien le cé-
lébre fils de 'Abcl al-Rahmrn III, assassiné en -1661976, cette
appellation est bien entendu postérieure aux événements que
relate Ibn Sahl dans son ouvrage.
,i7. Ibid., lt)-I51. Cette opinion est également attribuée au
juriste égyptien Asbag; ibid., 149. Pour des époques plus
tardives, Ana María Carb¿lleira isole, dans Ia thése qu'elie
a consacrée aux habous, une autre occufrence de la méme
no¡ion chez 1e juriste valencien Ibn Ni'ma (Valence, m.
t6711171), dans un cas daté de 536/11''11, or\ il indique que
les ponts, les voies de circulation Qrruq) et les puits sont des
biens habous en faveur des musulmans ; AL-WANSARISI.
tt/pr, 7 : 2)4-211 ; CARBALLEIRA DEBASA (4. M.),
Legado: pírr l Jtndacione: familiares en al-Andalas (s)glas lVlX-VllXl), Madrid,2002, l3l et 131.
,1f1. Pour SANTILLANA, lstitLzioni,I: )24, Ie " clomaine pu-
blic ,, comme il l'appelle, comprend les grandes rues, lir loiepostnle, les c;rnaux, les places, Ies ponts, les páturages, les
cimetiéres et les tombes.
24
)-6
27
28
49
4!. D'aprés un h¿dil célébre : " Quand les gens ne sont pas
cl'accord sur la largeur ), donner au chemin, on Ia fixe ir sepr
coudées " (soit environ 3,/lO m); voir par exemple IBN AL-IMAM,Qd¿a',n0': 7llcf. trad., " Droits-2 ",67.
50. Iltid.,171/ cf. trad. (modifiée) " Droits-2 ",67. Les deux ma
nuscrits de I'ouvrage que j'ai pu consulter donnenr la leEon
í.n.t.1.r., que I'on pourrait vocaliser en íntir ot íanúir ; on
peut voir selon ¡oute vraisemblance d¿rns ce tcrme une fr¡mcarabisée clu latin populaire.rertitaiu:, dér:é clc senita, . sen-
tier, pe tit ciremin ".i1. On trouvera de récents éléments de synthésc cn la matiére
dans ACIÉN ALMANSA, VALLEJO TRIANo, " urba-nismo... ', 128 ; ACIÉN ALMANSA, . Formaciórr... o,
21-29 ; R\IIZ (Ana), MORENO (Esther), MOYA (Ángel), 62.ESPINOSA (Fermín), JABATQUINTO (Isabel), " Los arr¿-
bales de Ia Córdoba musulmana, de las fuentes escritas a la
realidad arqueológrca ", Anales de Arqrualogíd Cordobesa, 12
(2001 ), l,1t-1 18 (1,i9).
j2. Sur le tracé des rues découvertes dans le secteur dit d'El Fon-
ranarr, voir VAQfIEITIZO GIL (Desiderio) (clir.¡, Gufu artluat
lígica de Círdoha, Cordoue, 2OOi,161-162.
peuplement anciens, dont la médina de Cordoue en premier
lietr ; voir cependtrnt, concernant l'¿rrchitecture domesrique
dans lcs faubourgs, ies remtrrques de RL)IZ et ¿/ii, " Los arra
bales... ,, I 54, et de CASTRO DEL RÍO, . La arquitectu-
ra... ", 268, i propos de 1'épaisseur donnée ) cert¿ins murs.
Sur les piéces d'étage dans l'architecture domesticlue d'al-
AndaLus, on se reporter¿ également ) l'article de TORRES
BALBÁS (Leopoldo), . Algunos aspecros de la casa hispano-
musulm¿na : almacerías, algorfas y saledizos ", Al-Andalns,
XV (19t0), i79-190, et ) celui de NAVARRO PALAZON
Oulio), .JIMÉNEZ CASTILLO (Pedro), " Pl¿rntas altas en
edifrcios andalusies. Lar aportación de la arqueologít", Arqrcologia Medieual, 4 (1996), I 07-1 i7.Sur la piéce haure indépendante qui donne sur Ia cou¡ de Ia
clemeure, offrant ainsi comme Llne t¡aduction sur Ie plan ar-
chitecturtrl de la position sociale prééminente de son unique
Llsager -
le maitre de maison par rapport au reste de Ia
maisonnée, voir par exemple pour Tunis au XVIII'sidcie RE
VAULT (facques), Palai.¡ et denetre: de Trai: (XVI" et XVll'siic/es), Paris, 1980, 6.1, et BEN ACHOLIR (Mohamed el-
Aztz), " Une famllle et sa demeu¡e dans la médina cle Tunis:
Dár al-Jalluli (XVIII"-XX" siécles) ", in L'ltabitar naditionnel
dau.r /e.r pa1.r nut:alnat¡.¡ artaar Je la A|íditerraníe, Le Caire,
1990.569-598 (591).
GARCIN (Jean-Claude), " Quclclucs questions sur l'évolu-
tion de l'habitat médiéval clans lcs pays musulmans clc Mó-
cliterranée ", in l,'h¿bi¡¿tt ¡radi¡ionne/ dans /es pals nutstln¿ns
afioar de /a A[idirtrr¿níe, Le Caire, 1990,2 . j69-]85 (l80-181); id., " Dt rab' á h rttsrila. Réllexions sur les évolu-
tions et les emprunts cles formules cl'habitat dans Ie monde
mnsulman cle Méditerranée ) l'époque médiévale ", Auna/es
l.t lartolopr¡ae.r, XXXI ( I 997), 6 I -U0.
On sait clue la construction de ces piéces i accés inclépendant
et donnant sur 1¿r rue, clon¡ la fbnction était dc lburnir rrn
logis aux h6tes cle passage ou i cles membres clc la famille,
s'est exprimée ¿lvec Llne vigueur particuliére ) Fés dur¿rnt lc
6"/XIi" siécle : IBN ABi ZAR' fáit référencc dans son Raudal-qirtZs i un tecensemen¡ réalisé i l'époque almohade , plus
précisément au début du 7'IXIII' siécle, dans lequel rl est
fait état cle I'existence, dans la cité, de 89 2i6 maisons (rár)
et 19 0,i1 nasú1a-e ; id., Raud, cité par GARCIN, " Évo-
lution... ".380-181. Un semblable recensement aurai¡ été
efltctué ) Cordoue du temps d'al-M¿nsur, ) Ia fin du ,i'iX'siécle ; AL-MAQQARI, N?/¿ al tib, ctré in ibitl.,380-381 .
IBN AL-RÁMI, Kitib ¿lJ'kn bi-abkint al btnlán, éd. 'Abd
al-Ralrmán b. Salih AL-ATRAM, Ryadh, i995, l: 293
¡/ti¿., éd. Férid BEN SLIMANE, Tunis, 1999, 90.
CHALMETA (Ped¡o), " Acerca del '¿na/ en al-Andalus : al
lfunos c¿rsos conc¡etos ,,, Antario de l{i.¡toila de/ Dera'ho E:pa
nol, LYI] (t 987 ), 339-)64.SERRANO (Del6na), . La práctica legal ('Ana/) en al-Andalus durante los siglos X-XII, !r través de los Ma¿[ttbib
al hukkitn fi nau.ázil ¿l-ahkim de Muhammacl b '\ed ',Qurtuba,l (1996),171-192. Les observ¿rtions que j'ai pu me-
ner sur Ie texte du ma?tre-maEon ¡unisois Ibn arl-Ráml vontdans le méme sens que les hypothéses formulées par Delfina
Serrano.
t354
ACIEN ALMANSA, " Fo¡mación... ", 29-)0.Sur cette qlrestion, voi¡ ACIÉN ALMANSA, VALLEJO
TRIANO, " Urbanismo... ), notamment f28-129 t F.UIZ(An^) ü alii," Los arrabales... ", 150-1 i5 ; FUERTES SAN-
TOS (María del Camino), HIDALGO PRIETO (R¿fael),
" La evolución urbana del arrabal noroccidental de Qtrtaba:el yacimiento de Cercadilla ", Anales de Arqueología Corcla-
bua, 12 (2OOI), l5r)-ll5 (1r0-l r I ) ; CASTRO DEL RIO(Elena), " La arquitecura doméstica en ios arrabales de Ia
Córdoba califal : la zona arqlreológica de Cercadilla ", Atalet
de Arquutlr:,gía Cordabes't,12 (2001), 241-281 (261 268).
55. Il faut supposer lllle cette qlrestioo n'avait de sens que dans
les secreurs d'hal¡itat qui ne bénéficiaient pas cl'un réseau
d'évacrLation des eaux usées ; sut cette question, voir par
exemple ACIÉN, VALLEJO, n Urb¡rnismo... ", 127-128, )propos du faubourg nord-ouest d'al-Rusaf i l'époque cali-
fále.
i6. Ccs derniers cas reievant, bien síir, cl'un contexte beaucoup
plus rural qu'Lrrbain : le ter¡itoirc dc la ville, justement.
57. IBN AL-'41-1'AR, \l/¿¡á jq, IIlit¡acl. 240 ;exposé de 1état
de la jurisprudence en 118/2{O-241. Ce cas est éÉjalement
analysé dans mon article " Influencia... ',,237 -238.t8. SANTILLANA, Is¡inziani,I : l7l. Voir également la diseus-
sion de cc¡¡c qucs¡ion dans 1¿1 tradlrc¡ion d'Ibn al-'Attár ¡rrMARUGÁN, CHALMETA, F orntt/ario, 242-21r).
59. IBN AL-'ATTÁR, Waú'iq,241ltrad. 119.
ó0. Ibid.,120/ trad. 2,i5. Discussion de Ia junsprudence en r.i-
¡lueur concern¿nt les modalités de la vente en 120-121/ trad.
246.
6 l. Aucun indice archéologique direct ou indirect de l'existence
d'une piéce d'étage ne semble avoir été lusqu'i présent mis
en évidence lors des louiLles menées á Cordoue et dans ses
environs. A priol, on pourrait donc penser que, si l'on suitcette hypothése cl'un besoin de type clomestique, la construc-
tion de piéces d'étagc a clü ca¡actériser avant tout non pas
les fáubourgs, oü les maisons pouvaient étendre leur emprisc
Ieur sol sur une large superficie, mais dans les noyarrx de
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68. lBN AL ,{I'-1'AR, \Y¡aAf icl, I90/ tracl. ll,i. On troLLVc pas
moins cle 8i nrentions dt anttldans ce ¡ecucil cic formul¿ri-
tes notariaux; CHALMETA, . Accrca... ", lj1. Ccs men-
tions, malheureusement, clu iáit du choix opéré par Ibn al-'Attár lors de la composition de son ouvragcj ne concernent
pas (ou trés peu) les litiges inhércnts i l¿r constrrrction. Ilconviendrait de fáire, ) l'échcllc clc la clocumentation jLrri-
clique clisponible pollr ce¡¡e époquc, une ¡ecension cle toutes
Ies situations luridiques <1ui, clans lc clomaine des droits de
voisinage immédiat et, sllr un plan plus général, clc la pro-
pnété fonciére, commencent i étrc régis dés cette époclue par
le 'atnl.69. BRTJNSCHVIG, " Url¡anismc... ", 152 JOIIANSEN
(Baber), " Le jugcmcnt comme preLrve. Preuve juridique et
vérité religieuse dans lc clroit islamiclue hanéfite ", Sttd)¿ Itlauin,LXII (1990), t-17 (11ctn. il);)J., " L¿découverte
des choses qui parlent. La légalisntion de la torture j udiciarrc
en cl¡oit nusulman (XIII"-XIV' s.) " , Enqúte,7 ( 1998), L 7 t202 (notammcnt 185); il., " Signs as Evidence : The doc
trine of Ibn Taymiyl,a ( l26l- L 128) ancl lbn Qayyim al Jarvziyya (1. 135 1) on Proof ", l.¡/¡n)c L¿u. and Soútt1, ) (2002),
168-191. Sur lc statut cle la preuve matérielle comme sur
Itr question, plus généraie, cles modalités de l'expertise en
mati¿re de constructioni voir á présent également VANSTAiTVEL (Jcan-Pierre), . Savoir voir et Ie faire savoir :
I'expertisc judiciaire en m¿tiére cle construction, d'aprés un
truteur tunisois du S'/XIV' siécle ", Anu¿les )slann/agiqut, 15
(200r), 627 -662.r0. IBN SAHL, Unmn,74, 1ll, L3t.,1r. rbid.,6g-t0 (69).
,-2. Ibid.,67 et 87 ; id., Hrba,1/t2. Parfbrs cepenclant, il est né,
cessaire, comme le précise clans un cas précis Ie juriste lbnLuL¡ál¡tr, n d'envover lc cndi lsrLr les lleuxl pour c1u'il ob-
serve fltr naturel c1u préjucLcc " (ir:i/ ¿/-qndi ü-nt'á1anafd/ dartr) , id.,'Unmt, 116. Voi¡ Lrn ¿rutre exemple en ibid.,
78.t). Id.,Hisln, tj2_lll (112).
14. Id., Llnn'Vt.67 cr 1ll.¡-5. Ilid., ,14;Hi:/:a.l,l2 ;IRN AI-'ATTÁR, \\t¡1'tq. \-l trad.
t93.76. IBN SAHL, Hi:b¡, lll et 119. Il cst parfois également c}Les-
tion pour le cadi d'" éprouver " (intihán) Ies allégatrons de
l'une des parties en envoyant sur place une personne cle con-
hance ; )d.,'Unun,8J .
11 . Id.,l7i.¡h¿,13.1. Voirégalement id.,'[.inrin,91 et 117. Voiré¡¡alement Ie róle que jouent les témoins instrumenr.rires
clans la publicis¿tion de Ia prise cle possession d'une mrisonpar son nouvel acquéreur, par exemple IBN AL-'ATTAI{,Wa¿a iq, 1i9 -ló0/ trad. i8l t82 ; commentaire pp. 573
51 6.
78. VAN STAirVlL, . Savoir voir...,,, 64i 1.4'1.
79. IBN SAHL,'[]ntria, 1Li 117. Selon une autre opinion clrr
rnéme juriste, il est de méme obligatoire polrr Lur f¿rrticuliercle laisser pénétrer dans sa demeu¡e la personne m¿rndatée
pour examiner I'oblet clu litige (il s'a¿¡it icr en l'occurrence
cl'une c¿rnalisation); id., Hi:b¿,111 .
80. Voir notammentJC)HANSEN, . La découverte... ".81. Sur cette qlrestion, voir nron article " Savoir voir... ",6+-l-
649.
82. Selon Ie principe du 1',7n,¡r, ua'a tt/ fab)d, < prestation de ser-
ment supplétoire ,, slrr lequel on verra iltid..641 .
8]. IBN AL-RÁMi, I'KA, éd. AL-ATRAM, I : I,i4; JbJd., éCI.
BEN SLIMANE. ]7,8,1. l)iscussion (pas totalement convaincante i vrtri dire) de I'ori
gine du rerme par Mlrhammad 'Abd al-\X/ahháb Halláf clans
IBN SAHL, Uuran,78-19 n. '272.
85 . r bid., 19 .
86. Ibid..80-81.87. IBN AL-'ATTÁR, \Yta¡rf ic1,121-1221 tracl. 2.17-248. Sur la
question de I'expertise du cha?nage cl angle, voir également
les remarques de MARUGÁN, CHALMEIa, F,uturlario,
243-244.
88. AL HLrSÁN1, U.¡¡/, li9.89. Sur ces rn¿n(ELrvres et ces ruses de particuliers, voir mon ar-
ticle, . Savoir voir... ", 650 612.
90. Ibn al-Hincli d'aprés Ibn ai Fla!!, traduction d'aprés AL-\íANSARIST, AIi'yir, ): l4 ; 1a citation originale se rrolrve
.l,rn\ lc mrnu5\rir .lcr \;¿.¡ /1 d IBI\ AL HACC, nrrrnü.\T;r
n'' 5i !, Biblothéque générale cle Rabat, 112 ; eIIe est rrfrise égalemenr dans IBN AL-RÁMT, I ñ¡t, éd. AL ATltAM,t, : 2)i ; il,iLl., éd. BEN SLIMANI,, 69, clonr Ia citation dif-fére par quelques menus détails.
91. IBN AL RÁMi, I kn, écl. AL ATttAM, r : 2i0-2ir ; ibid.,
éd. BEN SLIMANE. 7'.
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