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Rapport d’évaluation rapide
Multisectorielle dans la ville de
Bossangoa et sa périphérie
Du 11 au 13 Avril 2013
Evaluation Bossango ACF 11-13 Avril 2013
Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 1 / 8
1. Contexte général
Le 21 mars 2013, lors du passage des Séléka en direction de Bangui pour leur prise de
pouvoir en RCA le 24 mars, la ville de Bossangoa s’est vidée de la moitié de sa population qui se trouve toujours en brousse aujourd’hui (environ 20 000 personnes sur une population
estimée à 40 000). A noter que Bossangoa est la ville d’origine de l’ancien Président de la RCA
Francis Bozizé renversé le 24 mars. Une grande partie des habitants était proche de Bozizé et
craint de ce fait d’autant plus des exactions et représailles.
Il y a très peu de déplacements. Le quartier musulman (Boro) est le seul quartier de la ville
toujours en vie avec commerces et mouvements. Seul le marché Boro est fonctionnel.
La totalité des bureaux et bâtiments ont été entièrement pillés, à l’exception de l’outil de
production de la cellule coton (SDIC). Les activités ont repris avec une garde de l’usine par la
Séléka.
Quelques bus ont repris le trajet entre Bangui et Bossangoa mais pas la Sonatu (compagnie
de transport principale en RCA).
Les banques ont été pillées et n’ont pas repris leurs activités.
Le Colonel Youssouf et le Commandant Hamat se sont installés à Bossangoa et contrôlent une
cinquantaine d’éléments Séléka.
Ils assurent la sécurité en ville mais ne peuvent garantir cette sécurité pour les déplacements
hors de la ville sur les axes secondaires.
Ils souhaitent le retour des populations à Bossangoa et ont organisé une réunion avec les
notables de la ville dans ce sens.
Bien qu’en diminution, les pillages continuent toujours chez les particuliers à Bossangoa et
dans les alentours, ainsi que les coups de feu sporadiques.
2. Evaluation d’urgence
a. Chronogramme
Cette mission d’évaluation rapide a eu lieu à Bossangoa entre le 11 et le 13 Avril 2013 avec
l’objectif d’évaluer la situation humanitaire dans le cadre du Mécanisme de Réponse Rapide
(RRM), et la situation sécuritaire pour une reprise des activités humanitaires dans la zone.
b. Objectifs
Objectifs :
Général: Analyse du contexte sécurité et de la capacité d’opérer un retour des activités dans la zone de
Bossangoa, ainsi qu’une analyse des besoins humanitaires induits par la prise de pouvoir des
Séléka dans la zone de Bossangoa.
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Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 2 / 8
Spécifiques: -Effectuer une évaluation rapide des besoins pour déterminer la situation humanitaire, en
particulier en matière de WASH, SAME dans les zones affectées par le conflit.
c. Méthodologie
i. Voies de transport
Bossangoa est facilement accessible par voiture (4x4, moto ou camion) à partir de Bangui (6
heures de route).
ii. Institutions présents sur place
Institutions étatiques - Bureaux pillés et fermés.
UNICEF et BINUCA – Bureaux pillés et fermés.
ACF - Bureau pillé et fermé.
ACTED – Bureau pillé et fermé
SODECA et ANEA - Bureaux pillés et fermés.
Centres de Santé publics (Hôpitaux et UNT) - Bureaux pillés et fermés.
Banques- Bureaux pillés et fermés.
Base ACF après les pillages
iii. Activités réalisées
Les activités réalisées lors de cette évaluation étaient décomposées comme suit:
-Des « Focus group discussions » avec des notables de 5 quartiers de Bossangoa et dans 1
village d’accueil de déplacés (Touïguidé) ont été réalisés.
-Des entretiens avec des agents de la SODECA, ANEA, personnel de l’Hôpital Public, de la
Mission Catholique, personnel local d’ACF, l’Imam et des Autorités du SELEKA ont aussi eu
lieu dans le cadre de cette évaluation.
L’équipe était constituée de 2 voitures avec chauffeurs ACF pour des raisons de sécurité, 2
expatriés de type caucasien (Coordinateur terrain et Expert WASH du Pool Urgence), 2
employés nationaux SAME et 2 employés nationaux WASH.
Evaluation Bossango ACF 11-13 Avril 2013
Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 3 / 8
3. Evaluation de besoins par
secteur
D’une manière succincte voici l’analyse par secteur des données collectées sur le terrain au
cours de cette évaluation rapide.
a. Profil de la population
Le nombre approximatif d’habitants de Bossangoa est de 40,000 personnes. Actuellement on
estime qu’au moins 50% de la population (20,000 personnes : hommes, femmes et enfants) a
fui de la ville à cause de l’insécurité pendant et après la prise de Bossangoa par la SELEKA le
22 Mars 2013.
La majorité de ces gens qui ont fui se trouvent dans des villages et dans la brousse sur les
différents axes autour de Bossangoa, entre 10 km et 30 km de distance de Bossangoa.
Ils ont fui d’une façon précipitée et ils n’ont pas été capables de partir avec beaucoup de leurs
biens (quelques-uns ont pu fuir avec de la nourriture, casseroles, de l’argent, etc.).
La population n’a pas encore commencé à revenir car les conditions de sécurité ne sont pas
encore assurées à Bossangoa (des pillages continuent et on peut toujours entendre des tirs
qui terrorisent la population).
b. Dégâts enregistrés au niveau humain et habitat
Il y a eu au moins 3 morts et un nombre indéterminé de blessés.
La population qui est resté à Bossangoa habite à la maison et la plupart des gens qui ont fui
habitent avec des familles d’accueil dans les villages de la brousse autour de Bossangoa. Les
déplacés se trouvent en majorité dans des campements dans les champs à l’écart de la route
et sont éparpillés tout le long des axes.
Il n’y a pas eu de maisons détruites, mais beaucoup de maisons ont été pillées.
La plupart des services publics ne sont pas fonctionnels (mairie, Banque, écoles, centres de
santé, SODECA, etc. …).
c. Santé
Tous les centres de santé publics et la plupart des centres de santé privés ont été pillés
(équipements et médicaments) et ne fonctionnent plus.
Seulement 2 centres de santé privés sont capables de donner des services basiques de santé
d’une façon limitée et avec une quantité de médicaments insuffisante.
MSF Hollande, depuis sa base de Boguila, avait déjà réalisé une première visite et apporté un
soutien d’urgence et des kits de médicaments à l’hôpital public.
ACF a également donné à l’hôpital public 2 kits de traitement de la diarrhée aigüe lors de son
passage.
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d. Eau, Hygiène et Assainissement
Les bureaux et entrepôts de la SODECA et de l’ANEA ont été pillés.
Bureaux SODECA après les pillages Bureaux ANEA après les pillages
La SODECA a arrêté la production d’eau en ville. Ils ont perdu le générateur et système
électrique, 3 pompes submersibles, le stock de carburant, le stock de matériel et outils, et
toute la fourniture et équipement du bureau.
Câblages électriques de la SODECA après les pillages
Avant cette crise, la SODECA fournissait l’eau seulement à autour de 5,000 personnes
(représentant moins de 20% de la population totale de Bossangoa) dans le 3ème
arrondissement avec 170 abonnés actifs et 7 bornes fontaines publiques. Le 1er, 2eme et
4eme arrondissement, se trouvant en hauteur, n’avaient pas accès à l’eau de la SODECA.
L’ANEA a perdu le stock de matériel et outils, et toutes ses fournitures et équipements de
bureau.
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Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 5 / 8
Actuellement la population en ville s’approvisionne en eau dans une quinzaine de forages
équipés de pompes manuelles (plus de 2,000 personnes par point d’eau et moins de 5 lpcd
quand la population sera de retour), le fleuve et des puits traditionnels.
La population qui a fui s’approvisionne en eau dans les points d’eau des villages d’accueil
(puits traditionnels, forages équipés de pompes manuelles, ou dans les rivières et fleuves).
En termes d’assainissement, la population en ville continue avec les mêmes pratiques
qu’auparavant (soit utilisation des latrines ou défécation à l’air libre), et la majorité de la
population qui a fui défèque à l’air libre.
En termes de pratiques d’hygiène, la population qui a fui n’a pas d’accès aux outils et
matériels d’hygiène nécessaires (savon, stockage de l’eau, etc.)
e. Protection
Quelques cas de violences basées sur le genre (viols et agressions sexuelles) ont été reportés.
Parmi les personnes qui ont fui en brousse il y a des enfants non accompagnés, des
personnes âgées et des personnes handicapées.
f. Education
Toutes les écoles et lycées en ville ont été pillés et sont actuellement fermés. Les enfants ne
vont plus à l’école à cause de cette situation depuis le 22 mars.
g. Alimentation et Nutrition
Les sources de nourriture de la population de Bossangoa ont changé depuis le début de la
crise. Certaines familles ont déjà consommé leur stock de nourriture et sont en train de
terminer leurs stocks de semences ou d’acheter avec du cash ou par crédit. Des autres
familles reçoivent des dons des familles d’accueil ou vont en brousse pour chasser ou
récolter des champignons, etc.
Les réserves alimentaires de la population sont en train de s’épuiser.
Dans les marchés il y a moins de nourriture disponible et les prix des denrées est légèrement
en hausse. Il y a moins des commerçants qu’avant la crise et certains marchés sont fermés. Le
pouvoir d’achat de la population est plus bas qu’avant la crise.
La population a déjà commencé à réduire le nombre de repas par jour, et actuellement une
partie très importante de la population ne mange qu’un repas par jour le soir.
L’Unité Nutritionnelle Thérapeutique de Bossangoa a été pillée et est fermée actuellement.
Tous les médicaments, plumpy-nut et équipement ont été volés.
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Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 6 / 8
L’Unité Nutritionnelle Thérapeutique après les pillages
h. Agriculture
Cette dernière crise a eu un impact faible/modéré sur les cultures en cours mais
potentiellement pourra avoir un impact important sur la prochaine saison culturale dans les
semaines à venir. Actuellement les populations sont en préparation des champs pour le
semis. Les produits agricoles stockés (y compris des semences) sont en train d’être
consommés. Il y aura surement un besoin de semences dans les prochaines semaines.
Au sujet des animaux d’élevage, la population a dénoncé le vol des troupeaux, des bœufs, des
veaux et la tuerie des cochons.
Evaluation Bossango ACF 11-13 Avril 2013
Evaluation Bossangoa 11-13 avril 2013 7 / 8
4. Recommandations ACF
SANTE
Dotation des centres de santé et UNT en médicaments et équipements.
SAME
Distribution de semences pour la prochaine saison culturale et le prochain semis (fin
avril).
EAH
1 – SODECA – dotation en matériels et équipements nécessaires pour recommencer
à produire de l’eau (générateur, pompes, tableaux électriques, carburant, outils,
fournitures, etc.).
2 – ANEA - dotation en matériels et équipements nécessaires pour recommencer les
activités en milieu rural.
3 – Réhabiliter des forages équipés avec des pompés à main et construire des
nouveaux forages en ville pour augmenter la disponibilité en eau potable dans les
arrondissements non approvisionnés par la SODECA.
SMPS
Evaluations plus approfondies et mise en place de soutien psychosocial et en
pratiques de soins aux familles
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
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