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Réseau canadien de l ’eau
Consortium sur les eaux urbaines au Canada
RappoRt suR les pRioRités en gestion des eaux uRbaines
au Canada 2014
VeRs une gestion duRable et Résiliente des RessouRCes en eau
2 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
PRéFACE 3
SommAiRE 4
Section 1 l iNTRoDUCTioN 8
Section 2 l oÙ EN SommES-NoUS mAiNTENANT? 9 RéALiTéS ET DéFiS ACTUELS
2.1 Le paysage des eaux urbaines au Canada 9
2.2 L’état de nos infrastructures d’eau 15
2.3 Comment finançons-nous nos réseaux? 17
2.4 Vers une démarche de récupération des ressources 22
2.5 S’adapter au changement et aux besoins à venir 25
Section 3 l QUE DEVoNS-NoUS SAVoiR PoUR ALLER DE L’AVANT? 30
3.1 Domaines decisionnels cles pur une gestion integree de l’eau 30
3.2 Consortium sur les eaux urbaines au Canada priorités 31
nationales en matière d’acquisition de connaissances
Section 4 l CoNCLUSioN 40
REFERENCES 41
table des matiéres
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 3
Depuis 2009, le Consortium sur les eaux urbaines au Canada (le Consortium) du Réseau canadien
de l’eau contribue au renforcement de la capacité du Canada à concevoir des politiques et des
pratiques plus efficaces en matière de gestion des eaux urbaines, s’investit dans la protection
et le traitement de l’eau potable et fournit des solutions novatrices pour la gestion des bassins
versants, des eaux pluviales et des eaux usées qui aident à rendre les réseaux plus viables.
Le succès du Consortium est attribuable au fait qu’il réunit des chercheurs et des représentants
des municipalités, de l’industrie, des gouvernements et d’organismes non gouvernementaux de
manière à déterminer les approches possibles pour répondre à leurs buts collectifs. Le Consortium
détermine comment et à quel endroit les innovations en matière de gouvernance, de financement,
de gestion, de technologie, de politiques et de pratiques peuvent être mises en œuvre avec
efficacité, tout en mettant un accent sur les conséquences pratiques de la recherche.
En 2014, le Consortium a constitué le Groupe de leadership du Consortium (GLC) qui réunit des
chefs de file dans le domaine de l’eau de partout au Canada. Le GLC joue un rôle central dans la
définition des priorités nationales concernant les eaux municipales et de la mise en évidence des
secteurs où des connaissances approfondies pourraient mener à des solutions.
Ainsi orienté par le GLC, le Consortium accroît son incidence en offrant un lieu de rencontre apolitique
de haut niveau. Les acteurs de changement peuvent y discuter des enjeux et expériences avec
leurs pairs et faire progresser la gestion des eaux urbaines au Canada en déterminant les priorités,
les mesures à prendre et les investissements nécessaires en matière d’acquisition de connaissances.
Ce rapport initial sur les Priorités en matière d’eaux urbaines au Canada prépare le terrain pour les
travaux à venir en présentant l’approche globale adoptée par le GLC et les quatre domaines où,
selon le Groupe, il est prioritaire d’acquérir des connaissances.
préface
Alberta Innovates-Energy and Environment Solutions
District de la région de la capitale
Région de Durham
EPCOR
Halifax Water
Ville de Calgary, Réssources hydriques
Ville de Regina
Région de Peel
Région de Waterloo
Toronto Water
Union Water Supply System
Région de York
4 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
L’eau a des répercussions sur notre économie, nos écosystèmes et la santé de nos collectivités et l’eau relie tous ces éléments de notre société. C’est cette
“connectivité” inhérente qui fait en sorte que les enjeux d’une
gestion efficace des eaux urbaines doivent être abordés de façon
plus globale, en reconnaissant cet aspect comme un élément
fondamental permettant de garantir la résilience et la viabilité des
collectivités canadiennes.
En 2014, le GLC du Consortium a déterminé les domaines où il
était le plus pressant de faire de la recherche et d’acquérir des
connaissances en vue de soutenir les collectivités canadiennes qui
s’orientent vers des approches intégrées qui englobent le spectre
entier de l’eau potable, des eaux usées, des eaux pluviales et de
la gestion des bassins versants urbains. C’est en répondant aux questions “Où en sommes-nous
maintenant?” et “Que devons-nous savoir pour aller de l’avant?” que le GLC a pu établir ces priorités.
La gouvernance des eaux urbaines au Canada est principalement un exercice public dans un cadre
incluant la réglementation fédérale, provinciale et territoriale. La vaste majorité des réseaux du
pays appartiennent et sont gérés par les administrations locales, chacune ayant la responsabilité
première de gérer l’eau pour leur communauté. De ce fait, il existe une foule d’approches à la
gestion de l’eau, dont la gestion intégrée de l’eau, qui sont le reflet de facteurs locaux et historiques,
des divers intérêts en jeu et de la nature fragmentée de la structure réglementaire en vigueur.
outre les défis en matière de gouvernance, les réseaux d’eau municipaux du Canada requièrent
des investissements croissants pour répondre aux demandes actuelles et futures. Les municipalités
étudient également des façons de réduire le retard dans l’entretien accusé au fil des ans, de
prioriser les investissements, de réunir des capitaux nécessaires et de financer des solutions par le
truchement d’initiatives novatrices dans le domaine de la gouvernance et des finances.
sommaire
Où en
sommes-nous
maintenant?
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 5
Le scénario des tarifs bas et de la consommation prodigieuse qui a si fortement caractérisé la
gestion des eaux municipales au Canada est en train de changer. Les municipalités canadiennes
commencent à envisager l’augmentation des tarifs d’eau à des niveaux qui correspondent mieux
aux coûts réels, et elles recherchent des modes alternatifs de financement.
Une autre tendance en gestion de l’eau est l’exploration d’options pour la récupération des
ressources. Au Canada, cette discussion porte principalement sur la récupération des ressources
à partir des eaux usées, mais on s’intéresse aussi aux options rentables de conservation et de
réutilisation de l’eau. De nombreuses municipalités canadiennes cherchent des sources fiables
d’information pour se faire une idée juste des avantages et des désavantages de ces options pour
leur communauté.
mais un des plus importants défis en gestion des eaux municipales
demeure la planification permettant de faire face aux changements.
Bien qu’il s’agisse encore d’une activité relativement nouvelle pour
la plupart des municipalités, il semble que les innovations dans le
but de s’adapter aux changements liés au climat font de plus en
plus fréquemment partie du processus de planification et de
développement des politiques des municipalités.
Afin de cerner les secteurs où la collaboration nationale en matière
de recherche et de connaissances pourrait le mieux appuyer la
planification et les investissements stratégiques, les discussions du
GLC ont été structurées en fonction de domaines décisionnels clés
qui sont essentiels pour en arriver à des approches efficaces de
gestion intégrée garantissant des réseaux d’eau qui soient fiables,
sécuritaires et durables.
Domaines Décisionnels Clés
Déterminer les éléments moteurs et les obstacles qui ont des incidences sur la réussite
identifier la gamme complète des principaux éléments moteurs et des risques associés qui ont une
incidence sur les progrès en gestion des eaux urbaines.
Établir les coûts réels des réseaux dont nous avons besoin Tenir compte des coûts réels de
l’exploitation et de l’entretien de tous les éléments requis pour obtenir des réseaux durables et
déterminer comment payer pour ces éléments de manière efficace et équitable.
Maximiser les ressources grâce à l’efficience, la récupération et l’innovation
Reconnaître les secteurs où les solutions d’efficience et de récupération des ressources et les
innovations constituent une approche réellement viable.
Se préparer aux défis à venir en rehaussant la résilience et en élaborant des stratégies
d’adaptation
Accroître la résilience et élaborer des stratégies d’adaptation aux changements climatiques,
démographiques et socioéconomiques.
Où en
sommes-nous
maintenant?
6 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
Priorités nationales en matière de recherche et d’acquisition de connaissancesEn s’attaquant aux besoins prioritaires en matière d’acquisition de connaissances dans le cadre
des domaines décisionnels clés définis, le Consortium contribue à améliorer la capacité du Canada
de parvenir à ses objectifs de résilience et e durabilité pour ses réseaux d’eau municipaux.Les
priorités nationales, cernées par le GLC, orienteront l’acquisition des connaissances, de même que
les futures activités et recherches du Consortium.
Élaborer un cadre de gestion intégrée du risque en appui à la gestion
municipale de l’eau potable, des eaux usées, des eaux pluviales et des bassins
hydrographiques urbains. il est primordial de cerner avec précision la gamme
complète des risques à gérer pour en arriver à des réseaux d’eau qui soient
durables et résilients. En établissant la nature interconnectée de ces risques, cela
permet de déterminer les priorités relatives aux préoccupations, aux actions et
aux investissements. Des démarches et des cadres de travail viables en appui à
l’identification plus explicite des risques et leur gestion sont donc nécessaires en
vue de soutenir la gestion intégrée de l’eau.
Évaluer l’état des connaissances et des pratiques relatives au recouvrement intégral des coûts et au financement des réseaux d’eau. La recherche est
susceptible d’éclairer et d’accélérer la prise de décisions quant aux meilleures
avenues de recouvrement intégral des coûts. il est nécessaire de présenter les
options et les innovations en matière de structures tarifaires et les modèles de
production de recettes qui peuvent fonctionner dans les contextes canadiens; cette
présentation doit inclure la gamme complète des frais encourus de même que les
possibilités de financement pour soutenir de grands investissements de capitaux.
Cerner les possibilités de récupération et de réutilisation des eaux usées et des biosolides et en mesurer les implications. il est nécessaire de faire de
la recherche et d’évaluer l’état des connaissances afin d’aider les municipalités à
évaluer quelles sont les options de récupération et de réutilisation des ressources
qui sont appropriées pour elles. Une évaluation crédible est requise concernant
les risques et les avantages potentiels des techniques de gestion des biosolides
et des technologies de récupération et de réutilisation des eaux usées.
Déterminer, de façon réaliste et pratique, ce qui peut être fait pour accroître la
résilience des réseaux d’eaux urbaines aux tempêtes et aux conditions météorologiques extrêmes. Les innovations en gestion des eaux pluviales
vont permettre d’accroître la résilience des municipalités qui doivent faire face
aux « nouvelles conditions normales » causées par les changements climatiques
ou d’autres facteurs. Les municipalités devront bien comprendre ce que ces
innovations peuvent accomplir, y compris ce que l’on prévoit comme rendement
du réseau dans le contexte des défis à venir. Ces sujets seront un important
point à l’ordre du jour des discussions continues.
01Élaborer
02Évaluer
03Cerner
04Déterminer
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 7
Bien qu’il n’y ait pas qu’une seule voie pour parvenir à une gestion efficace de l’eau – et
que ce parcours sera différent pour chaque administration et chaque collectivité – il y a
de multiples avantages à collaborer pour résoudre d’importantes questions, mettre en
commun l’expertise et encadrer les façons d’aborder les problèmes collectifs. Le travail du
Consortium est de fournir la recherche et les connaissances essentielles qui vont soutenir les
besoins stratégiques des intervenants en gestion des eaux urbaines au Canada. En répondant
aux besoins dans son propre territoire, le Canada peut devenir un leader mondial en gestion
des eaux urbaines. Ce premier rapport sur les priorités en matière d’eaux urbaines au Canada a
pour but non seulement de guider les travaux à venir du Consortium, mais aussi de contribuer
à éclairer les discussions nationales entre les intervenants qui souhaitent faire progresser
collectivement la gestion des eaux urbaines au Canada.
Aux fins du présent rapport:
Gestion des eaux urbaines Le terme fait référence
aux réseaux d’eau communautaires qui appartiennent aux
municipalités de toute taille et qui sont gérés par elles,
même dans les cas où les municipalités ont recours au
secteur privé pour les produits et services nécessaires
pour s’acquitter de leur mandat. Cela inclut les services
d’eau qui appartiennent aux municipalités et ceux dont les
services sont partagés (p. ex., entre instances municipales et régionales). Le terme englobe
la série complète d’activités axées sur la gestion de l’eau potable, des eaux usées, des eaux
pluviales et les activités connexes ayant trait aux bassins versants urbains.
Infrastructures résilientes il s’agit d’infrastructures qui ont la capacité d’absorber les
eaux, de s’adapter ou de se rétablir rapidement après un événement perturbateur.
Adaptabilité il s’agit de la capacité d’un système de gestion de l’eau à incorporer des
changements de sources diverses dans sa planification à court et à long terme et ses
activités d’exploitation.
Réseau d’eau durable Un réseau d’eau durable inclut non seulement l’adaptabilité et
la résilience, mais sa gestion tient compte également des exigences environnementales,
sociales et financières pour veiller à ce que le réseau demeure efficace, responsable et
sécuritaire pour des années à venir.
Définitions des PrincipauxTermes
8 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
introduction
Au Canada, l’eau est un fil invisible qui relie notre économie, nos écosystèmes et la santé de nos
communautés. L’examen des enjeux relatifs à la gestion efficace de l’eau en vertu de cette
« connectivité », peut constituer un premier jalon important pour parvenir au but encore plus
vaste et plus complexe qu’est la réalisation de collectivités résilientes et durables.
La gestion efficace de l’eau – incluant l’eau potable, les eaux usées, les eaux pluviales et les bassins
versants urbains – est un important déterminant de la santé socioéconomique et environnementale.
Le Consortium sur les eaux urbaines du Canada (le Consortium) s’est engagé à répondre aux
besoins en matière de connaissances de ceux qui soutiennent les collectivités canadiennes en
maintenant avec fiabilité la disponibilité, l’accès et la qualité de l’eau grâce à une gestion efficace
et des systèmes à prix abordables.
Le présent rapport est le tout premier d’une série de rapports du Consortium sur les priorités
des eaux urbaines au Canada. il “met la table” en présentant les défis fondamentaux auxquels
les municipalités sont confrontées dans le cadre de la gestion des multiples aspects de l’eau. De
répondre à la question “Où en sommes-nous maintenant?” permet non seulement de cibler les
défis, mais de définir aussi le contexte dans lequel les solutions doivent être conçues afin qu’elles
soient efficaces.
La section suivante résume les domaines prioritaires où des connaissances sont requises, domaines
cernés par le groupe de leaders du Consortium (GLC) en réponse à la question “Que devons-
nous savoir pour aller de l’avant?”. L’approche adoptée par le GLC montre bien la nécessité de
comprendre ce qui détermine les risques dans un réseau; de savoir quel est l’impact possible de
ces risques sur les préoccupations communautaires; et de considérer sur le plan pratique quelles
sont les innovations les plus judicieuses. Le GLC a dégagé quatre priorités nationales pour orienter
de futures recherches. Ces priorités vont contribuer à faire progresser à l’échelle nationale les
discussions, les collaborations et les actions relatives à la gestion des eaux urbaines, et elles
orienteront les activités du Consortium.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 9
OÙ EN SOMMES-NOUS MAINTENANT? – RÉALITÉS ET DÉFIS ACTUELS
2.1 LE PAySAGE DES EAUx URBAiNES AU CANADA
La gestion des eaux urbaines au Canada est principalement sous contrôle public. Sur le plan
constitutionnel, les provinces et les territoires jouent le rôle principal pour la plupart des aspects
de la gestion de l’eau. ils conçoivent en majeure partie le cadre dans lequel les eaux urbaines
sont gérées en vertu de règlements et de programmes qui varient d’une compétence à une autre.
Des lois fédérales, comme la Loi sur les pêches, entrent aussi en jeu, surtout dans les secteurs où
le gouvernement fédéral assume des responsabilités importantes bien définies – comme, entre
autres, les Premières nations et les eaux limitrophes internationales.
Les municipalités sont à la fois les principaux propriétaires de la vaste majorité des réseaux d’eau
au Canada et les entités responsables de prendre les décisions de première ligne concernant les
défis actuels et futurs en matière de gestion de l’eau. Les municipalités assument la responsabilité
financière de leurs réseaux, bien qu’un certain nombre d’activités reçoivent le soutien de
programmes et de subventions des gouvernements provinciaux et fédéral.
Le secteur privé peut être appelé à participer à divers aspects de la prestation de services au sein
des réseaux urbains, bien qu’ils ne soient pas habituellement propriétaires de ces réseaux (comme
cela peut être le cas en Europe et dans d’autres pays). Au Canada, on étudie la possibilité que le
secteur privé investisse davantage dans les grandes infrastructures d’eau (p. ex., la nouvelle usine
de traitement des eaux usées de Regina). Les débats portent principalement sur le bien-fondé et
les lacunes de diverses formes de partenariats publics-privés (PPP).1
La nature complexe de la gouvernance de l’eau au Canada résulte de la répartition des responsabilités
en matière de compétence entre les différents ordres de gouvernement et des variations de la
structure réglementaire selon les administrations. il s’agit en outre d’une conséquence de la vaste
pertinence de l’eau pour de si nombreuses décisions.
Dans les municipalités, ce sont depuis toujours des systèmes distincts qui réglementent et gèrent
l’eau potable, les eaux usées, les eaux pluviales et les bassins versants. De plus, des activités qui se
chevauchent relativement à la protection de la santé socioéconomique, de la santé du public et de
l’environnement ont traditionnellement été gérées par des services différents. Ces faits ont eu pour
conséquence de créer des “silos décisionnels” entre divers ordres et services gouvernementaux
ou municipaux. Ces mêmes silos sont à l’origine d’une série de lacunes, de chevauchements et
de problèmes en matière de gouvernance qui requièrent des gestionnaires des eaux urbaines,
des groupes de bassins versants et des autorités de conservation, des entreprises locales et des
gouvernements qu’ils coordonnent et examinent les décisions dans le contexte des actions prises
par divers autres groupes et ordres de gouvernement.
10 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
La coordination des décisions en matière de gestion de l’eau dans des systèmes complexes peut
être problématique au moment de chercher des solutions robustes et d’obtenir le soutien de divers
ordres de gouvernement. C’est pour cette raison que les municipalités s’orientent vers des cadres
de travail plus intégrés et holistiques qui aideront à cibler les interconnexions et les meilleures
efficiences.
il existe au Canada divers modèles de gouvernance pour les propriétaires et gestionnaires de réseaux
d’eaux urbaines (voir le diagramme 1). Près de 90% des Canadiens ont des services d’eau fournis par
la municipalité, des grandes villes comptant plus d’un million d’habitants jusqu’aux petits villages
de quelques centaines d’âmes.3 Chaque municipalité gère son propre réseau, ce qui donne lieu à
des centaines de réseaux exploités indépendamment dans l’ensemble du pays. Les administrations
locales sont au premier rang de la prise de décisions dans ces modèles. Les différentes structures
de gestion, de même que les pratiques et le caractère même de ces collectivités donnent lieu à une
importante variation du degré d’influence ou d’implication des politiciens élus localement en ce qui
a trait à la prise de décisions de gestion.
Dans les régions du Canada ayant deux paliers administratifs (municipal et régional), la gestion des
eaux urbaines est souvent répartie en divers secteurs distincts de responsabilités entre les deux
paliers administratifs.4 Une des ententes courantes est celle où le palier supérieur (administration
régionale) traite des principaux enjeux liés à la protection des approvisionnements en eau et de
l’exploitation des usines de traitement et des conduites d’eau majeures, alors que le palier inférieur
(la municipalité) s’occupe de la distribution locale de l’eau et de la collecte des eaux usées.
gouVeRnanCe CollaboRatiVe de l’eau au CanadaPlusieurs provinces canadiennes mettent à l’essai des modèles de
gouvernance collaborative. Bien qu’il n’y ait pas de définition unique de la
gouvernance collaborative, le concept fait généralement référence à une
entente permettant à un ou plusieurs organismes publics d’inviter directement
des intervenants à participer à un processus décisionnel collectif qui est
formel, orienté vers le consensus et délibératif, dans le but de concevoir ou de
mettre en œuvre des politiques publiques ou bien de gérer des programmes
ou des actifs.
Voici quelques exemples de structure de gouvernance collaborative au
Canada : les organismes de bassins versants au Québec, les comités de
protection des sources d’eau en Ontario, les comités consultatifs pour la
planification de l’eau en Alberta, le conseil du bassin du fleuve Fraser en
Colombie-Britannique et les divers offices des eaux des Territoires du Nord-
Ouest, du Nunavut et du Yukon.2
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 11
Diagramme 1
gestion des eaux uRbaines au Canada5
PROPRIÉTAIRE
MuniCipalitÉ
ExPLOITANT
MuniCipalitÉ
TyPE D’ExPLOITANT
ServiCe publiC MuniCipal
ExPLOITANT
eXterne
TyPE D’ExPLOITANT
COntrat COnfiÉ à l’eXterne
TyPE D’ExPLOITANT
ServiCe MuniCipal
ExEMPLEtOrOntO
QUI FIxE LES TARIFS ET LES ObjECTIFS?
MuniCipalitÉ (tOrOntO)
ExEMPLESaOe, SaSkWater,
epCOr, entrepriSeS privÉeS
QUI FIxE LES TARIFS ET LES ObjECTIFS?
MuniCipalitÉ (brOCktOn, OntariO)
ExEMPLEHalifaX Water
(prOpriÉtaire à part entière)
QUI FIxE LES TARIFS ET LES ObjECTIFS?
HalifaX Water (interne); nS utility
bOarD (final)
ExEMPLEepCOr (prOpriÉtaire
à part entière)
QUI FIxE LES TARIFS ET LES ObjECTIFS?
MuniCipalitÉ (eDMOntOn)
12 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
exemples de gestion des eaux uRbaines au Canadala ville de toronto est la plus grande municipalité au Canada, fournissant de l’eau potable à
environ 3,5 millions de résidents et d’entreprises à Toronto et dans certains secteurs de la région de
York. Toronto Water, une division de la Ville de Toronto, gère les infrastructures comme les usines
de traitement des eaux et des eaux usées, les stations de pompage, les réservoirs souterrains et le
réseau d’aqueduc. La structure de gestion de Toronto est l’exemple du modèle municipal le plus
courant pour la gouvernance d’un réseau d’eau au Canada.
l’agence ontarienne des eaux est un organisme d’État de la province de l’Ontario qui fournit
des services de gestion de l’eau aux municipalités de toute taille dans toute la province, sur une
base contractuelle. Les municipalités demeurent propriétaires de leur réseau tout en déléguant à
l’Agence les activités quotidiennes de fonctionnement et de gestion.
epCOr utilities inc. est une société commerciale qui gère les réseaux d’eau de la Ville d’Edmonton
et elle est entièrement détenue par la Ville. La supervision est déléguée à un comité de direction
indépendant nommé par la Ville qui a l’autorité de gérer l’entreprise et les affaires d’EPCOR. EPCOR
gère des réseaux d’eau ailleurs au Canada et aux États-Unis. Une division distincte d’EPCOR agit
aussi à titre de société réglementée de distribution d’électricité.
Halifax Water est un service municipal intégré (eaux urbaines, eaux usées, eaux pluviales) qui
dessert les résidents de la municipalité régionale de Halifax. C’est un service public autonome et
autofinancé qui est réglementé par Nova Scotia Utility and Review Board et incorporé en vertu de
la Halifax Regional Water Commission Act en ce qui concerne la propriété et les actifs. C’est une
société par actions et toutes les parts sont détenues par la municipalité.
La gouvernance et la gestion des eaux urbaines au Canada sont principalement
un exercice public. Les gouvernements provinciaux et territoriaux façonnent la majorité des règlements pertinents et les administrations municipales en font la mise en œuvre dans plusieurs milliers de réseaux partout au pays. Les municipalités sont propriétaires de la vaste majorité des réseaux, utilisant différents modèles de fonctionnement et faisant jouer divers degrés d’influence sur les décisions de gestion de la part d’élus locaux et d’autres parties intéressées. Ce collage national de gouvernance des eaux urbaines inclut des silos et des chevauchements qui reflètent des facteurs locaux et historiques, l’influence
et l’implication de nombreux intérêts et la nature fragmentée de la structure réglementaire actuelle. Puisque la gestion de l’eau a une incidence sur tous les secteurs de situation socioéconomique d’une collectivité, y compris la santé publique et la santé environnementale, les municipalités avant-gardistes s’orientent vers une approche de gestion plus intégrée pour assurer une prise de décisions plus efficace. Cela permet aux municipalités de reconnaître avec plus de précision les silos et les interconnections et de les aborder de façon à assurer que les solutions trouvées sont appropriés et efficaces dans les contextes locau x et qu’elles peuvent recevoir l’appui de tous les ordres de gouvernement.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 13
14 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
infRastRuCtuRes d’eau au Canada6
En 2012, le Bulletin de rendement des infrastructures canadiennes estimait la valeur actuelle des infrastructures d’eau à 362 milliards de dollars. Plus de 80 milliards de dollars seront nécessaires pour remplacer les infrastructures vieillissantes au cours des 20 prochaines années. Un montant additionnel de 20 milliards de dollars est requis pendant la même période pour mettre à niveau les infrastructures existantes afin de respecter les nouveaux règlements fédéraux concernant les eaux usées. Ce montant n’inclut pas les investissements faits pour répondre à la croissance démographique, pour s’adapter aux changements climatiques ou pour améliorer les services.
pRojets d’infRastRuCtuRe des eaux uRbaines au Canada7 Usine d’épuration secondaire de Lions Gate (North Vancouver, C.-B.) $400 million
Programme de gestion des eaux usées Seaterra (District de la région de la capitale,Victoria, C.-B.) $783 million
Collecteur principal d’égout sanitaire Southeast (Région de York/Durham, ON) $546 million Mise à niveau de l’usine d’épuration de l’avenue Woodward (Hamilton, ON) $332 million
Usine d’épuration de Regina (SK) $224 million
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 15
2.2 L’éTAT DE NoS iNFRASTRUCTURES D’EAU
La gestion de l’eau au Canada a été façonnée de longue date par des décisions de nature financière,
environnementale, juridique, économique, et ayant trait à la gouvernance et aux investissements
des collectivités. Aujourd’hui, les responsables de la gestion de l’eau sont confrontés à des
décennies de sous-investissements dans les réseaux d’eau qui ont donné lieu à des infrastructures
vieillissantes qui dans bon nombre d’endroits sont peut-être inadéquates pour répondre aux
besoins actuels et futurs (voir l’encadré,
p. 14). Non seulement il est nécessaire
d’augmenter de façon générale les
investissements dans les réseaux
d’eaux urbaines au Canada afin de
pallier l’entretien reporté, mais il faut
aussi construire de nouveaux éléments
et réseaux qui auront la capacité et la
résilience nécessaires pour répondre aux
besoins futurs.
Dans les années à venir, les collectivités
seront nombreuses à devoir générer des
revenus pour réaliser les investissements
nécessaires. Les projets d’infrastructures
requis sont d’une très grande envergure,
comme le démontrent ceux qui sont
déjà en cours de réalisation partout au
Canada. Les cinq plus grands projets
d’infrastructures en cours de réalisation
ou de planification représentent des
investissements de plus de deux
milliards de dollars (mises à niveau des
systèmes de gestion des eaux pluviales
et des eaux usées) (voir l’encadré, p. 14).
Le projet du “Southeast Collector Trunk
Sewer” des régions de york et Durham,
en ontario, est un de ceux-là. Ce projet
de centaines de millions de dollars va
fournir un nouveau tronçon de 15 km de
collecteur principal d’égout sanitaire à la région de york en vue de répondre à la future croissance
démographique. Ces projets illustrent bien les énormes investissements requis pour bien gérer les
réseaux d’eaux urbaines.
Les municipalités canadiennes sont propriétaires de plus de 362 milliards
de dollars en infrastructures liées à leurs réseaux d’eau. Le sous-investissement historique dans bon nombre de ces réseaux (tout particulièrement dans les petites communautés autochtones éloignées), couplé aux demandes croissantes de rendement des réseaux a donné lieu à un important déficit d’infrastructures au Canada – le coût des réparations, des remplacements et des mises à niveaux nécessaires s’élèvent à des milliards de dollars. Les réseaux des eaux urbaines au Canada ont donc besoin d’investissements accrus. Les municipalités étudient actuellement quelles sont les meilleures façons de réunir les capitaux et de prioriser ces investissements. Elles examinent aussi comment les innovations en matière de technologie et de gouvernance peuvent les aider à effectuer ces investissements de façon efficace.
16 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
pRogRamme de gestion des eaux
pluViales de la Ville de KitCheneR8
En 2010, après consultation et contribution du public, la Ville de Kitchener, dans le sud-ouest de l’Ontario, a instauré une nouvelle structure
pour la gestion des eaux pluviales dans le cadre de son Programme de gestion des eaux
pluviales. Des frais fixes progressifs sont facturés aux propriétés d’après les “zones
imperméables” qui contribuent de façon directe au volume d’eau de ruissellement
qui se rend dans le réseau collecteur. Cette nouvelle structure tarifaire encourage
l’intendance des propriétaires fonciers et leur permet de devenir admissibles à des crédits
liés aux tarifs d’eaux pluviales.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 17
il existe des centaines d’autres projets de plus petite envergure axés sur l’entretien et l’amélioration
des réseaux d’eau d’un bout à l’autre du pays. L’existence au pays d’entités individuelles de gestion
municipale pour des milliers de petites collectivités a donné lieu à un grand nombre de réseaux et
ces gestionnaires peinent à soutenir adéquatement les investissements requis ou à maintenir les
degrés nécessaires d’expertise pour faire fonctionner leurs réseaux avec efficacité.9
Répondre aux besoins des petites collectivités et des communautés autochtones du Canada
demeure un obstacle de taille. Des problèmes en matière de gouvernance, de conception, de
construction, de financement et d’exploitation des réseaux d’eau continuent à rendre difficile
l’approvisionnement en eau potable salubre dans ces communautés.
2.3 CommENT FiNANçoNS- NoUS NoS RéSEAUx?
Les services d’eau au Canada ont traditionnellement été financés par le biais d’une combinaison
de frais de consommation et de revenus provenant des taxes foncières. Les coûts totaux
des réseaux ont connu une hausse et les revenus n’ont pas suivi au même rythme (voir le
diagramme 2).
Les réseaux des eaux urbaines au Canada ont traditionnellement été financés par
une combinaison de revenus provenant des taxes foncières et de frais fixes ou volumétriques d’après l’eau fournie aux clients. Ces tarifs historiquement bas ont eu pour conséquence de générer des revenus insuffisants et de ralentir l’adoption des systèmes avec compteurs. Les compteurs d’eau permettent aux municipalités de mieux comprendre leurs réseaux, de les exploiter de façon plus efficiente et d’instaurer des structures financières plus efficaces et équilibrées. Près des trois quarts des municipalités du Canada
ont maintenant des réseaux munis de compteurs. La diminution dans la demande globale d’eau due aux changements économiques, à l’amélioration des réseaux et au succès des campagnes de conservation au cours des 20 dernières années a mis en évidence les difficultés de financer de façon viable nos réseaux lorsque les revenus sont basés largement sur les “ventes” de services d’eau et des tarifs peu élevés. Les municipalités canadiennes en sont aux premières étapes d’augmentation des tarifs et de l’adoption de nouvelles structures financières qui permettront d’améliorer le financement et de le rendre plus viable.
18 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
Les services publics d’eau, comme de nombreux autres services, ont modifié de leurs façons de faire
au cours de la dernière décennie en vue d’obtenir plus de revenus selon la formule de l’utilisateur-
payeur. Délaissant le modèle de tarif unique, ou un modèle qui dépend principalement des revenus
des taxes foncières, les services publics s’orientent vers des systèmes qui comptabilisent le
volume actuel d’eau utilisée et facture en conséquence. Pour ce faire, des compteurs d’eau sont
nécessaires. Ces compteurs permettent aux municipalités de mieux comprendre comment et où
l’eau est utilisée (ou bien perdue dans le réseau). Elles peuvent alors facturer les clients publics et
industriels de façon proportionnelle en fonction de l’eau potable consommée et des eaux usées
produites. L’installation et la mise en place de compteurs d’eau requièrent des dépenses initiales
considérables et cela peut susciter l’opposition du public.
Diagramme 2
Revenus et dépenses des agences municipales des eaux au Canada, de 1988 à 200710
Légende
Ventes Totales
Dépenses Totales
Dépenses en immobilisations
Année
(Millie
rs d
e d
ollars
de
20
02
)
50000
100000
150000
2000000
2500000
3000000
3500000
4000000
4500000
5000000
1988 19901992
19941996
199820
0020
0220
0420
06
En outre, comme les tarifs traditionnellement bas de l’eau ne jouent pas en faveur de l’installation
de compteurs d’eau, cela rend difficile la présentation d’une analyse de rentabilité suffisamment
détaillée basée sur les avantages financiers anticipés liés à une amélioration de la facturation et de
la gestion du service.
malgré ces difficultés, la tendance chez les municipalités canadiennes a été et est encore d’accroître
le recours aux compteurs d’eau. La dernière enquête nationale réalisée sur la question de l’utilisation
des compteurs d’eau par les municipalités au Canada indique qu’elle est passée de 52 % en 1991 à
72 % en 200911 .
De nombreuses municipalités facturent des frais distincts pour les services d’eau potable et les
services des eaux usées. En outre, certaines municipalités, en plus d’ajouter des frais uniques de
raccordement ou des frais de développement, facturent aussi des frais explicites pour les services
des eaux pluviales (voir l’encadré, p. 16) afin de bien faire correspondre les revenus générés aux
coûts – là où ils sont réellement encourus.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 19
étant donné l’attention croissante sur la nécessité de mieux faire correspondre les revenus et les
dépenses totales en matière de gestion de l’eau, il s’est produit au cours des 10 dernières années
un changement important dans la façon de déterminer les prix des services d’eau. Au Canada,
de nombreuses municipalités ont établi des tarifs qui ne sont plus au bas de l’échelle tarifaire
internationale. même si la moyenne canadienne des tarifs est encore basse comparativement
à d’autres pays développés, une récente étude sur les tarifs de l’eau dans le monde, combinée
à une analyse informelle de la documentation publiée, a révélé que les tarifs de certaines villes
canadiennes se comparent maintenant aux tarifs européens, lesquels étaient traditionnellement
bien plus élevés (voir le diagramme 3).
Les récentes augmentations tarifaires illustrent la tendance vers un financement plus viable. Les
mesures législatives, comme la Loi de 2002 sur la salubrité de l’eau potable14 (ontario, 2002),
exigent des réseaux d’eau potable qu’ils deviennent viables sur le plan financier. Les municipalités
ont adopté des mesures souples pour atteindre la viabilité financière pour leurs réseaux d’eau. La
ville de London en ontario effectue cette démarche pour tout son système (voir l’encadré, p. 21).
Des plans comme celui de London s’attaquent précisément à l’urgence de rattraper les retards
accusés dans le renouvellement des immobilisations sur un certain nombre d’années.
l’aRme à double tRanChant de la ConseRVationLes campagnes de sensibilisation à la conservation de l’eau sont bénéfiques, car elles permettent
de réduire la quantité d’eau, d’énergie et de produits chimiques connexes nécessaires à un projet
donné, tout en reportant les frais de couteux projets d’expansion. Cependant, dans certains cas,
cela suscite un nouveau problème. Si la réduction de l’utilisation est un objectif souhaitable, cela
entraîne aussi une baisse des revenus qui sont établis en fonction des volumes d’eau consommés.
Cela nécessite souvent de nouvelles augmentations de tarifs ou une révision de la structure tarifaire
pour combler le déficit.
Ainsi, la Ville de Toronto a connu une diminution de la demande en eau de 24 % par habitant de
2005 à 2012. Cette diminution est en grande partie attribuable aux augmentations des tarifs d’eau
qui représentent mieux le coût réel de l’approvisionnement en eau. Pendant cette période, les
tarifs ont augmenté de 6 à 10,8 % par année afin de générer les revenus additionnels requis pour
améliorer le réseau.12
Malgré cela, la diminution rapide de la consommation par habitant n’a pas donné lieu aux
augmentations de revenus prévues et certaines améliorations au réseau ont dû être reportées. Par
conséquent, Toronto a dû réviser sa structure tarifaire et la planification de ses immobilisations afin
de s’adapter aux changements.13
20 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
COMPARAISON DES TARIFS DE L’EAU DANS LE MONDE15
REGINA
LONDON
CALGARY
HALIFAX
WATERLOO
OTTAWA
MARKHAM
TORONTO
VAUGHAN
ST. JOHN’S
VICTORIA
VANCOUVER
LAVAL
VILLE DE QUébEC
ATLANTA
NEW YORK
bOSTON
LOS ANGELES
DALLAS
DENVER
PHOENIX
CHICAGO
DANEMARK
AUSTRALIE
ALLEMAGNE
FRANCE
ROYAUME-UNI
CANADA
éTATS-UNIS
JAPON
PORTUGAL
TURQUIE
MEXIQUE
CHINE
INDE
$3,000
Eau potable
Eaux usées
Eaux pluviales
$ $500 $1,000 $1,500 $2,000 $2,500
• Les coûts canadiens et d’autres pays sont basés sur une utilisation de 300 m3/année
• Les coûts associés aux eaux pluviales sont inclus pour les villes canadiennes uniquement
• Tous les coûts sont en dollars canadiens
Diagramme 3
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 21
plan finanCieR en matièRe d’eau de la
Ville de londonLa Ville de London en Ontario a élaboré un Plan financier en matière d’eau dans le but d’atteindre la viabilité financière d’ici 2018. Le Plan a comme objectif de constituer un
fonds de réserve dont le solde serait de 8 à 10 millions de dollars. Il vise aussi à établir des tarifs stables et abordables et à réduire les manques au niveau des infrastructures.
Le recours à une méthode novatrice pour réduire les coûts futurs est inhérent au Plan.
La Ville reconnaît que pour atteindre la stabilité financière il lui faut réduire les risques (santé, environnement, sécurité
publique) et minimiser les coûts.16
22 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
2.4 VERS UNE DémARChE DE RéCUPéRATioN DES RESSoURCES
Les coûts croissants de l’énergie et de
la gestion de l’eau, les préoccupations
environnementales et les problèmes de
pénurie d’eau ont influencé les discussions
à l’échelle mondiale sur la récupération des
ressources. Cependant, bien que le manque
d’eau ne soit inquiétant que pour certaines
municipalités canadiennes (tout particulièrement
dans le sud de l’Alberta et dans la vallée de
l’okanagan en Colombie-Britannique), le
problème n’a pas atteint un degré d’urgence
nationale comme dans certaines régions plus
sèches du sud des états-Unis, de l’Australie ou
du moyen-orient. il en résulte qu’il y a peu de
facteurs au Canada pour favoriser la réutilisation
de l’eau à très haut rendement ou la réutilisation
totale de l’eau potable.
Les municipalités canadiennes cherchent
des solutions de rechange pour réduire les
coûts, pallier les approvisionnements limités
et améliorer le service par des stratégies et
des gains en efficacité qui tiennent compte
de la conservation et la réutilisation de l’eau.
Elles envisagent également les possibilités de
récupérer des éléments chimiques utiles ou de
l’énergie de leurs réseaux.
Les méthodes et technologies novatrices
présentent des solutions de rechange comme le recyclage de l’eau, la récupération d’éléments
nutritifs (comme le phosphore et l’azote), la récupération et la production d’énergie et l’usage
d’autres matériaux à bon escient.
Dans le contexte du débat général sur la récupération des ressources, ce sont les eaux usées
qui intéressent d’abord et avant tout les municipalités canadiennes. Diverses approches sont
actuellement utilisées au Canada relativement aux biosolides issus du traitement des eaux usées,
dont l’épandage au sol, la digestion en contions anaérobies, l’incinération et la production d’engrais
(voir l’encadré, p. 24).
La façon dont on aborde la gestion de l’eau est en voie de changer à l’échelle mondiale
à cause de la pénurie de ressources, de l’augmentation des coûts et des préoccupations environnementales. On met de plus en plus l’accent sur la récupération des ressources. Au Canada, on parle davantage de la récupération des ressources provenant des eaux usées, mais aussi des solutions rentables pour conserver et réutiliser l’eau. Toutefois, le processus décisionnel à cet égard est propre à chaque collectivité, car chacune a des contextes, des éléments, des préoccupations en matière d’innocuité et des marchés pour des produits qui lui sont propres. Il en résulte que de nombreuses collectivités canadiennes sont à étudier diverses options de récupération des ressources pour contribuer à la gestion durable de l’eau.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 23
La capacité de récupérer les éléments nutritifs des eaux usées, comme l’azote et le phosphore,
peut contribuer à l’atteinte des objectifs environnementaux. La réutilisation des éléments nutritifs
permet de diminuer la quantité d’engrais commerciaux utilisés en agriculture et de répondre aux
préoccupations relatives à la surcharge de ces éléments dans les eaux de surface du pays. La
gestion des éléments nutritifs est d’ailleurs un important élément de la gestion de l’eau à l’échelle
mondiale. étant donné l’épuisement des sources mondiales de phosphore, l’Union européenne
a déterminé que la récupération du phosphore était un processus essentiel dans le cadre de la
gestion durable des ressources.17
outre les ressources qui peuvent être réutilisées à bon escient, les flux de déchets urbains
contiennent aussi des substances indésirables. Les réseaux des eaux usées n’ont pas été conçus
spécifiquement pour traiter ces substances, qui comprennent un nombre croissant de produits
chimiques préoccupants. Par conséquent, au moment d’évaluer l’applicabilité des méthodes de
récupération des ressources, il faut tenir compte des aspects d’innocuité et de viabilité de leur
utilisation. Le débat concernant l’innocuité et l’importance de nombreux produits chimiques, qui
sont souvent présents en très petites concentrations, suscite actuellement des inquiétudes et les
recherches se poursuivent à cet égard. Notre capacité à détecter de plus en plus de substances, à
des concentrations de plus en plus petites, a dépassé la capacité à bien évaluer la concentration à
laquelle ces substances peuvent avoir des effets nocifs chez les humains ou dans l’environnement,
dans le cadre de divers scénarios de récupération ou de réutilisation. C’est un secteur où les
discussions vont bon train et qui représente sur le plan scientifique des occasions favorables tout
comme des défis en vue de soutenir de meilleures politiques et pratiques.
La récupération des ressources permettrait de minimiser l’utilisation des ressources, de rehausser
l’efficience et de mieux protéger la santé humaine et l’environnement. Elle permettrait aussi de
générer des revenus par la production de biens commercialisables. Toutefois, les technologies ou
méthodes ne conviennent pas à toutes les collectivités, car cela dépend de la taille de ces dernières,
de leur contexte social ou économique ou de l’existence de marchés appropriés pour les produits
obtenus. Un large éventail de facteurs variés influence les décisions des municipalités canadiennes
et elles sont nombreuses à chercher de l’information sur les risques et les avantages potentiels qui
les aideront à évaluer leurs meilleures options.
24 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
exemples d’utilisation des
biosolides au Canada18
Région de Peel (Ontario) Les biosolides sont soumis à une digestion en
conditions anaérobies pour créer du biogaz utilisé pour le chauffage et la production
d’électricité.
Grand Vancouver (Colombie-Britannique) Les biosolides digérés sont utilisés comme
engrais et amendements des sols.
Saskatoon (Saskatchewan)L’azote et le phosphore sont récupérés des
eaux usées pour être utilisés comme engrais.
Région de Niagara (Ontario)Les biosolides sont stabilisés et épandus
ensuite sur les terres agricoles
Halifax (Nouvelle-Écosse)Les biosolides sont stabilisés pour
être réutilisés comme amendements des sols et engrais.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 25
2.5 S’ADAPTER AU ChANGEmENT ET AUx BESoiNS à VENiR
La planification en vue des conditions futures (celles que l’on anticipe et celles que l’on ne peut
prédire) est un élément essentiel de la gestion durable de l’eau. Les changements peuvent être
de nature réglementaire, démographique, économique ou environnementale. Un des plus grands
défis en gestion des eaux urbaines au Canada à l’heure actuelle est la nécessité de s’assurer que
les réseaux sont suffisamment résilients et en mesure de s’adapter aux changements. il s’agit donc
d’un secteur où les approches novatrices sont les plus recherchées et les plus probables d’avoir des
répercussions importantes au cours des prochaines années.
Les changements dans la réglementation actuelle peuvent provoquer des déplacements de coûts
importants donnant lieu à des dépenses accrues d’exploitation et d’entretien à long terme. on estime
à près de 20 milliards de dollars les coûts associés aux récents règlements fédéraux exigeant des
mises à niveau de nombreuses usines d’épuration partout au pays19. En ontario, les règlements pour
améliorer la protection et l’innocuité des approvisionnements en eau potable, mis en place après la
tragédie de Walkerton en 2000, ont donné lieu à des dépenses additionnelles en immobilisations
estimées à 800 millions de dollars, ce qui n’inclut pas l’augmentation des coûts d’exploitation. 20
Les bonnes pratiques de gestion ont toujours tenu compte des incidences de la croissance et des
changements démographiques sur les réseaux d’eau. Des changements soudains ou imprévus dans
les conditions économiques ou les tendances démographiques peuvent aussi marquer l'arrivée de
nouveaux défis pour les gestionnaires de ces réseaux. Les liens entre les réseaux d’eau et les fonctions
communautaires deviennent évidents lorsque les problèmes en matière de gestion de l’eau, y compris
la pertinence de la conception et du fonctionnement de base des réseaux, sont examinés sur le plan
de leur importance dans le cadre du développement ou autre préoccupation socioéconomique.
Les changements climatiques – et les conditions hydroclimatiques variables qui en découlent
– représentent probablement la plus grande part d’incertitude à laquelle les municipalités sont
confrontées (voir l’encadré, p. 26). Ces changements seront à l’origine de nouveaux défis dans tous
les secteurs, mais tout particulièrement en ce qui a trait à la viabilité à long terme de nos réseaux
d’eau.
Dans un récent document technique intitulé Le changement climatique et l’eau, le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GiEC) conclut que “l’eau, sa disponibilité et sa qualité
seront les principales contraintes qui s’exerceront sur les sociétés et sur l’environnement soumis au
changement climatique.” 21
26 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
la VulnéRabilité aux Changements Climatiques dans le seCteuR de l’eau22
• Les régimes de précipitations, d’évaporation et de ruissellement changent et cela crée des
incertitudes quant à l’approvisionnement en eau, à la qualité de cette eau, à la gestion des
inondations et à la santé de l’écosystème;
• Les événements météorologiques extrêmes seront de plus en plus fréquents, ce qui nécessitera
des améliorations en matière de protection contre les inondations, de préparation aux sécheresses
et d’interventions en cas d’urgence;
• Les fortes précipitations peuvent littéralement submerger les réseaux d’égouts et les usines
d’épuration, en raison des volumes d’eau importants, causant un lessivage de sédiments, d’éléments
nutritifs et de contaminants dans les plans d’eau;
• Le débit réduit des cours d’eau dans les endroits où l’on produit de l’électricité va causer une
diminution de la quantité d’énergie hydroélectrique pouvant être générée;
• Le faible niveau d’eau de certains plans d’eau va probablement donner lieu à des concentrations
plus élevées de matières polluantes, de contaminants bactériens et d’algues, causant des problèmes
d’odeur ou de mauvais goût dans les sources d’eau municipales.
Au cours des dernières années, les municipalités de partout au pays ont commencé à constater
les impacts des conditions météorologiques extrêmes et les coûts importants qui s’y rattachent
(voir l’encadré, p. 28). on parle ici d’inondations qui affectent des infrastructures et des réseaux
routiers essentiels, de conditions météorologiques extrêmes provoquant l’inondation du littoral et
interrompant les services essentiels, de pertes de cultures, de pénuries d’eau et de sécheresses
causant d’immenses feux de forêt.
Puisque les administrations locales sont aux prises de plus en plus souvent avec de telles conditions,
il est clair qu’il faut s’attaquer aux défis du changement climatique et en tenir compte de façon
prioritaire dans la planification urbaine et l’élaboration de politiques.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 27
La planification en vue de s’adapter aux changements à venir, surtout dans le contexte
des incertitudes associées aux changements climatiques, est probablement le plus grand enjeu en matière de gestion des eaux urbaines. Les changements démographiques, économiques et environnementaux peuvent tous avoir des incidences importantes. La tâche de parvenir à des réseaux résilients pouvant s’adapter aux changements s’avère un défi majeur pour un service essentiel qui dépend en majeure partie d’infrastructures couteuses qui ont été conçues pour durer des dizaines d’années et fonctionner dans des conditions bien définies. Bien qu’il s’agisse d’une activité relativement nouvelle pour la plupart des municipalités, il semble bien que plusieurs d’entre elles commencent à innover en incorporant l’élément de l’adaptation aux changements climatiques ou autres changements à la planification municipale et à l’élaboration de politiques.
L’avènement de ces “nouvelles
conditions normales” (non
prévues au moment de la
conception des réseaux) exerce
des contraintes particulières sur
la gestion des eaux urbaines,
mettant à l’épreuve les bons
rendements des réseaux et
exigeant un changement de
définition de ce qui constitue
des conditions inhabituelles ou
catastrophiques en fonction
des attentes opérationnelles.
L’extrême variabilité peut rendre
inadéquats des réseaux qui
fonctionnent très bien en temps
normal. Les infrastructures
en appui à la gestion des
eaux urbaines comprennent
normalement des projets à forte
intensité en capital, comme
des usines d’épuration et des
égouts pluviaux et sanitaires
conçus pour durer des dizaines
d’années.
Comme il est dispendieux et
difficile d’adapter les réseaux
aux nouvelles conditions en peu
de temps, des innovations qui
rehausseraient la résilience et l’adaptabilité des réseaux seraient les bienvenues, de même que des
méthodes permettant de mieux prédire les conditions hydroclimatiques auxquelles nous ferons
probablement face à l’avenir.
Puisque l’augmentation de la fréquence et de la gravité des tempêtes risque de changer de façon
importante les façons d’exploiter les réseaux actuels et ceux que l’on planifie, les municipalités
cherchent des façons de s’adapter aux tempêtes comme aux sécheresses en améliorant la résilience
de leurs réseaux. Elles s’intéressent de plus en plus aux façons dont certaines stratégies, comme les
infrastructures vertes, la gestion ciblée des bassins versants et les techniques novatrices en matière
d’eaux pluviales, peuvent aider à accroître cette résilience.
28 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
Coûts soCioéConomiques et
enViRonnementaux assoCiés aux
Conditions météoRologiques
extRêmes23 2014 Tempête de verglas à Toronto
106 million $
2013 Inondations en Alberta
5 milliards $
2013 Tempête de pluie à TorontoToronto 65,2 millions $
Réclamations aux assurances 850 millions $
2011 Incendie de forêt, ville de Slave Lake
700 millions $
2010 Incendies de forêt en Colombie-Britannique
230 millions $
1998 Tempêtes de verglas (Québec, Ontario et Nouveau-Brunswick
3 milliards $
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 29
s’adapteR aux Changements
enViRonnementaux24 Calgary — En 2013, la ville de Calgary a
connu la plus importante inondation de son histoire moderne. De vastes secteurs de la
ville ont été endommagés et des milliers de résidents ont dû être évacués. Depuis ce
temps, la Ville a poursuivi ses travaux initiés après une inondation précédente (en 2005)
et elle se penche sur des aspects tels que le rétablissement à la suite d’une inondation,
l’atténuation des dégâts et la résilience permettant la restauration et la réhabilitation à
long terme de la communauté. La Ville a achevé et planifié des projets de rétablissement et de résilience incluant la restauration des berges,
l’évaluation des pentes et des rivières, la réparation des décharges d’eau pluviale et des solutions à court et à long terme pour réparer
et améliorer les structures. L’administration municipale est également en voie d’évaluer
des normes en matière d’inondation, d’infrastructures de surveillance des rivières/
des inondations et elle travaille à élaborer une stratégie visant à ce qu’il y ait
une amélioration à long terme de la résilience en cas d’inondation.
30 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
QUE DEVONS-NOUS SAVOIR POUR ALLER DE L’AVANT?
3.1 DomAiNES DéCiSioNNELS CLéS PoUR UNE GESTioN iNTéGRéE DE L’EAU
La nécessité de gérer les ressources en eau de manière plus globale a clairement été démontrée. Par
conséquent, nombreuses sont les municipalités qui ont élaboré, ou comptent le faire, des stratégies
de gestion intégrée des ressources en eau (ou gestion intégrée de l’eau). Ces approches consolident
la gestion de réseaux distincts (eau potable, eaux usées, eaux pluviales et sources d’eau) et tiennent
également compte d’une vaste gamme de facteurs, comme la planification, la santé de l’écosystème, les
modèles de croissance de la collectivité et les changements climatiques.
Le GLC, en convenant avec les pairs de la façon d’aborder les besoins du Canada à cet égard, a d’abord
posé la question suivante : “Où en sommes-nous maintenant?” afin de donner le contexte important
de la situation actuelle en gestion des eaux urbaines. Ensuite est venue la question “Que devons-nous
savoir pour aller de l’avant?”. C’est en y répondant que le GLC a pu cerner les connaissances dont nous
avions le plus besoin pour faciliter la gestion intégrée de l’eau et des solutions pratiques. Les discussions
afférentes ont été structurées en fonction de domaines décisionnels clés qui sont essentiels pour en
arriver à des approches efficaces de gestion intégrée qui garantissent des réseaux d’eau qui sont fiables,
sécuritaires et durables.
DomAiNES DéCiSioNNELS CLéS
DÉterMiner leS ÉlÉMentS MOteurS et leS ObStaCleS Qui Ont DeS inCiDenCeS Sur la
rÉuSSite identifier la gamme complète des principaux éléments moteurs et des risques associés qui ont
une incidence sur les progrès en gestion des eaux urbaines.
Établir leS COûtS rÉelS DeS rÉSeauX DOnt nOuS avOnS beSOin Tenir compte des coûts
réels de l’exploitation et de l’entretien de tous les éléments requis pour obtenir des réseaux durables et
déterminer comment payer pour ces éléments de manière efficace et équitable.
MaXiMiSer leS reSSOurCeS grâCe à l’effiCienCe, la rÉCupÉratiOn et l’innOvatiOn
Reconnaître les secteurs où les solutions d’efficience et de récupération des ressources et les innovations
constituent une approche réellement viable.
Se prÉparer auX DÉfiS à venir en reHauSSant la rÉSilienCe et en ÉlabOrant DeS
StratÉgieS D’aDaptatiOn Accroître la résilience et élaborer des stratégies d’adaptation aux
changements climatiques, démographiques et socioéconomiques.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 31
3.2 CoNSoRTiUm SUR LES EAUx URBAiNES AU CANADA PRioRiTéS NATioNALES EN mATiÈRE D’ACQUiSiTioN DE CoNNAiSSANCES
En répondant aux besoins en matière de connaissances dans le cadre des domaines décisionnels
clés susmentionnés, le Consortium contribue à accroître la capacité du Canada de parvenir
à des réseaux d’eau municipaux durables et résilients. Les priorités nationales, telles que
déterminées par le GLC en 2014, orienteront la production des renseignements ainsi que les
activités et recherches futures du Consortium.
PRIORITÉ NATIONALE NO 1:
élaborer un cadre de gestion intégrée du risque en appui à la gestion municipale de l’eau potable, des eaux usées, des eaux pluviales et des bassins hydrographiques urbains.
Pour parvenir à la résilience et la
durabilité en matière de gestion de
l’eau, il nous faut mieux comprendre
comment tous les aspects de la
gestion de l’eau interagissent entre
eux et quels sont les facteurs (p.
ex., changement dans l’utilisation
du territoire, décisions sur le plan
du développement ou variations
climatiques) ayant la plus grande
incidence sur l’atteinte des objectifs
du réseau. La gestion globale de l’eau
requiert non seulement une bonne
compréhension de l’interaction entre
les éléments physiques (conduites,
usines de traitement des eaux,
etc.), mais aussi de l’importance
des facteurs environnementaux,
politiques, économiques, sociaux et
de santé.
Pour que la gestion intégrée de l’eau soit efficace, une première étape cruciale est
de cerner avec précision la série complète des risques à gérer afin que les réseaux d’eau soient résilients et durables. En déterminant la nature interreliée de ces risques et leur importance relative pour la gestion efficace du réseau, on obtient une référence de base permettant d’établir quelles sont les priorités en ce qui concerne les préoccupations, les actions et les investissements. Afin de vraiment garantir une gestion de l’eau intégrée, il faut élaborer des approches et des cadres de travail viables pour aider à l’identification précise des risques à gérer.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 32
Risques en gestion de
Réseau d’eau25
• Santé publique
• Environnement
• Finances
• Santé et sécurité des employés
• Politique
• Réputation
• Scientifique
• Technologique
• Projet
• Génie
• Spécification
• Chaîne d’approvisionnement
• Commerce
• International
33 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
plans de pRoteCtion de la qualité de l’eau potable (dWsp) de l’albeRta – basés suR l’appRoChe “ConnaîtRe son Réseau”26
La mise en place par l’Alberta de plans de protection pour la qualité de l’eau potable (DWSP)
pour la gestion des réseaux d’eau potable est un des exemples d’une façon plus large d’aborder
la gestion des risques dans un domaine clé (les risques pour la santé publique associés à l’eau
potable). Le plan tient compte du milieu spécifique d’exploitation d’un réseau, incluant la source
d’eau, les méthodes de traitement, le réseau de distribution et le système de stockage (s’il y a lieu).
Cette approche a été conçue à l’origine par l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2004, 2009)
comme moyen efficace d’aborder la protection de la santé publique de façon globale et proactive
en assurant des réseaux d’eau potable dans le monde entier.
Les DWSP ont comme principe directeur de “connaître son réseau”, y compris les dangers qui le
menacent, sa capacité à se prémunir de ces dangers selon tous les scénarios plausibles, les façons
de valider le rendement du réseau et les réactions appropriées en cas de problème dans le réseau
révélé dans le cadre des activités de surveillance ou encore par toute autre évidence.
Les DWSP sont conçus par les administrations locales (pour chaque réseau) et ils nécessitent:
• La collecte et l’évaluation des meilleurs renseignements disponibles concernant le réseau
d’approvisionnement en eau potable
• L’analyse et la compréhension des risques potentiels
• L’évaluation correcte d’atténuation des risques, c.-à-d. comment réduire les risques à des
niveaux acceptables
• La détermination des ressources et des mesures nécessaires pour s’assurer que les risques
cernés sont bien réduits
Des plans de mise en œuvre et des procédures d’audit et de mise à niveau sont inclus dans les
DWSP pour s’assurer qu’ils demeurent pertinents et qu’ils intègrent les pratiques exemplaires et
les nouvelles connaissances. L’adoption des DWSP en Alberta annonce un possible changement
de paradigme dans le secteur de l’eau de la province qui s’oriente vers une gestion plus globale,
proactive et durable de l’eau.
34 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
Lorsque tous les facteurs pertinents ayant une incidence sur l’atteinte des objectifs du réseau auront
été cernés, il sera possible d’élargir le concept de gestion des risques menaçant les réseaux au-delà des
principaux éléments de conformité réglementaire et de traitement de l’eau potable et des eaux usées,
pour y inclure des objectifs fixés et l’atténuation des impacts des inondations et des sécheresses.
En gestion de l’eau, la gestion des risques se concentre habituellement sur les risques pour la
santé publique, l’environnement et la santé économique. Comme les municipalités commencent à
s’attaquer à la gamme complète des enjeux en gestion de l’eau, certains services d’eau ont fait des
efforts considérables pour cerner, évaluer et gérer une série plus complète de risques interreliés
pour leur organisation (voir l’encadré, p. 32). L’objectif ne se limite pas à l’examen individuel des
facteurs et risques pour chaque élément du réseau, mais il inclut l’examen des liens possibles entre
les divers éléments. Cela comprend notamment la considération de facteurs externes que l’on peut
contrôler (comme des décisions en matière de planification) et certains autres que l’on ne peut pas
contrôler, comme les changements météorologiques ou les facteurs économiques.
PRIORITÉ NATIONALE NO 2:
évaluer l’état des connaissances et des pratiques relatives au recouvrement intégral des coûts et au financement des réseaux d’eau.
Les Canadiens ont besoin de réseaux
d’eau qui leur procurent de l’eau
potable, qui traitent les eaux usées de
manière adéquate et qui gèrent les
eaux pluviales de façon efficiente et
écologique. Pour atteindre ce but, il est
nécessaire de bien connaître l’éventail
des mesures à prendre, de déterminer
leurs coûts réels et de trouver un modèle
de financement efficace pour couvrir
ces coûts. il devra notamment y avoir
un débat sur la manière de composer
avec des ressources limitées en tenant
compte du potentiel de récupération et
de réutilisation de l’eau, de l’énergie et
d’autres précieuses ressources.
La façon dont les systèmes d’eau
sont gérés et financés au Canada a
considérablement changé au cours des
dix dernières années. L’exemple le plus patent de ce tournant est l’intérêt grandissant pour le
recouvrement intégral des coûts, lequel implique l’évaluation et la réclamation du coût total des
services d’eau potable et d’eaux usées fournis à la collectivité (voir l’encadré, p. 35).
Les éléments habituellement couverts par la méthode du coût complet incluent la production, la
distribution, le captage et le traitement de l’eau potable et des eaux usées, de même que les coûts
d’exploitation et d’administration, de recherche et de développement, des travaux d’immobilisations
et de mise hors service27. D’autres activités, telles que la gestion des bassins versants ou la protection
des sources d’eau, sont susceptibles d’avoir d’importantes conséquences sur le réseau, mais à ce
jour elles ne font pas partie des éléments habituellement couverts par cette méthode.
La recherche a le potentiel d’accélérer la prise de décisions et d’informer les décideurs des
meilleurs moyens d’atteindre le recouvrement intégral des coûts pour que les municipalités puissent financer elles-mêmes leurs réseaux d’eau actuels et à venir. Des options et des innovations en matière de structures tarifaires et de modèles de production de recettes – applicables au contexte canadien – sont nécessaires pour intégrer la gamme complète des coûts, de même que les options de financement permettant de soutenir d’importantes dépenses en immobilisations.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 35
le plan intégRé de gestion des RessouRCes d’halifax,
ou Comment CouVRiR les Coûts d’un seRViCe publiC
intégRé28
Halifax Water est l’organisme responsable des services d’eau, d’eaux usées et d’eaux pluviales pour toute la municipalité régionale d’Halifax (HRM).
En tant que service public réglementé, Halifax Water doit couvrir ses coûts d’immobilisations et d’exploitation et souscrire aux principes de l’origine
des coûts ainsi qu’à la règle de l’équité intergénérationnelle. Comme la plupart des municipalités canadiennes, Halifax doit aussi remplacer les
infrastructures vieillissantes pour qu’elles soient conformes aux nouvelles normes fédérales en matière d’eaux usées tout en suivant le rythme de
croissance de la municipalité.
Pour réaliser ces objectifs, Halifax Water a récemment mis en place un plan intégré des ressources fournissant un cadre pour les dépenses en
immobilisations des 30 prochaines années, estimées à 2,6 millions de dollars en valeur actualisée nette. Halifax Water a aussi réalisé une étude sur les
coûts des services (ECS) pour les services d’eaux usées et d’eaux pluviales ayant été déréglementés. Un des principes directeurs de l’étude était
de faire correspondre le coût du service aux frais exigés de ceux qui en retirent des bénéfices.
Les structures tarifaires qui en ont résulté incluent les éléments suivants:
• La tarification de l’eau potable comprend les frais de base [couvrant les coûts fixes] et les frais liés à la consommation [prenant en compte
les coûts variables].
• La tarification des eaux usées comprend les frais de base [couvrant les coûts fixes] et les frais liés à l’évacuation [prenant en compte
les coûts variables].
• La tarification actuelle des eaux pluviales est calculée en fonction du ruissellement.
• Il existe une corrélation entre les frais liés aux eaux pluviales et la surface imperméable des propriétés des clients.
• Les coûts de la croissance sont couverts par la croissance elle-même.
Ensemble, ces changements ont placé Halifax Water sur la voie de la viabilité pour financer, exploiter, entretenir et améliorer ses infrastructures.
36 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
Tout comme les éléments matériels et fonctionnels des réseaux de gestion de l’eau, les modes de
financement doivent être suffisamment résilients et flexibles pour faire face à des changements
potentiels, incluant des changements dans la réglementation et les politiques susceptibles de
modifier énormément les coûts des services d’une agglomération. Ces changements, dont le coût
est souvent absorbé grâce au capital à court terme fourni par des programmes de soutien, peuvent,
à long terme, faire grimper les dépenses municipales liées au fonctionnement et à l’entretien
des infrastructures. il est donc nécessaire de bien comprendre comment les conséquences
économiques de tels changements influencent les modèles de coûts et en quoi une approche
souple de la détermination des tarifs, de la mise en place d’innovations ou du financement peut
minimiser l’impact de ces changements sur les consommateurs.
Pour de nombreuses municipalités, les
infrastructures vieillissantes, les préoccupations
grandissantes concernant la qualité de l’eau et
les conséquences imminentes des changements
climatiques seront les éléments déclencheurs d’une
transition difficile vers le recouvrement intégral des
coûts des services. mais cette approche sera un outil
dont les communautés auront besoin pour élaborer
un plan d’entretien et d’amélioration des réseaux
d’eau et pour investir dans ces deux secteurs.
PRIORITÉ NATIONALE NO 3:
Cerner les possibilités de récupération et de réutilisation des eaux usées et des biosolides et en mesurer les implications
La récupération et la réutilisation des ressources
contenues dans les biosolides et les eaux usées
peuvent être des éléments clés d’une stratégie
de gestion de l’eau exhaustive et durable. C’est
un domaine auquel s’intéressent de nombreuses
municipalités canadiennes, notamment parce que
les normes de rejet des effluents sont de plus en
plus strictes. Toutefois, les craintes et les doutes
au sujet de possibles problèmes pour la santé ou
de l’applicabilité de nouvelles technologies aux
différents contextes canadiens ont une influence
de premier plan sur la prise de décisions dans ce
domaine.
Le GLC reconnaît qu’une meilleure compréhension
et qu’une mise en contexte des divers avantages
et désavantages des options de récupération et de
réutilisation des eaux usées sont nécessaires pour
faire progresser ces pratiques.
exemples de pRogRammes de
RéCupéRation des RessouRCes au
Canada
Dans la région d’Halton, en Ontario, les biosolides provenant de sept stations de traitement des eaux usées sont épandus comme engrais sur des terres
agricoles. En 2009, la région a mis en place un vaste plan directeur allant jusqu’en 2031 pour évaluer
des technologies de remplacement et des options en matière de gestion des biosolides. En 2011, la
Water Environment Association of Ontario a décerné à ce programme le Prix de la gestion exemplaire des
biosolides (dans la catégorie des activités ayant la faveur du public).29
Exploitée par EPCOR, l’usine d’épuration Gold Bar, à Edmonton (Alberta), est l’une des plus
grandes installations de traitement des eaux usées de classe IV au Canada. Sa production annuelle
d’effluent traité dépasse les 100 milliards de litres. Environ 5 % de l’effluent est traité et dirigé vers une
installation industrielle où il est utilisé comme eau traitée dans les procédés. Gold Bar recycle aussi les biosolides, utilisés comme engrais, et le biométhane,
utilisé pour le chauffage.30
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 37
Quand vient le temps d’évaluer les options de récupération et de réutilisation des
ressources, les questions à propos des effets potentiels des contaminants présents dans
les produits récupérés – comme les biosolides utilisés pour l’épandage – sur la santé
humaine et l’environnement, sont
importantes. C’est en présentant
clairement les implications
des données scientifiques
qu’on contribuera à la prise de
décisions avisées, répondant le
mieux possible aux besoins des
différentes collectivités.
outre la considération des
effets potentiels sur la santé,
une bonne partie du processus
de détermination des options
« appropriées » de récupération
des ressources passe par la
reconnaissance des solutions qui
fonctionnent dans les conditions
locales, comme la viabilité
économique, la disponibilité des
terres ou des besoins particuliers
de l’industrie auxquels peut
répondre la stratégie de gestion (voir l’encadré, p. 36). Cibler les enjeux dans ce contexte
permet de cerner quels éléments de recherche et de connaissances peuvent le mieux servir
les décideurs.
Des recherches sont nécessaires pour améliorer la capacité des collectivités à
prendre des décisions et à évaluer quelles options de récupération et de réutilisation des ressources sont les plus pertinentes dans leur cas. À cet égard, il serait souhaitable de réaliser une analyse crédible de l’étendue des connaissances sur les avantages et les risques potentiels des techniques de gestion des biosolides, des eaux usées ou d’autres technologies de récupération ou de réutilisation.
38 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
PRIORITÉ NATIONALE NO 4:
Déterminer, de façon réaliste et pratique, ce qui peut être fait pour accroître la résilience des réseaux des eaux urbaines aux tempêtes et aux conditions météorologiques extrêmes.
Les municipalités doivent augmenter leur résilience aux changements, qu’ils soient imprévus ou
anticipés, afin de pouvoir s’adapter et prospérer. Un certain nombre de changements sur les plans
socioéconomique ou réglementaire sont susceptibles de représenter des défis pour les réseaux
municipaux, mais ce sont possiblement les impacts des changements climatiques qui sont le plus
à craindre.
Des administrations locales proactives
ont commencé à intégrer à la planification
urbaine et à l’élaboration des politiques des
mesures d’adaptation aux changements
climatiques. Ces municipalités avant-
gardistes reconnaissent qu’elles ont la
responsabilité, de même que la capacité, de
faire face aux changements climatiques par
l’adoption de règlements, l’aménagement
du territoire, la gestion des déchets,
le développement économique et les
infrastructures de transport. Cette nouvelle
façon de penser se traduit par un besoin
accru de connaissances sur les méthodes et
technologies novatrices dans le domaine de
la gestion de l’eau.
Les gestionnaires doivent déterminer les
approches novatrices qui peuvent accroître
la résilience et la capacité d’adaptation de
leur réseau d’eau, tout en étant conscients
des réalités du travail dans des réseaux
où les actifs existants représentent des
investissements considérables.
ReCheRChe noVatRiCe en gestion des
eaux pluViales31
En raison des changements en cours sur les plans du climat et de l’utilisation du territoire, les réseaux
traditionnels de gestion des eaux pluviales dans les bassins hydrographiques urbains ne sont plus en mesure de gérer le ruissellement accru et les
épisodes d’inondation. Afin de permettre une meilleure compréhension des approches novatrices en gestion
des eaux pluviales en milieu urbain, Hans Schreier, docteur en géomorphologie et chercheur financé par le RCE, a dirigé un projet de recherche à l’origine de
solutions innovatrices. Les recherches portant sur ces solutions sont publiées, les lacunes en matière de recherche sont mises en lumière et l’information
concernant les innovations adaptées aux divers types de bassins hydrographiques du Canada est partagée.
M. Schreier et son équipe ont examiné un vaste éventail d’approches novatrices en gestion des eaux pluviales
au Canada afin de fournir aux responsables de la planification et du développement et aux ingénieurs
municipaux des renseignements sur diverses pratiques efficaces à l’échelle de la propriété, du quartier et du
bassin hydrographique.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 39
il est également nécessaire de faire
connaître aux intéressés les implications
exactes des stratégies d’adaptation en
matière d’envergure, d’échéancier et
de coûts, et de leur faire savoir à quoi
on peut raisonnablement s’attendre du
fonctionnement des réseaux soumis à des
conditions météorologiques extrêmes de
plus en plus fréquentes. historiquement,
la gestion des eaux municipales était axée
sur la construction de réseaux robustes
à forte intensité de capital assurant
la sécurité et le rendement dans une
gamme de conditions prévues et bien
définies. L’incertitude à l’égard des futures
conditions accompagnant les changements
climatiques pousse les municipalités à
chercher de nouveaux paradigmes qui
leur permettront de s’adapter à de futurs
événements météorologiques majeurs.
Les innovations dans le domaine de la gestion des eaux pluviales permettront aux
municipalités de mieux s’adapter aux nouvelles conditions – qui sont désormais la norme – causées par les changements climatiques. La compréhension du potentiel des innovations et l’évaluation précise du rendement prévu des réseaux en fonction des défis à venir feront l’objet d’un important débat au cours des prochaines années.
40 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
conclusion
Leau est l’élément qui relie tous les aspects de la vie et de nos sociétés. Par conséquent, une
bonne gestion de l’eau est primordiale pour que l’on puisse vivre dans des collectivités résilientes
et durables. De même, puisque l’eau est indissociable de nombreux enjeux communautaires
importants, il est nécessaire d’envisager les décisions relatives à sa gestion de manière globale et
intégrée.
L’approche du Consortium reflète sa compréhension du fait que, dans l’ensemble, les défis auxquels
sont confrontés les gestionnaires de réseaux d’eaux urbaines au Canada se ressemblent : ils doivent
assurer leur financement, s’adapter aux conditions changeantes et soupeser toutes les implications
de leurs décisions. D’autre part, le Consortium reconnaît aussi que des stratégies individuelles
destinées aux milliers de municipalités aux quatre coins du pays devront être élaborées de manière
à ce qu’elles correspondent à la série unique de conditions qui caractérise chaque municipalité.
En s’interrogeant sur la meilleure manière d’envisager la recherche et les connaissances requises
pour aller de l’avant, le GLC a pris en compte le contexte global dans lequel les acteurs intéressés
par une approche intégrée aborderont les décisions concernant les eaux urbaines au Canada. Cela
inclut notamment une meilleure compréhension de toute la gamme de risques, d’options et de
coûts interreliés qu’il faudra gérer de façon simultanée.
En établissant des priorités de recherche et de partage de connaissances en 2014, le GLC n’oriente
pas seulement le travail en cours du Consortium, mais il contribue aussi à guider le débat national
sur les besoins des municipalités, sur ce qu’elles veulent et ce qu’elles sont en mesure de faire pour
aller de l’avant collectivement. Ce sont là des étapes préliminaires, mais non moins importantes,
pour soutenir l’élaboration d’un cadre de travail intégré abordant les éléments suivants : les risques
pertinents, le recouvrement des coûts, la résilience du réseau dans le contexte des situations
météorologiques changeantes et la tenue d’un débat éclairé sur les occasions de récupération des
ressources.
Le Canada est en très bonne position pour devenir un leader mondial en gestion de l’eau. Les
municipalités canadiennes, qui sont responsables de l’intendance d’une portion considérable des
réserves mondiales d’eau douce et ont un savoir-faire reconnu en gestion de l’eau, peuvent tirer
parti de leurs réussites et du paysage de l’eau en plein changement pour élaborer des approches
plus intégrées qui fournissent des modèles et des solutions pertinentes à l’échelle mondiale.
Bien que le succès de la gestion de l’eau ne passe pas par une formule unique, et que cette formule
variera selon la province et selon la collectivité, il y a beaucoup à gagner dans le fait d’encadrer
nos approches à des problèmes communs, de mettre nos expertises en commun et de travailler
ensemble pour résoudre d’importantes questions.
Bien que le succès de la gestion de l’eau ne passe pas par une formule unique, et que cette formule
variera selon la province et selon la collectivité, il y a beaucoup à gagner dans le fait d’encadrer
nos approches à des problèmes communs, de mettre nos expertises en commun et de travailler
ensemble pour résoudre d’importantes questions.
Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014 Consortium sur les eaux urbaines au Canada l 41
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18 Exemples d’utilisation des biosolides au Canada. Compilé par RCE. 15 juin 2014.
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42 l Consortium sur les eaux urbaines au Canada Rapport sur les priorités en gestion des eaux urbaines au Canada 2014
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pluviales municipaux. Fédération canadienne des municipalités, 2012
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http://bdc.securitepublique.gc.ca/srchpg-fra.aspx?dynamic=false
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31 mark Schreier, hans, innovative Stormwater management : Translating Science into Actions, 2014.
http://www.cwn-rce.ca/assets/resources/pdf/CWN-EN-Stormwater-Report-FiNAL.pdf
VeRs une gestion duRable et Résiliente des RessouRCes en eau
cwn-rce.ca
Réseau canadien de l ’eau
Consortium sur les eaux urbaines au Canada
RappoRt suR les pRioRités en gestion des eaux uRbaines
au Canada 2014
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