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Vers rapports
Le Prambule des innombrables
# Anthologie de lieux communs dans les pomes du XVIe sicle et alentour disponibles sur Gallica, le site Internet de la Bibliothque nationale de France.
# Disposition des vers rapports: 102 pomes.
Textes moderniss suivis des textes originaux,
tablis sur les ditions disponibles sur gallica.bnf.fr
Version 102, rvise et augmente le 26/03/18.
1548
Forcadel
Feu, Femme, Mer
1549
Martelli
Se Lisippo, et Apelle
Tyard
Jai tant cri
1550
Du Bellay
Ces cheveux dor
Fasse le ciel
1551
Des Autels
Mon cur, ma voix
1553
Ronsard
Par un destin
Des Autels
De Jupiter
Jodelle
Phbus, Amour, Cypris
1555
Peletier Du mans
Fortune, Amour
Plus mest promis
Cette beaut
Ceux qui voudront
1558
Du bellay
Si fruits, raisins, et bls
1560
Du bellay
De fleurs, dpis
Grvin
LAmour nous point
1561
Buttet
Trait, flamme, et lacs damour
1563
Chandieu
Ta Posie, Ronsard
1565
Belleau
Amour tant lass
QuAmour voulant forger
1569
Du Bellay
De quel torrent
La Ville
Ni les crits
1571
La Boderie
Phbus, Peithon
1572
Turin
Cet il, cet or
1573
Baf
Trait, feu, pige dAmour
Jamais il, bouche, poil
Jean de La Taille
cur ingrat
1574
Saint-Gelais
Du triste cur
Jodelle
Des astres, des forts
Jaime le vert laurier
Que nai-je mes esprits
Comme un qui sest perdu
Le dol longtemps couv
Je ne crains pas que Dieu
Ne les a-t-on pu donc
QuHymen, Amour, le ciel
Dmophoon, Cphale
Goulart
Le ciel, nature, lart
pas pars
1575
Jodelle
Ton Neptun mon Binet
1576
de Brach
Je chante la chaleur
Vous vent, vous nautonier
Le Loyer
Ta beaut, ta vertu
1577
Le Saulx
La chair et le pch
1578
Boyssires
Le vert, lardeur, le vent
Amour, Mars, Apollon
Le nerf, le corps, la chair
La Gesse
Grasinde, qui me fais
Hesteau
Ta vertu, ta bont
Dune incroyable amour
Comme on voit un chevreuil
Passants ne cherchez plus
La Nature a donn
1581
Marie de Romieu
Le luth, Csar, lAmour
Courtin de Ciss
Que me servent ces cris
1582
Du Monin
Neptun, Pluton ole
1583
La Jesse
Qui comme une Ariane
Au bon arbre, au Rosier
Le Dieu Vulcain
Le tide flair
Laveugle Archer
Vos beaux yeux adors
Le jeune Cerf navr
Ce que lorage fier
Par art, force, ire, soin
Je te sondais ainsi
Catherine Des Roches
La Beaut, la doctrine
Pithon, Diane, Minerve
Les Lettres, les Vertus
Les Muses, la Pithon
Ausonie, Calabre
Blanchon
Jaime plus que mes yeux
LAmour, la Mort, le sort
1584
Du Chesne
Lthe sommeilleux
1585
Pontoux
Tant puissante est lardeur
Birague
Toujours, toujours, hlas
Du Monin
De Jupin, Mars, Phbus
Le ruisseau chamarrant
Le Gaygnard
Ma Plume maintes fois
Dun destin ordonn
En toutes pit
1586
Fondimare
Le Gras meurt, qui vivant
Courant
Partout, ici, l-haut
1587
Trellon
De la bouche, des yeux
1588
Sponde
Tout senfle contre moi
1594
Pontaymeri
Qui a vu quelquefois
O sont vos yeux confus?...
1597
Lasphrise
Ton poil, ton il, ta main
Mon La Fuie, ce coup
Heureux qui est muet
Estres ne requiert
Phbe, Cypris, Pithon
Non sans cause, Beauvais
1598
Alcanon
Le torrent, le vent, et la flamme
1603
Angot
Qui pourrait voir au ciel
1605
A. de Marquets
Si on prise beaucoup
1616
dAubign
La flte qui joua
1628
Marbeuf
La propret
1870
Jodelle
Oncques trait, flamme ou lacs
1874
dAubign
Pia ton naturel
Veillants, aigus, subtils
Du plus subtil du feu
1548
tienne FORCADEL, Le Chant des Sirnes, Paris, Gilles Corrozet, 1548, f29v [5 vers rapports].
BnF Gallica, N0070470_PDF_61.
Texte modernis
Feu, Femme, Mer, sont trois choses sur terre,
Dont lhomme prend mainte prosprit.
Chaleur, trsor, dduit, en peut acquerre,
Contre le froid, souci, et pauvret.
Mais quand advient, que le mal rvolt,
Prend contremont de sa roue la voie,
Femme doit, feu ard, et la mer noie:
De peu de bien mal infini redonde:
Donc, vu lennui, qui surmonte la joie,
Feu, Femme, Mer, sont le pire du monde.
Texte original
Feu, Femme, Mer, sont trois choses sur terre,
Dont lhomme prend mainte prosperit.
Chaleur, thresor, deduict, en peult acquerre,
Contre le froid, soucy, & pouret.
Mais quand aduient, que le mal reuolt,
Prend contremont de sa roue la voye,
Femme deoit, feu ard, & la mer noye:
De peu de bien mal infiny redonde:
Donc, veu lennuy, qui surmonte la ioye,
Feu, Femme, Mer, sont le pire du monde.
1549
Vincenzo MARTELLI, in Rime diuerse di molti eccellentiss. auttori nuouamente raccolte, Libro primo con nuoua additione ristampato, Venise, Gabriel Giolito, 1549, p. 20 [3 vers rapports: vers 1, 2 et 9].
BnF Gallica, N0058180_PDF_21.
Texte original
SE Lisippo , & Apelle , el grande Homero
Col martel , co i colori , e con linchiostro
Rendesse il ciel benigno al secol nostro
Per aguagliar con le sembianze il vero
P otrian con larte , & col giudicio intero
Adombrar forse il bel , cha sensi mostro:
Ma laltra parte no del valor vostro ;
Che non si puo scolpir pur col pensiero.
D unque i marmi , i color , le pure carte
Non cerchin far del ver si bassa sede;
Se la bellezza in voi la monor parte .
E t voi con lhonorato , & destro piede
Seguite il bel sentier , charriva in parte ,
Che vieta morte le piu ricche prede .
1549
Pontus de TYARD, Erreurs amoureuses, Lyon, Jean de Tournes, 1549, pp. 72-73.
BnF Gallica, N0079319_PDF_74_75 [2 vers rapports: vers 12 et 14].
Texte modernis
Jai tant cri, douce Mort, renverse
Avec ce corps mon gref tourment sous terre,
Que je me sens presque finir la guerre
De lesprance mon dsir diverse.
Vois, dame, vois, que les pleurs que je verse,
Et les soupirs ardents, que je desserre
Hors de mon cur, et le trait qui menferre,
Veulent finir si dure controverse.
Mes pleurs ont j tant dhumeur attir,
Et mes soupirs tant dardeur respir,
Et tant de sang ce trait ma fait rpandre,
Que sans humeur, chaleur, ou sang encore,
Ce peu desprit, qui mest rest tadore
En ce corps sec, froid, ple, et presque en cendre.
Texte original
Iay tant cri, doulce Mort, renuerse
Auec ce corps mon grief torment souz terre,
Que ie me sens presque finir la guerre
De lesperance mon desir diuerse.
Voy, dame, voy, que les pleurs que ie verse,
Et les souspirs ardens, que ie desserre
Hors de mon cur, et le traict qui menferre,
Veullent finir si dure controuerse.
Mes pleurs ont ia tant dhumeur attir,
Et mes souspirs tant dardeur respir,
Et tant de sang ce traict mha fait respandre,
Que sans humeur, chaleur, ou sang encore,
Ce peu desprit, qui mest rest tadore
En ce corps sec, froid pasle, et presque en cendre.
1550
Joachim DU BELLAY, LOlive augmente, Paris, Gilles Corrozet et Arnoul LAngelier, 1550, sonnet 10 [6 vers rapports: vers 7 11 et 14; topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0070784_PDF_23.
Texte modernis
Ces cheveux d'or sont les liens Madame,
Dont fut premier ma libert surprise,
Amour la flamme autour du cur prise,
Ces yeux le trait, qui me transperce l'me.
Forts sont les nuds, pre, et vive la flamme,
Le coup, de main tirer bien apprise,
Et toutefois j'aime, j'adore, et prise
Ce qui m'treint, qui me brle, et entame.
Pour briser donc, pour teindre, et gurir
Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie,
Je ne quiers fer, liqueur, ni mdecine,
L'heur, et plaisir, que ce m'est de prir
De telle main, ne permet que j'essaie
Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.
Texte original
Ces cheueux dor sont les liens Madame,
Dont fut premier ma libert surprise,
Amour la flamme autour du coeur eprise,
Ces yeux le traict, qui me transperse lame.
Fors sont les neudz, apre, & viue la flamme
Le coup, de main tyrer bien apprise,
Et toutesfois iayme, iadore, & prise
Ce qui metraint, qui me brusle, & entame.
Pour briser donq, pour eteindre, & guerir
Ce dur lien, ceste ardeur, ceste playe,
Ie ne quier fer, liqueur ny medecine,
Lheur, & plaisir, que ce mest de perir
De telle main, ne permect que iessaye
Glayue trenchant, ny froydeur, ny racine.
1550
Joachim DU BELLAY, LOlive augmente, Paris, Gilles Corrozet et Arnoul LAngelier, 1550, sonnet 19 [9 vers rapports; topos des trois artistes].
BnF Gallica, N0070784_PDF_27.
Texte modernis
Fasse le ciel (quand il voudra) revivre
Lysippe, Apelle, Homre, qui le prix
Ont emport sur tous humains esprits
En la statue, au tableau, et au livre.
Pour engraver, tirer, dcrire, en cuivre,
Peinture, et vers, ce quen vous est compris,
Si ne pourraient leur ouvrage entrepris
Ciseau, pinceau, ou la plume bien suivre.
Voila pourquoi ne faut, que je souhaite
De lengraveur, du peintre, ou du pote
Marteau, couleur, ni encre, ma Desse !
Lart peut errer, la main faut, lil scarte.
De vos beauts mon cur soit donc sans cesse
Le marbre seul, et la table, et la charte.
Texte original
Face le ciel (quand il vouldra) reuiure
Lisippe, Apelle, Homere, qui le pris
Ont emport sur tous humains espris
En la statue, au tableau, & au liure.
Pour engrauer, tirer, decrire, en cuyure,
Peinture, & vers, ce quen vous est compris,
Si ne pouroient leur ouuraige entrepris
Cyzeau, pinceau, ou la plume bien suyure.
Voila pourquoy ne fault, que ie souhete
De lengraueur, du peintre, ou du pote
Marteau, couleur, ny encre, ma Desse!
Lart peult errer, la main fault, loeil secarte.
De voz beautez mon coeur soit doncq sans cesse
Le marbre seul, & la table, & la charte.
1551
Guillaume DES AUTELS, Replique de Guillaume Des Autelz aux furieuses defenses de Louis Meigret, Avec la Suite du Repos de Lautheur, Lyon, Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, 1551, La Suite du Repos de plus grand Travail, pp. 105-106 [4 vers rapports].
BnF Gallica, N0070052_PDF_105_106.
Texte modernis
De son heureuse inflicit,
et triste liesse.
Mon cur, ma voix, ma main, et mes deux yeux
Par pensement, par chants, par criture,
Et par cent fois rpte lecture
Prennent bat tristement gracieux :
Le cur heureux ne pourrait avoir mieux
Que sur son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit onques Nature
En le logeant plus dignement quaux Cieux.
Mais cette voix, cette main, cette vue,
Pour ne se faire our, pour ne toucher,
Et pour ne voir la chose desprit vue,
Plaintes, crits, et pleurs me font lcher,
Tant que le cur piti incit
Triste devient en sa flicit.
Texte original
De son heureuse infelicit,
& triste liesse.
Mon cur, ma voix, ma main, & mes deux yeux
Par pensement, par chants, par escriture,
Et par cent fois repetee lecture
Prennent esbat tristement gracieux:
Le cur heureux ne pourroit auoir mieux
Que sus son aile Amour par grande cure
Porte au plus beau que fit onques Nature
En le logeant plus dignement ques Cieux.
Mais ceste voix, ceste main, ceste vee,
Pour ne se faire ouir, pour ne toucher,
Et pour ne voir la chose desprit vee,
Plaintes, escrits, & pleurs me font lascher,
Tant que le cur pitie incit
Triste deuient en sa felicit.
1553
Pierre de RONSARD, Les Amours augmentes, Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553, pp. 19-20 [6 vers rapports: vers 2 6, et 9; topos des armes de lAmour]
BnF Gallica, N0070002_PDF_35_36.
Texte modernis
PAr un destin dedans mon cur demeure,
Lil, et la main, et le crin dli,
Qui mont si fort, brl, serr, li
Quars, pris, lac, par eux faut que je meure.
Le feu, la serre, et le rets toute heure,
Ardant, pressant, nouant mon amiti,
Occise aux pieds de ma fire moiti
Font par sa mort ma vie tre meilleure.
il, main, et crin, qui flammez, et gnez,
Et renlacez mon cur, que vous tenez
Au Labyrint de votre crpe voie :
H que ne suis-je Ovide bien-disant!
il tu serais un bel Astre luisant,
Main un beau lis, crin un beau rets de soie.
Texte original
PAr vn destin dedans mon cur demeure,
Lil, & la main, & le crin deli,
Qui mont si fort, brul, serr, li
Quars, prins, lass, par eus faut que ie meure.
Le feu, la serre, & le ret toute heure,
Ardant, pressant, noant mon amiti,
Occise aux pis de ma fiere moiti
Font par sa mort ma vie estre meilleure.
Oeil, main, & crin, qui flams, & genns,
Et renlasss mon cur, que vous tens
Au Labyrint de vostre crespe voe.
H que ne suis ie Ouide bien disant!
Oeil tu serois vn bel Astre luisant,
Main vn beau lis, crin vn beau ret de soie.
1553
Guillaume DES AUTELS, Amoureux Repos, Lyon, Jean Temporal, 1553, sonnet XXXII, n.p.
BnF Gallica, N0072329_PDF_43_44 [sonnet rapport].
Texte modernis
Des feux de 4 dits.
De Jupiter, Phbus, Vulcain, Cypris,
Le feu foudroie, claire, forge, enflamme,
Les corps, les yeux, le tranchant acier, lme,
Des gants, gens, princes, bnins esprits:
La terre, enfer, lennemi, le sot ris,
Craint, chasse, fuit, par ignorance blme,
Foudre, clart, le fer aigu, la flamme,
Juste, luisante, horrible, de haut prix:
Jvite, jai, jabomine, jaugmente,
Ce feu divin, cleste, humain, suprme,
Par croire, voir, paix, amour vhmente:
Dvot, veillant, paisible, esprit qui aime,
Je sers, je quiers, jentretiens, je tourmente,
Les dieux, le jour, les hommes, mon cur mme.
Texte original
Des feuz de 4. deitez.
De Iuppiter, Phebus, Vulcan, Cypris,
Le feu foudroye, eclaire, forge, en flame,
Les corps, les yeux, le tranchant acier, lame,
Des geans, gens, princes, benins espris:
La terre, enfer, lennemy, le sot ris,
Craint, chasse, fuit, par ignorance blame,
Foudre, clart, le fer aigu, la flame,
Iuste, luysante, horrible, de hault pris:
Ieuite, iay, iabomine, iaugmente,
Ce feu diuin, celeste, humain, supreme,
Par croire, voir, paix, amour vehemente:
Deuot, veillant, paisible, esprit qui ayme,
Ie sers, ie quiers, ientretiens, ie tormente,
Les dieux, le iour, les hommes, mon cur mesme.
1553
tienne JODELLE, in Olivier de MAGNY, Les Amours, fac simil de ldition de 1553, Paris, Alphonse Lemerre, 1878, Jodelle Magny, distique mesur, p.10.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6479797m/f68.image
Texte modernis
Phbus, Amour, Cypris, veut sauver, nourrir, et orner,
Ton vers, cur, et chef, dombre, de flamme, de fleurs.
Texte original
Phebvs, Amour, Cypris, veult sauuer, nourrir, & orner,
Ton vers, cueur, & chef, dombre, de flame, de fleurs.
1555
Jacques PELETIER DU MANS, LAmour des Amours, Lyon, Jean de Tournes, 1555, sonnet XXVIII, p. 26 [orthographe originale trs imparfaitement restitue] [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0070838_PDF_27.
Texte modernis
Fortune, Amour et Vertu par dduit,
Dsir, labeur mbranle, enflamme et dresse:
Et dun hasard, aiguillon et adresse
Me tient suspens, me point et me conduit.
Le sort, le zle et le guerdon minduit
une peur, une foi, une presse,
Voyant la feinte, accueil et allgresse,
Qui mentretient, me convie et me fuit.
Or sus, faveur, grce, persvrance,
Faites ensemble accord prompt, franc et ferme:
Et me donnez moyen, cause, assurance
Dheur, joie, honneur: et veuillez mettre terme
laspirer, languir et endurer,
Me faisant crotre, tre aim et durer.
Texte original
Fortune, Amour e Vertu par deduit,
Desir, labeur mebranle, anflamme & dresse:
E d un hazard, agulhon e adresse
Me tient suspans, me point e me conduit.
Le sort, le zele e le guerdon minduit
A vne peur, vne foe, vne apresse,
Voyant la feinte, akeulh e alegresse,
Qui mantretient, me conuie e me fuit.
Or sus, faueur, grace, perseuerance,
Fetes ansamble acord pront, franc e ferme :
E me donnez moyen, cause, assurance
Deur, joee, honneur : e veuilhz metre terme
A laspirer, languir e andurer,
Me fesans croetre, tre em e durer.
1555
Jacques PELETIER DU MANS, LAmour des Amours, Lyon, Jean de Tournes, 1555, sonnet XXXVI, p. 30 [orthographe originale trs imparfaitement restitue] [2 vers rapports sur 14: vers 11 et 12].
BnF Gallica, N0070838_PDF_31.
Texte modernis
Plus mest promis, moins de profit men sort:
Moins je mrite, en plus haut lieu jaspire :
Japprouve et vois le mieux, et prends le pire:
Au sr je vise, et si me fie au sort.
Moins on memploie, et plus mingre fort:
Autrui soutiens, contre moi je conspire:
En autrui corps je me meus et respire,
Dedans le mien je suis transi et mort:
Lennui mendort, le repos me rveille:
Jattends la fte, et veux mourir la veille.
Amant, tu vis, tu languis et tu meurs
Par ton vouloir, ta doute et ton refus:
Souffriras-tu toujours que quatre humeurs
En tes dsirs te fassent si confus?
Texte original
Plus mt promis, moins de profit man sort:
Moins je merite, an plus haut lieu jaspire:
Japrouue e vo le mieus, e prn le pire:
Au seur je vise, e si me fie au sort.
Moins on mamploee, e plus mingere fort:
Autrui soutien, contre moe je conspire:
An autrui cors je me me e respire,
Dedans le mien je suis transi e mort:
Lannui mandort, le repos me reueilhe:
Iatn la fete, e ve mourir la veilhe.
Amant, tu viz, tu languiz e tu meurs
Par ton vouloer, ta doute e ton refus:
Soufriras tu tousjours que quatre humeurs
An tes desirs te facet si confus?
1555
Jacques PELETIER DU MANS, LAmour des Amours, Lyon, Jean de Tournes, 1555, sonnet XCI, p. 58 [2 vers rapports sur 14: vers 5 et 6].
BnF Gallica, N0070838_PDF_59.
Texte modernis
Cette beaut dternit vtue,
Portant dhonneur les immortels prsents,
Rend mes yeux les longs sicles prsents,
Et en rondeur mes dsirs perptue:
Elle menflamme, incite et vertue
Le sens, le cur, les esprits et les ans
ces labeurs pniblement plaisants,
Dessous le joug qui mon gr me tue.
Mon feu prend force, et crot infiniment,
Ayant trouv son semblable aliment:
Toujours en soi sentretient la matire,
Mon feu sans cesse a de quoi sallumer:
Car elle tant si durable et entire,
Il sy nourrit, sans rien en consumer.
Texte original
Cete beaute deternite vetue,
Portant dhonneur les immortels presans,
Rand a mes yeus les lons siecles presans,
E an rondeur mes desirs perpetue:
Elle manflamme, incite e euertue
Le sans, le keur, les espriz e les ans
A ces labeurs peniblemant plesans,
Dessouz le jou qui a mon gre me tue.
Mon feu prand force, e croet infinimant,
Eyant trouu son samblable alimant:
Tousjours an soe santretient la matiere,
Mon feu sans cesse de quoe salumer:
Car elle etant si durable e antiere,
Il si nourrt, san rien an consumer.
1555
Jacques PELETIER DU MANS, LAmour des Amours, Lyon, Jean de Tournes, 1555, sonnet XCII, p. 58 [3 vers rapports sur 14: vers 5 7].
BnF Gallica, N0070838_PDF_59.
Texte modernis
Ceux qui voudront se douloir, quils se deuillent:
Jai, quant moi, parfaite suffisance:
Je me repais de divine plaisance
s trois beauts qui en une maccueillent.
Lme, loue et la vue recueillent
Lenseignement, la Musique et laisance
De son esprit, de sa voix et prsence:
Quest-il besoin que plus les hommes veuillent?
Tout ce qui est en moi le plus insigne,
Prend ce qui est delle tout le plus digne:
Et raison veut que raison je me rende,
Si quelque chose encore je nai prise,
Ma Dame pas ne lestime assez grande,
Pour guerdonner ce quen moi elle prise.
Texte original
Ceus qui voudront se doulor, quiz se deulhet:
I, quant moe, parfete sufisance:
Ie me rep de diuine plesance
Es troes beautez qui an vne makeulhet.
Lame, louie e la vue rekeulhet
Lanseignemant, la Musique e lesance
De son esprit, de sa voes e presance:
Qut il besoin que plus les hommes veulhet?
Tout ce qui t an moe le plus insine,
Prand ce qui t delle tout le plus dine:
Et reson veut que reson je me rande,
Si quelque chose ancores je n prise,
Ma Dame pas ne lestime assez grande,
Pour guerdonner ce quan moe elle prise.
1558
Joachim DU BELLAY, Les Regrets, Paris, Federic Morel, 1558, f26v [4 vers rapports sur 14: vers 1, 2, 5, 7].
BnF Gallica, N0071122_PDF_61.
Texte modernis
S i fruits, raisins, et bls, et autres telles choses
O nt leur tronc, et leur cep, et leur semence aussi,
E t son voit au retour du printemps adouci
N atre de toutes parts violettes, et roses :
N i fruits, raisins, ni bls, ni fleurettes dcloses
S ortiront (Viateur) du corps qui gt ici:
A ulx, oignons, et poireaux, et ce qui fleure ainsi,
A uront ici dessous leurs semences encloses.
T oi donc, qui de lencens et du baume nas point,
S i du grand Jules tiers quelque regret te point,
P arfume son tombeau de telle odeur choisie:
P uisque son corps, qui fut jadis gal aux Dieux,
S e soulait patre ici de tels mets prcieux,
C omme au ciel Jupiter se pat de lambroisie.
Texte original
S i fruicts, raisins, & bledz, & autres telles choses
O nt leur tronc, & leur sep, & leur semence aussi,
E t son uoit au retour du printemps addoulci
N aistre de toutes partz uiolettes, & roses:
N y fruicts, raisins, ny bledz, ny fleurettes descloses
S ortiront (Viateur) du corps qui gist icy:
A ulx, oignons, & porreaux, & ce qui fleure ainsi,
A uront icy dessous leurs semences encloses.
T oy donc, qui de lencens & du basme nas point,
S i du grand Iules tiers quelque regret te poingt,
P arfume son tombeau de telle odeur choisie:
P uis que son corps, qui fut iadis egal aux Dieux,
S e souloit paistre icy de telz metz precieux,
C omme au ciel Iupiter se paist de lambrosie.
1560
Joachim DU BELLAY, Divers Jeux rustiques, Paris, Federic Morel, 1560, PDF_14 [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0052146_PDF_14_15.
Texte modernis
crs, bacchus,
et Pals .
De fleurs, dpis, de pampre je couronne
Pals, Crs, Bacchus : afin quici
Le pr, le champ, et le terroir aussi
En foin, en grain, en vendange foisonne.
De chaud, de grle, et de froid qui tonne
Lherbe, lpi, le cep, nayons souci:
Aux fleurs, aux grains, aux raisins adouci
Soit le printemps, soit lt, soit lautomne.
Le buf, loiseau, la chvre ne dvore
Lherbe, le bl, ni le bourgeon encore:
Faucheurs, coupeurs, vendangeurs, louez doncques
Le pr, le champ, le vignoble Angevin:
Granges, greniers, celliers on ne vit oncques
Si pleins de foin, de froment, et de vin.
Texte original
a ceres, a bacchvs,
& Pals .
De fleurs, despicz, de pampre ie couronne
Pals, Cers, Bacchus: fin quicy
Le pr, le champ, & le terroy aussy
En fein, en grain, en uendenge foisonne.
De chault, de gresle, & de froid qui estonne
Lherbe, lespic, le sep, nayons soucy:
Aux fleurs, aux grains, aux raysins adoulcy
Soit le printemps, soit lest, soit lautomne.
Le buf, loyseau, la cheure ne deuore
Lherbe, le bl, ny le bourgeon encore:
Faucheurs, coupeurs, uendengeurs, louez donques
Le pr, le champ, le uignoble Angeuin:
Granges, greniers, celiers on ne uid onques
Si pleins de fein, de froument, & de uin.
1560
Jacques GRVIN, LOlimpe, Paris, Robert Estienne, 1560, Sonnets, p. 13 [3 vers rapports sur 14: vers 1, 2 et 8; topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0070740_PDF_30.
Texte modernis
LAmour nous point, nous brle, et nous bande les yeux,
De son dard, de son feu, et dune folle attente:
Le dard entre dedans, le feu toujours augmente,
Et le bandeau streint sans espoir davoir mieux.
En vain nous implorons le secours de ces dieux,
En vain nous esprons avoir lme contente,
En pensant adoucir le mal qui nous tourmente
Par retirer, teindre, et regarder les cieux.
Car nous avons, belleau, toujours nouvelle amorce,
Qui dautant svertue et augmente sa force,
Que nous pensons fuir et viter les coups.
Nous avons pour nous poindre une flche nouvelle,
Et pour nous consumer toujours quelque tincelle:
Bref, nous tranons toujours un lien aprs nous.
Texte original
LAmour nous point, nous brusle, & nous bande les yeux,
De son dart, de son feu, & dune folle attente:
Le dart entre dedans, le feu tousiours augmente,
Et le bandeau sestraint sans espoir dauoir mieux.
En uain nous implorons le secours de ces dieux,
En uain nous esperons auoir lame contante,
En pensant addoucir le mal qui nous tourmante
Par retirer, estaindre, & regarder les cieux.
Car nous auons, belleav, tousiours nouuelle amorce,
Qui dautant sesuertue & augmente sa force,
Que nous pensons fuir & euiter les coups.
Nous auons pour nous poindre une fleche nouuelle,
Et pour nous consumer tousiours quelque estincelle:
Bref, nous trainons tousiours un lien apres nous.
1561
Marc Claude de BUTTET, Le premier livre des Vers, Paris, Michel Fezandat, 1561, LAmalthe, f 90r [12 vers rapports sur 14: topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0117181_PDF_181.
Texte modernis
Trait, flamme, et lacs damour, ne point, ne brle, et lace,
Un cur plus endurci, plus froid, ni plus dceint
Que le mien, quand je fus frapp, brl, treint,
Le premier jour quAmour esclava mon audace.
Plus dur, et froidureux, que le marbre, et la glace,
Libre je ne craignais qu ma fin met contraint
Plaie, arsure, ni nud : pour autant mont atteint
Larc, le feu, et les rets, o faut que je trpasse.
Et tellement je suis bless, ars, mis en serre,
Que dard, brandon, lien, ne blesse, embrase, enserre,
Si violentement, ni si chaud, ni si fort.
Et rien nest qui le coup, et lardeur, et la chane,
(Qui me playe le cur, qui menflamme, et me gne)
Gurisse, teigne, et lche au monde, que la mort.
Texte original
Trait, flamme, & lacs damour, ne point, ne brulle, & lace,
Vn cueur plus endurci, plus froid, ni plus dceint
Que le mien, quand ie fu frapp, brull, treint,
Le premier iour quAmour esclaua mon audace.
Plus dur, & froidureux, que le marbre, & la glace,
Libre ie ne crenoi qu ma fin meut contreint
Plaie, arseure, ni neud : pour autant mont atteint
Larc, le feu, & les rets, ou faut que ie trepasse.
Et tellement ie suis blec, ars, mis en serre,
Que dard, brandon, lien, ne blece, ambrase, enserre,
Si violentement, ni si chaud, ni si fort.
Et rien nest qui le coup, & lardeur, & la chaine,
(Qui me plaie le cueur, qui menflamme, & me geine)
Guerisse, teigne, & lasche au monde, que la mort.
1563
Antoine de CHANDIEU, Rponse aux calomnies contenues au Discours et Suite du Discours sur les Misres de ce temps faits par messire Pierre Ronsard, 1563, pages liminaires, n.p. [PDF_3] [quatrain rapport].
BnF Gallica, N0070735_PDF_3.
Texte modernis
Des divers effets de trois choses qui sont en Ronsard.
Ta Posie, Ronsard, ta vrole, et ta Messe,
Par rage, surdit, et par des Bnfices,
Font (rimant, paillardant, et faisant sacrifices)
Ton cur fol, ton corps vain, et ta Muse Prtresse.
Texte original
Des diuers effects de trois choses qui sont en Ronsard.
Ta Posie, Ronsard, ta verolle, & ta Messe,
Par raige, surdit, & par des Benefices,
Font (rymant, paillardant, & faisant sacrifices)
Ton cur fol, ton corps vain, & ta Muse Prebstresse.
1565
Rmy BELLEAU, La Bergerie, Paris, Gilles Gilles, 1565, p. 63.
BnF Gallica, N0070048_PDF_64 [2 vers rapports sur 14: vers 13 et 14; topos des armes de lAmour].
Texte modernis
Amour tant lass de traner par les cieux
Son arc, son feu, ses traits, et son aile courrire,
Son carquois, son bandeau, promptement dlibre
De donner son dos quelque repos heureux.
Il vote en deux sourcils son arc dessus vos yeux,
Il rend votre cur, sa flamme prisonnire,
Au rayon de vos yeux, sa sagette meurdrire,
Ses ailes, il les pend vos crpes cheveux.
Il cache son carquois, sous lenflure jumelle
De ce marbre abouti dune fraise nouvelle,
De son voile couvrant votre visage beau.
Ainsi sest dsarm, et en vous ont pour place
Larc, les feux, et les traits, laile, trousse, et bandeau,
Le sourcil, le cur, lil, le poil, le sein, la face.
Texte original
Amour estant lass de trainer par les cieux
Son arc, son feu, ses trets, & son aelle couriere,
Son carquois, son bandeau, promptement delibere
De donner son dos quelque repos heureux.
Il voute en deux sourcils son arc dessus vos yeux,
Il rend vostre cueur, sa flamme prisonniere,
Au rayon de vos yeux, sa sagette meurdriere,
Ses aelles, il les pend voz crespes cheueux.
Il cache son carquois, sous lenflure iumelle
De ce marbre abouty dvne fraize nouuelle,
De son voille couurant vostre visage beau.
Ainsi sest desarm, & en vous ont pour place
Larc, les feux, & les trets, laelle trousse, & bandeau,
Le sourcy, le cueur, lil, le poil, le sein, la face.
1565
Rmy BELLEAU, La Bergerie, Paris, Gilles Gilles, 1565, p. 63.
BnF Gallica, N0070048_PDF_67_68 [3 vers rapports sur 14: vers 1 et 13-14].
Texte modernis
Puis soupirant disait, mon ami puisque jai commenc vous discourir des beauts de ma matresse je vous dirai,
QuAmour voulant forger, dorer, tremper, et ceindre
Les sagettes de feu, quand il est envieux
De donner un beau coup dun trait qui vole mieux,
Et qui dessus un cur puisse mieux mordre et poindre,
Il tire de son cur le fer pour le contraindre
Et le battre au marteau, lor fin de ses cheveux,
Pour le bien affiner le trempe dans ses yeux,
Et prend pour lamorcer de ses grces la moindre.
Il estime ce trait plus cruel que les siens,
Ores quils soient forgs des marteaux lemniens,
mon dam je le sais, car la seule trace
De ce trait rigoureux en moi jai reconnu
Du cur, et des cheveux, des yeux, et de la grce
La puissance du fer, lor, la trempe, et le feu.
Texte original
Puis souspirant disoit, mon amy puis que iay commanc vous discourir des beautez de ma maistresse ie vous diray,
QuAmour voulant forger, dorer, tremper, & ceindre
Les sagettes de feu, quand il est enuieux
De donner vn beau coup dvn trait qui vole mieux,
Et qui dessus vn cueur puisse mieux mordre & poindre,
Il tire de son cueur le fer pour le contraindre
Et le battre au marteau, lor fin de ses cheueux,
Pour le bien affiner le trempe dans ses yeux,
Et prend pour lamorcer de ses graces la moindre.
Il estime ce trait plus cruel que les siens,
Ores quils soient forgez des marteaux lemniens,
A mon dam ie le scay, car la seule trace
De ce trait rigoureux en moy iay recongneu
Du cueur, & des cheueux, des yeux, & de la grace
La puissance du fer, lor, la trempe, & le feu.
1569
Joachim DU BELLAY, Les uvres franaises, Paris, Federic Morel, 1569, Divers Pomes, f 48v [8 vers rapports sur 14: vers 4 8; 12 14].
BnF Gallica, N0070132_PDF_727.
Texte modernis
t. Jodelle.
De quel torrent vint ta fuite hautaine?
De quel ruisseau ton pied lger courant?
De quel rocher ton surgeon murmurant?
grave! douce! copieuse veine!
Soit que ton flot, ton onde, ta fontaine,
Tempte, glisse, ou sourde: le torrent,
Le ruisselet, la source non mourant,
Essourde, arrose, et abreuve la plaine.
Tant que bruira dun cours imptueux,
Tant que fuira dun pas non fluctueux,
Tant que sourdra dune veine immortelle
Le vers Tragic, le Comic, le Harpeur,
Ravisse, coule, et vive le labeur
Du grave, doux, et copieux Jodelle.
Texte original
A Est. Iodelle.
De quel torrent vint ta fuyte haultaine?
De quel ruisseau ton pi leger courant?
De quel rocher ton sourgeon murmurant?
O graue! doulce! copieuse veine!
Soit que ton flot, ton onde, ta fontaine,
Tempeste, glisse, ou sourde: le torrent
Le ruisselet, la source non mourant,
Essourde, arrouse, & abbreuue la plaine.
Tant que bruyra dun cours impetueux,
Tant que fuyra dun pas non fluctueux,
Tant que sourdra dune veine immortelle
Le vers Tragic, le Comic, le Harpeur,
Rauisse, coule, & viue le labeur
Du graue, doulx, & copieux Iodelle.
1569
Lonard de LA VILLE, in La Fort parntique ou admonitoire, de Matre Ligier Du Chesne, traduite de vers latins en vers franais par Claude de Pontoux, Lyon, Melchior Arnollet, 1569, sonnet final, n.p. [3 vers rapports sur 14: vers 12 14].
BnF Gallica, N0079387_PDF_15.
Texte modernis
Ni les crits dun Calvin hrtique,
Ni les erreurs dun Luther malheureux,
Ni les ergots dun Martyr songecreux,
Ni les hauts cris dun Marlorat inique:
Ni le gazouil et vaine Rhtorique
Dun Bze en chaire blasphmer heureux,
Ni les canons des Retres dangereux,
Ni les brocards dun Viret frntique:
Ni les complots des trois outrecuids,
Ni les combats des Gueux persuads,
Ne pourront point par leur sotte entreprise,
ter, changer, mettre en division,
Les Sacrements, le Rgne, et lunion,
De Dieu, du Roi, ni de la sainte glise.
Texte original
Ni les escrits dvn Caluin heretique,
Ni les erreurs dvn Luther malheureux,
Ni les ergots dvn Martyr songecreux,
Ni les hauts cris dvn Marlorat inique:
Ni le gazouil & vaine Rhetorique
Dvn Besze en chaire blasphemer heureux,
Ni les canons des Reistres dangereux,
Ni les brocards dvn Viret phrenetique:
Ni les complots des trois outrecuidez,
Ni les combats des Gueux persuadez,
Ne pourront point par leur sotte entreprise,
Oster, changer, mettre en diuision,
Les Sacrements, le Regne, & lvnion,
De Dieu, du Roy, ni de la saincte Esglise.
1571
Guy Le Fvre de LA BODERIE, Encyclie des Secrets de lternit, Anvers, Christofle Plantin, 1571, Recueil de Vers, Anagrammatisme, pp.184-185 [8 vers rapports sur 14: vers 1 8].
BnF Gallica, N0071314_PDF_185_186.
Texte modernis
Sur les noms retourns de M. Jean Vauquelin Sieur de la Fresnaye
et de Damoiselle Anne de Bourgueville son pouse: Sonnet, en forme de Dialogue.
j.v. Phbus, Peithon, Calliope, et Astre
De rais, de voix, de vers, et du droit saint,
Mard, me polit, me dlecte et matteint
Cur, langue, oreille et lme pntre,
a.d.b.LAmour, lHonneur, Vertu, Grce sacre
De feu, de port, de murs, et de beau teint
Mchauffe, morne, et millustre et me peint
Sein, Corps, Esprit et Face qui tagre.
j.v.Mon grand David jentonne en ma voix nette :
a.d.b.Tes vers janime avec mon pinette.
j.v.Ma plume peint le grand Peintre admirable.
a.d.b.Je puis laiguille, et la plume employer.
j.v.Jaime ton Myrte. a.d.b. Et moi ton vert Laurier.
j.v.lieu nai qu une, a.d.b. en un dieu gr louable.
Texte original
Svr les noms retovrnez de M. Iean Vauquelin Sr. de la Frnaye
& de Damoyselle Anne de Bourgueuille son espouse : Sonnet, en forme de Dialogue.
i.v.Phbus, Peithon, Calliope, & Astre
De raiz, de vois, de vers, & du droit saint,
Mard, me polit, me delecte & mattaint
Coeur, langue, oreille & lAme pnetre,
a.d.b.LAmour, lHonneur, Vertu, Grace sacre
De feu, de port, de meurs, & de beau teint
Mchaufe, morne, & millustre & me peint
Sein, Corps, Esprit & Face qui tagre.
i.v.Mon grand Dauid ientonne en ma vois nette:
a.d.b.Tes vers ianime auec mon Epinette.
i.v.Ma plume peint le grand Peintre admirable.
a.d.b.Ie puis lguille, & la plume employer.
i.v.Iayme ton Myrthe. a.d.b. Et moy ton verd Laurier.
i.v.liev nai qva vne, a.d.b. en vn diev gre lovable.
1572
Claude TURIN, Les uvres potiques, Paris, Jean de Bordeaux, 1572, Livre des Sonnets amoureux, sonnet 34, f 58r [11 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0123814_PDF_132.
Texte modernis
CEt il, cet or, cette face lascive,
Fut lespion le pige, et le chasseur,
Qui vint trahir, chasser, prendre mon cur,
Mon cur mes yeux, et mon me chtive,
Le cur tromp, lil pris, lme captive
Dun feu, dun ris, dun visage menteur,
Pour me guider il faut que le moqueur,
Que les filets, que la chasse je suive.
Mais quand lespoir, la feinte, et le devoir,
Dun bien, dun ris, et dun simple vouloir,
Mentretient trop, maffole et ne mavance,
Pour racheter les yeux, lme, le cur,
Je veux quitter avecque lesprance,
Cet espion, ce pige, et ce chasseur.
Texte original
CEst il, cest or, ceste face lasciue,
Fut lespion le piege, & le chasseur,
Qui vint trahir, chasser, prendre mon cueur,
Mon cueur mes yeus, & mon ame chetiue,
Le cueur tromp, lil pris, lame captiue
Dvn feu, dvn ris, dvn visage menteur,
Pour me guider il faut que le moqueur,
Que les fillets, que la chasse ie suiue.
Mais quand lespoir, la feinte, & le debuoir,
Dvn bien, dvn ris, & dvn simple vouloir,
Mentretient trop, maffolle & ne mauance,
Pour rachpeter les yeus, lame, le cueur,
Ie veus quitter auecque lesperance,
Cest espion, ce piege, & ce chasseur.
1573
Jean Antoine de BAF, uvres en rime, Paris, Lucas Breyer, 1573, Diverses Amours, livre I, f 189v [sonnet rapport: topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0052213_PDF_961.
Texte modernis
Trait, feu, pige dAmour, na point, ars, ni press,
Un cur plus dur, plus froid, plus libre que le mien,
Lorsquun il, une bouche, un chef me firent tien,
Belle, qui mas navr, enflamm, enlac.
Plus que marbre et que glace endurci et glac,
Du tout mien ne craignais flche, flamme ou lien,
Darc, de brandon, de lacs: quand dun poil le retien,
Un baiser, un trait dyeux mont pris, brl, bless.
Jen suis outr, grill, li de telle sorte,
Quautre cur nest ouvert, embras ni treint,
De blessure, brlure, ou liure si forte.
Ce coup, ce chaud, ce nud: profond, ardent, et fort:
Qui me perce le cur, le consume, ltreint,
Ne peut gurir steindre ou rompre que par mort.
Texte original
Trait, feu, piege dAmour, na point, ars, ny press,
Vn cur plus dur, plus froid, plus libre que le mien,
Lors quvn il, vne bouche, vn chef me firent tien,
Belle, qui mas naur, enflm, enlass.
Plus que marbre & que glace endurcy & glac,
Du tout mien ne creignoy fleche, flme ou lien,
Darc, de brandon, de las: quand dvn poil le retien,
Vn baiser, vn trait dyeux mont pris, brusl, bless.
Ien suis outr, grill, li de telle sorte,
Quautre cur nest ouuert, embras ny estreint,
De blessure, bruslure, ou liure si forte.
Ce coup, ce chaud, ce neu: profond, ardant, & fort:
Qui me perce le cur, le consume, lestreint,
Ne peut guerir sesteindre ou rompre que par mort.
1573
Jean Antoine de BAF, uvres en rime, Paris, Lucas Breyer, 1573, Diverses Amours, livre I, f 192r [6 vers rapports sur 14: vers 1 5, et 11; topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0052213_PDF_966.
Texte modernis
Jamais il, bouche, poil, de plus rare beaut
Ne pera, brla, prit cur plus dur, froid, dlivre,
Que le mien, quand josai tadmirer, aimer, suivre,
belle qui men as atteint, ars et dompt.
Exempt de passion, dAmour, de loyaut,
Ne connaissais lEnfant qui tant dassauts me livre:
Une illade me tue, un baiser me fait vivre,
Un rets entre les deux me suspend arrt:
Le trait me navre tant, le flambeau tant menflamme,
Le lien tant mtreint, quoncques ne fut dans me
Coup plus grand, feu plus chaud, plus ferme liaison.
La Mort, dernier secours de quelque mal quon ait,
Si lme ne meurt point, ne gurira ma plaie,
Nteindra mon ardeur, nouvrira ma prison.
Texte original
Iamais il, bouche, poil, de plus rare beaut
Ne pera, brusla, prit cur plus dur, froid, deliure,
Que le mien, quand iosay tadmirer, aimer, suiure,
O belle qui men as ateint, ars & domt.
Exemt de passion, dAmour, de loyaut,
Ne cognoissoy lEnfant qui tant dassauts me liure:
Vne illade me tue, vn baiser me fait viure,
Vn ret entre les deux me suspend arrest:
Le trait me naure tant, le flambeau tant menflme,
Le lien tant mestreint, quonques ne fut dans ame
Coup plus grand, feu plus chaud, plus ferme liaison.
La Mort, dernier secours de quelque mal quon aye,
Si lame ne meurt point, ne guerira ma playe,
Nesteindra mon ardeur, nouurira ma prison.
1573
Jean de LA TAILLE, La Famine, ou les Gabonites, Paris, Federic Morel, 1573, Sonnets damour, II, VII, f 169r [3 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N5734760_PDF_343.
Texte modernis
cur ingrat plus dur quun Rocher stable,
Plus dur et froid quun Marbre, ou Diamant,
Adieu te dis, puisquon meurt en taimant,
Puisque tu mes si dur et variable.
Leau cave un roc avec le temps muable,
Le sang de Bouc rsout communment
Le Diamant, et le brise aisment,
Le Marbre on scie avec leau, et le sable.
Mais de mes pleurs, de mes plus grands sanglots,
Ni de mon sang leau, le vent, et les flots,
Ni mon tourment, ni mon humble prier,
Ni ma vertu ne tont pu nullement
Caver, briser, rsoudre, ni plier,
Plus dur quun Roc, quun Marbre, ou Diamant.
Texte original
O cueur ingrat plus dur quvn Rocher stable,
Plus dur & froid quvn Marbre, ou Diamant,
Adieu te dis, puis quon meurt en taymant,
Puis que tu mes si dur & variable.
Leau caue vn roc auec le temps muable
Le sang de Bouc resoult communment
Le Diamant, & le brise aysement,
Le Marbre on sie auec leau, & le sable.
Mais de mes pleurs, de mes plus grands sanglots,
Ny de mon sang leau, le vent, & les flots,
Ny mon tourment, ny mon humble prier,
Ny ma vertu ne tont peu nullement
Cauer, briser, resoudre, ny plier,
Plus dur quvn Roc, quvn Marbre, ou Diamant.
1574
Mellin de SAINT-GELAIS, uvres potiques, Lyon, Antoine Du Harsy, 1574 [uvres compltes, tome premier, Paris, 1873], sonnet XVI, pp.300-301 [6 vers rapports sur 14; topos des armes de lAmour].
Texte modernis
Du triste cur voudrais la flamme teindre,
De lestomac les flches arracher,
Et de mon col le lien dtacher,
Qui tant mont pu brler, poindre, et treindre.
Puis lun de glace et lautre de roc ceindre,
Le tiers de fer appris bien trancher,
Pour amortir, repousser, et hacher,
Feux, dards, et nuds, sans plus le devoir craindre.
Et les beaux yeux, la bouche, et main polie,
Do vient chaleur, trait et rets si soudaine,
Par qui Amour mard, me point, et me lie,
Voudrais tourner yeux en claire fontaine,
Lautre en deux brins de corail joints ensemble,
Lautre en ivoire qui elle ressemble.
Texte original
Dv triste cur voudrois la flamme esteindre,
De lestomach les flesches arracher,
Et de mon col le lien destacher,
Qui tant mont peu brusler, poindre, & estraindre.
Puis lun de glace & lautre de roc ceindre,
Le tiers de fer appris bien trancher,
Pour amortir, repousser, & hacher,
Feux, dards, & nuds, sans plus le deuoir craindre.
Et les beaux yeux, la bouche, & main polie,
Do vient chaleur, traict & reth si soudaine,
Par qui Amour mard, me poind, & me lie,
Voudrois tourner yeux en claire fontaine,
Lautre en deux brins de coral ioints ensemble,
Lautre en yuoire qui elle ressemble.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Les Amours, sonnet II, f 1v [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0071939_PDF_18.
Texte modernis
Des astres, des forts, et dAchron lhonneur,
Diane, au Monde haut, moyen et bas prside,
Et ses chevaux, ses chiens, ses Eumnides guide,
Pour clairer, chasser, donner mort et horreur.
Tel est le lustre grand, la chasse, et la frayeur
Quon sent sous ta beaut claire, prompte, homicide,
Que le haut Jupiter, Phbus, et Pluton cuide,
Son foudre moins pouvoir, son arc, et sa terreur.
Ta beaut par ses rais, par son rets, par la crainte
Rend lme prise, prise, et au martyre treinte:
Luis-moi, prends-moi, tiens-moi, mais hlas ne me perds
Des flambants forts et grefs, feux, filets, et encombres,
Lune, Diane, Hcate, aux cieux, terre, et enfers
Ornant, qutant, gnant, nos Dieux, nous, et nos ombres.
Texte original
Des astres, des forests, & dAcheron lhonneur,
Diane, au Monde hault, moyen & bas preside,
Et ses cheuaulx, ses chiens, ses Eumenides guide,
Pour esclairer, chasser, donner mort & horreur.
Tel est le lustre grand, la chasse, & la frayeur
Quon sent sous ta beaut claire, promte, homicide,
Que le haut Iupiter, Phebus, & Pluton cuide,
Son foudre moins pouuoir, son arc, & sa terreur.
Ta beaut par ses rais, par son rets, par la craincte
Rend lame esprise, prise, & au martyre estreinte:
Luy moy, pren moy, tien moy, mais helas ne me pers
Des flambans forts & griefs, feux, filez, & encombres,
Lune, Diane, Hecate, aux cieux, terre, & enfers
Ornant, questant, gnant, nos Dieux, nous, & nos ombres.
* flambeaux, au vers 12, est corrig dans les errata en flambans.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Les Amours, sonnet XIV, f 4v [3 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071939_PDF_24.
Texte modernis
Jaime le vert laurier, dont lhiver ni la glace
Neffacent la verdeur en tout victorieuse,
Montrant lternit jamais bienheureuse
Que le temps, ni la mort ne change ni efface.
Jaime du houx aussi la toujours verte face,
Les poignants aiguillons de sa feuille pineuse:
Jaime le lierre aussi, et sa branche amoureuse
Qui le chne ou le mur troitement embrasse.
Jaime bien tous ces trois, qui toujours verts ressemblent
Aux pensers immortels, qui dedans moi sassemblent,
De toi que nuit et jour idoltre jadore:
Mais ma plaie, et pointure, et le Nud qui me serre,
Est plus verte, et poignante, et plus troit encore
Que nest le vert laurier, ni le houx, ni le lierre.
Texte original
Jaime le verd laurier, dont lhyuer ny la glace
Neffacent la verdeur en tout victorieuse,
Monstrant leternit iamais bien heureuse
Que le temps, ny la mort ne change ny efface.
Jaime du hous aussi la tousiours verte face,
Les poignans eguillons de sa fueille espineuse:
Iaime le lierre aussi, & sa branche amoureuse
Qui le chesne ou le mur estroitement embrasse.
Jaime bien tous ces trois, qui tousiours verds ressemblent
Aux pensers immortels, qui dedans moy sassemblent,
De toy que nuict & iour idolatre iadore:
Mais ma playe, & poincture, & le Nu qui me serre,
Est plus verte, & poignante, & plus estroit encore
Que nest le verd laurier, ny le hous, ny le lierre.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Les Amours, sonnet XVI, f 5r [4 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071939_PDF_25.
Texte modernis
Que nai-je mes esprits un peu plus endormis,
Mon cerveau plus pesant, et lme plus grossire,
Pour ne sentir si fort une douleur meurtrire,
Qui fait que sans repos languissant je gmis.
Mes sens sensibles trop ce sont mes ennemis,
Qui points jusquau vif dune douceur trop fire
Ont perdu le repos, la libert premire,
Pour trop sentir le mal quen eux ils ont permis.
Si je neusse clair vu ta grce et ton mrite,
Mon mal serait lger, et ma peine petite:
Mais pour voir, pour connatre, et sentir jusquau fond
Ta grce, ta valeur, ta rigueur ennemie,
Mes yeux, esprits, et sens, trop clairs, trop vifs, trop prompts,
Sont meurtriers, sont tyrans, sont bourreaux de ma vie.
Texte original
Que nay-ie mes esprits vn peu plus endormis,
Mon cerueau plus pesant, & lame plus grossiere,
Pour ne sentir si fort vne douleur meurtriere,
Qui fait que sans repos languissant ie gemis.
Mes sens sensibles trop ce sont mes ennemis,
Qui espoincts iusquau vif dvne douceur trop fiere
Ont perdu le repos, la libert premiere,
Pour trop sentir le mal quen eux ils ont permis.
Si ie neusse clair veu ta grace & ton merite,
Mon mal seroit legier, & ma peine petite:
Mais pour voir, pour cognoistre, & sentir iusquau fons
Ta grace, ta valeur, ta rigueur ennemie,
Mes yeux, esprits, & sens, trop clairs, trop vifs, trop promts,
Sont meurtriers, sont tyrans, sont bourreaux de ma vie.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Les Amours, sonnet XXX, f 8v [3 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071939_PDF_32.
Texte modernis
Comme un qui sest perdu dans la fort profonde
Loin de chemin, dore, et dadresse, et de gens:
Comme un qui en la mer grosse dhorribles vents,
Se voit presque engloutir des grands vagues de londe.
Comme un qui erre aux champs, lorsque la nuit au monde
Ravit toute clart, javais perdu longtemps
Voie, route, et lumire, et presque avec le sens,
Perdu longtemps lobjet, o plus mon heur se fonde.
Mais quand on voit (ayant ces maux fini leur tour)
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,
Ce bien prsent plus grand que son mal on vient croire.
Moi donc qui ai tout tel en votre absence t,
Joublie en revoyant votre heureuse clart,
Fort, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.
Texte original
Comme vn qui sest perdu dans la forest profonde
Loing de chemin, doree, & daddresse, & de gens:
Comme vn qui en la mer grosse dhorribles vens,
Se voit presque engloutir des grans vagues de londe.
Comme vn qui erre aux champs, lors que la nuict au monde
Rauit toute clart, iauois perdu long temps
Voye, route, & lumiere, & presque auec le sens,
Perdu long temps lobiect, o plus mon heur se fonde.
Mais quand on voit (ayans ces maux fini leur tour)
Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le iour,
Ce bien present plus grand que son mal on vient croire.
Moy donc qui ay tout tel en vostre absence est,
Ioublie en reuoyant vostre heureuse clart,
Forest, tourmente, & nuict, longue, orageuse, & noire.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Sonnets, Des guerres du Roi Henri deuxime, contre lEmpereur Charles cinquime, aprs le sige de Metz lev, f 69v [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0071939_PDF_154.
Texte modernis
Le dol longtemps couv, la surprise, et laudace,
Tombent en contreruse, en repousse, et rabais:
Quiconque hait les siens, leur repos, et leur paix,
Ltranger, le travail, la guerre le terrasse,
Celui nest plus quun songe, un tronc, et une glace,
Qui veillait, florissait, et brlait en ses faits:
Son veut vaincre, enrichir, revivre par mfaits,
La dpouille, la perte, et la mort nous menace.
Malheur quand lge vieil, le trouble, et la froideur
Rencontre une jeunesse, un accord, une ardeur:
Par ces trois lheur pass, leffort, et lesprance
Se tournent en malheur, faiblesse, et dsespoir,
Or que lEmpereur, lAigle, et lEspagne font voir
Que vaut notre grand Roi, notre Lys, notre France.
Texte original
Le dol long temps couu, la surprise, & laudace,
Tombent en contreruse, en repousse, & rabais:
Quiconque hait les siens, leur repos, & leur pais,
Lestranger, le trauail, la guerre le terrasse,
Celuy nest plus quvn songe, vn tronc, & vne glace,
Qui veilloit, florissoit, & bruloit en ses faits:
Son veut vaincre, enrichir, reuiure par meffaits,
La dpouille, la perte, & la mort nous menasse.
Malheur quand lge vieil, le trouble, & la froideur
Rencontre vne ieunesse, vn accord, vne ardeur:
Par ces trois lheur pass, leffort, & lesperance
Se tournent en malheur, foiblesse, & desespoir,
Or que lEmpereur, lAigle, & lEspagne font voir
Que vaut nostre grand Roy, nostre Lys, nostre France.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Sonnets, Contre les ministres de la nouvelle opinion, IX, f 74v [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0071939_PDF_164.
Texte modernis
Je ne crains pas que Dieu, le savoir, la vertu,
Laissent vaincre Satan, lignorance, et le vice,
Ni quen tout soit ltat, le repos, la police,
Par faux sujets, par trouble, et dsordre abattu:
Que ce qui stable tait, grand, et bon, combattu
Soit par lgret, petitesse, et malice:
Que de lhabit du bien, de simplesse, et justice,
Le mal, le dol, le tort, soit longtemps revtu:
Mais je crains quun dsastre, et honte, et playe cde
( Dieu !) trop tard lheur, lhonneur, au remde,
Quand le rebelle ( Dieu !) lhrtic, ltranger,
Auront mang mon Roi, mon glise, et ma France.
Hte-nous donc le jour, le sens, lobissance,
Pour de leur nuit, furie, et mpris nous venger.
Texte original
Ie ne crains pas que Dieu, le sauoir, la vertu,
Laissent vaincre Satan, lignorance, & le vice,
Ny quen tout soit lestat, le repos, la police,
Par faux suiets, par trouble, & desordre abbatu:
Que ce qui stable estoit, grand, & bon, combatu
Soit par legeret, petitesse, & malice:
Que de lhabit du bien, de simplesse, & iustice,
Le mal, le dol, le tort, soit long temps reuestu:
Mais ie crains quvn desastre, & honte, & playe cede
(O Dieu!) trop tard lheur, lhonneur, au remede,
Quand le rebelle ( Dieu!) lheretic, lestranger,
Auront mang mon Roy, mon Eglise, & ma France.
Haste nous donc le iour, le sens, lobeissance,
Pour de leur nuict, furie, & mpris nous venger.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Sonnets, Contre les ministres de la nouvelle opinion, XXIX, f 79v [2 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071939_PDF_174.
Texte modernis
Ne les a-t-on pu donc dcouvrir? au moins ceux
Qui leur gloire sotte et sanglante prtendent,
Et vrais Pythons enfls dun ord venin se rendent
Comme un Sphinx aguettants par leurs propos douteux,
Et qui souillant de christ le saint banquet entre eux,
Sont Harpies, qui or pour nous piller se bandent,
Qui leur bave infernale en Cerbres pandent,
En Chimres se font et cruels et hideux,
Quun Phbus, un dipe, un Zts, un Alcide,
Un prompt Bellrophon en puisse tre homicide
Ou dompteur, je ne veux les plus simples blesser:
Mais les flons quon voit pour nous mettre en misre,
Denflure, aguet, ravage, cume, horreur, passer
Tout Python, Sphinx, Harpie, et Cerbre, et Chimre.
Texte original
Ne les a ton peu donc decouurir? au moins ceux
Qui leur gloire sote & sanglante pretendent,
Et vrais Pythons enflez dvn ord venin se rendent
Comme vn Sphinx aguettans par leurs propos douteux,
Et qui souillans de christ le sainct banquet entre eux,
Sont Harpyes, qui or pour nous piller se bandent,
Qui leur baue infernale en Cerberes espandent,
En Chimeres se font & cruels & hideux,
Quvn Phbus, vn Oedipe, vn Zetes, vn Alcide,
Vn prompt Bellerophon en puisse estre homicide
Ou domteur, ie ne veux les plus simples blesser:
Mais les felons quon voit pour nous mettre en misere,
Denfleure, aguet, rauage, escume, horreur, passer
Tout Python, Sphinx, Harpye, & Cerbere, & Chimere.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Sonnets, Au Roi, au nom de la ville de Paris, sur la paix de lan 1570, sonnet VI, f 90r [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0071939_PDF_195.
Texte modernis
QuHymen, Amour, le ciel, de foi, dardeur et dheur,
Leur joigne, enflamme, illustre, et corps, et cur, et vie,
Tant qu nul change, ou haine, ou dsastre asservie
Soit onc leur alliance, et chaleur, et splendeur:
Laccord qui vient des dieux, la flamme, ou la grandeur,
Ne craint discord, froideur, ni du bas sort lenvie,
Dont souvent est rompue, teinte ou tt ravie,
DHymen, damour, du ciel, linfluence ou lardeur.
Si aux grands le haut sang lie, allume, et bien-heure
Tel lacs, telle ferveur, telle faveur, pour lheure
Vertu ltreint, lembrase, et prospre encor mieux:
Ce lien royal donc, cet amour et hautesse,
Ferme, extrme, et suprme, en tout vainque sans cesse
Tout nud, tout feu, tout don, dHymen, damour, des cieux.
Texte original
QuHymen, Amour, le ciel, de foy, dardeur & dheur,
Leur ioigne, enflamme, illustre, & corps, & cur, & vie,
Tant qu nul change, ou haine, ou desastre asseruie
Soit oncq leur alliance, & chaleur, & splendeur:
Laccord qui vient des dieux, la flame, ou la grandeur,
Ne craint discord, froideur, ny du bas sort lenuie,
Dont souuent est rompue, esteinte ou tost rauie,
DHymen, damour, du ciel, linfluence ou lardeur.
Si aux grands le haut sang lie, allume, & bien-heure
Tel laqs, telle ferueur, telle faueur, pour lheure
Vertu ltreint, lembrase, & prospere encor mieux:
Ce lien royal donc, cet amour & hautesse,
Ferme, extreme, & supreme, en tout vainque sans cesse
Tout nu, tout feu, tout don, dHymen, damour, des cieux.
1574
Simon GOULART, Suite des Imitations chrtiennes, second livre de sonnets, sonnet XIII, in Pomes chrtiens de B. de Montmja et autres divers Auteurs, Sur les portraits des antiquits Romaines, p.181 [3 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0070487_PDF_197.
Texte modernis
Le ciel, nature, lart, dun pouvoir admirable,
Dune beaut suprme, et dune brave main,
Fonda, maintint, polit, cet empire Romain,
Et sous ses pieds posa tout ce monde habitable.
Depuis, le ciel mu de la vie damnable
De Rome dbauche abattit tout soudain
Sa force : et la nature ta son il humain,
Pour plus ne la chrir dune faon aimable.
Lart permit que son uvre en ruine ft mis.
Mais ores dpit dun si cruel dommage :
Par le docte burin dessus il a remis
Quelques traits excellents de son premier ouvrage.
Ouvrage dmontrant toute crature,
Les merveilles du ciel, de lart, et de nature.
Texte original
Le ciel, nature, lart, dvn pouuoir admirable,
Dvne beaut supreme, & dvne braue main,
Fonda, maintint, polit, cest empire Romain,
Et sous ses pieds posa tout ce monde habitable.
Depuis, le ciel esmeu de la vie damnable
De Rome desbauchee abbatit tout soudain
Sa force: & la nature osta son il humain,
Pour plus ne la cherir dvne faon aimable.
Lart permit que son uure en ruine fust mis.
Mais ores despit dvn si cruel dommage:
Par le docte burin dessus il a remis
Quelques traits excellens de son premier ouurage.
Ouurage demonstrant toute creature,
Les merueilles du ciel, de lart, & de nature.
1574
Simon GOULART, Suite des Imitations chrtiennes, second livre de sonnets, sonnet LXVIII, in Pomes chrtiens de B. de Montmja et autres divers Auteurs, p.208 [4 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0070487_PDF_224.
Texte modernis
pas pars! vue dpourvue!
sourde oreille! sens, sans nul gard!
Cur, chur de maux! esprit pris du regard
De volupt quand tu leus aperue!
O courez-vous si roide sans tenue?
O fiches-tu de ta clart le dard?
Qucoutes-tu? ce monde frtillard,
Ta-t-il hlas! par ses cris retenue?
Sens, cur, esprit, sus, courage, esprez
En lternel: ce bien aspirez,
Qui maux, folie et la chair extermine.
Et vous mes pieds, mes oreilles, mes yeux,
Courez our et voir avecques eux,
Dieu, qui sur eux et dessus vous domine.
Texte original
O pas espars! o veu despourueu!
O sourde oreille! o sens, sans nul esgard!
Cur, chur de maux! esprit pris du regard
De volupt quand tu leus apperceu!
Ou courez-vous si roide sans tenu?
Ou fiches-tu de ta clart le dard?
Quescoutes-tu? ce monde fretillard,
Ta-il helas! par ses cris retenue?
Sens, cur, esprit, sus, courage, esperez
En lEternel: ce bien aspirez,
Qui maux, folie & la chair extermine.
Et vous mes pieds, mes oreilles, mes yeux,
Courez our & voir auecques-eux,
Dieu, qui sur eux & dessus vous domine.
1574
tienne JODELLE, Les uvres et Mlanges potiques, Paris, Nicolas Chesneau et Mamert Patisson, 1574, Tombeaux, Sur le trpas de Jeanne de Loynes, sonnet VI, f 180r [4 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071939_PDF_376.
Texte modernis
Dmophoon, Cphale, Orphe, ne, ont fait
De Phyllis, de Procris, dEurydice, et de Creuse,
Grands ou communs regrets, selon que lamoureuse
Ardeur et foi montrait plus ou moins son effet.
Mais eux en telles morts ont tous presque forfait :
Lun fait mourir Phyllis par attente angoisseuse,
Lautre navre Procris en la valle ombreuse,
Des ples morts le tiers sa grand perte refait.
ne a moins de deuil, et moins de faute, encore
Nest-il sans grand soupon. Le deuil qui te dvore
(Vu quon ny voit ou faute, ou mort force ainsi)
Montre quen tout devait votre couple heureuse
Cder Phyllis, Procris, et Eurydice, et Creuse,
Dmophoon, Cphale, Orphe, ne, aussi.
Texte original
Demophoon, Cephale, Orphee, nee, ont fait
De Phyllis, de Procris, dEurydice, & de Creuse,
Grands ou communs regrets, selon que lamoureuse
Ardeur & foi monstroit plus ou moins son effect.
Mais eux en telles morts ont tous presque forfait:
Lvn fait mourir Phyllis par attente angoisseuse,
Lautre naure Procris en la vallee vmbreuse,
Des palles morts le tiers sa grand perte refait.
nee a moins de dueil, & moins de faute, encore
Nest-il sans grand soupon. Le dueil qui te deuore
(Veu quon ny voit ou faute, ou mort forcee ainsi)
Monstre quen tout deuoit vostre couple heureuse
Ceder Phyllis, Procris, & Eurydice, & Creuse,
Demophoon, Cephale, Orphee, nee, aussi.
1575
tienne JODELLE, in Claude BINET, Merveilleuse Rencontre sur les noms tourns du Roi et de la Reine, Paris, Federic Morel, 1575, Sonnet fait autrefois en faveur dautres semblables glogues, p.6 [11 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, ark:/12148/bpt6k851199x.
Texte modernis
Ton Neptun mon Binet, ton Pan, et ta Dictynne
Sous le marbre des eaux, dans les prs, dans les bois,
De Trident, de houlette, et dpieu, sous ses lois,
Ne tient tant de poissons, dagneaux, de sauvagine.
Que ta conque, musette, et que ta trompe orine,
Aux rives, aux vallons, et aux taillis plus cois,
Fait our, fait parler, fait courber, sous ta voix,
De flots, de rocs, de raims la verte courtine.
Le Dauphin azur lOrque au pesant corps,
Le loup la brebis saccorde tes accords,
Le chien, le daim craintif, toi bornent leur qute.
Donc bergers, et chasseurs, pcheurs, venez lier
De beau myrte marin, de saule, et de laurier,
Le chef, ligne, houlette, et le dard dun tel Pote.
Texte original
Ton Neptun mon Binet, ton Pan, & ta Dictynne
Sous le marbre des eaus, dans les prez, dans les bois,
De Trident, de houlette, & despieu, sous ses lois,
Ne tient tant de poissons, daigneaux, de sauuagine.
Que ta conque, musette, & que ta trompe orine,
Aux riues, aux vallons, & aux taillis plus cois,
Fait ouir, fait parler, fait courber, sous ta vois,
De flots, de rocs, de raims la verte courtine.
Le Daufin azur lOurque au pesant cors,
Le loup la brebis saccorde tes accors,
Le chien, le dain craintif, toy bornent leur queste.
Donc bergers, & chasseurs, pescheurs, venez lier
De beau myrthe marin, de saule, & de laurier,
Le chef, ligne, houlette, & le dard dvn tel Pote.
1576
Pierre de BRACH, Les Pomes, Bordeaux, Simon Millanges, 1576, LAime, Sonnets, f1r [5 vers rapports sur 14: topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0117140_PDF_17.
Texte modernis
Je chante la chaleur dune brlante flamme,
Et la douleur dun coup dans mon cur enfonc,
Et leffort dun lien serrement enlac,
Qui mard, me playe, et lie en lamour dune dame.
De plus en plus en moi ce feu couvert senflamme.
Mon cur dun nouveau trait coup sur coup est bless,
Et dun nud plus troit mon lien est press,
Brlant, playant, serrant, mon cur, mon corps, mon me.
Mais si doux est ce feu, ce trait, et ce lien,
Quau chaud, quau coup, quau nud je cherche le moyen
Dtre brl, play, de prisonnier me rendre.
Esprant que jaurai, si long est leur effort,
tant gn du nud, par ma playe, la mort:
Si plutt par le feu je ne suis mis en cendre.
Texte original
Ie chante la chaleur dvne bruslante flamme,
Et la douleur dvn coup dans mon cur enfonc,
Et leffort dvn lien serrement enlass,
Qui mard, me playe, & lie en lamour dvne dame.
De plus en plus en moi ce feu couuert senflamme.
Mon cur dvn nouueau trait coup sur coup est bless,
Et dvn nud plus estroit mon lien est press,
Bruslant, playant, serrant, mon cur, mon corps, mon ame.
Mais si doux est ce feu, ce trait, & ce lien,
Quau chaud, quau coup, quau nud ie cherche le moien
Destre brusl, play, de prisonnier me rendre.
Esperant que iaurai, si long est leur effort,
Estant gein du nud, par ma playe, la mort:
Si plustost par le feu ie ne suis mis en cendre.
1576
Pierre de BRACH, Les Pomes, Bordeaux, Simon Millanges, 1576, LAime, f 51r [12 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0117140_PDF_117.
Texte modernis
VOus vent, vous nautonier, vous rivire cruelle,
Pourquoi memmenez-vous ce que jaime le mieux,
Soufflant, tirant, portant, mme devant mes yeux,
Et la voile, et la rame, et la vite nacelle,
Le souffler, et les nerfs, et la course ternelle
Du gosier, et des bras, et des flots envieux,
Du vent, du nautonier, du fleuve audacieux
Puisse cesser, roidir, perdre son cours rebelle.
Et pour voir advenir ce que jai souhait,
Puisse ole, la goutte, et le chien de lt,
Par force, par douleur, et par grand scheresse
Brider, roidir, tarir le vent, les nerfs, et leau:
Tellement que le vent, le bras, et leau dlaisse
Denfler, tirer, porter, voile, rame, bateau.
Texte original
VOus vent, vous nautonnier, vous riuiere cruelle,
Pourquoi menmens vous ce que iaime le mieux,
Soufflant, tirant, portant, mesme deuant mes yeux,
Et la voile, & la rame, & la vite nacelle,
Le souffler, & les nerfs, & la coure eternelle
Du gosier, & des bras, & des flots enuieux,
Du vent, du nautonnier, du fleuue audacieux
Puisse cesser, roidir, perdre son cours rebelle.
Et pour voir aduenir ce que iai souhait,
Puisse ole, la goutte, & le chien de lEst,
Par force, par douleur, & par grand secheresse
Brider, roidir, tarir le vent, les nerfs, & leau:
Tellement que le vent, le bras, & leau delaisse
Denfler, tirer, porter, voile, rame, batteau.
1576
Pierre LE LOYER, rotopgnie, Paris, Abel LAngelier, 1576, Premier Livre, sonnet XXII, f 6v [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0071317_PDF_29.
Texte modernis
Ta beaut, ta vertu, et ta grce excellente,
O Vnus, o Pallas, o Thalie a enclos
Sa grandeur, son savoir, et son maintien dispos,
Sur le front, au cerveau, en la face riante.
Dun clin dil, dun parler et dune flamme lente,
A navr, a ravi et brl sans repos,
Mon cur et mon esprit et le fond de mes os,
Appt, pris, serr dune amour violente.
Las! que ntais-je aveugle, et fol et sans souci,
Pour ne voir, nadmirer, et ne garder aussi
Ce qui me cuit, me nuit et me rend misrable.
Mes regards, mes pensers, et laigu de mes sens
Causent le mal, la force, et lardeur que je sens,
taimer, prendre, avoir belle, sage, admirable.
Texte original
Ta beaut, ta vertu, & ta grace excellente,
O Venus, o Pallas, o Thalie a enclos
Sa grandeur, son sauoir, & son maintien dispos,
Sur le front, au cerueau, en la face riante.
Dvn clin dil, dvn parler & dvne flamme lente,
A naur, a raui & brusl sans repos,
Mon cueur & mon esprit & le fond de mes os,
Appast, pris, serr dvne amour violente.
Las! que nestois-ie aueugle, & fol & sans souci,
Pour ne voir, nadmirer, & ne garder aussi
Ce qui me cuist, me nuist & me rend miserable.
Mes regards, mes pensers, & lagu de mes sens
Causent le mal, la force, & lardeur que ie sens,
A taimer, prendre, auoir belle, sage, admirable.
1577
Marin LE SAULX, Thanthropogamie en forme de dialogue par sonnets chrtiens, Londres, Thomas Vautrolier, 1577, sonnet 9, p. 44 [5 vers rapports sur 14].
BnF Gallica, N0071977_PDF_45.
Texte modernis
LA chair et le pch, la Loi avec lEnfer
Me chatouille, me point, mpouvante, et me gne
Dun dsir, dun remords, dune horreur, dune peine
Qui suit, qui fuit, qui craint, et qui peut touffer
Pch, la Loi, la mort, la chair qui triompher
Pouvait sans le pch sur la Loi vide et vaine:
Le vil pch rgnant arme la Loi qui trane
La mort qui me meurtrit de son meurtrissant fer:
Mais Jsus chasse-mal, et pch linfidle,
Pour ma chair, en sa chair, de chair, sans chair rebelle
A dsarm la Loi de force et de vigueur,
Puis noyant dans son sang le meurtrier de ma vie,
Le pch qui mortel avait sur moi envie,
Il massure en domptant des enfers la rigueur.
Texte original
LA chair & le pech, la Loy auec lEnfer
Me chatouille, me poind, mespouuante, & me geine
Dvn desir, dvn remors, dvne horreur, dvne peine
Qui suit, qui fuit, qui craind, & qui peut estouffer
Pech, la Loy, la mort, la chair qui triompher
Pouuoit sans le pech sur la Loy vuide & vaine:
Le vil pech regnant arme la Loy qui traine
La mort qui me meurtrit de son meurtrissant fer:
Mais Iesus chasse-mal, & pech linfidelle,
Pour ma chair, en sa chair, de chair, sans chair rebelle
A desarm la Loy de force & de vigueur,
Puis noyant dans son sang le meurtrier de ma vie,
Le pech qui mortel auoit sur moi enuie,
Il masseure en domtant des enfers la rigueur.
1578
Jean de BOYSSIRES, Les secondes uvres potiques, Paris, Jean Poupy, 1578, Livre premier, Monsieur, f 1r [sonnet rapport].
BnF Gallica, N0070432_PDF_10.
Texte modernis
LE vert, lardeur, le vent, la vague, et la clart,
Du buis, du feu, de lair, de leau, de la lumire,
Jaune, brlant, lger, humide, coutumire,
gaie, chauffe, vente, erre, chasse obscurt.
Son teint, son chaud, son pouls, son bruit, son rai-point,
Pour gel, pour froid, pour plui, pour paix, pour la sommire,
Vif, ardent, soupirant, bruyant, sa lueur claire,
Nest blanc, nest glas, nest mort, nest coi, nest surmont.
Ton nom, ton cur, ton los, ton renom, ta victoire,
En fleur, vaillant, volant, Immortel, en la gloire,
Sera, ardra, courra, murmurera, luira.
Mon vers, mon trait, ma voix, mon haleine, et mon mtre,
Dira, peindra, loura, poussera, gravera,
Tes faits, tes jours, tes ans, ta vaillance, et ta dextre.
Texte original
LE verd, lardeur, le vent, la vague, & la clart,
Du buis, du feu, de lair, de leau, de la lumiere,
Iaune, bruslant, leger, humide, coustumiere,
Esgaie, eschauffe, uente, erre, chasse obscurt.
Son teint, son chaut, son poux, son bruit, son rais-point,
Pour gel, pour froid, pour pluy, pour paix, pour lassommiere,
Vif, ardant, soupirant, bruyant, sa lueur claire,
Nest blanc, nest glas, nest mort, nest coy, nest surmont.
Ton nom, ton cur, ton los, ton renom, ta victoire,
En fleur, vaillant, vollant, Immortel en la gloire,
Sera, ardra, courra, murmurera, luira.
Mon vers, mon trait, ma voix, mon haleine, & mon metre,
Dira, peindra, loura, poussera, grauera,
Tes faits, tes iours, tes ans, ta vaillance, & ta dextre.
1578
Jean de BOYSSIRES, Les secondes uvres potiques, Paris, Jean Poupy, 1578, Second Livre, Monseigneur de La Bordaisire, f 67r [quatrain rapport].
BnF Gallica, N0070432_PDF_142.
Texte modernis
Amour, Mars, Apollon, Vnus, Pallas, Junon,
De feu, de fer, dardeur, de ris, de savoir, dor,
Brla, arma, prit, orna, pourvut, fit fort,
Ton cur, ton bras, ton jour, ton il, ton sens, ton nom.
Texte original
Amour, Mars, Apollon, Venus, Pallas, Iunon,
De feu, de fer, dardeur, de ris, de sauoir, dor,
Brula, arma, esprit, orna, pourueut, fit fort,
Ton cur, ton bras, ton jour, ton il, ton sens, ton nom.
1578
Jean de BOYSSIRES, Les secondes uvres potiques, Paris, Jean Poupy, 1578, Second Livre, pigramme. Matre Anthoine, f 74r [quatrain rapport].
BnF Gallica, N0070432_PDF_156.
Texte modernis
Le nerf, le corps, la chair et lesprit, diligent
Est fort, est aise, est chaude, et de nuit, et jour source:
Quand en cave, grenier, au saloir, en la bourse,
Lon a du vin, du bl, du lard, et de largent.
Texte original
Le nerf, le corps, la chair & lesprit, diligent
Est fort, est aise, est chaude, & de nuict, & iour source:
Quand en caue, grenier, au salloir, en la bource,
Lon a du vin, du bled, du lard, & de largent.
1578
Jean de LA GESSE, La Grasinde, Paris, Galliot Corrozet, 1578, f 3v [3 vers rapports: vers 2 4].
BnF Gallica, N0071481_PDF_14.
Texte modernis
Grasinde, qui me fais revivre en trpassant:
Jgale, oppose, et rends, ta beaut nonpareille
Au lustre, au pourpre, au sort, de la rose vermeille,
Ses plis, son teint, sa fin, ouvrant, comblant, pressant.
Tant que lAube nourrit son clat rougissant,
Rosier, jardin, saison, sornent de sa merveille:
Mais quoi? le chaud premier au trpas lappareille,
Et cest pourquoi lon dit quelle meurt en naissant.
Toi de mme imitant cette fleur sur lpine,
Tu te montres encor jeune, allgre, et poupine:
Nattends donc lpre effort du vieil ge transi.
Laisse-moi cultiver ta jeunesse prise,
Afin que sans fanir tu reoives ainsi
Mon doux vent, mon doux air, et ma douce rose!
Texte original
Grasinde, qui me fais reuiure en trespassant:
Iegale, oppose, & rends, ta beaut nompareille
Au lustre, au pourpre, au sort, de la rose vermeille,
Ses plis, son teint, sa fin, ouurant, comblant, pressant.
Tant que lAube nourrit son esclat rougissant,
Rosier, iardin, saison, sornent de sa merueille:
Mais quoi? le chaud premier au trpas lappareille,
Et cest pourquoi lon dit quelle meurt en naissant.
Toi de mme imitant ceste fleur sur lespine,
Tu te montres encor ieune, alegre, & poupine:
Nattans donc laspre effort du vieil age transi.
Laisse moi cultiuer ta ieunesse prisee,
Afin que sans fanir tu reoiues ainsi
Mon dous vent, mon dous air, & ma douce rosee!
1578
Clovis HESTEAU, Les uvres potiques, Paris, Abel LAngelier, 1578, Amours, sonnet VI, f 34v [13 vers rapports; topos des armes de lAmour].
BnF Gallica, N0070572_PDF_91.
Texte modernis
Ta vertu, ta bont, et ta rare valeur,
Mont tellement charm les yeux, les sens, et lme:
Quil ny a trait, lien, ni amoureuse flamme,
Qui plus blesse, garrotte, et embrase autre cur.
Cest le fer, le cordeau, et lardent feu vainqueur,
Qui me point, qui me tient, qui vivement menflamme:
Cest longuent, le couteau, et leau que je rclame,
Pour gurir, dlier, et dompter mon ardeur.
Voil cette unit qui (soudain tayant vue)
Entama, prit, brla, ma pauvre me due:
Mais la voix, le poil, lil quil me faut adorer,
Cest le trait, cest le rets, cest la vive tincelle,
Qui me point, prend, et brle en taimant ma rebelle,
Longuent, le glaive et leau, qui me peut restaurer.
Texte original
Ta vertu, ta bont, & ta rare valeur,
Mont tellement charm les yeux, les sens, & lame:
Quil ny a trait, lien, ny amoureuse flame,
Qui plus blece, garrotte, & embrase autre cueur.
Cest le fer, le cordeau, & lardant feu vainqueur,
Qui me poinct, qui me tient, qui viuement menflame:
Cest lvnguent, le couteau, & leau que ie reclame,
Pour guarir, deslier, & dompter mon ardeur.
Voila ceste vnit qui (soudain tayant veu)
Entama, prit, brusla, ma pauure ame deceu:
Mais la voix, le poil, lil quil me faut adorer,
Cest le trait, cest le rets, cest la viue estincelle,
Qui me poinct, prend, & brusle en taimant ma rebelle,
Lvnguent, le glaiue & leau, qui me peut restorer.
1578
Clovis HESTEAU, Les uvres potiques, Paris, Abel LAngelier, 1578, Amours, sonnet XI, f 35v [5 vers rapports].
BnF Gallica, N0070572_PDF_93.
Texte modernis
Dune incroyable amour, dun dsir, dune crainte,
La chaleur, laiguillon, et la morne froideur,
languir, sgarer, et geler en lardeur,
Sourde, aveugle, et muette, ont mon me contrainte.
Je nose dcouvrir mon affection sainte,
Brl, point, et glac, je couve mon malheur,
Et tchant damoindrir leffort de ma douleur,
Je dois ma raison par une fable feinte.
Hlas mon cher Soleil, connais donc mon moi,
Mon dsir, et ma peur, prenant piti de moi,
Comme dun criminel, qui gn par le cable
Sent langoisseux tourment, et ne sose crier:
Car je suis la chane, et ne tose prier,
Toi qui peux seule ter la douleur qui maccable.
Texte original
Dvne incroyable amour, dvn desir, dvne crainte,
La chaleur, lesguillon, & la morne froideur,
A languir, sesgarer, & geler en lardeur,
Sourde, aueugle, & muette, ont mon ame contrainte.
Je nose descouurir mon affection sainte,
Brusl, point, & glac, ie couue mon mal-heur,
Et taschant damoindrir leffort de ma douleur,
Je deoy ma raison par vne fable feinte.
Helas mon cher Soleil, cognois donc mon esmoy,
Mon desir, & ma peur, prenant piti de moy,
Comme dvn criminel, qui gesn par le cable
Sent langoisseux tourment, & ne sose escrier:
Car ie suis la chaisne, & ne tose prier,
Toy qui peux seule oster la douleur qui macable.
1578
Clovis HESTEAU, Les uvres potiques, Paris, Abel LAngelier, 1578, Amours, sonnet XLI, f 48r [3 vers rapports: vers 6 et 7; vers 13].
BnF Gallica, N0070572_PDF_118.
Texte modernis
Comme on voit un chevreuil quun grand Tigre terrasse,
Qui de qui del, ore haut ore bas,
Le vautrouille et ltend dans son sanglant trpas,
Pavant des os du sang et de sa peau la place:
Puis en assouvissant sa carnagre audace
Tranche, poudroye, hume, et foule de ses pas,
La chair, les os, le sang dont il fait son repas,
Laissant parmi les bois mainte sanglante trace.
Et comme on vit jadis les borgnes Etnans,
Rebattre coups suivis les boucliers dictans,
Sous le fer rehauss dune force indomptable:
Amour me va plongeant dans mon mortel tourment,
Me rompt, trouble, ravit, os, sang, et sentiment,
Et martle mon chef dun bras insupportable.
Texte original
Comme on voit vn cheureuil quvn grand Tigre terrace,
Qui de qui del, ore haut ore bas,
Le vautrouille & lestend dans son sanglant trespas,
Pauant des os du sang & de sa peau la place:
Puis en assouuissant sa carnagere audace
Tranche, poudroye, hume, & foulle de ses pas,
La chair, les os, le sang dont il fait son repas,
Laissant parmy les bois mainte sanglante trace.
Et comme on veit iadis les borgnes tneans,
Rebattre coups suiuis les boucliers dicteans,
Sous le fer rehauss dvne force indomptable:
Amour me va plongeant dans mon mortel tourment,
Me rond, trouble, rauit, os, sang, & sentiment,
Et martelle mon chef dvn bras insuportable.
1578
Clovis HESTEAU, Les uvres potiques, Paris, Abel LAngelier, 1578, Amours, sonnet LXVII, f 49v [3 vers rapports: vers 2, 9 et 10].
BnF Gallica, N0070572_PDF_121.
Texte modernis
Passants ne cherchez plus dessous lOrque infernale
DIxion, de Sisyphe, et des Blides surs
Comme aux sicles passs les travaux punisseurs,
Ni limportune soif du malheureux Tantale.
Ni cherchez plus le feu du serviteur dOmphale,
Ni du fils dAgnor les oiseaux ravisseurs,
Le fuseau, le travail, les ciseaux meurtrisseurs,
Ni leffroyable horreur de la troupe fatale.
Car sans tenter Junon, sans tuer, sans voler,
Je tourne, monte, emplis, roue, cuve, rocher:
Et sans tromper les Dieux, ou leurs secrets redire,
La soif me cuit dans leau et ne puis ltancher,
Mille fcheux Dmons me ravissent ma chair,
Et bref dans moi Pluton sest fait une autre Empire.
Texte original
Passans ne cerchez plus dessous lOrque infernale
DIxion, de Sisiphe, & des Bellides surs
Comme aux siecles passez les trauaux punisseurs,
Ny limportune soif du mal-heureux Tantale.
Ny cerchez plus le feu du seruiteur dOmphale,
Ny du fils dAgenor les oiseaux rauisseurs,
Le fuseau, le trauoil, les ciseaux meurtrisseurs,
Ny leffroyable horreur de la trouppe fatale.
Car sans tenter Iunon, sans tuer, sans voller,
Je tourne, monte, emplis, roue, cuue, rocher:
Et sans tromper les Dieux, ou leurs secrets redire,
La soif me cuit dans leau & ne puis lestancher,
Mille fascheux Daimons me rauissent ma chair,
Et bref dans moy Pluton sest fait vne autre Empire.
1578
Clovis HESTEAU, Les uvres potiques, Paris, Abel LAngelier, 1578, Amours, sonnet XCII, f 56r [3 vers rapports: vers 11 13].
BnF Gallica, N0070572_PDF_134.
Texte modernis
La Nature a donn les cornes aux Taureaux,
Aux Sangliers les crochets, aux Livres la vitesse,
Au Cerf, et au Cheval, une prompte allgresse,
Et pour voler par lair les plumes aux oiseaux.
Lindustrie aux poissons de nager sous les eaux,
Au Serpent laiguillon, au Renard la finesse,
lhomme la grandeur, le courage et ladresse,
Les griffes aux Lions, lcorce aux arbrisseaux.
Mais la femme restant faible, timide, et nue,
Dune rare beaut la seulement pourvue,
Qui est le seul pavois, le brandon, et le fer,
Dont elle se dfend, elle embrase, elle blesse,
Tellement que son front, son il, sa blonde tresse,
Peuvent faire changer le haut Ciel lenfer.
Texte original
La Nature a donn les cornes aux Taureaux,
Aux Sangliers les crochets, aux Lieures la vistesse,
Au Serf, & au Cheual, vne prompte allegresse,
Et pour voler par lair les plumes aux oiseaux.
Lindustrie aux poissons de nager sous les eaux,
Au Serpent lesguillon, au Renard la finesse,
lhomme la grandeur, le courage & ladresse,
Les griffes aux Lions, lescorce aux arbrisseaux.
Mais la femme restant foible, timide, & nue,
Dvne rare beaut la seulement pourueue,
Qui est le seul pauois, le brandon, & le fer,
Dont elle se deffent, elle embrase, elle blesse,
Tellement que son front, son il, sa blonde tresse,
Peuuent faire changer le haut Ciel lenfer.
1581
Marie de ROMIEU, Les premires uvres potiques, Paris, Lucas Breyer, 1581, Distique rapport, f20v.
BnF Gallica, N0072784_PDF_48.
Texte modernis
Le luth, Csar, lAmour, attire, meut, modre,
Loreille, pleurs, travaux, par son, sang, par prire.
Texte original
Le luth, Csar, lAmour, attire, esmeut, modere,
Loreille, pleurs, trauaux, par son, sang, par priere.
1581
Jacques de COURTIN de CISS, Les uvres potiques, Paris, Gilles Beys, 1581, Le premier livre des Amours de Rosine, f 22r [3 vers rapports: vers 12 14].
BnF Gallica, N0117423_PDF_59.
Texte modernis
Que me servent ces cris, et que me sert encore
Lescadron enflamm de mes soupirs bouillants,
Que me sert dpancher tant de pleurs dcoulants,
Soit que le jour nous laisse, ou quil nous recolore.
Mes cris ne flchiront la Fire que jadore,
Mes soupirs nchauffront ses glaons violents,
Et la mer de mes pleurs ondeusement coulants
Ne vaincra sa durt qui toujours me dvore.
Las je le connais bien, ma voix svanouit,
Mon cur press de deuil peu peu saffaiblit,
Et mes pleurs j taris ne sauraient plus flotter,
Toutefois par mes cris, mes soupirs, et mes larmes,
Je nai pu ni flchir, nenflammer, ni dompter
Sa fiert, ses glaons, ni ses dures alarmes.
Texte original
Q
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