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1 Si Paris était un personnage… quelle relation auriez-vous avec elle ? Ce serait une jeune fille qui m’appelle, me fascine avec mille plis dans sa robe. D’ailleurs on voit le sexe de Paris, comme disait André Breton ! Le triangle de la place Dauphine. La qualité de Paris que vous appréciez ? Elle a de la mémoire, une ville intemporelle qui a réussi à conserver un héritage de chaque époque, on peut remonter le fil du temps. Le défaut que vous regrettez ? Elle regarde trop vers l’Ouest. Comme disait Alfred de Musset “Paris est coupé en deux, à l’Est les grandes Indes…”. Si Paris était un parfum… Une nuit de novembre où la brume monte sur les hauteurs de Montmartre comme dans une photo en noir et blanc de Brassaï ou Doisneau. Une odeur inquiétante quand la ville encore chaude, bouillonnante, se prépare dans une vapeur d’eau à affronter l’hiver. Il y a un parfum de feuilles. Si Paris était une saveur… Une viande rouge bien sûr ! Un steak préparé par les mecs des Halles, qui vient du ventre de Paris. Je le mange au Pied de Cochon, au Bœuf Couronné. Si vous étiez une station de métro… Maubert-Mutualité parce que c’est la contraction de Maître Albert, premier professeur laïc au XIII e siècle et donc sym- bole de la connaissance, de la grandeur de Paris, la plus grande ville d’Europe, du monde ! Si vous étiez un monument parisien… Notre-Dame, symbole de l’art gothique, mais aussi de la France depuis Victor Hugo. La liberté des Parisiens s’est affirmée ici. De Gaulle y a fait chanter un Te Deum. Si vous étiez un personnage historique parisien… J’adorerais être comparé à François Villon. Sinon Restif de la Bretonne – comme Nicolas Rey néo-dandy – premier pié- ton à réaliser des tags, des déclarations d’amour griffées sous les ponts. Qu’est-ce que vous emporteriez de Paris sur une île déserte ? La Seine, Paris est né de la Seine, Paris sans la Seine n’existe pas. D’ailleurs en ce moment, on remonte à la source comme les saumons ! L’origine de la capitale est à Nanterre et avec le projet du Grand Paris, on est de plus en plus près de sa source. La première chose que vous faites en arrivant à Paris ? Je vais sur les quais avec ma femme et je me pose en atten- dant que les bateaux-mouches illuminent toute la ville. Une vision un peu fleur bleue et consensuelle, je sais ! La plus belle vue : depuis le Pont-Neuf ou du pont de l’Archevêché. LE COMÉDIEN LORÀNT DEUTSCH A TROIS AMOURS : LE THÉÂTRE, L’HISTOIRE ET PARIS. “MÉTRONOME” , SON PREMIER LIVRE NOUS ENTRAÎNE AU RYTHME DU MÉTRO DANS UNE DÉCOUVERTE PASSIONNÉE ET INSOLITE DE LA CAPITALE. PÉRÉGRINATIONS MÉTRO- POLITAINES DE LUTÈCE AU GRAND PARIS. PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET.PHOTOS CLAUDE WEBER. Regard Lorànt Deutsch conteur en Seine COP0007_regardDeutschJE:COP07 5/11/09 12:05 Page 1

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Si Paris était un personnage… quelle relation auriez-vousavec elle ?Ce serait une jeune fille qui m’appelle, me fascine avec milleplis dans sa robe. D’ailleurs on voit le sexe de Paris, commedisait André Breton ! Le triangle de la place Dauphine.

La qualité de Paris que vous appréciez ?Elle a de la mémoire, une ville intemporelle qui a réussi àconserver un héritage de chaque époque, on peut remonterle fil du temps.

Le défaut que vous regrettez ?Elle regarde trop vers l’Ouest. Comme disait Alfred deMusset “Paris est coupé en deux, à l’Est les grandes Indes…”.

Si Paris était un parfum…Une nuit de novembre où la brume monte sur les hauteursde Montmartre comme dans une photo en noir et blanc deBrassaï ou Doisneau. Une odeur inquiétante quand la villeencore chaude, bouillonnante, se prépare dans une vapeurd’eau à affronter l’hiver. Il y a un parfum de feuilles.

Si Paris était une saveur…Une viande rouge bien sûr ! Un steak préparé par les mecsdes Halles, qui vient du ventre de Paris. Je le mange au Piedde Cochon, au Bœuf Couronné.

Si vous étiez une station de métro…Maubert-Mutualité parce que c’est la contraction de MaîtreAlbert, premier professeur laïc au XIIIe siècle et donc sym-bole de la connaissance, de la grandeur de Paris, la plus grandeville d’Europe, du monde !

Si vous étiez un monument parisien…Notre-Dame, symbole de l’art gothique, mais aussi de la Francedepuis Victor Hugo. La liberté des Parisiens s’est affirmée ici.De Gaulle y a fait chanter un Te Deum.

Si vous étiez un personnage historique parisien…J’adorerais être comparé à François Villon. Sinon Restif de laBretonne – comme Nicolas Rey néo-dandy – premier pié-ton à réaliser des tags, des déclarations d’amour griffées sousles ponts.

Qu’est-ce que vous emporteriez de Paris sur une île déserte ?La Seine, Paris est né de la Seine, Paris sans la Seine n’existepas. D’ailleurs en ce moment, on remonte à la source commeles saumons ! L’origine de la capitale est à Nanterre et avecle projet du Grand Paris, on est de plus en plus près de sasource.

La première chose que vous faites en arrivant à Paris ?Je vais sur les quais avec ma femme et je me pose en atten-dant que les bateaux-mouches illuminent toute la ville. Unevision un peu fleur bleue et consensuelle, je sais ! La plusbelle vue : depuis le Pont-Neuf ou du pont de l’Archevêché.

LE COMÉDIEN LORÀNT DEUTSCH A TROIS AMOURS :

LE THÉÂTRE, L’HISTOIRE ET PARIS. “MÉTRONOME”,

SON PREMIER LIVRE NOUS ENTRAÎNE AU RYTHME

DU MÉTRO DANS UNE DÉCOUVERTE PASSIONNÉE

ET INSOLITEDELACAPITALE. PÉRÉGRINATIONSMÉTRO-

POLITAINES DE LUTÈCE AU GRAND PARIS.

PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET. PHOTOS CLAUDE WEBER.

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Une journée parfaite à Paris ?On passe plusieurs fois la Seine évidemment, mais une journéeimprévue pleine de surprises, de curiosités, de découvertes commele fameux oranger que Georges Brassens a voulu faire pousserdans une cabine téléphonique.

Noël à Paris, ça vous évoque quoi ?Les illuminations, ma première passion parisienne quand j’étaispetit et que je venais ici. Pour moi Paris c’est un arbre de Noëltoute l’année avec ses éclairages, ses enseignes. Ca scintille ! On nevoit pas les étoiles, mais on n’en pas besoin, la lumière est partout,c’est Noël même en plein été ! J’adore monter la rue de Bellevilleet regarder la tour Eiffel, la ville qui brille. C’est trop beau !

Votre dernière émotion forte à Paris ?J’ai réussi à dénicher l’une des dernières tourelles de l’ordredes Templiers rue Charlot. Une espèce en péril du XIIIe sièclemenacée de destruction pour laquelle il faut se battre. J’ai étéattendri et attristé. J’en ai parlé avec Christophe Girard, chargéde la culture à la Mairie de Paris, pour lancer une opération desauvegarde.

Qu’est-ce que vous changeriez à Paris ?Les bus, ils paralysent la circulation. Il faudrait qu’il y en aitplus et qu’ils soient plus petits, comme celui de Montmartre.Et électriques de préférence.

Si vous n’étiez pas Parisien…Je suis Chouan, je vivrai à l’île de Ré sur la route de la Virée dela galerne. J’ai un moulin là-bas.

Si vous n’aviez pas fait ce métier…Prof d’histoire ! J’ai une soif de connaissance jamais assouvie.

Votre actualité ?Début janvier, je joue avec Eric Cantona Face au paradis authéâtre Marigny.

Ses 3 adresses incontournablesLeCaveaudesOubliettes. Un café sur le site des anciennesprisonsdeParis avec les graffitis des condamnésàmort. Laurent, le patron,vous fait la visite, il sait tout.52, rue Galande, 75005. Tél. 01 46 34 23 09.Le Porte-pot. Un vieux restaurant près de Saint-Michel où l’on seprend pour François Villon.14, rue de Boutebrie, 75005. Tél. 01 43 25 24 24.La librairie du musée Carnavalet. Pour trouver des livres originaux.23, rue de Sévigné, 75003. Tél. 01 44 59 58 58.

Ses 3 jardins secretsLe square Girardon dans le XVIIIe arrondissement.La rue de Belleville et toutes les rues autour avec des noms d’eau– rue des Cascades, des Rigoles, etc.La campagne dans le XIXe arrondissement, porte de Bagnolet,un îlot de verdure aux portes du périphérique.

Lorànt Deutsch en 3 dates1975 : naissance à Alençon.1991 : arrivée à Paris.2007 : Jean de la Fontaine, le défi, film.

“Métronome,l’histoire de France

au rythmedu métro parisien”,

380 pages,17,90€,

Michel Lafon.

Regard

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