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Introduction « Berlin pauvre mais sexy » (Klaus Wowereit, maire de Berlin) Après la chute du mur de Berlin en le 9 novembre 1989, on pouvait voir des lapins de garenne courir sur la potsdamer platz, alors que c’était la place européenne la plus fréquentée pdt les années 1930. Après avoir été désertée pendant 40 ans, cette place est redevenue le pt de passage qu’elle fut autrefois étant un nœud de circulation automobile et ferroviaire. De plus, c’est la vitrine d’une ville entrée et ancrée dans l’ère post-industrielle. Cet exemple montre à quel pt Berlin n’a cessé de se métamorphoser depuis l’effondrement du bloc soviétique, incarnant même le modèle de la ville post- moderne à l’heure de la globalisation. La ville se développe à la fin du XIIème siècle à partir des deux établissements marchands, Berlin et Kölln, situés de part et d´autre de la Sprée dans l´actuel arrondissement de Mitte. Ensuite, elle devient le lieu de résidence des princes électeurs du Brandebourg. De nombreux huguenots français s’y installent après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, préfigurant la multiculturalité arborée aujourd’hui. Devenant capitale impériale en 1871, elle se développe pendant la 2 nde révolution indus avec l’installation de grandes firmes comme Borsig dans le quartier de Tegel, ou Siemens et AEG, groupes phares de l’industrie allemande. La république de Weimar y est proclamée en 1918 dans un contexte de lassitude de la guerre et de tensions au sein du mouvement ouvrier allemand. En 1920, des quartiers périphériques sont rattachés à la ville et l’effervescence culturelle est à son comble. A partir de 1933, Berlin devient capitale du IIIème Reich, les jeux olympiques

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Introduction

« Berlin pauvre mais sexy » (Klaus Wowereit, maire de Berlin)

Après la chute du mur de Berlin en le 9 novembre 1989, on pouvait voir des lapins de garenne courir sur la potsdamer platz, alors que c’était la place européenne la plus fréquentée pdt les années 1930. Après avoir été désertée pendant 40 ans, cette place est redevenue le pt de passage qu’elle fut autrefois étant un nœud de circulation automobile et ferroviaire. De plus, c’est la vitrine d’une ville entrée et ancrée dans l’ère post-industrielle. Cet exemple montre à quel pt Berlin n’a cessé de se métamorphoser depuis l’effondrement du bloc soviétique, incarnant même le modèle de la ville post-moderne à l’heure de la globalisation.

La ville se développe à la fin du XIIème siècle à partir des deux établissements marchands, Berlin et Kölln, situés de part et d´autre de la Sprée dans l´actuel arrondissement de Mitte. Ensuite, elle devient le lieu de résidence des princes électeurs du Brandebourg. De nombreux huguenots français s’y installent après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, préfigurant la multiculturalité arborée aujourd’hui. Devenant capitale impériale en 1871, elle se développe pendant la 2nde révolution indus avec l’installation de grandes firmes comme Borsig dans le quartier de Tegel, ou Siemens et AEG, groupes phares de l’industrie allemande. La république de Weimar y est proclamée en 1918 dans un contexte de lassitude de la guerre et de tensions au sein du mouvement ouvrier allemand. En 1920, des quartiers périphériques sont rattachés à la ville et l’effervescence culturelle est à son comble. A partir de 1933, Berlin devient capitale du IIIème Reich, les jeux olympiques s’y déroulent en août 1936 danss un contexte tendu. Avant la guerre, la population de la ville atteint 4,3 millions d’habitants. Après la défaite des nazis pendant la bataille de Berlin le 2 mai 1945, la ville ne compte plus que 2,8 millions d’habitants, et est administrée par les 4 puissances victorieuses (URSS, EU, GB, et France). Pendant le blocus des secteurs occidentaux par l’union soviétique, un pont aérien est organisé pendant quasiment 1 an. Berlin devient un symbole de l’affrontement des deux grands, encore plus après la construction du mur à partir du 13 août 1961. Jusqu’en 1989, la ville se développe des deux côtés du mur (construction d’habitations, centres culturels, …) La chute du mur est tt d’abord accueillie dans l’euphorie générale de la réunification allemande, mais pose quelques problèmes de taille : comment aménager cette zone, et comment associer l’éco est-allemande au capitalisme ?

De telles questions mettent en cause la notion d’espace, en lien avec le passé, et sa possible réappropriation par les hommes, ce qui en fait un sujet proprement géographique. Ainsi, la problématique peut-elle s’axer sur la manière dont les Berlinois, et les différentes institutions en place ont géré la transition d’une ville séparée en deux vers une ville réunifiée, à l’image de l’Allemagne. Les échecs, et les expérimentations qui s’y font peuvent d’ailleurs représenter les difficultés et les débats qu’a posés et que pose encore la conversion de

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l’Allemagne de l’est au capitalisme. La capitale allemande est, comme le dit marc Augé, « à elle seule un raccourci de l’histoire du siècle passé et un témoin actif de celle qui s’ébauche. »

Une première approche s’intéressera aux processus en cours au sein de la capitale, notamment suivant les lois du marché et en adoptant les schémas de la géographie culturelle.

Ensuite, l’accent sera mis sur les débats autour de l’aménagement d’espaces qui sont bien souvent au cœur de conflits d’intérêts importants

Enfin, on questionnera la place de Berlin dans l’Europe à l’heure de l’extension de l’UE à l’est.

I Berlin   : une ville en pleine évolution

1° La ségrégation socio-spatiale à Berlin

1ère approche : Etude morphologique de la ville de Berlin : des quartiers bien délimités par des frontières matérielles : la spree, le tiergarten (moabit quartier ouvrier séparé du centre ville par ce parc initialement terrain de chasse des princes électeurs), le landeswehrkanal, les lignes de train (S-bahn, ligne est-ouest). Ces séparations matérielles ont permis de délimiter des quartiers aux populations définies, assurant également la sécurité (grands axes de communication, …). Ces limites existent depuis bien longtemps, et s’expliquent par le développement même de la ville : c’est une agrégation progressive de plusieurs villages s’étant construits les uns à côté des autres. C’est donc une ville polycentrique, surtout après que le mur a créé deux entités administratives distinctes, créant ainsi deux centres (Ku’damm à l’est, Alexanderplatz à l’est), et des périphéries qui se sont développées comme telles.

L’exemple de Kreuzberg est intéressant à cet égard, puisque c’était un quartier de l’ouest, habitué depuis longtemps à l’accueil de pop étrangères dans les « mietskasernen » (ateliers dans les arrière-cours mélangeant logement et industrie (Berlin ayant besoin de « gastarbeiter » pour travailler en usine). Il a ainsi pu être investi par des pop turques et vietnamiennes pendant la période du mur, car les ouvriers venaient en majorité de l’est de la ville avant. C’est de là que Kreuzberg tient son surnom de Petit Istanbul. Etant donné que la ligne de métro aérien qui traverse le quartier se terminait en cul de sac, et que le mur coupait de nombreuses rues du quartier, on peut le considérer comme un quartier périphérique. Après la chute du mur, il a repris une position centrale dans la ville, mais a continué d’être un lieu alternatif, notamment à cause de sa pop, et des mouvements qui y sont nés (ausserparlementarische Opposition dans les 70’s (APO) parti die Grünen qui dirige le quartier depuis). En témoignent les pratiques encore nombreuses de squat de maisons, la scène musicale alternative, ou encore la scène ouverte de la drogue (trafic et conso ostentatoire). 17% de la pop du quartier vit du revenu minimum. Cpt, le quartier fait l’objet de +en+ d’une gentrification, la hausse tendancielle des loyers faisant partir les pop les + pauvres ailleurs. C’est là un point important de la géographie berlinoise : les lois du marché s’y appliquent particulièrement bien, et les dynamiques de gentrification sont à l’œuvre dans les quartiers centraux, ou proches du mur. Or, les grands ensembles construits à l’est ne connaissaient pas au tps du mur de ségrégation sociale (mixité sociale en RDA). La hausse du chômage (cf tx de chomage comparaison ac all) amène à se poser la question de la création de

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nouveaux ghettos urbains dans ces ensembles, les populations aisées s’installant désormais dans les quartiers centraux.

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Voir molecule man à treptow (rencontre des 3 quartiers de friedrichshain, kreuzberg, et treptow) alt-treptow_molecule-man.jpg

modèle de la ville nord-américaine, ségrégée en fonction des appartenances sociales (cf école de Chicago : leurs analyses s’appliquent particulièrement bien à Berlin) , et mutations en fonction des ressources et prix dans les quartiers (gentrification, …) ; tout en représentant la ville européenne, dont les espaces sont empreints de l’histoire (du XXème siècle surtout), étant ainsi une confrontation permanente des 2 modèles. C’est une spécificité qui symbolise également le conflit entre deux visions de la réappropriation des espaces, conflit qui trouve un terrain de jeu idéal à Berlin après la chute du mur.

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2°) Berlin et la réunification allemande

a. Une vitrine de la ville post-moderne et marketing urbain

Les espaces clés de la reconstruction se trouvent principalement sur le tracé du mur (aussi des zones de l’ex RDA détruites sous prétexte qu’elles ne répondent pas aux normes occidentales), et répondent à des logiques variées. La boucle de la Spree (Spreebogen) a été investie par les organes parlementaires (Berlin redevenue capitale en 90) et la chancellerie fédérale (+quartier des ambassades au sud du Tiergarten et à proximité de la potsdamer platz). La Potsdamer Platz (si trouves une photo sur le net c’est cool)est quant à elle représentative de la volonté politique de faire de Berlin la capitale des indus high tech et de la post-modernité : en confiant cet espace (laissé vide pendant 40ans avec le no man’s land) à deux entreprises multinationales (Sony et Daimler) à des prix dérisoires (le prix du terrain agricole…), la municipalité a voulu installer Berlin dans la dynamique de métropolisation afin d’attirer les investisseurs étrangers pour relancer l’éco locale (durement frappée par la transition de 90). Ce chantier a certes contribué à une certaine relance de l’activité éco (le BTP est un secteur qui redynamise les territoires), mais il a surtout créé un nouvel espace consacré à la vente et à la consommation. En effet, l’architecture de Renzo Piano et de Helmut Jahn pour les 2 grands ensembles (îlots) est guidée par des objectifs de créer un espace « ouvert » sur le monde en voie de « globalisation éco et financière » : c’est ainsi que le regard du passant, s’il erre dans ces structures immenses de verre et d’acier, est vite attiré par les enseignes commerciales… La neutralité du lieu a donc aussi pour fonction d’inciter à l’activité commerciale, et en aucun cas à développer une appropriation de l’espace par les populations. D’ailleurs, les autorités de la ville ont développé dans les transports en commun et sur les voies publiques un système de surveillance policière important, laissant la place aux formes de contrôle moderne des mouvements éventuellement gênants… En laissant l’urbanisation à de grandes firmes dans certains secteurs de la ville, les autorités ont peut-être renoncé à des rêves d’hégémonie encore dans les mémoires, mais elles ont surtout mis en valeur des façades de bâtiments, à des fins publicitaires.

Par ailleurs, Berlin jouit d’une situation sociale unique, la moitié de sa pop ayant connu de près ou de loin un régime communiste. Les contestations des Berlinois et leurs actions sont donc en conflit avec cette vision de l’aménagement de l’espace.

b. Des espaces à reconquérir par les hommes

Une ville qui regorge d’ « espaces alternatifs » depuis la chute du mur : le terrain du mur + les friches industrielles laissées par l’industrie est-allemande en déclin (tacheles, terrains près de la ostbahnhof, …)En effet, Berlin a été durant les années 30 une ville industrielle (plus de 4mio. d’habitants) avec des grandes firmes comme AEG ou Siemens ou encore Borsig (Tegel). Mais depuis la fin de la guerre son éco est d’une part soutenue par la planification est-allemande, d’autre part par les aides occidentales (enjeu idéologique majeur pendant la guerre froide). A la chute du mur, de nombreuses firmes est-allemandes ne sont pas aux normes occidentales et leur productivité est bien trop faible pour faire face à la concurrence mondiale +licenciements massifs de fonctionnaires, démantèlement des combinats indus (Schönweide, Ludwigsfelde)

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D’où un abandon de tels espaces, ce qui entraine également un chômage de masse encore observable aujourd’hui. Cf tx de chomage comparaison ac all.pdf

Approche de la « géographie culturelle » (P Claval : « une démarche sensible aux faits de culture mais aussi aux conditions de communication et de transmission des représentations, idées, connaissances, techniques, … ») : Prendre pour objet la créativité artistique pour la relier au fait urbain (une approche parmi d’autres) Berlin métropole culturelle 2 dimensions : centrifuge et centripète Les lieux de création artistique « officiels » sont nombreux à Berlin : plus de 300 théâtres (berliner ensemble de Brecht, Schaubühne, Volksbühne avec franck castorf comme successeur de piscator), 3 opéras, plusieurs orchestres symphoniques (barenboim, simon rattle, claudio abbado…)

- La ville comme lieu d’inspiration pour les artistes

Pourquoi Berlin a-t-elle attiré tant d’artistes depuis 1990 ? loyers peu chers, effervescence liée à réunification allemande, mais aussi parce qu’il y ont trouvé une « matière urbaine originale » (Grésillon) : un espace fait de discontinuités permanentes, avec la confrontation d’architectures de différents siècles, les traces du passé qui apparaissent à chaque coin de rue (marques de balle sur les bâtiments, traces du mur, immeubles en plattenbau, entrepôts indus désaffectés, voies de chemin de fer)

ex : Sasha Waltz et « allee der kosmonauten » en 96 : elle s’installe dans un immeuble préfabriqué du quartier de Marzahn (grand ensemble construit pendant la RDA en périphérie de Berlin est) pendant quelques mois pour s’imprégner du rythme de vie des habitants, de l’atmosphère, du décor gris… création ensuite d’un spectacle de danse qui retranscrit sur scène ces impressions. En musique : le « sound of Berlin », style de musique électro particulier à Berlin Carsten Nicolaï, compositeur est-allemand : « Pour moi, Berlin n’est pas seulement une ville, c’est un environnement global. J’ai toujours été fasciné par les codes secrets, l’espionnage, la guerre froide… Quand j’étais enfant, j’écoutais la radio et… d’ailleurs c’est peut-être ça qui m’a donné envie de faire de la musique plus tard…, j’écoutais la radio, donc, un programme musical, et soudain la musique était brouillée par des ondes militaires… On entendait alors des voix russes qui récitaient des nombres pendant des heures ! Pour moi, c’est cette ambiance incroyable d’espionnage et de guerre froide qui est à la base de mon travail […] Berlin est une ville extraordinairement dynamique dans tous les domaines artistiques.Peut-être est-ce dû à la structure même de la ville ? Il y a une dizaine d’années, après la chute du Mur, on a tenté de construire une ville nouvelle. En fait, ces travaux ont laissé des vides énormes en plein centre ville. Quelque chose d’inimaginable ailleurs. Ces espaces sont devenus des aires de jeux exceptionnelles pour tous les artistes et les créateurs »

- La ville sous influence de la création artistique

Naissance dans un contexte politique particulier : chute du mur et enjeu de la ville de berlin pour le symbole (confrontation des 2 blocs…)

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- la Volksbühne : créée en 1913, attraction des petites gens, ouvriers, « citadelle de l’éducation et de la culture au milieu du chaos d’un quartier populaire » (Mühlberg, historien), d’autant plus avec comme metteur en scène/directeur Erwin Piscator (communiste) aujourd’hui c’est encore le cas avec frank castorf qui renoue avec ce théâtre « engagé », en prise avec le quartier où il se situe : il suscite tjrs des réactions fortes après les premières…Une première définition négative : lieux d’expo hors des cadres traditionnels pour s’y opposer (musées institutionnel, galeries commerciales) d’où le choix de lieux vétustes voire en ruine pour s’installer.

Ex de tacheles :

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Photos : Ancienne maison de la technique de AEG, puis grand magasin, réapproprié par un collectif d’artistes après la chute du mur, y créant un lieu d’expérimentations diversesd’où des changements dans la composition de la pop du quartier (les étudiants, squatteurs et artistes s’installent tout d’abord, remplaçant les personnes âgées et les jeunes ménages)

Mais en même temps ce genre d’occupation provoque des effets d’entraînement et de valorisation du quartier, ce qui entraîne une hausse des loyers, chassant ainsi cette population plutôt démunie dans d’autres quartiers.

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La défense d’un tel lieu aujourd’hui est donc aussi synonyme de résistance contre ces phénomènes de gentrification et d’envahissement des centre-villes par les investisseurs (cf les affiches « sie haben die stadt verkauft ») : projet actuel de la ville de racheter l’immeuble pour le détruire et laisser place à des immeubles modernes… C’est aussi par ce genre de réappropriation d’espace que les hommes peuvent mettre en exergue le conflit existant entre aménagements institutionnels et aménagements voulus par un groupe, créant des espaces réellement vécus sur un mode actif, suscitant la création artistique. Le paradoxe est souligné par le fait qu’une telle initiative a été à la fois un exemple de réappropriation d’un espace par un collectif, et ppal vecteur de la transformation sociale du quartier, en contribuant à le gentrifier notamment. Le conflit dont on a déjà parlé y est donc présent ici à son paroxysme.

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Friches, squats, … : des espaces sans qualité ?Ils sont en général des vestiges d’un passé, mais qui attendent une nouvelle appropriation par d’autres individus, appropriation d’autant plus importante dans le cas d’espaces dédiés à la création artistique : ils permettent de créer de nouvelles perspectives dans des travaux, des trajectoires (ex des arts de la rue par définition itinérants, mais qui requièrent des points d’attache pour se diffuser) , une localisation géographique particulière : ni en centre ville (sauf exception) ni en périphérie : dans les faubourgs (entre centre et périphérie) couronne péricentrale.

Ex :

Pfefferberg, kulturbrauerei (deux anciennes brasseries le long de la schönhaüser allee reconverties en clubs/salles de concerts)

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Ces localisations s’expliquent par le choix de lieux abandonnés (friches industrielles, militaires,…) et montrent que les pratiques culturelles se renouvellent dans les marges également de façon spatiale. D’espaces disqualifiés, ils deviennent espaces requalifiant voire de gentrification de quartiers entiers et invitent donc à s’intéresser au fait culturel dans le cadre de la géographie.En témoigne la hausse progressive des loyers ds le quartier de Prenzlauer Berg (où se trouvent le mauerpark, schönhaüser allee) à Berlin, quartier investi par les populations jeunes, artistes,… Ces appropriations a priori sauvages et illégales réinterrogent la responsabilité des institutions – au premier rang desquelles l’Etat- dans le soutien à la création culturelle, mise en danger par des intérêts commerciaux qui imposent des contraintes de rentabilité contradictoires avec les conditions de création (ne pouvant par définition garantir un quelconque profit), comme le montre JP Warnier dans La mondialisation de la culture.

II Une volonté d'unifier par les aménagements urbains

Depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, la ville tente de retrouver une unité. Pour cela, divers acteurs interviennent afin de réaménager l'espace urbain et de créer une cohésion berlinoise. Quels sont ces projets ? Quels impacts ont-ils réellement sur la capitale allemande et comment sont-ils perçus et vécus par les berlinois ?

A. Berlin redevient capitale : redonner un visage de capitale à Berlin

« Pour symboliser la métropole et la nation retrouvées, rien de tel qu’un centre retrouvé » - Grésillon

1. L'émergence d'un Nouveau Berlin dans les années 1990

a) Les instances gouvernementales rejoignent Berlin :

Avec la réunification de l'Allemagne le 3 Octobre 1990, Berlin devient la nouvelle capitale de la république fédérale (le 20 Juin 1991). Les instances gouvernementales sont alors appelées à quitter Bonn pour rejoindre Berlin et il s'agit pour la ville de retrouver un visage de capitale. Une des priorités est de bâtir un quartier gouvernemental (Regierungsviertel) à la hauteur d'une capitale européenne. Le quartier du gouvernement s'installe autour du Reichstag (le parlement), dans le Spreebogen (le coude de la Spree). Ce nouveau quartier est stratégiquement installé dans un vaste espace vert qui borde et prolonge le Tiergarten afin d'éviter un sentiment de domination sur la ville. L'Allemagne veut rompre avec l'image qu'elle a véhiculée dans le passé et se présenter comme une démocratie modeste, sobre et transparente, tels que le seront ses bâtiments officiels.

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Situation du quartier parlementaire

On peut tout de même se demander si le quartier du gouvernement n'est pas fermé, constituant un espace à part dans la ville puisque tous les bâtiments du gouvernement sont regroupés dans un même endroit, délimités par la Spree d'un côté, le Tiergarten de l'autre. Le gouvernement tente cependant de ne pas créer de fracture au sein de la ville. Par exemple, il souhaite conserver une continuité entre le quartier de Mitte et celui du gouvernement, par la création de promenades aménagées sur les rives de la Spree. De plus, ce quartier attire les visiteurs qui viennent observer les architectures modernes des bâtiments (avec en tête, la coupole en verre du Reichstag à laquelle ils peuvent avoir accès) ou profiter des espaces verts entre la Spree et le Tiergarten (comme la pelouse du Reichstag où les gens aiment se retrouver).

Ce quartier du gouvernement est composé :

Du bâtiment du Reichstag, qui depuis 1999 est le siège du Bundestag (parlement)

Avant d'être complétement rénové, le Reichstag est emballé par le couple d'artistes Christo et Jeanne-Claude, du 23 juin au 6 juillet 1995, ce qui attire de nombreux visiteurs à Berlin. Les travaux de rénovation et modernisation sont entrepris dès les bâches démontés. Les façades sont restaurées et on assiste à la construction d'une coupole moderne, en rupture complète avec l'originale au sommet du Reichstag. La pièce principale du bâtiment, où se réunissent les parlementaires, se distingue par sa hauteur (30 mètres de haut), sa transparence

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et sa fonctionnalité. Les visiteurs peuvent accéder directement à la terrasse qui offre une vue panoramique sur les bâtiments voisins et le Tiergarten, et à la coupole, dont les parois de verre permettent d'observer l'hémicycle et le travail parlementaire.

Le Reichstag

L'intérieur de la coupole de verre...qui permet d'observer l'hémicycle

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De nouveaux bâtiments du parlement (commissions, bureaux des groupes parlementaires, présidence et bibliothèque) :

Sur le côté nord, trois autres édifices ont été construits pour compléter ce qui est désormais connu sous l'appellation de «complexe parlementaire». Parmi eux, le bâtiment Paul Löbe accueille la salle des délibérations, les bureaux des députés et un restaurant donnant sur la Spree. Le bâtiment Jakob Kaiser abrite pour sa part le palais historique du président du Reichstag, les services parlementaires et le bureau du Bundestag. Enfin, le bâtiment Marie-Elisabeth Lüders s'élève sur la rive est de la Spree, dans l'alignement de l'édifice Paul Löbe auquel il est relié par un pont piétonnier. Sa rotonde accueille les travaux de la commission chargée des affaires en lien avec l'Union Européenne. Ce bâtiment accueille également la bibliothèque du Parlement, une des plus importantes au monde. Par ailleurs, on peut noter qu'un couloir souterrain réunit entre eux le Reichstag et les édifices Paul Löbe et Jakob Kaiser.

Le pont piétonnier reliant les bâtiments

gouvernementaux

De la Chancellerie, qui accueille depuis 2001 le bureau du chancelier et de ses services

En ce qui concerne la Chancellerie, le Sénat de Berlin fut associé à l’élaboration du projet, mais sans pouvoir imposer ses visions. Un concours d'idées avait été lancé afin de recueillir plusieurs propositions de construction. Le bâtiment est l’œuvre commune des architectes berlinois Axel Schultes et Charlotte Frank qui remportent le concours en 1992.

Mais cette architecture moderne n'est pas du goût de tout le monde et les Berlinois s'amusent à l'appeller : « die Waschmaschine » (la machine à laver).

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La Chancellerie

De la Wilhelmstrasse et la Pariser Platz, où l'on trouve le ministère des Finances, ainsi que les ambassades britannique, américaine et française ;

La Pariser Platz

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Du quartier des ambassades (Botschaftsviertel) près du Tiergarten avec des constructions architecturales particulièrement intéressantes, notamment

les ambassades nordiques.

Cependant tous les corps diplomatiques ne construisent pas de nouvelles légations, certains réinvestissent leurs anciens bâtiments (c'est le cas de l'Italie, l'Espagne, le Japon).

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Parallèlement à la construction du quartier gouvernemental, des concours sont lancés afin de trouver comment remodeler la ville, en faisant disparaître les espaces vides nés de la destruction du mur, et lui redonnant sa stature de capitale européenne. Un nouveau Berlin émerge dans les années 1990.

Les travaux d'aménagement des principales artères commencent également, redonnant un visage de métropole à la ville, avec la volonté de réaménager en grande partie Berlin-Est. Dans le même temps où le centre évolue, la périphérie se développe

b) Le cas de Potsdamer Plaz :

Un des exemples les plus marquants du renouveau urbain, qui a transformé Berlin en un « Nouveau Berlin » au cours des années 1990, est celui de la Potsdamer Platz. Faisons un bref historique de cette place pour comprendre son rôle dans Berlin et les transformations impressionnantes qui s'y sont effectuées dans les années 1990. On peut retenir trois phases dans l’histoire de cette place.

• Dans les années 1920, c'est sur la Potsdamer Platz que sont installés les premiers feux de circulation en Europe. Ce lieu est alors le symbole de la modernité, le cœur et le nœud de communication de la métropole, et Berlin, la ville d’Europe la plus trépidante, bourdonnante de commerces, de trafic et de loisirs.

• Ensuite, après la Seconde Guerre mondiale, elle est complétement détruite et le reste jusqu’en 1989, offrant l'image d'un no man’s land sans vie, une bande de terrain sablonneux connu comme le cul de sac divisant l’Est et l’Ouest de Berlin.

• Après la chute du Mur, la résurrection de Potsdamer Platz est assurée par de nombreux investisseurs et architectes internationaux. Il s'agit en fait du réaménagement de tout un quartier et non d'une simple place. Ce quartier consiste en trois ilots connus aujourd'hui sous

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le nom de Daimler City ou quartier DaimlerChrysler, Sony Center et Beisheim Center qui ont métamorphosé le terrain vague abandonné, où passait jusqu’en 1989 le Mur de Berlin. La transformation de cet espace a amené les divers acteurs agissant sur l'organisation de la ville à se poser de nombreuses questions, à savoir : comment concilier les intérêts publics et les intérêts commerciaux, l’intégration de deux systèmes de transport différents, la planification des accès routiers et des infrastructures desservant le centre nouvellement réunifié, la limitation du trafic dans le quartier du centre et la prise en compte de considérations écologiques, la décision sur le style d’architecture – des gratte-ciel comme à Manhattan ou des lotissements bas, du traditionnel, du futuriste ou de l’avant-garde ?

Afin de recueillir de multiples idées sur la façon d'aménager Potsdamer Platz, le Sénat lance un concours en 1991. Il est remporté par les architectes Hilmer et Sattler, et le quartier se trouve divisé en plusieurs parties, au sein desquelles les investisseurs privés développent leur propre projet. Le plus imposant est celui de Daimler-Benz qui demande à Renzo Piano de créer un plan d’ensemble. Plusieurs architectes de renommée internationale interviennent pour la construction des bâtiments. Outre Renzo Piano, Hans Kollhoff conçoit l’immeuble du n°1 Potsdamer Platz, aujourd’hui occupé par des bureaux. Au nord-ouest de la place, un second projet est confié à Sony qui y installe son siège européen. Conçu par Helmut Jahn, le Sony Center est un ensemble de verre et d’acier comprenant une vaste esplanade couverte. Le projet comprend également l’édification d’une tour qui fait face à celle d’Hans Kollhoff, occupée aujourd’hui par la Deutsche Bahn. La verticalité marque désormais fortement le paysage, notamment autour de la place. Le choix d’édifier ces tours de bureaux renvoie bel et bien à l’image que Berlin veut se donner au moment de la réunification : une ville qui reprend son rang dans le concert des métropoles européennes et mondiales, en assurant sa reconversion dans le tertiaire supérieur. Cette ambition est affichée dès le lancement du chantier avec l'intervention de firmes multinationales telles que Daimler-Benz et Sony, emblèmes d’un capitalisme qui se veut triomphant, dans cette ville marquée par la Guerre froide.

Potsdamer Platz

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Sony Center

En plus des tours de bureaux, ce lieu redevenu central contient de nombreux commerces. Ainsi, 30 % de la surface du secteur aménagé par Daimler-Benz sont consacrés au commerce. Le quartier s’articule sur un réseau de rues couvertes qui constituent un vaste centre commercial dénommé Arkaden. Celui-ci regroupe principalement des commerces de vêtements et accessoires de mode, des restaurants et des fast foods. On y retrouve bon nombre d'enseignes internationales. Quant au Sony Center, c’est un espace qui regroupe cafés et restaurants, ainsi qu’un musée et plusieurs cinémas. La réunification de Berlin s’est faite ici sous le sceau de la consommation, du divertissement et du tourisme, en s’articulant sur un modèle globalisé d’espace public. Aujourd’hui, le quartier a donc retrouvé sa fonction centrale, mais « alors que la Potsdamer Platz aurait pu devenir, en partie au moins, un lieu de commémoration de l’histoire allemande du XXe siècle, elle s’est transformée en un vaste espace commerçant » (Grésillon). Ce regret est significatif du tiraillement, entre passé et avenir, dans lequel se trouve Berlin.

Toutefois, ce quartier désire être plus qu'une vitrine du capitalisme et est réalisé en fonction du principe de mixité urbaine combinant bureaux, loisirs, logements, commerce. Bien que la construction verticale soit présente dans cette zone urbaine, le quartier est globalement construit « à l’européenne », composé de bâtiments de hauteur moyenne et reprenant le tracé historique des rues. On assiste donc à la création d’une vie urbaine dans une zone qui était restée inactive pendant des années, par l’intégration d’un bâti résidentiel à des commerces, de l’immobilier d’affaires et de loisirs pour s’assurer que ce quartier puisse exister vingt quatre heures sur vingt-quatre. Cet important lieu d’animation est aussi un nœud

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majeur de circulation et de correspondance entre S-Bahn et métro.

c) Rénover la partie Est : homogénéiser la ville

Parallèlement à la réhabilitation du centre historique, les cités dortoirs de Berlin Est sont rénovées. De lourdes opérations d'assainissement des quartiers Est sont lancées, notamment dans les districts de Prenzlauerberg et de Mitte.

Carte représentant les quartiers Est de Berlin

• Prenzlauer Berg :

Historiquement, Prenzlauer Berg est un quartier populaire dans lequel furent construites à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, des casernes locatives (Mietskasernen). Il s’agit de longues enfilades de cours et d’arrière-cours (Hinterhöfe), actuellement en voie de rénovation, qui servaient à abriter sinon entasser dans un espace restreint une population prolétaire de plus en plus nombreuse. Contrairement à la majorité des autres arrondissements, celui de Prenzlauer Berg n’a pas été très touché par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Quelques façades portent encore des traces de balles, comme dans Mitte, mais l’essentiel de l’urbanisme d’avant-guerre a été préservé. Le phénomène le plus frappant avec l'effondrement du Mur, est l’apparition de panneaux publicitaires et la construction de nouveaux immeubles dans les vides laissées par la guerre. Au niveau architectural, on observe la destruction d'immeubles préfabriqués et des ravalements de façades très colorées.

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Exemple de

façade colorée

Il devient parfois difficile de reconnaître l’ancienne identité du quartier car de nombreux allemands de l'Ouest, avec un pouvoir d'achat plus fort sont venus s'installer, faisant grimper les prix des loyers et forçant les anciens habitants à quitter leur quartier. Peut-on alors parler d'une domination de l'Ouest sur l'Est ? Les principaux cinémas de l’arrondissement sont assez emblématiques des évolutions du quartier. Le plus ancien, le Colosseum, trône sur la Schönhauser Allee depuis 1924. Équipé dès 1956 pour la ‘vision totale’, c’était du temps de la RDA un des cinémas où avaient lieu les premières. Il a été longuement fermé à la chute du Mur et a réouvert en 1997 sous la forme d’un multiplexe de 10 salles. Pour beaucoup d’anciens Allemands de l’Est, cette orientation vers le cinéma commercial d’un des emblèmes de la culture cinéphilique est-allemande symbolise la négation d’une partie de leur histoire. A la même époque, soit la fin des années 90, c’est une salle de concert très connue des Berlinois de l’Est qui a dû fermer dans le complexe de la Kulturbrauerei (‘brasserie des cultures’). Cette salle, le Franz Klub, était un des endroits les plus prisés au temps de la RDA et on y jouissait d’une certaine liberté de parole. Au début des années 90, l’entrée était encore gratuite en semaine, puis les prix sont montés et lorsque la Treuhand, l’organisme chargé de liquider les biens nationaux de la RDA, a bradé la Kulturbrauerei, c’est un café chic d’une marque de bière bavaroise qui a remplacé le Franz Klub. Ces deux exemples montrent que peu à peu l'identité du quartier disparaît au profit d'une homogénéisation de la ville. Mais cette homogénéisation, c'est aussi prendre le risque de voir disparaître la richesse et le multicuturalité de Berlin. Toutefois, le réaménagement de Berlin-est ne peut gommer toutes les réalisations précédentes : la Stalinallee, aujourd’hui Karl-Marx-Allee, a même été classée monument historique avant d’être rénovée. Quant à la tour de la télé ou le centre de conférences des enseignants, ils existent toujours. Le paysage urbain n’est pas seulement celui d’une cité d’Allemagne de l’Ouest et c’est ce qui fait son intérêt. Malgré cela, on assiste à la

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disparition des petits commerces au profit d’enseignes au nom de grandes chaînes, un tourisme pas toujours respectueux des lieux, et une politique d’urbanisme visant à rénover de nombreux immeubles, ce qui a pour effet de privilégier les nouveaux Yuppies – fraîchement arrivés de l’Ouest – au détriment des couches sociales les moins favorisées qui ont fait l’histoire du quartier.

• Mitte :

Les rénovations à l'Est ne font pas toujours l'unanimité, et pas seulement au sein des ex-habitants de la RDA. Ainsi, en 2008, Klaus Wowereit, maire (SPD) de Berlin, déclare trouver «horrible» l'Alexanderplatz, qui selon lui, ne renvoie pas une image positive de la capitale. Cibles de ses critiques : l'absence de fenêtre sur rue et les grandes façades en béton donnant sur la place, représentatives du style soviétique, mais surtout l'esthétique «détestable» des bâtiments mauves du récent centre commercial Alexa.

Centre commercial Alexa

Wowereit souhaite le réaménagement de cette place, véritable nœud de circulation de la ville. Les projets se multiplient mais les contraintes du lieu (les transports, la préservation de l'architecture de type soviétique, les budgets restreints) empêchent leur aboutissement. De leur côté, les élus CDU dénoncent les récentes mesures régulant les projets architecturaux dans le quartier de Mitte. La limitation de la hauteur des immeubles à 30 mètres, et de la taille des espaces vitrés (50 % de la surface des façades), brideraient l'inventivité des projets. Selon eux, ces restrictions rendraient impossible aujourd'hui la réalisation d'un projet comme celui des galeries Lafayette. Le réaménagement de Berlin est donc toujours au cœur des tensions entre les différents acteurs politiques de la ville.

d) La périphérie se développe

Parallèlement au renouveau du centre berlinois, la périphérie se développe. Elle

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s'agrandit dans le but d'accueillir les populations moins aisées, notamment les allemands de l'Est, chassés du centre du fait de l'augmentation du prix des loyers. Cette évolution se fait très rapidement et pousse le Sénat de Berlin à déroger, en 1991, des normes juridiques habituelles pour répondre à la situation problématique du marché du logement. Par exemple, le projet Karow-Nord montre la mise en place d'un nouveau contrat urbain passé avec le secteur privé (les promoteurs Groth&graalfs et Gehag) afin de répondre à ce contexte d'urgence. Son but : accélérer les investissements et mobiliser le savoir faire d'entreprises privées pour réaliser dans ce faubourg de Berlin, 5 000 nouveaux logements destinés aux classes moyennes originaires de l'ex Allemagne de l'Est. Karow se situe au Nord-Est de l'agglomération berlinoise au point de jonction de la limite administrative entre les Länder de Berlin et du Brandebourg. La conception de ce projet fait l'objet, dans le cadre d'un "workshop", d'une mise en compétition de 7 équipes internationales d'architectes d'où sort vainqueur l'agence californienne Moore de Santa Monica. La phase de réalisation se caractérise par la mise en simultanéité de certaines séquences d'action selon une gestion de projet dite "just in time". Le processus est rapide : 17 mois séparent le moment d'élaboration du plan d'aménagement, de la phase d'achèvement du plan. Parallèlement une véritable stratégie commerciale est développée à grand renfort de techniques marketing pour séduire les futurs résidents. Le caractère novateur de ce contrat urbain de construction semble inaugurer une nouvelle génération de projets en Allemagne. Le projet urbain Karow-Nord permet d’aborder la question du développement de nouveaux quartiers périphériques dans l’agglomération berlinoise. Il repose sur trois niveaux d’analyse :

- la régulation de la croissance urbaine au-delà de l’ancien mur et son articulation entre les centres Berlin et Brandebourg, par la mise en oeuvre d’une politique concertée de développement régional entre la capitale et sa périphérie;

- la régulation de la croissance urbaine à l’échelle de la ville de Berlin et les choix de continuité ou de rupture avec les modèles d’extension qu’a connus Berlin. Après la réunification, une politique de grands projets est lancée, notamment à travers la création des villes de banlieue et sur la base d’une Charte d’urbanisme de la ville de banlieue. Le projet urbain Karow-Nord devait en être un projet pilote.

- enfin, il s’agit de mettre en oeuvre de nouvelles procédures, en adéquation avec le concept de ville de banlieue et de quartiers périphériques, à travers l’implication du privé dans le projet (partenariat entre acteurs publics et privés). Le nombre croissant de projets urbains depuis la réunification, la complexité des projets et la crise des finances publiques, incitent à la recherche de montages financiers pour la réalisation de programmes de logements d’une part, et la réflexion à de nouveaux modèles de régulation entre acteurs privés et publics d'autre part.

Basé sur l’ancrage d’une tradition d’ouverture de la ville sur la périphérie, le projet urbain Karow-Nord aura permis de mettre en place des réflexions sur une nouvelle forme d’urbanisation et d’intégration de la périphérie (de la banlieue) dans la ville.

2. Améliorer les infrastructures

Le statut de capitale retrouvé, Berlin se doit d'améliorer ses axes de communication et ses transports urbains.

• Les transports ferroviaires :

La division de la ville entre 1961 et 1989 a fortement perturbé le développement du

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système de transports. Pour remédier à cette situation, les anciennes voies ont été reconstruites et reconnectées, et de nouveaux travaux ont été réalisés : percement de tunnels sous le Tiergarten, l'un routier, l'autre ferroviaire. Les stations de train et de métro ont également été remodelées, et l'ancienne Lehrter Bahnhof, transformée. En mai 2006, la nouvelle gare, renommée Hauptbahnohf a été inaugurée. Cet équipement aux dimensions monstrueuses fut planifié dès le début des années 90 pour répondre aux besoins d’une métropole. La gare vient prendre une place centrale, au cœur géographique et surtout gouvernemental de la ville réunifiée. Certains critiquent les modifications apportées à la gare, en déplorant son conformisme. Elle n'offre aucune originalité : «si Berlin trouve ici un nouveau centre, ce sera presque plus un centre commercial qu’un lieu symbolique ou démocratique. Les gares ne sont plus les cathédrales du 19ème siècle et elles doivent se plier aux logiques du marché.» (Thibaut de Ruyter, dans la Gazette de Berlin, 2006). Quatre autres gares ont par ailleurs été inaugurées dans l'axe nord-sud et est-ouest de la capitale, afin de compléter le nœud de communication le plus grand d'Europe.

• Les aéroports :

La Guerre Froide a fortement influencé la structure aéroportuaire de la ville. En effet, chacun des quatre secteurs souhaitait posséder son propre aéroport. Tempelhof pour les Américains, l’aéroport de Gatow (qui fermera ses portes en 1995) pour les Anglais, Tegel pour les Français et Schönefeld pour les Soviétiques. Avec quatre aéroports pour une seule ville, qui n’était pas à l’époque la capitale, la situation berlinoise fait figure d’exception. Dans les années 1960 et 1970, les limites de Tempelhof permettront à un autre aéroport de se développer pour devenir rapidement le plus grand aéroport de Berlin en termes de passagers : Tegel. Depuis, l'aéroport de Tempelhof a fermé en 2008, celui de Tegel devrait fermer cette année, de manière à canaliser le trafic aérien sur un seul aéroport, à Schönefeld dont les travaux devraient être finis en octobre 2011 et qui sera renommé aéroport International de Berlin Brandenbourg. Les infrastructures ne cessent de s'améliorer montrant que Berlin est une ville toujours en mouvement qui cherche à se renouveler et proposer des axes de communication performants, à la pointe de la modernité, afin de conserver un rôle de plaque tournante à l'échelle européenne, comme mondiale.

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B. Que faire du passé ?

1. La question du mur :Il ne reste plus grand-chose du Mur aujourd'hui, hormis quelques rares vestiges. Un

véritable marché noir de vente de bouts du mur s'est développé, tandis que celui-ci était démantelé au plus vite. Entre la fin 1989 et le début de l'année 1990, le Mur est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit. De même, les installations qui accompagnent le Mur disparaissent. Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste en novembre 1991. Au total, il a été physiquement détruit à peu près partout, à l'exception de quelques sections, conservées en souvenir.

→ carte (en flash) permettant de visualiser le tracé du Mur et les traces qu'il reste aujourd'hui :http://www.berlin.de/mauer/verlauf/index/index.fr.php

Le reste le plus connu du Mur, l'East Side Gallery, est situé le long de la Spree, entre la gare de l'Est et le pont de l'Oberbaum qui enjambe la Spree. Il mesure 1,3 km. Il a été peint par 118 artistes du monde entier. Classé monument historique, il tombait en ruine et les peintures étaient recouvertes de tags. De ce fait, la ville de Berlin a alloué une subvention pour permettre sa reconstruction à l'identique, ce qui montre son souci de conserver une trace de son histoire. Sur les 118 artistes de 1990, cinq sont morts et 92 ont tout de suite apporté leur soutien au projet. L'une de ces artistes, Rose-Marie Schinzler, interviewée en 2009, se réjouissait «que le Mur soit restauré en tant que mémorial». Considérer l’East Side Gallery en tant que mémorial, c’est déjà beaucoup quand on pense que le complexe O2-Arena a pu en déplacer une partie afin d’ériger un panneau publicitaire surdimensionné. Certes, les restes du Mur de Berlin sont là pour montrer aux nouvelles générations qui ne connaissent pas cette époque ce que fût l’Allemagne pendant plusieurs décennies. Outre la question de la préservation du Mur, une autre question se pose : Faut-il reproduire un travail qui avait été fait à chaud au moment même de la réunification ? Pour le russe Dimitri Vrubel, créateur du baiser entre Erich Honecker et Leonid Brejnev, cela signifie recréer l’histoire. Il a donc été question à un moment qu’il peigne un autre baiser symbolique, entre Barack Obama et Vladimir Poutine par exemple. Cependant, il a jugé l’idée trop actuelle et sa peinture n’aurait pas eu la même portée. Ainsi, après plusieurs mois de négociations, Dimitri Vrubel a accepté de repeindre le «Baiser Fraternel». Au final, seuls deux artistes se sont opposés à la rénovation, pour des raisons plus matérialistes.

Le Baiser Fraternel (juillet 2010)

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Un des fragments réel du mur le mieux conservé se trouve le long de la Niederkirchnerstraße, dans le district centre, à proximité de la chambre des députés de Berlin. Il a aussi été classé monument historique en 1990. Un autre fragment se trouve le long de la Bernauer Straße. Ce fragment de 212 mètres de mur d'origine, qui séparent la Ackerstraße de la Bergstraße, a été classé au patrimoine historique depuis le 2 octobre 1990. Malheureusement, il a été creusé jusqu'à la charpente en acier, par les chasseurs de souvenirs. La Bernauer Straße étant le seul endroit à Berlin où une portion du dispositif frontalier a été conservée dans son intégralité, une partie du mur, longue de 64 mètres, a été restaurée. Un ensemble mémorial a été bâti au même endroit. Celui-ci fut érigé à l’initiative de la République fédérale d’Allemagne en 1998 et porte l’inscription suivante: «à la mémoire de la division de Berlin du 13 août 1961 au 9 novembre 1989 et aux victimes du règne par la violence de la dictature communiste». En plus du tronçon du dispositif frontalier, on trouve un centre de documentation du mur de Berlin, la «Kapelle der Versöhnung» (la chapelle de la réconciliation) et des segments de mur conservés sur le cimetière Sophien-Friedhof ainsi que sur le terrain de la gare du nord.

On trouve également des petites croix blanches dans la ville, en mémoire aux fugitifs abattus.

Les croix blanches, dans le quartier du gouvernement

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Mais il n'y a pas que l'East Side Gallery ou le Mémorial de la Bernauer Straße qui permettent de conserver des traces de l'histoire allemande. Ainsi, il existe un parcours historique du Mur de 29 étapes avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés. On peut également observer le tracé historique du Mur, marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte, portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. Par ces diverses installations, Berlin indique sa volonté de garder au sein de la ville, ce qu'a été son passé. Toutefois, pour en arriver à ces installations, il a fallu attendre plusieurs années. Le Sénat a subi de nombreux reproches sur son manque de politique précise en ce qui concerne la mémoire de Berlin. Afin de contrer ces reproches, une politique a été proposée à partir de 2005. Mais on sent que le sujet reste douloureux. Ainsi, on a récemment entendu parler de l'existence d'une oeuvre composée de 1171 photos, soit 350 mètres de photos d'une longueur de 18,5 km, immortalisant le Mur, cinq ans avant sa chute. Ces prises de vues, réalisées par les photographes Philipp J. Bösel et Burkhard Maus, sont donc de véritables documents historiques qui permettent de le reconstituer minutieusement, mètre par mètre. Elles sont conservées dans les archives des photographes et à ce jour, aucune institution allemande ne s’y est intéressée et les photos n’ont été exposées qu’une seule fois : au Danemark en 1985. Auparavant, mais sans exposition, la Bibliothèque Nationale de France les a ajoutées à ses archives. Quant à l'Allemagne, elle les a ajoutées aux Archives fédérales allemandes en juin 2009 seulement. Est-ce le signe d'une histoire encore difficile à accepter ? A-t-on peur de montrer le Mur ?

On peut aussi se demander si tous ces monuments ne sont pas devenus qu'attractions pour touristes. Le Mur est l'une des attractions touristiques majeures de Berlin. Il attire à la fois les visiteurs pour qui le Mur était emblématique d'une génération et ceux, plus jeunes, qui suivent son tracé avec curiosité en apprenant qu'une telle division ait pu existé. Il peut être difficile de réfléchir au Mur avec toute la solennité et la complexité qu'il mérite, en raison de la foule des touristes posant pour une photo devant le poste-frontière Checkpoint Charlie ou achetant des passeports souvenirs estampillés par des camelots déguisés en gardes de la frontière est-allemande. Checkpoint Charlie est devenu un lieu folklorique De plus, le fait qu'un Mac Do se soit construit à proximité renforce le côté attraction de ce lieu, censé être un mémorial. Quant au musée du Mur, il est privé et ne propose pas forcément un point de vue neutre sur l'histoire. N'étant soumis à aucun contrôle officiel, il s'agit donc de faire attention aux informations qu'on y trouve.

2. L'unité toujours en question

Bien que le Mur ait physiquement disparu, on peut se questionner sur sa persistance dans les mentalités. Il apparaît que les Allemands qui ont vécu en RDA subissent encore chaque mois les conséquences de l'ancienne division de la ville : selon les branches professionnelles, ils ne touchent à travail égal qu’environ 90% du salaire de leurs homologues de l’Ouest. Les résultats des élections municipales en 2001 et législatives en 2002 faisaient réapparaître le Mur sur les cartes : le PDS, «héritier» de l’ancien parti unique, obtient des scores encore impressionnants sur le territoire de l’ex-Berlin-Est. Afin de lutter contre ces divisions, les arrondissements sont redécoupés depuis le début de l’année 2001, associant des quartiers situés des deux côtés du Mur. Cette mesure vise non seulement à réduire les frais de fonctionnement d’une ville en faillite (puisqu’on passe de 23 arrondissements à 12), mais aussi à estomper les différences culturelles, sociales et politiques qui subsistent.

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Un autre sujet d'actualité révèle que l'unité de Berlin et plus généralement de l'Allemagne n'est pas encore si évidente : un monument de l'unité allemande prévu pour 2013 provoque de nombreux débats. Le 13 avril dernier, après cinq ans de débats autour de ce monument, le groupe en charge de la culture au Bundestag a finalement décidé qu'une sorte de vaste balançoire, appelée "citoyens en mouvement" ("Bürger in Bewegung") serait le symbole de l'unité allemande. Situé sur la Schloßplatz, à l'emplacement de l'ancienne statue de l'empereur Guillaume II, cette oeuvre sera en plein cœur de Berlin. L'idée se veut profonde, hautement allégorique: le monument sera accessible aux passants qui pourront faire osciller la plate-forme vers la gauche ou la droite et faire du même coup l'expérience de la force démocratique. De nombreux rappels de la révolution pacifique de 1989 seront inscrits sur la plate-forme: au centre le fameux slogan "Nous sommes le peuple, nous sommes un peuple!". Sur le socle doré se trouveront des images de la chute du Mur, et au sol, des citations commémorant ces événements. Mené par l'architecte de Francfort Milla et la chorégraphe berlinoise Sasha Waltz, le projet se veut être une "plastique sociale" qui intègre le citoyen dans l'œuvre d'art. Il s'agit aussi de représenter et mettre en valeur "l'unité par la base". Pourtant, ce projet est l'objet de nombreuses critiques et moqueries. Certains donnent au projet des surnoms tels que "saladier" ou "balançoire géante". Le concept paraît effectivement amusant… mais pose du coup la question du respect normalement réservé à ce genre de monument. On craint de voir les touristes se précipiter sur cette place de jeux inédite, et les skateurs investir un nouveau terrain d'entraînement. Faudra-t-il alors mettre en place une surveillance ? On arriverait à une situation absurde où un monument dédié à l'unité allemande serait interdit d'accès et protéger par des barrières. On se demande aussi si ce projet n'est pas déconnecté de la réalité de ce qu'on pu être les phases plus sombres de la réunification, comme le destin des Allemands de l'est (les Ossis) et le maintien d'une certaine concurrence

entre les deux Allemagne.

Monument de l'unité

C. Les spécificités de Berlin

1. Une ville verteAprès la chute du Mur, le Programme de Berlin d'aménagement du paysage et de

protection des espèces, qui a déjà été mis en place depuis les années 1980 dans l'Allemagne

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de l'Ouest, s'étend à l'ensemble de la ville. Ce programme a pour but de développer la ville tout en y intégrant les enjeux environnementaux, car ce n'est qu'en tenant compte des données naturelles et des besoins de l'environnement qu'il est possible de garantir à la ville un développement durable. Afin de définir ce programme, des recherches sur les composantes de la nature et du paysage ont été lancées, ce qui a permis une meilleure connaissance de l'environnement berlinois. Ce programme se révèle donc être un outil d'information pour les habitants de la ville, présentant de façon claire et complète les aspects "verts" de la ville. Mais ces collectes d'informations ont surtout été nécessaires à l'adoption de méthodes et processus, en adéquation avec une ville respectueuse de l'environnement ainsi que des espèces animales et végétales qui la peuplent. La relation de l'homme avec la nature est ainsi au centre des préoccupations, et il s'agit de conserver des zones de détente pour l'homme (comme en témoignent les nombreux parcs et espaces verts au sein même de la capitale) mais aussi d'assurer un environnement vivable et viable pour les générations futures. Ce programme est constitué des thématiques suivantes :

• Écosystème et protection de l'environnement• Protection des biotopes et des espèces• Configuration du paysage• Loisirs et activités de plein air• Projet urbain général de compensation

En parallèle est créé le Flächennutzungsplan (littéralement : «plan d'occupation des sols», aujourd'hui PLU en France) qui détermine le type et l'étendue de l'occupation des espaces. Ce programme et ce plan servent à organiser les aménagements entrepris dans la capitale en leur donnant une cohérence, notamment en leur imposant des contraintes qu'ils doivent respecter, pour parvenir à un développement harmonieux de la ville, dans l'espace et dans le temps. Ils contiennent des normes, des objectifs et des nécessités qu'il faut prendre en compte dans chaque projet d'aménagement. Le plan d'occupation des sols comme le Programme d'aménagement du paysage et de protection des espèces représente donc un complément à l'urbanisme réglementaire, avec des exigences et des objectifs qualitatifs, et il constitue la base du développement futur de la ville.

2. Des programmes qui visent à faire participer le citoyen au développement de la ville

+ Le Stadtforum de 1990 :

Au moment de la réunification et du réaménagement de Berlin, le ministre de l’Urbanisme a décidé de ne pas travailler seulement avec les administrations, les arrondissements, le gouvernement, les parlementaires, mais d'intégrer la société berlinoise et même allemande parce qu'il s’agissait de projets qui avaient un impact sur toute la République. Durant ce Stadtforum, le schéma directeur de la ville a été élaboré ainsi que tous les grands projets qui ont permis la naissance du Nouveau Berlin. Afin de réunir un ensemble de citoyens le plus divers et représentatif possible de la société allemande, le ministre avait envoyé des lettres à toutes les grandes associations et institutions de la ville et avait demandé à leurs présidents de nommer une personnalité qui pourrait devenir membre du Stadtforum. Au final, il y eut 70 membres, il ne s’agissait pas seulement de professionnels de la ville, mais de personnes très différentes : des représentants des Eglises, des locataires, des architectes, urbanistes et paysagistes, des handicapés, des journalistes, des artistes, des politiciens au niveau local, des entrepreneurs, des groupes écologistes, des représentants des ONG, etc. On

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était donc en présence d'une très grande mixité. Parfois, un animateur et des experts venaient de l’extérieur. Par exemple, lors de la discussion sur les grands ensembles au nord-est de Berlin, des experts qui avaient déjà des expériences dans ce domaine ont été invités, comme ceux des villes nouvelles en France. Le Stadtforum était également ouvert aux auditeurs : on pouvait venir écouter, mais pas discuter pendant les réunions. Ce principe souvent critiqué servait en fait à ne pas aboutir à des débats sur des cas trop personnels. On souhaitait avoir des discussions de qualité aidant à prendre des décisions. Ce «parlement de la planification», organisme purement consultatif, avait pour fonction essentielle d’organiser un débat de haut niveau sur la planification de la ville afin de conseiller le Sénateur responsable. Par ailleurs, il avait pour mission de communiquer ces débats au grand public via les médias, et de formuler la position de la Ville vis-à-vis des investisseurs. Toutefois, on peut regretter que l’expérience du Stadtforum n’ait pas été extrapolée à l’échelle régionale, puisqu’il ne s'est pas occupé des questions relevant de la planification Berlin-Brandebourg.

+ Zwischennutzung : un concept propre à l'Allemagne

La «Zwischennutzung», c'est-à-dire l’utilisation intermédiaire en français, souligne dans la langue allemande cette idée de l’entre-deux : entre-deux périodes, deux espaces, deux usages. L'idée est de donner un terrain contre un projet. La municipalité prête ainsi des terrains vides, pour une durée déterminée, avant qu’ils ne soient définitivement reconstruits. Le concept de «Zwischennutzung» se révèle ainsi un générateur d’idées pour repenser le centre historique de Berlin, dans le but accueillir une culture qui ne soit pas élitiste, pour rendre la capitale vivante nuit et jour. La Zwischennutzung du Palais de la République est le meilleur exemple de ce phénomène urbain. Désamianté en 2001, cet espace est devenu un lieu en effervescence, les architectes, artistes, citoyens créatifs, ne cessant de s'emparer des friches industrielles et immeubles laissés vides par le départ massif de citoyens de l’ex-RDA, afin d'en faire un usage politico-artistico-culturel. En 2013, le «Forum Humboldt» qui abritera le musée des cultures extra-européennes, la bibliothèque centrale et régionale de Berlin, et la collection historique scientifique de l'Université Humboldt sera érigé à la place de l'ancien palais.

Toutefois on peut s'interroger sur l'implication réelle des Berlinois dans la transformation de leur ville. Bien que le gouvernement prétende les faire participer, il s'agit plus de l'image d'une ville ouverte, moderne, faisant participer ses habitants qu'il souhaite véhiculer et qui masque ainsi les problèmes qu'il peut rencontrer lors du réaménagement de Berlin.

III Quel avenir pour Berlin   ?  

Pour essayer d’envisager l’avenir de Berlin, nous devons tout d’abord comprendre sa place actuelle au sein de l’Allemagne, au sein de l’Europe, au sein du monde. A) Berlin, une ville qui semble peiner à trouver une place capitale autant d’un point de vue national qu’international

1. Une concurrence nationale importante

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Nous pouvons remarquer que Berlin, bien que capitale de l’Allemagne est confrontée à une très forte concurrence nationale, avec de grandes villes telles Francfort, Düsseldorf, Hambourg (grand port européen) ou encore Munich. Ces villes possèdent un fort dynamisme et sont des pôles économiques, en particulier Francfort et Munich. Ceci peut s’expliquer par l’histoire politique de l’Allemagne. Effectivement, longtemps divisée en principauté avant d’être unifiée sous Bismarck, l’Allemagne deviendra ensuite fédérale puis sera de nous nouveau divisée jusqu’en 1990. La situation est donc incomparable avec celle d’un pays centralisé depuis très longtemps comme la France.Berlin a perdu son statut de capitale après la seconde guerre mondiale et fut partagée en plusieurs zones d’occupations, alors dépourvue de pouvoir politique. Bonn deviendra la capitale de RFA. Berlin n’est plus que la capitale de la RDA. Nous pouvons donc mieux comprendre le poids de certaines villes allemandes, éclipsant parfois Berlin.Ensuite, la seconde guerre mondiale eu un effet dévastateur sur Berlin. Celle-ci se retrouva isolée, découpée en plusieurs zones.

Le tableau suivant met en évidence la place secondaire de Berlin. En effet, la capitale allemande apparait dans la catégorie γ, avec seulement 4 points, contrairement à Francfort qui appartient à la catégorie α, avec 10 points.

Tableau n°1 : Le classement des villes selon le GaWC

Villes α Villes β Villes γ12 points   : Londres, New York, Paris, Tokyo

10 points :Chicago, Francfort, Milan, …

9 points : San Francisco, Zurich, …

8 points   : Bruxelles, Madrid, …

7 points :Moscou, Séoul, …

6 points :Amsterdam, Caracas, Boston…

5 points :Pékin, Stockholm, …

4 points   : Barcelone, Berlin, …

Source : Dictionnaire de géographie, Pascal Baud, Serge Bourgeat, Catherine Bras, Hatier, 2008

a) Francfort   : la principale rivale

Une métropole d’envergure internationale

Francfort apparait donc comme une rivale de taille pour Berlin. Il s’agit en effet d’une ville internationale (un francfortois sur trois n’a pas un passeport allemand), possédant un dynamisme important et une forte attractivité grâce à ses places financières.  Il faut noter que Francfort est la 3ème ville d’affaire, et la 4ème place boursière d’Europe (13ème mondiale). C’est aussi dans cette ville que se trouve la banque centrale européenne depuis 1998.

Cette place résulte d’une longue construction historique. Effectivement, au Moyen-âge, de nombreuses foires avaient lieu à Francfort, et de nombreuses banques s’installèrent progressivement. La ville est devenue de plus en plus puissante, prospère durant cette période.

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Ville impériale libre depuis 1220, elle deviendra finalement la ville de résidence des rois des Romains à partir de 1356. Elle fut choisit comme lieu de couronnement pour les empereurs de 1562 à 1792. Elle redevint ensuite ville libre en 1815 et posséda alors sa place au parlement. Puis elle fut annexée par la Prusse en 1866, suite à un conflit où Francfort avait préférée soutenir l’Autriche-Hongrie. A ce moment là, Francfort perdit définitivement son statut de ville-état. Cependant cette situation ne l’empêcha pas de prospérer ; entre la fin du 19eme siècle et le début du 20eme siècle, elle est la première ville allemande en superficie. C’est durant cette période que de nombreuses institutions se sont installées comme la bourse en 1879, l’opéra en 1880, la gare centrale en 1888, l’université en 1914 ou encore le premier aéroport en 1926.Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Francfort occupe une place importante puisqu’elle devient le quartier général des forces américaines avant de devenir le siège administratif de la Trizone. Elle manquera de peu le statut de capital de la RFA au profit de Bonn, préférée par Adenauer. Actuellement Francfort se distingue par son dynamisme. à une place économique importante. Elle est créatrice de nombreux emplois, offrant 590 000 emplois à la population active de la ville ainsi que ses environs.

De plus Francfort est un carrefour important au niveau européen: elle possède le 1er aéroport d’Allemagne, qui est aussi le 3ème aéroport après Paris Charles de Gaulle et celui de Londres Heathrow. Elle possède donc une place privilégiée pour le commerce et les échanges. D’ailleurs Francfort se trouve (contrairement à Berlin) au sein de la « banane bleue », la dorsale européenne, c'est-à-dire une zone où les échanges sont particulièrement intenses.

Schéma n°1 :La mégalopole Européenne

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Source : http://tnatlasgeographie.tableau-noir.net/pages/megalopole_europeenne_carte.html

Comme l’a montré le tableau précédent, Francfort est mieux placée dans la hiérarchie des villes mondes que Berlin. Bien qu’ayant une population peu nombreuse : environ 660 000 habitants. Cette reconnaissance internationale en fait donc une véritable rivale pour la capitale allemande. Elle est d’ailleurs souvent préférée à Berlin par les entreprises pour leurs implantations.

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Tableau n°2 :

Ce tableau effectué par GaWC montre en partie l’insertion d’une ville dans la mondialisation. Le total est fait en comptant le nombre de certaines entreprises de pointe en matière de service. On trouve des entreprises de publicité, de comptabilité, des banques, etc.…

Berlin est en rouge, et les autres villes allemandes sont en gras. Berlin ne totalise que 19 de ses entreprises et Francfort en

Villes Total

Amsterdam 38

Athènes 30

Barcelone 33

Berlin 19

Bruxelles 54

Bucarest 15

Budapest 33

Cologne 11

Copenhague 24

Dresde 8

Dublin 27

Düsseldorf 33

Francfort 57

Hambourg 24

Helsinki 21

Istanbul 30

Lisbonne 26

Londres 97

Luxembourg 20

Madrid 52

Moscou 45

Munich 22

Oslo 15

Paris 71

Prague 37

Rome 24

Stockholm 32

Vienne 28

Varsovie 36

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possède 57. La différence est de taille entre les deux villes. On constate donc que Francfort d’un point de vue économique semble mieux insérée dans la mondialisation.

Ceci met donc en évidence la place essentielle qu’occupe Francfort sur la scène internationale et allemande.

Cependant ce n’est pas la seule ville à pouvoir rivaliser avec Berlin, certes, Munich, Düsseldorf et Hambourg peuvent aussi représenter une concurrence pour la capitale allemande.

b) Munich, Hambourg   : les autres rivales

Munich, le pole économique et industriel

Le score obtenu par Munich dans le précédent tableau peut surprendre. En effet, Munich est la ville allemande possédant le plus fort PIB, elle dispose d’une économie moderne et efficace. Le PIB de la Bavière, c'est-à-dire le Land de Munich, s’élève à 430 milliards d’euros, autrement c’est un montant supérieur à ceux de 20 États membres de l’UE sur 27. Il se chiffre à 34 397 euros par habitant, bien au-dessus des moyennes allemande et européenne en 2009. La richesse de Munich est une évidence, alors comment expliquer le précédent tableau ?Tout simplement parce que les entreprises qui font la richesse de Munich ne sont pas prises en compte dans le classement du GaWC, c'est-à-dire des entreprises de hautes technologies. Il ne faut pas oublier que la Bavière est souvent considérée comme la « silicon valley » européenne, surnommée par Bill Gates « la Mecque européenne de la haute technologie ».

Munich occupe une place importante dans l’économie allemande, sa richesse lui permet de se montrer ambitieuse. Berlin quant à elle est sujette à moins de prospérité.

Tableau n°2:

Relative changes in service connectivity, 2002-2009: German metropolitan city hinterlands. Source: Growe and Taylor (2010).

Metropolitan regions with strong hinterland

growth

Metropolitan regions with moderate

hinterland growth

Metropolitan regions with weak hinterland

growth

Düsseldorf Munich Rhine-Main Stuttgart

Cologne Hamburg Hannover Leipzig Nuremberg Wuppertal

Aachen Berlin Bielefeld Bremen Chemnitz Dresden Karlsruhe Rhine-Neckar Ruhr Saarbrucken

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Ce tableau effectué par le GaWC montre l’importance de Munich dans le dynamisme de sa région. Effectivement ce dernier met en évidence les métropoles dont l’arrière pays possède une forte croissance.

Hambourg   : un port dynamique de la baltique

Schéma n°2 :Le port de Hambourg et la Nothern Range 2007

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartotheque/port-hambourg-northern-range-2007.shtml

Ce schéma montre l’importance du port d’Hambourg. Or le port à une importance considérable dans le développement de la ville.Hambourg est une ville qui a prospéré grâce au commerce, sa position géographique étant particulièrement favorable. Certes, la ville se trouve à la confluence de l’Elbe, du Bille et de l’Aster et se trouve à 120 km de l’embouchure de l’Elbe.Le port de Hambourg est la plaque tournante pour le commerce avec l'Est et l'Europe du Nord. En tant que port de conteneurs, Hambourg prend la deuxième place en Europe et la septième place dans le monde. Il est à 120 km de la mer du Nord, mais peut accueillir les navires porte-conteneurs d’une taille très importante.

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La ville est très attractive grâce à un excellent réseau ferroviaire et à son implantation maritime. Le commerce avec la région de la mer Baltique représente à lui seul 25% du chiffre d'affaires du port.En tant que métropole du commerce et des transports, Hambourg possède plus de 90 consulats, 460 entreprises en provenance d'Asie ayant leur siège européen ou une succursale à Hambourg. Avec la HafenCity, un quartier d'affaires et commercial très moderne en cours de construction directement sur le fleuve de l’Elbe, la ville espère devenir encore plus attractive.Hambourg est un lieu idéal pour l’emplacement d’industrie car la proximité du port réduit les couts de transport. Il n’est donc guère étonnant qu’Hambourg ait vu se développer des industries de pointe. La ville fait en effet partie des leader dans l’industrie médicale et biotechnologique. De plus c’est un centre mondial de construction aéronautique. Cette spécialisation de Hambourg fait d’elle une sérieuse concurrente de Berlin.

On peut donc reconnaitre que l’Allemagne possède un système urbain polycentrique, avec de nombreuses grandes agglomérations en concurrence. Cette concurrence empêche Berlin de pleinement s’affirmer car ces villes se distinguent par leur dynamisme économique.

2. Une place internationale relativement faible   ?

Le tableau n°1 a mis en évidence l’infériorité hiérarchique de Berlin face à certaines villes allemandes comme Munich. Mais il peut aussi mettre en évidence son infériorité hiérarchique face à certaines villes et capitales européennes. Certes, Londres et Paris appartiennent à la catégorie α avec 12 points, alors que Berlin appartient à la catégorie γ avec seulement 4 points. Aussi sa place sur la scène internationale est relativement faible malgré bien des efforts. Effectivement, l’Allemagne contrairement à la Grande Bretagne et la France n’a pas de siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU. Berlin a encore un peu de mal à pleinement s’affirmer sur la scène internationale, mais le poids économique du pays l’aide de plus en plus.

Le salut de Berlin se trouve être l’Europe, car si elle manque de reconnaissance au niveau mondial, elle forme avec Paris un véritable moteur pour l’Union Européenne. Berlin possède comme toute capitale européenne, un fort pouvoir politique en Europe, son pouvoir économique quant à lui et plus faible. Des villes comme Munich, ou Francfort sont économiquement bien plus impliquée dans l’Union Européenne qu’elle. Or, l’union européenne est avant tout économique.

B) Cependant celle-ci ne possède pas de véritables atouts pouvant lui permettre de se distinguer   ?

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1. Berlin, la «   métropole culturelle   »

Berlin est connue pour sa vie culturelle particulièrement intense. La richesse de celle-ci est considérable, et représente un véritable atout pour la ville. Sa dimension culturelle peut lui permettre de se démarquer considérablement en Allemagne, en Europe, mais aussi dans le monde. Nous allons donc mettre en évidence quelques éléments permettant son rayonnement culturel :

a) Berlin   : des infrastructures exceptionnelles   :

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Berlin, dans la carte ci dessus, apparait comme une ville culturelle de premier plan, elle possède en effet un grand musée avec plus de 100 000 visiteurs pas an, une importante bibliothèque (+1 millions de volumes) ainsi qu’une grande salle de concert, de plus, elle fut capitale européenne de la culture. On remarque que finalement un nombre assez limité de villes regroupe ces caractéristiques (seulement 16, dont 4 en Allemagne).

La ville possède en effet un équipement culturel très divers   : - 51 théâtres- 170 musées- 285 cinémas- Environs 350 galeries d’art- 3 opéras…

On compte au total 2300 infrastructures culturelles. Cet équipement très complet permet d’attirer de nombreux artistes dans la capital, et donc d’être toujours stimulée culturellement. L’ile aux musées   :

Il s’agit d’un site exceptionnel. Il est composé de cinq musées, construits entre 1824 et 1930. Ils sont placés sur une petite ile de la Spree, c'est-à-dire une rivière traversant la capitale allemande, ce qui explique la dénomination « l’ile aux musées ». Ce site est composé :

- De la Alte Nationalgalerie

Cette galerie fut construite entre 1866 et 1876 et restaurée dans un style néoclassique à la manière d’un temple grec par Friedrich August Stüler. L’Ancienne galerie nationale (Alte Nationalgalerie) abrite une des plus importantes collections de peinture du XIXème siècle en Allemagne, incluant des tableaux de Caspar David Friedrich, Adolph Menzel, Edouard Manet, Claude Monet sans oublier Auguste Renoir et Auguste Rodin. Parmi les plus importantes pièces, se trouve : “Le moine au bord de la mer (Der Mönch am Meer)” de C. D. Friedrich (1810), « L’ile des morts (Die Toteninsel) » d’Arnold Bröcklin (1883), le “Flotenkonzert Friedrich des Großen in Sanssouci” d’Adolph Menzel (1852) et “Dans le jardin d’hiver (Im Wintergarten)” d’ Edouard Manet (1879).

- Du Altes Museum

L’Ancien Musée (Altes Museum) est précisément le plus ancien musée de Berlin (1830), classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, en face du Lustgarten (le jardin d’agrément) Il fut construit par Karl Friedrich Schinkel – l’architecte le plus influent de Prusse – et abrite les collections d‘objets antiques, présentant une sélection de celles-ci ainsi qu’une sélection de son patrimoine grec et romain. 

- Du Bode-Museum

Le bâtiment baroque du Bode Museum, quatrième musée construit sur l’Ile aux musées de Berlin a été achevé en 1904. Il a été dessiné par l’architecte de cour Ernst von Ihne à l’époque

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de l’empereur Guillaume II. Conçu initialement pour être un musée d’art de la Renaissance, il a reçu en 1956 le nom de son premier directeur, Wilhelm von Bode.Le musée a réuni la collection de sculptures et celle d’art byzantin. Les trésors du musée comprennent la collection de sculptures, avec des œuvres d’art du Moyen âge jusqu’au 18ème siècle.

- Du Neues Museum

Le Nouveau Musée sur l’ile aux Musées de Berlin ouvrit en 1859 afin de seconder l’Ancien Musée. Ce dernier en effet était sur-fréquenté. Ce projet architectural était très ambitieux à l’époque, en raison des technologies de construction industrielles mises en œuvre, telles la machine à vapeur. Bâti en style néo-classique, les trois étages d’exposition furent décorés avec d’importantes peintures classiques, avec comme point central un grand escalier desservant les trois étages. Les bombardements durant la seconde guerre mondiale endommagèrent le musée et celui-ci fut partiellement détruit. Le bâtiment fut laissé à l’abandon durant des décennies et sa rénovation fut décidée en 1985 seulement. Depuis 1997, l’architecte anglais David Chipperfield a été chargé de superviser la rénovation du bâtiment dans le cadre de la restauration complète de l’ile aux Musées, qui s’étendra jusqu’en 2015. La réouverture du Nouveau Musée eut lieu en 2009, exposant les pièces de la collection égyptienne et une partie de celles de la collection de la Protohistoire et des Antiquités.

- Du Pergamonmuseum

Le Musée de Pergame (Pergamon Museum), une des attractions les plus populaires de Berlin, est mondialement connu pour ses trésors archéologiques. Le Musée de Pergame, comprend en réalité trois musées : la Collection des Antiquités (également présentée dans l’Ancien Musée), le Musée des Antiquités du Proche-Orient, le musée d’Art islamique. Le Musée des Antiquités du Proche-Orient, qui figure parmi les plus belles collections du monde pour cette région.

b) Voici l’exemple de quelques manifestations culturelles qui font la renommée de Berlin   :

La Berlinale, le festival international de cinéma   :

Berlin possède une aura assez importante un terme de culture, un festival de cinéma s’y déroule tous les ans. Le premier festival international de cinéma de Berlin eut lieu le 6 juin 1951 au Titania Palast. Ce premier festival fut sous la direction d’Alfred Bauer, qui plus tard donnera son nom à un prix (il s’agit d’un prix récompensant un film ouvrant de nouvelles perspectives pour le cinéma). Ce sont les forces américaines qui eurent l’idée de ce festival peu après la création des ceux de Venise et de Cannes. La Berlinale connut tout de suite un important succès. Les années précédentes les récompenses furent attribuées par les spectateurs. Il faudra attendre 1956 pour que de nouveau ce soit un jury composé de professionnels du cinéma qui décerne les prix. Ce festival est aujourd’hui un rendez vous incontournable pour le monde du cinéma.

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L’ours : l’emblème du festival, c’est d’ailleurs une statuette d’ours qui est remise au film ayant conquis le jury.

L’Art Forum Berlin   :

Depuis 15 ans se déroule aussi une foire internationale d’art contemporain : Art Forum Berlin. Des artistes du monde entier s’y retrouvent et exposent alors leurs œuvres (sculpture, peinture, photographie, vidéo…etc). Cette exposition attire chaque année de nombreux visiteurs, journalistes, directe urs de musée, collectionneurs…

Quelques exemples d’œuvres exposées

La nuit des musées   :

La longue nuit des musées est un événement qui a lieu deux fois par an à Berlin. Une centaine de musées sont ouverts pour l’occasion, et les réseaux de bus sont alors étudiés pour que les spectateurs puissent se rendre le plus facilement possible d’un musée à un autre. Ce concept à séduit ensuite de nombreuses villes.

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La semaine de la musique à Berlin   :

Cette événement n’est peut être pas encore bien connu car la première édition se déroula en septembre 2010. Mais, le succès de l’évènement laisse à penser que ce dernier possède le potentiel nécessaire pour devenir un rendez vous phare pour les berlinois, et tous les amateurs de musique. Du lundi 6 au dimanche 12 septembre 2010, eut lieu la première semaine de la musique à Berlin. L’aéroport désaffecté de Tempelhof, l’ancienne brasserie « Kulturbrauerei » ainsi que des clubs dans plusieurs quartiers berlinois, de Mitte à Neukölln se transformèrent pour l’occasion en véritables salles de concert. Le Popkomm, le congrès all2gethernow, le Festival de Berlin et la Clubnacht étaient regroupés sous un seul label : Berlin Music Week. Le bilan est à la hauteur des espérances : plus de 7500 professionnels se sont rendus à la Popkomm, all2gethernow a attiré deux fois plus de monde que l’année dernière et tous les billets du Festival de Berlin ont été vendus.

Un seul point négatif est à noter, il s’agit de la fermeture des portes vendredi soir en raison d’une trop grande affluence aux sas d’entrée. Mais sinon le succès de cette semaine musicale ne fait aucun doute. Les autorités ont promis de renouveler l’expérience en 2011.

La culture occupe une place importante dans la vie de la ville, en 2001 par exemple elle a rapporté 1,2 milliard d’euros. L’existence d’un publique assidu, et la qualité des infrastructures sont un véritable atout pour la ville qui attire alors de très nombreux artistes.Berlin est d’ailleurs reconnue au niveau international comme une ville d’art, le musée d’art moderne de New York préféra la Neue Nationalgalerie au Centre Georges Pompidou et à la Tate Gallery (Londres) pour exposer, en 2004, 2300 pièces de sa collection.Ce qui caractéristique la culture à Berlin, c’est sa diversité. Effectivement, le public peut trouver des formes classiques ou des formes alternatives. Toutes les formes d’art ont leur place et peuvent librement s’exprimer.

2. Une ville ayant un passé historique

Bien qu’en partie détruite dans les bombardements, la ville conserve quelques bâtiments historiques pouvant intéresser les voyageurs.

L’ile aux musées par exemple avec ses édifices construits à la fin du XIXème siècle et début XXème.

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L’ile aux musées

Le Berliner DomLe Berliner Dom fut construit entre 1894 et 1905, à l’initiative du Kaiser Guillaume II et de

son épouse Augusta, à la gloire de l’église luthérienne et de la Prusse. On peut y voir les tombeaux de la reine Sophie-Charlotte et du roi Frédéric Ier.

La Französischer DomLa Französischer Dom fut construite entre 1701 et 1705 par Jean Cayart et Abraham Quesney

à l’intention des protestants de France, la cathédrale perdit son dôme pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut reconstruit en 1983. La Französischer Dom abrite un musée consacré à

l’histoire des huguenots en France, à Berlin et dans le Brandebourg.

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Le château de Charlottenburg

A la fin du XVIIe siècle, Frédéric III fit construire Schloss Lietzenburg, un palais d’été pour Sophie-Charlotte de Hanovre. Devenu roi de Prusse et rebaptisé Frédéric Ier, il fit agrandir le château qui prit le nom de château de Charlottenburg à la mort de son épouse. Le palais baroque visible aujourd’hui est une reconstruction à l’identique réalisée après 1945

Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche, («La Dent creuse »

La Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche est surnommée par les Berlinois « la Dent creuse ». Cette église fut construite entre 1891 et 1895 en l’honneur de l’empereur Guillaume Ier.

Partiellement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut conservée en l’état et

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complétée par une seconde église, surnommée « le Poudrier », dont la structure est composée de 20 000 blocs de verre bleu.

3. Une ville moderne et avant-gardiste Berlin peut aussi attirer par sa qualité de vie. En effet il s’agit d’une ville moderne et avant-gardiste, qui souhaite s’affirmer comme ville verte. Un tel profil peut donc séduire.Cette partie ne sera pas développée de manière plus vaste, car les partis précédents approfondissent déjà ces thèmes.

C L’élargissement de l’Union Européenne   peut elle permettre à Berlin de trouver une place centrale ?

1. Une situation géographique évoluant

L’élargissement de l’union européenne le 1er mai 2004 fut profitable à la capitale allemande. Berlin complètement à l’est de l’Union, devient ensuite le cœur de celle-ci.

Avant l’élargissement de mai 2004 :

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Source : http://www.europe-politique.eu/europe-des-quinze.htmAprès l’élargissement :

Source : http://www.europe-politique.eu/europe-des-vingt-cinq.htm

Nous pouvons donc remarquer que Berlin auparavant particulièrement excentrée, trouve alors une position centrale au sein de l’Europe. Cette nouvelle position peut lui être considérablement favorable, elle pourrait devenir une véritable plaque tournante au cœur de l’Europe.

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2. L’Allemagne un partenaire privilégié pour les PECO   ; un atout pour Berlin? 

L’Allemagne est un partenaire incontournable pour les PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) cela ne fait aucun doute. Du fait de leur histoire, ou encore leur proximité géographique. Le graphique suivant met ceci en évidence.

Graphique :

Distribution des exportations de l’Europe centrale et orientale vers l’Union Européenne (en %)

On voit bien que l’Allemagne est le premier partenaire économique des PECO au sein de l’Union Européenne, cependant, cette situation est elle vraiment profitable à Berlin ? Ne profite-t-elle pas plutôt à ses rivales comme Francfort, Munich, Hambourg et Düsseldorf ?

Le rayonnement économique de ces dernières est un véritable obstacle pour Berlin. Celle-ci peut elle encore espérer les concurrencer et leur prendre des parts de marché ? La capitale allemande aimerait prendre plus d’envergure mais ses chances de devenir une plaque tournante entre l’Europe de l’est et l’Europe de l’ouest semble actuellement relativement faible.

a) Berlin, un partenaire économique dans l’industrie   ? En effet, l’évolution économique de Berlin depuis 1990 n’est pas vraiment réjouissante. La suppression de nombreux sites de productions dans Berlin-Est provoqua une perte importante d’emplois dans l’industrie. De plus, les subventions spécifiques incitant les entreprises à s’installer à Berlin-Ouest ont été supprimées après la réunification. De nombreuses firmes ont alors délocalisé ou fermé leurs entreprises, ne tirant plus d’avantage de cette situation. Il faut rappeler que durant la guerre froide, de nombreuses mesures avantageaient la population de RFA vivant à Berlin pour faire face à l’exode massif qu’avait engendré la création du mur. Entre 1990 et 1996, on dénombre même une réduction de 60% des emplois dans l’industrie. Actuellement dans une ville pourtant financière comme Francfort, on compte deux fois plus

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d’emplois dans le secteur industriel.

Berlin ne peut donc pas espérer devenir un partenaire de premier plan dans le secteur industriel, mais peut elle le devenir dans le tertiaire ?

b) Berlin, peut elle se distinguer avec le tertiaire   ? Berlin souhaiterait devenir un centre économique stratégique, où pourrait s’installer des centres importants de décision. Or la Banque Centrale Européenne et la Deutsche Bundesbank, se trouve déjà à Francfort. Les autres grandes métropoles sont en avance sur Berlin, dans le secteur tertiaire, (cf tableau n°2) aussi, il serait sans doute plus intéressant pour elle de ne pas chercher à se distinguer particulièrement dans ce domaine. En effet peut être que Berlin devrait se concentrer sur son réel point fort : la culture.

Effectivement la ville est propice à la création artistique, en perpétuelle effervescence, avec une forte mixité culturelle. Ceci représente son véritable atout, et c’est sans doute ceci qu’elle doit faire fructifier pour se distinguer à l’échelle mondiale.

Conclusion

Malgré les traumatismes qu’elle a subit, Berlin a réussit à se reconstruire. Certes la ville est confrontée à certaines difficultés comme la permanence de la ségrégation spatiale, ou encore le manque de réelle unité. Il faut reconnaitre que dans certains esprits, les préjugés entre Ossis et Wessis sont encore présents, ce qui n’aide pas Berlin à véritablement s’unifier. Cependant des mesures sont prises pour résoudre cela, et la ville tente de progresser. Elle commence à saisir ses réels atouts et les exploite. Ces derniers, comme la culture vont lui permettre de s’affirmer autant d’un point de vue national qu’international, où elle est encore parfois méprisée.