Compte rendu de la réunion des C.P.E. du bassin d’Istres Martigues

du jeudi 13 mars 2014.

Lieu : Collège Alphonse Daudet, à Istres.

Responsable de suivi : Stéphane Contoux

Matinée : Poursuite de la réflexion sur la thématique de l’accueil des élèves (en particulier mais pas uniquement) dans nos établissements.

§1 Exploitation du brainstorming effectué lors de la séance précédente.

Il est demandé aux collègues (27 présents au total), parmi l’ensemble des mots proposés par eux autour de la notion d’accueil, d’en retenir trois qu’ils estiment les plus importants, ainsi que de proposer l’élimination d’une proposition qu’ils estiment inadaptée ou hors sujet. Bien sûr, chacun est libre d’argumenter, d’interroger, de proposer un commentaire.

Il ressort de cet exercice que ce que les collègues du bassin mettent en avant dans le cadre de l’accueil tourne principalement autour des idées suivantes :

« Informer » (11), « Bienvenue » (10), « Expliquer » (7), « Présentation » (5), « Préparer » (5 mais rejeté par un d’entre nous), « Rassurer », « Bienveillance » (5 encore), « Echanges », « Visite » (4).

On retiendra aussi « Encadrement » (3), « Attentes », « Harmonisation des pratiques », « Savoir-être » (2), et enfin viennent « Communiquer », « Repères », « Cohésion », « Convivial ».

Sont exclus de la réflexion « P.A.I. » (5), « Menus » (4), « Discours » (3), « Inscriptions », « Course d’orientation », « Travail personnel » (2), puis « Jeux », « F.S.E. », « Délégués ».

Pour conclure, il est rappelé qu’il convient, lorsque l’on étudie une notion, de revenir à l’étymologie du terme (Référence au dictionnaire historique de la langue française,

Robert).

§2 Travail par groupes sur la base d’un Phillips 6 X 6.

Rappel des règles liées à l’utilisation de cet outil de communication auquel nous avons parfois recours dans le cadre de nos formations de délégués élèves (Cf. pièce jointe).

Quatre groupes sont constitués. Chaque rapporteur effectuera les synthèses suivantes (bien sûr, un secrétaire et un « chronométreur » avaient été désignés dans chaque goupe).

a) Le premier groupe établit une distinction sur trois phases : avant la rentrée scolaire, au moment de la rentrée, et pendant l’année scolaire. Plusieurs temps principaux sont évoqués :

Journées portes ouvertes en L.P., mini stages pour les élèves de 3ième, Journées des « Ambassadeurs ».

Liaisons CM2/6ième et 3ième/2nde (cette dernière étant moins à priori moins efficiente et devant être renforcée, développée). Problème des enseignements d’exploration, qui se révèlent difficile à gérer.

Journée d’immersion des CM2.

Importance des journées d’inscription des élèves.

Des avantages de l’ « Ecole Ouverte ».

Plusieurs idées sont émises :

Instituer, après l’accueil de leur classe par les professeurs principaux (présentation des personnels, visite des locaux, E.D.T., règlement intérieur, carnets de liaison), un temps de travail collectif pour faire un bilan et améliorer les modalités de cet accueil. Etablir une « feuille de route » pour les enseignants afin que tout le monde parle d’une même voix.

Tutorat par les pairs, par les enseignants.

Tout au long de l’année, mieux organiser l’accueil des nouveaux élèves (E.N.A.F., post affectations, déménagements…).

Développer la cohérence et le sentiment d’appartenance, afficher clairement les valeurs que l’on veut promouvoir dans nos écoles.

Un ouvrage à consulter : «   Acceuillir les élèves   », Christian Staquet .

b) Le deuxième groupe fait état d’un « accueil de masse en collège » généralement en fin d’année scolaire (CM2 futurs 6ième) et parallèlement d’un accueil qui s’effectue par filière d’orientation courant septembre en Lycée Professionnel. Il s’agit d’identifier les lieux et les personnes.

L’accueil peut servir à dynamiser le recrutement pour certaines options (Latin, Allemand, Italien…).

Importance des partenariats.

L’accueil est effectué de façon plus ou moins dynamique en fonction des capacités à utiliser les outils mis à disposition.

La vie scolaire reste le pôle central dans les établissements en matière d’accueil. Il conviendrait néanmoins d’améliorer la gestion des élèves qui arrivent dans nos établissements en cours d’année.

c) Le troisième groupe fait part d’une appréhension chronologique de l’accueil (présence / posture), et voit par ailleurs dans cette notion d’accueil, d’une part et en premier lieu, un positionnement de tous les instants, d’autre part, le sujet qui peut fédérer autour d’un projet.

Sa qualité est liée à la cohésion dont savent faire preuve les personnels. Il convient de distinguer l’accueil des élèves, celui des familles et celui des personnels.

L’accueil de tous les instants :

Par exemple, par une présence le matin, au portail, dans une certaine posture : politesse, bienveillance, respect.

L’explicitation permanente, l’objectif d’une coéducation, le souci d’une déculpabilisation des parents dont les enfants éprouvent des difficultés.

Une signalétique claire.

Une communication adaptée au public concerné.

L’existence et la qualité des lieux d’accueil (pour les familles ; salles de permanence…).

L’accueil autour d’un projet :

Liaisons CM2 / 6ième et 3ième / 2nde

Politique d’établissement (harmonisation, cohérence des pratiques).

Mise en place d’un protocole d’accueil spécifique pour les personnels ; les P.P., les nouveaux élèves.

Mise en place d’un calendrier de formation des délégués (incluant phase de sensibilisation aux élections, élections proprement dites) en partenariat avec les P.P..

En conclusion, être accueilli ou accueillir, c’est établir de liens. Cela participe de l’image que renvoient les établissements scolaires, constitue un préalable à l’intégration et nécessite cohésion et bienveillance.

d) Le dernier groupe faisant son rapport évoque l’accueil spécifique des entrants, échelonné sur une semaine, les nécessaires concertations entre P.P., C.P.E., équipe de direction.

En collège, les sixièmes tout d’abord, suivis des autres niveaux.

En L.P., C.A.P./Bac Pro/3ième spécifiques sont accueillis séparément. Lorsqu’ils existent, on insiste sur la connaissance des structures et du fonctionnement des internats dans la semaine précédent la rentrée avec un accueil des familles.

La question est soulevée de la prorogation ou non des internats d’excellence.

Il est précisé que chaque P.P. devrait être associé à un autre collègue, sous la forme d’un binôme (enseignant « général »/enseignant « pro »), car la charge de travail est trop lourde.

Quelques idées sont mises en avant :

Entretiens individuels avec P.P. (ou autre professeur) et élève afin d’effectuer une synthèse sur le parcours scolaire, la motivation des élèves, la situation familiale. On relève de plus en plus de situations de décrochage en classe de 2nde.

« Courses d’orientation » : Présentation, identification des différents acteurs, organigramme.

Au terme de cette réflexion, l’idée serait de mettre en forme un protocole pour des accueils « ponctuels » (élèves arrivant en cours d’année), d’établir une banque de donnée concernant les différents sujets abordés et de mutualiser notamment ce qui se fait dans le cadre de la liaison CM2/6ième.

Nombre d’entre nous seraient curieux de connaitre les avis et les priorités des chefs d’établissement dans ce domaine.

Après-midi : 1) Visite du collège Alphonse Daudet.

Tout juste reconstruit sur site, les collègues ont été séduits par le lieu qui pourrait bien constituer un modèle d’architecture scolaire et le lieu de vie idéal pour tous membres de nos communautés scolaires… un lieu d’accueil parfait en somme, qui a transformé ce collège où il ne fallait surtout pas aller sur la commune d’Istres (mauvaise image, implanté dans un quartier défavorisé) en un établissement attractif désormais.

2) Intervention de M. Delgado.

Nous ne ferons bien évidemment pas une retranscription intégrale de la teneur de nos échanges, mais nous pourrons retenir néanmoins quelques points essentiels qui ont pu être abordés.

Dans le contexte de la Loi de refondation de l’école, particulièrement riche, j’avais souhaité que Monsieur l’Inspecteur puisse mettre l’accent sur certains thèmes susceptibles d’intéresser plus particulièrement les conseillers principaux d’éducation que nous sommes, dans le cadre de cette Loi ainsi que dans celui de la réflexion que nous menions sur la thématique de l’accueil. Aussi, avais-je suggérer certaines pistes : Comment faut-il interpréter, sur le plan de nos pratiques professionnelles, le point 10.5 de cette loi qui stipule que la « démarche d’accompagnement collectif et individuel remplace la logique de sanction » ? Ou encore, et plus globalement, qu’en est-il de la nouvelle réforme annoncée des procédures disciplinaires ? Quelle est la philosophie des nouveaux cycles mis en œuvre sur l’école et le collège et les attentes institutionnelles concernant les conseils écoles/collège ?...

Monsieur Delgado nous avait annoncé une réflexion commune sur les différents sujets abordés dans un esprit de partage ; ce fut le cas, nos échanges se sont révélés agréables, nourris et instructifs.

M. Delgado effectue pour commencer une présentation assez complète de son parcours professionnel et met en exergue plus particulièrement son implication au sein du comité national de lutte contre la violence à l’école à partir de 2001 (retour sur le système « ABVI », puis sur la volonté de mettre en place un outil de recensement plus efficient avec SIGNA avec l’effet pervers qu’on lui a connu pour les établissements qui avaient beaucoup signalé et s’en étaient trouvés stigmatisés comme étant particulièrement violents ; enfin, mise en place des premiers outils dits de diagnostic partagé).

Il est fait référence à l’analyse de Jean-Pierre Obin sur la question de savoir comment mobiliser un établissement contre la violence : selon ce dernier, il s’agirait de « faire vivre toutes les instances de l’établissement ».

M. Delgado affirme son attachement aux notions de projet, de compétence, de travail d’équipe et rappelle l’importance des notions d’insertion, de lutte contre la violence, de climat scolaire.

Il est rappelé que la L.O.L.F. (vers 2004, 2005) a mis en place la logique du contrat d’objectifs, et une présentation du budget dévolu à l’Education Nationale par projets. Dès lors, toutes les actions présentées par l’Académie sont soumises et discutées avec le Ministère. Le Recteur, par suite, est doté d’une enveloppe dont la répartition sera discutée avec chaque département, chaque DASEN.

S’engage alors un dialogue de gestion, de « contractualisation » entre le DASEN et les chefs d’établissement. Ces dialogues de contractualisation doivent désormais être tripartites en associant Régions et Conseils Généraux. On avance alors les éléments du diagnostic partagé (APAE). Nous disposons de la possibilité d’accéder aux valeurs attendues (valeurs témoins) afin de voir quelle est la plus value des établissements de même typologie les uns par rapport aux autres.

Rappel des priorités académiques :

Lutte contre l’absentéisme ;

Décrochage scolaire ;

Entrée dans l’ère du numérique ;

Transdisciplinarité.

Rappel aussi de l’unicité du projet d’établissement : un « projet vie scolaire » n’a pas d’existence intrinsèque ; en fonction du diagnostic établi, il découle du projet d’établissement et n’en constitue qu’un volet.

Le rôle du C.P.E. en tant de conseiller du chef d’établissement, mais aussi des équipes pédagogiques, reste fondamental.

Bien sûr, les indicateurs bruts dont nous disposons parfois ne sont pas suffisants à eux seuls, ils méritent d’être analysés, décryptés (ainsi en est-il par exemple du nombre de demi-journées d’absence ou encore des motifs d’absence) ; c’est ici que se joue le rôle d’expertise du C.P.E. au service d’un pilotage de l’établissement. De sa position, le C.P.E. saura repérer rapidement une situation d’absentéisme et (ou) un cumule d’exclusions de cours, comme autant d’indices d’un décrochage scolaire.

Il est souhaitable qu’il soit défini des indicateurs de vie scolaire qui permettraient sans doute, dans le même temps, de mettre à l’honneur le travail effectué par les C.P.E..

Est fait allusion à l’expérimentation « QUALEDUC » en Lycée Professionnel : les collègues qui souhaiteraient connaitre les liens permettant d’accéder à cet outil peuvent s’adresser à raymond.octor@ac-aix-marseille.fr

On revient sur l’importance de la mise en place du plan de prévention violence des établissements qui doivent être tout d’abord élaborés au sein des C.E.S.C pour être ensuite présentés en Conseil d’Administration. A l’heure actuelle, il s’agit d’intégrer dans ce plan la lutte contre le harcèlement et les discriminations (20% des élèves qui ont décroché du système scolaire ont été victimes de harcèlement).

La notion de climat scolaire a été mise en avant notamment par Eric Debarbieux, collaborateur proche du ministre, et qui avait crée un observatoire européen des violences vers 2010. Il y a la volonté d’une Ecole à la fois juste, exigeante, bienveillante. Une école bienveillante, c’est celle qui accorde le droit à l’erreur, car c’est bien en commettant des erreurs que l’on peut progresser.

Notre attention est attirée concernant le nombre exorbitant de conseils de discipline dans l’Académie : 1800 au titre de l’année précédente, dont 1200 exclusions définitives !

Il y a eu peut-être une corrélation à établir entre cette inflation de conseils de discipline et une réforme des procédures disciplinaires compliquée à mettre en œuvre concernant les modalités d’application du principe du contradictoire avec les délais qui étaient imposés.

Le constat est fait que « lorsqu’il y a le feu » dans un établissement, et afin de préserver la paix sociale, on peut être tenté de sanctionner, sans délai, immédiatement. Toutefois, la sanction prononcée dans ces circonstances peut se révéler par suite inadaptée (disproportionnée, trop sévère, ou, au contraire, insuffisante au vu de la gravité des faits reprochés). Il est donc préconisé de « donner du temps au temps » ; on doit pouvoir être en mesure de convenir, qu’en effet, quelque chose s’est produit, que ce n’est pas acceptable, qu’il y aura sans aucun doute une suite, mais que nous ne sommes pas dans l’obligation d’apporter une réponse tout de suite. Il y a moyen d’éviter ainsi une escalade éventuelle.

Peut-être serait-il souhaitable que le chef d’établissement puisse disposer de la possibilité de mettre en place une mesure conservatoire de 3 jours, ce qui correspond au délai imposé pour respecter le principe du contradictoire.

L’école doit être considérée avant tout comme « inclusive », il lui revient d’accepter tous les élèves et d’éviter d’exclure au moindre dérapage. Sans doute faudra-t-il recourir davantage aux mesures de responsabilisations ainsi qu’aux mesures de sursis.

Toutefois, certains freins sont relevés par certains collègues.

Il est observé que certains enseignants demeurent dans une sorte de dichotomie pédagogie/éducatif, et, à ce titre, ont parfois tendance à vouloir se maintenir délibérément en dehors du champ éducatif.

Dès lors, peut-on avoir la prétention de développer un maillage avec les partenaires extérieurs pour des mesures de responsabilisation lorsque, à l’interne, dans nos établissements, nous ne sommes pas toujours en mesure de faire preuve d’implication dans la prise en charge de certains élèves, de cohésion, d’une certaine cohérence (il est donné l’exemple de la gestion parfois difficile des élèves « exclus inclus ») ?

Pour donner du sens aux sanctions, il faudrait que chacun soit associé et obtenir l’adhésion du plus grand nombre.

Est-il pertinent d’exclure un élève de cours quand il n’a pas fait son travail ? Dans ce cas, ne peut-on pas le mettre en demeure, d’une façon ou d’une autre, d’effectuer le travail non fait de façon immédiate, quitte à le bloquer dans la classe ?

Les établissements devraient élaborer, dans une démarche d’anticipation, leur protocole de gestion de crise. Pour mémoire, les E.M.A.S. sont en charge de reprendre les diagnostics de sécurité dans les E.P.L.E..

M. Delgado est interpellé sur la contradiction qui pourrait apparaitre avec une Institution qui aurait à cœur d’être bienveillante vis-à-vis des élèves mais manquerait de l’être au travers de certaines décisions, et à notamment l’égard de certains personnels. En effet, qu’en est-il de la question des critères d’implantation des postes de C.P.E. et des projets de redéploiement ? Il y a une grande crainte concernant une éventuelle multiplication des demi-postes qui ne seraient pas en faveur d’un suivi efficace des élèves et plus généralement d’un bon accomplissement des missions qui nous sont dévolues (néanmoins, aucune décision ne semble avoir été prise à ce sujet pour le moment).

M. Delgado rappelle que les efforts vont dans le sens d’un renforcement des moyens dans le primaire et qu’une attention toute particulière a été portée à la formation des enseignants.

La question de la réforme des cycles sur le primaire et le collège, du conseil école/collège est évoquée. On peut s’étonner qu’il n’y ait pas eu dans le même temps la mise en place d’un cycle 3ième/2nde qui aurait pu permettre une amélioration de la liaison. Aujourd’hui, quels enseignants du lycée ont véritablement connaissance des réalités que recouvre le socle commun de compétences ? Que n’utilise-t-on pas davantage cet outil qui permettrait d’emblée un enseignement personnalisé ?

A CONSULTER :

Le site de l’Académie de Dijon, riche pour les C.P.E.

Le guide du climat scolaire sur le site du ministère (eduscol.education.fr) : 7 axes dégagés et susceptibles d’interagir entre eux, enquête sur le climat scolaire, outils pour agir sur le climat scolaire…

« Accueillir les élèves », Christian Staquet.