4
Page 1 sur 4 Atelier de Réduction du Stress Robert Béliveau m.d. [email protected] Être Responsable Un homme qui se noie ne peut pas sauver les autres. Si nous voulons être prêts à sauver les autres, nous devons essayer de nous sauver nous-mêmes. 1 Le fondement de la responsabilité, pour tout dire, n'est pas seulement l'audace et l'honnêteté d'assumer ses propres gaffes sans chercher des excuses à droite et à gauche. La personne responsable est consciente de la réalité de sa liberté. Et de la souveraineté de ses décisions. La responsabilité, c'est de savoir que chacun de mes actes me construit, me définit, m'invente. En choisissant ce que je veux faire, je me transforme peu à peu. Chacune de mes décisions laisse une trace en moi, avant de la laisser dans le monde qui m'entoure. Et, bien sûr, après avoir employé ma liberté à me façonner un visage, je ne peux plus me plaindre ni m'effrayer de ce que je vois dans le miroir quand je m'y regarde... 2 Ne regardez pas les erreurs des autres ou ce que les autres ont fait ou n'ont pas fait; observez plutôt ce que vous, vous avez fait ou n'avez pas fait. 3 Dans un sens, nous devrions avoir le sentiment de porter un fardeau: celui d'aider le monde. Nous ne pouvons nous dérober à cette responsabilité face aux autres. Mais si nous faisons de cette charge une joie, nous pouvons réellement libérer le monde. A condition de commencer par nous-mêmes. Si nous sommes ouverts et honnêtes envers nous-mêmes, nous pouvons aussi apprendre à être ouverts avec les autres. Ainsi donc, en nous appuyant sur ce que nous découvrons de bon en nous, nous pouvons travailler avec le reste du monde. 4 1 Gandhi : Tous les hommes sont frères, Folio Essais 2 Fernando Savater : Éthique à l'usage de mon fils, Seuil, 1994 3 Bouddha : Dhammapada 4 Chögyam Trungpa : Shambhala, la voie sacrée du guerrier.

03-Être-Responsable

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 03-Être-Responsable

Page 1 sur 4 Atelier de Réduction du Stress Robert Béliveau m.d. [email protected]

Être Responsable

Un homme qui se noie ne peut pas sauver les autres. Si nous voulons être prêts à sauver les autres, nous devons essayer de nous sauver nous-mêmes.1

Le fondement de la responsabilité, pour tout dire, n'est pas seulement l'audace et l'honnêteté d'assumer ses propres gaffes sans chercher des excuses à droite et à gauche. La personne responsable est consciente de la réalité de sa liberté. Et de la souveraineté de ses décisions. La responsabilité, c'est de savoir que chacun de mes actes me construit, me définit, m'invente. En choisissant ce que je veux faire, je me transforme peu à peu. Chacune de mes décisions laisse une trace en moi, avant de la laisser dans le monde qui m'entoure. Et, bien sûr, après avoir employé ma liberté à me façonner un visage, je ne peux plus me plaindre ni m'effrayer de ce que je vois dans le miroir quand je m'y regarde...2

Ne regardez pas les erreurs des autres ou ce que les autres ont fait ou n'ont pas fait; observez plutôt ce que vous, vous avez fait ou n'avez pas fait.3

Dans un sens, nous devrions avoir le sentiment de porter un fardeau: celui d'aider le monde. Nous ne pouvons nous dérober à cette responsabilité face aux autres. Mais si nous faisons de cette charge une joie, nous pouvons réellement libérer le monde. A condition de commencer par nous-mêmes. Si nous sommes ouverts et honnêtes envers nous-mêmes, nous pouvons aussi apprendre à être ouverts avec les autres. Ainsi donc, en nous appuyant sur ce que nous découvrons de bon en nous, nous pouvons travailler avec le reste du monde. 4

1 Gandhi : Tous les hommes sont frères, Folio Essais 2 Fernando Savater : Éthique à l'usage de mon fils, Seuil, 1994 3 Bouddha : Dhammapada 4 Chögyam Trungpa : Shambhala, la voie sacrée du guerrier.

Page 2: 03-Être-Responsable

Page 2 sur 4 Atelier de Réduction du Stress Robert Béliveau m.d. [email protected]

Mais si on ne permet pas à l'individu de participer à des décisions qui l'affectent, on crée le sentiment d'impuissance qui nous fait dire que nous sommes victimes de la tyrannie.5

Lorsqu'il se rend compte à quel point il est irremplaçable, un homme devient profondément conscient du fait qu'il est responsable de sa vie. Un homme qui réalise l'ampleur de la responsabilité qu'il a envers un être humain qui l'attend, ou vis-à-vis d'un travail qui lui reste à accomplir, ne gâchera pas sa vie.6

Est-on innocent parce qu'on ne sait pas ? Un imbécile assis sur le trône est-il déchargé de toute responsabilité du seul fait que c'est un imbécile ?7

Le sentiment d'être autonome dépend toujours et partout de la conviction qu'on peut prendre des décisions importantes et agir là où cela nous semble essentiel.8

Nous qui vivons dans un luxe inouï, avec nos pitoyables petits problèmes psychologiques, nous avons l'énorme responsabilité de faire mûrir notre clarté et notre coeur, notre chaleur humaine et notre capacité à nous ouvrir et à lâcher prise, parce que c'est tellement contagieux.9

La méditation n'est pas séparée du reste de notre vie. Toutes les situations sont des occasions de pratiquer, de développer sa compassion et sa sagesse. Achaan Chah enseigne que l'effort juste consiste à être conscient dans chacune de nos circonstances, sans esquiver le monde et d'apprendre à agir sans attache et sans saisie.

5 Bruno Bettelheim : Le cœur conscient. 6 Victor E. Frankl : Découvrir un sens à sa vie (avec la logothérapie) 7 Milan Kundera : L’insoutenable légèreté de l’être. 8 Bruno Bettelheim : Le cœur conscient. 9 Pema Chödron : Entrer en amitié avec soi-même.

Page 3: 03-Être-Responsable

Page 3 sur 4 Atelier de Réduction du Stress Robert Béliveau m.d. [email protected]

De plus, il insiste que le fondement de la vie spirituelle est la vertu. Quoique la vertu soit ignorée dans notre société moderne, elle doit être comprise et honorée comme une partie fondamentale de la méditation. La vertu signifie s'efforcer de ne pas nuire à qui que ce soit par la pensée, la parole ou l'action. Ce respect et cette considération bienveillante nous placent en relation harmonieuse avec le monde qui nous entoure. Ce n'est que lorsque nos paroles et nos actes sont empreints de douceur et de non violence que nous pouvons calmer l'esprit et ouvrir le coeur. L'engagement envers la pratique de la non-violence est la manière d'utiliser chaque situation et en faire notre pratique. Achaan Chah recommande en outre la modération et la responsabilité comme façons d'établir notre vie sur la voie du milieu. Une vie d'excès ne procure pas un terrain propice au développement de la sagesse. Manger peu, dormir peu et parler peu, voilà les bases qui nous permettent d'établir l'équilibre de notre vie intérieure. Cela nous aide aussi à bâtir la confiance en soi. N'essayez pas d'imiter les autres dans leur pratique ou de vous comparer à eux. Achaan Chah nous avise: laissez-les tranquille. C'est déjà assez difficile de surveiller son propre mental; pourquoi ajouter à cela le fardeau de juger les autres. Apprenez à utiliser votre respiration et votre vie ordinaire comme le lieu de votre méditation et vous allez certainement croître en sagesse.10

Moi aussi, il m'arrive de rencontrer des situations terriblement délicates, extrêmement préoccupantes, et en outre j'ai de lourdes responsabilités. Le pire, selon moi, c'est lorsque les gens ont trop confiance ou croient trop en moi. En pareil cas, cela laisse place à l'anxiété, évidemment. Mais, là encore, nous en revenons à l'importance de la motivation. J'essaie alors de me rappeler à quel point c'est ma propre motivation qui est sollicitée, j'agis avec sincérité et je fais de mon mieux. Mû de la sorte par une motivation sincère, celle de la compassion, même si je commettais une erreur ou si j'échouais, cela ne me causerait aucun regret.11

10 Achaan Chah by Jack Kornfield and Paul Breiter : A still forest pool (traduction libre par Robert Béliveau) 11 Dalaï-Lama et Howard Cutler : L'art du bonheur, Robert Laffont 1998

Page 4: 03-Être-Responsable

Page 4 sur 4 Atelier de Réduction du Stress Robert Béliveau m.d. [email protected]

Faire confiance aux règles, c'est s'épargner le souci de réfléchir à chaque situation problématique et de se sentir responsable de sa résolution. En outre, comme toutes les règles sont fondées sur des généralisations, elles ignorent ce qui est personnel et nous amènent à négliger ce qui est unique chez notre enfant et dans notre relation avec lui.12

S'en remettre aux décisions d'un protecteur, c'est s'enlever toutes les chances de devenir responsable et «intelligent» : l'être humain ne saurait subir un contrôle incessant sans risquer de devenir inapte à exercer ses droits et à se maintenir en santé.13

Je n'ai jamais considéré les masses comme relevant de ma responsabilité. Je regarde l'individu. Je ne peux aimer qu'une personne à la fois. Je ne peux nourrir qu'une personne à la fois. Juste une. Donc j'ai commencé avec une, puis une autre... Si je ne l'avais pas fait, peut-être n'en aurais-je pas secouru quarante-deux mille. Tout ce travail n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si je ne verse pas cette goutte, il manquera une goutte dans l'océan. C'est la même chose pour vous, la même chose pour votre famille, la même chose dans votre communauté. Il faut simplement démarrer - un, puis un, puis un.14

12 Bruno Bettelheim : Pour être des parents acceptables. 13 Suzanne Lamarre: Aider sans Nuire, Éditions Lescop 14 Jack Kornfield, L'art du pardon, de la bonté et de la paix, Paris, La Table Ronde, 2003