0302098 A0671 Avramov g g Lexicologie Du Franchais Moderne

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LEXICOLOGIE DU FRANAIS MODERNE

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: 10 , 12 . 5 . 4-8 . , . , , , . ( ), . - - , ( ) . Unit I. Introduction ltude thorique du lexique franais.

Notions de base. Le mot. .................................................5

Unit II. Sources denrichissement du vocabulaire franais.

Evolution smantique des units lexicales................. 24Unit III. Formation des mots. .........................................................44Unit IV. Emprunts...........................................................................71Unit V. Phrasologie franaise ....... 87Unit VI Stratification fonctionnelle du vocabulaire en

franais moderne ...........................................................101Unit VIl. Stratification sociale et temporelle du vocabulaire en

franais moderne ..........................114Unit VIII. Structuration smantique et formelle du

vocabulaire du franais moderne. Synonymes..............131Unit IX. Structuration smantique et formelle du vocabulaire

du franais moderne (fin). Antonymes. Paronymes.

Homonymes..................................................................145Unit X. La lexicographie franaise..............................................159Corrigs des tests ..................................................................................171UNIT I.

SUJET: INTRODUCTION LTUDE THORIQUE

DU LEXIQUE FRANAIS. NOTIONS DE BASE. LE MOT.

I. MATIRE DE PROGRAMME:1. Objet dtude de la lexicologie. La lexicologie synchronique et diachronique.

2. Le vocabulaire en tant que systme. Le lien de la lexicologie avec les autres branches de la linguistique.

3. Mot comme unit smantico-structurelle fondamentale de la langue. Le mot et la notion.

4. Les fonctions des mots. La signification en tant que structure.

5. Le sens tymologique des vocables. Les vocables motivs et immotivs.

6. Caractristiques phontiques et grammaticales des mots en franais moderne. Lidentit du mot.

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II. RSUM

1. Objet dtude de la lexicologie. Le mot lexicologie remonte deux radicaux grecs: lexicon signifiant 'vocabulaire' et logos au sens d' 'tude'. Ainsi la lexicologie est une branche de la linguistique qui tudie le vocabulaire d'une langue, ses particularits, les voies de son enrichissement.

Le vocabulaire constitue une partie intgrante de la langue. Aucune langue ne peut exister sans mots. C'est d'aprs la richesse du vocabulaire qu'on juge de la richesse de la langue en entier. De l dcoule l'importance des tudes lexicologiques.

La lexicologie a pour objet d'tude le vocabulaire ou le lexique d'une langue, autrement dit, lensemble des mots et de leurs quivalents considrs dans leur dveloppement et leurs liens rciproques.

La lexicologie peut tre historique et descriptive, elle peut tre oriente vers une ou plusieurs langues. La lexicologie diachronique (ou historique) envisage le dveloppement du vocabulaire d'une langue ds origines jusqu' nos jours, autant dire qu'elle en fait une tude diachronique. Elle profite largement des donnes de la linguistique compare dont une des tches est la confrontation des vocables de deux ou plusieurs langues afin d'en tablir la parent et la gnalogie. La lexicologie historique ou diachronique s'occupe de l'volution du vocabulaire. Au contraire, la lexicologie synchronique (ou descriptive) a pour tche d'tudier le vocabulaire dans une priode dtermine de la langue. Ainsi le but de ce cours est d'tudier le lexique du franais d'aujourd'hui. Ces deux types de lexicologies se rattachent troitement l'un l'autre. Tout en tudiant le lexique du franais d'aujourd'hui, la lexicologie descriptive profite souvent des donnes de la lexicologie historique qui permettent de mieux comprendre l'tat actuel de la langue.

Ce cours de lexicologie sera une tude du vocabulaire du franais moderne, considr comme un phnomne dynamique.

Cependant la nature des faits lexicologiques tels qu'ils nous sont parvenus ne saurait tre explique uniquement partir de l'tat prsent du vocabulaire. Afin de pntrer plus profondment les phnomnes du vocabulaire franais d'aujourd'hui, afin d'en rvler les tendances actuelles il est ncessaire de tenir compte des donnes de la lexicologie historique.

Les phnomnes du franais moderne tels que la polysmie, l'homonymie, la synonymie et autres ne peuvent tre expliqus que par le dveloppement historique du vocabulaire.

2a). Le vocabulaire en tant que systme. Le vocabulaire n'est pas une agglomration d'lments disparates, c'est un ensemble d'units lexicales formant systme o tout se tient. C'est que les vocables de toute langue, tout en prsentant des units indpendantes, ne sont pas pour autant isols les uns des autres.

Le vocabulaire d'une langue constitue son systme lexical dont les diffrentes parties sont intimement lies les unes aux autres. A l'intrieur du systme lexical les mots forment toutes sortes de sries, de groupements, ils se mettent en diffrents contacts les uns avec les autres; rapports antonymes, synonymes, homonymes, parent gntique (doublets tymologiques).

Il s'ensuit que dans l'tude du vocabulaire une importance particulire revient aux rapports rciproques qui s'tablissent entre les units lexicales.

Le systme du lexique, comme tout autre systme, suppose l'existence d'oppositions. Ces oppositions s'appuient sur des rapports associatifs ou virtuels existant au niveau de la langue-systme.

Elles appartiennent au plan paradigmatique. Chaque unit lexicale entretient, en effet, divers rapports associatifs avec les autres units. Prenons l'exemple de F. De Saussure qui est celui du mot enseignement. partir du radical enseignement est en rapport paradigmatique avec enseigner, enseignons, enseignant, etc. : envisag sous l'angle smantique il s'associe instruction, apprentissage, ducation, etc. L'ensemble des units entretenant entre elles un type de rapport paradigmatique constitue un paradigme.

Le lexique qui fait partie du systme de la langue reprsente donc son tour un systme de systmes.

Les rapports systmiques se manifestent non seulement au sein de la langue, mais galement dans la parole. Au niveau de la parole les vocables ralisent leur facult de s'agencer les uns avec les autres selon certaines rgles.

Cette prdisposition inhrente aux vocables est due avant tout l'organisation syntaxique de l'nonc qui implique l'existence de diffrents termes de la proposition. Ces derniers peuvent se raliser seulement sous forme de parties du discours dtermines. Ainsi la fonction de sujet sera rendue par un substantif, un pronom personnel, un verbe l'infinitif, mais jamais par un verbe la forme personnelle. Par contre, un verbe la forme personnelle sera toujours un prdicat.

Donc, il faut reconnatre l'existence de rapports privilgis entre certaines units lexicales dans le discours.

Les rapports linaires qui existent entre deux ou plusieurs units sont appels rapports syntagmatiques. Plus que n'importe quel autre systme le systme du vocabulaire subit l'effet des facteurs extralinguistiques, avant tout d'ordre social et culturel. Cette influence est directe. Il s'ensuit que le vocabulaire, tant d'une grande mobilit, reprsente un systme ouvert, autrement dit, il s'enrichit constamment de nouvelles units lexicales.

Une autre particularit du lexique en tant que systme consiste dans le manque de rgularit, de rigueur dans les oppositions lexico-smantiques, ce qui entrane des limites plutt floues entre les sous-systmes. Il en est ainsi jusqu' la signification lexicale qui ne peut tre dfinie dans toute son tendue.

De cette faon, le caractre systmique du vocabulaire repose sur les rapports paradigmatiques et syntagmatiques qui stablissent entre les units lexicales.

2b). Le lien de la lexicologie avec les autres branches de la linguistique. La lexicologie est troitement lie aux autres branches de la linguistique: la grammaire, la phontique, la stylistique. Les points de contact entre les diffrents aspects de la linguistique sont nombreux et varis.

Le lexique et la grammaire sont intimement lis l'un l'autre. Le sens du mot (sa signification lexicale) dpend souvent de ses liens grammaticaux avec les autres mots. Ainsi les verbes intransitifs devenus transitifs reoivent un complment d'objet direct et changent de sens. Comparez: rentrer la maison / rentrer la rcolte; sortir de la maison/ sortir une photo de la poche; travailler lusine/ travailler sa thse. Plusieurs verbes franais changent de sens suivant la rection: on manque un train, mais on manque de patience.

Le lien entre la lexicologie et la morphologie est particulirement manifeste dans le domaine de la formation des mots.

Les principes de la classification lexico-grammaticale en parties du discours des mots sont galement importants pour les tudes morphologiques et lexicologiques.

Les contacts entre la lexicologie et la syntaxe sont aussi nombreuxUn des points de convergence est form par les locutions phrasologiques dont le fonctionnement syntaxique rejoint celui des mots.

On aperoit, d'une part, la lexicalisation des formes grammaticales, c'est--dire leur transformation en units lexicales (locutions ou mots composs). Ainsi on observe un passage continuel des groupements syntaxiques libres en units lexicales: un pauvre diable - ; un blanc-bec - ; un sauve-qui-peut - .

Le processus contraire est la grammaticalisation des units lexicales. Ainsi les substantifs goutte, pas, gure, point, devenus la deuxime partie de la ngation, ont reu une valeur purement grammaticale.

La lexicologie est en contact perptuel avec la phontique historique. La pense de l'homme trouve sa ralisation dans la matire sonore qui constitue le tissu de toute langue. Chaque mot a son propre aspect phonique sans lequel il n'existerait pas. Pourtant si l'on veut expliquer l'aspect phonique actuel du mot, son origine, on doit souvent s'adresser aux donnes de la phontique historique, savoir les lois phontiques qui ont chang la face du mot. La richesse du vocabulaire en homonymes s'explique en premier lieu par l'volution phontique de la langue. Ainsi les substantifs mer (marem), mre (matrem), maire (major) n'avaient autrefois rien de commun dans leur prononciation. Ils ont acquis leur aspect phonique actuel la suite de l'action des lois phontiques.

La lexicologie a de nombreux points de contact avec la stylistique. Chaque mot possde en dehors de ses valeurs grammaticale et lexicale une valeur stylistique. Il existe des faits linguistiques qui peuvent tre tudis la fois par la lexicologie et par la stylistique: les synonymes, les nologismes et les archasmes, les dialectismes, les argotismes.

3a). Mot comme unit smantico-structurelle fondamentale de la langue. Le mot est reconnu par la grande majorit des linguistes comme tant une des units fondamentales, voire l'unit de base de la langue. Cette opinion qui n'a pas t mise en doute pendant des sicles a t toutefois rvise par certains linguistes du XXe sicle.: (structuralistes amricains, Ch. Bally, A. Martinet et autres). . Parmi les premiers il faut nommer des reprsentants de l'cole structuraliste, et en premier lieu les linguistes amricains Z.S. Harris, E.A.Nida, H.A. Gleason, selon lesquels non pas le mot, mais le morphme serait l'unit de base de la langue. Conformment cette conception la langue se laisserait ramener aux morphmes et leurs combinaisons.

Dans la linguistique franaise on pourrait mentionner Ch. Bally qui bien avant les structuralistes amricains avait dj exprim des doutes sur la possibilit d'identifier le mot. En revanche, il propose la notion de smantme (ou sme) qui serait un signe exprimant une ide purement lexicale , et la notion de molcule syntaxique ou tout complexe form d'un smantme et d'un ou plusieurs signes grammaticaux, actualisateurs ou ligaments, ncessaires et suffisants pour qu'il puisse fonctionner dans une phrase. La notion de smantme est illustre par des exemples tels que loup, louveteau, rougetre. etc., celle de molcule syntaxique pari ce loup, un gros loup, marchons ! Ainsi Ch. Bally spare l'aspect lexico-smantique d'un mot non-actualis dans la langue-systme de la forme de ce mot actualise dans la parole.

Plus tard A. Martinet a aussi rejet la notion de mot en lui substituant celle de monme qui lui a paru plus justifie que celle de mot. Selon lui, les monmes sont les units minimales de sens (autonomes ou non-autonomes). Ainsi dans nous travaillons on aura, selon A. Martinet, trois monmes : nous travaill-ons.

Parmi les monmes il distingue les lexmes-monmes de typeouvert (dans l'exemple cit : travaill-) et les morphmes-monmes de type ferm (nous et -ons).

Ces conceptions qui attribuent au morphme une position centrale dans le systme de la langue est incompatible avec la thse reconnue par la plupart des linguistes selon laquelle la langue est un instrument de la connaissance de la ralit objective.

Le morphme est pareillement au mot une unit significative de la langue, mais, l'oppos du mot, il ne peut nommer, dsigner en direct les objets et les phnomnes de la ralit. Cette facult qui est propre au mot par excellence met en contact notre conscience et le monde extrieur, elle permet de l'analyser, de le pntrer et parvenir le connatre. Cette proprit en fait une unit fondamentale et indispensable de toute langue.

Outre ce trait distinctif fondamental du mot il y a lieu de signaler quelques-unes de ses autres particularits qui en font une unit de base de la langue.

Le mot est une unit polyfonctionnelle. Il peut remplir toutes les fonctions propres aux autres units significatives : fonctions nominative, significative, communicative, pragmatique. L'envergure du fonctionnement du mot est si grande qu'il peut se transformer en morphme, d'un ct (ex. : march - dans nous marchons) et constituer une proposition, de l'autre (ex. : Marchons ! Silence!). Ce fait permet de conclure que les frontires entre le mot et les autres units significatives restent ouvertes.

L'asymtrie qui est propre aux units de la langue en gnral est particulirement caractristique du mot. Cette asymtrie du mot se manifeste visiblement dans la complexit de sa structure smantique. Le mme mot a le don de rendre des significations diffrentes. Les significations mmes contiennent des lments appartenant des niveaux diffrents d'abstraction. Ainsi le mot exprime des significations catgorielles : l'objet, l'action, la qualit. Ces significations sont la base de la distinction des parties du discours. un niveau plus bas le mot exprime des significations telles que la nombrabitit/la non-nombrabilit, un objet inanim/un tre anim. A un niveau encore plus bas le mot traduit diverses significations lexicales diffrentielles.

Notons encore que le mot constitue une ralit psychologique c'estavant tout les mots qui permettent de mmoriser nos connaissances et de les communiquer.

Ainsi le mot est une unit bien relle caractrise par des traits qui lui appartiennent en propre. C'est l'unit structuro-smantique et rfrentielle par excellence. Malgr les diversits qui apparaissent d'une langue l'autre le mot existe dans toutes les langues ses deux niveaux : langue systme et parole. Les mots (aussi bien que les quivalents de mots) constituent le matriau ncessaire de toute langue.

3b) Le mot et la notion constituent une unit dialectique. La thse centrale qui le prouve est que tout mot gnralise. La gnralisation des faits reprsente le plus haut degr de notre connaissance.

D'aprs la thorie de la connaissance, il faut distinguer deux degrs de la connaissance. Le dbut du processus de la connaissance est la formation des perceptions et des reprsentations la base des sensations.

Le second degr de la connaissance, son degr rationnel, est la formation des notions et des jugements qui suppose la gnralisation des faits isols. Par la gnralisation thorique, abstraite des perceptions et des reprsentations, on forme des notions, des concepts. La notion, le concept fait ressortir les proprits essentielles des objets, des phnomnes de la ralit sans en fixer les proprits accidentelles. L'homme entre en contact avec la ralit par ses sensations, perceptions et reprsentations. Si on regarde une table, on la peroit. En s'en souvenant plus tard, on se la reprsente. En pensant la table comme une espce de mobilier pouvant meubler une pice dans un appartement, on en fait une notion. Ainsi tout mot prsente l'unit dialectique du gnral et du particulier. Pris l'tat isol, le mot universit rappelle l'esprit la notion gnrale d'tablissement suprieur d'un certain type. Dans la proposition Nous faisons nos tudes l'universit, cette notion-l prend un sens concret, se rattachant la reprsentation d'une universit concrte, une ville possdant une seule universit. Les noms concrets veillent habituellement dans la pense l'image des objets qu'ils dsignent: table, lit, plafond, fleur, chien. L'homme vrifie toujours l'objectivit de ses connaissances par la pratique, qui est la base du processus de la connaissance.

L'unit dialectique du mot et de la notion ne signifie aucunement leur identit. La notion peut tre rendue non seulement par un seul mot, mais aussi par un groupe de mots: esprit de suite ; prendre froid ; tout coup . Le mme mot peut traduire des notions diffrentes.

La mme notion peut tre traduite par des mots diffrents. Lessynonymes expriment les diverses nuances d'une seule notion ou des notions trs rapproches. Comparez les synonymes: courage, bravoure, audace, hardiesse, hrosme, vaillance. Chacun de ces substantifs est marqu de traits distinctifs qui le rendent en mme temps propre exprimer l'ide gnrale de courage qu'ils reprsentent tous. La notion se ralise toujours dans un mot ou dans un groupe de mots.

4a). Les fonctions des mots. En tant qu'lment de la communication le mot possde plusieurs fonctions. La grande majorit des vocables est susceptible d'exprimer des notions (ou concepts) ; il serait juste de dire que ces vocables remplissent la fonction c o g n i t i v e (rationnelle, intellectuelle, dnotative ou logique). Cette fonction est en rapport direct avec une autre facult propre aux mots, celle de nommer de dsigner les objets de la ralit ou leurs proprits ; cette autre facult des mots en constitue la fonction r f r e n t i e l l e (nominative ou dsignative). Certains mots ont une valeur affective, ils servent traduire les sentiments de l'homme, son attitude motionnelle envers la ralit ; ce sont des mots fonction m o t i v e (expressive ou affective).

Les fonctions cognitive, motive, et rfrentielle des mots sont reconnues par la majorit des linguistes. Parmi ces fonctions la fonction rfrentielle caractrise le mot par excellence.

Les mots et leurs quivalents se distinguent quant aux fonctions qu'ils exercent dans la langue.

Tout mot est porteur de diffrentes fonctions. La majeure partie des mots est appele rendre des notions. C'est leur fonction notionnelle ou logique. Un certain nombre de mots ne le peuvent pas, tels que pronoms personnels, noms propres, mots-outils.

Tout en traduisant des notions les mots autonomes dsignent les objets ou leurs proprits, les faits, ce qui constitue leur fonction nominative. Les noms propres de personnes et d'animaux n'expriment pas de notions et ont seulement la valeur nominative. En prononant les mots Jeanne, Paul, Mimi, Piff on ne fait que nommer certains tres ou animaux. Les noms gographiques traduisent des notions uniques: Paris, la France, La Mditerrane, la Loire, les Alpes.

N'ayant pas de fonction nominative, les mots-outils ne traduisentgure de notions. Ils sont appels exprimer les rapports grammaticaux entre les mots autonomes, c'est--dire les rapports entre les faits et non pas les faits eux-mmes.

Les mots peuvent avoir une valeur neutre ou une valeur affective (expressive). La plupart des mots ont une valeur neutre: aller, faire, homme, femme, etc. Les mots valeur affective traduisent les sentiments humains, l'attitude de l'homme envers la ralit. Ce sont, par exemple, des noms communs ou des verbes fonction ngative comme coquin, nigaud, mouchard, flic, capitulard, paniquard; filer, duper, vivoter, crivailler, politicailler. Les interjections ne remplissent que la fonction expressive, positive ou ngative: hlas, tiens, hourra, allons, bravo. 4b). La signification lexicale comme structure. La structure de la signification lexicale est un phnomne linguistique complexe qui dpend de facteurs extralinguistiques et intralinguistiques. Le rle central dans cette structure appartient la notion : elle en constitue l'lment obligatoire pour la presque totalit des vocables, alors que la prsence des autres indices smantiques (nuances motionnelles, caractristiques stylistiques, particularits d'emploi) est facultative.

L'tude de la structure de la signification lexicale peut tre pousse encore plus avant jusqu'au niveau des composants smantiques minimums appels smes . Chaque signification peut tre reprsente comme une combinaison de smes formant un smantme (ou smme ). Par exemple, le smantme de chaise comprend les smes sige (pour s'asseoir) (S1 ), avec dossier (S2,), sur pieds (S3), pour une seule personne (S4) ; le smantme de fauteuil en plus des smes de chaise possde le sme avec bras (S5).

l'intrieur d'un mme smantme on dgage selon le degr d'abstraction les smes gnriques et les smes spcifiques. Les smes gnriques sont communs plusieurs vocables smantiquement apparents, ils sont intgrants. Les smes spcifiques distinguent smantiquement ces vocables les uns des autres, ils sont diffrentiels. Pour chaise et fauteuil le sme gnrique est sige (S,), les autres smes sont spcifiques (S.,. S3- S4 pour chaise. S,. S3, S4, S5 pour fauteuil). Le sme diffrentiel qui distingue fauteuil de chaise est avec bras . Ainsi les smes diffrentiels crent les oppositions smantiques entre les vocables.

On distingue encore les smes occasionnels ou potentiels qui peuvent se manifester sporadiquement dans le discours. Pour fauteuil on pourrait occasionnellement dceler le sme potentiel de confort . Il apparat nettement dans la locution familire arriver dans un fauteuil - arriver premier sans peine dans une comptition . Dans le smantme de carrosse on peroit facilement le sme potentiel richesse qui devient un sme spcifique dans la locution rouler carrosse. galement dans la locution dans l'huile le sme potentiel aisance, facilit se hausse au niveau d'un sme spcifique. Il s'ensuit que les smes potentiels sont d'importance pour l'volution smantique des vocables. Ainsi l'analyse smique permet de pntrer la structure profonde de la signification des vocables et de mettre en vidence leurs traits smantiques diffrentiels.

5. Le sens tymologique des vocables. Les vocables motivs et immotivs. Il est vident qu'il n'y a pas de lien organique entre le mot, son enveloppe sonore, sa structure phonique et l'objet qu'il dsigne. Pourtant le mot, son enveloppe sonore, est historiquement dtermin dans chaque cas concret. Au moment de son apparition le mot ou son quivalent tend tre une caractristique de la chose qu'il dsigne. On a appel vinaigre l'acide fait avec du vin. tire-bouchon - une espce de vis pour tirer le bouchon d'une bouteille. Un sous-marin est une sorte de navire qui navigue sous l'eau et serre-tte - une coiffe ou un ruban qui retient les cheveux.

L'enveloppe sonore d'un mot n'est pas due au hasard, mme dans les cas o elle parat l'tre. La table fut dnomme en latin tabula - planche parce qu'autrefois une planche tenait lieu de table. Le mot latin calculus - caillou servait dsigner le calcul car, anciennement, on comptait l'aide de petits cailloux.

La dnomination d'un objet est base sur la mise en vidence d'une particularit quelconque d'un signe distinctif de cet objet.

Le sens premier, ou originaire, du mot est appel sens tymologique. Ainsi, le sens tymologique du mot table est planche ; du mot linge ( lat. lineus, adj. de lin ; du mot candeur ( lat. candor blancheur clatante ; du mot rue ( lat. ruga ride . Le sens primitif de travail ( lat. pop. tripalium est instrument de torture ; de penser ( lat. pensare peser ; de traire ( lat. trahere - tirer .

Il est ais de s'apercevoir d'aprs ces exemples que le sens tymologique des mots peut ne plus tre senti l'poque actuelle.

En liaison avec le sens tymologique des mots se trouve la question des mots motivs et immotivs sans qu'il y ait de paralllisme absolu entre ces deux phnomnes.

Nous assistons souvent la confusion du sens tymologique d'unmot et de sa motivation. Toutefois le sens tymologique appartient l'histoire du mot, alors que la motivation en reflte l'aspect une poque donne.

Tous les mots d'une langue ont forcment un sens tymologique,explicite ou implicite, alors que beaucoup d'entre eux ne sont point motivs. Tels sont chaise, table, sieste, fortune, manger, etc. Par contre nous aurons des mots motivs dans journaliste, couturire, alunir, porte-cl, laissez-passer dont le sens rel mane du sens des lments composants combins d'aprs un modle dtermin. La motivation de ces mots dcoule de leur structure formelle et elle est conforme leur sens tymologique. Il en est autrement pour vilenie dont la motivation actuelle est en contradiction avec le sens tymologique puisque ce mot s'associe non plus vilain, comme l'origine, mais vil et veut dire action basse . On dit d'un mot motiv qu'il possde une forme interne . Pour les mots structure morphologique (formative) complexe on distingu la motivation directe et indirecte. On assiste la motivation directe lorsque l'lment (ou les lments) de base du mot motiv possde une existence indpendante. Dans le cas contraire il y aura motivation indirecte. Ainsi journaliste form partir de journal ou lche-vitrine tir de lcher et vitrine seront motivs directement. Par contre, oculiste et aquatique le seront indirectement du fait que ocul- et aqua- n'existent pas sous forme de mots indpendants.

Un mot peut donc tre motiv non seulement par le lien smantiqueexistant entre ses parties constituantes, mais aussi par l'association qui s'tablit entre ses diverses acceptions. Le mot chenille pris au sens driv dans chenille d'un tout-terrain est motiv grce au lien mtaphorique qui l'unit son sens propre. Nous dirons que ce mot sera smantiquement motiv dans son sens driv. Nous sommes alors en prsence d'une motivation smantique.

Donc, la motivation est un phnomne intralinguistique qui repose sur les associations formelles et smantiques que le mot voque. Toutefois la motivation phontique ou naturelle est extralinguistique.

Tout vocable motiv ne le sera que relativement du fait qu' partir de ses lments constituants et des liens associatifs entre ses diverses acceptions on ne peut jamais prvoir avec exactitude ses sens rels.

En principe tout mot est motiv l'origine. Avec le temps la formeinterne des vocables peut ne plus se faire sentir, ce qui conduit leur dmotivation. Cet effacement du sens tymologique s'effectue lentement, au cours de longs sicles. C'est pourquoi chaque tape de son dveloppement la langue possde de ces cas intermdiaires, tmoignages du dveloppement graduel de la langue. En effet, les mots sont parfois motivs uniquement par un des lments de leur structure formelle. C'est ainsi que la signification actuelle des mots malheur et bonheur ne peut tre que partiellement explique par leur premier lment mal- et bon-, heur ( lat. pop. augurium prsage, chance ayant pratiquement disparu de l'usage. On doit considrer ces mots comme tant partiellement motivs. Donc, les vocables peuvent se distinguer par le degr de leur motivation.

Dans chaque langue on trouve des vocables motivs et immotivs.

Des cas assez nombreux se prsentent lorsque les vocables exprimant la mme notion, mais appartenant des langues diffrentes, ont la mme forme interne. On dit en franais le nez d'un navire, une chane de montagnes, la chenille d'un char de mme qu'en russe , , . En franais et en russe on dit pareillement roitelet et . Les mots perce-neige et ont une forme interne proche. Cette similitude de la forme interne de certains mots dans les langues diffrentes tient des associations constantes qui apparaissent galement chez des peuples diffrents.

Pourtant la forme interne des mots et des locutions revt le plus souvent un caractre national. Pour dsigner la prunelle les Franais lont compare une petite prune, tandis qu'en russe drive de l'ancien voir . La pommade est ainsi nomme parce que ce cosmtique se prparait autrefois avec de la pulpe de pomme ; le substantif russe correspondant se rattache au verbe - enduire de qch . La fleur qui est connue en Risse sous le nom de est appele en franais illet. On dit en russe et en franais la queue d'une pole. Le caractre national de l'image choisie pour dnommer les mmes objets et phnomnes apparat nettement dans les locutions phrasologiques. En russe on dira et en franais savoir sur le bout du doigt ; l'expression russe correspond en franais tre maigre comme un clou ; l'expression se traduira en franais comme mettre sa main au feu.

La forme interne marque de son empreinte le sens actuel du vocableet en dtermine en quelque sorte les limites. L'exemple suivant en servira d'illustration. Comparons les mots train et . Le systme des significations du mot franais est plus compliqu que celui du mot russe correspondant. Signalons les essentielles acceptions de train : allure d'une bte de somme (le train d'un cheval, d'un mulet) ; allure en gnral (mener grand train) : suite de btes que l'on fait voyager ensemble (un train de bufs) ; suite de wagons trans par la mme locomotion (le train entrait en gare).

Le lien de toutes ces acceptions avec le sens du verbe traner, dont le substantif train drive, est vident.

Le substantif russe qui se rattache au verbe aller,voyager ne traduit que le sens de train de chemin de fer .

6a). Caractristiques phontiques des mots en franais moderne. Nous nous bornerons ici noter certains traits caractrisant les mots franais quant leur composition phonique et leur accentuation dans la chane parle.

Les mots franais sont caractriss par leur brivet. Certains se rduisent un seul phonme. Il s'agit surtout de mots non autonomes (ai, eu, on, est, l',d etc.), les mots autonomes un phonme tant exclusivement rares (an, eau).

Par contre, les monosyllabes sont trs nombreux dans ces deux catgories de mots (le, les, des, qui, que, mais, main, nez, bras, monte, parle, etc.). Ces monosyllabes sont parmi les mots les plus frquents.

L'analyse d'un certain nombre de textes suivis a permis de constaterque dans le discours les mots contenant une syllabe forment environ 61% et les mots deux syllabes forment prs de 25% de l'ensemble des mots rencontrs. Cet tat de choses est le rsultat d'un long dveloppement historique qui remonte l'poque lointaine de la formation de la langue franaise du latin populaire (ou vulgaire). Pour la plupart les monosyllabes sont le rsultat des nombreuses transformations phontiques subies par les mots latins correspondants forms de deux ou trois syllabes (cf.: homme < lat. homo, main ( lat. manus, me ( lat. anima).

Le franais possde naturellement des mots plusieurs syllabes : toutefois il y a visiblement tendance abrger les mots trop longs auxquels la langue semble rpugner (mtropolitain ( mtro, stylographe ( stylo, piano-forte ( piano, automobile ( auto, mtorologie ( mto ; cf. aussi avion qui s'est substitu aroplane, pilote aviateur).

Comme consquence de ce phnomne la longueur des mots au niveau de la langue est de 2,5 syllabes, alors que dans la parole - de 1,35 syllabes. Ce dcalage s'explique par la frquence d'emploi des mots-outils lors du processus de communication.

La tendance raccourcir les mots, qui s'est manifeste toutes les poques, a pour consquence un autre phnomne caractristique du vocabulaire franais - l'homonymie. Un grand nombre de mots a concid quant la prononciation la suite de modifications phontiques rgulires.

C'est surtout parmi les monosyllabes que lon compte un grand nombre d'homonymes ; tels sont : ver ( lat. vermis, vers (subst.) ( lat. versus ( sillon, ligne, vers , vers (prp.) ( lat. versus de vertere ~ tourner , vert ( lat. vendis. De l de nombreuses sries d'homonymes : par, part, pars ; cher, chair, chaire ; air, re, aire, hre, erre (il), etc.

Quant la syllabation des mots franais elle est reconnue commetant remarquablement uniforme et simple. Ce sont les syllabes ouvertes qui forment prs de 70% dans la chane parle. Surtout frquentes sont les syllabes ouvertes du type : consonne - voyelle (par exemple : [de-vi-za-ge] - dvisager, [re-pe-te] - rpter), moins nombreuses sont les syllabes des types : consonne-consonne-voyelle et voyelle (par exemple : [bl-se] - blesser, [tru-ble] - troubler, [e-ku-te] - couter, [a-ri-ve] - arriver). Parmi les syllabes fermes on rencontre surtout le type : consonne voyelle - consonne (par exemple : [jur-nal] -journal, [par-tir] -partir). Les autres types sont rares. Cette particularit de la structure syllabique des mots franais contribue son tour l'homonymie.

En franais les mots phontiquement se laissent difficilement isoler dans le discours : privs de l'accent tonique propre, ils se rallient les uns aux autres en formant une chane ininterrompue grce aux liaisons et aux enchanements. On dgage, en revanche, des groupes de mots reprsentant une unit de sens et qui sont appels groupes dynamiques ou rythmiques avec un accent final sur la dernire voyelle du groupe.

Cette particularit de l'accentuation fait que le mot franais perd deson autonomie dans la chane parle. La dlimitation phontique des mots mis dans la parole en est enraye. Ceci explique les modifications de l'aspect phontique survenues certains mots au cours des sicles. Les uns se sont souds avec les mots qui les prcdaient dont l'article dfini : c'est ainsi que ierre est devenu lierre, endemain - lendemain, uette - luette, oriot - loriot ; l'aboulique - la boutique, d'autres au contraire, ont subi une amputation : lacunette - petit canal s'est transform en la cunette car on a pens l'article prcdant un substantif ; de mme m'amie a t peru comme ma mie.

6b). Caractristiques grammaticales du mot en franais moderne. Les units essentielles de la langue troitement lies l'une l'autre sont le mot et la proposition.. C'est en se groupant en propositions d'aprs les rgles grammaticales que les mots manifestent leur facult d'exprimer non seulement des notions, des concepts, mais des ides, des jugements. Donc, la facult de former des propositions afin d'exprimer des jugements constitue une des principales caractristiques grammaticales des mots.

Une autre particularit du mot consiste dans son appartenance une des parties du discours. Ainsi on distingue les substantifs, les adjectifs, les verbes, les adverbes, les pronoms, etc. Les parties du discours sont tudies par la grammaire : elles constituent la base de la morphologie. Il serait pourtant faux de traiter les parties du discours de catgories purement grammaticales. En effet, les parties du discours se distinguent les unes des autres par leur sens lexical : les substantifs dsignent avant tout des objets ou des phnomnes, les verbes expriment des processus, des actions ou des tats : les adjectifs - des qualits, etc. C'est pourquoi il serait plus juste de qualifier les parties du discours de catgories lexico-grammaticales.

La composition morphmique des mots est aussi tudie par la grammaire, pourtant elle a un intrt considrable pour la lexicologie. La facult du mot de se dcomposer en morphmes prsente une des caractristiques grammaticales du mot qui, en particulier, le distingue du morphme. Ce dernier, tant lui-mme la plus petite unit significative de la langue, ne peut tre dcompos sans perte de sens. Ce sont principalement les mots autonomes qui se laissent dcomposer en morphmes.

Quant aux mots-outils, dont beaucoup se rapprochent certains gards des morphmes, ils constituent gnralement un tout indivisible.

Parmi les mots autonomes, il y en a de simples qui sont forms d'une, seule racine. Tels sont homme, monde, terre, ciel, arbre, table, porte, ''chambre, etc. Ces mots pourraient tre aussi appels mots-racines . Plus souvent les mots contiennent une ou plusieurs racines auxquelles se joignent des affixes (les prfixes placs avant et les suffixes placs aprs la racine) et les terminaisons (ou) les dsinences qui expriment des significations grammaticales. On distingue encore le thme (ou le radical), c'est--dire la partie du mot recelant le sens lexical et prcdant la terminaison valeur grammaticale. Ainsi dans l'exemple : Nous dmentons formellement ces accusations, le mot dmentons comprend la racine -ment-, le prfixe d-, le thme dment-, la terminaison -ons. La racine recle le sens lexical fondamental du mot. Le thme qui comporte tout le sens lexical du mot s'oppose la dsinence qui est porteur d'un sens grammatical.

Les racines, les affixes, les dsinences sont des morphmes. Il s'ensuit des exemples cits que les morphmes peuvent tre porteurs de valeurs de caractre diffrent : les racines ont une valeur d'ordre lexical : dsinences - des valeurs grammaticales ; les affixes gnralement valeurs lexico-grammaticales.

De cette faon afin de dfinir les limites grammaticales du mot il faut procder une confrontation du mot avec les units voisines : le morphme et groupe de mots.

Nous avons dj spcifi la diffrence entre le mot et le morphme le mot possde une autonomie dont le morphme est dpourvu. Toutefois le degr d'indpendance n'est pas le mme pour tous les mots. Ainsi l'autonomie des mots-outils est nettement limite. On peut dire que les mots-outils rappellent en quelque sorte les morphmes.

Il n'est parfois pas moins difficile d'tablir les limites entre un mot et un groupe de mots. Pour la plupart, les mots se laissent aisment distinguer des groupes de mots ; tel est le cas des mots simples ou mots-racines et des mots drivs forms par l'adjonction d'affixes. La distinction des mots composes, qui par leur structure se rapprochent le plus des groupes de mot prsente de srieuses difficults. Celles-ci sont surtout grandes dans la langue franaise o les mots composs sont souvent forms d'anciens groupes de mots.

En appliquant la langue franaise le critre avanc par A.I. Smirnitsky, on devra reconnatre que les formations du type fer repasser, chemin de fer, pomme de terre sont, contrairement l'opinion de beaucoup de linguistes franais, des groupes de mots, alors que bonhomme, basse-cour, gratte-ciel sont des mots.

Donc, il faut faire la distinction entre un mot et un morphme, d'unct, un mot et un groupe de mots, de l'autre. Nanmoins il reste fort faire pour fixer les limites du mot ; c'est un problme ardu qui exige unexamen spcial pour chaque langue.

6c). Identit du mot. Envisag sous ses aspects phontique, grammatical et smantique le mot prsente un phnomne complexe. Pourtant dans l'nonc, dans chaque cas concret de son emploi, le mot apparat non pas dans toute la complexit de sa structure, mais dans une de ses multiples formes, autrement dit, dans une de ses variantes.

On distingue les variantes suivantes d'un mot :

les variantes de prononciation : [bu] et [byt] pour but; les variantes grammaticales valeur flexionnelle qui peuvent tre support morphologique : dors, dormons, dormez et support phontique: sec sche, paysan paysanne; les variantes pseudo-formatives (lexico-grammaticales) : - maigrichon et maigriot, les variantes lexico-smantiques :

valeur notionnelle palette - plaque sur laquelle les peintres talent leurs couleurs et coloris d'un peintre :

b) valeur notionnelle-affective : massif pais, pesant, au figur esprit massif grossier, lourd

les variantes stylistico-fonctionnelles :

a) support phontique : oui - littraire et ouais - populaire,apritif- littraire et apro - familier ;

support notionnel-affectif : marmite - rcipient - littraire et gros obus - familier ;

les variantes orthographiques : gament et gaiement.

Il est, en effet, trs difficile de tracer les limites du mot et de l'envisager sous tous les aspects : phontique, grammatical et lexical. Dans la linguistique russe il n'y a gure non plus de dfinition du mot gnralement admise. Parmi les plus russies on signale celle de R. A. Boudagov, laquelle reflte les plus importantes proprits du mot : Le mot reprsente la plus petite et indpendante unit matrielle (sons et formes ) et idale (sens) de caractre dialectique et historique.

III. QUESTIONS DAUTOCONTRLE:

1. a) Quel est lobjet dtude de la lexicologie?

b) De quoi dcoule limportance des tudes lexicologiques?

c) Quelle diffrence y a-t-il entre la lexicologie historique et descriptive?

d) Dans quels rapports se trouvent ces deux types de lexicologie?

e) Quel est le rle de lhistoire de la langue dans lexplication des

phnomnes linguistiques du franais moderne, tels que la

polysmie, lhomonymie, la synonymie?

f) En quoi se manifeste le caractre non arbitraire du vocabulaire dune langue?

2. a) En quoi se manifeste le caractre systmique du vocabulaire

dune langue? Citez-en les preuves.

b) Sur quoi sappuient les oppositions smantiques des vocablesau

niveau de la langue-systme?

c) Quest-ce que cest quun paradigme?

d) Comment peut-on expliquer la thse que la langue reprsente un

systme de systmes?

e) Comment se manifestent les rapports systmiques au niveau de la parole?

f) En quoi consiste le phnomne de la coordination smantique?

g) Quels sont les particularits du systme lexical le distinguant des autres systmes de la langue: phontique et grammatical?

h) Comment se manifeste le lien de la lexicologie avec la grammaire (morphologie et syntaxe)?

i) En quoi consiste le lien de la lexicologie avec la phontique et stylistique?

3. a) Par quoi les structuralistes amricains ont-ils remplac la notion du mot comme unit smantico-structurale de base de la langue? Quels en sont les arguments?

b) Quest-ce que cest que la smantme de Ch. Bally? Quelles en

sont les particularits?

c) Quest-ce qu cest que la monme de A. Martinet? Quelles en

sont les particularits?

d) Quels sont les traits caractristiques du mot qui ne permettent pas de le rejeter comme unit de base de la langue?

e) En quoi consiste lasymtrie du mot en tant quunit de la

langue?

f) Comment se manifeste un lien indissoluble de la pense de

lhomme et de la langue?

g) En quoi consistent les rapports dialectiques entre le mot et la

notion?

h) Quelles sont les particularits du premier degr de la connaissance?

i) En quoi consiste le deuxime degr de la connaissance?

j) Quelle diffrence y a-t-il entre la perception, la reprsentation et la notion (ou concept)?

k) Dans quels rapports se trouvent les deux degrs de la connaissance?

4. a) Quelle est la fonction capitale de la langue?

b) Le mot quelles fonctions possde-t-il en tant qulment de la communication?

c) En quoi consiste la fonction cognitive (ou dnotative) du mot?

d) Quelles sont les particularits de la fonction rfrentielle (ou dsignative) du mot?

e) Laquelle des ces trois fonctions caractrise le mot par excellence?

f) Quelles fonctions sont propres la plupart des mots autonomes?

g) A quelles classes de mots nest propre quune seule de ces trois

fonctions?

h) A quoi appartient le rle central dans la structure de la signification lexicale?

i) Quels en sont les lments facultatifs, complmentaires?

j) Quels sont les composants smantiques minimums de la structure de la signification lexicale. Citez-en les exemples.

5. a) Quest-ce qui prouve quil n y a pas de lien organique entre le

mot, son enveloppe sonore et lobjet quil dsigne?

b) En quoi consiste la dtermination historique du mot, de son

enveloppe sonore dans chaque cas concret?

c) Quest-ce que cest que le sens tymologique du mot? Citez-en

les exemples.

d) Dans quels rapports se trouvent les notions du sens

tymologique et de la motivation du mot?

e) De quoi dcoule la motivation des mots drivs? f) Quelle diffrence y a-t-il entre la motivation directe et indirecte

du mot? Citez-en les exemples?

f) Par quoi peut tre dtermine la motivation dun mot?

g) Quest-ce que cest que la motivation partielle? Citez-en les exemples.

h) Quest-ce que cest que la forme interne du mot?

i) Quel caractre (national ou international) de la forme interne du mot prdomine dans une langue concrte? Citez-en les exemples.

6. a) En quoi se manifeste la brivet du mot franais? Quelles en sont

les consquences?

b) Quelles sont les particularits de la syllabation des mots franais?

c) Quel type de syllabe prdomine dans la structure du mot franais

et quelles en sont les causes?

d) En quoi consiste le rle exclusif de la consonne initiale dans la

diffrenciation des mots?

e) Quelles sont les particularits de laccentuation franaise et

quelles en sont les causes et consquences?

f) En quoi consiste le lien troit du mot et de la proposition comme

unit de la langue? Quelle en est la consquence?

g) Comment sont lis lappartenance du mot une des parties du

discours et son sens lexical? h) Comment la composition morphmique du mot intresse-t-elle la

lexicologie?

j) Quels types de morphmes composant un mot distingue-t-on et

quelles sont les particularits de chacun deux?

j) Quels variantes de mot distingue-t-on et quelles en sont les

particularits?

IV. OUVRAGES A CONSULTER:

1. ..,

( . ). 5- ., . . .:

, 2006. . 7-52.V. - 1. Unissez les lettres aux chiffres correspondants

TermeDfinition /auteur/exemple

I. A. La lexicologie diachro- nique (ou historique):

B. La lexicologie synchro- nique (ou descriptive):1. a pour tche d'tudier le vocabulaire dans une priode dtermine de la langue.2. envisage le dveloppement du vocabulaire d'une langue ds origines jusqu' nos jours.

II. C. Les rapports paradigma-tiques sont

D. Les rapports synta-gmatiques sont 3. divers rapports associatifs avec les autres units au niveau de la langue-systme.

4. les rapports linaires qui existent entre deux ou plusieurs units au niveau de la parole.

III.E. Le vocabulaire est un systme

F. La grammaire est un systme 5. ferm et rigide.

6. ouvert et irrgulier.

IV.G. smantme

H. monme

I. morphme 7. structuralistes amricains

8. Ch. Bally

9. A. Martinet

V.J. La fonction cognitive (rationnelle) est

propre par excellence K. La fonction rfrentielle(nominative) est propre par excellence L. La fonction motive (affective) est propre par excellence 10. aux interjections11. aux noms propres

12. la terminologie spciale

VI.M. Le sens tymologique d'un mot N. La motivation d'un mot 13. reflte son aspect smantique une poque donne.

14. appartient l'histoire du mot.

VIIIO. Les mots mono- et bi syllabiques forment environ ____ de l'ensemble des mots rencontrs.15. 35% 16. 53%17. 85%

IX.P. les syllabes ouvertes forment prs de ___ dans la chane parle.18. 70%

19. 38%

20. 56%

X.Q. variantes grammaticales du mot:

R. variantes lexico-grammaticales: S. variantes lexico-smantiques: T. variantes stylistico-fonctionnelles:U. variantes orthographiques : 21. gament - gaiement

22. maigrichon - maigriot23. franc franche24. oui - ouais, apritif - apro 25. main 1. partie du corps humain et 2. criture . 26. donne, donnons, donnez

ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTU

UNIT II.SUJET: SOURCES DENRICHISSEMENT DU VOCABULAIRE FRANAIS. VOLUTION SMANTIQUE DES UNITS LEXICALES

I. MATIRE DE PROGRAMME:

1. Moyens denrichissement du vocabulaire franais:

a) sources denrichissement du vocabulaire;

b) rle de lvolution smantique dans lenrichissement du vocabulaire

dune langue.

2. Polysmie et monosmie des mots.

3. Types de sens du mot.

4. Mcanismes de lvolution smantique des vocables (procs smantiques fondamentaux):

a) restriction et extension du sens;

b) mtonymie;

c) mtaphore. 5. Mcanismes de lvolution smantique des vocables (accompagns de modifications affectives):

a) amlioration et pjoration du sens;b) affaiblissement et intensification du sens des mots.

6. Causes de l'volution smantique des vocables.

___________________________________________

II. RSUM

1a). Sources denrichissement du vocabulaire. La langue se rapporte aux phnomnes sociaux et ne se conoit pas en dehors de la socit. Toutefois, la langue possde ses traits particuliers et ce sont prcisment ces derniers qui importent pour la linguistique.

II ne faut pourtant point conclure que le rapport rel existant entre la langue, en tant que systme, et l'histoire d'un peuple soit toujours direct et immdiat. L'histoire du peuple cre les conditions ncessaires des modifications qui se produisent dans la langue, elle sert de stimulant au dveloppement de sa structure. Quant aux changements linguistiques eux-mmes, ils se ralisent d'aprs les lois propres la langue qui dpendent de sa structure concrte.

Il est pourtant un domaine de la langue dont le lien avec l'histoire du peuple est particulirement troit et manifeste. C'est le vocabulaire qui reprsente un systme ouvert l'oppos des phnomnes d'ordre phontique et grammatical. Les grands bouleversements produits au sein d'une socit se rpercutent immdiatement sur le vocabulaire en y apportant souvent des changements importants. Tel fut le cas de la Rvolution franaise du XVIIIe sicle qui, d'une part, fit tomber dans l'oubli des mots ayant trait l'ancien rgime (bailli, snchal, snchausse, taille, dme etc.), et qui, d'autre part, donna naissance une foule de mots et de sens nouveaux (dmocratiser, nationaliser, anarchiste, propagandiste, centralisation, nationalisation, etc.).

Mais ce n'est pas seulement aux poques de grands vnements que le vocabulaire ragit aux changements sociaux. la suite de l'largissement des contacts entre les pays on fait des emprunts aux autres langues. C'est ainsi qu'ont pris racine en franais les mots soldat, balcon, banqueroute emprunts l'italien, hbler, cigare, pris l'espagnol, rail, meeting, tennis venus de l'anglais, etc., dont beaucoup ne se distinguent plus des vocables de souche franaise.

La langue tire constamment parti de ses propres ressources. Les transformations lentes ou rapides l'intrieur de la socit ont pour rsultat la cration de vocables nouveaux l'aide de moyens fournis par la langue mme. Ainsi sont apparues et entres dans l'usage les formations nouvelles normalisation, scolarisation, pelliculage, lectrifier, mondialiser, lectromnager, essuie-glace, tout-terrain, kilotonne, tlspectateur, pasteurisation, ionisation, brise-glace, sans-fil, aroport, tlvision.

Le vocabulaire peut enfin se renouveler sans que la forme des mots change ; ce sont alors leurs acceptions qui se modifient ou qui se multiplient : btiment ne signifie pas l' action de btir comme autrefois, mais ce qu'on a bti, maison ou navire ; une feuille n'est pas seulement une partie des vgtaux , mais aussi un morceau de papier rectangulaire , et plus rcemment plaque mince (dune matire quelconque).

Ainsi, les principales sources de l'enrichissement du vocabulaire l'examen desquelles nous allons procder sont : l'volution smantique des vocables (mots et locutions), la formation de vocables nouveaux, les emprunts.

1b). Evolution smantique et son rle dans l'enrichissement du vocabulaire. La science qui traite de la structure smantique des units lexicales de mme que de l'volution de cette structure est appele smantique.

L'volution smantique des mots est une source interne fconde de l'enrichissement du vocabulaire. Il serait encombrant pour la langue d'avoir un vocable nouveau pour chaque notion nouvellement surgie.

Un mot peut modifier son sens la suite du changement que subit la notion rendue par ce mot. P. ex. Monter dans sa voiture, ce n'est plus s'asseoir sur le sige de son cabriolet et saisir les rnes du cheval, mais sinstaller au volant et se prparer appuyer sur le dmarreur . Au XIXe sicle la lampe tait un rcipient renfermant un liquide (huile, ptrole, etc.) susceptible de donner de la lumire en brlant. Aujourd'hui ce ne sont plus les lampes ptrole, mais les lampes lectriques, non ou vapeur de mercure qui nous clairent. Un fer repasser est de nos jours le plus souvent en matire plastique base de nickel.

Trs souvent l'volution smantique d'un mot est le rsultat de dnomination d'un objet (ou d'un phnomne) nouveau au moyen dun vocable dsignant un autre objet auquel cet objet nouveau s'associe quelque rapport. C'est ainsi que le mot bras dont le premier sens un membre suprieur de lhomme est arriv dsigner un accotoir, et une partie mobile dun appareil ou dun mcanisme . II en est de mme pour les mots homme, tte, , bec, maigre, mchant, ruminer, broncher, nez et autres.

L'volution smantique peut enfin aboutir l'apparition d'homonymes dits smantiques et qui sont des mots remontant la mme origine et, par consquent, caractriss par la mme forme, mais dont le contenu smantique est totalement spar1. Tel est le cas de grve cessation de travailpar les ouvriers coaliss qui est aujourd'hui un homonyme de grve plage sablonneuse ou caillouteuse . Il en est de mme pour tirer envoyer au loin (une arme de trait, un projectile) au moyen d'une arme qui se rattache plus tirer amener soi, ou aprs soi . Table - meuble pos sur un ou plusieurs pieds est un homonyme de table - liste d'ensemble d'informations (table de multiplication, table des matire). II y a eu aussi rupture smantique entre rflchir penser, mditer rflchir renvoyer dans une direction oppose , par exemple : rflchir un rayon, une onde.

L'volution smantique des mots est une des principales voies de l'enrichissement du vocabulaire. D'o le grand rle de la smantique l'importance des tudes visant rvler les lois prsidant l'volution du sens des mots.

2. Polysmie et monosmie des mots. Contrairement au mot monosmique qui n'a qu'un seul sens un mot polysmique possde plusieurs sens au niveau de la langue-systme une poque donne.

Dans la linguistique il est reconnu que la grande majorit de mots est polysmique, que les mots ont tendance prendre de nouvelles acceptions.

Il n'y a gure de limite tranche entre les sens d'un mme mot ; au contraire, ils se rattachent par des liens smantiques plus ou moins apparents, toujours prsents. Tant que les sens, aussi distincts soient-ils, s'unissent par des attaches smantiques, nous sommes en prsence d'un mme vocable polysmique. Sitt que les liens smantiques qui unissaient les significations d'un vocable se rompent, nous assistons l'homonymie qui est la limite smantique d'un mot.

La polysmie est prcisment la facult du mot d'avoir simultanment plusieurs sens une poque donne. Le mot peut donc gnraliser dans des directions diffrentes. P. ex. chambre du gr. kamera dsignait d'abord 1) une pice dhabitation ; puis par extension 2) la section dune Cour ou dun Tribunal d'o les expressions : chambre civile, chambre criminelle de la Cour; plus tard, ce mot a signifi 3)une Assemble lgislative ; et enfin il a commenc s'employer dans la technique dans le sens de 4) une cavit, un vide d'o les expressions : chambre de vapeur, chambre air chambre de combustion dun moteur. Toilette n'offrait autrefois l'ide qu'une 1) petite toile, une petite serviette de toile ; on retrouve encore ce sens primitif dans la toilette des tailleurs, morceau de toile qui sert envelopper leur ouvrage ; 2) ce mme mot a dsign une petite table garnie de cette serviette et tout ce qui sert la parure ; 3) ensuite il a pris le sens de parure, habillement ; 4) et, enfin, il a servi exprimer l'action de se nettoyer, de se vtir, autrement faire sa toilette .

II est noter que la polysmie est un des traits caractristiques du vocabulaire franais.

Quoique les mots soient gnralement polysmiques, les gens n'prouvent aucune difficult se comprendre. Cette facilit de la comprhension est due la monosmie des mots dans la parole. Donc, le mot est polysmique et monosmique la fois. Il est gnralement polysmique comme unit de la langue-systme et ncessairement monosmique comme unit de la parole. La polysmie et la monosmie du mot forment une unit dialectique. La monosmie du mot peut tre cre par le contexte verbal. P. ex.: ...je compris enfin que la France tait faite de mille visages, qu'il y en avait de beaux et de laids, de nobles et de hideux .... (Gary).

Il apparat nettement que le mot visage rend ici le sens abstrait de aspect.

Donc, la polysmie des mots tant un des traits caractristiques du franais, le contexte y prend une importance particulire comme actualisateur smantique.

La monosmie du mot peut tre aussi cre par le milieu (local, historique et social). En effet, le sens du mot dpend de la rgion, de la province o ce mot est employ. Ainsi dans le Poitou quitter s'emploie pour laisser. Le mot masure est employ par Flaubert dans l'acception normande de basse-cour . Dans la rgion de Saint-Etienne pour rendre l'ide d' allumer le feu on dit clairer le phare. Dans certains parlers locaux le mot pommier signifie 'l'arbre', le mot femelle 'la femme', jeune homme 'un clibataire'. Il est possible de dire un vieux jeune homme 'vieux clibataire'. Le verbe gronder a le sens de 'dire', bl signifie 'seigle', rus a le sens dintelligent', diffrent est le synonyme de poli.

Le sens des mots dpend parfois de l'poque historique laquelle ses mots sont employs. Au XVIIe sicle rvolution (du latin revolutio, driv de revolvere retourner ) tait employ en qualit de terme astronomique et signifia mouvement d'un corps cleste sur son orbite ; au XVIIIe sicle ce mot avait dj un sens politique, mais s'employait comme synonyme de coup d'tat , et seulement au XIXe sicle il a t appliqu aux changements profonds dans la socit.

Encore au XVIIe sicle le sens de imbcile tait celui de faible. Les paroles de B. Pascal : Homme, imbcile ver de terre ne prta pas confusion. Au sicle suivant le sens du mot avait volu. Ce fait confirm par la fameuse anecdote qui raconte que Voltaire n'ayant compris la phrase de Corneille : Le sang a peu de droit dans le sexe imbcile o le sexe imbcile est employ pour le beau sexe (littralement - le sexe faible ), en a t choqu.

Au XVIe sicle les substantifs bourgeois, citoyen et citadin taient synonymes et dsignaient les habitants d'un bourg, d'une ville. Le mot docteur signifiait au XVIe sicle 'matre, prcepteur'.

Enfin, le mot peut acqurir un sens particulier selon le milieu social et professionnel o il a cours. P. ex. le mot opration prend une valeur diffrente dans la bouche d'un mdecin, d'un militaire ou d'un financier. Le mot veine prononc par un docteur sera appliqu l'homme dans le sens de , ; ce mme mot prononc par un mineur prendra le sens de . Les mots couche, bloc, orientation ont des sens tout fait diffrents pour un gologue et un homme politique. Un mdecin et un historien prteront un sens diffrent aux mots dislocation et crise.

Contrairement aux mots plusieurs sens qui constituent la majorit du lexique, les mots sens unique de la langue courante sont relativement peu nombreux. Parmi ces mots il y a ceux du genre de bouleau, platane, frne, canari, chardonneret, pinson ; chaumire, villa, cottage, yourte, etc. Ce sont gnralement des mots dsignant des objets ou phnomnes faisant partie de quelque classe plus ou moins restreinte formant varit par rapport l'espce ou espce par rapport au genre. Pourtant ces mots peuvent aussi tout moment acqurir des acceptions nouvelles.

Des cas nombreux se prsentent o les mots de ce type ont plus d'un sens ; tels sont pin, sapin, tilleul qui dsignent l'arbre et le bois fourni par cet arbre ; pigeon, merle, pie qui tant des dnominations d'oiseaux servent aussi caractriser l'homme. On dira tre un pigeon dans une affaire pour un homme qui se laisse rouler , un vilain, un beau merle pour un vilain personnage , une petite pie pour une personne niaise et une pie pour une femme trs bavarde .

Une place part revient aux termes. Les termes sont des mots ou leurs quivalents d'un emploi relativement restreint et exprimant des concepts scientifiques ou spciaux. Les termes dans le cadre d'une terminologie devraient tre monosmiques. C'est une des conditions du bon fonctionnement des termes dans la langue. Un terme plusieurs sens est un moyen imparfait de communication.

3. Types de sens du mot. Chaque mot est tout dabord porteur du sens tymologique, ou primitif. Le sens tymologique, ou primitif, du mot est souvent, dans l'tat actuel de la langue, son sens essentiel. Le sens essentiel est habituellement caractris par sa stabilit, ce qui lui permet d'acqurir nombre d'acceptions secondaires, trs mobiles, et de servir de base pour l'volution smantique des mots. Ainsi tout mot plusieurs significations prsente une unit dialectique d'lments stables et instables. Les sens des mots se laissent classer d'aprs quelques types essentiels.

1) Tout mot polysmique possde un sens propre et des sens drivs. Le sens propre d'un mot est celui qui ne se laisse historiquement ramener aucun de ses sens actuels, alors que les sens drivs remontent directement ou indirectement au sens propre. Le sens propre et les sens drivs d'un mot ne peuvent tre dgags la suite d'une analyse diachronique. Examinons en guise d'exemple le mot bouche ( lat. pop. bucca ; ses significations les plus importantes de ce mot sont : 1) cavit situe au bas du visage et qui sert parler, manger ; 2) ouverture (d'un four, d'un canon) ; 3) embouchure (d'un fleuve). Les deux derniers sens peuvent tre historiquement ramens au premier signal ; ils doivent tre considrs comme en tant drivs. Il en va autrement pour le premier sens n'aboutit aucun autre ; ce premier sens sera le sens propre du mot bouche. Pourtant le sens propre d'un mot dans la langue moderne n'est point son sens primitif. Le sens propre est une catgorie historique. Il peut changer au cours de l'volution du mot. Tel est prcisment le cas du mot bouche qui dsignait originairement, dans le latin populaire, la joue ; c'tait alors le sens propre du mot. La disparition du sens originaire de bouche, a t suivi du dplacement de son sens propre. Donc, le sens propre du mot est celui qui ne se laisse historiquement ramener aucun de ses sens actuels, alors que les sens drivs remontent directement ou indirectement au sens propre. Le sens propre et les sens drivs d'un mot ne peuvent dgags qu' la suite d'une analyse diachronique.

2) Dans la synchronie on distingue le sens principal et les sens secondaires d'un mot polysmique. Le sens principal, tant le plus usit une poque donne, constitue la base essentielle du dveloppement smantique ultrieur du mot. Il peut concider tantt avec son sens propre, tantt avec le driv. Le sens propre du mot soleil - astre lumineux au centre des orbites de la terre et des plantes en est aussi sens principal ; les autres sens de ce mot, tels que pice d'artifice qui jette des feux en forme de rayons ou fleur jaune, appele autrement tournesol , sont la fois des sens drivs et secondaires. Il en est autrement pour le mot rvolution dont le sens principal, en tant que terme politique concide avec un de ses sens drivs (le sens propre tant mouvement d'un corps parcourant une courbe ferme ). Le sens principal du mot comme son sens propre, est une catgorie historique. Jusqu'au XVI sicle le sens propre du substantif travail- tourment, chagrin, peine tait galement son sens principal. Plus tard il s'est dplac et a concid avec le sens driv - besogne, ouvrage . Puisque le plus employ, le sens principal dpend moins du contexte que les sens secondaires.

3) aussi les sens phrasologiquement lis s'opposent aux sens dits libres. Les sens propres des mots table, chaise, homme, animal, sont libres quant leur facult de se grouper, de semployer avec d'autres mots. Par contre, le mot remporter qui s'emploie dans remporter un grand succs serait dplace dans remporter une grande russite quoique russite soit un synonyme de succs. On dit une question dlicate, un sujet dlicat sans qu'il soit possible de dire un rcit dlicat, un contenu dlicat. Ch. Bally remarque qu'on dit dsirer ardemment et aimer perdument et non aimer ardemment, dsirer perdument. On peut choisir entre la peur le prit, la peur le saisit, la peur s'empara de lui, tandis que la peur le happa ou l'empoigna serait ridicule.

Cette tradition d'emploi des mots revt un caractre national : elle n'est pas la mme dans les langues diffrentes. L'quivalent russe de feuilles mortes sera cyxue et de fleurs naturelles - .

4) On distingue des sens syntaxiquement dtermins. Il suffit parfois dun complment, d'une prposition ou dun article pour changer le sens dun mot. Comparez: sortir et sortir le mouchoir de la poche; tenir tte et tenir la tte, tenir qch et tenir qch.

4. Mcanismes de lvolution smantique des vocables. L'volution smantique prsente quelques types diffrents. Ce sont la restriction et l'extension du sens, la mtonymie, la mtaphore, qui sont les procs smantiques fondamentaux ventuellement accompagns de modifications affectives amenant l'amlioration ou la pjoration, l'affaiblissement ou l'intensification du sens des mots.

4a). La restriction, l'extension et le dplacement du sens. Nous assistons la restriction ou l'extension du sens d'un mot lorsqu'il y a respectivement spcialisation ou gnralisation de la notion exprime.

En faisant appel aux composants smantiques on pourrait reprsenter la restriction de sens par la figure suivante : A ( Ab o A est la notion de genre, b l'indice notionnel diffrentiel, la flche symbolisant le transfert smantique. Concrtisons ce modle par l'exemple du verbe pondre qui partir du sens primitif de dposer (A) a reu le sens de dposer (A) des ufs (b) en parlant des oiseaux et des reptiles.

Au cours de l'histoire une quantit de mots subissent la restriction de sens, s'ils commencent exprimer une notion plus restreinte. Telle est l'origine d'une foule de termes spciaux. Prenons par exemple, la terminologie militaire. Les substantifs dsignant les grades militaires tels que adjudant, lieutenant, sergent, capitaine, officier avaient l'origine un sens considrablement plus large: adjudant 'aide, remplaant'; lieutenant 'remplaant tenant le lieu de qn'; sergent 'serviteur'; capitaine 'chef (de caput); officier 'employ'. Tous ces mots taient d'un emploi courant. Puis les mots usuels adjudant, lieutenant, sergent, etc. se sont spcialiss dans la terminologie militaire.

Autres exemples cas de restriction du sens.

Cueillir (du lat. : colligere) signifiait au moyen ge ramasser, rassembler ; on pouvait cueillir des branches, des pierres, etc. ; dans le langage usuel d'aujourd'hui ce verbe ne signifie que sparer une fleur de sa tige, un fruit de l'arbre qui l'a produit ; de l au figur cueillir des lauriers .

Avaler (de et val) dont le premier sens tait trs tendu descendre, faire descendre, abaisser ne signifie aujourd'hui que faire descendre dans le gosier.

Traire avait autrefois le mme sens que le verbe tirer aujourd'hui ; on disait traire l'pe du fourreau, traire les cheveux, traire l'aiguille, etc. ; prsent on n'emploie ce verbe que dans le sens trs spcial de tirer le lait des mamelles de... (traire les vaches, les chvres, etc.).

Labourer signifiait primitivement travailler en gnral ; on labourait non seulement la terre, mais galement le bois, les mtaux ou autre matire ; plus tard le sens de ce verbe s'est restreint, il ne signifie que travailler la terre .

Finance avait jadis le sens de ressources pcuniaires dont qn dispose et aujourd'hui, au pluriel - ressources pcuniaires d'un tat

Le sens tymologique de gorge est un gouffre, une ouverture bante qui s'est conserv dans l'acception une gorge de montagne le sens moderne le plus usuel, homonyme du prcdent, est la partie antrieure du cou, le gosier .

Viande (du lat. vivere - vivre) signifiait encore au XVIIe sicle n'importe quelle nourriture ; plus tard le sens de ce mot s'est restreint et il ne dsigne aujourd'hui que l'aliment par excellence - la chair des animaux de boucherie .

Poison, ou substance qui dtruit les fonctions vitales avait autrefois le sens gnral de breuvage .

Jument avait dsign n'importe quelle bte de somme et prsent femelle du cheval .

Il tait un temps o l'on reliait non seulement des livres, mais au bien des bottes de foin, des tonneaux, etc.

Pondre (les ufs) vient du verbe latin ponere 'poser'; noyer de necare 'tuer'; russir signifiait primitivement 'aboutir' avec un rsultat positif aussi bien que ngatif.

Ces exemples dmontrent que la restriction du sens est une consquence de la rduction de la fonction nominative du mot qui de l'expression d'une notion de genre passe l'expression d'une notion d'espce.

L'extension du sens prsente un mouvement contraire d ce le mot reoit une plus grande libert quant sa fonction nominative: on assiste la transformation d'une notion d'espce en une notion de genre.

La figure reprsentant le processus d'extension de sens sera Ab ( A :

Gain dsignait autrefois la rcolte, puis le produit obtenu par cette espce de travail.

Arriver ( lat. arripare a signifi d'abord atteindre la rive , ensuite parvenir dans n'importe quel lieu .

Panier tait une corbeille pour le pain et aujourd'hui une corbeille pour toute sorte de provisions.

Fruit signifiait rsultat d'un travail (en latin), puis produit de la floraison , et de nouveau - rsultat d'un travail .Gamin - synonyme de garon tait un mot dialectal de l'Est qui dsignait un jeune aide d'artisan ,Dame est pass du sens de femme de haute naissance au sens de femme tout court.Exode originairement migration des Hbreux hors d'Egypte s'est largi jusqu' dsigner toute migration de masse.

De nos jours la quarantaine peut durer une quinzaine de jours, les liens tymologiques avec le numral quarante s'tant effacs.

Le substantif cadran du latin quadrans, -antis eut longtemps lesens de 'carr'. Au XIVe sicle le sens primitif disparat. De nos jours les cadrans des montres peuvent avoir les formes les plus diverses.

Dans le franais d'aujourd'hui beaucoup de termes spciaux (gographiques, techniques, militaires, mdicaux) ont largi leur sens en passant dans la terminologie politique: climat, bloc, crise, orientation, combat, camp, partisan, combattant, lutte, etc.

4b). Mtonymie. La mtonymie (du grec meta - changer et onuma - nom) est la dnomination d'un objet par un autre li au premier par un rapport de contigut. Donc, le lien qui est la base de la mtonymie revt toujours un caractre rel, objectif. Le transfert mtonymique peut tre reprsent de la faon vante : abc ( def => (abc) o les lettres minuscules rendent les indices notionnels et le signe => indique l'existence d'un rapport smantique. Illustrons le modle par l'exemple de table qui partir du sens de meuble form d'une surface plane horizontale supporte par un pied, des pieds ... a acquis par mtonymie les sens de a) nourriture servie table et b) personnes qui prennent un repas table . La figure de la mtonymie tmoigne que le sens driv suppose un rapport entre l'ensemble d'indices diffrentiels nouvellement surgis def nourriture ou personnes qui prennent un repas et l'ensemble d'indices diffrentiels qui constituent le sens gnrateur abc table . Ce rapport est diffrent : dans le cas a) il sera ce qui se trouve sur , dans le b) ceux qui se trouvent autour de .

Les mtonymies se laissent classer en types varis selon le caractre du rapport qui leur sert de base. La plupart sont de caractre concret.

On prend la partie pour le tout et inversement, le tout pour la partie. Ce genre de mtonymies est appel aussi s y n e c d o q u e.

L'homme peut tre dnomm par une partie de son corps : C'est bonne tte ! Elle travaille comme petite main (ouvrire dbutante). Cest un cur d'or! Quelle mauvaise langue ! Une barbe grise (un vieillard). Une vieille moustache (un soldat). C'est ainsi qu'ont t forms les noms de famille : Lecur, Pied, Lenez. On trouve souvent ce genre] mtonymies dans les contes populaires du Moyen ge : Barbe-Bleue, Fine-Oreille, Belle-Jambe.

Parfois les noms des vtements, des armes, des instruments de musique ou leurs parties servent dsigner l'homme : une soutane (cur, nomm d'aprs la soutane qu'il porte) ; les robes noires - (hommes d'glise); un talon rouge (gentilhomme du XVIIe sicle) ; on dira : un tambour, un violon, un clairon - pour celui qui joue de l'instrument.

Les cas o le tout sert dsigner la partie sont plus rares. Signalons pourtant hermine, daim, loutre, chevreau o le nom de l'animal sert dsigner la peau ou la fourrure.

On prend le contenant pour le contenu et inversement : la ville tait sur pied, toute la maison tait en moi o les mots ville, maison sont employs pour les habitants de la ville ou de la maison. tout moment on se sert des mots tasse, assiette, seau, etc. pour dsigner ce que les objets respectifs contiennent.

Les cas o le contenant est dnomm par le contenu sont rares ; tels sont un caf, un billard.

On prend parfois la matire pour la chose fabrique : le carton n'est pas seulement une pte de papier, mais aussi une bote pour chapeaux ou chaussures et une espce de portefeuille dessin ; par le mot caoutchouc on dsigne non seulement la matire, mais galement les objets contenant cette matire : les substantifs tels que fer, marbre, bronze dsignent tout aussi bien la matire que les objets fabriqus avec ces matires.

On prend parfois le producteur pour le produit. Souvent un ouvrage, une cration reoit le nom de l'auteur ou de l'inventeur. On dit un Montaigne pour un recueil des uvres de l'crivain, un magnifique Rembrandt, un dlicieux Corot pour une toile de ces peintres.

Plus rarement le nom du produit est appliqu au producteur. Pourtant on dsigne un animal par le cri qu'il produit : un coucou, un cri-cri.

Par certains noms de lieu on nomme des produits qui y sont fabriqus: du cognac, du tokay, du bordeaux, du cahors, du camembert, etc.

Un type trs frquent de la mtonymie consiste faire passer certains termes du sens abstrait au sens concret : ameublement action de meubler dsigne par mtonymie l'ensemble des meubles ; alle, entre, sortie - action d'aller, d'entrer, de sortir et, par mtonymie, voie par o l'on va, l'on entre, etc.

De mme le nom d'une qualit abstraite peut s'appliquer la chose ou la personne possdant cette qualit : un talent, une clbrit, une clbrit, une curiosit, une nouveaut, des douceurs, etc.

Parmi les sens nouvellement parus la base d'une mtonymie citons en guise d'exemple : dossier - ensemble de documents concernant une personne, un projet, etc. ; classe(s) de... - sjour collectif de classes entires (d'coliers, de lycens) la campagne, la mer, la montagne (cf. classe de neige, classe de mer) ; chlorophylle - air pur, campagne ; vert - relatif l'agriculture, aux agriculteurs, aux problmes la politique agricole (cf. rvolution verte, plan vert, marche verte); hexagone - nom donn la France etc.

4c). La mtaphore. La mtaphore (du grec metaphora qui signifie proprement transfert ) est la dnomination d'un objet par un autre li au premier par une association de similitude.

Par mtaphore on dsigne un nouvel objet ou phnomne qui, contrairement la mtonymie, suppose quelque proprit ou trait commun avec l'objet ou le phnomne antrieurement dsign par le mot. Cest prcisment ce trait commun qui permet d'tablir un rapport de similitude entre des objets et des phnomnes diffrents. Pourtant ce lien de similitude qui est la base de la mtaphore est parfois subjectif, arbitraire rapprochement des objets inattendu. Ainsi, on appelle une tte de loup une brosse ronde porte sur un long manche et servant nettoyer les plafond quoiqu'il n'y ait pas de ressemblance vidente entre cette brosse et une tte de loup.

La figure de la mtaphore sera : abc ( dec o c est l'indice notionnel commun.

La mtaphore est un procd smantique extrmement fcond. Tout comme la mtonymie elle cre de nouveaux sens et emplois smantiques.

Les mtaphores concrtes sont bien frquentes. Ce sont souvent les noms d'objets qui servent dsigner d'autres objets de la ralit : le nez d'un navire ; le bec d'une bouilloire, d'une thire ; le col d'une bouteille; le pied d'une colline ; la crte d'une montagne ; les dents d'un peigne, etc. Parmi ce genre de mtaphores on peut nommer, particulier, les substantifs dsignant des instruments de travail : mouton - , bras - .

Certaines mtaphores dsignent l'homme par le nom d'un objet concret : C'est une scie, cette femme ! (une personne ennuyeuse) ; Quelle grande perche de fille ! (longue comme une perche) ; C'est une vritable fontaine ! (une personne qui pleure facilement) ; un drle de zbre - (un individu bizarre).

Souvent les mtaphores dsignent l'homme par le nom d'un animal quelconque ; ce sont parfois des appellations injurieuses : un animal (), un cochon, un ne, une oie, une pie, une vache, un gorille - garde du corps, agent secret .

La mtaphore est un moyen trs usit de la cration de sens et d'emplois abstraits partant de sens concrets. On dit : une lourde besogne, une profonde douleur, un reproche amer, le feu des passions, la duret de l'me, le printemps de la vie, tre bouillant de colre, un avenir lumineux, une situation douillette, un carrousel ministriel, l'opinion publique a bascul, crever le cur, renouer un dialogue, briller par son esprit, etc. Les mtaphores de ce genre sont trs nombreuses, on en cre tout moment, souvent dans des buts expressifs.

ct de la mtaphore vient se placer un procd d'volution smantique bas sur la similitude de la fonction de deux objets, phnomne repose non pas sur la ressemblance des objets comme tels mais sur la similitude de la fonction qu'ils remplissent et qui permet les rapprocher. Ainsi les mots plume et fusil dsignaient autrefois premier, une plume d'oie pour crire , le second, le foyer (du lat. pop. focile, de focus - foyer, feu ) ; par la suite ces mots ont dsign des objets nouveaux associs aux premiers grce la communaut de leurs fonctions.

Quelles sont les sources des mtaphores? Les mtaphores ont leur base des comparaisons puises dans tous les domaines de l'activit de l'homme. Chaque profession, chaque mtier, chaque occupation est une source intarissable de comparaisons, donc de mtaphores. Ainsi le sport a donn naissance se cabrer, aller toute bride, tenir le d (de la conversation), la manquer belle ( la balle dans le jeu de paume), faire chec ; la chasse a donn : tre l'afft de, ameuter, appt, faire une battue, revenir bredouille ; la vie militaire a engendr : battre en retraite, faire assaut d'esprit, de politesse ; de la marine nous avons s'embarquer dans une affaire, chavirer.

Les mtaphores sont surtout nombreuses dans l'argot. Citons les mots d'argot dsignant certaines parties du corps humain. Pour tte on dit boule, cafetire, citron, pomme, cerise ; pour visage on a hure, faade, bobine ; une tte chauve devient un caillou ; les jambes deviennent des quilles, des tuyaux ; le ventre est un buffet ou un coffre. Cette abondance s'explique par le renouvellement constant de l'argot.

5a). Amlioration et la pjoration du sens. Les processus smantiques examins jusqu'ici reprsentent des modifications d'ordre logique. Ils sont parfois accompagns de modulations affectives qui portent sur le contenu smantique des mots en lui ajoutant des nuances favorables ou dfavorables.

Ce sont surtout les cas d' avilissement de sens qui sont frquents.

Les causes de la dgradation du sens sont diffrentes. On peut noter, entre autres, l'attitude ddaigneuse que manifestent les reprsentants des classes dirigeantes l'gard de certains mtiers, de certaines occupations. Le mot rustre qui signifie encore parfois un campagnard, un paysan est surtout pris en mauvaise part, dans le sens d' homme grossier. Le mot vilain ( bas lat. villanus qui signifie proprement habitant de campagne a subi le mme sort. Paysan et campagnard sont aussi parfois employs avec ironie. Manant dsignait autrefois l'habitant d'une ville, d'un bourg, d'un village, un paysan ; prsent ce mot a pris le sens d' homme grossier . Un picier, propritaire d'une picerie parvient dsigner un homme ides troites, gots vulgaires qui cherche qu' gagner de l'argent . Le mot soudard qui dsignait autrefois un soldat mercenaire signifie prsent homme brutal et grossier . Un brigand dsignait jadis un soldat allant pied et faisant partie d'une brigade ; aujourd'hui il a un sens nettement ngatif un voleur . Les moeurs dpraves des soldats ont contribu au dveloppement des sens dfavorables de ces deux derniers mots.

Les noms de nations et de peuples acquirent aussi parfois un sens pjoratif non sans l'influence des ides chauvinistes et nationalistes que nourrit la bourgeoisie ractionnaire. Ainsi Bohmien devient le synonyme de fripon, filou ; gaulois a parfois le sens le scabreux, grivois . On dit filer l'anglaise, chercher une querelle d'allemand, parler franais comme un Basque espagnol. Le mot boche (de caboche), servait dsigner primitivement un habitant de l'Alsace, ttu et peu dgourdi ; par la suite il a t pris en mauvaise part pour dsigner un Allemand.

Des mots emprunts aux langues trangres sont souvent dgrads : hbler (empr. de l'esp. hablar - parler ) a le sens de parler beaucoup en se vantant (cf. hblerie, hbleur, -se) ; rosse (empr. de l'all. Ross - coursier) signifie mauvais cheval; palabre (empr. de l'esp. palabra - parole ) - discours long et ennuyeux .

Parfois la dgradation du sens est due ce que l'objet ou le phnomne dsign par le mot voque des associations ngatives. Ainsi, oie devient le synonyme de personne sans intelligence ; sale - signifie qui blesse la pudeur dans sales paroles et a le sens de contraire l'honneur dans une sale affaire ; fange s'emploie comme synonyme de vie de dbauche , bourbier prend le sens de embarras et pourri celui de grande corruption morale .

La dgradation du sens des mots est souvent cause par leur emploi euphmique.

Un euphmisme est un mot ou une expression employ dessein afin d'viter l'vocation d'une ralit dsagrable ou choquante. Lemploi euphmique d'un mot aboutit la modification de la structure smantique de ce dernier.

Par superstition religieuse ou autre on a parfois vit de prononcer les mots dsignant la mort, certaines maladies, des choses sacres. C'est ainsi que le verbe mourir est remplac par passer, trpasser, dcder, s'endormir, rendre l'me, partir, s'en aller, disparatre, quitter le monde, quitter les siens, fermer les yeux, s'endormir du sommeil de la tombe. Au lieu d'pilepsie on dit le haut mal ou bien le mal caduc.

Outre les euphmismes de superstition il y a des euphmismes de politesse ou de dcence. Les euphmismes de dcence sont des vocables au moyen desquels on adoucit un terme, une expression trop raliste. Il est plus poli de dire simple, innocent, bent que bte; inventer ou dformer la vrit sont moins choquants que mentir ; au lieu de sol on prfre dire un peu gris, gai, gaillard, attendri, mu, n'avoir pas t compltent sage. En argot au lieu de dire voler on emploiera de prfrence commettre une indlicatesse, travailler, oprer, acheter la foire d'empoigne, ne pas avoir les mains dans les poches.

Les mots peuvent subir une volution smantique oppose; ilspeuvent amliorer leur sens, s'ennoblir. Toutefois ces cas paraissent tremoins frquents.

La nuance pjorative que certains mots possdaient l'origine s'est estompe ou s'est efface compltement. Tel est le cas de bagnole qui s'emploie de plus en plus souvent au sens neutre d' automobile. Bouquin a suivi la mme voie : de livre de peu de valeur il est parvenu dsigner n'importe quel livre.

Ce sont parfois des mots dont le sens primitif est neutre et qui au cours de leur dveloppement prennent une nuance favorable. Un cas intressant est offert par l'volution smantique du mot bougre qui provient du latin Bulgarus ou autrement dit un Bulgare . Parmi les Bulgares on comptait un grand nombre d'hrtiques. De l le mot bougre a signification hrtique; du sens d'hrtique on en est venu au sens d'homme dbauch, et encore de fripon, filou ; pourtant plus tard la nuance pjorative du mot s'est affaiblie et il a commenc se nuancer favorablement; aujourd'hui on dit C'est un bon bougre ! dans le sens d' homme cur ouvert, franc et sympathique. L'adverbe bougrement exprime le degr suprieur de la manifestation d'une qualit : C 'est bougrement joli. Le mot chien a subi une volution analogue. Au sens figur ce mot a marqu d'une nuance dfavorable. On dit encore aujourd'hui avoir une humeur de chien, il fait un temps de chien. Mais au XIXe sicle le mot chien commence prendre une valeur positive ; et on dit familirement avoir du chien pour avoir du charme .

5b). L'affaiblissement et l'intensification du sens (hyperbole et litote). L'affaiblissement du sens est une consquence de l'emploi abusif, hyperbolique des mots ; il prsente un moyen affectif de la langue.

Les hyperboles sont bien frquentes parmi les formules de politesse. On dit tre ravi, tre enchant de faire la connaissance de qqn sans prendre les mots la lettre. On exagre sans trop le remarquer lorsqu'on dit c 'est assommant, esquintant, crispant, tuant, rasant pour c'est ennuyeux ! ou bien il y a des sicles, il y a toute une ternit qu 'on ne vous a pas vu pour il y a trs longtemps qu'on ne vous a pas vu . Trs images sont aussi les hyperboles telles que aller comme le vent, marcher comme une tortue, verser un torrent de larmes.

force d'tre constamment rptes les hyperboles finissent par s'user ; elles perdent leur valeur expressive et, par consquent, leur affectivit. Nous assistons alors l'affaiblissement de leur intensit motionnelle, autrement dit l'affaiblissement du sens. Ainsi le verbe blmer avait primitivement le sens de profrer des blasphmes, maudire, et dans ce sens il s'employait souvent comme hyperbole ; prsent l'hyperbole n'est plus sentie et ce mot s'emploie dans le sens de dsapprouver, reprocher . Autrefois le substantif ennui dsignait une grande souffrance , et aujourd'hui une lassitude morale . La gne signifiait torture et gner - torturer . Meurtrir avait le sens de tuer , comme l'attestent encore meurtre et meurtrier.

Par contre, lorsque nous voulons faire entendre le plus en disant le moins nous employons une litote (du gr. litotes - petitesse ) qui signifie diminution . Au lieu de il est intelligent on dit il n 'est pas bte ; en parlant d'une pice ennuyeuse on dit qu 'elle n 'est gure amusante ; pour ne pas blesser une femme d'