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et pourtant méconnues 5 Le Journal de Vitré - vendredi 7 décembre 2012 13h35. Après une pause déjeuner prise en même temps que les patientes, Lénaïg Macé rejoint le bureau de la maternité pour une “transmission” : un échange d’informations entre elle et l’équipe de l’après-midi des auxiliaires de puériculture (en bleu) et des agents de service hospitalier (en vert). Le tout en présence d’Annie Lecanu, cadre sage-femme (au fond). Les difficultés rencontrées sont largement détaillées et les solutions à mettre en place sont évo- quées, voire débattues. La sage-femme indique aussi à ses collaboratrices quelles patientes doivent quitter l’hôpital le lendemain, tandis qu’Annie Lecanu fait le point sur certaines tâches administratives et autres informations en lien avec leur activité. L’une des salles d'accouchement du centre hospitalier vitréen. La journée aura été calme, de ce côté là. La maternité de Vitré affiche une moyenne annuelle de 900 naissances (chiffre stable ces deux der- nières années), soit 2 à 3 par jour. « Avec, comme au niveau natio- nal, un pic début mai. Ce qui correspond à des bébés conçus en août, période où il y a le plus de gens en vacances », souligne la sage- femme. Lénaïg reprend sa “tournée” des patientes jusqu’en milieu d’après-midi. Au total, 15 auront été supervisées par la sage- femme ce vendredi (dont 12 avec bébés). « Aujourd’hui, le service n’est pas plein. On court parfois beaucoup plus que ça », précise- t-elle. Après ces visites, rencontre avec une jeune femme qui, après avoir souhaité accoucher sans péridurale, vient de changer d’avis. En attendant l'arrivée de l’anesthésiste, Lénaïg lui explique comment cela va se passer. Dossier réalisé par Cécile Rossin LE DOSSIER d e l a r a c t o n avec… Le centre hospitalier de Vitré se targue d’offrir une maternité “à la carte”, aux antipodes de ce que peuvent pratiquer les structu- res des grandes villes, où le traitement semble parfois plus proche du travail à la chaîne… « On s’adapte aux souhaits de la maman et au rythme du bébé », assure Lénaïg Macé. Que la patiente souhaite une péridu- rale ou pas, allaiter son bébé au sein ou au biberon, les sages- femmes du CH Vitré se veulent entièrement neutres et simplement attentives à expliquer chaque option. Cela concerne aussi la date de sortie de la maternité après l’ac- couchement. Les mamans restent au minimum 3 jours à l’hôpital, avec leur bébé ; quelques jours de plus si elles en ressentent le besoin ou si leur état de santé (ou une surveillance d’après césa- rienne) l’exige. « Depuis un mois et demi, on a aussi mis en place le système du Prado : programme d’accompagnement de retour à domicile. Pour les mamans qui le souhaitent, lorsqu’el- les sortent au bout de 3 jours seulement, une sage-femme libé- rale (elles sont trois à Vitré) passe les visiter à domicile ». Dans ce même esprit, les 15 sages-femmes de l’hôpital ont suivi une formation aux différentes positions d’accouchement, afin de pouvoir proposer un maximum d’options aux femmes enceintes. « Au cours du premier semestre 2012, 17,5 % des femmes ont ainsi accouché autrement que sur le dos ». En effet, si cette position est la plus pratique pour le médecin - d’où sa généralisation - « elle n’est pas du tout la plus aisée pour la femme ». Autre particularité à Vitré : « Les sages-femmes ont chacune une spécificité ». En ostéopathie, en lactation humaine (cette for- mation étant sanctionnée d’un diplôme universitaire), en tabaco- logie/addictologie ou encore en homéopathie. « Et il y a aussi un projet de formation en hypnose (déjà pratiquée en bloc opé- ratoire à Vitré) ». Ces spécialisations étant « souvent payées de notre poche. Or, ce sont des formations très chères ». Ce qui amène Lénaïg Macé à faire un rappel sur les revendica- tions salariales de sa corporation : « Notre salaire est très proche de celui des infirmières (bac+3). Les sages-femmes sont les oubliées des dernières revalorisations salariales de la fonction publique hospitalière. Aucune négociation n’est en cours actuellement car le ministère ne répond pas aux demandes de rendez-vous. Les dentistes, qui ont un bac+6 et des études très similaires aux nôtres, sont loin devant… ». Spécialités et revendications

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13h35. Après une pause déjeuner prise en mêmetemps que les patientes, Lénaïg Macé rejoint lebureau de la maternité pour une “transmission” : unéchange d’informations entre elle et l’équipe del’après-midi des auxiliaires de puériculture (en bleu)et des agents de service hospitalier (en vert). Le touten présence d’Annie Lecanu, cadre sage-femme (aufond). Les difficultés rencontrées sont largementdétaillées et les solutions à mettre en place sont évo-quées, voire débattues. La sage-femme indique aussià ses collaboratrices quelles patientes doivent quitterl’hôpital le lendemain, tandis qu’Annie Lecanu fait lepoint sur certaines tâches administratives et autresinformations en lien avec leur activité.

L’une des salles d'accouchement du centre hospitalier vitréen. Lajournée aura été calme, de ce côté là. La maternité de Vitré afficheune moyenne annuelle de 900 naissances (chiffre stable ces deux der-nières années), soit 2 à 3 par jour. « Avec, comme au niveau natio-nal, un pic début mai. Ce qui correspond à des bébés conçus en août,période où il y a le plus de gens en vacances », souligne la sage-femme.

Lénaïg reprend sa “tournée” des patientes jusqu’en milieu

d’après-midi. Au total, 15 auront été supervisées par la sage-

femme ce vendredi (dont 12 avec bébés). « Aujourd’hui, le service

n’est pas plein. On court parfois beaucoup plus que ça », précise-

t-elle. Après ces visites, rencontre avec une jeune femme qui,

après avoir souhaité accoucher sans péridurale, vient de changer

d’avis. En attendant l'arrivée de l’anesthésiste, Lénaïg lui explique

comment cela va se passer.

Dossier réalisé par Cécile Rossin

LE DOSSIERde la r act on

avec…

Le centre hospitalier de Vitré se targue d’offrir une maternité “àla carte”, aux antipodes de ce que peuvent pratiquer les structu-res des grandes villes, où le traitement semble parfois plus prochedu travail à la chaîne…

« On s’adapte aux souhaits de la maman et au rythme dubébé », assure Lénaïg Macé. Que la patiente souhaite une péridu-rale ou pas, allaiter son bébé au sein ou au biberon, les sages-femmes du CH Vitré se veulent entièrement neutres et simplementattentives à expliquer chaque option.

Cela concerne aussi la date de sortie de la maternité après l’ac-couchement. Les mamans restent au minimum 3 jours à l’hôpital,avec leur bébé ; quelques jours de plus si elles en ressentent lebesoin ou si leur état de santé (ou une surveillance d’après césa-rienne) l’exige. « Depuis un mois et demi, on a aussi mis en placele système du Prado : programme d’accompagnement deretour à domicile. Pour les mamans qui le souhaitent, lorsqu’el-les sortent au bout de 3 jours seulement, une sage-femme libé-rale (elles sont trois à Vitré) passe les visiter à domicile ».

Dans ce même esprit, les 15 sages-femmes de l’hôpital ontsuivi une formation aux différentes positions d’accouchement,afin de pouvoir proposer un maximum d’options aux femmesenceintes. « Au cours du premier semestre 2012, 17,5 % desfemmes ont ainsi accouché autrement que sur le dos ». Eneffet, si cette position est la plus pratique pour le médecin - d’oùsa généralisation - « elle n’est pas du tout la plus aisée pour lafemme ».

Autre particularité à Vitré : « Les sages-femmes ont chacuneune spécificité ». En ostéopathie, en lactation humaine (cette for-mation étant sanctionnée d’un diplôme universitaire), en tabaco-logie/addictologie ou encore en homéopathie. « Et il y a aussi unprojet de formation en hypnose (déjà pratiquée en bloc opé-ratoire à Vitré) ». Ces spécialisations étant « souvent payées denotre poche. Or, ce sont des formations très chères ».

Ce qui amène Lénaïg Macé à faire un rappel sur les revendica-tions salariales de sa corporation : « Notre salaire est trèsproche de celui des infirmières (bac+3). Les sages-femmessont les oubliées des dernières revalorisations salariales de lafonction publique hospitalière. Aucune négociation n’est encours actuellement car le ministère ne répond pas auxdemandes de rendez-vous. Les dentistes, qui ont un bac+6 etdes études très similaires aux nôtres, sont loin devant… ».

Spécialitéset revendications