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Recherche produits fiables⊠Les bĂątiments rĂ©pondent Ă des enjeux ancestraux : assurer en permanence la sĂ©curitĂ© des personnes et leur bien-ĂȘtre. Mission qui suppose de rĂ©pondre de maniĂšre durable Ă de multiples exigences telles que la stabilitĂ©, la sĂ©curitĂ© en cas dâincendie, la protection contre le bruit, contre les intempĂ©ries et les phĂ©nomĂšnes climatiques, lâaccessibilitĂ© pour tous et, notamment, celle des personnes souffrant dâun handicap. Un choix pertinent et un bon usage des produits de construction sont donc primordiaux pour que lâouvrage rĂ©ponde Ă ces critĂšres tout au long de sa durĂ©e de vie...
Les professionnels de la construction sont confrontĂ©s Ă cette difficultĂ© : comprendre et maĂźtriser lâusage de lâensemble des spĂ©cifications techniques rĂ©glementaires ou volontaires afin de prescrire, acheter ou mettre en Ćuvre des produits en toute connaissance de cause mais aussi de justifier de ces choix auprĂšs de leurs diffĂ©rents partenaires, et notamment des compagnies dâassurance peu enclines Ă garantir des constructions aussi innovantes que risquĂ©es. Les mĂ©andres de ce âdiktat normatifâ ne concernent pas uniquement les entrepreneurs-constructeurs : les fabricants de produits et/ou les innovateurs â surtout les plus petits dâentre eux - sont les premiers Ă subir la complexitĂ© de la chaĂźne dâĂ©valuation et de certification. Câest dans la perspective dâĂ©claircir les contours de dĂ©marches certificatrices souvent confuses que le CeRCAD, en partenariat avec le CEREMA et lâARPE, a proposĂ© de consacrer un 17-Vin Ă la question de lâĂ©valuation technique des produits et matĂ©riaux de construction.
Les enjeux de lâĂ©valuation. Le bĂątiment compte une multitude dâacteurs (assureurs, entreprises, maĂźtres dâĆuvre, maĂźtres dâouvrageâŠ) ayant des mĂ©tiers trĂšs diffĂ©rents mais qui sont amenĂ©s Ă travailler ensemble. Câest lĂ quâapparaĂźt toute lâutilitĂ© de lâ Ă©valuation technique (ou normalisation) : proposer Ă lâensemble des personnes impliquĂ©es dans lâacte de construire, un langage commun, reconnu par tous ; un document qui permet dâĂ©clairer lâensemble de ces acteurs sur la fiabilitĂ© des produits de construction utilisĂ©s. Pour les utilisateurs, il sâagit dâune caution technique qui est reconnue par le marchĂ©, Ă partir dâun regard apportĂ© par un tiers indĂ©pendant, et du cĂŽtĂ© des fabricants, il sâagit dâune procĂ©dure qui favorise la diffusion de lâinnovation sur le marchĂ© en crĂ©ant de la confiance auprĂšs des diffĂ©rents acteurs.
25 juin 2015
LES DOMAINES TRADITIONNELS ET NON TRADITIONNELS SONT DES ĂLĂMENTS DE LANGAGE APPARTENANT AUX ACTEURS DU MONDE DE LâENTREPRISE ALORS QUE LES TECHNIQUES COURANTES ET NON COURANTES SONT LES TERMES UTILISĂS PAR LES ASSUREURS. Christel Ebner (Directrice Ă©valuation des risques et procĂ©dĂ©s Ă lâAgence QualitĂ© Construction).
LâĂVALUATION TECHNIQUE DES PRODUITS ET MATĂRIAUX DE CONSTRUCTION
LE PANORAMA DES PROCĂDURES DâĂVALUATIONDriss Samri, responsable du groupe BĂątiment au Centre dâĂ©tudes et dâexpertise sur les risques, lâenvironnement, la mobilitĂ© et lâamĂ©nagement (CEREMA), avait pour objectif de brosser le tableau des diffĂ©rentes procĂ©dures dâĂ©valuation technique des matĂ©riaux et produits de construction afin de mieux comprendre leurs enjeux, mais aussi leur fonctionnement.
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En gĂ©nĂ©ral, on distingue le « domaine traditionnel » du « domaine non traditionnel ou innovant ». Le premier concerne des produits de construction pour lesquels on dispose de documents de type normatif qui en dĂ©finissent leurs caractĂ©ristiques et leurs performances (le produit), dĂ©taillent leurs rĂšgles de dimensionnement (la conception), et fournissent Ă©galement des donnĂ©es sur les rĂšgles de mise en Ćuvre (la pose). A contrario, dĂšs lors quâil manque lâun de ces critĂšres, on entre dans le domaine des produits dits innovants qui, eux, requiĂšrent une Ă©valuation technique plus poussĂ©e.
Quelques unes des diffĂ©rentes procĂ©dures dâĂ©valuation. Elles se classent selon deux grandes catĂ©gories : les dĂ©marches dâ Ă©valuation collectives dâune part et les dĂ©marches dâ Ă©valuation individuelles dâautre part.
Parmi les dĂ©marches dâĂ©valuation collectives, on trouve : âą Les normes qui dĂ©crivent des vocabulaires, des mĂ©thodes dâessai, des modes de calcul partagĂ©s par des professionnels et qui font lâobjet dâun consensus. Les normes sont rĂ©digĂ©es au sein de commissions de normalisation pilotĂ©es par lâAFNOR. La norme relĂšve dâune volontĂ© et non dâune obligation. Pourtant, il existe plus de 3000 normes dans le domaine de la construction dâoĂč la volontĂ© de simplifier le volet normatif français. Il existe Ă©galement des normes europĂ©ennes harmonisĂ©es : ce sont des fabricants ayant un produit similaire qui dĂ©cident Ă lâĂ©chelle europĂ©enne de se rassembler et de rĂ©diger une norme, câest-Ă -dire un document de rĂ©fĂ©rence qui permettra de fixer des exigences relatives au produit. Il est alors marquĂ© CE.
âą Les Documents techniques unifiĂ©s (DTU). Il sâagit depuis les annĂ©es 90 dâun cas particulier, puisque progressivement ces DTU sont devenus des normes Ă part entiĂšre : les NF DTU. Ce sont des documents contractuels qui sont citĂ©s dans les dossiers du chantier (CCTP et CCAG), liant le maĂźtre dâouvrage et les entreprises, et qui dĂ©finissent les rĂšgles de lâart traditionnelles Ă respecter pour lâexĂ©cution des ouvrages. Les DTU sont Ă©tablis sous le pilotage dâun groupe de coordination des normes du bĂątiment. Ils ont une valeur consensuelle trĂšs forte.
âą Lorsquâun produit nâa pas de DTU, il peut faire lâobjet dâune procĂ©dure de rĂšgles professionnelles. Ce sont des guides de bonnes pratiques rĂ©digĂ©s par des professionnels qui souhaitent concrĂ©tiser une expĂ©rience commune. Ces rĂšgles professionnelles peuvent ĂȘtre soumises Ă la « Commission prĂ©vention produits mis en Ćuvre » (C2P) de lâAgence qualitĂ© construction (AQC) afin dâĂȘtre reconnues en tant que techniques courantes suite Ă une analyse de risques vis-Ă -vis de la sinistralitĂ©. Cela a Ă©tĂ© le cas par exemple pour la construction en bottes de paille et lâexĂ©cution dâouvrages en bĂ©ton de chanvre. Les rĂšgles professionnelles sont une premiĂšre Ă©tape vers les NF DTU. Il existe Ă©galement les recommandations professionnelles RAGE passĂ©es dans le domaine traditionnel depuis le 1er janvier 2015.
Ces dĂ©marches collectives sont longues, difficiles et sont donc rĂ©servĂ©es Ă des filiĂšres organisĂ©es. Lâavantage des ces procĂ©dures rĂ©side dans le fait quâelles permettent lâaccĂšs au marchĂ© sans coĂ»t administratif important et surtout rĂ©pĂ©titif. Les dĂ©marches individuelles sâinscrivent dans le domaine innovant â techniques non traditionnelles - oĂč les rĂ©fĂ©rentiels sont absents. Il en existe trois sortes sans compter la certification, procĂ©dure particuliĂšre qui atteste la performance du produit.
LE REGARD DâUN ASSUREUR âą Les assureurs se sont mis dâaccord pour avoir une dĂ©finition commune de la technique courante : ainsi « est rĂ©putĂ©e technique courante, tous les travaux et procĂ©dĂ©s qui relĂšvent des DTU et autres normes, ou qui font partie de rĂšgles professionnelles validĂ©es par la C2P. »
âą En ce qui concerne les techniques non courantes, les ATec fonctionnent trĂšs bien. Pour les ATEx, les demandes se font le plus souvent par chantier et doivent gĂ©nĂ©ralement ĂȘtre validĂ©es par un bureau de contrĂŽle.
âą Pour les PassâInnovation, lâassurance ne fonctionnera sans surprime que si lâavis est vert. Si lâavis est orange, cela se fera Ă la discrĂ©tion de lâassureur. En cas de feu rouge, il nây a pas dâassurance possible.
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âą LâAvis technique (ATec) ou Document Technique dâApplication (DTA) est un document dâinformation (non obligatoire) qui est le rĂ©sultat dâune expression collĂ©giale dâexperts sur les performances prĂ©visibles dâun produit ou dâun procĂ©dĂ© au regard du couple « produit / usage ». Câest Ă proprement parler lâ Ă©valuation de lâaptitude Ă lâemploi dâun produit ou dâun procĂ©dĂ© innovant ; procĂ©dure grĂące Ă laquelle on pourra apprĂ©cier des critĂšres de durabilitĂ©, de sĂ©curité⊠LâATec est pilotĂ© par la Commission chargĂ©e de formuler les avis techniques (CCFAT) et les documents techniques dâapplication. Celle-ci sâorganise autour de 14 Groupes spĂ©cialisĂ©s (GS), constituĂ©s par domaine dâintervention, qui instruisent les demandes et donnent leurs avis sur les dossiers proposĂ©s. Câest le CSTB qui assure le secrĂ©tariat de cette procĂ©dure.
âą Le deuxiĂšme process dâĂ©valuation est lâApprĂ©ciation technique dâexpĂ©rimentation (ATEx). Parente de lâATec, cette procĂ©dure est plus rapide. Elle concerne des procĂ©dĂ©s et/ou des produits insuffisamment « matures », quâelle permet de valider par lâintermĂ©diaire dâun ou plusieurs chantiers-tests avant de sâorienter vers un ATec. GĂ©nĂ©ralement, lâATEx porte sur les dimensions de sĂ©curitĂ© et de faisabilitĂ©, ainsi que sur les risques de dĂ©sordre. Contrairement Ă lâATec, lâATEx nâest pas rendue publique.
âą Le PassâInnovation est apparu suite au Grenelle de lâEnvironnement. Il sâagit de lâĂ©valuation ponctuelle dâun procĂ©dĂ©. Il est valable 2 ans, non renouvelable. Techniquement, câest le CSTB qui, Ă partir du dossier technique fourni par le fabriquant, Ă©tablit un diagnostic et aprĂšs consultation dâun comitĂ© dâexperts donne un avis graduĂ© sur le risque liĂ© Ă la maturitĂ© du procĂ©dĂ© (vert / orange / rouge). Ce nâest donc pas une procĂ©dure sur laquelle des essais complĂ©mentaires sont engagĂ©s.
> Plus dâinfos sur www.cerema.fr
Le Centre scientifique et technique du bĂątiment (CSTB) est un Ă©tablissement public crĂ©Ă© en 1947. Lâune des premiĂšres missions confiĂ©es au CSTB a Ă©tĂ© de rassembler lâensemble des savoir-faire nationaux sur les procĂ©dĂ©s de construction traditionnels dans des Documents techniques unifiĂ©s. Il Ă©tait ainsi question de simplifier et accĂ©lĂ©rer lâacte de construire puisque les DTU servaient (et servent encore) de « notice explicative » pour la rĂ©alisation de travaux, dans les rĂšgles de lâart et sous la responsabilitĂ© de chacun. Câest en 1969 que les pouvoirs publics ont souhaitĂ© sâassurer de lâ Ă©valuation par tierce partie indĂ©pendante des nouvelles techniques : câest Ă cet effet que lâAvis technique (ATec) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© et confiĂ© au CSTB.
Le difficile parcours de lâATecObtenir un ATec nâest pas une chose aisĂ©e. Il faut dĂ©montrer la faisabilitĂ© du procĂ©dĂ© dans le domaine de la construction ; autrement dit prouver que les gens
En 2014, le CSTB a dĂ©livrĂ© 773 ATec. Toutefois, parmi ce nombre, on ne compte pas que des nouveaux procĂ©dĂ©s mais Ă©galement des renouvellements dâATec ou des extensions. En matiĂšre de nouvelles demandes, ce sont 183 ATec qui ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s en 2014.
ZOOM En France, le CSTB est le principal artisan de lâapprĂ©ciation de lâaptitude Ă lâemploi des procĂ©dĂ©s, matĂ©riaux, Ă©lĂ©ments ou Ă©quipements nouveaux dans le champ de la construction. Deux membres du CSTB, Christophe Morel (Directeur Adjoint aux Partenariats Techniques) et NadĂšge Blanchard (Responsable du programme ARIANE), sont revenus plus spĂ©cifiquement sur lâune des procĂ©dures dâĂ©valuation clefs : lâATec.
SUR UNE PROCĂDURE DâĂVALUATION : LâATEC
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du terrain sont capables dâapprĂ©hender cette nouvelle technique et de lâinstaller correctement dans un ouvrage. Le CSTB exige donc des rĂ©fĂ©rences chantier. Or, nul nâest censĂ© ignorer quâune technique non courante, sans ATec, nâest pas assurable, ou alors avec des surprimes consĂ©quentes. DĂšs lors, dans les faits, cela suppose quâun fabricant de produit innovant va devoir sâappuyer sur des « maĂźtres dâĆuvre et dâouvrage courageux » qui vont oser se lancer dans « lâaventure non courante » et ainsi participer Ă la validation de ces techniques. Et câest exactement ce qui se passe, puisque malgrĂ© les risques que cela implique, les chantiers en techniques non courantes restent relativement nombreux chaque annĂ©e. Câest dâailleurs dans cette configuration quâa Ă©tĂ© crĂ©Ă© lâATEx qui concerne la validation dâune technique sur un chantier, devenant ainsi le prĂ©alable Ă lâATec.
Les Ă©tapes de lâĂ©valuationLe CSTB a une responsabilitĂ© dâinstruction dans la procĂ©dure dâĂ©valuation ATec. Il reçoit de la part du porteur dâinnovation un dossier dans lequel sont rassemblĂ©s un certain nombre dâĂ©lĂ©ments (des essais, des calculs, des expĂ©riences-chantiersâŠ). Les deux parties (CSTB et le demandeur) prĂ©parent alors ensemble le passage devant le Groupe spĂ©cialisĂ©.
Pour autant avant de prĂ©senter son dossier au CSTB, le demandeur dâATec doit idĂ©alement passer par 2 Ă©tapes prĂ©alables :âą en pĂ©riode de prototypage, le fabricant doit se demander sur quel domaine dâemploi, sur quel marchĂ©, il souhaite positionner son procĂ©dĂ© innovant. Ă partir de ce choix, il faut quâil ait une vision claire du futur contexte rĂ©glementaire et technique (dimensionnement et mise en Ćuvre) du procĂ©dĂ©. Il doit Ă©galement avoir une idĂ©e du coĂ»t et des dĂ©lais de mise sur le marchĂ© de ce produit. Si cette premiĂšre Ă©tape dâauto-diagnostic est une quasi-formalitĂ© pour les industriels, elle est beaucoup moins Ă©vidente pour les petites entreprises.
âą lâĂ©tape suivante - produire les Ă©lĂ©ments manquants - est mĂ©thodologiquement plus facile. En revanche, les difficultĂ©s peuvent ĂȘtre dâordre financier : la rĂ©alisation dâessais est parfois onĂ©reuse.
Entre fil dâAriane et fusĂ©e ArianeAriane, service crĂ©Ă© au sein du CSTB, est dĂ©diĂ© Ă lâaccompagnement des porteurs de dossiers dâĂ©valuation, mais Ă©galement ouvert Ă ceux qui nâen sont encore quâau stade de lâidĂ©e de produit innovant. « On encourage fortement les personnes Ă venir nous voir le plus tĂŽt possible afin que la R&D puisse ĂȘtre faite dans la perspective dâune Ă©ventuelle Ă©valuation â mĂȘme si celle-ci reste facultative » explique NadĂšge Blanchard. Les raisons de cette anticipation sont dâabord financiĂšres : la prise en charge de lâĂ©valuation dans le cadre dâun crĂ©dit dâimpĂŽt-recherche ou lâobtention de subventions rĂ©gionales deviennent impossibles lorsque le dĂ©veloppeur est en phase de prototypage. Par ailleurs, câest aussi la meilleure façon pour les porteurs de projet de ne pas griller les Ă©tapes et de suivre de bons conseils. Câest donc bien la mĂ©taphore du fil dâAriane qui prĂ©vaut ici : âaider les porteurs de projet Ă dĂ©mĂȘler les fils dâune procĂ©dure Ă©valuative pas toujours trĂšs simpleâ. Enfin, câest aussi un service dâamorce : ânous sommes Ă©galement lĂ pour lancer lâinnovation et propulser le produit innovant sur le marchĂ©.â Lâautre avantage dâAriane est sa capacitĂ© Ă se dĂ©localiser grĂące Ă des conventionnements rĂ©gionaux signĂ©s avec des partenaires accompagnateurs locaux.
> Toutes les informations sur le CSTB sur www.cstb.fr
COMBIEN COĂTE UN AVIS TECHNIQUE ? Le dĂ©lai dâinstruction pour lâATEx est relativement rapide (entre 2 et 3 mois) pour un coĂ»t dâenviron 10 000 euros. Pour lâATec, le dĂ©lai moyen dâinstruction est de 9 mois â entre le moment oĂč le CSTB est saisi et la date Ă laquelle lâATec est publiĂ© sur le site qui rassemble lâensemble des ATec. Cette temporalitĂ© ne tient pas compte du temps amont nĂ©cessaire pour constituer le dossier de demande. Le coĂ»t moyen dâinstruction est Ă©galement de 10 000 euros â il peut ĂȘtre moindre lorsquâil sâagit dâun renouvellement et plus important lorsque le procĂ©dĂ© est trĂšs innovant (jusquâĂ 25 000 euros dans certains cas). En parallĂšle, les tests indispensables pour valider les propriĂ©tĂ©s techniques et rĂ©glementaires dâun produit peuvent eux varier entre 30 et 100 000 euros.
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PrĂ©vention et observationLâAQC accorde beaucoup dâimportance Ă la prĂ©vention par lâintermĂ©diaire de deux commissions qui travaillent, pour lâune dâelle, sur les produits industriels et les textes de mise en Ćuvre (la C2P â Commission prĂ©vention produits mis en Ćuvre) et pour lâautre, sur les interfaces et les compĂ©tences des acteurs de la construction (la CPC â Commission prĂ©vention construction). Les outils et les actions de prĂ©vention sont essentiellement fondĂ©s sur les enseignements de lâObservatoire de la qualitĂ© de la construction.
Il existe 4 dispositifs dâobservation des pathologies : âą Les pathologies de frĂ©quence sont rĂ©fĂ©rencĂ©es dans la base de donnĂ©es SycodĂšs. Celle-ci exploite un Ă©chantillon de dĂ©sordres signalĂ©s par les experts construction, constituĂ© Ă 80 % de dommages dĂ©clarĂ©s en Dommage-ouvrage (DO). Depuis quelques temps lâexploitation dans la base de donnĂ©es nationale SycodĂšs des informations propres Ă chaque rĂ©gion a permis de rĂ©aliser lâĂ©tude de la rĂ©partition des dĂ©sordres et lâanalyse des situations sinistrantes pour 23 rĂ©gions.âą Les pathologies sĂ©rielles sont particuliĂšrement recherchĂ©es. Il sâagit de plusieurs dommages qui peuvent affecter plusieurs ouvrages et qui ont la mĂȘme origine (cause technique). Par exemple des fenĂȘtres construites en usine prĂ©sentant le mĂȘme dĂ©faut de fabrication et installĂ©es sur plusieurs maisons. Comme la base de donnĂ©es prĂ©cĂ©dente, cette derniĂšre est alimentĂ©e par les rapports des experts dâassurance.âą Lâobservation des pathologies Ă©mergentes est, quant Ă elle, rĂ©alisĂ©e grĂące aux enquĂȘtes de terrain dâagents de lâAQC directement sur des bĂątiments innovants rĂ©cents. Il sâagit dâinventorier tous les dĂ©sordres ou difficultĂ©s rencontrĂ©s par les acteurs impliquĂ©s dans la construction et lâusage de lâimmeuble (habitants compris). Les points de vigilance sont ainsi consignĂ©s le plus tĂŽt possible.âą Le dernier dispositif dâobservation intervient plus en amont : en fonction des nouvelles familles de produits, des nouvelles rĂ©glementations, lâAQC tente de dĂ©tecter les futures pathologies.
Evaluation technique contre Ă©valuation de sinistreâŠLâensemble de ces dispositifs permet de faire une analyse de risque des procĂ©dĂ©s innovants. Celle-ci intervient donc aprĂšs et indĂ©pendamment de lâanalyse technique du CSTB. ClassĂ©e selon deux catĂ©gories â risque courant ou risque aggravĂ© â cette analyse servira principalement aux assureurs afin de positionner au mieux les garanties dâassurance de tel ou tel produit.
LA SINISTRALITĂ ET LE RĂLE DE LA COMMISSION PRĂVENTION PRODUITSLâAgence qualitĂ© construction (AQC) est une association qui prend ses racines dans le dispositif mis en place par la loi Spinetta, relative Ă la responsabilitĂ© et Ă lâassurance dans le domaine de la construction. Son but est de promouvoir toute action pouvant tendre Ă rĂ©duire le nombre et la gravitĂ© des dĂ©sordres. Pris sous un autre angle, il sâagit de prĂ©venir la sinistralitĂ© en sâassurant que les produits et ou procĂ©dĂ©s innovants sont suffisamment fiables sur la longueur⊠et donc assurables. Revue des diffĂ©rents dispositifs dâobservation par Christel Ebner, directrice Ăvaluation des risques et procĂ©dĂ©s Ă lâAQC.
COMMENT SORTIR DE LA LISTE ROUGE DE LâAQC : LâEXEMPLE DE LA OUATE DE CELLULOSELes ATec des produits Ă base de ouate de cellulose ont pendant un temps figurĂ© en liste verte. NĂ©anmoins plusieurs rapports dâexpertise sur des sinistres incendie ont conduit lâAQC Ă les mettre en observation ou Ă les passer en liste rouge. Les fabricants ont alors Ă©ditĂ© de nouvelles prescriptions insistant sur les points faibles du procĂ©dĂ© de pose (notamment la nĂ©cessitĂ© dâutiliser un capot de protection pour les spots fixĂ©s Ă proximitĂ© de cette matiĂšre), et ont accompagnĂ© leur produit de nouvelles Ă©tiquettes et pictogrammes de mise en garde. Ils sont aujourdâhui de nouveau en liste verte.
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La Commission prĂ©vention produits mis en Ćuvre (C2P) va intervenir dans le cadre de la constitution de rĂšgles professionnelles, mais uniquement Ă la demande des rĂ©dacteurs. DĂšs lors, dans la mesure oĂč elles seront prĂ©sentĂ©es et acceptĂ©es par la C2P, les techniques Ă©valuĂ©es seront considĂ©rĂ©es comme « techniques courantes » par les assureurs. Dans le cas inverse, elles resteront en « techniques non courantes ». Pour autant, ce nâest pas parce quâun produit ou un procĂ©dĂ© sera classĂ© en technique non courante que son utilisation est bannie. Le prescripteur ou lâentreprise qui met en Ćuvre le produit devra se rapprocher de lâassureur et entamer une discussion avec ce dernier.
Les Avis techniques (ATec) du CSTB sont Ă©galement analysĂ©s par la C2P â encore une fois sous lâangle assurantiel : en clair, il sâagit dâobserver sâil existe un risque courant ou un risque aggravĂ©. Dans le cas oĂč aucun risque ne sera rĂ©vĂ©lĂ©, lâATec sera placĂ© en liste verte et le produit (et plus exactement la famille de produit) quâil dĂ©finit, reconnu comme une technique courante. Dans le cas contraire, le produit sera en liste rouge. Le maĂźtre dâĆuvre doit donc vĂ©rifier que lâATec du produit ou procĂ©dĂ© quâil utilise sur son chantier figure bien dans la liste verte de lâAQC â information consultable sur le site internet. Dans le cas contraire, il doit, ici aussi, se rapprocher de son assureur.
> Pour plus dâinfos, consultez : www.qualiteconstruction.com/c2p/role-et-missions.html
MADEELI est le nom donnĂ© Ă lâagence rĂ©gionale de lâinnovation et du dĂ©veloppement Ă©conomique en Midi-PyrĂ©nĂ©es. Cette nouvelle structure, opĂ©rationnelle depuis le 1er janvier 2015, est nĂ©e de la fusion de deux agences satellites du Conseil rĂ©gional : Midi-PyrĂ©nĂ©es expansion (MPE) et Midi-PyrĂ©nĂ©es innovation (MPI).
Avant MADEELI, MPI traitait 250 projets innovants par an avec des dĂ©penses variant entre 200 000 euros et 5 millions dâeuros. 95 % des porteurs de projet Ă©taient des entreprises composĂ©es de 1 Ă 20 personnes. Pour lâannĂ©e 2014, les finances affectĂ©es aux programmes R&D avaient atteint le montant de 47 millions dâeuros.
Sur les 250 projets, entre 20 et 30 concernaient le domaine bĂątiment travaux publics. NĂ©anmoins, dans le cadre du chĂšque innovation (aide permettant aux entreprises artisanales de moins de 50 personnes et de moins de 10 millions dâeuros de CA de bĂ©nĂ©ficier dâune prestation dâaide au dĂ©veloppement, dâun plafond de 10 000 euros â notamment test de fiabilitĂ© et/ou dâĂ©valuation), on sait que sur prĂšs de 650 dossiers financĂ©s durant 6 ans, plus de 100 concernaient les matĂ©riaux de construction. Cette aide a notamment souvent permis dâeffectuer des tests intermĂ©diaires de produits auprĂšs de laboratoires ou centres techniques moins onĂ©reux que ceux du CSTB. MADEELI entend faire aussi bien.
LâACCOMPAGNEMENT DE LâINNOVATION MĂȘme si la procĂ©dure dâĂ©valuation peut ĂȘtre relativement simple, Ă partir du moment oĂč elle est dĂ©marrĂ©e au bon moment et dĂ©roulĂ©e Ă©tape aprĂšs Ă©tape, il nâen demeure pas moins que cette dĂ©marche continue Ă inquiĂ©ter certaines entreprises dĂ©sireuses dâentreprendre. Jean-Philippe Mounier de MADEELI fait partie des acteurs accompagnants dont lâobjectif est simple : dĂ©sacraliser et surtout simplifier le parcours des acteurs dĂ©sireux de lancer de nouveaux produits de construction.
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Les travaux menĂ©s au sein de MADEELI visent Ă aider les entreprises de toutes les filiĂšres industrielles - mais aussi des territoires - Ă structurer leurs projets dâ innovation. LâidĂ©e est bien que les acteurs adoptent le rĂ©flexe de venir rencontrer les structures institutionnelles animatrices pour leur exposer leur projet innovant â câest un premier niveau de compĂ©tence qui peut leur ĂȘtre trĂšs bĂ©nĂ©fique.
Dans les faits, lâapport de MADEELI concerne plusieurs volets : âą le volet technique, puisquâil faut Ă©tablir un cahier des charges, trouver des prestataires capables de rĂ©aliser des prototypes ou dâeffectuer des tests ;âą le volet juridique qui comprend une meilleure lisibilitĂ© du contexte rĂ©glementaire mais aussi des rĂ©ponses sur la propriĂ©tĂ© intellectuelle ; âą le volet Ă©conomique qui consiste Ă bien choisir son positionnement sur le marchĂ©, la stratĂ©gie de dĂ©veloppement⊠;
Le dĂ©nominateur commun de tous ces volets est simple : rĂ©duire le risque du projet pour lâentreprise. Une intervention qui se traduit par la recherche de partenaires, notamment financiers. Ici, la premiĂšre Ă©tape consiste Ă Ă©valuer le coĂ»t global du projet. Ce nâest que dans un second temps quâil faudra aller Ă la recherche de financements. Les deux principaux argentiers de lâinnovation sont la BPI et les RĂ©gions, sans oublier, dans le cas de projets plus lourds, des financements europĂ©ens. Il est dâautant plus important pour les porteurs de projet de savoir comment ils peuvent accĂ©der Ă ces aides (et surtout connaĂźtre quelles dĂ©penses sont Ă©ligibles) que ceux-ci ne sont pas forcĂ©ment trĂšs nombreux.
> Plus dâinformations sur http://www.madeeli.fr/
La SEAC : le poids de lâĂ©valuation Le suivi qualitĂ© des produits nâest pas une sinĂ©cure Ă la SEAC, une entreprise cĂ©lĂšbre pour sa fabrication de tuiles avant et aprĂšs-guerre, puis pour ses planchers et murs bĂ©ton depuis le dĂ©but des annĂ©es 60. Cela commence par les marquages CE et NF, dont disposent leurs 25 sites de productions. « Tout le monde sây plie, mĂȘme le plus petit site qui, avec son Ă©quipe de 4 personnes, est dans lâobligation de maintenir un manuel qualitĂ©, dâeffectuer les essais contractuels dus aux rĂ©fĂ©rentiels CE / NF et doit se rendre disponible pour les visites des auditeurs du CERIB (Centre technique industriel du BĂ©ton) deux fois par an. Le tout pour un coĂ»t de certification annuel de lâordre de 4500 euros HT ». A lâĂ©chelle du groupe, le budget annuel est de lâordre de 300 000 euros. Un montant incluant le coĂ»t des essais complĂ©mentaires rĂ©alisĂ©s par les organismes certificateurs - notamment le CERIB ou le CSTB â mais pas le coĂ»t dâentretien et de renouvellement des ATec (environ 200 000 euros / an).Selon la reprĂ©sentante de la SEAC, le coĂ»t de la certification, qui nâest pas toujours si facultative que lâon croit â câest notamment le cas des blocs bĂ©ton
RETOURS DâEXPĂRIENCES DE PORTEURS DE PROJETS INNOVANTSAprĂšs avoir entendu des professionnels du conseil, de lâĂ©tude, de lâobservation, il Ă©tait temps dâentendre le son de cloche dâentreprises ayant vĂ©cu lâĂ©valuation de produits avec plus ou moins de bonheur. Pascale Escaffit, responsable qualitĂ© au sein de la SEAC Guiraud frĂšres et Nicolaas Oudhof, reprĂ©sentant de la SCOP Ecoterre, tĂ©moignaient dâexpĂ©riences de porteurs de projet innovant assez diffĂ©rentes.
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ou des poutrelles qui requiĂšrent le marquage NF pour leur mise en Ćuvre sur un chantier â est handicapant pour les entreprises françaises. Câest ainsi que lâentreprise voit frĂ©quemment des chantiers lui Ă©chapper face Ă une concurrence espagnole trĂšs compĂ©titive qui utilise des produits ayant obtenu des Avis techniques exceptionnels (ou un AgrĂ©ment technique europĂ©en - ATE) acceptĂ©s par les assureurs.
Ecoterre fait son Ă©valuationContrairement Ă la SEAC, Ecoterre, petite SCOP cĂ©venole, a choisi de mettre en place sa propre procĂ©dure Ă©valuative dans le but de caractĂ©riser un process constructif innovant : « le terre-paille » ou la terre allĂ©gĂ©e. Dans les faits, le dĂ©veloppement de cette nouvelle matiĂšre a nĂ©cessitĂ© la mise en Ćuvre dâune dĂ©marche de certification pour la construction de maisons RT 2012. Il sâagissait Ă©galement de prouver la compĂ©titivitĂ© de la technique.
La premiĂšre Ă©tape, lancĂ©e en 2012, a consistĂ© Ă coopĂ©rer avec la SCOP Inventerre; lâavantage de ce partenariat rĂ©sidant dans la double gĂ©ographie du projet (les deux acteurs Ă©tant issus de deux rĂ©gions - Midi-PyrĂ©nĂ©es et Languedoc-Roussillon) permettant de bĂ©nĂ©ficier du soutien financier des deux collectivitĂ©s. Dans un second temps, des partenariats techniques plus larges ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, notamment pour la rĂ©alisation de tests avec : le CEREMA, le LNE, Ăco-Etudes, le LMDC, le FCBA ou encore lâĂcole des Mines dâAlĂšs.
Les recherches ont dâabord portĂ© sur la rĂ©action au feu, la conductivitĂ© thermique en fonction de la densitĂ© du matĂ©riau, la permĂ©abilitĂ© Ă la vapeur dâeau ou encore la capacitĂ© de sĂ©chage. Pour cette Ă©tape, la SCOP aurait pu faire appel au CSTB pour rĂ©aliser un test dans une enceinte bioclimatique et ainsi voir de quelle maniĂšre le matĂ©riau sĂ©chait dans deux contextes climatiques diffĂ©rents. Or, le budget assignĂ© aux essais (60 000 euros en tout) Ă©tant presque intĂ©gralement dĂ©pensĂ©, lâoption de « tests maison » a Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e. La SCOP et ses partenaires ont ainsi construit leur propre structure dâĂ©valuation avec quatre types de parois capables de simuler quatre rĂ©alitĂ©s de chantier diffĂ©rentes. Au final, il a Ă©tĂ© prouvĂ© quâil sâagissait dâune matiĂšre innovante intĂ©ressante et la rĂ©daction dâun guide de bonnes pratiques est en cours, avec en point de mire la formalisation de rĂšgles professionnelles.
> Plus dâinfos sur www.seac-gf.fr et http://ecoterre-scop.fr/
LES CAHIERS TECHNIQUES DES 17-VIN DU CeRCAD :Directrice de publication : Jocelyne BlaserComité de rédaction : Illona Pior, Pauline LefortRédaction : Echocité - [email protected] graphique et mise en page : Arterrien - [email protected] : Art et CaractÚre
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