1- Laurent Jenny Les Genres Litteraires

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    Mthodes et problmes

    Les genres littrairesLaurent Jenny, 2003Dpt de Franais moderne Universit deGenve

    Sommaire

    Approche de la question du genreI.Un genre est une convention discursive1.

    Les conventions constituantes1.Les conventions rgulatrices2.Les conventions traditionnelles3.

    Multiplicit des conventions discursives dans une uvre donne2.

    Transgression des conventions discursives selon Schaeffer3.Relativit de ce classement des transgressions4.

    Rappel historique des classifications de genreII.La classification platonicienne1.

    Digsis et mimsis selon Platon1.Esquisse d'une classification nonciative des genres2.Remarque sur la classification platonicienne3.

    La classification aristotlicienne des arts2.Le statut de la mimsis chez Aristote1.Grille des genres chez Aristote2.

    Les moyens de la reprsentation1.

    Les objets de la reprsentation2.Les modes de la reprsentation3.

    Conclusion sur Aristote3.Triades des genres3.

    Le systme de Batteux1.La triade romantique2.La doxa contemporaine3.

    Fonction des genresIII.Genre et horizon d'attente1.Gnricit lectoriale et relativit des genres2.

    La fin des genres?IV.

    Bibliographie

    I. Approche de la question du genre

    Nous n'apprhendons pas les textes littraires comme des tres singuliers,hors de toutes catgories. Un texte littraire se prsente nous traverscertaines caractristiques de genre, qui, on le verra, donnent forme nosattentes, au type de rception que nous en avons et servent en interprter

    le sens. Nous avons besoin de savoir quelle catgorie un texte appartientpour le comprendre tout fait. Si je prends un conte de fes comme Barbe-

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    Bibliographie

    Exercices

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    bleue pour un tmoignage historique, ou une satire ironique pour un essaisrieux, je risque fort de msinterprter le sens du texte que je lis.

    Il suffit d'entrer dans une librairie pour faire l'exprience de la catgorisationlittraire. Sans avoir suivi de cours de mthodologie, les libraires classent engnral les textes littraires contemporains en diffrents rayons, tels queroman, posie, thtre. Il s'agit l d'un systme des genres rudimentaire etdont on devine qu'il est assez approximatif. En fouillant dans le rayon romanon risque fort d'y trouver des rcits non fictifs comme le tmoignage deRobert Antelme sur les camps de la mort, L'Espce humaine.

    On a d'ailleurs souvent l'impression que ce classement est inoprant pour lestextes modernes: o ranger, par exemple, Plume d'Henri Michaux, qui a tpubli dans la collectioncoll. Posie/Gallimard mais qui comporte desnarrations fictives comme celle qui donne son nom au recueil (Plume est eneffet un personnage de fiction type)? O ranger les textes de Samuel Beckettcomme Malone meurto l'action se rduit rien et o une voix parle tout dulong au prsent dans ce qui pourrait aussi bien constituer un monologue

    thtral? Est-ce qu'il faut en conclure que la littrature moderne est rebelleaux genres? Que c'est une question dpasse qui ne concerne que lalittrature classique? Nous essaierons de rpondre ces questions.

    I.1. Un genre est une convention discursive

    Commenons par remarquer que si la notion de genre est floue, c'est qu'elles'applique des ralits littraires trs diffrentes, dont nous sentons qu'ellesne sont pas de mme chelle.

    Ainsi, on peut dire qu'un sonnet, qu'un roman d'apprentissage, ou que laposie lyrique sont des genres. Mais videmment on fait allusion dans cesdiffrents cas des proprits textuelles trs diffrentes.

    Le sonnet est une forme fixe dont les caractristiques mtriques sontstrictement codifies. En revanche son contenu est assez indiffrent songenre. C'est exactement le contraire pour le roman d'apprentissage, qui neconstitue un genre que par son contenu vague (impliquant un hros ou unehrone jeune et inexprimente qui fait l'exprience de l'existence sociale,affective ou esthtique, travers un certain nombre d'preuves (comme dansLes Illusions perdues de Balzac, ou L'Education sentimentale de Flaubert).

    Mais ces romans d'apprentissage peuvent tre trs diffrents par lalongueur, par la forme, par le type de narration. Enfin, lorsqu'on parle de laposie lyrique, on rfre en gnral la fois une forme d'nonciation lapremire personne (critre qui n'apparat pas du tout dans le sonnet ou leroman d'apprentissage) et certains types de contenus (l'panchement de lasensibilit).

    Il y a cependant un point commun tous ces usages du mot genre: dans tousles cas nous avons affaire une convention discursive. Dans son livre,Qu'est-ce qu'un genre littraire?, Jean-Marie Schaeffer a propos dedistinguer divers types de conventions discursives; il y aurait selon lui des

    conventions constituantes, des conventions rgulatrices et desconventions traditionnelles.

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    I.1.1. Les conventions constituantes

    Les conventions constituantes, selon Schaeffer, ont pour caractristiqued'instituer l'activit qu'elles rglent. C'est--dire que tout la fois ellesinstaurent la communication et elles lui donnent une forme spcifique.

    Tel est le cas, selon Schaeffer, des conventions discursives qui portent sur unou plusieurs aspects de l'acte communicationnel impliqu par le texte.

    Toutes sortes d'aspects de l'acte communicationnel peuvent entrer dans ladfinition d'un genre.

    Il peut s'agir du statut nonciatifdu texte. L'nonciateurpar exemple peuttre fictif ou non. Et cela suffira opposer un roman la 1re personnecomme L'Etrangerde Camus d'un tmoignage. C'est aussi ce critre qui nouspermet de classer La Recherche du temps perdu dans les romans et nondans les autobiographies.

    De mme les modalits d'nonciation peuvent entrer dans la dfinition dugenre. On le verra, l'une des premires classifications gnriques del'Antiquit oppose des textes o l'on raconte des paroles ou des actions(digsis) et des textes o l'on fait parler au style direct des personnages(mimsis). Et cette opposition permet globalement d'opposer le genre thtralau genre narratif.

    L'acte illocutoire impliqu par un texte (celui qu'on accomplit en parlant) peutaussi tre constitutif d'un genre. On distingue des genres par les types d'actesillocutoires qu'ils impliquent. On peut ainsi opposer des actes expressifs(centrs sur l'expression des motions du sujet comme dans la posie lyrique

    ainsi les Mditations de Lamartine), des actes persuasifs (comme dans lesermon et le discours apologtique en gnral comme les Penses dePascal) et des actes assertifs (affirmant fictivement ou non l'existence d'tatsde faits, comme dans le roman raliste la Zola, le tmoignage ou le compte-rendu).

    Enfin des genres peuvent tre distingus par leurs vises perlocutoires (leseffets attendus de la parole). Une comdie se donne pour vise explicite deproduire chez le destinataire un effet d'amusement. Chez Aristote, la tragdiea pour finalit la catharsis, c'est--dire la purgation des passions.

    I.1.2. Les conventions rgulatrices

    Les conventions rgulatrices sont diffrentes en ce qu'elles ajoutent desrgles une forme de communication prexistante. Elles ne dcoulentpas de l'acte communicationnel institu par le discours mais de certainesparticularits de la forme du discours qui viennent se surimposer cet actecommunicationnel.

    Ainsi un sonnet peut tre, sur le plan de l'acte communicationnel, unenonciation lyrique en premire personne. Mais cette forme decommunication s'ajoutent des contraintes spcifiques qui viennent en rgler laforme.

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    Il s'agit en l'occurrence de contraintes mtriques, qui organisent le pomeselon un nombre de vers dtermin (14), organiss en deux quatrains rimesembrasses et deux tercets dont les schmas de rimes sont d'un caractreplus variable.

    Il peut s'agir aussi de contraintes phonologiques comme dans les jeux del'Oulipo. Ainsi le roman de Georges Perec, La Disparition, est tout entier critsur le principe d'un lipogramme (c'est--dire d'un texte qui vitesystmatiquement une lettre ici le e).

    Il peut s'agir de contraintes stylistiques. Ainsi l'opposition entre style levet style bas entre dans la distinction gnrique entre tragdie et comdie.

    Il peut s'agir de contraintes de contenu. Ainsi la tragdie selon Aristote doitse conformer une certaine structure actionnelle: elle doit comporter parexemple un moment de priptie qui retourne une situation et inverse leseffets de l'action [II, 52a22]. De mme l'ge classique, la rgle dite destrois units (de temps, de lieu et d'action), dfinit de faon contraignante la

    forme de la tragdie.

    I.1.3. Les conventions traditionnelles

    Les conventions traditionnelles sont des contraintes discursives beaucoupplus lches. Elles portent sur le contenu smantique du discours.

    Aristote oppose ainsi comdie et tragdie par des critres thmatiques: lacomdie est la reprsentation d'hommes bas et le comique est dfini par luicomme un dfaut ou une laideur qui ne causent ni douleur nidestruction [49a32].D'autres genres se dfinissent essentiellement par le contenu: par exemplel'pigramme (courte pice de vers contenu satirique), l'idylle(tymologiquement eidullion, petit tableau reprsentant une scne pastorale),la fable, le rcit de voyage, le roman de science-fiction, le journal intime, etc.

    Les conventions traditionnelles rfrent aussi un texte actuel des textesantrieurs, proposs comme des modles reproductibles dont elles s'inspirentlibrement. Ainsi les Bucoliques de Virgile sont l'origine d'un genre qui chanteles charmes de la vie champtre.

    Ces conventions n'ont pas cependant une valeur de prescription aussiforte que les prcdentes. Ainsi, le roman de chevalerie ou le romand'apprentissage relvent des conventions traditionnelles. Mais l'inscriptiondans ce genre ne ncessite pas que tous les traits des modles antrieurssoient reconduits. Il suffit qu'il y ait du texte au modle un air de famille.

    I.2. Multiplicit des conventions discursives dans une uvredonne

    Une uvre particulire participe donc la plupart du temps de plusieurs types

    de conventions discursives simultanes, et entre donc dans plusieurs classesgnriques de diffrents niveaux.

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    Par exemple, Les Regrets de Du Bellay, relvent la fois du genre lyriquedu point de vue des conventions constituantes (nonciation en 1re personneet contenu affectif), du sonnet du point de vue des conventions rgulatrices(formes rgles des pomes en deux quatrains et deux tercets), et du genrelgiaque du point de vue des conventions traditionnelles (leur contenurelve de la plainte et de la dploration selon une tradition qui remonte aumoins au pote latin Ovide).

    Autre exemple: la tragdie repose la fois, comme on l'a vu, sur desconventions constituantes (nonciativement tous les personnages s'yexpriment directement en 1re personne, il n'y a pas rcit), sur desconventions rgulatrices (la structure de l'action est rgie par certainesformes prdfinies comme la priptie) et sur des conventionstraditionnelles (thmatiquement la tragdie prend pour objet le destinmalheureux de personnages levs).

    I.3. Transgression des conventions discursives selon Schaeffer

    Selon Schaeffer, le respect des conventions discursives est plus ou moinscontraignant en fonction de leur type.

    Si on ne respecte pas une convention constituante, on choue raliser legenre qu'on visait. Par exemple si le contrat de vrit qui lie l'auteur aunarrateur dans l'autobiographie est transgress (l'autobiographe brodedlibrment en faisant de celui qui dit Je un personnage de fiction auxaventures purement inventes), on sort du genre autobiographique proprement parler. On a d'ailleurs invent le terme d'autofiction pour baptiserce type d'cart de l'autobiographie.

    Mais les effets sont diffrents si on ne respecte pas une conventionrgulatrice comme le sonnet. On peut imaginer de modifier la structure dusonnet en commenant par les tercets et en finissant par les quatrains. C'estce que fait Verlaine dans son pome Rsignation qui ouvre les Pomessaturniens et qui est un sonnet inverti, dans tous les sens du termes (Verlainey crit Et je hais toujours la femme jolie, / La rime assonante et l'amiprudent. ). Il y a alors violation des rgles mais non pas vritablementchec raliser le genre.

    Enfin les conventions traditionnelles sont trs peu contraignantes. Si l'on

    s'carte d'un modle archtypique par exemple, celui des Fables d'Esope oude La Fontaine, pour crire des fables dpourvues de moralits, on modifierale genre mais on n'en exercera pas une violation comme dans le casprcdent. Une question serait de savoir si le Don Quichotte de Cervants quiparodie ouvertement les romans de chevalerie est encore un roman dechevalerie.

    I.4. Relativit de ce classement des transgressions

    A vrai dire, les genres contemporains devenant beaucoup plus fluctuants, on

    peut se demander si la transgression des rgles constituantes conduitncessairement l'chec. Comme je l'ai signal, la frontire entre textes

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    dramatiques et narratifs est assez floue chez Beckett, sans qu'on interprtepour autant cela pour un chec raliser l'un ou l'autre genre.

    De mme, le pote Jacques Roubaud a pu proposer, dans son recueil , dessonnets en prose et des sonnets de sonnets, dont l'identification est d'ailleursproblmatique. Je ne suis pas sr qu'on interprte cela comme une violationdes rgles du genre. Il me semble plus vraisemblable d'admettre qu'on y voitune redfinition radicale, quelque chose donc qui ressemble lamodification du genre qu'on trouve dans la transgression des conventionstraditionnelles.

    II. Rappel historique des classifications de genre

    Au fil des sicles, depuis Platon, on a vu se succder des systmes declassification des genres.

    Tantt la classification met l'accent sur un caractre prescriptifou normatif(elle dfinit des normes, nonce des prfrences en caractrisant des genrescomme suprieurs d'autres et elle permet au destinataire de former des

    jugements de valeur sur des uvres ralises). C'est le cas de laclassification platonicienne ou aristotlicienne.

    Tantt la classification a un caractre plus descriptif, elle considre lesgenres comme un systme de possibilits, et comme un jeu d'oppositionsentre des traits de structure. C'est le cas des classifications modernes commecelle de Kte Hamburger dans sa Logique des genres littraires ou de GrardGenette dans son Introduction l'architexte.

    II.1. La classification platonicienne

    II.1.1. Digsis et mimsis selon Platon

    Au livre III de La Rpublique (vers 380-370 av. J.-C.), Platon justifie par labouche de Socrate les raisons de chasser les potes de la Cit, en sefondant sur des considrations de divers types.

    Les unes portent sur le contenu des uvres. Les potes sont souventcoupables de reprsenter les dfauts des dieux (par exemple leur rire) etceux des hros (par exemple leurs plaintes). Il leur arrive aussi de donner lemauvais exemple en reprsentant la vertu malheureuse et le vice triomphant.

    Mais d'autres considrations portent sur la forme d'nonciation (lexis) desdiffrents genres. Tout pome (il faut comprendre pome au sens trs largequ'on donnerait aujourd'hui uvre) est une narration (digsis) qui portesur des vnements prsents, passs ou venir.

    Or, tantt il y a narration simple (hapl digsis), c'est--dire que tout estracont, non seulement les vnements mais aussi les paroles despersonnages, qui sont soit rsumes, soit rapportes au style indirect. Ainsi,c'est le cas au dbut de L'Iliade o Homre nous raconte que Chryss supplie

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    Agamemnon de lui rendre sa fille sans citer ses paroles au style direct.Socrate approuve cette attitude nonciative car elle ne comporte aucunetromperie: c'est le pote qui parle lui-mme, sans essayer de nousdtourner l'esprit dans une autre direction, pour nous faire croire que celui quiparle soit quelqu'un d'autre que lui-mme (393a).

    Mais Homre ne s'en est pas tenu cette attitude. Dans ce qui suit,[Homre] parle comme s'il tait lui-mme Chryss, en essayant le pluspossible de nous faire croire que ce n'est pas Homre qui parle, mais leprtre , c'est--dire un vieillard. Et de fait c'est ainsi qu'il a compos presquetout le reste de la narration concernant les vnements d'Ilion, et ceuxd'Ithaque et de toute l'Odysse (393b).

    Dans ce cas l, il y a vritablement imitation (mimsis), car le pote rend safaon de dire la plus ressemblante possible celle de chaque personnage. Ilimite leur style de parole et donc nous trompe. Or dans la Rpublique idaleimagine par Platon, on ne saurait tre la fois soi et un autre. Et, de plus, ily a un vritable risque moral imiter: ainsi un homme de bien pourrait tre

    amen imiter une femme qui injurie les dieux, ou d'autres hommesmchants et lches. Or, dit Socrate, les imitations, si on les accomplitcontinment ds sa jeunesse, se transforment en faons d'tre et en uneseconde nature, la fois dans le corps, dans les intonations de la voix, etdans la disposition d'esprit (395d). Il y a donc un risque de devenir soi-mme lche, mchant ou infrieur sa condition.

    II.1.2. Esquisse d'une classification nonciative des genres

    Indpendamment de l'argument moral dvelopp par Socrate, qui va lui servir valoriser certains types de textes et en dnigrer d'autres, ce qui nousintresse du point de vue d'une histoire des genres, c'est que Socrateesquisse ainsi une classification.

    En effet, il envisage trois formes d'nonciation diffrentes dans lespomes.

    Tantt, le pote s'en tient la narration simple (hapl digsis), il racontetout, y compris les paroles. C'est ce qui se passe dans les dithyrambes.

    Tantt le pote mlange la narration (digsis) et l'imitation de paroles(mimsis) comme dans L'Iliade ou L'Odysse. C'est le mode mixte, qui fait

    alterner rcit et dialogue. Ce genre, concde Socrate, plat au plus grandnombre, mais il est moralement nuisible pour les raisons qu'on vient de voir.

    Tantt enfin, le pote s'en tient purement l'imitation de paroles (mimsis).C'est ce qui se passe au thtre, dans la tragdie et la comdie, o n'entrentaucun rcit mais seulement du dialogue.

    II.1.3. Remarque sur la classification platonicienne

    Ce qu'il faut remarquer, c'est que Platon donne ici une dfinition trs troitede la mimsis, puisque pour lui, il n'y a pas imitation dans le rcit, tant qu'onne fait pas parler un personnage au style direct. Contrairement ce qu'on a

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    souvent considr par la suite, la description ou le rcit d'une suite d'actionsne relvent pas pour lui de la mimsis.

    II.2. La classification aristotlicienne des arts

    A partir de ce principe gnral, Aristote va dfinir une grille des genresbeaucoup plus complexe que chez Platon parce qu'elle classe les genresselon les moyens de la reprsentation, selon les objets de la reprsentationet selon les modes de la reprsentation (47a). Sans entrer dans tous lesdtails de ce systme des genres, j'en donnerai un aperu.

    II.2.1. Le statut de la mimsis chez Aristote

    Dans sa Potique, Aristote adopte une dfinition de la mimsis beaucoupplus englobante. Non seulement, il y inclut les diffrents genres littraires,

    quels que soient leurs modes nonciatifs (pope, tragdie ou dithyrambe),mais aussi la musique, la chorgraphie et la peinture.

    La mimsis n'est plus comme chez Platon la caractristique nonciative d'ungenre particulier (par excellence le thtre, et de faon mle l'pope). Elledevient chez Aristote le principe gnral des arts. Tous les arts imitentoureprsentent selon la traduction de Dupont-Roc et Lallot, mais ils nereprsentent pas seulement des paroles, ils peuvent aussi reprsenter desobjets (dans le cas de la peinture), des motions et des caractres (dans lecas de la musique et de la danse), voire des actions ou plutt despersonnages parlant et agissant (dans le cas de l'pope ou de la tragdie).

    II.2.2. Grille des genres chez Aristote

    A partir de ce principe gnral, Aristote va dfinir une grille des genresbeaucoup plus complexe que chez Platon parce qu'elle classe les genresselon les moyens de la reprsentation, selon les objets de la reprsentationet selon les modes de la reprsentation (47a). Sans entrer dans tous lesdtails de ce systme des genres, j'en donnerai un aperu.

    II.2.2.1. Les moyens de la reprsentation

    On a vu que selon les diffrents arts, les moyens diffraient: couleur etdessin pour la peinture, rythme et mlodie pour la musique, rythme etmouvement pour la danse.

    En ce qui concerne l'art d'crire, la rflexion sur les moyens va amenerAristote dfinir le champ de la posie (au sens large d'art littraire).

    Effectivement, pour Aristote, l'utilisation du langage versifi, du mtre, est l'un

    des critres dfinitionnels de l'art littraire. C'est qu' son poque, tous lesgenres littraires sont versifis, qu'il s'agisse de l'pope ou du drame. (Onremarquera qu'Aristote ne dit rien de la posie lyrique qui est oublie dansson systme).

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    Cependant, lui tout seul, le mtre ne suffit pas faire la posie au senslarge car il existe des textes didactiques, caractre plutt scientifique dirions-nous aujourd'hui, comme ceux crits par Empdocle, qui sont composs envers. Cela ne suffit pas faire d'eux despomes. Ces textes n'imitent rien.

    Pour qu'il y aitposie, il faut qu'il y ait la conjonction d'un moyen (le mtre) etd'une activit mimtique.

    Dans son ouvrage Fiction et diction (1991), Grard Genette s'est inspir de cedouble critre pour dfinir la littrature: un critre formel (qui n'est plusncessairement le vers pour la littrature moderne mais plus gnralement lestyle, ou la diction) et un critre reprsentatif (la fiction).

    II.2.2.2. Les objets de la reprsentation

    Ici Aristote introduit un critre thmatique [48a1] qui est aussi social et

    moral. Tantt la reprsentation reprsente des hommes nobles et tantt deshommes bas. C'est sur cette diffrence mme que repose la distinction dela tragdie et de la comdie: l'une veut reprsenter des personnages pires,l'autre des personnages meilleurs que les hommes actuels. [48a16] Demme, on rangera la parodie dans la reprsentation des personnages piresque nous.

    Aristote envisage bien le cas o la reprsentation reprsente des tressemblables nous, ni pires, ni meilleurs, mais il n'en trouve d'exemple quedans la peinture. C'est significatif du fait qu' son poque, il n'existe pas degenre raliste. Mais sa classification laisse cette possibilit ouverte pour

    l'avenir.

    II.2.2.3. Les modes de la reprsentation

    Ici nous retrouvons la classification platonicienne modifie par le principemimtique et simplifie. Aristote distingue dans l'art littraire unereprsentation o l'auteur imite en restant lui-mme, c'est--dire enracontant (comme au dbut de l'Iliade ) et une reprsentation o l'auteurimite en se faisant semblable autrui (c'est--dire en faisant parler des

    personnages au style direct) comme dans la tragdie et la comdie.

    II.2.3. Conclusion sur Aristote

    Il faut remarquer pour finir que le but d'Aristote tait moins de constituer unegrille des genres que de dfinir la valeur de la tragdie comme modesuprieur de reprsentation, l'aide d'un certain nombres de distinctions quifinissent par impliquer un systme.

    Mais dans les faits, toutes les grilles des genres venir prendront position vis-

    -vis du principe mimtique (comme tant gnral ou particulier un genre)et reprendront un ou plusieurs des critres classificatoires qu'Aristote met enplace: moyens, objets ou modes.

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    II.3. Triades des genres

    Lorsqu'on reconsidre les classifications gnriques antiques, on ne peutmanquer d'tre frapp par l'absence de toute catgorie reconnaissantl'existence du champ de la posie lyrique. Ce n'est pas dire que la posielyrique n'existe pas dans l'antiquit. Mais elle n'entre pas dans l'opposition

    duelle que propose Platon entre narration (digsis) et imitation (mimsis),ne relevant ni de l'une elle ne raconte pas , ni de l'autre elle n'est pasreprsentative. Elle se trouve pour la mme raison exclue du systmearistotlicien qui ne traite que d'arts imitatifs.

    Il faudra attendre le XVIIIe sicle pour voir s'installer une triade des genres quiaura un grand succs l'ge romantique: celle des genres pique,dramatique et lyrique.

    Comme le fait remarquer Genette (Introduction l'architexte, 33), il n'y a quedeux manires de faire entrer le lyrique dans le systme des genres anciens.Ou bien en rattachant la posie lyrique au principe gnral de l'imitation, oubien en posant qu'un art littraire non reprsentatif est digne de figurer dansle systme des genres littraires. Historiquement, ces deux solutions ont tsuccessivement adoptes.

    II.3.1. Le systme de Batteux

    Dans son ouvrage, Les Beaux-Arts rduits un mme principe (1746), l'abbBatteux va se montrer plus aristotlicien qu'Aristote. Non seulement ilmaintient le principe imitatif, comme principe gnral de l'art littraire, mais il

    l'tend la posie lyrique.

    La question est videmment de savoir ce que la posie lyrique imite puisqu'ilne peut s'agir d'actions, ni mme de paroles fictives comme celles despersonnages du drame.

    La rponse de Batteux est que le pote lyrique imite des sentiments: Lesautres espces de posie ont pour objet principal les actions; la posielyrique est toute consacre aux sentiments; c'est sa matire, son objetessentiel. (cit par Genette, Introduction l'architexte, 37).

    Si effectivement, Corneille peut imiter les sentiments du Cid dans sesfameuses Stances, est-ce qu'un pote ne pourrait pas faire de mme ens'exprimant la premire personne? La rflexion de Batteux pose demultiples problmes concernant le statut du sujet lyrique, problmes que jereprendrai dans le cours surL'nonciation lyrique.

    Pour le moment, je me contenterai de remarquer qu' partir de Batteux laposie lyrique, en opposition l'pope et au drame, va prendre la place dudithyrambe chez Platon (mais il faut se souvenir que c'tait chez lui un genredfini par son mode narratif, celui de l'hapl digsis, de la narration simple).Batteux dfinit plutt la posie lyrique par son objet (les sentiments).

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    II.3.2. La triade romantique

    Le romantisme allemand, pour sa part, va durablement installer la triadelyrique-pique-dramatiqueen la dgageant du principe imitatif.

    Il se produit un autre changement important. Comme le fait remarquer

    Antoine Compagnon (La Notion de genre, septime leon, p.1), le systmeclassique des genres faisait des modes de l'nonciation des archtypesgnriques et des universaux potiques. Il se situait hors de l'histoire, dansune typologie abstraite et essentialiste. Avec le romantisme, on passe desconceptions volutionnistes et historiques des genres.

    Il y aura de nombreuses variantes de la triade chez les romantiquesallemands, notamment chez les frres Schlegel, mais elles posent toutes legenre dramatique comme la synthse des deux autres, selon un schmahistorique dialectique.

    Ainsi selon Schelling (Philosophie de l'art, 1802-1805) l'art commence par lasubjectivit lyrique, puis s'lve l'objectivit pique et atteint enfin lasynthse dramatique, interpntration de la subjectivit et de l'objectivit.De mme Hugo, dans la Prface de Cromwell (1827) envisage une vastehistoire anthropologico-potique. Le lyrisme est l'expression des tempsprimitifs, o l'homme s'veille dans un monde qui vient de natre . L'piqueest l'expression des temps antiques o tout s'arrte et se fixe. Et le drame estle propre des temps modernes marqus par le christianisme et la dchirureentre l'me et le corps.

    On remarquera que la triade romantique des genres est la fois modale (elleimplique des formes nonciatives) et thmatique (elle distingue descontenus).

    II.3.3. La doxa contemporaine

    Il est intressant de constater que cette triade nous est plus ou moinsparvenue sous une forme ramnage. Effectivement, sans que cela reposesur une thorisation quelconque, ni sur une valorisation d'un genre parrapport un autre, nous avons tendance opposer empiriquement troismacro-genres: roman,posie et thtre.

    Le roman, pour nous, a pris la place de l'pope. Il conserve d'ellel'alternance entre narration (digsis) et dialogue (mimsis).

    Nous comprenons la posie au sens de la posie lyrique (excluant touteposie narrative) et depuis la fin du XIXe sicle, la posie lyrique n'est pluscaractrise par le mtre mais par la disposition sur la page et par le contenuthmatique.

    Le thtre demeure depuis Platon un genre assez stable. Il n'est pas dfinipar son contenu mais par son mode nonciatif (le dialogue).

    Cette grille, mme si elle a pris pour nous une sorte d'vidence, mlange, onle voit, des critres htrognes.

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    III. Fonction des genres

    Nous avons vu que les genres consistaient en des contraintes discursives dedivers niveaux. Ces contraintes ont toutes un caractre typique,reconnaissable, qui nous permet d'identifier le type de discours auquel nousavons affaire et, si l'on peut dire, le genre dejeu qu'il joue.

    Ceci est important car il n'existe pas de signaux discursifs propres lalittrature en gnral, mais seulement des signaux de genre.

    III.1. Genre et horizon d'attente

    On peut apprcier le rle des genres dans une perspective qu'a dveloppele critique H.R.Jauss, en laborant la notion d' horizon d'attente (Pour uneesthtique de la rception, 1978). Le genre sert modeler un horizond'attente.

    Jauss insiste sur le fait que lorsqu'une uvre littraire parat, elle ne seprsente jamais comme une nouveaut absolue : par tout un jeud'annonces, de signaux manifestes ou latents , de rfrences implicites,de caractristiques dj familires, son public est prdispos un certainmode de rception (50). Dans ces caractristiques figurent videmment lesnormes du genre auquel appartient l'uvre et les rapports implicites qu'elleentretient avec des uvres figurant dans son contexte

    Le genre nous fournit donc des lments de reconnaissance du sens del'uvre et nous oriente dans son interprtation. Ainsi, nous abordons

    diffremment le sens d'un nonc selon qu'il se rencontre dans un conte defes, un rcit de voyage, un pome lyrique ou une parodie.

    Mais le genre ne fournit pas seulement des critres de reconnaissance sansquoi le jeu littraire serait purement rptitif. Or selon Jauss, il n'y a de valeuresthtique que dans l'cart entre l'horizon d'attente d'une uvre et la faondont l'uvre bouleverse cet horizon d'attente. Le genre, c'est donc aussi lefond sur lequel se dtache la nouveaut.

    Par exemple dans Jacques le Fataliste, Diderot joue avec le schmaromanesque du roman de voyage. Au dbut de son rcit, il fait intervenir unlecteur fictif qui exprime un certain nombre d'attentes, que le narrateur

    s'emploie dcevoir les unes aprs les autres au nom de la vrit de la vie. Ily a la fois vocation des conventions romanesques et innovation. Lanouveaut du rcit apparat dans ce rapport.

    De mme Villiers de l'Isle-Adam, avec ses Contes cruels renouvellesensiblement les attentes lies au genre fantastique: l'tranget, dans sescontes, ne tient plus l'intervention du surnaturel mais plutt la bizarrerie decomportement ou l'attitude nvrotique des personnages.

    III.2. Gnricit lectoriale et relativit des genres

    Remarquons aussi que c'est parfois le public et non l'auteur qui dfinit ouredfinit le genre d'un texte, en lui imposant sa rception propre.

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    Par exemple, l'identification du genre des Mille et une nuits comme conteorientalne peut tre que l'effet d'une rception par ses lecteurs occidentaux.Dans l'esprit des ses auteurs orientaux, les Mille et une nuits ne comportentaucun caractre d'exotisme.

    Plus net encore, dans son livre L'Invention de la littrature, Florence Dupont amontr de faon convaincante que la tradition moderne, depuis laRenaissance, a interprt comme une posie lyrique d'expressionpersonnelle, attribue au pote mythique Anacron, des recueils de formulesrituelles d'adresse aux dieux, formules destines ouvrir la consommation dela premire coupe de vin dans les banquets.

    Dans une des nouvelles de ses Fictions, Borgs invente un cas intressantde relativit gnrique. Il imagine qu'un romancier du XXe sicle, du nom dePierre Mnard rcrit mot pour mot un chapitre du Don Quichotte deCervants par une sorte d'extraordinaire concidence (et sans qu'il y ait euni imitation ni recopiage). Si un tel cas se produisait rellement, le DonQuichotte de Mnard n'appartiendrait plus au mme genre que celui de

    Cervants: au lieu d'tre une parodie contemporaine des romans dechevalerie comme pour Cervants, ce serait un roman historique au stylearchasant, reconstituant l'Espagne du temps de Lope de Vega.

    IV. La fin des genres?

    On peut remarquer pour finir que la modernit littraire, depuis les dbuts duRomantisme tend contester la notion de genre. On rve d'un genre total

    qui englobe tous les autres. Pour les romantiques, ce sera la posie.

    On se souvient que Baudelaire prsente ses Petits pomes en prose (1869)comme la recherche d' une prose potique musicale sans rythme et sansrime, assez souple et assez heurte pour s'adapter aux mouvements lyriquesde l'me, aux ondulations de la rverie, aux soubresauts de la conscience .

    Compagnon rappelle un propos de Mallarm affirmant de son ct que toute la tentative contemporaine du lecteur est de faire aboutir le pome auroman, le roman au pome .

    Au XXe sicle, et dans la ligne de Barthes on a galement vu s'effondrer les

    frontires entre essai critique et texte autobiographique (ainsi dans le RolandBarthes par Roland Barthes), autobiographie et fiction (comme dans W dePerec), commentaire et cration originale (comme dans les essais de MauriceBlanchot).

    Aussi vhment soit ce refus des genres, on remarquera avec Compagnon,que pour tre perue et comprise, cette transgression systmatique desgenres voulue par la modernit s'appuie encore sur l'identification des genrestraditionnels. Sans cette identification pralable, la transgression ne seraitmme pas repre et on n'aurait affaire qu' une textualit indiffrencie.

    Les genres demeurent donc la mesure de toute innovation littraire.

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    Bibliographie

    ARISTOTE. La Potique, trad. Dupont-Roc et Lallot. Paris: Seuil, 1980.COMPAGNON, Antoine. La Notion de genre, .DUPONT, Florence (1994). L'Invention de la littrature. Paris: laDcouverte.

    GENETTE, Grard (1979). Introduction l'architexte. Paris: Seuil.GENETTE, Grard (1991). Fiction et diction. Paris: Seuil.HAMBURGER, Kte (1977). Logique des genres littraires. Paris: Seuil,1986.

    JAUSS, Hans Robert (1978). Pour une esthtique de la rception. Paris:Gallimard, coll. Tel .

    PLATON. La Rpublique, trad. Pierre Pachet. Paris: Folio/Essais, 1993.SCHAEFFER, Jean-Marie (1989). Qu'est-ce qu'un genre littraire?.Paris: Seuil.

    SCHAEFFER, Jean-Marie (1986). Thorie des genres, ouvrage collectif.Paris: Seuil, coll. Points .

    Edition: Ambroise Barras, 2003-2004 //

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