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Pour la création d’une région des Grands Lacs et du Saint- Laurent durable, résiliente et sobre en carbone Processus visant à créer une vision commune et un plan DOCUMENT DE TRAVAIL SEPTEMBRE 2017

1.0 Objectif · Web viewLa première présente l’objectif du Collaboratif et les résultats visés, ainsi que les principes clés à partir desquels on propose de bâtir une vision

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Pour la création d’une région des Grands Lacs et du Saint-Laurent durable, résiliente et sobre en carbone

Processus visant à créer une vision commune et un plan

DOCUMENT DE TRAVAIL

SEPTEMBRE 2017

Table des matières

1.0 Objectif 31.1 Objectif et point de vue des intervenants 31.2 Objectifs visés 41.3 Pourquoi faut-il une vision et un plan? 51.4 Principes proposés pour élaborer une vision commune et un plan 6

2.0 La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en 2030 72.1 Respect et reconnaissance des Premières Nations et des Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent 72.2 Protéger l'écosystème de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent 82.3 Collectivités plus adaptées et résilientes 132.4 Transition vers une plateforme durable et sobre en carbone et renforcement de la compétitivité de la région en économie numérique 14

3.0 Processus d'élaboration de vision et de plan d’action 243.1 Objectifs 243.2 Tirer des leçons du Great Lakes Regional Collaboration (GLRC) des États-Unis 253.3 Processus visant à créer une vision commune et un plan 273.4 Échéancier et budget provisoire 313.5 Ressources du processus et de la mise en œuvre du plan 33

4.0 Sujets de discussion 334.1 Valeur et résultats du processus de collaboration 334.2 Participation des parties prenantes 334.3 Principes proposés 334.4 Projeter l’image de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en 2030 344.5 Processus et mise en œuvre 34

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1.0 Objectif

1.1 Objectif et point de vue des intervenants

Le présent document de travail a été préparé pour susciter l’adhésion des principaux intervenants de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Il incite les parties intéressées à envisager que la région soit un chef de file mondial de la protection de l'eau douce en 2030, qui bâtit des collectivités plus adaptées et résilientes et qui favorise une économie durable et sobre en carbone. On y propose un processus consultatif inclusif de 18 mois pour atteindre cette vision commune et élaborer un plan assorti de recommandations précises sur la façon d’y parvenir par des investissements stratégiques, une amélioration des programmes, ainsi que des activités intégrées à tous les paliers de gouvernement, dans les entreprises et les collectivités.

Le concept de ce processus de collaboration est issu de délibérations de groupes partageant un intérêt pour la viabilité et la prospérité de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. L’Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, le Council of the Great Lakes Region, la Commission des pêcheries des Grands Lacs, Freshwater Future et Stratégies Saint-Laurent, qui forment désormais le Collaboratif des Grands Lacs et du Saint-Laurent (le Collaboratif), se sont inspirés du succès, aux États-Unis, de l'Initiative de restauration des Grands Lacs (Great Lakes Restoration Initiative, ou GLRI). Cette initiative a donné lieu à des activités locales sans précédent pour protéger et restaurer les Grands Lacs et elle a reçu des milliards de dollars de financement du gouvernement fédéral. Le Collaboratif s'est engagé à entreprendre un travail d’équipe et à inviter d'autres groupes à se joindre à lui pour susciter un intérêt et des investissements similaires du côté canadien de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Pour que la démarche visant à établir la vision commune et le plan reflète les besoins et intérêts des populations qui vivent et travaillent dans la région, il est essentiel qu’elle repose sur une collaboration étroite et inclusive et qu’elle s'appuie sur l'expérience et les connaissances de diverses parties prenantes.

Celles-ci participeront tout au long du processus à l’établissement des priorités et à la formulation de recommandations concernant les investissements et la programmation qui s’imposent. Dans un premier temps, le Collaboratif invite votre organisation à participer dès cette toute première étape afin d'ainsi apporter sa contribution et d’en arriver à une entente sur le processus et les points clés à aborder.

Le présent document jette donc les bases de cette première étape de participation regroupant davantage d'intervenants qui partagent l'intérêt du Collaboratif envers l'avenir de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Il comprend quatre grandes parties.● La première présente l’objectif du Collaboratif et les résultats visés, ainsi que les

principes clés à partir desquels on propose de bâtir une vision commune et un plan.

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● La deuxième fait un survol des tendances environnementales et économiques observées dans la région pour donner un aperçu de ce à quoi elle ressemblera en 2030.

● La troisième présente les grandes lignes du processus suivi dans la région des Grands Lacs aux États-Unis et propose un processus parallèle au Canada ainsi que le budget et les ressources nécessaires pour lancer un collaboratif GLSL.

● La quatrième propose des questions clés aptes à susciter les échanges et les commentaires des parties prenantes.

En plus d’exprimer son point de vue dans le présent document, le Collaboratif a établi un partenariat avec la Fondation de Gaspé Beaubien et l’organisme Mitacs pour faire une analyse préliminaire des enjeux liés aux Grands Lacs et au Saint-Laurent pouvant toucher les parties prenantes. Il est donc possible que Mitacs invite votre organisation à participer à un sondage ou à une entrevue téléphonique sur votre perception des enjeux touchant cette région.

La proposition du Collaboratif ne pourra être plus solide que les intervenants qui l'appuient et y contribuent. Nous accueillerons donc avec plaisir les commentaires de votre organisation sur les questions clés de la section 4 et nous vous remercions à l'avance de votre participation. Veuillez transmettre tout commentaire à Andrea Paine, par courriel : [email protected]. Le présent document sera modifié en fonction de vos commentaires et de l'information recueillie par Mitacs et transmis au cours de l’automne aux dirigeants fédéraux, provinciaux et autochtones.

1.2 Objectifs visés

Le processus présenté dans la troisième partie du présent document s’échelonnera sur une période pouvant durer jusqu’à 18 mois. À la fin de cette étape, le Collaboratif devrait avoir atteint trois objectifs.

Tout d'abord, nous voulons mener à bien un processus de collaboration inclusif, avec l'appui et le soutien financier du gouvernement fédéral du Canada, et ainsi arriver à une vision et un plan consensuels pour la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Deuxièmement, le plan comprendra des recommandations précises et pratiques en matière d’investissements, de programmes et de mesures formulées par tous les paliers de gouvernement, les entreprises et les intervenants privés en vue de concrétiser la vision commune de la région en 2030.

En troisième et dernier lieu, le Collaboratif cherchera à obtenir que les gouvernements (fédéral, provincial, municipal ainsi que des Premières Nations et des Métis) appuient sa vision, en plus d’amener le gouvernement fédéral et les autres paliers de gouvernement à s’engager à mettre le plan en œuvre moyennant un financement suffisant et dans les délais qui y sont prévus.

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1.3 Pourquoi faut-il une vision et un plan?

Force est de constater que la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent constitue une force environnementale et économique. Les Grands Lacs et le Saint-Laurent forment en fait une ressource économique, écologique et communautaire vitale. Les Grands Lacs renferment 20 % des réserves mondiales d’eau douce de surface et comprennent trois des cinq plus grands lacs du monde (Supérieur, Huron et Michigan). Combinés au majestueux fleuve Saint-Laurent, ces plans d'eau approvisionnement 40 millions de personnes en eau potable, aux États-Unis et au Canada.

Les terres humides, les forêts et les prairies de la région procurent un habitat essentiel à plus de 3500 espèces végétales et animales, en plus d’abriter de belles plages et de constituer des destinations de pêche de calibre mondial qui attirent chaque année des milliers de visiteurs vers leurs eaux.

Alimentation, transport naval et identité culturelle… Depuis des milliers d'années, les Premières Nations dépendent de cet écosystème. Plus récemment, la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent s’est développée de manière à maintenant accueillir 107 millions d'Américains et de Canadiens répartis dans deux provinces (Ontario et Québec) et huit États (New York, Pennsylvanie, Ohio, Michigan, Indiana, Illinois, Wisconsin et Minnesota). Par son économie évaluée à 7,6 billions de dollars en 2015 (5,8 billions USD $), la région est indispensable à la compétitivité et à la prospérité future du Canada et des États-Unis, en plus de soutenir quelque 55 millions d'emplois (soit près de 30 % de la main-d'œuvre combinée du Canada et des États-Unis). Elle fournit en outre environ la moitié de la valeur totale des marchandises à traverser la frontière chaque année. Si elle formait un pays, elle représenterait la troisième économie en importance au monde.

Cette croissance a certes créé une prospérité sans précédent, mais elle a aussi mis à rude épreuve son écosystème aquatique terrestre. Diverses contraintes, locales ou mondiales, posent des difficultés nouvelles et persistantes à la protection de cet écosystème vital et au maintien du dynamisme et de la prospérité de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Malgré des années d'efforts et de progrès imputables à diverses ententes binationales et fédérales-provinciales, la présence excessive de nutriments, l'afflux d'espèces envahissantes, de nouveaux rejets de polluants toxiques et les pressions continues sur l'habitat menacent sans cesse la santé publique, l’eau potable et la vitalité de ses écosystèmes.

La menace que représentent les changements climatiques partout dans le monde aggrave ces difficultés. Le climat de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent est déjà perturbé par des vagues de chaleur, des sécheresses prolongées, des hivers plus courts ainsi que tempêtes de neige plus intenses et extrêmes, tout comme la fonte des neiges. Cette nouvelle normalité exigera une résilience accrue de nos collectivités, ainsi qu’une capacité d'adaptation de la part de nos industries tributaires du climat et de l'eau – comme l'énergie, l'agriculture et le tourisme.

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La lutte aux changements climatiques progresse. L'Ontario et le Québec ont réduit leur dépendance aux sources d’énergie fossile, Les deux provinces ont adhéré aux programmes de « Bourse du carbone » réduire les émissions de carbone et générer des fonds visant de nouvelles initiatives. Bien que de bons progrès aient été réalisés du côté de la réduction des émissions, il faut déployer des efforts beaucoup plus importants pour que nos principaux secteurs économiques – l’agriculture, l’automobile et l’aérospatiale, pour n’en nommer que quelques-uns – participent pleinement à la mise au point et à la commercialisation des technologies et de concepts sobres en carbone qui façonneront l'économie mondiale de la deuxième moitié du siècle.

Pour relever ces défis et saisir ces occasions, il faudra un plan axé sur l'avenir qui réunit l'économie, l'environnement et les collectivités dans une vision commune d'une région misant sur la durabilité, la résilience et une croissance sobre en carbone. En l’absence de plan de coordination des investissements et des mesures retenus par les nombreux intervenants de la région, nous risquons de compromettre encore plus cet écosystème dont dépendent la santé, le gagne-pain et les loisirs de millions de personnes au quotidien. Nous risquons tout autant de rater l'occasion de positionner la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en tant que chef de file mondial en matière de création d'emplois durables et de croissance économique sobre en carbone pour le XXIe siècle et par la suite.

1.4 Principes proposés pour élaborer une vision commune et un plan

Le présent Collaboratif a pour but d'élaborer une vision et un plan pour la région, plus précisément un plan d'action réalisable et atteignable en 2030.

Pour qu’il soit plus facile de visualiser ce que cet avenir peut nous apporter, la deuxième partie du document de travail présente certaines des tendances qui façonnent la région. La démarche actuelle ne part pas de zéro. Comme le montre la présentation des tendances qui suit, l’important travail de qualité effectué au niveau régional peut servir de point de départ. L'essentiel est d'intégrer ces différents efforts puis d'identifier les lacunes qui subsistent et la façon de les combler.

Pour orienter les discussions et stimuler le débat, il a été proposé de retenir quatre principes sur lesquels fonder une vision commune et un plan :

1. Respecter et reconnaître les Premières Nations et les Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

2. Renforcer la protection de l'écosystème de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

3. Bâtir des collectivités plus adaptées et résilientes 4. Réussir la transition vers une économie durable et sobre en carbone tout en

renforçant la compétitivité de la région en économie numérique

2.0 La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en 2030

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Pour imaginer la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en 2030, il faut avoir une compréhension de base du contexte actuel, des forces en jeu et de l’orientation qu’elles prendront probablement au cours des 12 prochaines années. En tenant compte des principes exposés précédemment, cette analyse du contexte et des tendances a été divisée en cinq volets : protection de l'écosystème de la région; collectivités plus adaptées et résilientes; transition vers une économie durable et sobre en carbone et renforcement de la compétitivité de la région en économie numérique; et respect et la reconnaissance des Premières Nations et des Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, un volet que nous aborderons en premier en raison de son importance transversale.

2.1 Respect et reconnaissance des Premières Nations et des Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Les Anishinaabeg, dont font notamment partie les Algonquins, la Première Nation de Nipissing, ainsi que les Chippewas et les Iroquois, auxquels s’ajoutent les Hurons-Wendat et les Six Nations (Mohawks, Onneiouts, Goyogouins, Onontagués, Tsonnontouans et Tuscaroras), sont quelques-unes des tribus et des Premières Nations qui habitent les Grands Lacs et le Saint-Laurent depuis des milliers d'années. Aujourd'hui, plus de 130 bandes des Premières Nations vivent en Ontario et au Québec.

Les Mohawks désignent sous le nom de Kaniatarowanenneh ou « grande rivière » la vallée du Saint-Laurent. En ojibwé, les grands lacs sont appelés Nayaano-nibiimaang Gichigamiin ou « les cinq grands lacs ». L’eau joue un rôle à la fois vital et spirituel dans la culture des Premières Nations. Elle représente l'interconnexion entre tous les êtres vivants et elle nous livre des enseignements sur la force et le cycle de vie, car « nous irons dans le Grand Océan à la fin de notre vie ».

Compte tenu de l’importance que revêt l’eau de la Kaniatarowanenneh et des Nayaano-nibiimaang Gichigamiin, il est essentiel que les Premières Nations et les Métis collaborent à l'élaboration de la vision et du plan traitant de l'avenir de la région. Les enjeux vont des questions locales, comme la qualité de l'eau dans les réserves et l’incidence des polluants provenant de l'extérieur, à des questions beaucoup plus larges liées aux revendications territoriales, aux droits issus de traités et au processus de réconciliation en cours.

Toutes ces questions ne peuvent être résolues par la présente démarche; la participation doit néanmoins se faire dans un esprit de réconciliation et être menée en reconnaissant l'importance des eaux des Grands Lacs et du Saint-Laurent pour les peuples autochtones d'aujourd'hui.

On sondera les organisations des Premières Nations et des Métis pour savoir quelles questions elles veulent explorer au cours du processus. Ces questions pourraient concerner par exemple une augmentation des investissements dans les réseaux d'alimentation en eau et les initiatives de protection de l'eau, le développement de la

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résilience dans les collectivités des Premières Nations et les possibilités qu’une économie sobre en carbone offrira aux entreprises et aux jeunes des Premières Nations.

2.2 Protéger l'écosystème de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

Les Grands lacs sont si grands que l’on a souvent dit qu’il s’agissant de « mers d’eau douce ». En fait, les Grands Lacs et le tronçon fluvial du Saint-Laurent forment un réseau navigable continental, sensible à l'impact cumulatif de la pollution, à la destruction de l’habitat et à l’empiètement des villes en expansion. La prolifération d’algues dans le lac Érié est un avertissement : il faut protéger ces eaux douces avec plus de vigilance. La mer d'Aral en Russie et le lac Balkhach en Asie démontrent de façon saisissante à quel point la surexploitation peut bouleverser les grands lacs. Or, malgré les efforts binationaux et fédéraux-provinciaux déployés pour protéger Grands Lacs et le Saint-Laurent, des pressions menaçantes continuent de peser sur ces précieux plans d’eau.

Changements climatiquesLa région des Grands Lacs et du Saint-Laurent sera fortement touchée par les changements climatiques d’ici 2030 et par la suite. On s’attend à ce que la région de Toronto présente un climat subtropical proche de celui que l’on trouve actuellement dans une ville comme Louisville, au Kentucky. En fait, la région subit déjà les effets du changement climatique. Elle connaît des tempêtes plus fréquentes et extrêmes, des périodes de sécheresse, une plus grande variation d'une année à l'autre du niveau des lacs, des hivers plus courts, une fonte des neiges précoce ainsi qu’un réchauffement de ses eaux.

Ces transformations ont des répercussions importantes sur le tourisme, le transport maritime, la production d'hydroélectricité, l'agriculture, la pêche commerciale et récréative, l’industrie forestière et les infrastructures municipales. Par exemple, la région voit sa saison de ski écourtée, ses plages, quais et marinas ont été inondés, et des tempêtes importantes ont endommagé ses infrastructures. Les sécheresses ont entraîné des pertes de récoltes. Le réchauffement de la température perturbe la faune aquatique et terrestre, en plus de favoriser la prolifération d'algues. Dans le Saint-Laurent, on a noté des changements du point de rencontre entre l’eau douce et l’eau salée, ce qui a eu des conséquences sur l'approvisionnement tant en eau de surface qu’en eau souterraine. La violence accrue des tempêtes et l'élévation du niveau de la mer entraînent une érosion importante à l'embouchure du Saint-Laurent.

Les changements climatiques augmentent également certains risques pour la santé humaine, des crues soudaines aux décès par hyperthermie lors de vagues de chaleur prolongées en passant par la prolifération d’insectes porteurs de maladies. D’un autre côté, le réchauffement de la région est synonyme de prolongation de la saison touristique estivale et des périodes de croissance en agriculture, de même que de la saison d’ouverture des voies de navigation. Ces conséquences des changement climatiques, auxquelles d’autres s’ajouteront, exigent un effort d’adaptation de la part d’un grand nombre d'industries et d’interventions gouvernementales à l’échelle locale.

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Qualité et quantité de l'eau

Stations municipales de traitement des eaux uséesLes stations municipales de traitement des eaux usées sont assujetties à une réglementation provinciale. Or, dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, certaines de ces stations se retrouvent à devoir décharger leurs surplus d’eaux usées lorsque survient une forte pluie; ceux-ci s’ajoutent aux rejets autorisés. Des milliards de litres d'eaux usées non traitées ou partiellement traitées se retrouvent ainsi chaque année dans les Grands Lacs et le Saint-Laurent à cause de ces décharges. Certaines villes, comme Toronto et Hamilton, ont investi dans d’immenses réservoirs de rétention pour retenir les débordements et les traiter une fois la pluie passée, ce qui permet de réduire ou d’éliminer les décharges.

Présence excessive de nutriments Le lac Érié est en proie à une prolifération massive d'algues nuisibles, causée par le réchauffement des eaux, les espèces envahissantes, les fortes tempêtes et la fonte anormale des neiges qui augmente la teneur en phosphore du ruissellement agricole et urbain. Cette prolifération présente un risque pour les écosystèmes et la santé humaine, en plus de nuire à la pêche commerciale, aux systèmes municipaux d'approvisionnement en eau potable et aux activités récréatives. En 2014, la ville de Toledo a dû fermer son réseau d'eau potable durant trois jours après y avoir détecté la présence de microcystine, une neurotoxine trouvée dans les algues nuisibles. Du côté canadien, l'île Pelée a également dû fermer son réseau public d'eau potable à cause des algues nuisibles.

Le Canada et les États-Unis, notamment l'Ontario, l'Ohio et le Michigan, se sont engagés à réduire de 40 % les décharges de phosphore dans le lac Érié. La Province de l’Ontario a proposé de limiter les rejets en phosphore des grandes stations de traitement des eaux usées dans les bassins versants de la rivière Thames et du lac Érié. On répond ainsi au problème de pollution ponctuelle. Cependant, la pollution diffuse, qui représente de 80 à 85 % des charges en phosphore, n’est pas réglementée. De solides programmes volontaires encouragent certes les pratiques agricoles exemplaires en vue de réduire le ruissellement du phosphore, mais l’envergure de la production agricole à l'extrémité ouest du lac Érié et l'intensité des tempêtes causées par les changements climatiques entraînent des pertes de phosphore soluble malgré la mise en œuvre de telles pratiques.

Produits chimiques toxiquesLes polluants persistants et bioaccumulables nuisent à l’ensemble de l’écosystème des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Si les concentrations de produits chimiques toxiques réglementés ou interdits ont diminué au cours des 40 dernières années, elles demeurent supérieures à celles des lignes directrices ou des objectifs en matière de qualité de l'environnement, du moins dans certaines régions. De façon générale, on trouve encore des biphényles polychlorés (PCB), du mercure et des polybromodiphényléthers (PBDE) dans les secteurs préoccupants des Grands Lacs et les sites d’enfouissement de déchets dangereux. Certains produits chimiques véhiculés dans l'air restent une source importante de contaminants. De nouveaux produits chimiques, dont l’élimination par les stations de traitement des eaux usées n'a pas été prévue, suscitent aussi une inquiétude croissante.

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Les niveaux de contamination par les BPC, le mercure et les dioxines entraînant des restrictions concernant la consommation de poisson sont toujours supérieurs aux niveaux recommandés dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. D'autres contaminants, comme le sulfonate de perfluorooctane (SPFO), font toujours l'objet d'une surveillance. Le réchauffement des eaux et les espèces envahissantes auront probablement aussi une incidence sur les niveaux de contaminants.

De nouveaux produits chimiques et de nouvelles matières dangereuses présents dans divers produits se retrouvent désormais dans l’eau et l'air de la région. La capacité qu’a le gouvernement fédéral de vérifier tous ces produits avant leur mise en marché est très limitée. C’est ce qui a permis l'arrivée de produits chimiques comme les polybromodiphényléthers ou PBDE (agents ignifuges) dans l'environnement par l’entremise de quantité de produits de consommation, notamment les téléviseurs, ordinateurs, articles électroniques, véhicules automobiles, tapis et meubles.

Plus récemment, on a constaté que l'utilisation de microbilles dans les produits de soins personnels contribuait à la pollution par le plastique dans les Grands Lacs. Des mesures sont actuellement prises pour réglementer certains de ces produits, mais les eaux intérieures de la région sont déjà touchées.

Habitat, terres humides et pêcheries

Habitat et terres humides Les terres humides, forêts et prairies de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent fournissent un habitat essentiel à plus de 3500 espèces végétales et animales. La région comprend 22 000 kilomètres de côtes, qui abritent une grande partie de cet habitat essentiel et de cette biodiversité. Or, le développement industriel, récréatif et résidentiel a empiété à maints endroits sur le littoral. La destruction des terres humides a entraîné le déclin de certains invertébrés, oiseaux et végétaux. Les efforts déployés dans les deux pays pour protéger et restaurer les terres humides côtières perdues ou dégradées ont permis de noter des améliorations, certaines populations d'amphibiens et d’oiseaux affichant dernièrement une stabilité. La perte des terres humides et de leurs écosystèmes a des répercussions sur les activités de pêche commerciale et sportive ainsi que sur le patrimoine naturel et culturel. Certaines espèces de poissons et d'animaux sauvages touchées ont subi un déclin considérable, au point où ce sont maintenant des espèces en voie de disparition et protégées en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario.

Les changements climatiques continueront d'avoir une incidence sur l'habitat et les terres humides. L'augmentation générale de la température perturbera la composition de la forêt et fera se déplacer certaines essences d'arbres vers le nord. Les forêts sont également plus exposées à la sécheresse, au feu et aux espèces envahissantes.

Pêcheries

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Par sa contribution annuelle de plus de 2,5 milliards de dollars à l'économie nationale, l'industrie de la pêche récréative et commerciale du Canada est un atout précieux pour l'économie et le mode de vie du pays. Au cours des 30 dernières années, les prises annuelles de poissons ont diminué de plus de 50 %. Cette baisse devrait se maintenir en 2030. Au Canada, la pêche commerciale se concentre dans le bassin ouest du lac Érié, qui représente près de 80 % de la valeur de la pêche commerciale de l'Ontario et totalise 234 millions de dollars. Dans la région ontarienne du lac Érié, la pêche commerciale est à l’origine de plus de 700 emplois et représente un PIB de plus de 28 millions de dollars, 800 autres emplois et une tranche additionnelle de 77 millions de dollars en PIB étant liés à la transformation du poisson.

Au Canada, la participation à la pêche récréative dans les Grands Lacs a diminué de 2 % au cours des dernières décennies, et cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2030. Les amateurs de pêche à la ligne qui fréquentent les Grands Lacs (dont plus de 78 % sont des résidents de l'Ontario) versent chaque année plus de 600 millions de dollars directement et indirectement dans l'économie canadienne. La pêche récréative sur le Saint-Laurent, qui n’attire que 6 % du nombre d’amateurs de pêche récréative des Grands Lacs, ne connaît qu'une croissance marginale.

Du côté canadien des Grands Lacs et du Saint-Laurent, la disponibilité des espèces de poissons d'eau froide pour la pêche sportive changera à mesure que la température de l'eau du bassin augmentera. Les pêcheurs sportifs qui recherchent des espèces particulières de poissons d'eau froide vont peut-être se déplacer vers d'autres plans d'eau à l'extérieur du bassin, par exemple dans le Nord de l'Ontario ou au Québec.

Les espèces aquatiques envahissantes, la surexploitation et les transformations de l'habitat figurent parmi les principales menaces qui pèsent sur les populations de poissons du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent. De plus, la croissance des populations riveraines et les changements climatiques exacerberont ces pressions sur la pêche commerciale et récréative.

Les efforts déployés pour protéger et restaurer les pêcheries ont mené à certains progrès. Les populations de prédateurs indigènes se transforment mais elles prennent du mieux – particulièrement le doré jaune et le touladi. Du côté de l’esturgeon jaune, il faudra un peu plus de temps avant de constater une amélioration de la situation, mais les chantiers de remise en état et l'amélioration des terres humides représentent une tendance encourageante. Il y a de quoi s’inquiéter des poissons et leur habitat, surtout en ce qui a trait aux perturbations touchant le bas de la chaîne alimentaire, la menace des espèces envahissantes comme la moule zébrée et la carpe asiatique et le réchauffement des eaux en raison du changement climatique. Dans le lac Ontario, la chaîne alimentaire est perturbée par la faible teneur en nutriments et une diminution du zooplancton et des petites espèces apparentées à la crevette de fond (une importante source de nourriture pour les poissons) qui ont diminué en raison de deux espèces envahissantes, la moule zébrée et la moule quagga.On trouve plus de 180 espèces aquatiques non indigènes ou envahissantes dans le bassin des Grands Lacs. Leur taux de pénétration a considérablement diminué en raison de

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l'amélioration des pratiques de gestion des eaux de ballast. On n’a en effet répertorié qu’une seule nouvelle espèce aquatique envahissante depuis 2006. Néanmoins, les espèces aquatiques envahissantes existantes ont provoqué le déclin rapide de certaines espèces indigènes, perturbant la chaîne alimentaire naturelle et l'équilibre de l'écosystème et causant des problèmes d'algues et d’obstruction de conduites.

La population de lamproies marines a considérablement chuté dans tout le bassin, mais elle reste un prédateur du touladi, du doré jaune et l’esturgeon jaune, ce qui perturbe l'écosystème naturel. La moule zébrée et la moule quagga sont des espèces particulièrement envahissantes qui perturbent les populations de zooplancton et de phytoplancton, le cycle des différents nutriments et la clarté de l'eau. Cinq espèces terrestres envahissantes – le phragmite, la salicaire pourpre, l’alliaire officinale, l’agrile du frêne et la longicorne asiatique – perturbent les écosystèmes, l'habitat et la qualité de l'eau. Elles sont au centre des efforts de détection précoce, du programme d'intervention rapide et des efforts de prévention déployés de part et d’autre de la frontière.

La région demeure vulnérable aux nouvelles espèces envahissantes, et le changement climatique pourrait être un élément supplémentaire pour faciliter leur propagation dans le bassin des Grands Lacs. La principale menace est l’arrivée de la carpe asiatique. Déjà présentes dans le Saint-Laurent, deux espèces de carpes asiatiques, la carpe à grosse tête et la carpe argentée, n’ont que quelques kilomètres à franchir pour atteindre le bassin des Grands Lacs en passant par la voie navigable de la région de Chicago (CAWS), aux États-Unis.

La CAWS permet la liaison entre le fleuve Mississippi et les Grands Lacs et sert de point d'entrée à la carpe asiatique. Une barrière électrique sert actuellement de principal mécanisme pour contrer la migration des espèces aquatiques envahissantes dans les Grands Lacs. Cependant, de nombreux gestionnaires des ressources naturelles ont préconisé la restauration du fossé naturel qui séparait autrefois les bassins du fleuve Mississippi et des Grands Lacs.Si on ne réussit pas à l’empêcher d’atteindre le bassin des Grands Lacs, la santé de cet écosystème et de la pêche est en danger.

Pollution héritée des générations précédentes et restauration

Après avoir eu un passé industriel, un certain nombre de zones riveraines ont été laissées en très mauvais état au fur et à mesure que les usines fermaient ou déménageaient. Les démarches entreprises pour gérer la pollution héritée des générations précédentes dans de tels secteurs entourant le bassin des Grands Lacs et le Saint-Laurent se poursuivent grâce aux efforts de réhabilitation touchant les secteurs préoccupants ciblés dans l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs (AQEGL) et les Zones d’intervention prioritaire (ZIP) identifiées dans le Plan d’action Saint-Laurent.

Les Zones d’intervention prioritaire ont été créées en 1994 dans le cadre d'une initiative bilatérale des gouvernements du Canada et du Québec afin de favoriser la participation des collectivités locales dans la protection, la restauration, la conservation et la mise en

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valeur de l’utilisation et des ressources du Saint-Laurent. Il existe 14 comités ZIP au Québec : huit sont situées dans la zone d'eau douce et six dans la zone marine. Elles sont regroupées au sein du réseau Stratégies Saint-Laurent, qui vise à représenter leurs besoins auprès des différents gouvernements, à favoriser la coopération et la coordination entre eux, à proposer de la formation, de la consultation, de la documentation et des ateliers, à assurer la diffusion de l'information et à leur fournir un soutien scientifique et technique. Chaque ZIP a fait l'objet d'une évaluation environnementale qui, effectuée par des chercheurs provinciaux et fédéraux, comprend des rapports techniques et aborde des aspects biologiques, chimiques, socioéconomiques et de santé humaine. Les comités de ZIP tiennent des consultations publiques pour discuter des enjeux environnementaux et cibler les interventions prioritaires de concert avec des intervenants locaux.

L'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs a initialement identifié 17 secteurs préoccupants du côté canadien des Grands Lacs. Ces secteurs préoccupants ont été retenus en raison de leur détérioration importante due à la pollution héritée des générations précédentes. Trois d'entre eux, soit le port de Collingwood, le bras Severn (baie Georgienne) et le port de Wheatley sur le lac Érié, ont été nettoyés et retirés de la liste des secteurs préoccupants. Le port de Spanish et la baie Jackfish sont en voie de rétablissement, les projets de nettoyage étant terminés. Il reste 12 secteurs préoccupants dans lesquels il faudra investir des d’importants efforts de restauration avant qu’ils soient restaurés et retirés de la liste. Il s’agit de la baie Thunder, de la baie Nipigon, du havre Peninsula, des rivières St. Marys, Sainte-Claire, Detroit et Niagara, du port de Hamilton, de la Communauté urbaine de Toronto, du havre de port Hope, de la baie de Quinte et du fleuve Saint-Laurent.

2.3 Collectivités plus adaptées et résilientes

La population des Grands Lacs et du Saint-Laurent est caractérisée par sa forte concentration en régions métropolitaines. Plus de 80 % des Canadiens vivent en zone urbaine. Au Québec et en Ontario, une grande partie de la population habite dans les régions de Montréal et de Toronto.

La population du Québec devrait passer de 8,3 millions à 9 millions de personnes d'ici 2030. Une grande partie de la croissance de la population québécoise installée le long du fleuve Saint-Laurent surviendra dans la région métropolitaine de Montréal et, dans une moindre mesure, dans la région métropolitaine de Québec.

La population de l'Ontario devrait passer de 14 à 16,7 millions d’habitants d'ici 2030. Une grande partie de cette croissance se produira dans la région du Grand Toronto et autour de l'extrémité ouest du lac Ontario, connue sous le nom de « Golden Horseshoe ».

La façon dont cet accroissement démographique s’intégrera aux collectivités en place déterminera en partie la résilience et la capacité d’adaptation qu’elles afficheront en 2030. Le plan de croissance provincial pour la région du Grand Toronto et de Hamilton (Growth Plan for the Greater Toronto and Hamilton Area) a ouvert la voie à une plus grande densité urbaine et au regroupement des emplois et des gens. La réduction de

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l'empreinte carbone de nos collectivités dépendra des choix touchant l'aménagement du territoire, le transport, ainsi que le chauffage et la conception des bâtiments.

Par exemple, si nos grands centres urbains sont bien desservis par le transport en commun, les centres suburbains environnants et les petites villes ne le sont pas. Les banlieues comme les petits centres urbains restent très dépendants de l'automobile. L’élaboration de systèmes de transport en commun qui permettront aux gens de se déplacer plus efficacement et à prix abordable tout en réduisant leur empreinte carbone sera indissociable d'un avenir durable et résilient.

Il est également essentiel de rendre les collectivités plus résilientes face aux changements climatiques. Déjà, les pluies intenses liées aux changements climatiques et à la fonte rapide des neiges ont causé d'importantes inondations et des dommages dans des régions comme la vallée du Richelieu, Thunder Bay et Toronto. Des changements touchant l’aménagement du territoire, la gestion des eaux pluviales et les investissements dans l'infrastructure seront nécessaires pour mieux protéger les collectivités contre les inondations.

Les traces de l'activité industrielle et l’artificialisation des berges ont un impact sur les collectivités et leurs écosystèmes. Dans des villes comme Thunder Bay et Québec, les efforts visant à naturaliser et à revitaliser les rives ont déjà rejailli de façon très positive sur la collectivité.

La réduction de l’empreinte carbone, l’adaptation et le renforcement de la résilience face aux changements climatiques et la transformation des zones riveraines en zones accessibles au public associées à une plus grande vitalité des habitats sont trois grands défis que les collectivités auront à relever d'ici 2030 et par la suite.

2.4 Transition vers une plateforme durable et sobre en carbone et renforcement de la compétitivité de la région en économie numérique

Réduction des gaz à effet de serre (GES)Le gouvernement fédéral et la plupart des provinces se sont engagés à mettre en place un Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques afin de réduire l’ensemble des émissions à 523 tonnes métriques d’équivalents CO2 d'ici 2030. Pour ce faire, le gouvernement fédéral verse deux milliards de dollars sur cinq ans et crée le Fonds pour une économie à faibles émissions de carbone en vue d’appuyer les mesures provinciales et territoriales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le Québec et l'Ontario ont chacun leur propre plan d'action climatique et participent conjointement à un programme de plafonnement et d'échange avec l'État de la Californie pour réduire les GES. Au Québec et en Ontario, les cibles de réduction pour 2030 sont respectivement de 37,5 % et 37 % sous le niveau de 1990 ; il s’agit des cibles provinciales de 2030 les plus ambitieuses au pays.

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Ces objectifs seront atteints en abaissant progressivement le plafond maximal de GES. Les fonds amassés par la vente de crédits d'émission de GES seront réinvestis dans des projets qui réduiront ces émissions, comme le transport en commun ou les technologies d'énergie verte renouvelable.

En Ontario, le Plan d'action quinquennal sur les changements climatiques (plan d'action de l'Ontario) adopté en juin 2016 décrit les initiatives de lutte contre le changement climatique, dont la promotion et l'infrastructure des véhicules électriques, une banque verte pour l'efficacité énergétique et le financement en vue d’aider les entreprises à faire la transition vers des technologies sobres en carbone. Toutefois, avant l'adoption du Plan d'action de l'Ontario, la province avait pris des mesures en vue de réduire ses émissions de GES, notamment en adoptant le règlement de 2007 qui impose la mise hors service des centrales au charbon avant décembre 2014. En avril 2014, l'Ontario avait réussi à éliminer la production de charbon dans la province tout en instaurant son Programme de tarifs de rachat garantis (TRG) puis son Programme d’approvisionnement de grands projets d’énergie renouvelable (AGER), pour encourager le développement des énergies renouvelables. En raison de l’atteinte d’une production suffisante d'énergie renouvelable et des préoccupations du public face à la hausse des prix de l'électricité, le ministre de l'Énergie a suspendu le programme de TRG en septembre 2016. Pour diversifier ses mesures de lutte contre le changement climatique, la province a récemment adopté la Loi sur l'atténuation du changement climatique et une économie sobre en carbone (Loi sur le changement climatique). Cette loi de l’Ontario favorise la participation au régime de plafonnement et d'échange du Québec et de la Californie et fixe des objectifs de réduction des GES. Elle prévoit une réduction de 37 % des émissions de GES (sous le niveau de 1990) d'ici 2030. Les prévisions en matière d'émissions laissent voir que l'atteinte de cet objectif sera difficile.

Au Québec, le Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques, qui vise une réduction de 20 % des émissions de GES à l’horizon 2020, est la principale politique de la province en matière d'émissions de GES et de mesures climatiques à court terme. Depuis 2013, le Québec mise sur un système de plafonnement et d'échange en partenariat avec la Californie pour réduire les émissions des secteurs de l’industrie et de l’électricité. Comme la province tire près de 99 % de son électricité de sources renouvelables (notamment de l'hydroélectricité), la politique n'a pas eu d'incidence sur sa production d'électricité. Les milliards de dollars générés par la vente des crédits carbone dans le cadre du système de plafonnement et d'échange servent à financer les programmes de développement durable prévus dans le Plan d'action sur les changements climatiques. Plus récemment, des politiques ont été mises en place pour réduire les émissions de GES dans le secteur des transports en encourageant la vente et la fabrication de véhicules électriques.

Énergie renouvelableL'Ontario et le Québec affichent un grand pas d’avance en production d'énergie provenant de sources renouvelables, notamment en hydroélectricité, énergie éolienne, énergie solaire et, de façon limitée, biomasse. Les énergies géothermique et marémotrices sont cependant peu, voire pas du tout développées.

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En 2015, 66 % de l'électricité du Canada provenait de source renouvelable, soit 10 % de plus qu'en 2005. L'hydroélectricité est la principale source d'électricité au Canada. Cette consommation varie d'une province à l'autre, mais elle représente 60 % à l'échelle nationale. L'énergie éolienne fournit 4,4 % de l'électricité totale du Canada ; elle a connu une croissance de 20 % en 2011-2016 grâce à des investissements de 3 milliards de dollars dans des projets éoliens en Ontario et au Québec. L'énergie solaire représente 0,5 % de l'électricité totale au Canada, mais elle est essentiellement présente en Ontario, où se concentre 98 % de la capacité de production canadienne ; celle-ci représente 5 % de l'électricité totale de la province.

En 2014, on comptait environ 70 centrales de production d'électricité issue de la biomasse, celles-ci s’approvisionnant essentiellement en bois, sous-produits du bois et gaz d'enfouissement. De plus, des projets sont en développement pour produire de l'électricité marémotrice (mouvement des marées), de l'énergie éolienne au large des côtes et de l'énergie géothermique.

L'Ontario comme le Québec se dirigent vers une transition énergétique en vue d'accroître leur production d'énergie renouvelable au cours de la prochaine décennie. L'Ontario a notamment procédé à une élimination progressive de l'énergie charbonnière en 2014. La production d'électricité à partir d'énergie renouvelable est passée de 22 % à 32 % en raison d'une augmentation significative de la production d’énergies solaire, éolienne et issue de la biomasse. Dans son Plan énergétique à long terme, le gouvernement ontarien s'est engagé à accroître la production d'hydroélectricité et à poursuivre ses investissements dans ces trois types d’énergie; l'objectif est que 28 % de l'électricité provienne de l’énergie éolienne, de l’énergie solaire et de la biomasse en 2040.

Le Québec est un chef de file mondial dans le domaine de l'hydroélectricité, plus de 97 % de son électricité provenant de l'hydroélectricité. La Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec vise à éliminer l'utilisation du charbon thermique en prévoyant une augmentation de 25 % de la production totale d'énergies renouvelables et de 50 % de la production de bioénergie. C’est la production d'énergie éolienne qui constitue le secteur des énergies renouvelables à connaître la plus forte croissance au Québec. La transition énergétique de la province sera axée sur la réduction de la consommation des produits pétroliers dans des domaines comme le transport de personnes et de marchandise.

Transition d'une économie manufacturière à une économie numérique axée sur la technologie

La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent est un moteur clé de l'économie canadienne, une porte d'entrée vers le marché américain et un corridor commercial mondial essentiel. Elle compte pour plus de 50 % du PIB du Canada.

Représentant longtemps le cœur de l'industrie manufacturière du pays, son économie poursuit sa transformation graduelle, passant d'une solide base manufacturière à une

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économie de plus en plus dépendante du secteur des services et, dans certaines régions, de la logistique. Parallèlement, l'intensité en main-d'œuvre continue de diminuer en raison de l'automatisation. La concurrence mondiale continuera de compliquer la tâche des exportateurs ontariens.

La région a une économie axée sur l'exportation et est fortement tributaire du commerce canado-américain. Les échanges commerciaux du Canada avec les États-Unis sont à eux seuls trois fois plus élevés que dans l’ensemble du reste du monde. Deux milliards de dollars en biens et services franchissent chaque jour la frontière canado-américaine. Le commerce bilatéral des biens et services a en outre doublé depuis la création de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994. Les résultats de la renégociation actuelle de l'ALENA sont donc essentiels à la future prospérité de la région.

Malgré la primauté des relations commerciales canado-américaines, d'autres accords commerciaux régionaux, comme l'Accord économique et commercial global Canada-Union européenne et l'Accord de libre-échange Canada-Corée, promettent un accroissement des échanges avec d'autres partenaires commerciaux. Les marchés émergents peuvent également offrir de nouvelles possibilités de croissance.

InnovationL'innovation technologique se poursuit à un rythme toujours plus rapide, les marchés asiatiques – en particulier la Chine – effectuant une transition rapide vers les énergies renouvelables et les véhicules électriques. L'économie canadienne axée sur les exportations et sa compétitivité à l’échelle mondiale dépendront en partie de la rapidité avec laquelle le pays pourra innover et commercialiser de nouvelles technologies qui favorisent une croissance sobre en carbone. Il est essentiel que les entreprises canadiennes ne soient pas laissées pour compte dans cette prochaine vague d'innovation.

Le Canada est loin derrière le reste du monde en matière de dépenses en recherche et développement. Au pays, elles représentent en effet 1,69 % du PIB, comparativement à une moyenne de 2,36 % dans l'OCDE. Même dans les grappes où il est perçu comme étant à l’avant-garde, le Canada demeure un joueur modeste. Selon le McKinsey Global Institute, la valeur combinée de la grappe technologique de Toronto, Kitchener et Waterloo totalise 9,9 milliards de dollars, comparativement à 410,9 milliards de dollars pour la Silicon Valley.

Le niveau d'investissement nécessaire en R-D a été jusqu'à présent difficile à obtenir du côté du secteur privé. Pour compenser, les gouvernements ont beaucoup investi dans la recherche universitaire. Toutefois, celle-ci ne mène pas toujours à des innovations viables sur le plan commercial. Le Conference Board du Canada a recommandé que l'investissement public en R-D soit augmenté pour combler le manque d'investissements privés. À 0,84 % du PIB, les dépenses publiques canadiennes en R-D se situent à peu près au milieu du peloton de l'OCDE, devant les États-Unis et le Royaume-Uni, mais loin derrière les pays scandinaves.

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Le gouvernement fédéral a récemment annoncé une stratégie de croissance de 950 millions de dollars pour favoriser la croissance des « supergrappes » dans les secteurs de pointe que sont la fabrication de pointe, l'agroalimentaire, les technologies propres, les technologies numériques, la santé et les biosciences, l'infrastructure et les transports. Il a également amorcé un examen des programmes de soutien à l'innovation de l'ensemble de ses ministères afin de rationaliser la démarche et de créer un guichet unique.

Secteurs économiques d'importance stratégique pour l'économie sobre en carboneLes secteurs automobile et agricole demeurent les deux grandes industries de l'économie ontarienne. Au Québec, l'aérospatiale est le moteur d'une part importante de la R-D dans la région. La technologie est cependant le secteur le plus perturbateur à faciliter l'émergence d'une économie numérique, dite « de l’intelligence ». Heureusement, l'Ontario et le Québec démontrent une grande solidité dans ce marché émergent. Chacun de ces secteurs subira d'importants changements dus à la transition vers une économie sobre en carbone. La façon dont ils évolueront et s'adapteront dictera en grande partie la direction de l'économie régionale d'ici 2030.

TechnologieLe secteur de la technologie est généralement associé aux technologies de l'information et des communications. On peut cependant le définir de façon plus large pour qu’il englobe d'autres secteurs, notamment l'architecture, l’ingénierie/design, la fabrication chimique et pharmaceutique, les machines et la fabrication spécialisée, la fabrication aérospatiale et la R-D scientifique.

Selon le Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship, le secteur canadien de la technologie a contribué à hauteur de 117 milliards de dollars au PIB national et de 9,1 milliards en R-D en 2016. Quatre des cinq principaux pôles technologiques du Canada se trouvent dans le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent, soit à Toronto, Montréal, Ottawa et Kitchener-Waterloo. Les 71 000 entreprises du secteur emploient plus de 850 000 Canadiens.

Compte tenu surtout du ralentissement du marché pétrolier, le secteur de la technologie figure parmi ceux qui affichent la croissance la plus rapide de la région et du pays, et c’est certainement l'un des plus stratégiques pour la compétitivité et la durabilité de la région dans les années à venir.

L'économie « de l’intelligence » naissante repose sur la connaissance et l'innovation et elle est propulsée par la technologie. En misant sur l'innovation technologique, cette économie favorise l’entrepreneuriat et peut servir une croissance plus durable misant davantage sur le numérique et l’intelligence artificielle dans les villes. Elle peut également accroître la productivité et la compétitivité, d'où la nécessité incontournable de relier la révolution technologique actuelle à une telle croissance.

Certaines tendances clés de cette économie numérique axée sur la technologie ont été identifiées par Deloitte Canada :

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Les T1 sans bornes Les frontières qui limitent les TI s’estompent à mesure que la technologie devient essentielle pour la quasi-totalité des fonctions et des relations d’affaires.

L’analytique des données obscures Les avancées dans les domaines de la vision par ordinateur et de la reconnaissance des formes permettent aux entreprises de dégager des perspectives des données non structurées qui, jusqu’à présent, demeuraient dans l’ombre.

L’intelligence artificielle L’intelligence artificielle aide les entreprises à prendre de meilleures décisions, à intégrer l’analytique complexe dans les interactions avec les clients et les employés et, grâce à l’adoption de robots et à la robotisation des processus, à automatiser des tâches de plus en plus difficiles.

La réalité mixte Les entreprises explorent des façons plus immersives et interactives de combiner le monde physique et les systèmes numériques, en créant une nouvelle réalité mixte plus naturelle, intuitive et intelligente.

L’architecture inévitableLes normes ouvertes, les conceptions axées sur le « nuage d’abord » et les architectures associées avec plus de souplesse sont la norme dans les entreprises en démarrage. Maintenant, les grandes entreprises ont des ambitions semblables.

Tout en tant que serviceLes produits d’entreprises traditionnels sont maintenant considérés comme des services à mesure que les organisations modernisent les systèmes de base et les empilements technologiques.

La chaîne de blocs : l’économie de la confiance La chaîne de blocs émerge comme le point central des identités numériques dans l’économie émergente de la confiance.

La liste de contrôle exponentielle Les progrès dans les forces perturbatrices comme la biologie synthétique, le stockage d’énergie, l’informatique quantique et les nanotechnologies pourraient transformer de manière exponentielle la façon dont nous faisons des affaires.

Compte tenu de la rapidité et de la portée de ces changements technologiques d’envergure, la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent doit se positionner de façon proactive pour être concurrentielle et réussir dans cette économie numérique naissante. Cela nécessitera une adaptation dans tous les secteurs et, plus important encore, sera propulsé par l'innovation technologique transsectorielle.

Fabrication automobileLe secteur canadien de l'automobile occupe le huitième rang à l’échelle mondiale. En 2012, le secteur de la fabrication automobile employait 115 000 travailleurs au Canada, dont 82 % en Ontario et 6,5 % au Québec.

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Devant l'installation de nouvelles technologies à même les véhicules – de la télématique aux véhicules autonomes en passant par la fabrication additive (impression industrielle 3D) et les véhicules électriques – la fabrication automobile vit une profonde transformation.

Les nouvelles technologies intégrées aux véhicules neufs devraient représenter jusqu'à 20 % de leur valeur dès 2020, comparativement à 13 % en 2015. Il reste à voir si les fournisseurs en place dans la région pourront répondre à la demande concernant ces nouvelles technologies, face à la concurrence avec de nouveaux venus de la Silicon Valley et les autres centres de haute technologie.

D'un point de vue environnemental, l'accélération attendue de l'adoption des véhicules électriques pourrait être l'un des changements les plus significatifs du siècle en matière de réduction des émissions de carbone. La France et la Grande-Bretagne ont toutes deux décrété l'interdiction de la vente des voitures à essence et au diesel à partir de 2040, une revendication qui aurait semblé impensable il y a quelques années seulement, mais qui fait à peine froncer les sourcils de nos jours. Les experts de l'industrie automobile prédisent désormais que le tournant décisif, lié à la fois aux prix et à la technologie, en faveur des véhicules électriques pourrait se produire dès 2023.

La mesure dans laquelle les constructeurs automobiles, les fabricants de pièces automobiles et les entreprises qui desservent le secteur de l'automobile à l’aide de nouvelles technologies pourront suivre les tendances actuelles favorisant les véhicules à faibles émissions ou sans émissions jouera un rôle important dans l'avenir de l'industrie dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

AgricultureLa région des Grands Lacs et du Saint-Laurent a la chance de disposer de nombreuses terres fertiles. L'Ontario et le Québec comptent d'importantes industries céréalières, animales et laitières, ainsi que des exploitations maraîchères, fruitières et en serre. Au Québec, les principales cultures sont le maïs, le soya et l'avoine – le soya affichant une augmentation de 27 % depuis 2011. Le Québec est le premier producteur de fruits, de baies et de noix au Canada. La province de l'Ontario regroupe à elle seule un quart des fermes du Canada. Le nombre d'exploitations agricoles a diminué de 4,5 % au cours des cinq dernières années, poursuivant ainsi la tendance à remplacer les « fermes familiales » par des exploitations de plus grande envergure. L'Ontario est le principal producteur de soya et de maïs au pays.

Les producteurs céréaliers du Québec et de l'Ontario ont adopté des techniques environnementales comme le travail réduit du sol, les technologies agricoles de précision et la biotechnologie des plantes et des semences pour améliorer les pratiques de gestion du sol ; la rotation des cultures afin d'améliorer la productivité du sol et de briser les cycles des ravageurs ; et l'utilisation de cultures de couverture pour réduire l'érosion et la perte de nutriments. Divers programmes aident les agriculteurs de l'Ontario et du Québec à adopter de nouvelles pratiques, comme le Programme Canada-Ontario des plans

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agroenvironnementaux ou l'analyse du cycle de vie des Producteurs de grains du Québec, qui aident les agriculteurs à cerner les objectifs et les améliorations possibles.

Les changements climatiques transforment radicalement la donne en agriculture. Cette industrie dépendante des conditions météorologiques se retrouve devant un certain nombre de défis quand les épisodes météorologiques plus extrêmes se présentent. La chaleur extrême peut entraîner la mort du bétail, en particulier de la volaille. La sécheresse et l'humidité extrême peuvent perturber le rendement des cultures. Les fortes pluies et la fonte rapide des neiges peuvent entraîner un écoulement de phosphore dans les champs et vers les cours d'eau. La prolifération d'algues dans le lac Érié est ainsi en grande partie causée par la forte concentration en phosphore des eaux de ruissellement agricole du bassin de la rivière Maumee.

D’un autre côté, les changements climatiques peuvent créer des possibilités. La prolongation des saisons de croissance et l’augmentation de la température pourraient se traduire par une augmentation du rendement et l’arrivée de nouveaux fruits et légumes. Le piégeage du carbone par des méthodes de culture sans labour ou de travail réduit du sol pourrait réduire l'empreinte carbone d'une ferme. Par ailleurs, des hivers plus courts réduiront les dépenses en chauffage. Au cours de la prochaine décennie, il sera important de pouvoir aider les agriculteurs et les propriétaires fonciers à se préparer aux changements climatiques et à leur impact sur leur commerce.

Industrie aérospatialePrincipalement concentrée en Ontario et au Québec, l'industrie aérospatiale canadienne est un employeur et un joueur important à l'échelle nationale. Elle génère à elle seule jusqu'à 30 % de la R-D manufacturière au pays. Elle demeure un chef de file mondial dans le domaine des avions civils, des hélicoptères, des moteurs et des simulateurs de vol. Certaines grandes entreprises comme Bombardier sont installées dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

Comme tous les autres secteurs à forte production de GES, l'industrie aérospatiale doit relever le défi de réduire son empreinte carbone.

Le gouvernement du Québec appuie une initiative verte appelée Systèmes aéronautiques d’avant-garde pour l’environnement (SA2GE), qui cherche des façons de réduire les GES en misant sur les améliorations opérationnelles. L'industrie subit une pression supplémentaire pour réduire ses émissions afin de se conformer à la directive européenne sur l'aviation qui plafonne les émissions des avions.

TransportPour demeurer concurrentielle sur le marché mondial et pour gérer la croissance attendue en matière de population et de mouvements de marchandise, la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent doit pouvoir transporter efficacement les personnes et le fret.

Les déplacements par véhicule automobile demeurent le principal mode de transport dans la région, ce qui représente un problème de croissance en raison de la congestion. La

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Chambre de commerce du Canada estime que la congestion routière coûte 15 milliards de dollars par année au pays, ce qui équivaut à près de 1 % de son PIB (Bulletin de rendement des infrastructures canadiennes, 2016). En conséquence, tant que les voitures miseront sur un moteur à combustion, les déplacements routiers feront augmenter les émissions de GES de façon importante. Le transport compte pour environ 27 % des émissions de GES au Canada, et 70 % de ce pourcentage provient du transport routier.

Les problèmes d'émissions de GES et de congestion routière liés à la croissance démographique et à l'augmentation du transport de marchandises suscitent des discussions sur la promotion de modes de transport qui auraient le double avantage de réduire la congestion et les émissions de GES.

Transport maritimeLa région des Grands Lacs et du Saint-Laurent est définie par sa voie maritime, un cours d’eau qui traverse toute la région, les ports et navires répartis le long du rivage permettant de déplacer des millions de dollars en marchandise chaque année. On estime que 35 milliards de dollars d'activité économique et 227 000 emplois sont directement liés à l'industrie du transport maritime.

L'écrasante majorité des navires à circuler sur les Grands Lacs et le Saint-Laurent transportent de la marchandise en vrac, des produits agricoles en vrac comme du soja et des céréales, des ressources en agrégats comme du sel, du gravier et du sable et des produits miniers comme du minerai de fer et du charbon. De solides arguments militent en faveur de l'expansion du transport maritime. Il a une empreinte carbone faible et peut réduire la congestion sur les routes. De nombreux grands ports canadiens disposent d’installations peu ou non utilisées et peuvent accroître leur capacité. Certains, comme Hamilton, Windsor et Thunder Bay, ont le potentiel d’accroître leur capacité et accès à des liaisons ferroviaires.

Un certain nombre d'investissements de grande envergure sont réalisés par d’importants intervenants de l'industrie du transport maritime pour accroître l'efficacité du système en vue de réduire les coûts, ce qui permettrait d'augmenter les bénéfices des transporteurs maritimes et des gestionnaires du réseau.

Entre 2009 et 2013, les transporteurs ont ainsi investi 2,9 milliards de dollars dans l’achat de bateaux neufs et la modernisation de navires. Les sociétés du secteur public entament également diverses modernisations de leurs infrastructures pour réduire l'attente aux écluses.

Un investissement de taille en matière d'infrastructures concerne le vieillissement des écluses de Sault-Sainte-Marie, maillon essentiel du commerce maritime partout dans les Grands Lacs. En moyenne, 4000 navires transportant 80 tonnes de cargaison traversent ces écluses. On estime que le remplacement d'une seule des écluses coûterait 500 millions de dollars. Cet investissement a de l’importance si l’on veut accroître le rôle du transport maritime dans une économie sobre en carbone.

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Transport ferroviaireÉtant donné les distances relativement courtes entre les divers centres de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, le recours au chemin de fer pour le transport de personnes et de marchandises tombe sous le sens. Or, malgré cette réalité géographique, le faible coût du transport routier et le peu d'investissements dans le réseau ont fait du train le parent pauvre des moyens de transports de la région.

Alors que l'utilisation des trains de passagers a augmenté dans les régions métropolitaines (GO Transit, Metrolinx, Réseau de transport métropolitain), il perd régulièrement des parts de marché quand il est question de couvrir de plus longues distances. Les réseaux ferroviaires font face à de nombreux défis rappelant ceux des réseaux routiers du bassin. Tout comme les réseaux autoroutiers, les chemins de fer font souvent face à un engorgement dans les centres urbains, mais à une sous-utilisation en zone rurale. Le gouvernement de l'Ontario estime que le développement de la capacité du transport de passagers par train est prometteur et qu'il pourrait peut-être résoudre le problème de la congestion routière. Il a ainsi adopté Le Grand Projet, une stratégie régionale de transport destinant 11 milliards de dollars à la région élargie du Golden Horseshoe et mise en œuvre par l'entremise d'un organisme autonome, Metrolinx. Le gouvernement de l'Ontario envisage également la création d'un train à grande vitesse pour relier Windsor à Toronto. Il pourrait éventuellement être prolongé jusqu'à la ville de Québec, ce qui permettrait d'assurer une liaison à grande vitesse dans une grande partie de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. L'investissement dans le transport ferroviaire et l'amélioration du service par l’aménagement de voies réservées pourraient contribuer de façon significative à réduire la congestion et les émissions de GES.

Corridors commerciaux et gestion des frontières La circulation des marchandises à la frontière canado-américaine est d'une importance capitale pour la santé de l'économie des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Elle touche presque toutes les entreprises de l'Ontario et du Québec. Chaque jour, plus de 1 milliard de dollars canadiens en marchandise franchissent la frontière canado-américaine, dont 600 millions par l'Ontario.

Les retards causés par les bouchons à la frontière, en particulier entre Détroit et Windsor, coûtent cher à toute la région. Un retard de quatre heures au pont Ambassador représente des pertes de production d’environ 7 millions de dollars pour l’économie canadienne. Selon la Chambre de commerce de l'Ontario, les retards dans le seul corridor Détroit-Windsor pourraient entraîner des coûts directs de plus de 17,8 milliards de dollars canadiens par année pour le Canada et les États-Unis d'ici 2030 et la perte de plus de 70 000 emplois au Canada.

L'été dernier, le gouvernement fédéral canadien a annoncé son intention d'investir 2 milliards de dollars dans les infrastructures commerciales et de transport, notamment dans les itinéraires commerciaux particulièrement congestionnés qui longent la frontière avec les États-Unis. Le gouvernement fédéral a aussi conclu une entente avec les autorités américaines en vue de construire un nouveau pont enjambant la rivière Détroit à

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Windsor. Cependant, le projet pourrait être retardé par une poursuite judiciaire intentée par la société privée propriétaire du pont Ambassador déjà en place.

Depuis le 11-Septembre, les États-Unis portent une attention de tous les instants à la sécurité frontalière. Le Canada et les États-Unis se sont engagés à respecter le Plan d'action pour une frontière intelligente, qui vise à atténuer la congestion tout en maintenant un niveau de sécurité élevé aux postes frontaliers. Ces efforts sont soutenus par le Fonds sur l'infrastructure frontalière du gouvernement fédéral. Des améliorations sont en outre apportées aux routes et aux passages frontaliers dans les régions de Sarnia, Niagara et London.

3.0 Processus d'élaboration de vision et de plan d’action

3.1 Objectifs

La Collaboratif prévoit un processus de collaboration en vue d’arriver à une vision commune percutante d'une région des Grands Lacs et du Saint-Laurent dynamique sur le plan économique et prospère sur le plan écologique, ainsi qu'un plan axé sur les résultats qui trace la voie pour la région. L'élaboration et la mise en œuvre d'une vision et d'un plan de ce type exigeront un niveau de collaboration sans précédent si l’on veut bien harmoniser les mesures prises par tous les paliers de gouvernement et les intervenants externes.

Il faut vraiment que la vision et le plan soient élaborés et mis en œuvre en tenant compte des démarches en cours ou prévues. Un certain nombre d'autres initiatives partageant des objectifs similaires sont en place, dont l’Initiative du Siècle (www.centuryinitiative.ca), les plans d'action sur les changements climatiques du Québec, de l’Ontario et du Canada et le Plan de croissance de la région élargie du Golden Horseshoe du gouvernement ontarien (www.placestogrow.ca). Il est prévu que le Collaboratif complète et appuie les ententes environnementales existantes, comme l’Accord Canada-Ontario concernant la qualité de l’eau et la santé de l’écosystème des Grands Lacs et le Plan d’action Saint-Laurent – plutôt que de les remplacer.

Les objectifs du processus de collaboration sont les suivants :1. En arriver à une vision commune et à un plan axé sur les résultats pour faire de la

région un chef de file en matière de protection des écosystèmes, de collectivités plus adaptées et résilientes et de croissance économique durable sobre en carbone ;

2. Mener un examen stratégique des investissements, programmes, budgets et autres activités des autorités fédérales, provinciales et locales afin de déterminer comment les intégrer pour mieux protéger l'écosystème des Grands Lacs et du Saint-Laurent, promouvoir la durabilité et la résilience des collectivités et stimuler une économie sobre en carbone ;

3. Obtenir que le gouvernement fédéral soutienne la vision et le plan et s’engage à financer la mise en œuvre de ce dernier de concert avec d'autres paliers de

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gouvernement, tout en tirant parti des investissements des entreprises, des organismes sans but lucratif ou philanthropiques, etc.

3.2 Tirer des leçons du Great Lakes Regional Collaboration (GLRC) des États-Unis

Le succès du processus du Great Lakes Regional Collaboration (GLRC) aux États-Unis a fortement inspiré le présent projet de Collaboratif au Canada. Le GLRC a non seulement créé de nouveaux partenariats durables parmi une myriade d’intérêts divers, mais il a aussi donné lieu à un plan concret et réalisable de restauration des Grands Lacs. Plus remarquable encore, le plan se basait sur le consensus des participants, ce qui lui a donné beaucoup de légitimité aux yeux des fonctionnaires et des ONG. Son plan d’action a incité le président Barack Obama à lancer l'Initiative de restauration des Grands Lacs (GLRI) en 2010, ce qui a permis d’affecter quelque 300 millions de dollars par année à des travaux de restauration dans la région, soit plus de 2 milliards de dollars à ce jour.

Le parcours qui a mené à l'Initiative de restauration des Grands Lacs des États-Unis donne une certaine orientation au Canada, qui envisage d’avoir son propre processus collaboratif. Aux États-Unis, le Congrès et la Maison-Blanche ont constaté, vers l'an 2000, que la région ne disposait pas de stratégie de restauration des Grands Lacs. Sans une telle stratégie, un programme de restauration ambitieux ne pouvait voir le jour. Pour élaborer la stratégie, le président George W. Bush a créé le GLRC en signant le décret 13340, qui reconnaissait l'importance nationale des Grands Lacs et demandait une collaboration en vue de définir les besoins précis en matière de restauration. Le décret a donné lieu à la création de la Great Lakes Interagency Task Force composée de secrétaires de cabinet du fédéral, afin que les organismes fédéraux puissent mieux coordonner leurs programmes. Cela a également enclenché l'élaboration d'un plan d'action ciblé et efficace pour restaurer les Grands Lacs ; cette directive a mené à l’instauration d’un processus de collaboration appelé Great Lakes Regional Collaboration (GLRC).

Par l'entremise du GLRC, des milliers d'élus fédéraux, d’État, tribaux et locaux ainsi que des intervenants externes se sont réunis pour cerner les besoins précis en matière de restauration et élaborer des plans d'action pour leur mise en œuvre. La première étape a consisté à définir le GLRC et à s'entendre sur sa portée. À la suite de vastes consultations, les huit gouverneurs des Grands Lacs ont retenu huit enjeux nécessitant une attention immédiate :

● espèces aquatiques envahissantes;● habitat et espèces;● santé côtière;● secteurs préoccupants et sédiments contaminés ;● pollution diffuse;● pollution toxique;● indicateurs et information;● développement durable.

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L'étape suivante consistait à élaborer des plans d'action pour chacun des enjeux. Pour ce faire, l’Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) sous la direction de la Maison-Blanche a demandé à plus de 1500 personnes faisant partie ou non du gouvernement (et représentant une grande diversité de points de vue) de participer au processus. L'intention était que tout élément issu de la collaboration reflète le consensus des participants. Chaque enjeu a été associé à son « équipe stratégique » composée d'un sous-ensemble de 1500 participants, en grande partie présents de leur propre initiative. (Fait à noter : bien que l’Agence américaine pour la protection de l'environnement dirige le processus, le GLRC vise d’abord à faire participer et coopérer tous les participants, peu importe leur organisme, palier de gouvernement ou affiliation.) Après une année de discussions soutenues, de conférences téléphoniques et de rencontres en personne, les huit équipes stratégiques ont présenté leur travail à l’EPA. Le document final a constitué la Stratégie régionale de collaboration des Grands Lacs, un plan d'action faisant ressortir les besoins en matière de restauration, tant sur le plan financier que législatif, et la façon d’y répondre. Le processus du GLRC est considéré comme un grand succès pour quatre grandes raisons :

1. Il a permis de rassembler une vaste diversité d’intérêts et d'experts auxquels il a confié un mandat précis. La démarche a ainsi permis, à tout le moins, de créer de nouveaux liens et de renforcer ceux qui existaient déjà.

2. Il a mené à l'élaboration d'un plan d'action précis reflétant le consensus des participants et, par conséquent, augmentant la probabilité qu'il soit largement accepté et mis en œuvre.

3. Il a aidé le gouvernement et les intervenants à voir quels organismes (à quel palier de gouvernement) exécutaient quels programmes liés aux Grands Lacs (et, bien sûr, à cerner les lacunes desdits programmes).

4. Il a permis à la Maison-Blanche et au Congrès de connaître les besoins en matière de budget et de législation, afin que les futures initiatives puissent être défendues.

Le financement et les mesures législatives visant à promouvoir la restauration des Grands Lacs, fortement liés à la Stratégie régionale de collaboration des Grands Lacs, ont été amorcés en 2010 lorsque le président Obama a lancé l'Initiative de restauration des Grands Lacs (GLRI). La GLRI a utilisé la stratégie de collaboration pour justifier un effort de restauration d’envergure. Le président Obama a demandé aux organismes fédéraux de collaborer plus étroitement pour le bien des Grands Lacs et il a entrepris d'accélérer les démarches visant à protéger et à améliorer les ressources de la région. Le plus important, peut-être, c’est que l'Initiative de restauration des Grands Lacs a reçu des ressources fédérales considérables, soit environ 300 millions de dollars par année. Comme le GLRC, elle a pu compter sur le leadership de l'EPA quoique, comme dans le cas du GLRC, l’EPA a joué le rôle d’animateur, puisque le processus a été mené en collaboration avec l'ensemble du gouvernement et des intervenants. En effet, les projets des agences fédérales, les agences étatiques, les tribus et les ONG étaient tous admissibles au financement par l’Initiative de restauration des Grands Lacs.

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Pour orienter l'affectation des fonds de l’Initiative de restauration des Grands Lacs, l'EPA, en consultation avec de nombreux intervenants, a élaboré pour elle un plan d'action regroupant les huit enjeux du GLRC en cinq domaines d'intervention : ● élimination des produits toxiques et secteurs préoccupants;● lutte aux espèces invasives;● promotion de la santé du littoral en protégeant les bassins versants des eaux de

ruissellement polluées ;● restauration des terres humides et autres habitats;● suivi des progrès, formation et travail de concert avec des partenaires stratégiques.

Chaque domaine d'intervention contenait un énoncé du problème, des buts, des objectifs, des indicateurs de progrès, des cibles et des mesures nécessaires pour appuyer les objectifs. Le plan d'action et les rapports connexes présentés au Congrès pour décrire les progrès réalisés en matière de restauration guident l'Initiative de restauration des Grands Lacs (GLRI).

L'une des clés du succès du GLRC et, plus tard, de la GLRI, a été le grand soutien bipartisan obtenu au Congrès, ainsi qu’auprès de la Maison-Blanche et des autorités locales et dans l'ensemble de la communauté des ONG. La force de ce soutien bipartisan au Congrès a jusqu'à présent empêché la nouvelle administration de supprimer le budget de la GLRI.

3.3 Processus visant à créer une vision commune et un plan

S’inspirant du processus inclusif et fructueux de collaboration mené dans la région des Grands Lacs qui a permis d’établir aux États-Unis l’Initiative de restauration des Grands Lacs (GLRI) décrite précédemment, le Collaboratif envisage un processus qui englobe les étapes suivantes : Première étape : Entreprendre une analyse préliminaire des enjeux des parties prenantes et amorcer leur mobilisation En raison de l’envergure et de la complexité du bassin versant des Grands Lacs et du Saint-Laurent, il faut connaître les divers intérêts et les priorités des institutions et des gouvernements avant de lancer un examen concerté des activités de protection et de restauration dudit bassin. Par conséquent, en guise de première étape de l’établissement d’une vision commune et d’une stratégie concertée, le Collaboratif ont commencé à mobiliser les parties prenantes et à effectuer une analyse de leurs enjeux pour éclairer la portée et la nature du processus.

La mobilisation des parties prenantes s’amorcera en octobre 2017 par la diffusion du présent document de travail auprès des principaux intervenants visés par la gestion du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent. On demande à ces derniers de se prononcer sur la portée proposée et le processus du Collaboratif en transmettant leurs commentaires par écrit ou en participant à des rencontres en personne sous forme de tables rondes qui auront lieu au Québec et en Ontario en octobre et novembre 2017.

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On fait également appel à la contribution des parties prenantes par la tenue d’une analyse de leurs enjeux et de leurs intérêts qui sera effectuée par le Collaboratif de concert avec la Fondation de Gaspé Beaubien et l’organisme Mitacs. Ce dernier organisme a communiqué avec diverses parties prenantes pendant l’été pour leur demander de participer à un sondage ou à une entrevue téléphonique.

Une telle étude externe vise à relever les intérêts communs et divergents, les possibilités d’améliorer la collaboration ou l’harmonisation ainsi que les principales faiblesses des programmes ou lacunes en matière d’investissements. Au cours de cette première étape, toutes les parties qui ont participé ou qui souhaitent participer au Collaboratif auront l'occasion d'aborder leurs principales questions ou préoccupations ainsi que leurs objectifs dans le cadre du processus de participation subséquent. Ces premiers efforts de mobilisation des parties prenantes et d’analyse aideront les membres du Collaboratif à cerner d’autre information générale et à formuler des recommandations pouvant orienter le processus de collaboration. Le présent document de travail sera revu à la lumière des premiers commentaires des parties prenantes et de l’analyse préliminaire puis présenté à la ministre fédérale de l’Environnement et à d’autres décideurs fédéraux au cours de la Journée Grands-Lacs Saint-Laurent sur la colline parlementaire qui aura lieu le 21 novembre 2017. Il sera simultanément transmis à des représentants élus des gouvernements de l’Ontario et du Québec et à des associations régionales des Premières Nations.

Deuxième étape : Obtenir l’approbation des gouvernements fédéral, provinciaux et des Premières Nations et un financement en appui au processusAvant la mise en place de ce processus, il est crucial que les gouvernements du Canada, du Québec et de l’Ontario ainsi que les chefs des Premières Nations l’approuvent. Dans le cadre de cet exercice, ces autorités doivent encourager publiquement les parties prenantes à participer.

Il est également essentiel d’obtenir le financement nécessaire pour aller de l’avant avec le processus, que l’on évalue à 1 500 000 $ sur deux ans en supposant que le Secrétariat œuvre hors de l’administration publique.

Enfin, il faudra que des hauts dirigeants des gouvernements fédéral, du Québec et de l’Ontario ainsi que des organisations des Premières Nations s’engagent à participer au processus au sein du comité exécutif et des tables de concertation.

Troisième étape : Établir une structure et obtenir un budget de gestion du processusAfin de concevoir une nouvelle vision et un plan pour les Grands Lacs et le Saint-Laurent au Canada, il faut établir une structure procurant une orientation stratégique. On prévoit qu’elle comprenne un comité directeur, un groupe de travail interministériel fédéral-provincial et un travail de mobilisation de nature inclusive auprès d’une diversité de parties prenantes par l'entremise d'un comité consultatif. Des plans par secteur seront

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élaborés par les équipes affectées à la gestion d’un enjeu, composées d’experts et de partenaires du comité directeur ainsi que des membres des parties prenantes.

On prévoit établir la structure comme suit :1. un comité exécutif composé de représentants des principaux organismes des

Grands Lacs et du Saint-Laurent (p. ex. : sur le plan environnemental, économique et municipal) et de hauts représentants des gouvernements du Canada, du Québec et de l’Ontario ainsi que des Premières Nations et des Métis;

2. un groupe de travail interministériel et intergouvernemental (représentants fédéraux, ontariens, québécois et autochtones);

3. un groupe consultatif multipartite (Premières Nations, gouvernements locaux, ONG du milieu de l’environnement et des affaires);

4. des équipes stratégiques de la gestion des enjeux (rôle assumé par les gouvernements et les parties prenantes);

a. Ces deux groupes assurent la codirection des équipes (présidence en alternance) et les services de secrétariat.

b. Chaque équipe élabore un plan d’action visant un enjeu en particulier.c. On propose la formation de quatre équipes à l’appui de la stratégie :

i. la santé de l’écosystème;ii. les collectivités locales;iii. les Premières Nations / Métis;iv. la transition vers une économie numérique sobre en carbone.

L’administration de cette structure devrait être dirigée par un secrétariat multiministériel au sein de l’administration publique fédérale OU par un organisme administratif externe supervisé par les cinq partenaires du Collaboratif. On prévoit que le secrétariat sera doté de six membres, soit un directeur exécutif, un adjoint administratif et quatre gestionnaires de projet qui seront directement responsables des enjeux relevant des équipes affectées à la gestion d’un enjeu. Les détails du budget rattaché à une telle structure figurent ci-après.

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Quatrième étape   : Mobilisation des parties prenantes La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent compte une grande diversité de groupes d’intérêts engagés comprenant des entreprises et des associations de gens d’affaires, des ONG à vocation écologique, des organismes de tourisme, de loisirs et de pêche, des administrations locales riveraines et de conservation ainsi que des associations de Premières Nations et de Métis. Le Collaboratif réunira tous ces groupes pour créer un processus de mobilisation inclusif des parties prenantes.

Même si celles-ci ne réussissent pas toujours à s’entendre, elles ont l’habitude d’unir leurs efforts et de collaborer avec des organismes gouvernementaux. Le processus mentionné précédemment devrait donc fonctionner dans un climat de coopération. Néanmoins, on ne peut sous-estimer le fait qu’il sera difficile d’atteindre un consensus autour de certains enjeux. L'inclusion, l'intégrité et la transparence du processus de mobilisation des parties prenantes seront donc essentielles pour que les démarches du Collaboratif soient couronnées de succès.

Dans le cadre du processus établi pour parvenir à dresser une vision commune et un plan, il faudra beaucoup axer les efforts sur la collaboration et l’inclusion en misant sur l'expérience et les connaissances d'une diversité de parties prenantes touchées. On prévoit que celles-ci contribueront tout au long du processus à définir les priorités et à formuler des recommandations concernant les investissements et les programmes nécessaires. Elles participeront au processus par l’entremise du groupe consultatif multipartite et des tables de concertation comme on l’a proposé précédemment. De plus, les conclusions provisoires du processus seront présentées à un plus grand nombre de parties prenantes à l’occasion d’un sommet.

Cinquième étape   : Élaboration du plan d’action La plupart des activités seront exécutées par les équipes stratégiques affectées à la gestion des enjeux qui concentreront leurs efforts sur un sous-ensemble précis d’enjeux. Épaulée par un gestionnaire de projet œuvrant au secrétariat, chacune de ces équipes tiendra ses propres discussions au moyen de téléconférences et de rencontres en personne. À la fin de cette phase, une série de plans d’action par secteur sera présentée au comité exécutif, au comité interministériel et intergouvernemental et au comité consultatif multipartite.

À ce stade-ci, les efforts de mobilisation des parties prenantes ne devraient pas se limiter aux discussions internes de chaque équipe stratégique. Des possibilités de participation du public devraient être intégrées aux plans de travail des équipes grâce notamment à un exercice de consultation des membres de chaque organisation et à la tenue de forums d’information et de discussion en ligne. On devrait accorder un intérêt particulier aux groupes minoritaires dépourvus des ressources nécessaires pour suivre les discussions tout au long du processus.

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Sixième étape   : Mobilisation, harmonisation et intégration tenant compte des intérêts des parties prenantes américainesBien que le Collaboratif proposé représente une initiative canadienne, il faudra y intégrer un volet tenant compte des acteurs du côté américain des Grands Lacs qui contribueront à l’exercice mis en place. Étant donné que la région possède une structure de gouvernance bien ancrée grâce à plusieurs ententes binationales et régionales, le processus canadien est bien placé pour interagir avec les autorités fédérales et des États, les entreprises et les ONG des États-Unis, ainsi qu’avec des organismes binationaux comme la Commission mixte internationale et la Commission des pêcheries des Grands Lacs. Tous ces acteurs jouent un rôle dans cette région à l’égard des politiques, des stratégies, des activités scientifiques, des projets et des priorités en matière de protection et de promotion de l’environnement et de l’économie des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Septième étape   : Achèvement de la stratégie du Collaboratif Après avoir terminé d’élaborer le plan d’action de chaque table, le Comité exécutif et le Comité consultatif multipartite conjugueront leurs efforts et s’entendront sur une version définitive d’une vision et d’un plan. Le document définitif, qui formera la stratégie de collaboration dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent , dressera une vision commune de l’avenir de la région. Outre les recommandations particulières sur les mesures législatives, les programmes et le budget, la stratégie englobera des principes directeurs pour l’ensemble des gouvernements et des parties prenantes afin d’orienter leurs efforts et leurs investissements pour les années à venir.

3.4 Échéancier et budget provisoire

Le calendrier suivant est proposé pour l’établissement du processus du Collaboratif :

Échéancier Activité BudgetDe juillet à octobre 2017

Premières démarches pour amorcer la mobilisation des parties prenantes et analyse préliminaire des enjeux. Sondage ou entrevue auprès des parties prenantes par l’organisme Mitacs. Transmission par le Collaboratif d’un document de travail aux parties prenantes pour obtenir leurs commentaires et organisation de deux tables rondes pour enrichir la discussion et la rétroaction auprès des parties prenantes.

En nature

Novembre 2017 Assurer la participation du gouvernement fédéral au document d’orientation en vue d’être présenté à la Journée Grands-Lacs Saint-Laurent sur la colline parlementaire. Obtenir l’appui des principaux ministres et ministères fédéraux, notamment d’Environnement et Changement climatique Canada, de Ressources naturelles Canada, de Transports Canada, du ministère de l’Infrastructure et des Collectivités, de Petites

En nature

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entreprises, du ministère des Finances, du BCP et du CPM.

De janvier à février 2018

Obtenir un financement pour l’exécution du processus. Mettre sur pied le comité exécutif.

De janvier à février 2018

Mettre le secrétariat sur pied. Les membres du secrétariat devront tout d’abord concevoir un processus définitif.

Directeur : 100 000 $ x 1,5 an

Adjoint : 65 000 $ x 1,5 an 5 gestionnaires de projet : 85 000 $ x 5 x 1,5 an

Budget du bureau80 000 $ x 1,5 an

Total : 1 000 000 $De mars à novembre 2018

Assurer la mise sur pied et le fonctionnement d’un comité consultatif multipartite et d’un comité interministériel / intergouvernemental.

Téléconférences mensuellesRencontres trimestrielles en personne

Total : 90 000 $De mars à octobre 2018

Créer des tables sur la stratégie de gestion des enjeux. Élaborer des plans sur la stratégie de gestion des enjeux.Quatre équipes chargées de la stratégie de gestion des enjeux, épaulées d’un gestionnaire de projet relevant du secrétariat, tiendront des discussions au cours des téléconférences et des rencontres en personne sur une période de six mois (pause estivale prévue).

Téléconférences aux deux semainesRéunions en personne aux deux mois

100 000 $

De septembre à octobre 2018

Mobilisation des principaux décideurs et parties prenantes américains.

De novembre à décembre 2018

Achèvement de la Stratégie du Collaboratif proposée.

Janvier 2019 Commentaires du public concernant la Stratégie du Collaboratif proposée, dont le sommet

25 000 $

Mars 2019 Diffusion de la Stratégie définitive du Collaboratif au public.

60 000 $

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Services de traduction, de mise en page et d’impression. TOTAL 1 300 000 $ – 1 500 

000 $3.5 Ressources du processus et de la mise en œuvre du plan

Le Collaboratif demandera au gouvernement fédéral de fournir les 1,3 à 1,5 million de dollars nécessaires pour mener le processus de collaboration présenté précédemment. Cette somme pourrait provenir d’un certain nombre de programmes de financement existants. Les mécanismes de financement fédéraux actuels devront être réorientés, et il faudra des investissements nouveaux et soutenus pour s’assurer que le plan est mis en œuvre et que les résultats et les objectifs précis sont atteints en temps opportun. Comme c’est le cas dans le cadre du GLRI, ce financement fédéral servirait à obtenir un financement de base en provenance du provincial, du municipal, du privé et du communautaire visant des initiatives particulières.

4.0 Sujets de discussion

Le Collaboratif aimerait grandement recevoir vos commentaires sur les questions suivantes. Ils seront intégrés à la prochaine version du présent document de travail, qui sera présenté à Catherine McKenna, ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique. Veuillez faire parvenir vos réponses écrites à Andrea Paine, de l’Initiative des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, au [email protected].

4.1 Valeur et résultats du processus de collaborationA. Quelle valeur accordez-vous à la convocation du présent processus de

collaboration ?B. Quelle valeur accordez-vous à la participation de votre organisation à ce

processus ?C. Quels résultats concrets aimeriez-vous obtenir du processus en question ?

4.2 Participation des parties prenantesA. De quelle façon votre organisation aimerait-elle participer au processus ?B. La participation proposée aux parties prenantes est-il suffisante ?C. Dans la négative, comment renforcer la participation des parties prenantes dans ce

processus ?

4.3 Principes proposésA. Avez-vous des commentaires à formuler sur les quatre principes directeurs

proposés ?

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a. Respecter et reconnaître les Premières Nations et les Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent

b. Renforcer la protection de l’écosystème des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent

c. Bâtir des collectivités adaptées et résilientesd. Réussir la transition vers une économie numérique durable et sobre en

carbone

4.4 Projeter l’image de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent en 2030A. Que pensez-vous de l’orientation que l’on compte donner à la vision et au plan

(vision 2030) ?B. La situation contextuelle décrite dans le présent document reflète-t-elle fidèlement

les tendances et les enjeux en cause dans la région GLSL ?C. Qu’ajouteriez-vous ou changeriez-vous à l’énoncé « Respecter et reconnaître les

Premières Nations et les Métis de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent » ? 

D. Qu’ajouteriez-vous ou changeriez-vous au sujet de la « protection de l’écosystème » ?

E. Qu’ajouteriez-vous ou changeriez-vous au sujet des « collectivités adaptées et résilientes » ?

F. Qu’ajouteriez-vous ou changeriez-vous au sujet de la « transition vers une économie numérique durable et sobre en carbone » ?

4.5 Processus et mise en œuvreA. Pensez-vous que le processus proposé permettra d’atteindre les objectifs ?B. Plus particulièrement, avez-vous des commentaires sur ce qui suit :

i. Processus et structureii. Sept étapes proposées

iii. Échéancieriv. Budget du processus

C. Pensez-vous que le secrétariat devrait être indépendant du gouvernement ou intégré au gouvernement fédéral ?

D. Avez-vous des commentaires sur la mise en œuvre du plan et sur les ressources nécessaires à cette mise en œuvre ?

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