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M~d Mal Infect. 1993 ; 23, Special : 695 ~ 704 I- La toxoplasmose c r brale 1 - TOXOPLASMOSE CI~RI~BRALE ET INFECTION HIV : NEURORADIOLOGIE N. MARTIN-DUVERNEUIL*, Y.S. CORDOLIANI**, J. FRIJA*** 1.1. QUELLES SONT LES INDICATIONS RESPECTIVES DU SCANNER ET DE L' IRM : DOlT-ON PRIVILEGIER L'UN DE CES EXAMENS EN PREMIERE INTENTION ? Y. S. Cordoliani L'examen ~ mettre en oeuvre en premier lieu devrait @tre aujourd'hui l'imagerie par r~sonance magn~tique (IRM) avec injection de produit de contraste ~ base de gadolinium (cf. commentaires, p. 716, 717). Cependant, cette affirmation est ~ moduler en fonction des sites g~ographiques, le manque d'appareils d'IRM s'opposant A la facilit~ d'obtention et au moindre coot des examens tomodensitom~triques (TDM). Cette sup~riorit~ de I'IRM, avec injection syst~matique de gadolinium, tient A : - Un meilleur d~pistage l~sionnel (3, 7, 8, 10, 12, 13, 15), notamment "en fosse post~rieure" et au voisinage de la vo0te cranienne. L'IRM permet de mettre en ~vi- dence des l~sions m~connues par la TDM, avec pour corollaire, d'affirmer le caract~re unique d'une l~sion (argument en faveur du lymphome) (2, 4, 5, 11, 12). - Une plus grande precision topographique, ce qui peut aussi constituer un crit~re diagnostique diff~rentiel avec le lymphome (4, 8, 14). -Dans les cas ~quivoques, elle d~piste pr~coc~ment des stigmates h~morragiques, argument d'appoint en faveur de la toxoplasmose (4, 19) (sauf en cas de cor- ticoth~rapie, susceptible d'entrainer une n~crose h~morragique de l~sions lymphomateuses). - L'IRM est particuli~rement souhaitable Iorsque s'associent : • une s~rologie positive, • des signes neurologiques focaux, • et une TDM normale (18). - ou s'il existe une contre-indication aux produits de contraste iod~s. La TDM ne devrait @tre employee qu'en cas de contre- indication ~ I'IRM (pace-maker, clips vasculaires intra- cr8niens, corps ~trangers m~talliques intra-orbitaires). En pratique, elle reste l'examen mis en oeuvre en premier lieu dans la majorit~ des cas, mais devrait progressivement s'effacer devant I'IRM. L'injection d'une double dose de produit de contraste iod~ (17) n'apparait plus justifi~e aujourd'hui en raison de son retentissement potentiel sur la fonction r~nale souvent fragilis~e de ces patients (9). L'injection d'une dose standard de produit de contraste iod~ pr~c~dant l'examen de 30 ~ 60 minutes appara~t aussi efficace. 1.2. QUELS SONT LES CRITERES NEURO-RADIOLOGIQUES FAISANT INSTITUER UN TRAITEMENT ANTITOXOPLASMIQUE ET CEUX PERMETTANT DE CONCLURE A SON EFFICACITE OU A SON ECHEC ? N. Martin-Duverneuil Certains crit~res neuroradiologiques permettent d'~vo- quer la toxoplasmose, ou au contraire de suspecter un lymphome. Mise ~ part la prise de contraste p~riven- triculaire enchassant les ventricules, qui doit faire dis- * Service de neuro-radiologieCharcot (Groupe Piti~-Salp~tri~re) Paris. **Service de neuro-radiologie (H6pital du Val de Grace) Paris. ***Service de radiologie (H6pital Saint-Louis) Paris. cuter d'embl~e la biopsie st~r~otaxique (cf. commen- taires, p. 716, 717) (4, 5), aucun de ces crit~res ou associations de crit~res n'a cependant une sp~cificit~ suffisante. L'institution d'un traitement anti-toxoplas- mique est donc la r~gle devant une ou plusieurs l~sions rehauss~es par l'injection de produit de contraste. La mise en ~vidence en TDM de l~sions hypodenses focales non rehauss~es par l'injection de contraste ne permet cependant pas d'~liminer le diagnostic de toxo- 695

1.1. Quelles sont les indications respectives du scanner et de l' irm : doit-on privilegier l'un de ces examens en premiere intention ?

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Page 1: 1.1. Quelles sont les indications respectives du scanner et de l' irm : doit-on privilegier l'un de ces examens en premiere intention ?

M~d Mal Infect. 1993 ; 23, Special : 695 ~ 704

I- La toxoplasmose c r brale

1 - TOXOPLASMOSE CI~RI~BRALE ET INFECTION H I V : NEURORADIOLOGIE

N. MARTIN-DUVERNEUIL*, Y.S. CORDOLIANI**, J. FRIJA***

1.1. QUELLES SONT LES INDICATIONS RESPECTIVES DU SCANNER ET DE L' IRM : DOlT-ON PRIVILEGIER L'UN DE CES EXAMENS EN PREMIERE INTENTION ? Y. S. Cordoliani

L'examen ~ mettre en oeuvre en premier lieu devrait @tre aujourd'hui l'imagerie par r~sonance magn~tique (IRM) avec injection de produit de contraste ~ base de gadolinium (cf. commentaires, p. 716, 717).

Cependant, cette affirmation est ~ moduler en fonction des sites g~ographiques, le manque d'appareils d'IRM s'opposant A la facilit~ d'obtention et au moindre coot des examens tomodensitom~triques (TDM).

Cette sup~riorit~ de I'IRM, avec injection syst~matique de gadolinium, tient A : - Un meilleur d~pistage l~sionnel (3, 7, 8, 10, 12, 13, 15), notamment "en fosse post~rieure" et au voisinage de la vo0te cranienne. L'IRM permet de mettre en ~vi- dence des l~sions m~connues par la TDM, avec pour corollaire, d'affirmer le caract~re unique d'une l~sion (argument en faveur du lymphome) (2, 4, 5, 11, 12). - Une plus grande precision topographique, ce qui peut aussi constituer un crit~re diagnostique diff~rentiel avec le lymphome (4, 8, 14).

-Dans les cas ~quivoques, elle d~piste pr~coc~ment des stigmates h~morragiques, argument d'appoint en faveur de la toxoplasmose (4, 19) (sauf en cas de cor-

ticoth~rapie, susceptible d 'entrainer une n~crose h~morragique de l~sions lymphomateuses).

- L'IRM est particuli~rement souhaitable Iorsque s'associent :

• une s~rologie positive, • des signes neurologiques focaux, • et une TDM normale (18).

- ou s'il existe une contre-indication aux produits de contraste iod~s.

La TDM ne devrait @tre employee qu'en cas de contre- indication ~ I'IRM (pace-maker, clips vasculaires intra- cr8niens, corps ~trangers m~talliques intra-orbitaires). En pratique, elle reste l 'examen mis en oeuvre en premier lieu dans la majorit~ des cas, mais devrait progressivement s'effacer devant I'IRM.

L'injection d'une double dose de produit de contraste iod~ (17) n'apparait plus justifi~e aujourd'hui en raison de son retentissement potentiel sur la fonction r~nale souvent fragilis~e de ces patients (9). L'injection d'une dose standard de produit de contraste iod~ pr~c~dant l 'examen de 30 ~ 60 minutes appara~t aussi efficace.

1 .2 . QUELS SONT LES CRITERES NEURO-RADIOLOGIQUES FAISANT INSTITUER UN TRAITEMENT ANTITOXOPLASMIQUE ET CEUX PERMETTANT DE CONCLURE A SON EFFICACITE OU A SON ECHEC ? N. Martin-Duverneuil

Certains crit~res neuroradiologiques permettent d'~vo- quer la toxoplasmose, ou au contraire de suspecter un lymphome. Mise ~ part la prise de contraste p~riven- triculaire enchassant les ventricules, qui doit faire dis-

* Service de neuro-radiologie Charcot (Groupe Piti~-Salp~tri~re) Paris. ** Service de neuro-radiologie (H6pital du Val de Grace) Paris. *** Service de radiologie (H6pital Saint-Louis) Paris.

cuter d'embl~e la biopsie st~r~otaxique (cf. commen- taires, p. 716, 717) (4, 5), aucun de ces crit~res ou associations de crit~res n'a cependant une sp~cificit~ suffisante. L'institution d'un traitement anti-toxoplas- mique est donc la r~gle devant une ou plusieurs l~sions rehauss~es par l'injection de produit de contraste. La mise en ~vidence en TDM de l~sions hypodenses focales non rehauss~es par l'injection de contraste ne permet cependant pas d'~liminer le diagnostic de toxo-

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