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Georges Feydeau Dormez, je le veux ! Classiques Contemporains & LIVRET DU PROFESSEUR établi par CÉCILE PELLISSIER professeur de Lettres

117931WJZ Dormez LP - magnard.fr · «Sauf dans des cas tout particuliers, à la suite de suggestions spéciales, on ne trouve pas pendant l’hypnose la réduction des fonctions

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Georges FeydeauDormez, je le veux !

Classiques Contemporains&

LIVRET DU PROFESSEURétabli par

CÉCILE PELLISSIER

professeur de Lettres

SOMMAIRE

DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRESur l’hypnose .................................................................................................. 3

POUR COMPRENDRE :quelques réponses, quelques commentaires

Étape 1 Les pouvoirs de Justin ..................................................... 12Étape 2 Boriquet magnétisé............................................................ 14Étape 3 Francine sous le charme ................................................. 16Étape 4 Suggestion et inversion des rôles .......................... 18Étape 5 Un mariage arrangé dérangé ...................................... 19Étape 6 Les observations du Dr Valencourt ......................... 19Étape 7 Le théâtre dans le théâtre ............................................ 23Étape 8 Duel d’hypnotiseurs ......................................................... 25

Conception : PAO Magnard, Barbara TamadonpourRéalisation : Nord Compo, Villeneuve-d’Ascq

DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE

Sur l’hypnose

1. Quelques définitionsSource : Dictionnaire culturel en langue française, sous la direction d’Alain Rey, Le

Robert, 2005

• Hypnose (du grec hupnos, « sommeil »)Le terme apparaît vers 1870, après hypnotisme (« sommeil produit par la vue d’un

objet brillant ») en 1845, terme lui-même emprunté à l’anglais hypnotism (1841).– Le verbe hypnotiser avait fait son apparition en 1855. On disait auparavant

magnétiser.– Le nom hypnotiseur, dérivé de hypnotiser, date de 1860. C’est le nouveau terme

pour magnétiseur.– L’adjectif hypnotique, signifiant « provoquant le sommeil », avait déjà été

employé en 1549 par Ambroise Paré.– Hypnotisable et hypnotisant datent de 1886.

On désigne par le terme hypnose un état voisin du sommeil, provoqué par desmanœuvres de suggestion, des actions physiques ou mécaniques ou par des médica-ments hypnotiques.

« Sauf dans des cas tout particuliers, à la suite de suggestions spéciales, on netrouve pas pendant l’hypnose la réduction des fonctions qui caractérise le sommeil :la respiration reste celle de la veille et ne baisse pas dans ces proportions énormes quicaractérisent le sommeil. Mais surtout l’activité mentale reste susceptible de tensionélevée : dans la plupart des cas, le sujet reste capable de se mouvoir et d’agir sponta-nément, en tous les cas, il comprend la parole et il parle. » Pierre Janet, LesMédications psychologiques, t.1, IV (1919)

• Magnétisme (dérivé de « magnétique », du bas latin magnéticus, de magnes (lapis)« aimant », lui-même adapté du grec magnês (lapis), du nom de la ville de Magnésie).

Le terme apparaît en 1666 et désigne « l’influence occulte régnant dans lemonde ». En 1775, tout en gardant sa définition première (« partie de la physique

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ayant pour objet l’étude des aimants naturels ou artificiels, des champs et des phé-nomènes magnétiques »), il se spécialise en « magnétisme animal », désignant plusprécisément le fluide magnétique dont disposeraient certains individus. À partir de1784, il perd son adjectif « animal ». Par extension, le terme « magnétisme » renvoieà l’ensemble des phénomènes par lesquels se manifeste chez le sujet (le magnétisé) l’ac-tion du fluide magnétique d’un autre individu (le magnétiseur).

• Suggestion (emprunté au latin suggestio, « action d’ajouter »)Après 1850, le terme est employé de façon spécialisée en psychologie, et désigne

le fait d’inspirer à quelqu’un (ou de se laisser inspirer de l’extérieur) une idée, unecroyance, une tendance, un comportement, par le jeu de mécanismes psychophysio-logiques où n’intervient pas l’activité volontaire consciente du sujet récepteur.

« On sait qu’il est possible d’évoquer chez un sujet hypnotisé, par simple sugges-tion, des visions hallucinatoires. On lui dira qu’un oiseau est posé sur sa main, et ilapercevra l’oiseau, et il le verra s’envoler. »

Henri Bergson, Le Rire (1900)

2. Ce que l’on savait de l’hypnose à l’époque de Georges Feydeau ; un peu d’histoire

Source : www.hypnose-ericksonienne.com

Premières traces vérifiables : il y a 3000 ans, en Égypte, sous Ramsès II, durant la20e dynastie. On a retrouvé la description d’une séance d’hypnose sur une stèledécouverte par Musès en 1972. Il semblerait que les Sumériens pratiquaient déjà l’ac-compagnement en paroles, il y a plus de 4000 ans.

Dans l’Antiquité, en Grèce, Socrate se décrivait lui-même comme « accoucheurd’âmes ». Le frontispice de la maison de l’un de ses contemporains, Antiphond’Athènes, annonçait qu’il avait le pouvoir de « guérir avec les mots ». En Europe,mais aussi en Afrique, en Amérique, en Australie, on a retrouvé des traces de rituelsévoquant certaines manifestations de l’hypnose thérapeutique moderne.

Au IIIe siècle, en Égypte, d’après un manuscrit traduit et publié par Emil Brugschen 1893, il aurait existé des « temples du sommeil » où certaines personnes étaientmystérieusement soignées.

En 1529, Paracelse, célèbre médecin et alchimiste suisse, livre les premières don-nées scientifiques sur le « magnétisme animal », tel que l’appellera plus tard Mesmer.

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En 1750, le père Johann Joseph Gassner rédige Exorcimus probativus. Il est consi-déré comme le précurseur de la thérapie sous hypnose.

En 1766, le docteur allemand Franz Anton Mesmer, disciple spirituel deParacelse, inspiré par sa pratique et ses écrits, devient le premier « psychothérapeute »des temps modernes. Il affirma avoir découvert le « magnétisme animal », et préten-dait pouvoir diriger ce fluide, le communiquer par contact ou à distance, et l’utilisercomme remède à toutes les maladies. Malgré ses détracteurs, il connut quelque tempsun vif succès à Paris.

En 1784, Chastenet de Puységur, disciple de Mesmer, découvre par hasard latranse somnambulique en magnétisant un jeune berger. Il définit le magnétismecomme « état » et non comme le résultat d’une action extérieure. À la même époque,l’Abbé de Faria, moine portugais célèbre pour son apparition dans Le Comte deMonte-Cristo d’Alexandre Dumas, fait des démonstrations dans tout Paris et pose lespremiers fondements de ce qui deviendra l’École de Nancy. Il insiste sur la prépon-dérance de la suggestion. C’est la naissance du « sommeil lucide », qui deviendral’hypnose. La même année, Louis XVI ordonne une enquête sur l’existence dumagnétisme animal. Une commission, dans laquelle se retrouvent BenjaminFranklin, Lavoisier, Jussieu entre autres, rédige un rapport final niant l’existence dumagnétisme animal, mais positif quant aux résultats produits par les magnétiseurs.Cela ne fait guère avancer la recherche. Les puritains de l’époque en profitent pourrejeter les pratiques des mesmériens, car ils redoutent les éventuels travers sexuels quepourrait faciliter la proximité thérapeute/patient. Ce discrédit signera la fin ponc-tuelle de l’âge d’or du mesmérisme.

En 1824, Deleuze codifie la pratique du magnétisme et le propulse à nouveau aupremier rang des thérapies de l’époque. Partout en Europe, dans les cours royales etimpériales, on soigne par mesmérisme.

En 1837, le rapport Husson réhabilite le « magnétisme » de Mesmer. Toutefois, ilne sera pas publié par crainte du ridicule, car il est dit nettement qu’on ne peut enjustifier l’existence, puisqu’on ne peut pas le quantifier.

En 1841, James Braid, chirurgien écossais, découvre les techniques du magné-tisme animal, lors d’une démonstration faite par le célèbre magnétiseur françaisLafontaine. Il posera les bases scientifiques de ce qu’il nommera « hypnose » (1843).Il met également en place la notion de « monoïdéisme », selon laquelle la transe hyp-notique ne peut survenir que lorsque le patient est concentré sur une seule et uniqueidée. La théorie du magnétisme, trop impalpable, cède la place à la relationpatient/thérapeute, qui doit être privilégiée. De nombreux professionnels de la santése lancent alors dans l’aventure. À la même époque, John Elliotson, professeur de chi-

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rurgie et inventeur du stéthoscope, introduit l’hypnose à l’hôpital, pour les anesthé-sistes. Le docteur Parker, publie le compte-rendu de 200 interventions sous hypnose,dont une amputation indolore, réalisées à l’hôpital de Dublin. James Esdaille, chi-rurgien écossais exerçant à Calcutta, rapporte plus de 2000 interventions, dont 315majeures réalisées sous « anesthésie mesmérienne ». C’est au tour de l’hypnose deconnaître l’âge d’or, jusqu’en 1846, avec l’invention du chloroforme. Pendant cetemps, aux États-Unis, se crée la « Société du Magnétisme » à la Nouvelle Orléans,avec Morton Prince et surtout Benjamin Rush, père de la psychiatrie américaine.

En 1866, Ambroise-Auguste Liébault, médecin de campagne et hypnothérapeutede longue date, convainc le professeur Hippolyte Bernheim de l’importance del’hypnose, et en particulier de la suggestion verbale, encore inédite à l’époque. C’estle début de l’école de Nancy.

En 1878, Jean-Martin Charcot, titulaire de la première chaire de neurologie,ayant découvert l’hypnose lors du spectacle du fameux Donato, fonde l’École de laSalpêtrière. Pour lui, l’hypnose est considérée comme un état pathologique rattachéà l’hystérie. En effet, travaillant uniquement dans un service recevant des personnessouffrant d’hystérie, il n’expérimente l’hypnose que sur elles. De plus, il ne pratiquejamais lui-même l’induction hypnotique, laissant ce soin à ses étudiants ou Donato.Ce dernier n’hésite pas à employer des moyens assez barbares, comme les flashsvisuels, les injections chimiques ou en terrorisant les malades. Commence alors lafameuse bataille d’écoles : la Salpêtrière (« état pathologique ») contre Nancy (« étatnaturel »), l’une dirigée par une autorité médicale de l’époque, l’autre très avancéedans l’expérimentation. La science tranchera un siècle plus tard, donnant sa préfé-rence à l’École de Nancy.

En 1885, Sigmund Freud, âgé de 29 ans, effectue un stage de 4 mois à laSalpêtrière, auprès de Charcot. Il se convainc lui aussi de la réalité du phénomènehypnotique lors d’un spectacle de Hansen (Danemark), et fonde sa compréhensiondes processus psychiques (la fameuse notion d’inconscient). Il achèvera sa forma-tion en hypnose à Nancy, avec Bernheim, en 1889, traduisant même ses livres enallemand. Mais il ne maîtrisera jamais vraiment la technique, qu’il finira par aban-donner. Toutefois, durant toute sa carrière, il enverra systématiquement sespatients ayant besoin d’une thérapie en plus d’une analyse à ses collègues hypno-thérapeutes.

En 1889, le Premier Congrès international de l’hypnotisme expérimental et thé-rapeutique se tient à Paris, avec la participation des plus grands nom de l’époque :Liébault, Bernheim, Charcot, Janet (le père de la psychologie clinique), Richet,Freud, Babinski, William James (le père de la psychologie américaine)…

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En 1891, le savant russe A. A. Tokarski, mondialement connu pour ses travauxsur la mémoire, inaugure le premier « cours d’hypnose et de psychologie physiolo-gique » à l’université de Moscou. Un peu plus tard, Ivan Petrovitch Pavlov, à traversson étude du système nerveux supérieur, élabore la théorie neurophysiologique del’hypnose, ce qui est considéré comme un tournant décisif. L’hypnose serait-elle fina-lement un état physiologique ? En France, le professeur Bernheim donne naissanceau terme « psychothérapie », qui désigne sa méthode thérapeutique, basée sur la sug-gestion hypnotique. À la même époque, Émile Coué, simple pharmacien nancéen,après avoir appris les techniques de l’hypnose auprès de Liébault, convaincu par l’im-portance de la suggestion, commence à répandre sa fameuse « méthode Coué ».

3. Ce qu’on en dit maintenant ; quelques questions sur l’hypnose

Source : www.psychologie.com, article de Erik Pigani, mai 1998

• Qu’est-ce que l’hypnose ?Tous les spécialistes ont leur propre définition et aucune théorie ne fait autorité.

Le phénomène hypnotique est si complexe que les praticiens disent volontiers qu’il y a, non pas une, mais plusieurs hypnoses. Seule certitude : ce n’est pas un étatde sommeil, mais un état modifié de conscience (EMC), comme le rêve, la transe,la relaxation, les expériences mystiques, la méditation…

La « transe hypnotique » correspond à une modification de la vigilance normale –celle qui nous permet de raisonner et de vivre au quotidien. Mais elle a ses caracté-ristiques : dans un environnement monotone où rien ne se passe, où les stimuli sontpeu intenses, notre cerveau est en « manque » d’informations. Il se met alors à en pro-duire lui-même en puisant des images dans notre inconscient. En quelque sorte, on« rêve » tout en restant conscient. En outre, contrairement à l’état de vigilance nor-male, où l’attention embrasse de nombreux centres d’intérêt en même temps et passerapidement de l’un à l’autre, elle est concentrée, en hypnose, sur un sujet beaucoupplus restreint. C’est ainsi que, peu à peu, la personne hypnotisée oublie la réalité exté-rieure pour entrer dans une réalité intérieure, mais qu’elle vivra comme extérieure.

Seule exception : la voix de l’hypnotiseur continue d’être entendue. Ses motsdeviennent un stimulus très particulier qui augmente le pouvoir de la suggestion.Celle-ci provoque alors des changements psychologiques ou physiologiques inhabi-tuels (disparition immédiate de douleurs aiguës ou d’un eczéma, etc.). Pourquoi ?Comment ? Cela est encore à ce jour un mystère.

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• A-t-elle été prouvée scientifiquement ?Ses effets, oui. De nombreuses études ont montré qu’une suggestion hypnotique

entraîne des réponses neuronales. Exemple : celle menée en 1997 par le Pr StephenKosslyn, du département de neurologie du Massachusetts General Hospital deBoston ; il a présenté à un groupe de seize personnes une palette de couleurs éche-lonnées et une palette de dégradés de gris. Les réactions de leur cerveau étaient enre-gistrées par un tomographe à émission de positrons. Lorsque, sous hypnose, ondemandait à chacune de ces personnes de « voir » en couleurs la palette de gris, c’étaitl’aire occipito-pariétale, l’une des zones de reconnaissance des couleurs, qui était acti-vée : le cerveau avait donc réagi comme s’il voyait de la couleur à la place du gris, ceque demandait la suggestion.

• Comment se passe une séance type ?« Dormez, je le veux ! » Cette formule légendaire est désormais réservée au music-

hall… Pratiquée par un psychothérapeute, l’hypnose est déclenchée de manière pro-gressive. Une séance dure 45 minutes. Allongé sur un divan, le patient ferme les yeuxou fixe un point précis dans la pièce. Assis sur une chaise à côté de lui, le thérapeutel’invite à se détendre. C’est la phase de « préinduction ». Certains professionnels uti-lisent un équipement sonore qui diffuse une musique apaisante, et parlent dans unmicro d’une voix douce et monocorde. Ils proposent au patient de se concentrer surcertaines zones du corps : c’est la phase d’« induction », qui lui permet de fixer sonattention sur lui-même. Une somnolence peut s’installer.

Le thérapeute vérifie l’état de la personne en lui demandant de lever une main oude croiser les doigts. Si elle répond à la demande, c’est qu’elle se trouve bien en étatd’hypnose. Ensuite, le thérapeute répète des suggestions, directes (« Votre douleur aubras disparaît ») ou indirectes (« Vous êtes dans un endroit agréable »).À la fin de la séance, le patient se réveille en douceur au terme d’un compte à rebours,pour retrouver le contrôle de ses muscles et revenir à la réalité sans sensation demalaise. Puis, patient et praticien commentent la séance.

Exemple : un homme vivant mal l’approche de la retraite a retrouvé sous hypnosele souvenir d’autres changements (entrée à l’école primaire ou secondaire, à l’univer-sité, mariage, enfants, etc.). Avec le thérapeute, il va analyser ses résistances, mais aussiles bénéfices de ces changements pour construire un « scénario idéal » qui lui per-mettra d’effectuer une transformation intérieure positive.

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• Quelles sont les différentes techniques d’hypnose ?On distingue quatre catégories : – traditionnelle : l’hypnotiseur joue un rôle de premier plan – c’est lui qui dirige

la séance. Il prononce des suggestions « directes » (appelées « injonctions »), tandisque le patient reste passif ;

– semi-traditionnelle : l’hypnotiseur, toujours au premier plan, émet à la fois dessuggestions « directes » et « indirectes » ;

– nouvelle : l’accent est mis sur la personne et sur sa relation avec son thérapeute,par des échanges, une communication ;

– ericksonienne : le patient participe à sa mise en condition hypnotique. Le thé-rapeute utilise des métaphores pour que l’inconscient du sujet choisisse lui-même lessolutions de ses problèmes.

• Tout le monde est-il hypnotisable ?Selon l’échelle de « suggestibilité hypnotique » mise au point par l’université de

Stamford, 5 % d’entre nous sont réfractaires à l’hypnose et 10 % seulement parvien-nent à entrer rapidement en état d’hypnose profonde. Mais on ignore toujours pour-quoi : il n’y a, à ce jour, aucune corrélation démontrée entre la structure de la per-sonnalité et la suggestibilité.

• Quels sont ses effets thérapeutiques ?En France, plus d’un millier de praticiens ont recours à l’hypnose. Dans certains cas,

elle constitue le traitement lui-même, dans d’autres, elle facilite l’action du médecin.

• Ça marche pour…– l’arrêt du tabac : 80 % de taux de réussite. L’hypnose aide aussi à lutter contre

les effets du sevrage.– l’excès de poids et la boulimie : elle exerce un bon rôle de soutien psychologique

dans les cures d’amaigrissement.– lutte contre la douleur : elle ne remplace pas l’anesthésie, mais peut la complé-

ter et permettre de diminuer les doses de médicaments. Elle est aussi de plus en plusutilisée en chirurgie dentaire.

– les troubles psychologiques : stress, phobies, névroses, anxiété, mais aussiimpuissance, frigidité, problèmes de trac, de mémoire, etc.

– les troubles digestifs : ulcères, colites ou diarrhées dus au stress.– les maladies psychosomatiques : maladies de la peau (eczéma, psoriasis, etc.),

spasmophilie, rhinites à répétition, troubles de la voix et du chant, asthme.

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• Ça ne marche pas pour…– la plupart des troubles psychiatriques graves, comme les dépressions aiguës, la

schizophrénie.– le sevrage des drogues dures.– les maladies chroniques graves, telles que le cancer.

• Tout le monde est-il capable d’hypnotiser ?Oui. À condition de connaître la technique. Mais certaines personnes sont plus

douées que d’autres… Pour devenir un hypnothérapeute sérieux, il faut avoir fait desétudes de médecine ou de psychologie, c’est-à-dire être déjà un professionnel de lathérapie. Une formation en hypnose peut ensuite être suivie grâce aux cursus propo-sés par les associations représentant les diverses « écoles ».

• Peut-on s’hypnotiser soi-même ?Oui. En fait, les professionnels affirment aujourd’hui que toute hypnose est une

auto-hypnose, le véritable pouvoir de transformation ou de guérison se trouvant dansl’esprit de la personne hypnotisée, et non dans celui de l’hypnotiseur. Il est donc toutà fait possible de s’auto-hypnotiser, mais ce n’est pas un exercice facile. Dans un pre-mier temps, le plus important est de mettre au point un « rituel » qui va amorcer leprocessus d’induction (séance tous les jours à la même heure, au même endroit, avecle même type de vêtements, etc.) ; ensuite, d’apprendre à se relaxer.

• Le thérapeute influence-t-il inconsciemment le patient ?Cette question est au centre de débats passionnés. Depuis quelques années,

devant l’augmentation faramineuse de cas d’incestes découverts sous hypnose auxÉtats-Unis, les spécialistes commencent à parler de « syndrome des faux souve-nirs », mettant en cause le rôle de l’hypnothérapeute. Qu’en est-il ? En état hypno-tique, on peut se souvenir d’authentiques événements oubliés, voire « refoulés ».On peut aussi, en hypnose profonde, voir apparaître des fantasmes comme s’ils’agissait d’événements réels : leur véracité est telle qu’on ne peut les distinguer devrais souvenirs, car notre cerveau a la possibilité de modifier ou de reconstruire unévénement.

Il n’y a donc, à ce jour, aucune réponse définitive ni sur la réalité des souvenirsd’abus sexuels, de « vies antérieures », ou d’enlèvements extraterrestres découvertssous hypnose profonde, ni sur l’influence de l’hypnotiseur par un phénomène detransmission d’inconscient à inconscient, voire télépathique…

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• Peut-il se produire des accidents ?Non. On se « réveille » toujours, quoi qu’il arrive. D’abord parce qu’on ne dort

pas ! Ensuite parce que, si aucune suggestion ne l’entretient, le fonctionnement hyp-notique se dissipe de lui-même. Quant à la prétendue influence négative de certainshypnotiseurs, entretenue par le cinéma, elle relève de la légende : aucun hypnotiseurne peut vous forcer à faire quelque chose qui va à l’encontre de vos valeurs morales.L’hypnose n’est pas un lavage de cerveau ! On ne révèle pas ses secrets les plus intimessi on ne le désire pas…

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POUR COMPRENDRE : quelques réponses,quelques commentaires

Étape 1 [Les pouvoirs de Justin, p. 62]1 – « salon » ; « appartement de garçon » ; « mobilier élégant » ; « table-bureau avec

livres, brochures, encrier, etc. » : on se trouve chez un homme célibataire, aisé, cul-tivé, peut-être un intellectuel, dont le niveau social est élevé, qui appartient au moinsà la moyenne bourgeoisie du XIXe siècle.

– « une table… pouvant servir de table à manger » ; «… quatre assiettes, quatrecouteaux… bouteille de vin. » : c’est l’heure du déjeuner (ou du dîner ?). Quatre per-sonnes vont manger en public.

– On pourra faire la distinction entre les indications scéniques « visuelles » (cellesqui donnent des informations de mise en scène, ou mise en décor), et les informa-tions scéniques qui donnent des informations sur l’action et les circonstances de l’ac-tion, qui établissent les présupposés et permettent de faire des hypothèses de lecture :« où se trouvent déjà quatre assiettes… » ; « afin de permettre à Boriquet de sauterdessus. ».

– On pourra également attirer l’attention sur la précision minutieuse de ces didas-calies : « petite table carrée » ; « petit meuble-console » ; « quatre assiettes, quatre cou-teaux,… bouteille de vin » ; « le bureau doit être plat et très solide… » ; « à gauche » ;« à droite ». Feydeau se méfiait énormément des initiatives des décorateurs et desacteurs qui jouaient ses pièces, et veillait à ce qu’ils respectent à la lettre ce qu’il écri-vait. On pourra rappeler que le métier de metteur en scène a fait son apparition à lafin du XIXe siècle, avec André Antoine et le Théâtre libre.

2 Boriquet est célibataire, Justin est son domestique. Justin méprise son patronqu’il considère comme un « ours », un « porc épic », et il le traite par les « sciencesoccultes ». Il lui fait porter les bagages. Éloi est aussi un domestique, il est Belge. Ilvient déposer une malle très lourde chez Boriquet. Il a reçu cet ordre de son maître,qui n’est pas celui de Justin.

3 « Occulte » : du latin occultus, « caché ».« Sciences occultes » : doctrines et pratiques secrètes faisant intervenir des forces

qui ne sont reconnues ni par la science ni par la religion, et requérant une initiation(alchimie, astrologie, cartomancie, chiromancie, divination, magie, nécromancie,radiesthésie, sorcellerie, télépathie) (Le Nouveau Petit Robert 2007).

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4 – Scène 1 : « mon système » (l. 37) ; « les sciences occultes » (l. 37) ; « c’est mer-veilleux » (l. 42).

– Scène 2 : « l’influence du sommeil hypnotique » (l. 31).Les termes « hypnose » et « sommeil hypnotique » sont apparus en 1843, mais ne

sont pas encore très répandus : on parlait davantage de « magnétisme », ou de« fluide », termes qui apparaissent dans les didascalies : « passes magnétiques » (l. 21p. 12) ; « ses passes » (l. 22, p. 12) ; « fluide » (l. 22 p. 12). Justin utilise donc un voca-bulaire « moderne », pour l’époque.

On remarquera également les gestes et mimiques effectués par Justin et parBoriquet : « allant à pas de loup derrière Boriquet » (l. 20 p. 12) ; « endormi » (l. 27p. 13) ; « en le guidant avec le doigt » (l. 34 p. 13) ; « Boriquet exécute successivementtous les ordres donnés par Justin » (l. 35-36 p. 13) ; « à Boriquet qui exécute en panto-mime tous les ordres donnés » (l.42) ; « toujours en le guidant avec le doigt » (l. 43p. 13) ; « devant les yeux de Boriquet, lesquels doivent être fixes » (l. 43-44 p. 13) ;« Justin le fait tourner » (l. 47 p. 13) ; « il parle à Éloi devant Boriquet » (l. 56 p. 14) ;« très automatiquement » (l. 65 p. 14).

5 La vessie est une membrane gonflée d’air (à l’origine la vessie desséchée d’unanimal, formant sac).

« Prendre des vessies pour des lanternes » : commettre une grossière méprise.« Il veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes » : nous faire croire

des choses absurdes.Justin insiste ainsi sur le fait qu’il peut faire faire absolument n’importe quoi à

Boriquet.6 – Décor : mobilier de salon bourgeois, dont une petite table carrée, un petit meuble-

console, une table-bureau très solide, des chaises (au moins quatre), une cheminée.– Accessoires : quatre assiettes, quatre couteaux, quatre fourchettes, quatre verres,

nappe, serviettes, pain, une bouteille de vin, une grosse malle, un plumeau, une pièce(de vingt francs).

7 Formes du discours : narration + description (portrait)/Type d’écrit : lettre per-sonnelle.

8 Formes du discours : explication + argumentation/Type d’écrit : dialogue dethéâtre ou dialogue inséré dans un récit.

9 Formes du discours : argumentatif (emploi de l’impératif, des formes de l’in-jonction)/Type d’écrit : dialogue de théâtre.

10 Langues régionales : une langue régionale est une langue pratiquée dans unterritoire administré par un État qui n’est pas la langue officielle de l’État. (LeNouveau Petit Robert, 2007).

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Le breton, le corse, le basque, l’occitan, le catalan, le tahitien, l’alsacien (entreautres) sont des langues régionales.

Pour plus d’informations, consulter le rapport de Bernard Cerquiglini sur le site :http://www.culture.gouv.fr/culture/dglf/lang-reg/rapport_cerquiglini/langues-france. html.

Étape 2 [Boriquet magnétisé, p. 64]1 Il se met derrière la personne, et il lui fait des passes magnétiques (sc. III, l. 31,

p. 17), en pensant « je veux que tu dormes » (sc. III, l. 32-33, p. 17). Il regarde ensuitela personne en « acuitant » les prunelles (sc. III, l. 10, p. 16). Il lui donne des ordres(suggestions). Il la réveille en lui soufflant au visage (sc. III, l. 26, p. 17).

2 En faisant de l’œil à « une belle fille » (sc. III, l. 13 à 27, p. 16-17).3 • Dans la scène II, Justin a fait à Éloi la démonstration de son pouvoir, de la

façon dont il domine et ridiculise son maître, comment il l’a « dressé » à la manièred’un chien savant (il dit lui-même qu’il lui fait faire le singe (l. 64 p. 14)) :

– il demande à Boriquet d’indiquer le nombre de doigts qu’il lui présente (l. 26,p. 13) ;

– il le fait venir jusqu’au milieu du théâtre en suivant son doigt (l. 33-34, p. 13) ;– il lui fait lever les jambes l’une après l’autre (l. 34, p. 13) ;– il lui fait baiser sa main (l. 36, p. 13) ;– il lui fait mimer une jolie femme, qui successivement se promène, enjambe un

ruisseau, respire une fleur (l. 38 à 61, p. 13-14) ;– il lui fait lui donner une pièce de vingt francs (l. 64, p. 14) ;– il lui fait porter la malle jusqu’à la chambre bleue (l. 66-67, p. 14).• Dans la scène V, ses ordres à Boriquet sont donnés en l’absence d’Éloi. Ce sont

ceux mêmes que Boriquet lui a donnés, et qui concernent son service :– mettre deux couverts (l. 13 p. 19, l. 45 p. 20) ;– nettoyer la pièce à fond (l. 14 p. 19, l. 39 p. 20) ;– aller chercher le courrier chez le concierge à midi précis (l. 22-23 p. 19, l. 71

p. 21) ;– monter un crochet de bois à midi et demi (l. 23-24 p. 19, l. 74-75 p. 21-22).Il lui ordonne aussi de l’appeler « Monsieur » ((l. 37 p. 20).Le spectateur a la démonstration des avantages d’un tel pouvoir pour le domes-

tique dans sa tâche quotidienne.4 Lui faire faire le service (sc. III, l. 5-6, p. 16 : « Voilà comment je comprends la

domesticité ! je fais turbiner le patron ! » ; l. 39-40, p. 17 : « travaille ma vieille ! j’yapprendrai le service, au bourgeois ! » l. 39-40 p. 17).

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5 – Justin explique comment il s’y prend pour hypnotiser son maître (sc. III, l. 9à 35, p. 16-17) ;

– Boriquet a une sœur, Francine, qui est « vieille fille » (sc. V, l. 2-4, p. 19 ;– Boriquet attendait Francine, le Dr Valencourt et sa fille pour déjeuner (4 cou-

verts), mais il va seulement déjeuner avec sa sœur (sc. V, l. 2-3, p. 19). On a déjàappris dans la scène II que ce déjeuner devait permettre à Boriquet de rencontrer safiancée et de faire au Dr Valencourt, son futur beau-père, sa « demande officielle » (sc. II, l. 15-17, p. 12).

6 D’abord Francine Boriquet, la sœur de Gérard Boriquet (« mademoiselleFrancine » (sc. V, l. 2, p. 19), puis le Dr Valencourt et sa fille, qui n’est pas encorenommée (sc. II, l. 8-10, p. 12).

7 – Scène IV, l. 17-18, p. 18 : Boriquet donne son avis sur le travail de Justin.– Scène V, l. 12, p. 19 : Justin insiste sur la laideur (ou l’aspect repoussant) de

Francine.Les apartés permettent aux personnages d’exprimer leurs sentiments, et de rendre

ainsi le public complice, puisqu’il reçoit ses confidences. Cela est valable aussi quandle personnage s’adresse directement au public (ex. : p. 21, l. 62).

Même si Boriquet n’entend pas la tirade de Justin dans la scène V (l. 48 à 79,p. 21-22), ou du moins n’en a pas la perception, même s’il ne comprend pas laréplique dite « entre les dents » (l. 4, p. 19), il ne s’agit pas là d’apartés.

8 – Comique de gestes : Boriquet endormi qui obéit aux ordres (à partir de lapage 13), Boriquet qui balaye vertigineusement (p. 21, l. 61-62), les imitations(Justin s’imitant lui-même, p. 21 ; Éloi imitant Justin, p. 17), les mimiques (cellesd’Éloi, celles de Boriquet respirant la fleur…).

– Comique de mots : les mots inventés (« acuiter »), les accents (belge et argot), lesallusions (« c’était donc pas ce que tu voulais ? », l. 23 p. 17), les expressions imagéeset polysémiques (« j’en ai les bras cassés », p. 18, l. 12, « voilà du véritable libre-échange », p. 21, l. 65-66), les expressions déformées (« son nez dans mon nez », l. 17-18 p. 16, « tu avais fichu ça comme quatre sous », l. 41, p. 20), les insultes imagées,indirectes (« l’ostrogot », p. 17, l. 41-42, « surtout en parlant d’elle », l. 12 p. 19).

– Comique de situation : le patron dominé par le domestique, qui lui donne desordres : inversion des rôles.

– Comique de caractère : le valet naïf, type Pierrot, et le valet roublard et fourbe,type Brighella ou Arlequin.

– Comique de répétition : « acuiter » (p. 16).

9 Formes de discours : explicatif et argumentatif + narratif/Type d’écrit : le moded’emploi (notice, recette).

10 Formes de discours : argumentatif/Type d’écrit : dialogue de théâtre.11 Formes de discours : narratif (+ descriptif )/Type d’écrit : scène romanesque.12 Formes de discours : descriptif/Type d’écrit : portrait (caricature de la vieille

fille).13 « J’ai l’œil » (l. 9) ; « avoir l’œil » (l. 9) ; « je regarde le patron » (l. 10) ; « en acui-

tant mes prunelles » (l. 10) ; « j’acuite » (l. 10) ; « T’acuites ? » (l. 12) ; « d’acuiter »(l. 12) ; « en regardant » (l. 14) ; « lui faire de l’œil » (l. 15) ; « écarquiller les prunelles »(l. 17) ; « les yeux dans mes yeux » (l. 18) ; « loucher » (l. 25) ; « tu acuites tes prunelles »(l. 33) ; « acuite tes prunelles » (l.33) ; « écarquille les yeux » (l. 34) ; « si tu vois » (l. 34)

On peut faire compléter ce relevé :Admirer ; aviser ; cligner des yeux ; considérer ; consulter ; contempler ; poser son

regard ; promener ses yeux, son regard sur ; visibilité ; vision ; vue ; spectacle ; couler unregard ; jeter un coup d’œil ; loucher sur ; regard assuré, flamboyant, hardi, bestial,oblique, vide, profond, droit… ; braquer les yeux sur ; épier ; espion ; dévisager ; explorer ;fixer ; guetter ; guigner ; œil du maître ; avoir quelqu’un à l’œil ; ouvrir l’œil ; ne pas quit-ter des yeux ; zieuter ; regarder de biais ; à la dérobée ; du coin de l’œil ; en dessous ; regardappuyé ; faire les yeux doux ; faire un clin d’œil complice ; jouer de la prunelle ; reluquer ;boire des yeux ; darder son regard ; dévorer des yeux ; couver des yeux ; regarder en face ;droit dans les yeux ; se mesurer du regard ; toiser avec mépris ; manger des yeux ; regardnoir ; menaçant ; mouillé ; égaré ; ardent ; bizarre…

Étape 3 [Francine sous le charme, p. 66]1 Elle est très maternelle (« Montre-moi ta petite figure, tu es pâlot ! » (scène VI,

l. 4-5, p. 23) ; « Mon pauvre chéri », (scène VI, l. 60, p. 25)), toujours inquiète(« C’est peut-être le cigare qui ne te vaut rien. » (scène VI, l. 15, p. 23) ; « Oh ! maisje suis très inquiète ! » (scène VII, l. 15, p. 26)), et possessive, abusive (« Oui, maisqu’est-ce que je serai moi alors pour toi ? » (scène VI, l. 39, p. 24)).

2 Il fait attention aux réponses de Boriquet à Francine, pour pouvoir justifierd’éventuelles questions sur le comportement ou l’état de son maître. Peut-être aussi est-il un peu inquiet et veut-il vérifier si sa méthode, son « système » est réellementinfaillible.

3 Le Dr Valencourt est « un médecin des plus distingués » (l. 47, p. 24), « une desgloires de l’École de Nancy, un des protagonistes les plus triomphants du magnétismeappliqué à la médecine, la guérison par suggestion. Il est très fort. » (l. 48-50, p. 24).« ce n’est pas de la plaisanterie… » (l. 51, p. 25), il « peut endormir les gens rien qu’en

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les regardant » (l. 52, p. 25). Pour le public averti de l’époque, toutes ces indicationssont tout à fait parlantes, car d’actualité (voir « ce que l’on savait de l’hypnose àl’époque de Georges Feydeau »). C’était une des caractéristiques du vaudeville : tou-cher de près l’actualité, les phénomènes de mode, afin de s’en moquer et de faire rire.Cela permettait ainsi de s’attirer la complicité d’un public « branché ».

4 Justin dit à Francine que Boriquet a de temps en temps des « lubies » (scène VII,l. 13, p. 26). Il la rassure en lui disant de ne pas se tourmenter (scène VII, l. 12, p. 26)ni s’inquiéter (scène VII, l. 41, p. 27), que cela est « inoffensif » (scène VII, l. 14,p. 26), que « ce n’est rien » (scène VII, l. 41, p. 27). Il lui conseille de ne pas lui enparler (scène VII, l. 14, p. 26).

5 Non, il s’en rend compte par hasard, lorsqu’elle lui demande de ne pas la regar-der parce que « ça [lui] tourne dans la tête » (scène VII, l. 19-20, p. 26). Il l’hypno-tise « pour voir » (scène VII, l. 21, p. 26).

6 Les points d’exclamation, de suspension et d’interrogation (ses nombreusesquestions à Justin mettent en relief son inquiétude, sa perplexité face au comporte-ment étrange de son frère).

7 – l. 9-10, p. 26 : Justin rappelle la suggestion qu’il a faite à Boriquet (rappel).– l. 21, p. 26 : Justin indique ses intentions (projection).– l. 22, p. 26 : Francine exprime son malaise (sentiment).– l. 23-24, p. 27 : Justin pose une hypothèse, et indique qu’il va la vérifier (projec-

tion).– l. 64-65, p. 28 : Boriquet indique ce qu’il pense de sa sœur, qui l’agace (senti-

ment).– l. 66, p. 28 : Francine indique ce qu’elle pense de son frère, sur lequel elle s’api-

toie (sentiment).– l. 72, p. 28 : Francine exprime son inquiétude (sentiment).– l. 76, p. 29 : Justin indique son mécontentement et ses intentions (sentiment et

projection). Il est légèrement menaçant.À chaque fois, les indications s’adressent directement au public, même si le per-

sonnage parle pour « lui-même ». Elles ont pour fonctions essentielles d’informer surce qui s’est passé avant ou sur ce qui va se passer après (fonction référentielle), et d’ex-primer un sentiment (fonction expressive).

8 Formes de discours : explicatif/Type d’écrit : dialogue de théâtre (tirade).9 Formes de discours : descriptif + narratif/Type d’écrit : récit dans un dialogue

de théâtre.10 Formes de discours : narratif + expression des sentiments/Type d’écrit : récit

(point de vue interne).

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11 Formes de discours : descriptif (/ contexte) + argumentatif/Type d’écrit : lettrepersonnelle.

Étape 4 [Suggestion et inversion des rôles, p. 68]1 Elle ne comprend pas son accent (« la file », l. 44 p. 68), et n’a pas l’habitude

qu’on s’adresse ainsi à elle.2 L.14-15, p. 30 : « Qu’est-ce que tu veux, ils ne sont pas du métier ! ». Cette

remarque est ironique, et s’adresse au public essentiellement composé de bourgeois,qui ont des domestiques chez eux. Feydeau met ainsi en relief la paresse qu’on attri-bue généralement aux domestiques, et fait appel à la complicité de son public, dontil est sûr de l’assentiment.

3 Il apprend brutalement que Boriquet est fiancé à la fille du Dr Valencourt :« BORIQUET : Vite, Francine, c’est ma fiancée et son père.JUSTIN : Hein ! » (l. 70-71, p. 32).4 Il est d’abord surpris, mais une réplique précédente laisse penser qu’il va réagir

très violemment : « À la bonne heure, parce que sans ça… » (l. 42, p. 31). C’est effec-tivement ce qui va se passer, il va laisser éclater sa colère dans la scène IX.

5 Il va évidemment tout faire pour empêcher le mariage. Le nœud dramatique estformé. On peut désormais esquisser le schéma actantiel.

6 Formes de discours : argumentatif + expression des sentiments/Type d’écrit :dialogue de théâtre (tirade).

7 Formes du discours : variées et au choix/Type d’écrit : dialogue de théâtre (say-nète).

8 Formes de discours : variées et au choix, en tenant compte du cotexte et ducontexte/Type d’écrit : dialogue de théâtre (usage important des didascalies).

9 On peut proposer rapidement :Lesage : Crispin, rival de son maîtreRegnard : Le Légataire universelMarivaux : La Double inconstanceMarivaux : L’Île des esclavesMarivaux : Le Jeu de l’amour et du hasard

Et pour le travestissement en général :Molière : Le Médecin malgré lui/Le Malade imaginaire/L’Amour médecinMusset : Il ne faut jurer de rienShakespeare : Comme il vous plaira.

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Étape 5 [Un mariage arrangé dérangé, p. 69]1 Interjections nombreuses, phrases courtes, elliptiques, inachevées, phrases inter-

rogatives et mises en relief, gestes indiqués par les didascalies (probablement vifs).2 Il a en face de lui sa rivale, son opposant (Émilienne). Sa lutte va consister à faire

annuler le mariage. C’est donc la mission qu’il s’est fixée.3 Il n’a pas dormi : « c’est ce pauvre papa qui n’a pas fermé l’œil » (l. 8-9,

p. 34)/« une nuit blanche en chemin de fer, vous savez… » (l. 11-12, p. 34).4 Elle a parié avec sa cousine qu’elle serait mariée avant la fin de l’année (l. 16-17,

p. 36).5 Il peut vouloir une descendance, une vie plus « rangée », qui correspond aux

attentes de la société bourgeoise à laquelle il appartient. Il peut aussi tirer une cer-taine fierté d’être affilié à la famille du célèbre Dr Valencourt…

6 Il est midi et demi, Boriquet se soumet à la suggestion de Justin (scène 5, l. 74-75, p. 21-22) : il va chercher un crochet de bois.

7 Formes de discours : narratif + expression des sentiments/Type d’écrit : lettrepersonnelle.

8 Formes de discours : explicatif + argumentatif/Type d’écrit : dialogue de théâtreou dialogue inséré dans le récit.

9 Formes de discours : descriptif/Type d’écrit : paragraphe descriptif.

Étape 6 [Les observations du Dr Valencourt, p. 70]1 « Il y a comme ça des natures ordonnées » (l. 14-15, p. 40).2 L’hygiène désigne tout ce qu’on peut faire pour améliorer sa santé :« Hygiène » : ÉTYM. hygiaine 1575 ; grec hugieinon « santé ».I. – Ensemble des principes et des pratiques tendant à préserver, à améliorer

la santé. Règles, précautions d’hygiène. Désinfecter un lieu par mesure d’hygiène.Hygiène hospitalière. Avoir une bonne hygiène de vie, une bonne hygiène alimen-taire : vivre, se nourrir sainement. « il se forçait à cet exercice, par hygiène » (Zola).

– Hygiène mentale : ensemble de mesures destinées à conserver l’intégrité desfonctions psychiques. Dispensaire d’hygiène sociale. Hygiène publique : ensembledes moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour la sauvegarde et l’améliora-tion de la santé à l’intérieur d’un pays. Syn. salubrité, santé. Mesures d’hygiène col-lective : assainissement, désinfection, prophylaxie.

– Fig. « Il y a certainement une hygiène de société comme il y a une hygiène delecture » (Léautaud).

II. Ensemble des soins visant à la propreté du corps. Hygiène corporelle, den-taire. Hygiène intime. Rayon hygiène et beauté d’un magasin.

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3 – « à certaines heures fixes, il prend des lubies à Monsieur » (l. 9-10, p. 40) ;« c’est par hygiène » (l. 16, p. 40) ; « son médecin lui a recommandé l’exercice » (l. 16-17, p. 40) ; « Monsieur est un peu anémique » (l. 17-18, p. 40).

– « c’est inoffensif » (l. 11, p. 40) ; « il vaut mieux ne pas lui en parler après, parceque ça le vexe. » (l. 11-12, p. 40).

4 Il part probablement à la cuisine (l’office), pour y déposer son crochet de bois.5 Elle est positive, puisqu’il rit et qu’il affirme : « Eh ! bien, il me plaît… ce n’est

pas un homme comme tout le monde. » (l. 2-3, p. 42).6 Il lui demande de l’argent (l. 17, p. 42).7 Le comique de situation : quiproquo. Éloi croit son maître endormi par hypnose

alors qu’il s’est assoupi par fatigue, et il se met tout seul dans une situation périlleuseface au maître, qu’il insulte (coup de pied, tutoiement, ordre, demande d’une sommed’argent élevée).

8 – Ses répliques, qui sont davantage des interjections exclamatives : « Gérard,mon frère ! » (l. 23, p. 40) ; « Ah ! mon Dieu, Gérard ! » (l. 26, p. 41) ; « Ah ! monDieu ! Ah ! mon Dieu ! » (l. 1-2, p. 44) ; « Mon Dieu ! mon Dieu ! » (l. 18, p. 44).

– Les didascalies sont aussi importantes à relever, car elle viennent souligner cesinterjections et participent à la lamentation, par le mouvement qu’elles suggèrent :« se précipitant à sa rencontre » (l. 23, p. 40) ; « le suivant » (l. 26, p. 41) ; « tout enmarchant à la suite de Boriquet » (l. 26-27, p. 41) ; « se désolant, en suivant Boriquet(l. 1, p. 44) ; « très tourmentée » (l. 18, p. 44).

9 Il pense qu’il est peut-être « réellement un peu détraqué » (l. 30, p. 45). Or, ilest thérapeute.

10 Formes de discours : narratif + expression des sentiments + explicatif + argu-mentatif/Type d’écrit : dialogue de théâtre ou dialogue inséré dans le récit.

11 Formes de discours : narratif/Type d’écrit : récit (point de vue externe ouomniscient).

12 Formes de discours : explicatif et descriptif (la phrase interrogative et injonc-tive)/Type d’écrit : scène de théâtre ou scène romanesque.

13 Formes de discours : narratif/Type d’écrit : récit.14 Naturel : étym. début XIIe s., du latin naturalis, famille de natura. Voir dic-

tionnaire pour les différentes acceptions du mot.15 Outre les comparaisons connues (« rusé comme un renard », « fier comme un

paon », « bavarde comme une pie », « myope comme une taupe »…), et les proverbes(« Brebis qui bêle perd la goulée », « Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de larage »…), on pourra proposer un grand nombre d’expressions dont certaines sont trèscourantes :

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– Chat : un chat dans la gorge ; avoir d’autres chats à fouetter ; à bon chat bonrat ; chat en poche ; appeler un chat un chat ; emporter le chat ; il n’y a pas un chat ;donner sa langue au chat ; jouer au chat et à la souris ; une toilette de chat ; donnersa part au chat ; retomber comme un chat sur ses pattes…

– Chien : avoir du chien ; un chien dans un jeu de quilles ; avoir un caractère dechien ; être comme chien et chat ; se regarder en chiens de faïence ; promettre unchien de sa chienne ; dormir en chien de fusil ; entre chien et loup ; un métier dechien ; un temps de chien ; n’être pas fait pour les chiens ; être d’une humeur dechien…

– Cheval : être à cheval sur les principes ; parler cheval ; monter sur ses grands che-vaux ; une fièvre de cheval…

– Âne : un dos d’âne ; dire des âneries ; un bonnet d’âne…– Vache : une vache à lait ; recevoir un coup de pied de vache ; une peau de vache ;

le plancher des vaches…– Bœuf : passer la charrue avant les bœufs ; un vent à décorner les bœufs…– Taureau : prendre le taureau par les cornes…– Mouche : faire mouche…– Fourmi : avoir des fourmis dans les jambes…– Puce : sac à puces ; un saut de puce ; mettre la puce à l’oreille ; secouer les puces

à quelqu’un…– Guêpe : pas folle la guêpe ; une taille de guêpe…– Pou : chercher des poux à quelqu’un…– Ver : tirer les vers du nez ; ne pas piquer des vers ; le ver est dans le fruit…– Araignée : avoir une araignée au plafond…– Cafard : avoir le cafard (le bourdon)…– Grenouille : avoir des grenouilles dans le ventre…– Crapaud : avaler des crapauds…– Hibou : avoir des yeux de hibou…– Coq : au chant du coq ; se dresser sur ses ergots ; être comme un coq en pâte ;

avoir des mollets de coq ; passer du coq à l’âne…– Poule : avoir la chair de poule ; une bouche en cul de poule ; la poule aux œufs

d’or ; quand les poules auront des dents…– Cygne : le chant du cygne…– Aigle : avoir un œil d’aigle (de lynx…)…– Pigeon : être un pigeon ; plumer le pigeon…– Canard : marcher en canard ; le vilain (petit) canard…– Corbeau : être un corbeau…

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– Autruche : faire l’autruche (et aussi faire le canard, le singe, l’âne, le zèbre, l’an-guille…) ; la politique de l’autruche…

– Grue : faire le pied de grue…– Paon : se parer des plumes du paon…– Pie : trouver la pie au nid…– Dindon : être le dindon de la farce…– Lièvre : un bec de lièvre ; poursuivre deux lièvres à la fois ; soulever (lever) un

lièvre…– Lapin : le coup du lapin ; poser un lapin…– Mouton : à saute-mouton ; le mouton de Panurge ; compter les moutons ; reve-

nir à ses moutons…– Chèvre : rendre chèvre ; ménager la chèvre et le chou ; devenir chèvre ; faire un

saut de chèvre…– Bouc : sentir le bouc…– Brebis : être la brebis galeuse…– Agneau : avoir une candeur d’agneau…– Veau : le veau d’or ; tuer le veau gras…– Cochon : être amis comme cochons ; quel cochon ! ; des cochonneries ; jouer un

tour de cochon…– Lion : manger (bouffer) du lion…– Tigre : mettre un tigre dans son moteur…– Loup : avoir une faim de loup ; à pas de loup ; être connu comme le loup blanc ;

un jeune loup ; laisser entrer le loup dans la bergerie ; un vieux loup de mer ; se jeterdans la gueule du loup…

– Ours : tourner comme un ours (comme un fauve) en cage ; vendre la peau del’ours avant de l’avoir tué…

– Anguille : il y a anguille sous roche…– Carpe : faire l’œil de carpe…– Merlan : avoir des yeux de merlan frit…– Goujon : taquiner le goujon…– Souris : la montagne qui accouche d’une souris ; rentrer dans un trou de souris…– Rat : une face de rat ; les rats quittent le navire ; à bon chat bon rat…– Cobaye : servir de cobaye…– Taupe : une vieille taupe…– Girafe : peigner la girafe…– Éléphant : avoir une mémoire d’éléphant ; éléphantesque…– Singe : une monnaie de singe, faire le singe…

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– Cerf : se déguiser en cerf…– Biche : se faire un œil de biche (de gazelle)…Plus généralement : battre de l’aile ; se brûler les ailes ; avoir un coup dans l’aile ;

avoir du plomb dans l’aile ; à tire-d’aile ; n’aller que d’une aile ; prendre sous son aile ;rogner les ailes à quelqu’un ; à vol d’oiseau ; à toute volée ; voler dans les plumes ;voler après les papillons ; voler de ses propres ailes ; se battre bec et ongles ; avoir uneprise de bec ; fouiner ; fureter ; lézarder ; serpenter ; fourmiller ; laisser braire ; pigeon-ner ; cafarder ; aller bride en main ; rendre la bride à quelqu’un ; porter des cornes ;(re)prendre du poil de la bête ; chercher la petite bête ; sortir les griffes ; rester dansson trou ; se retirer dans son cocon ; rentrer dans sa coquille ; un drôle d’oiseau ; unoiseau de mauvais augure…

Étape 7 [Le théâtre dans le théâtre, p. 72]1 Il désigne Émilienne, qui est sa « fiancée » (l. 18, p. 46).2 C’est lui qui ne veut pas que Boriquet épouse Émilienne, car il ne pourra plus

avoir la vie paisible qu’il menait jusqu’à présent en hypnotisant son maître à volontéet en lui faisant faire son service.

3 – Il insiste sur sa laideur : « Oh ! qu’elle est laide ! Oh ! le monstre » (l. 4, p. 48) ;« Oh ! cette hure !… Où avez-vous pris ça ? Cachez-moi ça ! » (l. 6-7, p. 48) ; « petitmonstre !… » (l. 16, p. 48) ; « Oh !… qu’elle est laide !… qu’elle est laide ! » (l. 20,p. 48) ;

– Il la méprise en tant que femme : « une potiche comme vous » (l. 15, p. 48) ;– Il la tutoie et il la chasse : « Veux-tu t’en aller… » (l. 16-17, p. 48) ;– Il insulte sa famille et son père : « entrer dans la famille de votre idiot de père »

(l. 13, p. 48).4 « Il devient fou » (l. 11, p. 48).5 Elle a peut-être peur de la violence de Boriquet et des conséquences que cela

pourrait avoir pour son père ; elle peut aussi redouter le scandale, ou bien être pres-sée de quitter les lieux, et avoir donc demandé à son père de ne pas engager deconversation avec Boriquet. Elle est certainement très vexée et très choquée par le« compliment » qu’elle vient de recevoir…

6 Sa stratégie semble opérer à merveille : il est content de la tournure que prendla situation.

7 Justin a bien choisi : un singe est un animal dont les mimiques et gestes peu-vent être particulièrement grossiers et exagérés. Une gitane danse en se déhanchant,en mettant en valeur son corps, ce qui est parfaitement incorrect pour une femme« bien élevée » comme doivent l’être Francine et Émilienne.

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Feydeau a bien sûr choisi ces mimes pour accentuer le décalage entre la person-nalité des personnages (un homme célibataire de 38 ans et une vieille fille plutôtmièvre et niaise) et ce qu’ils doivent effectuer. Il peut ainsi intensifier l’aspect « farce »de son vaudeville. De plus, cela permet une certaine liberté d’interprétation et donnebeaucoup de mouvement à la scène.

8 – « Il fait claquer sa langue » (l. 7, p. 49).– « Avec des mouvements simiesques » (l. 7-8, p. 49).– « A fait une mimique de singe, mais peu exubérante » (l. 15, p. 49).– « Fait un bond qu’il accompagne de claquements de langue et de gestes de

singe » (l. 17-18, p. 49).– « Fait une course folle dans la chambre, sautant sur les meubles, etc » (l. 20-21,

p. 49).– « Est tranquille en train de se chercher les puces… et de les manger après »

(l. 29-30, p. 50).– « Saisit Valencourt par le cou, l’enlace d’un bras, et l’épouille de sa main libre »

(l. 31-32, p. 50).– « Assis sur la table de gauche imite le son de la guitare, en faisant des gri-

maces… » (l. 52-54, p. 51).– « Saisissant tous les papiers qui sont sur la table de droite, les leur lance à la tête »

(l. 58-59, p. 51).On remarquera la précision en même temps que la variété et l’enchaînement

rapide des gestes que Feydeau fait accomplir au personnage de Boriquet. C’est unebelle performance pour l’acteur interprétant le rôle.

9 Pour être crédible vis-à-vis de Valencourt, à qui il a affirmé précédemment quece comportement était inoffensif, qu’il s’agissait de lubies… Son but est de faire par-tir Émilienne et son père, il doit donc être inquiétant.

10 – Justin joue l’inquiet, (« simulant l’inquiétude » (l. 22, p. 49)) devantValencourt, tout en se comportant comme un serviteur zélé et respectueux (« j’ycours… » (l. 26, p. 50)) ; il laisse ensuite éclater sa joie, lorsqu’il a obtenu ce qu’il vou-lait (« triomphant – Hurrah ! j’ai remporté la victoire ! » (l. 60, p. 51).

– Émilienne est inquiète pour elle-même puis pour son père (« Ah ! papa ! papa ! »(l. 33, p. 50), « suppliante » (l. 12, p. 49)) ; elle finit par être réellement effrayée(« effrayée, s’est réfugiée dans les bras de son père » (l. 49, p. 51)).

– Valencourt est en colère (« Ah çà, Monsieur, que me dit ma fille ? » (l. 15-16,p. 49)), directif et autoritaire (« Laisse, Émilienne ! » (l. 14, p. 49) « voulez-vous melaisser ? (l. 32, p. 50)). Il se montre aussi « professionnel » (« Mais c’est un accès defièvre chaude, vite, allez chercher sa sœur… » (l. 24-25, p. 50) ; « Ne crie donc pas ! »(l. 35, p. 50)).

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11 Formes de discours : explicatif + descriptif et expression des sentiments/Typed’écrit : dialogue de théâtre ou inséré dans un récit.

12 Formes de discours : descriptif et explicatif/Type d’écrit : scène de théâtre.13 Formes de discours : descriptif + expression des sentiments/Type d’écrit :

monologue.14 Au XVIIe siècle, une attitude d’« honnête homme » était une notion essentielle

de la morale mondaine : l’homme devait se montrer en toutes circonstances agréableet distingué, aussi bien par ses manières que par son esprit et ses connaissances.« Malhonnête » signifie ici « impoli, discourtois, qui manque de savoir-vivre ».

15 Débat oral/argumentation/mise en scène.

Étape 8 [Duel d’hypnotiseurs, p. 74]1 «… De venir me voir. Que je l’attendais ici. Que je souhaitais lui parler.… »

[Point de grammaire : la subordonnée conjonctive.]2 Ils sont furieux et vexés. Valencourt les a insultés, ils ne comprennent pas ce qui

se passe mais ils veulent rester dignes, et ils « laissent la place ».En les faisant sortir, Feydeau laisse la scène libre, et va pouvoir faire entrer les per-

sonnages qui permettront d’amener le dénouement. Cela permet également de lais-ser perdurer le rire du spectateur, qui s’amuse de la confusion de Boriquet et de sasœur, due au malentendu, et que Feydeau entretient ainsi.

3 Il a peur, il s’inquiète de la suite des événements, car il devrait logiquement êtrerenvoyé. Il se rend compte de sa stupidité, et comme il est brave et naïf, il veut se fairepardonner la liberté qu’il a prise : il se rend compte que c’est le coup de pied qu’il adonné à son maître qui lui est le plus préjudiciable.

4 Il est fâché, il lui manifeste son aigreur en le prenant de haut, en le mettant àdistance : c’est une façon aussi de lui signifier qu’il lui a retiré sa considération et saprotection.

5 « ça m’a donné de l’ambition » : cela m’a donné envie, j’ai eu envie d’essayer…pour vous dominer et vous commander de faire ma tâche.

6 Non. Ce qui justifie : « Mais qu’y a-t-il ? » (l. 38, p. 55)7 Justin ne sait pas qu’il a affaire à un médecin de l’école de Nancy, c’est-à-dire

quelqu’un qui connaît parfaitement l’hypnose, et dont on dit qu’il est très fort en lamatière, ce qu’il confirmera dans la réplique suivante (« tu n’as pas l’air de te douterque j’étais un des plus forts de l’école de Nancy » (l. 63-64, p. 56)). Cette remarqueest bien sûr ironique…

8 Cette lutte est assez spectaculaire, comme le signalent les didascalies (l. 59-60,p. 56 et l. 66-68, p. 56). Éloi admire l’aspect « sportif » de ce combat, Émilienne estinquiète pour son père, dont l’échec pourrait avoir des conséquences désastreuses.

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9 Elle apprend qu’il lui a fait jouer un rôle très trivial, parfaitement inconcevablepour elle (une femme célibataire, appartenant à une catégorie sociale respectable etrespectée…) et donc choquant. De plus, elle se rend compte qu’elle a été complète-ment soumise aux volontés d’un homme, de surcroît un domestique, à qui elle prêtemême des intentions indélicates (« il aurait pu abuser de moi » (l. 40, p. 59)).

10 « Mais, ma chère amie, ça dépend des natures, tout ça, il faut des tempéra-ments faibles, nerveux… évidemment moi parbleu, on ne m’endormirait pas… »(scène VI, l. 54-56, p. 25).

11 Valencourt rétablit l’ordre social, en mieux : « je vais vous en faire un domes-tique modèle » (l. 54-55, p. 60), « comme le plus zélé des domestiques » (l. 57, p. 60).Il punit Justin en lui faisant « répéter pendant une heure : « je suis un misérable ! jesuis un misérable ! » » (l. 60, p. 60).

12 Les remords d’Éloi, qui est venu dénoncer Justin. Mais il faut aussi mettre enavant le caractère de Justin, vantard et imbu de lui-même, qui s’est mis lui-même enpéril en voulant briller aux yeux d’Éloi, et la profession de Valencourt, médecin hyp-notiseur.

13 Formes de discours : au choix/Type d’écrit : dialogue comique de théâtre ouinséré dans un récit. [Point de grammaire : les tonalités et les registres].

14 Formes de discours : narratif/Type d’écrit : dialogue de théâtre.15 Formes de discours : argumentatif/Type d’écrit : dialogue de théâtre, ou inséré

dans un récit.16 Avoir un comportement anormal, imprévisible et surtout violent, à tel point

qu’il est préférable d’empêcher tout acte dangereux en « liant » les membres (aumoyen d’une camisole de force, par exemple).

17 Talion : ÉTYM. v. 1395 ; latin talio, de talis « tel ».– Anc. dr. Châtiment qui consiste à infliger au coupable le traitement même

qu’il a fait subir à sa victime. La loi du talion : l’institution de telles peines.– Fig. Le fait de rendre la pareille, de se venger avec rigueur (cf. « Œil pour

œil, dent pour dent »). « Tu m’as pris Josépha, j’ai ta femme !… C’est la vieille loidu talion ! » (Balzac).

Valencourt utilise le même pouvoir que celui de Justin pour le soumettre àses ordres (qui sont tout à fait corrects : il ne fait pas abus de pouvoir, et secomporte de façon intègre). La punition qu’il lui inflige a une connotation trèsjudéo-chrétienne : c’est un acte de contrition, que Justin récite d’ailleurs « enchapelet » (l. 63, p. 60).

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