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Brasseries, grills et diners Un marché qui s'adapte aux habitudes des consommateurs En 2014, le secteur de la consommation alimentaire hors domicile (CAHD) chutait pour la première fois depuis 10 ans. Le contexte économique morose de l'année 2015, impacté par les attentats de janvier et de novembre, n'a fait qu'accentuer cette tendance. Malgré tout, le marché des brasseries, grills et diners semble convaincre encore les franchisés. La raison : des enseignes qui font évoluer leurs concepts. Dossier réalisé par Camille BOULATE [sec :eur] l A restauration commerciale traverse une mauvaise passe. Selon le cabinet Gira Conseil, le marché de la consommation alimentaire hors domicile (comprenant fast food et service à table) affichait sa première baisse depuis dix ans (- 0,3 % sur un an). Et l'année 2015, marquée par les attentats à Paris, ne sera pas signe de croissance. premières tendances [les chiffres seront •• Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 53,54,55,56 SURFACE : 312 % PERIODICITE : Mensuel DIFFUSION : (3876) JOURNALISTE : Camille Boulate 1 avril 2016 - N°160

20.06.16 Un marché qui s'adapte

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Brasseries, grills et diners —

Un marché qui s'adapteaux habitudes des consommateurs

En 2014, le secteur de la

consommation alimentaire hors

domicile (CAHD) chutait pour

la première fois depuis 10 ans.Le contexte économique morose

de l'année 2015, impacté parles attentats de janvier et de

novembre, n'a fait qu'accentuercette tendance. Malgré tout, le

marché des brasseries, grills etdiners semble convaincre encore

les franchisés. La raison : desenseignes qui font évoluer

leurs concepts.

Dossier réalisé par Camille BOULATE

[sec:eur]

l A restauration commerciale traverse

une mauvaise passe. Selon le cabinet GiraConseil, le marché de la consommationalimentaire hors domicile (comprenant fastfood et service à table) affichait sa premièrebaisse depuis dix ans (- 0,3 % sur un an). Etl'année 2015, marquée par les attentats àParis, ne sera pas signe de croissance.premières tendances [les chiffres seront ••

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Brasseries,grills et diners

Un marché qui s'adapteaux habitudes des consommateurs (su^

95 %des restaurants enserviceàtable proposent un

•• dévoilés en mai, Ndlr] nous montrent qu'il

y aura une nouvelle baisse de la consomma-

tion alimentaire hors domicile, la deuxième

indique Bernard Boutboul,président de Gira Conseil. Et, hormis le

marché du fast-food, tous les secteurs sont

impactés par cette chute de fréquentation,

dont les brasseries, les grills et les diners.à ce que l'on pourrait pen-

ser, ce n'est pas lié à la crise. C'est un

phénomène davantage conjoncturel. Car

les enseignes de service à table innoventtrès peu et ne se remettent pas en

détaille Bernard Boutboul. Preuve d'un mar-

ché en crise, le Groupe Flo qui a engagé, en

décembre dernier, la renégociation de sadette bancaire, qui s'élevait en septembre

à 67,1 millions d'euros. Les négociations

avec le pool bancaire doivent se clôturer

à la fin du mois d'avril. Une période dequatre mois qui devait être à profit

par Groupe Flo pour renégocier, en toute

sérénité, ses crédits bancaires et les adapter

au nouvel environnementexpliquait l'entreprise fin 2015. Malgré tout,

le groupe qui est propriétaire des enseignes

Hippopotamus, Bistro Romain ou encore

La Taverne de Maître Kanter a su limiter la

casse l'année dernière. D'après les résul-

tats annuels dévoilés fin février, l'entreprise

constate une chute de son chiffre d'affaires

de 6,1 %, contre 9,6 % en 2014. Si la baisse

concernant les restaurants à thèmes a puêtre endiguée (- 5,6 % en 2015 contre -12 %

l'année précédente), les brasseries (34 res-

taurants dont 15 en franchise) affichent une

chute plus importante qu'en 2014 (- 8,8 %contre - 3 % en 2014). Une contre-perfor-

mance que le groupe Flo explique en partie

par les attentats qui ont touché la Capitale.

Les 11 brasseries parisiennes du groupe ontvu leur chiffre d'affaires baisser de 14 % au

mois de décembre.

Certaines enseignes renouentavec la croissanceIl y a tout de même des réseaux qui ont

retrouvé des couleurs. Comme le groupe

Bertrand, propriétaire des enseignes Au

Bureau et Café Leffe. ces deuxmarques, cela a été une bonne année,

puisque nous constatons une croissance

organique de notre chiffre d'affaires de 7

assure Richard Klimczak, DG de la division

enseignes et réseaux du groupe Bertrand. Unchiffre d'affaires qui a été peu impacté par

les attentats puisque 90 % des restaurants

se trouvent en province, indique le groupe.

En 2014, les enseignes Au Bureau et Café

Leffe affichaient déjà une légère hausse de

chiffre d'affaires de 1,5 %. Et pour retrouverle chemin de la croissance, l'entreprise s'est

focalisée sur l'analyse de ses réseaux de res-

taurants depuis l'arrivée de Richard Klimczak

à son poste en septembre 2013. avonsainsi procédé à plusieurs sorties d'établis-

sements car ils ne correspondaient plus à

l'image de l'enseigne, indique le directeur

général de la division enseignes et réseaux.En 2014, par exemple, 17 restaurants Au

Bureau ont quitté le réseau. Maintenant nous

sommes sur un parc de restaurants

D'autres segments de marché s'en tirent

également plutôt bien, comme les grills.sont des enseignes qui font un carton,

assure Bernard Boutboul. On n'a jamais

mangé autant de bœuf en France que ces

dernières années. On en mange peut-êtremoins à la maison, mais le produit leader au

restaurant reste le traditionnel steak frites.

Un constat qui est également fait du côté

des enseignes de restauration. Christophe

Mauxion, directeur général du groupe LaBoucherie, l'assure : la consommation

de viande baisse de manière générale, c'est

un produit qui continue d'être très demandé

au restaurant. Surtout sur le temps du midi.Avec une croissance de son chiffre d'affaires

de 8 % en 2015 et le rachat des enseignes

Bistrot du Boucher et l'Assiette au Bœuf (lire

p. 16), Christophe Mauxion le concède :avons de la chance d'être sur un

segment qui se porte

Le burger progresse toujoursEt s'il y a bien un produit qui continue de

connaître les faveurs des consommateurs,c'est bien le burger. Selon Gira Conseil, les

volumes de ventes ont été multipliés par 13

en l'espace de dix ans et depuis cinq ans

le plat est devenu une tendance incontour-nable. 95 % des restaurants

en service à table proposent un

assure Bernard Boutboul pour qui le produit

serait une valeur sûre. En témoignent les

ventes de 2015 : 1,1 milliard de burgers

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ont été consommés, selon le président de

Gira Conseil. Il s'agit donc d'un produittrès porteur pour les enseignes type diner

à condition que les ingrédients soient dequalité. consommateurs en ont assez dela malbouffe et veulent des bons

souligne Bernard Boutboul. Une exigence

qu'a compris Memphis Coffee, enseigneinspirée des diners américains des années

1950, dès sa première implantation en 2009.étions en avance sur le burger qua-

litatif, premium et conçu avec de la viandefraîche et servi à table, assure Delphine

Tusseau, directrice marketing et communi-cation de l'enseigne. Aujourd'hui le marché

est plein d'opportunités et très concurren-Mais au-delà de l'assiette, c'est aussi

une ambiance que le consommateur vientchercher en se rendant dans ce type de res-

taurants. c'est pour cela que ça marcheaussi bien, concède Bernard Boutboul. Car

c'est dépaysant pour la clientèle. En France,

outre Memphis Coffee, d'autres enseignessont également présentes sur le marché

(HD Diner, Tommy's Diner ou encore Ame-rican Way). selon les enseignes,

nous n'avons pas les mêmes cibles. Nousne sommes pas du tout implantés à Paris,

contrairement à HD Diner, et beaucoup enprovince.

Unsecteur très concurrencéMalgré tout, le service à table reste très

chahuté par les enseignes de fast-food qui se

multiplient en France. 2014, les chiffresmontraient que le service à table reculait de

2 % quand la restauration rapide grimpait à

l'inverse de 2 %, souligne Bernard Boutboul.

Cette année, selon les premières données ennotre possession, l'écart devrait continuer

à se Pour attirer les clients dans

leurs points de vente, les enseignes doivent

apporter des innovations en matière de pro-

duits mais aussi dans leur façon de présenterles formules. y a toujours les mêmes sché-

mas, entrée/plat ou plat/dessert. Il faut pro-

poser une nouvelle approche pour attirer le

consommateur et se démarquer. Comme ••

Pourde plus en plus de réseaux,l'un desprincipauxdéfis estdeconvaincredesrestaurateursindépendantsde rejoindreleurparcde restaurants.C'estnotammentle casde LaBoucherieavecl'enseigneLeBistrotdu Boucher.

vraimentadaptéaux indépendantssouhaitantintégrerun réseau,carcelaleur laissebeaucoupplus de margesdemanœuvresur lesproduits etleur miseen avant,surune ardoiseparexemple,indique ChristopheMauxion.Nousavonsd'ailleursbeaucoup d'appelsd'indépendantsquisouhaitentnousrejoindre.

PourRichardKlimczak,le phénomèneresteassezmarginal pour lesenseignesAuBureauet CaféLeffe. noussommesà la recherched'indépendantsqui s'interrogentsur l'avenirdeleursenseignes.Onpeut êtreune solutionefficacepour reboosterun point de restaurationcarnousavonsune expertiseet une vision assezlargede larestaurationen France,confie-t-il.Surtoutdansun contexteoù la législationatendanceà se

Lesrestaurateurs indépendants

lacibledesréseaux

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Brasseries, grills et diners

Un marchéqui s'adapteaux habitudes des consommateurs csuite)

la consommation de viande baissede manière générale,

c'est un produit qui continue d'êtretrès demandé au

•• des formules où vous avez le choix entredeux assiettes sur la carte, n'importe les-

quelles. Ou encore suggérer des vins à côtéd'un plat. Les clients adhèrent à ce type

assure Bernard Boutboul.

C'est d'ailleurs pour se démarquer de sesconcurrents que le groupe Bertrand a dévoilé

un nouveau concept de restaurant Café

Leffe lors du salon Franchise Expo de 2016.

L'idée : s'adapter aux attentes des consom-mateurs qui veulent de plus en plus de diver-

sité et sont axés davantage sur des produitsde qualité, comme le bio. avons donc

travaillé sur tous les critères, l'offre, l'accueil

des clients, la formation des franchisés pourrevoir et moderniser l'ensemble du concept,

détaille Richard Klimczak. Par exemple, onva apporter davantage de cuir pour que

cela fasse plus brasserie et on mettra du

houblon dans les vitrines pour que la bièresoit présente tout de suite dans l'esprit

des clients. L'enseigne compte également

monter en gamme en revoyant sa carte et en

proposant des recettes plus traditionnelles.souhaitons nous différencier de toutes

les brasseries tenues par des indépendantsqui proposent une offre basique mais avec

un bon rapport qualité/prix, indique Richard

Klimczak. Nous avons donc revu l'ensemblede la carte et nous proposerons dorénavant

des recettes simples mais plus qualitative s.

De son côté, pour continuer à fidéliser laclientèle, Memphis Coffee table sur la mise

en avant de recettes typiquement améri-caines. Car outre le burger, l'enseigne se

présente comme la représentante de la

cuisine américaine au sens large : tex mex,

grill, desserts (milk-shakes). essayonsde faire découvrir des recettes qui sont moins

connues comme du pulled porc [porc effilo-ché, ndlr]. Pour sélectionner nos recettes, on

se base sur celles qui sont susceptibles de

plaire le plus aux consommateurs français eton les teste lors de campagnes

détaille Delphine Tusseau. #

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