29699018 Reformes Economiques Et Agriculture en Algerie

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    REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

    MINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

    UNIVERSITE FERHAT ABBAS - SETIF

    INSTITUT DES SCIENCES ECONOMIQUES

    THESE

    POUR LOBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR DETAT ES SCIENCES ECONOMIQUES

    ECONOMIQUES ETREFORMES:SUJET

    AGRICULTURE EN ALGERIE

    prsente et soutenue publiquement

    par DJENANE Abdel-Madjid

    devant le jury compos de :

    Prsident : M. OUKIL Mohand Said, Professeur ISE d'AlgerAssesseurs: M. KHARBACHI Hamid, Professeur ISE Bjaia

    M. BOUKELLA Mourad, Matre de Confrences ISE Alger

    Rapporteur : - M. BEDRANI Slimane, Professeur INA El Harrach.

    -1997-

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    REMERCIEMENTS

    Il mest difficile daffirmer que ce travail de recherche est le fruit de mon seul effort .

    Les spcialistes, chercheurs, collgues et amis envers lesquels je suis particulirement

    redevable sont nombreux.

    Le Professeur Slimane Bdrani, mon Directeur de thse, ma toujours encourag etmanifest sa confiance dans llaboration de tous mes travaux de recherche. Je

    voudrais prcis son sujet que, mme continuellement absorb par ses propres

    travaux, il a su, grce sa modestie et son humanisme, la clart de ses ides et

    lintrt scientifique quil a toujours accord au travail dautrui, au travail de ceux-l

    mmes qui sont venus apprendre de lui, guider nos pas de jeunes chercheurs. Jai eu

    pour ma part le privilge de bnficier depuis plus de quinze ans dj de ses prcieux

    conseils et aspire toujours entreprendre sous son autorit de nouveaux travaux de

    recherche. Ses conseils me permettront sans aucun doute de faire lconomie de fauxpas dans le domaine complexe de la formulation de la question agraire de notre pays.

    Mes remerciements vont aussi au Prof. Oukil Mohand Said, au Prof. KharbachiHamid et au Dr. BoukellaMourad qui mont fait lhonneur dvaluer ce travail et de

    mavoir ouvert, grce leurs critiques objectives, de nouvelles pistes de recherche.

    Attentif toutes les remarques quils ont formules ladresse de mon travail, jai

    dj entrepris de nouvelles recherches qui me permettront certainement

    dapprofondir mes connaissances dans les domaines spcifiques de lconomie

    thorique et de lconomie algrienne.

    Je voudrais aussi exprimer mes remerciements particuliers lensemble des

    collgues chercheurs de Solagral-Paris, qui ont bien voulu premirement

    maccueillir au sein de leur organisme pour mes recherches bibliographiques et

    maider ensuite, chacun sa manire, dans la ralisation de mon travail. Je les

    remercie pour laide que chacun dentre eux ma apporte aussi bien pendant ce court

    sjour de documentation que durant la phase critique de rdaction de mon travail.

    Ainsi, je ne peux mempcher de citer les noms de Roger Blein, de Yannick Jadot,

    de Jean-Pierre Rolland, de Christophe Delsaux,de Benot Vergrietteet surtout de

    Laure de Cnival qui a bien voulu, malgr la surcharge de son calendrier detravail, lire et critiquer mon manuscrit. Cest une redondance de noter quavec

    Solagral, solidarit nest pas un vain mot.

    Mes remerciements vont aussi mes amis Foued Chehat de lEcole NationaleSuprieure dAgronomie dEl Harrach, Zoubir Sahliet Hamid Bencharifde lINES

    dAgronomie de Blida et Mme Anne-Marie Jouvedu Ciheam-Iamqui, au sein durseauSefca, mont stimul et pouss dcouvrir les vertus de lapproche empirique.

    Grce leur franchise, leur dvouement indfectible la recherche, leur

    endurance et leurs encouragements chaleureux, jai pu sillonner les vastes plaines

    stifiennes un moment o cela ntait pas toujours recommand et apprendre ainsi

    auprs des paysans du stifois ce que ma formation acadmique ne ma pas permis

    dacqurir. Ils mont entran dans leur sillage et cultiver en moi lirrsistible dsir de

    toujours largir mon champ dinvestigation empirique.

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    Cest faire preuve dgosme que de ne pas mentionner lvolution minemment

    positive que jai subie au sein du rseau Rafac. Grce la mthodologie -le

    comparatisme- mise en place et dveloppe par cette Equipe de distingus

    enseignants-chercheurs mditerranens auprs desquels je me suis toujours

    ressourc, grce la diversit des thmes tudis, la richesse des dbats et desorientations de recherche qui sen sont suivis, jai d prendre conscience du rle

    minemment positif que peut jouer le chercheur dans le dveloppement de

    lagriculture de son pays. En pensant au Prof. Pierre Campagneet Tahani Abdel-Hakim du Ciheam-Iam, au Prof. Fernando Oliveira Baptista de lUniversit

    Agronomique de Lisbonne, au Prof. Flisa Cena-Delgado et Fernando Ramos-Realde lUniversit Agronomique de Cordoue, Paola Bertolini de lUniversit deModne, Adrian Civici de lUniversit Agronomique de Tirana, Napolon

    Maraveyas de lUniversit Agronomique dAthnes, au Prof. Branco Krstic delUniversit de Belgrade, au Prof. Oguz Yurdakul et Sinasi Akdemir de

    lUniversit Agronomique dAdana, au Dr. Mahmoud Mansour et Ahmed

    Ghanimadu Centre de recherche agronomique du Caire, Mohamed Elloumi et Ali Abaabde lINRA de Tunis, au Prof. Najib Akesbi, Larbi Zagdouni, Farouk

    Alioua et Driss Benatya de lIAV de Rabat, je ne peux mempcher aussi depenser que je dois toujours persvrer et redoubler deffort dans mes recherches

    quotidiennes, afin de parvenir, peut-tre, un jour expliquer pourquoi lagriculture

    de mon pays est la plus cologique de la Mditerrane. Quils soient tous

    amicalement remercis pour avoir su simposer moi comme modle et chercheurs

    de rfrence.

    Comment ce dernier propos ne pas voquer les noms de MM. Yahia Hamlaoui etde Abdeslam Hedadj du Bneder qui ont cultiv et dvelopp en moi le sens de

    lanalyse mso et micro-conomique. Grce eux, je ne peux ou ne dois plus ignorer

    que le dveloppement rural intgr est une notion amplement plus large que le

    dveloppement agricole et quil ne peut y avoir un modle de dveloppement rural

    standard. Merci eux de mavoir toujours pouss au renouvellement de mes outils

    danalyse.

    Les cadres du secteur agricole de la Wilaya de Stif mont chacun aid sa faon.

    Messaoud Reggad et Benallgue mont fourni les donnes relatives aux

    remembrements et dmembrements successifs des exploitations du secteur agricole

    public, Hacne Kharchi et Nait mont pouss ne pas me contenter des analyses

    strotypes, Belambri et El Mekkiont toujours stimul mes recherches en mettant ma disposition leurs propres documents de travail, Messaoud Boucetta et son

    quipe mont toujours permis de complter mes sries statistiques et de mviter

    ainsi des vides, etc... Quils soient tous chaleureusement remercis aussi bien pour

    laide dont ils mont gratifie que pour mavoir fait bnficier de leurs pertinentes

    analyses formules au terme de plusieurs annes, sinon de plusieurs dcennies de

    gestion du secteur agricole.

    Je ne saurais ne point exprimer ici ma reconnaissance MM. Lahlou etAbdelmadjid Kessai qui ont accept de lire et de corriger mon document : sans leurlabeur, jaurai t infiniment plus difficile lire.

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    Plus proches de moi, mes collgues enseignants ainsi que tout le personnel

    administratif et de soutien de lInstitut des Sciences Economiques et du CampusMohamed Seddik Benyahiaet en particulier Melle Regad Salima, Aoumeur Akki-

    Allouani, Ammar Ammari et MokhtarAllem, mont beaucoup aid macquitter,tant bien que mal, des charges attenantes ma fonction et continuer faire mes

    recherches.

    Mes remerciements vont aussi au Professeur Djaafer Benachour, notre Recteur,ainsi que MM. Nacereddine Hadaoui, Mustapha Benkhedimallah et Abdelmalek

    Tacheriftqui mont pouss allier la gestion, lenseignement et la recherche.

    Je voudrais rendre galement un hommage particulier Abdallah Boukeram,monami denfance dont limmuable clart des ides et lesprit critique mont stimul

    adopter une dmarche synthtique dans mon travail.

    Dans le mme sillage, je voudrais exprimer galement ma reconnaissance Foudil

    Hassani, un autre ami denfance, Hamou, mon frre et mon cousin Essaidde

    Paris ainsi quaux Rahmanide Mandeurre qui mont tant aid.

    Nourredine Messahel, Belkacem Amokrane, Lazher Othmani, Madjid Merdaci,Djamal Meslem, Said Djaout, Abdelmalek Benhemadi, Djamal Belmihoub,Maamar Oumaamar et Rabah Lahmer ont t trs proches de moi ces dernires

    annes et mont encourag mener terme mon travail. Ils mont aid, chacun sa

    manire, pris en charge mes peines et soucis quotidiens alors quils ne mont associ

    qu leurs joies. Quils trouvent ici lexpression de mes remerciements les plus

    sincres.

    Zoubidaa accept de faire la frappe du texte, de prendre en charge lexploitation desnombreux questionnaires soutenant les tudes de terrain, de grer notre foyer et de

    veiller la bonne scolarit de Lydia et Aida que nous chrissons. Elle marellement second tout en ntant pas pargne des sautes dhumeur et des crises de

    nerfs de ltre compliqu que je fus pendant cette traverse du dsert. Grce sa

    patience et surtout sa tendresse, ce travail est aussi le sien.

    Malgr les prcieuses aides et les conseils dont jai bnfici, ce modeste travail

    prsente encore des imperfections et insuffisances que jassume entirement. Sans dsir

    de les justifier, je dois toutefois mentionner quil ma a t parfois difficile dallier, si ce

    ntaient lappel du devoir et mon amour pour la vie, gestion, enseignement etrecherche.

    Stif, le 15/07/1997.

    A-M. DJENANE.

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    I - Introduction et problmatique :

    L'conomie algrienne, considre dans ses divers secteurs, est en

    "crise". La crise a, son tour, impuls la rforme de l'conomie sans quedes rsultats probants ne soient obtenus.

    Le taux de croissance conomique continue en effet tre ngatif,

    le chmage se dvelopper, les revenus par tte baisser, l'inflation

    crotre, le taux de dpendance alimentaire augmenter, etc. Ce sont l, les

    signes d'une conomie qui ne parvient pas assurer la relance mais aussi

    les indicateurs d'une conomie en rcession.

    Ds lors, se pose la question de savoir quelle est ou quelles sont les

    causes de cette crise et quels sont aussi les moyens mis en oeuvre pour larsorber.

    Les causes de la crise de l'conomie nationale sont, telles

    qu'identifies par les chercheurs et analystes, multiples et peuvent faire

    l'objet d'un classement par origine et par nature.

    Il existe en effet des causes d'origine interne et qui s'apparentent le

    plus souvent la gestion non rationnelle des ressources par ceux qui en ont

    la charge. Mais bien que recenses dans les annes soixante-dix et quatre-

    vingt dj, ces causes continuent exercer leurs effets nfastes sur

    l'ensemble de l'conomie et ouvrent le champ de nouvelles recherches sur

    "la crise du systme productif algrien"1.

    Il existe dun autre ct des causes d'origine extrieure. Dans ce

    sens, notre travail de recherche est bti sur l'ide selon laquelle la rcession

    de l'conomie nationale, qui a commenc se manifester ds le dbut des

    annes quatre-vingts, ainsi que la faiblesse des rsultats enregistrs depuis

    le lancement des rformes, qui sont supposes tre la solution cette crise,est due au fardeau de la contrainte extrieure et l'absence de

    rationalisation des moyens utiliss pour sortir de la crise.La contrainte extrieure est synonyme, dans le cas de cette

    conomie, de baisse des revenus ptroliers, de dtrioration des termes de

    l'change et d'accroissement de la dette extrieure.

    Cependant la baisse des revenus extrieurs n'est pas un phnomne

    spcifique au cas algrien. Il concerne l'ensemble des pays priphriquesou pays du Tiers-Monde et rsulte de la restructuration du systme

    1 - Parmi les nombreux travaux consacrs la crise de l'conomie algrienne, nous citerons en particulier et pour

    mmoire :

    - le document du MPAT : Synthse du bilan conomique et social de la dcennie 1967-1978, MPAT, Alger, 1980;- le travail de recherche de P.S THIERY : " La crise du systme productif algrien", thse de doctorat d'Etat, ParisVIII, 1982.

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    conomique mondial, qui s'est faite en deux temps. Durant la premire

    phase (phase qui succde l'amlioration globale des conomies des pays

    en voie de dveloppement), la priorit tait la sortie de la crise des pays

    du centre.Ceci s'est traduit pour lespays de la priphriepar la mise sous

    ajustement structurel progressive de leurs conomies respectives.Durant la seconde phase, phase de relance pour les pays du centre et

    dmarrant approximativement au dbut des annes quatre-vingt-dix, le ton

    est donn l'acclration des rformes par l'intgration des pays

    priphriques et c'est ainsi que commencent se dessiner de nouveaux

    espaces de reproduction du capital l'chelle mondiale.

    L'Algrie, ayant mis, dans le cadre des rformes lances en 1987-

    1988, son conomie sous ajustement structurel, sans raliser toutefois des

    rsultats consquents, s'apprte s'intgrer dans l'un des plus grands

    espaces conomiques rgionaux : l'Euro Mditerrane, espace qui met encomptition des conomies ingalement dveloppes, c'est--dire les pays

    de la rive nord, particulirement ceux du March Commun et les pays tiers

    mditerranens dont ceux de la rive sud.

    L'Euro Mditerrane, qui se prsente en effet comme le cadre de

    relance de l'conomie de l'ensemble des pays de cette rgion et par surcrot,

    de rsolution du phnomne de sous-dveloppement des conomies des

    pays du sud, se donne comme horizon la construction d'une "zone de librechange" et de "prosprit partage".

    Cet objectif signifie implicitement que l'ensemble des pays,

    particulirement ceux ayant adopt, dans un pass rcent, des "modles de

    dveloppement" reposant sur un secteur tatique important, doiventdsormais se soumettre au dveloppement par le march.

    Ds lors, il apparat que les Programmes d'Ajustement Structurel

    (PAS), mis en application dans les pays du sud, sont la conditionsine quanon leur future intgration l'espace euro mditerranen.

    C'est ce qui nous amne alors nous interroger dans le chapitre I

    sur les causes qui sont l'origine de cette volution et sur les types de PASproposs aux pays sous-dvelopps.

    La premire constatation est que l'Ajustement Structurel en tant que

    "nouvelle" doctrine de dveloppement, c'est--dire de solution apporte au

    phnomne de sous-dveloppement, a connu deux phases d'volution. Il

    existe des PAS lancs dans les annes cinquante et soixante que l'on peut

    qualifier de "premire gnration" car impulss par la division du Monde

    en deux blocs, le "bloc capitaliste" et le "bloc socialiste" : leurs rsultats

    sont jugs peu satisfaisants.

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    Les PAS de "seconde gnration", ns de la suprmatie et de la

    victoire du bloc capitaliste sur le camp socialiste, semblent s'inscrire dans

    la logique d'une comptition entre les grands espaces conomiques

    mondiaux en formation, c'est--dire de la comptition que se livrent entre

    elles les grandes puissances conomiques .C'est donc par rapport cette nouvelle restructuration du systme

    conomique mondial que sont lancs des plans d'intgration rgionale

    mettant cte cte ou face face pays dvelopps et pays sous

    dvelopps2 : l'Europe occidentale intgre simultanment les anciens pays

    socialistes de l'Est (les PECO : pays de l'Europe centrale et orientale) et les

    pays en dveloppement de la Mditerrane (les PTM : pays Tiers

    mditerranens).

    A lissue de cette premire rflexion, il est logique de s'interroger

    sur le degr de libert et d'autonomie qu'ont les pays du Sud concevoir et mettre en place un modle de dveloppement qui leur soit "spcifique".

    Autrement dit, la thse de la "contrainte extrieure" est-elle une simple vue

    de l'esprit qu'on dveloppe, ici, dans les pays priphriques ou doit-elle treconsidre comme une ralit laquelle font face ces derniers3depuis le

    milieu des annes quatre-vingts?

    Cette question nous amne prsenter dans le chapitre II les

    principales caractristiques de l'conomie algrienne de 1984 nos jours.

    C'est une conomie en "crise" qui se caractrise par la rcession. Celle-ci a

    pour autre cause essentielle, la baisse des revenus extrieurs, elle-mme,

    provoque par la dtrioration des termes de l'change (Chapitre III).

    2- Bien que le systme conomique mondial ait connu des changements notables durant les quinze vingt derniresannes (mergence des NPI d'Asie et de l'Amrique latine, chute du bloc de l'Est et du mur de Berlin, etc.),

    changements qui ont contribu dplacer la "frontire Nord-Sud", le phnomne de la mondialisation et de lalibralisation des changes qui devraient s'accompagner par la libre circulation des facteurs et des marchandises n'estqu' ses dbuts. La mondialisation comme largissement de la sphre de reproduction du capital se fait pour l'instant

    au profit des conomies capitalistes avances et ne permet nullement, du moins pour l'instant, de rduire le fossconomique qui spare les pays du centre de ceux de la priphrie du SME. L'loignement des uns des autres est

    confirm dans le dernier rapport du PNUD (1996).

    Ainsi, changer une terminologie par une autre rsout-il rellement le problme des carts de dveloppement etrapproche-t-il les uns des autres?

    3- En ralit les pays du Sud ou PVD ne sont pas les seuls tre soumis un ajustement structurel : les politiques derigueur budgtaire mises en place en Europe et aux Etats-Unis en vue de la rsorption des dficits publics tmoignent

    des changements structurels oprs par ces conomies.

    Mais les changements structurels et les politiques de restriction budgtaires ont-ils la mme signification et la mmeporte selon que l'on soit au Nord ou au Sud? Doit-on mettre sur le mme pied d'galit une conomie expansionniste

    et fortement intgre et une conomie dsarticule, entre une conomie industrielle et une conomie dpendant del'exportation des ressources naturelles, entre une conomie qui protge certains de ses secteurs de la concurrenceinternationale et une conomie qui n'a mme plus le droit de subventionner ses activits de base? En fait, n'y a-t-il

    point de diffrence entre une conomie qui conoit un programme d'ajustement et une conomie qui subit ce

    programme d'ajustement? a titre d'exemple, les conclusions de l'Accord GATT en matire de libralisationconomique et d'ouverture commerciale auront-elles les mmes effets sur toutes les "parties contractantes", qu'ellesfassent partie du centre ou de la priphrie du systme conomique mondial?

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    Dans cette situation, des mesures de rsolution de la crise sont

    envisages au plan institutionnel et organisationnel par les pouvoirs

    publics. Elles se matrialisent, comme l'attestent les chapitres IV et V, par

    une tentative d'interruption des rformes, lances en 1987-1988, et de

    redfinition d'une "stratgie de dveloppement approprie". Cette tentativeest vite mise en chec cause de l'absence de capitaux extrieurs

    ncessaires aux approvisionnements vitaux de l'conomie.

    C'est pourquoi, l'oppos de cette proposition, c'est la solution

    d'une plus grande ouverture sur le march extrieur, qui est prne et mise

    en application. L'conomie nationale est mise sous ajustement structurel

    dont nous exposons la mthodologie et le contenu dans les chapitres

    successifs IV et V. Cette solution est complte par la proposition d' une

    "ouverture illimite" de l'conomie nationale aux capitaux trangers

    (chapitre VI).Ce sont donc ici les lments qui ont servi l'laboration de la

    premire partie de notre travail, intitule : " L'conomie algrienne sous

    ajustement structurel : contenu et objectifs".

    La seconde partie, quant elle, se veut une analyse des principaux

    effets induits par la rforme de l'conomie sur un secteur spcifique

    d'accumulation du capital, en l'occurrence le secteur agricole. Elle a pour

    titre : "Effets des rformes sur le dveloppement de l'agriculture : les

    premiers rsultats".

    L'ide dveloppe, tout au long de cette seconde partie, est que la

    politique de dsengagement mise en en oeuvre par l'Etat dans le secteuragricole la fin de l'anne 1987, mme si elle sest solde quelque peu parla relance de l'activit agricole, ne laisse pas esprer la ralisation moyen

    terme de l'objectif qu'elle s'tait fixe son lancement, savoir l'autonomiealimentaire, du moins, l'autonomie en produits alimentaires stratgiques,dont les crales.

    Pourquoi la rorganisation ? C'est la question implicite qui nous

    conduit prsenter dans le chapitre VII les arguments qui ont motiv lelancement de l'opration. La rforme du secteur agricole public se justifie

    au moment de son lancement par sa faible performance technique et

    conomique. Mais compars ceux du secteur priv, les rendements

    obtenus par le secteur public durant les quinze dernires annes qui

    prcdent sa privatisation, paraissent nettement meilleurs, du moins en cequi concerne les cultures cralires. La performance du secteur priv

    s'explique alors par la libert des choix culturaux dont il avait bnfici et

    qui tait interdite au secteur public, soumis un "plan de culture et de

    production" rigoureux.

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    Ceci nous conduit prsenter dans le chapitre VIII, ce qui est

    considr comme tant les performances du secteur agricole rorganis,

    autrement dit la gnralisation toutes les exploitations agricoles,

    indpendamment de leur statut juridique de type privatif, des choix

    culturaux faits auparavant par les exploitations prives. Une brve lecturedes donnes rcentes permet de constater que les performances du secteur

    agricole rorganis se rsument dans le dveloppement des cultures "fortevaleur ajoute". Les cultures dites stratgiques, celles-l mme que les

    pouvoirs publics ont toujours tent de dvelopper, y compris au prix de

    dficits financiers importants, ne connaissent aucun changement notable :

    les insuffisances et faiblesses traditionnelles du secteur agricole persistent.

    Dans cet ordre d'ide, le chapitre IX a pour objet de recenser les

    principales causes explicatives des insuffisances du secteur agricole

    rorganis. Celles-ci se subdivisent en deux groupes. La premire srie decauses ou causes techniques est relative, non l'insuffisante consommation

    des crdits allous comme ctait le cas avant la rforme, mais

    l'insuffisance de ces derniers, une politique des prix dsavantageuse pour

    les cultures cralires, la faible technicit des agriculteurs, etc. La

    seconde srie de causes est lie la spcificit mme du secteur agricole,

    spcificit se caractrisant par la "lourdeur" de ce dernier : les changements

    sont lents et les rsultats de longue priode, quasiment stables. C'est du

    moins ce que l'on constate, pour y revenir encore une fois, en matire de

    craliculture.La dtrioration des conditions de production agricole n'pargne,

    la suite de la mise en application de la politique de dsengagement del'Etat, aucun niveau d'organisation de l'activit agricole. C'est ce que nous

    tentons de montrer dans le chapitre X, en axant l'analyse sur "les effets de

    la politique de dsengagement sur l'agriculture locale" que nous illustrons

    par le cas particulier des Hautes plaines stifiennes. Le choix de cette zone

    agricole n'est, naturellement, pas neutre. En effet, le but recherch consiste

    tmoigner, en l'absence d'un bilan officiel global de l'opration de

    rorganisation, des effets nfastes subis par le secteur agricolepremirement et ensuite appliquer l'analyse sur une zone agricole,

    considre autrefois par les pouvoirs publics comme stratgique en matire

    d'objectif d'indpendance alimentaire. Les effets ngatifs induits par le

    dsengagement de l'Etat du secteur agricole sont multiples et touchent aussi

    bien au foncier, au changement des systmes de cultures quaux rsultats

    acquis dans le cadre des expriences d'intensification.

    Et c'est ce qui nous conduit invitablement poser, dans le onzime

    et dernier chapitre, la question de savoir s'il existe des agricultures

    performantes sans le soutien de l'Etat.

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    L'utilit d'une rponse cette question ne rside pas dans la

    ncessit de dmontrer que les agricultures les plus performantes sont

    celles qui bnficient, de faon quasi-inconditionnelle, du soutien de leurs

    Etats respectifs (la nature du secteur mme impose ce soutien). Elle rside

    dans la ncessit de dmontrer le peu de crdit qu'il faut accorder auxtenants d'un dsengagement total de l'Etat du secteur agricole,

    dsengagement sens s'accompagner d'un dveloppement du secteur agro

    exportateur et autoriser la concurrence des agricultures qui sont la base

    des changements de la politique agricole mondiale...

    II - Mthodologie :

    Comment procder alors pour la vrification de nos hypothses de

    travail ?

    La dmarche entreprise dans llaboration de ce travail tente de

    satisfaire plusieurs soucis mthodologiques.

    Premirement, elle est inductive. Partant en effet des rsultatsactuels de lconomie nationale, rsultats prsents dans le chapitre II, nous

    avons tent, en nous appuyant sur les donnes relatives une dcennie de

    croissance (1984-1993/95), den chercher les causes les plusexplicatives. Bien que ces rsultats soient le produit direct des dcisions de

    rforme prises durant la dcennie quatre-vingts, il apparat clairement que

    celles-ci (dcisions de rforme) sont, leur tour, induites par la

    restructuration du systme conomique mondial (chapitre I) dont

    lconomie algrienne est fortement dpendante en tant que pays intgr

    lamont (ptrole et gaz) et laval (approvisionnement de lconomie

    nationale en biens dquipement, produits alimentaires, etc.). Les revenus

    ptroliers reprsentent en effet plus des neuf diximes, sinon la totalit des

    revenus extrieurs.

    Or, si lon s'intresse de prs aux causes conomiques qui sont

    lorigine des principales transformations du systme conomique mondial

    des vingt trente dernires annes, on remarque quun conflit autour de la

    valorisation des matires premires, dont les ressources nergtiques,

    oppose durant toute cette priode les anciens pays priphriques ceux du

    Centre.

    La contrainte extrieure nest plus alors seulement une pistede recherche mais une ralit laquelle font face les pays du Tiers-

    monde, que nous illustrons pour le besoin, par le cas de lAlgrie (chapitreIII).

    10

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    La dmarche entreprise est ensuite dductive en ce sens quelletente de recenser les effets impulss par la restructuration du systme

    conomique mondial sur lconomie nationale. En Algrie, cela sest

    traduit (lidologie librale tant devenue la rfrence thorique de la

    relance conomique) par la libralisation progressive puis par la mise sousajustement structurel de lconomie nationale.

    Cest ce qui nous amne exposer dans les chapitres IV et V, les

    mthodes et moyens mis en oeuvre par les pouvoirs publics pour ajuster

    lconomie nationale aux nouvelles lois de fonctionnement de lconomie

    mondiale.

    Ces moyens, bien que ncessaires pour la relance de lconomie,

    sont considrs insuffisants, au vu des exigences de la nouvelle conomie

    mondiale qui tend de plus en plus vers la globalisation . Cest

    pourquoi, nous prsentons alors dans le chapitre VI les moyensgnraux de la relance.

    En effet, la crise des conomies nationales, que ce soit les

    conomies en dveloppement ou les conomies dveloppes, est-elle aussi

    gnre par les drgulations du march mondial. Leffort de sortie de la

    crise nest plus alors individuel mais, comme il se dgage de la tendance

    actuelle, collectif et associe des pays occupant des places et assumant des

    rles diffrents dans le systme conomique mondial. Lexprience de co-

    dveloppement est dautant attrayante et diffrente des prcdentes quelle

    semble accorder dune part, un intrt particulier la mise niveau des

    conomies les moins dveloppes et considrer dautre part, le facteur

    "proximit" comme une donne importante dans les nouvelles relations

    entre le Nord et le Sud.

    Les effets induits par la rforme de lconomie nationale ne sont

    pas seulement dordre macro-conomique. Ils sexpriment aussi au niveaudes secteurs et au niveau des units de production de base.

    Dans ce sens, notre effort de recherche tente de rendre compte

    galement, quoique de faon implicite, des effets exercs aux deux autresniveaux retenus habituellement par lanalyse conomique. Cest ainsi que

    succde la prsentation macro-conomique des tendances globales de

    lconomie nationale et faisant lobjet des chapitres II, IV et V, lapproche

    sectorielle et micro-conomique des effets de la rforme.

    Cela est particulirement entrepris dans la seconde partie du travail

    dans laquelle sont simultanment prsents les effets induits au niveau

    sectoriel (le secteur agricole) et au niveau rgional (lagriculture locale que

    nous avons illustre par le cas des HPS).

    11

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    En plus de ces deux niveaux de lanalyse, notre souci est de rendre

    compte galement des transformations opres au niveau de lunit deproduction que nous avons illustre par le cas de lexploitation agricole. Ladmarche adopte se veut alors empirique en ce sens quelle cherche

    rendre compte des principales transformations enregistres au plus bastage de lorganisation de lactivit conomique et sociale. Les moyens

    utiliss pour la ralisation de cet objectif de recherche consistent dans la

    ralisation de trois enqutes auprs de trois chantillons dexploitations

    agricoles du stifois.

    La premire enqute, ralise en 1990-1991, auprs dun

    chantillon de 40 exploitations du Bassin versant de lIghil Emda, a pour

    objet dexpliquer lvolution des systmes de cultures du stifois. Ltude

    des cots de production des spculations pratiques par les agriculteurs du

    stifois, du moins ceux de la zone retenue par lenqute, a pour but devrifier que les stratgies de production qui animent et agissent sur leschoix productifs des agriculteurs ne convergent pas vers le choix

    d'autosuffisance alimentaireprn par les pouvoirs publics.

    Cest ce qui nous amne alors participer, en 1992-93, la

    ralisation dune autre enqute auprs dun chantillon de 90 exploitations

    de la zone cralire du stifois, cest--dire de la zone dite des HPS.

    Lenqute, supervise par lEntreprise nationale des industriesalimentaires etAgropolisa t ralise par une quipe de trois chercheurs

    dont la tche tait didentifier et danalyser les stratgies de mise enmarch des crales par les agriculteurs de la rgion de Stif . Cettetude nous a permis de rendre compte, pour la rgion prcite, desconditions de production des crales, rsultats consigns dans un

    document auquel il sera fait rfrence dans le prsent travail.

    La troisime enqute enfin a t ralise en 1994 et sattache la

    question de savoir quels sont les effets induits par la politique des prix,

    des subventions et de la fiscalit sur le dveloppement des exploitationsagricoles, thme dvelopp au sein dun rseau de recherche mditerranen

    (RAFAC). Lenqute a t ralise en mme temps quune autre,supervise par le BNEDER et consacre au dveloppement intgr de la

    partie orientale des HPS. Lchantillon des exploitations se compose de

    180 units statistiques.

    Compte tenu de cet effort de recherche empirique, individuel et/ou

    collectif, qui sest sold durant les cinq dernires annes par la publication

    de plusieurs articles et travaux de recherche (Cahiers du CREAD, Options

    Mditerranennes, Correspondances de lIRMC, Etude SEFCA, etc.), nous

    nous limiterons donner, lorsque cela est ncessaire, les rsums de ces

    travaux.

    12

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    Nous ne pouvons clore enfin cette introduction sans voquer nos

    sources dinformation. La fiabilit des donnes chiffres relatives

    lconomie algrienne est, si l'on se rfre aux dbats qu'animent les

    dcideurs loccasion de la prsentation des bilans de leurs programmes,

    proccupante. La mme source dinformation peut, des intervalles detemps relativement courts, fournir des donnes contradictoires quoique

    portant sur le mme objet.

    Ce travail de recherche nchappe pas ces insuffisances.

    Nanmoins et pour parer au mieux lerreur vhicule par les donnes,

    nous avons tent de diversifier les sources dinformation, du moins de ne

    retenir que celles qui sont considres comme fiables par la Banque

    Mondiale et le FMI. Ces donnes, quoique de source algrienne, ont t

    recueillies dans diffrents documents de la premire institution cite,

    documents que nous avons consults dans diffrents centres de recherchenationaux et trangers.

    La seconde srie dinformations, celles relatives au secteur agricole

    au plan local, provient galement de sources officielles (DSA, DRA,Coopratives, etc.). Mais il faut relever que nous avons eu l aussi le

    privilge daccder des informations de premire main que nous avons

    synthtises et prsentes sous forme de tableaux. Nous faisons ici allusion

    plusieurs enqutes ralises par les autorits agricoles de la wilaya deStif mais nayant pas t suffisamment exploites. Ceci est le cas du

    dossier remembrement des DAS de la Wilaya de Stif ,du dossier Prixet approvisionnements ou encore du dossier Litiges ns de larorganisation auxquels nous avons consacr des temps de travailconsidrables.

    La troisime source dinformation porte sur les donnes recueillies

    auprs des exploitations agricoles. On peut se demander dans quelle mesure

    une unit de production agricole ne disposant pas de la comptabilit crite

    et ne se distinguant pas du mnage auquel elle appartient est capable de

    produire une information fiable ?

    La question reste entire et les influences ngatives quelle peut

    gnrer sur la comprhension du fonctionnement de lexploitation agricole

    sont nombreuses. Pour rduire leffet de cette influence ngative, nous

    avons t amens concevoir une mthode de travail approprie chacun

    des nombreux agriculteurs que nous avions rencontrs depuis le lancement

    de notre recherche. Ces enqutes ayant bnfici dun appui des

    organismes ci dessus voqus, ont pu tre ralises grce :

    - la conception de fiches techniques par exploitation et par culture dans

    le cas du calcul des cots de production : les informations recueillies ontt, dans le cas des EAC, soumises des critiques de groupe ;

    13

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    - la ralisation lors de la seconde enqute, de trois questionnaires par

    exploitation : chaque nouveau questionnaire, ralis un intervalle de

    quatre mois du prcdent, est une reprise partielle de ce dernier. Les carts

    constats sont soumis la correction et lajustement (la donne prise en

    considration est la moyenne arithmtique des deux) ;- laide, dans le cas de la troisime enqute, que nous ont apporte les

    ingnieurs subdivisionnaires qui avaient auparavant ralis lenqute

    BNEDER : leur connaissance du terrain et surtout des agriculteurs a

    probablement agi en faveur de lobtention dune information tout de mme

    fiable.

    Ces informations et les hypothses de recherche auxquelles elles

    ont donn lieu, seront prsentes selon le plan de rdaction qui suit.

    14

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    PREMIERE PARTIE

    Lconomie algrienne sous ajustement structurel :contenu et objectifs.

    16

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    Chapitre I - L'Ajustement Structurel : quelques aspects

    empiriques et thoriques.

    L'Algrie, bien qu'ayant affich une volont de libralisation

    de son conomie ds le dbut des annes quatre-vingt, volont

    accompagne par la restructuration des principaux secteurs publics de

    production (industrie et agriculture) et par la relative libralisation de

    son activit conomique laquelle prend dsormais part le secteur

    priv, a cependant longtemps hsit mettre son conomie sous

    ajustement structurel. Les causes de ces hsitations sont multiples.

    Il y a celles qui se rfrent l'volution des relationsconomiques internationales des cinquante dernires annes et qui

    symbolisent la crainte d'un retournement de l'volution historique. Il y

    a ensuite celles qui se rfrent au contenu des programmes

    d'ajustement structurel proprement dits, cest--dire l'obligation de

    restreindre le rle de l'Etat dans l'activit conomique.

    C'est ainsi qu'il y a lieu de relever que l'ajustement structurel

    en tant que "doctrine"4contemporaine de dveloppement conomique

    des pays de la priphrie du systme conomique mondial renvoie

    deux champs d'analyse. Le premier est d'ordre empirique et relatif au

    cadre d'volution des premiers pays avoir mis leurs conomies sous

    ajustement structurel. La notion d'ajustement structurel bien quayant

    pour signification premire la mise en application d'un certain nombre

    de mesures conomiques, financires, et institutionnelles pour le

    rtablissement des quilibres globaux d'une conomie donne, suscite,

    cause de la gestion de la "contrainte extrieure", quelques

    interrogations relatives l' "autonomie politique" et la "souverainet

    nationale" mme du pays ligible cet ajustement. Dans cet esprit, les

    hsitations des classes politiques des pays en dveloppement opterpour la mise en application des PAS, s'avrent fondes d'autant que les

    rsultats obtenus par une grande partie d'entre eux sont peu

    satisfaisants.

    4 Le terme doctrine est mis ici entre guillemets cause du fait que "en matire

    d'ajustement structurel, bien qu'elle n'ait jamais t officielle, repose sur un certain

    nombre de mesures qui se retrouvent toutes, quelques nuances prs, dans lesrecommandations faites par cette institution aux pays qui ont sollicit son aide", S.

    BEDRANI : L'Algrie, un cas d'ajustement volontaire? In Ajustement et dveloppement,Etudes coordonnes par Driss GUERRAOUI, Editions Toukbal-L'harmattan,Casablanca-Paris, 1993.

    17

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    Le second champ d'analyse est d'ordre thorique et porte sur

    les mesures conomiques prconises par les diffrents partenaires et

    institutions financires internationales en vue du dveloppement des

    pays qui sollicitent leur aide.

    Dans ce sens, l'objet de ce premier chapitre est de tenter declarifier la notion d'ajustement structurel prise sous les deux angles de

    vue voqus ci dessus.

    I- Cadre empirique et historique de l'Ajustement Structurel :

    La notion d'"ajustement structurel" est ne LOME (Togo)

    en 1975 l'occasion de la premire Confrence qui avait runi les paysde la Communaut Economique Europenne (CEE) et les pays du sud

    de l'Afrique, des Carabes et du Pacifique (pays ACP).

    Cependant, il faut relever que la Convention dite de LOME est

    l'manation d'un long processus d'changes conomiques, culturels et

    politiques qui avaient li dans le pass , de faon isole ou dans le cadre

    de groupes restreints, les pays de l'Europe occidentale plusieurs de

    leurs anciennes colonies et/ou Dpartements et Territoires d'Outre

    Mer (DOM-TOM). L'ajustement structurel est, avant d'tre unecoopration entre les pays de la CEE et les pays ACP, la consquence

    d'un besoin d'expansion des pays industriels de l'Europe occidentale.

    11- Origine de l'Ajustement Structurel : la coopration intenseentre les pays europens.

    On peut relever en effet, qu'avant d'initier la Confrence de

    Lom, soit avant de mettre en place une politique commune

    d'"entrainement" de quelques pays du Sud qui n'avaient pasdvelopp des politiques subversives leur gard, certains paysoccidentaux, particulirement ceux de la CEE se sont, leur sortie de

    la Seconde Guerre mondiale, ds juillet 1947 dj, organiss dans

    plusieurs associations rgionales. Sous l'influence et les

    encouragements de l'Amrique, c'est--dire des USA, ils ont cr la

    Confrence de Coopration Economique Europenne(CCEE).

    Depuis, se sont multiplis les changes entre les pays europens

    occidentaux mus par une volont commune de construire ensemble,volont dicte par une nouvelle philosophie et donnant naissance

    18

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    plusieurs associations ou Confrences. Mais la vritable coopration

    entre les diffrents partenaires europens ne va s'exprimer rellement

    qu' partir du 16 avril 1951, date de cration de la Communaut

    europenne du charbon et de l'acier (CECA), qui engageait alors six

    pays savoir : la France, l'Italie, l'Allemagne fdrale, la Belgique, leLuxembourg et les Pays Bas. La CECA entre en vigueur le 25 juillet

    1952.

    Trs vite, les avantages tirs de cette union conduisent

    l'approfondissement et la densification des relations conomiques

    entre les six partenaires de la CECA, qui, runis dans la capitaleitalienne le 25 mars 1957, conviennent de crer la Communaut

    Economique Europenne (CEE) et la Communaut europenne del'nergie atomique(EURATOM). Ainsi par le Trait de Rome qui entreen vigueur le 1er Janvier 1958, la CEE est cre et l'espaceconomique europen ne cesse de s'largir. "Le Trait de Rome,note P.

    CLAVAL, met en route une dynamique remarquable : l'intgration desconomies nationales progresse dans un climat de dveloppement rapidequi facilite la rsolution desconflits"

    5.

    Dans le mme esprit, c'est--dire dans l'objectif

    d'largissement de la zone de libre change, est cre le 04/01/1960

    l'Association europenne de libre change entre la Grande Bretagne,

    l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, le Danemark, la Sude, la Suisse,l'Autriche et la Grce. Douze ans plus tard, soit en janvier 1972, la

    Grande Bretagne, l'Irlande et le Danemark adhrent la CEE et la

    Communaut neuf entre en vigueur le 1/1/1973. Moins de dix ans

    plus tard, soit le 1/1/1981, c'est autour de la Grce, admise en 1979,

    d'largir le cadre communautaire. On parle alors de la Communaut

    des dix. Le 1/1/1986, l'Espagne et le Portugal sont intgrs la CEE et

    la Communaut des douze est cre.

    Enfin, depuis la signature du Trait de Maastricht le 7/2/1992,le March Unique entre en vigueur le 1/1/1993 et la Communaut

    Economique Europenne cde la place l'Union Europenne (UE) le

    1/1/1994.

    C'est ainsi que l'exprience europenne en matire de

    dveloppement et de coopration entre Etats nationaux va tre vite

    copie et mme donner naissance des groupements rgionaux, rivaux

    5P. CLAVAL : Gopolitique et gostratgie. La pense politique, l'espace et le territoire

    au XXe sicle, p 145, Editions Nathan, Paris, 1994.

    19

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    Dans ce sens, les pays socialistes de l'Est, ayant leur avant-

    garde l'URSS, mettent en place ds 1949, soit deux annes seulement

    aprs la naissance de la CECA, une organisation conomique

    commune appele le Conseil d'assistance conomique mutuelle(CAEM). L'objectif affich du CAEM est d'intgrer les pays de l'Est.

    Runissant la quasi-totalit des pays de l'Europe de l'Est

    (URSS, Pologne, Hongrie, Tchcoslovaquie, Rpublique Dmocratique

    Allemande, Roumanie, et l'Albanie jusqu'en 1961) et deux pays extra

    europens (le Vit-nam partir de 1978 et Cuba partir de 1972), cesystme ne va pas cependant amplement bnficier aux diffrents

    partenaires cause de la spcialisation qu'impose l'URSS ses

    partenaires et cause du systme de planification centralis ne tenant

    pas compte dans tous les cas des contraintes locales de dveloppement.

    Le CAEM, vaste espace conomique domin par l'URSS,

    quoique contest par quelques partenaires, n'est dissous qu'en 1990

    avec l'implosion du Bloc de l'Est. Il a largement contribu la division

    du monde en blocs.

    12 - Les pays du Sud : entre l'Ajustement Structurel et leNon-Alignement :

    La division du monde entre les puissances militaires issues de

    la Seconde Guerre a vite conduit un climat de guerre froideentre lebloc occidental ayant sa tte les Etats Unis d'Amrique et le bloc de

    l'est conduit par l'URSS.

    "L'mergence des deux grands la faveur de la Seconde Guerremondiale, mentionne P.Claval, et leur affrontement travers le grand

    jeu de la dissuasion nuclaire simplifient la scne internationale. Les

    puissances qui ne disposent pas de l'arme atomique n'ont qu'une marged'autonomie limite. Celle-ci est cependant variable : l ol'affrontement Est-Ouest est le plus direct, en Europe, au Moyen Orient

    et en Extrme-Orient, les gouvernements doivent choisir clairement leurcamp. Les positions neutralistes sont exclues, et ceux qui les adoptentsont tt ou tard happs par la logique des blocs..."

    6

    Ainsi, malgr le mouvement de Non Alignement, lanc dans les

    annes cinquante (Confrence de Bandoeng en 1956) qui se voulait une

    6 Idem que note 2.

    20

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    alternative la division du monde entre les deux blocs, les pays du

    Tiers-Monde, dont les conomies sont gnralement, sinon toujours

    fragiles car dpendantes des anciens pays mtropolitains, n'avaient

    d'autre choix que de rallier le bloc occidental lorsque leur accession

    l'indpendance politique navait pas t juge subversive ou de tenterde profiter des divergences opposant les deux blocs pour pouvoir

    lancer un processus d'industrialisation.

    C'est dans ce cadre simplifi qu'est n l'"Ajustement

    Structurel" connu galement sous l'appellation du Trait de Lom.

    121- Le Trait de LOME ou l'Ajustement structurel prfrentiel.

    Les mouvements d'indpendance nationale, lancs ds la fin de

    la Seconde Guerre travers le monde c'est--dire dans la partie Sud dela plante, ont conduit les anciens pays coloniss accder leur

    indpendance politique. Ainsi, si l'indpendance politique devient un

    fait qu'il n'y a plus lieu de ngliger, il en est autrement de

    l'indpendance conomique qui, elle, est plus complexe et semble mme

    ncessiter chaque fois un plus grand nombre de pays, c'est dire un

    espace plus vaste pour le contrle des ressources naturelles donc pour

    la reproduction du capital.

    "Les nations qui viennent d'accder l'indpendance nationale,note encore P.CLAVAL, sont donc soumises des sollicitationsnombreuses de la part des pays europens et des Etats-Unis, ou del'URSS ou de la Chine. Tous ces pays cherchent asseoir leur influenceen proposant des programmes de coopration. Ils essaient d'aller au delet offrent des alliances qui assurent la scurit extrieure, un appui sous

    forme d'armement, de formation de cadres ou d'intervention directecontre les actions subversives intrieures, et des programmes d'aideimportants"

    7.

    Dans ce cadre, plusieurs pays de la CEE, lis, au moment de la

    cration de cette organisation, aux TOM, consacrent une large place

    leurs colonies d'Afrique, des Carabes et du Pacifique.

    Ces pays, c'est--dire les pays ACP, ont t, de 1958 1975,

    associs par le Trait de LOME et par des conventions particulires :

    les conventions de YAOUNDE I en 1963 et YAOUNDE II en 1969.

    7P. CLAVAL, op cit, pp. 123-124.

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    Depuis 1975, date de la tenue de la premire Confrence entre

    les pays de la Communaut Economique et les pays ACP, plusieurs

    autres confrences ont runi les deux parties. Aujourd'hui, leur

    nombre s'lve quatre soit LOME I (1975), LOME II (1980), LOME

    III (1985) et LOME IV (1990) et la sphre des pays concerns par lespolitiques d'ajustement structurel conformment aux premires

    relations historiques, conomiques et culturelles les liant aux pays de laCEE n'a pas cess de s'largir. En effet, le nombre de signataires de la

    premire Convention de Lom tait de 46, celle de la seconde de 57,

    celle de la troisime de 64 et celle de la quatrime de 69. Aujourdhui,

    les pays ACP sont au nombre de soixante-dix8

    En dpit de son accroissement, l'effectif des pays signataires

    des PAS dans l'esprit de LOME a peu ou pas volu tant donn que

    l'objectif fondamental qui semble tre recherch par ces accords n'est

    pas seulement le dveloppement conomique de ces pays mais aussi etsurtout le maintien de l'influence culturelle et politique qu'exercent les

    pays de la CEE sur les pays bnficiant de l'aide bilatrale et

    multilatrale.

    Le type d'ajustement structurel prn dans ces pays dpasse

    souvent, sinon toujours le champ conomique. Il s'agit d'un

    ajustement structurel se faisant par l'octroi de quelques "faveurs" et

    l'ombre de quelques grandes puissances conomiques et financires

    occidentales qui tentent de runir ces pays dans des zones de librechange locales (la zone franc est un bon exemple d'illustration enAfrique sub-saharienne) avec l'objectif d'impulsion d'une dynamique

    interne de dveloppement.

    Nanmoins, les rsultats, souvent mdiocres, obtenus par ce

    type de "coopration" et d'intgration entre pays dvelopps et pays

    sous-dvelopps ainsi que les vnements conomiques et politiques

    8 Ce sont, dans l'ordre alphabtique, les suivants : Angola, Antigua et Barbuda,

    Bahamas, Barbade, Belize, Bnin, Bostwana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-

    Vert, Centrafrique, Comores, Congo, Cte d'Ivoire, Djibouti, Dominique, Erythre,Ethiopie, Fidji, Gabon, Gambie, Ghana, Grenade, Guine, Guine-Bissau, Guine

    Equatoriale, Guyane, Hati, Jamaque, Kenya, Kiribati, Lesotho, Liberia, Madagascar,

    Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda,Papouasie-Nelle-Guine, Rpublique Dominicaine, Rwanda, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte

    Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, Salomon, Samoa Occidentales, Sao Tom etPrincipe, Sngal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Suriname, Swaziland,

    Tanzanie, Tchad, Togo, Tonga, Trinit et Tobago, Tuvala, Vanuata, Zare, Zambie etZimbabwe.

    22

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    ayant marqu la dcennie 80-90, sont l'origine de la redfinition de

    nouveaux programmes d'ajustement structurel. La nouveaut rside

    dans le fait que ces programmes, quoique mettant en comptition

    directe des pays ayant des places diffrentes dans le systme

    conomique mondial, sont de plus en plus mis en oeuvre par lesinstitutions financires et montaires internationales.

    122 - L'Ajustement structurel , consquence de la crise des annesquatre-vingts :

    Au cours des annes soixante-dix, alors que la crisecaractrisait l'ensemble des pays capitalistes avancs, la grande partie

    des pays du Tiers Monde a t relativement prserve des effets de

    celle-ci. Certains d'entre eux ont mme, l'image de l'Algrie et des

    autres pays de l'OPEP ainsi que des pays exportateurs de ressourcesnaturelles tel que le Maroc, connu des taux de croissance

    particulirement satisfaisants. Les raisons de cette croissance sont

    l'amlioration des termes de l'change (augmentation des prix du baril

    de ptrole partir de 1973) et l'apport de ressources financires de

    l'extrieur des taux d'intrt rels avantageux.

    Mais au dbut des annes quatre-vingts, la riposte des pays

    industriels l'augmentation des prix du ptrole a vite conduit un

    renversement de tendance se caractrisant nouveau par ladtrioration des termes de l'change (augmentation des prix des

    produits finis et semi-finis) et par la raret des disponibilits

    financires (dvaluation du cours du dollar, augmentation du taux

    d'intrt, etc...).

    Ainsi les stratgies de sortie de crise adoptes par les pays

    industriels ont vite gnr des effets ngatifs sur l'ensemble des pays du

    Tiers Monde qui doivent faire dsormais face des besoins de

    financement importants : le rsultat est alors l'apparition d'undsquilibre des balances des paiements de ces pays. Le Fonds

    Montaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) font leur

    entre sur la scne et deviennent des acteurs prpondrants de la

    gestion de la dette extrieure des pays du Tiers Monde, si bien que la

    possibilit d'obtenir de nouveaux crdits passe dsormais par la

    dfinition de politiques d'ajustement structurel ayant reu l'aval de ces

    deux institutions.

    C'est donc dans ce cadre que sont ns les programmesd'ajustement structurel"autonomes"ou encore de "seconde gnration

    23

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    dsignant par l l'ensemble des pays du Tiers Monde, essentiellement

    latino-amricains et africains, auxquels ont t appliques les mesures

    du Sommet des Chefs d'Etat en 1981 Cancun. Plus tard, l'Ajustement

    Structurel tel que prconis par le FMI et la BM a t appliqu aux

    anciennes conomies planifies la suite de leffondrement du bloc del'Est ainsi qu' plusieurs pays du mouvement de Non Alignement. Puis

    l'effectif des pays ligibles au nouvel Ajustement Structurel tend sedvelopper...

    Aussi, ce groupe de pays tend-il se diffrencier des Pays ACP

    par la nature mme de leurs partenaires respectifs. Alors que dans lepremier cas, il est cr un type de "socit cran" (le FMI et la BanqueMondiale) entre les pays du centre et ceux de la priphrie dans le

    second cas, les relations entre les deux groupes de pays continuent

    tre influences par les Etats pris individuellement. Cela estprobablement d au niveau de dveloppement diffrent atteint par

    chacun des groupes. Les pays du sud ne sont-ils pas classs en pays de

    la priphrie centrale et en pays de la priphrie priphriqueou pourreprendre la terminologie dominante enpays en voie de dveloppementet enpays les plus dmunis?

    Dans cet esprit, il est lgitime de s'interroger sur les projets de

    partenariat conomique entre l'Union Europenne et les pays de l'Est

    (PECO) et entre la premire et ceux de la rive sud de la Mditerrane(PTM). Ces accords ne risquent-ils pas d'tre un prolongement des

    politiques appliques aux Pays ACP ou inaugurent-ils, au contraire, de

    nouvelles relations entre Etats politiquement indpendants quoique

    conomiquement diffrents? La distinction dans le groupe des pays

    soumis aux PAS entre ceux dont l'ajustement est dj appuy

    (financirement ou non) par les principaux donateurs multilatraux

    (pays ACP) et ceux qui mettent en oeuvre un processus d'ajustement

    "autonome" (Maroc, Tunisie, Egypte, Algrie, etc.) n'aurait-elle pas

    pour signification une plus grande spcialisation internationale desconomies locales et une plus grande hirarchisation au sein du

    systme conomique mondial entre les conomies nationales? La

    nouvelle politique de partenariat qui semble avantager le facteur

    "proximit gographique" ne risque-t-elle pas de se faire au

    dsavantage des pays "lointains"? Cette politique n'est-elle pas un

    nouveau moyen d'hirarchisation des relations entre les diffrents

    groupes de pays du systme conomique mondial? La politique de

    l'ajustement structurel est-elle seulement conomique ou a-t-elle un

    contenu stratgique qui tend stratifier davantage les pays de lapriphrie?

    24

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    Toutefois, on doit retenir que l'objectif de ces accords, qu'ils

    concernent les pays ACP ou les pays dits ajustement "autonome" ou

    encore ceux de la zone de libre change liant les USA d'autres pays

    amricains depuis 1994 (Mexique,...), demeure le mme savoir lacration de zones de libre change c'est--dire l'largissement de

    l'espace de reproduction du capital. Mais l'largissement de l'espace dereproduction du capital, la zone de libre change, profitent-ils

    rellement aux pays du Tiers-monde?

    13 - Rsultats des PAS dans les pays ACP :

    Aussi pour revenir l'ajustement structurel sous sa premire

    forme, relvera-t-on que l'effectif des pays ayant sign en 1994 les

    accords de LOME IV s'est lev 69 dont 46 du continent africain, 15des Carabes et 8 du Pacifique contre 46 pays signataires en 1975. Mais

    on peut galement noter qu'en matire d'volution de la sphre des

    pays soumis l'Ajustement structurel depuis 1975, une Confrence ne

    se distingue d'une autre que par l'effectif des pays qu'elle enrle de

    nouveau.

    En effet le bilan de l'Ajustement structurel des pays ACP est

    loin d'tre satisfaisant. C'est du moins ce qu'ont pu constat plusieurs

    chercheurs qui, au milieu de l'anne 1994, ont relev que l'ajustementstructurel quoiqu'il ft "inluctable" s'est finalement sold par des"rsultats dcevants".

    Dans une tude rcente, Philippe HUGON9 montre en effet

    pour les pays de l'Afrique sub-saharienne que :

    -le PIB par habitant est pass de 854 $ US en 1978 565 $ US

    en 1989 soit une diminution de 33 % environ;

    - la chute des revenus s'est accompagne d'une baisse de

    l'pargne intrieure passant de 17 % du PIB en 1980 10 % en 1987;- le taux de croissance de la production agricole, sur la longue

    priode, reste infrieur celui de la population;

    - la part de l'Afrique subsaharienne dans le commerce mondial

    est passe de 2,5 % en 1980 1,2 % en 1987;

    9Philippe HUGON : La problmatique de l'ajustement, l'exprience de l'Afrique sub-

    saharienne, ouvrage collectif "Ajustement et dveloppement", ralis sous lacoordination de Driss GUERRAOUI, op cit.

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    - la dette long terme n'a pas cess d'augmenter en passant de

    11 milliards de $ en 1970 prs de 200 milliards la fin des annes 80,

    etc...

    Mais ct de la dtrioration de la situation conomique despays africains ayant mis leurs conomies sous ajustement structurel

    dans les annes quatre-vingt, de graves dsquilibres politiques etsociaux sont gnrs et font mme l'objet de proccupations des

    experts internationaux dans l'laboration des nouveaux PAS.10

    "

    Les raisons de cet chec sont, au moins, au nombre de trois queP & S. GUILLAUMONT rsument comme suit :

    - Les programmes d'ajustement structurel, au lieu dentraner

    le dveloppement du secteur d'exportation, se sont solds par le"dveloppement de l'conomie informelle" qui reste difficile mesurer

    donc difficile contrler. "Jusqu'en 1981, soulignent A. BENZAKOUR et F. KRIA propos du secteur informel tunisien,lespetitsmtiers et l'artisanat taient totalement ignors comme secteursconomiques spcifiques. L'absence de lgislation, probablement justifie

    par la conviction chez les dcideurs que le secteur moderne finira parabsorber totalement le secteur informel, est en contradiction flagranteavec le poids de plus en plus important de ce dernier..."

    11;

    - La seconde cause de l'chec des PAS est, pour revenir P &

    S. Guillaumont, la spcialisation internationale et le dveloppement du

    secteur d'exportation prconiss comme moyen de mobilisation des

    ressources extrieures qui n'ont pu fonctionner cause de la

    dtrioration des termes de l'change;

    - Les programmes d'ajustement structurel reposent sur des

    objectifs de rentabilit de moyen et long terme. Or dans les pays

    10- "En Afrique notamment, relve un groupe d'auteurs, la dtrioration de la situation conomique au

    cours des annes 80 est alle de pair avec des violences politiques accrues et l'exacerbation des conflitsintrieurs. Cette dtrioration a eu un impact d'autant plus fort que l'Afrique dj trs instablepolitiquement, au point d'tre considre comme la rgion "par excellence" des coups d'Etat.

    Dans toutes les rgions, et pas seulement en Afrique, on a pu galement observer des ractionsviolentes certaines mesures de stabilisation, qu'il s'agisse de programmes d'ajustement indpendantsou appliqus dans le cadre d'un accord avec le FMI", tir de :C. MORRISSON, J.D. LAFAY et S. DESSUS : "La faisabilit politique de l'ajustement dans les paysafricains", 99 pages, Centre de Dveloppement de l'OCDE, Paris Nov. 1993, p13.

    11- Abderrahman BEN ZAKOUR et Farouk KRIA : Le secteur informel en Tunisie :

    cadre rglementaire et pratique courante, p15, C.D.- OCDE, Paris, Nov. 1992, 95pages.

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    soumis l'ajustement structurel, les niveaux de vie des populations

    sont faibles cause prcisment de la faible productivit du travail,

    elle-mme conditionne par le niveau de l'investissement qui est faible.

    Autrement dit, la politique de l'Ajustement structurel telle qu'elle a t

    conue durant les vingt dernires annes n'est pas parvenu casser "lachane des cercles vicieux du sous dveloppement". Enfin, on

    conviendra avec les deux auteurs prcits que : "Plus le niveau duproduit par tte est faible, plus il est difficile de faire baisser larmunration relle du travail pour accrotre la comptitivit, sans risquede rduire simultanment la productivit des travailleurs : en effet la

    baisse de leurs revenus est susceptible dentraner une dgradation del'alimentation et de la sant, si bien qu'au total la rduction des cotssera compromise et l'accroissement de comptitivit attendu de la baissedes salaires ne sera pas obtenu"

    12

    Ainsi on comprend que la russite des politiques d'ajustement

    structurel est conditionne par plusieurs mesures dont un niveau

    d'investissement additionnel lev qui permette d'amliorer le niveau

    de productivit du travail dans le "secteur d'exportation" notamment,

    lequel secteur doit servir de base l'accumulation du capital et la

    croissance de l'conomie nationale.

    Cette variable semble tre dsormais prise en charge par les

    nouveaux traits de coopration qui prvoient, citons le cas du projetde cration l'horizon 2010 de la ZLE euro mditerranenne, des

    aides financires pour le dveloppement des pays intgrer.

    Nanmoins, l'investissement extrieur quoique reprsentant dans la

    pratique la solution espre par les pays appliquant les PAS n'est,

    comme nous le verrons plus loin, qu'un moyen parmi d'autres qui doit

    stimuler le dveloppement du secteur exportateur. Les P.A.S, signifiant

    aussi une limitation de l'action de l'Etat dans l'activit conomique,

    reposent sur le dynamisme des agents conomiques nationaux et

    trangers qui doivent mobiliser les ressources ncessaires audveloppement. C'est du moins ce qui se dgage des thories rcentes

    du commerce international qui sont le fondement des politiques

    d'ajustement.

    II - Contenu et objectifs de l'Ajustement Structurel

    12

    P. Et S. GUILLAUMONT : Ajustement et dveloppement, l'exprience des pays ACP(Afrique, Carabes, Pacifique), Editions Economica, 1994, 393p. P73.

    27

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    21-Dfinitions de l'ajustement structurel :

    La notion d'ajustement structurel a connu plusieursdfinitions13

    . LAjustement structurel est assimil par moment la

    recherche du seul quilibre de la balance des paiements et par ailleurs,il est dfini comme l'ensemble des mesures visant introduire des

    normes de gestion rationnelle des ressources montaires et financires

    publiques. D'autres conomistes enfin, le prsentent comme la caution

    qu'apportent les institutions financires internationales un paysdonn pour ajuster son conomie aux lois du march.

    L'ajustement structurel peut tre galement dfini par rapport

    aux multiples objectifs qu'il tente de raliser simultanment. Considrsous cet angle, l'ajustement structurel est peru comme l'ensemble des

    mesures conomiques et institutionnelles que doivent mettre en

    application des pays donns pour pouvoir rtablir leurs quilibres

    conomiques globaux. Ce sont des mesures qui s'appliquent aux pays

    en situation de crise conomique et financire, c'est--dire

    particulirement aux pays de la priphrie du systme conomique

    mondial.

    Mais comme ce dernier est volutif et se caractrise parl'hgmonisme des pays capitalistes avancs sur le reste du monde et

    que la tendance globale est l'homognisation des modes de

    production conomique, qui tendent tre remplacs, de plus en plus,

    par le mode de production capitaliste, ces mesures, qu'elles

    s'appliquent aux pays de l'ancien bloc socialiste, ceux du groupe dit

    de non alignement ou aux autres pays du Tiers monde, sont quasiment

    les mmes. Elles ont pour objectif commun l'adoption par toutes les

    conomies soumises l'ajustement des lois du march et du

    capitalisme.

    13P. HUGON en recense au moins trois qu'il attribue :

    GUILLAUMONT(1985) : "LA.S. peut tre dfini stricto sensu comme l'ajustementdurable de la balance des paiements obtenu au moyen d'une adaptation des structures

    conomiques (principalement des structures de production), c'est--dire autrement quepar une rduction de la croissance conomique ou par un recours accru ou excessif auxcapitaux extrieurs"

    28

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    22 - Objectifs des Programmes d'Ajustement Structurel.

    Grard GRELLET14 dont les travaux de recherche sont

    consacrs, en partie, aux fondements thoriques des PAS recense lescinq objectifs suivants :

    221 : l'ajustement des parits entre les monnaies.

    L'ajustement des parits entre la monnaie nationale et les

    monnaies trangres communment appeles les devises est l'un desobjectifs assigns aux PAS. Deux sous objectifs sont recherchs ce

    niveau.

    Le premier concerne l'accroissement du stock des devises pourle secteur priv et les rserves officielles. Aussi, le secteur priv doit-il

    bnficier, au mme titre que les entreprises du secteur public, du libre

    accs aux devises moyennant dpt en monnaie locale.

    Le second sous objectif est la recherche de la vrit des prix et

    l'tablissement d'un taux de change unique au sein de la mme

    conomie nationale. L'ajustement de la parit de la monnaie nationale

    s'avre ncessaire d'autant que les pays sous-dvelopps se

    caractrisent globalement par l'existence d'un secteur informel quitend dvelopper de plus en plus ses propres lois de fonctionnement

    mais qui sert aussi de rfrence aux institutions montaires et

    financires internationales pour la fixation du taux de change officiel.

    Les actions prconises au titre de ce chapitre sont la

    dvaluation de la monnaie nationale et la cration d'un march

    interbancaire.

    -au FMI : "il vise rtablir la balance extrieure courante et un niveau de dpenses

    viables de faon rduire les baisses de production court terme et prserver lacapacit de l'conomie poursuivre sa croissance",

    -SEVERINI, SERVANT (1990) :L'A.S est "un processus institutionnel qui se traduit par

    l'adoption d'accords conomiques et financiers par des pays en dveloppement avec les

    Institutions de Bretton Woods dans lesquels ces derniers cautionnent un programme derformes en change de concours financiers accords pour l'essentiel par les bailleurs

    bilatraux".Se confrer P. HUGON, op cit.

    14G.GRELLET : "Les politiques d'ajustement orthodoxes : un point de vue critique" in

    RTM, n109, janv-mars 1987.

    29

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    222-L'encadrement des crdits:

    Le crdit dans les pays priphriques, notamment dans les

    pays o le secteur public reprsente l'essentiel des infrastructuresconomiques, est gnralement tourn en direction de ce seul secteur.

    Aussi l'objectif vis consiste-t-il dans la suppression de la slectivit desbnficiaires du crdit et dans la limitation de l'endettement des

    entreprises auprs du Trsor : la Banque Centrale doit intervenir

    directement sur le march financier et montaire (mise en place d'un

    march montaire interbancaire, application de taux d'intrt rels,etc.). A ce propos, il est reproch aux pays priphriques d'appliquer

    des taux d'intrt trs en d a du cours international (taux d'intrt

    rel ngatif);

    223-La rduction du dficit budgtaire.

    Celui-ci est impuls, comme nous le verrons plus loin pour le

    cas de l'Algrie (chap III), par la baisse des revenus extrieurs et par la

    dtrioration des termes de l'change de ces pays qui ont continu

    appliquer la mme politique dintrt gnral.

    Vivant en de de leurs moyens rels, ces pays sont-ils donc

    appels rduire les effectifs des travailleurs (chmage dguis), rechercher un quilibre durable des entreprises publiques, baisser le

    niveau des salaires rels et rduire les dpenses de fonctionnement?

    Rduire le dficit budgtaire et lutter contre l'inflation, c'est

    s'attaquer galement l'accroissement incontrl de la masse

    montaire, la forte consommation publique, en un mot la rduction

    de lexcs de la demande sur l'offre

    224-La libralisation du march.

    Cet objectif semble concerner en particulier les pays qui

    avaient opt par le pass pour un systme d'conomie tatique. On sait

    que dans ce systme, les prix, gnralement bas, sont administrs et

    que l'activit conomique est organise sous forme de monopoles. Les

    effets de cette politique sont la faible croissance de l'conomie,

    l'accroissement des dficits des entreprises et leur faible performance

    conomique, ce qui en dernier ressort conduit l'accroissement de

    l'endettement public (voir ci-dessus). C'est pourquoi il apparat que lalibralisation du march ne peut se faire sans la rhabilitation, la

    30

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    liquidation ou la privatisation des entreprises du secteur public et sans

    la recherche de la vrit des prix.

    225 - l'ouverture de l'conomie sur l'extrieur.

    La justification essentielle voque au titre de ce chapitre est

    que les entreprises nationales (tatiques et prives) bnficiant d'uneprotection qui leur permet de s'accaparer des rentes de situation, n'ont

    pu devenir performantes cause prcisment du manque de

    concurrence et de comptition avec les entreprises trangres.

    En outre, l'ouverture de l'conomie sur l'extrieur repose sur

    l'hypothse selon laquelle les entreprises trangres seraient tentes

    d'investir dans les secteurs o les taux de profit sont plus levs que

    dans le pays d'origine. Les bienfaits de cette ouverture sur l'extrieursont l'innovation technologique, l'apport de capitaux supplmentaires

    l'conomie nationale, etc.

    Nanmoins, on doit retenir avec Moses IKONICOFF, que les

    objectifs gnraux ou politiques du FMI varient avec "la logiquedominante du systme capitaliste, diffrentes poques et avec lastratgie des principaux acteurs, l'chelle internationale".

    Dans ce sens, l'auteur prcit recense trois principales tapes

    dans la dmarche du FMI.

    " La premire tape, note-t-il, correspond la prioded'expansion du capital multinational dans l'activit productive. Cette

    priode, qui couvre les annes 50 et 60, est caractrise par une emprisecroissante des grandes firmes trangres sur les systmes conomiquesdes pays du Tiers Monde. L'objectif prioritaire du Fonds est alors de

    rquilibrer les balances d'oprations courantes, le moyen privilgi poury parvenir tant la dvaluation systmatique des monnaies nationales ".La deuxime tape (dcennie 70) correspond l'expansion du capitalfinancier. L'objectif du Fonds n'est plus tant l'quilibre de la balance desoprations courantes que la mise en place de mcanismes permettent decompenser le dficit par des soldes favorables de la balance descapitaux... Au cours de la priode qui dmarre vers le dbut des annesquatre-vingts, la logique qui prsidait au comportement du Fonds, lors dela prcdente phase, ne change pas, l'quilibre de la balance des

    paiements devant rester li au fonctionnement du march de capitaux.Toutefois, comme on se trouve en priode de pnurie de ressources

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    financires, il devient ncessaire de rduire le niveau de l'activitconomique par les moyens indiqus dans les programmes d'ajustementstructurel"

    15.

    Il ressort de cette citation une interaction et une volutionlogique dans la dmarche du FMI qui tend, selon les tapes historiques,

    apporter des solutions la crise du capitalisme des pays du Centre.On doit rappeler cet effet, que la rsolution de la crise du MPC est

    conditionne par la recherche de dbouchs c'est--dire d'un "marchextrieur", de prfrence de plus en plus large. On doit rappeler

    galement que la recherche de "marchs extrieurs est synonyme,comme l'a montr notamment A. Emmanuel dans son ouvrage "Le

    profit et les crises", d'une distribution priori de revenus pour

    pouvoir continuer assurer le processus d'accumulation du capital.

    Pris dans cet engrenage, les pays du Tiers Monde ont bnfici

    dans les annes soixante-dix, c'est--dire durant la phase de rcession

    des conomies dveloppes, de crdits leurs ayant permis de lancer,

    pour certains d'entre eux, des processus d'industrialisation. Ils ont de

    ce fait particip activement la relance de l'activit conomique des

    pays dominants en leurs offrant des dbouchs. Les processus

    d'industrialisation mis en place dans les pays du Tiers monde n'ont pu

    malheureusement, pour diverses raisons d'ailleurs, fonctionner; d'o

    l'invitable problme de l'endettement qui a donc conduit la mise enplace de politiques d'ajustement structurel dans ces mmes pays.

    Il devient alors intressant de savoir en quoi, lapplication des

    nouvelles propositions d'ouverture en direction de ces mmes pays

    n'est pas la reproduction l'identique de la situation antrieure c'est-

    -dire en quoi l'octroi de nouveaux crdits aux pays en dveloppement

    ne favoriserait-elle pas leur endettement croissant.

    Dans ce sens, on soulignera avec Ann VOURC' H que :" Surles 157 accords (de rchelonnement) signs de 1980 juin 1991 pour 53

    pays, le Club de Paris a rchelonn un montant de 144 milliards dedollars de 1990. Pour mettre cette somme en perspective, poursuitl'auteur, on peut la comparer celle calcule par la mme mthode,c'est--dire en prix de 1990, des nouveaux prts accords par les pays du

    15Moises IKONICOFF : Une politique conomique alternative pour le Tiers Monde?

    Les leons du Plan "Austral" et du Plan "Cruzado" in RTM, n109, janv-mars 1987, pp.31-32.

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    Comit d'Aide au Dveloppement de l'OCDE ces mmes pays de 1980 1991. ... cette somme se monte 80 milliards de dollars environ.

    "Il est intressant de constater que sur les 144 milliards de

    dollars, conclut-elle enfin, 64 (soit 44 %) sont attribuables aux seuls

    accords de la Pologne et de l'Egypte. Les pays du programme spciald'assistance de la Banque mondiale ne reprsentent quant eux que 10

    % de ce montant"16.

    L'endettement croissant et son corollaire, le rchelonnement,

    permettent-ils dans le cas spcifique de l'Algrie de relancer l'conomie

    ou augurent-ils d'un processus d'endettement illimit?

    Conclusion

    L'analyse du systme conomique mondial contemporainmontre que la contradiction qui a divis le monde en deux blocs depuis

    la seconde guerre mondiale tend laisser place depuis la fin des annes

    quatre-vingt, c'est--dire depuis l'implosion du "bloc socialiste" la

    formation d'espaces conomiques rgionaux intgrant la fois les pays

    du centre et ceux de la priphrie du systme conomique mondial.

    Malgr les difficults rencontres par les pays en voie de

    dveloppement dans le domaine d'une intgration bnfique au

    march mondial, c'est pourtant une nouvelle re qui s'ouvre devant

    eux, re les mettant sur la mme ligne de comptition avec les paysdvelopps : la mondialisation de l'conomie se met en place et les

    frontires s'effacent dsormais devant la ncessit d'une meilleure

    rationalit conomique internationale ...

    L'intgration des pays de la priphrie ces ensembles n'est

    pas nouvelle. En effet, l'Europe occidentale a dj tent cette

    exprience avec plusieurs pays sous-dvelopps, c'est--dire avec les

    pays ACP dans le cadre d'un ajustement spcifique des conomies de

    ces derniers. Les rsultats de cette exprience de dveloppement riched'une vingtaine d'annes sont jugs par la plupart des spcialistes

    comme tant catastrophiques : le niveau de vie des populations, au lieu

    de s'lever, s'est rod, la participation des conomies dans le

    commerce mondial s'est effondre, etc.

    Ds lors, un autre type d'ajustement structurel, l'"ajustement

    structurel autonome", est envisag et une autre exprience de co-

    16-Ann VOURC'H : L'allgement de la dette au Club de Paris : les volutions rcentesen perspective, p22, CD-OCDE, Paris, Juin 1992, 57 pages.

    33

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    dveloppement entre pays du centre et ceux de la priphrie

    est mise en application.

    Cette seconde exprience diffre de la premire par le fait que

    les auteurs des programmes d'ajustement structurel tendent devenirde plus en plus "impersonnels", en ce sens que la confection et le suivi

    de la mise en application sur terrain de ces programmes sontdsormais confis aux institutions financires internationales, le FMI et

    la BM, dont l'appui aux conomies ligibles au PAS est conditionn par

    la volont du pays ligible privatiser le secteur public, ouvrir

    l'conomie nationale sur l'extrieur, promouvoir la concurrence et lacomptition internationales, etc., en un mot contribuer

    l'largissement de l'espace de reproduction du capital.

    C'est cette condition que plusieurs conomies de payspriphriques ont pu bnficier de l'appui financier du FMI et de la

    Banque Mondiale d'une part et que, les pays de l'Union Europenne

    acceptent de promouvoir un dveloppement en commun avec les pays

    du sud de la Mditerrane d'autre part.

    Ceci nous amne nous intresser de prs au cas de l'conomie

    algrienne et nous interroger, mme de faon indirecte, sur sa

    capacit s'intgrer dans le nouvel espace conomique.

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    Chapitre II - La "crise" de l'conomie algrienne :

    de la croissance la rcession.

    L'conomie algrienne est en crise, en dpit des mesures de

    restructuration des entreprises mises en application au dbut des

    annes quatre-vingts et des rformes mises en place depuis 1987.

    La crise affecte les quilibres globaux de l'conomie mais

    aussi la structure des entreprises ainsi que leur environnement c'est--

    dire les branches et secteurs conomiques. Il s'agit d'une crise

    conomique structurelle qui affecte la reproduction du systme

    conomique et social.

    Dans ce sens, l'objet de ce chapitre est de tenter de

    caractriser la crise qui affecte l'conomie algrienne c'est--dire

    d'identifier d'une part ses manifestations et d'autre part de la dater

    donc de tenter d'identifier ses causes historiques les plus immdiates.

    Contrairement la crise antrieure aux annes quatre-vingts,

    crise affectant, il est vrai, le systme productif17

    mais accompagne, la

    conjoncture mondiale aidant, par des taux de croissance macro-conomiques positifs et mme trs satisfaisants au vu du reste du

    monde, la crise actuelle c'est--dire postrieure 1980 est une crise

    de rcession.

    En effet en plus des manifestations traditionnelles

    caractrisant la crise du systme productif algrien, l'conomie

    enregistre depuis une dizaine d'annes dj des taux de croissance

    ngatifs.

    La crise n'pargne aucun secteur d'activit et se manifeste tous les niveaux de l'organisation de l'activit conomique : au niveau

    macro-conomique, comme au niveau sectoriel et au niveau de

    l'entreprise, la crise de rcession est omniprsente.

    17- Se confrer en particulier aux travaux de:

    - A.BENACHENHOU: Planification et dveloppement conomique en Algrie, Imp.Commerciale, Alger, 1980.

    -P.S THIERRY: La crise du systme productif algrien, thse de doctorat d'Etat, ParisVIIIe, 1982.

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    I : La rupture des quilibres macro-conomiques:

    L'analyse des agrgats macro-conomiques des dix dernires

    annes, du moins leurs taux de croissance, montre que l'conomiealgrienne est soumise depuis le milieu de la dcennie 80-90, plus

    prcisment depuis 1986, une reproduction rtrcie. Sa croissance estngative.

    Que l'on considre en effet, le Produit Intrieur Brut (PIB),

    la Production intrieure Brute (PiB), le Produit National Brut (PNB)ou encore la Consommation Intrieure par tte (Cp.c), on ne relve,

    de rares exceptions, que des taux de croissance ngatifs.

    Le taux de croissance du PNB, qui s'tait lev 5,6 %conscutivement en 1984 et 1985, est ngatif entre 1986 et 1988

    (respectivement -0,2 et -1,9 %) positif en 1989 (+4,9 %) ngatif en 1990

    (-1,3 %) et galement ngatif en 1993 (-1,9 %) et en 1994 (-0,2 %).

    Ceci est galement le cas de la PiB qui passe d'un taux de 8,6

    % en 1985 -17,2 % en 1986, -5,1 % en 1988, -1,6 % en 1992 et -5 %

    en 1993.

    Le taux de croissance du PNB par tte, aprs avoir atteint lacte de 2,4 % en 1985 (1,9 % en 1984), n'a pas cess d'tre ngatif

    depuis cette date, sauf cependant pour l'anne 1989 (2,2 %). Il est de -

    3,5 % en 1986, de -5,8 % en 1988, de -4 % en 1991 et de -3,5 % en

    1993.

    Le PIB, le PNB et la PiB ayant baiss, cela a galement influ

    ngativement sur la consommation. En effet le taux de croissance de la

    consommation par tte passe de 2,1 % en 1985 -2,4 % en 1986, -9,8

    % en 1988, -0,6 % en 1991 et -6,2 % en 1993.

    L'volution des taux de croissance des diffrents agrgats est

    donne par le tableau suivant (page suivante)

    Aussi pour contrer la croissance ngative de l'conomie, les

    autorits ont-elles d faire recours dans une situation de dtrioration

    des termes de l'change, un endettement extrieur de plus en plus

    croissant.

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    Tab 1: Evolution des taux de croissance des principauxagrgats de l'conomie algrienne (1984-1993) .

    Anne PIB PiB PNB/tte Cons./tte

    1984 5,6 4,9 1,9 2,0

    1985 5,6 8,6 2,4 2,11986 -0,2 -17,2 -3,5 -2,4

    1987 -0,7 -1,6 -2,3 -6,0

    1988 -1,9 -5,1 -5,8 -9,8

    1989 4,9 7,0 2,2 4,2

    1990 -1,3 -7,4 -3,8 -4,9

    1991 0,1 2,5 -4,0 -0,6

    1992 2,2 -1,6 0,0 -0,7

    1993 -1,9 -5 -3,5 -6,2

    Sources: CNP et BM - Extrait p. 3

    L'approvisionnement de l'conomie nationale en biens

    intermdiaires et celui de la population en produits alimentaires, a t

    en effet ralis grce un endettement extrieur massif. La dette

    extrieure qui s'levait 14 918 millions de $ US en 1984 passe 27 919

    millions $ en 1991 et prs de 32 000 millions de $ en 1995 et 36

    milliards de dollars nous fier aux rsultats d'une tude spcialise

    rcente.

    L'endettement extrieur, au lieu de se traduire par

    l'amlioration du systme productif notamment par le renouvellementdes quipements et par l'amlioration du niveau de vie de la

    population, s'est au contraire accompagn par la baisse du niveau

    d'investissement, une rosion du pouvoir d'achat ainsi que, comme

    nous l'avons dj soulign, par une baisse du taux de croissance de la

    consommation par tte.

    S'agissant en effet de l'investissement, il faut noter que le

    taux de l'investissement rapport au PIB a connu lui aussi une

    diminution inquitante depuis 1984. D'une valeur de 35,1 % en 1984, ilpasse 29 % en 1991 et 27,6 % seulement en 1993 soit une

    diminution moyenne annuelle de 1 % environ de 1984 1993.

    Le taux d'inflation qui n'tait, quant lui, que de 8,2 % en

    1984 s'lve 16,6 % en 1990, 22,8 % en 1991, 31,8 % en 1992 et 21

    % en 1993.

    Dans ce climat de rcession gnralise et d'un endettement

    important, on assiste une rduction graduelle du dficit budgtaire

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    quoique plusieurs secteurs continuent bnficier d'une subvention

    substantielle.

    En matire donc de l'effort de gestion du dficit budgtaire,

    le montant de ce dernier, rapport au PIB, a connu des diminutionsimportantes entre 1984 et 1988 (respectivement -9 % et -12,8 %), un

    relchement entre 1989 et 1991 (respectivement -2 %, +1 % et +3,2%en 1990) et une reprise rigoureuse partir de 1992 : -6,8% cette

    dernire date et -15,9% en 1993.

    Le tableau ci-dessous retrace l'volution, anne par anne,des quatre indicateurs conomiques prcdemment voqus.

    Tab2 : Evolution des indicateurs macro-conomiques de l'conomiealgrienne de 1984 1993 (suite).

    Anne Dette extrmillions $

    Def budget /PIB en %

    Inv brut /PIB en %

    Inflation(+) en %

    1984 14 918 -9,0 35,1 8,2

    1985 17 126 -9,8 33,2 10,4

    1986 20 482 -11,8 33,5 12,4

    1987 24 395 -7,5 30,0 7,4

    1988 26 038 -12,8 27,2 5,9

    1989 27 000 -2,0 29,0 9,3

    1990 27 637 3,2 28,1 16,6

    1991 27 919 1,0 29,0 22,81992 26 350 -6,8 28,2 31,8

    1993 24 716 -15,9 27,6 21

    1995 32 000 - - -

    Sources: CNP et BM: Extrait p 3.

    Ainsi, au terme de ces premires donnes, on peut souligner

    que les quilibres macro-conomiques de l'conomie algrienne ont t

    entirement rompus depuis 1986 et que cette mme conomies'identifie une conomie rcessive. La rcession touche galement et

    comme soulign plus haut les principaux secteurs conomiques c'est--

    dire l'industrie, le commerce et les services et, quoique de faon

    moindre, le secteur agricole. Nous illustrerons la crise du systmeproductif algrien par le cas du secteur industriel.

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