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ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°317 • novembre 2013 un film de Eva Neymann La Maison à la Tourelle La Maison à la Tourelle À partir du mois de décembre, les Studio proposeront des séances les dimanches matin à 11 heures.

30.10 au 26.11 2013

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Tours • Studio

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ISSN

029

9 - 03

42

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°317 • novembre 2013

un film de Eva NeymannLa Maison à la TourelleLa Maison à la Tourelle

À partir du mois de décembre, les Studio proposerontdes séances les dimanches matin à 11 heures.

Page 2: 30.10 au 26.11 2013

Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,avec la participation de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Enovembre 2013

Les STUDIO sont membresde ces associations professionnelles :

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTIONDU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAEASSOCIATIONFRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATIONDES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENTNATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATIONDES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Le Court s’anime # 10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Rencontres de la bibliothèque des Studio . . . . . . . . . . . 5

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Bande annonceRefonder l’école de la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

HumeurInvictus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Courts lettragesJimmy P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

RencontreRomane Bohringer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

À propos deAlabama Monroe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

RencontreClaire Simon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

InterférencesGare du nord/Danza de la realidad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS : LA MAISON À LA TOURELLE. . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

Prix de l’APF 1998

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3Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013

éditorial

Un « marché » bien fragileL’économie du cinéma a considérablementévolué depuis les années 70 (où le mot mêmede « multiplexe » n’existait pas !) et continuede changer très vite. Le cinéma n’a jamais étéun monde de bisounours mais la concurrenceque se livrent les groupes d’exploitants se faitsans cesse plus féroce. Tout d’abord, le « mar-ché du cinéma » connaît quelques hauts maissurtout des bas (– 10% pour cette année) etun marché plus étroit signifie forcément unelutte plus brutale. L’une des conséquences decet état de fait est que les films « porteurs »sont très convoités des exploitants et que lechoix que fera un distributeur de louer desfilms à tel ou tel cinéma pourra s’avérer déci-sif pour la survie des salles les plus fragiles.Autant dire que la proposition aimablementfaite par le groupe Davoine de laisser les Stu-dio gérer deux salles du nouveau complexeétait vouée à l’échec, ne serait-ce que parceque notre manière de gérer l’emploi du tempsdes salariés n’a que peu à voir avec celle desmégaplexes (or, il aurait bien fallu que les pro-jectionnistes et caissiers fassent l’objet d’unegestion commune…)

Un cinéma élitiste ?Il faut ici revenir sur l’un des clichés qui cou-rent au sujet des Studio : nous serions uncinéma « élitiste », le contraire, donc, de ce quecertains voudraient pouvoir appeler uncinéma « populaire ». Que l’on nous permetteici de revenir sur cette appellation. Il faudraitpouvoir s’entendre sur l’élite dont on parle…Elite intellectuelle ? Très clairement non, puis-qu’une bonne partie des films que nous pro-posons sont « accessibles » à un public trèslarge. (Et qui aurait considéré comme « popu-laire » un film comme Des hommes et desdieux… avant qu’il connaisse l’énorme succèsque l’on a vu !) Nous ne choisissons bien

entendu pas nos films en fonction du critèred’une éventuelle difficulté d’accès mais enfonction des qualités que nous entendons par-tager avec vous. S’agit-il alors d’une élite financière ? Là, lequalificatif est discrédité d’avance ! Les prixpratiqués aux Studio signifient clairementnotre intention d’être bel et bien non-élitisteset accessibles à tous. À tous les curieux toutau moins !

Et le commerce dans tout ça ?La Commission départementale d’aménage-ment commercial a statué, début juillet,qu’elle ne voyait pas de problème commercialà ce qu’un groupe commercial vienne implan-ter un complexe de 10 salles à Tours Nord. Cequi est peut-être moins su, c’est que la déci-sion a été emportée de justesse (3 voix contreet 5 voix pour) alors que les votes des CDACsont généralement quasi-unanimes, ce quimontre qu’une partie non négligeable des élusqui y siégeaient avaient bien compris qu’il nes’agit pas seulement de trancher entre plu-sieurs concurrents qui joueraient tous dans lamême cour…Le dossier est depuis lors remonté jusqu’àParis, où la Commission nationale d’aména-gement commercial va traiter l’affaire avant finnovembre. Il va de soi que nous vous tiendronsinformés de la décision de cette commission.Il va encore de soi que nous ne pouvons queregretter qu’une telle décision soit prise enfonction des seuls critères commerciaux alorsque les Studio ont toujours refusé d’envisagerleur activité sous ce seul angle…

Pour les Studio, ER

PS : Et, bien entendu, tous nos remerciements vont aucollectif de soutien qui œuvre sans relâche pour lemaintien de la diversité cinématographique à Tours,comme à tous les spectateurs, abonnés ou non, qui ontde bon cœur signé la pétition de soutien aux Studio !

Un cinéma pour tous (les curieux)

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Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 20 au 26 novembre 2013 du 30 octobre au 5 novembre 2013SEMAINE 1SEMAINE 4

LA VIE D’ADÈLE CHAPITRES 1 & 2de Abdellatif Kechiche

UN CHÂTEAUEN ITALIE

de Valéria Bruni-Tedeschi

9 MOIS FERMEde Albert Dupontel

JASMINE de Alain Ughetto

NORTHWESTde Michael Noer

NOS HÉROS SONTMORTS CE SOIR

de David Perrault

14h30

19h45

17h30

21h30

14h1519h30+16h00

sauflun-mar

14h30

19h30

14h1517h1519h15

14h1517h3020h45

17h45

21h45

2h59’

1h44’

1h22’

1h10’ + court métrage 7’

1h31’

1h37’

21h45GABRIELLEde Louise Archambault

1h44’

21h15LE MAJORDOME de Lee Daniels

2h12’

14h1517h4519h45

ATTILA MARCEL de Sylvain Chomet

1h46’

16h15sauf

lundimardi

POUPICourts métrages de Zdenek Miler

35’ sans paroles + court métrage 2’

16h00sauf

lun-marTous les jours17h45

SUR LE CHEMINDE L’ÉCOLE de Pascal Plisson

1h18’

21h45BAIKONURde Veit Helmer

1h35’

Le film imprévuwww.studiocine.com

HOMMAGE À JEAN COCTEAU

L’ÉTERNELRETOUR

lundi19h30

1h53’

14h15sauf

lun-mar16h00

sauflun-mar

MA MAMANEST EN AMÉRIQUE,elle a rencontré Buffalo Bill

de Marc Boreal & Thibaut Chatel

C I N É M A T H È Q U E

WORKERS de José Luis Vallé

1h15’ Droits de l’enfant, enfants roms ?MOULIN GALANT, LA QUESTION ROM

de Mathieu Pheng

Carte blanche àJEAN-MARIE LACLAVETINEVANYA 42e RUE

de Louis Malle

LES GARÇONS ETGUILLAUME À TABLE !de Guillaume Gallienne

LA VÉNUSÀ LA FOURRURE

de Roman Polanski

QUAI D’ORSAY de Bertrand Tavernier

LA MAISONÀ LA TOURELLE

de Eva Neymann

BLOOD TIESde Guillaume Canet

BORGMAN de Alex Van Warmerdan

14h1519h30

14h3019h30

14h1517h4521h45+16h00mer-sam-dim

14h3019h45

lundi19h30

14h3019h15

CNPjeudi20h00

52’

1h25’

1h35’

1h53’

1h20’

2h07’

1h58’

PRINCE OF TEXASde David Gordon Green

17h151h34’

C I N É M A T H È Q U E

1h55’

Cannes 2013

2h00’

Le film imprévuwww.studiocine.com

mercredisamedi

dimanche14h15

SIDEWALK STORIESde Charles Lane

1h38’ sans paroles

17h00

21h30VIOLETTEde Martin Provost

2h19’

19h15LE DERNIERDES INJUSTES

de Claude Lanzmann

3h38’

jeu-venlun-mar14h15jeu-lun17h15

LE MÉDECINDE FAMILLE

de Lucia Puenzo

PLANESde Klay Hall

1h32’ VF

mercredisamedi

dimanche16h00

LES ÉTOILES FILANTES

de Anita Killi

45’ VF

21h45LES RENCONTRESD’APRÈS MINUIT

de Yann Gonzalez

1h32’

17h45

21h30INSIDE

LLEWYN DAVIS de Ethan et Joel Coen

1h45’

3D17h15

saufjeu-lun

1h30’

+ DÉBAT avec le réalisateur et Gaëlle Cavelier

14h1517h4519h3021h15+16h00mer-sam-dim

3D

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

Atelier : mercredi

Page 5: 30.10 au 26.11 2013

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 6 au 12 novembre 2013 du 13 au 19 novembre 2013SEMAINE 3SEMAINE 2

Le film imprévuwww.studiocine.com

mercredisamedi

dimanche14h15

PLANESde Klay Hall

1h32’ VF

20h50LA VIE D’ADÈLE CHAPITRES 1 & 2de Abdellatif Kechiche

2h59’

Soirée Bibliothèque

• Dédicace du livre Traum A. Lemant

• LE VOYAGE FANTASTIQUE

de Richard Fleischer

ATTILA MARCEL de Sylvain Chomet

1h46’

17h45L’ARGENTDE POCHEde François Truffaut

1h45’

21h45MES SÉANCESDE LUTTEde Jacques Doillon

1h42’

17h4521h45

LE MÉDECINDE FAMILLE

de Lucia Puenzo

1h30’

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.www.studiocine.com

19h30

ORPHÉEde Jean Cocteau

QUAI D’ORSAY de Bertrand Tavernier

INSIDELLEWYN DAVIS

de Ethan et Joel Coen

LA VIE D’ADÈLE CHAPITRES 1 & 2de Abdellatif Kechiche

LE MÉDECINDE FAMILLE

de Lucia Puenzo

14h1517h0019h1521h30

14h15

20h45

14h1517h0019h1521h30

14h3019h0021h30

lundi19h30

CNPjeudi20h00

14h30

19h45

1h52’

1h53’

1h45’

2h59’

1h30’ + court métrage 8’

17h30

19h009 MOIS FERME

de Albert Dupontel

1h22’

mercredi19h45

17h45

21h45ATTILA MARCEL

de Sylvain Chomet

1h46’

17h30saufjeudi

MA MAMANEST EN AMÉRIQUE,elle a rencontré Buffalo Bill

de Marc Boreal & Thibaut Chatel

1h15’

SUR LE CHEMINDE L’ÉCOLE de Pascal Plisson

1h18’

17h45

21h45

UN CHÂTEAUEN ITALIE

de Valéria Bruni-Tedeschi

1h44’

Le film imprévuwww.studiocine.com

14h30

19h45

mercredi14h15

C I N É M A T H È Q U E

38’

• Projection de dessins des élèves de l’École d’Art deTours mise en musique par le groupe Baron Freaks.

• NOTRE PAIN QUOTIDIENde King Vidor

LA VÉNUSÀ LA FOURRURE

de Roman Polanski

QUAI D’ORSAY de Bertrand Tavernier

INSIDELLEWYN DAVIS

de Ethan et Joel Coen

PRINCE OF TEXASde David Gordon Green

LES RENCONTRESD’APRÈS MINUIT

de Yann Gonzalez

14h3017h0019h00

14h30

19h45

14h1517h1521h15

14h1517h0021h30

14h1517h1519h1521h15

19h30•

20h00•lundi

14h30

19h45

1h15’

1h35’

1h53’

1h45’

1h34’ + court métrage 6’

1h32’

ESSAIS NUCLÉAIRESUN HÉRITAGE SANS FIN

de Thierry Derouet

Suivi d’un débat

CNPjeudi20h00

55’

C I N É M A T H È Q U E

VIOLETTEde Martin Provost

Rencontre avec Pierre-Luc Granjonaprès la projection.

Débat avec le réalisateur et Mado, habitante de Babel’Ouest.

BABEL’OUESTde Gérard Uginet

MES SÉANCESDE LUTTEde Jacques Doillon

Trois courts& une rencontrede Pierre-Luc Granjon

MOIS DU DOCUMENTAIREUne nouvelle façon d’habiter ensemble

HOMMAGE À JEAN COCTEAU

Cannes 2013

2h19’

Dimanche 10 novembre, rencontre avecle réalisateur après la séance de 14h30.

VIOLETTEde Martin Provost

Rencontre avec Pierre-Luc Granjonaprès la projection.

SOIRÉE LIBRES COURTSLe court s’animede divers réalisateurs

1h42’

52’

samedidimanche

lundi14h15

&16h15

2h19’

Cannes 2013

19h15UN CHÂTEAUEN ITALIE

de Valéria Bruni-Tedeschi

1h44’

Rencontre avec Aurélien Lemant après la projection.

1h40’

• Rencontre avec Aurélien Lemant.vendredi•18h00•19h00•19h45

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 20134 5Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

Dans le cadre du mois du documentaire,le CNP propose :

BABEL OUEST :Une nouvelle façon d’habiter ensemble

Film de Gérard Uginet – 52’ – 2010

Face à la crise du logement, de plus en plus decitadins cherchent collectivement de nouvellesformes d’habitats. Animés par une volonté devivre ensemble et autrement, des groupes explo-rent de nouvelles façons d’accéder au logement.Mado, Renaud, Michel, Lucie et Thérèse ont unpoint commun : vivre les uns à côté des autres.Cette idée s’est concrétisée lorsqu’ils ont faitconstruire un immeuble dans le centre ville deNantes. C’est de cette dynamique qu’émergecette histoire, celle de Babel Ouest…Ils ont souhaité être un groupe restreint pourtraiter les questions qui ne manqueraient pasde se poser plus facilement, ils se connaissaientbien et partageaient une même vision du « vivreensemble » ainsi que des engagements associa-tifs. Ils ont su composer avec leurs désirspropres pour donner priorité à la qualité de vieen commun. Dans le débat, nous aborderons le travail dudocumentariste avec Gérard Uginet , réalisa-teur du film , ainsi que l’expérience Babel’Ouestavec Mado, l’une des habitantes de BabelOuest.

Le CNP, l’ACRO, la Fondation Science Citoyenne, leréseau Sortir du nucléaire proposent :

ESSAIS NUCLÉAIRES :UN HÉRITAGE SANS FIN

De 1960 à 1996, les essais nucléaires mili-taires de la France ont laissé un drôle d’héri-tage… Au nom d’une certaine idée de la France,de Gaulle voulait l’arme nucléaire. L’Algérie,jusqu’à son indépendance en 1962, puis les îlesde la lointaine Polynésie accueillirent la sagades essais atomiques jusqu’en 1996.

jeudi 7 novembre - 20h00

jeudi 14 novembre - 20h00

Documentaire :Essais nucléaires : un héritage sans fin

de Thierry Derouet 55 mn - France, 2012

Ce film aborde les conséquences sanitairesdes essais, puis développe leurs conséquencesenvironnementales insoupçonnées et redou-tables.Un débat suivra avec des associations.

Dans le cadre de la semaine de la solidarité internatio-nale, le CNP, le CID-MAHT et les FRANCAS proposent :

DROITS DE L’ENFANT,ENFANTS ROMS ?

La convention des Droits de l’enfant, signéele 20 novembre 1989, et ratifiée par la quasi-totalité des Etats se veut universelle.Concerne-t-elle les enfants ROM quand onobserve comment ils sont traités en Europe etici en France ?Pour vous informer et en discuter, nous vousproposons un documentaire : Moulin Galantde Mathieu Pheng (52’) sur la situation desRoms en Essonne, en présence du réalisateur,d’un des principaux responsables de l’asso-ciation et de Gaëlle Cavelier, infirmière puéri-cultrice.Nous nous intéresserons plus particulière-ment au sort réservé aux enfants ici et enEurope, à travers ce documentaire de 52 mn,tourné en 2011, qui relate plus d’un an de lavie d’un bidonville de l’Essonne, à travers lalutte pour la survie au quotidien, le combatdes associations locales et leur rapport com-plexe aux politiques.

Le CNP, le CIDFF et le Collectif féminisme du PCF 37,proposent, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte

contre les violences faites aux femmes proposent :

COMMENT COMBATTRERÉELLEMENT LES VIOLENCES

FAITES AUX FEMMES ?Film : Un ruban contre les violencessuivi d’un débat avec des acteurs locaux, deMme Lorin (déléguée départementale auxDroits des femmes et à l’Égalité) et MmeAzaria, de l’association Femmes égalité.

jeudi 21 novembre - 20h00

jeudi 28 novembre - 20h00

LA GROSSE BÊTEFrance – 2013 – 6’ de Pierre-Luc Granjon. Dans le royaume, une bête vient vous manger aumoment où on ne s’y attend pas.FERALUSA – 2012 – 13’de Daniel Sousa Un chasseur solitaire trouve un enfant sauvage et leramène à la civilisation. OH WILLY…Belgique/ Pays Bas France – 2012 – 17’ de Emma De Swaef, Marc Roels.À la mort de sa mère, Willy retourne dans la commu-nauté de naturistes où il a grandi. FUTONJapon – 2012 – 6’ de Yoriko MizushiriUne femme rêve et imagine le futur en même tempsque des sensations passées lui reviennent.LE BANQUET DE LA CONCUBINEFrance /Canada / Suisse – 2012 – 14’ de Hefang Wei Chine, an 746. Le pays connaît la prospérité. L’Empe-reur Li est un grand amateur de femmes, d’art et demusique. Il possède de nombreuses concubines…

TRAMFrance / République Tchèque – 2012 – 7’ de Michaela Pavlatova.Comme chaque matin, les hommes embarquent dansle tram, tous les mêmes, indifférents. Pourtant, au grédes secousses de la route, la conductrice s’émoustilleet le véhicule s’érotise. CONTE DE FAITFrance – Jumi Yoon – 2011 – 4’En 1960, en Corée, une petite fille réinvente son quo-tidien pour s’échapper d’une maison close.

LE GRAND AILLEURS ET LE PETIT ICICanada – 2012 – 15’ – de Michèle LemieuxDe rêveries en méditations, un homme est pris d’un sou-dain vertige lorsqu’il cherche à saisir le sens du monde.

AUTOUR DU LACBelgique – 2013 – 5’ de Noémie Marsily, Carl RoosensLe souffle d’une joggeuse, une fourmilière éventrée,une flaque, des tartines abandonnées, un écureuil,nous emmènent autour du lac avec les mots et lamusique.

Mercredi 6 novembre - 19h45

Le Court s’anime # 10en partenariat avec Ciclic

Pour cette dixième édition du Court s’anime, nous vous proposons un nouveau programme de filmsd’animation où l’être humain est disséqué avec ses peurs, ses faiblesses, ses questionnements.Del’érotisme, de la jalousie, de l’humour et de la nostalgie, tout finit toujours par se conclure par unemusique entêtante. Humour, férocité, poésie, tous les tons sont ici réunis ainsi que toutes lestechniques d’animation.

En présence dePierre-Luc Granjon, réalisateur.

Le Court s'anime aussi pour le jeune public avec Pierre-Luc Granjon. Voir pages 34, en fin des carnets.

18 h : Rencontre à la Bibliothèque des Studioavec Aurélien Lemant, dra-maturge et comédien au seinde La Carcasse ! auteur deTraum, Philip K. Dick, le martyronirique (mars 2012) et deBlue Oyster Cult, la carrière du

mal, écrit avec Mathieu Bollon (mai 2013).19 h : Dédicace du livre Traum par l’auteur.19h45 : Projection du film : Le Voyage fantas-tique, suivie d’une rencontre en salle avec Auré-

lien Lemant et d’un pot offert au public.LE VOYAGE FANTASTIQUE

USA – 1966 – 1h40, de Richard Fleischer,avec S. Boyd, R. Welch, D. Pleasance…

Un sous-marin et tout son équipage se retrouventminiaturisés pour pouvoir pénétrer dans les vais-seaux sanguins d’un corps humain et en explorerles moindres recoins. Ici, l’aventure n’est pas aucoin de la rue, elle est au coin de l’artère, oùchaque virage nous amène son lot d’effets spé-ciaux et de décors tout à fait réussis. ER

Vendredi 15 novembrePhilip K. Dick, l’homme et ses doubles

Page 7: 30.10 au 26.11 2013

7Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 – – Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 20136

Dans les steppes kazakhes vit Islanker,un opérateur radio surnommé Gagarincar il rêve de voyages dans l’espace. Unjour, une capsule spatiale s’écrase nonloin de chez lui avec à son bord « la tou-riste de l’espace », Julie Mahé. Islankerla trouve inconsciente. Amoureux, ilconvainc Julie, devenue amnésique,qu’ils sont fiancés ; car selon une loinon écrite : « Tout ce qui tombe du ciel,tu peux le garder »....Avec son histoire à la fois très originaleet pleine de fraîcheur, Baikonur est unetrès jolie surprise. Comédie romantiqueà la sauce kazakhe, le film est pleind’humour et le personnage d’Islankers’avère très touchant, surtout quand ildoit admettre que tout rêve a une fin.Baikonur est loin de toute prétentionmais cela n’empêche ni une certaineambition ni l’amour du travail bien faitet c’est exactement ce que Veit Helmera réussi. JF

Chris est libéré pour bonne conduite,après neuf ans passés en prison, à NewYork, dans les années 70. Son frère,Franck, l’attend à la sortie. Il est flic etn’est jamais venu le voir. Outre deschoix de vie opposés, leur enfance lessépare. Leur père les a élevés seul, enmanifestant une préférence nette pourChris, d’où une rivalité forte entre eux.

Blood TiesFrance – 2012 – 2h07, de Guillaume Canet,

avec Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard…

BaikonurAllemagne/Russie – 2012 – 1h35, de Veit Helmer,

avec Alexander Asochakov, Marie de Villepin...

Malgré cela, Franck espère que sonfrère a changé. Il le loge, lui procure dutravail et l’aide à renouer des liens avecson ex-femme et ses enfants. Chris ren-contre Nathalie, mais… son passé lerattrape, et pour Franck, ce sera la der-nière trahison, impardonnable.Ce film, remake des liens du sang deJacques Maillot, est un hommage auxpolars des années 70. Photo gros grain,lumières douces, vêtements vintage,c’est un film à l’ancienne, basé sur unscénario classique, mais efficace. Il aété présenté hors compétition au festi-val de Cannes 2013.

Sources : dossier de presse.

Un homme, enfin… ce qui semble êtreun homme, surgit de terre. CamielBorgman, puisque tel est son nom, erredans les rues d’une banlieue cossue etfinit par sonner au portail d’unedemeure bourgeoise. Malmené par lepropriétaire, Borgman parvient tout demême à s’introduire et à s’installerdans la maison grâce à la commiséra-tion de son épouse. Mais qui est vérita-blement Borgman ? « Un rêve, undémon, une allégorie ou l’incarnationbien réelle de nos peurs ? » L’enfer sera,en tous les cas, pavé de mauvaisesintentions. Van Wamerdam, défini parcertains comme un héritier sombre deTati, propose donc, à la suite, entreautres de Pasolini ou de Haneke, savision du mal : « J’ai voulu montrer

BorgmanPays-Bas/Belgique/Danemark – 2013 – 1h53, de Alex Van Wamerdam,

avec Jan Bijvoel, Haslewych Minis, Alex Van Wamerdam…

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE NOVEMBRE 2013 :• Either Way From Marilyn To Ella de Anne Ducros (studio 1-2-4-5-6) • Asado de Minino Garay y los Tambores del Sur

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverezdes présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

A

Ariane Felder, juge intransigeante, céli-bataire endurcie et coincée est enceinte! Elle ne se souvient de rien et ne trouveaucune explication à la présence de cebébé dans son ventre. Mais le plus sur-prenant est qu’elle découvre aprèsenquête et tests de paternité que l’en-fant à naître est celui d’un marginalloufoque accusé d’un meurtre atroce…Albert Dupontel se surpasse dans cettecomédie délirante menée tambour bat-tant par deux acteurs déchainés –Kiberlain comme vous ne l’avez jamaisvue ! Ne vous privez pas d’une francherigolade… SB

Filmographie : Bernie (1996), Le Créateur (1999),Enfermés dehors (2006), Le Vilain (2009).

Voir pages Jeune Public

9 mois fermeFrance – 2013 – 1h22, de Albert Dupontel,avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel…

L’Argent de poche

Paul a perdu la mémoire et la parolelorsque, tout petit, il a vu mourir sesparents. Depuis, il vit une vie routinièrechez ses vieilles tantes aristocrates quiveulent en faire un pianiste virtuose.Jusqu’au jour où il rencontre madameProust dont la tisane est capable defaire ressurgir les souvenirs les plusenfouis… grâce à la musique.Après nous avoir enchantés (et avoir étécouvert de prix) avec ses films d’anima-tion Les Triplettes de Belleville (03) etL’Illusionniste (10), Sylvain Chometnous propose son premier film enprises de vue réelles… mais sans avoirrien perdu de son humour décalé, de safolie visuelle et de sa poésie. Attila Mar-cel a su garder la fantaisie menée surun tempo vif du monde animé, notam-ment dans les scènes chantées (il acosigné la musique). Il est porté par unebande d’acteurs alléchante (dernier rôlede la regrettée Bernadette Lafont).

Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

Attila MarcelFrance – 2013 - 1h46, de Sylvain Chomet avec Anne Le Ny,

Bernadette Lafont, Hélène Vincent, Luis Rego, Jean Claude Dreyfus…

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

B

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 20138 9Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

dernière fois que je lui ai parlé au télé-phone, elle raccroche en me disant :« Je t’embrasse ma chérie » ; eh biendisons qu’entre ces deux phrases, il y aquelques malentendus. Tirer un filmd’un one-man-show à succès pleind’humour et de tendresse n’était paschose facile. Pour ce faire, Gallienne n’apas hésité à enfiler la triple casquettede réalisateur, scénariste et acteur. Ilsemble que le résultat soit largement àla hauteur puisque son film, présentéà Cannes dans le cadre de la Quinzainedes réalisateurs, provoqua l’hilaritégénérale et une longue standing ovationdu public.

Sources : dossier de presse Cannes.

Dans les années 60, à Greenwich Vil-lage. Llewyn Davis, guitare à la main,tente de gagner sa vie comme musicienfolk. Aides des amis, petits boulotsdans le Village new-yorkais… Llewynsquatte aussi les canapés pour sur-vivre, espérant peut-être une auditiondécisive, un jour…Pour Inside Llewyn Davis – Grand Prixau Festival de Cannes – les frères Coense sont inspirés de The Mayor of Mac-Dougal Street, livre autobiographiquedu musicien influent Dave Van Ronk.Nous voici transportés dans un universintimiste grâce à la musique d’un autretemps, suivant le parcours jalonnéd’obstacles et de rencontres parfois

Inside Llewyn DavisEtats-Unis – 2013 – 1h45, de Ethan et Joel Coen, avec Oscar Isaac,

Carey Mulligan, Justin Timberlake, Garret Hedlund, John Goodman…

bizarres d’un guitariste folk. Comédie àla fois vive et noire comme ces réalisa-teurs de génie savent si bien les réussir(Fargo, The Big Lebowski, No Countryfor Old men, A Serious Man), ce mondede talent et de carrière dévoile aussi lesquerelles de chapelle artistiques. Nonsans caricature… mais avec brio ! Sources : dossier de presse, lemonde.fr, next.liberation.fr

Jasmine est un film épistolaire à tra-vers des aérogrammes qui s’inspire dematériaux vrais. Alain, le français, ren-contre Jasmine, l’iranienne, dans laFrance des années 70. L’histoired’amour nous est contée grâce à l’exis-tence de lettres en provenance d’Iran.Elles sont complétées par la création etl’animation de petits êtres de pâte àmodeler : l’un bleu comme les yeuxbleus de Jasmine, l’autre jaune, car ilfallait une autre teinte. Le Shah banni,la révolution islamique est instaurée.La liaison clandestine d’Alain et Jas-mine ne résistera pas. On éprouve à lafois l’angoisse, la passion, la recherchede la liberté et l’histoire houleuse de larévolution iranienne avec quelquesimages d’archives ajoutées. Jasmineest un film tactile : la main, le pouce, lepoing du réalisateur font vivre Jasmineet Alain, avec une grande sensibilité.Le film a été sélectionné trois fois auFestival international du film d’anima-tion d’Annecy 2013. MS

JasmineFrance – 2013 – 1h10, de Alain Ughetto,

avec les voix de Jean-Pierre Darroussin et Fanzaneh Ramzi

comment le mal se glisse dans le quo-tidien. Comment il s’incarne dans deshommes et des femmes ordinaires, nor-maux, bien élevés… ».Filmographie sélective: Abel (1986), La Robe et seseffets sur les femmes qui la portent et les hommesqui la regardent (1996), Les Derniers jours d’EmmaBlank (2009)

Sources : dossier de presse, telerama.fr

En 1975, Lanzmann filme le dernierprésident du Conseil juif du ghetto deTheresienstadt, ville dont Hitler disaitqu’il en avait fait cadeau aux juifs. Ben-jamin Murmelstein était chargé admi-nistrativement d’organiser l’émigrationforcée des juifs d’Autriche. Rabbin àVienne, après 1938, il lutta pied à piedavec Eichmann, fit émigrer 121 000juifs et réussit ainsi à ne pas faire dis-paraître le ghetto.En 2012, Lanzmann exhume et met enscène ces entretiens de Rome en reve-nant à Theresienstadt, le « Ghettomodèle ». On découvre la personnalitéfascinante de Benjamin Murmelstein.Le film éclaire comme jamais aupara-vant la genèse de la solution finale,démasque le vrai visage d’Eichmann etdévoile les contradictions sauvages desConseils juifs. Ce film nouveau et admi-rable est un témoignage exemplaire surle génocide perpétré entre 1942 et 1945contre les Juifs par les Nazis.

Filmographie succincte : Pourquoi Israël (1972),Shoah (1985), Tsahal (1994), Sobibor 14 octobre1943, 16 heures (2001).

Sources : dossier de presse.

Le Dernier des injustesFrance – 2013 – 3h38, de Claude Lanzmann, avec Claude Lanzmann.

Voir pages Jeune Public

Gabrielle est la joie de vivre incarnée.Elle possède un don certain pour lamusique et c’est, d’ailleurs, en partici-pant à une chorale qu’elle a rencontréMartin. Entre elle et lui c’est le grandamour et tout irait pour le mieux sileurs familles respectives ne s’oppo-saient à cette histoire. Il faut préciserque Gabrielle et Martin sont déficientsintellectuels et ne vivent pas de manièreautonome. Ils vont donc devoir démon-trer qu’ils peuvent être indépendants etcapables d’assumer une vie de couple.Louise Archambault, pour ce secondlong métrage, a travaillé avec des comé-diens non professionnels, certainsinterprétant leur propre rôle. Au plusprès des personnages, le film ne donnejamais dans le pathos. Présenté au Fes-tival de Locarno, le public lui a décernéson prix.

Sources : dossier de presse, cinoche.com,filmsquebec.com

« Le premier souvenir que j’ai de mamère c’est quand j’avais quatre ou cinqans. Elle nous appelle, mes deux frèreset moi, pour le dîner en disant : “Lesgarçons et Guillaume, à table !” » et la

GabrielleCanada – 2013 – 1h44, de Louise Archambault,

avec Gabrielle Marion-Rivard, Alexandre Landry…

Les Étoiles filantes

Les Garçons et Guillaume, à table !France – 2013 – 1h25, de Guillaume Gallienne,

avec Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian…

BJ

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Ce film sera le film Ciné-ma-dif-férence le 30 novembre (voirCarnets de décembre).

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+ COURT MÉTRAGE

semaine du 30 octobre au 5 novembre

EgaroFrance – 2011 – 7’, Animation, de Bruno Salamone.

FILM DU MOIS, voir au dos du carnet.

En 1926, Allen, jeune noir qui rêve d’unavenir meilleur, fuit le Sud des États-Unis, en proie à la ségrégation. Ildeviendra majordome de la Maison-Blanche et sera le témoin privilégié detrente ans d’histoire aux côtés de septprésidents – de l’assassinat du prési-dent Kennedy et de Martin Luther Kingau mouvement des Black Panthers, dela guerre du Vietnam au scandale duWatergate… Ce biopic inspiré de l’his-toire vraie de Cecil Gaines, montreaussi deux générations de Noirs, deuxmanières d’être noir. Alors qu’Allen,impeccable dans sa fonction, « ne voitrien, n’écoute rien », son fils ainé faitpartie de toutes les luttes. Avec sa force,son ampleur et son casting en or, « lefilm qui a fait pleurer Obama » fait uncarton au box-office américain.

Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

Le MajordomeUSA – 2013 – 2h12 – de Lee Daniels,

avec Forest Whitaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey…

La Maison à la Tourelle

Ma maman est en Amérique,elle a rencontré Buffalo Bill

11Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 – – Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201310

En 1960, une famille argentine tra-verse la Patagonie pour ouvrir unechambre d’hôte dans la colonie alle-mande de Bariloche où la femme agrandi. Un médecin allemand se joint àeux et devient leur premier client. Poli,savant, Helmut Gregor commence àinfluencer Eva et ses filles tandisqu’Enzo se méfie, de plus en plus hos-tile à l’inquiétant médecin.Lucia Puenzo est à la fois romancière etréalisatrice. Son troublant 1er film XXYavait eu le Grand prix de la semaine dela critique à Cannes, son second, Elniño pez, avait été sélectionné à Berlin.Pour ce 3e long-métrage, elle adapte sonroman, Walkoda, et « choisit la voie del’inquiétude » pour raconter l’abjecteprésence nazie en Argentine. Racontéepar une fillette de 12 ans, cette histoiretiraillée entre la beauté des vastes pay-sages patagons et les obsessions depureté de l’une des figures les plusméprisables de l’histoire contempo-raine montre la perpétuation du mal àtravers l’espace et le temps.

Sources : lemonde.fr – ecrannoir.fr

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 6 au 12 novembre

HelmutFrance – 2012 – 8’, de Rose Turpin, Éric Turpin, avec Rose Turpin , Béatrice

Masson.

Le Médecin de familleArgentine – 2013 – 1h30, de Lucia Puenzo,

avec Natalia Oreiro, Alex Brendemühl…

À la mort de son père, une jeune femmerevient pour régler l’héritage. Elle revoitun homme qu’elle a aimé, leurs retrou-vailles passent par un affrontementphysique. Une sorte de lutte se met enplace et devient peu à peu un rituelauquel ils ne peuvent échapper…Mes séances de lutte commence commeUn enfant de toi, le précédent film deJacques Doillon, qui avait laissé ungoût amer, très bavard, psychologisant,bref, on se sent mal parti, mais… on atort. Petit à petit, le réalisateur nousentraîne dans des terres inconnues. Lefilm devient silencieux et ce sont par lescorps et uniquement par eux que toutva passer. La dernière partie du filmest, ainsi, sidérante, scotchante, pourqui accepte de se laisser emporter parcette relation très troublante. Et,comme souvent, Jacques Doillonobtient de ses acteurs un don d’eux-mêmes assez incroyable. Rien que pourSarah Forestier et James Thiérrée, Messéances de lutte vaut amplement ledétour. JF

Casper, un jeune homme de 18 ans, vitavec sa mère, sa petite sœur Freya etson frère Andy, à Northwest, l’un desquartiers multiethniques les pluspauvres de Copenhague. Appartenantà une bande de délinquants du quar-tier, il soutient la famille financièrement

NorthwestDanemark – 2013 – 1h31, de Michael Noer, avec Gustav Dyekjaer Giese,

Oscar Dyekjaer Giese, Lene Maria Christensen, Roland Møller…

Mes séances de lutteFrance – 2013 – 1h39, de Jacques Doillon,

avec Sarah Forestier, James Thiérrée…

en vendant des biens dérobés. Mais,avec le crime organisé qui gagne du ter-rain, les rapports de force se déplacent.Casper, ambitieux, se rapproche alorsd’un autre chef de gang. Il rentre dansune spirale dangereuse, se confrontantà un univers de violence, de prostitu-tion et de drogue, tout en y entraînantAndy… et mettant ainsi sa famille enpéril.Après R. (2010) sur le monde carcéraldes hommes, Northwest, primé au 5e

Festival international du film policier deBeaune (Prix du jury et de la critique)est un film fort et inconfortable, abor-dant un univers très rude. Le rythmesoutenu, la mise en tension croissante,les liens fraternels et la solidarité fami-liale font de Northwest une œuvre pal-pitante ! RS

David Perrault réalise son premier longmétrage en prenant le parti du noir etblanc et en situant l’action dans undécor et une ambiance début desannées 60. Vont s’affronter sur le ringdeux amis, Simon et Victor, deux cat-cheurs. Le premier porte le masqueblanc et représente le Spectre, le justi-cier, le gentil. Le deuxième assume malde porter le masque noir, celui del’Équarrisseur de Belleville, le salaud.Il souhaiterait échanger son masquenoir contre le blanc, les huées contreles applaudissements… mais le public,l’entourage s’en apercevra-t-il ? La peur

Nos héros sont morts ce soirFrance – 2012 – 1h34, de David Perrault,

avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins, Philippe Nahon…

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201312 13Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

n’est pas loin, les paris se font et sedéfont, les mafieux rôdent, les liaisonsamoureuses s’invitent derrière le zincdes bistrots… Si vous voulez retrouverle spectacle d’une passion révolue pourle catch français, n’hésitez pas ! Dansce film original et audacieux, nousretrouvons Denis Ménochet, très cour-tisé ces temps ci, qui s’empare du rôlede manière fascinante. La première mondiale de Nos hérossont morts ce soir a eu lieu dans lecadre de la Semaine de la critique àCannes cette année. MS

Voir pages Jeune Public

Voir pages Jeune Public

Été 1988, Alvin et son beau-frèreLance, aux personnalités très diffé-rentes, quittent provisoirement la ville,pour assurer le marquage de routesdans une région forestière dévastée pardes incendies. Décidemment, rien neles rapproche : tandis qu’Alvin, taci-turne, pense à sa jeune femme, Lance,éternel adolescent, regrette la fête et lesfilles. La nature a pourtant repris soncours et les convie à davantage de séré-nité… Ce film, remake d’un film islan-dais, Either way, hésite entre une his-

Prince of TexasUSA – 2013 – 1h37, de David Gordon Green,

avec Emile Hirsch, Paul Rudd, Lance le Gault…

Planes

Poupi

toire d’amitié teintée de comique et uneapproche contemplative de la nature. Ila obtenu deux prix et onze nomina-tions.

Sources : dossier de presse.

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 13 au 19 novembre

MPUAllemagne – 2011 – 6’, de Robert Bohrer,

avec Nina Von Düsterlho, Axel Hartwig, Rainer Winkelvass.

Avis de tempête au quai d’Orsay ! Ens’inspirant de la BD à succès de Blainet Lanzac (ce dernier a participé auscénario), Bertrand Tavernier nousmène tambour battant dans les pas deVillepin du temps de Chirac. Le person-nage est flamboyant, charismatique,arrogant et… très agité. Autour de lui,énarques et technocrates rivalisent enjoutes verbales pour s’attirer lesfaveurs du prince qui parcourt sonpalais en brandissant Les Fragmentsd’Héraclite. De quoi déstabiliser lejeune Arthur Vlaminck juste nomméConseiller au langage et qui doit se plierà des concepts débiles et aux capricesdu maître des lieux. Cette parodie deshautes sphères de l’état est caustiqueet hilarante. Et ça n’arrête jamais :entre les feuillets qui volent, les portesqui claquent, les coups bas, les stabilosqui peluchent, Bertrand Tavernier, aumeilleur de sa forme, nous offre un filmexplosif et réjouissant, un moment depur bonheur. SB

Quai d’OrsayFrance – 2013 – 1h53 – de Bertrand Bertrand Tavernier,

avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup…

Une femme dans la nuit appelle dés-espérément Mathias. Elle est la pas-sagère d’une moto conduite par uncurieux personnage. On la retrouvedans une nuit froide et bleutée : elletente de ressusciter Mathias dans unescène énigmatique. Ce sont deux rêves :on revoit la femme et Mathias bienvivants, amants passionnés, dans unappartement, la nuit. Avec eux uneétrange soubrette.Ils ont organisé une partouze oùdoivent venir La Chienne, La Star,L’Étalon et L’Adolescent. On craint unfilm plus qu’osé et on entre au contrairedans un film tout d’abord plein d’hu-mour, où vont peu à peu s’immiscermystère, fantastique, poésie et émotion.Avec un jeu sur la vie, l’amour, la mort.Troublant ! CdP

+ COURT MÉTRAGE

semaine du 20 au 26 novembre

Manque de preuvesFrance – 2011 – 9’, de Hayoun Kwon, avec Bakary Diallo.

Voir pages Jeune Public

Les Rencontres d’après minuitFrance – 2013 – 1h32, de Yann Gonzalez,

avec Kate Moran, Niels Schneider, Nicolas Maury…

Sidewalk Stories

Sur le chemin de l’école

Trois courts et une rencontre

Quelques mois dans la vie de Louise,actrice, entre ses difficultés familiales(les relations avec sa mère et son frèremalade) et un amour naissant qui a lestraits d’un homme plus jeune qu’elle…Chronique d’une famille qui est et n’estpas la sienne, Un château en Italies’inscrit dans la ligne directe d’Il estplus facile pour un chameau et d’Ac-trices, les deux précédents films réali-sés par Valéria Bruni Tedeschi. Maisavec une nuance de taille. Car si l’hu-mour était déjà présent dans ses deuxautres films, il vire ici au burlesque.Un château en Italie est une desmeilleures comédies françaisesrécentes et certaines scènes (la visiteaux beaux parents, le bénitier, l’insémi-nation, entre autres) sont irrésistibleset provoquent un rire franc. Ce ton estd’autant plus efficace que le film est,aussi, poignant, notamment dans ladescription du frère malade. Unmélange détonnant de gravité, d’émo-tion et de rire. JF

Thomas fait passer des auditions à descomédiennes pour incarner Wanda,dans une pièce tirée du fameux romanérotique de Léopold Sacher-Masoch.Déçu par ses candidates, il s’apprête àpartir, lorsque fait irruption une jeunefemme vulgaire et effrontée, qui essaie

La Vénus à la fourrureFrance – 2013 – 1h35, de Roman Polanski,

avec Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric…

Un château en ItalieFrance – 2013 – 1h44, de Valéria Bruni Tedeschi, avec Valéria Bruni Tedeschi,

Louis Garrel, Filippo Timi, Xavier Beauvois, Céline Salette, Marisa Bruni Tedeschi…

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15Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 – – Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201314

à tout prix de le convaincre qu’elle estfaite pour ce rôle. D’abord exaspéré parsa prétention et sa stupidité, il se laissepeu à peu cerner, puis fasciner par lacomédienne qui, étonnamment,connaît par cœur le texte et a mêmeapporté les tenues correspondant aurôle. S’ensuit un jeu à la fois comiqueet érotique, qui tourne à l’obsessionpour Thomas, à la domination pourl’actrice, qui s’appelle aussi Vanda.Ce dernier film de Roman Polanski,présenté au festival de Cannes, est unhuis-clos entre deux personnages quis’identifient à ceux du roman.Meilleur film, sans doute, du réalisa-teur depuis Le Pianiste, il a été tournéentièrement dans un théâtre parisien,créé pour l’occasion, reprenant lesthèmes chers au réalisateur, avec déri-sion…

Sources : dossier de presse.

Adèle est lycéenne. Elle mène apparem-ment une vie ordinaire : elle vit chez sesparents, elle est en classe de premièrelittéraire, elle aime lire, elle a beaucoupde camarades. Mais on sent une fêlure :elle a toujours le regard perdu,ailleurs… Ses camarades l’aiment biensans savoir cerner qui elle est. Elle sortet couche avec un garçon qui lui plaît,mais elle est toujours ailleurs, décalée.Insatisfaite. Jusqu’à ce qu’elle ren-contre Emma. Une passion ardentesemble alors l’habiter.

La Vie d’Adèle chapitres 1 & 2France – 2013 – 2h59, d’Abdellatif Kechiche,

avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche…

Abdellatif Kechiche nous offre un filmd’amour intense et bouleversant. Lestyle du réalisateur est magistral : grosplans des visages, mouvements étour-dissants de la caméra, rythme super-bement maîtrisé. Du grand art. Certesil y a des scènes torrides et crues, par-fois insistantes, mais l’intensité dessentiments et des émotions y est si bientraitée qu’on en reste cloué d’admira-tion. « Un pur bloc de beauté », ainsique le souligne une critiqueunanime. CdP

Après avoir tiré de l’oubli Séraphine(jouée par Yolande Moreau), énorme suc-cès populaire qui reçut pas moins desept Césars, le réalisateur Martin Provosts’attache à mettre en lumière VioletteLeduc, une auteure presque oubliée. Néebâtarde en 1907, cette femme mal aimée,publie L’Asphyxie en 1946 et rencontreSimone de Beauvoir à Saint-Germain-des-Prés. Les deux femmes écrivainsvivront une fervente amitié qui dureratoute leur vie, une relation basée sur laquête de la liberté par l’écriture pour Vio-lette et la conviction pour Simone d’avoirentre les mains le destin d’un écrivainhors norme… Emmanuelle Devos seraViolette et Sandrine Kiberlain Simoneavec, à leur côté, Olivier Py, JacquesBonnaffé et l’excellent Olivier Gourmet…

Sources : dossier de presse.

VioletteFrance – 2013 – 2h19, de Martin Provost,

avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain…

Dimanche 10 novembre, rencontreavec le réalisateur Martin Provost,

après la séance de 14h30.

Nous sommes à Tijuana au Mexique,ville sans âme située à la frontière amé-ricaine, là où fut construit le mur sépa-rant les deux pays. Nous y suivons lesdestins de Rafael et Lidia dont ondevine le passé commun. Lui, taciturneet scrupuleux, est balayeur dans lamême fabrique d’ampoules électriquesdepuis 30 ans. Elle, fait partie des septemployés qui entourent et soignent unevieille mexicaine fortunée qui n’a d’yeuxque pour son chien. Constitué d’unesuccession de très longs plans qui

Workers2013 – Mexique, Allemagne – 2h, de José Luis Valle,

avec Jesus Padilla, Susana Salazar, Barbara Perrin Rivemar…

n’omettent aucun détail, Workers estun film qui raconte le courage, la rou-tine, l'ordinaire du quotidien d'hon-nêtes travailleurs fidèles à leuremployeur. Contemplatif donc, maistruffé de moments magnifiques, descènes touchantes et de petites touchesd’humour, Workers a obtenu le Prix dujury du Festival international du filmgrolandais de Toulouse ; Benoit Delé-pine a salué : « Un film très subversifsur les nouveaux pirates, arrivé large-ment en tête des votes ». Quant à l’is-sue, elle est tout à fait inattendue. SB

08 92 68 37 01studiocine.com

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

lundi 4 novembre-19h30HOMMAGE À JEAN COCTEAU

lundi 11 novembre-19h30

lundi 18 novembre-19h30Projection de dessins des élèves de l’Écoled’Art de Tours, mis en musique par le grou-pe Baron Freaks. 30’

L’Éternel retourJean Delannoy (1943) Fr. Noir et Blanc 1h55

OrphéeJean Cocteau (1950) France Noir et Blanc 1h52

20h00

Pour survivre malgré la crise et le chômage, uncouple reprend une ferme et se lance dans lacréation d'une coopérative agricole.

Carte blanche à Jean-Marie Laclavetine

lundi 25 novembre-19h30

Dans un théâtre désaffecté, André Gregory met enscène Oncle Vania d'Anton Tchekhov. Louis Mallebrouille les frontières entre théâtre et cinéma.Jean-Marie Laclavetine est romancier, édi-teur. Il vit en Touraine.

Notre pain quotidienKing Vidor (1934) USA Noir et Blanc 1h15, avec Karen Morlay, Tom Keene.

Vanya 42e rueLouis Malle (1994) USA Couleurs 1h55

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Page 12: 30.10 au 26.11 2013

LES CARNETS DU STUDIO – n° 317 novembre 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

FILM DU MOIS

Hiver 1944. Une mère et son fils dehuit ans traversent la Russie en train

pour rejoindre leur famille. La mèretombe malade et doit être hospitalisée.L’enfant se retrouve seul et livré à luimême dans une ville inconnue, tout à lafois hostile et indifférente...On sort de La Maison à la tourelle forte-ment impressionné par la puissance desimages créées par Eva Neymann (déjàauteur d’un long métrage de fiction et dedeux documentaires jamais sortis enFrance). Le film sidère par sa beauté : duvisage lumineux de l’enfant à sa sil-houette chargée de ses misérablesbagages et de la robe de sa mère ; de lagare grouillante à l’hôpital lugubre ; deswagons brinquebalants (qui évoquentimmédiatement d’autres convois) auxpaysages couverts de neige ; sans oublierla maison ancienne à la tourelle blanche,la maison du grand-père, un havre oùgrandir aimé et en paix est peut-être pos-sible, un lieu idéalisé, voire rêvé. Cesimages paisibles, et pourtant vibrantes,en noir et blanc, en renforcent l’aspectmystérieux et magnétique.

La Maison à la tourelle nous transportedans un monde au temps suspendu, hyp-notique et cotonneux, mais que n’épargnepas la violence de l’Histoire, tout en évo-quant l’univers des contes et en frôlant,par moments, le fantastique. Inspiré par des extraits de l’autobiogra-phie de l’écrivain Frédéric Gorenstein(également scénariste d’Andrei Tarkovskipour Solaris et de Nikita Mikhalkov pourL’Esclave de l’amour), La Maison à la tou-relle permet également de retrouver Kate-rina Golubeva, disparue prématurémenten 2011, dans son ultime rôle après,notamment, Few of us, Twentyninepalms, Pola X, J’ai pas sommeil.Filmé à hauteur d’enfant, on ne trouve nipathos, ni jugement moral, ni explication,ce qui n’empêche pas –bien au contraire-une force d’évocation peu commune. Etce jeune garçon pris dans la tourmenteévoque quelques uns de ses pairs, ceuxde L’Enfance d’Ivan, d’Allemagne annéezéro ou du Tombeau des lucioles, entreautres. Comme eux, cet enfant est si fra-gile et si fort à la fois, et comme eux, vousn’allez pas l’oublier de si tôt. JF

La Maison à la TourelleUkraine – 2012 – 1h20, de Eva Neymann,avec Katerina Golubeva, Albert Filozov…

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17Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 – – Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201316

Khmersrouges le prirent pourun espion à la solde de la CIA etle firent prisonnier. Ayant échappé à lamort, il participa, à l’Ambassade de France, ausauvetage de réfugiés. Raphaël Personnaz, décidé-ment très sollicité, Olivier Gourmet et Grégory Gadeboisferont partie du voyage.

` MIEUX QUE BELLEOlga Kurylenko appartient à la catégorie des mannequins qui peuventenvisager d’autres destinées cinématographiques que celle d’être unique-ment et à jamais le faire valoir du héros du film et dont la quintessence dece type d’emploi correspond à la James Bond girl ! Notons que si, effective-ment, elle a arboré robe fourreau et abordé Daniel 007 Craig dans Quantum ofSolace, la belle a fait ses premiers pas de comédienne dans une adaptation parDiane Bertrand, de l’étrange et envoûtant roman de Yoko Agawa, L’Annulaire, etque Terrence Mallick en a fait sa femme dansante de À la merveille (certes pas ceque le fameux réalisateur a fait de meilleur mais quand même) ! Son prochain enga-gement se nomme Momentum et ses partenaires Vincent Cassel et Morgan Freeman: il y a pire. Elle jouera la voleuse et eux, non pas les gendarmes, mais des tueurs àsa poursuite. C’est Stephen Campanelli, collaborateur, cadreur et admirateur du grandClint, qui sera aux commandes de ce projet qui se tourne en Afrique du Sud.

` MYTHESL’Île du Dr Moreau de H.G. Wells demeure une oeuvre aussi fascinante qu’effrayante.La mémoire de ceux qui ont eu le privilège de voir l’adaptation cinématographique de1933, en est restée à jamais marquée ! Les créatures, mi hommes-mi bêtes du fameuxsavant, les prestations des monstres sacrés Charles Laughton et Bela Lugosi appar-tiennent à la mythologie du cinéma. Les versions de 1977 avec Burt Lancaster etMichael York, et de 1996 avec Marlon Brando et Val Kilmer sous la houlette de JohnFrankenheimer, n’ont pas vraiment marqué les esprits, malgré la renommée desinterprètes ! C’est maintenant le grand Leonardo DiCaprio qui s’intéresse au sujetavec, cette fois, la volonté d’une orientation écologique (grand cheval de batailledu comédien rappelons-le). Si on est assuré de son rôle de producteur, on nesait s’il endossera un autre rôle.

` MIYAZAKI C’EST FINI !Le président des studios Ghibli ne réalisera plus de long métrage. Voilàc’est dit. Il a expliqué aux 600 journalistes venus assister à sa confé-rence de presse :« Le Vent se lève a pris 5 ans. Si je pensais au prochain filmcela prendrait 6 ou 7 ans. Je vais avoir 73 ans et j’enaurais alors 80 à la fin. » Il devrait continuer néan-moins à travailler, mais autrement. N’en dou-tons pas, l’imagination, pour se renou-veler, ne devrait pas lui fairedéfaut ! IG

En bref…

I c i …` QUAND MÊME

Même si il s’est laissé dépasser par sa (re)créa-tion de L’Homme qui rit, Jean-Pierre Améris

demeure un réalisateur attachant, profondément huma-niste et délicat, dont on a plaisir à suivre le travail, surtout

quand il s’agit d’une nouvelle collaboration avec Isabelle Carréaprès Maman est folle et Les Émotifs anonymes. Ces deux grands

sensibles s’associent pour raconter l’histoire, à la fin du XIXe siècle,de Marie Heurtin, sourde et aveugle de naissance, incapable de com-

muniquer avec autrui, mais à qui l’opiniâtreté de son père, de certainsenseignants et surtout la sienne, permettront d’accéder aux études.

` LAURENT LE MAGNIFIQUELaurent Lafitte fait partie de cette famille de comédiens auxquels il aura fallu de

la patience, et de la persévérance pour parvenir à se faire un nom et un visagequi marquent les mémoires. Pourtant il peut tout faire : héros de sitcom (Classe

mannequin) passer du théâtre classique (Candide) à la comédie de boulevard(Croque-monsieur), interprète de one man show, présentateur bigrement efficace desoirées bigrement ennuyeuses (Les Molières), médecin déjanté « coûte que coûte » àla radio, séducteur matois (Les Beaux jours) ou grand crétin s’adonnant à des per-versions capillaires (Mais qui a retué Paméla Rose ?) ! Dans Tristesse club de VincentMariette, associé à Vincent Macaigne (La Bataille de Solférino), il a enfin accès au rôlede premier plan : deux frères retournent dans la ville de leur enfance pour les funé-railles de leur père. Problème : ils ne trouvent aucune trace d’enterrement pas plusque de famille, et une jeune femme, Ludivine Sagnier, se présente comme à eux leurdemi-sœur !

` ÊTRE ET NE PAS ÊTREFrançois Ozon, le réalisateur le plus prolifique du cinéma français, à peine sonJeune et jolie sorti, travaille déjà sur un nouveau film, dont le titre, Je Suis

Femme, pourrait faire penser à une suite de son précédent opus. Si cela devaitêtre le cas, Romain Duris succéderait à Marine Vacth puisque c’est lui qui

tiendra le premier rôle ! Raphaël Personnaz, le Marius de Daniel Auteuil etAnaïs Demoustier (L’Enfance du mal) lui donneront la réplique.

E t a i l l e u r s …` LA QUESTION

La question indochinoise continue à travailler Régis War-gnier. Vingt-deux ans après Indochine, il adapte le livre

Le Portail, dans lequel François Bizot témoigne deson vécu au Cambodge dans les années 70.

Alors que, ethnologue, il mettait touten œuvre pour sauver des

manuscrits, les

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201318 19Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

Bande annonce Humeur

« Refonder l'école de la République, tel estle projet que je porte : c'est de l'avenir denos enfants et de notre pays qu'il s'agit. »(4e de couverture du livre de VincentPeillon : Refondons l'école - Pour l'avenirde nos enfants, Seuil.

Comparée à ses voisins européens, laFrance est en bonne place sur le plan desconnaissances, mais pas sur celui descompétences (cf. l’étude Pisa*) Beaucoup, en effet, dénoncent l'immobi-lisme de notre système scolaire, souventaccusé de ne pas savoir s'adapter auxévolutions de la société. C’est d'ailleursl'une des raisons pour lesquelles, depuisquelques années, l'école est au centre dudébat public.Nombre d'élèves s'inscrivent aujourd’huidans une logique d'exécution des tâches,sans percevoir le sens des apprentissagesou l'intérêt culturel des études. Pour cesjeunes, principalement de milieux popu-laires, l'école devient peu à peu un par-cours d'obstacles dans lequel il faut justearriver à passer dans la classe supé-rieure.Sur les changements de l'école, leschiffres parlent d'eux-mêmes. C'estdésormais un quart de la populationfrançaise qui est scolarisée, de la mater-nelle à l'université.

Près de 70% des jeunes d'une classe d'âgeobtiennent le baccalauréat et la moitiéd'entre eux prolongent leurs études au-delà de 21 ans. Et le budget de l'Éduca-tion nationale, qui représentait 1,5% duPIB en 1952, dépasse aujourd'hui les 7%.Depuis le milieu des années 1990, lesprogrès de la scolarisation marquent lepas. Le mouvement d’allongementcontinu des études a cessé. La duréetotale de scolarisation, de la maternellejusqu’à la fin des études supérieures, sestabilise en deçà de 19 années. Si laquasi-totalité des générations parvientmaintenant au terme du collège, l’orien-tation vers un second cycle généralconnait à présent un net tassement enfaveur des formations professionnellesSi lutter contre les inégalités est un objec-tif affiché du ministère, la nouvelle poli-tique de l'enseignement prioritaire, nesemble pas à même d'y remédier efficace-ment. Les inégalités sociales et ethniquessont bien présentes dans l'école de laRépublique.

Bruno Césario, pour le CNP

*Programme international pour le suivi des acquis des élèves.

Un couturier reconverti dans la parfume-rie (comme tant d’autres) mais aussi

dans les prévisions millénaristes ratées,vient d’inonder les écrans de cinéma d’uneassez nauséabonde publicité pour l’un deses sent-bons…On y voit un homme à la musculature biendessinée faire son entrée dans un stadesous les acclamations enthousiastes d’unefoule en délire. Alors qu’une horde d’ecto-plasmes lui fond dessus par derrière (onn’est pas plus fourbes que des ecto-plasmes), un simple geste des bras suffit àles pulvériser (faut dire que le nom du par-fum, pour quelqu’un qui, comme moi, nemaîtrise pas vraiment le latin, laisseentendre qu’il est question d’invincibilité).

Jusque là, cette publicité ne détonnait pastrop dans l’habituel torrent de niaiseriesdont on nous abreuve lorsqu’il s’agit denous vendre quelques millilitres de fra-grance alcoolisée à des prix qui feraientpâlir d’envie les plus réputés des Bour-gognes. Comme il est assez difficile de van-ter par l’image un truc censé flatter vosnarines (et qui ne provienne pas d’un labo-ratoire colombien), on a pris l’habitude devoir des chevaux galoper à la surface del’eau, des hommes contempler le désert, desdonzelles prépubères jouer à chat avec deslicornes ou bien encore des elfes s’accoupleravec des chamelles dans la fraîcheur d’unigloo (l’une au moins de ces descriptions estimaginaire, sauras-tu retrouver laquelle,ami lecteur ?)

Cette nouvelle réclame pour parfum virilavait déjà la particularité de jouer sur leregistre crypto-fasciste du surhomme qu’at-tendent des vierges ( ?) fort peu vêtues…mais, là où le créatif a su faire preuve d’unauthentique génie prouvant à quel point ilœuvre en sous-main pour une cause radi-calement inverse à celle que semble pro-mouvoir le double propos de ce clip (luxed’un côté, virilité exacerbée de l’autre), c’estdans le choix de la bande-son l’accompa-gnant… on y entend en effet le rappeurKanye West qui a opéré un montage del’une de ses propres compositions avec l’undes « cartons » les plus connus de la fin desannées 60, le 21st century schizoid man, del’excellent King Crimson. So what, mediront ceux d’entre vous qui parlent lalangue de Robert Fripp et de Miles Davis ;et alors ? diront les autres… Eh bien, il setrouve que le texte de cette chanson entenddénoncer la schizoïdie (en gros, l’incapacitéà l’empathie, l’absence d’intérêt pour la vieen société), ce qui est assez cocasse lors-qu’on le met en rapport avec la descriptionparfaitement objective que je viens de fairedu contenu narratif de la pub en question…mais cela n’est pas tout : le dernier vers dela chanson dit explicitement : « nothing he’sgot he really needs », soit, en substance,« rien de ce qu’il a il n’en a besoin »… Est-ilpossible d’être plus clair dans la dénoncia-tion du consumérisme luxueux ? Non,n’est-ce pas ? ER

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

Nothing he’s got…

Refonder l’écolede la République

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201320 21Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

nant. Les acteurs sont époustouflants, lecinéaste fait preuve d’une très grande maîtrisedu scénario et de la réalisation : on ressort dela salle conquis, avec la satisfaction d’avoirpassé un moment intelligent, un beaumoment plein d’humanisme. CdP

Pour ce film qui lui tenait à cœurdepuis si longtemps, Desplechin a renoncé àcertaines de ses marques de fabrique et nouslivre un film plus classique en apparence, quiserait presque sage… sans le grain de folie quitraverse de part en part le personnage deMathieu Amalric, capable d’insuffler de la fan-taisie jusque dans les détails les plus tri-viaux. ER

Desplechin, qui excelle à régler descomptes de famille – Rois et reines, Un contede noël – nous avait habitués à des films fra-cassants. Pourtant je me suis endormie surle canapé du psy Devereux. Où sont passéesla virtuosité et l’élégance de sa mise en scène ?Qu’est devenu l’étincelant Amalric ? Le voilaqui semble faire des efforts pathétiques pourse fondre dans la peau d’un personnage quine lui ressemble pas. Jimmy P. manque d’en-thousiasme, d’ambition et de folie. Il reste la

fascination du réalisateur pour le livre qu’iladapte. C’est peu pour tenir près de deuxheures ! SB

Obstacles, épreuves, duels, suspense,émotion, Jimmy P. est un film d’action… sousun crâne. Arnaud Desplechin, par l’intermé-diaire du haut en couleurs Georges Devereux,nous entraîne à la recherche du temps perdudans une aventure intérieure constammentpassionnante. JF

Le traitement a fonctionné : grâce àJimmy P., le cinéma d’Arnaud Desplechin neme provoque plus d’irritation tandis que le jeude Mathieu Amalric devient source d’émotionspositives ! En espérant que les résultats seconfirment dans le futur, tous mes remercie-ments au Docteur E. R. pour sa prescription !IG

Depuis Rois et Reine (2004), Desplechindéroulait déjà des fils manquants, histoire defiliation, d’héritages, de psychisme et de ques-tionnements avec notamment une scène auMusée de l’Homme. Des reconstitutions Pri-mitives servaient alors de décor, avec destotems… Indiens. Ismaël (M. Almaric !) allait

consulter le Dr Devereux, alors incarné parElsa Woliaston, actrice et danseuse africaine.Avec Jimmy P., Desplechin continue à tissersa toile et se fait complice de notre mémoirede cinéphile. Il convoque à nouveau lesracines proches et également ancestrales, lesaires culturelles, comme leur transversalité,en se référant au pensable et au connu, enplus ample encore : Georges Devereux, pion-nier de l’ethnopsychanalyse, justement !Magnifique défi accompli et superbe incarna-tion de ce duo que forment Jimmy et Georges !RS

On reconnaît dans Jimmy P. les obses-sions de Desplechin : la religion, la psychana-lyse, la famille, les liens du sang, ses pro-blèmes avec les femmes... dans ce filmpassionnant sur une relation thérapeutiquehors norme. Toutefois, on peut regretter unevision trop européanocentrée, des interpréta-tions psychanalytiques universalisant le dis-cours fantasmatique de Jimmy, qui donnesans doute une vision biaisée de l’ethnopsy-chiatrie, basée notamment sur le relativismeculturel et dont l’étiologie des troubles psy-chiatriques prend sa source dans la culturede l’individu analysé et non dans les arché-types de l’inconscient freudien. EC

Au pays des grands espaces, ArnaudDesplechin a choisi de filmer un road movieen huis clos, la voie d’une guérison par laparole ; toute la dramaturgie de ce westernrepose sur le dialogue entre deux êtres bles-sés, le savant juif d’origine hongroise ayant fuile nazisme – le magnifique et fébrile MathieuAmalric – et le géant indien traumatisé, anciencombattant de la seconde guerre mondiale, lemonolithique et impressionnant Benicio delToro. DP

Desplechin a dirigé deux acteursimmenses qui se coulent dans leurspersonnages avec un semblant de naturelconfondant. On s’attache avec curiosité etétonnement aux méandres dessinés par leurrecherche commune. Mots prononcés. Mauxdévoilés. Apaisement. Quelle belle leçon ! MS

Jimmy P. est un film audacieux dansson projet : nous livrer la psychanalyse(presque) complète d’un Indien américain parun analyste rejeté par ses pairs pour entorseà l’orthodoxie.On pouvait s’attendre à une œuvre bavarde etpontifiante : on a un film rayonnant, mer-veilleusement optimiste, de surcroît passion-

Courts lettragesLes rédacteurs ont vu :

Jimmy P.Arnaud Desplechin

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23Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 – – Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201322

Et le langage ? Le Québec est un paysincroyable : beaucoup de fraternité, deconvivialité. Il y a une espèce de civisme, debienveillance. C’était une toute petite pro-duction. J’ai été très bien accueillie. Tousles films québécois sont décomplexés, sin-guliers. Les films vivent beaucoup dans lesfestivals. On a l’impression qu’ils peuventtout tenter. La langue est magnifique : cesont des images. C’est très enfantin.

À l’arrière plan on sent l’ennui, une pres-sion sociale…Vic et Flo sont à l’extérieur, marginalisées.La marge n’est pas confortable. Je ne voispas le film comme un film social. C’est plusun film sur des gens qui ne vivent pas dansla norme. Denis vit pour le cinéma, va defestival en festival comme s’il vivait dans unmonde parallèle. On est dans une sociétéqui rejette la marge. Les personnages sonttrès seuls.

Àla lecture du scénario, j’ai été commehypnotisée. En général j’accepte un rôle

à cause de l’histoire, du personnage ou dupas que je vais faire dans le cinéma. Dansce film, il y a une recherche. Alors, j’ai euenvie de tenter, d’aller dans des extrêmes.Il y a là des choses radicales. Dès que j’ailu le scénario, j’ai eu envie car c’était diffé-rent.

Le personnage de Flo est très fort. C’estle personnage de Vic qui me plaît le plus[elle est Flo]. Je n’ai pas choisi pour le per-sonnage. Le film vaut pour le duo, l’histoireà deux. C’est une tragédie moderne. Ellesont toutes les deux une singularité. Vic fas-cine. Elle porte la tragédie sur son visageElle est fabuleuse. On va vers la tragédieinéluctablement. La réinsertion de cesfemmes est impossible. Le danger vient dela société. La seule issue est la mort.Au début du film, l’univers du cinéma esttrès intimiste puis ça devient un film à laJohn Woo. Dans ce film, il y a une jouis-

sance : c’est un film d’amour puis de ven-geance. Le film est à la fois violent et mar-rant dans tous les rôles qu’il embrasse. Cesdeux femmes sont privées de liberté. Ellesont une histoire d’amour et pourtant il y aune impossibilité à vivre ensemble… Moidans ce film, j’ai vu une histoire d’amourentre deux femmes et un thriller.Ce que j’aime, c’est être bousculée. Tous lesrôles sont magnifiques. J’ai aimé le silencedu film, les bruits de la forêt, la forêt, lacime des arbres... Le huis clos devientmenaçant… Oser aimer montrer ces per-sonnages… Oser aimer montrer le silence…Denis Côté a voulu que la forêt soit un per-sonnage. Le rapport à la nature est puis-sant, encore plus qu’en France.

Un spectateur a aimé le découpage dufilm, à la fois des femmes seules qui nebougent pas… puis des moments quifilent… Denis aime rentrer dans les scènesde manière frontale.

Rencontre avecRomane Bohringer

Rencontre avec Romane Bohringerle lundi 2 septembre 2013

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Romane Bohringer a rencontré le public à l’occasion de la sortie de Vic et Flo ont vuun ours. Ce film du québécois Denis Côté a remporté l’Ours d’argent de l’innovationà Berlin cette année. Avant la projection, elle nous a prévenus : « Denis Côté fait desfilms étranges qui surprennent les spectateurs. Ne soyez pas surpris d’être surpris ! »

Vic et Flo rencontrent un ours raconte l’histoire de deux femmes qui vivent en margede la société, retirées à la lisière d’une forêt, dans une cabane à sucre abandonnée.Une vision intimiste de leur réapprentissage de la vie va progressivement disparaîtredès que des fantômes de leur passé resurgissent et les frappent violemment…

Les spectateurs bouleversés par les dernières images grandioses et sanglantes ont duse faire violence pour amorcer les échanges. Romane Bohringer a brisé le silence endéveloppant avec plaisir et sincérité les thèmes abordés.

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Vic est le personnage central. L’actrice Pier-rette Robitaille est connue pour êtrecomique. Ici, c’était un défi de travailleravec elle, de la rencontrer. Je l’ai découvertesans rien savoir d’elle qui dégageait unegrande profondeur. Une autre femme, Jac-kie, joue la méchante. Elle est issue duthéâtre.

Pourquoi vous avoir choisi vous ?Une autre actrice avait été choisie. J’ai étéle plan B de Denis Côté qui dit que Flo, c’estl’enfant sauvage. Il avait besoin de quel-qu’un de nature terrienne dans la vie.

Le dernier plan qui vous revient...On a été quatre jours plongées dans lesfeuilles, dans cette folie de feuilles. Toutétait écrit. Puis, on a fait, on a dit « C’est fini». Denis Côté a gardé cette image car le per-sonnage meurt et en même temps la fin estviolente. On a

un peu peur. Il y a un jeu dans la violence.Dans le deuxième plan, il y a l’actrice, unmélange de peur, un niveau de complicité.

D’autres projets ?Oui, une pièce de théâtre à Paris, puis latournée. J’apprends des choses au théâtre.Je travaille tout le temps. J’évolue. Aucinéma, on ne me fait pas de proposition.La dernière, c’était pour Le bal des actricesde Maïwenn. Je ne vais vers le cinéma quequand il y a un truc particulier. Je veuxqu’il y ait du désir, une vraie cohérence. J’aicommencé il y a vingt ans avec Les nuitsfauves. Pendant trois, quatre ans, j’ai eu lechoix de super scénarios. Après, il faut êtrerelancé. J’ai tourné L’Accompagnatrice,L’Appartement, Mina Tannenbaum qui onttrès bien marché. J’ai aussi refusé desfilms, fait des choix, celui actuellement d’al-ler au théâtre où je travaille, où je peuxjouer tous les rôles. Le cinéma devient plusrare. Je suis en manque de retrouver cer-

tains cinéastes, de personnes qui fontavancer, qui marquent. Je suis sur

ma lancée. Je peux continuersur mon exigence à moi.

Nous avons eu du mal àquitter la salle et cettecomédienne si chaleu-reuse, généreuse, siexigeante, aimant lecinéma populaire, tou-jours en recherche departage.Pour la retrouver, ellenous a invités authéâtre de la Pépinière à

Paris où elle joue dansMélodrame(s) jusqu’à la

mi-décembre. MS

25Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 2013 –

pour lequel Didier a tant d’admiration etqui passe en Amérique pour le père de lamusique bluegrass et country. La signifi-cation du tatouage que l’on découvre surla fesse d’Elise à sa mort : « Alabama Mon-roe », ce serait donc (peut-être) le nom dupère et le nom du fils, pardon du groupedes fils. Elise vivrait par conséquent dansun monde du symbolique.

Didier lui-même habite depuis longtempsdans un monde où le symbolique est roi :l’Amérique (terre de liberté et demusique), la musique country (source derêve et de bonheur), Bill Monroe (le créa-teur de la vraie musique). Didier fuit leréel (la vie en Flandres, ou la réalité toutsimplement), qui ne l’intéresse pas. Il seconstruit un monde imaginaire, édifié surdes symboles : la ferme à l’américaine, leschevaux, la musique country. De lui nousne voyons que ces éléments symboliques :visage et vêtements de cow-boy ou demusicien country, chapeau et costume

Rencontre avecRomane Bohringer

À propos deAlabama Monroe

Alabama Monroe est un de ces objetsinclassables qui sont le bonheur du

cinéma. Avec l’histoire annoncée dès lespremiers plans du cancer de la petite fille,Maybelle, on pouvait s’attendre au pirecomme ce fut le cas dans La Guerre estdéclarée, de Valérie Donzelli. Mais c’estune fausse piste narrative. Et il fautattendre la dernière partie pour en avoirla certitude : Alabama Monroe est un filmsur le symbolique (et donc sur l’imagi-naire.)

Il faut donc attendre le moment où Elisedéclare avoir changé de nom, comme lefont les Indiens, pour changer de vie. Cenom d’Alabama n’a sans doute rien à voiravec l’état américain du même nom, oupresque rien. Alabama, c’est un groupede musique country qui a sévi aux États-Unis de 1977 à 2004.

Alabama, c’est donc le nom des fils. Carleur père en esprit se nomme Bill Monroe,

le deuil impossible

– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201324

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– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201326

blancs connotant aussi gentleman farmeret musicien country américains.

Il est tellement pris dans l’univers imagi-naire qu’il s’est fabriqué qu’il ne perçoitplus rien du réel. Quand il s’apprête àfêter l’anniversaire de sa fille, à la télévi-sion passent des images de cette Amé-rique qu’il aime tant : ce sont les imagesen boucle de l’attentat du 11 septembre2001 contre les Twin Towers. Il ne les voitpas : elles terniraient son rêve et cemonde baigné de bonheur dans lequel ilpense vivre.De par son métier, Elise fabrique du sym-bolique : ses tatouages sont autant desymboles aux sens multiples inscritsdans la chair de ses clients (et dans lasienne). Elle éprouve un coup de foudrepour Didier parce que leurs désirs desymbolique (et d’imaginaire) se conju-

guent. Quand la petitefille naît, elle ne le saitpas, mais elle appartientdans l’univers mental(l’inconscient ?) de sesparents au registre dusymbolique. Car son pré-nom, Maybelle, est celuide Maybelle Carter, égériedu groupe The CarterFamily, un des groupesfondateurs de la musiquecountry. La petite fille nesait pas non plus qu’elleest ainsi la mère symbo-lique de son propre pèreet de sa propre mère :Maybelle Carter était sur-nommée Mother Carter.

Avec un certain goût du paradoxe, onpourrait dire que, quand elle meurt, ellelaisse ses parents orphelins.

Avec cette mort inacceptable (Maybelleest une petite enfant), la réalité fait irrup-tion dans le monde imaginaire de Didieret Elise. Elle détruit la coquille symbo-lique aux couleurs de l’amour fou queceux-ci se sont construite. Dès lors, c’estle vide. Les symboles détruits, il reste laréalité, un monde où il pleut, où les élé-ments ne sont plus souriants et com-plices. Un monde où les éléments ne par-lent plus, ne fonctionnent plus commesymboles.

(Parenthèse : notons que le réalisateur luis’en sert comme symboles pour s’adres-ser au public : pluie dans les instants dedeuil, vent violent dans les moments de

Maybelle, puis à la mort d’Elise, il joue dela musique country avec son groupe.Elise se fabrique un autre monde imagi-naire, englué de symboles : la chambrede sa fille, les photos, les bougies. Etquand elle réalise enfin ce que ce rituel ade chimérique, elle décide de changerradicalement de vie et d’imaginaire : elledevient Alabama. Elle en meurt, parcequ’on ne peut pas changer : « la vie nefait pas de cadeaux » (ce sont ses mots,empruntés à un autre flamand, JacquesBrel) et elle ne peut s’y résoudre.

Didier survit : après avoir maudit l’Amé-rique de Bush, il retourne dans ce rêvecountry où les amis sont là pour nousréconforter, où la musique parle de bon-heur, où la vie reste belle quoi qu’il arrive.Il demeure dans son rêve immature. Ilconcède juste à Elise (morte, et qui nepeut plus l’entendre) qu’elle va peut-êtrebien retrouver sa fille dans l’espace etqu’elles lui souriront. Il rêve, encore, tou-jours. Le symbolique a la vie dure. CdP

conflits. Symboles un peu éculés dans lelangage cinématographique. Sans douteune faiblesse).S’effondre ainsi l’image d’Épinal. Didier etDenise vivaient dans un univers lisse etsans aspérités, où le bonheur était la loi,où l’amour (le désir) donnait forme à lavie. A la mort de Maybelle, ils découvrentque tout n’était qu’illusion et mensonge(ou mieux : symbolique et imaginaire).Elise nous révèle que la perfection danslaquelle ils croyaient évoluer était minée :Didier s’était enfui plusieurs fois, à lanaissance de sa fille, aux anniversaires,aux moments où le réel pointait le boutde son nez.

Avec la mort, le réel, sale, fait retour : entémoigne cette tombe de la petite fille oùles poignées de boue recouvrent les fleursblanches. Tout d’un coup se révèle àDidier et Elise la vérité de leurs désirs :ils ne se ressemblent plus et ne sont sansdoute jamais ressemblés. Didier veut res-ter réfugié dans son rêve country et s’yagrippe : d’ailleurs, à l’enterrement de

À propos deAlabama Monroe

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Àl’issue de la projection, la réalisatricenous parle de la façon dont elle a tra-

vaillé, comment elle a entremêlé fiction etréalité : pendant six mois, elle s’estimmergée dans la gare avec une petiteéquipe (3 assistants) ; ils ont commencépar écouter et écrire ce qu’ils entendaient.Le fait d’être quatre garantissait un éven-tail plus large. Puis ils ont enregistré desdialogues… Progressivement, de tous cesmots sont apparus des personnages. Ledéfi a consisté à tisser des histoires à par-tir de faits réels et de dialogues entendus.Il y avait tellement d’éléments que ce « tra-vail de tissage » pour écrire le scénario aété très long. Toutes ces archives ont éga-lement donné lieu au tournage d’un docu-mentaire : Géographie humaine, que l’ondécouvrira à la télévision et d’un webdoc*à voir en ligne.Le film est donc une fiction qui met enscène des gens qui savent qu’ils sont fil-més ; mais le scénario est « traversé par ledocumentaire... J’ai passé six moiscomme une voleuse d’histoires ».

La gare du nord : c’est la troisième dumonde en termes de fréquentation, la plusimportante d’Europe. Les gens qui y tra-vaillent ont le sentiment d’être au centredu monde. D’une certaine manière, ilssont fiers d’y être ; même les clochards !Ce lieu de passage et de rencontres, d’unegrande puissance humaine, est donc mer-veilleux pour se confronter à l’idée de faireun film à partir du réel. Il a en mêmetemps une réputation sulfureuse voiredangereuse. Beaucoup parlent de dispari-tions, de fantômes : « Il y a comme unereprésentation mythologique de ce lieu…C’est comme si on se trouvait devant untableau de Brueghel : beaucoup de gensqui se croisent, disparaissent... »La dame des toilettes originaire du Togopense que les morts sont dans la foule etaffirme que c’est réconfortant de se direque ses ancêtres sont là...Claire Simon aime l’architecture très ciné-matographique de la gare et évoque toutce qu’elle n’y a pas encore filmé, une sériede « salons mondains » qui réunissent des

Rencontre avecClaire Simon

ensembles de gens habitués à s’y retrou-ver. On voit dans le film, devant les maga-sins, un espace comme une placepublique où les jeunes de banlieues ontleurs habitudes ; ceux d’Aulnay y rencon-trent, sans heurts, ceux de villes voisines ;on ne leur demande pas ce qu’ils font là ;les bagarres de bandes n’y ont pas lieu.

Les conditions de tournage s’apparen-taient à celles du documentaire, sans bar-rières de sécurité, sans espaces réservés.« Je n’avais jamais tourné à Paris, là,c’était plein pot, » confie la réalisatrice. Aucours du tournage, un journaliste estpassé et a affirmé avoir vu Nicole Garciatrès mal, assise par terre dans la gare duNord ; un article a relaté ce fait dans Télé-rama ; « Il n’avait pas vu qu’on était en

train de filmer » !Et, « comme la vie c’est plus fort que lecinéma », les gens intervenaient, certainspaniquaient parce qu’ils ne contrôlaientpas tout.

Parmi les personnages croisés, il y aceux, comme les gitanes qui font en vraice qu’elles représentent. L’homme qui s’enprend à la boutique de lingerie a été ren-contré dans la gare. Il a joué un évène-ment qui est arrivé réellement. Ça a ététrès violent, « à l’image de la maladie dumonde ». La vendeuse a vraiment arrêtéson travail ensuite.Le comédien qui joue le rôle de l’italiendélirant reprend mot pour mot les parolesentendues par cette personne en crise etc.Tous ont pris leur travail d’acteur à cœur,

Déjà venue aux Studio en 2008 présenter son film Les Bureaux de Dieu,Claire Simon est visiblement comblée de trouver une salle pleine àl’occasion de la sortie de Gare du Nord :

« J’avais peur qu’à Tours la gare du Nord n’évoque pas grand-chose.… Dans ce film que j’ai mis très longtemps à faire, jevoulais que les histoires surgissent de la gare, qu’elles neviennent que du lieu lui-même. Celui-ci est suffisammentvaste et impressionnant pour susciter une quantité de films ». C

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* http://gare-du-nord.nouvelles-ecritures.francetv.fr/

Rencontre avec Claire Simonle vendredi 6 septembre 2013

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31– Les CARNETS du STUDIO n°317 – novembre 201330

l’ont fait avec sérieux : « C’est exaltantd’avoir rencontré ces gens ».À leurs côtés, quatre personnages qui res-semblent aux rôles qu’ils jouent dans lefilm ; ils n’ont donc pas eu à fabriquerquelque chose qui est loin d’eux et lemonde extérieur (celui qui passe par lagare) devait se refléter dans leurs trajec-toires. À travers Ismaël – Reda Kateb –, il s’agis-sait de rendre compte de la difficulté d’êtreun enfant d’immigré dans la sociétéactuelle. Il doit trouver sa légitimité entant qu’étudiant en sociologie qui écouteet rapporte. C’est par lui qu’on approche Mathilde– Nicole Garcia –, personnage qui puiseson énergie dans toutes les sortes de viequ’elle voit et qu’elle n’a pas vécues. « Çaa été très fort pour moi de travailler unenouvelle fois avec elle. Elle est très inven-tive, très libre et a une force incroyable, unpeu comme Gena Rowlands. Elle passaitses journées à la gare, assise, curieuse,regardant tout le monde, exactementcomme la vraie Mathilde dont l’histoirenous a été racontée par la vendeuse debijoux… »

Dès la naissance du cinéma, on trouveen même temps la volonté antago-

niste de rendre compte de la réalité («Apporter le monde au monde » comme ledit si bien Bertrand Tavernier en parlantdes frères Lumière) et de le transcenderpar l’imaginaire, de le réinventer, de luiapporter une dimension supplémentaire,magique (Les 600 « Voyages à travers l’im-possible » de Georges Méliès) ; voir lemonde tel qu’il se donne à voir ou s’enservir comme un décor pour des illusions,c’est-à-dire être à la fois l’instrument dela vérité (le plus objectivement possible,avec preuves sur pellicule) et l’art dumensonge (utilisant les trucages les plussimples ou les plus sophistiqués). Maisqu’il soit documentaire ou de fiction, lecinéma utilise les mêmes techniques(cadrage, découpage, montage…) pourdonner aux spectateurs le sentiment duréel.Longtemps documentariste, Claire Simonutilise pour construire ses fictions destechniques d’observation du réel héritées

de son passé. Pour son dernier film inti-tulé Gare du nord, elle décide de raconterun lieu public en entremêlant les cen-taines d’histoires qui se confrontent surles quais. Mais au lieu de faire confianceà l’imagination d’un auteur pour dégagerle génie de ce lieu unique, elle décided’utiliser des méthodes d’investigationpropres à la sociologie : avec quatre étu-diants, elle reste en « immersion » dans lagare du nord pendant six mois, notantdes centaines de discours qui devien-dront ceux des personnages de sa fiction.Ainsi, dans son film, tout est vrai (lesparoles ont été vraiment prononcées pardes personnes réelles, voyageurs ou tra-vailleurs de la gare) mais tout est faux(saynètes rejouées par des acteurs). Vrai-semblablement d’ailleurs, les parolessonnent peut-être encore plus vraiesqu’en « vrai » grâce à la qualité de l’inter-prétation des acteurs, professionnels ounon. Le travail scénaristique devient alorsun travail de montage, précédant celuides images. De cette imbrication de

C’est également en observant les autres,dans la gare, que Joan – Monia Chokri –,la working girl, prend conscience du nau-frage de son existence.Quant à Sacha – François Damiens –, iljoue son propre rôle. Reconnu par les pas-sants, il doit affronter sa notoriété ; et :« J’aimais l’idée de la dépression ducomique » !

À la fin, Mathilde meurt… Au spectateurqui s’en étonne, Claire Simon répond :« Est-elle un fantôme ? La première visionque j’ai eue de la gare, c’est comme unesphère… comme le monde ; la gare devientune image métaphorique de la vie ; letemps y passe très vite… et à la fin, ontombe… Je ne sais pas si le personnagedont on m’avait parlé a survécu… Maismême la mère de Bambi meurt ».

Ce fut une belle soirée poursuivie – leshabitués des rencontres en ont l’habitude– par une discussion autour d’un pot. Laréalisatrice était ravie, les spectateurssemble-t-il aussi : à bientôt, ClaireSimon… SB

InterférencesGare du NordDanza de la realidad

Danses de la réalité

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tranches de réel se détache un curieuxsentiment d’irréalité, de fantastique(comme le notait une spectatrice lors dudébat). Claire Simon le reconnaissait :jamais aucun scénariste n’aurait surendre totalement crédible le personnagedu vagabond italien que rencontre Joanà la fin du film (et qui lui parle des camé-ras que son psychiatre a greffé dans oncerveau pour pouvoir voir tout ce qu’ilvoit) et qu’elle a rencontré et qui lui a tenumot pour mot le délire sidérant qui esttenu ici. Irréel réel. À 84 ans, Alejandro Jodorowsky repassederrière la caméra pour un film autobio-graphique La Danza de la realidad où ilraconte son enfance dans les années 30à Tocopilla, un port minier du nord duChili. Fidèle à la tradition sud-américainedu réalisme magique des romans de Gar-cia Marquez, Cortázar, Carlos Fuentes…, mélange proprement hallucinant d’élé-ments réels (qui peuvent d’une totale cru-dité) et de fantasmes, de rêves, de visionsallégoriques, d’échos d’autres films (Fel-lini, Buñuel, Todd Browning mais aussises propres films Santa sangre ou Eltopo). La voix envoutante du vieil homme

nous guide dans le labyrinthe poétique etsanglant de ce passé reconstruit et où ilaccompagne en personne le petit garçonqu’il fut, soumis à la violence brutale d’unpère stalinien (joué par son propre fils).Sa mère voulait être chanteuse lyrique,elle ne s’exprimera qu’en chantantaccompagnée par la musique sympho-nique écrite par un autre fils. Son pèrerêvait de tuer un dictateur de l’entre deuxguerres, il lui invente une odyssée cruelleet magnifique où son tyran domestiquede père, Ulysse et Christ à la fois,apprend à devenir un homme, non dansla caricature machiste de son passé, maisun homme capable d’aimer sa femme etson fils. Car de ce long poème excessif,baroque et grandiloquent, se dégage lavolonté de réécrire l’histoire, de trouver,par la fiction la plus abracadabrantesque,une conclusion heureuse à une histoirefamiliale restée douloureuse tout au longde ses longues années d’une vie bien rem-plie. Et rien n’est plus émouvant que devoir le vieil homme d’aujourd’hui prendredans ses bras l’enfant brutalisé d’hier,dans un magnifique raccourci temporel,pour le rassurer et le guider sur le cheminde la vie. DP

ALABAMA MONROEde Félix Van Groeningen

Ce film est bouleversant. Lescomédiens sont incroyables.

Le sujet est difficile. (Valérie Don-zelli avec La Guerre est déclaréeavait réalisé sur le même thème

un film remarquable). Tout dans le scénarion’est pas parfaitement maîtrisé mais on suitvolontiers les personnages jusqu’à la scènefinale. La musique, au cœur du film, trans-cende, à mon sens, l’amour, l’amitié, la mala-die et la mort. Christine PousseFilm simplement et profondément humain.Bouleversant. Interprétation très juste destrois rôles principaux avec une mention spé-ciale pour la lumineuse VeerleBaetens/Elise/Alabama qui donne une âmeau film. DMD

UNE PLACE SUR LA TERRE de Fabienne Godet

Poelvoorde est vraiment épatantdans ce rôle tragicomique de

photographe désabusé, nihiliste.Ce film est tout en pudeur. Lespersonnages sont émouvantsdans leur quête de sens à donner

à leur vie. (Même le petit Matéo qui a du malà trouver sa place avec les autres enfants etqui recherche la compagnie d’Antoine). Chris-tine P.

GARE DU NORDde Claire Simon

Une tentative de rendre comptede l’air du temps qui s’appuie

sur une approche originale : unlieu de passage, des personnagesde fiction qui se livrent et qui nouséchappent. Malgré sa longueur, ce

film n’est pas ennuyeux, néanmoins, j’ai pré-féré l’approche documentaire adoptée parChris Marker dans Joli mai tourné une cin-

Vos critiques

quantaine d’années plus tôt (et revu aux Stu-dio en juillet) qui me semblait, à sa façon,poursuivre le même objectif. Hervé R.

LA DANZA DE LA REALIDADde Alejandro Jodorowsky

Tourneboulversifique, cefilm est un agencement

soigneux et audacieux defragments autobiogra-phiques. À voir absolument,non seulement parce que

c’est un chef d’œuvre, mais aussi parce queles personnes de ma génération ne réalisentpeut être pas que c’est le premier et le dernierfilm de Jodorowsky que l’on pourra voir à sasortie en salle. Nanette

VIC + FLO ONT VU UN OURSde Denis Côté

Ce film est sensible, éton-nant et surprenant. Les

actrices sont vraimentsuperbes. L’atmosphère dufilm se transforme petit àpetit, démarrant comme un

film intimiste et puis vers la fin… mais bon lemieux est d’aller le voir et vous le garderezquelques jours dans la tête ! Monique L.

ELLE S’EN VAde Emmanuelle Bercot

Catherine Deneuve est depresque tous les plans

dans ce très beau film faitd’improbables rencontres.Nous suivons cette femmepourtant accablée de soucis

presque comme si nous étions en apesanteur.Signalons aussi l’excellente performance de lachanteuse Camille et un très détonnantenfant dans le rôle du petit-fils de MmeDeneuve… Yossarian H.

Rubrique réalisée par RS