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reportage, à lire en p. 4 Située au sud de la Bourgogne, l’une des régions les plus emblématiques de la France telle que le monde entier l’aime, la Saône-et-Loire est également à la pointe des technologies les plus avancées en termes de développe- ment des territoires. La Direction départementale de l’équipement 71 a anticipé les conséquences de la deuxième étape de décentralisation des services pour recaler ses interventions en s’appuyant sur une utilisation générali- sée des Systèmes d’information géographique. Faire de leur usage un réflexe, afin de faciliter les partages des données entre tous les responsables territoriaux, constitue le fondement du « plan géomatique » de cette DDE. p.2/3 repères L’actualité en bref et en images p.11 portrait Christine Janin, de l’aventure à l’ascèse p.12/13 partenariat La nouvelle cartographie du Sénégal p.14/15 solutions Stéréoscopie et visualisation en relief La Direction départementale de l’équipement de Saône-et-Loire Géomatique et décentralisation IGN MAGAZINE Le monde de l’Institut Géographique National IGN MAGAZINE Le monde de l’Institut Géographique National 37 septembre octobre 06 37 septembre octobre 06

3737 septembre octobre 06 IGN - Portail IGN | L ... · la tour Eiffel, le château de Chambord, le Mont-Blanc, les falaises d’Étretat, ... territoires, de leur situation écono-mique

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reportage, à lire en p. 4

Située au sud de la Bourgogne, l’une des régions les plus emblématiques de la France telle que le monde entier

l’aime, la Saône-et-Loire est également à la pointe des technologies les plus avancées en termes de développe-

ment des territoires. La Direction départementale de l’équipement 71 a anticipé les conséquences de la deuxième

étape de décentralisation des services pour recaler ses interventions en s’appuyant sur une utilisation générali-

sée des Systèmes d’information géographique. Faire de leur usage un réflexe, afin de faciliter les partages des

données entre tous les responsables territoriaux, constitue le fondement du « plan géomatique » de cette DDE.

p.2/3repères

L’actualitéen bref et enimages

p.11portraitChristine Janin,de l’aventure à l’ascèse

p.12/13partenariatLa nouvellecartographiedu Sénégal

p.14/15solutionsStéréoscopie et visualisation en relief

La Direction départementale de l’équipement de Saône-et-Loire

Géomatique et décentralisation

IGNMAGAZINELe monde de l’Institut Géographique National

IGNMAGAZINELe monde de l’Institut Géographique National

n° 37 septembre octobre 06n° 37 septembre octobre 06

Le vendredi 23 juin a eu lieu, à l’Élysée, la présentation du Géoportail au président de la République,Jacques Chirac. La réunion s’est déroulée en présence de Dominique Perben (ministre des Transports),de Jean-François Copé (ministre du Budget) et de Nelly Olin (ministre de l’Écologie). Participaient aussi àcette inauguration Bertrand Lévy (directeur général de l’IGN) et Philippe Vesseron (président du BRGM). Le président Jacques Chirac a précisé que le Géoportail s’inscrivait dans une série d’enjeux techniqueset économiques qui contribuera à la modernisation de l’État. Il a insisté sur l’aspect démocratique de l’accès à l’information géographique, qui prend toute sa mesure grâce au portail des territoires et des citoyens développé par l’IGN et le BRGM, avec l’apport de nombreux partenaires. ■

@

AGENDA

SEPTEMBRE■ du 21 au 22 Carrefour des communesÀ Saintes, au parc des expositions.

SEPTEMBRE/OCTOBRE■ du 28-9 au 1-10XVIIe festival international de géographieÀ Saint-Dié-des-Vosges.

OCTOBRE■ du 4 au 8Salon du livreÀ Francfort.

■ du 11 au 12SIG 2006 Conférence francophone des utilisateurs Esri.À Issy-les-Moulineaux, au Palais des congrès.

■ le 12Rencontre élusÀ Villefranche-sur-Cher(Agence IGN Centre).

■ le 21Rencontre élusÀ Cernay.

NOVEMBRE■ le 9Rencontre RGEÀ Beaune.

■ du 21 au 23Salon des maires et des collectivitéslocalesÀ Paris, porte de Versailles.

Pour touteinformation à caractère

professionnel :www.ign.fr

Le bilan des connexions sur le Géoportail des territoires et des citoyens

(www.geoportail.fr) la semaine suivant son inauguration, du 23 au 30 juin,

fait état d’une affluence record.

En effet, le premier week-end, il y a eu jusqu’à 250 000 tentatives de connexions

à l’heure. Le nombre de connexions réussies a culminé le lundi 26 juin à plus

de 1,4 million de visites dans la journée. Près de 6 millions de « pages vues » furent

dénombrées le lendemain. Selon Alexa un site américain qui audite et rend publique

la fréquentation des pages Internet, ww.geoportail.fr, a atteint, sur le Web, à son

lancement, 0,18 % du trafic mondial. À titre de comparaison, le site de télécharge-

ment de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) parvint à 0,045 % de ce même trafic,

le 27 avril 2006 lors de son inauguration. Pour satisfaire une telle demande en faveur

du Géoportail, il a fallu renforcer de façon significative les serveurs « cache Internet »

permettant de stocker les images précalculées. Cela a été opérationnel dès le 29 juin

au soir. Toutes les équipes du groupement Digitech/Teamlog ont travaillé sans relâche

pour permettre une amélioration rapide de l’accès au site. Le pourcentage de pages

d’excuses pour impossibilité de connexion a pu ainsi être ramené à moins de 1 %

dans les jours qui ont suivi.

Exprimé en nombre de visiteurs différents au cours de son premier mois

d’exploitation, du 23 juin au 22 juillet, le Géoportail a enregistré 9,12 millions

d’internautes. Au cours du deuxième mois, du 23 juillet au 22 août, il en a accueilli

3,3 millions.

2/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

Le Géoportail à l’Élysée

repères

Premier bilan du Géoportail : l’engouement du public

©A

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Au premier plan : M. Jacques Chirac, président de la République et M.Dominique Perben, ministre des Transports. Au second plan, de gauche à droite : Mme Nelly Olin, ministre de l’Écologie. Mrs Franck Mordacq, de la Direction généralede la modernisation de l’État, Stéphane Dupré La Tour, conseiller Industrie-Environnement-Transports auprès du cabinetdu président de la République, Bertrand Lévy, directeur général de l’Institut géographique national (IGN) et PhilippeVesseron, président du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

>>Conférence de presse, consécutive au lancement du Géoportail le 23 juin 2006, à l’hôtel deRoquelaure (ministère de l’Équipement).

« Lancé le 23 juin 2006, Géoportail faitson entrée dans le Top 30 des sites français. À peine un mois plus tard, ilenregistre ainsi une progression hors du commun. En juillet 2006, il y a eu3 134 000 visiteurs uniques surwww.geoportail.fr. » ■

PRESSE

MÉDIAMETRIE /NETRATINGS– L’OBSERVATOIRE DES USAGES INTERNET – JUILLET

Contactspresse IGN

Emmanuelle Dormond0143988305Bernard [email protected]

Géoportail, un succèshors du commun

En juin 2001, le gouverne-

ment de Polynésie française

a attribué à IGN France

International un important

projet de cartographie (lire

IGN Magazine n° 8, p. 2).

Les difficultés liées à la

prise de vues aériennes

dans ces archipels

(distances, nuages) ont été

résolues par l’utilisation de

l’imagerie satellitaire très

haute résolution Ikonos

(1 m/pixel). Ces images ont

permis d’avancer significati-

vement dans la couverture

exhaustive des 117 îles

et atolls de la Polynésie

française.

Cela a permis la reprise de

la deuxième tranche du chantier, qui consistait

notamment en des travaux de cartographie au

1 : 5 000, sur les archipels des Tuamotu-

Gambier, Australes et Marquises. Cette carto-

graphie s’appuie sur la restitution photogram-

métrique d’images stéréoscopiques Ikonos.

C’est un défi technologique, à cheval entre la

recherche et la production, relevé par IGN

Espace et les ateliers du Service des bases

de données images, avec GeoView ; et les pre-

mières cartes commencent à sortir de l’Institut.

L’IGN, en partenariat avec le CEA Leti et

VisioGlobe®, vous invite à prendre de la

hauteur.

Au programme, une visite virtuelle de la

France, en 3D, depuis les bornes disposées

dans le grand hall de la Cité des sciences

et de l’industrie (porte de la Villette, à Paris).

Avis à tous ceux qui, un jour, ont rêvé d’être

un oiseau, de planer au dessus des lacs, des

forêts et des volcans, de suivre les méandres

de la Seine ou les côtes de Bretagne. Pour

procurer ces sensations à l’utilisateur, le CEA

Leti a développé un joystick, léger, de prise en

main intuitive, sensible aux mouvements

de l’utilisateur et utilisant des microsystèmes

dont les mesures sont traitées par des algorithmes originaux. Lauréat 2006 du concours national

de l’Oséo-Anvar, VisioGlobe® a fourni sa technologie innovante de navigation 3D, qui se caractérise

par une excellente fluidité de navigation et un rendu visuel d’un haut degré de réalisme, mis au

service des photos aériennes de haute résolution de l’IGN. Accès libre jusqu’au 7 janvier 2007. ■

Les données statistiques montrent qu’en Europe, après la France, ce sont deux pays

francophones, la Belgique et la Suisse, qui ont établi le plus de connexions, l’Allemagne arrivant

en 4e position. Dans le monde, hors Europe, ce sont les États-Unis qui arrivent en tête, suivis

par le Canada et la Chine.

Les sites remarquables les plus consultés ont été, par ordre décroissant : le mont Saint-Michel,

la tour Eiffel, le château de Chambord, le Mont-Blanc, les falaises d’Étretat, Eurotunnel…

Pour répondre aux demandes des internautes, des améliorations ergonomiques seront apportées

avant la fin de l’année, avec notamment l’affichage plein écran. Le Géoportail continuera ainsi

à être amélioré et développé de façon continue.

Grâce à la concertation interministérielle, conduite sous l’égide de la Direction générale de la

modernisation de l’État (DGME), les informations de service public produites par les différents

ministères, telles que le géocatalogage, assuré par le BRGM, ou les premières informations

cadastrales, fournies par la DGI, enrichiront, dans les mois qui viennent, le Géoportail. Dans le

même temps, les premiers services de « Web communaux » seront offerts aux élus pour la gestion

de leurs territoires. ■

Oui, je souhaite m’abonner gratuitement à I G N M a g a z i n e

Mes coordonnées : Mme ❏ Mlle ❏ M. ❏

Nom : Prénom :

Fonction : Organisme :

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Code postal Ville

Tél. :

@ Pour vous abonner en ligne : www.ign.fr

(Merci de préciser si cette adresse est professionnelle ❏ ou personnelle ❏)

Coupon à retourner, sous enveloppe affranchie, à IGN Dircom, 136 bis, rue de Grenelle, 75700 Paris 07 SP.Magazine de l’Institut Géographique

National, 136 bis, rue de Grenelle,

75700 Paris 07 SP. Tél. : 01 43 98 80 00.

Publication bimestrielle. ISSN : 1624-9305.

Directeur de la publication :

Bertrand Lévy. Directrice de la rédaction : Anne-Catherine

Ferrari. Rédacteur en chef : Christophe Grateau, assisté

de Jean-Marc Bornarel.

Comité de rédaction : É. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes,

A. Bonnaud, C. Cecconi, J. Chezaubernard, M. Cotte,

J.-E. David, E. Dormond, F. Gallois, J.Giralt, Ph. Guhur,

M. Jeannot, P. Lebœuf, F. Lecordix, P. Laulier. C. Molina,

B. Morando, F. Robbiani, C. Vivien.

Ont participé à ce numéro : Danielle Van Santen, Patrick

Derouet et Dominique Lasselin.

Conception éditoriale et graphique : Sequoia-ETC.

Direction artistique : Michelle Gaydu.

Chef de fabrication : Isabelle Petit.

Iconographie : CDT71, Jean-Marc Bornarel/IGN, IGN.

Couverture : CDT71 (Pont Saint-Laurent, à Macon).

Le chantier Polynésie se modernise

Visite virtuelle de la France

www.geoportail.fr : la page d’accueil

>>

4/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

Une maquette virtuelle de l’aménagementd’un ouvrage permet de présenter le projetde façon claire et fidèle à l’ensemble de lapopulation, lors des phases d’enquêtepublique et de consultation. La BD CARTO®,la BD ORTHO® et les modèles numériquesde terrain (MNT) sont utilisés. Ces deuximages illustrent le projet modélisé del’aménagement de la RN 80.

reportagereportage

dd

Décentralisation oblige, les régions, les départements et les villes

exercent désormais des activités assumées traditionnellement par

les services de l’État. Une révolution institutionnelle bien accueillie

à la Direction départementale de l’équipement (DDE) de Saône-

et-Loire, car elle permet de renforcer des missions que conserve

l’État, aussi stratégiques que le développement des territoires, la

prévention des risques et l’ingénierie de crise, le logement social

et la rénovation urbaine... Autant de domaines où la DDE appuie

son expertise sur l’information géographique.

Des Côtes de Beaune au Charolais, d’Autun àMâcon, la traversée des paysages vallonnés de la Saône-et-Loire évoque d’abord la France des terroirs et ladouceur de vivre bourguignonne. Premier départe-ment français en surface agricole utile, il compte524 communes rurales sur 573. Mais la Saône-et-Loire, ce sont aussi les entreprises performantes duval de Saône, qui bénéficient de la proximité de Lyonet d’un réseau de communications remarquable. Cesont les saveurs de la Bresse, sur les premiers contre-forts du Jura, mais c’est aussi la communauté urbaine

du Creusot-Monceau, un bassin indus-triel en pleine reconversion. Et, àl’ouest, des territoires en crise, vieillis-sants, menacés de dépeuplement...

Expertise territorialeC’est sur la connaissance fine de cesterritoires, de leur situation écono-mique et de leur potentiel, de leursbesoins en aménagements et en loge-ments... que la Direction départemen-tale de l’équipement doit assurer sesnouvelles missions. En effet, la loi« libertés et responsabilités locales »,qui marque l’acte II de la décentrali-sation, a transféré nombre de ses com-

pétences aux collectivités territoriales, à commencerpar la gestion de certaines routes nationales. Hier, c’étaitle cantonnier et sa camionnette orange qui incarnaientla DDE. Demain, ce sera – plus discrètement, pour legrand public – le chargé de mission territorial,

« Changer d’échelle[…] pour expliquer à une commune “comment le mondetourne autour d’elle”. »

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/5

>>

La DDE de Saône-et-Loire

Géomatique etdécentralisationGéomatique et

décentralisation

6/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

principes directeurs du plan géomatique conçu parMarie-Noëlle Vallesi, à l’issue d’une enquête appro-fondie à travers les services. Un plan qui a su antici-per également sur la nécessité de nouer des partena-riats. Des conventions avec les communes pour lanumérisation de leur cadastre à la révision des planslocaux d’urbanisme, la notion d’échange est essen-tielle.

« La communauté urbaine du Creusot-Monceau(CCM) révise actuellement son plan local d’ur-banisme (PLU) intercommunal sur le territoirede seize communes. Cela représente une massede documents considérable. À son initiative, laCCM la propose sur CD-Rom et une versionSIG est en cours. On trouve un vrai répondantdans les collectivités, qui sont elles-mêmes trèsdynamiques en matière de SIG et de produc-tion de données. L’échange suscite une véri-table émulation. »

Partant d’un SIG enrichi des données du ministère(BD ORTHO®, Scan régional, Route 500®, Route 120®

et GEOFLA®) et de données acquises par la DDE– dont la BD TOPO® et la BD CARTO® –, ce sontquatre SIG métiers qui se mettent en place, chacuncorrespondant aux nouvelles missions de la DDE :expertise territoriale, habitat, risques et gestion decrise, aménagement du territoire. Pour plus de fluiditéet de sécurité, les 60 Giga de données sont installéssur des serveurs décentralisés. Dans chaque arron-dissement également, un géomaticien se tient à la dis-position des services pour donner des conseils eninterne, pour aider chacun à affiner son projet.

SIG urbanisme et habitatDans un arrondissement territorial de la DDE, le pre-mier grand utilisateur du SIG est le bureau des per-mis de construire, explique Guy Bouhier de l’Écluse,chef de l’arrondissement sud d’aménagement :

« Depuis l’acquisition de la BD ORTHO®, ce ser-vice utilise intensivement le SIG pour une infor-mation visuelle pratique, qui évite de nombreuxdéplacements sur le terrain. Les agents véri-fient les zones urbanisées, les zones de retraitpar rapport aux routes, la validité de zones boi-sées protégées... pour localiser les projets deconstructions et la desserte dont elles pourrontbénéficier. À l’avenir, on croisera les servitudesavec les données d’application du droit des sols.Car une des missions de la DDE consiste à inté-grer les servitudes. L’objectif est donc d’éla-borer un SIG servitudes centralisé, que nousmettrons à la disposition de chaque communepour l’établissement de son PLU, sans avoir àfaire le tour des différents services de l’État. »

La BD ORTHO® est également un outil de visualisa-tion de la réserve foncière, pour établir, par exemple,le schéma d’accueil des gens du voyage, obligatoirepour les communes de plus de 5 000 habitants. Et,avec le recentrage des DDE sur la politique de la ville,

Didier Soulage, chef du Service urbanisme, environnementet développement.

Le château de Berzé-le-Châtel.

qui conseillera, assistera etaccompagnera les communes

dans l’aménagement durable desterritoires. Connaissance fine du

terrain et capacité à prendre de la hau-teur sont donc les conditions de la réus-

site, prévient Didier Soulage, chef duService urbanisme, environnement et développement :

« Nous ne sommes crédibles comme accom-pagnants des élus locaux qu’à la condition desavoir de quoi on parle : d’où viennent les col-lectivités ? Où vont-elles ? Dans quel contexte?Dans le secteur économique, par exemple, letourisme vert est-il un levier ? Le développe-ment des résidences secondaires est-il un dan-ger ? Nous, État, sommes capables de chan-ger d’échelle pour aborder ces questions enreplaçant le territoire dans son contexte, pourexpliquer à une commune “comment le mondetourne autour d’elle”. »

L’outil de la DDE pour apporter cette expertise : unsystème d’information développé dans la droite lignedu Schéma directeur de l’information géographiquedu ministère de l’Équipement plaçant la géomatique« dans une position clé pour la concrétisation des poli-tiques publiques territoriales ».

Plan géomatique« Dès mars 2003, sous l’impulsion de Philippe Estingoy,le directeur départemental, nous nous sommes inves-tis à partir d’un projet baptisé CAP 2008 dans unedémarche volontariste pour préparer la DDE aux nou-velles formes d’enjeux sur lesquels elle devrait se posi-tionner », précise Didier Soulage. Cette démarche pilo-tée depuis plus de trois ans par la direction s’est enparticulier traduite par la mise en place d’une celluleSIG dotée de moyens humains importants et de capa-cités d’investissements en termes d’outils informa-tiques et d’acquisitions de données géographiques.Certes, un SIG avait été introduit en 1995, mais sondéveloppement était timide, mal adapté, explique Marie-Noëlle Vallesi, responsable du bureau géomatique :

« Il était trop tourné vers les outils. Pour moi, leSIG ne peut se résumer à MapInfo. J’ai préféréprendre le dossier de façon systémique : pourque le SIG ne reste pas un outil d’expert maissoit approprié collectivement, qu’il s’intégre àla communauté des utilisateurs. Ma méthodea consisté à présenter une offre de nature àsusciter le besoin. Pour cela, il faut une vraieproximité avec les métiers pour pressentir leursdemandes et identifier les données capablesd’y répondre. »

Favoriser les usages, parfaire sa connaissance du ter-ritoire, faciliter le partage des données, tels ont été les

reportage

Le département de Saône-et-Loire.

©C

DT7

1

>>

La DDE de Saône-et-Loire

ritoire. La difficulté pour une DDE, c’est d’avoirune vision globale qui ne soit pas indépendantedu contexte local. Le Certu peut apporter auxservices de l’équipement et aux collectivitésune assistance aux usages des SIG en urba-nisme par la production de fiches de cas et deguides méthodologiques. Cela en direct et avecles chargés d’études en géomatique urbainedes Cete*. »

SIG risques et gestion de criseDans la nouvelle organisation de la DDE, un nouveauservice – risques, sécurité routière, crises – rapprocherisques et ingénierie de crise. C’est là une activité enplein devenir, qui doit étendre la mission du Centred’information et de gestion du trafic (CIGT) à d’autresrisques – naturels et industriels – et intervenir égale-ment en appui au préfet. En cas de débordement de laSaône, par exemple, la DDE doit être capable d’ap-porter très vite des informations sur les zones inon-dées. Cette réactivité, seul le SIG est capable de lagarantir, explique Marie-Noëlle Vallesi :

« Pour le risque inondation, récurrent sur lecours de la Saône, mais aussi lors d’événe-ments comme l’alerte à la grippe aviaire, qui aété déclenchée en automne dernier sur le dépar-tement voisin de l’Ain. Nous avons mis troisjours pour réaliser notre plan de crise : de ladéfinition des périmètres de sécurité à l’identi-fication des personnes à réquisitionner. »

Cette rapidité repose sur la disponibilité des donnéeset sur une solide préparation dès l’élaboration du

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/7

>>

Déploiement del’information géographiquedans les services de l’équipement1992 : remise du rapport Brunet sur l'informationgéographique au ministre de l’Équipement ;1994 : création du pôle géomatique du ministère,au sein du Certu, à Lyon ;2000 : recommandation du ministère pour la miseen place d’une administration des donnéeslocalisées ;2003 : validation du Schéma directeur del’information géographique (SDIG) ;2004 :– acquisition centralisée de référentiels

géographiques sur appel d’offres européen (5 lots attribués à l’IGN) ;

– annonce du développement systématique de SIGperformants dans le réseau des DRE et DDE àpartager avec les élus et les acteurs locaux dudéveloppement ;

2005 : – création de la Mission informationgéographique (MIG) auprès du secrétaire généraldu ministère ;– nomination d’un correspondant information

géographique de haut niveau dans chaquedirection d’administration centrale.

ce sont le logement et la rénovation urbaine, tels qu’ilssont pensés par la loi Borloo, qui sont les grands pro-jets consommateurs d’information géographique.

« Sur le quartier de Marbé, par exemple, le SIGpermettra, par croisement de la BD ORTHO ®

et de la BD TOPO ®, de repérer les différentstypes de logement, de mesurer le taux de loge-ment social, pour mieux le répartir sur la villeet travailler à une meilleure mixité. Il manque bien sûr la BD ADRESSE ®, que nous attendonset que nous compléterons par une collecte surle terrain avec DGPS, pour apporter plus de précisions sur des zones de tours HLM en particulier. »

Fait unique parmi les DDE, la Saône-et-Loire a crééun Observatoire départemental de l’habitat, en 1998,pour améliorer la connaissance de la demande de loge-ments sociaux. Une réussite, reposant sur des objec-tifs clairs partagés par les élus et les organismes HLM,qui apporte à la DDE une vraie crédibilité aux yeuxdes acteurs locaux. Dans ce domaine, comme dansd’autres, le SIG est un bon levier du partage de laconnaissance entre les services de l’État et les col-lectivités locales, souligne Magali di Salvo, chargéed’étude géomatique urbaine au Centre d’études surles réseaux, les transports, l’urbanisme et les construc-tions publiques (Certu) :

« Les DDE travaillent à une autre échelle queles collectivités et elles ont également un rôled’“agrégateur” de données autant que de pro-ducteur. Le partage des données de chacundevrait permettre une analyse partagée du ter-

Zonage réglementaire d’unplan de prévention de risqued’inondation (PPRI).

* Cete : Centres d’études techniques de l’équipement.

À gauche : Marie-Noëlle Vallesi, chef du bureau géomatique.

tion d’aider les communes à se développer dura-blement, et pour ce faire il doit être “expert duterritoire”. »

Dans cette activité qui touche à l’urbanisme, à l’amé-nagement, à l’accessibilité, au développement durable…les services utilisent au quotidien de multiples réfé-rentiels. Mais ils ont aussi acquis une solide expériencedes différentes applications des SIG, de la phase d’étudepréliminaire à la présentation publique des projets.Christelle Micolon, chargé d’études au Service desgrands travaux (SGT), qui a suivi le projet du contour-nement de Chalon-sur-Saône par la RN6, en témoigne :

« L’étude préliminaire a exploité les donnéesIGN pour repérer la couverture végétale, lescours d’eau permanents et intermittents, le bâtiet les équipements publics. Ensuite, les diffé-rentes couches (bâti, tronçons de routes, voiesferrées...) ont été utilisées lors de l’étude acous-tique afin d’évaluer les contraintes pour larecherche des tracés routiers. Elles ont égale-ment permis la modélisation 3D du site pour laréalisation d’une simulation acoustique (sousMithra). »

Plus spectaculaire, la maquette virtuelle du projet d’amé-nagement de la RN 80. La DDE l’a commandée à unbureau d’études pour une présentation du projet à lapopulation lors des phases d’enquête publique et deconsultation, explique Mickaël Nevers, chargé d’étudesau SGT :

« Elle a été réalisée dans un souci de réalismeet de fidélité pour que les riverains puissent véri-fier l’impact du projet. Ainsi, en pointant sur leurmaison, ils peuvent avoir une vision à 360° deleur environnement, en hiver et en été. Des

8/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

reportage

plan de prévention et des études d’enjeux. Un tra-vail grandement facilité par les outils de l’IGN, sou-ligne Rodolphe Pitre, du bureau Prévention des risques :

« L’orthophoto d’abord pour visualiser la naturedes sols ; la BD TOPO® ensuite pour l’identifi-cation du bâti, c’est-à-dire des enjeux en termesde risques. Ceux-ci sont parfois délicats à visua-liser sur le fond de la BD ORTHO® couvert parune trame et le phénomène s’accentue avecl’agrandissement de l’échelle. »

Des laisses de crues aux équipements sensibles, encas de dégagements toxiques par un camion accidenté,la cartographie reste à compléter pour parer à un maxi-mum d’éventualités. En prenant dans ce domaine ausside la hauteur, précise Guy Bouhier de l’Écluse :

« La révision du plan d’inondations, avec sesétudes d’enjeux et ses simulations de scéna-rios, se fait obligatoirement en coordinationavec la DDE de l’Ain (située en région Rhône-Alpes). Nous l’avions anticipée, dès l’achat denos bases de données, en acquérant les can-tons situés au-delà des limites départemen-tales. »

Stratégiques également en matière de risques : les par-tenariats. Un exercice a mis récemment en scène lacollision d’un TGV et d’un camion, témoigne DidierSoulage :

« La SNCF communique le point kilométriquede l’accident. Mais où se situe-t-il ? Commenty aller ? Il y a des bases métier à intégrer et àcoordonner, des partenariats à nouer, notam-ment avec le Service départemental d’incendieet de secours (SDIS), pour mieux traduire uneinformation de crise, pour mieux éclairer la déci-sion préfectorale. Cela suppose d’acquérir denouvelles compétences : pour bien utiliser leSIG dans la préparation à la crise, dans sa ges-tion comme dans la phase de bilan où il fautcapitaliser les informations le plus précisément(où tombent les cailloux, où s’écoulent lesboues...). »

SIG aménagement du territoireNouveau service, 100 % transversal au sein de la DDE,le Service développement et territoires est le cœur dusystème de connaissance du territoire. C’est aussi luiqui va opérer la mutation profonde des cultures de l’équipement, explique Didier Soulage :

« Nous devons passer d’une culture d’exécu-tion pour le compte d’une collectivité (maîtrised’œuvre) à une culture d’accompagnement,d’assistance à maîtrise d’ouvrage. Que ce soitpour l’Assistance technique de solidarité pourl’aménagement du territoire (Atesat), là où lesbureaux d’études privés ne vont pas, c’est-à-dire dans les petites communes, ou pour l’in-génierie concurrentielle. L’État doit être en posi-

>>

« Il reste à développerde vrais métiers »Interview de Gilles Troispoux, pôle géomatiquedu ministère.

« Depuis la remise du rapport Brunet au ministre del’Équipement, en 1992, l’État a adopté une politiquevolontariste en matière de géomatique. Dès 1994, il créait le pôle géomatique du ministère pouraccompagner les services, comme les DDE, tant surleurs choix technologiques que sur les méthodes àmettre en place pour exploiter au mieux des SIGperformants. Cependant, les traditions sontsolidemment ancrées. Même parmi les 170 chargésd’études du Certu, qui manipulent une information à80 % géolocalisée, beaucoup de gens éprouvent desdifficultés à s’adapter. Il reste donc à développer devrais métiers et à acquérir de nouvelles compétences.Avec ce handicap qu’est la valorisation de lapolyvalence des techniciens de l’équipement et de leur mobilité, ce qui entraîne des pertes et deslenteurs dans le déploiement d’un SIG. C’estpourquoi, à la suite du Schéma directeur del’information géographique, on a développé desfilières très technologiques – système d’information,géomatique, informatique...– pour pallier les carencesdues au turnover. L’autre frein, ce sont les difficultésque nous rencontrons à imposer l’informationgéographique dans les écoles d’ingénieurs. Devantles carences actuelles en formation initiale, on essaiede compenser par la formation continue, mais cen’est pas suffisant. Le ministère nous a demandéd’élaborer une stratégie pour préparer l’avenir via leRéseau scientifique et technique (RST). Cela étayépar la Mission de l’information géographique assuréeauprès du secrétaire général du ministère parJacques Fremiot, ancien directeur général de l’IGN, et à travers la nomination d’un correspondantInformation géographique de haut niveau danschaque direction d’administration centrale. FrançoisSalgé, ancien secrétaire général du Conseil nationald’information géographique (Cnig), est ainsi chargéde mission à la Direction générale urbanisme, habitat,construction. Il s’agit d’insuffler l’informationgéographique dans tous nos métiers et dans toutesnos directions. Le RST réfléchit donc à ce quedevraient être les données produites, au mode demise à disposition auprès des techniciens – maisaussi du public – et des collectivités... pour aboutir àdes consignes nationales. »

« Les outils doivent être simples d’utilisationet le recours au SIG doit devenir un réflexe. »

Plan acoustique.

Les roches de Solutré et de Vergisson.

©C

DT7

1

images et des films, incluant le passage du TGVet le trafic routier, ont été diffusés sur le siteInternet dédié à l’opération (www.rcea.saone-et-loire.equipement.gouv.fr). »

Des données disponibles et partagéesCe dynamisme dans l’exploitation de ses SIG, laDDE 71 le doit à une direction réellement sensibili-sée par le potentiel que représente l’information géo-graphique. Elle le doit aussi à la responsable SIG,Marie-Noëlle Vallesi, qui a su motiver les services. Etqui a reçu les moyens de ses ambitions : quatresemaines de formation ENSG-IGN pour la prise deposte de responsable SIG, un cycle SIG de six modulesauxquels ont participé une centaine de personnes, dontle directeur adjoint et de nombreux cadres supérieurs,des journées thématiques... De la communication aucatalogage (un logiciel dédié donne accès via Intranetà 107 lots répertoriés de données localisées, consul-tables et téléchargeables via le catalogue), Marie-NoëlleVallesi n’a de cesse d’être un relais, d’encourager lesdifférents services à s’approprier les données maisaussi les outils :

« Il faut que les agents puissent savoir facile-ment quelles sont les données disponibles, lesoutils doivent être simples d’utilisation et lerecours au SIG devenir un réflexe. La mise enplace du projet SIG dédié aux servitudes d’uti-lité publique et initié en 2003 avec l’assistancede IETI Consultant a été faite de recalages etde réajustements tout au long du projet. Carnous voulions qu’elle s’accompagne d’un vraitransfert de compétences. » ■

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/9

Pour compenser l’effet d’écrasement du bâti dûà la prise de vue aérienne, des élémentsponctuels et des bâtiments spécifiques réalisésen 3D ont été « collés » sur la maquette.

Parmi les fonctionnalités offertes : la prise dephotos, la création de films, le choix d’une vue à360° à partir d’un point donné, les coupes deterrain, la prise de distance entre deux points...

Maquette virtuelle d’un aménagement routier

Recensement des digues intéressant la sécurité publique.

La DDE de Saône-et-Loirereportage

/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

Contacts

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CartelieLa Saône-et-Loire a été l’une des12 DDE pilotes de Cartelie, voletde l'infrastructure géomatiquenationale « Descartes », basée àBordeaux. Son objectif est defournir un cadre commun àl’ensemble des services del’équipement pour la publicationet la consultation de cartes surInternet. Conçu sur MapServer,« cette cartographie dynamiqueen ligne encore confidentiellemet en évidence à quel pointnos données ont vocation à êtrediffusées sur ce type d’outil »,souligne Didier Soulage, membredu comité de pilotage. Cartelieest destiné à servir en ligne, dansune continuité territoriale, tous lesservices de l’équipement, lesautres services de l’État et legrand public via Internet.

Le budget Les priorités définies par le plangéomatique consistent à :– favoriser l’utilisation et l’usage

de l’information géographique ;– développer les partenariats avec

les collectivités (PCI vecteur) ;– disposer d’une offre de donnéesréférentielles à jour.L’action de la DDE à travers lesmoyens consentis vise à releverainsi les enjeux et défis : évolutionde l’organisation et des missions, et

plus particulièrement les services àoffrir à l’usager et au citoyen, les besoins des nouveaux servicesde la DDE.Les moyens– 14 licences MapInfo ;– 1 licence Vertical Mapper ;– 30 licences budgétisées pour

2006 ;– BD CARTO® ;– BD ORTHO® ;– BD TOPO® (avec une intervention

de l’IGN sur la prise en charge de

la BD TOPO® à la DDE) ;– SCAN 25® ;– SCAN régional ;– ROUTE 120® ;– ROUTE 500® ;– GEOFLA® ;– TOP 25® ;– carte géologique BRGM ;– 1 serveur de données Linux,base de données immobilières.En cours d’acquisition BD ADRESSE® , fin 2006 (projetSIG équipements commerciaux).

Le budget investi sur la géomatique

Le DGPS (Differential GPS) est utilisé par lesagents de la DDE, là où lanumérotation des voies ne fournit pas unelocalisation suffisante. Ou encore pourlocaliser à uneprécisionsubmétrique undépôt de produitsdangereux.

Le système global delocalisation différentiel

CARTELIE : UN CADRE COMMUN À L’ENSEMBLE DES SERVICES

Christine Janin ne demande rien à personne : la liberté est son emblème ! Ainsitrace-t-elle sa routedepuis ses débuts, lorsqu’elle décide de suivre ses deux voca-tions d’enfance : le sport et la médecine. « J’ai toujours aimé être la première,mais j’ignore les servitudes de l’esprit de compétition. Petite fille, j’aurais voulusauver la terre entière… mais c’est trop compliqué, surtout toute seule ! Donc,j’ai eu la chance de faire de nombreuses RENCONTRES. Les gens viennent à moi !Les meilleurs m’ont toujours aidée(1), sans jamais tenter de m’aliéner. »

L’Everest, les autres 8 000… le pôle Nord… Et après ?En sixième année de médecine à Paris, elle s’entraîne, « comme tout le monde »,sur les rochers de Fontainebleau. Un ami lui propose d’accompagner une expédi-tion au Pakistan en tant que médecin. Elle accepte en raison de cette « intuition dedire oui » qui l’a toujours dirigée. Ce qui la mène directement de Barbizon au som-met du Gasherbrum, à 8 035 mètres, première Française à dépasser les 8 000 sansoxygène. Dès cet instant, elle tombe sous le charme de ce qu’elle appelle « la droguede l’altitude » et s’y adonne pendant quinze ans. Elle enchaîne alors expéditions,exploits et succès, dont la conquête de l’Everest, et se découvre, à sa grande sur-prise, première Française sur le toit du monde. « Le monde de l’extrême, déclare-t-elle paradoxalement, est relativement confor-table. J’avais le sentiment de vivre de très grandes vacances. Monter, c’est presquefacile. C’est redescendre qui se révèle délicat. De retour chez moi, je me deman-dais : à quoi rime ma vie ? » Pour elle, l’Everest n’était pas une fin, elle y étaitallée pour se trouver elle-même, une aventure initiatique réussie. Sortir du mondede l’extrême lui fut long et difficile. Ce qu’elle allait entreprendre, plus encore.

La femme aux milliers d’enfantsDepuis longtemps déjà, elle se rendait dans les hôpitaux et faisait des conférencespour les enfants : elle leur racontait ses ASCENSIONS. Avec le soutien de grandsprofesseurs, elle a eu envie d’aller plus loin. « Là encore, on est venu à moi, monunivers est tissé de rencontres et d’amitiés. J’ai dit… pourquoi pas ? » Ainsi estnée, voila une douzaine d’années, l’association « À chacun son Everest ». Ici, àChamonix, par périodes d’une semaine, des enfants cancéreux et leucémiques vien-nent gravir leur propre Everest et retrouver l’énergie de se battre. « Je n’interviens pas dans la thérapeutique. Notre rôle, celui de mon équipe etle mien, consiste à transformer un enfant malade en un ENFANT CONQUÉRANT !Nous le sauvons du regard des autres et reconstituons le sien par rapport à lui-même. Mais ça va plus loin : nous allons lui permettre de retrouver cette forcequ’il a en lui et qui est équivalente à celle des champions de haut niveau :patience, volonté, endurance, tenacité… Et le tout dans une joie de vivre quisidère les visiteurs. » À ce jour, environ 2 000 enfants sont passés par son chalet.« Ils arrivent, souvent timides et mal dans leur peau. Ils repartent avec uneénorme fierté d’eux-mêmes. Depuis, certains sont morts. Peu ! Trop… Ils ontleur chemin. En revanche, ceux qui auraient guéri même sans moi ont proba-blement gagné du temps.» Elle termine en disant qu’elle considère avoir eu beau-coup de chance, mais qu’il faut aller la chercher. « Je suis heureuse de faire ceque je fais. Je suis récompensée par le sourire des enfants victorieux.» ■

RENCONTRES« J’ai rencontré, entre

autres, des enfants hospitalisés avant un de

mes départs en expédition.Je ne crois pas au hasard. »

ASCENSIONS« Christine, j’ai compris

que c’est lorsqu’on arrive au sommet qu’on

commence à grimper. » (2)

ENFANT CONQUÉRANT !« Je leur fais passer le

message du “merveilleuxmalheur”. La maladiepeut rendre plus fort,

à condition de la “trans-former”… Et je vous

assure qu’ils compren-nent beaucoup de

choses. Ils ont une maturité et une solidarité

étonnantes. »

Chaque enfant demeure sept joursauprès d’elle et de son équipe, letemps de gravir son propre Everest.

Christine JaninDe l’aventure à l’ascèseAlpiniste au plus haut niveau et docteur en médecine,

Christine Janin est une femme de vocations. Imperturbable

et discrète, elle « suit son chemin de vie », toujours sur les

lignes de crête. Première Française sur le toit du monde,

entre autres exploits, elle a fondé l’association « À chacun

son Everest », afin d’aider les enfants leucémiques et can-

céreux à trouver la force qui leur permettra de vaincre leurs

maladies. Non contente d’avoir escaladé les montagnes,

elle s’applique désormais à les renverser.

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/111 - Tout particulièrement le laboratoire médical Jannsen-Cilag.2 - Réflexion d’un enfant venant d’atteindre « son » Everest.

portrait

Palmarès et aventures1981 : ascension du Gasherbrum II (8 035 m),Himalaya du Pakistan. 1re Française à plus de 8 000 m sans oxygène.1983 : expédition Makalu II (7 660 m) etBaruntse (7 220 m), au Népal.1985 : expédition médicale à l’Annapurna IV(7 525 m). Installation du plus haut laboratoire de physiologie du monde.1986 : ascension de l’Hidden Peak (8 068 m), auPakistan. 1re Française au sommet sans oxygène.1986 : expédition VTT sur la haute route du Tibet.1988: expédition en terre de Baffin, en kayak de mer.1989 : expédition Everest « Turbo » avec ÉricEscofier. 1re tentative, altitude atteinte 7 800 m.1990 : expédition Everest. Sommet atteint le5 octobre à 16 h 45. 1re Française sur le toit dumonde.1992 : expéditions « Top’7 ». Ascensions du plushaut sommet des « 5 » continents, après l’Everest :– mont Vinson (4 897 m), Antarctique, en janvier ;– Mc Kinley (6 193 m), Alaska, en mai ;– Elbrouz (5 642 m), Caucase, en juillet ;– Kilimandjaro (5 895 m), Afrique, en août ;– Carstensz (5 030 m), Indonésie, en octobre ;– Aconcagua (6 960 m), Argentine, en décembre.

1re Européenne à avoir signé le chalenge« Seven Summits ».

1997 : 1re femme au monde à voir atteint le pôleNord sans moyens mécaniques, ni chiens detraineau.

Livres 1992 : Trekking, collection «Solo». Éd. Glénat ;1992 : Première Française à l’Everest. Éd. Denoël ;1993 : Le Tour du monde par les cimes.

Éd. Albin Michel.1997 : Guide de la randonnée en montagne.

Éd. Albin Michel.1998 : Objectif pôle Nord. Éd. Albin Michel.2002 : À chacun son Everest ! Éd. Gallimard.

Christine Janin a également fait l’objet de quatre filmsentre 1991 et 1997: Désir d’Everest, Au fil descimes, À chacun son Everest ! et Objectif pôle.

E-mail : [email protected] Web : www.achacunsoneverest.com

Comme pour beaucoup de paysd’Afrique centrale ou de l’ouest,la cartographie au 1 : 200 000 estla plus grande échelle utilisée surla totalité du Sénégal. La majo-rité des 27 cartes couvrant le paysa été réalisée, et certaines révi-sées, entre 1955 et 1980. Seulesquelques feuilles côtières ont étémises à jour en 2000, avec un sys-tème déjà fondé sur des images

satellite Spot (financé par la coopé-ration française-projet Paddel).De plus, le développement dessystèmes d’information géogra-phique (SIG) nécessite une car-tographie en format numériquevecteur.

Objectifs du projetIl s’agit, tout d’abord, de réaliser,dans un délai de trois ans et entrois phases, une cartographienumérique à jour et homogène duSénégal. Le projet doit permettreégalement à la DTGC(1) de com-pléter son équipement, de ren-forcer le niveau technique de sonpersonnel et, avec l’appui de par-tenaires aux compétences inter-nationalement reconnues, d’amé-liorer sa production et d’organiserla future maintenance. Il consistedonc à réviser, en un délai court,les 27 cartes au 1 : 200 000 cou-vrant la totalité du pays. Mises àjour, elles seront disponibles pourles utilisateurs – professionnelset grand public – sur support papieret sur CD-Rom.À cette fin, une base de donnéesnumériques – SEN 200 (formatvecteur) – est réalisée sur l’en-semble du territoire et organiséeen cinq couches : – administrative et toponymique :limites et chefs-lieux adminis-tratifs, villages… ;– réseaux routier et ferroviaire :routes, pistes avec classificationet état, voies ferrées et bâti ;

– hydrologie : fleuves, rivières,lacs, mares, zones inondables… – orographie : courbes de niveau,points cotés et modèle numériquede terrain dérivé ; – végétation : zones de forêts,de savanes, de cultures… Les nouveaux moyens matérielset la formation donnée aux agentspermettront à la DTGC, à l’issuedu projet, de maintenir la base dedonnées et de poursuivre les opé-rations de révisions régulièresdes cartes. Des actions de vul-garisation et de sensibilisation àl’utilisation des produits carto-graphiques seront parallèlementmenées auprès des acteurs locaux(services techniques déconcen-trés et territoriaux, élus…).

Le processus mis enœuvreIl s’appuie sur l’utilisation d’ima-gerie satellitaire et consiste à :– acquérir une couvertured’images satellitaires Spot 5 pan-chromatiques (résolution 5 m)combinée à une couvertured’images Landsat multispectrales(résolution 30 m). Ces imagessont géométriquement orthorec-tifiées en s’appuyant sur le pro-duit Reference3D® (Ortho-imageet MNE(2) issus des données HRS(3)

de Spot 5, http://www.ignfi.frpour plus d’infos sur ce produit),sans utiliser les anciennes cartes,dont la géométrie ne correspondplus aux standards actuels en

Contacts

IGN France [email protected]

DTGCnhttp://www.au-senegal.com/dtgc

partenariatpartenariat

Nouvelle cartographiepour le Sénégal

12/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

Dans le cadre de son programme de soutien aux infrastructures du Sénégal, l’Union européenne a décidé de financer

le projet PCS 200 de réfection de sa cartographie au 1 : 200 000 et la réalisation d’une base de données géoréférencée

du pays. IGN France International est titulaire de ce marché, attribué sur appel d’offres restreint. Le montant global alloué

à ce programme d’infrastructure cartographique est de l’ordre de 1,5 million d’euros. C’est le premier vrai projet de car-

tographie spatiale opérationnel utilisant les données Spot 5. Il est bien entendu applicable à d’autres pays émergents,

d’autant que l’Union européenne se montre très satisfaite des premiers résultats.

1 – DTGC : Direction des travaux géographiques et cartographiques du Sénégal.2 – MNE : modèle numérique d’élévation.3 – HRS : haute résolution stéréoscopique

(un des instruments de prise de vue de Spot 5).

Ci-dessus : extrait de l’ancienne carte.Ci-contre : extrait de la nouvelle carte.Ci-dessous : couverture de la nouvellecarte.

termes de précision absolue ;– redessiner entièrement les nou-velles cartes en mode vecteur : • en interprétant à l’écran la pla-nimétrie sur les images satelli-taires Spot + Landsat (réseauxroutier, ferré, hydrographique,occupation du sol…) à l’aide desanciennes cartes scannées ;• en dérivant l’altimétrie du MNEHRS : nouvelles courbes de niveau(équidistance 20 m), points cotés,estompage du relief ;• en intégrant, dans la mesure dupossible, toutes les données exo-gènes pertinentes recueillies auprèsd’autres services de l’État séné-galais (nomenclature des routes,limites des parcs, localisation descentres de santé…), ainsi que desdonnées recueillies sur le terrain ;– constituer la base de donnéesvecteur SEN 200 correspondantaux cartes réalisées dans ce mode ;– symboliser les éléments de labase vecteur pour en dériver lesnouvelles cartes raster ;– imprimer les nouvelles cartesmises à jour, en offset quadri-chrome. À ce jour, les onze pre-mières cartes de la phase 1 sont

disponibles. Dix autres cartes leseront, fin 2006.

Les acteursCôté sénégalais, la DTGC, béné-ficiaire du projet, mobilise toutesses compétences. Côté français,IGN France International fait appelaux services suivants de l’IGN :– SGN (Service de géodésie etnivellement) : géodésie ;– IGN Espace (Service de car-tographie spatiale) : traitementdes images, transfert de techno-logie, cartographie, assistancetechnique, contrôle qualité, SIG ;– ENSG (École nationale dessciences géographiques) : for-mations.

Moyens techniquesLes moyens techniques mis à ladisposition de la DTGC sont :– 4 stations de travail MacintoshG5 bi-écran équipées des logi-ciels GeoView®, MacromediaFreeHand et Adobe PhotoshopTM;– 2 stations de travail PC équi-pées du logiciel GeoConceptTM ;– 2 véhicules tout-terrain ;– des récepteurs GPS… ■

Un nouveau réseau géodésique : le RRSEn complément des travaux de cartographie, la géodésie du pays fait aussi peau neuve : unnouveau réseau RRS (Réseau de référence sénégalais) a été établi par technique GPS :• 20 nouveaux points fondamentaux répartis dans le pays (1 dans chacune des 11 capitalesrégionales + 9 points de densification) ;

• 17 anciens points géodésiques ont été recalculés ;• 1 logiciel de transformation de coordonnées (Circé Sénégal) fourni gratuitement en téléchargement à tous les utilisateurs (sur le site Internet de la DTGC).

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/13

Localisation des 20 points du réseau RRS.

PCS 200(1) : un projet en 3 phasesPhase 1 (2004-2005) :formations longue durée, définition et mise en place de la chaîne de production, transfert de technologie vers la DTGC, production des 11 premières cartes, établissement du RRS ;Phase 2 (2006) :mise en place de la base de données, production de 10 nouvelles cartes ;Phase 3 (2006-2007) :production des 6 dernières cartes et finalisation de la base de données.

Image fusionnée Spot 5 + Landsat (5 m couleurs). Image Spot 5 panchro (résolution 5 m).

La nouvelle feuille de Tambacounda. 1 - PCS 200 : projet de cartographie du Sénégal au 1 : 200 000.

Cartographie et espaceCartographie et espace

LOGICIELS DE VISUALISATION :question de Franck Vautier, Clermont-Ferrand (63057)

solutions

ContactIGN

[email protected]

RéponseLe stéréoscope est une loupe binoculaire qui sépare l’image destinée à l’œil gauche de celle destinée à l’œil droit. La restitution du relief se fait par le processus de vision stéréoscopique naturelle : chaque œil reçoit une image de la scène légèrement différente, du fait de l’écartement entre les points de vue. L’interprétation par le cerveau des

différences entre les deux vues permet d’appréhender le relief. Pour regarder certains couples d’images de grande dimension,l’écartement oculaire ne suffit pas. Le stéréoscope est doncéquipé de miroirs. Dans un hologramme, le relief est restituégrâce au principe d’interférence entre ondes lumineuses. Pour plus de détails : voir fr.wikipedia.org/wiki/Hologramme. ■

@Pour toute information

à caractère professionnel :www.ign.fr

« Travaillant en photo-interprétation sur des couples stéréoscopiques de photographies aériennes IGN,j’aimerais savoir si, à votre connaissance, il existe un logiciel de visualisation stéréoscopique accessibleau public ? »

14/IGN MAGAZINE - septembre/octobre 2006

Réponse De nombreuses solutions existent pour la visualisation stéréoscopique. Les logiciels GLView, StereoPhotoMaker,Anabuilder, MyAlbum, 3D Pix… permettent d’obtenir un affichage stéréoscopique, à condition de disposer d’une carte

graphique qui gère ce type d’affichage. Pour voir en stéréo-scopie, un dispositif supplémentaire est la plupart du tempsnécessaire. (Lire la réponse « Méthode par polarisations »,page 15.) ■

Stéréoscopie etvisualisation en relief

Stéréoscope simple et stéréoscope à miroir.

STÉRÉOSCOPES ET VISION HOLOGRAMMATIQUE : question de Dominique Lardoux, Rueil-Malmaison (92500)

« Je souhaiterais savoir quels sont les principes optiques utilisés dans un stéréoscopepour obtenir la vision du relief sur des photos aériennes et quelles différences il y a avec la reconstitution 3 D par hologramme? »

septembre/octobre 2006 - IGN MAGAZINE/15

« Je suis étudiant à Strasbourg en mastère d’arts visuels, préparationà l’image de synthèse appliquée à la communication. J’ai vu undocumentaire (« C’est pas sorcier ») dans lequel une méthode de l’IGNm’a particulièrement intéressé. En effet, je travaille sur la vision en reliefainsi que sur la stéréoscopie, et vous avez apparemment un systèmede stéréoscopie par polarisation sur un écran d’ordinateur. J’aimeraisbeaucoup en savoir plus sur le matériel que vous utilisez. »

MÉTHODE PAR POLARISATIONS : question de Sébastien Heitz, Strasbourg (67000)

LE RELIEF ET LESPHOTOGRAPHIESDE l’IGN :

« À titre professionnel, j’aurais aiméavoir des renseignements sur les photographies aériennes dans le secteur de Houlette, en Charente.Quel type de photographies dois-jedemander pour avoir la bonne échelleet le recouvrement nécessaire à la vision en relief ? »

RéponseLe dispositif utilisé pour la restitution à l’IGN est composé d’une dalle polarisante placéedevant l’écran et de lunettes passives polarisées. La dalle alterne entre une polarisationverticale et une polarisation horizontale. Les lunettes filtrent chacune les images grâce àces polarisations. Un boîtier permet la synchronisation de l’affichage des images et de lapolarisation de la dalle. Une autre solution consiste à utiliser des lunettes actives, qui filtrentalternativement le signal pour l’œil gauche et pour l’œil droit.Pour plus d’information : www.nuvision3d.com ■

RéponseVous pouvez simplement demander descouples de photographies, à l’échelle1 : 25 000, en indiquant la zone qui vous intéresse. Toutes les régions de France sontcouvertes à cette échelle, avec un recouvrement entre clichés de 60 %, qui permet la vision stéréoscopique. ■

Assemblage dephotographies aériennes

de la Côte basque.

Questions/Réponses

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