4.2.DAIFAT Abderrahmane

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analyse de harat setif

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  • Problmatique de sauvegarde des "Hara": Habitat traditionnel en rnovation Stif Algrie. DIAFAT Abderrahmane Laboratoire PUVIT, Universit F. A. de Stif Tl./Fax +213 36923044 e-mail: [email protected] Rsum: Cette contribution s'interroge sur l'avenir des "Hara" Stif. Elle vise rechercher les moyens de sauvegarder ce type d'habitat urbain traditionnel datant de l're coloniale. Son tat actuel de vieillissement contraste avec sa situation en plein cur du centre historique de la ville dont la dynamique conomique est reconnue. Les Hara, exposes la vtust et toute forme de spculation foncire, sont en train de subir une rnovation une allure jamais connue auparavant. Les changements socio-conomiques en Algrie ont pes lourdement sur cet hritage urbain. Alors que ces modestes Hara font partie de la mmoire collective des stifiens. Les citoyens qui ont habit le centre ville de Stif aprs le dpart des franais l'indpendance, se sont adapts cette forme d'habitat dont l'espace de voisinage est devenu un grand espace familial et de convivialit. La Hara est un habitat collectif, dont les familles sont souvent entasses dans une ou deux chambres, organis autour d'une cour communment connue sous le vocable de Haouch. Cet espace central est le lieu de toutes les activits communes (point d'eau, toilettes, cuisine, etc.) qui rassemblent particulirement les femmes. L'architecture classique de ces immeubles datant du dix-neuvime sicle est souvent simple, mais l'organisation intrieure a l'avantage de favoriser la vie sociale, les motions collectives et le sentiment communautaire qui sont encore apparents chez les habitants des Hara jusqu' nos jours. L'valuation de cette importante production architecturale et urbaine, de la priode coloniale, a le mrite d'ouvrir une vision contemporaine vers ce patrimoine. La premire tape est la reconnaissance envers ce noyau ancien, la comprhension de sa nature et sa forme urbaine, ainsi que les raisons de sa formation. La deuxime tape consiste laborer des lignes directrices utiles pour nos pratiques contemporaines, par le renouvellement des espaces urbains et pourquoi pas la prservation des communauts vivant dans le centre ville. Mots cls: Hara, sauvegarde, centre historique, mmoire collective, Stif.

  • 1. Introduction: La Hara est un habitat collectif, dont les familles sont souvent entasses dans une ou deux chambres, organis autour d'une cour communment connue sous le vocable de Haouch. Cet espace central est le lieu de toutes les activits communes (point d'eau, toilettes, cuisine, etc.) qui rassemblent particulirement les femmes. L'architecture classique de ces immeubles datant du dix-neuvime sicle est souvent simple, mais l'organisation intrieure a l'avantage de favoriser la vie sociale, les motions collectives et le sentiment communautaire qui sont encore apparents chez les habitants des Hara jusqu' nos jours. 2. Historique des Hara: Ce type d'habitat urbain traditionnel date de l're coloniale. Son tat actuel de vieillissement contraste avec sa situation en plein cur du centre historique de la ville dont la dynamique conomique est reconnue. Les Hara, exposes la vtust et toute forme de spculation foncire, sont en train de subir une rnovation une allure jamais connue auparavant. Les changements socio-conomiques en Algrie ont pes lourdement sur cet hritage urbain. Alors que ces modestes Hara font partie de la mmoire collective des stifiens. Les citoyens qui ont habit le centre ville de Stif aprs le dpart des franais l'indpendance, se sont adapts cette forme d'habitat dont l'espace de voisinage est devenu un grand espace familial et de convivialit.

    Figure 1. Hara avec une cour centrale Type dhabitation propre aux villes coloniales, ces Hara ont, l origine, t riges par les colons franais pour servir dhabitation aux Arabes, juifs et autres trangers. Les colons, pour leur part, prfraient les immeubles de rapport tels limmeuble Brincat, situ langle des rues Meslem et 8 Mai 1945. Construction tages munie dune toiture la plupart du temps, la Hara se distingue de par sa cour centrale, vritable extension des pices, et autour de laquelle sarticulent les diffrentes activits des locataires telles la cuisine et la lessive. Mais la vritable particularit de la Hara demeure celle doffrir ses locataires un cadre de vie communautaire. Outre la cour (haouch) et les commodits quils entretenaient tour de rle, les habitants partageaient galement lentre de la Hara, la plupart du temps une ruelle ou bien une

  • "skifa", sorte de long couloir couvert qui donnait accs la cour. A lpoque, la sgrgation coloniale ne permettait gure aux Arabes de se loger ailleurs que dans ces Hara et ce nest quaprs lindpendance que les gens ont pu accder aux immeubles et biens laisss vacants par les colons franais. Les Hara, jadis particulirement prises, sont alors tombes en disgrce, les Stifiens prfrant leurs commodits certes rudimentaires, le confort moderne des cits telles que la cit Belle Vue ou encore la cit des Cheminots. Les liens communautaires si chers aux Hara allaient peu peu tre oublis, laissant place lanonymat des grandes cits. A prsent, bon nombre de ces lieux particulirement pittoresques sont en tat de dlabrement avanc. Malmenes par les outrages du temps et devenues dangereuses de par leur prcarit, certaines Hara ont t dmolies puis reconstruites en htels ou en centres commerciaux. Dautres continuent nanmoins servir dhabitation des locataires, peu regardant la salubrit, mais abritent surtout des activits commerciales telles que les taxiphones, cabinets davocat, des locaux divers. De nos jours, la Hara ne sduit plus comme habitation du fait de sa configuration privilgiant la vie en communaut. La prcarit de ces constructions, dont certaines datent de plus dun sicle, nest pas trangre au dsenchantement des Stifiens vis--vis des Hara. 3. Mthodologie: L'valuation de cette importante production architecturale et urbaine, de la priode coloniale, a le mrite d'ouvrir une vision contemporaine vers ce patrimoine. La premire tape est la reconnaissance envers ce noyau ancien, la comprhension de sa nature et sa forme urbaine, ainsi que les raisons de sa formation. La deuxime tape consiste laborer des lignes directrices utiles pour nos pratiques contemporaines, par le renouvellement des espaces urbains et pourquoi pas la prservation des communauts vivant dans le centre ville. Nous avons men un travail d'analyse urbaine avec nos tudiants de cinquime anne atelier d'architecture, durant la priode 1993-96, afin de rpertorier toutes les Hara du centre ville de Stif. 3.1. Diagnostic: Une fiche technique par Hara a t tablie pour pouvoir faire un diagnostic prcis.

    Figure 2. Exemples de Hara avec fiche technique

  • Figure 3. Architecture classique des Hara

    3.2. Etude typo morphologique: Une tude typo morphologique a t mene afin de dterminer la forme urbaine et architecturale du centre ville et d'une manire particulire une tude dtaille des Hara.

    Figure 4. Typologie des cours

    3.3. Enqute sociologique: Une enqute sociologique a accompagn l'tude typo morphologique dans le but de connatre les pratiques socio-spatiales dans les Hara.

    Figure 5. Rsultat de l'enqute sociologique

  • 4. Analyse des Hara du centre ville de Stif: 4.1. Analyse historique: Lorsqu'on parle des Hara Stif, on pense d'abord aux juifs qui les habitaient. Il est mme parfois attest que ce mode d'habiter est d'origine juive. Ainsi, notre curiosit nous a conduit chercher des tmoignages sur Internet et la confirmation nous est parvenue d'un forum qui s'intresse "Stif et sa rgion" par Jean Simon (2009). Afin d'expliquer ce que c'est qu'une Hara Stif, un change d'information a fait ressortir la notion suivante: Le mot "Hara" ne dsigne pas un quartier Stif, mais une maison loyer grande cour centrale collective. Elles ont t construites soit par des juifs (Schembri, Hmamou, Guedj, Zermati, ...), soit par des maltais (Parienti, Scognomiglio, Bruncat, Malvezin, ...)". Dixit ELBOB. Et Jean Simon qui rectifie: Si ELBOB le permet, je rectifierais un peu son numration : Juifs : Hmamou, Guedj, Zermati, Parienti. Maltais : Schembri, Brincat (qui fut maire de la ville). Pour Scognomiglio je penche pour Italien et pour Malvezin je penche pour franais d'Algrie originaire de France. J'ai pour ma part habit ex-rue des Etats Unis ce que je crois tre une Hara et qui s'appelait l'poque (1943-1947) "maison Lakhdar", lequel Lakhdar tait bien connu car il tait propritaire d'une ligne de cars et faisait partie semble-t-il de la petite bourgeoisie arabe locale naissante ou renaissante. L'enracinement de cette culture des Hara Stif montre bien la cohabitation d'une population de diffrentes confessions et le dialogue des cultures n'tait pas d'actualit. 4.2. Typologie des Hara: Du point de vue organisation spatiale, la Hara est gnralement constitue d'une grande cour occupant une position centrale entirement entoure de deux ranges de pices d'habitation en filade, l'une au niveau de la cour et l'autre l'tage. Les pices du bas donnent toutes sur la cour, tandis qu'une coursive distribue les pices l'tage auquel on accde par un escalier gnralement dispos dans un angle. Chaque niveau possde un w.c. Un point d'eau se trouve dans la cour. Ct rue, des commerces entourent de part et d'autre l'entre unique, surmonts par un ou deux niveaux d'appartements, types bourgeois, avec tout le confort intgr dont l'un est occup par le propritaire. L'accs aux appartements est organis partir de l'entre de faon viter de transiter par la cour. Dans un entretien avec Fayal Ouaret " propos de l'habitat en Algrie", il est mentionn que "ce type de btiment cour desservi l'tage par des coursives, ralis par les Franais aprs la conqute, tait prvu ds l'origine pour plusieurs familles n'ayant pas de lien de parent entre elles. Comme pour ce type, dans la maison urbaine 'traditionnelle', cause de l'exigut et des relations que les femmes

  • doivent entretenir, l'existence quotidienne se projette dans l'espace collectif, la cour de faon variable: quand les hommes sont prsents, la vie se replie dans la pice, ou les pices qui constituent des sortes d'appartements." (Depaule, 1986)

    Figure 6. Hara 'Machota' et sa coursive

    5. Sauvegarde et rhabilitation des Hara: Il nen demeure pas moins certain que les Hara de Stif feront jamais partie du vcu collectif des Stifiens qui usent volontiers du terme "Ouled El Hara" pourtant lapanage de ceux qui peuvent senorgueillir davoir un jour rsid dans ces endroits qui abritent une partie de lhistorique de la cit. Par ailleurs, ce patrimoine est non seulement dlaiss mais fait lobjet dune "radication". Mme les textes relatifs la rnovation sont ignors. Le dcret n83 /684 du 26 novembre 1983 stipulant "la rnovation urbaine est une opration physique qui, sans modifier le caractre principal dun quartier, constitue une intervention profonde sur le tissu urbain existant, pouvant comporter la destruction dimmeubles vtustes et la reconstruction sur le mme site dimmeubles de mme nature" demeure plus de deux dcennies aprs noir sur blanc. Dmolies dans le cadre de la lutte contre lhabitat prcaire, les Hara Bensekai et El Far font dsormais partie du pass. Pour la continuit historique du tissu urbain, en dperdition, les gestionnaires de la cit sont interpells pour la reconqute des vieux quartiers, non pas par une uvre dradication, mais par la rhabilitation et la rnovation des sites tmoins.

  • 6. Conclusion: Un nombre important de Hara vient de disparatre, c'est pourquoi il est trs urgent de sauvegarder les quelques tmoins qui restent de l'histoire de la ville de Stif. Les dmarches actuelles des pouvoirs publics pour vacuer les Hara et les vider de leurs populations sous prtexte d'radication de l'habitat prcaire et insalubre est une fuite en avant qui ne tient pas compte de ce patrimoine urbain de la ville de Stif. Rfrences: Benaiche, K. (2006), "Les Harat de Stif, un patrimoine en pril", Publi le: dimanche 1er octobre, El Watan Depaule, J. C. (1986), "A propos de l'habitat en Algrie: entretien avec Fayal Ouaret", in Les Cahiers de la Recherche Architecturale N20/21 'Espace centr', d. Parenthses, Marseille. Jean-Simon, 24 Mai 2009, http://setif.forumactif.info/setif-au-jour-le-jour-f4/les-juifs-de-setif-reviennent-voir-leurs-quartiers-t4192.htm