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46 - LioneL CruziLLe Être présent au corps ce n’est pas être identifié à lui… © Grégoire A. Meyer “Roots” https://ello.co/z3rogravity

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46 - LioneL CruziLLe

“”

Être présent au corps ce n’est pas être identifié à lui…

© Grégoire A. M

eyer “Roots” https://ello.co/z3rogravity

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PréSenCe et bienveiLLanCe au QuotiDien - 47

3e millénaire - On entend de plus en plus parler

de connaissance de  soi, et chacun peut avoir

plus ou moins confusément l’impression de se

connaître. On entend dire : « Moi, je suis comme

ceci ou comme cela ». On  voit la présence d’un

“observateur” en soi, voire d’un “surveillant”

qui cherche à gérer notre comportement. La

connaissance de soi se  situerait-elle à un

niveau uniquement psychologique ? Se relie-t-

elle  aussi à un autre niveau en soi ? En bref,

qu’est-ce que “se connaître” ?

Lionel Cruzille - La connaissance de soi surle chemin spirituel amène normalement à laconnaissance du Soi, autrement la révélation –dans le sens de dé-couverte – de notre natureDivine que chacun porte en lui. Donc effecti-vement, nombreuses peuvent être les dérivessur le fait que l’on s’observe soi-même sansperspective juste. Si la connaissance de soisert à démonter la mécanicité, affiner laPrésence, etc., alors tout va bien. Mais l’équi-libre est mince entre cela et s’auto-observerpuis se juger, voire se détruire en se perdantdans une recherche qui stagnera au niveau

mental et ne sera guère transcendantale, c’est-à-dire orientée vers là-“haut”.

Dans toute recherche spirituelle, il y a leniveau dit “horizontal” et le niveau dit “verti-cal”. Le premier est lié au temps et à l’aspectpsychologique, c’est-à-dire le mental, la pen-sée ; le second est lié à l’éternel Présent, l’iciet maintenant et la verticalité, le “voir” ce quiest. un chemin correctement mené passe parles deux dynamiques. Selon le karma, la voiesuivie, le maître et l’époque, les dosagesvarient entre les deux, mais nous restons tousincarnés et humains, aussi les deux resteronttoujours présents sauf pour quelques rares per-sonnes. Ce sont les deux aspects personnalitéet individu, ou encore le moi et le Soi, l’hu-main et le Divin en soi.

Je crois qu’il convient de ne pas trop sefaire de “nœud” là-dessus. Pour faire simple(et non simpliste), le mieux est de revenir à cequi est en soi et extérieurement, ici et mainte-nant. Quelle est la réalité de ce qui est, dansl’instant ? Si vous sentez une tension, un relâ-chement, une émotion, faites avec cela. C’estce qui est (ou du moins que vous percevez de

L i o n e L C r u z i L L e

Présenceet bienveillance

au quotidien

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ce qui est). alors, en revenant à la Présence, natu-rellement vous passerez du petit moi à la postureintérieure d’accueil qui, elle, vous amène peu àpeu à révéler et laisser de l’espace pour que celui-ci vive en vous, de plus en plus profondément.Quoi qu’il se passe dans votre vie, le Soi, le Divinen vous n’est jamais affecté. Cet espace dont jeparle, c’est Lui. il est là, avant pendant, après.

Mais justement, que veut dire revenir à la

Présence ? Car dire à quelqu’un de revenir à la

Présence, c’est l’inviter à une action. Mais quelle

action alors ?

Le terme “revenir” est lié au fait qu’on en soit“exilé”. on est en dehors de l’instant présent, car laplupart du temps on pense l’instant. on est dansnotre mental. on pense à demain, à tout l’heure, à cequi pourrait/devrait/aurait pu être. Mais quasi enpermanence on refuse ce qui est, dans le sens où onne laisse pas ce qui est êtrece qu’il est. on ne le“voit” pas tel quel. Pourfaire simple, le mentalnous prend et nous emmè-ne dans nos pensées etnous ne sommes pas vrai-ment Présent.

“revenir” consisteradonc effectivement à uneforme d’action, maisc’est plus un mouvementintérieur qu’une actionréelle. C’est une descentedans le corps qui, lui esttoujours dans l’instantprésent. Cela veut dire contacter les sensations, lasensation du Souffle et même la sensation de toutce qui se produit en soi (et en dehors de soi, par les5 sens). ainsi, on « sort » du mental, et l’on redes-cend dans le corps. on ose vibrer, ressentir, goû-ter. Cela remet le mental à sa place et nous permetd’être plus avec ce qui est, plutôt que d’être contrelui et de vouloir autre chose que ce qui est. Celapermet aussi, et surtout, de mieux “répondre” auréel et si l’on souhaite modifier quelque chosedans l’instant qui suit, de faire cette action. Maison ne la fera pas depuis le mental étriqué, mais

depuis la pleine conscience du corps, connecté àsoi, au flux du moment présent. accepter ce quiest, c’est aussi se donner la possibilité d’agir pourl’instant suivant pour mieux répondre.

en parallèle, je précise aussi que cette présence àsoi et au monde est cruciale, car elle fait “descendre”la Conscience dans chaque cellule du corps, mêmes’il faut des années pour que cela se produise.

au début tout cela peut paraître peu précis,vague ou difficile, justement parce que le mentalest trop fort. Mais avec le temps et une longue pra-tique de conscience corporelle, les choses devien-nent plus évidentes et efficientes.

Cela pose la question de l’effort. Invitez-vous les

gens à une certaine discipline dans leur pratique ?

oui, une certaine discipline est nécessaire.Mais il ne faut pas s’arrêter à ce mot qui peut frei-ner les gens ou faire peur. Comme disent de nom-

breux maîtres, il s’agit decommencer par l’effortpour entrer un jour dans lenon-effort. Si je puis mepermettre un parallèle,faites-vous un effort pourêtre vigilant, ou mêmesimplement concentré ?Certainement. Si vousécrivez un livre parexemple ou si vous prati-quez le Qi gong – sujetsque je connais bien – ilfaut au début un effortpour apprendre la posture,coordonner vos gestes ou

rester concentré sur votre récit si vous écrivez. Cesqualités d’efforts viennent ensuite plus facilementsi vous pratiquez depuis un certain temps.

alors d’aucuns diraient qu’il n’y a aucun effortà fournir sur le chemin spirituel puisque tout estdéjà là. oui… et non. Dans notre exemple précé-dent, l’état de concentration est là, il suffit de l’at-teindre. L’état de Conscience éveillée est là, luiaussi. il suffit de l’atteindre, c’est-à-dire percer uncertain nombre de voiles.

L’état de Conscience éveillée est déjà là au fondde nous. il est inaltérable, parfait, éternellement

“Revenir” à la Présence

c’est plus

un mouvement

intérieur

qu’une action

réelle.

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PréSenCe et bienveiLLanCe au QuotiDien - 49

présent. rien ne peut le détruire ou l’ôter. La dis-cipline n’est pas sur ce niveau. La discipline estsur le reste : ce qui recouvre cet état.

Sri Swami Prajnanpad disait que vous pouveztaper mille ans sur une batterie, lorsque le son s’arrê-te, le silence se révèle. Le silence est cette Conscienceéveillée. Ôtez les “bruits”, le silence sera là.

La discipline concerne le “ôter les bruits”.C’est simple. Mais pour ce faire, il y a la voie quevous suivez.

Vous évoquiez le retour à la conscience corpo-

relle. J’ai l’impression que plus on y revient, et plus

le goût d’une sensation globale de soi nous visite.

Un effort auquel vous inviteriez pourrait-il être de

revenir, et revenir, et revenir encore à une sensation

corporelle ? Peut-il s’agir par exemple de se donner

des rendez-vous dans la journée ?

en fait, il convient d’être à la fois bienveillantavec soi et, en même temps, s’efforcer de revenireffectivement à la sensation du corps le plus sou-vent possible. Ce qu’il vaut bien voir, c’est que leretour à la sensation doit être fait avec ce senti-ment d’accueil. il s’agit de contacter, goûter, etlaisser repartir, sans jugement, sans saisie, sanspeur le plus possible.

Le corps est toujours dans l’instant présent. ilest dans le flux, le mouvement même du présent,le “Flow”, très en vogue chez les anglo-Saxons.ainsi vous pouvez également faire l’expériencetout à fait concrète de ce qu’on nommel’impermanence. une douleur ? elle passera. uneexcitation ? elle passera. tout naît, se transformeet change d’état. Mais, pour ce qui est de la pra-tique de la conscience du corps, l’important estd’être vigilant. Si, quand une sensation ou uneémotion (qui provoque une sensation d’ailleurs)monte, “personne” n’est là pour la goûter, à quoibon ? vivre en conscience, présent, c’est vivreavec l’ensemble de ce qui se produit et non uni-quement ce qu’on aime qui se produise.

toutefois, il faut préciser qu’être présent aucorps, ce n’est pas être identifié à lui, c’est mêmel’opposé. en goûtant, vous plongez dedans, vouspouvez être un avec la sensation du corps, au final.

et ceci n’est possible que depuis un espaced’accueil en vous. Sans celui-ci, vous seriez de

nouveau en résistance, plus ou moins dans lerefus. et si tout cela n’est pas encore clair pourvous, vous pouvez simplement revenir inlassable-ment à la sensation des mains, du souffle, d’êtresimplement là, assis, en conscience.

Cela parait simple, ça ne l’est pas. Par contre,cela peut vous mener loin dans la conscience d’être.

enfin, vous avez raison sur le dernier point.revenir à la conscience du corps ouvre à une sen-sation de présence globale. Cet aspect est tout àfait positif et va dans le bon sens. “Conscience ducorps”  : c’est la Conscience “dans” le corps.autrement dit, c’est un processus de “descente”du feu de la Conscience dans le corps physique. ettout ceci vient en complément de l’autre mouve-ment, celui vers le haut qui est le travail de mon-tée d’énergie, de méditation, etc. ainsi, les deuxmouvements se complètent et travaillent deconcert, dussent-elles le faire sur des années, voiredes vies entières. Ces deux mouvements formentdeux triangles croisés, dont l’un pointe vers le bas(le corps/la terre) et l’autre vers le haut (laConscience/le Ciel).

vous pouvez vous donner des exercices, destemps privilégiés d’exercice de retour à laConscience du corps durant vos séances de médita-tion, de Qi gong ou autre Yoga. Ces temps-là serontdes rituels, c’est-à-dire un espace et un temps consa-crés seulement à cela. Ce seront des moments depratiques plus aigües. toutefois, s’exercer une mul-titude de fois au cours d’une journée est encoremieux, mais j’ai le sentiment que ce type de pratiqueau sein même d’une journée ne vient qu’avec letemps. voilà encore un paradoxe en apparence : lecorps ne vit que dans l’instant présent, mais il fautdu temps pour le voir et le vivre vraiment.

Le fait de se donner des exercices, de prévoir des

temps dédiés à une pratique, soulève la question

du vouloir, du but que l’on cherche. Est-ce que cela

ne risque pas d’aller dans le renforcement d’une

partie de la personnalité, celle qui cherche, qui veut

changer, et qui se raconte des histoires sur tout ça ?

tout d’abord, le paradoxe n’est qu’apparent.Mais c’est effectivement un “risque”, et cela faitaussi partie du “jeu”. C’est l’équilibre entre l’ef-fort et la grâce, pour paraphraser Yvan amar.

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Prenons un exemple. D’un côté, si nous prati-quons la méditation assise, c’est notre « effort »conscient du dos qui va le redresser, être dans la ten-sion juste de la colonne. Mais en même temps, si laKundalini doit remonter dans shushumna, ce n’estpas votre effort personnel qui va le faire. Cela seproduira quand les conditions seront réunies pour,point. on ne force pas l’énergie, et surtout pas laKundalini. ici, l’idée est la même. D’un côté, il nousfaut produire un certain effort et de l’autre lâcher-prise complètement, ou le plus possible pour laisserfaire le cours des choses, ou autrement laisser être.on pourrait dire : simplement faire de son mieux ouencore, « l’Homme propose (l’effort), Dieu dispose(la Grâce) ». ou même : « Que ta volonté soit faite(Grâce), et non la mienne (l’effort) ».

il s’agit que ce 2 (effort/grâce) devienne 3(l’ascèse en elle-même) ou même 1.

Grâce + effort = 1 (non-dualité, union) = oui,c’est.

C’est là une ascèse, lechemin pour que cet effortfinisse dans le non-effort.Sur ce chemin peuventvenir les moments aigus defrictions produits par cetteforme d’effort. Cette fric-tion doit appeler plus deconscience (ou vigilance)et non un refus, un dégoûtvoire même un désespoircomme cela peut arriver aubout de quelques annéeslorsque l’on a l’impressionde patauger. voilà pour-quoi une voie complète estnécessaire. Si vient le désespoir de ne pas y arriver (àquoi d’ailleurs ?) ou l’agacement, etc., il convient derevenir à la confiance, et de voir où est la tension. S’ily a des résistances ou des doutes, c’est ce qui est.voyons-les, accueillons-les.

il s’agit d’accueillir cette tension qui se révèle,et de la laisser partir. ainsi, la boucle est bouclée.aux questions concernant un chemin inscrit dansla durée (« que faire de l’effort ? Y a-t-il un risquede saisie pour l’ego ? »), nous sommes revenus àune pratique dans l’instant présent  : y a-t-il unetension ? une émotion ? C’est ce qui est, ici et

maintenant. Puis-je l’accueillir et revenir à la sen-sation du corps et la goûter pour la transformer ?oui. C’est bien cela.

on ne se demande plus si oui ou non l’ego vas’en saisir. on pratique véritablement et on faitavec ce qui est, y compris le trouble.

alors le processus alchimique, énergétique,émotionnel et corporel est en route. tout va dansle sens de la purification. tout est la Pratique.

et quand tout est la Pratique, rien n’est laPratique. C’est juste vivre, être avec ce qui est.C’est s’adapter à la situation, se mouvoir dansl’instant. Être. S’adapter tellement à la situationque cela efface l’ego, au moins momentanément,et ceci jusqu’à l’érosion.

et en même temps, pour ne pas se perdre, ilconvient vraiment de reconnaître que tout ce que j’ai dit plus haut reste vrai à chaque stade. Le para-doxe n’est qu’apparent, mais là aussi, il faut faire

avec (être avec). alors la fameuse ques-

tion « qui suis-je ? » serévèle : vous êtes – déjà –cet espace d’accueil, laConscience. oui, celapeut-être perturbant, et enmême temps le fait d’êtredans l’instant, plongé ensoi est le meilleur moyende ne pas se perdre.branché sur ce qui sepasse en vous, vous ancreet vous permet de revenirà l’espace d’accueil ensoi. C’est impeccable.

Peut-être grâce à cet espace d’accueil qu’il

m’arrive de vivre comme une certaine densité de

silence (même si ça va et vient), certaines façons de

réagir à des jugements ou des attitudes à mon

égard se sont évanouies. Mais il reste des

“paquets” qui agissent comme des pièges à atten-

tion, dans lesquels je tombe à chaque fois, et je

remarque que souvent une partie de moi “aime” ce

que je ressens ou sens dans ces moments. Et pour-

tant c’est là que toute mon énergie se disperse. Le

fait d’“aimer” ce qui vient brûler cette énergie plus

fine est-il un obstacle ?

Si vousressentez

une émotion,

c’est ce qui est,

faites avec

celle-ci

et non

contre.

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PréSenCe et bienveiLLanCe au QuotiDien - 51

tout d’abord, il ne s’agit pas d’être sans émotionmais d’en être libre. Si vous ressentez une émotion,c’est ce qui est, faites avec celle-ci et non contre. unsadhaka peut vivre de fortes émotions (entre autredurant des méditations, celles-ci peuvent être trèsintériorisées et non moins intenses), mais la diffé-rence entre lui et une personne non engagée sur lavoie, c’est que l’émotion durera moins de temps,sera vécue en conscience et ne suivra pas les“mêmes canaux” que chez une personne complète-ment identifiée à son mécanisme émotionnel.

La purification émotionnelle n’est pas un vainmot. elle prend du temps, y compris après desexpériences d’éveil et selon si celui-ci est plus oumoins stabilisé. Donc, le mieux est de revenir sanscesse à ce qui est, dans l’instant.

ensuite, cet aspect de “piège à attention” estune expression assez juste. La mécanicité piègel’attention tant que celle-ci n’est pas assez “forte”,c’est-à-dire tant qu’elle ne dispose pas d’assezd’énergie raffinée pour fonctionner et “englober”le mouvement plutôt que se laisser submerger. ilest normal que nos habitudes physiques, émotion-nelles et mentales perdurent un certains temps. Parexemple, on peut effectivement “aimer” telle outelle émotion en soi car elles peuvent se justifierau travers d’éléments extérieurs et des croyancesqu’on pense être “normales” et qu’on ne remetdonc pas en question. Si c’est le cas, cela viendraun jour ou l’autre, simplement parce que si vouspratiquez la Présence et êtes avec l’instant, alorsun jour, vous verrez cela en face. et vous vivrezl’émotion en conscience tout en voyant en face lapensée qui y est liée. ainsi commencera la purifi-cation émotionnelle et énergétique.

enfin, il y a aussi des raisons physiologiques.Par exemple, les émotions fortes de peur ou decolère provoquent des montées d’hormones, parexemple le cortisol et l’adrénaline qui, et cela a étéprouvé *, lorsqu’elles viennent à manquer au boutd’un certain temps dans le corps et de façon répé-tée, provoquent un manque. et ce manque appellela réaction émotionnelle initiale pour retrouverl’hormone et l’effet qu’elle produit en nous (exci-tation, sensation fausse de puissance, puis relâche-ment et vide). ainsi, cela justifie le retour à telleou telle attitude, mais physiologiquement cela aune raison très concrète.

il ne faut pas sous-estimer le corps ni l’organi-sation que représente le complexe des trois corpsphysique, émotionnel et mental. ils fonctionnentensemble en permanence. telle posture avec tellecroyance avec telle émotion. Mais voilà, c’estcomme ça, cela ne doit pas devenir trop sérieux des’auto-observer sans quoi, on se crispe et le men-tal reprend cela à son compte. Le sadhaka finirapar voir le mécanisme dans son ensemble. C’estun jeu de patience plutôt que de dureté. Le com-plexe corps-cœur-tête aime la Présence, c’est unétat naturel. C’est le mental qui vous jugera, pas laPrésence. il faut apprendre à distinguer ces deuxaspects bien différents. Parfois, on les confond, onse juge et on se dissèque au lieu de voir et d’ac-cueillir, sans jugement, et de laisser partir. C’est lemental qui veut ça. toutefois, il est vrai quecomme le proposait Gurdjieff, il s’agit deconnaître “la machine”, savoir comment l’onfonctionne et voir cela. et voir qu’effectivement,certaines parts de nous aiment s’accrocher auxémotions néfastes, et vieux comportements un peudestructeurs. C’est ainsi. Ce sont des facettes duvieux moi, un des personnages en nous. Ce n’estpas la Présence. et si vous ne sentez que peu laPrésence encore pour faire la différence entre cepersonnage et elle, alors pratiquez. un jour, laPrésence sera plus vaste et vous sentirez, vous ver-rez la différence. Cela aussi est la voie.

* voir le livre de Jacques vignes, Soigner son âme (albinMichel, coll. espace libre – format poche)

● Lionel Cruzille

est essayiste (il a écrit les ouvrages : Changer, Se libérer des pensées, La spiritualité au cœur

du quotidien) et romancier.explorateur du genre fantastique, il est l’auteur de nouvelles telles que la série “Sorciers”, la trilogie du “Concile de Merlin” initialement écrite sous le pseudonyme eloan Kroaz et la dystopie “2048”. il est également professeur de Qi Gong et enseignela méditation dans une approche laïque.https://www.lionelcruzille.comvoir aussi ses articles dans 3e millénaire n°114, 112, 107, 116, 120 &123.