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Ce texte est protégé par les droits d’auteur.En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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MONTSEGUR, LE SACRIFICE CATHARE

Une pièce de Guillaume MILLER

SACD n° 231127

Courriel : [email protected]

Genre : dramatique

Durée : 1h15

Public : adultes

Résumé : En 1243, la communauté de cathares et de laïcs du castrum de Montségur voit arriver une armée de coalition pour l’assiéger. Les troupes du Roi de France et du Pape parviendront à soumettre les valeureux défenseurs du pog après dix mois de siège. L’issue sera terrible car plus de deux cent vingt cathares périrent, jetés vifs dans le bûcher pour ne pas avoir abjuré leur foi. La chronique d’un rescapé, le chevalier Bernard de Scopont, vous permettra de pénétrer dans l’intimité de la famille de Raimond de Péreille, seigneur des lieux. A travers cette fresque historique, vous vivrez dix mois de siège chargés d’émotions et de révélations sur un siècle méconnu, entre rituels cathares et mise en lumière du rôle déterminant des femmes occitanes. Est-ce un songe, une écriture imaginative ou le fruit de la métempsycose, voyage de l’âme bien connu des Cathares ?

AVERTISSEMENTCe texte a été téléchargé depuis le site http://leproscenium.comCe texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur, soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (SACD).Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l’autorisation de jouer n’a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l’étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation, la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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La scène : 1243-1244 lors du siège de Montségur. Huis clos dans une salle du donjon du castrum avec quatre personnages.

Le décor : médiéval du XIIIème siècle, grande table drapée, trône, banc, coffre, lutrin, étains, tapisserie…

Les accessoires : luminaires, assiettes et fourchettes imitation d’époque, une épée pour le seigneur…

Les costumes : reproductions d’époque.

Les personnages :

- Raimond de Péreille (RP) : seigneur de Montségur qui accepta que son castrum devienne le siège de l’église cathare et dont le gendre, Pierre Roger de Mirepoix, fut le commandant en chef de la place forte. Il survécut au siège mais fut emprisonné à Carcassonne où on perdit sa trace.

- Corba de Péreille (CP) : épouse de Raimond de Péreille. Elle fréquenta les maisons religieuses hérétiques mais ne se convertit au catharisme (reçut le consolament) que la veille du bûcher. Elle périt volontairement dans les flammes avec la plus jeune de ses filles, Esclarmonde, dont la légende en fit la Dame blanche qui hante encore les ruines de Montségur.

- Bertrand Marti (BM): évêque cathare de l’évêché de Toulouse. Il se réfugia à Montségur et y dirigea la communauté ecclésiastique avec l’évêque du Razès. Il meurt sur le bûcher de Montségur en emportant avec lui le secret du trésor des cathares.

- Esclarmonde Narbona (EN) : le seul personnage fictif, hommage aux inconnus qui n’ont pas été répertoriés par les archives de l’inquisition. Servante de Corba, j’en fais la compagne de Pons Narbona, originaire de Carol en Cerdagne, sergent défenseur de Montségur. Elle reçoit le consolament avant Corba et périt sur le bûcher. Je lui donne volontairement le prénom de la plus jeune enfant de Corba pour qu’elle « hante » cette pièce au même titre que son lieu de martyr.

Le déroulement de la pièce est rythmé par la voix off (peut se transformer en 5° personnage) du Chevalier Bernard de Scopont, rescapé de Montségur, ordonné par la suite Parfait en Italie et que l’on sait encore en vie en 1273. La scène 1 s’ouvre après une introduction du chevalier qui

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présentera le contexte comme s’il écrivait ses mémoires afin d’exorciser sa lâcheté d’être encore en vie. Entre chaque scène, il interviendra pour situer la chronologie et l’action.

Précision : il s’agit d’une œuvre qui s’étale sur les dix mois de siège et s’attache à raconter les événements de la manière la plus historique possible. Les scènes de rituel cathare (consolament et melhorament) ainsi que les dires à consonance religieux sont extraits de registres d’inquisition et de deux fragments connus d’écrits cathares (rituels occitans dits de Dublin et de Lyon).

Scène 1 :

Contexte : l’armée royale prend position au pied de Montségur à la fin du printemps 1243.

Contenu : présentation des quatre personnages. La scène s’ouvre sur une salle du donjon où Corba s’entretient avec sa servante. Raimond de Péreille, son époux, entre et annonce l’arrivée de l’armée du roi et du pape. Il demande à la servante d’aller quérir l’évêque cathare, Bertrand Marti.

Scène 2 :

Contexte : pendant les escarmouches qui s’étalent de l’été à l’automne 1243.

Contenu : les convives se retrouvent autour d’un repas ensemble. Raimond de Péreille évoque l’organisation de la résistance qu’il élabore avec son gendre, chef militaire de la place, Pierre-Roger de Mirepoix. On relate la vie quotidienne dans le castrum. Bertrand Marti reçoit une missive encourageante de son alter ego à Crémone.

Scène 3 :

Contexte : peu avant Noël, un groupe de soldats gascons s’empare du poste avancé nommé le « Roc de la tour ». L’accès de l’armée des assaillants et des machines de guerre devient alors possible.

Contenu : la servante arrive affolée et en pleurs pour annoncer deux drames à Corba : la mort de son compagnon, sergent, et la prise de la position avancée.

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Les deux femmes évoquent pour la première fois la défaite et ses possibles conséquences.

Scène 4 :

Contexte : mi février, l’assaut est donné avec des échelles et après la mise en service des catapultes. Les assiégés subissent de lourdes pertes.

Contenu : l’évêque se trouve seul avec la servante. Corba est sortie porter secours aux malheureux. L’homme d’église lui demande d’aller donner des instructions à son frère mineur, destinées à protéger un secret. Raymond de Péreille entre, furieux, en traînant son épouse par le bras. Il s’entretient du sérieux de la situation avec Bertrand Marti.

Scène 5 :

Contexte : Pierre Roger de Mirepoix a obtenu le 2 mars une trêve de quinze jours avant la reddition mais revient avec une terrible nouvelle : les cathares qui n’auront pas abjuré leur foi le jour de la capitulation seront brûlés vifs. L’espoir d’être sauvés par le Comte de Toulouse s’évanouit.

Contenu : Corba demande à l’évêque Marty de lui donner le consolament. Celui-ci accepte. La servante, déjà « consolée » dans le secret, participe au rituel. Raymond de Péreille arrive et apprend, effondré, la conversion de sa femme.

Scène 6 : scène finale

Contexte : le 16 mars, jour du bûcher.

Contenu : après une nuit de prière en communauté, les quatre personnages se retrouvent au donjon pour un adieu. On assiste en premier au départ de l’évêque et de la servante. Raimond de Péreille apprend l’intention de Corba de les suivre sur le bûcher. Il retient sa femme et tente de l’en dissuader. Il s’effondre à la nouvelle que la plus jeune de ses filles, Esclarmonde, est déjà en route pour le brasier.

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Introduction : (la scène est dans le noir. On joue une musique médiévale puis s’élève la voix du chevalier Bernard de Scopont).

« Moi, Bernard, chevalier de Scopont, je souffre, mon cœur saigne…du sang des bâtards… Oui, je n’ai de cesse de chasser ce drame de ma mémoire. Plus de trente ans qu’il me torture les entrailles. Je fus un lâche parmi les lâches… J’ai tenté d’oublier ce que j’avais vécu, ce que j’avais vu, et même ce que j’avais senti à vomir. Quel affreux cauchemar ! Honte à moi qui ai sauvé mon enveloppe charnelle au siège de Montségur. Depuis, je suis devenu Cathare… et alors ? Aujourd’hui, j’affronte le crépuscule de ma vie, seul, avec ma foi de Parfait. Mais voila, j’aurais dû me convertir là-bas, mourir avec eux. On les disait hérétiques, ces 200 voire 250 bons chrétiens, bons hommes et bonnes femmes, ce n’étaient que des braves gens. Ils revendiquaient de vivre librement la parole originelle du Christ. Pour ne pas avoir abjuré leur foi, ils furent brûlés vifs. Qu’auriez vous fait à ma place ? La postérité va me juger, oui, comme toi que je ne connaitrais jamais ! Il est tellement facile d’avoir un élan chevaleresque jusqu’à ce que la réalité vous rattrape. Regardez-vous dans le miroir et imaginez ces yeux, les vôtres, blanchir au contact de la flamme hurlante… et fondre jusqu’à ce que la mort daigne vous enlever au supplice. Souvenez-vous de Montségur, …peut-être restera t’il des ruines de ce castrum médiéval, fier navire solaire tutoyant les nuages pour échapper à son temps. Au nom de l’Eglise cathare, il défia pendant 40 années, et le Pape, et le Roi de France. Acceptez, vous tous qui me lirez, que je vous raconte en toute humilité la vraie histoire des dix mois de siège de Montségur, fief du seigneur Raimond de Péreille. Les ailes du malin s’étendirent dans la plaine à la fin du printemps 1243. L’armée royale et les troupes des légats du pape, arrivèrent ensemble, fièrement. Leur puissance guerrière se déploya au pied du pog de Montségur. Nul doute, ils comptaient y livrer leur ultime bataille».

Scène 1 : (Esclarmonde coiffe Corba)

CP – Eh ! Faites attention Esclarmonde, mes cheveux ne sont pas la crinière du cheval de votre sergent de mari !

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EN – Oh pardon, Madame ; C’est que les mèches sont tellement emmêlées que je désespère de les lisser. Si j’insiste, mon peigne en corne va se briser.

CP – Ne vous tracassez pas, mon époux aime mon côté sauvage, indomptable. Je ne devrais pas vous le dire…c’est très personnel… il m’honore encore ! Même après mes quatre maternités, je me sens encore femme.

GN – Je n’ai pas cette chance, jamais un enfant n’est sorti de moi pour illuminer ma vie. Je n’ai que mon homme sur cette terre, celui que j’ai rencontré ici. Heureusement, il est aimant mon brave Pons Narbona. Je frissonne au plus profond de mon être lorsque ses mains rugueuses se posent sur mes hanches.

CP – Je suis désolée d’avoir évoqué mes grossesses, égoïste que je suis. J’ignorais pour vous, je ne voulais pas vous peiner. Dieu a certainement ses raisons pour vous imposer cette épreuve.

EN – Vous savez, je ne sais pas en qui ou en quoi je dois croire. Dieu, lui, il ne me voit même pas depuis ma naissance. Ici, sur le pog, j’y trouve un peu d’affection et d’humanité. J’existe enfin aux yeux des autres.

CP – Mais qu’est-ce qui vous rend si triste au point de vivre sans joie ?

EN – Ma dignité m’interdit de vous en parler. Vous êtes l’épouse du seigneur de ce castrum. Je présume que la vie vous a préservé de son voile hideux…

CP – Esclarmonde, voyons, vous me connaissez maintenant. Si j’en avais le pouvoir, tout être vivant sur cette terre aurait grâce à mes yeux.

EN – Oui, je le sais. Vous êtes bonne, tolérante et vous traitez bien vos suivantes. Mais…

CP – Voyons ma petite, il ne sert à rien de souffrir en silence. Parlez, ouvrez votre cœur, et acceptez ma modeste écoute. Nul ici ne vous jugera !

EN- (émue) Vous parlez à une ombre, je suis un linceul de passage dans ce lieu. Partout où je vais, la mort est là, tapie, sournoise, et jamais rassasiée…

CP – Allons, allons, vous ne pouvez porter à vous seule les misères de notre époque.

EN – Ah oui ! Qu’a donc pensé ma mère juste avant de mourir en me mettant au monde ? A-t-elle eu le temps de me voir ? M’a-t-on arrachée à son ventre encore chaud après son dernier souffle ? Les gueux n’ont pas droit à une miette de bonheur dans l’au-delà !

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CP – Je suis chrétienne, catholique, et j’ai la conviction que si, il y a une place pour tous ceux qui ont aimé leur prochain.

EN – Personne sur cette terre, n’arrivera à me convaincre.

CP - Nos amis cathares, eux, vous enseigneront le secret du bonheur après la vie. Ce sont aussi des chrétiens, mais ils ont une vision différente de l’existence terrestre et de la mort.

EN – Ah bon ? Seraient-ils capables de m’expliquer pourquoi mes six frères et sœurs ont tous disparu, emportés par la peste ? Quelle enfance elle a eu cette fillette de trois ans qui se tient à présent devant vous ?

CP – Un jour où je me trouvais à Mirepoix pour visiter une cousine, j’ai rencontré un diacre cathare qui a changé le cours de ma vie. Il m’a expliqué l’essentiel, au creux de l’oreille… Dès lors, je n’ai eu de cesse de fréquenter les maisons religieuses des hérétiques pour comprendre ce qui m’arrivait, qu’elle transformation mystérieuse s’opérait en moi. Mais aujourd’hui, je ne me suis pas encore convertie. Lorsque mon âme s’apprête à basculer, esclave et sereine, les voix de mes enfants m’extirpent du rêve éveillé. Las, je sens au fond de moi progresser tous les jours, cette douce sensation d’appartenir à un autre monde, celui du royaume de Dieu. Dès lors, elle n’a plus d’importance…

EN – Qui, Madame ?

CP – La vie, oui Esclarmonde, la vie n’est qu’une illusion, celle de l’enveloppe charnelle que nous chérissons. La mort, elle, est une délivrance qu’il faut mériter à travers la foi.

EN – Comment ça, c’est absurde, tout le monde veut vivre !

CP – Non, ma douce, les cathares considèrent que tant que leur âme n’est pas pure, elle se réincarnera à l’infini dans un autre être vivant. Le pire pour eux, c’est de vivre pour l’éternité.

EN – Ils peuvent se réincarner en n’importe qui ? En animal même ? Vous me verriez en cerf ?

CP – Allons, ne dites pas de sottises, je parle sérieusement.

EN – Pardon, Madame, je ne voulais pas vous offenser. Je trouve surprenant de croire que l’âme fait des sauts de puce sur terre avant de pouvoir s’envoler.

CP – Oui, et rappelez vous de cela en toutes circonstances ; Seuls les bons croyants qui reçoivent le consolament seront les élus.

EN – Ah oui, le consolament , c’est cette cérémonie mystérieuse… D’ailleurs, l’autre soir, la lune éclairait la maison de Pierre Marty. Je me suis approchée

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et j’ai vu des choses étranges… Des ombres tournoyaient autour de lui, se prosternaient, embrassaient un objet… (Raimond de Péreille surgit).

RP – Corba, Corba, la malédiction vient nous chercher. Je le savais depuis le début, j’avais un pressentiment. Nous devions tôt ou tard payer pour notre hospitalité aux cathares, c’était écrit.

CP – Raimond, calme toi ! Que se passe t-il de si terrible pour que tu en perdes ton calme et ta sagesse ?

EN – Seigneur, quel malheur vient de s’abattre sur nous ? Je vous l’avais dit maîtresse, il faut me fuir sinon gare au malheur!

RP – Là, dehors, au pied de la montagne, ils sont plus de 2000 ou 3000, une armée ennemie s’avance.

CP – Mais qui sont-ils ?

RP – Corba, tu le sais bien ! Ne feins pas d’ignorer qu’un jour ils frapperaient. Depuis le traité de Meaux, Montségur est décrit comme la tête de l’église cathare, un repère d’hérétiques.

EN – Qui ? Mais qui aujourd’hui est venu pour me faire souffrir… et m’ôter définitivement tout espoir de vivre paisiblement.

RP – Suffit, la servante ! Ouvre les oreilles. Je parle du Roi de France, le bras armé du pape.

CP - Quoi ? Louis IX ! Nous sommes perdus. Il valait mieux les barons que le roi !

RP – Non, non, pas de défaitisme, il faut surmonter la surprise.

CP – Tu as raison mon époux. Mon attitude n’est pas digne de votre seigneurie.

RP – Ayons de l’espoir. Notre comte de Toulouse, le bon Raimond VII, va venir à notre secours. Il a toujours accueilli en paix nos frères et sœurs cathares. Il ne peut pas fermer les yeux.

CP – Comment sais-tu que le roi est là ?

RP – Il n’est pas présent en personne d’après nos espions, mais la plaine est parsemée d’étendards avec ses armoiries flamboyantes.

CP - En ce moment il est peut-être en cours de tractations avec notre comte. C’est notre seul espoir.

RP- Cela ne se peut. Des messagers m’ont informé que Raimond VII a rejoint Rome pour s’y entretenir d’affaires avec le pape. Je n’en sais pas plus.

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EN – En tout cas, le roi de France est un lâche.

CP – Pourquoi Esclarmonde ?

EN – C’est qu’il ne veut pas subir la mort pitoyable de Louis VIII après le siège de Carcassonne. Le roi félon emporté par la dysenterie, quelle fin pitoyable ! C’était la malédiction des Trencavel.

RP – Il faut croire aux signes du destin, les grands de ce monde y accordent une attention démesurée. Alors pourquoi pas nous ?

CP – Et si cette armée n’était destinée qu’à nous impressionner, à faire flancher la fougue de nos combattants.

RP – C’est fait Corba, ils sont atterrés. La confrontation est démesurée. Souviens-toi que cette place n’est défendue que par une soixantaine d’hommes d’armes ou de sergents… épaulés par quelques chevaliers faydits.

CP – Des braves parmi les braves ces chevaliers faydits. On dit que certains ont combattu les infidèles en Terre Sainte.

EN – Maître, pourquoi les dénomme t’on faydits ?

RP – C’est qu’ils ont été dépossédés de leurs terres et de leurs droits seigneuriaux pendant la croisade menée par ce bâtard de Simon de Montfort !

CP – N’oublie pas ce suppo de Satan, le légat du pape, Arnaud Amaury. Il jubilait, le serviteur de Dieu, en hurlant à Béziers « tuez les tous, dieu reconnaitra les siens ».

RP – Le chien, l’ordure… un bain de sang, sans aucun jugement. Lucifer, le malin qui prit l’apparence d’un moine de la respectable abbaye de l’ordre de Cîteaux ! Esclarmonde va vite chercher notre évêque, Bertrand Marty, je dois l’informer de la situation.

(La porte – ou la tenture - s’ouvre)

BM – Inutile mon frère, je viens vous assurer du soutien et de la force spirituelle inaltérable de notre communauté.

RP – Mais voyons, mon père, vos sujets ne prendront pas les armes. Et quand bien même ils le feraient, on ne s’improvise pas guerrier.

BM – L’essentiel n’est pas de combattre mais de résister… à notre manière bien sûr, car nous n’avons pas le droit de tuer.

CP – Comment ose t’on nuire à des êtres si pacifiques ?

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BM – Parce-que nous représentons l’église primitive, originelle, celle des chrétiens qui suivent la parole du christ, la vraie, celle du nouveau testament et de nos textes sacrés.

CP – C’est cette pureté que Rome veut faire disparaître, oh que c’est injuste.

RP - L’inquisition, elle, se charge de l’élimination méthodique des cathares, de nos bons chrétiens. Vos fidèles, c’est une chose, mais que vont devenir mes sujets dans les jours qui viennent ?

BM – Ne craignez rien pour eux mon frère. Quoi qu’il se passe, c’est nous qu’ils sont venus débusquer. Avez-vous vu les fiers étendards de Pierre Amiel, l’archevêque de Narbonne ? Et au loin, la troupe levée par l’évêque d’Albi ? C’est Rome qui veut arracher la tête pensante de l’hydre.

RP – Même si cela ne m’enchante pas, nous livrerons bataille pour respecter nos engagements. Il en va de mon honneur.

BM – J’ai le sentiment que l’enjeu nous dépasse aujourd’hui. L’avenir s’obscurcit.

EN – Ils sont tous là, les charognards ! Que va devenir notre mère Occitanie, une fois dépecée ?

(Les personnages se figent et la lumière s’éteint. La voix du chevalier de Scopont retentit à nouveau).

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« Lorsque le serpent multicolore s’était enfin immobilisé au pied de la montagne, prêt à nous étouffer jusqu’au dernier, nous sentions monter l’odeur de la mort. Je dévisageais un à un mes compagnons d’armes… Tous étaient figés, plongés dans un mutisme pesant. L’affrontement serait fatal, ils le savaient, nous n’avions aucune chance d’en sortir sains et saufs ; En vérité, ils étaient au moins trois mille assaillants contre les défenseurs du pog. Comment allions nous protéger les quatre cents âmes innocentes de cette communauté de laïcs et de cathares. Notre chef, Pierre Roger de Mirepoix, nous harangua avec ferveur. Il su trouver les mots justes, … ceux qui transcendent les guerriers au point qu’ils s’abreuvent du sang de leurs ennemis, comme des bêtes. Le relief escarpé était notre plus fidèle allié. La maigre garnison de Montségur paraissait inexpugnable. L’homme de guerre avait raison : une armée ne pourrait pas nous atteindre d’un même élan. L’ennemi aussi le savait… Il envoya des escouades tester nos défenses. Nous n’essuyâmes que des escarmouches de l’été à l’automne 1243. La confiance grandit au sein de nos murailles. Ainsi, s’installa une situation faussement rassurante, sans vrai combat, et avec espoir que l’hiver verrait arriver le Comte de Toulouse, pour nous sauver… ».

Scène 2 : (Corba et Raimond de Péreille sont attablés alors que la servante s’affaire autour d’eux).

RP – Alors ma bien aimée, tu es rassurée ? Nous avons de quoi manger, boire, et pour l’instant ni le roi, ni le pape ne nous dérangent plus qu’une rage de dent !

CP – Certes mon maître, mais je suis tout de même inquiète. Nous ne pourrons tenir le siège éternellement. Ils vont finir par nous affamer. Nous réserves en nourriture ne sont pas inépuisables.

RP – Je n’ai nullement l’intention d’attendre le printemps pour aller me dégourdir les jambes dans la plaine. Il va bien falloir qu’en bas, ils se découragent.

CB – C’est un doux rêve. Tu sais comme moi que le comte de Toulouse est passé à l’ennemi. Il faudrait être aveuglé pour ne pas interpréter son silence. Qui va venir à notre secours maintenant ?

RP – Je t’interdis de parler ainsi de notre suzerain Raimond VII. Notre protecteur et ami viendra en personne ! Et avant Noël. Je tiens cela d’un message d’Isarn de Fanjaux.

EN – On dit que le comte a rencontré le pape et l’empereur Frédéric II, et qu’ils viennent de conclure la paix.

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RP – (Agacé par cette impertinence) Passe moi le vin, mécréante, au lieu de faire de la politique !

CP – Je t’en prie Raimond, Esclarmonde, qui porte le prénom de la plus jeune de tes filles, mérite mieux que tes reproches.

RP – Allons, allons, tu sais que j’ai tous les pouvoirs en ce lieu… Sache aussi que je ne m’octroie pas celui de la compassion (rire sarcastique).

(La porte s’ouvre – ou la tenture s’écarte - et entre Bertrand Marti, évêque du diocèse de Toulouse).

BM – M’acceptez-vous dans ce noble donjon ?

CB – Oui mon Père, entrez vite avant que le froid ne nous engourdisse.

RP – Prenez place, ma table vous est ouverte. Esclarmonde, rends toi utile ! Apporte une bonne louche de ragoût de sanglier à notre invité.

BM – Euh, non, je ne peux manger de la viande, cela est exclu depuis que j’ai eu l’immense satisfaction d’être accepté comme Parfait.

RP – Ah oui, j’oubliais. Je ne me ferais jamais à vos sacrés coutumes. Je ne sais pas comment vous pouvez avoir les idées claires le ventre vide !

EN – Madame, puis-je lui proposer de l’épeautre et du poisson séché?

RP – Voyons, ignare, le poisson est un animal, il ne pourra point s’en régaler ! (à l’évêque) Comme vous pouvez le constater, j’apprends vite !

BM – Elle n’a pas tort. Comme les poissons naissent dans les algues, ma religion m’autorise à en consommer.

CP – Très bien ! Esclarmonde, préparez-lui de la daurade et de la raie… Et avec le bon pain de notre brave boulangère, Guillerminette.

BM – Je ne voudrais pas vous priver de cette nourriture si rare. Notre communauté a l’habitude de jeûner, vous savez.

RP – Pensez-donc, les silos à blé débordent. Pons Aïs, notre meunier, s’active sans relâche au moulin à bras. Il peste toute la journée ! A croire que le danger ouvre l’appétit !

CP – C’est qu’il en faut de la farine pour nourrir les travailleuses de l’atelier de couture de ma mère.

RP – Je reconnais que Marquésia leur demande beaucoup, mais elle a fait fructifier le commerce des chausses et des vêtements. C’est essentiel pour notre économie.

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BM – Cette centaine de femmes sont pour la plupart de bonnes croyantes. Cela suffit à mon cœur pour se sustenter. Point n’est besoin de nourriture terrestre.

EN – Et elles travaillent merveilleusement bien. Mon tendre Pons m’a offert l’autre jour une tunique de sept sous. Je me suis sentie belle pour une fois.

RP – Esclarmonde, je…

CP – (interrompt l’élan de son époux) Chutttt ! Soit magnanime (et elle change de sujet de conversation). Alors, dis-nous comment ton gendre, le valeureux Pierre Raimond de Mirepoix, compte t’il nous défendre.

RP – Il est sûr de lui, rassurant, et il est respecté de tous. Nous sommes entourés d’à pics. Une armée ne peut nous atteindre en un seul assaut ! (il se lève et s’approche de la meurtrière) Tiens, regarde la barbacane et au loin en contrebas, les soldats qui occupent le fortin sur le roc de la tour. Impossible de nous déloger !

BM – Bien, c’est bien tout cela. Et en plus les braves gens de Camon, même enrôlés de force, laissent passer nos messagers. J’ai des nouvelles de Crémone, c’est un rayon de soleil pour notre église (il sort une lettre de sous sa bure).

CP – Pourquoi Crémone ? Où est-ce ?

BM – C’est notre communauté exilée en Italie du nord. Elle s’est regroupée autour d’un évêque, c’est notre sanctuaire. Personne ne songe à les persécuter. Ils sont notre force, notre héritage spirituel, notre avenir, notre semence…

RP – Ils ne veulent tout de même pas nous porter secours en brandissant leur seule foi ?

BM – Bien sûr que non ! Beaucoup ont souffert des interrogatoires poussés des inquisiteurs… Ils ont échappé au bûcher.

EN – Que vous veulent-ils mon évêque ?

CP – (A Esclarmonde) Voyons, cela ne vous regarde pas.

BM – Laissez, Madame, elle a le droit d’avoir ce message d’espoir. On m’assure qu’à Crémone, il règne la tranquillité et la paix. Nos frères nous envoient leur soutien dans cette épreuve.

EN – Oh, merci, merci, il existe enfin un endroit où le Dieu bon épargne ses bons croyants.

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RP – Servante, va donc me chercher le barbier. J’ai besoin de ses services avant d’aller prendre des nouvelles au dehors.

EN – Vous voulez parler de ce Pierre Flairan, de Mirepoix ? Il n’est pas plus barbier que moi je ne suis parfaite. Méfiez-vous qu’il ne vous égorge. Je l’ai vu faire une saignée à la pleine lune au chevet d’un malade.

BM – (En souriant) L’essentiel, c’est ce qu’il est en réalité. Un véritable Parfait, apte à administrer le consolament aux bons croyants.

RP – Et bien, je ne suis pas pressé d’être « consolé ».

BM – Ne le retenez pas trop longtemps. Dès la tombée de la nuit il doit s’échapper du castrum pour aller prêcher auprès des bons chrétiens des alentours.

CP – Mais voyons, c’est de l’inconscience, il risque sa vie !

BM – Ne craignez rien gente dame. Il sera escorté par des sergents. Et puis… notre Dieu n’est pas de ce monde.

RP – Désolé évêque, mais nous ne pouvons dégarnir nos fortifications. Vous devrez vous passer de protection.

BM – Votre gendre a donné son accord… Il est conscient de la mission divine de l’Eglise de Montségur. Ses prédicateurs doivent continuer à circuler malgré le siège et ils doivent être protégés.

RP – Mon gendre prend trop d’initiatives. Ce type de décision m’incombe. Allez, pour cette fois, ça ira.

(Les personnages se figent et la lumière s’éteint. La voix du chevalier de Scopont retentit à nouveau).

« Partout où je portais mon regard, dans le château, vers les cimes, la neige avait enveloppé nos piètres existences de sa protection immaculée. C’était peu avant Noël, en l’an 1243. On percevait par moment les cris aigus des rapaces entre les bourrasques de vent glacial qui balayait les postes de guet. A l’intérieur du castrum comme au pied du pog, la vie s’organisait au ralentit pour lutter contre la rudesse du climat. Quant à Pierre Roger de Mirepoix, mon commandant en chef, il jubilait. Un hiver rigoureux serait plus efficace que cent soldats supplémentaires ! Il fallait gagner du temps et motiver les troupes qui attendaient le comte de Toulouse et son armée. Il avait dit avant Noël, mais aucune croix aux douze points à l’horizon. Pourquoi Raymond VII ne venait-il pas ? Nous aurait-il abandonné ? L’espoir n’attendait qu’un signe pour renaître. Un nouveau jour se levait, mais pas n’importe lequel. La brume allait se dissiper sur un terrible spectacle»…

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Scène 3 : (Corba est seule dans la pièce, elle lit).

CP – Ha ! Quelle femme merveilleuse, quelle érudition, cette Hildegarde de Bingen. Je vais proposer sa musique à Othon lorsqu’il sera revenu de Puivert. Ha, j’allais oublier ce maudit siège. Ce serait terrible si je n’entendais plus jamais sa voix mélodieuse et ses accords célestes. Ma petite fille Esclarmonde n’est pas non plus indifférente à l’aura de ce troubadour. Elle me ressemble tellement. Esclarmonde dis-moi pourquoi je n’ai rien vu venir. Pourquoi ne me suis-je pas aperçu que ton frère et tes sœurs étaient devenus des étrangers à tes yeux ? Tu as beaucoup changé depuis quelques semaines. Cette pâleur que tu cultives dans cette robe blanche qui flotte à ton passage… Très peu de nourriture, pas de viande…Toi, ma pure, ma protégée, tu es déjà dans un autre monde. Tu as osé faire ce que je repoussais depuis longtemps. Tout s’est passé dans le secret, loin de moi, et je n’ai pu apaiser tes angoisses. Tu es maintenant une des leurs, oui, une cathare. Tu as reçu le consolament, et moi, ta mère, je n’en ai rien su.

EN – (entre brusquement en criant et pleurant)

CP – Esclarmonde, que se passe t’il ? Pourquoi ces cris qui glacent mon sang ?

EN – Satan vient nous punir ! Je veux mourir… (Elle continue à crier et pleurer).

CP – (Se jette sur elle et la secoue) Esclarmonde, de grâce, reprenez vos esprits. Allez, arrêtez de gémir, vous allez effrayer mes gens et mes enfants.

EN – (Se ressaisit) Maîtresse, c’est la fin, Dieu est dans le camp du pape et de Saint Louis. Ils m’ont arraché mes entrailles.

CP – Comment ça ? Diantre, expliquez-vous !

EN – Ils ont assassiné mon pauvre Pons. Il est mort, tout près, dans la maison de la bonne croyante Azélaïs.

CP – Oh, c’est affreux, injuste, ma pauvre petite, le destin s’acharne sur vous.

EN – Je n’ai vu que l’enfer depuis ma naissance. Noble dame, il faut vous éloigner de moi. Tous ceux qui m’approchent ont un destin funeste !

CP – Pas de sottises, ma douce. Laissez-moi vous prendre dans les bras. Il faut prier pour Pons.

EN – Ohh madame, c’était horrible. Pons, mon homme, il gisait le crâne enfoncé. Partout autour de lui, du sang… son corps, ce n’était plus lui, des secousses, et il vomissait étouffé par ses propres humeurs.

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CP – As t’il pu vous parler ? Vous dire ce qui s’est passé ? Un dernier mot arraché à l’éternité ?

EN – La bonne femme, une parfaite, m’a dit qu’il avait frappé à sa porte avant de s’effondrer. Il ne parlait plus et la moitié de son corps paraissait endormi.

CP – Avait il choisi la religion de nos frères et sœurs tisserands ? A t’il eu une once de réconfort ?

EN – Je suis arrivée pour son dernier souffle… Oui, il a vu l’amour que je lui porte au-delà de nos vies de mortels !

CP – Merci Seigneur !

EN – Il a essayé de me parler… aucune parole ne sortait de sa bouche déformée… Oh pitié mon Dieu, dites-moi que son ultime regard n’était pas de la détresse mais celui du bonheur de vous retrouver. Je lui ai dis de partir apaisé, de ne pas craindre de m’abandonner. Bientôt je serais à nouveau avec lui.

CP – Misère, s’il n’a pu parler, Adélaïs n’a pu lui donner le consolament. C’est injuste ! Son âme est condamnée à se réincarner sur terre. Elle n’aura pas la pureté nécessaire pour s’élever !

EN – Non, non, heureusement non ! Il m’avait écouté. Il a pu s’éteindre chez la parfaite qui lui avait accordé la convenenza.

CP – La convenenza ? Mais de quoi parlez-vous ? Je n’ai jamais assisté à cela.

EN – C’est normal, madame, vous n’êtes pas de leur église. Ce rituel permet au bon chrétien d’être « consolé » s’il est en incapacité de l’exprimer. C’est indispensable en tant de guerre. Il a reçu le consolament, vous entendez, il l’a reçu !

CP – Comment savez-vous tout cela ?

EN – Je vous expliquerai plus tard.

CP – Quel bonheur Esclarmonde. Nous serons tôt ou tard aux côtés de Pons, réjouissez-vous. Consumée, l’enveloppe charnelle, fini le monde de Satan, cet ange déchu qui su corrompre pour se faire ouvrir les portes du ciel et des eaux ! Ma fille a raison, il faut que je prenne la décision sans attendre !

RP – (Entre brutalement) Corba, c’est épouvantable, c’est invraisemblable, je ne peux y croire ! On a violé Montségur !

CP – Quoi ? Quoi ? Parle donc !

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RP – Nous venons de perdre le fortin du roc de la tour. L’ennemi est à sept cent mètres de la barbacane !

EN – C’est donc cela ! Mon regretté Pons devait y monter la garde cette nuit.

RP – Comment ça ?

CP – Oui, votre sergent Pons Narbonna est venu s’éteindre près de son amante… Quel courage, quelle rage d’avoir parcouru tout ce chemin, blessé à mort.

EN – Et quelle preuve d’amour. Pons, oh Pons, ne m’abandonne pas… (elle se remet à pleurer) Je n’avais plus que toi, que tes beaux yeux à travers lesquels j’existais enfin…

RP – Suffit ! Il est mort en soldat. Aucun n’est revenu de la position à part lui. Tous massacrés, égorgés, le charnier livré sans compassion aux nuées de corbeaux qui se battaient pour arracher leur festin des corps éventrés !

CP – Mais qui est responsable ? Comment ? Le poste avancé domine le précipice ! C’est impossible d’y accéder.

RP – Ce sont les gascons, ces félons, ces chiens de guerre à la solde de l’évêque d’Albi. Ils ont escaladé la paroi vertigineuse pendant la nuit.

CP – Quelle folie ! Nous avons été trahis. Ce sont les gens de la vallée ! Sans leur aide, ils n’auraient pas trouvé la voie la plus sûre.

RP – Tu as raison ma belle Corba. Finis les regrets, l’heure est au sacrifice. Je vais rejoindre Pierre Roger et ses lieutenants. Ils préparent la contre-offensive, il faut réagir sans tarder. Ecuyer, mon armure ! (et il sort précipitamment).

EN – Maîtresse, il faut vous enfuir, vous et vos enfants.

CP – J’enrage ! Fallait-il que mon époux cède à Guilhabert de Castres ? Maudit soit l’an 1232 où il accepta que notre Montségur devienne le siège et la tête de l’église interdite ! J’été trop jeune alors pour oser donner mon avis.

EN – Non, je ne peux croire que c’est vous qui dites cela. N’avez-vous point repris la sentence de votre Troubadour préféré : « longue vie à l’église d’Amor contre l’église de Roma ». Je vous ai entendu la répéter tout bas.

CP – (S’effondre) Si, si, pardonnez-moi, j’ai cédé à la panique. J’ai peur pour mes proches. Et si le spectre du carnage des albigeois parcourait déjà nos ruelles ?

EN – On m’a rapporté cette journée terrifiante où toute la population a été livrée aux croisés. C’est le légat du pape qui a ordonné le massacre…

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CP – Oui, maudit soit Arnaud Amaury, maudit soit-il jusqu’à la fin des temps. J’entends, j’entends l’écho de sa phrase assassine qui frappe à nos portes…

EN – (S’écrie) Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ! (elle le répète).

BM – (Entre dans la pièce) Où est le seigneur Raimond de Péreille ? Je dois lui parler au plus vite au nom de notre église.

EN – Père, que la paix soit en vous. Sauvez nos âmes.

CP – Il est avec les chevaliers. La défense s’organise. Il a armé son bras de l’épée des Péreille. Le combat contre le malin va s’engager.

BM – Justement, il faut que cela cesse. Notre communauté sait qu’elle va s’éteindre. Il est encore temps de sauver les bonnes âmes qui nous ont tant aidé. Nous allons nous rendre à l’inquisition. IL ne faut pas que des innocents périssent à notre place. Ce serait injuste…

CP – Personne n’acceptera votre sacrifice. Vous êtes bons, votre religion est celle du Christ, celle de ses enseignements originels. Le nouveau testament sera notre bouclier !

BM – Que les traits d’arbalète vous entendent, Madame, et épargnent les moins croyants d’entre-nous. (Et il s’en va).

(Les personnages se figent et la lumière s’éteint. La voix du chevalier de Scopont retentit à nouveau).

« Au début du mois de janvier 1244, nous assistions impuissants à l’organisation méthodique de nos assiégeants. Nos pertes étaient lourdes, toute nouvelle tentative de contre-attaque serait suicidaire. L’étau se resserrait, de moins en moins de renforts parvenaient à franchir les lignes ennemies. Les tentatives des plus audacieux faisaient chaud au cœur. Nous n’étions pas oubliés, livrés aux bêtes. Bernard d’Aillou, seigneur de Montaillou, nous envoya un arbalétrier et un sergent. Guillaume Raimond de Moissac nous fit parvenir arbalètes, casques, chapeaux de fer et même de l’argent. Pierre Raimond Sabatier continuait à nous approvisionner en vivres, bravant la mort. Qu’il était doux et parfumé, son miel des corbières. Il arrivait à apaiser nos angoisses, mais pas toujours… Un matin, nous vîmes au loin

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s’affairer des charpentiers et approcher des machines de guerre. La fin était proche et inéluctable. Les catapultes et les trébuchets allaient emporter nos derniers espoirs, broyer les chairs et éclater les os ».

Scène 4 : (BM et EN sont dans la salle du donjon – Le rituel du mélhorier ou melhorament est à respecter dans le détail).

EN – Je vous suis reconnaissante de m’avoir « consolée ». Je veux vous rendre hommage, acceptez mon mélhorament. J’ai enfin trouvé la voie du salut et je comprends pourquoi mon Dieu m’a privé des joies de cette terre. En faisant cela, il me préparait depuis mon enfance à l’essentiel, le rejoindre dans son royaume. Sans le savoir, Jésus Christ m’a servi de guide.

BM – Tu es bonne. Ecoute la parole du Christ dans l’évangile de saint Jean : « Qui croit en moi fera les œuvres que je fais ».

EN - (Elle s’incline trois fois devant lui et il glisse le livre sacré entre leurs épaules respectives).

BM – « Pardonnez-nous. Bons chrétiens, nous vous supplions pour l’amour de Dieu d’accorder à notre amie ici présente ce que Dieu vous a donné ».

EN – « Pardonnez-nous. Je demande pardon à Dieu, à l’église et à vous tous pour tous les péchés que j’ai pu commettre ou dire, ou penser, ou faire ».

BM – « Par Dieu et par nous et par l’église, qu’ils vous soient pardonnés ».

(Après avoir dit cela, BM retire le livre sacré, admoneste EN trois fois, met le livre sur la bouche de EN et l’embrasse à travers ce livre. EN fait trois génuflexions et amorce un signe de la croix).

BM – Halte là Esclarmonde ! Qu’allais-tu faire ?

EN – Eh bien, je me signe.

BM – Ne sais tu pas que la croix est rejetée de notre liturgie ?

EN – Oh pardon, je suis indigne de vous mon bon évêque.

BM – Comment peut-on adorer la croix, support des souffrances et de la torture du Christ ? Pense que notre église ne s’encombre d’aucun symbole.

EN – Oui, je ne l’oublierai pas.

BM – Saches aussi que nous n’avons aucun lieu de culte et que nous vivons avec les vœux de pauvreté et de partage. Dans l’épître aux corinthiens, saint

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Paul nous dit : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple du Dieu vivant, et que l’esprit de Dieu est en vous ? »

EN – Merci, grands merci de m’avoir convertie à votre religion alors qu’aujourd’hui ou demain, je ne serai plus…

BM – Peux-tu me dire brave Esclarmonde, où sont tes maîtres. Dame Corba voulait me parler.

EN – Ma maîtresse est allée au chevet des blessés et des familles dans le deuil. C’est terrible ce qui se passe… Nous allons tous mourir, n’est-ce pas ?

BM – Veux-tu me rendre service ?

EN – Tout ce que vous voudrez mon père.

BM – Va porter mes instructions à Pierre Sirven, mon frère mineur. Il a disparu depuis hier soir. Cherche le, et lorsque tu l’auras trouvé, dis lui ceci : « Va quérir quatre hommes purs, dignes de confiance pour accomplir une mission divine ». Va ! Il comprendra.

EN – J’y cours. Mais… promettez-moi de rester là, s’il vous plait. Si mon maître s’aperçoit de mon absence, je serai bonne à nettoyer la porcherie. (Elle sort).

BM – (Seul) Mon Dieu, avant de vous rejoindre, faites-moi un signe. Donnez-moi des nouvelles de vos serviteurs. Ont-ils réussi à dissimuler ce que nous avons de plus précieux ? Ton fils que je ne peux voir doit me guider dans ces tristes moments pour notre église. J’ai une foi inépuisable, mais il doit me donner la force de la partager avec les plus faibles, ceux qui pleurent en quittant ce monde.

(RP entre en furie sans s’apercevoir de sa présence. Il tire CP par le bras).

RP – C’est de la folie, je t’interdis dorénavant d’aller t’exposer sur le champ de bataille.

CP – Mais, mon époux, c’est mon devoir de châtelaine et de chrétienne.

RP – Quoi ? Ton devoir ! Est-ce que ton devoir te dicte de mourir maintenant?

CP – Je suis une femme que tu ne peux enchaîner. Si tu ne peux me comprendre, laisse moi au moins ma dignité.

RP – L’impertinence, voila le résultat de l’instruction des femmes !

CP – Tu vas trop loin.

RP – Tu les as vus ces corps meurtris, ces crânes qui ont volé en éclats sous les boulets. Regarde la cervelle qui rougit ta robe. Je dois te préserver !

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CP – Je ne peux ignorer que là, dehors, derrière ces mûrs protecteurs, c’est l’horreur, l’apocalypse… (Elle s’effondre en pleurs).

RP – Corba, ma douce Corba, allez, je dois te protéger de ce siècle inhumain. Reste ici…

CP – Je n’ai pas pu sauver ce bébé, cette âme innocente qui agonisait sous les éboulis.

BM – (Sort de son silence) Rassurez-vous Corba, son âme s’est libérée de son enveloppe charnelle. Elle a rejoint le royaume de Dieu.

RP – Quoi ? Que ? Vous êtes ici depuis longtemps ?

BM – Assez de temps perdu, je vais aider ceux qui ont besoin de la bénédiction d’un parfait.

RP – Attendez ! Je voudrais savoir. Vos biens sont-ils en sécurité ?

BM – Je ne le sais pas encore. Cela fait cinq jours que le parfait Matthieu et le diacre Pierre Bonnet ont évacué notre Trésor.

RP – Comment avez-vous fait ?

BM – Votre gendre avait pris soin d’acheter douze solides cordes de chanvre à Arnaud de Miglos. Les ballots ont été descendus le long de la falaise et les hommes devaient s’échapper par la faille des gorges de la Frau.

CP – Où est le chargement à cette heure ?

RP – Ils ont dû faire plusieurs voyages. C’était risqué. Ils connaissent bien les caches de la fontaine de Fontestorbes.

CP – Ou la forêt de Bélesta dans le trou du corbeau !

BM – En mémoire de votre bonté envers nous, je puis bien vous révéler une partie du secret. Sachez que le trésor sera sous la protection d’un chevalier droit et hardi, le sieur Pons Arnaud de Châteauverdun. C’est un des nôtres, un incorruptible.

RP – Les spoulgas du Sabarthès ! Le trésor est là-bas ! Il fallait y penser à ces grottes fortifiées.

BM – Plus aucun profane ne doit approcher notre héritage. Saint Jean dit dans l’épître : « Car tout ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux et orgueil de la vie… Celui qui respecte la volonté de Dieu, demeurera éternellement ». Chutt ! J’entends des pas.

EN – (Fait son entrée) Maîtresse, vous êtes enfin revenue, sauve.

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RP – Où étiez vous passée, fainéante ?

BM – Je l’avais chargée d’une tâche essentielle.

EN – L’assaut est repoussé, nos valeureux soldats, tous les hommes et femmes valides ont mis à bas les échelles ! Monsieur de Vaccalerie a fait des merveilles.

RP - Un cadeau des bayles du comte de Toulouse, cet ingénieur de guerre. Heureusement qu’il a pu se faufiler parmi nous.

CP – J’ai vu ses engins en pleine action. Il a même détruit une catapulte du roi. Le fracas a déclenché des acclamations sur nos murailles.

EN – (à RP) Maître, le commandant m’a chargé d’un message… Un feu a brûlé sur le pic de Bidorle. Il m’a dit que cela vous réchaufferait le cœur.

RP – (Emu) Il faut tenir encore ! L’espoir renait ! C’est le signal convenu… Raimond VII doit arriver sous peu pour nous secourir.

(Les personnages se figent et la lumière s’éteint. La voix du chevalier de Scopont retentit à nouveau).

« Les combats ont cessé. Aujourd’hui, deux mars 1244, il règne un silence accablant, celui de la défaite et de la résignation. Dépités, nous n’entendions plus les râles des blessés et des agonisants. Les regards étaient figés vers le camp ennemi. Nous attendions tous le retour de Pierre Roger de Mirepoix, parti pour obtenir une trêve. Mais pourquoi et à quel prix ? Allait-il subir le calvaire du vicomte Raymond Roger Trencavel à Carcassonne? Notre petite société fraternelle était bel et bien condamnée. Alors, autant mourir les armes à la main que dans des geôles pestilentielles ! Les rumeurs les plus folles circulaient …Elles venaient d’on ne sait où, faisant écho à la détresse humaine. Le castrum retenait son souffle. Peu d’entre nous se doutaient du dénouement que nous réservait la barbarie. L’évidence c’est qu’il fallait à jamais terrasser la vraie église de Dieu. Aucun jugement, la justice des bourreaux serait expéditive. Maudit soit l’ange de la mort »…

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