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Actesdu10e cottoque annueC de CAssociation québécoise … · 2016. 2. 3. · Le Château^Frontenac Québec 30, 31 maiet 1erjuin 1990 Des formations techniques centrées sur des

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Actes du 10e cottoque annueC

de CAssociation québécoise de pédagogie

coUégiak

Le Château ^Frontenac

Québec

30, 31 mai et 1er juin 1990

Des formations techniques

centrées sur des compétences:

écueils et promesses

par

Yvon MORIN,

président

avec la collaboration de

Arthur MARSOLAIS,président de la Commission de l'enseignement professionnel

Conseil des collèges

Atelier 1.6

stagecdc
Zone de texte
Copie de conservation disponible sur le serveur Web du Centre de documentation collégiale (CDC): URL= http://www.cdc.qc.ca/actes_aqpc/1990/morin_marsolais_16_actes_aqpc_1990.pdf Format : 16 pages en PDF.
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Sonnaire des questions

Dans cet atelier, nous débattrons les questions suivantes:

1) Comment expliquer la baisse de confiance vis-à-vis

de la formation technique?

2) Quels écueils peuvent naître de la tension entre le

monde du travail et le monde scolaire, écueils qu'il

faut chercher à éviter?

3) Quelles sont les compétences recherchées chez les

jeunes?

4) Quel s modèles de programmes techniques pourraient le

mieux assurer l'acquisition des compétences

recherchées? (Examen des modèles allemand,

américain et britannique)

5) Sommes-nous dans la bonne voie avec nos programmes

actuels d'enseignement technique?

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Avant de débattre ensemble les cinq questions qui feront l'objet de notre

atelier de travail, il importe de nous donner un cadre minimal de référence,

non pas dans le but de paralyser la discussion, mais bien pour la stimuler en

la situant dans une perspective commune.

Pour l'utilité de notre propos, quatre éléments doivent être préalablement

rappelés et placés en interrelation dynamique:

a) la personne humaine,

b) le programme de développement des compétences,

c) le champ d'exercice des compétences,

d) la reconnaissance.

Pour visualiser l'interaction qui existe entre ces éléments, nous pouvons

faire le schéma suivant:

A B C

Une personne

humaine

Développement

des compétences

T

Champ d'exercice

des compétences

Reconnaissance

des compétences

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A. Au départ, il y a une personne humaine avec ses talents, ses goûts, ses

virtualités, ses aptitudes, ses aspirations.

B. Une personne a de multiples occasions de développer ses aptitudes et de

se donner des compétences. Pour notre propos, nous nous centrerons sur

une voie privilégiée de développer ses compétences: celle d'un programme

d'enseignement technique collégial.

C. Des compétences s'actualisent dans un champ ou un domaine particulier

d'exercice. Pour notre propos, nous nous en tiendrons aux champs d'acti

vités techniques pour lesquels se préparent spécifiquement les sortants

et les sortantes de l'enseignement professionnel collégial. A noter que

ces champs d'exercice varient beaucoup d'une époque à l'autre et même d'un

environnement à l'autre.

D. Mais une compétence a besoin d'être reconnue: c'est là un élément

essentiel de toute compétence. La première reconnaissance est évidemment

l'auto-reconnaissance, ou ce que l'on appelle couramment la confiance en

soi, le sentiment personnel que l'on est capable de faire telle ou telle

chose. L'auto-reconnaissance comporte des risques soit de sous-évaluation

(la personne est timide, timorée, velléitaire) ou de sur-évaluation (la

personne est téméraire, présomptueuse, inconsciente). Dans un cas comme

dans l'autre, la personne sera un jour ou l'autre jugée incompétente.

Puis il y a la reconnaissance scolaire, sanctionnée par un diplôme ou un

certificat officiel. Dans plusieurs sociétés, cette reconnaissance est

indispensable et fortement valorisée.

Dans certains cas, on exige la reconnaissance corporative, là où le droit

d'exercice est exclusif. Il existe un certain nombre de programmes

professionnels du collégial qui sont ainsi soumis aux exigences d'un ordre

ou d'une corporation professionnel.

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Enfin, quelles que soient les reconnaissances antérieures, celle qui fait

foi de tout, c'est la reconnaissance empirique, celle qui est fondée sur

les comportements, les travaux, les résultats effectifs d'une personne

dans une situation de travail donnée. (Un professeur peut, malgré ses

diplômes et ses permis d'enseigner, être ou être perçu comme une personne

i ncompétente.)

Les cinq questions que nous débattrons ensemble ont comme toile de fond

ces quatre éléments qui sont interreliês, qui créent entre eux de nombreu

ses tensions, des déséquilibres fréquents, des synergies tantôt positives,

tantôt négatives.

Question 1 - Comment expliquer la baisse de confiance vis-S-vis de la

formation technique?

Cette question supposerait que l'on établisse au départ qu'il y a effective

ment baisse de confiance.

Il n'est pas utile de faire une longue recherche scientifique pour constater

que cette baisse de confiance existe. On peut évidemment contester les

résultats des sondages, dénoncer les jugements hâtifs, faire voir l'irration

nel des dénigreurs de l'enseignement professionnel, cela ne changera pas la

réalité des perceptions. Quand le Conseil du patronat dit, à la suite d'un

sondage auprès de ses membres, qu'il n'y a que 44 % des employeurs qui se

disent satisfaits des diplômés du collégial (Conseil permanent de la jeunesse,

Les couleurs de la jeunesse, 1989, p. 62); quand on assiste à une baisse des

inscriptions au secteur professionnel; quand les médias se font fréquemment

l'écho des détracteurs de la qualité de la formation professionnelle, on doit

reconnaître une chose: le niveau de confiance vis-à-vis de la formation

technique n'est pas très élevé. Et cela, quelles que soient les exagérations

et les distorsions des jugements qui sont portés.

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Comment expliquer cette baisse de confiance? Sans épuiser les hypothèses

explicatives de ce phénomène, je vous propose, pour amorcer le débat, les

considérations suivantes.

1. Avant les baisses d'activité économique des années 70, avant les transfor

mations technologiques profondes qu'on a connues au cours de la dernière

décennie, les marchés du travail pouvaient aisément absorber les jeunes

non qualifiés, les jeunes insuffisamment ou inadéquatement formés. La

conscience des exigences d'une formation technique de qualité était donc

moins vive.

2. Les conditions économiques, sociales et politiques ont connu des mutations

considérables qui ont amené les employeurs a avoir des attentes élevées

vis-à-vis des jeunes qui sortent du système scolaire, attentes qui n'ont

pas été satisfaites. On avait rapidement besoin de jeunes autonomes,

novateurs, capables de prendre des virages majeurs, capables de communi

quer.

3. Le monde scolaire n'avait pas un comportement qui inspirait confiance:

il connaissait des crises internes centrées sur la sauvegarde et la

stabilité des emplois; il apparaissait comme un gouffre financier peu

productif que l'Etat cherchait à comprimer; il apportait des modifications

de programmes avec une lenteur souvent désolante; le monde du travail ne

se sentait pas partie prenante dans tout cela.

4. Les ministères responsables de la formation professionnelle, tant au

fédéral qu'au provincial, les divers ordres d'enseignement (secondaire,

collégial, universitaire) n'ont pas paru avoir des politiques cohérentes

et concertées pour donner une formation professionnelle adaptée à la

situation changeante du monde du travail, pour résoudre de façon efficace

le scandaleux problême du chômage des jeunes et pour recycler les nombreux

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travailleurs licenciés à la suite de l'effondrement de zones entières

d'activité industrielle traditionnelle.

Ces quelques considérations peuvent suffire à expliquer, en partie, la baisse

de confiance vis-à-vis du système scolaire qui a paru incapable de donner une

formation professionnelle de qualité, adaptée aux exigences du monde du

travail et de la société d'aujourd'hui.

Le constat de cette baisse de confiance devrait nous stimuler à réfléchir et

à agir. Chercher à nous excuser ou encore à nous esquiver serait peu produc

tif.

Question 2 - Quels écueils peuvent naître de la tension entre le monde du

travail et le «onde scolaire?

Mais il y a des précautions à prendre. Agir à la hâte peut nous amener à

prendre des orientations indésirables et qui seront, à plus ou moins brève

échéance, fortement dommageables.

Il y a donc des écueils qu'il nous faut absolument éviter. Ces écueils sont

assez connus. Une simple évocation suffira.

1. Il y a d'abord l'écueil de l'utilitarisme économique.

Une préoccupation exagérée de la productivité et de la rentabilité peut

aisément occulter la mission première de l'entreprise éducative qui est

de former des individus, de former leur intelligence et leur sensibilité.

Une telle formation se bâtit pour le long terme et ne peut s'accommoder

d'expédients. Les raccourcis sont souvent illusoires et un jour ou

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l'autre les lacunes apparaissent. Les coûts des disfonctionnements de

telles lacunes deviennent souvent énormes.

2. Il y a recueil de la surspécialisation.

Il est clair que devant l'expansion des savoirs et la cartographie du

monde du travail, une personne ne peut viser à être compétente en tout.

Elle doit s'orienter, faire des choix.

Mais les programmes de formation, malgré leur grande diversité, doivent

éviter le danger de surspécialiser. Il y a trop de changements et trop

de choses qui tombent en désuétude pour prendre le risque d'investir dans

une formation pointue.

Il faut former des gens flexibles, disposant de compétences qui peuvent

servir dans plusieurs contextes, capables de s'épanouir dans la société,

nourris de l'idéal démocratique d'une culture commune et partagée.

Question 3 - Quelles sont les compétences recherchées chez les jeunes?

Une fois ces êcueils évités, qui seraient de faux résultats recherchés chez

les jeunes qui sortent du collégial, il nous faut chercher â nommer les

compétences à développer chez les jeunes du secteur technique.

J'éviterai de faire une longue énumération qui serait plus égarante qu'utile.

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Je m'en tiendrai à quelques compétences essentielles telles qu'elles sont

identifiées par des spécialistes des pronostics (ces personnes capables de

prévoir les besoins sans avoir à dire comment on s'y prendra pour les satis

faire.)

1. La première qualité essentielle, ce sera la versatilité, la capacité de

s'adapter rapidement à de nouvelles tâches, à de nouveaux milieux de

travail et à de nouvelles formations afin d'être compétents dans des

domaines inconnus à ce jour.

Or, cette versatilité ne sera garantie que par une formation initiale

élevée et étendue et que par une formation continue.

2. Le travail d'équipe et l'habitude de la collaboration seront des aspects

typiques des lieux de travail de l'avenir. Les individus devront pouvoir

comprendre ce qu'ils font et ce qu'on fait autour d'eux. C'est dire

l'importance des compétences en communication, en organisation, en

relations humaines.

3. Le travail quotidien des employés exigera une approche analytique et auto-

dirigée, donc des compétences pour analyser et résoudre des problêmes avec

un sens élevé d'autonomie et de responsabilité.

Ce ne sont pas là des idées nouvelles. John Dewey, au début du siècle,

préconisait déjà ce genre d'intelligence, organisée, flexible, adaptable,

Voir, par exemple, Caillods, F. (1984), Education and Training for Work:

The Need for an Integrated Overall Planning, Paris.

Carton, M. (1984), Education and the World of Work, Paris, Unesco.

Sorge, A. (1985), Le changement technologique, l'emploi, les qualifica

tions et la formation, Berlin.

Coleman, J.S. et Husen, T. (1985), Devenir adulte dans une société en

mutation, Paris, OCDE.

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pratique pour préparer à vivre dans la société et s'insérer dans un monde du

travail en changement rapide.

En résumé, une véritable compétence technique est celle qui est fondée sur une

solide formation générale.

Dans l'antiquité, on donnait une formation générale pour former les dirigeants

politiques.

Au début du XXe siècle, on a compris qu'il fallait une formation générale pour

faire des citoyens aptes à vivre dans une société plus complexe et menacée par

le totalitarisme.

"Aujourd'hui, il paraît clair, - ce qui n'était pas évident il y a seulement

dix ans -, que la formation générale est aussi indispensable pour faire des

travailleurs."2

Question 4 - Quels rodeles de programmes techniques pourraient le nieux

assurer l'acquisition des compétences recherchées?

Pour répondre à cette question, examinons quelques modèles.

4.1 Le modèle à base de taylorisme.

Ce modèle, pratiqué dans les formations courtes et expéditives, vise à

construire un programme à partir des fonctions de travail soigneusement

découpées en parcelles.

CERAP, Un projet éducatif pour la France, P.U.F., 1989, p.62.

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On apprend, généralement par la répétition et le mimétisme, à faire des tâches

précises, spécialisées, adaptées à des débouchés précis.

On privilégie le cloisonnement fonctionnel. L'individu ainsi formé n'a pas

à se préoccuper de l'ensemble du système ou de l'environnement dans lesquels

il aura à travailler.

Si une telle formation était, il n'y a pas si longtemps, adaptée au type de

main-d'oeuvre qu'on embauchait pour le travail à la chaîne, elle est aujour

d'hui très inadéquate. Il y a de plus en plus de décloisonnements fonction

nels et d'intégrations techniques. Le travailleur doit comprendre ce qu'il

fait,

Situation des modèles

de programmes

Individu

Humanisme Américain

.——^~

Allemand

__--—-—•

Britannique

,

Monde

,—-—~~~

du travail

▲Taylorisme

Enseignement Formation

avoir une vue globale des processus, saisir et assumer des responsabilités

vis-à-vis d'ensembles plus larges et plus complexes.

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4.2 Le modèle scolaire classique.

A l'autre extrémité du continuum, à l'opposé de la formation utilitariste, il

y a le modèle basé exclusivement sur la formation générale, coupée 'desréalités techniques et du monde du travail.

On valorise le théorique, le livresque, la "gratuité" des contenus d'appren

tissage, comme on le faisait autrefois en privilégiant le grec, le latin, la

littérature, l'histoire, la philosophie. Evidemment, ces filières hautement

intellectuelles n'étaient réservées qu'à une élite: les futurs dirigeants,les futurs notables.

4.3 Entre ces modèles extrêmes peu pratiqués aujourd'hui, il y a une vaste

gamme de modèles intermédiaires dont les uns se centrent davantage sur

l'individu, les autres sur le monde du travail.

Examinons, brièvement, à titre d'illustrations, trois grands modèles.

4.3.1 Le modèle dual allemand.

La formation professionnelle est donnée à la fois sur les lieux de travail et

dans des établissements scolaires.

Les établissements scolaires donnent une formation générale en mathématiques,

en allemand, en sciences sociales et économiques.

Les milieux de travail dispensent la formation proprement technique, préparant

directement à une profession officiellement reconnue.

La formation est attestée par un certificat reconnu et respecté par tous. Ce

modèle donne des résultats fort intéressants: le chômage des jeunes est peu

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élevé, il n'y a Pas de pénurie de main-d'oeuvre technique dans les entrepri

ses.

Mais ce modèle a aussi ses faiblesses: il crée très tôt dans le système des

filières à peu près étanches: il y a un divorce social et culturel entre ceux

qui suivent la filière scolaire d'éducation générale conduisant à l'université

et ceux qui empruntent la filière professionnelle. Le système dual ne donne

qu'une formation générale fort restreinte qui rend les apprentis peu mobiles,

cloisonnés aux métiers qu'on leur a appris. On reproche à ce système son

caractère trop utilitariste, négligeant le potentiel de développement de

1'individu.

4.3.2 Le modèle scolaire américain.

Ce modèle mise sur une formation scolaire longue pour tous. Le diplôme du

secondaire est une exigence aussi bien pour entreprendre des études techniques

que pour poursuivre des études universitaires.

Cet objectif de formation générale, lorsqu'il est atteint, donne une solide

base. Il assure aux jeunes les connaissances et les compétences qui rendent

autonomes et qui permettent à chacun de s'orienter dans la voie qui correspond

à ses intérêts et à ses capacités.

Mais il comporte plusieurs difficultés. Il y a d'abord les nombreux élèves

qui ne réussissent pas à obtenir le diplôme d'études secondaires. Les portes

du travail ou de l'enseignement supérieur leur sont alors difficilement

ouvertes.

Puis il y a les jeunes qui travaillent à temps partiel en même temps que leurs

études (70 % des jeunes américains). Ce travail, non relié à leurs études,

n'est pas pris en considération par le système scolaire.

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4.3.3 Le modèle composé britannique.

Récemment, le Royaume-Uni a créé un programme de formation professionnelle:

le Youth Training Scheme donnée sur les lieux de travail.

Il s'agit d'un programme d'Etat (dans un monde où la chose scolaire est

fortement décentralisée!) basé sur les objectifs suivants:

a) Donner une compétence pour un emploi.

b) Développer un éventail de capacités clefs transférables.

c) Développer l'efficacité personnelle.

Au départ, le YTS ne recrutait que les jeunes qui n'avaient pas d'objectif

professionnel ni emploi. C'étaient des jeunes qui n'avaient pas connu la

réussite scolaire, ni l'estime de soi qui s'y rattache; ils n'étaient pas

préparés à la vie active ni motivés à faire des études. Le YTS était une

alternative au chômage.

Mais on a allongé le temps de formation (d'un an on est passé à deux ans); on

a mieux défini les objectifs de formation; on a ajouté des temps d'enseigne

ment formel; on a reconnu la formation par une attestation professionnelle.

Le YTS attire aujourd'hui de plus en plus de jeunes et est mieux reconnu.

Les capacités clefs visées par le programme sont particulièrement intéressan

tes. Ces capacités (génériques et transférables) sont centrées sur la

communication, la solution de problêmes et les capacités proprement techni

ques.

Pour conclure sur ce très bref examen des modèles possibles, je dirai ceci:

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1) Un système scolaire est toujours le produit d'une longue histoire, de

traditions, de valeurs; il constitue une partie intégrante de la société

où il prend forme et où il s'épanouit.

2) On ne peut faire du jour au lendemain des chambardements majeurs, même si

on les planifie soigneusement et même si on accepte d'y consacrer des

crédits financiers considérables. Il faut un temps de sensibilisation,

d'expérimentation, d'accommodements progressifs.

3) Tout système scolaire est menacé d'entropie, de sclérose, d'immobilisme.

Il cherche à se maintenir, à reproduire le passé, ce qui risque d'amener

sa dégradation, son vieillissement, son inadaptation progressive aux

réalités mouvantes de la société, aux besoins nouveaux du monde moderne,

aux exigences économiques et techniques du monde du travail. Cela exige

de nous esprit critique, vigilance, recherche, audace pour innover...

Question 5 - J'en viens donc â la dernière question de cet atelier:

Sommes-nous dans la bonne voie avec nos programmes actuels

d'enseignement technique?

Cette question, je vous l'adresse. Il vous appartient d'y répondre. Pour

nous aider cependant à cerner cette question, permettez-moi de vous suggérer

les sous-questions suivantes:

a) Nos programmes sont-ils centrés sur les compétences clefs, génériques et

par conséquent transférables? Ces compétences sont-elles bien identifiées

et bien connues des élèves, des professeurs, des employeurs?

b) Nos programmes font-ils un bon dosage de formation générale et de forma

tion proprement technique? Y a-t-il intégration entre ces deux forma

tions? Ou sont-elles en situation de divorce?

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c) La collaboration entre le monde scolaire et le monde du travail est-elle,

en matière de formation, satisfaisante?

d) La collaboration entre les ordres d'enseignement pour assurer un véritable

cheminement de l'élève dans les voies professionnelles et techniques est-

elle satisfaisante?

e) Existe-t-il une véritable reconnaissance de la formation technique donnée

au cégep, reconnaissance par le monde du travail, les corporations

professionnelles, les élèves, la société?