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Présidentielle les hauts fonctionnaires dans la campagne
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mars 2012/6,50€#82
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mars 2012/6,50€#82
EMPLOI PUBLIC
Les assurances privées au coin du bois
TERRITOIRES DURABLES
Les territoires face au chômage
ENTREVUE
François Hollande :“Un retour à l’impartialité de l’État s’impose“
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PRÉSIDENTIELLE
LES HAUTS FONCTIONNAIRES DANS LA CAMPAGNE
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Annonce-2-print.pdf 1 17/02/12 16:54
Acteurs publics #82 - mars 2012
L’édito
de Pierre-Marie Vidal,directeur de la rédaction
Entre communication et action, moyens et objectifs, les acteurs de la haute fonction publique vivent depuis 2007 une période de grande confusion. Tous, y compris ceux qui n’appellent pas de leurs vœux une éventuelle alternance politique, aspirent désormais à plus de stabilité, de constance et surtout de respect pour les efforts fournis. Car les grandes manœuvres de la RGPP ont globalement été très loyalement mises en œuvre, y compris par ceux qui n’en partageaient ni les objectifs ni les méthodes. Dans leur très grande majorité, les hauts fonctionnaires ont ainsi surtout manifesté leur attachement à un État non partisan au service de la décision politique. La plupart d’entre eux rejetant autant l’idée de la restauration d’un “État de gauche” en réaction à un “État de droite” supposé. Cette supposition étant en soi une injure à leur sens de l’État qui – l’Histoire l’a souvent prouvé – l’a toujours emporté sur leurs opinions personnelles. Avis aux candidats qui en douteraient…
Le Conseil économique, social et environnemental porte un regard critique sur la concertation en matière de développement durable. Bâties sur le modèle du Grenelle de l’environnement, associant représentants syndicaux, collectivités, État, associations, experts, les diverses instances de concertation convoquées par l’État, par les régions, parfois par les deux dans des délais et des rythmes incompatibles avec les moyens d’un certain nombre d’acteurs, seraient la cause d’incompréhensions et de désengagement d’un certain nombre d’acteurs. Le CESE en appelle ainsi à une simplification dans le foisonnement des commissions consultatives et instances de concertation. Sans compter que, sans attendre le Grenelle, les collectivités territoriales avaient déjà développé des instances de concertation concernant notamment le transport, l’urbanisme, la gestion des ressources naturelles… En clair, trop de concertation tuerait la concertation et retarderait la mise en œuvre des politiques publiques.
Enclins à la morosité, Les Français cultivent le complexe du déclin et sous-estiment leur potentiel. Ainsi 57 %* d’entre eux estiment que le rôle de la France sur la scène mondiale est moins important qu’il y a une vingtaine d’années, alors que la perception d’un renforcement du rôle de la France reste largement majoritaire dans la plupart des autres pays. Les Français se trompent donc sur leur propre potentiel, qu’ils sous-estiment par rapport à ce qu’en perçoivent les autres pays. La France attire plus qu’ils ne le pensent. 81 % des Brésiliens déclarent qu’ils aimeraient étudier en France, 77 % y travailler et 74 % y vivre. Mais nos voisins aussi se montrent attirés par la France : 48 % des Allemands déclarent qu’ils auraient aimé y vivre, comme 47 % des Espagnols et 35 % des Britanniques !
“L’Histoire
l’a souvent prouvé,
le sens de l’État
l’a toujours emporté
sur les opinions
personnelles des
hauts fonctionnaires.
Avis aux candidats
qui en douteraient…”
ÉDITO
3
* “L’image de la France
dans le monde”,
étude TNS Sofres
(février 2012)
www.tns-sofres.com
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Acteurs publics #82 - mars 2012
L’information, clé de la lutte
contre la fraude
48 TERRITOIRES DURABLES
Les territoires face au chômage
Temps mitigé pour
le “business vert”
2 000 emplois contre
les fermetures de casernes
Fruges : un nouveau souffle
grâce aux éoliennes
Les scénarios de la France
de 2040 en cartes
Métropoles, géographie
de l’industrie, réseaux…
67 LE CLUB DES TERRITOIRES DURABLES
73 LE CLUB DES ACTEURS
MAGAZINE
82 LIEU DE POUVOIR
Il palazzo italiano
88 MÉMOIRE
Le grand soir des élus locaux
90 EMPLOI PUBLIC
Territoriale : les assurances
privées au coin du bois
Les dates clés d’une révolution
Les centres de gestion
montent au front
Interview de Philippe Laurent,
président du CSFPT
Les collectivités sortent
leur calculette
102 LU POUR VOUS
Interview de Jean-Pierre
Raffarin, auteur de
Je marcherai toujours à l’affectif
104 RESSOURCES
3 L’ÉDITO DE PIERRE-MARIE VIDAL
8 INSTANTANÉS
13 EN VUE
Pascale Andréani, une diplomate
à l’OCDE
Marie-Christine Lepetit à la tête
de l’inspection des Finances
Patrick Dehaumont,
nouveau directeur général
de l’alimentation
Pascale Briand dirige l’Agence
nationale de la recherche
POLITIQUES PUBLIQUES24 ENTREVUE
François Hollande :
“Un retour à l’impartialité
de l’État s’impose”
30 ACTUALITÉ
32 DOSSIER
Des hauts fonctionnaires
en campagne
Nicolas Sarkozy :
dans l’ombre du Président
candidat
François Hollande :
du monde au portillon
François Bayrou :
un réseau souple
Marine Le Pen :
un énarque en caution
Le match des experts
40 DÉCRYPTAGE
Europe
Les “lanceurs d’alerte”
se sentent lâchés
ADMINISTRATIONS
44 SUR LE TERRAIN Les véhicules de l’État
confiés au privé
4
SOMMAIRE
POUR VOUS ABONNER, REMPLISSEZ LE BON DE COMMANDE PAGE 107
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Acteurs publics
www.acteurspublics.com
7-9, rue Auguste Gervais
92445 Issy-les-Moulineaux cedex
Tél. : 01 46 29 29 29
Directeur de la rédaction
Pierre-Marie Vidal
([email protected] – 29 01)
Rédacteur en chef
Bruno Botella
([email protected] – 29 20)
Rédacteur en chef adjoint
Laurent Fargues
([email protected] – 29 09)
Rédaction
Christophe Belleuvre
([email protected] – 29 35)
Sylvain Henry
([email protected] – 29 27)
Pierre Laberrondo
([email protected] – 29 26)
Xavier Sidaner
([email protected] – 29 21)
A également collaboré à ce numéro
Jean-Bernard Gallois (à Bruxelles)
Secrétaire de rédaction
Laure Berthier
Rédacteur en chef technique
Marc Bouder
([email protected] – 29 03)
Rédacteurs graphistes Johnny Tymen et Laurent Proy
Abonnements
Tél. : 01 46 29 29 19 - Fax : 01 47 29 29 39
Prix de ce numéro 6,50 € TTC
11 numéros d’Acteurs publics -
71,50 € TTC/an
Partenariats et communication
Bastien Brunis (29 24)
Publicité
Pascal Breton (29 02)
Directeur de la publication
Pierre-Marie Vidal
Acteurs publics est édité par
la Société d’Édition Publique SAS
au capital de 200 000 €
Actionnaires : CFSS - Pierre-Marie Vidal
Secrétaire générale
Margareth Régnier
Tél. : 01 46 29 29 13 - Fax : 01 46 29 29 39
Impression
Imprimerie SIEP - Z.A. Les Marchais
77590 Bois-le-Roi
CPPAP 0216 T 84324 - ISSN 1765-2022
Dépôt légal à parution
Crédits couverture : Photomontage : Witt/SIPA - Claude Prigent/Le
Télégramme Fotolia - Vincent Baillais
© L’usage professionnel des contenus
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professionnels est disponible sur le site du
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Acteurs publics #82 - mars 2012
48TERRITOIRES DURABLES
Les territoires face au chômage
24ENTREVUE
François Hollande : “Un retour à l’impartialité
de l’État s’impose” Vin
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SOMMAIRE
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32DOSSIER
Des hauts fonctionnaires en campagne
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« Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous
l’empruntons à nos enfants. »Antoine de Saint-Exupéry
Une initiative soutenue par le Club des territoires durables
006-007-RTD_… 21/02/12 16:04 Page6
Au Conseil économique,social et environnemental
PARIS
Organisées par
www.acteurspublics.comContact : Bastien Brunis - [email protected] - Tél : 01 46 29 29 24
LES RENCONTRES DES TERRITOIRES
DURABLES
20 et 21 mars2012
006-007-RTD_… 21/02/12 16:04 Page7
Acteurs publics #82 - mars 20128
INSTANTANÉS P
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Bien sûr, c’était un secret de Polichinelle. Personne ne doutait des intentions de Nicolas Sarkozy de briguer un second mandat présidentiel. Mais la déclaration de candidature de celui que ses proches aiment à décrire comme une “bête de campagne” n’en a pas moins été un événement. Annonce sur le plateau de TF1 le 15 février, déplacement à Annecy le lendemain, meeting à Marseille le 19 : Nicolas Sarkozy a démarré tambour battant, lui qui promet de multiplier déplacements et annonces chocs. À l’image de ses propositions, controversées, de multiplier les référendums et d’instaurer une dose de proportionnelle aux législatives. Ses adversaires devront suivre le rythme.
entre en campagneLe Président
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Acteurs publics #82 - mars 2012
INSTANTANÉS
Après son entrée en campagne réussie
au Bourget, fin janvier, François Hollande
a profité de sa deuxième grande réunion
publique nationale, le 15 février, dans
sa ville natale de Rouen,
pour égratigner Nicolas
Sarkozy, dénonçant
le “fiasco” de son
quinquennat. “Plutôt que présenter
sa candidature, il aurait mieux fait de
présenter ses excuses”, a raillé le favori
des sondages. Reprenant une phrase
prononcée par François Mitterrand
lorsque Valéry Giscard d’Estaing s’était
déclaré en vue d’un second mandat.
Scotchée dans les profondeurs des sondages, Eva Joly martèle qu’elle ira jusqu’au
bout. Pour relancer sa campagne, la candidate d’Europe Écologie-Les Verts s’est
déplacée, le 18 février, à Athènes pour “soutenir le peuple grec”, manifestant
devant le Parlement. Une manière de promouvoir sa conception de l’Europe, “plus
solidaire, avec un vrai gouvernement économique, une politique fiscale commune
et une gestion commune d’une partie de l’endettement”.
Suffisant pour exister dans une campagne désormais focalisée
sur le mano a mano Hollande-Sarkozy ?
Joly chez les Grecs
Le favori au front
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Acteurs publics #82 - mars 2012
INSTANTANÉS
Le pari gagné de SauvadetMalgré un calendrier parlementaire extrêmement
étroit, le projet de loi sur la précarité dans
la fonction publique défendu par le ministre
de la Fonction publique a été voté en temps et
en heure. Mieux, il a obtenu la quasi-unanimité
des voix (460 contre 1) des députés. “C’est une
véritable révolution pour l’égalité professionnelle
femmes-hommes et c’est un symbole de la
modernisation de la fonction publique”, a déclaré,
François Sauvadet. Après un ultime examen
en commission mixte paritaire,
ce texte, qui ouvre la
porte à la “CDIsation”
de contractuels,
devrait être publié
début mars.
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Acteurs publics #82 - mars 2012 11
INSTANTANÉS
Les propos du ministre de
l’Intérieur, Claude Guéant, selon
lesquels “toutes les civilisations
ne se valent pas” ont provoqué
des réactions de réprobation
en chaîne. Avec une apothéose
à l’Assemblée nationale après que
le député radical de gauche de
Martinique Serge Letchimy a osé
un parallèle avec le régime nazi et
les camps de concentration. Après
une suspension de
séance, le principal
visé dans l’affaire,
Claude Guéant,
coutumier des
polémiques, a exigé
des excuses, mais en vain. Le
bureau de l’Assemblée, saisi de
l’affaire, n’a de son côté prononcé
aucune sanction contre le député.
Bronca dans l’Hémicycle
Même s’ils n’ont pas claqué la porte, les élus de gauche n’ont pas ménagé Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci les a convoqués à l’Élysée. Au menu : la participation des collectivités à l’effort de rigueur. L’issue de ce tête-à-tête était connue d’avance. Estimant avant la réunion qu’ils n’avaient pas de leçon à recevoir de l’État, les représentants des collectivités ont refusé en bloc de faire le moindre cadeau au président de la République. Le dialogue de sourds continue.
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Après l’Otan, l’OCDE.
Pascale Andréani, l’une
des diplomates les plus
“politiques” du Quai
d’Orsay, vient de prendre son
deuxième poste d’“ambassadeur”.
Cette spécialiste des affaires euro-
péennes a succédé à l’automne
dernier à l’ex-secrétaire d’État
aux Relations avec le Parlement,
Roger Karoutchi, à la tête de la
représentation française à l’Or-
ganisation de coopération et de
développement économiques
(OCDE). Pas du genre à rester
les bras croisés, sitôt nommée,
Pascale Andréani s’est fait élire
à la tête de l’influent comité des
relations extérieures qui réfléchit
aux liens entre l’OCDE et le reste
du monde, notamment avec les
puissances émergentes. “On est
au cœur de ce que sera l’avenir
de l’OCDE. Je suis convaincue
que si l’organisation n’arrive pas
à arrêter une relation structurée,
riche, efficace et ambitieuse avec
ces pays, on se demandera un jour
à quoi sert l’OCDE…” lance la
diplomate, intarissable sur ses
nouvelles fonctions.
C’est Alain Juppé qui lui a
décroché ce poste à l’OCDE
après deux années passées à
Bruxelles. Entre 2008 et 2010,
Pascale Andréani a représenté
la France à l’Otan. Mission ô
combien délicate, puisqu’elle a
eu alors à gérer le retour de la
France dans les structures mili-
taires intégrées de l’organisation,
retour décidé par le Président
Sarkozy. Contrainte de céder la
place fin 2010 au jeune directeur
de cabinet de Bernard Kouchner,
Philippe Errera, Pascale
Andréani est rentrée à Paris.
Dans un premier temps, l’UMP
l’investit pour les législatives de
2012 dans la circonscription des
Français de l’étranger vivant au
Benelux. Mais sa nomination à
l’OCDE a sonné le glas de ce pro-
jet en phase avec son parcours.
Au côté d’Alain Lamassoure
C’est que la nouvelle repré-
sentante de la France à l’OCDE
a bâti une carrière aussi euro-
péenne que politique. Cette
fille d’un couple de médecins
est entrée à l’ENA à l’aube des
années 1980 en rêvant déjà au
Quai d’Orsay. Elle effectue son
stage à Bruxelles, à la représen-
tation permanente à l’Union
européenne. “Tout de suite, j’ai
eu le coup de foudre. Ça m’a
passionnée et convaincue que je
voulais travailler sur les affaires
européennes”, confie-t-elle.
> PASCALE ANDRÉANI
Une diplomate à l’OCDE
cabinet. Elle adore : “Il faut avoir
suivi une procédure budgétaire
une fois dans sa vie !”
Pascale Andréani conseille
ensuite Jacques Chirac sur les
affaires européennes à l’Élysée
en 1997 puis, après un passage à
l’ambassade de Londres, dirige,
sous la gauche, la coopération
européenne au ministère des
Affaires étrangères lors de la
présidence française de l’UE.
L’année 2002 marque son retour
en cabinet ministériel. Cette fois-
ci à Matignon, comme conseil-
lère pour les affaires européennes
de Jean-Pierre Raffarin, puis de
Dominique de Villepin. Elle
dirige simultanément le SGCI,
qu’elle rebaptise et rénove. À
56 ans, dont dix passés auprès
d’hommes politiques, Pascale
Andréani observe sans doute avec
attention la campagne à venir.
Pierre Laberrondo
La nouvelle voix de la France à l’Organisation de coopération et de développement économiques a consacré sa carrière aux affaires européennes.
Suffisamment bien classée pour
entrer dans les grands corps, elle
choisit pourtant le ministère des
Affaires étrangères et enchaîne
les postes en lien avec les ques-
tions communautaires, notam-
ment au secrétariat général du
comité interministériel (SGCI)
pour les questions de coopéra-
tion économique européenne.
En 1993, le ministre délégué
aux Affaires européennes, Alain
Lamassoure, l’embauche comme
directrice de cabinet. La colla-
boration se passe si bien que le
centriste l’emmène, deux ans plus
tard, au ministère du Budget,
toujours comme directrice de
PARCOURS
1993 Directrice de cabinet du ministre délégué aux Affaires
européennes, Alain Lamassoure 1995 Directrice de
cabinet du ministre délégué au Budget Alain Lamassoure
1997 Conseillère technique chargée des affaires européennes
à la présidence de la République 2000 Directrice de la
coopération européenne au ministère des Affaires étrangères
2002 Conseillère pour les affaires européennes auprès du
Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de
Villepin et parallèlement, secrétaire générale des affaires
européennes 2008 Représentante permanente de la France
au conseil de l’Otan 2011 Représentante permanente de la
France auprès de l’OCDE.
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« J’ai eu le coup de foudre pour l’Europe. »
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13Acteurs publics #82 - mars 2012
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Acteurs publics #82 - mars 201214
EN VUE nominations
Marie-Christine Lepetit, 50 ans, a été
nommée, en Conseil des ministres, à la
tête de l’inspection générale des Finances.
Avec cette nomination, Marie-Christine
Lepetit fait son retour à l’inspection. C’est
dans ce corps qu’elle a débuté sa carrière, à
sa sortie de l’ENA, en 1987.
Cette polytechnicienne a fait pratiquement
toute sa carrière à la direction générale des
impôts (DGI), devenue la direction générale
des finances publiques (DGFIP). Elle y dirige,
de 1992 à 1995, le bureau “Suivi de l’activité
des services extérieurs, gestion des emplois”
puis, au premier semestre de 1995, le bureau
de la coordination au service de la législation
fiscale. Marie-Christine Lepetit quitte la DGI
au second semestre de
1995 pour conseiller à
Matignon le nouveau
Premier ministre, Alain
Juppé. Deux ans plus
tard, la haute fonction-
naire revient à la DGI
et enchaîne les postes à
responsabilité. D’abord
sous-directrice des
applications fiscales, elle est sous-directrice
de la gestion et de la fiscalité de 1998 à 2000.
Promue cheffe du service de l’application
en 2000, elle accède au poste stratégique de
directrice de la législation fiscale en 2004,
fonction qu’elle occupe aujourd’hui.
L’Agence pour l’infor-
matique financière
de l’État (AIFE), char-
gée de piloter le fameux
système Chorus, change
officiellement de tête.
Par décret du président
de la République, Régine
Diyani a été nommée directrice de
cette agence. Numéro deux de l’AIFE, elle
assurait l’intérim depuis le départ de Jacques
Marzin, nommé en septembre 2011 tréso-
rier-payeur général de deuxième catégorie
et affecté à la direction départementale des
finances publiques de l’Essonne.
Trésorière-payeuse générale, Régine Diyani, 57 ans, a fait toute sa carrière au ministère
des Finances. Elle a été cheffe de département
informatique dans les Hauts-de-Seine (1994-
1998). Promue en 2002 receveuse des finances,
elle est adjointe au chef du bureau 5A de Bercy.
En 2003, elle est nommée cheffe de la mission
de modernisation comptable, chargée de préfi-
gurer la mise en place de la loi organique rela-
tive aux lois de finances (Lolf), à la direction de
la réforme budgétaire, devenue direction géné-
rale de la modernisation de l’État (DGME).
Régine Diyani continue à accompagner les
premiers pas de la Lolf, en 2006, au sein de
la DGME, avant de rejoindre, en 2008, l’AIFE.
Le juriste de la Caisse des dépôtsMoins d’un an après avoir intégré la Caisse des dépôts et consigna-
tions (CDC), le magistrat Jean-Marc Morin a été promu par le
directeur général, Augustin de Romanet de Beaune, directeur juridi-
que et fiscal et adjoint au secrétaire général du groupe, André-Laurent
Michelson. Jean-Marc Morin reprend ainsi les fonctions d’Olivier
Ritz, qui rejoint le comité de direction de la CDC comme conseiller.
Jean-Marc Morin était son adjoint depuis mai 2011. Il avait rejoint la
CDC après huit ans passés à la tête de la direction des affaires juridiques de l’Assistance
publique-Hôpitaux de Paris. Jean-Marc Morin a commencé sa carrière comme substitut
du procureur de la République de Béthune (Pas-de-Calais), avant de rejoindre Bercy,
où il a été sous-directeur du droit privé à la direction des affaires juridiques.
L’administratif de la forêtPatrick Soulé, 49 ans, devient
secrétaire général de l’Office national
des forêts (ONF). Il avait en charge la
direction financière de l’ONF depuis
2003. Cet ingénieur en chef des Ponts,
des eaux et des forêts a travaillé en
ambassade, comme attaché agricole
à Moscou, puis à l’Office national
interprofessionnel des vins, ainsi
qu’à la direction du budget à Bercy.
Le contrôleur des fonds européens
Jean-Louis Rouquette,
54 ans, prend la présidence
de la commission intermi-
nistérielle de coordination
des contrôles portant sur
les opérations cofinancées par les
fonds européens. Cet ancien militaire,
formé à l’École d’administration
des affaires maritimes, est entré à
l’inspection des Finances en 1993. Il a
travaillé à la Commission des opérations
de bourse, avant de diriger à Bercy la
sous-direction des comptabilités et des
dépenses de l’État. Chef du service des
pensions de l’État en 2003, il a dirigé
les ressources humaines au secrétariat
général de Bercy de 2006 à 2011.
Le système Chorus change de pilote
LES ACTEURS de la modernisation de l’État
La cheffe des inspecteurs des finances
LA LETTRE DES NOMINATIONSChaque jour, par e-mail, l’actualité des nominations du secteur public,
l’accès aux 160 000 contacts
de notre base de données et au réseau social d’Acteurs publics
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Acteurs publics #82 - mars 2012 15
nominations EN VUE
L e Premier ministre a choisi une énarque
de 52 ans, passée par les cabinets ministé-
riels du gouvernement Jospin, Isabelle Saurat, pour le poste de directrice des services admi-
nistratifs et financiers à Matignon. Entrée dans
la haute fonction publique sur le tard, elle pilo-
tait depuis mai 2010 le service des synthèses
et du pilotage budgétaire à la direction des
affaires financières du ministère de la Défense.
Un ministère régalien qu’elle a choisi à sa sor-
tie de l’ENA, en 1997, après onze ans passés
comme cadre commerciale chez IBM France.
Isabelle Saurat a débuté dans l’administra-
tion de la défense avant d’entrer, en 2000,
au cabinet du ministre de la Défense Alain
Richard comme conseillère
technique, puis conseillère.
Elle est ensuite secrétaire
générale au Syndicat des
transports d’Île-de-France.
Isabelle Saurat y reste pen-
dant trois ans, avant de
revenir au ministère de la
Défense, comme directrice
de projet, cheffe de la mission “Encadrement
supérieur” à la direction des ressources
humaines (2005-2008). En 2008, elle est nom-
mée secrétaire générale d’Informatique CDC,
filiale de la Caisse des dépôts et consignations,
jusqu’à son retour au ministère de la Défense.
La première fiscalisteVéronique Bied-Charreton a été promue, en Conseil des ministres,
directrice de la législation fiscale à la direction générale des finances
publiques (DGFIP). Cette haute fonctionnaire succède à Marie-
Christine Lepetit, nommée cheffe de l’inspection générale des Finances
(lire page précédente). Véronique Bied-Charreton dirige depuis 2008 le
service des systèmes d’information de la DGFIP.
Cette énarque de 47 ans a débuté au service de la législation fiscale
comme cheffe du bureau “TVA” en 1992. Quatre ans plus tard, elle effectue
sa mobilité à la Cour des comptes, où elle travaille de 1996 à 1998. De retour à la direction de
la législation fiscale, elle dirige le bureau “Bénéfices agricoles et non commerciaux, revenus
fonciers et profits immobiliers des particuliers, fiscalité directe locale”. Promue sous-directrice
de la gestion de la fiscalité professionnelle, toujours à la direction générale de impôts, en 2003,
Véronique Bied-Charreton est nommée cheffe du service des ressources en 2004.
Ils bougentpar Pierre Laberrondo et le service base de données
PRÉFECTURES
Haute-Saône
Arnaud Cochet se voit promu préfet de département et part en Haute-Saône. Cet énarque de 52 ans était arrivé à l’Élysée le 3 octobre dernier dans l’équipe du préfet Christian Frémont, au poste nouvellement créé de directeur adjoint de cabinet. Arnaud Cochet avait rejoint l’Élysée après un an et demi passé à la préfecture de Seine-Saint-Denis comme secrétaire général, au côté de l’ex-“superflic” devenu préfet, Christian Lambert.
Aude
Éric Freysselinard, 50 ans, devient préfet de l’Aude. Il était préfet de Haute-Saône
depuis avril 2010. Cet agrégé d’espagnol a dirigé le cabinet de Roger Karoutchi au secrétariat d’État aux Relations avec le Parlement de 2007 à 2008. Il avait ensuite été promu préfet délégué pour l’égalité des chances auprès du préfet de l’Essonne (2008-2010). Éric Freysselinard a débuté comme professeur d’espagnol avant d’intégrer la préfectorale après l’ENA.
Hautes-Alpes
Jacques Quastana, 60 ans, prend son premier poste de préfet de département, dans les Hautes-Alpes.
Il occupe depuis 2008 les fonctions de directeur de la police générale à la préfecture de police. Cet énarque a auparavant été, place Beauvau, sous-directeur des libertés publiques et de la police administrative (1995-2001), puis sous-directeur du conseil juridique et du contentieux (2001-2008).
Une femme au cœur de Matignon
Le procureur de la République près le tribu-
nal de grande instance de Nantes, Xavier Ronsin, a été nommé directeur de l’École
nationale de la magistrature (ENM).
Ce magistrat de 55 ans, en poste à Nantes
depuis 2008, a notamment eu à traiter deux
affaires judiciaires délicates : le meurtre de la
jeune Lætitia Perrais à Pornic et la disparition
de Xavier Dupont de Ligonnès, recherché dans
le cadre de l’assassinat de sa femme et de ses
quatre enfants. À Bordeaux, Xavier Ronsin va
remplacer Jean-François Thony, un spécialiste
de la lutte contre le blanchiment qui pilote l’école
depuis quatre ans et demi. Ce dernier a été promu
procureur général près la
cour d’appel de Colmar.
Le nouveau patron de
l’ENM a été chef de service,
adjoint au directeur de l’ad-
ministration pénitentiaire
au ministère de la Justice
(2002-2004), puis avocat
général près la cour d’appel de Rennes (2004-
2008). Auparavant, il a été premier juge d’ins-
truction au tribunal de grande instance (TGI)
de Chartres en 1989, procureur de la République
près le TGI de Roanne en 1991 et substitut géné-
ral près la cour d’appel d’Angers de 1994 à 2002.
Le formateur des magistrats
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JUSTICE
Inspection générale
Stéphane Noël, 44 ans, va quitter la cour d’appel de Bourges pour prendre le poste d’inspecteur
général adjoint des services judiciaires. Ce magistrat passé par quatre cabinets ministériels est procureur général près la cour d’appel de Bourges depuis 2008. Il avait pris ce poste après un an passé au cabinet de Rachida Dati, place Vendôme, où il a suivi la refonte de la carte judiciaire.
Cours d’appel
La magistrate Martine Ceccaldi, 58 ans, devient
procureure générale près la cour d’appel d’Orléans. Elle occupe depuis 2006
les fonctions de procureure générale près la cour d’appel de Poitiers. Elle avait obtenu ce poste après trois années passées en cabinet ministériel. D’abord directrice adjointe de cabinet, puis conseillère auprès du garde des Sceaux Dominique Perben, elle avait conseillé son successeur, Pascal Clément, en 2005-2006.
Après presque deux ans passés à Matignon, le magistrat Jérôme Deharveng a été nommé,
en Conseil des ministres, procureur général près la cour d’appel de Besançon
(Doubs). Il remplacera Catherine Pignon, nommée récemment procureure générale près la cour d’appel d’Angers. Jérôme Deharveng conseille le Premier ministre, François Fillon, sur la justice depuis mars 2010.
Patrick Dehaumont prend la direction générale
de l’alimentation au ministère de l’Agriculture
en remplacement de Pascale Briand, nommée à la
tête de l’Agence nationale de la recherche. Patrick
Dehaumont dirige depuis 2010 le groupement
d’intérêt public France Haras, qu’il a également
mis en place. Cet inspecteur général de la santé
publique vétérinaire de 54 ans a dirigé pendant
huit ans (2002-2010) l’Agence nationale du médi-
cament vétérinaire à l’Agence
française de sécurité sanitaire
des aliments (Afssa).
Formé à l’École nationale vétéri-
naire de Maisons-Alfort, Patrick
Dehaumont a travaillé au début
de sa carrière à la direction des
services vétérinaires du Val-
d’Oise comme adjoint au direc-
teur (1983-1986), puis directeur (1986-1989). Chef
du bureau de la prévention des contaminations au
service de la qualité alimentaire au ministère de
l’Agriculture en 1989, il est nommée directeur des
services vétérinaires du Maine-et-Loire en 1993.
Six ans plus tard, il devient conseiller au sein de
la mission de jumelage communautaire pour le
renforcement de l’administration vétérinaire polo-
naise (1999-2001). Patrick Dehaumont a également
occupé les fonctions de directeur adjoint, chargé
des affaires européennes, à l’Institut national de la
recherche agronomique (2001-2002).
Ils bougent
EN VUE nominations
Le garant de l’alimentation
PARCOURS
Christian Avazéri, adminis-
trateur civil hors classe,
actuel chef de cabinet du
ministre de l’Enseignement
supérieur, Laurent Wauquiez,
a été nommé contrôleur général
économique
et financier
de 2e classe.
C h r i s t i a n
A v a z é r i ,
52 ans, tra-
vaille comme
chef de cabinet de ce ministre
depuis 2009 et l’a assisté dans
ses trois cabinets : au secrétariat
d’État à l’Emploi (2009-2010),
au ministère des Affaires euro-
péennes (2010-2011) et à celui
de l’Enseignement supérieur.
Christian Avazéri a servi
comme aide de camp de trois
secrétaires d’État et ministres
des Anciens Combattants de
1994 à 1998. Il entre ensuite
dans la préfectorale et dirige
le cabinet du préfet de la
Loire. Sous-préfet de Sedan
(Ardennes) en 2000, il est chef
du bureau des personnels et de
l’administration centrale, au
ministère de l’Intérieur, de 2003
à 2005. Adjoint au sous-direc-
teur des sapeurs-pompiers et
actes du secours à la direction
de la défense et de la sécurité
civiles au ministère de l’Intérieur
en 2005, Christian Avazéri entre
l’année suivante au cabinet de
Nicolas Sarkozy place Beauvau,
comme conseiller technique,
chargé de la sécurité et de la
défense civile. Il est aussi sous-
préfet de La Tour-du-Pin (Isère)
de 2007 à 2009.
DU CABINET À L’ADMINISTRATION Un ex-sous-préfet à Bercy
“M. Urgences sanitaires”
Guy Czerwinski,
58 ans, devient chef
du département des
urgences sanitaires
à la direction
générale de la santé.
Il travaillait depuis
presque trois ans au ministère
de l’Agriculture, où il avait en charge
la mise en place et le développement
de la mission des urgences sanitaires
à la direction générale
de l’alimentation.
Cet ancien élève de l’École nationale
supérieure de l’aéronautique et de
l’espace a occupé plusieurs postes
au ministère de la Défense avant
d’être nommé dans l’administration
de la ville de Paris. Chef du service
des applications comptables
à la direction de la logistique
des télécommunications et de
l’informatique de la mairie de Paris
en 1999, il rejoint, deux ans plus tard,
le secrétariat d’État à l’Outre-mer,
où il est chef du bureau de la fonction
publique d’État outre-mer.
Guy Czerwinski dirige ensuite
pendant trois ans, de 2003 à 2006,
le cabinet du préfet du Mayotte, avant
de retourner à la mairie de Paris
comme adjoint au chef du service
de gestion de crise à la direction
de la prévention et de la protection.
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Acteurs publics #82 - mars 2012 17
INTÉRIEUR
Conseil
Rémi Thuau, 60 ans, prend les commandes de Civipol, la société de conseil et de service du ministère de l’Intérieur qui
propose à l’étranger des prestations de service, en particulier dans la sécurité intérieure et la protection civile. Rémi Thuau a été préfet de la Mayenne, de l’Isère, du Lot-et-Garonne de la Savoie et des Côtes-d’Armor.
Préfectures
Pierre Soubelet, 58 ans, prend son cinquième poste de préfet de département et part dans les Côtes-
d’Armor remplacer Rémi Thuau. Ce haut fonctionnaire a été préfet de l’Ariège, préfet des Landes, préfet de l’Ain et préfet de la Loire.
Gilles Lagarde obtient à 51 ans son premier poste de préfet. Jusqu’alors directeur de cabinet de la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, il part diriger la préfecture du Loir-et-Cher. Gilles Lagarde a notamment été sous-préfet à Saint-Dié (Vosges) et au Havre.
Ils bougent
DR
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Christian Ville prend la présidence du
Conseil national de la formation profes-
sionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV). Il
succède à l’ancien délégué à l’emploi Dominique
Balmary. Le CNFPTLV est chargé de donner des
avis sur la législation et la réglementation, d’éva-
luer les politiques régionales et de clarifier les
financements dans les domaines de la formation
professionnelle et de l’apprentissage.
Christian Ville a été nommé inspecteur général
des affaires sociales en décembre 2010, après
avoir occupé pendant six ans le poste de direc-
teur général adjoint des services du conseil
régional de Rhône-Alpes sous la présidence du
socialiste Jean-Jack Queyranne.
Auparavant, ce haut fonctionnaire formé à
l’Institut national du travail de l’emploi et de la
formation professionnelle (INTEFP) a débuté
comme inspecteur du travail dans les Hauts-
de-Seine, puis dans la Loire. Christian Ville
occupe ensuite plusieurs fonctions à l’INTEFP,
avant de travailler auprès du préfet de Rhône-
Alpes en 1989. Délégué régional à la formation
professionnelle en Poitou-Charentes en 1992, il
est nommé deux ans plus tard directeur régio-
nal du travail, de l’emploi et de la formation
professionnelle du Limousin. Il y reste quatre
ans, avant d’occuper les mêmes fonctions en
Rhône-Alpes de 1998 à 2004. Il rejoint ensuite
les services du conseil régional.
À 63 ans, Bernard Dubreuil est promu pour
le reste du quinquennat directeur de cabi-
net du ministre de l’Éducation
nationale, Luc Chatel. Il était
son directeur adjoint de cabinet
depuis mars 2010. Il remplacera
Philippe Gustin, nommé récem-
ment ambassadeur en Roumanie.
Cet universitaire a exercé pendant quatorze
ans comme recteur d’académie. Il a ainsi été
en poste à Grenoble (1996-2000), à Lyon
(2000-2002), à Nantes (2002-2006), puis à Lille
(2006-2010). Ce docteur en sciences physiques
a débuté comme assistant (1971-1975), puis
maître-assistant (1975-1981) à l’université
d’Orléans. Promu professeur de cette univer-
sité en 1981, Bernard Dubreuil en assume la
vice-présidence de 1986 à 1992.
Le conseiller de la formation professionnelle
Le dircab’ de Chatel
par Pierre Laberrondo et le service base de données
nominations EN VUE
L e préfet Jean-François Tallec, 65 ans, part
dans le privé. À la retraite depuis peu et
remplacé en janvier à son poste de secrétaire
général de la mer par le directeur de cabinet
du ministre des Transports Thierry Mariani,
Michel Aymeric, Jean-François Tallec rejoint
le groupe CMA-CGM en qualité de conseil-
ler institutionnel pour la politique maritime.
CMA-CGM, qui revendique la place de troi-
sième groupe mondial de transport maritime
en conteneurs, offre un service porte-à-porte
complet intégrant le transport maritime, flu-
vial ou ferroviaire et la manutention por-
tuaire ou la logistique terrestre. Il s’appuie
sur une flotte de 389 navires circulant sur
170 grandes routes maritimes.
Jean-François Tallec a piloté le secrétariat
général de la mer, un service du Premier
ministre, pendant quatre ans. Cet ancien
élève de l’École nationale d’administration
des affaires maritimes
a été directeur dépar-
temental des affaires
maritimes de Guadeloupe de 1981 à 1987,
avant d’entrer dans la préfectorale. Promu
préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon en 2001,
Jean-François Tallec occupe ensuite trois
postes de préfet de département dans l’Indre
(2002-2005), l’Yonne (2005-2007) et en
Dordogne (2007-2008).
ILS PASSENT DANS LE PRIVÉ
Un préfet dans le transport maritime
Une directrice à l’IgasAprès plus de cinq années passées à la
tête de la direction de la recherche, des
études, de l’évaluation et des statistiques
(Drees) des ministères sociaux, Anne-Marie Brocas, 55 ans, a été nommée à
l’inspection générale des Affaires sociales
(Igas). Cette énarque a piloté pendant
six ans (2000-2006), le secrétariat général
du Conseil d’orientation des retraites.
Elle a aussi été l’adjointe du directeur
de la Sécurité sociale de 1994 à 1999.
En 1990, Anne-Marie Brocas a été la
directrice adjointe du cabinet du ministre
délégué à la Santé, Bruno Durieux, avant
d’être nommée, deux ans plus tard, sous-
directrice de l’assurance maladie à la
direction de la Sécurité sociale.
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18 Acteurs publics #82 - mars 2012
Ils bougent
JUSTICE
Colmar
Après plus de quatre ans passés à la direction de l’École nationale de la
magistrature
(ENM), Jean-François Thony revient en juridiction
et se voit promu procureur général près la cour d’appel de Colmar (Haut-Rhin). De 2002 à 2007, Jean-François Thony a travaillé comme sous-directeur des affaires juridiques chargé des questions de lutte contre le blanchiment de l’argent et du financement du terrorisme au Fonds monétaire international.
Grenoble
Paul Michel, 60 ans, quitte Bastia et devient procureur général près la cour d’appel de Grenoble (Isère). Il officiait en Corse depuis quatre ans comme procureur général près la cour d’appel de Bastia. Ce magistrat, qui a mené pratiquement toute sa carrière au sein des parquets a conseillé la garde des Sceaux Élisabeth Guigou en 1997 et 1998.
Bastia
Marc Désert, 62 ans, devient procureur général près la cour d’appel de Bastia, en remplacement de Paul Michel. Il était, depuis 2010, procureur de la République près le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon. Il a occupé les mêmes fonctions à Montauban (1992-1998), à Fort-de-France (1998-2001), à Angers (2001-2005) et à Grasse (2005-2009). Ce magistrat a débuté sa carrière comme substitut du procureur de la République près le TGI de Toulouse (1975-1977).
Le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Claude Marin, prend la présidence du conseil d’admi-
nistration de l’établissement public du Palais de justice de
Paris. Dispersé sur 6 sites différents, le tribu-
nal de grande instance (TGI) de Paris, dont
le cœur se situe sur l’île de la Cité, va être
déménagé dans le quartier des Batignolles,
dans le 17e arrondissement, afin de regrou-
per le TGI et le tribunal de police. Bouygues Bâtiment
Île-de-France et l’architecte Renzo Piano devraient livrer
l’ouvrage d’ici 2017. Jean-Claude Marin a été nommé par
Nicolas Sarkozy, au mois de juillet dernier, au poste de
procureur général près la Cour de cassation. Il a occupé
pendant sept ans le poste sensible de procureur de la
République près le tribunal de grande instance de Paris.
La nouvelle dircab’ de Thierry Mariani
Thierry Mariani a choisi de promou-
voir l’une de ses plus proches col-
laboratrices au poste de directrice de
cabinet au ministère des Transports.
Ingrid Mareschal, dotée d’un C.V.
assez politique, était jusqu’ici la direc-
trice adjointe de cabinet du ministre. À presque
35 ans, elle a conseillé Dominique Perben sur les
relations avec le Parlement au ministère de la Justice,
puis au ministère de l’Équipement. Ingrid Mareschal
a aussi dirigé le cabinet du directeur général des
infrastructures, des transports et de la mer au minis-
tère de l’Écologie, Daniel Bursaux (2008-2010).
La numéro deux du Trésor
Claire Waysand,
42 ans, prend à Bercy
le poste de directrice
générale adjointe de
la direction générale
du Trésor. Depuis
2009, cette écono–
miste qui a débuté comme chercheuse
à la direction des études de l’Insee,
est sous-directrice au département
de la stratégie, des politiques et de
l’évaluation, après avoir été sous-
directrice au département “Europe”
du Fonds monétaire international (FMI).
De retour à la direction du Trésor,
qu’elle connaît bien, cette X-Ensae
reprendra le poste laissé par Benoît
Cœuré le 1er janvier pour aller siéger
au directoire de la BCE. Celle qui
travaillera au côté du directeur général
du Trésor, Ramon Fernandez, avait
rejoint cette direction de Bercy en 1997.
D’abord adjointe au chef du bureau
“Marché de changes et politiques
économiques” à la direction du Trésor,
Claire Waysand a été promue en 1999
cheffe du bureau “Pays émergents et
autres pays en développement ou en
transition”, puis en 2001, cheffe du
bureau “Marché des changes et
politiques économiques” au service des
affaires européennes et internationales.
Elle a ensuite été, durant cinq ans,
sous-directrice de l’Europe et des
affaires monétaires internationales,
avant de s’envoler pour Washington.
Par Pierre Laberrondo et le service base de données
Pascale Briand prend la direction
générale de l’Agence nationale de la
recherche (ANR). Cette agence est char-
gée de favoriser l’émergence de nou-
veaux concepts, d’accroître les efforts de
recherche sur des priorités économiques
et sociétales, d’intensifier les collabora-
tions public-privé et de développer les
partenariats internationaux.
Pascale Briand occupait depuis 2009
le poste de directrice générale de l’ali-
mentation au ministère de l’Agriculture.
Elle a aussi dirigé l’Agence française de
sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de
2005 à 2009. Pascale Briand, docteure
en médecine et en “sciences biochimie”,
a débuté dans la recherche à l’Inserm.
Directrice adjointe de l’École nor-
male supérieure en 2000, elle conseille
ensuite, en 2002, le ministre de la Santé,
Jean-François Mattei. Responsable de la
mission interministérielle pour la lutte
contre le cancer en 2003, elle est nom-
mée membre de la Haute Autorité de
santé en 2004. Jusqu’à sa nomination à
l’Afssa en 2005. Elle a aussi été, de 2004
à 2010, conseillère régionale UMP des
Pays de la Loire.
Le déménageur du Palais de justice
La promotrice de la recherche
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Ils bougent
PRÉFETS
Haute-Normandie
L’ancien patron de la DST
Pierre de Bousquet de Florian, 57 ans, a été promu préfet de la région Haute-Normandie. Préfet du Pas-de-Calais depuis 2009, il
a aussi été préfet des Hauts-de-Seine et directeur de la surveillance du territoire (DST) sous Jacques Chirac.
Pas-de-Calais
Le conseiller pour les affaires intérieures de François Fillon,
Denis Robin, retourne dans la
préfectorale et se voit nommé préfet du Pas-de-Calais. À Matignon depuis un an, il avait aussi dirigé pendant dix-huit mois le cabinet de Marie-Luce Penchard au ministère de l’Outre-mer.
Conseil d’État
Remplacé à son poste de préfet de la région Haute-Normandie par l’ex-patron de la DST
Pierre de Bousquet de Florian
(lire ci-dessus), Rémi Caron, 62 ans, a été nommé conseiller d’État en service extraordinaire. Ce polytechnicien a été préfet des Hautes-Alpes, de la Haute-Savoie, du Pas-de-Calais et de la région Haute-Normandie.
Par Pierre Laberrondo et le service base de données
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EN VUE nominations
Bruno Verlon, 55 ans, est nommé
directeur, adjoint à la commis-
saire générale au développement
durable, Dominique Dron. Cet ingé-
nieur général des Mines dirige depuis
huit ans l’École nationale supérieure
des techniques industrielles et des
mines d’Albi-Carmaux. Cet ancien élève de l’École
nationale supérieure des télécommunications a débu-
té comme ingénieur au service des instruments de
mesure au ministère de l’Industrie en 1979. Chef de
la division “Fibres déchets” au service de l’environ-
nement industriel au ministère de l’Environnement
en 1990, Bruno Verlon dirige l’agence de l’eau Rhin-
Meuse de 1992 à 1999, puis la Drire d’Alsace en étant
parallèlement délégué régional de l’Agence nationale
de valorisation de la recherche (1999-2003).
L’administrative d’AgroParisTech
Après deux ans et demi passés
en cabinet ministériel, Guénola Mainguy, 37 ans, rejoint l’institut
AgroParisTech comme secrétaire
générale. AgroParisTech regroupe
depuis 2006 trois établissements d’enseignement
supérieur et de recherche. Formée à l’IRA de
Bastia, Guénola Mainguy conseille le ministre
de l’Agriculture, Bruno Le Maire, sur les filières
végétales depuis juillet 2009. Auparavant, elle
a occupé deux postes de cheffe de bureau des
programmes budgétaires et des établissements
publics au ministère de l’Agriculture.
Un promoteur du développement durable
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Le directeur de la SécuAprès un passage
de quatorze mois
à l’Élysée, Thomas
Fatome obtient son
premier poste de
directeur. Ce haut
fonctionnaire revient
en effet à la direction de la Sécurité
sociale pour la diriger. Il succède
ainsi à Dominique Libault, un ancien
collaborateur de Simone Veil, qui
aura dirigé la Sécu pendant neuf ans.
Ce dernier a été nommé conseiller
d’État au mois de décembre. Jean-
Louis Rey, l’adjoint du directeur, a
assumé le court intérim de janvier.
À l’Élysée, Thomas Fatome a conseillé
Nicolas Sarkozy sur la santé, la
dépendance et les politiques sociales.
Sorti de l’ENA en 2000 à l’inspection
générale des Affaires sociales, cet
ancien élève d’HEC a conseillé, sur les
comptes sociaux, trois ministres sous
le gouvernement de Jean-Pierre
Raffarin : Jean-François Mattei, Xavier
Bertrand et Philippe Douste-Blazy. En
2005, le directeur général de la Caisse
nationale d’assurance maladie
(CNAMTS), Frédéric Van Roekeghem,
lui confie la direction de son cabinet.
Trois ans plus tard, c’est le jeune
secrétaire d’État chargé de l’Emploi,
Laurent Wauquiez, qui appelle
Thomas Fatome à la direction de son
cabinet. Fin 2009, celui-ci quitte
provisoirement les cabinets politiques
et prend le poste de chef de service,
adjoint au directeur de la Sécurité
sociale. Jusqu’à son arrivée à la
présidence de la République,
en novembre 2010.
DR
Après un peu plus d’un an en cabinet,
Michel Aymeric retourne en adminis-
tration et part remplacer le préfet
Jean-François Tallec à la tête du
secrétariat général de la mer. Ce
dernier, qui prend sa retraite, a
piloté depuis 2008 cette instance
qui assure la cohérence des déci-
sions gouvernementales dans
un domaine où intervient une quinzaine
de départements ministériels. Le secrétaire
général de la mer exerce aussi une
mission de contrôle, d’évaluation et
de prospective en matière de poli-
tique maritime et anime l’action des
préfets maritimes.
Michel Aymeric dirige depuis
novembre 2010 le cabinet du secré-
taire d’État, puis ministre des Transports,
Thierry Mariani. Cet énarque de 60 ans a été
directeur des affaires maritimes et des gens
de mer au ministère de l’Équipement (2003-
2008). Il a aussi dirigé l’établissement public
de sécurité ferroviaire (2008-2010). Michel
Aymeric a été sous-directeur des transports
ferroviaires à la direction des transports ter-
restres au ministère de l’Équipement (1998).
DU CABINET À L’ADMINISTRATION Le bras droit de Thierry Mariani prend le large
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[aktoer pyblik] n. m. La plate-forme sociale et collaborative permettant aux différentes communautés métiers du secteur public d’échanger leurs expériences et leurs idées.
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22 Acteurs publics #77 - octobre 2011
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23Acteurs publics #82 - mars 2012
p24ENTREVUE
François Hollande : “Un retour à l’impartialité de l’État s’impose”
p30ACTUALITÉ
p32DOSSIER
Présidentielle 2012 : des hauts fonctionnaires en campagne
p40DÉCRYPTAGE
Institutions européennes : les “lanceurs d’alerte” se sentent lâchés
QUESPOLITIQUES PUBLIQUES
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24 Acteurs publics #82 - mars 2012
POLITIQUES PUBLIQUES entrevue
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25Acteurs publics #82 - mars 2012
La possibilité d’une alternance en mai prochain agite la haute fonction publique. Estimez-vous que Nicolas Sarkozy a politisé la haute administration et avez-vous l’intention, si vous êtes élu, de procéder à des changements ? Oui, il y a eu une politisation, à travers la trop grande
place des cabinets ministériels par rapport à l’admi-
nistration centrale et par des nominations politiques,
surtout au ministère de l’Intérieur et à la Chancellerie.
Un retour à l’impartialité de l’État s’impose. La loyauté
et la neutralité sont les principes qui doivent fonder le
comportement de la haute fonction publique. Ceux qui
détiennent des responsabilités éminentes ne doivent pas
servir le pouvoir, mais servir l’État.
“
”Limitation du poids des cabinets
ministériels, loi sur les conflits d’intérêts,
création d’un grand ministère de
l’Éducation, interdiction pour un ministre
d’être membre d’un exécutif local…
Dans un entretien exclusif avec Acteurs publics, le candidat du PS à l’Élysée livre
ses projets pour la fonction publique.
Propos recueillis par Bruno Botella et Laurent Fargues
Photos : Vincent Baillais
…
FRANÇOIS HOLLANDE
Un retour à l’impartialité de l’État s’impose
entrevue POLITIQUES PUBLIQUES
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26 Acteurs publics #82 - mars 2012
Faut-il revoir le mode de nomination des hauts fonctionnaires ?Non, car ce sont les prérogatives du président de la
République et du Premier ministre. En revanche, je pro-
pose de revoir le mode de nomination pour les autori-
tés indépendantes, le Conseil supérieur de l’audiovisuel
et certains postes comme le défenseur des droits.
Les hauts postes de l’administration doivent-ils être ouverts à d’autres profi ls, venus notamment du secteur privé ?Oui, je suis favorable à plus de diversité. Diversité des
origines, des parcours. La haute fonction publique doit
représenter ce qu’est la France aujourd’hui. Et notam-
ment en matière de parité.
Le statut de la fonction publique doit-il être réformé ?Non, car ce statut protège d’abord les citoyens. Il off re
aussi la possibilité à l’administration d’avoir des agents
disponibles, mobiles et soumis à des règles qui assurent
la continuité, l’adaptation et la neutralité du service.
La gestion des ressources humaines dans la fonction publique est-elle trop rigide ?Oui, la gestion des ressources humaines devrait être
davantage interministérielle. Je sou-
haite améliorer la formation per-
manente des fonctionnaires.
La fonction publique a besoin
d’échanges, d’expériences
diff érentes et de mobilité.
Concernant les salaires, reviendrez-vous sur le gel du point d’indice dans la
fonction publique ?
Faut-il réduire les effectifs des cabinets ministériels et redonner le pouvoir aux directeurs des administrations ?Oui, il faut limiter le nombre de collaborateurs des cabi-
nets ministériels. Les administrations centrales ont raison
de se plaindre de cette confusion de la chaîne hiérar-
chique. Je souhaite que les directeurs d’administration
centrale retrouvent l’essentiel de leurs prérogatives.
Le gouvernement actuel a limité le nombre de conseillers à 20 pour un ministre…Dans les faits, cette règle n’est pas respectée. Pour
un ministre, disposer de 10 collaborateurs au maxi-
mum me paraît suffi sant, même si on peut envi-
sager d’en accorder davantage pour les ministères
les plus importants. Je le redis : faisons confi ance
aux directeurs d’administration centrale, ils doivent
être les premiers collaborateurs du ministre.
Il existe désormais une sorte de droit de veto du Parlement pour certaines nominations importantes. Souhaitez-vous aller plus loin ?
En vérité, peu de postes sont concernés
par cette règle. Je souhaite élargir
cette procédure à certaines
grandes directions.
L’État a été aff aibli dans les territoires.”
…
“POLITIQUES PUBLIQUES entrevue
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27Acteurs publics #82 - mars 2012
le pouvoir actuel a appliqué une logique comptable
qui a créé beaucoup de frustration. J’en fi nirai avec cette
méthode en engageant une véritable réforme de l’État.
Reviendrez-vous sur la réforme de l’administration territoriale de l’État (Réate) ?Les regroupements d’administrations ont provoqué
davantage de confusion que d’économie. De plus, on
observe une recentralisation à l’échelle régionale, au
détriment de la proximité. La représentation de l’État a
été aff aiblie dans les territoires et dans le même temps,
la concentration s’est intensifi ée. Aujourd’hui, beau-
coup de dossiers remontent au niveau des administra-
tions centrales, d’où une perte de temps et d’énergie.
Nous évaluerons donc la Réate et en tirerons les conclu-
sions utiles. Je déplore que l’ingénierie publique ait été
abandonnée. Les compétences sont parties dans le privé
ou, dans le meilleur des cas, les agents ont rejoint les
collectivités locales.
Quelles sont les compétences que l’État doit aujourd’hui transférer aux collectivités locales ?La gestion des subventions, les crédits d’intervention, les
crédits européens doivent être gérés par les collectivités.
Partagez-vous le diagnostic de Nicolas Sarkozy mais aussi, d’une certaine manière, de la Cour des comptes, sur le dérapage des dépenses et la hausse des effectifs des collectivités locales ?Il y a une forme de provocation à avoir trans-
féré les personnels vers les collectivités et de
faire reproche à celles-ci d’avoir augmenté
leurs eff ectifs.
Les transferts de compétences n’expliquent pas tout…Une grande part. Les collectivités ont
dû gérer les personnels transférés et
mettre en place des directions des ressources
humaines. À chaque fois
qu’une prestation a été
transférée, comme par
exemple le RSA, il a
bien fal lu
Chacun connaît la situation fi nancière de notre pays.
Et j’ai pris des engagements pour le retour à l’équi-
libre de nos comptes publics d’ici 2017. J’ouvrirai
une concertation dans la fonction publique où il sera
question des eff ectifs, des régimes indemnitaires et
du point d’indice, comme des conditions de travail et de
la résorption de la précarité. Des priorités seront à fi xer.
Comment comptez-vous redonner confi ance aux fonctionnaires ?Les fonctionnaires doivent avoir la confi ance de ceux
qui les dirigent et nous devons leur dire ce que nous
attendons d’eux. Les serviteurs de l’État ont besoin
de perspectives et d’une clarifi cation de leurs missions.
Quel bilan tirez-vous de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) lancée en 2007 ?La RGPP a eu peu d’eff ets budgétaires alors qu’elle a
désorganisé nombre de services. La seule règle dont le
“rendement” est évaluable, c’est le “un sur deux”, le non-
remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la
retraite. Amputé des sommes reversées dans le cadre
de revalorisations catégorielles, le gain atteint à
peine 250 ou 300 millions d’euros par an. En réa-
lité, la RGPP a fait beaucoup de mal parce qu’au
lieu de passer en revue les missions et les besoins,
entrevue POLITIQUES PUBLIQUES
…
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28 Acteurs publics #82 - mars 2012
recruter de l’encadrement. Je note que l’inflation des
dépenses des collectivités provient surtout d’une dérive
des dépenses sociales liées à la crise et à la hausse du
chômage. Autre paradoxe : le même État qui n’arrive
plus à financer ses infrastructures vient demander aux
collectivités, sur les lignes LGV ou sur des grands tra-
vaux, de participer à la dépense. Et ensuite, il les accuse
de trop dépenser ! Je rappelle que les collectivités, qui réa-
lisent 73 % de l’investissement public, représentent 10 %
de la dette publique et que les collectivités, elles, n’ont
pas le droit d’emprunter pour leur fonctionnement…
Quel sera le calendrier de votre nouvelle étape de décentralisation ?Je veux aller vite. Les discussions auront lieu durant l’été
pour un débat parlementaire à l’automne.
Combien de ministères votre gouvernement compterait-il ?Je me méfie des promesses qui fleurissent à chaque
campagne présidentielle sur les “équipes réduites” ou
les “gouvernements resserrés”. Je suggère une dizaine de
grands pôles autour desquels l’action gouvernementale
doit être menée.
Envisagez-vous de créer de nouveaux ministères ?Vous savez l’importance que j’attache à la jeunesse. Il
y aura donc un grand ministère qui regroupera l’édu-
cation, la jeunesse, les sports, la diversité. De la même
manière, la priorité donnée à l’industrie, à la production,
nous conduira à avoir un ministère regroupant toutes
ces fonctions.
Vous conserverez donc deux ministères à Bercy : l’Économie et le Budget…
La réforme de l’État doit relever du Premier ministre.
Oui. L’enjeu productif revient au ministère de l’Écono-
mie, tandis que le redressement des comptes publics est
du ressort du ministère des Finances et du Budget.
La réforme de l’État doit-elle rester à Bercy ?La réforme de l’État doit relever du Premier ministre.
L’objectif est d’avoir une meilleure organisation pour
une meilleure efficacité de l’action publique.
Et la fonction publique ?La Réforme de l’État et la Fonction publique formeront
un ministère rattaché au Premier ministre.
L’actuel gouvernement n’aura pas le temps de présenter au Parlement son projet de loi sur la prévention des conflits d’intérêts. Modifierez-vous ce texte ?Je reprendrai dans un projet de loi les principales
conclusions du rapport Sauvé, notamment une défini-
tion du conflit d’intérêts. Nous aurons aussi à réformer
la Commission de déontologie. Je suis favorable à l’idée
d’une autorité indépendante qui pourrait saisir le parquet
en cas de conflit d’intérêts.
Un ministre pourra-t-il cumuler ses fonctions avec un mandat local ?Il est invraisemblable de penser qu’un ministre puisse
continuer de diriger un exécutif local, comme c’est le cas
aujourd’hui pour plusieurs membres du gouvernement.
Au-delà de la gestion d’emploi du temps, le risque de
conflit d’intérêts est réel. Le président de la République
mettrait un terme à cette anomalie : il ne sera pas possible
d’être ministre et membre d’un exécutif local. ■
“ ”
…
1954 Naissance à Rouen
1979 Adhère au Parti socialiste
1980 Sort de l’ENA et rejoint la Cour des comptes
1981 Chargé de mission à l’Élysée
1983 Conseiller municipal d’Ussel (Corrèze)
1988 Député de Corrèze
1989 Adjoint au maire de Tulle (Corrèze)
1995 Porte-parole du PS
1997 Premier secrétaire du PS
1999 Député européen
2001 Maire de Tulle
2008 Président du conseil général de Corrèze
2011 Candidat à la présidentielle.
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Dates clés
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les rencontres des
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du 3 au 5 juillet au Conseil économique,
social et environnemental
Plus d’informations sur www.acteurspublics.com
État - Territoriale - Hospitalière
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Acteurs publics #82 - mars 2012
POLITIQUES PUBLIQUES actualité
30
C’est le taux moyen de
personnes handicapées
employées dans
les trois fonctions
publiques. Dans
le détail, la fonction
publique d’État grimpe
à 3,31 % (+ 0,21 %),
encore loin derrière
l’hospitalière, à
4,99 % (+ 0,13 %)
et la territoriale, à
5,1 % (+ 0,27 %). Les
employeurs publics
faisaient travailler
187 113 personnes en
situation de handicap
début 2010, contre
175 820 personnes
l’année précédente,
selon les chiffres du
Fonds pour l’insertion
des personnes
handicapées dans
la fonction publique.
L’État espère obtenir quelque 250 millions
d’euros en vendant quatre de ses hôtels
particuliers parisiens. Des petits palais
qui accueillent aujourd’hui le ministère des
Relations avec le Parlement,
celui de la Ville, le Centre
d’analyse stratégique (photo)
et La Documentation fran-
çaise. “Le but, c’est de trouver
de l’argent”, précise le député
UMP Yves Deniaud, pré-
sident du Conseil de l’immo-
bilier de l’État.
Selon lui, les acheteurs seront certainement
étrangers, “des princes qataris, des Russes ou
encore des Chinois”. Grâce à ces ventes, l’État
pourrait rénover l’un des immeubles de l’en-
semble Ségur-Fontenoy,
plus fonctionnel, qui devrait
accueillir les ministères
dépendant du Premier
ministre et différents services
administratifs et organismes.
Ce regroupement permettrait
d’économiser une dizaine de
millions d’euros de loyers.
Dans un projet de circulaire présenté le
14 février aux syndicats, le ministère le la
Fonction publique détaille les conditions
de l’instauration de la journée de carence pour
les fonctionnaires, officielle depuis le 1er janvier
2012. La disposition se traduit par une retenue
de 1/30e sur le salaire (traitement, primes et
indemnités) et concerne tous les agents.
Mais la journée de carence ne s’applique ni
pour un accident du travail, ni pour une mala-
die contractée dans l’exercice des fonctions,
ni pour un
congé de longue
durée ou de
maternité. Par
ailleurs, dès lors que l’arrêt de travail a été
transmis au service gestionnaire, “le premier
jour de maladie ne peut en aucun cas être
considéré comme jour de congé ou jour relevant
de l’aménagement et de la réduction du temps
de travail”. Il ne peut donc y avoir “compensa-
tion de ce jour par l’octroi d’un jour de congé”.
> IMMOBILIER
Joyaux parisiens à vendre
> MALADIE
Les règles du jeu de la journée de carence
Les promesses des banquiers“Les banques françaises maintiendront leur présence sur le marché du financement des collectivités locales.” C’est par ce bref
communiqué que la Fédération bancaire
française (FBF), dirigée par le patron de
la Société générale, Frédéric Oudéa, a tenu
à souligner son engagement en faveur des
collectivités. L’ensemble du secteur bancaire
en France, à en croire la FBF, leur “apportera en 2012 environ 10 milliards d’euros de crédits nouveaux”.
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Acteurs publics #82 - mars 2012
actualité POLITIQUES PUBLIQUES
31
Depuis le début des années 2000, l’administration fiscale a beaucoup élargi
la gamme des moyens dont disposent les contribuables pour se renseigner
en matière d’impôts et effectuer leurs opérations via des plates-formes
Internet, telle que Impots.gouv.fr. Malheureusement, le développement du Net
aurait quelque peu fait oublier un mode de communication tout aussi pratique,
rapide et moins risqué : le téléphone.
C’est en tout cas l’avis des magistrats de la Cour des comptes, qui estiment,
après avoir recueilli de nombreux témoignages, que le téléphone est traité
de manière accessoire par les services du fisc dans leurs relations avec l’usager.
“La mise en place des services des impôts des particuliers n’a pas toujours été
accompagnée d’une mise à niveau des équipements téléphoniques”, pointe la Cour.
Certains de ces équipements seraient obsolètes. Tout en défendant de bons résul-
tats, le ministère du Budget a décidé d’engager une réflexion sur l’amélioration
de l’accueil téléphonique.
> USAGERS
“Allô impôts, bobo”
Nous ne sommes plus
aujourd’hui dans le
système initial de
l’agent qui, en entrant dans
la fonction publique, savait
quels seraient son grade, son
échelon, sa rémunération et
ses fonctions trente-cinq ans
plus tard. Il faut créer les
conditions d’une employabilité maximale des agents
tout au long de leur vie professionnelle. D’abord
en établissant une vraie gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences dans les trois fonctions
publiques. Via une structure rattachée au ministère
de la Fonction publique, pourquoi pas à la direc-
tion générale de l’administration et de la fonction
publique (DGAFP).
Il faut ensuite instaurer des entretiens de mi-par-
cours destinés à évoquer les perspectives de l’agent
pour la deuxième partie de sa carrière. Cela permet-
trait aux fonctionnaires de s’approprier des dispo-
sitifs tels que le congé individuel de formation et
le droit individuel à la formation. Je souhaite enfin
un droit au temps partiel choisi. Ce droit existe
aujourd’hui, mais il suppose l’accord de l’employeur.
À partir de 60 ans, l’agent disposerait de ce droit,
avec de possibles grilles de compensation qui per-
mettraient de donner un peu du temps dégagé, par
exemple, pour des missions dans d’autres
fonctions publiques, pour du tutorat ou
pour un engagement associatif.”
Le gouvernement ménage-t-il une porte de sortie aux directeurs
centraux de l’ère Sarkozy ou souhaite-t-il simplement, par souci
d’économies, ne cibler qu’une partie des administrateurs civils les plus
méritants ? À la lecture d’un décret du 10 février sur le statut de ce corps de
hauts fonctionnaires, les syndicats penchent pour la première hypothèse.
Ce décret faciliterait l’accès au nouveau grade, le fameux “Graf”, pour les
administrateurs civils hors classe qui ont occupé un poste de direction
pendant au moins deux ans, au cours des cinq dernières années.
Nommés sur d’autres postes, ils n’en conserveraient pas moins leur
grade et la rémunération correspondante. Les syndicats ont beau jeu de
dénoncer une mesure “politique”. “Un directeur nommé à la discrétion
du gouvernement accédera à titre personnel à la plus haute rémunération
hors échelle D”, avertit Chantal Labat-Gest, de la CFDT. Du côté du cabi-
net du ministre de la Fonction publique, François Sauvadet, on réfute
catégoriquement toute idée d’avancement “automatique”.
Le non-remplacement de la ministre
de l’Écologie s’apparente à un abandon de poste. »Stephen Kerckhove, délégué général
d’Agir pour l’environnement, à la suite de la désignation de Nathalie
Kosciusko-Morizet comme porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy
et de sa démission consécutive de son poste de ministre de l’Écologie.
RÉMUNÉRATION
Un décret sur mesure ?
Pascal Brindeau, député Nouveau Centre
“Un droit au temps partiel choisi”
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Acteurs publics #81 - février 2012
POLITIQUES PUBLIQUES dossier
32 Acteurs publics #82 - mars 2012
PRÉSIDENTIELLE 2012
Des hauts fonctionnaires en campagneDepuis plusieurs mois, les échanges se multiplient entre équipes de campagne et hauts fonctionnaires pour peaufiner les programmes et calibrer les attaques. Plongée dans cette période si particulière où l’expertise de quelques grands serviteurs de l’État se met au service de candidats à l’Élysée.Dossier réalisé par Laurent Fargues
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Acteurs publics #81 - février 2012 33Acteurs publics #82 - mars 2012
dossier POLITIQUES PUBLIQUES
…
Devoir de réserve oblige,
les hauts fonctionnaires
sont d’une extrême pru-
dence quant à leurs enga-
gements. Certains, cités dans la
presse comme proches de tel ou
tel candidat, décrochent expres-
sément leur téléphone pour dire
qu’ils ne participent pas à la cam-
pagne. D’autres, membres de
cabinet, avertissent qu’ils ne sont
en rien impliqués dans la cam-
pagne du locataire de l’Élysée.
“La garantie de confidentialité est
la première condition posée par
les hauts fonctionnaires qui nous
font profiter de leur expertise,
explique Mireille Le Corre, cheffe
du pôle “Immigration” auprès
de François Hollande. Il ne faut
surtout pas les trahir.”
Comme à chaque élection
présidentielle, ils sont des cen-
taines à participer dans l’ombre
à la campagne. Ils représen-
taient au bas mot la moitié des
450 experts réunis autour de
François Hollande début janvier
et Nicolas Sarkozy peut compter
sur l’expertise de sa garde rap-
prochée à l’Élysée comme sur le
soutien de plusieurs directeurs
de cabinet et patrons d’admi-
nistration. Leur savoir-faire est
irremplaçable dans l’élaboration
de propositions “crédibles”, tant
sur le plan juridique que bud-
gétaire. Leur connaissance de la
machine étatique et des subtili-
tés administratives est décisive
pour prendre le camp adverse en
défaut d’amateurisme.
L’implication de certains
dépasse la rédaction d’argumen-
taires ou la dispense de conseils.
Les organigrammes officiels des
équipes de campagne comptent
nombre de hauts fonctionnaires
aux postes les plus divers : direc-
teur de campagne, secrétaire
général, chargé du projet, etc.
Certains rêvent d’une carrière
politique, d’autres visent des
postes haut placés en cabinet ou
dans les ministères. “À gauche,
ils patientent depuis dix ans, donc
ils ont faim”, sourit un haut fonc-
tionnaire de droite. Hasard ou
signe révélateur ? François Bayrou,
Nicolas Sarkozy et François
Hollande ont choisi un préfet
pour “tenir la boutique” de leur
siège de campagne. La préfecto-
rale demeure une valeur sûre. ■
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Acteurs publics #82 - mars 201234
Le chef de l’État bénéficie du savoir-faire de la haute administration pour défendre son bilan et tester ses idées.
net de ministres sont particu-
lièrement écoutés. Parmi eux,
Jean-Paul Faugère, directeur
du cabinet de François Fillon,
Sébastien Proto, ancien bras droit
de Valérie Pécresse au Budget,
ou Marguerite Bérard-Andrieu,
directrice de cabinet de Xavier
Bertrand au Travail.
L’idée de moduler les sommes
versées par l’État aux collectivi-
tés “en fonction de leur sagesse
en matière de création de postes
de fonctionnaires” émerge à cette
occasion. C’est aussi là que les
chiffres sur la forte progression
des effectifs des conseils régio-
naux (+ 173 %) et des intercom-
munalités (+ 177 %) ressortent.
Une manière de pointer la mau-
vaise gestion des collectivités –
majoritairement à gauche – qui
sera utilisée quelques jours plus
tard par Nicolas Sarkozy dans Le
Officiellement, à l’Élysée,
rien n’a changé. Les col-
laborateurs du Président
l’assurent : les réunions
continuent au même rythme et
il n’existe pas de cellule de cam-
pagne cachée pour peaufiner les
propositions de campagne. “Ici,
on est d’abord au service de la
machine présidentielle”, assure
Camille Pascal, l’une des plumes
du chef de l’État. “Les groupes de
travail sur le projet de campagne
se tiennent à l’UMP”, confirme
Olivier Biancarelli, conseiller poli-
tique. Pourtant, entre la défense
du bilan du Président sortant et
la préparation de l’argumentaire
du candidat entrant, la frontière
est mince. L’actualité, y compris
la plus politique, est au cœur
des réunions quotidiennes entre
Nicolas Sarkozy et ses princi-
paux conseillers. Et ces derniers
lui fournissent très naturellement
des munitions pour contrer les
attaques de ses concurrents.
Après le discours réussi de
François Hollande au Bourget,
l’intervention télévisée de
Nicolas Sarkozy, programmée
sur 6 chaînes le 29 janvier, est
minutieusement préparée par
les équipes de l’Élysée. Les avis
de quelques directeurs de cabi-
Figaro magazine du 11 février.
“Nous préparons un bilan chiffré
des réformes et signalons les points
qui peuvent porter flanc à la cri-
tique”, relate Olivier Biancarelli.
Chiffrages ultraprécisDe par sa fonction, le locataire
de l’Élysée bénéficie de toute l’ex-
pertise de la machine administra-
tive. D’un claquement de doigts,
il peut obtenir une note ultrapré-
cise sur le canevas juridique d’un
projet de loi, le chiffrage d’une
mesure, la compatibilité avec le
droit européen d’une proposition.
Un avantage sur ses concurrents ?
Sur les plus petits, certainement.
Sur François Hollande, sans doute
pas, puisque le socialiste dispose
d’un large réseau de hauts fonc-
tionnaires “amis” capables de
produire grosso modo les mêmes
documents (lire page suivante).
Mais pour beaucoup de conseil-
lers du Président, la priorité est
de sortir du carcan adminis-
tratif. “Depuis cinq ans, Nicolas
Sarkozy reçoit tous les soirs un
épais dossier qui est la substanti-
fique moelle de tout ce que fait et
pense l’administration française,
donc les propositions des hauts
fonctionnaires, il les connaît par
cœur ! s’amuse Camille Pascal,
qui est le correspondant à l’Élysée
du groupe de soutien au chef de
l’État, coordonné par le président
de Vivendi, Jean-René Fourtou.
L’enjeu est plutôt de capter les
idées neuves de la société civile.”
Le retour d’Emmanuelle Mignon
au cœur de l’équipe de campagne
doit faciliter cette aération idéo-
logique. Quoi de mieux qu’une
major de l’ENA pour le job. ■ Laurent Fargues
UNE ÉQUIPE RESSERRÉESix anciens conseillers de
l’Élysée ont rejoint l’équipe
de campagne à temps plein
le 17 février. Parmi eux,
l’ancien chef de cabinet
du Président, Guillaume
Lambert, est devenu directeur
de campagne.
Les conseillers Franck
Louvrier et Olivier Biancarelli
partagent, eux, leur temps
entre la présidence et le
QG, avec des rémunérations
versées à part égale par
les deux entités. Sébastien
Proto, ex-directeur de
cabinet de Valérie Pécresse
au Budget, fait aussi partie
de l’équipe. Emmanuelle
Mignon, maître des requêtes
au Conseil d’État, est, comme
en 2007, chargée de rédiger
un programme autour d’idées
fortes qui polarisent le débat.
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die
Gré
go
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POLITIQUES PUBLIQUES dossier
> NICOLAS SARKOZY
Dans l’ombre du Président candidat
> NICOLAS SARKOZY
Dans l’ombre du Président candidat
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35Acteurs publics #82 - mars 2012
dossier POLITIQUES PUBLIQUES
Le favori des sondages croule littéralement sous les propositions de hauts fonctionnaires proches de la gauche.
Même dans le pôle “Économie
numérique”, les hauts fonction-
naires forment une bonne moitié
des troupes. Soit une vingtaine de
cerveaux sur les 40 qui envoient
régulièrement des notes et par-
ticipent aux réunions. Des gens
des ministères des Finances, de
la Culture, des corps d’inspection
ou encore des hautes autorités du
secteur. “Leur connaissance du
mode de régulation ou des aides
fiscales est précieuse pour bâtir des
propositions crédibles”, explique
Fleur Pellerin, qui chapeaute
Si le match se jouait au
nombre d’experts, je
gagnerais le duel !” Ce
10 janvier, au musée
social, François Hollande remer-
cie tous les spécialistes qui ont
travaillé à son projet. Il se réjouit
de l’affluence. La salle pouvait
accueillir 300 personnes. Il en est
venu 450. Il y a là des représen-
tants de tous les ministères et de
tous les grands corps, ainsi que
des cadres de collectivités. “Les
bonnes volontés ont été de plus
en plus nombreuses à mesure que
les sondages ont grimpé, s’amuse
Constance Rivière, énarque et
coordinatrice des experts auprès
de Pierre Moscovici. Il y a un an
et demi, il fallait aller les chercher,
aujourd’hui, la difficulté est plutôt
de ne vexer personne.”
Il faut dire que, primaire oblige,
les groupes de travail se sont
multipliés dans les rangs socia-
listes pour finalement converger
vers François Hollande. Entre
les experts mobilisés par Pierre
Moscovici depuis 2010, les
réflexions engagées par Laurent
Fabius, les réseaux de Michel
Sapin ou les anciens cama-
rades de l’ENA du candidat – la
fameuse promotion Voltaire –,
les contributions ne manquent
pas. Elles alimentent la réflexion
des 23 pôles thématiques qui pré-
figurent le futur gouvernement.
Partout, des hauts fonctionnaires
jouent un rôle clé. “Ce sont les
seuls capables d’élaborer un pré-
projet de loi qui tient la route ou
de donner les chiffrages précis de
mesures”, relate Manuel Flam,
expert du pôle “Environnement”
et chargé de mission au ministère
de l’Écologie.
le pôle et est elle-même conseil-
lère référendaire à la Cour des
comptes en disponibilité depuis
le 1er mars.
Le savoir-faire des hauts fonc-
tionnaires sert bien au-delà du
projet. À chaque déplacement,
avant chaque intervention,
François Hollande reçoit des
fiches sur ses interlocuteurs,
les promesses qu’ils attendent, les
propositions qui feront mouche.
Le 1er février, il a évoqué avec un
collectif d’étudiants étrangers
la circulaire Guéant et envisagé
la création d’une carte de séjour
pluriannuelle calquée sur les
cycles d’études. Une idée mûrie
avec Mireille Le Corre, respon-
sable du pôle “Immigration”
et ancienne sous-directrice au
ministère du Travail. “Notre
réseau nous permet de réa-
gir rapidement et de déceler les
points faibles des propositions
de Nicolas Sarkozy”, note-t-elle.
Ce n’est sans doute pas un hasard
si la cellule Riposte est friande
des argumentaires des hauts
fonctionnaires. ■ L. F.
> FRANÇOIS HOLLANDE
Du monde au portillon
Ha
mil
ton
/RÉ
A
UN PRÉFET AUX MANETTESC’est un lundi de novembre
que François Hollande
propose à Nacer Meddah
d’être le secrétaire général
de sa campagne. Le lien
s’est établi grâce à Pierre
Moscovici, qui l’avait vu à
l’œuvre en Franche-Comté.
Après l’entretien, l’ancien
préfet refuse la présidence
de la chambre régionale des
comptes des Pays de la Loire
et rejoint le candidat. Depuis,
il a monté de toutes pièces
le “QG” – une PME d’une
centaine de personnes –,
enchaîne les journées de seize
heures et découvre l’ambiance
de campagne. “À bien des égards, cela ressemble à la vie d’un préfet avec l’organisation des déplacements, la relation avec les élus et la gestion des situations de crise”, confie-t-il.
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Acteurs publics #82 - mars 2012
POLITIQUES PUBLIQUES dossier
36
Le directeur de cabinet du candidat centriste travaille avec une cinquantaine de hauts fonctionnaires.
Le directeur stratégique de la candi-date FN est un “techno” de 30 ans.
C’est un ancien camarade
de promo de Claude
Guéant qui dirige depuis
octobre 2010 le cabi-
net de François Bayrou. Paul-
Henri Trollé, sorti de l’ENA en
1971, n’est pas né de la dernière
pluie présidentielle. La course
à l’Élysée, il connaît. Il a parti-
cipé à celle de Valéry Giscard
d’Estaing en 1974 et a été chargé
des déplacements du Président
en 1978. Depuis, il a mené une
carrière entre la Place Beauvau
et le ministère de la Défense,
dont dix ans à la direction finan-
cière des services secrets français
et trois comme préfet du Val-
d’Oise, avant sa retraite en 2010.
Aujourd’hui, il met son expé-
“On nous raille sur nos experts
soi-disant bidons, on va voir ce
qu’on va voir”.
Six mois plus tard, c’est un
énarque du ministère de l’Inté-
rieur qu’elle choisit comme direc-
teur stratégique. Florian Philippot
(photo), 30 ans, qui travaillait
jusque-là à l’inspection générale
de l’Administration, multiplie les
interventions médiatiques pour
La dédiabolisation du
Front national passerait-
elle par la haute fonction
publique ? Marine Le Pen
en est persuadée. Elle qui met en
avant les énarques qui travaillent
à ses côtés pour mieux affirmer
sa crédibilité. En avril 2011 déjà,
elle dévoilait son programme
économique en présence de trois
hauts fonctionnaires sur l’air du
rience et son carnet d’adresses au
service du candidat du MoDem. “Il
sollicite mon avis sur la sécurité, la
défense et certains sujets d’actua-
lité comme l’affaire Karachi ou les
violences à Grenoble, confie-t-il.
La connaissance de la machine
administrative et de quelques
personnes bien placées aident à
émettre des propositions crédibles.”
Le préfet est en contact avec une
cinquantaine de hauts fonction-
naires : magistrats, ambassadeurs,
agents des impôts, énarques des
Finances et du Travail, ingénieurs
des eaux et forêts, officiers, direc-
teurs généraux des services de
collectivités, etc.
Le fonctionnement est souple.
“Je demande des notes de deux
démontrer que le FN aussi dis-
pose de ses jeunes technos. Dans
l’équipe de campagne, il côtoie un
autre ancien haut fonctionnaire,
Paul-Marie Coûteaux (ENA,
1982), qui a été conseiller techni-
que au cabinet du secrétaire géné-
ral de l’ONU Boutros Boutros
Ghali de 1991 à 1993 et député
européen entre 1999 et 2009.
Les deux hommes affichent des
à cinq pages pour alimenter la
réflexion de François Bayrou,
certains hauts fonctionnaires
participent aux réunions de
préparation des forums théma-
tiques, d’autres envoient des
contributions spontanées. En cas
d’urgence une dizaine de lignes
peut suffire à livrer l’information
qui fait la différence.” Paul-Henri
Trollé fait la synthèse, retravaille
les documents, choisit ceux qui
doivent remonter au candidat.
Si besoin, il demande à la dizaine
d’étudiants de l’équipe de cam-
pagne de creuser tel ou tel point.
Les responsables politiques
du MoDem ont eux-mêmes
leur réseau au sein de l’admi-
nistration. François Bayrou ne
manque pas de relais au minis-
tère de l’Éducation, Jean-Luc
Benhamias et Yann Wehrling
connaissent des experts au
ministère du Développement
durable, tandis que Jacqueline
Gourault, sénatrice et vice-prési-
dente de l’Association des maires
de France, dispose d’un solide
réseau dans la haute fonction
publique territoriale. ■ L. F.
convictions souverainistes qui
les ont conduits de Jean-Pierre
Chevènement à Marine Le Pen.
Florian Philippot a été le président
du comité de soutien des grandes
écoles au candidat du MRC lors
de la présidentielle de 2002. Paul-
Marie Coûteaux a été membre
du cabinet du ministre de la
Défense de François Mitterrand
de 1988 à 1991. ■ L. F.
> FRANÇOIS BAYROU
Un réseau souple
> MARINE LE PEN
Un énarque en caution
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POLITIQUES PUBLIQUES
> HAUTS FONCTIONNAIRES
Le match des experts Olivier Biancarelli
Nicolas Sarkozy
Camille Pascal
Guillaume Lambert
Jean-David Levitte
Olivier Henrard
Xavier Musca
Jean-Paul Faugère
Sébastien Proto
LE CONSEILLER POLITIQUE
Conseiller du président de la République
Préfet (ENA en 2000)
2007-2009 : conseiller “outre-mer” et parlementaire à l’Élysée
L’HOMME DE RÉSEAUX
Conseiller audiovisuel à l’Élysée
Agrégé d’histoire
2008-2010 : directeur de la communication de France Télévisions
LE MÉCANO DE LA CAMPAGNE
Directeur de campagne
École du commissariat de la Marine
2010-2012 : chef de cabinet du président de la République
LE DIPLOMATE
Sherpa du président de la République
Ambassadeur de France
2002-2007 : ambassadeur aux États-Unis
L’ŒIL DE LA CULTURE
Membre de l’équipe de campagne
Maître des requêtes au Conseil d’État (ENA en 2003)
2011-2012 : conseiller “culture” à l’Élysée
avier Musca
Henri Guaino
LE DÉFENSEUR DU BILAN
Conseiller spécial du président de la République
Conseiller maîtreà la Cour des comptes
2002-2004 : conseiller scientifique de l’Agence pour la diffusion de l’information technologique
LE TECHNICIEN HORS PAIR
Secrétaire général de l’Élysée
Inspecteur des finances (ENA en 1985)
2004-2009 : directeur du Trésor
LE FIDÈLE DE MATIGNON
Directeur du cabinet du Premier ministre, François Fillon
Conseiller d’État (ENA en 1983)
2005-2007 : préfet de la région Alsace
Emmanuelle Mignon
LA CHEFFE D’ORCHESTRE
Chargée du projet
Maître des requêtes au Conseil d’État (ENA en 1995)
2010-2012 : secrétaire générale de la société de production de Luc Besson
Marguerite Bérard-Andrieu
LA CONSEILLÈRE SOCIALE
Directrice du cabinet du ministre du Travail, Xavier Bertrand
Inspectrice des finances (ENA en 2004)
2007-2010 : conseillère “politiques sociales” à l’Élysée
LE CONNAISSEUR DES COMPTES PUBLICS
Membre de l’équipe de campagne
Inspecteur des finances (ENA en 2004)
2011-2012 : directeur de cabinet de la ministre du Budget, Valérie Pécresse
DR, Christophe Russeil/FRANCE 2, kanate/Fotolia, Vincent Baillais, Marco Pirrone/UMP, Fred Dufour/AFP, Ludovic/RÉA, Mehdi Fedouach/AFP, Nicolas Reitzaum, Sandrine Cellard, Christophe Morin
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POLITIQUES PUBLIQUES
Constance Rivière
Chantal Jourdan
Aquilino Morelle
Emmanuel Macron
LA FOURNISSEUSE DE CARTOUCHES
Coordinatrice des experts
Maître des requêtes au Conseil d’État (ENA en 2008)
Dominique Villemot
Manuel Flam
L’AMI DE TRENTE ANS
Avocat fiscaliste
Administrateur civil (ENA en 1980)
1980-1990 : haut fonctionnaire au ministère des Finances
LE PROMOTEUR DE LA CROISSANCE VERTE
Expert du pôle “Environnement”
Administrateur civil (ENA en 2006)
2009-2012 : conseiller économique au Commissariat général au développement durable
“MME LOGISTIQUE”
Secrétaire générale adjointe de la campagne de François Hollande
Préfète (retraitée depuis 2012)
2004-2007 : préfète de l’Aveyron
Pascal Brice
Fleur Pellerin
Patrice Bergougnoux
LE SPÉCIALISTE DES RELATIONS INTERNATIONALES
Coordinateur du pôle “International”
Conseiller des affaires étrangères (ENA en 1993)
2006-2010 : consul général de France à Barcelone
Mireille Le Corre
LA CONSEILLÈRE SOCIALE
Cheffe du pôle “Immigration”
Administratrice civile (ENA en 2001)
2010-2011 : sous-directrice des ressources humaines au ministère du Travail
L’ÉNARQUE CONNECTÉE
Cheffe du pôle “Économie numérique”
Conseillère référendaire à la Cour des comptes (ENA en 2000)
2010 : membre de la commission des sanctions de l’Autorité de régulation des jeux en ligne
LE POLICIER DE GAUCHE
Directeur général des services de la communauté d’agglomération de la Plaine centrale du Val-de-Marne
Préfet
1999-2002 : directeur général de la police nationale
LE CISELEUR DE DISCOURS
Expert du pôle “Projet présidentiel”
Inspecteur des affaires sociales (ENA en 1992)
2011 : remise du rapport sur le Mediator
Nacer Meddah
LE GRAND ORGANISATEUR
Secrétaire général de la campagne de François Hollande
Préfet hors classe
2010 : préfet de la région Franche-Comté
LA BOÎTE À IDÉES ÉCONOMIQUES
Associé-gérant chez Rothschild et Cie
Inspecteur des finances (ENA en 2004)
2008 : rapporteur de la commission Attali sur la libéralisation de la croissance
François Hollande
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Acteurs publics #82 - mars 2012
POLITIQUES PUBLIQUES décryptage - Europe
40
Rien n’a changé en dix ans.”
Le constat, implacable,
est lancé par Marta
Andreasen, qui a tra-
versé toutes les affres du “lan-
ceur d’alerte”, version française
du whistleblower britannique.
Dans le cadre des institutions
européennes, tout fonctionnaire
l’interview page suivante) a esti-
mé que des fraudes pouvaient
avoir été commises dans le bud-
get européen de près de 100 mil-
liards d’euros qu’elle supervisait.
Elle a prévenu sa hiérarchie puis,
voyant que rien n’avançait, a écrit
aux directeurs généraux de la
Commission. Silence radio. Elle
s’en est alors directement ouverte
au public lors d’une conférence
de presse. Cette dernière initia-
tive a entraîné son licenciement,
deux ans après son arrivée. Neil
Kinnock – alors commissaire en
charge de la Réforme adminis-
trative –, qui l’a licenciée, en a
appelé au respect des procédures,
estimant qu’elle n’avait pas suivi
la voie légale. Marta Andreasen
en a appelé, elle, au devoir de
démocratie.
Un autre lanceur d’alerte,
Guido Starck, a suivi la procédure
lorsqu’il a estimé que la signature
d’un contrat avait fait perdre 4
millions d’euros aux institutions.
Après son action, on l’a fait chan-
ger d’emploi, il est est tombé
malade, puis est devenu invalide.
Il a quitté les institutions. Sa prin-
cipale critique : il n’a reçu aucun
soutien de leur part.
Pire, la plupart des lanceurs
d’alerte interrogés par le cabinet
PricewaterhouseCoopers (PwC),
dans un épais rapport paru en
mai 2011, disent avoir été trai-
> INSTITUTIONS
Les “lanceurs d’alerte” se sentent lâchésLes personnes prévenant les institutions européennes d’irrégularités en leur sein regrettent de ne pas être assez écoutées. Elles estiment qu’elles sont toujours aussi peu protégées en dépit de textes officiels assurant leur anonymat.
Ha
ley/
SIP
A
estimant qu’une pratique au sein
de son environnement est mora-
lement mauvaise peut prévenir
anonymement l’Office européen
antifraude (Olaf), qui décide de
la suite à donner à l’alerte.
Quelques semaines après avoir
été nommée cheffe comptable,
en 2002, Marta Andreasen (lire
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Acteurs publics #82 - mars 2012
décryptage - Europe POLITIQUES PUBLIQUES
41
tés davantage comme des crimi-
nels que comme des personnes
intègres.
Sanctions indirectesC’est toute la difficulté de ce
système : séparer les vraies alertes
des petites dénonciations. Sur la
ligne téléphonique de l’Olaf, rem-
placée depuis 2010 par un site
Internet spécifique “alertes”, près
d’un quart des messages émanent
de fonctionnaires européens. Et
la moitié environ sont écartés
car ils relèvent de la mauvaise
foi, selon la terminologie de
l’organisme. “La personne peut
contourner la ligne hiérarchique
immédiate et s’adresser directe-
ment à d’autres destinataires de
l’information”, indique Antony
Gravili, porte-parole de Maroš
Šefčovič, commissaire à l’Admi-
nistration, en insistant sur la
sécurité conférée par l’anonymat.
Les intéressés rétorquent
que l’anonymat ne peut être la
seule protection accordée au
Les lanceurs d’alerte sont-ils mieux protégés
aujourd’hui qu’au début des années 2000 ?
Non, malgré de légers changements, je ne vois
pas vraiment de mieux. À la place de l’Office
européen de lutte antifraude (Olaf), la création
d’un établissement totalement indépendant
des institutions européennes est la seule
amélioration véritable qu’il pourrait y avoir.
Jugez-vous que l’Olaf est efficace
dans ses missions ?
Pas du tout. L’Olaf est financé par la
Commission et rapporte à celle-ci et au
collège des commissaires. Cette situation est
une totale anomalie. Il y a un manque absolu
d’indépendance et l’Olaf mène des enquêtes
sur les seules affaires que lui autorise la
Commission. En 1999, quand Édith Cresson
a été poussée au départ, c’est un fonctionnaire
qui a lancé l’alerte. Mais c’est sous la pression
publique qu’il y a eu des enquêtes et que
la Commission a dû démissionner.
L’année dernière, quatre parlementaires
européens ont accepté un contrat en échange
de l’inscription d’un amendement qui limitait
la portée d’une loi de régulation. Le Parlement
a demandé à l’Olaf de venir dans les bureaux
pour enquêter. Mais l’organisme antifraude
n’a pas poursuivi ses recherches.
Pourquoi une telle situation, selon vous ?
Parce que personne ne veut que les choses
changent. Personne n’y a intérêt. C’est
pourquoi j’ai été renvoyée. La situation
ne changera jamais. Fondamentalement,
les directeurs généraux, les fonctionnaires de
plus haut niveau, constituent une bureaucratie
qui ne souhaite pas de changement. Ils veulent
donner l’argent à qui ils veulent sans vraiment
de contrôle. Ils ne veulent pas tout à fait savoir
ce que deviennent les fonds qu’ils donnent
aux États membres.
Vous êtes pessimiste…
Je suis réaliste. J’ai essayé de changer les
choses de l’intérieur, puis de l’extérieur, en
étant membre du Parlement. Je n’ai pas réussi.
Mais je n’abandonne pas le combat, loin de
là. Mon espoir est qu’à un certain moment,
l’opinion publique réagisse à ces faits car c’est
de l’argent public qu’il s’agit. Mon prochain
combat est de permettre un meilleur contrôle
de l’utilisation des fonds européens.
Propos recueillis par J.-B. G.
Marta Andreasen
“Personne ne veut que les choses changent”Ancienne cheffe comptable à la Commission européenne, Marta Andreasen avait dénoncé
des risques de fraudes internes peu après son embauche en 2002. Suspendue fin 2002,
elle a été licenciée deux ans plus tard. Elle siège au Parlement européen depuis 2009.
lanceur d’alerte. Les problèmes
surviennent par la suite. Dès que
l’Olaf déclenche une enquête,
aucune règle officielle ne pro-
tège ensuite l’employé contre
des sanctions indirectes de sa
hiérarchie.
Parvenant aux mêmes conclu-
sions, le rapport de PwC appelle
un “changement de culture”
dans toutes les institutions
européennes. Il demande, entre
autres, qu’un réel programme
d’alertes soit implanté dans la
politique générale de l’Europe
des 27, en particulier par la créa-
tion d’un service support où les
lanceurs d’alerte peuvent recevoir
des conseils et de l’aide dans leur
démarche. Bref, que le lanceur
d’alerte soit considéré comme
un acteur de la démocratie plutôt
que traité en catimini, au mieux
comme un fauteur d’incident,
au pire comme un grain de sable
dans la machine européenne.
À la suite de ce rapport
qu’elle considère comme une
“bonne base de réflexion”, la
Commission annonce qu’elle
prépare de nouvelles lignes
directrices cette année. “Nous
voulons renforcer la protection
offerte aux lanceurs d’alerte
agissant de bonne foi, poursuit
Antony Gravili. Il s’agit d’éviter
que certains hésitent à recourir
à cette procédure par crainte
des conséquences négatives sur
l’évolution de leur carrière.” En
attendant un programme d’ac-
tion précis, il n’est pas dit que les
futurs candidats à l’alerte aient
envie de jouer leur carrière.
Jean-Bernard Gallois, à Bruxelles
La Commission européenne
assure vouloir protéger
davantage les “lanceurs
d’alerte”, mais ceux-ci
se plaignent de ne pas
être écoutés.
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Acteurs publics #81 - février 201242 Acteurs publics #76 - septembre 2011
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Acteurs publics #81 - février 2012 43Acteurs publics #82 - mars 2012
p44SUR LE TERRAIN
Les véhicules de l’État confiés au privé
Paris : l’information, clé de la lutte contre la fraude
p48TERRITOIRES DURABLES
Les territoires face au chômage
Les scénarios de la France de 2040
p67LE CLUB DES TERRITOIRES DURABLES
p73LE CLUB DES ACTEURS
RATIONSADMINISTRATIONS
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS sur le terrain
44
de la gestion et du suivi de leur maintenance. Un sacré
virage, amorcé en 2008, au lendemain du conseil de
modernisation des politiques publiques, et motivé par un
constat simple : les administrations publiques disposaient
d’une flotte automobile “trop nombreuse”, “vieillissante” et
“comportant trop de véhicules puissants et polluants”, pou-
vait-on lire dans le catalogue des mesures RGPP. Quatre
ans auparavant, un rapport cinglant de l’inspection des
Finances avait fait quasiment le même constat et pointait
de graves lacunes dans le parc auto de l’État.
Certes, des efforts avaient été entrepris, permettant
quelques avancées grâce à l’utilisation de petits véhicules
économes et peu polluants et à la réduction du nombre
C’est une mesure passée relativement inaperçue,
mais qui marque une nouvelle ère dans la ges-
tion du parc automobile de l’État. En effet, depuis
quelques mois, les véhicules de l’État basculent
petit à petit entre les mains d’un prestataire qui se charge
L’externalisation de la maintenance des
véhicules de l’État et de ses opérateurs
est en bonne voie. À la clé : des économies
attendues de 20 à 30 % en moyenne.
LES FRAIS D’INTERVENTION SUR LES TROIS CATÉGORIES DE VÉHICULES
Citadines :
425 euros
dont carrosserie : 18 %
Nombre d’interventions par an : 1,61
Berlines :
672 euros dont carrosserie : 20 %
Nombre d’interventions par an : 2,09
Routières :
1 050 euros dont carrosserie : 29 %
Nombre d’interventions par an : 2,42
> EXTERNALISATIONS
Les véhicules de l’État confiés au privé
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Acteurs publics #82 - mars 2012Acteurs publics #82 - mars 2012
sur le terrain ADMINISTRATIONS
45
de véhicules anciens, coûteux en maintenance. Mais
ces quelques mesures se sont avérées bien insuffisantes
eu égard à la situation des finances publiques et aux
objectifs tirés des lois “Grenelle” sur la réduction des
gaz à effet de serre. Au demeurant, les abus dans l’entre-
tien des véhicules étaient encore monnaie courante.
Les ministères, vaches à lait des garagistes ? Certains
fonctionnaires ne s’en font pas mystère, pour avoir été
témoins de pratiques pour le moins condamnables.
Des véhicules étaient ainsi envoyés au garage pour des
vidanges successives, à seulement trois mois d’écart. Plus
croustillant, les garagistes n’hésitaient pas à remplacer
le rétroviseur à commande manuelle détérioré d’une
citadine par un rétroviseur… électrique.
En décidant de recourir à un prestataire privé, le
gouvernement souhaitait mettre un terme à ces dérives.
Preuve que l’affaire fut prise très au sérieux, une mission
spécifique à vocation interministérielle, rattachée au
ministère du Budget, fut même créée en septembre 2010.
Elle est alors chargée d’appliquer la circulaire de juillet
2010 sur la rationalisation du parc automobile, qui fixe
le périmètre de l’externalisation : sont concernés tous les
véhicules des services de l’État, centraux et déconcen-
trés, à l’exception des véhicules opérationnels des forces
de sécurité et des véhicules d’intervention routiers du
ministère de l’Écologie, qui font l’objet d’une gestion
particulière. Les véhicules de la gamme commerciale de
la Défense, déjà aux mains d’un prestataire depuis 2006,
sont également hors course.
Recensement du parcEncore fallait-il que les ministères, avant de se lancer
dans l’externalisation, sachent combien de véhicules ils
possédaient. Car étonnamment, le volume du parc auto
n’est pas connu avec précision. Et pour cause : preuve
d’une gestion pour le moins hasardeuse, le fichier national
des immatriculations n’était pas tenu à jour. “Nous avons
demandé à chacun des ministères de recenser le nombre
de véhicules qu’ils possédaient au niveau central comme
à celui de leurs services déconcentrés”, relate Jean-Pierre
Sivignon, le responsable de la mission. Ce travail a mobi-
lisé durant trois à quatre mois les directions logistiques
des ministères ainsi que les directeurs des services décon-
centrés et les préfets, qui ont ainsi mis à jour l’étendue
réelle de leur parc. En trois mois, 55 000 véhicules “exter-
nalisables” ont été recensés, dont près de 8 000 pour les
seuls services du Premier ministre, qui possèdent de fait
l’un des plus gros parcs de véhicules si l’on y inclut celui
des directions départementales interministérielles.
Une fois ce parc clairement identifié, chaque minis-
tère a passé la main au prestataire choisi par l’Ugap,
en l’espèce ALD Automotive. “Concrètement, à chaque
demande d’intervention, le véhicule doit être amené chez
l’un des réparateurs agréés, qui a souscrit à notre poli-
tique tarifaire”, précise Jean-Luc Hervé, directeur com-
mercial d’ALD Automotive. Chaque garagiste entre en
contact direct, si besoin, avec la plate-forme du presta-
taire, située à Saint-Ouen. C’est là que sont suivies toutes
les demandes d’intervention et que sont validés les devis
par des techniciens, qui disposent des informations
concernant le suivi du véhicule.
C’est aussi le prestataire qui se charge du traitement des
factures. Sur les douze derniers mois, ALD Automotive a
ainsi traité 17 000 factures. À 67 euros le coût moyen du
traitement d’une facture, l’État peut ainsi escompter une
économie de 600 000 euros. Ajoutée aux économies tirées
des tarifs négociés à la baisse par le prestataire, l’intérêt
économique ne fait guère de doute, même si toute la
flotte n’est pas encore externalisée. “Nous avons établi que
le coût annuel moyen d’entretien d’un véhicule s’établissait
à 555,90 euros”, analyse Jean-Pierre Sivignon.
Au total, si l’on inclut le prix de la prestation de
130 euros environ payé à ALD, par véhicule et par an,
le coût moyen par véhicule s’élèverait donc à 685 euros
contre 1 057 euros selon les estimations initiales. Les
ministères, qui avaient déjà commencé à mettre de l’ordre
dans la gestion de leur flotte avant la circulaire de 2010,
sont enthousiastes. “Nous avons externalisé 6 462 véhi-
cules, soit 80 % de notre flotte”, se félicite Patrick Roger, en
charge du patrimoine et de la logistique à Matignon. De
son côté, François Carayon, directeur des affaires finan-
cières des ministères sociaux, qui indique avoir externalisé
la gestion de l’ensemble des véhicules, administration
centrale et déconcentrée confondues, soit 371 voitures,
estime l’économie à 40 % depuis 2007. En tout, près de
35 000 véhicules ont été externalisés sur les 55 000 réper-
toriés. Les ministères n’ont plus qu’à appuyer sur l’accé-
lérateur pour parvenir à l’externalisation complète de leur
parc automobile, quatre ans après le lancement de cette
opération. Xavier Sidaner
Jean-Pierre Sivignon “L’externalisation est le gage d’une meilleure gestion”
Chef de la mission interministérielle chargée du parc automobile de l’État et des opérateurs
“À la mi-2011, près de 15 000 véhicules avaient été confiés à notre
prestataire ALD Automotive, qui se charge de la relation avec les garages,
de suivre les demandes d’intervention, d’analyser les devis et de traiter
les factures pour le compte des administrations. Des outils de reporting
performants ont également été mis en place, permettant aux ministères
de connaître très précisément l’état et le fonctionnement de leur parc
automobile. Aujourd’hui, le coût moyen annuel d’entretien de chaque
véhicule est aussi parfaitement établi, ce qui constitue une évolution
majeure par rapport à la situation antérieure et le gage d’une meilleure
gestion. Début 2012, l’externalisation concernait 35 000 véhicules environ,
dont plus de 3 500 appartenant aux opérateurs.”
DR
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Acteurs publics #82 - mars 201246
ADMINISTRATIONS sur le terrain
Autre avancée importante : les organismes sociaux
communiquent désormais mieux entre eux grâce aux
recoupements de fichiers. L’intérêt du comité n’est pas
tant dans les quelques opérations ponctuelles que dans
les échanges, quasi quotidiens, qu’entretiennent les orga-
nismes entre eux, ou avec la police. En accord et sous
le contrôle de la Commission nationale informatique
et libertés, le Codaf facilite ces échanges, instillant une
véritable culture commune dans l’esprit de ses membres.
“Les membres du comité bénéficient d’une messagerie
cryptée qui leur permet d’échanger en toute sécurité”, met
en avant Nicolas Lerner, le chef de cabinet du préfet de
police, qui se félicite que les “acteurs aient gagné en légiti-
mité” dans l’action contre la fraude. Sur la foi des rensei-
gnements obtenus par tel ou tel organisme, d’autres pres-
tataires peuvent être saisis, tant il est vrai que les fraudes
ont souvent de multiples ramifications, débouchant par-
fois sur de l’escroquerie pure et simple. “Le comité est saisi
lorsque nous subodorons un trafic en bande organisée”,
relève ainsi Michèle Bruno-Dujarric de Lagarde, cheffe
de la brigade de répression de la délinquance astucieuse.
Le Codaf ne se charge que des affaires les plus sensibles.
Xavier Sidaner
Délits de travail illégal et défaut d’agrément, contra-
ventions pour non-affichage de tarifs, pour des
problèmes d’équipement, et pour non-présen-
tation aux visites médicales ou d’attestation
préfectorale. Tel est le bilan de l’opération de contrôle
concernant la régularité des transports sanitaires menée
le 8 novembre dernier à l’hôpital Bichat, à Paris, par le
comité départemental d’action contre la fraude de Paris,
le Codaf. Monté en juin 2010 après quelques mois d’expé-
rimentation, ce comité rassemble, sur le modèle des grou-
pements d’intervention régionale (GIR), une cinquantaine
de fonctionnaires de la police, de la gendarmerie, des
douanes et des agents de Pôle emploi, des Urssaf, de la
Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) ou des
caisses d’allocations familiales (CAF).
Ensemble, ils se réunissent environ trois fois par an
autour du préfet de police – une particularité de l’Île-
de-France – et du procureur. Ils dressent un bilan de
leurs actions et ciblent leurs priorités dans la lutte contre
la fraude. Hormis ces réunions plénières, quelques
membres peuvent se réunir en comité restreint pour
décider d’opérations ponctuelles, à l’image de celle de
novembre dernier. Mais ces réunions n’épuisent pas à
elles seules les multiples actions de lutte contre la fraude,
travail de longue haleine, que peuvent mener les services
de police de la préfecture, qu’il s’agisse des services de
renseignement, des services spécialisés en matière de
fraude documentaire, mais aussi les organismes sociaux,
comme l’Urssaf, qui recouvrent chaque année plusieurs
millions d’euros versés indûment.
Recoupements de fichiersD’autres organismes, sans se départir de leur rôle
premier de prestataires sociaux, comme les CAF ou la
Cnam, se sont plus tardivement mobilisés dans la lutte
contre la fraude. “Nous avons obtenu les outils juri-
diques qui nous manquaient en 2007”, rappelle Marie-
Pierre Beaud, secrétaire générale adjointe de la CAF de
Paris, allusion faite aux sanctions administratives sous
forme de pénalités ou d’avertissement que les caisses
d’allocations familiales peuvent désormais prononcer
à l’encontre des fraudeurs.
> PARIS
L’information, clé de la lutte contre la fraudeLa préfecture de police et les caisses de prestations sociales travaillent
de concert pour faire reculer la fraude sociale. Une démarche qui fait école.
opérations contre le travail clandestin
CHIFFRES
actions judiciaires
22
1 151
30millions d’euros de préjudices
Source : préfecture
de police (Paris)
Les caisses d’allocations
familiales peuvent
désormais prononcer des
sanctions administratives
(avertissements,
pénalités) contre
les fraudeurs.
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48 Acteurs publics #82 - mars 2012
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Acteurs publics #82 - mars 2012
territoires durables ADMINISTRATIONS
Les territoires face au chômage
Crise oblige, alors que le chômage repart à la hausse,
l’emploi reste la priorité des Français.
Pour accompagner les demandeurs d’emploi,
les services de l’État – préfets, sous-préfets,
Pôle emploi –, associés à divers acteurs
du monde de l’insertion, sont
à la manœuvre. Le dispositif
souffre d’une certaine complexité
et de l’absence de chef de file
sur le terrain.
> EMPLOI
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
50
La
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Si les plus hautes instances de l’État
se sont mobilisées dans l’affaire
Lejaby, Renaud Nury, le sous-préfet
d’Yssingeaux, en Haute-Loire, est plus
discrètement monté en première ligne : “Il
a fallu aller au contact pour annoncer aux
salariés les mesures d’accompagnement pré-
vues à la suite de la liquidation de l’entre-
prise”. Animé par la volonté de trouver des
solutions de reclassement, le sous-préfet,
accompagné d’un délégué de la direction
régionale des entreprises, de la concur-
rence, de la consommation, du travail et
de l’emploi (Direccte) et d’un représentant
de Pôle emploi, a franchi la porte de l’usine
et assisté à une assemblée générale. Un face-
à-face avec les 93 salariés suivi de près par la
préfecture de région, qui se tenait informée
de la situation jusqu’au dénouement –
heureux – et à l’annonce de la reprise de
l’atelier Lejaby par Sofama, le 1er février.
Le rôle du préfet et plus encore du
sous-préfet s’est nettement renforcé
depuis la publication d’une instruction du
3 mars 2011 signée de la délégation générale
à l’emploi et à la formation professionnelle
(DGEFP). Son délégué général, Bertrand
Martinot, en précise la philosophie : “La
politique de l’emploi est déclinée au plus près
des besoins, selon une logique de territoriali-
sation de l’action de l’État. Cela nous permet,
autour du sous-préfet, d’apprécier au mieux
quels sont les profils des demandeurs d’em-
ploi, leurs attentes, et d’adapter au mieux
nos outils.”
Calqués, grosso modo, sur les arrondis-
sements des sous-préfectures, les bassins
d’emplois sont désormais les terrains
d’action des sous-préfets, du responsable
de l’unité de la Direccte et du directeur ter-
ritorial de Pôle emploi. Ensemble, ces trois
acteurs se retrouvent en cercle restreint au
sein des réunions du service public de l’em-
ploi local, le Spel. Modèle d’organisation
administrative, et non guichet physique,
ce service public de l’emploi est d’abord
un lieu d’échanges et de partage d’infor-
mations. C’est aussi là que sont mis en
musique les outils à la disposition
des services de l’État que sont, par exemple,
les contrats aidés ou les contrats de sécuri-
sation professionnelle.
L’action du sous-préfet est jaugée à tra-
vers toute une batterie d’indicateurs – sur
l’accompagnement des chômeurs, l’identi-
fication des métiers en tension, l’alternance
ou l’offre de formation – qui remontent
aux préfets de région, via les Direccte, qui
elles-mêmes font remonter les tableaux
de bord à la DGEFP. À cette dernière ensuite
de corriger le tir. Tout en haut de la pyra-
mide, le ministre du Travail ne se prive pas
de donner le tempo. Lorsqu’il ne les reçoit
pas à Paris, comme ce fut encore le cas le
3 février dernier, c’est par visioconférence
que le ministre échange avec les 26 préfets
de région.
Coordination délicate
Cette implication du ministre n’est pas
fortuite. En cette période de crise, le gou-
vernement sait qu’il est attendu au tour-
nant sur l’emploi. “C’est parfois plus effi-
cace qu’une circulaire hypertechnique de
15 pages”, entonnent certains préfets. “Cela
permet de se sentir soutenus et surtout
d’échanger entre nous sur nos expériences et
bonnes pratiques”, témoigne Jérôme Gutton,
sous-préfet de Dunkerque. Il est de toutes
les réunions à Paris, comme nombre de ses
confrères. La mission sénatoriale qui s’est
penchée, lors du bilan de la fusion de Pôle
emploi, sur le fonctionnement du service
public de l’emploi, est plus circonspecte
et note que “les préfets et les sous-préfets,
compte tenu des moyens dont ils disposent
et de leurs changements fréquents d’affecta-
tion, peuvent donner une impulsion politique,
conforme aux orientations décidées au niveau
national, fixer des axes stratégiques de coo-
pération ou intervenir en cas de problèmes
constatés sur le terrain, mais peuvent diffici-
lement envisager de coordonner au quotidien
le fonctionnement du Spel”.
Les principaux intéressés, les sous-pré-
fets, défendent la légitimité de leur rôle. Et
se montrent parfaitement conscients de
la limite de leurs actions. “Je suis là pour
expliquer les dispositifs de l’État et suis un
facilitateur de projets”, juge en toute humi-
lité François Marzorati, le sous-préfet de
Thionville. Facilitateur, le mot revient sou-
vent dans la bouche des sous-préfets, les-
quels, à l’image de Jérôme Gutton, estiment
aussi que “chacun doit rester à sa place” et
Les maisons de l’emploi
récoltent des informations sur
les perspectives d’embauche
dans les territoires.
Je suis un facilitateur de projets.
François Marzorati,sous-préfet de Thionville
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Acteurs publics #82 - mars 2012
territoires durables ADMINISTRATIONS
51
éviter si possible les effets de substitution
entre acteurs.
Car si les sous-préfets ont l’habitude de
travailler avec leur bras armé, la Direccte,
ou avec Pôle emploi, le service de l’emploi
ne se cantonne pas à ce trio d’acteurs. En
dehors de ce cercle restreint, le Spel a voca-
tion à s’élargir et à ouvrir ses portes à quan-
tité d’acteurs intervenant dans la sphère du
social ou de l’insertion : Cap emploi, Apec,
missions locales pour les jeunes de 16 ans,
maisons de l’emploi, plans locaux d’inser-
tion et de l’emploi, sans oublier les élus
locaux, les chambres consulaires, etc. Autant
d’acteurs qui ont un rôle à jouer dans la lutte
contre le chômage, mais qui, aussi légitimes
soient-ils, complexifient le paysage.
Avant même d’entrer en fonction, Jean
Bassères, le tout nouveau directeur géné-
ral de Pôle emploi, avait pris la mesure du
phénomène : “Le service public est extrême-
ment divers et compliqué à appréhender de
l’extérieur”, osait-il devant les députés char-
gés d’avaliser sa nomination, le 5 décembre.
Complexe ? Le préfet de la région Bretagne,
Michel Cadot, estime, lui, que “le système
est plus fluide depuis l’instruction du 3 mars
2011, bien adapté au terrain, avec des outils
de reporting bien précis”.
“Mais on ne saurait négliger la perte de
temps et d’énergie qui résulte de la nécessité
de coordonner de nombreux intervenants”,
pointait encore une mission sénatoriale.
Temps passé à négocier des conventions
de partenariat puis à les faire vivre, via des
comités de pilotage qui se réunissent pério-
diquement, etc. Le Sénat dénonçait une
situation qui “n’est pas non plus optimale
pour les usagers qui risquent d’être ballottés
de structure en structure”.
Regroupement de services
Dans certains territoires, heureusement, les
sous-préfets tentent, parfois avec une certaine
réussite, de mieux associer leurs partenaires
et de les regrouper en des lieux uniques. À
Dunkerque par exemple, l’association fine
entre Pôle emploi, la maison de l’emploi, et le
Sté
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RÉ
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plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE),
sous l’impulsion du sous-préfet, donne de
bons résultats et a permis de monter un plan
de formation pour près de 1 500 jeunes attirés
par un projet de terminal méthanier.
Ce type de démarche pragmatique semble
emporter l’adhésion bien plus que des
mesures à l’emporte-pièce qui consisteraient
à fusionner autoritairement les missions
locales, par exemple, avec les maisons de
l’emploi au sein de Pôle emploi. “Le rap-
prochement physique de différentes institu-
tions dans un même lieu, sans rechercher
un regroupement organique”, pourrait ainsi,
selon le rapport du Sénat, “être une autre
manière de faciliter le travail en commun”.
Et concourir, un peu, à simplifier le service
public de l’emploi. ■
Xavier Sidaner
L’État s’est mobilisé
sur le dossier Lejaby
pour éviter le chômage
à 93 salariés de cette
entreprise de Haute-Loire.
600 000 jeunes formésEN ALTERNANCE
4 % de jeunesen alternance
j
DANS LES ENTREPRISESDE PLUS 250 SALARIÉS
415 000 nouveauxcontrats aidés
NON MARCHANDS
50 000 nouveauxcontrats aidés
MARCHANDS
87,2 millions d’eurosALLOUÉS AU TITRE DU CONTRAT
DE SÉCURISATIONPROFESSIONNELLE (CSP)
13 000 bénéficiairesDU CSP
Source : PLF 2012, ministère du Budget
LA POLITIQUE DE L’EMPLOI EN CHIFFRES
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
52
> ÉCOACTIVITÉS
Temps mitigé pour le “business vert”
Ce qui est bon pour l’environnement
et bon pour l’emploi. À en croire les
dernières statistiques analysées par le
Commissariat général du développe-
ment durable, les écoactivités ont mobilisé
427 100 emplois en 2009, en hausse de 0,7 %
par rapport à 2008, tandis que la production
des écoactivités a atteint 64,4 milliards d’euros
de chiffre d’affaires. “Ces indicateurs mettent
en évidence le dynamisme des écoactivités”,
soulignent les experts du Commissariat.
Les deux secteurs qui concentrent le plus
de main-d’œuvre sont la protection de l’en-
vironnement, avec 257 000 emplois, et la
gestion des ressources, avec 112 000 emplois.
Si ces emplois entrent dans la catégorie du
“business vert” stricto sensu, d’autres, qui
n’ont pas exactement pour finalité la protec-
tion de l’environnement, sont aussi compta-
bilisés dans la mesure où ils permettent aux
entreprises de répondre à des besoins émer-
gents liés au Grenelle de l’environnement.
L’objectif de la France est, rappelons-le, de
porter de 10 à 23 % la part des énergies renou-
velables dans la consommation d’énergie d’ici
2020. Si la proportion n’est encore que de 13 %
aujourd’hui, “les premières années du Grenelle
ont été une rampe de lancement formidable
pour nos industriels”, assure Jean-Louis Bal,
président du Syndicat des énergies renouve-
lables (SER), qui s’exprimait, le 7 février der-
nier, lors du colloque annuel de ce syndicat qui
fédère l’ensemble des acteurs du secteur.
Trou d’airMais le vent nouveau qui souffle sur les
éoliennes, la biomasse, l’hydroélectricité
ou le solaire ne doit pas masquer que ces
filières sont aussi très sensibles au contexte
socio-économique. “Les énergies renouve-
lables demandent des capitaux pour se déve-
lopper, souligne Damien Mathon, délégué
général du SER. Or en période de crise, les
banques sont forcément plus frileuses.”
L’éolien subit un premier ralentissement,
tandis que le photo voltaïque, qui emploie
en tout 58 000 personnes, a été touché par
Après une phase de croissance, les emplois “verts” ont été à leur tour
victimes de la crise. Quelques milliers ont été supprimés l’an passé.
le revirement tarifaire décidé par le gouver-
nement en mars 2011 pour mettre fin à la
surchauffe dans le secteur. Le solaire a en
quelque sorte été victime de son succès, avec
des installations massives de panneaux ; le
gouvernement, craignant l’apparition d’une
bulle spéculative, a mis le holà en baissant de
20 % le prix de rachat de l’électricité par EDF.
Résultat : les emplois dans le solaire auraient
chuté de moitié et plongé la principale socié-
té, Photowatt, dans le rouge. Dans un autre
domaine, le Commissariat au développement
durable a pointé, dans sa note de mars 2011,
“un repli des travaux d’isolation”, induisant
“une diminution de l’activité industrielle dans
le domaine de la maîtrise de l’énergie” et éva-
lué finement une perte de 1 200 emplois.
Malgré ces renversements de tendance,
les acteurs du secteur demeurent optimistes,
conscients du potentiel représenté par ce
“mix” d’énergies renouvelables. Le SER a fait
ses calculs : d’ici 2020, le nombre d’emplois
dans les énergies renouvelables pourrait
doubler pour atteindre les 224 000. ■ X. S.
Fo
toli
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LES 6 PRINCIPALES
FILIÈRES
Source : SER, sur la base des emplois directs
(2010)
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
54
> DÉFENSE
2 000 emplois contre les fermetures de casernes
En quittant Barcelonnette, dans la val-
lée de l’Ubaye, en 2009, l’armée et ses
121 hommes ont laissé un grand vide
dans cette petite ville des Alpes-de-
Haute-Provence. Deux ans plus tard, ce terri-
toire a repris vie, grâce notamment à l’instal-
lation d’Andelia, petite entreprise high-tech
spécialisée dans les bornes tactiles de nouvelle
génération et installée dans les bâtiments lais-
sés vacants après le départ des militaires du
centre d’aguerrissement en montagne. Une
renaissance qui n’aurait guère été possible
sans le fonds pour les restructurations de la
défense (Fred). Mis en place en juillet 2008, ce
fonds piloté par la délégation aux restructu-
rations du ministère est doté de 320 millions
d’euros pour la période 2009-2014 et vise à
compenser l’impact sur les territoires de la
réforme de la carte militaire.
Barcelonnette a ainsi bénéficié d’1 mil-
lion d’euros qui a profité directement à cette
entreprise, laquelle s’est engagée à créer entre
2 et 3 emplois. Les collectivités sont nom-
breuses à espérer rebondir grâce aux aides de
la défense. D’ici 2015, 82 unités seront fer-
mées, dont 20 régiments et 11 bases aériennes,
et 47 unités seront transférées sur d’autres
sites. Ce vaste mouvement, qui s’accompagne
de la suppression de 54 000 postes de mili-
taires et agents civils, fragilise les territoires.
L’objectif du ministère est clair : “Il s’agit de
recréer à terme un volume d’emploi et d’acti-
vité au moins comparable à ce qu’il était avant
le départ des agents du ministère”, explique
Charles Moreau, conseiller du ministre.
Pour y parvenir, les communes frap-
pées par une perte d’au moins 50 emplois
peuvent bénéficier de plans locaux de “redy-
namisation” conclus avec le ministère. Les
premiers aménagements d’une zone d’activi-
té portuaire pour les industries des énergies
marines renouvelables ont ainsi été lancés
Pour soutenir les territoires touchés par les restructurations, le ministère
de la Défense dispose d’une enveloppe de 320 millions d’euros à destination
des PME. Environ 2 000 emplois ont déjà été créés grâce à ce dispositif.
à Brest, le 17 janvier. Montant de l’aide du
ministère : 2,67 millions d’euros.
Effet de levierPour les collectivités plus durement frap-
pées, des contrats de redynamisation de site
de défense (CRSD) – après une cession aux
collectivités pour l’euro symbolique des ter-
rains libérés – peuvent être signés entre elles et
le ministère. “35 contrats ont déjà été signés sur
une cinquantaine attendus”, se félicite Olivier
Vasserot, délégué aux restructurations, “ce
qui représente environ 2 000 emplois créés”.
Les aides ne sont versées qu’une fois que les
emplois ont réellement été créés. Les fonds
peuvent aussi être débloqués pour soutenir
l’investissement productif et “ne sont pas exclu-
sifs d’autres aides”, asssure-t-on au ministère.
Aux dires du délégué aux restructurations,
“les aides de l’État ont en général un effet
de levier et sont abondées par les collectivi-
tés dans un rapport de 1 à 4”. S’il existe un
décalage entre le moment où l’armée ferme
un site et celui où une entreprise s’installe,
le ministère est confiant : “Nous sommes
sur la bonne trajectoire”, soutient Charles
Moreau. ■ X. S.
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D’ici 2015, 82 unités doivent fermer
et 47 autres doivent être transférées.
Le ministère de la Défense a pour
objectif de compenser la perte
d’emplois et d’activité engendrée
pour les territoires.
CAMBRAI (Nord)
11,8 millions d’euros
pour des ateliers de broderie
LAON (Aisne)
10 millions d’euros
pour une chaudronnerie
CHÂTEAUROUX (Indre)
10 millions d’euros pour
une entreprise d’aéronautique
LES PROJETS SOUTENUS PAR LES CONTRATS DE REDYNAMISATION
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
56
> FRUGES
Un nouveau souffle grâce aux éoliennes
L e plateau de la commune de Fruges,
en pays d’Artois, devrait très prochai-
nement voir s’implanter de nouvelles
éoliennes. Un cabinet d’études a été
mandaté fin 2011 par la commune pour
analyser les conditions d’extension du site
existant. “Ce projet de développement, qui
fixera précisément le nombre et les carac-
téristiques des machines susceptibles d’être
installées devrait aboutir en 2013”, espère
le maire socialiste, Jean-Jacques Hilmoine.
L’édile, qui soutient le projet, n’en est pas
à son coup d’essai puisqu’il a fait du terri-
toire de sa commune l’un des tous premiers
parcs éoliens. “En 2002, le territoire avait
été identifié comme propice à l’implantation
d’éoliennes”, rappelle le maire. Six ans plus
tard, le territoire, qui domine le plateau de
l’Artois, comptait 70 éoliennes, permettant
d’alimenter 150 000 habitants en électricité.
À ce parc, aurait pu s’ajouter une bonne
trentaine d’autres éoliennes, si une société
n’avait pas préféré investir en Allemagne,
ce que déplore Jean-Jacques Hilmoine,
qui avoue avoir “raté le coche”. C’est
dire si le maire et l’ensemble des acteurs
locaux veulent aujourd’hui se rattraper et
sont impatients d’accueillir de nouvelles
éoliennes, tant il est vrai que ce futur pro-
jet est susceptible d’engendrer des retom-
bées économiques non négligeables pour
la collectivité.
Depuis que les éoliennes soufflent sur
la commune, la collectivité ne cesse d’en
récolter les fruits sur le plan socio-écono-
mique. Exploitées par une société privée,
ces éoliennes ont généré près de 45 emplois
directs dans la maintenance quotidienne
des machines, sans compter les emplois
indirects dans la gestion des espaces natu-
rels notamment, soit au total une centaine
d’emplois.
Dotations budgétairesCet accroissement d’activités a contri-
bué à la croissance de la population, qui est
passée à près de 8 000 habitants en quelques
années. Qui dit nouveaux habitants, dit
nouveaux besoins. Une maison de la petite
enfance, un centre de loisirs et une maison
de la solidarité ont été créées sur ce territoire
en expansion. Pour en assurer le fonction-
nement, la communauté de communes a
dû embaucher près de 60 agents en six ans,
faisant passer les effectifs de la collectivité
de 20 à 80 en 2010.
Des embauches qui n’auraient pu être
financées sans la société exploitant les
L’installation d’un parc
éolien en 2008 a boosté
l’activité économique
et sociale de cette
petite ville du Nord.
Le maire veut accueillir
d’autres éoliennes.
éoliennes, qui contribue largement au
budget de la collectivité au titre de la contri-
bution économique territoriale, l’ex-taxe
professionnelle. Si l’on y ajoute les autres
contributions perçues par la collectivité,
“le budget de la communauté de communes
a été multiplié par trois pour atteindre les
4 millions d’euros”, calcule le maire de
Fruges, qui est aussi président de la com-
munauté de communes. Une manne dont
profitent directement les 25 communes
membres de l’intercommunalité qui se
partagent près de 300 000 euros au titre de
la dotation de solidarité et 200 000 euros
grâce à un fonds de concours. Des sommes
qui permettent d’investir. Un cercle vertueux
est en marche. ■ X. S.
Ph
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pe
Da
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ic/S
IPA
150 000 habitantsCOUVERTS DANS LEURS BESOINS
D’ÉLECTRICITÉ
45 emplois directs
CRÉÉS
(SOCIÉTÉ D’EXPLOITATION
DES ÉOLIENNES)
1 500 eurosVERSÉS À LA COMMUNE
PAR ÉOLIENNE IMPLANTÉE
70 ÉOLIENNES, CE SONT…
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
58
Les scénarios
Une exposition autour de la France de 2040 et deux
journées de débats les 20 et 21 mars : Acteurs
publics organise au Conseil économique, social
et environnemental deux événements simulta-
nés à dominante prospective. Du 20 mars au 30 mai,
la salle hypostyle du palais d’Iéna accueille 10 cartes
magistrales réalisées à partir des données de la déléga-
tion interministérielle à l’aménagement du territoire et
à l’attractivité régionale (Datar).
Les thèmes de cette exposition cartographique, qui
représente les scénarios du possible pour la France de
2040, sont les suivants : démographie et vieillissement ;
changement climatique ; urbanisation et milieux naturels ;
l’urbain métropolisé français dans la mondialisation ; les
systèmes métropolitains intégrés ; les portes d’entrée de
la France et les systèmes territoriaux des flux ; les espaces
de la dynamique industrielle ; les villes intermédiaires et
leurs espaces de proximité ; les espaces de développement
résidentiel et touristique et les espaces de faible densité.
En lien avec notre dossier des pages 48 à 56 sur les
territoires face au chômage, découvrez en exclusivité les
scénarios pour 2040 concernant les espaces métropolitains
dans la mondialisation, les portes d’entrée et les flux et les
espaces industriels. Un voyage exceptionnel dans le futur,
à partir des données et des commentaires de la Datar.
Du 20 mars au 30 mai,
Acteurs publics organise au
Conseil économique, social
et environnemental une
exposition cartographique
exceptionnelle montée à
partir des travaux de la Datar.
En écho à notre dossier
sur les territoires face
au chômage et aux prochaines
Rencontres des territoires
durables, voici en
avant-première les cartes
et les différents scénarios sur
les thèmes des métropoles,
des flux et de l’industrie.
Une exposition Acteurs publics organisée en par t
L’urbain métropolisé françaisdans la mondialisation
Les espaces de la dynamiqueindustrielle
Programme sur Acteurspublics.com
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Acteurs publics #82 - mars 2012
territoires durables ADMINISTRATIONS
59
de la France de 2040
r tenariat avec la Datar et soutenue par le Club des territoires durables
Les portes d’entrée de la France et les systèmes territoriaux des fl ux
Fo
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
60
Des espaces métropolitains dans la mondialisation ?
Métropolisation et urbanisation ont partie liée : elles produisent une nouvelle géographie mondiale en même temps qu’elles transforment en profondeur le territoire français.D’un côté, se forment de grands pôles urbains, concentrant population, fonctions supérieures, centres de décision, création de richesses, connexion aux fl ux. Liés les uns aux autres, ils constituent un vaste réseau planétaire de métropoles en “archipel”. De l’autre, ces grands pôles s’étalent et étendent leur aire d’infl uence régionalement, intégrant dans les vastes espaces métropolitains ainsi formés territoires périurbains, ruraux, villes intermédiaires… En France, aux côtés et en lien avec la métropole parisienne, qui est la seule de rang mondial, s’inscrivent dans la même dynamique de grandes agglomérations comme Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg ou Lille. Ces espaces métropolitains constituent des atouts majeurs pour la France en termes de compétitivité et de rayonnement. De par leur taille et leurs fonctions, ils sont porteurs de problématiques émergentes ou d’ores et déjà majeures, en matière d’organisation urbaine multipolaire, de vulnérabilité systémique, de confl ictualité interne, de modes de fi nancement, de culture et d’identité, de créativité.
2012
Economique
Fonctions métropolitaines
Connaissance
Connexion
Culturelle
Politique
Pôle de compétitivité mondial ou à vocation mondiale
A l’échelle de l’agglomération
Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) - Juin 2011
Capitale nationale et/ou préfecture de région
Opéra (membre de la réunion des opéras de France)
Aéroport dont le trafic est supérieur à 1 million de passagers en 2008
Gare TGV dont le trafic est supérieur à 1 million de passagers en 2007 (aggloméré par commune)
UrbanitéReticularité
(métro, tramways, RER )Ligne à grande vitesse
existante ou cours de réalisation
en projet (tracé indicatif)
intra-métropolitain inter-métropolitain Nombre d’habitants par km2(exprimé par commune en 2006)
Nombre d’habitants(la surface des communes est proportionnelle à la population qu’elles portent en 2006)
10 20 30 50 100 200
Exemple :
470 000 hab. Lyon
2 200 000 hab. Paris
Ligne de transport en
en commun en site propre
Sources des données : Insee, Recensement de la population, 2006 · DGAC, 2008 ·
Union des aéroports français · MESR, 2012 · SNCF, 2007 · Times Higher education,
2008 · Fortune, 2011 · GaWC Research Bulletin 157 · Réunion des opéras de France,
2012 · Datar, 2011
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territoires durables ADMINISTRATIONS
61
2040 LES AVENIRS POSSIBLES DE L’URBAIN MÉTROPOLISÉ FRANÇAIS DANS LA MONDIALISATION : 4 SCÉNARIOS EN IMAGES
HYPERPOLISATIONEn 2040, s’est constitué en France un seul réseau “hyperpolisé”. Chaque nœud métropolitain hautement compétitif et créatif est inséré dans l’économie mondiale et spécialisé dans des secteurs d’excellence comme la recherche, l’enseignement supérieur, la culture. Ces hubs sont connectés entre eux grâce à des réseaux de transport et de communication performants. Une stratégie de recentration anime le territoire national et cantonne l’étalement urbain. Deux enjeux ressortent : celui lié aux écarts de développement avec les territoires non intégrés et celui de la gestion de la confl ictualité entre groupes sociaux au sein des espaces métropolitains.
POSTPOLISATIONEn 2040, la métropolisation et l’individualisation des modes de vie ont bouleversé le territoire national, entraînant une périurbanisation généralisée et l’avènement du néopavillonnaire “naturalisé”. Des politiques ciblées maintiennent quelques centralités, principalement pour le fonctionnement des grands services collectifs. Parallèlement, les groupes sociaux pratiquent l’entre-soi dans des territoires distincts. La volonté affi chée de soutenir le développement durable apparaît sans effi cacité réelle. La satisfaction générale des besoins alimentaires et énergétiques de base devient problématique.
RÉGIOPOLISATIONEn 2040, une forte autonomisation locale conduit à une recomposition du découpage territorial français. Se constituent quelques “régiopoles”, macrorégions à dimension européenne s’appuyant sur un réseau urbain métropolisé. Les gouvernements métropolitains constitués sont dotés de compétences étendues dans les domaines des transports, de la santé, du développement économique et durable, tandis que l’État et l’Europe veillent à l’équité interrégionale. Inventer une véritable “Europe des régions”, avec un mix de compétences relevant de strates territoriales différentes, devient un enjeu majeur.
DÉPOLISATIONEn 2040, une intense déprise des centralités et des zones denses a eu lieu, permise par l’avènement des réseaux numériques. Elle a abouti à une nouvelle organisation spatiale très peu hiérarchisée, qui se substitue au modèle urbain classique “centre-périphérie”. Le contexte de décroissance choisie a conditionné ce changement. La mise en place de nouvelles régulations locales s’accompagne d’un recentrage sur la cellule domestique et un repli communautaire. Ce scénario de rupture oblige à repenser les modalités du vivre-ensemble dans un espace ségrégé où les situations de coprésence sont de plus en plus virtuelles, ainsi que la gouvernance des réseaux.
Réseaux mondiaux | Coopétition | Ségrégation | État |Concentration | Nœuds métropolitains | Effi cacité urbaine
Décroissance | Périurbanisation généralisée | Individualisation
Séparation spatiale | Circuits courts | Auto-organisation
Autonomie fi scale | Réseau urbain|| Stratégies spatiales
régionales | Mobilités durables | Gouvernement métropolitain
Autosuffi sance domestique | Réseaux sociaux | Décroissance
assumée | Faible densité | Déprise des centralités
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
62
Vers l’avènement des réseaux ?
La mondialisation et son expression territoriale la plus courante, la métropolisation, dessinent des territoires marqués par la circulation et l’échange. Depuis les années 1960, le nombre de passagers aériens a par exemple doublé tous les dix ans. Quant au transport maritime par containers, il représente désormais près des deux tiers du commerce mondial en valeur et les trois quarts en volume. Les TIC (ordinateurs, tablettes ou smartphones) participent pleinement de cet accroissement de la mobilité qui modifi e les relations des sociétés à l’espace, devenant la base de leur organisation. Ces nouveaux territoires sont traversés par des fl ux de toute nature (navetteurs, touristes, marchandises, informations, capitaux) et s’organisent à partir de “portes d’entrée”. Qu’elles soient terrestres (gares ferroviaires), maritimes (ports), aériennes (aéroports), territoriales (métropoles), ces portes polarisent une part importante de tous les fl ux générés.Une société où la mobilité est généralisée réinterroge les rapports qu’entretiennent les individus avec les territoires. Les frontières ont tendance à s’effacer et le monde des réseaux (transports, numérique, etc.) à devenir de plus en plus prégnant. La capacité de régulation d’un tel système ainsi que sa grande vulnérabilité (interruption de trafi c, saturations, bugs, etc.) sont au centre de toutes les attentions.
Nielsen Tradedimension d’après Sétra, 2007 · DDE d’après Sétra, 2007 ·
MOT, 2008 · SNCF · Ministère en charge des Transports, 2008 · RFF, 2008 ·
Union des aéroports français, 2008.
2012
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territoires durables ADMINISTRATIONS
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LES AVENIRS POSSIBLES DES PORTES D’ENTRÉE ET
DES FLUX DE LA FRANCE : 4 SCÉNARIOS EN IMAGES
POLARISÉEn 2040, l’hypermobilité est facilitée par des infrastructures et un cadencement performants résultant d’un volontarisme politique fort et d’une coopération avec tous les opérateurs. Un système polycentrique s’organise autour d’un nombre restreint de métropoles et de portes d’entrée globales fortement interconnectées. Elles constituent autant de hubs. Ce système génère une facture énergétique lourde ainsi que des nuisances (pollutions) ouvrant droit à indemnisations. Favoriser l’accès de tous à la mobilité est un enjeu majeur de ce scénario.
ARCHIPELLISÉEn 2040, pour préserver les ressources environnementales, la mobilité des individus est limitée sur les grandes distances. Les fl ux sont essentiellement constitués de marchandises et sont décuplés. Dans ce système constitué de cités-États, de grands groupes privés contrôlent les circulations (taxes, péages). Celles-ci se concentrent au niveau mondial dans de grands nœuds de communication concurrentiels. Ce système permet une maîtrise environnementale exemplaire dès lors que des alternatives à la mobilité sont déployées (TIC, boucles locales d’approvisionnement).
DILUÉEn 2040, grâce à l’explosion des TIC et des possibilités d’ubiquité qu’elles offrent, la mobilité est réduite et les déplacements s’opèrent principalement sur de courtes distances. La périurbanisation s’est généralisée et la puissance publique a perdu sa légitimité. Un gouvernement par agences prend sa place, encouragé par le renforcement des identités locales. Deux enjeux ressortent : la préservation des paysages et le développement de l’accessibilité pour tous aux services et aux équipements collectifs.
FLUIDIFIÉEn 2040, pour surmonter les défi s de l’innovation et de la créativité, la société a dû radicalement changer. Elle est devenue nomade. Les mobilités intenses transforment les réseaux de transport en nouveaux lieux de vie. Le droit à la mobilité est renforcé et permet à tous les projets économiques et de développement de se réaliser sur l’ensemble des territoires. Ceux-ci voient leurs frontières devenir poreuses. Le principal enjeu consiste à imaginer un cadre d’action politique permettant de réguler ces espaces-réseaux.
Mobilité globale | Métropolisation et pôles
intermédiaires | Consommation énergétique forte
liée aux transports
Mobilité à grande distance limitée | Autonomisation des nœuds majeurs | Sécurisation
Déplacements réduits | Dématérialisation de
l’échange | Consommation énergétique forte
liée à l’habitat
Gouvernance de réseau | Innovation et créativité | Habiter le fl ux | Mobilité individuelle décuplée
Territoire de la mobilité
Porte d’entrée
Trafic portuaire(exprimé en millions de tonnes de marchandises en 2006)
Trafic aéroportuaire (exprimé en millions de passagers en 2008)
Entrepôt de la grande distribution
Trafic routier (exprimé en moyenne annuelle de la circulation journalière en 2007 sur les routes nationales et autoroutes)
Mobilité périurbaine(exprimée par les communes ayant plusde 50 % de ménages bi-motorisés en 1999)
Mobilité transfrontalière(exprimée en nombre de travailleurs transfrontaliers en 2008)
3 0007 000
20 000
(exprimé en surfaces cumulées d’entrepôtspar commune en 2007)
+ de 75 000m²
25 000 à 75 000m²
- de 25 000m²
Trafic ferroviaire (exprimé en nombre moyen de trains par jour en 2008)
50 à 200 25 à 50+ de 200+ de 20 0005 000 à 10 000
10 000 à20 000
+ de 50 20 à 50 - de 20
+ de 10 5 à 10 2 à 5
2040
Portes et hubs
Mobilité périurbaine
Réticularité
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Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS territoires durables
64
Vers une nouvelle géographie de l’industrie ?
Les territoires industriels d’aujourd’hui révèlent un secteur aux formes et situations géographiques variées.La dynamique industrielle (services marchands aux entreprises compris) représente 22 % de l’emploi total et de la valeur ajoutée du pays. Elle ne se réduit pas à l’image traditionnelle incarnée par de grandes unités de production. L’évolution de la dynamique industrielle et de la géographie de ses activités se traduit par une croissance de la dimension immatérielle, la recomposition des chaînes de valeur ou encore les multilocalisations. De cette tendance à la dispersion et à l’hybridation biens-services, résulte une relation inédite entre industrie et territoire, caractérisée par de nouvelles logiques de fl ux de personnes, de produits manufacturés, d’informations ou encore de capitaux.Face à des contraintes de plus en plus fortes (compétitivité des pays concurrents, risques sanitaires ou environnementaux…), des adaptations économiques sont rendues nécessaires (innovations de process ou de produits). Une nouvelle articulation entre réseaux (de valeurs et de partenaires) et territoires doit être pensée, dont la fi gure du cluster est emblématique.
Nielsen Tradedimension d’après Sétra, 2007 · DDE d’après Sétra, 2007 · MOT, 2008 · SNCF ·
Ministère en charge des Transports, 2008 · RFF, 2008· Union des aéroports français, 2008
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territoires durables ADMINISTRATIONS
65
LES AVENIRS POSSIBLES DES ESPACES INDUSTRIELS
FRANÇAIS : 4 SCÉNARIOS EN IMAGES
INDUSTRIE VERTEEn 2040, l’économie industrielle se construit autour d’offres de biens et de services à forte valeur ajoutée sociale et environnementale. L’amélioration des performances productives a laissé place à une meilleure utilisation des ressources disponibles. Cette dynamique “verte” basée sur la variété des situations locales, provoque le rapprochement stratégique de territoires présentant des similarités en termes de besoins. Elle entraîne un renouvellement des métiers et des formes d’innovation. La gestion des déséquilibres territoriaux, ainsi que la maîtrise des ressources disponibles localement, deviennent des enjeux majeurs.
CITADELLESEn 2040, les activités et emplois industriels ont un faible poids dans l’économie. Ils sont concentrés au sein de quelques grandes entreprises spécialisées et innovantes. Celles-ci forment des “citadelles” insérées dans des réseaux mondiaux d’entreprises globales. Ce modèle repose sur le développement de stratégies industrielles régionales, à la fois coopératives et concurrentes. Le principal enjeu concerne la capacité des citadelles à attirer et maintenir les activités, les investissements et le personnel qualifi é, afi n de rester dans la course de la compétitivité.
EFFERVESCENCEEn 2040, de fortes préoccupations sociétales dans les domaines de la santé, du cadre de vie ou de l’environnement encouragent l’apparition d’innovations dans ces secteurs. Celles-ci participent d’une dématérialisation de l’économie se basant désormais sur le contenu informationnel du bien et du service. Souplesse et “fl exisécurité” qualifi ent la nouvelle organisation du travail. Le modèle du contrat salarial exclusif de longue durée laisse place à celui du “salarié sans entreprise”. Mobilité et sécurisation des parcours professionnels deviennent des enjeux centraux pour que ce modèle soit viable et acceptable.
ALTERINDUSTRIALISATIONEn 2040, technologies vertes et solutions globales ont montré leurs limites pour répondre aux attentes sociétales, favorisant un retour au protectionnisme à l’échelle nationale. Sur des marchés réduits, des formes de consommation inédites se développent, orientées vers la satisfaction des besoins locaux. Cette économie de proximité est symbolisée par une relocalisation des activités industrielles et l’émergence de secteurs répondant aux attentes de “consommateurs responsables”. L’enjeu : trouver l’équilibre entre aspirations sociétales et réponse à des besoins de consommation que seule l’industrie est en capacité de satisfaire.
Différenciation locale | Croissance verte | Variété
technologique | Fragmentation spatiale
Concentration | Restructuration | Spécialisation | Grands groupes
globaux | Concurrence territoriale | Attractivité
Logique de projet | Multi-employabilité | Innovation | Forme d’organisation productive | Capital humain | Entrepreunariat
Décroissance | Communauté | Défi ance | Protection | Partage | Réduction des fl ux | Innovation sociétale
2040
Archipels industriels
Tendance
Poids
Archipel industriel
Nœud et flux logistiques
Mondial ou à vocation mondiale
Pôle de compétitivité UsineNombre de salariés travaillant dans une usine de plusde 1 000 personnes en 2010 (exprimé par commune)
Grand port maritime
Port autonome fluvial
Voie navigable
National
Part de l’emploi industriel dans l’emploi total en 2008(exprimée en %, par zone d’emploi - zonage 2010)
15 25 3920 -15
2 000
6 000
0 15-10
Evolution de l’emploi industriel entre 1998 et 2008 (exprimée en %, par région)
Territoire à base économique industrielle
TendancePoids
20 000
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les rencontres des
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Acteurs publics #82 - mars 2012 67
Pour toute information sur le Club des territoires durables et ses activités,
contactez Bastien Brunis au 01 46 29 29 24 ou par e-mail : [email protected]
Acteurs publics a créé le Club des territoires durables. Véritable laboratoire où s’analysent
les initiatives d’aujourd’hui et les stratégies
de demain, le Club est une base pour l’action.
La parole aux experts
Dans un monde “en état de crise per-
manente”, Gilles Berhault, président
du Comité 21, le comité français pour
l’environnement et le développement
durable, qui s’exprimait lors d’un déjeu-
ner du Club le 30 janvier, a invité la
société civile et les politiques à “prendre
des risques, mais de manière parta-
gée et informée”. Il a ainsi encouragé
l’ensemble des acteurs, publics comme
privés, à prendre les rênes d’une nou-
velle gouvernance pour un développe-
ment durable des territoires et dans une
“dynamique multiparties prenantes”.
Un développement durable qui devient
alors “l’axe de compréhension et d’ac-
tion permettant de structurer dans
chaque décision une vision qui pose la
question de l’impact environnemental,
social, économique et culturel”. Il n’est
plus viable aujourd’hui de fonder notre
économie sur une logique de la posses-
sion, a expliqué Gilles Berhault, qui nous
invite à passer à une économie de la
fonction et de l’usage, notamment grâce
au numérique, qui a déjà transformé le
monde. La rupture économique annonce
alors de nouvelles activités qui intègrent
une logique circulaire, des circuits
courts, une dimension sociale et soli-
daire, une rentabilité sur les services et
les usages plutôt que sur la possession.
Dans ce mouvement, ce n’est pas un
hasard s’il existe une effervescence de
projets et de création de lieux de mutua-
lisation permettant de travailler et
d’avoir tous types d’activités connectées :
coworking, écocentres, téléprésence,
e-administration, etc. Pour limiter les
temps de transport et les dépenses
énergétiques, le travail près de chez soi
apparaît en effet comme une alterna-
tive viable. “Lorsque le temps de trans-
port domicile-travail dépasse les trente
minutes, c’est acceptable, mais désa-
gréable… S’il dépasse une heure dans
chaque sens par jour, il est inacceptable
en termes d’empreinte environnemen-
tale, de santé, de temps global passé,
de coût financier, de performance indi-
viduelle dans l’activité professionnelle.”
Outils de création de valeur territo-
riale, ces nouveaux tiers lieux urbains
s’inscrivent dans une démarche globale
de qualité de vie durable et de solida-
rité. Pour Gilles Berhault, “un premier
objectif pourrait être de faire gagner un
million d’heures par jour aux Français,
en diminuant les temps de transports
pendulaires !”
D’une économie de la possession à une économie de l’usageGilles Berhault, président du Comité 21, invite les acteurs, publics comme privés, à prendre les rênes
d’une nouvelle gouvernance dans laquelle le développement durable devient l’axe d’action.
Vin
ce
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Ba
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is
Les membres du Club étaient réunis autour de Gilles Berhault, président du Comité 21, le 30 janvier.
le Club des territoires durables ADMINISTRATIONS
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69Acteurs publics #82 - mars 2012
le Club des territoires durables ADMINISTRATIONS
Il est rare d’entendre un homme
politique se décrire comme “un rat
des champs qui s’occupe des rats des
villes”. C’est pourtant ainsi que s’est
défini Maurice Leroy, un enraciné
du Loir-et-Cher, qui s’exprimait à
l’occasion d’un déjeuner du Club le
14 février. Refusant d’être “rangé dans
un rayon, même de force”, le ministre
de la Ville dit ne plus croire au clivage
droite-gauche et rappelle à l’envi que
c’est ce parcours atypique – du Parti
communiste français au Nouveau
Centre – qui l’a construit, “avec toutes
[ses] convictions et toutes [ses]
expériences”. Et c’est sans doute
ce qui a forgé la “méthode Momo”,
selon l’expression de l’architecte
Roland Castro qui a fait florès.
La “méthode Momo”Et que trouve-t-on dans cette
méthode? Maurice Leroy répond
lui-même : “C’est d’abord de n’avoir
pas d’a priori”. Lorsqu’il est nommé,
en novembre 2010, au ministère de la
Ville, il a alors jusqu’au 31 janvier 2011
pour trouver un accord sur le projet du
Grand Paris. À l’époque, la situation est
complètement sclérosée. État, régions
et départements campent sur leurs
positions, sans espoir d’accord à court
terme. Pourtant, le jeune ministre de la
Ville arrache la signature de cet accord
historique en 72 jours seulement.
Maurice Leroy explique que son
absence de mandat dans la région
et son parcours atypique lui ont permis
de se forger des amitiés qu’il n’a
jamais reniées et qui ont participé
à l’aboutissement du projet.
Sur sa méthode, il aime à détailler
qu’il a travaillé par calques superposés :
ceux de la région et ceux de l’État.
Ce qui lui a permis de découvrir “qu’il
n’y avait en réalité pas d’opposition
frontale dès lors que l’on met de
côté au préalable les présupposés
politiques”. “J’ai pratiqué de
nombreuses réunions informelles pour
créer un climat de confiance et mis
autour de la même table l’ensemble
des acteurs”, raconte-t-il. Tout en
déminant quand même le terrain à
chaque avancée. Attentif aux attentes
de tous les élus, il a, dit-il, “rééquilibré
le projet au profit de l’Est parisien”,
et ce n’est pas Claude Bartolone,
président (PS) du conseil général
de Seine-Saint-Denis, qui démentira.
Le Grand Paris sera financéÀ ceux qui objectent aujourd’hui que
le Grand Paris n’est plus qu’un projet
de transports par rail qui ne sera
pas financé, Maurice Leroy rétorque
qu’“il est assez logique que la partie
transports soit la plus médiatisée car
c’est la plus facilement montrable,
alors qu’il s’agit d’un projet beaucoup
plus global qui engage notamment
la construction de 70 000 logements
chaque année, le double de ce qui
existe aujourd’hui”.
Sur la question du financement,
le ministre de la Ville répond aux
détracteurs que “crise ou pas crise,
tout est aujourd’hui budgété” et que
“quoi qu’il arrive” – sous-entendu en
cas d’alternance politique – “le projet
ne changera pas”.
Les membres du Club étaient réunis autour du ministre de la Ville, Maurice Leroy, le 14 février.
Vin
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“La politique de la ville est un moyen de recréer de l’équité”Fort de ses convictions et expériences, Maurice Leroy, le ministre
de la Ville, est cet “affranchi” qui aura permis de réunir tous
les acteurs du Grand Paris autour d’un projet unique.
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71Acteurs publics #82 - mars 2012
le Club des territoires durables ADMINISTRATIONS
Les inégalités sociales et régionales
d’accès à la santé persistent en France,
la mortalité prématurée y reste plus
élevée et l’espérance de vie sans
incapacité plus faible que dans d’autres
pays de l’Union européenne. Par un
avis voté le 14 février dernier, le Conseil
économique, social et environnemental
(CESE) a donc lancé un appel pour que
la France donne un nouvel élan à sa
politique de prévention.
La prévention implique toutes les
politiques publiques : la santé naturel-
lement, mais aussi l’environnement,
le logement, l’urbanisme, l’éducation
nationale, le travail, les sports, chaque
citoyen tout au long de sa vie. Le
Premier ministre espagnol Zapatero
lui-même, s’adressant à ses ministres,
leur disait : “Vous êtes chacun dans
votre domaine un ministre de la
Santé”. Diffuser une véritable culture
de prévention et favoriser son appro-
priation par chacun est aujourd’hui
indispensable : dès le plus jeune âge,
à l’école, pendant la formation, tout au
long de la vie. Ainsi, le CESE souhaite
la construction d’un parcours de
prévention “citoyen”, fondé notamment
sur des échéances médicales déjà
programmées – consultations de
médecine scolaire ou de médecine du
travail par exemple – ou en favorisant
la diffusion de messages de prévention
toujours plus prégnants en proximité
intragénérationnelle.
On relève le rôle tenu par les enfants
et les jeunes en général comme
vigiles et propagateurs potentiels
d’une bonne culture de la prévention,
enseignée principalement à l’école
primaire. Les bilans-prévention
pratiqués à l’occasion des rendez-
vous systématiques méritent d’être
consignés dans le dossier médical
personnel ou à défaut dans le carnet
de santé individuel restant attaché à la
personne tout au long de sa vie (et non
pas abandonné comme trop souvent
en fin d’adolescence, voire avant).
La qualité des messages diffusés
conditionne leurs performances
en ne confondant pas l’accroche
émotionnelle et la mémorisation
opérationnelle (par exemple : forte
pertinence des “Antibiotiques, c’est
pas automatique” et moindre impact
de “Fumer tue”). L’efficience de la
politique de prévention repose sur
une évaluation de qualité, pour cibler
les actions les plus efficaces, et sur
une gouvernance mieux articulée qui
associe l’ensemble des ministères et
des agences sanitaires. La dimension
interministérielle de cette gouvernance
serait assurée par le Premier ministre
et le secrétariat général du gouver-
nement. La coordination des agences
sanitaires étant confiée au Comité
d’animation du système d’agences.
L’objectif d’une politique de prévention
est ambitieux : il s’agit de permettre
à nos concitoyens de vivre plus
longtemps en bonne santé. Cet objectif,
nous pouvons l’atteindre. Il nous faut
renforcer le volet “prévention” dans
la formation initiale et continue des
professionnels de santé. Voir les ensei-
gnements sur la prévention sanctionnés
par un contrôle de connaissances dans
le tronc commun des études médicales
permettrait de conforter cette matière.
Il est également nécessaire de
sensibiliser les auxiliaires de vie et tous
les acteurs aux confins du médical et
du social. Nous l’observons chaque jour
dans notre pratique professionnelle,
la prévention, c’est aussi une autre
approche de l’individu, avant, pendant
et après la maladie en prévenant
l’apparition, mais aussi la récidive
d’une maladie. Aussi, il nous apparaît
indispensable que la future loi de santé
publique prévoie des objectifs
de prévention hiérarchisés, évaluables
et assortis de financements suffisants.
Jean-Claude Étienne, professeur de
médecine, membre de la section des affaires
sociales et de la santé et de la délégation
à la prospective et à l’évaluation des politiques
publiques du CESE
Christian Corne, médecin retraité,
membre de la section des affaires
sociales et de la santé du CESE
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Les enjeux de la prévention en matière de santéSi nos indicateurs de santé restent globalement bons, la situation
sanitaire française n’est pas pleinement satisfaisante.
L’amélioration de la prévention, dans un système encore très axé
sur le curatif, est un enjeu majeur pour notre politique sanitaire.
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le Club des acteurs ADMINISTRATIONS
73Acteurs publics #82 - mars 2012
Retrouvez chaque mardi les tribunes des membres
du Club des Acteurs de la modernisation de l’État
dans la Newsletter d’Acteurs publics
ou sur www.acteurspublics.com
La parole aux experts
Hormis pour les collectivités
confrontées à un déséquilibre
budgétaire structurel, la ques-
tion d’une révision générale des poli-
tiques locales ne se pose pas dans
les mêmes termes que la RGPP. Les
approches sont davantage centrées sur
la recherche de nouvelles marges de
manœuvre financières. Il s’agit d’opti-
miser l’utilisation des deniers publics
en les concentrant sur les compé-
tences obligatoires et les objectifs
prioritaires de l’exécutif local.
Cette recherche d’une meil-
leure performance des poli-
tiques publiques se traduit
par la mise en place d’outils
plus efficaces de maîtrise
des coûts, de pilotage
stratégique des poli-
tiques. La mobilisation
de nouvelles sources
de financement est
également à l’ordre
du jour avec la révision de la tarifica-
tion des services, l’appel au mécénat,
l’optimisation des recettes fiscales, etc.
Mais les actions conduites sont loin de
ne concerner que les directions finan-
cières et du contrôle de gestion. L’appel
aux autres directions fonctionnelles et
opérationnelles est engagé. Les pres-
sions sont très vives : des associations,
pour le maintien de leurs subventions ;
des entreprises du bâtiment, pour rem-
plir leur carnet de commandes ; des
habitants, pour le maintien de tous
les services ; de l’Europe, pour le res-
pect de très nombreuses normes, mais
aussi des ministères qui, pour mettre
en œuvre les politiques nationales,
multiplient les textes tous générateurs
de dépenses nouvelles.
Françoise Larpin,associée, directrice nationale, KPMG Secteur public
Les achats responsables
apparaissent comme une
tendance irréversible, même
si la contrainte budgétaire
reste un frein. 91 % des acteurs
publics et 82 % des entreprises
privées ont mis en place
une telle politique. Celle-ci
se hisse en outre au 2e rang
(60 %) des priorités en matière
d’achat, derrière la réduction
des coûts (75 %) et devant
l’amélioration de la qualité
(52 %). La professionnalisation
des acheteurs responsables
progresse aussi avec des
difficultés méthodologiques
(coût global).
Les conclusions du groupe
de travail s’inscrivent dans
ce contexte de progrès, en
soulignant la nécessité de mettre
en œuvre un suivi d’indicateurs
pour piloter la mise en œuvre
de la politique des achats
responsables, sans en attendre
le complet déploiement. Ce
reporting doit s’intéresser aux
achats dans leur globalité et
éviter de se focaliser sur les
Les achats responsables à maturité ?L’Observatoire des achats responsables (ObsAR), dont Mazars est cofondateur, vient de publier les résultats de son troisième baromètre réalisé par OpinionWay.
seules actions des fournisseurs,
en couvrant l’organisation des
achats, les caractéristiques des
produits et prestations, le métier
de l’acheteur. Les indicateurs,
à destination interne et externe,
doivent être mesurables,
quantifiables, comparables d’une
année sur l’autre et à vocation
universelle.
Le groupe de travail a conduit
ses réflexions en lien avec la
norme ISO 26 000 et le volet
gouvernance du Grenelle.
Il a sélectionné 15 indicateurs
de mesure représentatifs de
ce qui caractérise un achat
responsable et des objectifs
de suivi (déploiement du
plan d’action et mesure des
résultats).
Guy Isimat-Mirin,premier vice-président de l’ObsAR associé, responsable secteur public, Mazars
Emmanuelle Rigaudias,associée, RSE et Développement durable, Mazars
emmanuelle.rigaudias @mazars.fr
Une RGPP pour les collectivités locales ?
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ADMINISTRATIONS le Club des acteurs
74 Acteurs publics #82 - mars 2012
Des besoins qui ne cessent
d’augmenter, des ressources
fossiles qui se raréfient, des
énergies renouvelables dont
l’exploitation se développe
(hydraulique, éolien, solaire,
géothermie…), le nucléaire
sous surveillance : le contexte
énergétique est pour le moins
complexe. Du côté de la
production, il n’existe plus
de véritables économies
d’échelle à opérer. Ce qui
compte, désormais, c’est
de pouvoir piloter en parallèle
plusieurs sources de nature
différente et de minimiser toute
déperdition en ajustant en
temps réel la production
à la consommation.
C’est là l’objet des SmartGrid,
les technologies bien nommées
du “réseau intelligent”. La
révolution des SmartGrid
– de l’ampleur de celle des
télécoms – devrait bénéficier de
l’existence préalable des deux
réseaux structurés,
pour les données d’un
côté, pour la distribution
énergétique de l’autre.
Des écoquartiers pilotes
voient le jour un peu partout
dans le monde pour développer
une gestion collective et
intelligente de l’énergie par
les différents acteurs. C’est un
enjeu majeur quand on sait
que près de 70 % de la
population mondiale seront
concentrés dans les villes d’ici
2050. Le logiciel est la pierre
angulaire de cette révolution.
MillisecondeCes nouveaux modes
de production et de
consommation imposent
en effet d’être capable de
modéliser et d’orchestrer
en temps réel plusieurs millions
de points de consommation
avec des temps de réponse
Les “SmartGrid” au cœur de la chaîne énergétique
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Pourquoi favorisez-vous le télétravail ?
Pour maintenir nos activités sur l’ensemble
du territoire, éviter les déplacements inutiles
et apporter des réponses à l’évolution de
notre démographie – plus de 100 000 sala-
riés en France –, nous avons créé des télé-
centres et introduit le télétravail dans notre
organisation. Il fallait se doter d’outils de
communication performants comme la télé-
conférence, la visioconférence ou la télé-
présence. Mais il fallait surtout récréer des
conditions optimales pour éviter au salarié
de se sentir exclu du corpus socioprofession-
nel de l’entreprise et permettre au manager
de remplir ses missions.
Quel dispositif avez-vous mis en place ?
Nous avons conçu un dispositif en deux
volets étroitement liés : le volet technique,
avec l’ergonomie du poste de travail, la télé-
phonie, l’équipement, la sécurité informa-
tique, etc., et le volet conseil, qui intègre les
aspects humains et managériaux.
Sur ce dernier, de nombreuses questions se
posent encore, par exemple, comment et à
quel rythme manager à distance ? Comment
préserver les relations informelles avec les
collègues ? Quelle solution va être perçue
comme soutien, laquelle comme entrave ?
Nous y travaillons actuellement avec des
experts : sociologues, ergonomes, psycholo-
gues de travail. Pour une entreprise sociale-
ment responsable, il est fondamental d’inté-
grer ces pistes de réflexion et d’action.
RENCONTRE AVEC ALAIN LIBERGE,directeur environnement et responsabilité sociale, Orange France
“Inventer la façon de travailler de demain”
de l’ordre de la milliseconde.
Le cloud computing et les
technologies de gestion
de données sont de plus en
plus matures. De plus en
plus d’applications utilisent
des applications publiques et
privées dans le nuage et les
services permettent ainsi à des
développeurs de construire à
partir de données sécurisées,
autorisées, de sources publiques
ou privées, des modèles de plus
en plus pertinents. L’ensemble
de ces nouvelles opportunités
de développement permettra
l’émergence de nouvelles
solutions au service de villes
plus intelligentes.
Laurence Lafont Galligo,
directrice “secteur public”, Microsoft France
DR
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75
le Club des acteurs ADMINISTRATIONS
L’équipe lauréate : Data TeamRémy Lombard, en master 1
à l’ESCP Europe et master 2
d’aménagement du territoire
et d’urbanisme à l’université
Sorbonne Paris-IV, et
Ludovic Péran, en master 1 à
l’ESCP Europe, sont les deux
vainqueurs du Challenge Admi-
nistration 2020 de cette année.
L’open data est un
mouvement mondial de
diffusion des données
publiques qui s’intensifie
et gagne en importance
depuis trois ans. En France,
l’ouverture des données
publiques a d’abord été portée
par des collectivités pionnières
(Brest, Rennes, Paris) et des
démarches citoyennes. Le
5 décembre 2011, a été lancée
la plate-forme d’État
Data.gouv.fr. Créée par Etalab
et visant une diffusion des
données la plus rapide possible,
cette plate-forme centralise
352 000 jeux de données de
l’État et des collectivités locales.
L’équipe Data Team s’est
résolument inscrite dans cette
chaîne de valeurs qui va de la
conception des données par un
agent public à leur réutilisation
par un tiers. Mouvement
qui, pour les deux étudiants,
“comporte toutefois une
faiblesse en amont : la récolte
de données se fait de manière
trop artisanale”. Se crée donc
un goulet d’étranglement qui
empêcherait le projet d’Etalab
de prendre de l’ampleur
rapidement. “C’est pourquoi
nous voulons sensibiliser et
former les acteurs publics à la
question de l’open data afin
d’abolir les réticences culturelles
à la libération de données
pour permettre une meilleure
libération des données en
amont”, ont-ils expliqué.
Institut des données ouvertesPour répondre à ce besoin de
formation, les deux étudiants
Challenge Administration 2020 : l’“open data” à l’honneur de la 3e éditionLancé sous le haut patronage de Valérie Pécresse, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de
l’État, par la direction générale de la modernisation de l’État, le Challenge Administration 2020 est le premier
concours étudiant organisé par l’administration. Cette année, l’équipe lauréate s’inscrit avec force conviction
dans le mouvement de libération des données publiques. Photos : Florence Lebert
Acteurs publics #82 - mars 2012
LA DGMEAu sein du ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État, la direction générale de la modernisation de l’État (DGME) pilote le suivi de la Révision générale des politiques publiques et accompagne les ministères dans la mise en œuvre de leurs actions de transformation. La DGME conduit également des projets structurants dans les domaines de l’administration électronique, de l’amélioration de l’accueil et de la qualité des services publics.
Les vainqueurs de la 3e édition du Challenge Administration 2020 posent avec les membres du jury.
…
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76 Acteurs publics #82 - mars 2012
ADMINISTRATIONS le Club des acteurs
souhaitent créer le programme
IDO (pour Institut des données
ouvertes), qui a pour but de
sensibiliser et de former les
agents publics à la production,
à la collecte et à la diffusion des
données publiques. Le projet
vise donc à replacer le citoyen
au centre de la démarche de
l’administration. “Toutes les
données publiques doivent être
conçues et produites en sachant
qu’elles seront en définitive dans
les mains des administrés. Ce
nouvel état d’esprit nécessite
sensibilisation, formation et
adaptation”, expliquent Rémy
Lombard et Ludovic Péran.
Piloté par la DGME et
Etalab, associant la DGAFP
pour l’État et le CNFPT pour
les collectivités locales, ce
projet n’ajoute pas de “couche
administrative”. Il s’intègre
dans les entités qui le pilotent et
doit se dérouler en coopération
avec les organismes de
formation. Ce programme
se divise en deux axes :
l’information et la formation.
La sensibilisation (ou
information) s’appuiera
sur une diffusion de vidéos
innovantes et d’écrits
pédagogiques sur l’ouverture
des données, auprès d’acteurs
à effet levier (correspondants
open data et Cada, décideurs
publics de tous niveaux, cadres
administratifs et producteurs
de données).
Enseignements spécifiques
La formation sera quant à elle
composée d’enseignements
communs à tous les agents
formés (sur l’histoire, les enjeux
de l’open data, les nouveaux
modèles de valorisation des
données) et d’autres plus
spécifiques en fonction des
publics formés (décideurs
publics, DSI, chefs de service).
Grâce au Réseau des écoles du
service public (Resp), l’équipe
Data Team entend s’appuyer
sur le savoir-faire de ses
membres et insuffler la création
d’un module, d’un séminaire
et/ou d’une introduction,
au sein des écoles de formation
initiale de l’administration pour
que les futurs administrateurs
soient capables d’appréhender
les nouveaux enjeux de
l’administration numérique
et collaborative.
Qu’est-ce que le Challenge Administration 2020 ?
Une rencontre. Une rencontre entre deux mondes qui ne se sont pas encore croisés : les étudiants et l’administration dans son “moteur”. Comme toutes les rencontres, elle est porteuse de promesses : pour les étudiants, de valider une vocation professionnelle pour le service de notre nation, pour l’administration, de capturer des tendances, des idées nouvelles. C’est une expérience riche qui a toujours dépassé nos espérances. Cette troisième édition est marquée par l’utilisation massive des médias sociaux par les étudiants dans l’élaboration de leurs propositions.
Comment avez-vous sélectionné le projet
gagnant ?
Le jury a été globalement impressionné par la préoccupation de toutes les équipes à passer
à la réalisation tangible de leur projet et par leur appétit pour apporter des solutions concrètes. Cela a bien évidemment rendu notre tâche difficile. Du coup, c’est probablement le critère de la maturité – technique, économique, managériale – des solutions proposées par les étudiants qui a finalement fait la différence. C’est le projet de l’équipe Data Team, qui propose de créer un Institut des données ouvertes pour familiariser les agents de la fonction publique avec l’open data, qui l’a emporté.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Je me suis engagé à ce que le jour de la remise des prix ne soit pas un jour sans lendemain. S’ils n’ont pas vocation à être immédiatement mis en application tel que présentés, je demande à mes équipes d’examiner les suites concrètes qui peuvent leur être données.
QUESTIONS ÀFrançois-Daniel Migeon, directeur général de la modernisation de l’État3
Les équipes et le public attendent, non sans impatience, la délibération du jury
Ambience festive une fois la remise des prix effectuée par le jury
DR
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77Acteurs publics #82 - mars 2012
le Club des acteurs ADMINISTRATIONS
Un palmarès très numériqueLe 8 février dernier, le jury du Challenge Administration 2020 a départagé les 6 équipes sélectionnées pour la
finale en attribuant 4 prix et en décernant un prix spécial, par l’intermédiaire du Centre national des œuvres
universitaires et scolaires (Cnous), pour le projet le plus utile et le plus intéressant pour la vie étudiante.
UN JURY D’EXPERTSPrésidé par François-Daniel Migeon, directeur général de la modernisation de l’État, le jury était composé de :
■ JEANFRANÇOIS VERDIER, directeur général de l’administration et de la fonction publique
■ FRANÇOIS BONACCORSI, directeur du Cnous
■ LAURENCE LAFONT GALLIGO,directrice “secteur public” de Microsoft France
■ PIERREMARIE VIDAL,directeur de la rédaction du magazine Acteurs publics
Équipe Data Team – ESCP Europe : création d’une open data
school des agents de la fonction publique pour inclure le citoyen
au cœur de data.gouv.fr (voir supra).
Équipe Kandie & Cie – Sciences-Po Paris : simplification
des procédures d’inscription pour les concours administratifs
par la mise en place d’un portail unique.
Équipe En deux temps trois clics – IEP de Bordeaux : site Web
“bison futé” de l’administration qui indique les temps d’attente
dans chaque service administratif à une heure demandée.
Équipe Traisnel/Verstraete – IEP de Lille : amélioration de la
page “Étudier en Europe et dans le monde” d’Enseignementsup-
recherche.gouv.fr avec une plate-forme interactive pour répondre
aux questions des étudiants.
3e PRIX ET PRIX SPÉCIAL “VIE ÉTUDIANTE”
1er PRIX 2e PRIX
4e PRIX
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ADMINISTRATIONS le Club des acteurs
78 Acteurs publics #82 - mars 2012
Le 7 février, se tenait, le
traditionnel Conseil de
Paris. Séance politique où
élus de la majorité et de l’oppo-
sition débattent, rejettent ou
approuvent les grands projets
qui changeront la physio-
nomie de la capitale et la vie
quotidienne des 2 millions de
Parisiens. Cette préoccupation,
la secrétaire générale de la ville
de Paris, Véronique Bédague-
Hamilius, la partage avec les
élus, très impliqués dans la vie
administrative, comme elle a
eu l’occasion de l’expliquer
devant les membres du Club
réunis ce même jour dans un
salon de l’hôtel de ville. C’est là
l’un des tous premiers objectifs
de sa mission à la tête d’une
administration qui emploie
plus de 50 000 agents.
“Le service public doit être
efficace pour durer”, a insisté
la secrétaire générale, avant de
dresser un inventaire rapide et
synthétique de ses principaux
chantiers. Dématérialisation
des services, ouverture des
données publiques sur l’état
civil, services rendus aux
familles sur l’éducation, éla-
boration de guides pratiques,
tels sont quelques-unes des
actions réalisées sous la deu-
xième mandature de Bertrand
Delanoë et qui figuraient peu
ou prou dans la lettre de mis-
sion que le maire avait adressée
en juin 2011.
Mutualisation des achats
La mise en œuvre de ces
chantiers, au service des usa-
gers, n’est bien sûr pas exclusive
d’autres réformes ou adapta-
tions menées par le secrétariat
général. Alors que la ville de
Paris a perdu son “triple A” le
30 janvier et que ses dépenses,
principalement dans la sphère
sociale, ont augmenté de près
de 4 %, la recherche d’effi-
cience est aussi un axe fort du
changement. Les fusions de
directions et les opérations de
mutualisation dans les achats en
témoignent. Pour autant, cette
recherche d’efficience, si elle
contribue à assainir les finances
de la ville, ne doit pas se faire
au détriment des conditions de
travail des agents.
Améliorer l’efficacité et l’effi-
cience des services, satisfaire
les attentes de plus en plus
nombreuses des Parisiens, mais
aussi servir au mieux l’intérêt
des agents, tels sont les trois
piliers, très étroitement liés,
sur lesquels doit reposer, selon
Véronique Bédague-Hamilius,
la conduite du changement.
“Ce qui marche est ce qui est
équilibré, a-t-elle affirmé. Si
une réforme est menée pour
des raisons principalement
financières, on perd de vue les
usagers et au final, ce sont les
agents qui n’en veulent pas.”
Les trois piliers du changement
La conduite du chan-gement est affaire
d’équilibre. C’est avec cette conviction que la secrétaire générale de
la ville de Paris engage les réorganisations
des services de la mairie.
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À moins de trente jours du premier tour de la
présidentielle, réunion exceptionnelle du Club
autour de la rédaction d’Acteurs publics. Quel
rôle les hauts fonctionnaires jouent-ils dans la
campagne ? Qui sont les ministrables à gauche
comme à droite ? Une réunion complétée par
une intervention de Julie Gervais, maître de
conférences en science politique à l’univer-
sité Paris-I Panthéon-Sorbonne, auteure d’un
travail de recherche sur les espaces de colla-
boration entre les hauts fonctionnaires et les
prestataires privés de l’administration.
Véronique Bédague-Hamilius, secrétaire générale de la ville de
Paris, accueillait les membres du Club le 7 février dernier.
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Acteurs publics #82 - mars 201282 Acteurs publics #82 - mars 201282
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Acteurs publics #82 - mars 2012 8383
lieu de pouvoir MAGAZINE
Silvio Berlusconi était un habitué des lieux. Et
depuis son arrivée à la présidence du Conseil ita-
lien, son successeur, Mario Monti, est déjà venu
deux fois. L’hôtel de La Rochefoucauld, siège de
l’ambassade d’Italie, est un palais somptueux, l’un de ces
éblouissants hôtels particuliers où se pressait la fastueuse
société d’autrefois. Et le vaste jardin, voisin de celui
de l’hôtel de Matignon, est l’un des plus exceptionnels
jardins à l’anglaise de la capitale.
Depuis sa construction en 1733 sur le terrain
des religieux de l’hôpital des Convalescents, l’hô-
tel de La Rochefoucauld, du nom de la famille de
La Rochefoucauld-Doudeauville qui l’a occupé pendant
près d’un siècle, n’a cessé de s’agrandir et de s’embel-
lir au gré des envies de ses habitants successifs, parmi
lesquels un archevêque, un duc et une poignée de
Installée à l’hôtel de
La Rochefoucauld – un palais
parisien construit en 1733 –,
l’ambassade d’Italie accueille
des personnalités politiques
et médiatiques de premier
plan. Et œuvre aux bonnes
relations entre Paris et Rome.
…
L’hôtel de La Rochefoucauld-
Doudeauville accueille
depuis 1937 l’ambassade d’Italie.
Ce palais parisien de la rue
de Varenne, voisin de l’hôtel
de Matignon, a été construit
au XVIIIe siècle.
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Acteurs publics #82 - mars 201284 Acteurs publics #82 - mars 201284
L’imposant escalier
d’honneur de la résidence
de l’ambassadeur d’Italie
s’inspire de l’escalier
de la reine à Versailles.
Il est fait de marbres
de sept couleurs différentes.
MAGAZINE lieu de pouvoir
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Acteurs publics #82 - mars 2012
lieu de pouvoir MAGAZINE
comtes. Racheté par la Caisse des dépôts
et consignations, le bâtiment, situé rue
de Varenne, dans le très chic quartier
parisien des ministères et des ambas-
sades, est donné en 1937 en emphytéose
au gouvernement italien. Paris avait
alors laissé à Rome le choix entre l’hôtel
de La Rochefoucauld et celui de Matignon. À
titre de réciprocité, l’Italie mettait à la disposi-
tion de la France le palais Farnèse, siège de l’ambas-
sade de France à Rome.
Carole Bouquet, Umberto Eco…
Comme tous les palais parisiens, l’hôtel de
La Rochefoucauld doit être constamment entretenu.
“Cela coûte cher”, confie l’ambassadeur, Giovanni
Caracciolo qui, à son arrivée en 2009, a “ouvert” les
lieux. Aux touristes, ces deux dernières années pour
les journées du patrimoine (4 000 visiteurs en 2011).
Et aux partenaires privés dans le cadre de manifesta-
tions de promotion du made in Italy proposées dans
les magnifiques salons de la résidence de l’ambassadeur.
La trentaine d’événements organisés en 2011 ont permis
d’alimenter le fonds destiné à l’entretien et
à la restauration de l’hôtel.
Voilà quelques mois, le constructeur de
voitures Ferrari et son président, Luca di
Montezemolo, ont, dans un show éblouis-
sant, présenté ici l’un des nouveaux modèles
de la firme au cheval cabré. François Fillon avait
été invité au double titre de voisin et de passionné
de bolides, mais avait poliment décliné. Quelques jours
plus tôt, un cliché de Dominique Strauss-Kahn sortant
d’une Porsche avait défrayé la chronique…
Carole Bouquet, Claudia Schiffer, Umberto Eco, le
président de la chambre des députés italiens, quelques
ministres : autant de personnalités diverses récem-
ment accueillies à l’ambassade d’Italie. Peut-être ont-
elles gravi le très solennel escalier d’honneur, amé-
nagé au XIXe siècle. Le visiteur grimpe cet escalier aux
marbres de sept couleurs inspiré de celui de la reine à
Versailles. Les murs sont ornés de tapisseries réalisées
au XVIIIe siècle par la manufacture des Gobelins. Elles
représentent trois scènes bibliques de la vie d’Esther :
La Condamnation d’Aman, Le Dédain de Mardochée
et L’Évanouissement d’Esther.
L’ambassade est un musée. L’un de ses joyaux est
un magnifique globe terrestre du XVIIe siècle italien …
…
Sculptures,
tableaux, pièces
d’art : l’hôtel de
La Rochefoucauld
est un petit musée,
régulièrement
fréquenté par
des personnalités
politiques et
médiatiques
de premier plan.
8585
L’un des salons de l’hôtel de La Rochefoucauld,
du nom de cette famille qui a habité le palais pendant
un siècle. Les lieux sont régulièrement occupés pour
des événements de promotion du made in Italy. La trentaine de manifestations organisées en 2011
a permis d’alimenter le fonds destiné à l’entretien
et à la restauration du site.
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MAGAZINE
au piètement de bois doré. Au rez-de-chaussée, l’invité
s’émerveille aussi devant les figures de femmes du salon
chinois, salue respectueusement Junon, Amphitrite,
Cybèle et Vénus, les quatre déesses qui colorent de
leurs médaillons les plafonds du grand salon, et ne peut
s’empêcher d’admirer les scènes de vie champêtre de la
bibliothèque. Il reste ébahi dans le teatrino siciliano du
XVIIIe siècle venu d’un palais sicilien.
À l’étage, l’antichambre aux lambris Louis XV beige
et or mène à la salle de bal. Le visiteur prend un instant
la pause sur les banquettes Louis XIV en bois doré,
imaginant les réceptions rythmées par le piano à queue,
avant de poursuivre vers les salons colorés : le salon
Rose, le salon Jaune et le salon Bleu, qui se prolongent
vers le boudoir, la petite et la grande salle à manger. On
s’arrête devant une cheminée provençale Louis XV, une
marine de Turner ou un canapé décoré d’un singe jouant
de la flûte au côté d’un renard déchiffrant une partition.
Le regard du gardien qui surveille la visite de ces
hauts lieux d’architecture et d’histoire, employé de
1 Les panneaux et portes doubles laquées d’origine
vénitienne de la grande salle à manger rappellent Venise.
Les toiles et panneaux qui décorent les lieux sont placés sous
le signe de Vénus.
2 Le bureau de l’ambassadeur d’Italie, Giovanni Caracciolo,
est installé dans une aile moderne de l’hôtel. En place depuis
plus de deux ans, le diplomate italien est à la tête d’une centaine
d’agents.
L’un des tableaux
de l’ambassade.
L’hôtel n’a cessé
de s’agrandir et de
s’embellir depuis sa
construction au XIIIe
siècle. Les habitants
respectifs ont tous
laissé leur marque.
l’ambassade depuis vingt-cinq ans, s’éclaire quand on
l’interroge sur l’identité des personnages illustres qui
ont parcouru ces lieux. Il sourit mais reste muet alors
que des photos exposées racontent les entrevues à travers
le monde de l’ambassadeur Giovanni Caracciolo avec
quelques-uns des grands de ce monde. Ici, il serre la main
de Nicolas Sarkozy. Ailleurs, il salue le pape Jean-Paul II
et marche aux côtés de chefs d’État.
Un film sur Nicolas SarkozyDétail amusant : l’hôtel de La Rochefoucauld était
le théâtre principal du film La Conquête, de Xavier
Durringer, qui y fut tourné pendant trois semaines en
2010. L’histoire de l’ascension irrésistible de l’ancien
maire de Neuilly-sur-Seine, joué par Denis Podalydès,
jusqu’à la magistrature suprême. Les bureaux de l’Élysée
et ceux de Matignon avaient été reconstitués dans
quelques-uns des salons de l’hôtel.
“Il y avait une difficulté inhérente à ces lieux classés
86
L’ambassade est un palais magnifique, un décor de cinéma qui a accueilli
pendant trois semaines de 2010 l’équipe du tournage La Conquête. Les bureaux de l’Elysée et de Matignon y avaient été reconstitués.
2
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lieu de pouvoir MAGAZINE
monument historique, explique Gilles Porte, le directeur
de la photographie de La Conquête, à la sortie du film.
Les machinistes et les électriciens n’avaient pas le droit de
poser des barres pour suspendre de la lumière ou autres
installations.” Alors, pour donner du contraste aux
visages des acteurs, les équipes de tournage avaient posé
un échafaudage contre la façade et installé des projec-
teurs rentrant par les fenêtres. Une prouesse technique
et anachronique dans ce palais qui semble figé dans le
temps. Et qui a accueilli d’autres films, contribuant à la
notoriété de l’hôtel de La Rochefoucauld.
Rôle protocolaireEst-ce cela, la vie d’une ambassade ? Des réceptions
de prestige et des tournages de films dans un décor
presque royal ? “Les relations européennes et interna-
tionales se jouent entre chefs d’État et de gouvernement
via leurs collaborateurs directs”, observe Giovanni
Caracciolo. À l’écouter, le rôle de l’ambassadeur d’Italie,
à la tête d’une équipe d’une centaine de personnes (en
incluant le personnel de l’institut culturel italien qui
fait face à l’ambassade) est surtout de porter, à travers
des événements culturels et de promotion économique,
l’image de son pays et de contribuer aux bonnes rela-
tions franco-italiennes.
Ancien consul général à Paris, Giovanni Caracciolo
s’exprime dans un français sans accent. Situé dans une
aile de l’ambassade édifiée bien après la construction
de l’hôtel, le bureau de cet érudit diplomate, familier
de la classe politique et de l’histoire française, n’a pas le
luxe des salons de sa résidence. Un bureau fonctionnel,
dont la cheminée est surplombée de quelques-uns des
cadeaux reçus dans le cadre de ses fonctions : statuettes,
médailles… On s’étonne de la présence d’une fusée
Ariane. “L’Italie participe, comme la France, au pro-
gramme de l’Agence spatiale européenne”, rappelle-t-il. À
l’hôtel de La Rochefoucauld, la fusée du futur côtoie les
dorures, lustres de cristal et boiseries d’époque. Ainsi va
ce petit bout de Rome à Paris, concentré de l’Italie d’hier
et de demain. ■ Sylvain HenryPhotos : Vincent Baillais
La salle du teatrino siciliano du
XVIIIe siècle,
qui provient
du palais Butera
de Palerme,
en Sicile. Le décor
a été installé en 1937
par un spécialiste
de l’art vénitien,
l’architecte décorateur
Adolphe Loewi.
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Gaston Defferre, maire de Marseille, avait un
compte à régler avec le pouvoir central. Il trouva,
dans les années 1970, un allié de poids en François
Mitterrand, qui occupait alors, entre autres fonc-
tions, celle de président du conseil général de la
Nièvre. Bien avant l’arrivée au pouvoir de ce dernier
en 1981, la conversion des socialistes – traditionnellement enclins
au jacobinisme – aux vertus de la décentralisation avait donc été
amorcée de l’intérieur. Dès les années 1970, le projet de donner plus
d’autonomie aux assemblées locales, et notamment aux régions, se
dessine dans les rangs de l’opposition. En 1980, les députés socia-
listes, emmenés par François Mitterrand, Gaston Defferre et le
maire de Lille Pierre Mauroy, déposent déjà une proposition de loi
sur la décentralisation, un texte destiné à servir de base de travail
un an plus tard…
Portefeuille ad hocLa question de la réforme des institutions locales s’était faite de
plus en plus pressante depuis le début des années 1950, époque
où l’on a commencé à prendre conscience des méfaits de la cen-
tralisation, notamment après la publication de l’ouvrage du géo-
graphe Jean-François Gravier, Paris et le désert français. Certes, les
communes et les départements existent depuis la Révolution – les
premières étant considérées comme les “cellules administratives
de base” – et ont accédé au statut de collectivités territoriales au
début de la IIIe République (respectivement en 1884 et 1871), leurs
membres étant élus et non nommés. Mais dans un pays où l’on voue
un culte à la “République unitaire”, la centralisation politique et
administrative a la vie dure. Les préfets, représentants de l’État dans
MAGAZINE mémoire
État centralisé par tradition, la France vit un bouleversement avec la loi du 2 mars 1982. Les élus locaux détiennent désormais un pouvoir exécutif et la région accède, au même titre que la commune et le département, au rang de collectivité territoriale.
Le grand soir des élus locaux
Principal artisan de la décen-tralisation, Gaston Defferre donna son nom à une série de lois promulguées à partir du printemps 1982.
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mémoire MAGAZINE
les territoires, conservent le pouvoir exé-
cutif. Quant aux régions, elles ont depuis
1972 le statut d’établissements publics,
mais restent soumises à la tutelle de l’État
et sans véritable légitimité démocratique.
Nommé ministre de l’Intérieur après
l’élection de mai 1981, Gaston Defferre
fut le premier et le seul à détenir simul-
tanément le titre de ministre de la
Décentralisation. C’est dire l’importance
du projet. De “mauvaises langues” ont
même souligné plus tard qu’il avait “ten-
dance à négliger un peu les autres aspects
des compétences du ministre de l’Inté-
rieur” et que pour cette raison, il lui fut
adjoint d’emblée un secrétaire d’État en
charge de la Sécurité publique. En tout
cas, sitôt ses fonctions prises, Gaston Defferre ne fait pas mystère
de ses intentions concernant le projet de loi qui se prépare. Il
s’agit, déclare-t-il, d’“apporter à notre pays une vie (…) à la fois plus
moderne et beaucoup plus faite de responsabilité et de concertation”.
Il adresse également un message aux préfets, pétri du vécu de l’élu
local d’opposition : “Je leur demanderai d’être impartiaux et de servir
l’intérêt général.”
“Conception fédérative”L’équipe des “décentralisateurs” se met rapide-
ment en place autour du Premier ministre Pierre
Mauroy. Outre Gaston Defferre et ses collabo-
rateurs – les deux conseillers d’État Éric Giuily
et Olivier Schrameck, François Roussely, de la
Cour des comptes, et Gaston Espinasse, un fidèle
du ministre –, Michel Delebarre à Matignon et
Michel Charasse à l’Élysée s’attellent à la prépa-
ration de la loi, que Gaston Defferre veut voir
présentée au Parlement avant l’été 1981 et y
faire l’objet d’un grand débat. Le texte aborde
les aspects institutionnels de la réforme, d’autres lois étant appelées
à venir ensuite le compléter, et instaure trois évolutions majeures.
La tutelle administrative et financière du préfet sur les collectivités
est remplacée par un simple contrôle de légalité a posteriori. Le
pouvoir exécutif est transféré des préfets aux présidents des conseils
régionaux et départementaux. Enfin, la région devient à son tour
une collectivité territoriale de plein exercice, avec une assemblée élue
au suffrage universel direct.
Le débat s’ouvre le 27 juillet à l’Assemblée. L’opposition crie au
démantèlement de l’État. C’est Michel Debré,
dans le rôle du gardien de la Constitution, qui
porte la contradiction à Gaston Defferre. Le
député de La Réunion, présentant une excep-
tion d’irrecevabilité, dénonce “une conception
non unitaire, mais fédérative de la France”,
voire “une reconstitution des féodalités”. Peine
perdue : la loi est votée en première lecture en
août. Malgré une bataille de procédure enga-
gée par le Sénat, elle est promulguée le 2 mars
1982. Dans les années suivantes, d’autres textes
instaurent notamment les transferts de compé-
tences et de moyens et le statut des agents de la
fonction publique territoriale. Les élus locaux
ont cessé d’être des satellites du pouvoir central
pour assumer une fonction politique pleine et
entière. Laure Berthier
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19822012
Michel Debré, député RPR de La Réunion, s’oppose à la loi sur la décentralisation, qui porte selon lui atteinte à la Constitution.
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François Mitterrand, Pierre Mauroy et Gaston Defferre (ici à l’Assemblée en 1978), tous trois députés et élus locaux avant la présidentielle de 1981, sont à la pointe du combat pour la réforme du statut des collectivités.
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MAGAZINE emploi public
2005 Une petite mutuelle du ministère de l’Économie ne bénéficiant d’aucune aide de l’État, la MGSP, attaque devant le Conseil d’État les conditions dans lesquelles les employeurs publics participent à la protection sociale complémentaire des agents. Les mutuelles sont jusqu’alors soutenues par l’État en vertu de l’arrêté Chazelle, datant des années 1960, transposé aux collectivités.
2006Effective en mars 2006, l’abrogation de l’arrêté Chazelle impose une révision des modalités de participation des employeurs publics à la protection sociale complémentaire de leurs agents.
2007 La loi de modernisation de la fonction publique du 2 février 2007 autorise la contribution des employeurs publics au financement de la protection sociale complémentaire souscrite par les agents des trois fonctions publiques.
Le décret qui organise la participation dans la fonction publique d’État est publié en septembre au Journal officiel.LE
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Un récent décret ouvre aux assurances privées la protection sociale complémentaire des agents
territoriaux. Le sujet est essentiel puisqu’il impacte la vie de 2 millions d’agents. Les mutuelles historiques semblent en position de “verrouiller” le marché. Pour le moment…
Territoriale
Les assurances privées au coin
du bois
C’est un dossier ultrasensible et terriblement
complexe. Un sujet brûlant qui touche
directement la santé des quelque 2 mil-
lions d’agents de la fonction publique
territoriale et donne la migraine aux cadres
dirigeants des collectivités. Et qui devrait faire
l’objet, dans les mois et les années à venir, d’une
guerre inédite entre, d’un côté, les mutuelles
historiques et, de l’autre, les assurances privées.
emploi public MAGAZINE
Consécutif à la loi de 2007 sur la moderni-
sation de la fonction publique (lire ci-dessous
“Les dates clés”), un décret de novembre 2011
vient de rebattre les cartes de la protection
sociale complémentaire des agents de la terri-
toriale. Le texte autorise officiellement la par-
ticipation financière des employeurs publics et
ouvre ce “marché” au privé, au nom de la libre
concurrence imposée par le droit européen.
2009La loi relative à la mobilité et aux parcours professionnels du 3 août 2009 prévoit deux procédures pour la territoriale :
- Une convention de participation : la collectivité retient à l’issue d’une procédure d’appel à concurrence un opérateur pour une durée de six ans.
- Une labellisation, défendue par les mutuelles territoriales : l’employeur contribue au financement d’un contrat choisi par l’agent auprès d’un opérateur habilité par un organisme certificateur. Les contrats sont labellisés pour trois ans.
2011Le décret du 8 novembre 2011 officialise
les modalités de la participation employeur dans les collectivités territoriales. Cette participation n’est pas obligatoire, chaque collectivité est libre de déterminer son niveau de participation.
2012 Le décret de 2011 n’est applicable qu’après la publication d’une première liste de contrats labellisés au plus tard en août 2012.
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Jusqu’alors, quelques poids lourds (la
MNT, la MNFCT…) et plus d’une centaine
de petites mutuelles locales se partageaient
le secteur. La règle était simple : la collectivité
prenait, sans appel à concurrence, une déli-
bération pour octroyer, dans le plus grand
flou juridique, une participation financière
aux agents couverts par une mutuelle ou
pour signer une convention avec un opé-
rateur. “Les collectivités qui participaient
au financement des complémentaires santé
étaient en dehors des clous juridiques”, relève
Didier Jean-Pierre, professeur de droit
public à l’université Lyon-III.
Solidarité de l’esprit mutualiste
C’était avant la loi de 2007, qui couvre
les trois versants de la fonction publique.
En septembre 2007, un décret précise les
règles du jeu pour l’État en instaurant une
“convention de référencement” : chaque
ministère passe un appel d’offres à l’issue
duquel il retient un organisme – mutuelle ou
assurance privée – pour l’ensemble de son
personnel. S’ils veulent une complémentaire
santé, les agents n’ont pas d’autre choix que
d’y souscrire. Craignant que cette mise en
concurrence nouvelle attire le secteur mar-
chand, prompt à proposer des offres finan-
cièrement plus alléchantes, les mutuelles
historiques, conduites par le regroupement
Uni-ter (80 % des mutuelles territoriales),
lancent alors une démarche de lobbying
actif, soutenue par la plupart des syndicats,
pour que le dispositif propre à la territoriale
diffère de celui de l’État.
Elles sont entendues par la direction géné-
rale des collectivités locales (DGCL). Les
échanges, laborieux, aboutissent ainsi au
Les centres de gestion montent au front
La loi de modernisation de la fonction publique de 2007 le prévoit : les
centres de gestion peuvent être mandatés par les collectivités pour agir
en matière de protection sociale complémentaire, dans le cadre d’une
convention de participation. En région parisienne, le Centre interdépartemental
de gestion de la petite couronne, bras armé des employeurs publics en matière
de gestion des ressources humaines pour les départements des Hauts-de-Seine,
de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, a ainsi été chargé par plusieurs
collectivités de lancer un avis public à concurrence.
L’objectif : se regrouper pour obtenir des contrats plus attrayants financièrement
ou couvrant mieux les risques. “La décision d’une collectivité n’est pas
qu’idéologique, entre mutuelles et assurances privées, confie la directrice générale
adjointe du centre interdépartemental, Muriel Gibert. Elle doit reposer sur
des éléments précis : quel coût ? Quelles prestations ? Nos communes adhérentes
ont ensuite tous les éléments pour décider.”
Mutuelles contrariéesCette possible mutualisation de la protection sociale complémentaire est de nature
à aiguiser l’appétit du secteur privé. Et à contrarier les mutuelles historiques. “Il
existe une ambiguïté juridique, relève Jean-Pierre Moreau, le président de la MNT,
première mutuelle de la territoriale. Il s’interroge : “Je ne sais pas si la loi permet aux
collectivités de se grouper dans un même contrat. Ce qui supposerait qu’elles prennent
toutes les mêmes délibérations, qu’elles acceptent les mêmes conditions.”
Réaction de Muriel Gibert : “Plutôt que de se disputer sur des problèmes de
concurrence ou non concurrence, il faut d’abord penser aux agents. Ce n’est pas
pour lui-même que le centre de gestion passe une convention de participation,
mais dans leur intérêt. Derrière l’enjeu idéologique, on oublie trop souvent
l’essentiel : les difficultés en matière de santé des agents, certains n’ayant plus
les moyens de payer une protection sociale complémentaire…” S. H.
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Didier Jean-Pierre,professeur de droit public
“Les collectivités qui
participaient au financement
étaient en dehors des clous. ”
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94 Acteurs publics #82 - mars 2012
Les collectivités sortent leur calculette
Les collectivités vont devoir faire des choix et arbitrer entre leurs dépenses sociales.”
À écouter Jean-François Lemmet, président de l’Association nationale des
directeurs des ressources humaines des territoires, le contexte budgétaire place
aujourd’hui les collectivités qui souhaitent participer à la santé complémentaire de
leurs agents devant un véritable casse-tête budgétaire. “La situation n’est pas la même
qu’il y a quelques années”, observe-t-il. En attendant la publication du décret de
novembre 2011, de nombreuses collectivités ont initié des dépenses d’actions sociales
(Ticket-Restaurant, chèques-vacances…) sur lesquelles elles doivent aujourd’hui
revenir si elles veulent contribuer aux complémentaires santé.
Mais la situation diffère d’une collectivité à une autre. D’autant plus que la
participation est facultative et que les collectivités restent libres de fixer leur niveau
de contribution. À Lyon, la municipalité a ainsi anticipé cette nouvelle dépense
sociale sur son budget 2013. “Nous avons intégré la protection sociale à nos prévisions,
indique Dominique Bolliet, maire adjoint aux ressources humaines, tant cet enjeu
nous semble important. Nous voulons offrir un accès aux soins de grande qualité
à nos agents.” Ce qui, dit-il, favorise leur bien-être au travail et limite l’absentéisme.
Limiter l’absentéisme
À Bordeaux, les agents bénéficient depuis plusieurs années d’une prévoyance
(la garantie de maintien de salaire en cas de longue maladie) de “très bon
niveau”, souligne la DRH, Laurence Rosazza. Pas sûr, dans ces conditions, que
les nouvelles règles du jeu incitent la municipalité à sortir son carnet de chèques.
“Nous privilégierons l’action sociale aux régimes indemnitaires”, confie
de son côté Michel Calvez, le DRH de la ville de Nantes. Un sujet de tension
avec les syndicats, même s’ils comprennent “que la santé a un coût”.
“La publication tardive du décret est préjudiciable”, regrette Stéphane Auzilleau,
DRH de la région Aquitaine. Mais les collectivités n’ont pas vraiment le choix :
avec le gel du point d’indice, c’est notre seule manière d’améliorer les conditions de vie
des agents.” Alors la région Aquitaine planche pour dégager de nouveaux crédits.
“Nous allons rebasculer certains sommes accordées au comité des œuvres sociales vers la
garantie santé complémentaire des agents”, détaille de son côté le directeur adjoint de
la ville de Versailles, Étienne Desmet. Dans les collectivités, les nouvelles règles sur les
complémentaires santé des agents se traduisent en tours de passe-passe budgétaires. S. H.
décret de novembre 2011, qui prévoit une
double procédure. À côté d’une “convention
de participation”, qui ressemble au référen-
cement de l’État, les mutuelles parviennent
à instaurer une procédure dite de labellisa-
tion : les agents proposent individuellement
à la souscription de leurs employeurs des
contrats individuels.
Convention de participation ou labellisa-
tion ? Chaque collectivité doit retenir l’une
ou l’autre de ces deux procédures dans le
cadre d’un dialogue social qui débute à peine
pour s’achever à l’été 2012. Pour résumer :
les mutuelles espèrent conserver la part du
lion via la labellisation et craignent que les
conventions de participation, c’est-à-dire
l’appel à concurrence, ne fasse entrer les
assurances privées dans le jeu. Sur le mode
des “gentilles” mutuelles sans but lucratif
versus les “méchantes” compagnies d’assu-
rances qui veulent générer des profits sur la
santé des agents. La bataille d’influence ne
fait que démarrer.
“Le créneau des mutuelles, c’est de dire :
les jeunes paient un peu plus cher pour que
les retraités paient moins cher au regard des
prestations dont ils bénéficient, détaille le
MAGAZINE emploi public
DEUX PROCÉDURES AU BANC D’ESSAI
Labellisation+ Libre choix des agents
+ Aucune procédure pour les employeurs
+ Pas de risque de contentieux
+ Pas de résiliation de contrats pour les agents déjà couverts
+ Portabilité de la mutuelle en cas de mobilité
- Suivi individuel des agents chronophage
- Contrats labellisés pas toujours avantageux
Convention de participation+ Négociation sur les prix et les prestations
+ Interlocuteur unique
+ Paramétrage du système d’information RH plus facile
+ Meilleure lisibilité pour un recrutement
+ Adhésion sans condition ni questionnaire médical
- Tracasserie administrative induite par le changement de mutuelle
- Identification des mécanismes de solidarité chez l’opérateur
- Nécessité d’inclure les agents retraités pouvant bénéficier de la convention
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96 Acteurs publics #82 - mars 2012
Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale et maire (divers droite) de Sceaux
“Un élément de gestion des ressources humaines”
professeur Didier Jean-Pierre. C’est sur ce
principe de solidarité intergénérationnelle
que repose le système mutualiste.” Des prin-
cipes que les assurances privées pourraient
tenter de contourner. C’est du moins ce que
laissent entendre les mutuelles, même si le
décret impose aux opérateurs de “répondre
à des critères sociaux de solidarité”. Les opé-
rateurs ne peuvent donc pas se positionner
uniquement sur les secteurs les plus juteux,
par exemple les 25-35 ans.
“Avec le secteur privé, le risque de dum-
ping est réel”, s’inquiète cependant Chantal
Bensimon, directrice générale de la Mutuelle
nationale des fonctionnaires des collectivités
territoriales (MNFCT). “Lors d’un appel à
concurrence, un opérateur était prêt à factu-
rer jusqu’à 40 % moins cher, sourit (jaune)
Pascal Beaubat, le président de la mutuelle
Intériale. Cette concurrence nouvelle nous
oblige à nous remettre en cause.” “Les
conventions de participation vont offrir
sur un plateau des listes d’adhérents à
des opérateurs privés multiproduits,
Le décret de novembre 2011 est-il
une petite révolution ?
La participation des employeurs publics au financement de la protection sociale complémentaire de leurs agents était une revendication ancienne portée tout à la fois par les syndicats et par certaines collectivités. Alors que cette disposition était rendue possible pour la fonction publique d’État depuis 2007, nous avons dû nous battre pour qu’enfin soit publié le décret d’application pour la territoriale. Ce texte est essentiel parce que de nombreux agents sont en grande précarité, disposant de revenus bas. Beaucoup sont obligés d’économiser en ne se soignant pas.
Dans un contexte financier difficile,
comment les collectivités vont-
elles financer la protection sociale
complémentaire ?
Peut-être les collectivités vont-elles arbitrer. Je pense qu’elles donneront la priorité
aux garanties complémentaires, qui me paraissent vraiment importantes.
Les collectivités vont-elles privilégier
le conventionnement ou la labellisation ?
Ma commune s’inscrit dans une démarche de mutualisation via le Centre interdépartemental de gestion de la petite couronne, qui a lancé une démarche de consultation. Ces “contrats groupe” offrent une meilleure garantie tout à la fois en termes de coût et de prestations. Mais chaque collectivité est libre de privilégier l’une ou l’autre des deux procédures. Tout cela va se discuter dans les mois qui viennent.
Peut-on craindre une foire d’empoigne
entre mutuelles et assurances privées ?
Nous sommes sollicités par certaines mutuelles territoriales mais pas (pas encore ?) par les assurances privées. Je pense que les dirigeants territoriaux ont une proximité avec les mutuelles. Nous sommes plutôt enclins à travailler avec elles. Mais
nous regarderons, bien sûr, les propositions des assurances privées.
Les liens entre syndicats et mutuelles
vont-ils contribuer au maintien
du quasi-monopole des mutuelles ?
Il existe une proximité entre mouvement mutualiste, élus locaux et syndicats. Cela va-t-il pour autant perturber le marché ? Je n’en suis pas certain. Les démarches de mise en concurrence seront transparentes.
La protection sociale complémentaire
est-elle aussi un élément d’attractivité ?
Cela peut jouer pour un recrutement. Chaque collectivité joue sur ses atouts pour attirer les agents qu’elle souhaite recruter : salaire, reconnaissance, niveau de responsabilité, etc. Le niveau de contribution à la protection sociale complémentaire sera également un moteur d’attractivité. C’est un élément de gestion des ressources humaines.
Propos recueillis par S. H.
MAGAZINE emploi public
…
…
Dans la fonction publique d’État,
seul l’ONF a retenu un organisme
privé, Groupama, pour la
protection sociale complémentaire
de ses agents.
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98 Acteurs publics #82 - mars 2012
prolonge Jean-Pierre Moreau, président de
la puissante MNT (1,1 million de personnes
couvertes). La santé et la prévoyance seront
des produits d’appel avec une tarification
en dessous des équilibres techniques qui
pourrait ouvrir vers d’autres prestations :
assurance vie, responsabilité civile, IARD
(incendie, accidents et risques divers).” Un
pied dans la porte.
Mais si elles crient au loup, les mutuelles
historiques ont largement les moyens de
verrouiller l’entrée de la bergerie tant est
grande leur proximité avec les collectivi-
tés. “Nous connaissons bien les mutuelles
du public, témoigne Stéphane Pintre, pré-
sident du Syndicat national des directeurs
généraux des collectivités territoriales. Nous
travaillons avec elles depuis tellement long-
temps.” “Les mutuelles territoriales sont très
bien implantées auprès des collectivités”,
confirme Laurence Rosazza, la DRH de la
ville de Bordeaux. “Cela fait quinze ans que
je travaille avec la MNT”, glisse de son côté
Michel Calvez, le DRH de la ville de Nantes.
Groupama à l’ONF
De fait, l’ouverture à la concurrence du
secteur privé n’a pas modifié la donne dans
la fonction publique d’État, où seul l’ONF a
“ Le marché va s’ouvrir
avec le temps. ”Alain Rouché,
directeur santé de la Fédération française des sociétés d’assurances
“signé” avec un opérateur privé, Groupama.
“La probabilité que la territoriale repro-
duise ce qui s’est passé dans l’État est assez
forte”, admet Alain Rouché, directeur
“santé” à la Fédération française des sociétés
d’assurances (FFSA).
Au-delà de leur ancrage, les mutuelles
bénéficient, par ailleurs, des règles de pro-
cédure, qui placent les syndicats en position
de codécideurs. En effet, les discussions se
jouent au niveau des comités techniques
paritaires, notamment pour le choix entre
labellisation et conventionnement, pour la
définition du cahier des charges avant appel
d’offres, la sélection puis le suivi du contrat.
Des décisions stratégiques.
Et comme avec les collectivités, les
mutuelles sont très proches des syndicats.
Même si, sur le sujet, les interlocuteurs
restent très prudents. “Voilà quelques années,
les situations de fonctionnaires territoriaux
mis à disposition des mutuelles n’étaient pas
rares, se souvient le directeur des ressources
humaines d’une grande collectivité de
l’Hexagone. Et sans que les accords financiers
ne soient très clairs. On se rendait certains
services quand il le fallait. Les choses sont
devenues plus transparentes sous la pression
de la Commission européenne, qui a imposé
des comptabilités précises.”
MAGAZINE emploi public
… “Cette concurrence nouvelle nous oblige à nous remettre en cause”, reconnaît le président d’Intériale,
l’une des mutuelles “historiques”
des agents territoriaux.
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M U T U E L L E G É N É R A L E D E L ’ É C O N O M I E , D E S F I N A N C E S E T D E L ’ I N D U S T R I E
LAURÉAT DANS LA CATÉGORIEMANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES
280 000 adhérents
360 000 personnes protégées
Mission : gérer le risque santé et prévoyance de l’ensemble des agents de nos ministères
MGEFI,Mutuelle
et professionnelle
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100 Acteurs publics #82 - mars 2012
Reste que les liens perdurent. “Nous
sommes par nature attachés au système
mutualiste”, réagit Antoine Breining, le
président de la Fédération autonome de la
fonction publique territoriale (FA-FPT). “Il
existe une concordance entre les démarches
des organisations syndicales et l’esprit mutua-
liste”, acquiesce Jacques Bride, secrétaire
fédéral FO Services publics. “Les mutuelles
portent les valeurs de solidarité”, renchérit
Nathalie Dieudonné (CGT Services publics).
Une proximité que veut nuancer Jean-
Pierre Moreau, le président de la MNT : “Au
sein des syndicats, la réflexion locale n’est pas
un calque de la réflexion nationale”. Mais il
ajoute : “Voilà encore quelques années, les
syndicats ne s’occupaient pas de protection
sociale. Depuis 2005, nous avons contribué
à les former. Ce qui leur a permis de mieux
maîtriser les enjeux et d’exprimer leurs propres
positions lors de l’avancée du texte du décret de
novembre 2011.” Ou comment les mutuelles
ont pris par la main leurs amis syndicats…
Conclusion : le marché de la protection
sociale complémentaire des territoriaux est
désormais ouvert, mais bien gardé. Pour le
moment. “Je pense que le marché va s’ouvrir
avec le temps, analyse Alain Rouché (FFSA).
Sinon, cela poserait problème : on ne peut
pas lancer des appels d’offres destinés à
apporter les meilleures solutions financières
aux collectivités et les meilleures prestations
aux agents tout en maintenant le statu quo.”
À en croire Alain Rouché, les entreprises
d’assurance commencent à tâter le marché.
“Certes, il y a un réflexe historique et affectif
LES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ DANS L’ÉTAT ET DANS L’HOSPITALIÈREDans la fonction publique d’État, le décret précisant les conditions dans lesquelles s’appliquent la participation des employeurs publics a été publié en septembre 2007, c’est-à-dire plus de quatre ans avant le décret de novembre 2011 sur la territoriale… Comment ça marche ? Après un appel public à concur-
rence, chaque ministère et opérateur d’État retient via une “convention de référence-ment” un organisme de protection sociale complémentaire pour l’ensemble des agents et pour une durée de sept ans. Pour le moment, les mutuelles d’État historiques ont “sauvé leur peau”, puisque seul l’ONF a choisi une assurance privée pour
ses agents : Groupama.
Le décret n’est en revanche pas encore publié dans l’hospitalière. Et, semble-t-il, ce n’est pas pour demain. Contacté, le ministère de la Santé renvoie vers le ministère de la Fonction publique, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le décret s’enlise…
Chantal Bensimon,directrice générale de la Mutuelle
nationale des fonctionnaires des collectivités territoriales
“Avec le secteur privé,
le risque de dumping
est réel. ”
des collectivités vis-à-vis des mutuelles,
estime le professeur Didier Jean-Pierre. On
n’efface pas soixante ans de mutualisme.
Mais les esprits vont évoluer et la donne
va peu à peu changer.” Pour le moment,
les assurances privés restent encore dans
l’ombre de la forêt. Mais attention : elles
se préparent à bientôt sortir du bois. ■
Sylvain Henry
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3. Des solutions solidaires et durables : des couvertures santé/prévoyance solidaires, mutualisées, accessibles à tous les territoriaux et sécurisées sur le long terme.
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Acteurs publics #82 - mars 2012
✒ On aime ✒✒ Beaucoup ✒✒✒ Passionnément
Salariés du milieu, salariés anxieuxCe court livre, publié dans l’excellente collec-
tion “République des idées”, relève un défi de
taille. Il éclaire les contours de cette couche
de la population draguée par l’ensemble des
responsables politiques : les fameuses classes
moyennes. Qui sont-elles ?
Que pèsent-elles ? Sont-elles
menacées d’appauvrissement ?
Toutes ces questions trouvent
des réponses et la perspective
historique décrypte nombre
de faux débats et de vraies ins-
trumentalisations. Certes, la
classe moyenne, au sens des
commer çants et artisans, a vu
sa part diminuer, mais elle a été renflouée par
les salariés des professions intermédiaires
– techniciens, fonctionnaires de catégorie B,
représentants de commerce –, dont le poids
n’a fait que croître.
L’ensemble représente 30 % de la popula-
tion active et occupe une place centrale de
la société française. Les auteurs en dévoilent
les traits communs. “Le plus évident, c’est que les classes moyennes disposent de ressources à la fois réelles et incertaines”, écrivent-ils.
Contrairement aux plus modestes, elles pos-
sèdent un vrai capital en termes de diplômes,
revenus, patrimoine ou logement, mais celui-
ci est largement dépendant de leur emploi, à
l’inverse des classes les plus riches. Les socio-
logues détaillent la position de ces salariés
du milieu et montrent comment la transfor-
mation des organisations et l’augmentation du
nombre de cadres leur donnent une impres-
sion de recul dans la hiérarchie.
Pourtant, si déclassement il y a, c’est d’abord
dans les têtes. Chiffres à l’appui, les auteurs
démontrent que la situation financière et
sociale des classes moyennes n’a pas baissé
depuis les années 1980. Même si ce risque
les hante, les cas de “chute” vers les classes
populaires sont rares. “L’inquiétude devant l’avenir étant davantage indexée sur l’amplitude des chutes possibles que sur leur probabilité d’occurrence”, analysent les auteurs.
Laurent FarguesLes Nouvelles Classes moyennes, Dominique Goux
et Éric Maurin, Seuil, coll. “République des idées”, 120 pages, 11,50 euros.
LE COUP DE CŒUR
MAGAZINE lu pour vous
102
Histoires secrètes de la République Philippe Massoni, Éditions de La Martinière, 19,50 euros, 285 pages.
✒ Philippe Massoni se raconte pour la première fois, à 76 ans, dans
une autobiographie. Le célèbre préfet, entré dans la hiérarchie policière
comme commissaire principal adjoint au début des années 1960, a mené
pendant quarante ans une très belle carrière dans les arcanes du minis-
tère de l’Intérieur. Si peu de grands secrets sont livrés, on y découvre son
ascension au gré de collaborations décisives avec des politiques comme
Jacques Chirac ou Charles Pasqua : au cœur de la refondation des “RG” après Mai 68,
sous le règne de Raymond Marcellin, puis dans les haute sphères de l’État, où il devient
l’un des experts de la sécurité les plus écoutés. Jusqu’à se voir confier, sous la cohabitation
de 1993, la direction de la stratégique préfecture de police… Pierre Laberrondo
François Baroin, le faux discret Anne Fulda, Jean-Claude Lattès, 246 pages, 17,60 euros.
✒ Longtemps, François Baroin a été catalogué comme le petit jeune de service.
L’éternel benjamin au look d’Harry Potter. Héritier perpétuel et fils à papas.
Michel, son père, qu’il admirait tant, et Chirac, qui lui mit le pied à l’étrier en
lui offrant sur un plateau le ministère de l’Outre-mer. Mais c’est avec Sarkozy
que le petit François prend son envol. Et laisse tomber ses lunettes rondes pour
mieux se révéler. Car derrière ce quadra à la voix dilettante et adepte de la langue
de bois, se cache un être ambitieux, comme le dépeint Anne Fulda. Ses deux principaux faits
d’armes ? Avoir obtenu le ministère de l’Intérieur et celui des Finances, une conquête arrachée
de haute lutte et qui mit K.O. Bruno Le Maire. Le problème, c’est qu’à l’arrivée, “on ne sait pas
quelles sont ses idées, ni même s’il en a”. C’est Anne Fulda qui le dit. Xavier Sidaner
Le Temps des territoires Jean-Christophe Fromantin, François Bourrin Éditeur, 135 pages, 18 euros.✒✒ Après son premier livre, Mon village dans un monde global, le maire
de Neuilly-sur-Seine récidive sur un thème qui est désormais sa marque
de fabrique, le dynamisme des territoires. L’idée est simple : “C’est à par-
tir du talent des hommes et de la richesse des territoires que nous trouve-
rons les solutions d’avenir.” En une douzaine de points, Jean-Christophe
Fromantin livre ses solutions, dont l’une passe par une véritable réforme
territoriale avec la constitution de pôles métropole-région forts mais sans détruire le précieux
maillage des 36 000 communes. Autre idée que développe l’élu des Hauts-de-Seine : mobiliser
autour d’une candidature à l’Exposition universelle de 2025, une manière de promouvoir
les territoires. Une contribution utile au débat électoral qui s’ouvre. Bruno Botella
Sans tricherEva Joly, Les Arènes, 254 pages, 18 euros.
✒✒ Pour un prétendant à l’Élysée, l’exercice de l’autoportrait peut
se révéler périlleux. Pour la candidate d’Europe Écologie-Les Verts, péni-
blement créditée de 3 ou 4 % d’intentions de vote à deux mois du premier
tour, c’est un peu une tentative de la dernière chance. Cet ouvrage qui
se veut personnel est surtout l’occasion pour l’ex-magistrate de relire
son parcours à la lumière de son engagement auprès d’EELV : la lutte contre la corruption,
les lobbies et le cynisme des dirigeants qu’elle a menée depuis longtemps – au pôle financier
du Palais de justice, mais aussi comme conseillère des gouvernements norvégien et islan-
dais – se retrouve au cœur de son combat politique. La franco-norvégienne souligne aussi
son attachement viscéral à la France : “On aime toujours plus fort ce qu’on a choisi.”
Laure Berthier
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lu pour vous MAGAZINE
103
L’Argent de l’État, un député mène l’enquêteRené Dosière, Seuil, 286 pages, 19,50 euros.
✒ Connu pour ses sorties tonitruantes sur les dépenses de l’Élysée, le député
de l’Aisne René Dosière a décidé de sortir du cadre de son travail parlemen-
taire pour écrire un livre, véritable plaidoyer en faveur d’un “État modeste”.
Instructif, l’ouvrage, riche en annexes, s’appuie sur diverses sources officielles
(rapports budgétaires, de la Cour des comptes, réponses aux questions écrites,
etc.). Rien de très neuf, mais un beau tour d’horizon des gaspillages. Dommage
pour René Dosière que les approximations aujourd’hui avérées sur l’agrandis-
sement des appartements privés du Premier ministre à Matignon viennent
entacher la méthode d’investigation du bouillant parlementaire… B. B.
Répondez !Défense, sécurité, dette publique, emploi, enseignement, santé, culture… Avec Candidats répon-dez !, Jacques Attali met en lumière
les enjeux “cruciaux” des élections présiden-tielle et législatives, ces questions auxquelles les candidats doivent absolument répondre. Faut-il renoncer au modèle social français ? Quelles économies pour réduire le déficit public ?
Candidats répondez ! Jacques Attali, Fayard, 321 pages, 18 euros. JusticeMagistrat, docteur en droit, Denis Salas décrit en quelque 200 pages une justice qu’il présente comme
écartelée entre pression politique et travail au quotidien. Le secrétaire général de l’Association française pour l’histoire de la justice dénonce un appareil judiciaire dévas-té par une multitude de
réformes visant à “mettre au pas” les magistrats du siège. À charge. La Justice dévoyée, critique des utopies sécuritaires, Denis Salas, Les Arènes, 220 pages, 19,80 euros.
PriméLe livre Populismes, la pente fatale (Plon) du politologue Dominique Reynié a été doublement récompensé par le Prix du livre politique et par celui des députés, remis début février dans les salons de l’Assemblée nationale. Une mention spéciale a été décernée à Michèle Cotta pour ses Cahiers secrets de la Ve République (4 tomes chez Fayard). Étaient en compétition Le Monde, les grandes crises politiques françaises 1958-2011, de Gérard Courtois (Perrin), Historien public, de Pierre Nora (Gallimard), Le Temps des riches, anatomie d’une sécession, de Thierry Pech (Seuil), et Tous les coups sont permis, d’Henri Vernet et Renaud Dély (Calman-Levy).
Vous publiez votre livre à quelques semaines du premier tour de la présidentielle…
Quand j’ai commencé ce travail voilà deux ans, je ne savais pas quand je le terminerais. Ce n’est pas un livre électoral mais un livre de liberté dans lequel je me raconte sans arrière-pensée ni calcul politique. Ce sont des mémoires d’avenir. Je veux que la génération à laquelle j’appartiens, celle des baby-boomers qui ont connu le lait à l’école, Salut les copains, Mai 68 et la télévision, transmette aux jeunes une confiance en soi.
Vous n’épargnez pas Nicolas Sarkozy quand vous racontez l’épisode où il vous a qualifié d’irresponsable et que vous avez refusé cinq fois de le prendre au téléphone…Le président de la République a de grandes qualités. Mais je ne pou-vais pas accepter ce qualificatif alors que je défendais mes convic-tions, en l’occurrence sur la TVA des parcs de loisirs. Les discussions politiques doivent être des échanges de respect. J’ai demandé une explication publique et je n’ai pas voulu le prendre au téléphone avant cette explication. L’incident est clos.
Vous évoquez la désorganisation de certains services de l’État pendant la canicule. L’État est-il aussi efficace qu’au début de votre carrière politique ? Il faut certes faire des économies parce qu’on ne peut pas continuer, dans un contexte financier difficile, à faire travailler 500 000 fonc-tionnaires de plus qu’en Allemagne avec 16 millions d’habitants de moins. Mais je vois aussi la paupérisation de certains ministères et services publics. Nous devons mener une réflexion globale pour éviter une insuffisance de moyens sur des sujets stratégiques. Cela passera, peut-être, par une redistribution.
Quelle sera la suite de votre parcours ?Quelles que soient les perspectives politiques, il y a besoin dans notre pays de voix de la sagesse et de la responsabilité qui disent : “Non, il ne faut pas faire comme ça, évitons de diviser la société française”. Je serai l’une des voix de la cohésion. Ayons confiance et n’ayons pas peur. Propos recueillis par Sylvain Henry
“Certains ministères sont paupérisés”
L’ancien Premier ministre Jean-
Pierre Raffarin se dévoile dans un livre de souvenirs,
Je marcherai toujours à l’affectif
(Flammarion, 395 pages,
21,90 euros).
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Acteurs publics #82 - mars 2012
MAGAZINE ressources
DOCUMENTS ÉVÉNEMENTS
LE 1ER MARS
Carbone“Quelles trajectoires vers
une économie sobre en
carbone en 2050 ?” Éléments
de réponse lors de cette
conférence du Centre
d’analyse stratégique,
organisée à l’université
Paris-Dauphine.
Le 1er mars, à Paris
www.strategie.gouv.fr
LES 6 ET 22 MARS
Hauts fonctionnairesDans le cadre de son
séminaire sur l’État et ses
élites, le centre de recherche
sur l’action locale de
l’université Paris-XIII propose
deux conférences : “Accéder
à la haute fonction publique”,
le 6 mars, et “Les réformes de
la haute fonction publique”,
le 22 mars, où seront
détaillées “les transformations
du marché des hauts
fonctionnaires en France
et en Grande-Bretagne”.
Les 6 et 22 mars, à Paris
www.univ-paris13.fr/ceral
LE 6 MARS
CommunautésL’Assemblée des commu-
nautés de France lance le
6 mars un tour de France
inédit en 14 étapes sur le
thème “Les communautés
dans la mise en œuvre des
réformes, quelles évolutions
juridiques, organisationnelles
et financières ?”
Du 6 mars au 17 avril, en régions
www.adcf.org
LE 7 MARS
InégalitésAntoine Flahault, directeur
de l’École des hautes études
en santé publique (EHESP),
animera un colloque virtuel
sur la lutte contre les
inégalités sociales de santé.
Le 7 mars, à Paris
Et sur : www.ehesp.fr
SUR LE NETIMMOBILIER DE L’ÉTAT
Le Conseil de l’immobilier de l’État inaugure son espace Internet.
Il permettra à cet organe consultatif placé auprès du ministère
du Budget de mieux communiquer sur l’évaluation de l’avancement de la modernisation du parc immobilier de l’État et de ses opérateurs. Les rapports
et recommandations du Conseil en matière de stratégie immobilière
sont consultables en ligne.
www.budget.gouv.fr/cie
ACCESSIBILITÉLe gouvernement lance un site Internet consacré à l’accessibilité des bâtiments, des transports ou de la voirie aux personnes handicapées. L’objectif : aider les collectivités, administrations
et employeurs privés à se conformer à la loi, qui prévoit une accessibilité
effective en 2015.
www.accessibilite.gouv.fr
DÉMOCRATIE PARTICIPATIVEPour préparer les états généraux de la démocratie territoriale,
le Sénat vient de lancer un blog sur lequel les citoyens peuvent
interpeller les sénateurs. Des chats vont y être organisés.
Les contributions recueillies feront l’objet de synthèses
qui alimenteront les états généraux, grand rendez-vous des territoires
programmé au second semestre 2012.
http://democratie-
territoriale.fr
L e nouvel enchevêtrement des compétences des
collectivités territoriales dans la gestion des
services publics de proximité suscite “de plus en
plus d’interrogations” vis-à-vis du droit à la concur-
rence, observent les auteurs de cet ouvrage collectif.
Les services publics locaux et la concurrence décrypte
la gestion locale et les relations entre marchés
concurrentiels. L’essai se penche sur les cas particu-
liers des transports, de la culture et de la distribution
d’électricité. Et constate que le droit concurrentiel est
désormais le quotidien des décideurs publics locaux.
Cet éclairage nouveau sur un sujet très technique est
d’actualité alors que la récente réforme des collecti-
vités et le contexte financier invitent à repenser les
missions des collectivités locales.
Les services publics locaux et la concurrence, sous la direction d’Olivier Duperon, L’Harmattan, 203 pages, 19,50 euros.
Services publics vs concurrence
Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy, 1988-1995-2002-2007, Les presses de Sciences-Po, 304 pages, 26 euros.
E squisser le portrait de l’électorat français et
appréhender l’évolution de ses choix. Telle
est l’ambition de ce livre de sciences politiques
qui décortique les scrutins présidentiels de 1988
à 2007. Âge, religion ou patrimoine : autant de
facteurs qui structurent le vote et se combinent au
contexte propre à chaque élection, tels les enjeux
économiques, la sécurité ou la personnalité des
prétendants. Autant d’éléments de continuité et de
rupture étudiés dans cette synthèse qui offre une
grille d’interprétation utile à quelques semaines
de l’élection. Un ouvrage précieux pour celui qui
espère pronostiquer la ou le vainqueur de 2012…
“Rapport public annuel 2012 de la Cour des comptes”, téléchargeable sur www.ccomptes.fr
De Mitterrand à Sarkozy
D ans son rapport annuel publié début février, la
Cour des comptes appelle à un effort supplé-
mentaire pour tenir les engagements de la France en
matière de déficits publics. Selon les sages, les récents
plans de rigueur ont certes permis de relever les
impôts, mais pas assez de limiter les dépenses. Au gré
d’un document de plus de 1 000 pages, la Cour pointe
par ailleurs les largesses de la Banque de France en
matière d’augmentations de salaires, regrette que les
238 sous-préfectures restent étrangères à la réforme
de l’administration territoriale et demande aux collec-
tivités de mieux gérer le recrutement de leurs effectifs.
Entre autres cartons jaunes et rouges.
Les cartons de la Cour
Par Sylvain Henry
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Par Sylvain Henry
LE 15 MARS
CriseDans le cadre de ses “Rendez-
vous de l’intelligence locale”, la
Fédération des villes moyennes
organise un échange à
destination des élus locaux sur
le thème : “Faire face à la crise
financière internationale”.
Le 15 mars, à Paris
www.villesmoyennes.asso.fr
LE 16 MARS
ImmatérielCerner la notion d’immatériel
public et étudier les modalités
de sa valorisation. Tel est
l’enjeu du colloque du Conseil
d’État intitulé “Le patrimoine
immatériel des personnes
publiques”.
Le 16 mars, à Paris
www.conseil-etat.fr
LES 22 ET 23 MARS
BanlieuesL’association des maires des
villes et banlieues de France
invite les acteurs publics
locaux à échanger sur “Le
sport en banlieue : une énergie
positive pour la ville en crise ?”
Les 22 et 23 mars, à Allonnes (Sarthe)
www.ville-et-banlieue.org
LE 26 MARS
PénalisationDans le cadre de ses confé-
rences sur les grands enjeux
des élections de 2012, le
Cevipof propose un échange
sur la pénalisation de la vie
politique.
Le 26 mars, à Paris
www.cevipof.com
LE 29 MARS
RisquesL’association des directeurs
généraux et adjoints des
régions et départements invite
à réfléchir sur “Le management
des risques dans les entreprises
et les collectivités locales”.
Le 29 mars, à Bobigny
www.andgdgard.asso.fr
DOCUMENTS ÉVÉNEMENTS
LE 9 MARS
Santé“Participation des usagers
dans les établissements
de santé, quelle évolution
depuis dix ans ?” Ce colloque,
organisé à la Cité des sciences
et de l’industrie, s’interrogera
sur l’influence des usagers
dans la transformation
du monde de la santé.
Le 9 mars, à Paris
www.sante.gouv.fr
LE 12 MARS
Très haut débitLes premiers états généraux
des Réseaux d’initiative
publique face au défi du très
haut débit devraient attirer
quelque 200 parlementaires
et élus sur le thème du
déploiement du haut débit
dans les territoires.
Le 12 mars, à Deauville
www.etatsgeneraux-rip.com
LE 15 MARS
MondialisationFrançois Fillon et Pierre
Lellouche, secrétaire d’État
au Commerce extérieur,
sont attendus au colloque
international “La France dans
la mondialisation, conquérir
plutôt que subir ?” à Bercy.
Le 15 mars, à Paris
www.stategie.gouv.fr
Avec la collection “Doc’ en poche, entrez dans
l’actu”, la Documentation française entend offrir
des informations fiables et synthétiques sur les grandes
thématiques politiques qui rythment la campagne
présidentielle. Cinq titres ont été publiés en janvier :
Le président de la République, Parlons impôts, Parlons
nucléaire, Parlons immigration et France 2012, les don-
nées clés du débat présidentiel.
Autant de thèmes décryptés par des spécialistes (un
ingénieur, un universitaire, un chercheur…). L’objectif
de ces titres disponibles en format papier et en version
numérique : tout savoir du sujet et de son actualité
en trente points et 90 minutes.
Documentation dans la poche
Collection “Doc’ en poche, entrez dans l’actu”, La Documentation française, 5,90 euros, 96 pages.
Atlas permanent de l’Union européenne, Fondation Robert-
Schuman, 172 pages, 18 euros.
Twittez “Conseil d’État”
Colloques à venir, dates des séances publiques des principales formations contentieuses, vidéos, dernières décisions, informations
en direct : toute l’actualité du Conseil d’État se décline
désormais sur le compte Twitter de l’institution.
twitter.com/Conseil_Etat
L’IGPDE se livreL’Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE) vient d’ouvrir un site sur lequel sont disponibles à la lecture
en ligne quelques-unes de ses publications récentes. On peut ainsi consulter le très instructif ouvrage Les réorganisations administratives, bilan et perspective en Europe.
www.igpde.revues.org
Bol d’airAvec le site Respirez mieux, le ministère de l’Écologie accompagne l’instauration
de la nouvelle étiquette affichant les niveaux d’émission en polluants volatils des produits de construction
et de décoration, obligatoire depuis le 1er janvier.
www.agissons.developpement-
durable.gouv.fr/Respirez-mieux
Toute l’Union européenne en cartes
Publié par la Fondation Robert
Schuman, cet atlas permanent de
l’Union européenne se veut un ouvrage
de référence sur l’Union, ses institutions
et chacun de ses États membres. En cartes, en fiches
et en chiffres actualisés, il permet de comprendre
tous les enjeux du XXIe siècle, la crise économique
et financière actuelle et les chances de survie de
l’Europe et de l’euro dans un monde en mutation.
Un document qui garde toute sa pertinence en
s’appuyant sur le site Internet Atlas-permanent.eu,
où les données sont actualisées, offrant aux étu-
diants, décideurs publics ou citoyens une informa-
tion complète.
EN LIGNE
MAGAZINE ressources
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Organisées par
Contact : Bastien Brunis - [email protected] - Tél : 01 46 29 29 24
LES RENCONTRES DES TERRITOIRES DURABLES
www.acteurspublics.com
« Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Antoine de Saint-Exupéry
20 et 21
mars2012
Une initiative soutenue par le Club des territoires durables
Au Conseil économique,
social et environnementalPARIS
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