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Cee lere est desnée à vous informer des principaux points d’actualité du trimestre. Nous avons notamment relevé : 11, rue de Laborde 75008 Paris - [email protected] OCT. NOV. DÉC. 2015 A C T U A L I T É S T E C H N I Q U E S La lettre à Gilbert N°16 Actualité audit Secteur public Actualité juridique Pages 2 à 4 Pages 15 à 19 Pages 20 à 22 Page 23 SOMMAIRE - Les obligations de vigilance des professionnels en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme - Principe de matérialité : comment l’appliquer - En bref : publication au JOUE d’amendements à plusieurs normes IFRS - Actualité de la gouvernance des sociétés cotées - Quel préjudice indemnisable en cas de rupture de la relation commerciale ? - En bref : délai de paiement interentreprises ; délai de paiement et rapport de gestion ; prévoir un médiateur en cas de litige avec des consom- mateurs IFRS Pages 10 à 14 - Pour une suppression du rapport du président - En bref : représentativité des organisations syndicales et commissaires aux comptes ; deux avis techniques de la CNCC - Vers la généralisation de la facture électronique dans les marchés publics - En bref : publication de l’avis 2015-08 par le CNoCP Les recommandaons de l’AMF pour l’arrêté des comptes 2015 Un exposé-sondage de l’IASB sur le principe de matérialité Une actualité riche en maère de gouvernance des sociétés cotées AGENDA 2 février 2016 IFRS 16 : contrats de locaon Plan de travail pour les 6 mois à venir : hp://www.ifrs.org/Current- Projects/ IASB-Projects/Pages/IASB-Work- Plan.aspx ESMA : page 5 : page 10 : page 15 jusqu’au 29 janvier 2016 Consultaon relave aux informa- ons clés pour les produits d’invess- sement fondés sur l’assurance (PR IIPS) IMA France NOTRE FOCUS Lue contre le blanchiment d’argent H IASB FOCUS Pages 5 à 9 - Arrêté des comptes 2015 en IFRS : les recommandations de l’AMF - Obligations de transparence des sociétés cotées : une ordonnance en précise les modalités - En bref : publication de deux règlements de l’ANC au titre de la transposition de la directive comptable Information comptable et financière

ACTUALITÉS TECHNIQUE S - bma-paris.com · financier, par exemple). À ce titre, il est souligné que l’efficacité du ... et de hasard seront désormais dans le champ du dispositif

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Cette lettre est destinée à vous informer des principaux points d’actualité du trimestre.Nous avons notamment relevé :

11, rue de Laborde 75008 Paris - bma@ bma-paris.com

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La lettre à Gilbert

N°16

Actualité audit

Secteur public

Actualité juridique

Pages 2 à 4

Pages 15 à 19

Pages 20 à 22

Page 23

SOM

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- Les obligations de vigilance des professionnels enmatière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

- Principe de matérialité : comment l’appliquer- En bref : publication au JOUE d’amendements à

plusieurs normes IFRS

- Actualité de la gouvernance des sociétés cotées - Quel préjudice indemnisable en cas de rupture

de la relation commerciale ?- En bref : délai de paiement interentreprises ;

délai de paiement et rapport de gestion ; prévoirun médiateur en cas de litige avec des consom-mateurs

IFRS Pages 10 à 14

- Pour une suppression du rapport du président - En bref : représentativité des organisations

syndicales et commissaires aux comptes ;deux avis techniques de la CNCC

- Vers la généralisation de la facture électronique dans les marchés publics

- En bref : publication de l’avis 2015-08 par le CNoCP

• Les recommandations de l’AMF pour l’arrêté des comptes 2015 • Un exposé-sondage de l’IASB sur le principe de matérialité • Une actualité riche en matière de gouvernance des sociétés cotées

AGENDA

2 février 2016

IFRS 16 : contrats de location

Plan de travail pour les 6 mois àvenir :

http://www.ifrs.org/Current-Projects/IASB-Projects/Pages/IASB-Work-Plan.aspx

ESMA

: page 5: page 10: page 15

jusqu’au 29 janvier 2016

Consultation relative aux informa-tions clés pour les produits d’investis-sement fondés sur l’assurance (PR IIPS)

IMA France

NOTRE FOCUSLutte contre

le blanchimentd’argent

H�

IASB

FOCUS

Pages 5 à 9- Arrêté des comptes 2015 en IFRS :

les recommandations de l’AMF - Obligations de transparence des sociétés cotées :

une ordonnance en précise les modalités - En bref : publication de deux règlements de l’ANC

au titre de la transposition de la directive comptable

Information comptable et financière

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La cellule française de lutte contre le blanchiment de capitaux et lefinancement du terrorisme, Tracfin, vient de publier deux lettres d’information qui précisent, d’une part, les obligations de vigilance incombant, entre autres, aux commissaires aux comptes et aux experts-comptables et, d’autre part, présentent les nouveautés introduites par lanouvelle directive anti-blanchiment qui devra être transposée en Franceavant le 26 juin 2017 (Tracfin , lettres d’information du 21 octobre 2015,directive UE 2015/849 du 20 mai 2015).

Précisions sur les obligations des professionnels du chiffre en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme

Les obligations de vigilance

Les commissaires aux comptes et les experts-comptables font partie despersonnes assujetties à une obligation de vigilance vis-à-vis de leurs relations d’affaires (art. L. 561-2 du code mon. et fin.).

En préambule, Tracfin rappelle que le dispositif de lutte contre le blanchi-ment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB/FT) se fonde surune approche par les risques qui notamment s’appuie sur l’expertise et lejugement des professionnels du chiffre. Il est rappelé que cette obligationde vigilance doit s’exercer tout au long de la chaîne de traitement de l’opération, que le client soit occasionnel ou habituel. À ce titre, le profes-sionnel doit adapter son niveau de vigilance au risque auquel il estconfronté. Selon les circonstances, il exercera une vigilance allégée, normale ou renforcée.

Quant au soupçon de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme, il correspond à la conclusion à laquelle est parvenu le profes-sionnel déclarant après avoir pris en compte tous les critères pertinents(faisceau d’indices caractérisant la nature atypique, voire illicite d’un fluxfinancier, par exemple). À ce titre, il est souligné que l’efficacité du processus de détection du soupçon dépend en grande partie de l’exacti-tude des renseignements obtenus.

Sous forme de questions/réponses, Tracfin précise également les pointssuivants :- un professionnel ne saurait s’exonérer de son obligation de vigilance etde déclaration au motif qu’un autre professionnel assujetti serait suscep-tible de détenir la même information ;- dès que le professionnel soupçonne ou a des motifs raisonnables de suspecter que les fonds ou opérations proviennent du blanchiment de capitaux ou servent à financer le terrorisme, la déclaration auprès de Tracfin doit être effectuée. Ce qui veut dire qu’en principe la déclarationdoit intervenir avant l’exécution ou la réalisation de l’opération de blanchi-ment. Ce n’est qu’exceptionnellement et dans des circonstances spécifiquesque le professionnel est autorisé à transmettre la déclaration postérieure-ment à ces évènements ;- si Tracfin n’a pas actuellement de pouvoir de sanction, il peut toutefoisinformer les organes de tutelle des manquements (en l’occurrence, le H3Cpour les commissaires aux comptes et l’Ordre des experts comptables pourses membres) auxquels il revient d’engager, le cas échéant, une procédure disciplinaire.

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US 3Les manquements à l’obligation de vigilance

Au travers des déclarations reçues, Tracfin caractérise des manquementsà l’obligation de vigilance dans les cas suivants :

- le signalement d’un professionnel n’est pas suivi de déclaration d’autresprofessionnels pourtant intervenus dans les opérations suspectes ;- la déclaration de soupçon expose les faits de façon insuffisamment détaillée ;- la déclaration de soupçon est transmise trop tardivement par rapport àla date des faits incriminés.

A titre illustratif, il est présenté plusieurs cas de manquements de profes-sionnels assujettis à l’obligation de vigilance (dissimulation du bénéficiaireréel lors d’un achat immobilier, fraude réalisée par une entreprise en difficulté, fraude de type « cavalerie »…).

Les nouveautés introduites par la nouvelle directive

Voici les principales évolutions par rapport aux anciennes directives2005/60/ CE et 2006/70/CE.

1) Identification du bénéficiaire effectif. La notion de bénéficiaire effectiffait référence à la personne physique qui exercice en dernier ressort le contrôle ou possède l’entité visée (notion également valable pour les fiducies et les trustees). Les informations « adéquates, exactes et

actualisées » obtenues sur ces bénéficiaires devront être consignées dansun registre centralisé public auquel auront droit d’accès les cellules de renseignements financiers (CRF), en l’occurrence en France, Tracfin, les personnes visées par l’obligation de vigilance et les personnes y ayantun intérêt légitime (sous respect de conditions).

2) Personnes politiquement exposées (PPE). L’obligation de vigilance renforcée qui pèse sur ces personnes ne faisant plus référence à leur lieude résidence, les personnes qui occupent ou se sont vues confier une fonction politique importante sur le territoire national entrent dorénavantdans le champ des personnes visées.

3) Champ d’application. Les prestataires du secteur des jeux d’argent et de hasard seront désormais dans le champ du dispositif LCB/FT, alorsque seuls les casinos sont actuellement visés. Par ailleurs, les produits de monnaie électronique (tels que les cartes prépayées) seront soumis au dispositif LCB/FT, avec toutefois des allégements en cas de « risque

faible », cette notion étant strictement encadrée.

4) Paiement en espèces. Pour les négociants en biens, le dispositif LCB/FTs’appliquera lorsque le paiement en espèce sera d’au moins 10 000 € (le seuil actuel étant de 15 000 €).

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US 45) Évaluation des risques. Le dispositif LCB/FT reposera sur une évalua-

tion des risques à plusieurs échelons. Le premier, au niveau européen, la Commission étant chargée de coordon-ner, d’identifier et d’évaluer les risques. Cette dernière devra d’ailleursémettre des recommandations à l’usage des pays membres. Par ailleurs,elle peut lister les pays à haut risque (dont les dispositifs présentent descarences manifestes susceptibles de constituer une menace pour le marchéintérieur) nécessitant une vigilance renforcée. Le second, au niveau national, les Etats membres devant notifier à la Commission le mécanisme mis en place au regard de leur évaluation desrisques nationaux. Enfin, les entités soumises au dispositif LCB/FT devront identifier et évaluerles risques auxquels elles sont exposées.

6) Renforcement de la coopération entre les cellules de renseignementsfinanciers. Les échanges entre cellules sont favorisés et ce n’est qu’excep-tionnellement qu’une CRF pourra refuser de donner l’information demandée par une autre CRF. En outre, lorsqu’une CRF reçoit une déclaration qui concerne un autre État membre, elle doit la transmettre àla CRF dudit État. Dans le cadre de l’exercice de son droit de communica-tion, une CRF d’un pays membre pourra obtenir des informations sur unassujetti opérant sur son territoire mais établi dans un autre pays de l’UEauprès de la CRF compétente de ce pays.

7) Sanctions administratives possibles en cas de manquement. Les autorités compétentes auront désormais la possibilité d’infliger des sanctions pécuniaires en cas de manquements répétitifs des assujettis auregard de leurs obligations de vigilance, de déclaration de soupçon, deconservation des données ou de contrôle interne.

Pour conclure… La lutte contre le blanchiment d’argent et le financement est une des priorités clairement annoncée par la Commission européenne. L’arsenal juridique mis en place avec la nouvelle directive et le règlement 2015/847renforçant les obligations d’information portant sur les transferts de fondsdevrait améliorer l’efficacité du dispositif LCB/FT. Pour l’Union européenne,il s’agit d’une nécessité pour assurer la solidité, l’intégrité et la stabilité dumarché européen des capitaux.

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Arrêté des comptes 2015 en IFRS : les recommandationsde l’AMF

Comme elle le fait chaque année, l’AMF a émis ses recommandations en vue de la clôture des comptes 2015 en IFRS (AMF, rec. 2015-08, 28 novembre 2015). Cette année, elle insiste sur le traitement des opérations de gestion du besoin en fonds de roulement (BFR). Par ailleurs,elle fait état publiquement de ses travaux de revue des comptes, l’ESMAdemandant aux régulateurs de marché européens, depuis 2015, de rendre compte de leur activité de contrôle au public.

La gestion du BFR

Pour améliorer leur trésorerie, les entreprises recourent de plus en plus àun pilotage de leur BFR. Aussi, l'AMF a formulé des recommandationsconcernant les opérations de gestion du besoin en fonds de roulement(BFR). Ces opérations peuvent aussi bien porter sur l'actif de la société quesur son passif.

Concernant la gestion de son actif, il peut s'agir de cessions de créancesfiscales et commerciales, d'affacturage ou de titrisation. Pour savoir s’il estpossible ou non de décomptabiliser ces créances, l’AMF rappelle que tousles risques et avantages liés aux créances qui font l’objet d’une opérationde cession doivent être analysés (risque de crédit, de dilution, garanties attachées, retard de paiement, risque de change).

En cas d’opération décomptabilisante significative, l’AMF recommande depréciser les principales caractéristiques et les éléments clés et jugementssignificatifs pris en compte dans la détermination du traitement comptableretenu.

Par ailleurs, lorsque les effets des opérations de transfert d’actifs financiersont un impact significatif, une information sur ces effets est également demandée, que ces opérations aient donné lieu à la décomptabilisationdes créances ou non.

Enfin, une attention particulière doit être portée aux informations complé-mentaires à fournir lorsque ces opérations de transfert ne sont pas uniformément réparties sur l’exercice.

Concernant la gestion de son passif, la société peut avoir recours à l'affacturage inversé portant sur les dettes d'exploitation. Cette opérationconsiste pour le client (généralement un grand groupe) à transférer sa dettefournisseur à une institution financière (factor) qui règle alors le fournisseur. À l'issue de l'opération, la dette due par le client à son fournisseur devient payable à l'institution financière. Le recours à ce typed'opération suscite les interrogations suivantes : cette opération modifie-t-elle la nature de la dette ? Comment présenter l'opération dans le tableau de flux de trésorerie ?

Pour répondre à cette problématique, l’AMF recommande une analyse détaillée de l’opération afin de déterminer leur présentation dans les étatsfinanciers. Cette analyse prendra en considération les éléments descontrats ainsi que les faits et circonstances spécifiques aux transactions.

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Pour ce faire, l'entité doit s’interroger sur la substance des opérations enanalysant notamment les objectifs de l’opération et les différences de caractéristiques de la dette vis-à-vis de l’institution financière avec unedette fournisseur mise en place hors contrat d’affacturage (délais de règlement, intérêts facturés, garanties données...).

Aussi, en cas de montants significatifs et d’analyse ayant nécessité l’exercice du jugement, le régulateur français recommande de détailler enannexe :

- les caractéristiques de l’opération ;- l’analyse effectuée ;- les effets dans les comptes (bilan et tableau de flux).

Enfin, pour les opérations de gestion centralisée de la trésorerie (cash-pooling), il est nécessaire de reprendre les critères nécessaires pourqu’un actif et un passif financier puissent être compensés à savoir (IAS 32§ 42) :

- l'existence d'un droit juridique exécutoire de compenser ;- l'intention de régler en net ou de réaliser l'actif et régler le passif simultanément.

Au-delà de l’existence d’un droit légal de compenser des créances et desdettes, qui ne doit pas être conditionnel, l’application des règles de com-pensation peut soulever des difficultés particulières sur la notion d’inten-tion de régler en net ou de réaliser l’actif et régler le passif simultanément,notamment dans le cas du cash-pooling notionnel.

Pour ce point, l'AMF recommande, compte tenu de la diversité descontrats de gestion centralisée de trésorerie et de leurs modalités opérationnelles, d’effectuer une analyse approfondie de l’ensemble descritères de compensation d’IAS 32, notamment sur la question de l’intention, afin de déterminer si les positions créditrices et débitrices detrésorerie, vis-à-vis d’une même contrepartie bancaire, sont à présentersur une base nette ou brute. L’AMF recommande aussi, en cas de montantssignificatifs et d’analyse ayant nécessité l’exercice du jugement, de détailleren annexe les caractéristiques de l’opération, l’analyse effectuée et ses effets dans les comptes. Enfin, lorsque l'émetteur dispose d'un droit légalde compensation mais n'a pas l'intention d'exercer ce droit, une informa-tion spécifique doit être donnée dans l'annexe.

La prise en compte de l’environnement économique et ses impactscomptables

Dans la mesure où beaucoup de données comptables dépendent de sous-jacents (taux d’intérêt, cours des matières premières, notation d’unpays...), l’AMF recommande de prendre en compte l’ensemble de ces éléments pour la préparation des comptes (pour apprécier la juste valeurd’un actif, la provision pour engagement de retraite ou encore réaliser lestests de dépréciation). Aussi, les informations sur l’exposition de la société,les hypothèses clés utilisées et les analyses de sensibilité devront être regroupées et détaillées afin de faciliter la compréhension du sujet par leslecteurs.

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RE Au cas particulier des taux d’intérêt, marqués par la poursuite des taux

bas, voire des taux d’intérêt à court terme négatifs, pour l’exposé de lasensibilité à la variation de taux, l’AMF recommande aux émetteurs de s’assurer que la variation jugée possible est pertinente au regard de la variabilité historique observée.

En ce qui concerne les matières premières, lorsque les impacts de leur variation de prix sont significatifs pour les comptes (ce qui peut être le cas,par exemple, eu égard à la baisse constante du cours du baril de pétrole),les émetteurs sont invités à donner une information précise sur ces impacts. De même, il est utile de présenter les effets comptables liés auxdécisions opérationnelles prises au regard des conditions de marché. Parexemple, en cas de forte exposition au cours du pétrole, il pourra être précisé la période sur laquelle le groupe s’attend à un retour à l’équilibreselon le niveau attendu.

Enfin, pour les sociétés exerçant leur activité dans les pays en zone de turbulence économique ou politique, l’AMF recommande de présenter lanature des expositions comptables et les impacts sur les comptes des décisions opérationnelles prises au regard de la situation ainsi qu’une description des incertitudes résiduelles. Par ailleurs, lorsqu’il existe desrestrictions significatives sur l’accès à des actifs ou sur les possibilités derégler des passifs, le niveau de détail des informations à donner doit êtreen corrélation avec leurs enjeux spécifiques.

Résultat des travaux de revue de l’AMF

Lors de ses contrôles a posteriori entre septembre 2014 et 2015, 54 % dessociétés contrôlées ont fait l’objet de recommandations qui se concentrentsur les thématiques suivantes (en ordre décroissant) :

- les tests de dépréciation (IAS 36) ;- la consolidation dans les entreprises associées (IAS 27,28 ; IFRS 10, 11 ,

12) ;- l’appréciation de la juste valeur des instruments financiers (IAS 32,39,

IFRS 13) ;- la comptabilisation de l’impôt (IAS 12) ;- les provisions (IAS 37).

Par ailleurs, dans cette même période, pour la revue des comptes dans lecadre d’une introduction en bourse, l’AMF fait état de demandes de modification des comptes (pour 11 cas sur 38 sociétés dont les comptesont été révisés). Les thématiques, objet de modifications, sont notammentla reconnaissance du chiffre d’affaires, le tableau de flux de trésorerie etle traitement de certains actifs incorporels.

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Notion d’émetteur

Afin de bien préciser le champ des obligations de transparence qui pèsentsur les émetteurs, il est donné une définition d’un émetteur : il s’agit d’unepersonne ou d’une entité dont les titres financiers sont admis aux négocia-tions sur un marché réglementé ou dont les titres financiers (admis ou nonà la cote), sont représentés par des certificats admis aux négociations surun marché réglementé (art L 451-1-1 du code mon. et fin.).

L’information liée au franchissement de seuils

Les règles de notification en matière de franchissement de seuil (à la haussecomme à la baisse) sont fixées à l’article L. 233-7 du code de commerce.Cet article est modifié afin de tenir compte de la détention directe maisaussi indirecte des titres (ou droits de vote) pour apprécier les seuils. Sontégalement listés les cas où cette obligation d’information ne s’impose pas(titres acquis aux fins de compensation, titres détenus par un PSI...). Par ailleurs, pour les actions ou droits de vote entrant dans le champ de la règlementation du franchissement de seuils (art. L. 233-9 du code de com.),il est précisé que les actions (et droits de vote) déjà émis ayant un effet économique similaire à la possession desdites actions, que l’accord ou l’instrument financier donne lieu à un règlement physique ou en espèces,doivent être traitées de la même façon. Signalons à ce titre qu’un arrêté du3 décembre dernier, modifiant le règlement général de l’AMF, a précisé lesmodalités de mise en œuvre du calcul du franchissement de seuils dans ceshypothèses.

L’information sur les paiements effectués aux gouvernements

La directive comptable 2013/34 de juin 2013 a imposé l’établissement d’unrapport sur les paiements (d’un montant au moins égal à 100 000 €) effectués aux autorités publiques pour les émetteurs exerçant dans le secteur extractif ou d’exploitation des ressources primaires. Déjà transpo-sée en France, les émetteurs et les entreprises de grande taille (celles dé-passant deux des trois critères fixés par l’article R. 225-105-3 du code decommerce, soit 20 M€ de bilan, 40 M€ de chiffre d’affaires HT et 250 pourle nombre moyen de salariés employés au cours de l’exercice) sont soumisà cette obligation (art. L 225-102-3 du code de com.). Outre le dépôt augreffe de ce rapport, il fait l’objet d’une publication gratuite sur le site Internet de la société dans un délai de 8 mois à compter de la clôture del’exercice ; il est conservé pendant au moins 5 ans (décret 2015-1380 du 20 octobre 2015). Par dérogation à ces délais, certains émetteurs (ceux citésà l’article L 451-1-1 du code mon. et fin.) doivent déposer au greffe ce rapport ainsi que le transmettre à l’AMF dans les 6 mois de la clôture del’exercice. Il doit être tenu à la disposition du public pendant 10 ans (art. L 225-102-3 du code de com. modifié par l’ordonnance précitée).

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RE Obligations de transparence des sociétés cotées :

une ordonnance de transposition de la directive « Transparence » en précise les modalités

Certaines dispositions de la directive «Transparence » ont déjà été transposées en France (telle la suppression l’information financière trimestrielle). Un second volet, à travers l’ordonnance 2015-1576 du 3 décembre 2015 (JO du 4), permet de compléter les mesures de transpo-sition. Elles se concentrent sur les points suivants.

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Renforcement des sanctions

Les pouvoirs de l’Autorité des marchés financiers sont renforcés. En cas demanquements liés aux obligations d’information liés aux franchissementsde seuil de détention de titres, à l’indication du nombre total de droits devote ainsi qu’au nombre d’actions composant le capital de la société (obligations visées aux articles L 233-7 et L 233-8-II du code de commerce),les décisions de l’AMF portées au public peuvent dorénavant indiquerl’identité de la personne en cause et la nature de l’infraction. Une sanctionpécuniaire d’un montant maximal de 100 M€ ou de 5 % du chiffre d’affairespeut également être prononcée. Le montant de la sanction peut aussi s’élever au décuple de l’avantage retiré du manquement, si celui-ci peutêtre déterminé.

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Pour conclure… Si la transposition en France de la directive « Transparence » avance à grandpas, elle n’est pas encore terminée. Il reste en chantier la mise en œuvre,au niveau européen, d’un mécanisme d’archivage de l’information financière des sociétés cotées ainsi que l’instauration d’un format uniquedes reportings financiers (en langage XBRL).

En bref :Transposition de la directive comptable : les modalités préciséespar deux règlements de l’ANC

L’ordonnance 2015-900 et le décret 2015-903 publiés cet été ont jeté lesbases de la transposition de la directive comptable unique du 23 juin 2013(voir notre LAT n°15). Beaucoup de prescriptions nécessitaient l’interven-tion de l’ANC pour préciser, notamment, les modalités d’amortissement etde dépréciation du fonds commercial ainsi que du goodwill. C’est chosefaite, avec la parution du règlement 2015-6 relatif aux comptes sociaux etle règlement 2015-07 relatif aux comptes consolidés (arrêté d’homologa-tion du 4 décembre 2015). Leurs dispositions, applicables à partir des exercices ouverts en 2016, seront commentées dans notre prochaine LAT.

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10Principe de matérialité : un projet de guide d’applicationde l’IASB Par Gilbert Gélard, senior advisor chez BM&A

L’IASB vient de publier un exposé-sondage (ED 2015/8, octobre 2015, soumisà commentaires jusqu’au 26 février 2016) sur l’application du principe de matérialité dans les états financiers en IFRS. Ce document s’inscrit dans uncontexte plus large où l’information financière établie selon le référentiel IFRSfait l’objet de critiques portant sur les notes annexes : longueur, complexité,caractère répétitif, manque de discrimination entre ce qui est réellement important et informatif pour l’utilisateur et ce qui résulte d’un simple soucide conformité. Cet état de fait serait dû à une mauvaise application généralisée du principe de matérialité, qui est pourtant souvent réaffirmé.

Une « disclosure initiative » a donc été lancée par l’IASB. Sa première mani-festation a été une modification d’IAS 1 « Présentation des états financiers »précisant qu’il n’est pas nécessaire de fournir une information spécifiquementrequise par une norme ou interprétation si cette information n’est pas significative (en anglais, « material »). C’est pour renforcer ce message et enfaciliter l’application que l’IASB a publié ce projet de guidance.

Objectifs poursuivis

La guidance touchera les trois domaines suivants :

- caractéristiques de la matérialité ;- comment appliquer le concept de matérialité pour décider de la communication d’une information financière dans les annexes des comptes ;- comment apprécier si les omissions et les inexactitudes sont significativespour les états financiers.

Définition et champ du concept

La définition de ce concept figure dans le cadre conceptuel, dans IAS 1 « Présentation des états financiers » et IAS 8 « Méthodes comptables,

changements d’estimations et erreurs ». Ainsi, une information est signifi-cative (matérielle) si son omission ou son inexactitude pourrait influencerles décisions que les utilisateurs prennent sur la base des informations financières d’une entité spécifique. En d’autres termes, la matérialité estun aspect de la pertinence propre à l’entité fondée sur la nature ou la taille(ou les deux) des éléments sur lesquels porte l’information dans le contextedu rapport financier d’une entité individuelle.

Les termes « pourrait influencer » doivent être nuancés dans le sens retenudans IAS 1 : comment en cas d’omission ou d’inexactitude « peut-on

raisonnablement s’attendre à ce que les utilisateurs soient influencés dans

leurs décisions » ?

Le concept s’applique à la fois à la présentation des états financiers primaires et aux notes annexes.

Il doit constituer un filtre, afin que les états financiers soient un résuméefficace et compréhensible de l’information contenue dans les enregistre-ments comptables internes.

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Tel n’est pas le cas si l’information n’est pas résumée ou agrégée de façonclaire et utile (par exemple, si un nombre excessif d’informations non significatives est divulgué ou si une information significative est cachée, lesétats financiers sont moins compréhensibles pour les utilisateurs). Il fautdonc identifier au préalable les informations attendues.

Les dispositions des IFRS doivent être appliquées si leur impact est significatifpour les états financiers pris dans leur ensemble. A contrario, une dispositionn’a pas à être appliquée si l’effet de sa non-application n’est pas significatif.

Les circonstances changent avec le temps ; en conséquence la matérialitédoit être réappréciée à chaque période. Il faut comparer l’information del’année en cours avec celle des périodes antérieures pour porter un jugement sur les changements de circonstances.

Identification des utilisateurs des états financiers et de leurs décisions

Le cadre conceptuel définit les utilisateurs principaux ( « primary financial

users ») : investisseurs actuels et potentiels, prêteurs et autres créanciers.Les dirigeants doivent prendre en compte leurs intérêts supposés et lestypes de décisions qu’ils sont susceptibles de prendre afin d’identifier lesinformations utiles à leurs décisions.

Les utilisateurs sont supposés avoir une connaissance raisonnable des affaires et de l’économie, sans cependant être des experts. En présence deplusieurs catégories d’utilisateurs, une information sera réputée significa-tive si elle sert certains utilisateurs dans toutes les catégories ou si elles’adresse à une catégorie importante et nombreuse.

• Les différents types de décision

Ces décisions sont décrites dans le chapitre « Objectifs » du cadre conceptuel.En développant une norme, l’IASB a déjà pris en compte la contrainte ducoût. Aussi, celle-ci ne doit pas entrer en ligne de compte pour apprécierla matérialité.

L’exposé-sondage fournit quelques exemples permettant l’identification del’origine des décisions :

- les attentes sur la qualité de gestionnaire des dirigeants ;- les décisions que les dirigeants auraient à prendre en se mettant dans lapeau des utilisateurs et en tentant d’ignorer leurs sources internes ;- l’observation des demandes du marché ;- l’observation des pratiques du secteur.

• Critères d’appréciation qualitatifs et quantitatifs

Les deux critères sont nécessaires. L’utilisation de seuils quantitatifs seuls,à l’exclusion de considérations qualitatives, ne suffit pas.

Pour décider si une politique comptable particulière doit être publiée, lesdirigeants se demanderont si cette divulgation est nécessaire pour comprendre les états financiers. Une information est non significative si ellese limite à citer les dispositions d’une norme sans faire le lien avec une politique comptable appliquée par l’entité. C’est ce qu’on appelle commu-nément une « boilerplate disclosure ».

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12L’appréciation peut être faite sur une base individuelle ou collective.

Présentation et information dans les états financiers

Les dirigeants doivent apprécier la matérialité des informations dans plusieurs contextes. Faut-il la présenter séparément dans les états finan-ciers primaires (bilan, compte de résultat et other comprehensive income)ou dans les notes ? Il faut aussi vérifier que cette appréciation soit toujoursvalable après la révision des états financiers complets.

• Informations non significatives

Les IFRS n’interdisent pas de divulguer des informations non significatives.Cependant, elles peuvent conduire à obscurcir celles qui sont significatives.

Il peut être parfois nécessaire de divulguer qu’une information est non significative pour une entité. Celle-ci peut souhaiter informer les utilisa-teurs qu’elle n’est pas exposée à un risque particulier normalement associéà un élément intéressant particulièrement les participants au marché.

• Agrégation et désagrégation

Si une ligne des états financiers n’est pas significative, elle est agrégée avecd’autres éléments dans les états ou dans les notes. Un élément qui n’estpas suffisamment significatif pour mériter une présentation séparée dansles états primaires peut en revanche en mériter une dans les notes.

Si, par exemple une entité a 500 contrats de location similaires, aucune information significative n’est perdue si on présente une information agrégée les concernant. Cependant, si un sous-ensemble a des caractéris-tiques nettement différentes (telles que des garanties de valeur résiduelleou des options de renouvellement), il peut être nécessaire de les divulguerséparément.

États financiers primaires et notes annexes

En présentant les états financiers, les dirigeants doivent apprécier les éléments qui doivent être signalés utilement pour lier ces états financiersavec le détail des notes afin d’aider les utilisateurs à naviguer à travers lesétats financiers.

Il se peut qu’un élément figurant dans les états financiers demande égale-ment à être détaillé dans les notes. Celles-ci contiennent également deséléments non inclus dans les états financiers, tels les passifs conditionnelset les événements non-correcteurs postérieurs à la clôture.

• Les informations spécifiées dans les IFRS

Les informations spécifiées dans les IFRS servent de base aux dirigeantspour décider ce qui sera, ou non, divulgué. Mais ces informations ne doivent pas être considérées comme une checklist qui, au nom d’une prétendue exhaustivité, éviterait tout jugement sur la pertinence.

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13• Contexte de la divulgation de l’information

Les utilisateurs primaires des états financiers considèrent l’informationdans un contexte plus large que celui des simples états financiers : rapportde gestion, informations sur le secteur et la concurrence et sur l’économieen général. Ceci agit sur le contenu des états financiers dans la mesure oùces informations sont publiques et disponibles. Néanmoins, l’entité n’estpas dispensée de l’obligation de publier une information significative requise par les IFRS au motif qu’elle est déjà disponible au public ou qu’ellea été incluse dans un communiqué de presse.

• Expédients pratiques

Ils peuvent être utilisés mais avec précaution. Une entité qui a comme politique de ne pas capitaliser ses immobilisations inférieures à un certainmontant et de les passer en charges, peut le faire, considérant que celan’influencera pas les décisions des utilisateurs primaires. Néanmoins, cettepolitique doit être revue périodiquement pour s’assurer que c’est toujoursle cas.

• Omissions et inexactitudes

Pour apprécier si des inexactitudes sont significatives, les dirigeants doiventtenir compte de la précision de la mesure des transactions. Par exemple,les provisions pour remise en état des sites ou les justes valeurs de niveau3 sont par nature incertaines et il est difficile dans ce contexte de qualifierune inexactitude. C’est pourquoi, il important d’informer les utilisateurssur la subjectivité inhérente à la mesure de tels éléments.

Si une inexactitude est commise délibérément pour tromper, c’est-à-direpour parvenir à une présentation particulière, c’est sans doute parce quel’entité pense que cette présentation influencera les décisions des utilisa-teurs ; de telles inexactitudes sont donc de facto significatives.

Pour conclure… L’application de cette guidance constituerait pour beaucoup un change-ment de comportement quasiment culturel. La lisibilité de l’information financière s’en trouverait grandement améliorée. Mais toutes les partiesprenantes devront aller dans le même sens. Par ailleurs, l’exposé-sondagene donnera pas lieu à une norme de caractère obligatoire au regard desIFRS. Cependant, une juridiction pourra choisir d’introduire dans sa législation un « Practice statement » afin d’aider les préparateurs descomptes à apprécier le concept de matérialité.

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14En bref :Référentiel IFRS : adoption par l’Union européenne de plusieurs amen-dements relatifs aux normes IFRS. Sont visées les normes suivantes.

Modifications apportées à IAS 16 « Immobilisations corporelles » et IAS 41 « Agriculture » : elles visent à faire entrer dans le champ d’IAS 16les plantes productrices alors qu’elles étaient dans le champ de IAS 41. Les amendements sont applicables aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 2016, avec une application anticipée possible (règlement2015/2113 du 23 novembre 2015, JOUE L. 306).

En ce qui concerne IFRS 11 « Partenariats », les amendements consistentà préciser la comptabilisation des acquisitions d'intérêts dans des entreprises communes. Ils sont applicables aux exercices ouverts à compterdu 1er janvier 2016, avec une application anticipée possible (règlement UE2015/2173 du 24 novembre 2015, JOUE L. 307).

Amendements à IAS 16 et IAS 38 : des clarifications sur les méthodesd’amortissement acceptables des immobilisations corporelles et incorpo-relles ont été données en posant comme principe qu’une méthoded’amortissement fondée sur les revenus générés par l’utilisation d’un actifn’est pas appropriée. Toutefois, cette présomption peut être levée danscertains cas que précisent les amendements applicables de façon prospec-tive aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 2016, avec une applica-tion anticipée possible (règlement 2015/2231 du 2 décembre 2015, JOUEL. 317).

Améliorations annuelles 2012-2014 : dans ce cadre, des modifications ontété apportées à IFRS 5 « Actifs non courants détenus en vue de la vente et

activités abandonnées » (liées au reclassement d’actifs suite à une distribution de ces actifs aux propriétaires), à IFRS 7 « Instruments financiers

-Informations à fournir » (précisions sur l’impact de transferts d’actifs financiers), à IAS 19 « Avantages du personnel » (prise en compte de lazone monétaire et non du pays pour les obligations d’entreprises de hautequalité pour la détermination du taux d’actualisation) et enfin à IAS 34 « Information financière intermédiaire ». Ces amendements sont applica-bles aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 2016, avec une application anticipée possible (règlement 2015/2343 du 15 décembre 2015,JOUE L. 330).

Amendements à IAS 1 « Présentation des états financiers » : la notiond’importance significative est mise en valeur afin de renforcer la pertinencede l’information financière. IAS 34 et IFRS 7 sont également modifiées enconséquence. Ces amendements sont applicables aux exercices ouverts àcompter du 1er janvier 2016, avec une application anticipée possible (règlement 2015/2406 du 18 décembre 2015, JOUE L. 333).

Amendements à IAS 27 « États financiers individuels », IFRS 1 « Premièreadoption » et IAS 28 « Participation dans des entreprises associées et descoentreprises » : ils permettent l’application de la méthode de la mise enéquivalence pour l’évaluation des participations dans les comptes individuels d’une entité. Ces amendements sont applicables aux exercicesouverts à compter du 1er janvier 2016, avec une application anticipée possible (règlement 2015/2441 du 18 décembre 2015, JOUE L. 336).

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Actualités de la gouvernance des sociétés cotées

L’automne a été une saison prolifique pour la gouvernance des sociétéscotées : révision du code AFEF/MEDEF, publication du rapport de l’AMFsur le gouvernement d’entreprise et la rémunération des dirigeants desociétés cotées ainsi que celui du Haut Comité de gouvernement d’entre-prise (HCGE). Voici un panorama des principaux enseignements.

Commençons par le deuxième rapport du Haut Comité de Gouvernementd’entreprise publié en octobre dernier qui, entre autres, est chargé du suivide l’application du code AFEP/MEDEF (rapport d’activité du HCGE, octobre2015). Parmi les thématiques prioritaires traitées par le HCGE, nous signalons les suivantes.

• Motivations et justifications du mode de gouvernance. Ainsi, lorsqu’il estprocédé à une unification des fonctions de président et de directeur général, il est recommandé de donner plus de détails sur les moyens misen œuvre par le conseil pour assurer l’équilibre des pouvoirs.

• Réunion des conseils hors la présence des exécutifs. Pour le HCGE, cesréunions permettent d’améliorer la gouvernance des sociétés ; elles ne doivent pas se limiter aux seuls sujets liés à la rémunération des dirigeants.

• Rémunérations variables pluriannuelles. Il est précisé, en cas de départdu dirigeant, d’appliquer le principe d’acquisition prorata temporis en fonction de la présence du dirigeant.

• Rémunérations des présidents non exécutifs. Le HCGE déconseille l’octroide rémunérations variables et de titres pour ces personnes car cela porteatteinte à l’indépendance et présente une forme d’incitations court-termiste.

• Régimes de retraite supplémentaire. Pour le HCGE, le revenu de référenceà prendre en compte correspond aux rémunérations fixe et variable an-nuelles (sans prendre en compte les rémunérations variables pluriannuelles).

Enfin, dans le cadre du suivi de ses recommandations, s’il constate en règlegénérale des améliorations, il note des axes de perfectionnement, notam-ment en matière d’indépendance des administrateurs en préconisant unemeilleure transparence des critères adoptés par la société. En matière derémunération des dirigeants, il précise que les impératifs de confidentialiténe sauraient justifier une absence de communication sur les critères deperformance liés à une rémunération variable. Concernant, les indemnitésde prise de fonction destinées à compenser la perte des avantages que l’intéressé abandonne, il convient de fournir aux actionnaires et au marchédes explications sur ces avantages perdus, dans la mesure où ils peuventêtre rendus publics.

Dans la continuité, l’AMF a publié son rapport sur le gouvernement d’entreprise et la rémunération des dirigeants de sociétés cotées (AMF,rapport 2015 publié le 9 novembre 2015). Cette année, l’AMF a souhaitéconcentrer son analyse sur les points suivants.

• Les sommes et avantages versés lors d’un départ du dirigeant. L’AMFconstate que l’encadrement des indemnités de départ n’est pas assez fortpuisque à l’occasion de départs récents de dirigeants de sociétés cotées,des sommes importantes ont pu être versées, sans respecter les conditionsattachées à ces indemnités.

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Pour une meilleure transparence, l’AMF recommande la publication d’uncommuniqué détaillant les conditions financières à l’occasion de chaquedépart.

• Les conditions de fixation des rémunérations variables annuelles et pluriannuelles. Constatant le versement de plusieurs rémunérations exceptionnelles, l’AMF invite les organisations professionnelles à revoir lesrègles qui les régissent afin de permettre aux actionnaires de contrôler lelien entre ces rémunérations et la performance réelle de l’entreprise.

• L’indépendance du président du conseil et celle des administrateurs parrapport à leur relation d’affaires. Ici le bât blesse car peu de sociétés apportent des explications étayées et circonstanciées sur la manière dontelles appliquent le critère d’indépendance relatif aux relations d’affaires.Par ailleurs, l’AMF recommande de ne pas retenir que des critères quanti-tatifs, une analyse qualitative s’avère également nécessaire pour considérerqu’une relation est non significative et exempte de conflit d’intérêts majeur.

• Évaluation du conseil. Si la quasi-totalité des sociétés déclare avoir misen place une évaluation, très peu de sociétés communiquent sur les suitesdonnées et les points d’amélioration envisagés.

Enfin, une nouvelle version du code AFEP/MEDEF de gouvernement d'entreprise a été publiée le 12 novembre 2015. Signalons que cette miseà jour est réalisée à minima, un communiqué conjoint de l’AFEP et duMEDEF ayant précisé que ledit code fera l'objet d'une révision approfondieen 2016 afin de tenir compte de l'évolution des pratiques et des pistes deréflexion de l'AMF. Les mises à jour portent sur le principe d'une consulta-tion de l'assemblée en cas de cession d'actifs significatifs et sur les « retraites chapeau » octroyées aux dirigeants des sociétés cotées.

Ainsi, tenant compte de la position de l’AMF (position-recommandation2015-05), il est introduit dans le code un vote consultatif des actionnairessur les opérations de cession d'actifs significatifs (représentant au moins50 % des actifs de la société). En cas d’avis négatif de l’assemblée, le conseildoit se réunir dans les meilleurs délais et publier immédiatement sur le sitede la société un communiqué sur les suites qu’il entend donner à l’opéra-tion. Par ailleurs, pour ce type d’opération, le code recommande que leconseil d’administration et la direction générale mettent en place desmoyens et des procédures permettant d’identifier et d’encadrer d’éventuelsconflits d’intérêts. La constitution d’un comité ad hoc composé d’au moinsdeux tiers d’administrateurs indépendants est également recommandéepour une telle opération.

Dans un autre registre, le code intègre le fait que l'octroi de régimes de retraite supplémentaires aux dirigeants est désormais soumis à la procédure des conventions réglementées (disposition introduite par la loi Macron, voir notre LAT n°15).

Pour conclure...La gouvernance des entreprises est un thème qui préoccupe beaucoup departies prenantes. La régulation « soft » a eu un effet bénéfique sur les pratiques de place, engendrant une dynamique vertueuse qu’il convientde conforter par des mesures législatives.

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Quel préjudice indemnisable en cas de rupture brutalede la relation commerciale ?Par Marlies von Pistor, coanimatrice de la ligne de service Litigation

La rupture de la relation commerciale constitue un préjudice indemnisa-ble, si elle est considérée comme brutale en raison du non-respect dupréavis ou de sa durée insuffisante au vu de l’ancienneté de la relation(art L 442-6, I, 5° du code de commerce). Depuis quelques années, nousobservons une augmentation de nos missions en matière d’évaluationdu préjudice né de la rupture brutale d’une relation commerciale, dansle cadre de procédures engagées par des distributeurs ou des fournis-seurs.

Or, l’insécurité juridique découlant de la jurisprudence de la Cour de cassation, dénoncée par la doctrine et les praticiens au nom des principes fondateurs du droit de la responsabilité, affecte égalementl’évaluation du préjudice subi par le prestataire ou l’estimation du risqueencouru par l’entreprise qui rompt la relation commerciale.

L’incidence financière de la rupture brutale de relations commerciales

Conformément aux principes régissant l’indemnisation des préjudices, l’indemnité de rupture brutale doit replacer l’entreprise prestataire dansla situation qui aurait été la sienne si la durée de préavis dictée par l’ancienneté de la relation avait été respectée.

L’évaluation du préjudice doit donc couvrir :

- tout le préjudice. Dans ce cadre, l’évaluateur compare la situation subiepar l’entreprise avec celle qui aurait prévalu dans l’hypothèse d’un respectdu préavis, en déterminant le manque à gagner (perte de marge brute) et,selon le cas, d’autres effets induits par la brutalité de la rupture (gestiondu stock du distributeur, atteinte à l’image, surcoûts engagés pour réduireles effets de la rupture brutale…) ;- et rien que le préjudice. Ainsi, si le distributeur ou le fournisseur a pu rapidement rééquilibrer son activité à des conditions normales, voire avantageuses, l’indemnité sera de facto limitée, en l’absence de démons-tration de l’existence d’un préjudice.

Le cadre jurisprudentiel de l’évaluation

Concernant le cadre de l’évaluation, il y a lieu de relever les points suivants.

• La durée du préavis : les décisions de justice ne définissent pas des critères homogènes pour fixer la durée du préavis, pouvant retenir entre6 mois et 12 mois en cas d’une rupture de relation d’une durée inférieureà 10 ans et 12 mois au-delà.

• Le calcul de l’indemnité : les décisions se réfèrent à la marge brute perdue, précisant parfois qu’elle est estimée par référence à la moyennedes réalisations des 3 années écoulées avant la rupture.

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Toutefois, à partir de ces principes communément admis, la Cour de cassation a introduit une approche forfaitaire de la condamnation, plus qu’indemnitaire, qui laisse juristes et évaluateurs perplexes.

La Cour de cassation a en effet censuré à différentes reprises des arrêts quiconsidéraient que l’absence de démonstration d’une perte de marge bruteau cours de la période de préavis, ou la constatation d’une perte mineure,faisaient obstacle à l’indemnisation de tout ou partie du préjudice allégué.Ainsi, elle a estimé que l’indemnité calculée en fonction de la marge nonréalisée pendant les mois de préavis manquants, déterminée selon les résultats antérieurs, doit être ordonnée quand bien même il serait démon-tré que la rupture n’a pas entrainé de telles conséquences financières (Cass. Com. 9 juillet 2013 n°12-20.468 et 22 octobre 2013, n° 12-28.704).

Quid du préjudice subi suite à la rupture brutale de relations commer-

ciales au sein d’un groupe ?

Dans le cas de relations commerciales rompues avec un prestataire lié commercialement avec un ensemble de sociétés d’un même groupe, lepréjudice sera déterminé par société. Dans ce cadre, la durée du préavissera estimée distinctement pour chaque société, en fonction de l’historiquede chaque relation nouée avec le prestataire. Des durées différentes depréavis pourront ainsi être retenues, la notion de « relation avec le

groupe » étant écartée (Cass. Com. 31 mars 2015 n°14-11329, affaireGraph'image c/ Canon).

En bref :Délai de paiement interentreprises : les cas dérogatoires

La loi « Macron » a modifié les dispositions relatives aux délais de paiementen retenant comme principe que le délai de paiement convenu entre les parties ne peut dépasser 60 jours à compter de l’émission de la facture (art. L. 441-6 du code de commerce). Toutefois, il existe dans certains secteurs d’activité à caractère saisonnier des délais de paiement dérogatoires(généralement plus longs) au délai de droit commun. Un décret vient de pérenniser la possibilité de délais dérogatoires (applicables à partir du 1er janvier 2016) pour les secteurs suivants : agroéquipement (pour certains équipements), ventes d'équipements pour la pratique des sports deglisse sur neige, filière du cuir, secteur de l'horlogerie, de la bijouterie, de lajoaillerie et le secteur du jouet (décret n° 2015-1484 du 16 novembre 2015).

Délai de paiement : les mentions obligatoires du rapport de gestion

Un décret (décret 2015-1553 du 27 novembre 2015) vient de préciser lesmodalités de présentation dans le rapport de gestion de l’information relative aux délais de paiement (tant pour les fournisseurs que pour lesclients depuis la loi 2014-344 du 17 mars 2014 (art. 123). Cette obligationconcerne les sociétés dotées d’un commissaire aux comptes (art. L. 441-6-1 du code de commerce). Ainsi, le rapport de gestion de ces sociétésdevra comprendre, pour les exercices ouverts à compter du 1er juillet 2016, le nombre et le montant total HT des factures reçues ou émises non régléesà la date de clôture de l’exercice dont le terme est échu. Ces montants sontventilés par tranches de retard.

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Par ailleurs, le pourcentage des retards par rapport à l’enveloppe globaledes achats et des ventes doit être indiqué. Les entreprises ont égalementla possibilité de présenter les retards sur les paiements des fournisseurs etles encaissements des clients non pas à la date de clôture mais au cours del’exercice. La ventilation de ce montant par tranche de retard doit être également indiquée ainsi que la part de ces retards par rapport à l’ensemble des factures reçues et émises. Ces informations seront à présenter sous forme de tableaux, dont les modèles seront fixés par arrêté.Quant au commissaire aux comptes, il devra attester que les informationsdélivrées en matière de délais de paiement sont sincères et concordentavec les comptes annuels dans son rapport d’audit (art. D. 823-7-1 modifiédu code de commerce).

Prévoir un médiateur en cas de litige avec des consommateurs

Pour le règlement extra-judiciaire des litiges entre consommateurs et professionnels, une ordonnance a posé le principe du recours à un média-teur en vue de régler les litiges de consommation, la mise en place de cedispositif devant intervenir au plus tard au 1er janvier 2016 (ord. 2015-1033du 20 août 2015). Un décret vient de fixer les modalités d’exécution de ceprocessus de médiation (décret 2015-1382 du 30 octobre 2015). Ainsi, lamédiation doit être accessible par voie électronique ou par courrier àtoutes les parties ; elle est gratuite pour le consommateur (sauf dans lescas de représentation par un avocat ou de recours à un expert). Le profes-sionnel a l’obligation d’informer le consommateur de l’existence d’un médiateur qui peut être interne ou externe. S’il existe déjà un médiateurpour le secteur d’activité dont relève le professionnel, il doit en informerle consommateur qui peut y recourir. Signalons que le recours à la médiation n’est pas une obligation pour le consommateur mais seulementune opportunité.

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DIT 20Vers la suppression du rapport du président et du

commissaire aux comptes y afférent ?

Un groupe de travail de l’AMF suggère la suppression du rapport du président sur les procédures de contrôle interne et de gestion des risqueset corrélativement le rapport du commissaire aux comptes. Fort duconstat de la superposition des supports pour l’information relative à lagestion des risques de l’entreprise (rapport du président, rapport de gestion, annexe, document de référence), ce groupe de travail envisagede simplifier l’information à donner en la matière : en voici les principalespropositions (AMF, rapport sur le rapport du président sur les procéduresde contrôle interne et de gestion des risques, novembre 2015).

Contexte

Actuellement, dans les sociétés anonymes (SA) et les sociétés en comman-dite par actions (SCA) dont les titres financiers sont admis aux négociationssur un marché réglementé, le président du conseil d’administration ou duconseil de surveillance doit rendre compte, dans un rapport joint au rapportde gestion, des conditions de préparation et d’organisation des travaux duconseil ainsi que des procédures de contrôle interne mises en place par lasociété. Ce rapport doit également mentionner la façon dont la société gèreses risques liés au traitement de l’information comptable et financière (art. L. 225-37, L. 225-68 et L. 226-10-1 du code de commerce). Parallèle-ment, les commissaires aux comptes des sociétés concernées doivent, dansun rapport joint au rapport sur les comptes, formuler leurs observationssur les procédures de contrôle interne de gestion des risques relatives àl’élaboration et au traitement de l’information comptable et financière relatées dans le rapport du président susmentionné (art. L. 225-235 ducode de commerce).

Cette information se retrouvant dans d’autres supports, plus particulière-ment dans le document de référence, il est légitime de se poser la questiondu groupement de l’information sur un même support.

Cette réflexion s’inscrit également dans un contexte plus large de la transposition de la directive comptable 2013/34/UE du 26 juin 2013 quiprévoit d’inclure dans le rapport de gestion (art. 19 et 20) une déclarationsur le gouvernement d’entreprise ainsi que sur les objectifs et la politiquede l’entreprise en matière de risques financiers.

Quel est le support le plus pertinent pour exposer la gestion desrisques ?

Pour le groupe de travail, le rapport de gestion pour les SA monistes ou lerapport du conseil de surveillance pour les SA à structure duale ou les SCAest le support le plus approprié pour regrouper les informations relativesaux procédures de contrôle interne et de gestion des risques. Quant à l’articulation avec le document de référence, le groupe de travail préconiseune homogénéité des informations communiquées au titre des principauxrisques décrits dans le rapport de gestion avec les facteurs de risque spécifiques à l’émetteur et/ou à son secteur d’activité exposés dans le document de référence.

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21Conséquences

La proposition, si elle était suivie, impliquera bien sûr des modifications législatives et règlementaires. La suppression du rapport du président auraitles conséquences suivantes :

- l’information relative à la gouvernance et à la politique de rémunérationfigurant actuellement dans ledit rapport serait intégrée dans une partie spécifique du rapport de gestion ou du rapport du conseil de surveillance ;- l’information relative aux procédures de contrôle interne et de gestiondes risques figurerait également dans le rapport de gestion ou dans le rapport du conseil de surveillance.

La suppression du rapport du président aurait comme corolaire celle du rapport du commissaire aux comptes sur ledit rapport. Ainsi, il est proposéque les observations sur le contenu du rapport du président figurent dansun paragraphe ad hoc du rapport d’audit, au niveau de la 3e partie relativeaux vérifications spécifiques.

Précision utile, le changement de support n’interfère en rien sur les diligences du commissaire aux comptes qui doivent rester conformes à laNEP 9505.

Pour conclure… Les propositions de ce groupe de travail de l’AMF s’inscrivent dans uncontexte plus large de l’amélioration de la pertinence et la lisibilité de l’information financière délivrée par les émetteurs (cf notre LAT n° 15, guidede l’AMF sur la pertinence de l’information financière des sociétés cotées).

En bref :Organisations patronales et représentativité : le rapport du commis-saire aux comptes doit être publié !

Les syndicats d’employeurs et les organisations patronales souhaitant établirleur représentativité, doivent nommer au moins un commissaire auxcomptes qui devra, entre autres, attester leur représentativité. Cette obligation de nomination s’impose quel que soit leur niveau de ressources(art. L. 2135-6 du code du travail) depuis les exercices ouverts au 1er janvier 2015.

Un décret (décret 2015-1525 du 24 novembre 2015) vient de préciser lesmodalités de communication du rapport du commissaire aux comptes.Celui-ci devra être publié par le biais soit de son dépôt sur le site Internetde la Direction de l’information légale et administrative (DILA), soit par lapublication sur le propre site Internet de l’organisation ou encore par latransmission à la DIRECCTE du ressort du siège social de l'organisation (art. D. 2135-8 modifié du code du travail).

Enfin, concernant les autres syndicats professionnels, unions et associationsde salariés ou d'employeurs (qui ne souhaitent pas faire établir leur représentativité), le seuil de ressources pour la nomination d'un commis-saire aux comptes est de 230 K€ (art. D. 2135-9 modifié du code du travail).

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22Deux avis techniques de la CNCC publiés en novembre 2015 : • Obligations du commissaire aux comptes au regard du respect par l’entité auditée des textes légaux et réglementaires. Cet avis recense la typologie des différentes obligations et précise les modalités d’applicationde la prise en compte du risque d’anomalies significatives dans les comptesrésultant de non-respect par l’entité de ces textes (NEP 250). Enfin, lesconséquences de leur non-respect sur la communication aux organes degouvernance ainsi qu’à l’assemblée et le cas échéant au procureur de la République en présence de faits délictueux sont abordées. • Mission de vérification de l’information RSE par le commissaire auxcomptes quand ce dernier est agréé en tant qu’organisme tiers indépendant (OTI). À ce titre, il est fait une distinction dans la mise en œuvrede ses missions entre celle entrant dans le cadre de la certification descomptes et celle spécifique en tant que OTI.

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23Vers la généralisation de la facture électronique dans lesmarchés publics

Lors d’un colloque d’octobre dernier, l’agence pour l’informatique financièrede l’État a présenté les opportunités que constitue la dématérialisation desfactures pour les entreprises qui fournissent le secteur public. Loin d’êtreune contrainte, la facture électronique permet une meilleure efficacité dansson traitement, avec la possibilité de suivre en temps réel son état d’avan-cement et à la clé des délais de paiement plus rapides. En outre, elle permetun gain en termes de coûts. A cette occasion, a été présenté le nouveau portail « Chorus Portail Pro 2017 » (voir site du ministère : chorus-factures.budget.gouv.fr) qui devrait recueillir dès 2017 les factures fournisseurs en-voyées par voie électronique. Dès 2016, 18 structures publiques testerontce nouveau portail avant le déploiement général de ce dispositif. En effet, la généralisation de la facture électronique pour la commande publique vadevenir une réalité, puisque les entreprises, selon leur taille et un calendrieréchelonné, devront obligatoirement adhérer à ce dispositif. Nous vous proposons ci-dessus un tableau récapitulatif des futures obligations.

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En bref :

Publication par le CNoCP de l’avis 2015-08 du 10 décembre 2015 relatifaux restrictions ou exclusions du contrôle des participations de l’État. Dansle cadre d’une saisine faite en réponse à la réserve formulée par la Cour descomptes dans son dernier rapport de certification, le CNoCP a modifié lanorme 7 « Les immobilisations financières » du recueil des normes compta-bles de l’ État en apportant des clarifications sur les cas de restriction oud’exclusion du contrôle de l’État sur certaines entités. Par ailleurs, les dispo-sitions normatives consacrées aux « restrictions au contrôle » sont reformu-lées afin de tenir compte des cas d’exclusion du contrôle à raison del’identification de champs de gouvernance spécifiques et distincts de celuide l’État en tant qu’entité comptable.

Grandes entreprises chiffre d'affaires annuel > 1 500 M€ 1er janvier 2017

ou total bilan > 2 000 M€ ou

effectif ≥ 5 000

ETI chiffre d'affaires annuel ≤ 1 500 M€

ou total bilan ≤ 2 000 M€ et

effectif < 5 000

PME chiffre d'affaires annuel ≤ 50 M€

ou total bilan ≤ 43 M€

et effectif < 250

Microentreprises chiffre d'affaires annuel ou

total bilan ≤ 2 M€ et effectif <10

1er janvier 2018

1er janvier 2019

1er janvier 2020

Entreprises concernées Date d’application

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om La lettre à Gilbert

Rédacteurs : Eric Seyvos, associé, responsable du Pôle Audit et Marie-Cécile Moinier, associée, responsable du Département Doctrine et Pratiques Professionnelles.Avec la participation de : Gilbert Gélard, associé du Département Doctrine et Pratiques Professionnelles, en charge de la direction éditoriale et deDiffusion : vous pouvez retrouver cette lettre sur le portail intranet Doctrine et Pratiques Professionnelles.

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