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N°352,décembre 2012 - janvier 2013, 5,50 actualités actualités Enseignement catholique www.enseignement-catholique.fr Récits éducatifs d’ailleurs L’école en Grèce Culture Fictions / Exposition Livres / Multimédia Initiatives Bienvenue chez Wood Tab Portrait Paul Cornec L’intuition éducative Actualités Les Lasalliens et l’autorité LA CHANCE DE LÉGALITÉ LA CHANCE DE LÉGALITÉ

actualités - Enseignement Catholique

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N°352,décembre 2012 - janvier 2013, 5,50 € actualitésactualitésEnseignement catholiquewww.enseignement-catholique.fr

Récits éducatifsd’ailleurs

L’école en Grèce

CultureFictions /Exposition

Livres/ Multimédia

InitiativesBienvenue

chez Wood Tab

PortraitPaul CornecL’intuitionéducative

ActualitésLes Lasalliens et l’autorité

LA CHANCE DE L’ÉGALITÉLA CHANCE DE L’ÉGALITÉ

352 Couv pI-IV (3):- 19/12/12 11:14 Page 1

Page 2: actualités - Enseignement Catholique

« La discipline dans les établissements catholiques d’enseignement » 5 € l’exemplaireNom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . . ex. de « La discipline dans les établissements catholiques d’enseignement ».

Prix unitaire : 5 €. 4 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris). 3 € l’ex. à partir de 100 ex. (frais de port non compris).Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de SGEC.

À adresser à : SGEC, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

« Même si cela n’est guère dans l’air du temps,

être en mesure de dire “non” et de sanctionner

la transgression est un élément essentiel de

la responsabilité de tout éducateur. Il s’agit même

d’un devoir d’état qui doit être pleinement assumé sous

peine de faire des enfants et des jeunes les premières

victimes de leur sentiment de toute-puissance. » Éric de Labarre

Secrétaire général de l’enseignement catholique

BON DE COMMANDE « ÉVEILLER À L’INTÉRIORITÉ » 10 € l’exemplaireNom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . exemplaires à 10 € (frais de port compris).8 € l’exemplaire à partir de 10 ex. (frais de port compris). 6 € l’exemplaire à partir de 100 ex. (frais de port non compris).

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de SGEC. À adresser à : SGEC, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

« L’enseignement

cathoLique

n’a pLus de sens

s’iL n’éduque pas

à L’intériorité. »

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ÉDITORIALpar Éric de Labarre p. 5

ACTUALITÉSEnseignement catholique p. 6Éducation p. 20

FORMATIONDélégation de tutelle p. 26

GESTIONQui sont les bénévoles Ogec ? p. 27

DOSSIER p. 29

INITIATIVESComme des grands ! /Bienvenue chez Wood Tab / Une licence universitaire au lycée pp. 41-45

PORTRAITPaul CornecL’intuition éducative p. 46

RÉCITS ÉDUCATIFSD’AILLEURSGrèce : l’école entre système D et réforme à marche forcée p. 48

PAROLES D’ÉLÈVES« La Reine était là, et moi aussi ! » p. 50

RÉFLEXIONLes confessions de FrançoisBœspflug / Leçons fortes pourécole à venir / L’hétérogénéitén’est pas une calamité p. 52-53

IMAGES PARLANTESDieu fait homme p. 54

ÉVÉ�NE�MENTLa force de l’exemple p. 57

CULTURELes Beatles… et après ? / Le choix, c’est soi pp. 58-59

LIVRES / MULTIMÉDIA pp. 60-63

INFOS + p. 64

PRATIQUE p. 65

UN JOUR, UN PROF, UNE ÉCOLEAlain Planet : « Il a fait de moiun chrétien » p. 66

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48

44

59Couverture : Y. Mariani, A. Sobocinski, D. R.Sommaire : D. R., C. Murat, Forum des sciences.

LA CHANCE DE L’ÉGALITÉL’égalité est de nombreux frontons d’école et de tous les discours sur l’éducation.Mais il y a loin – et de plus en plus – entre cet idéal et des inégalités socio-économiques que l’école n’a cessé et ne cesse de renforcer. Et si la luttecontre l’inégalité passait par sa… reconnaissance ? C’est-à-dire par la prise encompte des différences. Ce qui exige des enseignants qu’ils acceptent, comme à Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, à Montpellier, de ne pas proposer la même choseà tous les élèves au même moment. Et de certains parents, qu’ils acceptentl’ouverture à la diversité « constitutive de notre identité », ainsi que le souligne un directeur d’école catholique.

Au centre de ce numéro : un cahier détachable Au centre de ce numéro : un cahier détachable

S o m m a I r e

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 3

352 p3-5 somÉdito (3):- 19/12/12 16:09 Page 3

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4 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

DES TEXTES ESSENTIELS POUR FAIRE VIVRE DES TEXTES ESSENTIELS POUR FAIRE VIVRE

LE PROJET ÉDUCATIF DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

LE PROJET ÉDUCATIF DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Souhaite recevoir :

... exemplaires de « Regards sur l’enseignement catholique » : 10 € l’exemplaire. 7 € l’ex. à partir de 10 ex. / 5 € l’ex. à partir de 100 ex. (hors frais de port).

... exemplaires de « Être professeur dans l’enseignement catholique » : 2 € l’exemplaire (frais de port compris).

... exemplaires de « Les instances de participation et de concertation... » : 2 € l’exemplaire (frais de port compris).

... exemplaires de « L’accompagnement à l’orientation » : 4 € l’exemplaire. 3,50 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris) / 2 € l’ex. à partir de 100 ex. (hors frais de port).

... exemplaires de « Annonce explicite de l’Évangile... » : 3,50 € l’exemplaire. 2 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris) / 1,50 € l’ex. à partir de 100 ex. (hors frais de port).

... exemplaires de « L’éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement » : 4 € l’exemplaire (frais de port compris). Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de SGEC-Publications.

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

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édI torIal

L es mutations sociales et culturelles majeures desquarante dernières années ont modifié radicalementles rapports de l’homme au temps, à l’espace, à la

société, et font de la transmission et de l’école un enjeuprimordial. L’action éducative redevient ainsi un desprincipaux leviers de l’action sociale et politique. Il y aune « urgence éducative » que nous rappelle régulière-ment le pape Benoît XVI. La même intuition habite leprojet gouvernemental de « refondation » de l’école.

L’école catholique ne saurait prétendre disposer de toutes les réponses, mais elle offredes ressources qui ne peuvent être négligées.

Face à la nouvelle relation de l’homme au temps, qui fait du présent immédiat le seultemps qui vaille, entre un passé souvent disqualifié et un avenir infigurable, la traditionéducative chrétienne dispose, avec sa capacité à relire pour notre époque les vérités detoujours, d’une réelle expertise pour la transmission. C’est d’ailleurs le vrai sens dumot « tradition ».

Face à la nouvelle relation de l’homme à un espace dilaté par les moyens de transport,la téléphonie, l’internet, la mobilité professionnelle, la mondialisation, nous sommesarmés pour articuler le particulier et l’universel, le local et l’interculturel, le réel et levirtuel ou le symbolique.

Face à un individualisme qui affranchit de toute référence morale et de tout contrôlesocial au risque du repli sur soi, de l’angoisse existentielle ou de l’appartenance sec-taire, la théologie et la philosophie de la personne offrent des points d’ancrage détermi-nants et rappellent que l’homme n’existe pas isolément, qu’il n’est pas sa propreorigine et que son identité se construit dans l’échange et le dialogue.

L’enseignement catholique doit veiller à ce que ce trésor éducatif ne soit pas oublié et àce que les équipes et les communautés éducatives le fassent prospérer au service de tous.

Insister ainsi sur la singularité de l’école catholique ne nous invite pourtant pas à bâtirune contre-école, un contre-système, une contre-culture scolaire.

Il s’agit, bien au contraire, de faire de l’école catholique une institution présente aucœur de la société, et qui s’efforce de l’ensemencer de l’intérieur. Ainsi sommes-nousfidèles à la fois aux intuitions de Vatican II et de l’association par l’État à une missiond’intérêt général.

Nous aurons l’occasion de le redire lors de la Convention de l’enseignement catho-lique des 1er et 2 juin prochain.

Éric de LabarreSecrétaire général de l’enseignement catholique

« Je ne suis pas chargée devous le faire croire, je suischargée de vous le dire. »

Sainte Bernadette

ÉRIC DE LABARRE

© P

. Bes

nard

www.enseignement-catholique.frEnseignement catholique actualités École singulière

pour société plurielleactualités

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique(SGEC)

Directeur de la publication > Éric Mirieu de Labarre Rédacteur en chef >Aurélie Colas Rédacteur en chef adjoint >Sylvie Horguelin Ont participé à la rédactionde ce numéro > Jean-Louis Berger-Bordes, Claude Berruer, François Bœspflug, Mireille Broussous,Laurence Estival, José Guillemain, Danielle Lacroix, Agathe le Bescond, Stève Lepleux, Charlotte Murat,Nicole Priou, Gilles du Retail,Émilie Ropert,Aurélie Sobocinski,Dorothée TardifIsabelle Tinader.Édition > Dominique Wasmer (rédacteur-graphiste), René Troin (secrétaire de rédaction). Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane,Jean-Noël Ravolet, Marianne Sarkissian. Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71. Fax : 01 46 34 72 [email protected] > 45 €/an Numéro CPPAP > 0416 G 79858 Numéro ISSN > 1241-4301 Imprimeur >Vincent Imprimeries, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 5

DES TEXTES ESSENTIELS POUR FAIRE V

IVRE DES TEXTES ESSEN

TIELS POUR FAIRE VIVRE

LE PROJET ÉDUCATIF DE L’ENSEIGNEM

ENT CATHOLIQUE

LE PROJET ÉDUCATIF DE L’ENSEIGNEM

ENT CATHOLIQUE

LA RÉDACTION D’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE ACTUALITÉSVOUS SOUHAITE UNE BELLE ET SAINTE ANNÉE 2013 !

352 p3-5 somÉdito DEF:- 20/12/12 15:46 Page 5

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A c t u s / enseignement catholique

6 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

La convention des 1er et 2 juin 2013entre dans une phase de préparationactive. Plusieurs diocèses ont fait leur laquestion « Avons-nous besoin de l’écolecatholique ? », et parfois même… l’ont « adaptée » à leurs interlocuteursimmédiats.

Du côté du groupe de pilotageréuni le 29 novembre dernier,le déroulement de la future

convention a pris forme autour del’interrogation initiale « Avons-nousbesoin de l’école catholique ? ».Cette question doit inciter les com-munautés éducatives à se mettre àl’écoute des attentes parfois contra-dictoires de la société pour remplirle mieux possible la mission édu-cative de l’école catholique auprofit de l’intérêt général. Sixthèmes ont été retenus. Lors dela rencontre de juin prochain, ilsferont l’objet de controverses etd’échanges autour d’initiativesdéjà entreprises par les commu-nautés éducatives. Les titres sui-vants ont été proposés : « Privilégierla mixité sociale » ; « Contribuerà la nouvelle évangélisation » ; « Réussirl’insertion professionnelle » ; « Pro-mouvoir l’engagement citoyen » ; « Participer à l’animation des terri-toires » ; « Développer la créativité pé-dagogique ».Déjà plusieurs diocèses se sont mobi-lisés. Nantes a, dans un premiertemps, travaillé avec ses chargés demission en transformant ainsi la ques-tion initiale : « Avons-nous besoin dela direction diocésaine ? » Autrementdit, quelles sont les perceptions et lesattentes de cette structure tant eninterne qu’en externe ? Une enquête,réalisée par un cabinet extérieur, a étélancée en décembre. Par ailleurs, ladirection diocésaine a contacté lesresponsables académiques pour qu’ilspuissent également exprimer leursregards sur l’enseignement catho-lique. Le deuxième temps a permis deréunir les chefs d’établissement du

1er degré puis ceux du 2d degré enassemblées générales. Même si laquestion demeure incongrue pourquelques-uns, la plupart estimentnécessaire d’examiner commentl’enseignement catholique de Loire-

La convention, une démarche de prospectiveenfants ; de réunir des conseils declasse ou d’établissement sur cesthèmes en y invitant par exemple desreprésentants des communes, desréseaux associatifs… ; de développerdes parcours qui répondent aux spé-cificités des élèves.

Concernant la pédagogie, leschefs d’établissement ont souli-gné l’importance de pouvoirs’éloigner du sacro-saint pro-gramme et d’avoir la possibilitéde lancer des expérimentations(mélange de niveaux, organisationde rythmes scolaires appropriés…).Ils ont mis l’accent sur l’exigenced’une responsabilité d’organisationet de gestion des équipes pédago-giques, qui impli-que notamment deréelles dotations de décharge, ycompris pour les petites écoles. Ilsont insisté sur l’utilité de renforcerles aides publiques, d’accorder unevigilance particulière à la formationdes maîtres, de développer un projetpastoral à l’écoute des attentes desfamilles, de soigner l’accueil et leséchanges avec ces mêmes familles etde faire en sorte que l’école s’ouvrevers l’extérieur et laisse entrer l’exté-rieur. « Tout au long de l’année sco-laire, ces différents points seront repriset travaillés par les écoles », indiqueJean-Pierre Bonnet, adjoint du direc-teur diocésain pour le 1er degré et che-ville ouvrière de cette démarche.

Travail stratégique

En second degré, l’assemblée géné-rale se poursuivra au travers d’un tra-vail par bassins. Objectif : voircomment le réseau de l’enseignementcatholique peut être encore mieuxinséré dans son environnement local,particulièrement dans la vie associa-tive et socio-économique du territoire. À Angers, la réflexion s’est centrée surl’animation des territoires. Avec pourslogan « Dessinons nos territoires dedemain », la direction diocésaine et leCodiec ont décidé d’effectuer un bilan

Atlantique trouve sa place au serviced’un projet d’éducation partagé etcomment il doit adapter sa contribu-tion et son fonctionnement auxbesoins des établissements et desélèves en donnant une place plusgrande aux partenaires des commu-nautés éducatives et aux partenairesexternes, spécialement lors desconseils d’établissement. La réflexion des chefs d’établissementdu 1er degré autour de cette démarchede prospective et de dialogue tous azi-muts, placée sous le Leitmotiv« Impulser et accompagner le chan-gement », a permis d’identifier denombreux champs d’étude et d’ac-tions à privilégier. Parmi ceux-ci,notons la volonté de développer desprojets éducatifs innovants ; d’avoirune cohérence éducative pour les

Téléchargez l’affiche de la convention sur www.enseignement-catholique.fr

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 7

La convention, une démarche de prospectiveet une analyse des situations afin dedéfinir un travail stratégique sur la pré-sence des établissements et la perti-nence de leurs projets.Quant aux établissements, nous ne ci-terons à titre d’exemple que le lycéeSaint-Joseph – La Cordeille d’Ollioules(Var), qui a demandé aux élus et auxpartenaires de la vie collective : « Avons-nous besoin de Saint-Joseph ? » YvesRuellan, son directeur, conserve en mé-moire une diapositive commentée parMarc Petitqueux, directeur des achatschez CNIM (Constructions industriellesde la Méditerranée), lors de son inter-vention durant la Journée des commu-

une journée des communautéséducatives multiformePreuve de la vitalité de l’enseignement catholique,établissements et diocèses ont multiplié les propositionspour animer la Journée des communautés éducatives2012, en choisissant parfois d’autres thématiquesque celle de la convention. Ainsi, à l’ensemble scolaireJeanne-d’Arc de Colombes (Hauts-de-Seine), élèves,enseignants, personnels et parents ont mis le cap sur« l’archipel du questionnement de la vie ». Ateliers,

conférences et célébration ont ponctué la journée du 7 décembre à laquelleétaient conviés de nombreux partenaires : Restos du Cœur, Secours Catholique,Samu social… et des professionnels venus présenter leur métier. L’institutionSainte-Jeanne-d’Arc de Brignoles (Var) avait choisi, quant à elle, pour thème« Vivre ensemble avec nos différences ». L’occasion de valoriser les classesd’Ulis, dont deux élèves ont participé aux jeux Paralympiques de Londres,ou encore les élèves de la filière « sécurité et prévention » (futurs gendarmeset pompiers). Du côté des diocèses, notons qu’à Montauban, le 7 décembre fut le jour dela promulgation des orientations diocésaines. 220 personnes, représentant lescommunautés éducatives du Tarn-et-Garonne, se sont retrouvées pour laremise de ce document, fruit du travail des 30 établissements du diocèse. ÀBlois (Loir-et-Cher), en revanche, les 3es Journées de l’éducation à la relationse sont tenues les 6 et 7 décembre. Chacun était invité à suivre, le jeudi soir,la conférence de la psychologue Isabelle Filiozat, sur « les secrets de laconfiance en soi », tandis que le lendemain, des ateliers destinés à quelque250 enseignants, avaient lieu sur le thème « Grandir en confiance ». Soulignonsenfin la volonté du diocèse de Lille de s’appuyer sur cette journée pour mettreen lumière une des orientations diocésaines : « Une école d’humanité ». Unthème que chaque établissement a pu reformuler en se demandant : « En quoisommes-nous signe d’une école d’humanité ? ». sh

nautés éducatives : « L’alliance est au-dessus du contrat. À La Cordeille, vienscomme tu es. Si tu sors du contrat, ilfaut que l'on se parle. Si tu dérailles,condamne tes actes, pas ton âme. Tu esavec nous. Accepte d'entreprendre tavie, vas-y ! »

Gilles du retail

-Les initiatives évoquées ci-dessus peuventprendre place dans la rubrique « Convention »

du site portail de l’enseignement catholique*. Éta-blissements et diocèses sont invités à transmettreleurs recommandations, leurs actions et leurs ques-tionnements. Rappelons que les élèves peuvents’inscrire dans la démarche, notamment via la ré-daction de journaux de lycée et la réalisation defilms de poche.

*www.enseignement-catholique.fr

Une nouvelle directricediocésaine pour Nouméa

A lors que l’année scolaire s’achèveen Nouvelle-Calédonie – lesgrandes vacances ont lieu du

21 décembre 2012 au 14 février 2013 –,Karen Cazeau, 41 ans, succède à André-Jean Léopold à la tête de la directiondiocésaine. Née à Nouméa, cetteCalédonienne, aux très lointaines originescharentaises, a suivi des études dansl’enseignement public. Son bac en poche,elle entre à l’École normale del’enseignement privé (Enep) de Nouméa,où elle obtient, après trois ans, undiplôme d’institutrice. Elle est alors mutéeà Canala, en pays kanak, où elle tisse des liens forts avec la population dontelle découvre la culture. Attirée par lesélèves les plus fragiles, elle prépareensuite le Capsais option F pour travailleravec des adolescents en difficulté scolaire.À Sainte-Marie, à Païta, un collège de la grande banlieue de Nouméa, elleest personne-ressource pour les dispositifsparticuliers, dont une Segpa. En 2003,Karen Cazeau arrive à la directiondiocésaine comme animatrice-formatricepuis responsable AIS, avant de s’investir,deux ans plus tard, dans la formationinitiale et continue comme adjointe puiscoordinatrice de ce service. Directricediocésaine depuis le 5 décembre 2012,elle se donne deux priorités : recentrerl’enseignement catholique calédonien sur son projet éducatif, tel qu’il a étédéfini il y a deux ans, et « poursuivre le travail entamé par M. Léopold vis-à-visdes pouvoirs publics pour que toutes les familles puissent bénéficier d’unevraie liberté de choix ». SH

D. R.

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A c t u s / enseignement catholique

8 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

cnec : statut en travaux

PSAEE : DEUX SYNDICATS SIGNENT L’ACCORD

Un travail fructueux sur le futur Statutde l’enseignement catholique a été

conduit le 23 novembre dernier par le Comité national de l’enseignement catho-lique (Cnec). En préambule, MgrAumoniera indiqué que le texte avait fait l’objet d’uneréception très positive par les évêques, les-quels, réunis en assemblée plénière àLourdes, ont salué « le travail considérablefourni et la méthode employée ».Claude Berruer, adjoint au secrétaire général,a insisté, quant à lui, sur les principes quiont guidé la rédaction de l’avant-projet deStatut, à savoir « l’entrée par l’œuvre édu-cative, car c’est cette œuvre qui est auservice de la Nation », avant de rappelerque « l’Église est éducative par nature ».Les contributions écrites et orales des mem-bres du Cnec ont ensuite été débattues :l’ANCM, l’Anpec, le Cneap, la Cofaec,l’Assemblée des directeurs diocésains, laFnogec, les organisations professionnellesde chefs d’établissement, le Spelc, l’Ugsel,l’Urcec, Formiris et l’Addec ont fourni sug-

gestions ou clés de réflexion permettantd’enrichir le texte. Les comités d’écriture-relecture intégreront ces pistes avant deprésenter un projet complet au prochainCnec, prévu le 15 février 2013. Les évêquesprendront position, quant à eux, lors de leurassemblée plénière prévue fin mars. Parmi les questions d’actualité, égalementdébattues lors du Cnec du 23 novembre,figuraient le bilan de la rentrée 2012, l’état

Rentrée 2013 : avant les arbitrages définitifsLa création de 876 emplois prévus au budget 2013 sera entièrementconsommée par la réforme de la formation initiale. Les secrétaires générauxde Caec étudient actuellement la répartition du potentiel d’enseignementapporté par les admissibles au concours exceptionnel de juin. Le redéploiement interacadémique porterait, lui, sur un retrait de 200 emplois dans les académies excédentaires, une dotation de 100 emploisdans les académies déficitaires, et 100 emplois au titre du plan Égalité des chances. Enfin, statu quo pour la scolarisation des moins de 3 ans, pris en compte dans la limite de 25 % de l’effectif. Les arbitrages définitifsseront rendus fin janvier. AC

Le 13 décembre dernier, leSnec-CFTC et le Spelc ont

signé la convention collectivedes établissements d’enseigne-ment privé, résultant de la négociation avec le collègeemployeur. L’accord se substi-tue à la convention collectivedes 80 000 PSAEE1 et à l’accorddu 7 juillet 2012 sur les classifi-cations et rémunérations. LaFep-CFDT, le Synep-CFE-CGC, la CGT et FO ont, pourleur part, refusé de signer. La convention prévoit un temps de travail de 1 470 heurespour les personnels, au lieu de 1 429 actuellement, en contrepartied’une hausse de rémunération de 2 %. Il prévoit aussi une aug-mentation salariale de 1,25 % pour les personnels des servicesadministratifs et économiques, hors NAO2. Les personnelsembauchés après le 10 novembre 2010 sur la base de 1558 heures,et dont la durée de travail sera calculée sur 1 470 heures au1er septembre 2013, bénéficieront d’une indemnité forfaitairede 4 % sur les salaires perçus entre leur date d’embauche etla date d’application de la nouvelle durée du travail.

En revanche, l’accord ne comportepas de disposition pour couvrir lapériode courant de la date de signa-ture au 1er septembre 2013. Si lesquatre syndicats non signataires si-gnifiaient leur opposition communedans un délai de quinze jours aprèsla signature, la mise en œuvre seraitdifférée. Michel Quesnot, présidentde la Fnogec, a salué la signaturede cet accord : « Nous sommes allésaussi loin que nous pouvions le faire,compte tenu de la situation écono-

mique de nos établissements. »Les syndicats signataires ont indiqué pour leur part s’être « résolusà signer ce texte pour éviter à des salariés de n’être couverts quepar le code du travail », a expliqué Luc Viehé, secrétaire généraldu Spelc. La Fep-CFDT, « bien que constatant certaines avancéesen fin de négociation », a jugé néanmoins que « le compte n’yétait pas ». Le syndicat avait lancé une consultation de ses adhérents,qui devait s’achever le 19 décembre. ac (d’après AEF).

1. Personnels des services administratifs et économiques, personnels d’éducationet documentalistes des établissements d’enseignement privés. 2. Négociation annuelle obligatoire.

80 000 personnes sont concernées par l’accord signé le 13 décembre 2012.

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de santé économique de l’enseignementcatholique, marqué par une dégradationde la situation des établissements, le projetgouvernemental de refondation del’école, les prévisions budgétaires pour larentrée prochaine (cf. encadré) et laconvention de juin 2013. Enfin le « projetde loi ouvrant le mariage aux couples demême sexe » a fait l’objet d’une positionunitaire du Comité national. ac

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UNETP : mieux préparerles jeunes à l’entrepriseL ’UNETP1 avait choisi pour thème de son congrès national

« L’intégration des jeunes en entreprise : des enjeux, un défi ! »Un sujet d’actualité pour la France « qui en a fait l’enjeu capitaldes élections », souligne Dominique Campana. Et le vice-présidentde l’UNETP de se réjouir de retrouver dans le rapport Gallois2

des préconisations partagées par son Union. Dans une ambiance

très conviviale, 130 adhérents se sont retrouvés les 15 et 16 novembre 2012 au lycée Saliège de Toulouse où ils ont étéremarquablement accueillis par le directeur, Alain Copin. Tempsforts de cette rencontre : la visite des chefs d’établissement àAirbus mais aussi la réélection, pour un an et à l’unanimité, deChristine Van Lerenberghe au poste de présidente. La réflexion sur l’insertion des jeunes, nourrie par trois enquêteséclairantes, a révélé que contrairement à ce que pensent les en-seignants, les jeunes y sont mal préparés : les élèves méconnaissent« le fonctionnement économique de l’entreprise » et n’ont pas « le sens du client », expliquent les patrons. Aussi, pour améliorerla relation École-Entreprise, un protocole a été signé le 16 novembre2012 entre l’UNETP, le Cneap et ASP afin de lancer une formationde tuteur qui pourrait être fondée sur un certificat de qualificationprofessionnelle (CQP). Une façon de reconnaître qu’« il y a unevraie expertise dans la relation à l’entreprise », souligne DominiqueCampana. sh

1. Union nationale de l’enseignement technique privé. Internet : www.unetp.org2. « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française », 5 novembre 2012.

FILLES, GARÇONS : FAIRE BOUGER LES LIGNES Nous allons imposer un module sur l’égalité garçons-filles dans

la formation de tous les personnels enseignants et d’encadre-ment », déclarait le ministre de l’Éducation nationale, le 26 septem-bre dernier. Et Vincent Peillon d’ajouter qu’une expérimentationallait être développée « dans cinq académies au minimum » pourtravailler « dès le CP sur les stéréotypes ».Autant d’annonces qui ont réjoui l’UNETP1, pionnière dans ledomaine, puisque engagée depuis trois ans dans une expéri-mentation sur le sujet dans le cadre du « plan Jeunesse ». Sonambition ? « Agir sur les représentations mentales des jeunes

filles et des jeunes garçons, de leursparents et des enseignants, afin delimiter les effets des stéréotypes degenre liés aux métiers et à l’orien-tation », précise le remarquable sitede ressources que l’UNETP a créé2.Sur tout le territoire, une vingtained’équipes, chacune coordonnée parun lycée de l’UNETP, a joué le jeu.Il a consisté, la première année, àaider des élèves de 4e, leurs ensei-gnants et leurs parents, à identifierles stéréotypes ; la deuxième année,à faire intervenir en 3e de jeunesprofessionnels dont les métiers sont à l’inverse des stéréotypes... Enfin, pour cette dernière année, il s’agit de mesurer les effetsde cette sensibilisation sur l’orientation de jeunes désormais en2de. Un bilan définitif sera établi en septembre 2013. L’aventureest-elle finie pour autant ? « Pas du tout, répond Pierre-ÉtienneVanpouille, pilote du projet. Nous avons sept formateurs aguerriset souhaitons qu’ils sensibilisent d’autres établissements. Mi-janvier, nous réunirons d’ailleurs les représentants des équipesdéjà investies, en leur proposant de continuer à agir. » sh

1. Union nationale de l’enseignement technique privé.2. www.planjeunesse.unetp.org

Fnogec : une aG sous le signe des statuts

L ’atmosphère étaitstudieuse mais dé-

tendue, le 1er décem-bre dernier à Paris,lors de l’assembléegénérale de la Fnogec.Une fois la partie sta-tutaire de l’ordre dujour adoptée à l’una-nimité, Michel Ques-not, le président de laFnogec, a fait un point d’étape sur la négociation sur la conventioncollective PSAEE des 80 000 personnels Ogec, avant d’évoquerles statuts : celui de l’enseignement catholique et celui de laFnogec. Concernant le Statut de l’enseignement catholique,Michel quesnot a rappelé à Éric de Labarre, présent, que le réseaudes Ogec et Urogec avait beaucoup travaillé pour apporter sacontribution, et qu’il se félicitait qu’une partie des remarquesformulées aient d’ores et déjà été prises en compte. S’agissantdu statut de la Fnogec, le chantier se poursuivra dans les prochainsmois, sous la responsabilité de Bruno Cornu Thenard, son trésorier,afin de procéder à un toilettage juridique mais aussi de doter lafédération d’outils de pilotage tels qu’une autorité de contrôleinterne en cas de conflit. Un projet qui sera porté par MichelQuesnot, réélu président à l’issue de l’assemblée générale. ac

D. R.

D. R.

Jean-Marie Lelièvre (à gauche) et Michel Quesnot, respectivement secrétaire général et président de la Fnogec.

Le nouveau conseil de l’UNETP. Au premier rang, au centre : Christine Van Lerenberghe.

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autour desquels mettre en place des projets. « Chaque axe seraprésenté par des personnes-ressources sur lesquelles pourront ensuites’appuyer les personnes intéressées pour développer des actionsconcrètes avec les acteurs de terrain », précise Pierre Robitaille, res-ponsable du réseau EUDES. Des ateliers seront aussi organisés pourapporter des outils méthodologiques dans la définition et la conduitede projet, et chaque participant repartira avec une bibliographie luipermettant d’approfondir chacun des axes présentés. « Ces journéesont pour but de faciliter le renouvellement des porteurs de projet,suite aux nombreux départs à la retraite », souligne Pierre Robitaille,qui entend, grâce à cette initiative, encourager ceux qui le désirentà faire valoir leurs compétences. LE

Synadec : approfondir les espaces de liberté

Réunis à Rouen les 30 novembre et 1er décembre derniers,les chefs d’établissement membres du Synadec ontplanché sur la manière d’approfondir les « espaces de

liberté » dont ils jouissent dans leurs établissements. « Cette liberté, qui est à l’origine de nos écoles, est plusque jamais d’actualité, a souligné Valérie Levaufre, vice-présidente de l’organisation professionnelle. Elle doit sedévelopper dans deux directions : la liberté pédagogiqueet la liberté d’accueillir tous les élèves. » Pour alimenter les débats organisés autour du thème « Demain, l’école un espace de liberté » et ouverts par Éricde Labarre, secrétaire général du Sgec, le Synadec avaitinvité Yvon Robert, maire de Rouen et enseignant, et CarolineSaliou, présidente nationale de l’Apel. Gervais Sirois, pé-

dagogue canadien, estquant à lui venu pré-senter ses travaux sur« les intelligencesmultiples », une autrefaçon de valoriser lesélèves qui a séduitl’assistance. « Cetteintervention nous en-courage à continuerà innover, à puiserdans ce qui fait notreforce pour faire évo-luer les cadres édu-

catifs », a souligné la vice-présidente. En compagnie duprésident Claude Dalverny et du bureau, réélus à Rouen,l’équipe aux commandes du Synadec va porter ce souffled’espoir dans les établissements. « Il ne faut pas que leséquipes se laissent décourager par les contraintes économiquesou le flou qui entoure les débats sur la refondation de l’école »,conclut Valérie Levaufre. Le

EUDES : appel auxporteurs de projets Dans l’attente de l’adoption d’un nouveau texte redéfinissant

les contours de l’éducation à l’universel, au développementet à l’engagement solidaire (EUDES), l’enseignement catholique

organise les 15 et 16 janvier deux journées nationales de formationsur ce thème. Organisées autour de quatre axes forts – Vivre la so-lidarité ici et là-bas, Éduquer à la paix, Vivre autrement la mondia-lisation, Être responsable du monde et de son développement –elles rassembleront un grand nombre de partenaires (Secours Ca-tholique, CCFD-Terre Solidaire, ATD Quart Monde, Pax Christi…).L’idée est de donner aux participants des informations sur les sujets

D. R.

Gervais Sirois a présenté ses travaux sur les intelligences multiples.

Fep-cFdt : les conditionsde travail en question

Environ 80 militants de la Fep-CFDT ont participé le 14 no-vembre dernier, à Paris, à un colloque sur « la santé et lesconditions de travail des enseignants ». Un sujet dont le

syndicat a fait l’une de ses priorités, en créant il y a un an unpôle « Conditions de travail », animé par Isabelle Morlaas,secrétaire fédérale. Selon une enquête F lash1, lancée en janvier2012 par la Fep, les dégradations constatées depuis cinq ansportent principalement sur « le temps pour accomplirl’ensemble des tâches », puis « la modification des missionsdes enseignants » et enfin « la reconnaissance sociale dumétier ». Les préconisations des enseignants sont nombreuses.On retiendra trois urgences : « fairereconnaître toutes les tâches desenseignants », « redonner desmoyens financiers et hu-mains à l’enseignement »,« augmenter les salaires ».L’analyse de cette enquête apermis aux congressistes des’interroger sur l’impactde ces dégradations surle travail, à la lumière del’intervention de LaurenceJanot-Bergugnat, coauteurdu livre Le Stress des en-seignants. Des formationspermettent à des élus 1er degré, délégués du personnel, déléguéssyndicaux et membres de CHSCT d’établissements de s’approprierces données et de présenter les résultats de l’enquête (adaptéeà chaque région) aux établissements. À noter : une même enquêtesera menée fin 2013 sur les conditions de travail des personnelsde droit privé. sh

1. 6 000 réponses en provenance de toute la France. Les résultats complets sont sur :www.fep.cfdt.fr

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Du 12 au 17 novembre 2012, des enseignants ont suivi à Dijon lasession nationale « Art et spiritualitédans les disciplines scolaires », proposéepar le CUCDB1. Un temps deressourcement très apprécié.

Etienne Bécot enseigne en maternelle.Il était l’un des 80 participants à la

33e session du CUCDB1 destinée aux

DES LICENCESOUVERTES SUR DES MÉTIERS Depuis 2005, l’Institut catholique de Paris (ICP) propose aux étudiants dela faculté des lettres une option pourdécouvrir des métiers. Une préparation à l’insertion professionnelle devenueobligatoire pour toutes les licencesdepuis deux ans…

Dominique Netter, vous êtes responsableà l’ICP de la mention « Documentation,information, communication ». Quel estson objectif ?D. N. : Permettre à des étudiants de L3et de M1, inscrits en lettres, histoire,langues et arts, ne se destinant pas for-cément à l’enseignement, de découvrirles techniques et métiers de l’écriture,du livre et de la documentation. Lesétudiants valorisent ainsi leur parcoursacadémique par une option profession-nalisante en lien avec leur profil littéraire.

Quand l’art ouvre sur le sacré enseignants qui veulent mieux intégrer ladimension religieuse de la culture dansleurs cours. Inscrit depuis la rentrée 2011en master « Sciences de l’éducation et en-seignement du fait religieux2 », dans cemême centre universitaire dijonnais, ceprofesseur des écoles prépare un mémoiresur « la sacralisation du temps ». Son ob-jectif : devenir personne-ressource pourle fait religieux dans le diocèse d’Angers.Des nombreuses conférences sur le thème« Art et spiritualité » qu’il a suivies, ilretient celle d’Isabelle Rooryck3 sur ladanse. « Je n’aborderai plus jamais lesrondes de la même façon en maternelle !»confie Étienne Bécot, ému par ce qu’il aappris des liens qui unissent danse et sacré. Pour Catherine Thuillier, qui pilote lacommission fait religieux du diocèsed’Évry-Corbeil-Essonnes et assure lesuivi des adjoints en pastorale scolaire,c’est la conférence sur le vitrail par FlavieVincent-Petit-Serrière qui l’a le plus in-téressée. « Ce jeune maître verrier nous

a présenté son travail de création contem-poraine avec tellement de passion que jesuis repartie avec l’envie de créer moi-même ! » explique cette responsable quivoit dans l’art, le média idéal pour abordercatéchèse ou fait religieux. À l’originede cette session, conçue par Gérard Gobry :la volonté de créer des ponts entre l’en-seignement du fait religieux et l’histoiredes arts. « Nous souhaitions aborder desexpressions artistiques prises en chargepar l’éducation musicale ou les arts plas-tiques, mais aussi des arts plus rarementtraités », détaille cet universitaire. Unpari réussi pour les participants qui ontfacilement fait des liens entre les exposésprésentés et les programmes scolaires deleurs disciplines respectives. sh

1. Centre universitaire catholique de Bourgogne (CUCDB).Internet : www.cucdb.fr2. Huit étudiants (professeurs et responsables de la catéchèse) sont actuellement inscrits à ce master (devenunational à la rentrée 2012). 3. Conservatrice en chef des musées du Lot.

Quel est votre bilan après cinq annéesd’existence ?D. N. : Les étudiants apprécient l’aspectpluriel et pluridisciplinaire de cettemention. Celle-ci comprend une partiethéorique sur la société de l’informa-tion, des cours assurés par des pro-fessionnels sur les techniques decommunication et de rédaction, unaccompagnement personnalisé sur leprojet professionnel, des visites-métierset un stage de huit jours. Les deuxtiers des étudiants intègrent ensuitel’École des bibliothécaires-documen-

talistes (EBD), les autres une écolede journalisme, les prépas Celsa…

Cette option professionnalisante n’estplus une exception…D. N. : Non, car dans le cadre de la « nouvelle licence », toutes les uni-versités doivent introduire des modulesde préprofessionnalisation ainsi qu’unaccompagnement personnalisé desétudiants de licence. Désormais la dynamique de rapprochement de laformation universitaire et du mondedu travail est en marche. Notre facultédes lettres vient d’ailleurs d’étendreaux L2 un autre module, réservé jusque-là aux L3. Il prépare aux métiers del’enseignement et comprend 20 heuresde cours et 20 heures de stage dansun établissement scolaire, et peut êtrepoursuivi en L3.

propos recueillis par sylvie horguelin

- Internet : www.icp.fr - Saisir dans « Votre recher-che » : « Option professionnalisante “Documenta-

tion” » ou « Module de Pré-professionnalisation aux Métiersde l’enseignement (L2) ».

D. R.

Dominique Netter, Institut catholique de Paris.

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« génération numérique », a détaillésœur Nathalie Becquart, responsable duService national pour l’évangélisationdes jeunes et pour les vocations(SNEJV), conduit à repenser la pastoralepour mieux répondre à la soif croissantede repères des jeunes. Mgr Podvin, porte-parole de la Conférencedes évêques de France, s’est appuyé, quantà lui, sur le chapitre 15 des Actes des Apô-tres afin de mettre au jour des repèrespour « une communication au service de

La nouvelle évangélisation, une chanceà saisir pour mieux servir les jeunes :par où commencer ? » Tel est le thème

sur lequel 180 chefs d’établissement etAPS ont partagé les 15, 16 et 17 novembredernier, lors de la session annuelle de l’Addec1. « Une chance et une immensegrâce », a précisé Mgr Brincard, évêquedu Puy-en-Velay, qui présidait pour ladernière année, avant de passer le témoinà Mgr Le Vert, évêque de Quimper. Sousles auspices accueillants de l’Institut ca-tholique de Lille, les participants ont ré-fléchi à « la mission des éducateurschrétiens, qui est notamment de rendreaux jeunes l’Espérance qui donne sensà leur vie », selon le père Jean-BernardPlessy, secrétaire général de l’Addec. « La jeunesse est disponible, il nous fautla rejoindre. Avec la nouvelle évangéli-sation, les évêques nous invitent à lire età comprendre la culture contemporaine.Mais attention : la nouvelle évangélisa-tion n’est pas une technique de commu-nication. C’est l’essence même del’Église », a-t-il poursuivi. Rejoindre la

un nouveau Lecteur !Vincent Peillon, ministre de l’Éducationnationale, visiblement intéressé par notremagazine, a feuilleté attentivement Ensei-gnement catholique actualités sur le standde l’enseignement catholique, lors duSalon européen de l’Éducation qui s’esttenu à Paris du 22 au 25 novembre dernier.

Qualifiée de « principale révolutiondu xxe siècle » par Jérôme Vignon,président des Semaines sociales

de France, la lutte pour l’égalité entrehommes et femmes a fait l’objet de débatsnourris, fin novembre, au Parc Floral deParis. Lors de la 87e Semaine sociale,l’état des lieux n’a guère laissé de doutes :à compétences égales, les écarts de salaires regagnent du terrain, et les postesà responsabilités restent une prérogativemasculine. Les inégalités perdurent éga-lement dans la sphère privée, soumettantles femmes à une pression intense pourconcilier vies professionnelle et familiale. Les relations hommes/femmes méritentégalement d’être repensées : la philosopheSylviane Agacinski a posé de précieuxjalons pour « respecter la différence, par-ticulièrement dans les domaines de la filiation et du vivant ». Échanges et ateliers

© G. Brouillet-W

ane

addec : rendre aux jeunes L’espérancela communion » : se référer à la source,écouter l’autre jusqu’au bout, favoriser untravail d’élaboration consensuel, s’en re-mettre à plus grand que soi, se mettre auservice du plus petit. Un appel à entrer enrelation avec l’autre sous le regard du Christ,auquel a fait écho l’intervention lumineusedu docteur Jean-Guilhem Xerri, présidentde l’association Aux Captifs la Libérationqui rencontre et accompagne les personnesde la rue (SDF, prostituées). Celui-ci a pointé la fécondité d’une péda-gogie de l’engagement : « Comment passerde l’aspiration à l’engagement, qui est unetendance, à un choix de service, qui relèvede la décision ? Être à l’écoute de ce quinous habite en profondeur, renoncer à savoirà l’avance où cela mènera, et se laisser ac-compagner par le Christ. » Avant deconclure que la charité, lieu de transfor-mation personnelle, porte la Bonne Nou-velle au monde. Et de citer le bienheureuxJean-Paul II : « La charité, c’est pour toutela vie et la vie de tous. » ac

1. Alliance des directeurs et directrices de l’enseignementchrétien.

se sont intéressés aux stéréotypes qui condi-tionnent dès l’enfance. Le jeu de société« En marche vers l’égalité » a occasionnédes débats animés sur des questions tellesque : « Élève-t-on les filles et les garçonsde la même façon ? » Enfin, deux ateliers proposés par l’ensei-gnement catholique se sont livrés à untravail passionnant de repérage : le premier,animé par Marie-Odile Plançon, sur l’édu-cation affective, relationnelle et sexuelleau primaire, le second, animé par Pierre-Étienne Vanpouille, sur les choix d’orien-tation professionnelle. « Il s’agit d’unchantier de société avec des enjeux forts.Au catastrophisme de la pensée, on peutopposer l’optimisme de l’action », arésumé Marie-Odile Plançon. Pour faireévoluer les mentalités, l’école a toute saplace. ac-Vidéos des conférences : www.ssf-fr.org/ssf

L’ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES : Un chantier de société

Dr Jean-Guilhem Xerri.

© A. Colas

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 13

Faut-il supprimer le redoublement ?Oui, répond courageusement CarolineSaliou. Pour en débattre, la présidentenationale de l’Apel avait invité expertset pédagogues, le 11 décembre dernierau Sénat.

La France est le pays de l’OCDE oùle taux de redoublement est le plusélevé, avec 38 % d’élèves ayant

redoublé au moins une fois », a déclaréCaroline Saliou, en ouvrant le petit-déjeuner-débat1 qui s’est tenu au Sénatle 11 décembre 2012. « Or il est coûteux et manque d’effi-cacité », a poursuivi la présidente nationale de l’Apel. Et celle-ci de souhaiter que le gouvernement intègre sa suppression dans la future loi d’orientation et de program-mation, « au moins à l’école primaire ».Pour nourrir la réflexion sur cette question controversée,des experts étaient venusapporter leur éclairage. « Leredoublement n’est pas béné-fique », a affirmé d’embléeMarcel Crahay, professeur desuniversités de Genève et deLiège. Ce dernier a expliquéque le seul moyen de détermi-ner son inefficacité consiste àsuivre deux groupes d’élèvesde même niveau, l’un redou-blant et l’autre pas, et d’éva-luer leurs compétences un anpuis deux ans après. « Onobserve que les redoublantsprogressent mais que lesnon-redoublants progres-sent bien plus ! » a-t-il noté. Même constat négatif chezThierry Troncin, de l’IUFMde Bourgogne. Ce dernier aconduit une étude en CP car« s’il y a bien une classe oùle redoublement peut se jus-tifier, c’est le cours prépa-ratoire, pense-t-on ».3 500 élèves ont donc étésuivis pendant deux ans, duCP au CE1. Il en résulte que les redoublants pro-gressent dans les notions qui n’avaient pas été problématiquesmais restent fragiles vis-à-vis des autres notions. Onobserve par ailleurs que les élèves faibles non redoublantsont maintenu leurs acquis à la rentrée en CE1, tandis que

les redoublants, non stimulés par lafamille pendant l’été, en ont perduune partie. Aussi, pour Thierry Troncin,« le redoublement est un leurre pourla famille, les enfants et les ensei-gnants : on prétend que la répétitionsuffit, or elle ne sert à rien s’il n’y apas une analyse fine des difficultésd’apprentissage ». Et cet universitaired’avancer avec inquiétude les résultatsd’une deuxième étude qu’il a menéeauprès d’étudiants : « 50 % des futursenseignants en première année de

master pensent que le redoublement est une réponseadaptée » (cf. encadré).

Alternatives

Côté terrain, des établissements étaient venus apporter lapreuve qu’il existe des alternatives, telle l’école Notre-Dame à Saint-Pierre-la-Cour (Mayenne) qui fonctionne

en cycles (un mêmeenseignant pour troisniveaux). Chaque élève yprogresse à son rythme,quitte à être « maintenu »(le mot « redoublement »est proscrit) une année deplus dans un cycle, sinécessaire. C’est cettevoie de l’innovation péda-gogique qu’emprunte lamajorité des pays d’Eu-rope du Nord, où le redou-blement est quasi nul, avecdes résultats bien supé-rieurs à ceux de la France, aexposé Éric Charbonnier,de l’OCDE.Difficile dans ces conditionsde ne pas être d’accord avecCaroline Saliou quand elle af-firme que « la France pourraitinvestir les 2 milliards d’euros,que lui coûte le redoublementchaque année, dans la forma-tion des enseignants et la généralisation de méthodes al-ternatives plus efficaces ». Reste

à en convaincre les principaux acteurs de l’école. sylvie horguelin

1. Voir le tiré à part n° 495 de Famille & Éducation : « Supprimer le redoublement -Pourquoi ? Quelles alternatives ? ». Et le site : www.apel.fr

« Le redoubLement est un Leurre »

Caroline Saliou, présidente nationale de l’Apel.

© P. Gam

ichon/Apel

PARENTS ET ENSEIGNANTS,PLUTÔT POUR !62% des parents et 63 % des enseignants déclarent que « pourles élèves le redoublement est plutôt une bonne chose ».C’est ce que révèle un sondage Apel/OpinionWay sur « Le redoublement àl’école, quels ressentis des enseignants et des parents ? », sondage rendupublic le 11 décembre 2012. Toutefois, 77 % des parents et 56 % desenseignants (21 points d’écart !) pensent qu’il est remplaçable. Ainsi, unparent sur deux, et autant parmi les enseignants (respectivement 52 %et 51 %), voit dans la création de classes de rattrapage avec desenseignants spécialement

formés pour récupérer le retardobservé durant le trimestreprécédent, la meilleurealternative au redoublement. En revanche, l’approche parmatières, cycles et niveaux de compétences, plutôt que par classe, ne séduit que 20 %des sondés. On peut le regretterquand on sait combien cetteorganisation est féconde (cf. p. 36-37). Elle nécessite, il est vrai, de faire classeautrement. SH

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14 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Ils étaient 250, les 27 et 28 octobre der-nier, présents à Narbonne à l’appel dunouveau réseau éducatif Compagnie

Marie-Notre-Dame. Tous venus échanger,en ateliers, autour de la conférence deClaude Berruer, adjoint au secrétairegénéral de l’enseignement catholique :« Pour une pédagogie de la fraternité :l’accueil de tous ». L’occasion aussi,pour les chefs d’établissement, éducateurset familles des établissements du réseau,de mieux faire connaissance. Ce quiprend toujours… un certain temps. C’est de fait en 2004 qu’a eu lieu la fusionde la Société de Jésus-Christ avec la Com-pagnie de Marie-Notre-Dame, deux congré-gations féminines issues de la spiritualitéignatienne, et à vocation essentiellementéducative. La première a été fondée audébut du siècle dernier ; la seconde il y aquatre siècles, par sainte Jeanne de Les-

LES LASALLIENS DÉBATTENT DE L’EXERCICE DE L’AUTORITÉ

tonnac. Un temps, les deux tutelles ontperduré. « Il fallait d’abord se retrouversur un projet commun », expose FrançoisHébert, délégué d’une tutelle communedepuis la rentrée 2011. Un conseil de tutelleprovisoire a aussi pour mission d’élaborerles statuts du nouveau réseau – plus de10 500 élèves répartis entre 14 établisse-ments, de la maternelle aux classes prépa,

Du 27 au 29 octobre 2012, le lycéeSaint-Nicolas d’Issy-les-Moulineauxa accueilli les 330 participants à

l’université lasallienne d’automne. Unsuccès qui témoigne de la pertinence duthème retenu – « L’exercice de l’autorité :mission(s) impossible(s) ? » –au regard de la mission deséducateurs, au regard ausside l’Évangile qui les anime. Exposition de photos, inter-ventions scéniques pleinesd’humour et vidéo-fiction,toutes dues à des élèves, ontaidé à mieux cerner la com-plexité de la question. Toutcomme, autre innovation, le« speed dating » qui a permis,par groupes de dix, de confron-ter, le temps de face-à-facede sept minutes, regards et points de vuesur de mêmes questionnements. Il est bon aussi, a rappelé Jean-FrançoisMattéi, professeur de philosophie poli-tique à l’université de Nice, de s’appuyersur l’étymologie du terme autorité – issude « augere », « faire croître ». Alorsmême qu’on « parle plus généralement

de pouvoir, lorsqu’on évoque l’autorité,plutôt que d’augmentation de pouvoirde celui à qui on s’adresse […]. L’au-torité est la faculté d’entraîner l’assen-timent d’autrui, elle s’appuie sur sonconsentement ».

Il importe dès lors, est-il « remonté »des ateliers, de savoir exercer cettemême autorité avec justice et justesse,mais aussi de pouvoir le faire en cohé-rence avec les familles, et déjà… ausein même des communautés éduca-tives. Sans oublier cette parole d’élèvedisant accepter l’autorité d’un profes-

DEUX RÉSEAUX IGNATIENS FONT ROUTE COMMUNEorganisés en trois délégationsrégionales, Est, Sud et Ouest– et ceux de chaque établis-sement. Objectif : être prêt à la ren-trée 2013. Respectant doncle temps de l’apprivoise-ment, mais confiant aussidans ce qui les rapproche.Qui se manifeste par exem-ple à travers le Centred’études pédagogiques igna-

tien, partagé avec sept autres congrégationsd’inspiration ignatienne, pour la formationdes chefs d’établissement et des éducateurs. Et déjà, le prochain rendez-vous de « famille » est fixé au week-end du 8 mai 2014 à Lourdes. Là se mêleront,venus de tous les établissements, un mil-lier de délégués – éducateurs, parentsd’élèves et élèves. jLbb

seur parce que « on voit bien qu’il est làpour nous ». Comme le Christ en somme, quiappelle, envoie en mission et… prendgrand soin de son équipe en « coachingrapproché », a dit Véronique Sarda, du

pôle animation-formation duréseau La Salle, lors de sonintervention sur « L’autoritéau risque de l’Évangile ». « Etpourtant, son autorité n’estpas toujours reconnue, tel lelépreux qui, parmi les dixguéris, revient seul glorifierDieu. »« Déconcertantes peut-être,ces journées, a souligné frèreAndré-Pierre Gauthier, Visi-teur adjoint, pour qui atten-dait boîtes à outils et bonnes

pratiques ». Et de se référer à HannahArendt : « Pour éduquer, il faut aimersuffisamment le monde ». Et suffi-samment les jeunes, a-t-il poursuivi,« pour leur donner la possibilité deréaliser ce qu’ils ont en propre à réa-liser ». L’autorité, en somme, aurisque de la fraternité. jLbb

Les participants découvrent les photos réalisées par les élèves.

Temps de convivialité pour les 250 personnes réunies à Narbonne.

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 15

L es frimas lorrains n’ont pas découragéla centaine d’enseignants qui ont par-ticipé, le 12 décembre, à la première

rencontre régionale organisée par le Sgec,Formiris et l’Isfec d’Alsace-Lorraine surle thème « La science au service del’homme, des démarches innovantes àl’école et au collège ». Dans cette région-pilote pour l’ensei-gnement des sciences, la journée adébuté par un état des lieux : « La moitiédes classes du premier degré ne fontaucune place à l’enseignement dessciences, en dépit des programmes offi-ciels », a indiqué Claude Berruer. L’aca-démicien Pierre Léna a évoqué, quant àlui, le « craquèlement du lien entre lascience et la société » : « À la sortie d’unbac S, moins du tiers des élèves valorisela formation reçue dans des étudesscientifiques et techniques. On va à lascience parce qu’elle sélectionne l’élite,pas pour construire l’avenir. »« Œuvrer à un enseignement des sciencespour tous, dès le plus jeune âge, c’estœuvrer à l’égalité des chances », a renchériClaude Berruer. Objectif atteint avec laFondation La main à la pâte, dans laquellePierre Léna s’est engagé pour promouvoirla découverte et l’apprentissage dessciences au primaire, par la démarcheexpérimentale : « Les initiatives misesen œuvre pour introduire la science dansles zones d’éducation prioritaire ontconfirmé nos intuitions : c’est une ported’entrée exceptionnelle. » L’enseignement des sciences aurait unrôle structurant d’intégration sociale,mais aussi de garde-fou face au dévelop-pement effréné des techniques. Unexemple, avancé par Pierre Léna : « Auprimaire, les programmes traitent destrois grandes fonctions du corps, la res-piration, la digestion et la circulation du sang. Mais depuis trente ans, il y aun quatrième organe qui fait l’objet detransformations et de recherches scien-tifiques fantastiques, le cerveau. Le tra-vail sur le cerveau n’est-il pas un enjeud’éducation à la santé, à l’heure où lesenfants passent beaucoup de tempsdevant les écrans ? »

« iLs ne se trompent pas, iLs cherchent »

Plaidant pour le décloisonnement del’enseignement des sciences, l’académi-cien a conclu par un audacieux parallèleavec l’art : « On calque à tort les sciencessur les mathématiques. Or dans lessciences, il y a place pour l’hypothèse, letâtonnement. Source d’inspiration, lascience doit se nourrir de l’émerveille-ment et de l’observation. Il s’agit de don-ner à l’enfant confiance en son imagi-nation puis de lui montrer qu’avec sescapacités de raisonnement, il est capablede sélectionner ce qui, dans son imagina-tion, est recevable. » Un enjeu éducatifmajeur appelant une pédagogie inno-vante, fondée sur l’expérimentation et lerenforcement de la liberté d’inventiondes enseignants.

Un réel plaisirTables rondes et travaux en ateliers ontainsi mis en avant le foisonnement d’ini-tiatives originales développées locale-ment, telles que le Congrès des JeunesChercheurs, piloté par Vincent Idatte, oule Concours du film des Chercheurs enherbe, avec la réjouissante démonstrationd’une classe de maternelles expliquantcomment une souris retrouve son chemindans un labyrinthe. D’expérience, il futaussi question avec l’expérimentationlorraine de l’enseignement intégré des

Pierre Léna : « La science est une porte d’entrée exceptionnelle. »

sciences et technologies (EIST) au col-lège. Témoignage d’un enseignant,Antoine Talarico : « En EIST, les parentsvoient des ratures sur les cahiers et pen-sent que leurs enfants se trompent. Ils nese trompent pas, ils cherchent. »À l’heure du départ, un groupe de pro-fesseurs des écoles enthousiastes évoqueune prise de conscience : « Les intervenantsont revivifié cet apprentissage, qui n’estpas central dans notre quotidien d’en-seignants. Nous n’avons pas de formationscientifique, mais cela nous a donné enviede développer l’enseignement des sciencesdans nos classes. » Constat partagé parune enseignante en collège : « Nous avonsdu mal à dégager du temps pour expé-rimenter avec les élèves. Or c’est un réelplaisir pour eux, et c’est constructif pourla classe. Les apports de cette démarchese mesurent sur le temps long. » Et sacollègue, formatrice, de rappeler que lessciences interrogent, toutes disciplinesconfondues, la façon dont les enseignantsconstruisent leurs cours : « La plupartdes profs entrent en classe avec un coursdéjà ficelé. Il n’y a aucune place pour ledoute ou l’imprévu. Le “je sais pas”, quipermet à l’élève d’émettre des hypothèseset de chercher la solution par lui-même,est pourtant fécond : un cours se construiten se faisant. »

aurélie colas

© Université Paris-Diderot

À Nancy, pour encourager lesenseignants de primaire et de collège

à se lancer dans des démarchesinnovantes, Pierre Léna a osé

un parallèle inédit entre la science et l’art qui, toutes deux, se nourrissent

« de l’émerveillement et de l’observation ».

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A c t u s /enseignement catholique

16 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Le 5 octobre dernier, à l’issue dela célébration de rentrée de l’en-seignement catholique de la

Drôme, Mgr Lagleize a promulguépour cinq ans des « Orientationspastorales pour l’enseignement ca-tholique1». Remises aux chefs d’éta-blissement dans la cathédrale deValence, elles sont l’aboutissementdes échanges que l’évêque a eusavec les membres des communautéséducatives de son diocèse. Unedémarche exemplaire qui s’estdéroulée durant la précédenteannée scolaire. « Mgr Lagleize a rencontré, parsecteurs, des chefs d’établissement,enseignants, personnels éducatifset de service, animateurs en pas-torale, parents, bénévoles Ogec,soit près de 300 personnes aucours de cinq soirées, de janvierà juin 2012 », explique RégisTournus, directeur diocésainde Valence. Ce fut l’occasion

Bourges dans la course à l’orientation

Comment aider les élèves à s’orien-ter ? C’est à ce défi que s’est atta-qué le diocèse d’Orléans. Le

26 octobre dernier, la deuxième « Journéeinterdiocésaine de l’orientation », qui setenait à Bourges, a rencontré un vif succès.Chefs d’établissement, adjoints, ensei-gnants, responsables de BDI1... au total,160 personnes étaient présentes à cetterencontre ouverte par Yves Mariani, del’observatoire national de pédagogie del’enseignement catholique. « Les participants ont pu expliquer cequi avait évolué dans leur établissementen matière d’orientation depuis la pre-mière journée consacrée à ce sujet en2011 », explique Philippe Miton, diacreréférent, chargé de mission auprès dela direction diocésaine d’Orléans. Ilsont suivi les différentes tables rondesqui avaient pour thèmes « Connaissancede l’adolescent », « Les intelligencesmultiples », « Mettre en place une équiped’animation à l’orientation en établis-

sement ». Les ateliers, pour leur part,portaient sur les filières d’enseignement. Les professeurs des collèges ont ainsi puaffiner leur connaissance des filières deslycées classiques ou techniques, et ceuxdes lycées découvrir les nouvelles filièrespost-bac. Était également proposé unfocus sur ce moment clé de l’orientationqu’est la classe de seconde, qu’elle soitgénérale ou technologique. Il a enfin étéquestion du « webclasseur », outil nu-

mérique permettant au professeur prin-cipal de réaliser un suivi personnalisé desélèves en matière d’orientation — de sonintérêt, mais aussi de ses limites…La journée a permis d’attirer l’attentiondes participants sur l’existence dans lediocèse d’Orléans d’une cellule d’orien-tation interétablissements. « À l’originede la création de cette cellule, il y a unconstat : les outils d’orientation sont tel-lement nombreux que, paradoxalement,il devient difficile de trouver l’informationque l’on cherche », résume Philippe Miton.Entre autres services, cette cellule donneaux établissements les moyens de communiquer avec les parents via desPowerPoints. « Un outil d’autant plusimportant que beaucoup de familles nesont pas capables d’aider leurs enfantsà s’orienter et ont des représentationsparfois erronées des métiers », conclutPhilippe Miton. MB

1. Bureau de documentation et d’information.

Philippe Miton a présenté la cellule d’orientationinterétablissements du diocèse d’Orléans.

DES REPÈRES PASTORAUX POUR LA DRÔME

d’échanger de manière simple, avec unévêque abordable, sur les réussites etdifficultés vécues autour de quatreaxes : l’établissement catholiquecomme « lieu d’Église », « lieu du

vivre-ensemble référé àl’Évangile », « lieu de pro-

position de la foi » et « lieu d’ou-verture à l’universel ». Cesrencontres avaient été préparéesen amont au sein des conseilsd’établissement. Parmi les

points d’attention retenus, on comptela rencontre et le dialogue avec les autresreligions et cultures, ou encore la mo-bilisation en faveur des enfants handi-capés. Restent des questions parmilesquelles : « Que proposer quand il n’ya pas d’attentes ? » Les établissementstrouveront des éléments de réponsedans le document final qui « proposeun ensemble de repères pastoraux pourune relecture, une évaluation et uneévolution des pratiques mises en œuvrepar les communautés éducatives », écrit

Mgr Lagleize dans sa lettre pastorale. Envoici un extrait : « L’école catholique est auservice de la croissance de la personne :chacun doit pouvoir y trouver sa juste placeet y grandir en humanité. Les éducateurs ydévelopperont et y encourageront le tutorat,le soutien, l’entraide ainsi que la valorisationdes talents. » Des orientations qui ont dusouffle pour inspirer maintenant un projetdiocésain. SH

1. Document téléchargeable sur www.dec26.fr (rubrique« Pastorale »).

Mgr Jean-Christophe Lagleize et Régis Tournus.

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L e premier établissement duCneap en Guyane a ouvert sesportes à Saint-Laurent-du-

Maroni, à la rentrée. Adossé à uncollège de l’enseignement catholique,lui aussi tout juste créé, le nouvelensemble scolaire se compose de3 classes – une 6e, une 3e de l’ensei-gnement agricole et une 1re annéede CAPA1 « Agriculture des régionschaudes ». Soit une soixantained’élèves au total. D’ici à quatre ans,la structure aura quitté les bungalowsprovisoires pour s’installer dans des locaux flambant neufsabritant une ferme d’exploitation. Elle devrait y accueillirenviron 270 jeunes, de la 6e à la 3e et dans deux parcours deCAPA.La démographie de cette ville pluriethnique à la frontière avecle Suriname affiche une vitalité exceptionnelle. La moitié desSaint-Laurentais a moins de 20 ans, et le nombre d’habitantsdevrait passer de 30 000 à 100 000 d’ici à 2050. Or jusqu’àprésent l’enseignement catholique ne comptait qu’une seuleécole à Saint-Laurent, celle des Frères des écoles chrétiennes,fondée en 2010. « Les besoins de scolarisation sur place sontimmenses, explique Martine Sauvé, la nouvelle directrice dio-césaine de Guyane, qui reprend ce projet porté depuis deux anspar son prédécesseur, Aline Lican, et les responsables du Sgec.Une grande partie de nos jeunes ne se destinent pas à unescolarité longue mais cherchent des voies pour s’en sortir dansun marché de l’emploi de plus en plus tendu. Il nous faut leurrépondre de façon spécifique, en partant des talents parmilesquels un réel savoir-faire agricole. » En phase avec un territoirequi concentre les deux tiers de l’activité agricole guyanaise.L’équipe éducative, composée de huit personnes, reflète ladiversité de la population de ce département lointain où

cohabitent Noirs Marrons, Créoles,Amérindiens et Métropolitains. « Ils’agit pour nous d’une expériencede mixité sociale unique, qui vise àapporter une réelle plus-value audéveloppement régional », soulignePhilippe Poussin, secrétaire général

du Cneap. Soutenu par les acteurs

locaux (collectivi-tés, organisationsprofessionnelles,DRAF…) et fi-nancé pour moitié par la FondationSaint-Matthieu, le projet exige 500 000 euros pour les deuxpremières années de fonctionnement. Et une prochaine étapese dessine déjà pour 2013 avec la création d’un CFA hors lesmurs qui proposera des formations continues pour adultes.« Notre contribution au travail d’éducation entrepris loca-lement par les pouvoirs publics s’avère cruciale », affirme Éricde Labarre. Pour le secrétaire général de l’enseignementcatholique, « une partie de l’avenir de l’institution » se jouedans ce diocèse qui passera cette année le cap des 5 000 élèves.Pour le Cneap, l’enjeu est tout aussi fondamental : « Nousmontrons là-bas que nous privilégions une politique de redé-ploiement des moyens afin de perpétuer l’action originelle desfondateurs », souligne Philippe Poussin. Deux nouveaux lycéesagricoles, attendus pour 2014 – l’un à Tahiti, l’autre dans l’ar-rière-pays niçois – viendront confirmer cette dynamique. AS

1. Certificat d'aptitude professionnelle agricole.

GuyAne : un lycée AGricole Sort de terre

formes de pauvreté et en éveillant àl’esprit de service. Ensuite la formationdes adultes de demain avec l’objectifd’adapter l’enseignement aux réalitésdu monde via l’aménagement du tempsscolaire, différentes formes de tutorat... Enfin la promotion de l’humanité enchaque personne : les 80 établissementssont encouragés à offrir une ouvertureà l’intériorité et à la spiritualité en « s’ins-crivant pleinement dans l’Église diocé-saine ». Le précédent projet datait de2000. « Il nous fallait intégrer un certainnombre d’événements ayant traversé

Aix-Digne-Gap : des axes et des priorités

A vec un projet « renouvelé pouréduquer et évangéliser », l’ensei-gnement catholique des diocèses

d’Aix et de Digne s’est doté le 31 aoûtdernier de nouvelles orientations sousle signe de la confiance, de l’espéranceet de la reconnaissance. S’attelant à « laréalisation de tous par la réussite dechacun », le texte se décline en trois axes,au sein desquels trois actions prioritairesseront retenues par les équipes d’ici à2015. D’abord la vie en commun, enpromouvant des lieux de convivialité,en manifestant une attention à toutes les

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Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, inaugure l’établissement.

l’institution comme lesassises de l’enseigne-ment catholique, leschangements socié-taux et législatifs »,explique Jean-MarcVincenti, directeur del’interdiocèse qui in-tègre également celuide Gap depuis cetterentrée. Ces nouveaux caps ont été dé-finis à l’issue de deux années de ré-flexion de l’ensemble des communautéséducatives. » AS

© L._M. P

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A c t u s / enseignement catholique

18 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

JMJ : en France ou à Rio

Si tu vas à Rio… », chantaient Les Compagnons de la chanson.Oui, mais beaucoup de jeunes ne s’y rendront pas. Toutd’abord parce qu’il faut avoir 18 ans au 8 juillet 2013 pour

participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) brésiliennes,mais aussi parce qu’il en coûte autour de 2 000 euros par personne !Du coup, les diocèses et sanctuaires français se mobilisent pourorganiser un peu partout en France des mini-JMJ1. Avec unobjectif : vivre un moment fort, en communion avec les milliersde jeunes réunis autour du Saint-Père en Amérique du Sud.Doubler les propositions, c’est aussi l’option choisie par le RéseauJeunesse Ignatien (RJI) qui prépare deux événements : MagisRio et le Festival Lalouvesc, en Ardèche2. Au Brésil (notre photo),

du 8 au 29 juillet, c’est une quarantaine d’étudiants de BTS etclasses préparatoires des quatorze établissements scolaires jésuitesqui s’envolera avec une délégation de 230 pèlerins. À Lalouvesc,en revanche, les pèlerins, à partir de 15 ans, seront également lesbienvenus, du 23 au 28 juillet, ainsi que leurs accompagnateurs(adjoints en pastoralescolaire, cadres éduca-tifs…). Le Mouvementeucharistique des jeunes(Mej), chargé de l’ani-mation des 15-17 ans,et le RJI, de celle des18-25 ans, espèrent re-cevoir 500 personnes :lycéens du réseau Ignace-de-Loyola Éducation, étudiants familiers des routes RJI… ainsique des groupes de diocèses environnants et d’Europe (Belgique,Luxembourg, Grèce…). Sh

1. Voir la carte de France des mini-JMJ : jmj2013.catholique.fr (rubrique : « Et enFrance ? »).2. Respectivement : http://jmj.rji.fr/magis-rio et http://jmj.rji.fr/magis-la-louvesc

ZEBIBLE : L’EXPÉRIENCE CONTINUE

C’est l’histoire d’un garçon (ou d’une fille) qui va vivre unejournée particulière. À chaque étape, il lui faudra choisir.Ou plutôt ce sera

à l’internaute de décider,car il s’agit d’un film in-teractif. L’aventure finiraen boîte de nuit pour fêter son anniversaire.Parmi les cadeaux reçus,un trésor : la Bible… Cepetit film plein d’humourinvite au final les jeunesà se rendre sur la page Facebook de ZeBible. Fréquentée depuisle 1er octobre dernier par 6 000 fans de 15 à 25 ans, cette pageprésente chaque semaine un thème existentiel de la Bible. Auxinternautes de partager ensuite le verset, la phrase ou le visueldu jour. L’expérience ZeBible se poursuit donc sur les réseauxsociaux. Et ce, après la version papier, qui s’est vendue à45 000 exemplaires en un an et a été remise au pape, le 21 no-vembre dernier, par Élisabeth Terrien. Porté par l’Alliance bibliquefrançaise, avec plusieurs partenaires dont le Secrétariat généralde l’enseignement catholique, ZeBible prépare à présent le lan-cement d’une web-série, prévue au printemps 2013. Un outilaux multiples facettes, auquel il est possible de former en diocèseou en région, en prenant contact avec Élisabeth Terrien. SH

-ZeBible, l’autre expérience, c’est : une bible, éd. Bibli’O, 29,50 € ; un filminteractif : www.lautreexperience.com ; une page Facebook :

www.facebook.com/zebible ; un site pour les animateurs : www.zebible.com Contact Élisabeth Terrien : [email protected] - 06 85 84 49 43.

UNE IDÉE / UNE ACTION

lA crèche de BethléeM : deS donS pour Survivre

Le 11 décembre dernier, s’est tenu à l’Institut national desjeunes aveugles, à Paris, un concert caritatif. La violonisteMarie-Annick Nicolas et le pianiste François Daudet

ont joué bénévolement pour soutenir la Crèche de Bethléem,un orphelinat et centre d’accueil qui se trouve dans lesterritoires palestiniens. « Ce type d’opérations permet derelancer les dons », assure Bertrand de Boissieu, le présidentde l’association « Les Amis de la Crèche de Bethléem » quicompte quelque 1 200 adhérents. Des fidèles parmi lesquelsquelques entreprises, des paroisses et, bien sûr, desparticuliers qui font régulièrement des dons.La Crèche de Bethléem en a bien besoin. Fondée en 1885,par les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, ellenavigue à vue. « La Crèche est souvent aux abois », expliqueBertrand de Boissieu. Pourtant, elle est précieuse. La moitiédes 120 enfants dont elle s’occupe ont été recueillis ; l’autremoitié, ce sont des « externes » issus de familles démuniesmais qui rentrent chez eux le soir. Tous ont moins de six ans.Une trentaine de personnes travaillent à la Crèche, parmilesquelles des assistantes sociales, des infirmières et deséducatrices spécialisées. Tous les ans, de jeunes enfants ontbesoin d’être opérés de pathologies lourdes. La Crèche faitface au quotidien mais se fixe aussi des projets. Elle s’orientenotamment de plus en plus vers une aide sociale globaleafin d’aider notamment les mères à se former et à devenirainsi autonomes. MB

-Adresse : A.C.B., 7 rue Borromée, 75015 Paris.Pour faire un don en ligne : www.creche-bethleem.org

© A.C.B.

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dell’ Osservatore Rom

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Élisabeth Terrien, à Rome, face à Benoît XVI.

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et la création d’une « maison des lycéens » sur les rails. Présencemariste, n° 273, octobre 2012, p. 5.

LES ADOS NE LISENT PLUS… LES MÊMES LIVRESLes adolescents lisent de moins en moins delittérature classique au fur et à mesure qu’ilsgrandissent, mais ils dévoreraient un autretype de livres. Le phénomène Harry Pottera fait comprendre aux éditeurs qu’il leurfallait se tourner vers de nouveaux genreslittéraires : Heroic Fantasy, histoires de hérosprésentant « des caractéristiques singulièresou des handicaps », sujets de société « comme la dictaturede la beauté, le voyeurisme, la mondialisation… ». Sur cesthèmes, les jeunes n’hésitent pas à avaler de gros ouvrageset des séries de plusieurs tomes. Par ailleurs, ils croisent ceslectures avec les jeux vidéo, la télévision, le cinéma et lesréseaux sociaux. Ainsi, ils passent de nombreuses heuresdevant l’ordinateur à échanger sur leurs lectures. À l’écoute,n° 188, octobre-novembre 2012, pp. 30-34.

isabelle tinader

SUR LA TOILEDDEC 41 : L’ACTU D’ABORDC’est un blog que la di-rection diocésaine duLoir-et-Cher a choisid’ouvrir durant l’été2012. En effet, un siteest lourd à gérer « tandisqu’un blog est mieux adapté à de petites structures, expliquePhilippe Colleu, responsable communication. La créationen est gratuite, et son principal intérêt est de mieux mettreen valeur l’actu. » Conférence sur la confiance en soi,comptabilité itinérante pour les écoles ou présentationd’une tablette tactile aux enseignants font ainsi tour à tourl’objet de la Une sous la forme d’articles succincts. Toutefois,la structure du blog est conçue pour pouvoir abriter cinqrubriques reprenant des contenus plus habituels : contacts,établissements du diocèse, présentation des Codiec etUdogec, etc. En tout cas, les 2 000 connexions depuis l’ou-verture sont encourageantes. À noter : en plus du blog, unenewsletter et une page Facebook complètent cette com-munication. Pour cette dernière, une équipe composée dechefs d’établissement réfléchit à la manière de la fairevivre. En outre, un bimestriel « papier » vient aussi d’êtrelancé. Philippe Colleu reconnaît qu’il est indispensablenon seulement d’être à l’écoute de tous, mais surtout d’avoirsans cesse le souci de la collecte d’infos pour développerces outils. http://ddec41.wordpress.com

danielle lacroix

À LA UNE DES REVUES DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUEL’ÉVALUATION PEUT MIEUX FAIRELes enseignants sont massivement favorablesà une évaluation de leurs compétences, selonune enquête menée par la Fep-CFDT. Ils es-timent qu’elle doit être dissociée de l’avan-cement et pensent qu’elle est du ressort del’inspecteur (70 %) et du chef d’établissement(65 %) sous certaines conditions. Cette enquêtefait suite à un des ateliers organisés dans le cadre de la concertationsur l’école. Les constats : le système actuel ne permet pas derécompenser les « bons » enseignants, ni de sanctionner les« mautvais ». Il faut l’ouvrir à d’autres aspects tels que lapréparation des cours, la conduite de projet, le travail d’équipe,etc. Fep-CFDT Magazine, n° 174, novembre 2012, pp. 8-11.

ACTUALITÉ ET HISTOIRE DE LA FORMATIONÀ lire dans les Fiches Snceel, une interviewde Roger Gaborit, ancien secrétaire généralde Formiris. Il présente la fédération Formiris,ses missions et son fonctionnement. Il attireaussi l’attention sur le rôle du chef d’établis-sement dans la formation de son équipe. Àlire également, un article de Jean-Louis Auducqui reprend l’histoire de la formation des en-

seignants du second degré. Fiches SNCEEL, n° 672, septembre-octobre 2012, pp. 31-34 et 43-48.

VIVRE EN RÉSEAULe réseau La Salle a trois siècles. Il rassemble500 frères, 13 000 laïcs, 123 œuvres et plusde 114 000 élèves. Comment vit-il ? Commentl’anime-t-on ? D’abord en se fondant sur desvaleurs éducatives communes, un style d’édu-cation lasallien, la conviction que l’écoles’adresse d’abord à « ceux qui ne peuvents’élever sans elle ». Ces certitudes sont étayées sur une orga-nisation en services nationaux, délégations (Paris-Lille, Bretagne,Centre-Ouest…), assemblées locales de chefs d’établissement,conseils locaux d’animation lasallienne, et, depuis 2011,fraternités éducatives La Salle. Temps forts, formations, com-munication sont issus des intenses réflexions menées au seinde ces différentes instances. La Salle Liens International, n° 82,décembre 2012, pp. 14-17.

DÉLÉGUÉS ACCOMPAGNÉSPhilippe Marchetti, responsable de la viescolaire au lycée Saint-Laurent - La Paix -Notre-Dame, à Lagny-sur-Marne (77), expliquecomment sont accompagnés les délégués declasse. Au programme : journée de formation,réunions régulières par niveaux ou en plénière,mise à disposition d’un casier comme pour

les enseignants. Enfin, une charte du délégué est en préparation,

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A c t u s / éducation

La mémoire du Web L ’interface du site n’est pas des plus attrayantes, et pourtant

Internet Archive regorge de trésors. C’est une sorte de bi-bliothèque d’Alexandrie en version numérique. Depuis 1996,cette organisation à but non lucratif archive le contenu du Web.À ce jour, plus d’un million de vidéos, plus de 100 000 concerts,1,5 million de livres et 3,7 millions de textes sont mis gratui-tement à la disposition des internautes, en lecture seule ouavec possibilité de télécharger les contenus.

Le projet étant californien,le site est en anglais. Maisvous y trouverez sans pro-blème des morceaux dupatrimoine culturel fran-çais. Notamment du côtédes livres. Les ouvragesde Corneille ou de Chateau-briand, entre autres titresdu domaine public, sonttrès bien représentés. Etcerise sur le gâteau pour

les amoureux des grands classiques, le site propose une versiontéléchargeable pour les liseuses numériques. Le projet Gutenbergde numérisation des livres, auquel le site est associé, en faitd’ailleurs la deuxième plus grosse bibliothèque en ligne en libreaccès, après Google Books. On apprécie également la présencede certains livres audio en français, comme Madame Bovaryde Gustave Flaubert. Côté films, moins de fonds en français,mais tout de même des monuments de l’histoire du cinéma,comme Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès. Enfin, amusez-vous à remonter le temps grâce à la WaybackMachine. Entrez l’adresse de vos sites préférés et promenez-vous dans leurs pages telles qu’elles s’affichaient il y a deux,cinq ou dix ans. cM

zwww.archive.org

APPRENDRE AVEC LES ACADÉMICIENS Diffuser la connaissance, la rendre accessible à tous. C’est ce

principe qui a poussé Jean Cluzel, alors secrétaire de l’Acadé-mie des sciences morales et politiques, à créer, en 2004, CanalAcadémie, la web-radio des académiciens. « Depuis le début desannées 1960, la télévision est devenue la source quasi monopolis-tique des informations et des connaissances. Ce sont, du mêmecoup, trouvées éliminées toutes les étapes de la pensée et du ques-tionnement. Or, c’est une situation de régression intellectuelleque de ne pas nuancer le propos, de ne pas expliquer comment onen est arrivé aussi prestement à conclure, sans laisser la place niaux critiques ni au débat », déclarait-il lors d’un discours à la Sorbonne en 2008. Le principe de la radio est simple : diffuser gratuitement surinternet des émissions réalisées avec des académiciens, surl’histoire, la langue française, l’art, l’économie, les sciences etdes sujets de société. Le fonds est riche, et même très riche.

Il ouvre un portail inédit vers la réflexion et la connaissance dessavants. L’espace «Apprendre » offre, en outre, aux enseignantsdes fiches, supports de réflexion et d’échange, sur des extraitsd’émissions, tandis que l’onglet « Concours» propose aux étudiantsqui passent leur bac et tous les autres concours de l’enseignementsupérieur une sélection d’émissions en rapport avec les programmes,afin de leur permettre de réviser autrement et de se démarquer.Faute de budget, la radio arrête de diffuser en ce mois de janvier,mais les milliers d’émissions enregistrées depuis 2005 restent enligne. Utilisé comme support pédagogique ou pour satisfaire sacuriosité, Canal Académie devrait encore faire la joie des assoiffésde connaissance pendant un moment. cM

zwww.canalacadémie.com

pas de toile sans filet !Si c’est pas net, on t’écoute ! » C’est le slogan du site Net

écoute, développé par l’association e-enfance, en partenariatavec le secrétariat d’État à la famille. Et depuis février dernier,le site a développé une application Facebook1 pour aider lesjeunes à mieux protéger leur image et leur vie privée, et à utiliserles réseaux sociaux de manière responsable. Une hotline sousforme de chat (du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h) leur permetde dialoguer avec des conseillers formés à la psychologie del’enfance et aux notions juridiques du Web, et de leur poser toutesles questions relativesà l’utilisation du réseausocial, ou de signalerun contenu illégal cho-quant à un point decontact. Ce service, misen place après une séried’alertes suicidaires,est également proposésous forme d’extensionGoogle Chrome. Il s’ajoute au numéro vert2 créé en 2008 pourécouter et répondre aux craintes des adolescents. L’application« Facebook-net écoute » prolonge ainsi les initiatives du site Netécoute, qui sensibilise les jeunes aux dangers du Web, par le biais de vidéos et de petits jeux, et leur donne également desconseils pour bien protéger leur vie privée et éviter le cyber-harcèlement. cM

1. https://apps.facebook.com/netecoute2. Numéro vert : 0800 200 000.zwww.netecoute.fr

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 21

Le 14 décembre, le Conseil su-périeur de l’Éducation a donnéson feu vert au projet de loi

d’orientation et de programmationpour l’école. Sans surprise, le premiervolet porte sur la réforme de la for-mation initiale, avec la créationd’écoles supérieures du professoratet de l’éducation (ESPE). Le principed’une « entrée progressive dans lemétier »et de « parcours spécifiques»en master est posé, confirmant la vo-lonté gouvernementale de renforcerla professionnalisation des futurs enseignants(cf. ECA 351, p. 22). Au cours de plusieurs échanges avec Vin-cent Peillon, Éric de Labarre a rappeléque la question de la formation initialedes maîtres demeurait au cœur des préoc-cupations de l’enseignement catholique.« Les intuitions de la réforme, comme lespropositions envisagées, témoignent d’unevision de la formation initiale que nouspartageons à bien des égards. Leur ap-plication concrète pourrait néanmoinsposer problème si les équilibres de la loi

Debré et des accords Lang-Cloupet étaientmodifiés. » Un point de vigilance quiaurait été entendu : « Aujourd’hui, lesajustements utiles sont probablementtrouvés. » Deuxième réforme attendue, celle desrythmes scolaires. Le 20 novembre, leprésident de la République annonçaitl’étalement de la réforme sur deux ans, etla création d’un fonds spécifique de 250millions d’euros pour accompagner lescollectivités. En pratique, les écoliersauraient toujours 24 heures de cours heb-

réforMe de l’école : leS principeS et leS inquiétudeS

domadaires, répartis sur 5 jours, lademi-journée supplémentaire nedevant pas excéder 3 h 30. Mais lamise en œuvre de la réforme desrythmes pourrait s’avérer délicate : «Les principes ne sont pas en cause,assure Éric de Labarre, mais la ques-tion du financement public des heures“non scolaires” a été soulevée, sansque des pistes concrètes de résolutionapparaissent. » Les syndicats – Fep-CFDT, Snec-CFTC et Spelc –, pour leur part, se

sont prononcés pour la loi, « car elle vadans le sens qu’on souhaitait : refixer lesmissions qui sont celles de l’école », noteBruno Lamour, secrétaire général de laFep-CFDT. Avec des inquiétudes toute-fois, a indiqué ce dernier devant le CSE : «La réaction, très vive parfois, de collèguesdu premier degré concernant les rythmesscolaires se double d’un regard assez critique sur ce qui se dessine, en grandepartie parce qu’ils ont été privés d’infor-mations fiables ». Le projet de loi devraitêtre examiné fin janvier. Ac

ERS : un premier bilan mitigé

Dressant un premier bilan des 17 établissements de réinsertionscolaire (ERS) ayant ouvert leurs

portes à la rentrée 2010 ou 2011, les ins-pections générales déplorent les consé-quences de la « mise en place pré-cipitée » de ces structures, créées pouraccueillir les élèves de 13 à 16 ans, per-turbateurs et poly-exclus1. Sur les120 élèves sortis en juin 2011 : 38,8 %sont passés dans la classe supérieure ;8 % ont redoublé ; 11 % ont intégré desstructures diverses (Maisons familialeset rurales, par exemple) ; 3,1 % sont enapprentissage ; 14,2 % des élèves sonttoujours en ERS ; 25,4 % étaient sanssolution et ont « décroché ». Ces résultats, sensiblement égaux à ceuxdes classes-relais, ont été obtenus par lamise à disposition de moyens considé-rables : le coût moyen d’un élève est de

35 265 euros. Peu d’ERS se sont en outredotés d’un véritable projet éducatif fa-cilitant la réinsertion de ces jeunes : ab-sence de livrets personnalisés decompétences ; règles disciplinaires plusnégociées avec les élèves que réellementimposées ; faiblesse des relations avecles familles ; manque de formation etd’accompagnement des personnels ; dé-faut d’internat dans certains cas… Pas de quoi cependant remettre en causeles ERS qui doivent évoluer pour devenirun dispositif supplémentaire afin de «permettre d’aider les élèves perturbateursà reprendre pied dans leur scolaritécomme dans leur vie pour préparer leuravenir ». le

1. IGEN et IGAENR, « Les établissements de réinsertionscolaire, bilan et perspectives », juin 2012. Téléchargeablesur www.education.gouv.fr (« Le système éducatif » /« Les rapports des inspections générales »).

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURET RECHERCHE

AVANT LE PROJET DE LOI

135 propositions ont étéformulées par le comité depilotage des Assises

de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans son rapportprésenté au président de laRépublique le 17 décembre 2012.Celles-ci devraient préfigurer lesdispositions d’un prochain projet de loi articulé, selon l’Élysée, autour de quatre objectifs : « mieux assurer l’insertionprofessionnelle de tous les étudiants ;simplifier l’organisation de larecherche et de son évaluation ;faciliter le décloisonnement entregrandes écoles, universités etorganismes de recherche ; concilierefficacité et collégialité dans les instances universitaires ». AC

C A. So

bocinski

La réforme des rythmes scolaires devrait être étalée sur deux ans.

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22 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Améliorer le « climat scolaire »

Le « climat scolaire » a un impact évident sur la réussitescolaire. C’est ce que souligne Éric Debarbieux1 dans lerapport qu’il a remis à la Dgesco2 en septembre dernier.

S’appuyant sur de nombreuses études françaises et interna-tionales, le chercheur, nommé délégué ministériel chargé dela prévention des violences scolaires par Vincent Peillon,rappelle, dans Le « climat scolaire » : définition, effets etconditions d’amélioration3, qu’il ne faut pas confondre « cli-mat scolaire » et « sécurité scolaire ». Certes, la notion inclutles problèmes de violence et de brimades, mais elle ne s’ar-rête pas là. Elle fait aussi référence à l’engagement des ensei-gnants, à la qualité des relations entre enseignants et élèves,au sentiment d’appartenance à une même communauté sco-laire ainsi qu’aux questions de discipline.

En France, le « climat scolaire » est loin d’être mauvais.« 90 % des écoliers ou des collégiens disent se sentir bien ouplutôt bien dans leur établissement », rappelle l’étude, quiformule néanmoins de très intéressantes propositions pouraméliorer encore les choses.

« La qualité du climat scolaire est une responsabilité col-lective », explique l’auteur du rapport. Le travail en équipedoit devenir la règle. Il faudrait même aller jusqu’à dévelop-per le lien entre école, famille, et, le cas échéant, commu-nauté religieuse. Une stabilisation des personnels avec,pourquoi pas, dans le second degré, « un mode de recrute-ment plus localisé », pourrait également être envisagée.

Le sentiment d’injustice rend le « climat scolaire » délé-tère. L’évaluation doit devenir positive, autoriser l’erreur etéviter de stigmatiser les élèves en difficulté. Une justice sco-laire réparatrice serait également à promouvoir dans les éta-blissements. L’auteur du rapport reconnaît néanmoins que« l’accompagnement des équipes dans cette directionrest[e] à produire ».

Pour améliorer le « climat scolaire », l’auteur du rapportpropose enfin de repenser la formation initiale et permanente

des enseignants. Celle-ci « doit être clairement mise au serviced’une conception éducative large : à égale dignité l’enseignantpossède des compétences académiques et des compétenceséducatives et relationnelles ». De même que celle des chefsd’établissement, « pivot[s] du climat scolaire », afin d’améliorerencore gestion des ressources humaines, capacité d’écouteet animation des équipes. Car un bon climat scolaire résidenotamment « dans la gouvernance démocratique des éta-blissements ». « Cela est vrai tant au niveau des adultes quedans les instances de paroles des élèves. » Ce qui, in fine,permet d’améliorer les performances scolaires, c’est la res-ponsabilisation des élèves, l’apprentissage de compétencessociales et éthiques. Et de rappeler que « promouvoir uneformation citoyenne n’entre pas en conflit avec les autresbuts éducatifs mais au contraire les soutient ». MB

1. Professeur à l’université Paris-Est Créteil et président de l’Observatoire interna-tional de la violence à l’école.2. Direction générale de l’enseignement scolaire.3. Téléchargeable sur www.esen.education.fr (saisir « climat scolaire » dans lafenêtre « Recherche »).

LA SÉGRÉGATION SCOLAIREPLUS FORTE DANS LE PRIVÉ

AParis, quand le nombre d’élèves d’origine aiséecroît de 3,3 % dans les lycées publics, cette aug-mentation est de 12,9 % dans ceux du privé, « soit

quatre fois plus », relève Pierre Merle. Dans l’académiede Lyon, « l’écart est encore plus grand », avec deshausses respectives de 3,1 % et de 17,7 %. C’est leconstat établi par ce sociologue, professeur des universi-tés à l’IUFM de Bretagne, invité à présenter les résultatsinédits d’une étude sur l’évolution de la mixité socialedans les lycées publics et privés des académies de Paris,de Lyon et de Nantes de 2006 à 20101. Le nombre d’élèvesd’origine populaire recule aussi « de façon différenciée ».Quand cette baisse est de 0,6 % dans les lycées publics pari-siens, elle est d’environ 4,4 % dans les lycées privés. En 2010, dans l’académie de Paris, 46 % des élèves inscritsdans les lycées publics sont issus des classes favorisées, 19 % sont d’origine modeste et plus du tiers est issu de laclasse moyenne. Dans le secteur privé, 62 % des lycéens sontd’origine favorisée, 6 % d’origine populaire et moins d’untiers est issu de la classe moyenne. Des chiffres qui amènentPierre Merle à soutenir que « les lycées privés ont un effetd’attraction à Paris ». Dans l’académie de Lyon, les lycéespublics accueillent près d’un tiers d’élèves d’origine favorisée(contre près de la moitié dans le privé), 28 % d’origine défavorisée (14 % dans le privé), et 40 % appartenant à laclasse moyenne (39 % dans le privé). Sh (d’après AEF)

1. Le16 novembre 2012, lors d’un atelier consacré à la carte scolaire organisé parl’observatoire de la réussite scolaire et de la mixité sociale de la région Ile-de-France. Les résultats pour Nantes n’ont pas été dévoilés. Le chercheur s’est appuyésur la base statistique du MEN.

Répartition des actes graves selon leur nature et le type d'établissement.Évolution entre 2007-2008 et 2011-2012

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 23

Le colloque « Sciences cognitives et éducation », qui s’est tenu le 20 novembre 2012 au Collège de France, a permis aux participants,soucieux d’améliorer lesapprentissages, de mieux comprendrele fonctionnement du cerveau chezl’enfant. Un cheminement qui en esttoutefois à ses balbutiements.

Comment faire barrage à l’échec sco-laire ? Cette question était danstoutes les têtes des participants (en-

seignants, responsables éducatifs …) réunisle 20 novembre dernier au Collège deFrance, à Paris, pour écouter les interven-tions de scientifiques à la pointe des der-nières avancées de la recherche en matièrede sciences cognitives.« Beaucoup connais-sent mieux le fonctionnement de leurvoiture que le fonctionnement du cerveaudes enfants », a lancé en ouverture StanislasDehaene, professeur titulaire de la chairede psychologie cognitive expérimentaleau Collège de France. Son exposé visaità « apporter un bagage minimum etquelques principes fondamentaux » à l’assistance. Si la génétique joue un rôleimportant, ce n’est pas le seul élément

hce : dernier opuS

LES SCIENCES COGNITIVES AU SERVICE DES APPRENTISSAGES

permettant de comprendre les mécanismesà l’œuvre dans les processus d’apprentis-sage. « Tous les troubles sont influencéspar l’environnement, a ainsi noté FranckRamus, directeur de recherche au labo-ratoire de sciences cognitives et psycho-linguistique du CNRS/ENS1-Paris. Ducoup, il est possible d’agir. » « Les enseignants doivent devenir desexpérimentateurs », a affirmé StanislasDehaene. Pour les aider dans ces dé-marches, d’autres chercheurs ayant plus

particulièrement travaillé sur les méca-nismes à l’œuvre dans l’apprentissagedes mathématiques ou de la lecture leuront donné quelques clés. Concernant lalecture, par exemple, d’abord les enfantsreconnaissent visuellement des lettrestransformées ensuite par le cerveau enphonèmes. Pour les dyslexiques, un ap-prentissage renforcé à l’aide de logicielsde jeux permet de remettre « leurs circuitscérébraux souffrant de micro-anomalieà leur place », a rappelé le chercheur. D’ores et déjà, certains responsablesacadémiques envisagent de créer un réseau de « personnes-ressources », quipourrait être mobilisé par les enseignants.Le ministère de l’Éducation nationaleest lui aussi attentif. « Nous devons redéfinir le socle commun par rapportà ces connaissances scientifiques quivont aussi avoir un impact sur la définitionen cours des programmes de formationdans les futures écoles supérieures duprofessorat et de l'éducation [ESPE]»,a mentionné Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire. le

1. Centre national de la recherche scientifique/Écolenormale supérieure.

Stanislas Dehaene a traité des « grands principes de l’apprentissage ».

D. R

.

Etrange télescopage du calendrier :un jour après l’annonce de sonremplacement par un « Conseil

national d’évaluation du système édu-catif », le Haut Conseil de l’éducation(HCE) publie son rapport 20121,lequel préconise plusieurs pistes deréformes en phase avec le projet de loid’orientation et de programmationdévoilé la veille… Comme le texte duministère de l’Éducation nationale,celui du HCE met l’accent sur la for-mation des enseignants, appelant deses vœux une refondation des cursuset un renforcement de la pratique dutravail en équipe. Il pose, d’autre part,la question de la revalorisation sala-riale, thème à peine abordé par le pro-jet de loi.

Dans la droite ligne des débatssur la refondation de l’école,le rapport rappelle aussi la né-cessité de mieux articuler l’école pri-maire et le collège mais va plus loinque le projet de loi sur l’intérêt de sup-primer les redoublements – qu’il suggèrede remplacer par un accompagnementtout au long de l’année – ou sur le soclecommun – en avançant des propositionsvisant à clarifier son contenu. Si unelarge place est laissée, dans le documentdu HCE comme dans le projet de loi,à la question du numérique, avec no-tamment la proposition de faire desnouvelles technologies une matière àpart entière, le rapport plaide pour ledéveloppement des enseignements cen-trés sur les arts ou sur le sport afin de

favoriser l’école de toutes les intelli-gences. Une école qui devrait aussi êtredavantage ouverte sur le monde du tra-vail via le recrutement de professionnelsde l’entreprise. Enfin, une partie de ce texte est consa-crée aux pistes pour « redonner goûtà l’école » en demandant aux établis-sements et aux enseignants de laisserune plus grande place à l’expérimen-tation, avec, pour les professeurs s’en-gageant dans cette voie, une recon-naissance institutionnelle de leur im-plication dans ces projets. le

1. Téléchargeable sur www.hce.education.fr

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24 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

La série « Faire Face à l’éducation aujourd’hui » est née derencontres, organisées par la Ligue de l’enseignement etMilan Presse, au cours desquelles quelque 12 000 enseignants

ont écouté et interrogé des grandstémoins, tels le pédopsychiatre Mar-cel Rufo, le paléoanthropologuePascal Picq ou la chorégraphe KarineSaporta. Ils ont exploré l’autorité,le corps, les images, la mort, lesrêves et les inégalités. Voilà six sujetsqui font parler. Armand Bernardi,Caroline Chapperon et Philippe Ploton en ont fait autant de filmspour qu’ils fassent aussi réfléchir.Le dernier, qui fait écho au dossierde ce numéro, s’ouvre comme lescinq autres sur un constat, dressé ici par deux fillettes. À sixans, elles ont le sentiment de ne pas être les égales des grandsau moment de passer à table – « C’est pas juste parce que j’aipas faim ! » – ou d’aller au lit. Le narrateur de cet épisode, lechanteur congolais Nzongo’Soul, réagit en sage : « Si tu enrestes à ces constats, tu seras malheureux toute ta vie, et tupenseras que même Dieu n’est pas juste. »Dieu ! Le grand nom est lâché. Et il n’arrive pas par hasard

dans un chapitre qui fait la part belle à la devise républicaine« Liberté-Égalité-Fraternité » tout en rappelant que ces « motsremont[ent] beaucoup plus loin [que 1789] dans la consciencede l’humanité ». De son côté, Armand Bernardi, dans un en-tretien-fleuve1, ne mâche pas ses mots : « L’éducation répu-

blicaine, telle qu’elle s’est affinée enun siècle, est morte. Elle n’accepteplus la dimension spirituelle nécessairepour faire grandir un enfant. » Etpourtant, souligne-t-il : « Il y a […]quelque chose de l’ordre du sacrificedans l’éducation d’un enfant. “Sa-crifice” signifie “rendre sacré”. » Sile fond des films « prend son temps» (en 52 minutes on fait le tour d’unequestion), la forme est rapide : inter-ventions du narrateur et des grandstémoins, extraits de films, de specta-

cles… composent de brèves séquences qui favorisent un vi-sionnage avec les plus jeunes. En famille ou en classe. rt

1. À lire sur www.unidivers.fr

vCoffret 6 DVD « Faire face à l’éducation aujourd’hui ». Tarifs :35 € pour les particuliers (port compris en zone euro) ; 110€

pour les institutionnels et bibliothèques (licence de diffusion etfrais de port inclus). Commandes : ww.creadev-productions.com

Six films pour faire face

UNE SOURCE D’ÉCHEC. Dix-sept chapitres, vingt-neuf chercheurs reconnus pour une même mise encause de l’évaluation normative qui, selon ces chercheurs, s’avère nuisible tant du côté de ses effets surles apprentissages ou sur les comportement sociaux que par rapport à l’estime de soi. Fondée sur lacomparaison sociale, l’évaluation normative peut entraver les apprentissages et non les stimuler, commeon le croit à tort. Elle défavorise plus particulièrement les élèves les plus vulnérables socialement. Si elleest à ce point source d’échec, comment comprendre sa permanence ? Une contribution stimulante,appuyée sur des travaux scientifiques, sur cette question controversée de l’évaluation. NP

cFabrizio Butera, Céline Buchs, Céline Darnon (dir.), L’évaluation une menace ?, Puf, 188 p., 20,50 €.

L ’autisme est mal pris en charge enFrance. C’est en substance le constatdu Conseil économique, social et en-

vironnemental (CESE), qui a rendu le9octobre un rapport sur le coût économiqueet social1 de ce handicap, qui toucheraitentre 250 000 et 600 000 personnes dansnotre pays. En 2010, grâce au deuxièmeplan autisme, l’État y a consacré 1,4 milliardd’euros. Pourtant, les familles constatentune pénurie de réponses concrètes. Lediagnostic, qui peut être établi à 30 mois,intervient rarement avant l’âge de six ans,faute de places dans les centres de dépistage,et 13 000 jeunes en situation de handicap

sont toujours sans solution éducative. Car,regrette le CESE, « on dépense mal enmultipliant des financements non coor-donnés ». Et de préconiser d’« articulerles politiques sociales et sanitaires autourd’un parcours de vie ».Le rapport propose plusieurs solutions,parmi lesquelles la labellisation du contenudes formations des travailleurs sociauxpar les Centres de ressources autisme(CRA), la mise en œuvre d’une épidé-miologie de l’autisme et la constructiond’un corpus statistique commun à l’en-semble des services de l’État, l’amélio-ration du dépistage précoce par la mise

en place d’itemsspécifiques dansle carnet desanté des en-fants, la facili-tation de la viedes familles parla création d’unnuméro vert etle financement de l’aide à domicile, etenfin la création de places d’accueil dansles lieux collectifs petite enfance et chezles assistant(e)s maternel(le)s. cM

1. www.lecese.fr (puis saisir « autisme » dans la fenêtre« Rechercher »).

Mieux AccoMpAGner leS AutiSteS

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 25

Les syndicats ont salué l’initiative du ministre de l’Éducation nationale,Vincent Peillon, qui a décidé de mettrerapidement en œuvre la simplificationdu livret personnel de compétences(LPC). Attaché à l’école du soclecommun, l’enseignement catholique a tenu à souligner qu’en simplifianttrop, on prenait peut-être le risque de jeter le livret avec l’eau du bain.

C’est pour cette année ! Une noterelative à la simplification dulivret personnel de compétences

(LPC), qui évalue les acquisitions dusocle commun, a été publiée au BO le27 septembre dernier et s’appliqueradès cette année.

Cette simplification va loin. Pour lesélèves qui ne rencontrent pas de diffi-cultés particulières, « l’attribution dusocle repose uniquement sur la valida-tion des sept compétences, sans que soitexigé le renseignement des domaines etdes items du livret personnel de compé-tences », précise la note de service.Ainsi, « le nombre de pages du LPC aété diminué d’un tiers », indique BenoîtSkouratko, chargé du pôle Collège audépartement Éducation du Sgec.

Le livret des élèves en difficulté est lui

aussi allégé. « Lorsqu’il s’avère quel’acquisition d’une compétence est dis-cutée, les équipes pédagogiques ne ren-seignent que les domai-nes et non plus les items[26 domaines pour lepalier 3, contre 97 items]au total », détaille lanote de service.

Enfin, seul le certificatde validation des compé-tences sera adressé auxfamilles, soit… 1 page.Cela va faciliter la vie desenseignants et des chefsd’établissement, bien sou-vent désemparés par l’am-pleur de la tâche. « C’estun dispositif lourd quiexige beaucoup de concer-tation, or celle-ci n’estpas toujours au rendez-vous. En outre,dans la majorité des disciplines, l’ensei-gnement est pensé en terme d’évaluationdes connaissances et non des compé-tences », poursuit Benoît Skouratko.

L’initiative de Vincent Peillon a étésaluée par tous les syndicats. Le Sgen-CFDT, le Snuipp-FSU et le SE-Unsay voient un premier pas vers la mise en place d’un outil d’évaluation descompétences plus lisible, véritable levier

D ans un contexte d’autonomie croissanteconférée aux établissements, la Revue in-ternationale d’éducation s’interroge dans

son numéro 60 sur le rôle et les missions des chefsd’établissement à partir de regards croisés portéssur les systèmes éducatifs américain, portugais,français, chilien, allemand, slovène et suédois.S’agit-il d’un métier ou d’une simple fonction ?Parle-t-on d’un ou de plusieurs métiers ? Peut-ondégager une même identité professionnelle ? Au-trefois purement administratif, le métier comporteune part croissante de pilotage pédagogique etstratégique, ainsi que d’expertise locale, condi-tionnés dans plusieurs pays par l’évaluation des établissements,

notamment sur leur capacité d’intégration et de réussitedes élèves en difficulté. Plusieurs articles soulignentl’écart entre la définition normative de la fonction etl’exercice réel du métier dont les contours et les missionsrestent mal définis : derrière le statut unique se cacheune pluralité de métiers – qui fait écho à la diversitédes établissements –, d’autant plus marquée dans lespays à forte tradition décentralisatrice. Enfin, les auteursinsistent sur l’effort à faire porter sur la professionna-lisation d’un métier en profonde mutation. On retiendranotamment la contribution à contre-courant de Dan Collberg, qui passe au crible la refonte du systèmescolaire suédois, inspirée des théories du New Public

Management, aujourd’hui remise en cause. AC

LE LPC SIMPLIFIÉ EST SUR LES RAILS

Chefs d’établissement : un statut, des métiers

de communication avec les familles.Mais d’autres appellent de leurs vœux lasuppression pure et simple du LPC.

C’est le cas d’HubertRaguin, secrétaire gé-néral de la Fnec-FP-FO, qui, prônant l’aban-don du LPC, affirmedans la foulée : « C’estl’école du socle quenous contestons. »

C’est sur ce pointque les avis divergent.« L’enseignement ca-tholique a réaffirméson attachement àl’école du socle com-mun lors d’un récentséminaire qui portaitsur l’évaluation. Lerisque, c’est qu’à ren-

dre le LPC trop simple, on le rendesecondaire et que, du même coup, onassiste au retour triomphal de la note »,craint Benoît Skouratko. La simplifica-tion du LPC est une bonne chose sil’énergie ainsi économisée est bien réin-vestie dans un travail d’évaluation viaune vraie concertation entre ensei-gnants. Reste à espérer qu’un véritableenseignement visant l’acquisition descompétences, soit mis en place… MB

vRevue internationale d’éducation-Sèvres, n° 60 (septembre 2012), « Le métier de chef d’établissement, 15 € (+ 3,20 € deport). Bon de commande sur www.ciep.fr/ries/index.php

Benoît Skouratko, chargé du pôle Collège au département Éducation du Sgec.

D. R.

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26 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

des professionnels – chargés de missionnotamment –, l’idée a germé de proposerune formation de référents de tutelle àd’anciens chefs d’établissement, ensei-gnants ou adjoints en pastorale, prêts às’investir bénévolement. En associantl’ECM à l’élaboration du parcours, lesauteurs ont souhaité, en outre, affirmerleur volonté d’une démarche plus instituéeet reconnue au sein du réseau.

« Appelées » par les directeurs diocésainsau regard de leur parcours au sein del’enseignement catholique, de leur en-gagement et de leur solide connaissancede l’institution, seize recrues ont rejointles rangs de la première promotion enjanvier dernier. Huit autres se sont inscritesà la deuxième, lancée en novembre, dontle recrutement s’ouvre désormais à l’en-semble des territoires – parmi lesquels,d’ores et déjà, les diocèses de Caen, Mont-pellier, Autun-Nevers et Nanterre. Leparcours débute par trois jours de sen-sibilisation aux enjeux et finalités de lafonction, suivis, après quelques mois surle terrain, de deux journées d’analysesde pratiques et de retours sur expérience.

« Il s’agit d’une formation générique axée

avant tout sur le changement de postures

bien plus que sur une fiche de poste »,

précise Raphaël Ortega. Qu’est-ce quel’autorité de tutelle ? Quelles attitudescultiver pour la servir et l’exercer ? « L’en-

jeu consiste à fixer des jalons et repères

pour bien situer ce nouvel acteur et la

place qu’il a à tenir comme délégué d’une

autorité et non comme détenteur d’un

pouvoir, souligne Claude Berruer, adjointau secrétaire général de l’enseignementcatholique, qui intervient dans la formation.Il doit pouvoir se positionner du côté de

la fondation et du projet, en interpellant

sur les finalités des actions et décisions

soutenues par les équipes éducatives ainsi

que sur la manière dont se vit la commu-

nauté, davantage que sur le strict terrain

de la faisabilité comme pourrait le faire

un technicien ou un expert. » Et d’en illus-trer la portée indirecte : « Comme dans

l’arbre, la vie, la décision, l’énergie se

trouvent dans l’établissement. La vocation

du tuteur, elle, consiste à aider à sa crois-

sance en le soutenant, en le dynamisant

et en l’orientant. »

Dans cette logique de professionnalisationde l’accompagnement, Patrick Chauvel,animateur en charge de la formation, metà disposition outils et techniques pouraider les nouvelles recrues à « travailler

le passage du statut d’ancien professionnel

à celui de consultant au sein d’une

La formule, unique, est née d’un constatcommun aux quatre directeurs dio-césains de la région Centre : l’im-possibilité, pour chacun d’entre eux,

d’assurer seul l’accompagnement, la re-connaissance et la valorisation nécessairesaux établissements sous sa responsabilité.Et de son corollaire : que cette tutellesoit davantage animée et vécue, analyseNathalie Tretiakow, directrice de l’Écoledes cadres missionnés (ECM), maître d’œu-vre du parcours de formation pour les « re-présentants de la tutelle diocésaine ». Undispositif qui, pour être expérimental,n’en répond pas moins depuis l’an dernierà un défi essentiel, souligne Jérôme Brunet,directeur diocésain du Loir-et-Cher, quien assure le pilotage. « C’était une vraie frustration : nous ne

pouvions nous rendre dans certains éta-

blissements qu’en cas de difficultés, dans

un rôle de pompiers, ou alors seulement

une fois tous les trois-quatre ans dans

le cadre de la visite de tutelle, trop souvent

réduite à un temps d’évaluation et de

sanction », témoigne Raphaël Ortega,son collègue d’Orléans et Bourges. Afin de se doter d’un réel service en lamatière, les directeurs diocésains du Centrese sont « inspirés du travail de mise en

forme et d’explicitation de projet que les

tutelles congréganistes ont su mettre en

œuvre pour rendre possible la transmission

de leur charisme éducatif aux laïcs »,

explique Jérôme Brunet. À défaut demoyens équivalents à ceux de diocèsesaux effectifs plus conséquents, ces « pluspetits » ont dû faire preuve d’imagination.Faute de pouvoir confier la fonction à

Délégation de tutelleIls ne voulaient plus que lesétablissements vivent leur tutellecomme un recours en cas dedifficultés ou comme un tempsd’évaluation et de sanction. Alors,les directeurs diocésains de la régionCentre ont inventé les « représentantsde la tutelle diocésaine » et la formation adéquate.

AURÉLIE SOBOCINSKI

Formation

« Comme dans l’arbre, la vie, la décision,

l’énergie se trouvent dans l’établissement. »

Claude Berruer (debout) intervient dans la formation des futurs représentants de la tutelle diocésaine.

© A. S

obocinski

352 p26-27 Form-Gestion OK:- 19/12/12 11:04 Page 26

Page 27: actualités - Enseignement Catholique

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 27

équipe», et à devenir progressivementdes « praticiens réflexifs » à l’approchecontextualisée. Au-delà de la multiplicitédes terrains et des modalités d’action,cette nouvelle responsabilité passe à sesyeux par l’appropriation de quelquesprincipes clés : bienveillance, accueil,écoute, prise de distance, questionnementdu sens ou encore réapprentissage del’autorité « en ce qu’elle permet de ra-

mener à l’essentiel, au commun et autorise

à l’exercice d’une liberté ». Voilà pourla première étape.

Levier stratégiqueAux directions diocésaines, ensuite, defixer le périmètre et les modalités desresponsabilités de ces nouveaux « repré-sentants », « référents » ou « délégués ».L’hésitation sur la terminologie illustre« l’essence même de la démarche d’ani-

mation de l’enseignement catholique qui

ne s’administre pas par le haut mais

s’anime par le bas, à partir des besoins

repérés sur le terrain », estime PatrickChauvel. « Il n’y a pas de standardisation

possible en la matière, la formule relève

nécessairement d’une géométrie variable

selon les territoires, et son format se veut

évolutif », insiste Jérôme Brunet. Les au-torités de tutelle doivent encore pensernotamment des lieux d’instruction desdossiers et de restitution, mais aussi d’ac-compagnement, pour que ces nouveauxreprésentants puissent à terme devenir« de véritables relais de l’animation ins-

titutionnelle », espère Christine Turpin,adjointe au directeur diocésain deBourges-Orléans. Si la formation ne bénéficie pas de finan-cements spécifiques – rien n’existe à cetitre pour les jeunes retraités –, elle afficheun coût d’environ 300 euros par personne,supporté par les directions diocésaineset l’ECM. Et semble déjà lever un certainnombre d’espoirs ouvrant la voie à unepossible diffusion de la proposition. Jean-Pierre Celle, directeur diocésain deTours, voit dans la mise en place de cet«outil de veille, de repérage et de prévention

pour mieux assurer la mission » un levierstratégique pour relever un réel enjeu deproximité. « Même s’ils devaient n’être

que nos yeux et nos oreilles, ce serait déjà

énorme », conclut Raphaël Ortega.

Ils – et elles – sont plus de

40 000 bénévoles au sein

des 5 200 conseils d’Ogec1.

La Fnogec a voulu mieux connaître

ceux qui donnent de leur temps et

de leurs compétences pour la mission

de l’enseignement catholique.

L’initiative en revient à la commis-sion Bénévolat, présidée par BrunoCornu Thenard, par ailleurs trésorierde la Fnogec : une enquête nationale

Bénévoles Ogec a été conduite, par inter-net, au printemps dernier. Sur la base du volontariat et de l’anonymat desréponses, sans échantillon représentatifpréalablement construit – et pour cause,c’était une première que cette plongéedans l’univers des bénévoles Ogec. Lenombre importantde réponses (2 222)permet de satisfaireun enjeu majeur,dévoilé par BrunoCornu Thenard :« Faire un état des

lieux permettant de

mettre en place une véritable campagne de

recrutement de nouveaux bénévoles. »

De fait, souligne-t-il,« un des premiers rôles

d’un président d’Ogec est de trouver son

successeur. Il en est de même pour chaque

administrateur ». C’est que la mission estprenante, puisque le temps moyen consacréest d’un jour par semaine pour 42 % dessondés (davantage pour 14 %), et d’unjour par mois pour 33 %. Des moyennesqui ne concernent pas que les seuls pré-sidents et trésoriers, puisque les premierscomptent pour 49 % des réponses et lesseconds pour 12 %. Et des durées suffi-samment prenantes pour que 80 % de cesbénévoles n’exercent pas d’autre missiondans l’enseignement catholique. Il est vraiaussi que 73 % d’entre eux sont toujoursen activité professionnelle. Par ailleurs, ils

GestIon

Qui sont les bénévoles Ogec ?

JEAN-LOUIS BERGER-BORDES sont plutôt jeunes (62 % de moins de 50 ans),et à 45 % issus de l’enseignement supérieur(au-delà de bac + 2). En regard, il y a bien sûr les 3 % qui siègentdans cinq Ogec et plus, et les 8 % qui s’yconsacrent depuis plus de 20 ans. La passionest là : quand on aime on ne compte pas, pasmême les ans. Car c’est bien une formed’amour qui les anime tous : 53 % citent laparticipation à un service d’Église commesource de leur engagement, 84 % la défensede l’enseignement catholique, et 98 % – unrésultat plus faible aurait été inquiétant – l’op-timisation de la gestion d’un établissement.

CampagneReste la question de l’avenir. Pression del’entourage, problèmes de santé, évolu-tion professionnelle, désir de « passer lamain »… ils sont nombreux à aborder leurpossible retrait. Et si à 85 % tous ont déjà

pensé à recruter de nouveaux bénévoles,Bruno Cornu Thenard n’en prépare pasmoins, avec son équipe, une campagne desensibilisation pour anticiper au mieux lesdifficultés. D’une part, en « entendant »bien la petite majorité qui, dans ses diffi-cultés ressenties, a évoqué « le manque de

formation et d’information, y compris sur

les thèmes d’actualité de l’enseignement

catholique ». D’autre part en « repérant

tous les gisements de nouveaux bénévoles,

parents d’élèves, MCC [Mouvement chré-

tien des cadres et dirigeants], France

Bénévolat, conseils pastoraux parois-

siaux… Quitte à proposer de permuter un

temps les engagements ».

1. Organismes de gestion des établissements de l’en-seignement catholique.

352 p26-27 Form-Gestion OK:- 19/12/12 11:04 Page 27

Page 28: actualités - Enseignement Catholique

Orientations pour le développement des relationsinternationales et européennes... L’exemplaire : 3 € (port compris)

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28 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

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Page 29: actualités - Enseignement Catholique

DOSSIERDOSSIEREn

seignem

ent catholique actualités n° 352, décem

bre 2012 - janvier 2013

La chance de l’égalitéL’égalité est de nombreux frontons d’écoleL’égalité est de nombreux frontons d’école

et de tous les discours sur l’éducation. Maiset de tous les discours sur l’éducation. Maisil y a loin – et de plus en plus – entre cet idéalil y a loin – et de plus en plus – entre cet idéal

et des inégalités socio-économiques que l’écoleet des inégalités socio-économiques que l’écolen’a cessé et ne cesse de renforcer. Et si la lutten’a cessé et ne cesse de renforcer. Et si la lutte

contre l’inégalité passait par sa… reconnaissance ?contre l’inégalité passait par sa… reconnaissance ?C’est-à-dire par la prise en compte des différences. Ce quiC’est-à-dire par la prise en compte des différences. Ce qui

exige des enseignants qu’ils acceptent, comme à Saint-exige des enseignants qu’ils acceptent, comme à Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, à Montpellier, de ne pas proposer laJean-Baptiste-de-La-Salle, à Montpellier, de ne pas proposer la

même chose à tous les élèves au même moment. Et de certainsmême chose à tous les élèves au même moment. Et de certainsparents, qu’ils acceptent l’ouverture à la diversité, «parents, qu’ils acceptent l’ouverture à la diversité, « constitutiveconstitutive

de notre identitéde notre identité », ainsi que le souligne un directeur d’école», ainsi que le souligne un directeur d’écolecatholique. On le verra dans les pages qui suivent, l’enseignementcatholique. On le verra dans les pages qui suivent, l’enseignement

catholique s’est saisi des leviers qui favorisent la réussite de tous. Sanscatholique s’est saisi des leviers qui favorisent la réussite de tous. Sansoublier la pastorale qui invite à rejoindre toutes les pauvretés.oublier la pastorale qui invite à rejoindre toutes les pauvretés.

La chance de l’égalité

352 doss p29-40 OK:- 19/12/12 17:06 Page 29

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30 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

DossIer

en place, sans que soient révisés enprofondeur les objectifs et les méthodesd’enseignement, souligne Xavier Naudans son rapport sans concession surles inégalités à l’école1. Les études internationales le confir-

ment : en France, la proportion d’élè-

ves très faibles en fin de scolarité obli-gatoire atteint 20 %, sensiblementplus que chez ses principaux parte-naires. Avec 130 000 jeunes qui quit-tent l’école chaque année sansqualification, le système éducatif fran-çais est devenu l’un des plus inégali-taires de l’OCDE : « Dans l’Hexagone,

un lycéen a 4,3 fois plus de risquesd’être en échec à 15 ans s’il est issud’un milieu social défavorisé que s’ilfait partie des classes supérieures. Lamoyenne des pays de l’OCDE est de3 fois », expose Éric Charbonnier, res-ponsable de l’étude PISA pour laFrance. S’agissant des politiques scolaires des-

tinées à renforcer la mobilité des élèves

Inscrite au fronton des écoles et detous les édifices publics, l’égalité estun des socles du modèle républi-

cain. Conçue depuis Ferry commeacteur de l’égalité entre les citoyens,l’école avait vocation à réduire lesinjustices individuelles par l’égal accèsaux études : l’éli-tisme républicainperdurait au profitdes plus méritants. L’école catholique,de son côté, posecomme postulat l’ac-cueil de tous au nomde l’Évangile, et plon-ge ses racines dansle développementdes écoles gratuites,initiées par les congré-gations vouées à l’en-seignement des plusdémunis et à la for-mation des maîtres. « L’école moderne apour objet de pro-mouvoir l’égalitéentre les citoyens. C’est l’une des fina-lités assignées à l’école obligatoiretelle qu’elle fut conçue par les fonda-teurs de l’école publique, mais aussitelle qu’elle a présidé à la création desécoles paroissiales, qui ne voulaientpas se satisfaire d’un enseignementréservé à une élite », analyse ClaudeBerruer. Pour autant, ajoute-t-il,« deux siècles plus tard, on fait leconstat, tous systèmes éducatifsconfondus, que l’école a du mal à êtreun ascenseur social et qu’elle est loind’avoir atteint les objectifs posés lorsde son invention ». La bascule idéologique s’effectue

dans les années 1960 avec les travauxde Bourdieu et Passeron, qui mettenten lumière les inégalités socio-écono-miques et culturelles que l’école ren-force. Pour tenter d’y remédier, le « collège unique », censé accueillirtous les élèves du primaire, a été mis

les plus méritants, les initiatives menéespermettent, certes, « d’offrir un ascen-seur social à une toute petite frange »mais « autorisent, en fait, à laisser surle bord de la route le gros des troupes »,estime François Dubet. Et le sociolo-gue d’interroger le modèle français

qui consiste à panserponctuellement lesplaies de l’inégalité,plutôt que de penserune école plus égali-taire dans la réalitéde son accueil, de saproposition et de sesrouages. Constat par-tagé par FrançoiseMaine, coordinatricedu département Édu-cation au Secrétariatgénéral de l’enseigne-ment catholique :« En France, on rangevolontiers les élèvespar diagnostics. L’im-pulsion a souvent étédonnée par le haut

et par la loi, avec la création de dispositifs,d’outils ou de classes spécifiques. Parcequ’on a du mal à prendre en comptel’hétérogénéité, on a tendance à frag-menter, ce qui nous prive d’une réflexiond’ensemble sur la culture commune àl’école. » Autre frein : les attentes indivi-

duelles vis-à-vis de l’école se sont ren-forcées. Dans un contexte de criseéconomique et d’affaiblissement desleviers traditionnels de solidarité, lescraintes à l’égard de l’avenir se tradui-sent par un investissement de plus en plus fort dans l’école commegarde-fou de l’échec professionnel.Les familles développent des straté-gies éducatives aptes, pensent-elles, à assurer l’avenir de leurs enfants.François Dubet décrit ainsi des classesmoyennes qui naviguent en usagersavertis dans un système éducatif trans-formé en « marché », multipliant la

« Beaucoup de familles voient en nous

une sorte de refuge. »

La chance de l’égalitéAURÉLIE COLAS AVEC AURÉLIE SOBOCINSKI

La personnalisation des apprentissages n’empêche pas les élèves de travailler ensemble.

© S. C

onna

c

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Page 31: actualités - Enseignement Catholique

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 31

concurrence au sein de l’école et lesinégalités entre élèves au détrimentdes moins favorisés, soumis, eux, auxseules règles administratives et auxfilières de relégation. Une tension ressentie sur le terrain,

dans l’enseignement catholique.Bruno Gurzeler, chef d’établissementà Meulan, dans les Yvelines, leconfirme : « Des familles souhaitentéchapper à certains dysfonctionne-ments de l’enseignement public maisne sont pas toujours très favorables àla diversité qui est pourtant constitu-tive de notre identité. » L’école catho-lique serait-elle à la fois cette réponseéducative dont ont besoin lesfamilles, et un moyen utilisé pourcontourner la carte scolaire et favori-ser l ’entre-soi social ? Rien n’estmoins sûr.

Selon Bernard Toulemonde, la sécu-larisation de l’enseignement catho-lique, consécutive à la loi Debré, l’aadossé définitivement au servicepublic de l’éducation et a largementouvert les portes de l’école catholique.En outre, « le contournement de lacarte scolaire est un problème, mais ilne concerne pas que l’enseignementprivé, précise-t-il. En revanche, lesattentes des familles à l’égard del’école catholique ont changé : pourles classes moyennes diplômées, l’en-seignement privé est un peu l’ensei-gnement public dont ils rêveraient.Avec moins de grèves, une volontéd’encadrement, de bonnes fréquen-tations, une volonté d’éduquer plusforte que dans le public. »Faut-il pour autant stigmatiser les

familles et aviver le débat idéologiqueen opposant les acteurs ? « Certaine-ment pas, indique Éric de Labarre. Lesparents sont libres de choisir l’éduca-tion qu’i ls souhaitent pour leursenfants. Certes, l’enseignementcatholique revêt de plus en plus unefonction d’école de recours en cas dedifficultés rencontrées dans le par-

cours scolaire, estime le secrétairegénéral, mais il n’a pas vocation àrépondre à une demande : il proposeune offre éducative qui, ensuite, cor-respond ou non aux attentes desfamilles. La lutte contre les inégalitésscolaires passe, pour nous, par la qua-lité de l’offre de formation proposée. »

Optimisme de l’actionAutre critique volontiers adressée à

l’enseignement catholique, la sélec-tion pratiquée à l’entrée de ses éta-blissements. Sur le terrain, les écolesélitistes existent, certes, mais restentcantonnées aux lieux affectés par uneforte pression démographique. Enoutre, la diversité géographique del’enseignement catholique conduit ànuancer : dans la plupart des dio-cèses, il scolarise tout le monde. Nom-bre d’établissements pratiquent desfrais de scolarité très faibles, et lepourcentage de boursiers peut êtrelocalement élevé. « Depuis cinq ans,conclut Éric de Labarre, les taux deboursiers augmentent. Mais nombrede familles, surtout chez les plusmodestes, s’interdisent encore de venir chez nous pour des raisonsculturelles. »

Reste à se demander comment pen-ser la différence dans les établissementscatholiques pour favoriser l’épanouis-sement et la réussite de tous ? Auxconstats pessimistes figurant une écoleimpuissante à atténuer les inégalités,les acteurs de terrain que nous avonsinterrogés opposent l’optimisme del’action, laquelle s’appuie sur despédagogies qui permettent de person-naliser les apprentissages et de leurredonner sens. Ces mêmes acteursmettent en lumière les leviers dont dis-pose l’école pour lutter contre les iné-galités et favoriser la réussite de tous.Ils interrogent leurs pratiques et lesmoyens dont ils disposent pour encou-rager l’intégration des élèves, sur la foid’une pastorale qui invite à rejoindretoutes les pauvretés. Si l’institutionscolaire ne peut pas tout dans la réduc-tion des inégalités, elle demeure le pre-mier sinon l’unique lieu de brassagesocial. C’est à ce titre qu’elle doit rele-ver ce défi majeur, et pourquoi pas,choisir de saisir la chance de l’égalité.

1. Xavier Nau, Les inégalités à l’école, « Les avis duConseil économique, social et environnemental »,septembre 2011. Téléchargeable à l’adresse suivante :www.ladocumentationfrancaise.fr (saisir « Xavier Nau »dans la fenêtre « Recherche »).

« L’école demeure le premiersinon l’unique lieu de brassage social. »

L’enseignement catholique se donne les moyens

Depuis 2008, l’enseignement catholique affecte chaque année une dotation d’emplois au titre du plan « Égalité des chances »,sur ses propres moyens. Les projets concernent un public

d’élèves justifiant une démarche éducative et pédagogique particulière,et font l’objet d’un examen par une commission nationale del’enseignement catholique, avant acceptation par le ministère. L’enseignement catholique a ainsi affecté des moyens prioritaires – 100 emplois en 2012 – à l’ouverture de classes en zonesdéfavorisées, d’unités pédagogiques d’inclusion (UPI), de sectionsd’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), de classes-relais, de classes primo-arrivants, de dispositifs en faveur des gens duvoyage, etc. Quelques exemples pour 2012 : une classe-relais au lycéeDon-Bosco de Lyon, une classe expérimentale pour jeune autistes àl’école Saint-Dominique à Neuilly, une classe de quatrième enalternance au collège Saint-Louis de Saint-Étienne, un CAPRestauration au lycée Pierre-Marie-Théas à Montauban. 110 dossiersont été transmis pour examen à la Commission, cette année. AC

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Page 32: actualités - Enseignement Catholique

DossIer

32 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

« Il faut former à la pédagogiedifférenciée »

Bernard Toulemonde,inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale, invitel’école à renouer avec « l’idéald’égalité » en choisissant…l’inégalité pour « donner plusde moyens à ceux qui en ont le plus besoin ». Et en prenanten compte l’hétérogénéité des classes dans la formation

des enseignants.

Quelle est la réalité de l’égalité

à l’école aujourd’hui ?

Bernard Toulemonde : Au cours destrente dernières années, la France a enre-gistré des progrès quantitatifs massifsdans la scolarisation des élèves jusqu’aubaccalauréat. En revanche, au plan quali-tatif, l’école française compte aujourd’huiparmi les plus inégalitaires, ce dont témoi-gnent toutes les études sur la maîtrise desapprentissages en fin de primaire et ensixième : entre les élèves des milieux défa-vorisés et les enfants des cadres, l’écarts’est profondément creusé.

La ségrégation urbaine en est l’unedes causes, mais n’est pas la seule. Lesystème scolaire français ne parvient pasà prendre en charge les différences.D’un côté, l’entre-soi social se renforce,de l’autre on peine à intégrer les élèvesde milieux défavorisés, en particulierceux dont les familles sont issues de l’im-migration. La France s’est considérable-ment éloignée de l’idéal d’égalité àl’école qu’elle portait.

En quoi la lutte contre

les inégalités est-elle un enjeu

majeur pour l’école ?

B. T. : Ce qui est en jeu, c’est d’abordl’égale dignité des hommes et des femmes :il n’y a pas de raison que certains soientexclus du savoir. Le principe selon lequell’école assure l’égale dignité des enfantsest le fondement de notre société. Par ail-leurs, c’est un impératif d’ordre écono-mique et social. Il y a des talents dans tousles milieux sociaux : nous avons besoin detous ces talents pour faire fonctionner lasociété. Enfin, c’est un enjeu de cohésionsociale : il n’est pas bon qu’il existe unefracture sociale dans un pays.

Quelle est votre vision

de l’enseignement catholique

par rapport à ce défi ?

B. T. : L’enseignement catholique estassocié au service public par contrat, etparticipe à cette mission de cohésion

sociale. Aux termes de la loi Debré, ilaccueille tous les enfants sans distinctiond’origine ou de croyance, participant ainsià l’œuvre commune. On peut néanmoinsse demander si l’enseignement catho-lique le fait jusqu’au bout. On sait qu’il yexiste de fortes pesanteurs sociales.

L’enseignement catholique est trèsdivers, mais statistiquement, il scolarisemoins d’enfants issus de milieux défavori-sés. Il est vrai aussi que certains établisse-ments publics sont dans un état dedégradation avancée, ce qui nuit à la qua-lité de l’enseignement. Dans ce contexte,on peut comprendre que les familles sou-haitent recourir à l’enseignement catho-lique pour éviter ces établissements. Lesfamilles sont devenues consommatrices,elles veulent le meilleur pour leurs

enfants, quitte à contourner la carte sco-laire, mais c’est vrai aussi dans l’enseigne-ment public.

Quels seraient, selon vous, les leviers

efficaces pour faire évoluer

les choses dans l’enseignement

catholique ?

B. T. : Je crois que les leviers sont lesmêmes pour le public et pour le privé. Lepremier consiste à faire jouer la solidarité.En clair, donner plus de moyens à ceux quien ont le plus besoin. Des moyens finan-ciers, de meilleurs enseignants, desétudes dirigées le soir. Faire des choix dansla dotation des moyens horaires, commeon essaie de le faire dans les zones d’édu-cation prioritaire. L’enseignement catho-lique pourrait jouer là une carte.

En 1998, à Marseille, nous avons reclasséen ZEP des établissements catholiquesqui répondaient aux critères, afin qu’ilsbénéficient de plus de moyens de l’État.On pourrait imaginer un élargissementde ce dispositif. En second lieu, je pensequ’il faudrait concentrer les efforts sur lesocle commun de connaissances : il nefaut pas laisser des élèves entrer dansl’âge adulte sans qu’ils disposent des basesnécessaires pour vivre en société. Entre15 et 20 % des élèves ne maîtrisent pasces savoirs aujourd’hui.

Enfin, le point essentiel est la formationdes enseignants : les élèves composentdes groupes de plus en plus hétérogènes.Il faut donc former les enseignants à lapédagogie différenciée. Et insister davan-tage sur les compétences de l’élève quesur ses lacunes, car cela contribue à l’an-crer dans une logique d’échec. Enfin, leschercheurs ont démontré que les élèvesréussissaient globalement mieux dans desclasses hétérogènes que dans des classeshomogènes. C’est une forme de solidaritéactive que les familles ignorent et surlaquelle il faut, progressivement, faireévoluer les mentalités. S’enrichir par la dif-férence est une réalité encore tropméconnue.

PROPOS RECUEILLIS PAR

AURÉLIE COLAS

D. R

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 33

Le pari (réussi) de Pascal Depuis quinze ans, Hubert Couvreurdirige le collège Pascal, dans lecentre-ville de Roubaix, où se côtoientdes jeunes d’origine très modeste, de cultures, d’ethnies et de religionsplurielles. Afin de motiver les élèves et de souder la communautééducative, l’établissement a mis en place des « classes à projet » de

la 6e à la 3e : une équipe de rugby, uneéquipe de handball féminine et une

maîtrise de chant choral s’entraînentou répètent à raison de 3 à 4 heurespar semaine, et font la fierté de leurchef d’établissement qui suit pas àpas leurs progrès. Dans un plaidoyervibrant en faveur d’un enseignementcatholique ouvert à tous les milieuxsociaux, il nous livre les mots clés de son dictionnaire « pascalien ».

À l’entrée du collège, nous ne pratiquons aucune discrimi-nation, nous ne mettons aucune barrière, afin d’accueillir

les jeunes le plus largement possible. C’est d’ailleurs une obliga-tion posée par la loi Debré. 400 élèves, sur les 630 que comptel’établissement, sont boursiers, et nous avons une cinquantainede nationalités. Nous nous efforçons de donner aux jeunes quenous accueillons un maximum de chances pour réussir au col-lège, au lycée et après. Nous sommes également attentifs à laprogression de nos enseignants et de nos personnels, afin que lecollège leur donne, à eux aussi, la chance de grandir. »

Chez nous, les parents s’impliquent sans doute moins parcequ’ils n’ont pas été très à l’aise à l’école. Mais ils placent

beaucoup d’espoirs dans la réussite de leurs enfants. Ils nous lesconfient au sens le plus fort du terme. Mon bureau est toujoursouvert et nous avons une facture de téléphone élevée : dès qu’unpoint nous semble important, on entre en contact avec lesparents. C’est, à mon sens, le pivot de la réussite : le dialogueconstant et la confiance réciproque entre les familles et l’équipeéducative. Mais il nous faut souvent aller chercher les parents,pour les concerts ou les matchs, afin qu’ils se rendent compte dece dont leurs enfants sont capables. »

Il existe une expression quicourt au collège Pascal

depuis une dizaine d’années : lapascalisation. À l’époque, nousparlions de tel élève qui n’étaitpas encore pascalisé, ce qui vou-lait dire qu’il n’avait pas encoreacquis les repères nécessaires auvivre-ensemble, en particulier lanotion de respect réciproque àl’égard de la communauté édu-cative. Même s’ils habitent unquartier difficile, une fois qu’ilsintègrent l’établissement, les

Égalité des chances

Confiance

Exigence

jeunes doivent comprendre que s’ils veulent réussir au collège et s’yépanouir, il faut qu’ils apprennent à en respecter les règles. »

Le fait que les élèves respectent globalement le directeur, lesenseignants et les surveillants offre une ambiance de travail

propice. Par le biais des projets culturels, artistiques et sportifs quenous développons, nous poursuivons l’objectif de remotiver les élèvesdans les autres disciplines. Le dynamisme des enseignants est dé-terminant, tout comme le fait que les élèves se sentent reconnusdans leurs qualités de sportifs ou de choristes. Les jours de matchs,il y a toujours quatre ou cinq profs pour les encourager. Même chosepour la maîtrise. Les élèves se sentent reconnus, épaulés, et je croisqu’on en a un juste retour : quand on les voit quitter le collège enfin de troisième, même les grands costauds ont les larmes aux yeux.Ils sont conscients qu’il s’est passé quelque chose : la reconnaissancede leurs qualités a été prise en compte. »

Je me sens profondément partie prenante du projet de l’ensei-gnement catholique. Entre un collège comme le mien et un

établissement du 16earrondissement de Paris, il y a certes des différences,mais l’enseignement catholique a autant sa raison d’être auprès desenfants de milieux aisés, plus homogènes, que de milieux moins à

l’aise socialement. Et tant qu’il tou-chera cet éventail, l’enseignementcatholique répondra à sa vocationcar, ce faisant, c’est la société toutentière qu’il accueille. Dans l’espritdes Assises, je crois qu’il faut surtoutconserver l’Espérance. Si on nedonne pas d’espérance aux jeunesqui vivent dans des quartiers diffi-ciles, mais plus largement à tousles jeunes qui se construisent dansun monde en crise, on perd de vuenotre mission. »

Propos recueillis par Aurélie Colas

Espérance

Reconnaissance

Hubert Couvreur, directeur du collège Pascal, à Roubaix.

« Ici, les élèves se sentent reconnus, épaulés. »

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34 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Une culture d’établissementAu collège Mercier - Saint Paul de Meulan, la mixité sociale et religieuse est à l’image de celle du territoire. L’organisation du collège et les initiatives des enseignants permettent de donner sa chance à chaque élève.

C’est sur l’un des coteaux qui bordent la Seine, dans la ville unpeu triste de Meulan (Yvelines),

que se situe le collège Mercier - Saint-Paul. « Ce qui est sûr, c’est que les parentsne mettent pas leurs enfants dans ce col-lège pour son architecture », ironise sonchef d’établissement, Bruno Gurzeler.Situées sur plusieurs niveaux, les bâtissesanciennes — même si certaines ont étérénovées — composent un espace dontla logique ne saute pas aux yeux. Il n’em-pêche, le collège connaît un vrai succès etcompte 530 élèves.

La mixité sociale et religieuse y est à l’image du territoire. Depuisplus de 15 ans, ce collège catholique reçoit des enfants de cadresmoyens, parfois supérieurs, qui habitent les villages du Vexin, maisaussi des enfants issus de familles défavorisées et des enfants deconfession musulmane. Un beau melting-pot qui n’est pas pourdéplaire à Bruno Gurzeler. « Je suis né à Aubervilliers. Mon pèreétait ouvrier ajusteur, ma mère couturière. Je veux rendre ce quej’ai reçu. »

En fait, le positionnement du collège ne résulte pas vraimentd’un choix. Il n’a pas les moyens de rivaliser avecles établissements prestigieux des environs comme,par exemple, Notre-Dame - “Les Oiseaux” à Verneuil-sur-Seine, et répond, par ailleurs, à laforte demande des familles qui cherchent une al-ternative aux collègespublics des Mureaux.Du coup, il est ame-né à relever le déficonsistant à accueillirde très bons élèvesmais aussi d’autresen difficulté. Les dos-siers des 6es ne sontpas triés, mais accep-tés selon l’ordre d’ar-rivée. Seul bémol :les enfants dont lecomportement pose

MIREILLE BROUSSOUS

problème. Ils ne sont retenus que si, entre le premier et ledernier trimestre de CM2, l’enseignant de l’école primaire arelevé un progrès sensible. « Il n’y a qu’un ou deux enfantsdissipés par classe, ce qui leur offre toutes les chances dechanger de comportement », précise Xavier Dumas-Prunier,

professeur d’EPS, au collège depuis 30 ans. Quant aux enfants qui entrenten 5e, 4e ou 3e, ils doivent présenter unbon dossier. Question d’équilibre…

Ce souci de favoriser l’égalité deschances ne date pas d’hier. « Mon pré-décesseur avait déjà impulsé beaucoupde choses », reconnaît Bruno Gurzeler,qui a pris la relève il y a 10 ans. Mais,progressivement, l’organisation a évoluéet continue d’évoluer sous l’influencede la très dynamique et cohérente équipepédagogique (40 enseignants) à l’originede nombreuses initiatives.

Pour attirer les bons élèves, on a ouvertici, comme dans de nombreux collèges,une classe européenne permettant d’ap-

prendre deux langues en parallèle. « Quand je suis arrivé, les 30 en-fants de cette classe restaient ensemble de la 6e à la 3e. Résultat,les rivalités devenaient de plus en plus difficiles à gérer », expliqueBruno Gurzeler. La classe a été divisée en deux, de même qu’uneautre – non européenne celle-là –, et deux nouvelles classes ontainsi vu le jour, « mixant » élèves apprenant deux langues et élèvesn’apprenant qu’une seule langue. Le collège a ainsi fait d’unepierre deux coups. Non seulement les élèves des deux classes sonttirés vers le haut par la présence d’éléments brillants, mais les deux

groupes de la classe européenne n’étant réunisqu’à partir de la 4e, l’ambiance en est plus légère.

Autre élément fort, permettant au collège defavoriser l’égalité des chances : l’existence d’une6e dite d’accueil qui ne compte pas plus de 20élèves.

Elle est destinée auxenfants dyslexiquesou dysorthographi-ques (10 par classe),ou souffrant d’un au-tre problème (forteinhibition, manquede confiance en soi,etc.). Une douzained’enseignants a suivicette année une for-mation pour appren-dre à mieux accueillirces enfants. Au pro-

Bruno Gurzeler, à la tête du collège Mercier – Saint-Paul depuis 10 ans.

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Paris est à uneheure de train, mais les élèves n’y vont jamais.

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Pour Xavier Dumas-Prunier, professeur d’EPS, l’aviron « offre à certains élèves l’occasion de montrer le meilleur d’eux-mêmes ».

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gramme : comment leur en-seigner les matières scien-tifiques et littéraires, et com-ment les évaluer. Beaucoupde cours se font en demi-groupes, les leçons sont struc-turées autour d’un systèmede couleurs et photocopiéespour ceux qui ont du mal àrecopier ce que les ensei-gnants écrivent au tableau.Belle réussite : la plupart desélèves vont jusqu’en 3e, et certains intègrent même le lycée. «Nousréfléchissons à la mise en place, en 2014, d’une 5e d’accueil, qui permettrait de renforcer encore la confiance en eux de cesélèves qui ne sont pas moins intelligents que les autres », indiqueBruno Gurzeler.

Comme tous les élèves du collège, ils font du théâtre, deuxheures par semaine. Le théâtre est l’une des trois activités extra-scolaires retenues pour aider les enfants à prendre confiance eneux. Les deux autres, optionnelles, sont la lutte et l’aviron. À partirde la 5e, les élèves peuvent choisir l’une de ces deux disciplines,qu’ils pratiquent alors quatre heures par semaine. « Ces activitéssont très bien implantées dans l’établissement, et les élèves ob-tiennent de bons résultats lors des compétitions. Dans le sport,la mixité est réelle : bons élèves et élèves aux résultats très moyenss’y côtoient. Ces activités sont une vraie chance pour certainsd’entre eux, à qui elles donnent vraiment l’occasion de montrerle meilleur d’eux-mêmes », affirme Xavier Dumas-Prunier.

Au sein du collège, l’égalité des chances est devenue uneculture. Certaines initiatives ont été prises par l’établissement.Pour valoriser les élèves et leur apprendre à connaître leurs points

forts, on y distingue, par exemple, deux moyennes : celle desmatières scientifiques et celle des matières littéraires. D’autresl’ont été, à titre individuel, par des enseignants comme AnneRambaud-Scholl, professeur de mathématiques et de physique,qui, pour ne pas décourager ses élèves, s’engage à ne jamais leurmettre de note au-dessous de 6 et utilise des outils numériquesleur permettant de faire les exercices à leur rythme et selon leurniveau, tout en se corrigeant eux-mêmes.

Projets transversauxParis est à une heure de train, mais les élèves n’y vont jamais.

« Au moins une fois par an, nous les emmenons en bus au théâtreou dans un musée. Tous vont également à la cathédrale de Chartres,quelle que soit leur religion », indique Christine Grandin, professeurde français et de latin, en charge de certains projets transversaux.

Le collège s’appuie aussi sur l’histoire de l’art. Chaque élèvede 3e tire au sort un thème — les murs, par exemple — sur lequelil devra travailler avec un tuteur (le professeur d’histoire-géographieou celui de… mathématiques) en rendant compte de cinq œuvresappartenant à des domaines artistiques différents. « Dans cettematière, les notes trahissent rarement l’origine sociale des élèves.Elles dépendent uniquement de leur investissement », souligneChristine Grandin. Tuteurs et élèves y apprennent aussi à seconnaître autrement.

Et ce n’est pas la seule initiative du collège pour renouveler leregard des adultes sur les enfants et celui des enfants sur lesadultes. Quand le club d’aviron ou de lutte obtient de bonsrésultats, l’équipe se présente en salle des professeurs pour y êtreapplaudie. Un élève faible dans les matières scientifiques, applaudipar son prof de maths, ou un élève faible dans les matièreslittéraires, applaudi par son prof de français, rien de tel pourrelancer la confiance…

SABINe DUMANT, vICe-PRÉSIDeNTe De L’APeL

« Le projet humaniste du collège m’a séduite »

Dès que j’ai rencontré les responsables de l’établissement, j’ai su que j’y inscrirais monfils. Ils m’ont tout de suite dit : “Nous savons avec quels enseignants nous allons lemettre” », se souvient Sabine Dumant, vice-présidente de l’Apel et mère d’un garçon

dyslexique. L’ambition du collège, qui consiste à « emmener les enfants un peu plus loin »tout en « les respectant », l’a séduite par son humanisme. elle rencontre les enseignants aussi souvent que nécessaire et,malgré un comportement difficile, son fils, aujourd’hui en 5e, est toujours encouragé et valorisé lorsqu’il fait des efforts.« Le projet est formidable. Il va dans le sens de l’Évangile en accueillant beaucoup d’enfants d’origine étrangère »,poursuit Sabine Dumant. Un projet qui oblige les parents à apprendre à se connaître car, sur les quinze représentants desparents d’élèves dont elle fait partie, trois sont musulmans et l’un d’eux est même imam. « Ce n’est pas toujours simple.En ce mois de décembre, nous sommes encore en train de prendre nos marques, car parler de la préparation de la fêtede Noël avec des musulmans exige du tact. » C’est sûr, tous les parents du collège ne sont pas aussi ouverts. Certainssouhaiteraient qu’il y ait moins d’enfants de confession musulmane, d’autres trouvent que le niveau n’est pas assez élevé.« De nombreuses mères sont toutefois ravies que le projet de l’établissement ne prenne pas en compte le seul développementintellectuel de l’enfant mais toute sa personne dans son rapport aux autres. Quant à moi, je voudrais seulement que lecollège se donne plus de moyens pour aider les enfants à faire leurs devoirs. Cela permettrait d’aller encore plus loindans le sens de l’égalité des chances. »MB

Anne Rambaud-Scholl : pas de note au-dessousde 6 en mathématiques et en physique.

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 35

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36 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Dans la classe de Claire Chayrigues,qui compte 28 écoliers de CE1, il ya Paul1 à la dyslexie prononcée,

Léna aux problèmes de concentrationaigus, Kate avec de graves lacunes sco-laires, et Alban, un petit garçon hémo-phile au caractère ombrageux. Avec eux :un « bon groupe d’enfants peu auto-nomes, auxquels il faut sans cesse rappe-ler les consignes », et « un petit noyaud’élèves sages et attentifs », explique lamaîtresse dans un large sourire. Découra-gée, cette enseignante ? Pas du tout.Adepte de la personnalisation desapprentissages, Claire sait comment faireprogresser chaque enfant à son rythme,sans en laisser en route. Nous sommes à Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, une école situéedans un quartier populairede Montpellier, qui entendrester fidèle à son fonda-teur. Une fidélité qui passepar l’accueil de tous, alorsque la facilité pousse cer-tains établissements à opé-rer un tri. « Bien que nousayons une pression au ni-veau des inscriptions – j’aidû refuser 40 enfants à larentrée –, je ne pratique au-cune sélection, expose la di-rectrice, Christine Vicedomini.Je prends les enfants parordre d’arrivée des de-mandes, quelles que soientleurs difficultés, en privilégiant les fratries.Et je compose ensuite les groupes-classesavec mon équipe... » En clair, sur 330 élèves, cette école, quicomprend une micro-crèche, 5 classes ma-ternelles et 7 classes élémentaires, scolariseune soixantaine d’enfants en difficultésociale (familles au chômage, problèmesd’illettrisme…), douze enfants suivis par laMDPH2 et une dizaine d’écoliers précoces.Un choix courageux qui n’allait pas de soiquand Christine Vicedomini a pris la directionde l’école, il y a dix ans. « Il a fallu sensibiliserl’équipe… », explique pudiquement la di-rectrice qui a vu quelques-unes de ses col-lègues demander leur mutation.

Son parcours la conduit à ne pas lâcher : « J’ai commencé à enseigner dans desbanlieues déshéritées : à Saint-Denis et àStains [Seine-Saint-Denis]. C’était telle-ment dur que je ne savais plus quoi

apporter aux enfants ! Je me suis alorsinscrite à la formation de l’Institut supé-rieur de pédagogie (ISP), à Paris, pourdevenir maître E. Pendant ce parcoursASH3 passionnant, j’ai appris à changerde regard sur les enfants et à travailleravec les familles sans les juger. J’ai aussidécouvert des techniques d’apprentis-sage différentes, et surtout, qu’on nepeut pas y arriver tout seul ! »À Montpellier, Christine Vicedomini met-tra huit ans à fédérer une équipe motivéepar son projet exigeant – non sansquelques moments de découragement.Une équipe à laquelle elle a proposé, il y adeux ans, d’effectuer une petite révolu-

tion, avec la complicité de SylvainConnac. À raison de 18 heures par an, ceformateur, par ailleurs directeur adjointde l’Isfec de Montpellier, intervient dansl’école pour changer la manière de faireclasse. Tous les enseignants ont ainsiadopté la pédagogie coopérative dontSylvain Connac s’est fait une spécialité3.Dans les classes, au fil de la journée, onalterne : temps de cours collectifs,séquences avec la maîtresse en petitsgroupes et activités en autonomie en sui-vant un « plan de travail ». Avec un grandplus : le tutorat entre élèves au sein de laclasse et aussi entre les classes. Ce qui achangé ? « Un enfant dyslexique a main-tenant le sentiment de progresser, en ter-minant tout simplement un exercice,

alors que dans un coursclassique il se serait sentiabandonné », explique la directrice. « Et les précoces ne s’ennuientplus, renchérit ClaireChayrigues, car avec leplan de travail individua-lisé, ils peuvent avancertrès vite. » Une petite visite dans leCE2 de Virginie Martinezpermet d’illustrer le propos.Tandis qu’une moitié de laclasse fait du sport avec unautre enseignant, l’autremoitié travaille en silence,sous le regard attentif de

la maîtresse. Lucas est plongé dans un exer-cice de maths, Élodie effectue une évaluationde vocabulaire, d’autres écoliers écriventun texte. « Pendant 45 minutes, je suis àla disposition des enfants qui savent ce qu’ilsont à faire », explique l’enseignante dé-tendue. Sur chaque bureau, un petit rondvert en carton peut être retourné du côtérouge, pour faire appel à un camarade tu-teur quand la maîtresse est déjà occupée.Mis en place depuis la rentrée, ce dispositifcrée des liens de solidarité entre les enfants. Sur le mur, une grande affiche précise tou-tefois qu’un tuteur, « c’est quelqu’un quiexplique, qui dit comment faire, sans donnerles réponses ». Le tout en chuchotant ! Mais

L’accueil de TOUS, chiche !L’ouverture à tous, une utopie ? L’école

Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, à Montpellier, veut prouver le contraire. En acceptant de faire classe autrement, les enseignants ont trouvé

un remède à l’ennui et au décrochage.

SYLVIE HORGUELIN

Bozena Roy accueille des élèves de CE2 dans sa classe de maternelle.

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voici que la sonnerie retentit. L’occasionpour neuf CE2 de partir « tutorer » les élèvesde grande section. Leur mission ? Inviterles bambins à raconter comment ils ont misdes bulbes en pots et l’écrire… sans fairede fautes. « Tu as planté quoi ? » demandeMarcus. « Des crocu », répond timidementYann. « Des gros culs ? » pouffe le plusgrand. « C’est pas rigolo ! »proteste l’enfant.Tandis que Marcus, qui ne se moque plus,écrit « J’ai planté des crocusses », la maî-tresse, Bozena Roy, passe. Elle invite aussitôtMarcus à se plonger dans le dictionnaire...« Cet exercice permet à chacun des enfantsd’apprendre quelque chose », explique leprofesseur qui circule de table en table.

Pas de réserve du côté des parents quimesurent les progrès réalisés grâce à unlivret de compétences, agrémenté d’ap-préciations et de notes. Mais ChristineVicedomini mise plus encore sur le dia-logue pour les rassurer : « Je consacre la moitié de mon temps à écouter les familles : entre midi et deux, le soir, tôtle matin, confie-t-elle. Je les reçois avec les autres partenaires (orthophonistes,psychologues…) si nécessaire. Les ensei-gnants font de même. » Et les rendez-vous peuvent être nombreux quand ils’agit d’accepter le handicap de sonenfant…

Petits miraclesMotivée à bloc, l’équipe de Montpellierne voit que des effets positifs dans sa nou-velle façon de faire classe qui réussit aussibien aux cracks qu’aux cancres. « L’ac-cueil de tous est une obligation, rappellela directrice, elle devrait conduire tous lesétablissements à repenser leur manièred’enseigner. » Christine Vicedomini iden-tifie, pour ce faire, deux leviers de chan-gement : la formation, dont elle-mêmefait bénéficier son équipe, et le temps deprésence des enseignants qui doit inclurele travail en équipe et les échanges sou-tenus avec les familles. À Montpellier, les résultats sont làcomme autant de petits miracles. Il y a

Élodie, une fillette qui ne parlaitpas en petite section et dont oncraignait qu’elle soit autiste.Grâce à l’école, des problèmes

« Je prends les enfants parordre d’arrivée des demandes,

quelles que soient leursdifficultés. »

Les enfants de grande section échangentavec leurs tuteurs de CE2.

d’oreille et de motricité ont été détectés.Élodie s’exprime aujourd’hui. Elle passeraen CP l’année prochaine. Il y a Kevin quitapait tous les autres enfants et qui s’estassagi, après avoir été accompagné avecses parents pendant trois ans... Et tantd’autres encore sur lesquels veille tou-jours fidèlement... saint Jean-Baptiste deLa Salle.

1. Les prénoms des enfants ont été changés. 2. Maisons départementales des personnes handicapées. 3. Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés. 4. Voir article page 53.

L’accèsà la culture,creuset d’inégalités

Les domaines artistiques et culturels sont de réels marqueurs d’inégalités.En effet, aux déficits liés au milieu social, s’ajoutent ceux venusinvisiblement de l’école lorsque les activités de cette sorte sont réservées

aux bons élèves ou à des groupes choisis, ou encore rendues optionnelles »,constate le CRAP1-Cahiers pédagogiques dans sa contribution à laconsultation nationale sur l’éducation artistique et culturelle, présidée par la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti. Tandis qu’un comité de pilotage prépare un rapport2, fruit de cette largeconsultation, les établissements scolaires multiplient les initiatives. C’est lecas de l’école Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle qui a créé des liens privilégiésavec différents lieux-ressources de Montpellier : le musée Fabre (peinture),le parc zoologique, le planétarium Galilée, l’aquarium Mare Nostrum. Sans oublier la bibliothèque municipale où toutes les classes se rendent,hormis la petite section de maternelle, ou encore l’opéra où les élèves vontécouter un concert éducatif une fois par an. Bien consciente de cet enjeumajeur, Christine vicedomini, la directrice, fait aussi intervenir un professeurde chant choral, qui prépare avec les élèves un spectacle commun avec les autres écoles privées de la ville. enfin, en CM2, un grand voyage estorganisé – l’année dernière, c’était à Rome. L’éducation culturelle doit se penser « en termes de partenariat qui permet à l’école de ne pas tournerà vide », préconise le CRAP, en croisant des actions menées hors de l’écoleet dans l’école. Pari gagné pour Montpellier. SH

1. Cercle de recherche et d’action pédagogiques.2. « Pour un accès de tous les jeunes aux arts et à la culture », sur le site : www.culturecommunication.gouv.fr Il inspirera un nouveau plan de développement de l’éducation artistique et culturelle, prévu pour la rentrée 2013.

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 37

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38 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

BELGIQUE

À l’école du savoir-vivre-ensembleS

ituée à Schaerbeek dans un quartierplutôt défavorisé de Bruxelles, l’écolesecondaire de la Sainte-Famille a fait

de l’égalité des chances un de ses chevauxde bataille. En prenant à bras-le-corps cetteproblématique et en l’abordant sous un angleoriginal, l’établissement cherche à offrir auxélèves des conditions de travail sereines, pro-pices à l’éducation. « Ce qui signifie fairebaisser les tensions qui empêchent les jeunesde se concentrer sur les ap-prentissages », résume Bruno Derbaix, sociologue et philo-sophe de formation, qui, de-puis neuf ans, enseigne lareligion dans cette institution.Un sacré défi à relever pourla Sainte-Famille qui accueillequelque 600 élèves d’unetrentaine de nationalités dif-férentes !

S’inspirant des principesde la pédagogie institution-nelle, l’école propose auxjeunes de définir des règlescommunes de savoir-vivre-ensemble pour lutter contrela violence, les incivilités ou le racket, premièrescauses de perturbation. Après s’être misd’accord sur la rédaction de ce que l’éta-blissement nomme lui-même « la Loi », lesélèves élisent chaque année leurs représen-tants au sein du Conseil de citoyenneté oùsiègent aussi des professeurs et des édu-cateurs. Cette structure se réunit une foispar semaine et reçoit les élèves en cas demanquement aux principes qu’ils ont eux-mêmes contribué à édicter… « Il s’agit deproposer à ceux ayant enfreint “la Loi” desactions pour réparer leur image », détaillele professeur.

Fierté et solidaritéCet encouragement au savoir-vivre-

ensemble repose par ailleurs sur l’impli-cation de tous dans des projets citoyens(organisation d’une vente au profit d’uneONG, travail de sensibilisation sur le conflitentre Israéliens et Palestiniens…). « Nombred’élèves sont raccrochés par ces projetsqui font la fierté de l’établissement. C’est aussi une façon de développer l’esprit

de solidarité », précise BrunoDerbaix.

Également à l’actif de l’éta-blissement : l’organisation defêtes rassemblant tous les élèves,quelle que soit leur religion, àl’occasion de Noël comme del’Aïd-el-Kébir. Ces manifesta-tions sont destinées à luttercontre le racisme et à appren-dre le respect mutuel aux par-ticipants. « Les réflexes identi-taires sont bien souvent desparasites. En procédant de lasorte, on évite des réactionsfrontales qui viennent per-turber les cours », observe leprofesseur.

En outre, dans les cours dereligion proprement dits, lesdifférentes croyances sont placées sur unpied d’égalité. Pas question pour autant denier les différences culturelles faisant partiede l’identité propre de chaque élève. LaSainte-Famille bénéficie de l’appui d’un pro-

L’institut de la Sainte-Famille, à

Schaerbeek, un quartier de Bruxelles,

initie ses 600 élèves, d’une trentaine de

nationalités et origines, au savoir-vivre-

ensemble. En faisant diminuer les

tensions communautaires, cette

« école citoyenne » pose les premiers

jalons d’une politique visant à instaurer

une plus grande égalité des chances.

LAURENCE ESTIVAL

fesseur d’origine marocaine qui vient donnerdes cours d’arabe aux jeunes intéressés ouparticipe avec le professeur de religion à unexposé à deux voix mettant en évidence lesparallèles entre la religion chrétienne et l’islam.Ce projet s’inscrit dans le dispositif « Langueet culture d’origine » déployé dans de nombreuxétablissements de la communauté francophonepar le ministère de l’Éducation qui, depuis unedizaine d’années, empile les dispositif visant

à favoriser l’égalité deschances : de la création dezones d’éducation prioritaire,avec des moyens humainset financiers importants, àla mise en place d’une poli-tique de quotas afin d’en-courager la mixité scolaire,en passant par l’accompa-gnement de primo-arrivantsou la lutte contre les discri-minations de genre. « Cesdispositifs ont des résultatsvariables, et le système estdevenu d’une complexité in-croyable ! Nos établissementsutilisent toutes les marges

d’autonomie dontils disposent à l’in-térieur de ce cadreréglementaire foi-sonnant, pour inno-ver en matière d’éga-lité des chances,même si l’école nepeut à elle seule ré-soudre tous les pro-blèmes », reconnaîtGuy Selderslagh, direc-teur du service d’étudeau SeGEC1. « Le pro-blème ne peut d’ailleurspas se résoudre au ni-veau global mais c’est

à chaque établissementde trouver sa propre voieen fonction de sa spéci-

ficité », approuve Bruno Derbaix. Et le moinsque l’on puisse dire, c’est qu’à la Sainte-Famille,l’équipe éducative a trouvé la sienne…

1. Secrétariat général de l’enseignement catholique en communautés française et germanophone de Belgique.

Les élèves volontaires (un par classe) discutent de la construction du texte de « la Loi ».

Tous les élèves de la Sainte-Famille ont dessiné un symbole de paix, illustration de la construction de « la Loi » : le collectif

s’engage pour plus de respect.

D. R

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L’enseignement catholiques’engage

L’enseignement catholique veut relever le défi

de l’égalité des chances. Un plan d’action se dessine

pour garantir l’accueil de tous. Avec deux leviers

privilégiés : la formation et l’animation institutionnelle.

Pour Bernard Mercier, directeurde l’Isfec-Bretagne, donner àtous la même chance, c’est

être capable de s’adresser à chaquetype d’enfant : ceux qui ont desdifficultés scolaires ou sociales, ceuxqui ont des rythmes différents, ceuxqui ont des handicaps… Et la for-mation délivrée dans les Isfec abien cet objectif. « On est tousd’accord sur ce point. Mais entrele dire et le faire, il peut y avoir beaucoup de souffrances… »,expose le directeur, pour qui l’accueil de tous « doit être le projetde base de l’enseignement catholique. Il y va de notre crédibilité.Une famille doit trouver chez nous une réponse à la spécificité deson enfant ».

Dans les faits, Bernard Mercier note « une vraie difficulté péda-gogique à proposer de la différenciation » et la nécessité de« travailler le geste professionnel ». Cela passe par un questionnementqui peut conduire à des remises en cause. À chaque enseignantde se demander : « Quel est mon projet pour chacun ? Quelle estmon organisation pédagogique ? Qu’offrent les nouvelles tech-nologies pour adapter mon enseignement ? Est-ce que je porte unregard d’espérance sur mes élèves ? Comment est-ce que j’associeles familles ?... », note cet ancien enseignant de Segpa.

Pour éviter « la sclérose », l’Isfec-Bretagne entend sensibiliser lesétudiants dès leur stage de préprofessionnalisation en licence !Il s’agit pour les futurs enseignants d’apprendre à observer les élèves,de mobiliser les savoirs en psychologie, en sociologie et en philosophie,d’analyser leurs pratiques au retour de chaque stage… Parmi lesmémoires soutenus par les étudiants en M1 et M2, beaucoupportent sur cette difficulté à différencier dans la classe. Bien sûr, letemps manque, et la réflexion devra se poursuivre une fois en poste.Aussi, dans le cadre de la formation continue, l’Isfec-Bretagne vafilmer, par exemple, des enseignants en classe pour les amener àdécrypter leur posture et leurs paroles face à un enfant en difficulté.« Un travail que l’observatoire de pédagogie de Bretagne poursuitdans le souffle des Assises », précise Bernard Mercier.

On retrouve cette même préoccupation à l’École des cadres mis-sionnées (ECM), où les futurs chefs d’établissement réfléchissentau pilotage pédagogique. « On leur présente les pratiques qui vontdans le sens d’un accueil de tous, de l’école inclusive ou de l’écoledu socle », explique la directrice, Nathalie Tretiakow. Ces futurs

responsables sont aussi conduits, dans le cadre d’une réflexionéthique ancrée dans une anthropologie chrétienne, à se demandercomment un projet d’établissement peut prendre en compte ladoctrine sociale de l’Église. Enfin, ces futurs responsables sont sen-

sibilisés au fait que « l’ouverture àtous n’est possible que grâce à untravail en réseau et à la solidarité entreétablissements », complète NathalieTretiakow. « Dans une période decrise et de tensions financières, onpeut être tenté “d’assurer sa clientèle”,expose la directrice. Or il faut jouercollectif et envisager des solidaritéspédagogiques et financières. » Lorsde la formation des directeurs diocé-sains, toujours à l’ECM, c’est ce mêmemessage qui est transmis : à tous les

niveaux (établissement, diocèse, région), chacun est encouragé àêtre créatif et solidaire.

ImpératifLe Secrétariat général de l’enseignement catholique, pour sa

part, valorise et soutient toutes les initiatives qui vont dans le bonsens. Ainsi, après la dynamique de l’exploration éducative qui invi-tait à explorer « l’archipel de la lutte contre les inégalités », unForum intitulé « L’école au défi des inégalités » se tiendra du 11 au13 février 2013 à Lille. « On y abordera, entre autres, la dimensiondu pilotage académique, en incitant les différents Caec à dévelop-per une stratégie d’égalité des chances. Tous les établissementsn’ont pas vocation à avoir une Clis ou une Ulis, mais ceux qui por-tent ces structures coûteuses doivent être aidés par les autres »,précise Claude Berruer, adjoint au secrétaire général. Une thématique qui sera reprise et développée enfin, lors dela convention des 1er et 2 juin auParc Floral de Paris, sur le thème« Avons-nous besoin de l’écolecatholique ? ». « L’enjeu de cetteconvention, détaille ce respon-sable, est de se mettre au servicede tous, en travaillant avec tous. »Pas étonnant alors de voir « lamixité sociale » figurer dans laliste des sujets débattus. Avecun impératif : « S’ouvrir aumonde associatif, éducatif, àl’entreprise… parce que la ré-ponse à un tel défi n’est pasque dans l’École ! », conclutClaude Berruer.

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 39

D. R

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L’Isfec-Bretagne sensibilise ses étudiants à la différenciation pédagogique.

SYLVIE HORGUELIN

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POUR ALLER PLUS LOIN…

LIVRES ET REVUES l Sylvian Connac, La Personnalisation des apprentissages : agir face à l’hétérogénéité à l’école et au collège, ESF, 2012.l Pierre Merle, La Ségrégation scolaire, La Découverte, 2012.l Françoise Vouillot (dir.), Orientation scolaire et discrimination. Quand les différences de sexemasquent les inégalités, La Documentation Française, coll. « Halde », Paris, 2011.l Haut Conseil à l’intégration, Les Défis de l’intégration à l’école, La Documentation Française,2011. lMarie Duru-Bellat, L’Inflation scolaire, les désillusions de la méritocratie, Seuil, coll. « La république des idées », 2006.l François Dubet, L’École des chances : qu’est-ce qu’une école juste ?, Seuil, 2004.

DES RAPPORTSl « Refondons l’école de la République : le rapport de la concertation », octobre 2012, pp. 11-14 ; 28 ; 50. Sur : www.refondonslecole.gouv.frl Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche, « La mise en œuvre de la loi du 11 février 2005 dans l’Éducation nationale », 2012. Disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr (« Rapports publics »/ « Enseignement »). l Haut Conseil de l’Éducation (HCE) « Rapport 2012 », disponible surwww.ladocumentationfrancaise.fr (« Rapports publics »/ « Enseignement »). l Les avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), « Les inégalités à l’école ».Rapporteur : Xavier Nau, 2011. Disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr (« Rapports publics »/ « Enseignement »).

DES DOSSIERS l « Égalité des chances ou école démocratique ? », Cahiers pédagogiques n° 467, nov. 2008.l « Filles et garçons à l’école », Cahiers pédagogiques n° 487, février 2011.

UN COLLOQUEl « Une école juste ? L’égalité des chances en débat », journées d’automne CRAP, 3 et 4 novembre 2008, à l’ENS d’Ulm. Sur : www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?rubrique121

DES SITES l L’observatoire des inégalités (données statistiques et analyses sur l’école) : www.inegalites.frl Évaluation et statistiques sur le système éducatif français sur www.education.gouv.frl Le site ressources du plan Jeunesse Unetp : « Filles, garçons – Ensemble dans tous les métiers » :www.planjeunesse.unetp.org

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 41

À l’école primaire Christ-Roi deTours, l’apprentissage de l’autonomieest pris très au sérieux. Son directeur a invité les enfants à créer des ateliersqu’ils gèrent eux-mêmes.

Heureusement que Patrick Perchain,directeur de l’école primaire Christ-Roi, à Tours, pratique course àpied, kung-fu et qi gong. Cet en-

traînement lui permet d’affronter les lundiset mardis midi. Car, à la ren-trée, il a lancé un projet am-bitieux : amener des enfantsà animer eux-mêmes desateliers. Après le déjeuner,quatre clubs « autogérés »démarrent donc leurs acti-vités. Par petits groupes de4 ou 5, des élèves de CM2initient des élèves de CP etde CE1 à l’art du scoubidou,au hip-hop, au théâtre ouau dessin. Une quarantainede participants au total, tous aussi enthou-siastes les uns que les autres. Et PatrickPerchain de naviguer pendant près d’uneheure d’un club à l’autre pour s’assurerque tout se passe bien.

Avant que ne commencent les ateliers,il fait le tour des problèmes rencontrés aucours d’une rapide réunion. « D’autresgrands veulent animer à notre place ! » seplaignent les « coachs » du club hip-hop.« Certains ne veulent rien faire ! » affirmentles animatrices de l’atelier scoubidou. PatrickPerchain temporise en rappelant que « res-ponsable » ne veut pas dire « chef » et que,si les petits doivent respecter les règles édic-tées par les « grands », les ateliers doiventrester ludiques…

Puis les activités débutent. Des tapis desol sont installés dans un atrium pour lehip-hop, la bibliothèque se transforme encours de théâtre et une salle de classe devient un espace d’initiation au scoubidou.« Le club hip-hop fonctionne bien », ob-serve Patrick Perchain. Effectivement, lesenfants se mettent rapidement et joyeu-sement au « travail ». Les autres ateliersdémarrent plus lentement. Les palabresse multiplient sur l’organisation de l’ate-

lier-théâtre, et des décisions entérinéeslors des séances précédentes sont remisesen cause. Patrick Perchain intervient parpetites touches pour débloquer la situation,sans pour autant se substituer aux anima-trices.

L’accompagnement est d’autant plusnécessaire que les enfants sont autonomes.Chaque club s’organise comme bon luisemble sous la houlette d’un responsable.Les enfants se répartissent les tâches et sefixent des objectifs. Ils s’interrogent aussisur la meilleure façon de transmettre un

« savoir ». Les expertes en scoubidou ont,par exemple, dessiné les différentes étapespar lesquelles il faut passer pour en tresserun. « On s’aperçoit que faire comprendrequelque chose aux autres, c’est pas toujoursfacile », confie Lucka, le responsable del’atelier hip-hop, qui veut enseigner à « sesélèves » les bons réflexes pour ne pas sefaire mal. Quant aux animatrices du coursde théâtre, plus « profs » que jamais, ellesont décidé de faire « répéter » leurs poésiesaux petits et de leur apprendre à « mettrele ton ». Bref, les enfants deviennent devrais formateurs.

« Il serait plus simple de faire intervenirun adulte, reconnaît Patrick Perchain.Mais, du coup, l’enfant vivrait pendant lapause de midi une relation identique àcelle qu’il vit en classe. » En outre, il estde moins en moins évident de trouver desparents disponibles pour prendre bénévo-lement en charge une activité.

Un bel investissement

Tout n’est pas parfait. Les grandes ont unpeu trop tendance à jouer à la maîtresse avecles petits, ce qui a le don d’irriter ces der-niers. Les rivalités entre enfants du mêmeâge menacent parfois aussi la bonne marchedes ateliers. Mais peu importe. « Ils jouent etapprennent en même temps à monter unprojet », résume Patrick Perchain. Ces ate-liers sont évalués.

Ils correspondent àl’item du socle communde compétences intitulé« S’impliquer dans unprojet individuel et col-lectif : autonomie et ini-tiative ». Un bel investis-sement de la part de cetteécole qui ne ménage passes efforts pour donner

un vrai contenu au pilier 7. Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact

de ces activités sur les résultats scolaires.Ce qui est certain, c’est que les enfantsprennent confiance en eux, même ceuxdont le parcours scolaire a été difficile.L’ambiance de cette école de 200 élèvesa globalement changé. Les petits et lesgrands apprennent à se connaître et il y amoins de problèmes pendant les récréations.Très sensible à la question du volontariat,Patrick Perchain voit même dans ces projetsune possibilité d’apprendre aux enfants às’engager pour les autres…

Comme des grands !

MIREILLE BROUSSOUS

InI tIatIves /primaire

Photos : D. R.

De haut en bas : Lucka et Ambre ; Patrick Perchain, le directeur ; l’atelier hip-hop.

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Depuis septembre 2012, une quinzained’élèves de 3e du collège Sainte-Maried’Ornans se sont lancés dans la création de Wood Tab, une mini-entreprise qui fabrique et commercialise des sets de table.Jusqu’aux prochaines grandesvacances, ce projet va leur permettre de développer de multiples compétences.

Al’occasion du traditionnel mar-ché de Noël, qui s’est tenu du30 novembre au 3 décembrederniers, les habitants de la

commune d’Ornans, dans le Doubs, ontdécouvert, au détour de leurs déambula-tions, un stand pas tout à fait comme lesautres. Pendant trois jours, des élèves de3e du collège Sainte-Marie, distribuant descartes de visite, se sont relayés par groupesde deux pour présenter aux badauds leursociété – baptisée Wood Tab – et ses produits vedettes : des sets de table enbois prenant la forme de puzzles. Lespièces, articulées les unes aux autres, per-mettent aussi de créer des chemins detable ou de séparer quelques élémentspour faire des sous-verre et autres des-sous-de-plat.

Ces produits originaux, déjà présentésen avant-première au Salon du vin organiséen octobre dernier, toujours à Ornans, ontété imaginés et fabriqués par 15 entrepre-neurs en herbe. Depuis septembre, ils seretrouvent pendant une heure et demiedeux après-midi par semaine sous la houlettede leur professeur de technologie, Jean-

Pierre Muneret, pour donner corps à ceprojet ambitieux. « Dans le cadre de l’ac-compagnement éducatif, nous proposonsà des jeunes volontaires de s’initier à lacréation et à la conduite d’une entrepriseafin de les familiariser avec le monde éco-nomique », souligne l’enseignant qui enest à sa quatrième aventure de ce type.

Le travail commence dès la rentrée. Lesélèves intéressés par le projet doivent toutd’abord envoyer une lettre de motivationcar le nombre de place, limité à quinzecomme on l’a vu, est inférieur au nombrede candidatures. Les heureux lauréats aurontalors la lourde tâche de se répartir les postesen votant pour leurs camarades briguantles fonctions clés que l’on retrouve danstoutes les entreprises : directeur général,directeur commercial, directeur financier,directeur technique…

Léa, élue PDG cette année, prend sonrôle très au sérieux. « J’aime organiser,

représenter l’équipe, et je trouve intéressantd’avoir une vision d’ensemble », précisela jeune fille, secondée par Séda, la directriceadjointe. Ayant décroché le poste de directeurcommercial, Fabien, a visiblement tous lesatouts attendus pour ce type de mission :une certaine aisance relationnelle et uneargumentation sans faille qui a d’ailleursfait mouche lors de la prestation de l’équipesur le marché de Noël. « Une commercialeest venue vers moi et m’a même proposéde m’embaucher ! Mais je dois d’abordterminer mes études », raconte-t-il avantde reconnaître que cette expérience au seinde la mini-entreprise lui donne déjà desidées quant à sa future orientation profes-sionnelle. Même découverte chez Justin.Le directeur technique présente, dans ledétail, le travail de conception et de fabri-cation des sets de table en bois, tout droitssortis de la tête des collégiens après unemini-étude de marché pour mesurer les

LAURENCE ESTIVAL

InI tIatIves / collège

42 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

La mini-entreprise Wood Tab en trois étapes : tout commence par des planchettes (à gauche) qui seront découpées avec soin (ci-dessus) avant d’être expédiées aux clients dont...

Tout le monde est sur le pont pour honorer les commandes qui doivent partir avant les vacances.

Photos : L. Estival

© L. Estival

Bienvenue chez Wood Tab

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potentialités commerciales de leurs produitsphares et donc, par ricochet, la viabilité deleur entreprise. Les yeux fixés sur l’ordi-nateur, Justin effectue les derniers réglagesavant de lancer la « machine » : les piècesqui en sortent sont directement acheminéessur une table où d’autres membres duservice technique les polissent avant de lesvernir et de les assembler.

Les doigts alertes

À quelques jours des fêtes de Noël, lescadences s’accélèrent. La course contre lamontre est engagée : Wood Tab est revenudu marché de Noël avec plus de 1 500 eurosde commandes dont certaines doivent êtrehonorées avant les vacances scolaires ! Àl’heure du déjeuner ou après les cours, à17 heures, les jeunes se relaient pour fairedes « heures sup’ » et, quelles que soientleurs fonctions, ils ne rechignent pas àmettre la main à la pâte…Les doigts alertes, Mélanie,élue secrétaire de la société,rentre dans la base de donnéesde l’entreprise les com-mandes passées le week-end précédent,pour pouvoir programmer la quantité debois nécessaire à leur réalisation. Pas ques-tion de risquer la rupture de stock ! Pourrégler les factures des fournisseurs, lesjeunes bénéficient de subventions apportéespar des entreprises « sponsors » et d’unfonds de roulement alimenté par les ac-tionnaires de la société. Les parents et amissont ainsi sollicités par les collégiens eux-mêmes pour entrer au capital, moyennantle versement d’une somme de quatre eurospar action – le nombre d’actions étantlimité à 10 par personne.

Dans la salle de cours de technologie,transformée en atelier, Morgane, du ser-

vice commercial et marketing, met poursa part la dernière main au site internet deWood Tab, qui devrait accompagner ledéveloppement des ventes. Celles-ci en,effet, ne s’arrêteront pas après les fêtes defin d’année. Le projet va progressivementmonter en puissance jusqu’aux grandesvacances. « Depuis le début de l’année,l’équipe est devenue plus autonome »,remarque, satisfait, Jean-Pierre Muneret.Au début, l’enseignant devait lui-mêmeprocéder à la planification des différentestâches. Il reste toutefois de nombreuxpoints à aborder. Au fil des sessions, lesélèves vont parfaire leurs connaissancesdu monde économique : calcul d’un prixde revient et des marges, réalisation dedevis… Et ce jusqu’à l’assemblée géné-rale de présentation des comptes et desrésultats, organisée au mois de juin.

Un bilan de l’opération sera réalisédevant les actionnaires. La société distri-

buera des dividendes, lessalariés seront rémunérésen fonction des bénéficeset procéderont à la liqui-dation de l’entreprise. Ils

auront aussi la chance de pouvoir présen-ter leur projet à un jury examinant,comme chaque année, les réalisations detous les collèges et lycées de l’Hexagoneimpliqués dans la création de mini-entre-prises. Lauréat une première fois il y aquelques années, le collège Sainte-Marieespère bien cette année repartir une nou-velle fois avec le gros lot…

L’expérience n’intéresse pas que le pro-fesseur de technologie. À tour de rôle, sescollègues viennent lui prêter main forte : leprofesseur de mathématiques supervise lescalculs, celui de français veille sur l’écri-ture de la plaquette de présentation, celuid’arts plastiques est invité à donner son

point de vue sur les aspectsesthétiques et graphiques.Même le professeur d’an-glais est sollicité pour facili-ter, si besoin, l’expansion dela mini-entreprise hors desfrontières nationales, vianotamment le site internet !Parfois, ce travail pluridis-ciplinaire permet à l’équipeenseignante de découvrir les jeunes sous une autre facette : des élèves timides,pris au jeu, gagnent ainsi en

« Une commerciale a proposé

de m’embaucher ! »

... les commandes sont stockées dans l’ordinateur.

UN COLLÈGE TRÈS ACTIFLe projet de création et dedéveloppement d’une mini-entreprise,mené en lien avec le Medef, n’estqu’une des 22 activités proposées auxcollégiens par Sainte-Marie d’Ornansaprès les heures de cours. De 15 h 30 à17 heures, les jeunes ont ainsi la possibilité de participer à des ateliersde musique, à des projets artistiques, à des entraînements sportifs, à des coursfacultatifs d’approfondissement desconnaissances en langues étrangères, àune initiation au travail scientifique ouencore à des cours de soutien scolaire… « Notre réflexion a commencé il y a cinq ans, où nous avons cherché àvaloriser d’autres façons d’apprendre,met en avant le directeur, Bruno Brie. Je demande aux enseignants de me faire des propositions et je medébrouille ensuite pour trouver lesmoyens nécessaires à leur mise enœuvre. » Si certains de ces projets sontdirectement menés en interne, d’autressont conduits en partenariat avec desassociations locales. La mise en avant de ces activités a notamment permis àl’établissement de regagner du terrain :depuis cinq ans, les effectifs ontaugmenté de 10 %. « C’est aussi lapremière fois que je vois des élèves etdes parents remercier les professeurspour tout ce travail qui a donné auxjeunes davantage d’assurance », ajoute,non sans fierté, le responsable du collège. LE

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 43

assurance, quand d’autres, extravertis, apprennent à s’intégrer au sein d’un groupeet à privilégier le travail en équipe. « L’in-térêt de cette expérience est également deregrouper des élèves très différents, qu’ilsse destinent à des études générales ou pro-fessionnelles. Il n’y a pas de ségrégationcomme dans certains projets menés pardes établissements qui ne rassemblent quedes jeunes ayant des difficultés dans lesmatières générales », souligne JérômePéru, le professeur de lettres.

Seule ombre au tableau : le départ pro-chain à la retraite de l’enseignant de tech-nologie. Pas de quoi toutefois troubler ledirecteur, Bruno Brie. Il a déjà proposé àl’intéressé de continuer à intervenir entant que consultant…

© L. Estival

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InI tIatIves /post-bac

44 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Le lycée agricole de Poisy, près d’Annecy, a mis en place,avec l’université de Lyon-III, un partenariat qui permet aux élèves d’acquérir unelicence Aménagement en mêmetemps qu’un BTSA en un an,sans franchir les murs du lycée.Un passeport assuré pourl’emploi.

Q uand les parents inscriventleur enfant chez nous enseconde, ils savent que cedernier peut ressortir six

ans plus tard avec une licence enpoche. » Une licence universitaireen bonne et due forme, sans avoir jamaisquitté l’enceinte du lycée. « Et l’assurancede trouver du travail rapidement », préciseJacques Siret, directeur du lycée agricoleprivé de Poisy1.

Sur les hauteurs d’Annecy (Haute-Savoie), avec vue directe sur le lac et lemont Blanc, l’établissement accueille 1 200 élèves de la seconde à la licence,plus quelques quatrièmes et troisièmes del’enseignement agricole. Le projet defaire entrer l’enseignement supérieurdans le lycée date d’il y a plus de vingtans. « Une histoire d’hommes », affirmenttoutes les personnes interrogées.

En 1991, Jacques Bonnet, professeur degéographie et alors vice-président de l’uni-versité Lyon-III, crée le diplôme universi-taire (DU) Ingénierie de l’espace rural, dé-livré en trois ans, au lycée de Poisy. « J’avais envie de créer une formationcomme je pensais qu’elle devait être. Nousavons donc construit ce diplôme de manièreun peu idéale », explique-t-il. Parallèlement, le lycée de Poisy donnait lapossibilité d’acquérir un BTS en un an, aprèsun premier obtenu normalement en deuxans. « Mais avec la mise en place du processusde Bologne, nos étudiants souffraient de laconcurrence du système LMD. Car ils avaientbeau valider deux BTSA, ils n’avaient qu’unbac + 2. Or un bac + 3 devenait de plus enplus nécessaire sur le marché du travail »,

précise Louis de Lansalut, alors directeurde Poisy et actuel directeur du lycée agricolede la Fondation du Bocage, à Chambéry. Grâce à ses bonnes relations avec Lyon-III,le lycée décide alors de mettre en placeune licence, obtenue en même temps qu’unBTSA en un an. « Nous avons eu la chancede nous trouver face à des gens qui ont faitpreuve d’une ouverture d’esprit et d’uneprise de risque exceptionnelles », poursuitLouis de Lansalut. Une journée par semaine,des professeurs de Lyon-III se déplacentà Poisy pour dispenser les cours de licenceaux élèves.

Aujourd’hui, le lycée propose deux BTSAen un an couplés à une licence Aménagement,ce que Jacques Bonnet appelle « BTS + » :un BTSA Gestion et protection de la nature

et un BTSA technico-commercial Produitsde la filière bois, auxquels on peut rajouterle BTSA Aménagements paysagers queLouis de Lansalut a mis en place en 2009au lycée agricole de Chambéry et pourlequel les étudiants suivent les cours de li-cence en commun avec ceux de Poisy.Cette initiative est vue d’un très bon œilpar Fernand Girard, président de Renasup :« Le partenariat avec l’université publiqueest poussé très loin. Au total, au sein dulycée, la moitié des jeunes sont étudiants.Avec cette licence, le lycée va bien plusloin que ce que je préconise au sein de Renasup. »

Au final, les étudiants obtiennent donctrois diplômes en trois ans. Et allient for-mation technique et connaissances théo-riques. Une manne sur le marché du travail.« 80 % de nos jeunes ont trouvé du travailou poursuivent une formation six mois aprèsla fin de leurs études », s’enorgueillit JacquesSiret. Sébastien Tavan, adjoint de directionà l’enseignement supérieur, va même plusloin :« Dans la filière bois, tous nos étudiantstrouvent même du travail avant la fin deleurs études. D’une manière générale,trouver du travail n’est pas un problèmepour eux. Ce qui nous préoccupe n’est pastant l’emploi que le choix de l’emploi. »

L’intérêt de la licence pour les étudiantsest qu’elle leur permet également de pour-suivre leurs études vers un master, contrai-

Une licence universitaire au lycée

© C. Murat

« On ne lâche pas nos jeunes.On les soutient,

on traque les absences. »

CHARLOTTE MURAT

Quelques-uns des 1 200 élèves qui fréquentent le lycée agricole de Poisy, dirigé par Jacques Siret (ci-dessous).

© C. Murat

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 45

Une licence universitaire au lycéerement à la licence pro où leur nombre estlimité à 20 %. Et les étudiants de Poisy nes’en privent d’ailleurs pas. « Les deux tiersdes élèves qui finissent leur “BTS +” s’ins-crivent en master dans un autre établisse-ment, précise Sébastien Tavan. D’ailleurs,je ne vois pas pourquoi mes étudiants nepourraient pas aller jusqu’à la thèse. Jesuis persuadé qu’en alignant les étudescourtes, elles sont au final plus courtes,avec moins de décrochage. »

Belle réussite

Si le « BTS + » est sans conteste un di-plôme qui correspond aux attentes des em-ployeurs potentiels, reste à déterminerl’avantage de dispenser les cours au seindu lycée. La réponse se trouve dans le bien-être des élèves. Ces derniers sont tout sim-plement bien mieux suivis. « On ne lâchepas nos jeunes, affirme Sébastien Tavan.On les soutient, on traque les absences. »Les professeurs d’université, également,y trouvent leur compte. « Ils sont confrontésà un public différent, ce qui les oblige àremettre en cause leurs méthodes d’ensei-gnement. Sans compter que cela diversifiela base de recrutement de l’université, enparticulier pour les masters », expliqueJacques Bonnet.

Belle réussite pour l’enseignement agri-cole, la mise en place des « BTS + » faitdire à Jacques Siret qu’« avec des projetscomme celui-ci, on arrive à prouver quel’on peut faire aussi bien, voire mieux queles lycées de l’Éducation nationale ».Et puisque le succès ne semble pas se dé-mentir, Poisy veut aller encore plus loin. « On réfléchit à un master 1 Aménagement,axé sur la filière forestière de montage. Celadevrait pouvoir se faire », avance JacquesSiret. Quant à Louis de Lansalut, il espèrecréer, dans les cinq ans, un master 2 « ouquelque chose d’innovant qui permette d’ac-quérir un niveau bac + 5 et qui soit spécifiqueau ministère de l’Agriculture. » L’enseigne-ment supérieur au lycée va donc continuerà se développer.

1. Lycée agricole de Poisy, route de l’École-d’agriculture,74330 Poisy. Tél. : 04 50 46 20 26. Internet :www.poisy.org

pro, sont souventremises en causequand plus de 20 %des étudiants veu-lent poursuivre versun master.

Est-ce que le ministère de l’Agriculturen’aurait pas intérêt à développer ses propres formations à bac + 3 ?Th. D. : D’un point de vue législatif, nousne pouvons pas aller au-delà du bac + 2.Mais le ministère de l’Agriculture a déjàengagé la réflexion. Depuis la rentrée, uneexpérimentation est menée dans dix-septétablissements pour une véritable semes-trialisation du BTSA, afin de favoriser lamobilité et éventuellement de permettreaux étudiants d’effectuer leur troisièmeannée à l’étranger. Quant au bac + 3, c’estévidemment une chose vers laquelle noustendons. Sous quelle forme, on ne sait pasencore. Mais on peut espérer que cela deviendra une réalité d’ici à cinq ans.

Aude Gourdin : un BTSA très priséCheveux blonds et yeux noisette, Aude Gourdin a quitté Thonon-les-Bains pour poursuivre ses étudessupérieures au lycée agricole de Poisy. À 21 ans, elle prépare un BTSA Gestion et protection de la natureen un an, en parallèle de la licence Aménagement. « Après un bac STL [sciences et technologies delaboratoire], je me suis inscrite en BTSA Aquaculture à Poisy. À l’époque, je voulais devenir technicienne de rivière et on m’avait présenté le BTS +. Je me disaisque le volet protection de la nature m’apporterait unemeilleure connaissance de la rivière, et notamment des plantes. » Même si son projet professionnel a évolué

vers l’animation nature, la jeune fille garde en tête l’avantage que lui donne sa formation et la perspective de ses trois diplômes d’enseignement supérieur : « La licence nous apporte un bac + 3, ce qui est très important pour lesemployeurs, ainsi que des connaissances théoriques qui complètent très bien la formation très technique du BTSA. » Reste à savoir si Aude ira au-delà. Sébastien Tavan, responsable de l’enseignement supérieur du lycée, la décritcomme une « étudiante brillante », et il aimerait qu’elle poursuive son cursusuniversitaire à la rentrée prochaine, pourquoi pas en s’inscrivant en masterRivière à Besançon. Mais Aude hésite. La jeune fille se voit bien intégrer le monde professionnel tout de suite. D’autant que toutes les entreprises dans lesquelles elle a été en stage lui ont proposé de l’embaucher. CM

Est-ce si important pour les étudiantsde la filière agricole d’avoir un bac + 3 ?Thierry Dedieu : Le taux d’insertionpost-BTSA n’est pas mauvais. Mais lesétudiants et leurs familles veulent un bac + 3 car il est rentré dans l’inconscientcollectif comme le premier niveau desétudes supérieures avec le développementdu système LMD. Mais il faut aussi seposer la question de la plus-value réelleapportée par la troisième année en termesde formation, de compétences et d’em-ployabilité.

Comment voyez-vous le partenariatdéveloppé entre le lycée de Poisy et l’université Lyon-III ?Th. D. : Poisy a la chance que son par-tenariat avec l’université se passe bien.On trouve d’autres exemples, comme àl’institut de Genech, dans le Nord. Maistous les lycées ne sont pas dans ce cas.Les habilitations, surtout pour les licences

© C. Murat

Trois questions à… THIERRY DEDIEU, RESPONSABLE DU SUPÉRIEUR

ET DES PARTENARIATS AU CNEAP

D. R.

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46 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

PortraI t

Il s’étonne que l’on veuille sepencher sur son parcours. Segarde bien d’envoyer son CVavant l’entretien. Mais par ce

matin froid d’automne, le frèrePaul Cornec, 65 ans, se plie debonne grâce au jeu des ques-tions, bien calé dans son fauteuil,en toute simplicité. Direct, sanstambour ni trompette. « Si vous

estimez cela utile, allons-y, mais

je n’en ferai pas une histoire

d’ego si vous n’en retirez rien »,

annonce-t-il d’une voix douce enpréambule à l’exercice. Paul Cornec, visiteur auxiliaire dela congrégation des Frères desécoles chrétiennes, vit depuis l’en-fance une vocation chevillée aucorps – celle de la pédagogie, quil’a conduit des côtes bretonnes à laforêt guyanaise en passant par lebéton de Garges-lès-Gonesse.Point de grands mots avec lui.Cette passion-là se nourritd’abord d’une forte intuition etd’un solide sens du terrain, avantde se revendiquer des enseigne-ments de Jean-Baptiste de La Salleet de la démarche personnalisée etcommunautaire du père Faure.« Paul est tout sauf un théoricien, plutôt

du genre taiseux, décrit le frère NicolasCapelle, responsable national de lacongrégation jusqu’en 2010. Il observe

au plus près les jeunes, très tranquille-

ment, et à partir de là fait œuvre de pion-

nier, en trouvant les outils pédagogiques

adaptés à chacun et en se servant tout

particulièrement des nouvelles technolo-

gies. Sa philosophie, orientée par le souci

pour gagner le Val-d’Oise etl’école Oscar-Romero. Pendantquatorze années, il a présidéaux destinées de cet établisse-ment accueillant des adoles-cents en grande difficulté. Puisil a pris un temps la tête de l’ex-CFP Emmanuel-Mounier, àParis, et il garde aujourd’hui lelien avec son domaine de prédi-lection en pilotant à la fois l’im-plantation d’une école desFrères en Guyane et la publica-tion du magazine La Salle liens

international au sein duquel ils’ingénie à repérer les bonnespratiques dans les équipes et àles faire partager.Autant d’appels et d’horizonsauxquels le jeune homme, qui afait « si peu d’études » et validésa licence en sciences de l’édu-cation à l’âge de 45 ans, ne s’at-tendait guère. Une question deculture, celle du premier degré« qui fait que l’on se considère

comme des gens de la base »,

explique-t-il. Pourtant, à chaquefois, Paul Cornec s’est autoriséà répondre par l’affirmative,porté par l’assurance tranquille

d’un homme de prière aux décisionsintensément mûries et par la force d’unélan au service de l’œuvre éducativejamais démenti. Derrière le tempéra-ment placide et les fines lunettes grisesperce un désir incompressible : « ensei-

gner ». Enveloppé dans sa polaire bleuemarine siglée de son appartenance à lacongrégation, le frère lasallien racontece choix « définitif ».

AURÉLIE SOBOCINSKI

© A

. Sob

ocin

ski

On peut voyager loin en suivant une intuition

éducative. Parti de sa Bretagne natale, le frère

Paul Cornec est allé jusqu’en Guyane. Après un

passage à Alger et une longue escale dans le Val-d’Oise

où en choisissant de « prendre en compte ce que

disent les enfants », il a mûri une « formule » qui

pourrait être la mieux partagée du monde scolaire.

du plus fragile, et les moyens qu’il invente

et déploie pour la mettre en œuvre font de

lui une personne-ressource, une réfé-

rence éducative au sein du réseau »,

poursuit l’ancien visiteur provincial quilui a confié à ce titre de nombreuses res-ponsabilités. C’est ainsi qu’au début des années 90,l’instituteur a quitté ses terres bretonnes

Paul Cornec

L’intuition éducative

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 47

jeunes de devenir acteurs de leurs

apprentissages et d’y être heureux ».

Dans la démarche de celui qui estdevenu l’homme multimédia du réseaulasallien, point de fascination pour latechnologie en elle-même mais « pour le

potentiel pédagogique phénoménal de

l’outil, quand à travers des utilisations

comme la programmation, il rend l’en-

fant créateur ». De quoi laisser bouchebée bien des visiteurs : « Pas une

mouche ne volait dans sa classe. On y

parlait doucement alors que s’y trou-

vaient des enfants très difficiles, chacun

occupé à sa démarche de travail », sesouvient le frère Capelle.

Esprit pionnierAu cœur de ces pauvretés, où il redé-couvre l’origine de la mission desFrères, Paul Cornec songe pour la pre-mière fois à quitter son métier pours’occuper des familles des « quartiers ».Avant de se raviser : « Si l’école ne peut

pas tout, il nous est apparu que ce

temps investi et passé ensemble ne pou-

vait être perdu, que nous étions des

relais, des passeurs, avant d’autres

expériences sur un chemin de vie. »

À Garges-lès-Gonesse, une autreconviction s’est ancrée aussi définitive-ment en lui : « On ne peut faire école

sans faire équipe. Sans emporter

l’adhésion sur le sens de l’action que

l’on souhaite promouvoir et créer une

façon de faire ensemble. Cela ne se

forge pas seulement à coups de réunions

mais dans tous les temps d’interstices,

chaque jour. »

Après s’être attaché à transmettre à latête du centre Pierre-Faure, rue deSèvres à Paris, « toutes ces postures et

autres petites choses du quotidien qui

instituent le métier », le frère visiteurrenoue aujourd’hui avec cet esprit pion-nier en Guyane. Là, sur les bords duMaroni, secteur en plein essor de ce ter-ritoire lointain, il est chargé pour sonplus grand bonheur du pilotage de lafondation d’une nouvelle école. Quandses fonctions cesseront à Paris, il aime-rait y rejoindre l’équipe à temps pleinpour rendre service une fois encore et…achever sa mission. n

Né au lendemain de la Seconde Guerremondiale dans une famille très prati-quante d’anciens cultivateurs installée àQuimper, c’est à l’école des Frères,déjà, qu’il est « pris d’admiration pour

ses maîtres et leur capacité à vivre avec

les enfants de façon très fraternelle ».

Les recruteurs passaient alors dans lesétablissements, il dit « oui » alors qu’il a10-11 ans, avec « [sa] foi d’enfant »,

sans l’ombre d’une hésitation ou d’unmysticisme aux accents trop roman-tiques.

Éducateur tout-terrainDu noviciat, qu’il rejoint en la fiévreuseannée 1968, puis du scolasticat, il negarde pas « de souvenir ému ». Enrevanche, le milieu de l’animation ausein duquel il multiplie les incursionsen dehors du giron des Frères – en tantque moniteur puis directeur de centrepour des comités d’entreprise – resteune expérience fondatrice, « un lieu de

mûrissement intense » grâce au travailen équipe qu’il y découvre. « J’ai tou-

jours été un peu franc-tireur, refusant le

confinement et l’autarcie, confesse-t-il.Il n’y a pas que les Frères dans la vie, il

y a aussi tout ce monde en marche

autour de nous. » Dès lors, le frère Cornecéprouve le souci constant d’en être à lafois un auditeur attentif et un acteurengagé. Auprès des « enfants ordinaires »

d’abord, en tant qu’instituteur puis entant que directeur, en Bretagne maisaussi en Algérie pendant deux annéesde coopération. « C’est là, à Alger, que

j’ai vraiment appris ce qu’enseigner

signifie. Cela ne consiste ni à assener

des vérités ni à se cramponner à la

feuille de sa leçon. Tout l’enjeu vise à

prendre en compte ce que disent les

enfants et à avancer dans le cours à

partir de ce qu’ils sont pour les amener

au meilleur d’eux-mêmes. Cela exige

une grande liberté intérieure. » Sans enavoir jamais entendu parler, le frères’essaie à la mise en place d’un plan detravail dans la classe, une habitude qu’ilconservera tout au long de sa carrière.À l’époque, la « formule Cornec »séduit déjà. « Les parents me disaient

“Frère Paul, si vous créiez une nou-

velle religion, tous les élèves vous sui-

vraient !” Et pourtant Dieu sait qu’on

les faisait travailler ! » Pourquoi cechoix du premier degré ? « Pour la fraî-

cheur de cette période de l’enfance qui,

sans connaître encore de soucis hormo-

naux, se montre déjà capable d’une

grande réflexion. »

C’est pourtant auprès des ados de Garges-lès-Gonesse, à Oscar-Romero, qu’il opère« une véritable conversion » et incorporela notion d’intelligences multiples. « Là,

il ne suffisait pas de taper dans les mains

pour que tout le monde se mette en rang,

résume-t-il sobrement. Au début j’avais

honte, il régnait dans mon cours un bordel

incroyable, j’arrivais à peine à parler…

jusqu’à ce que j’arrive à entrer en relation

avec eux. » Cette expérience, non sansheurts et épisodes douloureux, le boule-verse : « Il fallait s’employer à adapter

l’école à la réalité de ces jeunes aux per-

sonnalités très fortes, parfois violentes,

et non plus le contraire. » Ou l’acte éduca-tif comme l’exi-gence d’un renou-vellement et d’unquestionnementpermanents. Ledirecteur et sonéquipe aménagentles journées afind’éviter les sur-charges, en in-cluant des récré-

ations plus longues ainsi qu’une alternanceentre des temps de travaux en classe etdes temps d’activités communes dont latenue d’un conseil d’école hebdomadaireoù chaque enfant prend la parole. Un filrouge conduit systématiquement sonaction d’éducateur tout-terrain : « Avant

les savoirs, prime la relation. Elle seule

peut donner à l’enfant la possibilité de

s’humaniser, de trouver confiance, équi-

libre, autonomie, et in fine, sa place dans

le monde. »

Au service de cet engagement, le frèreCornec convoque aussi la carte « high-tech ». Passionné d’informatique etd’audiovisuel, cet inconditionnel de lacélèbre marque à la pomme est animépar le souci permanent de créer « le milieu

le plus riche possible pour permettre aux

« Il n’y a pasque les Frèresdans la vie,

il y a aussi toutce monde en

marche autourde nous. »

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48 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Coupes budgétaires drastiques, baisse

des salaires des enseignants, fermetures

et fusions d’écoles… La crise

économique touche de plein fouet

le système éducatif grec, incitant parents

d’élèves, enseignants et ONG à inventer

de nouvelles formes de solidarité.

Le 12 décembre dernier, nousavons fêté notre premier anni-versaire ! » Christina Lardikou,qui fait partie depuis sa fondation

du réseau Tutorpool, ne cache pas sasatisfaction en mesurant le cheminparcouru : il y a un an, une poignéed’enseignants lançaient un appel auxbonnes volontés sur Twitter, afin de« recruter » des volontaires pour aidergratuitement les élèves de terminaleà réussir leur examen d’entrée à l’uni-versité. « Avant la crise, les parentsdevaient payer des cours privés àleurs enfants pour franchir cet obs-tacle. Or aujourd’hui, la plupart d’en-tre eux n’ont plus les moyens definancer ces leçons. Une véritablecatastrophe pour les plus modestes !»explique la jeune femme.Dans un pays en proie au chaos, oùchacun mesure au quotidien les consé-quences de la récession, un élan desolidarité a rapidement pris corps. Enquelques mois, des centaines d’étudiants,de professeurs ou même de professionnelsont répondu favorablement aux sollicitations.« Actuellement, nous sommes près de 700 à donner régulièrement des cours àquelque 1 200 élèves répartis dans tout lepays », se félicite Christina. Le principe estsimple : les tuteurs déposent leurs offresde cours sur le site du réseau en indiquantleurs disponibilités. Les réservations se fontviacette plate-forme. Quand cela est possible,

saient déjà appel à nous, nous ont demandéde donner un coup de main à leurs enfantsplus jeunes, notamment pour la préparationau baccalauréat », poursuit Christina. Lesraisons sont toujours les mêmes : les coursprivés qui palliaient les faibles performancesdu système scolaire – la Grèce étant un despays à la traîne dans les études internationales

comme PISA – appartiennent à un passé désormais révolu. Car à15 euros de l’heure en moyenne, lesfamilles, touchées par la détériorationde leur pouvoir d’achat, jettentl’éponge. Dans ce contexte tendu, les ONGsont elles aussi sur le pont. Dans laville grecque de Kalamata, l’asso-ciation SOS-Village d’enfants a ainsiinstauré des cours de soutien scolaire.Trois après-midi par semaine, desprofesseurs accompagnent les élèvesdans la révision de leurs leçons. « Sinous n’avons pas encore mis enplace des programmes de ce type,nous sommes nous aussi de plusen plus sollicités, souligne IlianaRaouzaiou, responsable du pro-gramme de Caritas pour les réfu-giés, à Athènes. Nous délivronstoujours plus de repas, distribuonsdes vêtements. Nous avons par ail-leurs renforcé les cours de grec etd’anglais que nous proposons auxenfants de migrants pour lesquels

la situation est de plus en plus difficile. »Les écoles multiculturelles, avec des classesà effectifs réduits qui accueillaient cesjeunes, sont en effet menacées de devoirmettre la clé sous la porte, faute de crédits.Créées après la fin de la dictature pour per-mettre, à l’origine, aux enfants des Grecsréfugiés à l’étranger et souhaitant rentrerdans leur pays d’apprendre la langue na-tionale et de se mettre à niveau avant deréintégrer des écoles traditionnelles, elles

LAURENCE ESTIVAL

les enseignants vont au domicile des parentspour donner des leçons collectives à cinqou six élèves. Dans les régions les plus re-culées, les cours ont lieu viaSkype. L’équipede Tutorpool a aussi créé sur la toile uneclasse de cours virtuelle, autorisant plusieursjeunes à se connecter en même temps. Unefaçon également de permettre à certains

tuteurs expatriés de prêter eux aussi mainforte. De l’Espagne à la Finlande, des Grecsde la diaspora ont en effet vu dans cette ini-tiative un moyen d’aider la mère patrie…

Bouffée d’oxygèneFort de son succès, Tutorpool a progres-sivement fait évoluer son offre pour répondreà une demande croissante, au-delà mêmedes futurs étudiants. « Des familles qui fai-

GRÈCE

L’école entre système D et réforme à marche forcée

RÉCITS éducatifs D’AILLEURS

D. R

.

College De-La-Salle, Thessalonique.

École Saint-Georges, Syros.

D. R

.

352 p48-49 récits OK:- 19/12/12 11:21 Page 48

Page 49: actualités - Enseignement Catholique

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 49

sements. Un même mouvement estégalement à l’œuvre dans le secondaireoù le nombre de collèges et de lycéesdevrait être divisé par deux.

Baisses de salaireCes fermetures et fusions ont pourprincipale conséquence l’alourdisse-ment de la journée des enseignants,même si les professeurs grecs sont,selon les comparaisons internationales,ceux qui font le moins d’heures decours. Jusqu’à présent, ceux-ci s’éta-laient sur toute la matinée. Sous lapression des organisations interna-tionales, OCDE en tête, l’État com-mence à mettre en place des coursl’après-midi afin de combler le retarddes élèves par rapport à leurs cama-rades européens. Justifié d’un pointde vue pédagogique, cet allongementde la journée n’est toutefois pas trèsbien accueilli par des enseignants quitravaillent toujours plus pour un salaire

en diminution. Depuis 2008, les rémunéra-tions ont été revues à la baisse, passant de1 200 euros à 800 euros mensuels.Dans ces conditions, les grèves se multiplient,y compris dans l’enseignement privé où lesprofesseurs sont aussi concernés par lesbaisses de salaire. Pour montrer leur mé-contentement, les enseignants ont d’ailleursrefusé de répondre aux derniers questionnairesenvoyés par le ministère, prélude à la miseen place d’une évaluation de leur travail. « Dans un pays bloqué comme le nôtre, heu-reusement qu’il y a de la solidarité. Maisil ne faudrait pas que le gouvernement penseque celle-ci va éternellement remplacerl’État ! » conclut Christina.

étaient pourtant régulièrement citéesen exemple dans les colloques in-ternationaux comme un facteur d’in-tégration pour les primo-arrivants…« La rigueur budgétaire n’épargnepas non plus l’enseignement spécialiséqui ne peut plus fonctionner norma-lement. Du coup, faute d’appui, cesélèves décrochent », déplore Christina,contactée par des parents pour trouverdes tuteurs capables de prendre encompte ce public spécifique.Pour les enseignants, qui ont lachance d’être rémunérés par cer-taines ONG dont les budgets dédiésont toutefois tendance à s’amenuiser,ces cours sont devenus une boufféed’oxygène : la baisse des retraitestouche cruellement ceux qui ne sontplus en activité quand de plus enplus de jeunes professeurs, toutdroit sortis de l’université, se re-trouvent sans affectation en raisonde la baisse drastique des recrute-ments. Selon l’OCDE, la Grèce aformé en 2011 quelque 2 000 enseignantsalors que le nombre de places proposéesdans les établissements n’a pas dépassé900… Un chiffre qui serait, en outre, op-timiste à en croire les syndicats d’ensei-gnants : à la rentrée, 5 000 professeursétaient sur des listes d’attente, mettent-ils en évidence. La situation n’est pasprès d’évoluer. Le gouvernement a an-noncé ne vouloir remplacer qu’un départà la retraite sur cinq. Résultat : entre 2010et 2013, le nombre d’enseignants auradiminué de 20 %. Le pire est que cette descente aux enfers nesemble pas terminée : votée en octobredernier par le Parlement, la nouvelle cured’austérité prévoit un gel de 389 millionsd’euros destinés au budget de l’Éducationnationale. À la rentrée dernière, certains éta-blissements n’avaient pas reçu les livresscolaires directement à la charge de l’État,qui a fini par envoyer des CD ou des ouvragesen PDF ! D’autres écoles ne peuvent plushonorer leurs factures de chauffage. « Sansparler de toutes les dépenses imprévues,comme la nourriture par exemple. Comment,en effet, rester les bras croisés face au nombred’élèves qui, faute d’argent à la maison, ar-rivent sans avoir pris leur petit-déjeuner ? »lance Iliana Raouzaiou.

Le gouvernement, dont les marges de ma-nœuvre sont limitées, cherche quant à lui àrationaliser les dépenses en regroupant àmarche forcée des établissements dans unpays où près de 1 800 écoles accueillentmoins de 25 élèves, et où 250 collèges et70 lycées ont des effectifs inférieurs à 50 élèves. Un projet dévoilé en mars dernierprévoit ainsi la création de 672 écoles pri-maires devant se substituer à 1 523 établis-

LE DIPLÔME, UNE ARME CONTRE LE CHÔMAGE

Même en cette période de crise, le diplôme est en Grèce un atout indéniablepour trouver du travail : alors que le chômage touchait 23,6 % de la

population active au deuxième trimestre 2012, 35,8 % des Grecs, sortis dusystème scolaire sans qualification, étaient sans emploi. Les jeunes ayant arrêtéleurs études avant le bac s’en sortent eux aussi moins bien que la moyennenationale avec un taux de sans-emploi de 26 %, quand seulement 12,9 % desdiplômés de l’enseignement supérieur ayant décroché un master ou un doctoratétaient dans cette situation… Rien d’étonnant si, dans ces conditions, denombreux jeunes Grecs, y compris parmi les plus diplômés, cherchent aujourd’huileur salut à l’étranger. Reste que ces compétences risquent de manquer pouraider le pays à sortir de cette zone de turbulences. LE

« La rigueur budgétairen’épargne pas non plus

l’enseignement spécialisé. »

École des Ursulines , Neo Psychiko, Athènes.

Collège Saint-Paul, Le Pirée. D

. R.

D. R

.

352 p48-49 récits OK:- 19/12/12 11:21 Page 49

Page 50: actualités - Enseignement Catholique

Quand nous avons entendu par-

ler du projet, nous avons im-

médiatement décidé de nous

lancer dans cette aventure. »

Un an après avoir pris cette

décision, Cécile Douay, coordinatrice

de l’Ulis1 ne regrette pas l’énergie investie

en compagnie de sa collègue, Leopoldina

Silveira, professeur d’éducation physique,

pour relever ce défi : emmener à Londres

une délégation d’élèves pour participer

aux jeux Paralympiques, dans le cadre

d’une initiative proposée par l’enseigne-

ment catholique. « Au départ, l’idée de

mêler élèves handicapés et valides nous

a immédiatement convaincues. C’était

une occasion de changer le regard sur

le handicap », ajoute-t-elle.

Un appel à candidatures plus tard, ce

sont finalement huit jeunes (quatre

élèves de l’Ulis, une handicapée suivant

un parcours scolaire traditionnel et trois

élèves du lycée) qui commencent le tra-

vail de préparation sous la houlette des

deux adultes. Le nombre d’élus devant

être limité pour tenir dans l’enveloppe

de 11 500 euros dédiée à l’organisation

du voyage, des entretiens de motivation

ont dû être organisés !

Pendant l’année scolaire, les heu-

reux lauréats ont participé à toute une

série de réunions où on leur a présenté

les compétitions auxquelles ils allaient

assister, l’adaptation des règles du

jeu… Du cécifoot (football pour les

déficients visuels) au basket en fau-

teuil, ils ont ainsi découvert une quan-

tité de manières de faire du sport dont

ils ne soupçonnaient même pas l’exis-

tence. Forts de cette exploration, ils

ont proposé à tous leurs camarades de

LAURENCE ESTIVAL

paroles d’élèves

Six des huit « élus » rémois reviennent

sur leur séjour londonien.

Dorine (20 ans) : Quand j’aientendu parler du projet, j’ai euun petit choc : les gens sont han-

dicapés et ils peuvent faire tout ce qu’ils veu-lent ? Ma première réaction a été : il faut quej’aille voir !Tony (19 ans) : J’avais déjà participé à des com-pétitions handisport à Limoges. J’avais envie devoir comment évoluaient des athlètes de hautniveau. Et puis aller à Londres était pour moiune véritable aventure : c’était la première foisque je prenais le train. J’étais angoissé !Syriane (18 ans) : J’ai un peu hésité. Je suishémiplégique mais je ne me considère pascomme handicapée. Alors je me demandaissi ma présence n’était pas un peu déplacée.Plus la date du départ approchait, plusj’étais excitée. Il y avait aussi chez moi unpeu de tristesse à l’idée de quitter mes pa-rents et mes amis pendant une semaine.Marie (20 ans) : J’étais curieuse de voir cequ’était le sport adapté par rapport auxautres sports. Je ne savais pas à quoi m’at-tendre.Saïda (20 ans) : J’adore le sport, donc, pour moi, participer à des jeux Olympiques, c’estun peu un rêve. Et comme je souhaite travailler plus tard dans un métier en lien avecles personnes handicapées, j’ai sauté sur cette occasion. C’était un moyen de découvrirces compétitions dont on ne parle pas beaucoup. Guillaume (19 ans) : J’ai été particulièrement enthousiasmé par la cérémonie d’ouverture.Il y avait des centaines d’athlètes de tous les pays, y compris de certains que je neconnaissais même pas. On essayait de reconnaître les drapeaux. Marie : C’était un beau spectacle ! On voulait tout voir, on ne savait même pas oùregarder. Quelle surprise quand j’ai vu la reine d’Angleterre ! Elle était là, et moi aussi. Saïda :On a pu rencontrer de nombreux athlètes, leur parler. Tous étaient disponibles,ils sont venus vers nous. On leur a posé des questions sur leurs performances sportives,nous les avons félicités. Il y a eu aussi cette rencontre avec Philippe Croizon, le premieramputé des quatre membres qui a traversé la Manche à la nage. Il nous a raconté sonhistoire. On l’a vu en vrai, on lui a parlé. Dorine : Quand j’ai vu tous ces gens de tous les pays, j’ai pensé qu’ils avaient de lachance de voyager partout dans le monde. Moi aussi j’aimerais, comme eux, voyager. Tony : Tout le monde criait, il y avait des olas ! C’était impressionnant de voir autantde monde réuni dans un stade. On a aussi assisté à une compétition d’haltérophilie.L’athlète, déficient mental et paraplégique, avait une de ces forces ! Il ne faut pas luipiquer sa place « handicapé » !

« La ReIne était là, et moI aussI ! »À la fin du mois d’août 2012, une délégation de huit élèveshandicapés et valides du lycée

Saint-Michel de Reims a participéaux jeux Paralympiques

de Londres. Une expérience riche d’émotions pour les jeunes

revenus transformés par ce qu’ils ont vécu.

Phot

os :

L. E

stiv

al

50 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Marie

Syriane (à gauche) et Saïda

352 p50-51 paroles OK:- 19/12/12 11:23 Page 50

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Marie : On a discuté avec beaucoup de personnes avec lesquelles nous allons rester encontact. Certains nous ont déjà invités sur Facebook. Syriane : En assistant à une compétition sportive, j’ai repensé à une petite fille que jeconnais, qui est dans un fauteuil. Moi même, je suis d’ailleurs handicapée. Mais en

voyant la manière dont ces athlètes se compor-taient, faisant tout pour se dépasser, je mesuis dit qu’à côté d’eux, mes problèmes nesont pas très importants. Ça m’a donné uneforce supérieure. Tony : En regardant des athlètes évoluer surleur fauteuil, soudain m’est venue l’imaged’un de mes amis qui souffrait lui aussi dumême handicap. Il n’est plus là aujourd’hui.C’est bien dommage, car j’aurais tellementvoulu qu’il assiste à cette scène. Dorine :C’était la première fois que je voyaisdes sportifs faire de l’escrime. Ça m’a toutde suite plu. J’avais envie d’essayer. En ren-

trant à Reims, j’en ai parlé à ma mère. Elle a peur detout mais a pourtant accepté que j’essaie. Moi aussi,d’ailleurs, ça m’a fait un peu peur. Saïda :Avant ce séjour, on n’osait pas demander à noscamarades handicapés de nous parler de leurs problèmes.Il y avait comme une gêne. Mais à Londres, on s’est misà oser. Chacun a raconté son histoire. J’ai découvertqu’il y avait des gens très courageux, et je me suis ditque moi aussi il me fallait être à la hauteur. Dorine : Pendant ce séjour, les autres m’ont suppor-tée ! À cause de mes problèmes, je ne peux pourtantpas marcher plus de dix minutes sans devoir m’arrêterpour me reposer. C’était énorme !Marie : Il s’est créé entre nous des liens très forts, une

véritable amitié alors qu’avant de partir, je ne connaissais que leur prénom. C’était unvoyage extraordinaire qui a changé mon regard sur le handicap. J’ai découvert toutesles possibilités qu’ils avaient de pouvoir évoluer, contrairement aux images que l’on ena parfois. Syriane : Nous aussi, nous nous sommes rapprochés de nos camarades. Nous avonsessayé de leur faire comprendre ce que nous vivions, comment nous vivions. J’ai racontéau groupe les séances de kiné auxquelles je dois assister. Guillaume : Quand je suis rentré, j’ai mis quinze jours avant de pouvoir parler à mesparents de ce que j’avais vécu. C’était très fort. Tony : C’était comme une bulle où on oublie l’école, la famille, les profs… On rêve quetout est possible. Il faut être encouragé. C’est dommage que trop souventon nous bloque, on nous casse le moral. Dorine :Ça m’a changée. Ça m’a apporté une ouverture d’esprit. J’ai maintenantl’idée que quand on veut, on peut.

Propos recueillis par Laurence Estival

« La ReIne était là, et moI aussI ! »participer à un tournoi de badminton,

adapté aux personnes handicapées, à

l’occasion de la journée des talents

organisée par l’établissement.

Tous les élèves ont également dû se

soumettre au quizz sur le handicap, réa-

lisé par le petit groupe. « Nous souhai-

tions nous appuyer sur ce projet pour

sensibiliser tous les élèves au handicap

et impliquer les élèves sélectionnés

pour aller à Londres dans ce travail,

car ils avaient pour nous une responsa-

bilité par rapport aux autres », poursuit

Cécile Douay.

Ce travail s’est d’ailleurs poursuivi

jusqu’à la fin des jeux Paralympiques.

Chaque soir, les huit ont tenu depuis

Londres un blog où ils rendaient

compte de ce qui s’était passé dans la

journée. Et, de retour à Reims, ils ont

réalisé un film qui sera montré d’abord

dans l’établissement avant d’être prêté

à d’autres lycées qui voudraient eux

aussi lancer des discussions ou des

activités en relation avec le handicap.

Les jeunes ayant eu la chance de se

rendre dans la capitale britannique ne

manquent pas non plus une occasion

de répondre aux questions des curieux.

De ces récits se dégage une atmosphère

festive qu’on peut rencontrer dans tous

les stades ou sur tous les courts de ten-

nis du monde, où finalement, il est

beaucoup plus question d’exploits

sportifs et de rencontres avec des

athlètes de haut niveau que de handi-

cap lui-même, fondu dans la masse des

émotions. C’est toutefois aller un peu

vite en besogne. Si les huit volontaires

ayant participé à cette expérience

exceptionnelle éprouvent quelque

pudeur à aborder certaines questions,

leurs regards complices masquent à

peine le rapprochement entre les

élèves handicapés et les autres pendant

tout ce séjour. Vivre ensemble a fait

tomber des barrières, notamment

quand pour faire face à l’urgence,

les premiers ont dû se confier aux

seconds, leur demandant de les aider à

surmonter des problèmes rencontrés

comme ils ne l’auraient jamais fait

dans une salle de classe…

1. Unité localisée pour l’inclusion scolaire.

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 51

Dorine

Tony (à gauche) et Guillaume

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réflexIon

52 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

observations, expériences ou questions,il évoque la place de la science au seinde la culture, le parallèle entre biendes pays et la France, et tente à partirde ces constats de dessiner quelquestraits possibles de cette école à venir.La prise de conscience des pro-fondes évolutions, nécessaires pourpasser de l’école d’hier à celle dedemain, est désormais très présenteen France, mais la construction d’unconsensus, bien qu’indispensable,demeure difficile.

Stève Lepleux

Et si l’effet Main à la pâte, qui a ouvert l’appétit desélèves pour les sciences, pouvait être généralisé ? PierreLéna, l’un de ses artisans, s’appuie sur la réussite de cetteopération, dans son « plaidoyer pour l’école de demain ».

L a jeunesse a changé vertigineusement, tout particulièrementlors des deux dernières décennies. Cette quasi-révolutions’est largement accomplie sous l’effet de la science et

de la technique. L’école n’a pas suivi, et le monde enseignantdésespère souvent en regardant le fossé de plus en plus grandentre la culture de l’école et la culture des jeunes générations.Depuis 1996, le projet La main à la pâte a visé à transformerl’enseignement scientifique en primaire et collège. De cetteaventure réussie, qu’il a vécue personnellement et qu’il raconteavec tendresse, Pierre Léna tire quelques leçons fortes, concer-nant l’appétit des élèves pour la science et leur curiositécomme l’engagement possible des professeurs. Rien ne vautl’expérience de se rendre dans une classe pour y voir desenfants, guidés par leur maître, faire de la science ! Pierre Léna est animé de la conviction qu’un jeune armé dedavantage de capacités d’expression, de plus de confianceen soi, de plus d’esprit critique, aura devant lui un cheminmoins difficile. Ainsi, au fil de courts chapitres reflétant

Leçons fortes pour école à venir

C’est un livre courageux que le dominicain François Bœspflugpublie chez Bayard. Délaissant son domaine de prédilection, l’iconographie chrétienne, notreconfrère répond sans détour auxquestions, souvent délicates, poséespar Évelyne Martini1. Une parolelibre sur l’Église, qui fait du bien !

Dans Franc Parler2, vous mêlez le récitde votre trajectoire personnelle avec

votre réflexion sur le christianisme d’aujourd’hui. Pourquoi ce choix ?

François Boespflug : J’ai lu récemment une quinzaine d’ou-vrages dans lesquels des chrétiens prennent position surl’Église, en restant pour la plupart silencieux sur eux-mêmes.J’ai voulu tenter autre chose car je ne crois pas que dans cesmatières – sciences religieuses et témoignage de foi –, onpuisse considérer que « le moi est haïssable ». J’ai eu le désirde visser mes convictions à une histoire. Le tout en me laissantinterroger par Évelyne Martini parce que du dialogue entreun homme et une femme, il advient une parole plus fine.

Vous avouez que vous avez fait l’expérience de la mort de Dieu ou encore que le Jésus des Évangiles vous dérange parfois. N’avez-vous pas peur de choquer ?

F. B. : Si, j’ai peur de choquer et je ne voudrais pas blesserdes gens qui ont besoin d’être encouragés. Mais débattre avecsoi-même relève de la vocation des baptisés et il ne faut pasredouter de s’avouer des irritations ou des écarts qui font partied’une vie de foi, non commandée par un surmoi ecclésial. LeChrist ne demande pas que tous les chrétiens soient alignésdans une caserne du Croire !

Pourquoi revenir à des questions théologiques quand on a une carrière d’historien de l’art aussi affirmée que la vôtre ?

F. B. : J’ai cherché Dieu en me livrant depuis 35 ans à des en-quêtes interminables sur l’iconographie chrétienne. Aujourd’hui,je présente l’autre versant de ma vie sur lequel j’étais restédiscret. Après avoir tant couru, j’avais envie de revenir sur lemoteur de cette recherche, qui est spirituel.

Qu’est-ce qu’avoir la foi ?

F. B. : « Avoir » est un verbe de propriétaire peu approprié.Pour moi, la foi est une sensibilité et une blessure qui setransforme en énergie – une blessure parce que nous sommesmarqués comme au fer rouge et en même temps propulsésavec l’envie de rejoindre la source de l’appel. On se met enroute, tel Abraham, vers un pays que l’on ne connaît pas.Aussi plutôt qu’« avoir la foi », je préfère dire « se mettre enchemin ».

Propos recueillis par Sylvie Horguelin

1. Auteur de Notre école a-t-elle un cœur ?, Bayard, 2011, 127 p.2. Franc Parler – Du christianisme dans la société d’aujourd’hui, Bayard, 2012, 354 p.,19,90 €.

Les confessions de François Bœspflug D. R.

-Pierre Léna, Enseigner, c’est espérer - Plaidoyer pour l’école de demain,Le Pommier, coll. « Les Défis de l’éducation », 2012, 224 p., 19 €.

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 53

La recherche avance que le choix

de l’homogénéisation des classes

est pédagogiquement inefficace

du point de vue des apprentissages

et éthiquement contestable du point

de vue de l’éducation. Reste à en

convaincre les enseignants.

Rêve tenace chez beaucoupd’enseignants que celuid’avoir des classes homo-

gènes ! L’hétérogénéité desclasses est en effet souventprésentée comme la sourceprincipale des difficultés qu’ilsrencontrent, voire comme unempêchement majeur pourexercer leur métier de façonsatisfaisante. Outre que lapalette de critères pour carac-tériser cette homogénéité sem-ble réduite à la prise en comptedes résultats scolaires, onpourrait rapidement s’étonner de cerêve étrange puisque – la courbe deGauss est là pour le prouver – cesmêmes enseignants n’ont de cesse dere-fabriquer de l’hétérogénéité : untiers de bons, un tiers de moyens, untiers de faibles. Où trouvons-nous eneffet des classes « homogènes » avec90 % d’élèves dont les résultats seconcentreraient entre 15 et 20 ?Et pourtant, il faudrait s’en convaincre,l’hétérogénéité n’est pas une calamité.Les scientifiques l’ont observé : pro-mouvoir l’homogénéité, c’est mettre enœuvre « une stratégie d’amplification

des différences individuelles qui rompt

avec tous les principes d’égalité1 ».

Attentes pressantes

Selon Vincent Dupriez et HuguesDraelants, de l’Université catholiquede Louvain, « une telle proposition

peut être critiquée et contredite au

regard de trois points de vue au moins :

l’absence de gain en termes d’effica-

cité moyenne des apprentissages, le

caractère inéquitable de tels dispo-

sitifs et leur contribution à la ségré-

gation des publics au sein des établis-

sements scolaires2 ». Le choix délibéré

de l’homogénéisation des publicsserait donc à la fois pédagogiquementinefficace du point de vue des appren-tissages et éthiquement contestable dupoint de vue de l’éducation et de lasocialisation.Le récent ouvrage de Sylvain Connac(cf. encadré) veut promouvoir des pro-

positions pour « agir face à l’hétérogé-

néité à l’école et au collège » et peut,en cela, répondre à des attentes pres-santes d’enseignants démunis pourconduire vers les apprentissages desélèves dont les différences leur parais-sent d’entrée comme un obstacle. Pour

L’hétérogénéité n’est pas une calamité ce faire, il valorise – dès son titre ! – « la personnalisation des apprentissa-

ges », rejoignant des traditions éduca-tives qui l’ont précédé tant du côté del’Airap3 et du père Faure que de Freinet,Montessori, Lubienska. Mais attentionaux malentendus : cette personnalisa-tion n’est pas le choix de l’individu

contre le collectif, bien aucontraire. Comme le rappelleRichard Étienne dans la préface :« Seul le choix d’éduquer

[l’élève] personnellement, donc

dans un collectif réglé et coopé-

ratif, permet d’envisager son

développement harmonieux et

respecte sa liberté de choix. »

Dans un contexte où on a trop ten-dance, depuis quelques années, à ex-ternaliser dans des dispositifs diversle traitement de la difficulté scolaire,ce livre ouvre de vraies perspectiveséducatives.

Nicole Priou

1. Marcel Crahay, L’école peut-elle être juste et efficace ?De l’égalité des chances à l’égalité des acquis, De Boeck,2000, p. 323. 2. Revue française de pédagogie, vol. 148.3. Association internationale de recherche et d’animationpédagogique.

UNE MULTITUDE D’OUTILS EXPÉRIMENTÉSOn trouvera dans ce récent livre de Sylvain Connac deprécieuses clarifications conceptuelles, résumées dans unglossaire, qui contribueront à lever bien des malentendus.Personnaliser les apprentissages, c’est « apprendre pour soi et pour les autres, apprendre par soi et avec les autres ».Comprise ainsi, la personnalisation des apprentissagesentraîne des organisations du travail en classe différentes,voire parfois à l’opposé de ce qui se décline autour de l’individualisation desapprentissages : l’ouvrage en donne des exemples. On ne s’étonnera donc pas de trouver un chapitre entier sur l’organisation de la coopération entre élèves.Parce que le déficit de motivation et les questions d’autorité sont des questionsrécurrentes qui surgissent dans les pratiques quotidiennes de tout enseignant, les deux derniers chapitres y sont consacrés. Par ailleurs, Sylvain Connac fournit une multitude d’outils élaborés et expérimentés au cours de sa propre pratiqued’enseignant et de formateur. Un ouvrage précieux par la vision humaniste del’élève et de l’éducation, par la mise en cohérence des références issues de la théorieet de l’observation du terrain, et enfin, par le champ des possibles entrouvert à partir de propositions concrètes, expérimentées, dont devraient s’emparer ceux qui ont le souci d’œuvrer pour une école plus juste et plus efficace. NP

-Sylvain Connac, La personnalisation des apprentissages - Agir face à l’hétérogénéité à l’école et au collège, ESF, 2012, 256 p., 23,35 €.

Personnaliser les apprentissages, ce n’est pas renoncer au collectif.C S. Connac

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54 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Les chrétiens croient que Dieu

s’est fait homme en Jésus-Christ

de Nazareth. Si Dieu est impossible

à figurer, l’Incarné, lui, peut être

représenté. La cathédrale Sainte-

Sophie d’Ohrid, en Macédoine,

abrite une peinture murale de la

Mère de Dieu présentant son Fils.

confessent explicitement dans ledeuxième article du Credo (« Pour

nous les hommes, et pour notre salut, il

descendit du ciel ; par l’Esprit-Saint, il

a pris chair de la Vierge Marie, et s’est

fait homme », formule qui provientpour l’essentiel du concile de Constan-tinople, tenu en 381). Mais tout peut-il se traduire en image ?Peut-on se risquer à figurer le processus

Jésus-Christ est la Pensée intime deDieu, son Pouvoir-d’aimer-et-d’imaginer, sa très sainte capacitéde se donner généreusement, bref,

son « Verbe ». Loin d’être resté éternel-lement dans le sein de l’Éternel, il est « descendu du ciel », s’est blotti dans lesein de la Vierge pour revêtir la condi-tion humaine afin de sauver tous leshommes : c’est ce que les chrétiens

D. R

.

Images parlantes

Dieu fait homme

Vous avez à présenter le christianisme à travers six images. Six, pas plus. Vous choisissez lesquelles ? Vous les commentez comment ?

François Bœspflug, dominicain, spécialiste d’iconographie religieuse et professeur à l’université de Strasbourg, ne se contente pas de lancer ce défi, il le relève devant nous. Pourquoi ? Comment ?

Il s’en est expliqué dans le n° 350 d’Enseignement catholique actualités, pp. 54-55.

FRANÇOIS BŒSPFLUG

Peinture murale, conque d’abside de lacathédrale Sainte-Sophied’Ohrid (Macédoine), vers 1050.

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une forme ovale que Marie tient desdeux mains comme s’il s’agissait d’unobjet physique, par exemple d’un bou-clier : il s’agit en réalité d’un motifconventionnel réservé dans l’art chré-tien aux personnes divines, et appelémandorle (de l’italien mandorla,

« amande ») par les historiens de l’art.À petite échelle, cet Enfant-là se trouvedans la même situation que certainsChrist de la Transfiguration, de l’As-cension ou de la Gloire — c’est enve-loppé dans une mandorle blanche, cettefois parfaitement circulaire, que leChrist de l’Ascension a été peint dans lamême église d’Ohrid.

Avec les apôtresLa Theotokos est tout entière vouée à samission : elle est au service de la Parou-sie première, de la présence (parousia,

en grec) de l’Incarné et de sa manifesta-tion. Sans risque de mal interprétercette fresque, on peut mettre dans labouche de la Vierge les mots qu’elle prononcera lors des noces de Cana àl’adresse des servants du banquet : « Tout

ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2,5),ou entendre avec les apôtres Pierre,Jacques et Jean les paroles du Père, qui ont retenti lors de la Transfigura-tion de Jésus : « Celui-ci est mon Fils

bien-aimé, qui a toute ma faveur, écou-

tez-le » (Mt 17, 5).

1. Nom d’une icône célèbre du type « Vierge de ten-dresse » (Eleousa), une des plus anciennes icônes russes,datée du début du XIIe siècle, et qui tient son nom dela ville de Vladimir où elle fut exposée jusqu’à la findu XIVe siècle. On lui attribue quantité de miracles.Après avoir été transportée à Moscou, elle demeuralongtemps à la cathédrale de la Dormition du Kremlin.Elle est conservée à la Galerie Tretiakov de Moscoudepuis 1930.

même de la « descente du ciel » et de laconception virginale, au terme d’unmystérieux Conseil de la Trinité,conclu par une décision souveraine ?Quelques artistes, encouragés par desvisions mystiques, s’y sont essayés, etleurs images n’ont pas été des réussitesà tous égards, même si le cœur y était.Mais il faut garder raison en cesdomaines et observer une certaine rete-nue. La manière la plus simple et lamoins périlleuse de figurer cet élémentfondamental de la foi chrétienne a étéde s’en tenir aux étapes constatables etdocumentées dans les évangiles de l’«humanation » de Jésus : par exemple,de le représenter en nouveau-né dansune étable, couché dans la crèche ou surle sol, réchauffé par l’haleine de l’âne etdu bœuf, et adoré par ses parents puispar les bergers puis par les Mages ; ouplus simplement, mais de manière nonmoins parlante, et résumant tout demanière adéquate, de le représenter enenfant niché dans le giron ou assis surles genoux de sa maman — ce qui futfait dès les débuts de l’art chrétien, dansles catacombes puis dans les mosaïquesdes premières basiliques.

Une discussionÀ Sainte-Marie-Majeure, à Rome, l’arctriomphal comporte une figuration del’Enfant Jésus assis sur un trône à côté desa mère figurée en augusta, en impéra-trice, tandis que les mages en habitsphrygiens se rapprochent avec leursoffrandes. À l’époque, une discussiontrès vive avait cours parmi certains Pèresde l’Église, sur laquelle le conciled’Éphèse (431) dut se prononcer : fallait-il se contenter de dire de la Vierge Mariequ’elle était la Mère du Christ (Christo-

tokos), comme le préconisait Nestorius,le patriarche de Constantinople, ou pouvait-on aller jusqu’à lui décerner le titre de Mère de Dieu (Theotokos) ? Le concile, entraîné en particulier par Cyrille, l’évêque d’Alexandrie,condamna Nestorius et trancha en faveurde la seconde réponse, estimant que refu-ser le titre de Theotokos revenait àcontester que Jésus fût Dieu et à dissocierson humanité de sa divinité, en imaginantpar exemple que celle-ci était postérieure

à celle-là. On ne se souvient pas de toutcela lorsqu’on récite le « Je vous salueMarie… » et parvient à la deuxième par-tie : « Sainte Marie, mère de Dieu… » Il ya un temps pour tout, il est vrai. Et la litur-gie vient à la rescousse : c’est le papePaul VI qui fixa au premier janvier saplace à la fête de « Sainte Marie, mère deDieu ».

La conque d’abside de la cathédraleSainte-Sophie d’Ohrid, en Républiquede Macédoine, construite et décorée aumilieu du xIe siècle, comporte en sonsanctuaire une image solennelle de laTheotokos. Elle siège sur un trône àdécor, dossier et double coussin, quiindique sa dignité de rang impérial. Ses pieds chaussés sont posés sur unmarchepied. Son enfant n’est pas repré-senté dans son giron (son kolpos, le motdu Prologue selon saint Jean, pour évoquer le Fils blotti « dans le sein du

Père » : Jn 1,18), ni assis ou debout surses genoux ; elle ne le caresse ni ne l’al-laite, ne presse pas son visage contre sa joue, comme la Vierge de Vladimir1,

ne le regarde même pas. Elle est enfonction, en Trône de la Sagesse, enPersonne théophore, qui le présentedans un geste d’une dignité hiératiqueévoquant les rites de la cour impériale,où tout se faisait avec lenteur et gravité.Il n’y a pas de place, ici, pour des gestesde tendresse, ni pour le moindre enfan-tillage, fût-il sacré et traditionnel. Jésus, doté d’un nimbe crucifère, avecles lettres grecques de son nom abrégé(IC XC, pour Iesos Cristos) à hauteur deson cou, est lui-même assis sur unevoûte céleste quasiment invisible. Il estfiguré de face, tenant un rouleau de lamain gauche et bénissant de la droite,en tout jeune homme imberbe maisavec un sérieux et une dignité d’adulte.Sa silhouette s’inscrit tout entière dans

Que Jésus soit Dieu, mais Dieu fait homme, né d’une femme, comme le proclame le Credo,

c’est ce qu’exprime cettefresque avec une netteté

convaincante.

zBIBLIOGRAPHIE Anthony Cutler, Jean-Michel Spieser,

Byzance médiévale, 700-1204, Gallimard, coll.« L’univers des formes », 1996, p. 259-260.l Egon Sendler, Les icônes byzantines de laMère de Dieu, Desclée de Brouwer, 1992, pp. 139-151 et 155-159.l François Bœspflug, Le Dieu des peintres et des sculpteurs. L’Invisible incarné, Éditionsdu Louvre/Hazan, 2010, sp. chap. 2 et 3.

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56 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Contact : [email protected] Les dates ci-dessus sont communiquées sous réserves de modifications.

Le Musée à l’école

Aux tableaux !Un hors-série pour

donner le goût de l’art

BON DE COMMANDE « L’ART À L’ÉCOLE » : 8 € l’exemplaireNom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . . . . . ex. de « L’ART À L’ÉCOLE » : 8 €. 6 € l’ex. à partir de 10 ex. (frais de port compris). 5 € l’ex. à partir de 100 ex. (frais de port non compris). Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de SGEC, Service publications, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 - Fax : 01 46 34 72 79.

Giotto et Fra angelico continuent leur tour de France des établissements dans le cadre du « musée à l’école »,lancé par ars latina en étroite collaboration avec le secrétariat général de l’enseignement catholique.

Giotto – François, l’humilité radieuse

25 photographies grand format (1,50 m x 1,50 m et 1,50 m x 1,30 m) des fresques

de la basilique supérieure Saint-François à Assise.

Collège don Bosco, saint-Cyr-sur-mer, du 9 au 23 février 2013.

institut notre-dame - “les oiseaux”, Verneuil-sur-seine, du 31 mai au 14 juin 2013.

Fra anGeliCo – le pas du Christ,

de toujours à toujours33 photographies grand format (1,45 m x 1,45 m)

représentant les panneaux du cycle de la vie du Christ peint sur l’armoire des ex-voto d’argent.

lycée-collège saint-louis, saint-nazaire, du 24 janvier au 7 février 2013. Collège les ormeaux - saint-dominique, le havre, du 4 au 18 mars 2013.

Collège saint-pierre, plérin, du 20 mars au 3 avril 2013.

école Charles-péguy, Bobigny, du 5 au 19 avril 2013.

352 p56-57 art-Ars-événement OK:- 19/12/12 16:59 Page 56

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N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 57

amertume que « l’éducation dans les

médias généralistes est une affaire de

mamans, de petits cartables et de mar-

ronniers ! », regrettant le peu d’intérêtqu’on lui porte.

Un site très réactifYann Forestier, qui prépare une thèse surce thème, a, quant à lui, pointé « l’effet ré-

verbère » qui consiste à mettre en avant unsujet mineur qui occulte tout le reste. Onpréférera parler du port de l’uniforme, plusvendeur, que des inégalités ou du décrochage

scolaire. Et Yann Forestier dedénoncer « les logiques d’op-

position binaire et de person-

nalisation qui sont utiles pour

attirer l’attention du lecteur

mais aboutissent à favoriser

un système de rôles qui se

figent ». Ainsi en va-t-il dudébat pédagogues/républicains,qui a conduit « à une surva-

lorisation de l’anti-pédago-

gisme », a-t-il conclu. Etchacun de déplorer que la pé-dagogie ne réussisse pas à in-téresser parce que « pas assez

spectaculaire » et « peu com-

patible avec les logiques mé-

diatiques ».

De fait, les enseignants ne se reconnaissentpas dans le miroir que leur tendent lesmédias. Aussi, les plus mordus d’entre euxse tournent vers les sites, blogs et autresréseaux sociaux qui leur permettentd’échanger entre pairs, comme l’a démon-tré la deuxième table ronde. Les Cahiers,quant à eux, n’ont pas raté le virage numé-rique avec un site très réactif qui invite lesenseignants à écrire. Le journalisme parti-cipatif, avenir d’une presse éducative dequalité ? LesCahiersont déjà répondu.

1. Cahiers pédagogiques n° 500 « Apprendre au XXIe siècle »,novembre 2012, 12 €. Internet : www.cahiers-pedagogiques.com2. Thèmes des derniers dossiers : « Enseigner en classedifficile » (décembre 2012), « La pédagogie différenciée »(janvier 2013). 3. Association des journalistes éducation-recherche, partenairede ce colloque.

Près de 200 personnes ont fêté, le

mardi 30 octobre 2012, le 500e numéro

des Cahiers pédagogiques, au siège

de la MGEN à Paris. Fil rouge de cette

journée sur la place de l’école dans les

médias : la nécessaire reconnaissance

de la pédagogie.

Fatiguer le doute”, c’est ce que modes-

tement, nous essayons de faire avec

notre revue », a déclaré PhilippeWatrelot, président du Cercle derecherche et d’action pédagogiques(Crap), l’association édi-trice des Cahiers pédago-

giques. En ouverture ducolloque, organisé par leCrap le 30 octobre dernier,Philippe Watrelot invoquaitdonc Jaurès en précisant :« Face aux “docteurs tant-

pis” qui affirment que “ce

n’est pas faisable”, “pas

transposable”, que “ça ne

marchera pas”, nous oppo-

sons la force de l’exemple,

des analyses, des pratiques

pédagogiques d’enseignants

qui, au quotidien, travaillent

dans leur classes, leurs éta-

blissements, pour une école

plus juste et plus efficace. » Et le prési-dent de rappeler que l’histoire de cetterevue, née en 1945, se confond aveccelle de l’innovation pédagogique et del’éducation nouvelle. Dès leur naissance, les Cahiers s’étaientfixé pour objectif de « créer du lien

entre des enseignants désireux de réflé-

chir sur les pratiques […] et qui se sen-

tent souvent isolés ». Parmi eux, oncompte aujourd’hui des professeurs etformateurs de l’enseignement catho-lique, venus nombreux à Paris fêter le500e numéro de la revue1. Entre autresmérites qu’ils reconnaissent auxCahiers : le fait qu’ils servent d’inter-face avec les chercheurs, dans lamesure où chaque dossier du magazine2

fait le point sur l’état de la recherche.

Un apport indispensable qui n’exclutpas qu’une large place soit laissée auxrécits et analyses de pratiques. Mais lesCahiers sont aussi le lieu d’un engage-ment qui vise à « changer la société

pour changer l’école, changer l’école

pour changer la société », comme leproclame sa devise. « Pour nous, la

priorité doit aller à des décisions qui

favorisent les apprentissages des élèves »,

a déclaré Philippe Watrelot pour lequel« la refondation sera pédagogique

ou ne sera pas ! ». Un discours bienaccueilli par Vincent Peillon, venu rendre

hommage à ces acteurs du changementque rien ne saurait décourager. Leministre de l’Éducation nationale ainsisté sur la nécessité de dépasser les « oppositions stériles » entre péda-gogues et républicains, qui sont fausses« historiquement et pédagogiquement ».

Et celui-ci d’annoncer qu’il allait créerun conseil de l’innovation afin que nesoient pas étouffées « les initiatives qui

existent sur le terrain ».

Dans la table ronde sur la place del’école dans les médias qui a suivi,Marie-Caroline Missir, journaliste etprésidente de l’Ajé3, a souligné avec

« La refondation sera pédagogique ou ne sera pas ! »

Événement

La force de l’exemple

SYLVIE HORGUELIN

© N

. Prio

u

De g. à d. : Yann Forestier, Gaëtane Chapelle, Philippe Watrelot, François Jacquet-Francillon, Marie-Caroline Missir.

352 p56-57 art-Ars-événement OK:- 19/12/12 16:59 Page 57

Page 58: actualités - Enseignement Catholique

58 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

Cul ture / fictions, exposition

Janvier 1963, les Beatles sont

numéro 1 pour la première fois avec

Please Please Me. Cinquante ans

après, l’histoire de John, Paul,

George et Ringo se confond avec

la légende, et les quatre héros

rejoignent souvent la fiction.

L e jour où il a auditionné les

Beatles, George Martin « ne les

[a] pas trouvés bons, mais

enfin, ils avaient quelque chose ». Il

faut croire que oui, puisque cin-

quante après on en parle encore. Et

qu’ils inspirent des auteurs qui

« n’étaient même pas nés ». Ou alors

tout juste. Comme Marcus Malte

qui a vu le jour en l’an Sgt. Pepper

de notre ère (1967). Dans Scarrels,

l’espace d’un rêve, il projette l’un

de ses personnages à un concert des

Fab Four : « L’hélico s’arrête au-

dessus de l’estrade et les voilà qui

apparaissent tous les quatre : John, Paul,

Ringo, George. L’un après l’autre, ils se

laissent glisser le long d’une échelle de

corde. Les filles sont folles, hystériques.

Les garçons sont fous. Les Beatles sont

là, descendus du ciel pour nous ! » C’est

grâce à des phrases comme celle-là que les

adolescents, auxquels ce roman d’anticipa-

tion est destiné1, comprendront enfin pour-

quoi leurs grands-

parents, d’ordinaire

si posés, en viennent

vite aux mots dès

qu’il s’agit de dis-

tinguer le bon grain

de Paul de l’ivraie

de John (et récipro-

quement).

Ceux qui voudraient

un deuxième avis

en trouveront un

de première main

chez Lars Saabye

Christensen. En

1963, ce roman-

cier et poète nor-

végien avait dix ans. Dans Beatles, il

RENÉ TROIN

raconte la version nordique d’une histoire

qui s’est répétée à tous les points cardinaux

à une époque où il suffisait d’être quatre co-

pains, comme Kim, Gunnar, Ola et Seb,

pour se rebaptiser Paul, John, Ringo et George

et s’employer à vivre à l’heure de Liverpool,

avec le moins de décalage possible et

des parents qui avaient parfois du mal

à suivre. Comme la mère de Kim, qui

se mélange un peu dans les prénoms :

« Le téléphone a sonné. Maman est

allée décrocher. Elle est revenue, pé-

tulante. “Ringo Starr désire parler à

John McCartney.” Gêné aux entour-

nures, j’ai pris la direction du télé-

phone. Ola était hystérique. “On est

attendus chez S-s-seb !

– C’est quoi le programme?

– Son p-p-père lui a envoyé

le dernier quarante-cinq tours des

Beatles ! D-d-directement d’Angle-

terre ! – J’arrive !” J’ai sauté dans

mes vêtements, dévalé l’escalier, fon-

çant plus vite qu’une Suzuki, je n’ai

même pas eu le temps de déposer de

traces dans la neige. »

L’aventure des quatre petits gars d’Oslo

court (c’est le mot : ça dure près de

800 pages et on ne s’ennuie pas une

ligne) de 1965 à 1972 – quand les Beatles

n’existent plus depuis déjà deux ans…

En 1997, « L’homme » – c’est sous ce

nom générique qu’il traverse 281 des

318 pages de Musique de nuit – n’y croit tou-

jours pas à la séparation. Il les voit, les Quatre.

Mieux, ils vivent chez lui et lui ordonnent de

tuer en série : « Paul lui parlait de sa voix

douce, on eût presque dit qu’il chantait... Il le

félicitait pour ses trois premiers meurtres et

lui demandait de ne pas s’arrêter en si

bon chemin. » Sachant que les trois pre-

mières victimes se prénomment Eleanor,

Lucy et Jude, le lecteur qui connaît ses

Beatles sur le bout d’un ou deux doigts

aura, tout au long de l’enquête, une lon-

gueur d’avance sur l’inspecteur Kite et

Clément, le stagiaire français qui trouvera

la porte ouvrant sur la clef de ce roman

noir signé Bertrand Puard.

Première rencontreEt l’histoire ? La vraie ? De multiples

livres et DVD la racontent en textes,

en photos, en images. On choisira selon

ses goûts. En attendant la bio-

graphie défi-

nitive dont le

premier tome

devrait paraître

(en anglais) en

2013. Son au-

teur, l’historien

Mark Lewisohn,

est connu pour

avoir établi la date

du 6 juillet 1957

comme celle de la

première rencontre

entre John Lennon

et Paul McCartney.

Ce qui suffit à vous

faire entrer un homme dans la légende.

1. Les adultes amateurs du genre l’apprécieront aussi.

zScarrels (Syros Poche, 2010, 9 €). Beatles(JC Lattès, 2009, 23,50 € ou 10/18, 2011,

10,20 €). Musique de nuit (Le Masque, 2001, épuisé,disponible sur les sites marchands à des prix aussi ridi-cules que 0,90 €). George Martin revient sur sa longuecarrière de producteur dans Produced by George Martin(1 DVD, Eagle, 2012, 20 €). Mark Lewisohn a publiéThe Complete Beatles Recording Sessions (1988) etThe Complete Beatles Chronicle (1992), deux ouvragesde référence non traduits à ce jour.

Les Beatles… et après ?

Cou

verture de

Beatlesde

L. S

. Christen

sen (Éd. JC Lattès)

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Page 59: actualités - Enseignement Catholique

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 59

Le choix, c’est soi

FONDAMENTAL LOSEROn se rappelle Pete Best, le batteur débarquéaux portes de la gloire. On a un peu oubliéle nom d’Allan Williams, le premier managerdes Beatles. Pourtant, c’est grâce à lui qu’ilsont pu se frotter au public de ballroomsoù la bagarre prenait souvent le pas sur ladanse. Lui qui les a conduits jusqu’à Ham-bourg où tout a vraiment commencé poureux et où tout a fini pour lui. C’est de là-bas, d’un coup de téléphone, que les garçonslui ont appris qu’ils avaient décidé de se passer de ses services. Grâce à Gihef etVanders, ce perdant fondamental revientsur cette tranche de sa vie dans une BD oùdominent les nuances du gris qui faisait lacouleur des villes au tournant des annéessoixante. RTGihef (scénario) & Vanders (dessins etcouleur), LiverFool, Emmanuel ProustÉditions, 2012, 112 p., 21 €.

RITUELSaisissez « Abbey Road - Crossing Webcam »dans n’importe quel moteur de recherche.Cliquez et regardez en temps réel des fansvenus de tous les coins du monde traverserle célèbre passage protégé (aux deux sensdu terme, puisqu’en 2010, les six bandesblanches ont été classées « monument »historique) au mépris du trafic – intense ences lieux. Ce rituel une fois accompli, certainssortent leur portable, se plantent au piedde la caméra et appellent leurs amis, loinlà-bas dans leur coin du monde, pour leur dire de saisir « Abbey Road - CrossingWebcam » dans n’importe quel moteur derecherche… RT

Avec l’exposition « Des elles, des ils »,

le Forum départemental des sciences

de Villeneuve-d’Ascq veut apprendre

aux enfants de 3 à 6 ans à faire

des choix et à développer leurs goûts

au-delà des préjugés sur les hommes

et les femmes.

Une fille, ça aime le rose, ça joue à la

poupée, ça pleure facilement et ça

deviendra vétérinaire. Un garçon, ça

aime le bleu, ça joue aux petites voitures,

ça se met en colère facilement et ça devien-

dra militaire. Ces stéréo-

types, ancrés dans la société,

se retrouvent dans les cours

de récréation, dans les cata-

logues de jouets... Et c’est

pour lutter contre ces repré-

sentations du masculin et du

féminin, traiter de l’égalité

entre les filles et les garçons

en encourageant les enfants

à s’interroger sur leurs préfé-

rences et à faire des choix

selon leur intérêt personnel,

que le Forum des sciences de

Villeneuve-d’Ascq propose l’exposition

« Des elles, des ils » aux petits de 3 à 6 ans.

Comment amener l’enfant à découvrir le

sujet ? En proposant un univers dans lequel

il choisit le plus librement possible, dénué

de toute couleur ou représentation stéréotypée.

Sophie Thiéfine, chef de projet de l’exposition,

a travaillé avec un comité scientifique pour

proposer aux petits six ateliers ludiques afin

des les amener à observer, réfléchir et faire

des choix sur les représentations, les émotions

et les activités humaines. « Au départ, on

nous avait proposé des casseroles avec des

imprimés plutôt masculins et des voitures

roses. Nous avons évidemment dit non, c’était

trop énorme. » Pas de rose Barbie ni de bleu

layette, donc, dans cet espace de 100 m² aux

murs blancs décorés de violet, jaune et rouge.

Le parcours commence par la « roue des res-

semblances ». « Sommes-nous tous pareils

ou tous différents ? » demandent les anima-

trices, Virginie Mullet et Amandine Lanthier-

Waguet, aux enfants assis sur des gradins

avec leurs parents. En se regroupant selon

certains critères, comme leur nature de che-

veux ou l’animal de compagnie qu’ils pos-

sèdent, Ysaline, Gabin, Solal, Charles et les

autres sont amenés à découvrir la diversité

et le fait que l’appartenance à un groupe,

que l’on soit un garçon ou une fille, varie

selon les critères.

Dans l’atelier suivant, la « palette des pré-

férences », ils expérimentent le choix per-

sonnel, le respect de ceux des autres. Le

« kaléidoscope des émotions », leur prouve

une fois pour toutes que les garçons et les

filles ont les mêmes émotions, tandis que

la « mosaïque des portraits » leur permet de

se rendre compte de la diversité des modèles

d’identification homme-femme.

Point de départLes enfants étant accompagnés d’adultes,

l’exposition interroge également ces derniers

sur les représentations qu’ils offrent aux plus

jeunes. « Il faut se demander si cette petite

fille joue à la poupée parce qu’on ne lui pro-

pose que cela, ou parce qu’elle en a réellement

envie », explique Sophie Thiéfine. « Le mes-

sage porte également sur les interdictions,

comme celle de pleurer pour les garçons,

poursuit Virginie Mullet. Nous sommes un

point de départ, mais si l’on veut vraiment

que cela change, les adultes doivent prendre

conscience de leur comportement. »

zExposition « Des elles, des ils » - Jusqu’au 10 novembre 2013 - Forum

départemental des sciences, 1 place de l’Hôtel-de-Ville, 59650 Villeuneuve-d’Ascq. Autres renseigne-ments : www.forumdepartementaldessciences.fr - Par téléphone : 03 59 73 96 00.

D. R.

Ysaline, 5 ans, Charles, 5 ans et demi, et Gabin, 5 ans et demi, créent des personnages selon leur imagination dans la « mosaïque des portraits ».

CHARLOTTE MURAT

© C. Murat

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2 3 54

L i v r e s

1 2 3 5DOUBLE APPEL

1Guy Aurenche, avocat, et François Soulage,économiste, sont, respectivement, pré-

sident du CCFD-Terre Solidaire et du SecoursCatholique. Cette responsabilité dans lesdeux plus importantes institutions catholiquesde solidarité fait d’eux des observateurs pri-vilégiés de l’évolution de la société française,et notamment de la montée de la grandepauvreté et de l’explosion des inégalités.Nous voilà conviés au « pari de la fraternité»,attention pour chacun, qui amène aussi àdécouvrir que tout homme « peut avoir uneinfluence sur les choix qui dominent lemonde ». Un appel, donc, à l’engagementsolidaire et citoyen, et, pour le chrétien, unappel à vivre sa foi en toute personne hu-maine, revêtue d’une égale dignité et aiméede Dieu. Claude Berruer

Guy Aurenche et François Soulage(Entretiens avec Aimé Savard)Le Pari de la fraternitéL’atelier238 p., 22 €.

DIEU AU CŒUR DU SUJET

2 L’exergue de l’ouvrage en dit bien laligne : « Les gens ne sont plus dans un

cadre religieux objectif ; ils sont subjective-ment religieux dans un monde objectivementindifférent. » Si les institutions religieusesperdent en visibilité et en rayonnement, laquête de sens n’en taraude pas moins noscontemporains. D’où la profusion de pro-positions psychospirituelles, promettant ledéveloppement de soi, la guérison… L’auteurétudie ainsi l’interaction entre les discourslaïcs sur l’intériorité et les intuitions plus an-ciennes du christianisme. Il montre que, dansce nouveau contexte, la religion, qui n’estplus d’abord un lieu d’appartenance, est lelieu de la construction du sujet qui, se laissanttravailler par la Parole de Dieu, élabore sa

vision de Dieu. Un texte exigeant qui de-mande un peu de familiarité avec le langagedes sciences humaines, mais qui offre deprécieux éléments de compréhension del’homme contemporain. CB

Jacques ArènesLa Quête spirituelle hier et aujourd’hui - Un point de vue psychanalytiqueCerf402 p., 30 €.

QUESTION DE SENS

3 Au cœur de l’actualité de la réécrituredu Statut de l’enseignement catholique,

voilà un texte de référence. À quoi peutbien servir une école catholique dans notresociété sécularisée ? La question est si per-tinente qu’une convention nationale del’enseignement catholique la travailleraen juin 2013. François Moog, qui participenotamment à la formation initiale des chefsd’établissement, propose un diagnosticprécis et des pistes de travail pour les com-munautés éducatives. Il s’agit bien ici d’éclai-rer et de donner sens au projet éducatifdes établissements. Il s’agit donc aussi deredéfinir le projet pastoral et sa mise en œuvre avec des pratiques concrètes. Stève Lepleux

François MoogÀ quoi sert l’école catholique ?Bayard132 p., 15 €.

À LA LUMIÈRE DU CREDO

4« Seigneur, augmente en nous la foi »,demandent les disciples à Jésus (Luc

17,5). Mais qu’est-ce que la foi ? Le Credoy répond, ou plutôt… questionne. Rumi-ner chacun de ses articles, c’est buter surtant d’écueils... Que dévoile et éclaireMaurice Bellet, prêtre et théologien, psy-

chanalyste et philosophe. Par exemple, leCredo « ne dit rien sur ce que doit être lavie du chrétien ». Oui, mais, dans la litur-gie eucharistique, il est précisément pré-cédé par l’Évangile. Pour l’auteur : « LeCredo n’est plus le “catalogue d’articlesde foi” auquel le croyant doit apposer sasignature, il est l’éventail, l’explosion desquestions majeures qui se posent à l’êtrehumain, quand il est confronté à ce quis’annonce en notre temps présent. »Jean-Louis Berger-Bordes

Maurice BelletSi je dis CredoBayard144 p., 15 €.

LE SOCIOLOGUEET LES CROYANCES

5 La question de l’explication des croyances– savoir pourquoi on croit à ce qu’on

croit – est essentielle pour les anthropologues,les sociologues et pour toutes les scienceshumaines. Tous les grands noms de la so-ciologie – Weber, Durkheim, Pareto… – yont consacré beaucoup d’énergie. Ce livreregroupe huit études inédites de RaymondBoudon, montrant à quel point la sociologiescientifique a forgé des outils permettantde répondre de façon rigoureuse aux ques-tions posées par la multitude des phéno-mènes politiques, moraux et religieuxd’aujourd’hui. La sociologie a enrichi la réflexion philosophique sur le sens moral.Elle a proposé une explication des croyancesreligieuses et une vision des relations entrereligion et modernité. SL

Raymond BoudonCroire et savoir - Penser le politique, le moral et le religieuxPUF293 p., 17 €.

4

L I v r e s

60 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

352 p60-63 livres OK:- 19/12/12 11:48 Page 60

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6 7 86 7 9 10ENTREZ EN BRETAGNE SACRÉE

6 Le patrimoine sacré breton est d’une richesseexceptionnelle. Avant la Révolution, « la

province de Bretagne devait compter au moins 1 400 églises et 7 000 chapelles » ! Aujourd’huiencore, une recension ne pourrait être exhaus-tive. Dans ce beau livre, les auteurs ont choiside faire découvrir ou redécouvrir 78 sites, répartisdans 5 départements. Richement illustré dephotographies, un texte bref donne l’essentieldu passé de ces pierres, évoquant l’histoire dela construction, la vie d’un saint, les nombreuxpèlerinages... À chacun ensuite de construireson itinéraire entre lieux les plus connus et/oules plus secrets. Le choix en est facilité par unecarte en début d’ouvrage. Danièle Lacroix

François de Beaulieu, Hervé RonnéBretagne, côté sacréGlénat336 p., 30,50 €.

RÉCIT TRAGIQUE ET TENDRE

7Notre-Dame-du-Nil est un pensionnat ca-tholique imaginaire, situé au Rwanda. Il

est perché à 2 500 m d’altitude, non loin de lasource du fleuve égyptien. Ce lycée accueille« l’élite féminine du pays [...] choisie pour êtrel’avant-garde de la promotion des femmes ».Parmi elles, Virginia, Veronica, Immaculée, Modesta..., jeunes filles tutsis ou hutus. Lequota de « vingt élèves, deux Tutsis » laisse ima-giner le drame. C’est Gloriosa, la fille d’un mi-nistre hutu, qui peu à peu propagera la haine,faisant monter la tension jusqu’au dénouementqu’elle organise de façon machiavélique. Tou-tefois ce récit tragique regorge aussi de passagestendres et lyriques, tandis que sa grande forceréside dans les situations où la dérision et lacharge des personnages l’emportent — commelors de la visite d’une princesse belge ou àl’arrivée d’un coopérant français hippie. Au-delà, l’auteur dénonce la passivité des personnelsreligieux et laïcs, tout autant que la responsabilité

passée des Européens, symbolisée par le rôleambigu d’un vieux Blanc resté après l’indé-pendance. Prix Renaudot 2012. DL

Scholastique MukasongaNotre-Dame du NilGallimard223 p., 17,90 €.

UNE VIE QUI RÉSONNE

8Ouvrier dès l’âge de 14 ans, Georges Guérinsera marqué par ses rencontres avec des

militants chrétiens engagés dans le monde dutravail. Devenu prêtre en 1925, il sera longtempsaumônier de la Jeunesse ouvrière chrétienne(JOC), mouvement auquel il restera fidèlejusqu’à sa mort en 1972. Passionné par lesjeunes, il passera sa vie à les écouter pour mieuxles connaître, à dialoguer, et avant tout, à leur faire confiance. Parler de lui, c’est doncs’ouvrir aux témoignages de Tony, Alexia,Julien, Fanny... Ces jeunes de milieux populairesont le goût du bonheur, cherchent à donnerdu sens à leur vie, se posent des questions surleur engagement de chrétien. Leurs parolesentrent de façon éclatante en résonance aveccelles de Georges Guérin, qui affirmait : « Lesjeunes sont un atout pour la société, pas unrisque. »DL

Daniel Orieux (coord.)Georges Guérin - La Confiance en partageL’Atelier80 p., 18 €.

EXISTER, C’EST UN DROIT

9 L’expression « société inclusive », récem-ment apparue, n’aura « que la portée et

le pouvoir qu’on lui donne »,affirme CharlesGardou dans son prologue. Pour lui, elle neprendra sens et réalité qu’en s’appuyant surcinq « arcs-boutants » qu’il développe en au-tant de chapitres. Il nous invite ainsi à nousinterroger sur notre patrimoine humain et

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 61

social, dont les plus vulnérables — les handi-capés — sont très souvent écartés. Or, ceux-ci« ne relèvent pas d’un type humain à part »mais sont, comme tout être, « des variationssur un même thème, le fragile et le singulier ».« Il n’y a ni vie minuscule, ni vie majuscule »et chacun « est né pour l’équité et la liberté».Cet essai généreux, vivant, solidement nourri,revendique non seulement le droit de vivre,mais le droit d’exister pour tous. Pour cela,l’auteur propose un nouveau cadre de penséesociale qui remet en question les lieux d’édu-cation ou les milieux professionnels, la com-munauté sociale dans son entier. DL

Charles GardouLa Société inclusive, parlons-en !Erès176 p., 13 €.

DE LA SUITEDANS LES LECTURES

10 Philippe Arnaud a l’humour sélectif :« Essayez donc de faire de l’humour

avec quelqu’un que vous n’aimez pas. » Laformule qui tue : « Il y a du sang dans la bi-bliothèque. » Et l’érudition bondissante :Stendhal, Diderot, Gide, Camus ou Yourcenarfrétillent sous sa plume pour gloser sur Fielding,Sterne, Orwell ou Joyce. On le suivra doncavec enthousiasme dans ses conseils de lec-tures – obstinément anglaises (même si Wildeest un peu irlandais et Melville beaucoupaméricain). Bien sûr, il faut du temps : TomJones pèse ses 18 livres, Tristram Shandycompte plus de 300 chapitres, et la tranched’Ulysse frôle les six centimètres... La solution :suivre l’auteur, encore une fois, et « oublierun instant Zola, Hugo, Flaubert ». René Troin

Philippe ArnaudSuites anglaises – De Swift à Joyce, Stevenson,Orwell et quelques autresArléa192 p., 18 €.

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UNE LEÇON DE VIE

1Lorsque, à l’âge de 16 ans, le jeune Brési-lien Pedro croise le professeur Nabuco,

lors d’une mésaventure dans un aéroport, ilest loin d’imaginer le rôle décisif que celui-ciaura dans sa vie. Or, quand le jeune homme,étudiant en histoire doutera de son orienta-tion future, il retrouvera ce vieil homme,reclus dans une maison envahie de livres. Cedernier, bourru mais attentif, lui confiera de curieux travaux autour de l’œuvre deShakespeare, et l’aidera peu à peu à trouversa voie. Pedro pourra alors laisser émergersa vocation : devenir romancier. Sa rencon-tre avec Mayumi, filleule du professeur, seraaussi le début d’un bel amour. Mais il devraauparavant connaître la valeur du tempsqui passe. On l’aura compris, ce roman d’ap-prentissage, à la fois lyrique, gai et grave,sentimental et sérieux, avec Shakespeare encontrepoint, plaira aux adolescent(e)s, pourautant qu’ils soient sensibles à la culture lit-téraire. À partir de 15 ans. Danielle Lacroix

Rodrigo LacerdaL’Homme qui faisait vieillirLa Joie de lireColl. « Encrage », 240 p., 16 €.

LE MANGA DES PROPHÈTES

2Après le Nouveau Testament, Ryo Azumirevient à l’adaptation en manga de l’An-

cien Testament. Avec Les Messagers, l’artistejaponaise entend présenter les prophètesde la Bible. Elle met en scène bon nombredes livres et figures prophétiques, sans pré-tendre à l’exhaustivité. Avec une anomalie :le livre d’Esther qui n’a rien à faire là ! Lestyle de la série, plutôt épique, trouve de lamatière dans cette partie de la Bible. Le gra-phisme du genre est plaisant, même pourles non-initiés. L’approche des textesbibliques reste cependant naïve : ils sont pristels quels, sans distance critique, quitte à

passer à côté de choses essentielles. Pourun jeune lecteur qui découvre le mondeprophétique, ce manga peut être uneentrée possible si elle conduit à un appro-fondissement ultérieur. Jesús Asurmendi

Ryo AzumiManga - Les MessagersBLF Europe 288 p., 12,90 €.

ENFANTS, VOS DROITSSE DÉPLOIENT!

3Cet album est une frise rehaussée detrès vives couleurs. Il est composé de

72 bandelettes qui se plient, se déplient, secombinent : on y découvre alors desvisages de filles et de garçons du mondeentier et leurs témoignages. Ces derniersalternent avec des textes brefs, reprenantde façon simple le droit universel desenfants, certains états des lieux et diversesactions de solidarité et programmes menéspar des organismes. Le lecteur peut ainsi, àson choix, aller à la rencontre de Tang,Anju, Aichatou ou Tim, ou se documenterplus avant sur les victimes de la guerre, lesenfants des rues ou le travail effectué parl’institut Laski pour les jeunes aveugles.Àpartir de 8 ans. DL

Dieter Berstecher, Thierry Delahaye, Aline BureauTous les enfants ont les mêmes droits !Père Castor18 p. qui se déplient, 15 €.

CONTRÉES IMPROBABLES

4 Quel enfant n’a pas rêvé, après avoirconnu le monde d’Alice ou celui de Gul-

liver? Dans cet album, le peintre et illustrateurMartin Jarrie convie le jeune lecteur à dé-couvrir une géographie improbable où l’on

pénètre 16 territoires, villes ou îles. Y viventou y ont vécu des personnages fantastiques,comme des hommes-escaliers ou des femmes-pluie. Parfois la faune y est surprenante, telsces chiens de l’Ile des Bottés, seuls moyens detransport pour les habitants... Peu de texte,mais des doubles pages avec de superbes il-lustrations légendées. On se laissera doncconduire vers la principauté d’Octogonie oùrègne le prince Octopus, à la Villettre où lesabattoirs « découpent les mots fatigués, usés,rebutants », à Demain où les filatures ontfermé et où « une souris géante venue d’Amé-rique […] construisit un parc d’attractions ».Humour et fantaisie, poésie et imaginaire vontde pair avec l’enrichissement du vocabulaireet une réflexion sur les nombres ou sur letemps... Pour les 9-12 ans. DL

Martin JarrieRêveur de cartesGallimard Jeunesse Coll. « Giboulées », 60 p., 20 €.

NON AU PRÊT-À-PENSER !5 Petits, grands, bruns, blonds, filles, gar-

çons… nous sommes tous différents !Pour débuter l’année sous le signe de la to-lérance et sensibiliser les plus jeunes à laquestion de la discrimination, Astrapi pré-sente, dans son numéro du 15 janvier, lestémoignages d’Emmanuelle, Yasmina etNatnaël, trois enfants qui souffrent d’êtremis à l’écart à cause de leur physique, deleur mode de vie ou de la couleur de leurpeau. Ces trois témoignages sont suivisd’une double page explicative qui invite lesenfants à se faire leur propre opinion. Quatreastuces sont ainsi présentées pour les en-courager à penser par eux-mêmes et refuserles idées toutes faites ! Dorothée Tardif

Astrapi, bimensuel, en kiosques, 5,20 €.Offres d’abonnement : www.bayard-jeunesse.com

JEUNESSE

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62 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

352 p60-63 livres OK:- 19/12/12 11:48 Page 62

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CDBORIS’N’ROCK6Boris Vian est catégorique : le rock‘n’

roll, en France, ça ne marcherajamais, ou, à la rigueur, dans une versioncomique. Il se lance donc dans l’écriturede Rock and roll mops et autres Rockhoquet. Big Mike (Michel Legrand) meten musique. Henry Cording (Henri Salva-dor) entre en studio en compagnie dugratin du jazz de la capitale. Et le succèsest immédiat. Boris Vian persiste avecMagali Noël (Fais-moi mal Johnny !) etsigne avec Rock Failair (Requins drôles).Après quoi, il garde le rythme maisrenonce aux sarcasmes pour mettre saplume au service des jeunes pionniers durock hexagonal. Il adapte des tubes d’ou-tre-Atlantique pour Danyel Gérard (D’oùreviens-tu Billie boy ?) ou Gabriel Dalar(39 de fièvre). Ce chapitre de l’histoire dela chanson occupe un gros tiers de cetteanthologie de 64 titres gravés par BorisVian et ses interprètes – des plus connus(Juliette Gréco, Mouloudji…) aux plus obs-curs (Lona Rita, Stephen Bruce…) – dansles années cinquante. René Troin

Boris Vian et ses interprètes1950-1959 : chansons, rock’n’roll etcréationsFrémeaux & Associés3 CD (+ 1 livret 24 p.), 29,99 €.

AU SON DU PIANO

7Quand on est dans le désert, surtouten rêve comme Félix, il arrive qu’on

fasse « sonner une corde en acier ». Quece doux bruit attire un chef d’orchestre.Que celui-ci frappe la corde avec un petitmarteau, « ce qui a pour effet de pro-duire un son magnifique », prélude à unedécouverte de la « planète Piano », qui

commence par la visite d’une « fabuleusefabrique » pour s’achever par un concertde mademoiselle Ernestine. Entre-temps,Félix aura rencontré des personnagescomme monsieur Albert, traducteur demots en notes (il entend « des pas sur laneige » chez Debussy et « l’orage » chezLiszt), ou l’oncle Barnabé, maître de« l’ignoble machine à relever les petitsdoigts ». Entendu beaucoup de musique(Mozart, Chopin, Fazil Say…). Et apprisqu’Élise se prénommait en réalité Thérèse.Mais alors, comment la Lettrede Beethovenlui est-elle parvenue ? Àpartir de 6 ans.RT

François Delecour (auteur, récitant),Sophie Chaussade (ill.)La Planète PianoNaïve1 livre-CD (48 p.), 17 €.

WEBIMAGES ÉDUCATIVES

8France Télévisions a récemmentdévoilé Francetvéducation, le nou-

veau portail éducatif appelé à prendre lasuite de curiosphere.tv, la webTV éduca-tive de France 5. Six grandes entrées (« Apprendre », « Jouer », « S’orienter »,« Décrypter », « Accompagner » et « Enseigner ») donnent accès aux articleset dossiers, diaporamas et vidéos, info-graphies et frises chronologiques, quiz,sélection de programmes TV, web-docu-mentaires, jeux ou encore à une semained’actualités en images pour les 8-13 ans.On y trouvera notamment, à l’occasionde la rétrospective proposée par le Cen-tre Pompidou jusqu’au 25 mars 2013, undossier qui invite à (re)découvrir la vie etl’œuvre du peintre surréaliste Dalí, le « Catalan flamboyant ». José Guillemain

http://education.francetv.fr

MultImedIa

TVPARLER DE L’ORTHODOXIE9Un mardi par mois, à 21 h 45, les téléspecta-

teurs de KTO ont rendez-vous avec L’Ortho-doxie, ici et maintenant, une émission de 26 minutes placée sous l’égide de l’Assembléedes évêques orthodoxes de France (AEOF). Ani-mée et présentée par Carol Saba (notre photo),porte-parole de l’AEOF, en partenariat avec desforces vives de l’Église orthodoxe et le siteOrthodoxie.com, elle « parle de l’orthodoxiemais pas qu’aux orthodoxes ». « Notre objectif,explique Carol Saba, est de tenter de montrer[l’]unité [de l’Église orthodoxe] dans toute larichesse des traditions, des cultures, deslangues des différentes familles qui la compo-sent. »Prochaine émission : 22 janvier 2013.Agathe le Bescondwww.ktotv.com

CATHOLIQUES ULTRAMARINS

10 Produite par le CFRT (déjà responsabledu Jour du Seigneur),Dieu m’est témoin

« veut faire connaître et partager la foi descatholiques d’outre-mer à l’ensemble des po-pulations ultramarines ». L’émission, qui alternetémoignages et reportages, est animée parMarie Lesure-Vandamme (notre photo). Elleest diffusée le dimanche matin sur les 9 chaînesdu réseau Outre-mer 1ère (qui s’est substituéà RFO à l’arrivée de la TNT), mais on peut aussila voir sur le site dédié (cf. ci-dessous). Lenuméro du 20 janvier, intitulé « Avons-nousbesoin de l’école catholique ? », donnera laparole à Sylvie Maunier-Gallizia, adjointe dudirecteur de l’enseignement catholique deLaRéunion, et à Frédérique Martot, en chargede la pastorale au collège Saint-Joseph-de-Cluny, à Fort-de-France. Avec des images dulycée agricole de Saint-Laurent-du-Maroni, enGuyane, et de l’Institut supérieur d’enseigne-ment privé de Polynésie. Émilie Ropertwww.dieumesttemoin.fr

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 63

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Construire un projet avec une classe d’une école chrétienne en Terre Sainte passe par la rencontre

et par la prise en compte du contexte historique, religieux, politique et social.

Le voyage d’étude organisé par le Réseau Barnabé permettra aux directeurs diocésains, chefs d’établissement,

cadres éducatifs, enseignants et parents d’élèves de l’enseignement catholique porteurs d’un tel projet de

découvrir la richesse des traditions éducatives des écoles chrétiennes de Jérusalem, Bethléem, Ramallah ou

Naplouse et leur manière de répondre au défi de l’éducation des jeunes – chrétiens, musulmans et parfois juifs – qui

leur sont confiés. Ils pourront aussi travailler en équipe sur les premières modalités concrètes de leur projet :

repérage des interlocuteurs, des institutions, des bonnes manières de s’organiser…

Le voyage sera accompagné par Jean-François Canteneur, coordinateur du Réseau.

Sur place des guides initieront les participants à la complexité et à la richesse de cette terre.

Inscriptions jusqu’au 14 janvier 2013

Programme détaillé et tarifs : www.reseaubarnabe.org/agir/projets/voyageTél. : 01 45 49 41 33.

Voyage d’étude du 2 au 9 mars 2013découvrir les écoles de terre Sainte et devenir partenaires

Infos +

Vivre le Carême 2013

Les brochures et la tenture sont disponibles auprès de votre délégation départementale du CCFD-Terre Solidaire.Adresse sur : www.ccfd-terresolidaire.org

Le chapitre « Réfléchir / Célébrationeucharistique et diaconie » propose cinqméditations. Dont celle de sœur ChristineKohler, de la Pastorale des migrants, qui écritque nous pouvons « dépasser ce qui noussépare de Dieu et des autres […] en osant larencontre – un regard, une parole, un geste ». Le chapitre « Animer / Un Carême defraternité » propose notamment de vivre unchemin de conversion en communauté, autourd’une tenture de 2 m x 1,50 m sur laquelle estreproduite une œuvre de sœur Marie Boniface(1919-2012) : Le Lavement des pieds. Le chapitre « Agir / Communion etpartenariat » invite à soutenir des actions enfaveur des paysans égyptiens et indonésiens.

LA BROCHURE « VIVRE LE CARÊME » S’INSCRIT CETTE ANNÉE DANS LA DÉMARCHE DIACONIADONT LE CCFD-TERRE SOLIDAIRE EST PARTENAIRE.

64 Enseignement catholique actualités N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013

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sDÉCOUVERTE DU MÉTIER D’ENSEIGNANT

Du 10 janvier au 19 février 2013COLLÈGE/LYCÉE MADELEINE DANIÉLOU,

RUEIL-MALMAISON (92)Étudiants (à partir d’une licence) et toutespersonnes en questionnement sur unereconversion, peuvent suivre ce « stage dedécouverte et d’expérimentation dumétier d’enseignant ». Au programme :observation d’une ou deux classes,échanges réguliers avec un tuteur, priseen charge possible de cours, rencontre del’équipe éducative, découverte de la vied’un établissement. Contact : [email protected] - Internet :http://danielou.org/A_la_source/art57.html

s« ÉDUQUER À L’INTÉRIORITÉ »

26 et 27 janvier 2013LYCÉE SAINT-JEAN-HULST,VERSAILLES (78000)

La « jeune génération »passe plus de tempsdevant l’ordinateurqu’en classe. Saturéed’informations, ellepeine à construire sonunité intérieure. Édu-cateurs, enseignants,parents sont confrontés

à ce défi de l’intériorité que la Communiondes éducateurs chrétiens a choisi de placerau cœur de son 13e congrès. Programme détaillé et bulletin d’inscription :www.communioneduc.fr

sFORMATIONS ARTISTIQUESET CULTURELLES

18 et 19 janvier 2013ESPACE CHAMPERRET, PARIS (75017)

Les métiers artistiques et culturels fontbeaucoup rêver. Mais lequel choisir ? Etcomment cerner la formation adéquate ?Ce Salon Studyrama répondra à ces deuxquestions. Les lycéens de terminale et lesétudiants de bac à bac + 5 pourront y faireun tour d’horizon des filières artistiques enéchangeant avec les représentants d’unecinquantaine d’écoles publiques ou privées.Invitation gratuite sur www.studyrama.com

sSALON ADREP« CHOISIS TES ÉTUDES »

25 et 26 janvier 2013ESPACE CHAMPERRET, PARIS (75017)

Bien sûr, depuis le 17 septembre dernier, onpeut à tout instant et toute l’année visiter le Salon Adrep par écran interposé.Mais « l’opportunité unique d’obtenir desconseils personnalisés auprès de vingt conseil-

lers d’orientation-psy-chologues »,on ne latrouve que deux joursdurant. En mêmetemps que l’occasiond’un contact directavec les représentantsde 300 universités,IUT, écoles et lycées. Entrée : 5 € (gratuitesur invitation, pour les

groupes scolaires et les acheteurs du guideChoisis tes études). Autres renseignements :www.adrep-infos.com - Salon virtuel :http://adrep.packs.salon-virtuel-3d.com

s16e FESTIVAL CHRÉTIENDU CINÉMA

Du 27 janvier au 3 février 2013CORUM, RABELAIS, MONTPELLIER (34)

Avec « … Souriez, je vous prie », thèmede son édition 2013, le Festival chrétiendu cinéma a choisi de contredire la moro-sité dominante. Au programme 15 filmsparmi lesquels : Chantons sous la pluie deStanley Donen, Goodbye, Lenin ! deWolfgang Becker, La Gloire de mon pèred’Yves Robert et Le Cirque de CharlieChaplin. Les deux derniers titres sontaussi à l’affiche de la sélection « Enfantset adolescents » proposée aux élèves (dela maternelle au collège) des établisse-ments catholiques d’enseignement deMontpellier et son agglomération. Lesclasses qui s’inscrivent reçoivent unefiche leur permettant de préparer laséance et de la pro-longer à travers plu-sieurs pistes pédagogiques. Ainsi lesenfants de grande section de maternelle,de CP et de CE1 qui auront vu HappyFeet, pourront réfléchir à l’accueil de ladifférence, faire le lien avec Le VilainPetit Canard d’Andersen ou s’essayer àl’art des claquettes.Programme : http://chretiensetcultures.free.fr -Contact festival « Enfants et adolescents » :Bernadette Millard – 06 74 57 34 71. E-mail :[email protected]

sEXPÉRIENCE DU CLOWN ET TRADITION CISTERCIENNE

Du 2 au 11 mars 2013ABBAYE DU RIVET, AUROS (33)

« Mêler l’expérience (d)éton(n)ante duclown et une approche de la tradition cis-tercienne telle qu’elle se vit dans une com-munauté », c’est l’objet de cette sessionproposée par l’association Clown par foi

et placée sous cette parole de Jean : « Oùdemeures-tu ? » (Jn 1,38). D’une durée deneuf jours, elle se déroulera dans l’abbayedu Rivet, près de Bordeaux, et sera animéepar la clown Christelle Rousseaux et par lepère Joseph Pelloquin. Inscriptions : [email protected] : [email protected]

SÉJOURS

sESCAPADES CULTURELLES

À côté des séjours ski, nature ou voilepour les 6-17 ans, Class Open organisedes escapades culturelles ouvertes àtous, jeunes et adultes. Au programmede cette année 2013 : l’Andalousie (du28 avril au 3 mai), Paris (du 26 au 29 août)et Florence (du 26 au 31 octobre). Le pre-mier séjour emmènera les voyageurs àMálaga, Cordoue, Grenade, Ronda etTorremolinos. Les visiteurs de Paris tra-verseront l’Histoire, des thermes deCluny au Stade de France en passant parla Sainte-Chapelle. Quant aux prome-neurs de Florence, ils emboîteront le pasà Léonard de Vinci et à Michel-Ange.Programme détaillé : www.classopen.org

CONCOURS

sDESSINER POUR LA PAIX

Dans le cadre deson programme « Éducation à lapaix », l’associa-tion Initiatives etChangement pro-pose pour la sep-tième fois « Adop-tons la paix-atti-tude ». Parrainé parPlantu – dont la co-lombe vole souvent à la Une du Monde –,ce concours de dessin s’adresse aux élèvesà partir du CE2 et jusqu’en 4e. Il leur suffitde s’inscrire à trois ou quatre d’une mêmeclasse et de raconter en images une histoired’injustice (dans la rue, à l’école, en famille…). Concours ouvert jusqu’au 17 mars 2013.Règlement complet et fiche d’inscription :www.fr.iofc.org/projets/education/outils

p r a t I q u e

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 65

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Page 66: actualités - Enseignement Catholique

C’est à six ans qu’Alain Planet entre dans la classe

de frère Marcel, à l’école Sainte-Marie de Bourg-de-

Péage (Drôme). L’évêque de Carcassonne et Narbonne

se souvient de ce frère mariste très aimé des enfants.

C’est grâce à lui qu’au CP, Mgr Planet va rencontrer

le Christ...

J ’avais six ans

quand j’ai connu

le frère Marcel

Espitalier. Il était

mon instituteur au

cours préparatoire.

Je venais d’entrer à

l’école Sainte-Marie

de Bourg-de-Péage,

qui était tenue par

les Frères maristes, après avoir suivi la classe maternelle

dans le public. Mes parents avaient choisi cette école pour

sa bonne réputation plus que pour son identité chrétienne

car ils n’étaient pas de fervents catholiques. Mes souvenirs

de cette époque sont un peu flous car je vous parle d’évé-

nements qui ont eu lieu il y a 58 ans !

Ce frère mariste avait passé toute sa vie en Argentine. Il avait

enseigné à Mar del Plata et en parlait tout le temps : c’était

sa jeunesse. Il était né dans les Hautes-Alpes mais s’était formé

en Espagne, au moment où les

congrégations avaient été ex-

pulsées de France. Curieuse-

ment, il parlait le français avec

la syntaxe espagnole. C’était

un homme exigeant mais plein

de bonté, avec une autorité na-

turelle qui rassurait. Ce n’était

pas un savant. Il nous disait que

le ciel était bleu à cause de l’eau

qui se trouvait au-dessus ! Il

avait des pratiques pédagogiques

qui seraient sans doute condam-

nées aujourd’hui. Il nous dis-

posait, par exemple, en cercle,

à partir de son bureau, pour ap-

prendre à lire. Plus nous pro-

gressions dans cet apprentissage,

plus nous avancions vers le bu-

reau. Mais quand l’un de nous

avait été malade et qu’il avait

donc pris du retard, il se

retrouvait tout en arrière.

Moi, j’étais plutôt bon en lec-

ture. J’en étais fier parce que

le frère Marcel nous encoura-

geait dès que nous réussissions. Il n’a toutefois pas réussi à

me faire écrire correctement – je n’étais pas doué pour

manier la plume, ni les

crayons d’ailleurs en

dessin.

Il était à la fois très ferme

et très bon. C’était une

tout autre époque ! Il avait

commencé l’année en

nous expliquant que le

Père Noël n’existait pas.

Cela nous avait bien sûr

fort intéressés… Il nous

fédérait, sans être familier,

par sa présence aimante.

Je le sentais habité par le

Christ. Avec lui, la foi de-

venait évidente. Il était pris

entièrement par sa mission

qui était de faire de nous

« des chrétiens et de bons citoyens ». Je ne sais pas s’il a eu

un impact sur les autres mais avec moi, cela a marché.

Fuite de gaz

Cette année de CP fut pour moi heureuse, après une mater-

nelle chaotique – j’enchaînais les angines et les otites. Ce

fils de paysan à la tête plate et carrée, qui portait un béret et

une soutane à rabat, m’a vraiment fait découvrir la foi.

C’est à travers lui que le Seigneur m’a rencontré. Mes

parents qui avaient reçu une éducation chrétienne, eux,

n’étaient pas pratiquants. Mais mon père était un modèle de

sérieux, de respect et d’accueil des autres. Il travaillait à

Gaz de France où il était chef de dis-

trict. Quand il y avait une fuite de gaz

en plein hiver, il passait des nuits

auprès de ses hommes, alors qu’il

aurait pu rester au chaud. Quand plus

tard il a été maire de sa commune, il a

fait preuve de la même écoute et du

même sens des autres.

J’ai retrouvé frère Marcel vingt ans

plus tard. Il était à la retraite dans ce

même établissement, où je suis devenu

moi-même professeur de français. Lui surveillait alors les

gamins du primaire qui l’appelaient « Pépé Marcel ». Il

n’avait pas vieilli. Les enfants et les institutrices entouraient

affectueusement cette figure grand-paternelle. Jusqu’à sa

mort, il a continué à rendre le Christ proche par sa façon

d’être. On a d’ailleurs donné son nom au bâtiment de l’école

primaire.

Propos recueillis par Sylvie Horguelin

Alain Planet

« Il a fait de moi un chrétien »

Un jour, un prof, une école

Mini-biosNé le 18 novembre 1948 à Privas(Ardèche).sPrimaire et collège à l’institutionSainte-Marie de Bourg-de-Péage(Drôme). Lycée public Albert-Tribouletà Romans (Drôme).sFaculté des lettres et de droit del’université de Grenoble.s1970-1974 : professeur de françaisà l’institution Sainte-Marie de Bourg-de-Péage.s1975-1977 : directeur du lycéeSaint-Maurice à Romans.s1976-1981 : séminaire Saint-Irénéeet faculté de théologie de Lyon.sPrêtre le 24 mai 1981 pour le diocèsede Valence.sConsacré évêque le 19 septembre 2004pour le diocèse de Carcassonne etNarbonne. sDepuis 2012 : évêque référent pour l’enseignement catholique avec Mgr Aumonier.

Un enseignant a croisé leur route et leur vie en a été transformée. Ils nous racontent cette rencontre décisive, inscrite dans le quotidien d’un établissement scolaire.

... aujourd’hui évêque de Carcassonne et Narbonne.

L’école Sainte-Marie a accueilli l’élève Alain Planet...

Phot

os :

D. R

.

« Il nous disaitque le ciel était bleu à cause

de l’eau qui se trouvait

au-dessus ! »

N° 352, décembre 2012 - jaNvier 2013 Enseignement catholique actualités 66

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