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Rapport d’étape Octobre 2012 Deux ans d’action publique en Aquitaine @Bart Coenders/iStockphoto PRÉFET DE LA RÉGION AQUITAINE

AEC Open data

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bilan d'étape de dex ans d'opan

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Rapport  d’étape

Octobre  2012

Deux  ans

d’action  publique

en  Aquitaine

@Bart  Coenders/iStockphoto

PRÉFET DE LA RÉGIONAQUITAINE

Rapport d’étape du programme d’action sur l’open data public en AquitaineEn collaboration avec :

Avec le soutien de :

RemerciementsAssociation LiberTIC : http://libertic.wordpress.com. Présentation « L’open data » sur http://slidesha.re/a920NmFondation internet nouvelle génération (Fing) : http://fing.org/.Programme “Réutilisation des données publiques” sur http://bit.ly/hzJ94T et Open Data Week sur http://www.opendataweek.org/

Vos contacts open data à AECOpenDataLab : [email protected]@aecom.org

Juridique : [email protected]

Sommaire

Rapport d’étape « Open data : deux ans d’action publique en Aquitaine » édité et imprimé en octobre 2012 à 300 exemplaires par AEC, agence des initiatives numériques, association loi 1901, 137 rue Achard, 33 300 Bordeaux Cedex / tel. +33 (0)5.57.57.01.01. / courriel : [email protected] Directeur de la publication : Laurent-Pierre Gilliard / Rédactrice en chef : Suzanne Galy / Graphisme et mise en page : Grégory Gimard / Ont collaboré à ce numéro : Antoine Chotard (AEC), Gérard Marty (Département de la Gironde), Béatrice de François (Communauté urbaine de Bordeaux). Remerciements : Pascal Romain (Département de la Gironde), Chloé Chauveau (GIP-ATGeri), Marie-Laure Leglu (Région Aquitaine), Yann Mareschal (mairie de Bordeaux), Armelle Gilliard et Frédéric Théodore (Communauté urbaine de Bordeaux).

1 Chronique d’une ouverture .................................................. 5

2 Différentes stratégies : les contenus et les services ............ 9

3 L’animation des communautés ............................................13

4 Des béné!ces internes pour la collectivité .........................17

« L’open data valorise le travail des agents de la collectivité », par Gérard Marty du Département de la Gironde ........................................ 18

« Faire une métropole pour et avec ses usagers », par Béatrice de François de la Communauté urbaine de Bordeaux ............................................................ 19

Avec LeBonQuartier, trouvez votre quartier de vie idéal ! ... 20

Brocas : un village à l’heure de l’open data .......................... 21

Entretien avec Simon Chignard : « Rendre accessible l’open data

à tous les publics » ............................................................. 22

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 5

Décembre 2010, à Bordeaux, 140 élus et agents de collectivités participent aux premières Assises des données publiques ouvertes en Aquitaine (http://bit.ly/QQR6Qb). Cette rencontre inscrit le terri-toire aquitain dans la courte liste des précurseurs de l’open data en France. Elle inaugure 20 mois d’actions concrètes pour favoriser la mise à disposition et la réutilisa-tion par des tiers des données dé-tenues par les acteurs publics lo-caux (selon le terme anglosaxon, « opendata »).

Dans la lignée du mouvement in-ternational engagé en 2009, aux Etats-Unis, avec le lancement de data.gov, les Assises des données publiques ouvertes en Aquitaine

défendent l’idée que la quantité d’informations produites par les organismes publics, potentielle-ment réutilisables par les habi-tants-citoyens et les entreprises, constitue une source majeure de nouveaux services, de créa-tion de valeur, de production de connaissance et de participation citoyenne. Une nouvelle ressource pour l’innovation et l’activité éco-nomique des territoires. Il s’agit par exemple d’informations à ca-ractère social, économique, poli-tique, touristique ou de mobilité, etc. Le partage de ces informa-tions, considérées comme !ables et précises, fonde un nouveau modèle d’échange entre poli-tiques, administrations, citoyens et entreprises…

En France, la loi du 17 juillet 1978 révisée en 2005, dite loi Cada (Commission d’accès aux docu-ments administratifs) consacre le principe d’ouverture des données du secteur public en faisant de leur réutilisation un droit oppo-sable. Elle encourage leur réutili-sation, pour un usage commercial ou non, par un large public. L’adjectif « ouvert » suppose qu’elles soient accessibles dans un format permettant une exploita-tion directe. Les béné!ces atten-dus sont multiples : transparence, participation, collaboration, inclu-sion, interopérabilité, innovations, ef!cience, économies.

Comment transformer l’ouverture des données publiques en oppor-tunités ? A l’orée 2011, la question est au cœur des Assises aquitaines proposées par AEC et la Fing à l’initiative du Président de la Com-munauté Urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, et qui associent le Département de la Gironde et la Région Aquitaine.

Ces trois collectivités seront les premières à se mobiliser en Aqui-taine pour publier, courant 2011, des jeux de données sur internet.

1        

Chronique  d’une  ouverture

Carte de France des initiatives d’ou-verture des données publiques en France début octobre 2012. Carte in-teractive réalisée et mise à jour par le collectif nantais Libertic : http://www.opendata-map.org/map

6 / Rapport Open data Aquitaine 2012

En juin 2011, la Communauté ur-baine de Bordeaux (Cub) lance son portail de données data.laCub.fr (http://bit.ly/QcV2tE), suivie de près par le Département de la Gironde et la Région qui mettent en ligne le portail datalocale.fr en juillet (http://bit.ly/QQQDin). Ce der-nier héberge des données du Département de la Gironde, de la Région, du Comité régional de tourisme et celles ouvertes par les acteurs locaux AEC et Raudin-Université de Bordeaux. Le portail de la Cub présente des jeux de données relevant de ses compétences, gérées directe-ment par la collectivité ou relevant de ses délégataires la Lyonnaise des Eaux et Kéolis. Nouveauté de taille, il inclue des données temps réel.

Dans un Baromètre de l’open data en France, établi en mai 2012, l’as-sociation nantaise LiberTIC et le site Communes.com classaient la Cub en 2e place des collectivités françaises pour la qualité des don-nées publiées et en 1ere place des collectivités les plus actives en termes de création de services et d’applications par des tiers.

Le portail aquitain de partage de l’information Pigma, pigma.org, initié par la Région Aquitaine et l’Etat et animé par le GIP-ATGe-Ri (Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques), publie de son côté les jeux de données de ses partenaires sur l’Aquitaine. Certains d’entre eux sont ouverts.

En FranceEn mai 2012, 820 jeux de données avaient déjà été ouverts par des collectivités locales et des organismes publics.

En AquitainePlus de 270 jeux de données publiques sont à ce jour ouverts à réutilisation.

4 portails en AquitaineCommunauté Urbaine de Bordeaux : http://data.lacub.fr

Département de la Gironde :www.datalocale.fr (publie aussi des données libérées par le Comité départemental de tourisme, la Région Aquitaine, AEC et le programme de recherche Raudin-Université de Bordeaux)

GIP-ATGeRi - Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques : www.pigma.org (plateforme pour l’Information Géographique Mutualisée en Aquitaine. Permet d’avoir une vision régionale des données de l’État et des collectivités territoriales.)

Le portail de la ville de Bordeaux : http://opendata.bordeaux.fr

Fonctions des portails de données• Répertoire : ils organisent les

données dans un catalogue

• Recherche des données

• Visualisation des données

• Programmation via une API (application web de programmation)

• Chargement des données par l’utilisateur (crowdsourcing)

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 7

Au printemps dernier, le Dépar-tement de la Gironde avait lancé le premier concours aquitain ré-compensant les réutilisateurs de données publiques (http://bit.ly/HsrIfY). Les 6e Trophées Agenda 21 distingueront !n octobre trois projets innovants liés aux priorités de développement durable du Département et utilisant au moins un jeu de données disponible sur datalocale.fr.

La ville de Bordeaux vient à son tour de lancer son portail de don-nées publiques http://opendata.bordeaux.fr. Et, partout en Aqui-taine, frémissent des ambitions similaires dans les organisations publiques comme en témoignent le site open data de la commune de Brocas, dans les Landes (800 habitants) (http://opendata.brocas.fr), les démarches engagées par la ville de Bourg-sur-Gironde, le site Cartes et données en Aquitaine

de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aména-gement et du logement) sur http://www.donnees.aquitaine.developpe-ment-durable.gouv.fr/DREAL/, ou encore la mise à disposition de ses données par l’Airaq, l’asso-ciation pour la surveillance de la qualité de l’air en Aquitaine (http://www.airaq.asso.fr).

A ce jour, près de 270 jeux de données de collectivités locales, réutilisables, sont à disposition des Aquitains (http://bit.ly/Jmz3Ai) sur des thèmes aussi divers que l’environnement, les équipements et services publics, l’urbanisme, la voirie, le transport, la culture, le tourisme, le social ou l’économie.

Les récentes réunions d’information à destina-tion des élus sur le thème

de l’open data public organisées dans les Landes par l’ALPI ou en Pyrénées-Atlantiques par l’Antic, con!rment le constat que le mou-vement est, en cet automne 2012, en phase de croissance en Aqui-taine.

©La Cub

8 / Rapport Open data Aquitaine 2012

©La Cub

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 9

2      Différentes  stratégies  :    

les  contenus  et  les  servicesLes quatre portails de données ouverts en Aquitaine proposent des contenus et services de dif-férentes natures s’adressant à des publics spéci!ques. La stratégie adoptée par l’organisation maître d’ouvrage de chaque projet guide ces orientations.

La Cub, par le biais de sa Direction des systèmes d’information et sa Direction du numérique, a d’em-blée voulu favoriser l’émergence d’innovations propres à faciliter la vie des habitants de l’aggloméra-tion et à développer le tissu éco-nomique local. Son site met à disposition au total près de 80 jeux de données alpha-numériques et géographiques. Il propose aussi 5 jeux de données en « temps réel » comme la dis-ponibilité des places de parking dans l’agglomération. Les données géographiques sont visualisables au travers d’appli-cations et accessibles avec l’API CUB (cartographique), interface de programmation élaborée et mise à disposition par la collecti-vité sur son portail. Elle permet à n’importe quel utilisateur de l’in-tégrer dans son site web et d’y su-perposer des données de sources et formats divers, statiques ou dy-namiques. Elle offre aussi la possi-bilité d’un af!chage des données sur le web ou les smartphones (iPhone et Androïd). La collectivité souhaitait, à travers ces outils, voir émerger rapide-ment des services novateurs sous forme d’applications web et mo-

biles. Ils font l’objet de tutoriaux et documentations à l’attention des réutilisateurs de ses données. En septembre dernier, le portail de la Cub avait déjà attiré 27 000 visiteurs et enregistré 225 000 téléchargements de jeux de don-nées.

Le portail DataLocale du Départe-ment de la Gironde (en partena-riat avec la Région) avait vocation à mettre à disposition de tous des données géographiques et alpha-numériques de collectivités lo-cales d’Aquitaine (Cub, Région et Département de la Gironde). Son objectif : favoriser leur réutilisa-bilité et leur accessibilité par des publics très divers. Une deuxième version du portail est actuelle-ment en cours d’élaboration par le Département et sera lancée !n octobre. Elle accentue le dialogue avec les ré-utilisateurs de don-nées en se positionnant comme une véritable « ressourcerie » : ils pourront eux aussi y déposer des jeux de données brutes dans un esprit ouvert de partage.A travers cette plateforme, ses concepteurs ont souhaité expé-rimenter des processus exem-plaires en termes de partage d’informations de qualité. Les procédures internes de validation et de publication des données du Département ont été stricte-ment organisées (lire aussi page 18). Cette volonté s’inscrit dans la lignée d’une initiative unique en France engagée courant 2011 par le Département de la Gironde :

l’élaboration d’un référentiel de 72 critères de « bonnes pratiques » pour les producteurs de données open data.A!n de favoriser l’implication des différents services de la collecti-vité dans l’open data, la maîtrise d’ouvrage du portail a été con!ée à la Direction du développement durable, sa mise en œuvre restant l’apanage de la Direction des sys-tèmes d’information.

Le portail aquitain Pigma animé par le GIP-ATGeri (Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques) a une vocation bien plus large que la seule mise à disposition de données ouvertes. Sa première mission est de doter le territoire aquitain d’un outil d’éclairage ou

Données publiques ?Collectées par les organismes publicsNon-nominativesNe relevant pas de la vie privéeNe relevant pas de la sécurité

Données ouvertes ?Complètes, primaires, opportunes, accessibles, exploitables, non discriminatoires, non propriétaires, libre de droits

Source : les 8 principes d’accessibilité des données selon le groupe de travail « Open Government Data » (2007)

10 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Exemples d’informations libérées en Aquitaine• Données budgétaires

• Subventions aux associations

• Recensement des arbres, parcs et jardins

• Liste des campings, résidence de tourisme et hôtels

• Liste des équipements sportifs

• Tracés des réseaux d’énergie

• Emplacements de voirie

• Palmarès des 50 premiers prénoms donnés dans la commune

• Horaires des transports en commun

• Limites des communes de l’agglomération

• Emplacements d’apport volontaire pour le recyclage

d’aide à la décision publique au travers notamment d’un catalogue des données mutualisées en Aqui-taine : environ 400 organismes contribuent à ce jour parmi les-quels des collectivités, services de l’Etat et organismes privés d’utili-té publique. Ils ont versé au « pot commun » du portail Pigma près de 1750 couches de données. 600 d’entre elles sont af!chables dans une interface de visualisation car-tographique. Les équipes de Pigma mènent un travail d’animation constant pour entretenir et enrichir ce catalogue. Elles viennent de lancer à des-tination de leurs partenaires un groupe de travail spéci!que sur l’open data. Le catalogue est ou-vert à la consultation au public et permet la réutilisation libre de 200 jeux de données, géographiques

ou non, proposés sous licences libres.

Le portail de la ville de Bordeaux, en!n, est résolument tourné vers le grand public. Lancé le 4 oc-tobre dernier (13 000 visites en 4 jours), il s’inscrit dans la gou-vernance globale du programme « Bordeaux Cité Digitale » et im-plique toutes les Directions de la ville productrices de données publiques. Le portail constitue ainsi une fenêtre sur les métiers et actions de la collectivité. Les citoyens y découvrent, au travers d’actualités, de témoignages et de reportages les différents ser-vices municipaux contributeurs de données. Il doit insuf"er transparence, par-ticipation, promotion de l’action locale, collaboration et innova-

©La Cub

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 11

Vos contacts open data dans les collectivités locales

Région Aquitaine Marie-Laure Leglu, animation mission données publiques : [email protected]

Département de la Gironde Pascal Romain, Chef de projet informatique documentaire : [email protected]

Communauté Urbaine de Bordeaux Frédéric Théodore, responsable technique : [email protected] Gilliard, animation et partenariats : [email protected]

Ville de Bordeaux Arnaud Buray, responsable technique : [email protected] Yann Mareschal, animation et partenariats : [email protected]

Plateforme Pigma Chloé Chauveau, chargée de l’animation Opendata : [email protected]

tions citoyennes ou économiques. 60 "ux d’informations géogra-phiques et alphanumériques or-ganisés par grandes thématiques (cadre de vie, citoyenneté et ad-ministration, culture, sports et loi-sirs) sont déjà disponibles sur le portail. Pour chaque jeu de don-nées téléchargeable, sont mis à disposition des outils de visualisa-tion ainsi que des outils collabora-tifs favorisant les échanges et les usages des données.Les outils de visualisation (appli-cations Google) permettent une mise en forme des données en graphes ou en cartes et offrent à l’usager des interfaces pour mieux comprendre le sens de l’informa-tion.Une page du portail référence les applications mobiles et infor-matiques développées grâce aux données municipales libérées ain-si que des applications grand pu-blic (Smart Bordeaux pour obtenir des informations très détaillées sur un vin de Bordeaux).

Pour des raisons de visibi-lité de l’action, mais aussi pour des raisons tech-

niques et pratiques, les acteurs publics du territoire aquitain en-gagés dans l’open data ont tous souhaité disposer de leur propre portail. ll faut encourager les dé-marches entreprises par les col-lectivités en faveur d’un référen-cement croisé des données présentes dans le territoire a!n que les réutilisateurs puissent ac-céder aux données en fonction de leurs attentes, et non en fonc-tion de l’organisation qui détient la donnée. Au regard des vo-lumes de données manipulées par les services chargés de la mise en œuvre de l’open data, les modalités de coopération tech-nique entre les sites, au-delà du référencement croisé, restent à inventer.

Guide juridique « Les données publiques »

AEC a publié en décembre 2010 ce guide juridique destiné à détailler les obligations légales minimales et le cadre opérationnel

pour réaliser une libération de données publiques en toute sécurité.

A télécharger sur le site d’AEC : http://bit.ly/h8x729

Sur le portail bordelais http://opendata.bordeaux.fr, chaque jeu de données peut être mis en forme avec des outils de visualisation.

12 / Rapport Open data Aquitaine 2012

@ vm/istockphoto.com

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 13

3      L’animation  

des  communautésL’ouverture des données ne doit pas être perçue comme un projet strictement technique. Pour ga-rantir le succès de l’action, celle-ci doit allier des objectifs de commu-nication et une volonté politique.

En Aquitaine, la réutilisation concrète des données pour l’émergence de services nova-teurs ne s’est pas mise en oeuvre spontanément. Elle est le fruit d’une animation des communau-tés de producteurs de données, au travers d’un groupe de travail régional réunissant les collectivi-tés et les ré-utilisateurs « concep-teurs de services » au travers du dispositif OpenData Lab.

Le groupe de travail régional OpenData réunit tous les acteurs publics régionaux engagés dans le mouvement depuis janvier 2012 (voir l’encadré Vos contacts open data public en Aquitaine, page 11). Ils échangent sur les proces-sus internes de mise en œuvre, évoquent des actions communes et mutualisent leurs outils. Ils y envisagent, par exemple, le réfé-rencement croisé de leurs catalo-gues de données, des méthodes d’animation de l’open data auprès du grand public ou l’élaboration de documents de communication destinés à leurs services.

Les OpenData Lab ont été orga-nisés pendant plusieurs mois, de septembre 2011 à avril 2012, par AEC et la Cub. Ils ont suscité une dynamique constructive et créa-

tive au travers de présentations, d’ateliers et de dispositifs de pro-duction conçus avec des écoles d’enseignement supérieur.

Cette démarche d’animation a ouvert un espace de médiation autour de l’open data entre col-lectivités, startups, grandes en-treprises, laboratoires, étudiants et associations qui ont confronté leurs regards et leurs idées. Près de 130 acteurs du territoire ont participé à cette dynamique.

Dix ateliers successifs organisés au sein de l’Auberge numérique d’AEC ont permis de présenter les données libérées par la Cub, la Lyonnaise des eaux, le Dépar-tement de la Gironde, la Région Aquitaine, le comité régional de tourisme d’Aquitaine, Pigma, l’IGN, le programme de recherche Raudin (Université de Bordeaux) et AEC. Pour chacun des « offreurs de données », ces ateliers ont été l’occasion d’expliquer l’utilisation de leur plateforme, de défendre leurs choix des informations ou-vertes ou de promouvoir l’utilisa-tion des outils de programmation présents sur leurs portails, telle l’API CUB. Les réutilisateurs ont pu y exprimer très directement leurs souhaits pour la libération de jeux de données spéci!ques.

L’OpenData LabSous forme d’ateliers de travail opérationnels organisés au sein de l’Auberge numérique d’AEC, l’OpenDataLab propose de réunir des chercheurs, des collectivités, des startups et des grandes entreprises pour ré!échir ensemble au développement de services innovants basés sur la réutilisation des données publiques ouvertes par les collectivités locales. Cet espace de travail collaboratif permet de tester des concepts, valider des modèles économiques et juridiques, développer des maquettes et des prototypes, ou encore d’expérimenter des services et analyser des usages. Les OpenData Lab ont été organisés par AEC et la Cub.

L’OpenData Lab est soutenu par :

14 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Deux dispositifs de production ont été conçus avec des écoles d’enseignement supérieur.

Le Data Journalisme Lab (http://www.datajournalismelab.fr), initié et coordonné par l’Institut de Jour-nalisme de Bordeaux Aquitaine et AEC, en collaboration avec l’Ecole de Communication Visuelle de Bordeaux, Epitech et en partena-riat avec l’entreprise Groupe-SII et le journal Sud Ouest, a produit 11 visualisations informatives et interactives de données (data vi-sualisations). L’expérimentation a donné lieu à la production d’un rapport sous forme d’un Modus Operandi de data journalisme. Les visualisations ont été présen-tées publiquement en avril dernier et ont démontré que la visualisa-tion de données par des journa-listes associés à des graphistes et des développeurs pouvait ap-porter une nouvelle lecture du territoire, approfondir la connais-sance et l’analyse de phénomènes locaux et participer à renforcer le lien entre l’habitant et son lieu de vie grâce à une information mieux comprise. Une des productions mettait par exemple en regard le nombre d’équipements sportifs par disci-pline en Gironde avec le nombre de licenciés au sein des fédéra-tions départementales. Elle dres-sait un palmarès des « sports privilégiés » et permettait d’inter-roger les politiques publiques du Département en matière de !nan-cement d’équipements (voir l’illus-tration ci-contre).

L’OpenDatathlon, conçu avec l’IUT SRC de l’Université Michel de Montaigne en collaboration avec le Lyre (centre de recherche de la Lyonnaise des Eaux), a fait germer 10 idées d’applications de services. Feed The Green, par exemple, s’appuie sur les données du portail de la Cub. L’idée : per-mettre à l’usager de localiser le conteneur de collecte du verre le plus près de chez lui pour l’inciter à recycler. Une dynamique de jeu fait gagner des points à l’utilisa-

teur et un classement des conte-neurs les plus utilisés peut être établit. Il renseigne la collectivité en charge de la collecte pour opti-miser le ramassage du verre.

A l’issue de ces rencontres de l’OpenData Lab, une cinquantaine d’applications web et mobiles utilisant des données publiques ont été créées ou repérées sur le territoire aquitain. L’intérêt s’est majoritairement porté sur les jeux de données relatifs à l’agenda des événements et à l’environnement. Mais le thème qui remporte la palme est sans conteste celui du transport, avec 34 applications de services disponibles sur les « app store » pour téléphones mobiles (11 pour iPhone, 23 pour Androïd) (http://bit.ly/Kyqf7R).

Ce phénomène s’explique par l’abondance des données géo-graphiques disponibles sur les dif-férents portails. Des dispositions légales en matière de partage de l’information géographique (la directive européenne Inspire, no-tamment) avaient, bien en amont du mouvement open data fran-çais, préparé les services publics à produire ce type de données dans des formats permettant leur réu-tilisation. Leur publication sur les portails de données ouvertes n’en fut que facilitée.

Le béné!ce en termes de services à l’habitant-usager est réel (se dé-placer en vélo, trouver une place de parking disponible, etc.), ainsi que son impact économique in-direct. Citons l’exemple du tra!c des véhicules dont 30% est lié à la recherche de places de parkings dans les grandes villes : a-t-on analysé le gain de temps apporté par les applications de guidage et d’accès en temps réel aux places de parkings libres ? Quels sont les béné!ces en termes de "uidité dans la ville et d’impact en CO2 ?

Il est toutefois raisonnable et hon-nête de souligner les limites du modèle économique de l’open data qui n’a pas encore prouvé sa

capacité à asseoir des modèles économiques durables. Les don-nées ouvertes ne sont pas à ce jour les données à forte valeur et la vente d’applications mobiles ne rembourse pas le temps passé à les développer.

La société bordelaise Widmee, qui conçoit des technologies et services mobiles à destination du secteur bancaire et !nancier, expérimente un modèle éco-nomique en s’appuyant sur des données publiques ouvertes. En partenariat avec le Crédit Agricole Aquitaine, elle a développé l’ap-plication Le Bon Quartier qui per-met de déterminer son quartier de résidence idéal dans la Cub en fonction d’un listing de services (lire aussi page 20).

De nouvelles applications de services sont en cours de développement ac-

tuellement et des idées émer-gent presque chaque jour dans les cerveaux d’esprits créatifs. A ce titre, les entreprises et les dé-veloppeurs inspirés par l’open data insistent régulièrement sur la nécessité de libérer davantage de jeux de données. Peut-être verrait-on alors émerger de nou-velles formes de valorisation des informations publiques ? L’obses-sion actuelle pour la création d’applications mobiles ne doit pas faire d’ombre aux autres sup-ports de publication que consti-tuent les dispositifs urbains ou d’af!chage dans les halls d’im-meuble, par exemple.

La créativité dans la réutilisa-tion des données viendra aussi de l’ouverture de l’open data à l’ensemble des acteurs de l’éco-nomique sociale et solidaire, de la démocratie participative et de la concertation. Le sujet est resté technique et n’a pas su trouver jusqu’ici un relai vers le grand public dans les services de communication des collec-tivités : pas un portail local ne recense la cinquantaine d’appli-cations grand public produites ;

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 15

rares sont les articles traitant du sujet dans la presse locale. L’open data va devoir impérativement sortir du monde des geeks sous peine de se scléroser. Dans cette perspective, l’action open data de la collectivité doit être per-çue comme un levier pertinent de partenariats avec les acteurs du territoire : secteurs écono-mique, associatif, universitaire... Elle doit aussi être une opportu-nité d’échanges d’informations entre ces acteurs : citoyens et entreprises peuvent devenir des pourvoyeurs de données intéres-santes. C’est le virage pris par la Ville de Bordeaux et que prend le Département de la Gironde à tra-vers son futur portail. En!n, les collectivités pourront imaginer des outils pour stimuler la créativité des réutilisateurs : concours d’applications, appels à projets, etc.

Visualisation de données « La Gironde sportive » réalisée dans le cadre du Data Journalisme Lab (http://www.datajournalismelab.fr) à partir des données ouvertes par le Département de la Gironde. Elle met en regard le nombre d’équipements sportifs dans le département avec le nombre de licenciés par sport, et dresse un palmarès des « sports privilégiés ».

©CG33 -Paul Robin

16 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Cartographie documentée des parcs et jardins de l’agglomération bordelaise réalisée avec l’aide de l’API CUB à partir des données de la Communauté urbaine de Bordeaux. Un zoom dans la carte vous permet de visualiser les modes d’accès au lieu sélectionné : http://sig.lacub.fr/natures/

Cette application mobile Arbres de Bordeaux éditée par la mairie de Bordeaux vous permet de localiser et d’identi!er chacun des 26 000 arbres plantés dans la ville.

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 17

4      Des  bénéfices  internes  pour  la  

collectivitéAu !l des expérimentations d’ou-verture de leurs données par les collectivités, une dimension a émergé qui compte parmi les plus vertueuses du mouvement open data : la démarche permet de structurer le système d’informa-tion de la collectivité et, en per-mettant de mettre en œuvre des outils de mesure et de pilotage, constitue un allier de poids dans la quête d’économies de coûts de fonctionnement de l’organisation. La volonté de publier et rendre accessibles leurs informations incite les services à répertorier, cataloguer, formater les données pour qu’elles soient au service d’usages concrets. Ce processus de rationalisation du système d’in-formation transmet aux agents une véritable culture de la donnée et aide à décloisonner les services en favorisant le partage de l’infor-mation. Il assouplit le dialogue en interne mais aussi avec les habi-tants-usagers. Le témoignage du Directeur général des services dé-partementaux de la Gironde est, à ce sujet, parlant (lire p18).

Ce gisement colossal des don-nées produites et gérées par la collectivité (le fameux «big data», lire aussi sur ce thème le maga-zine Aquitaine numérique n° 42 : http://bit.ly/PF4WoI) doit dans le fu-tur, être mis au service de l’intelli-gence territoriale et du dévelop-pement local durable.

Au sein de ce big data, entre-prises et puissances publiques du monde entier espèrent identi!er des croisements de données pour innover en matière de services nu-mériques, pour moderniser leurs organisations et générer de nou-velles sources de revenus et/ou d’économies. Dès aujourd’hui, les villes et les territoires engagés dans l’open data ne peuvent pas faire l’im-passe d’une ré"exion sur le trai-tement informatique massif et distribué de données publiques et moins publiques a!n de gérer ef!cacement et en temps réel des réseaux de "uides encore plus maillés, des "ottes de véhicules intelligents, un éclairage public réactif au contexte, etc.

Ce pilotage de territoires «intel-ligents» ne fera pas l’économie d’une injection de données exo-gènes et contextuelles (météoro-logie, indicateurs nationaux et in-ternationaux, analyse des réseaux sociaux, des comportements et des "ux de personnes...) prove-nant d’autres entités (État, autres collectivités, régies, entreprises, startups, opérateurs, citoyens capteurs, internautes). Il s’agit d’envisager la création d’écosys-tèmes ouverts à la circulation de données où la valeur de ces der-nières croît d’autant plus qu’elles se combinent entre elles.

Cette capacité à gérer le big data territorial et ur-bain doit constituer une

démarche collective conjointe aux dynamiques d’open data a!n de créer les conditions, dans les collectivités et les entreprises, pour manier une informatique dé-cisionnelle nouvelle génération.

Avec la libération de ses données, la collectivité entre de plain-pied dans l’ère de la gouvernance dite « ouverte ».

18 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Par Gérard MARTYDirecteur général des services départementaux, Département de la Gironde

« Le Département de la Gironde est engagé dans une démarche de développement durable et de responsabilité sociétale. L’open data y contribue largement, tout en permettant de valoriser le tra-vail effectué par les agents de la collectivité.

De façon générale, l’open data participe à la réinvention, la redé-couverte de la notion de proximi-té et confère une dimension signi-!cative et une ef!cacité sociale à des pratiques vieilles comme le monde (le troc, l’échange sous diverses formes, la solidarité, la rencontre...). Elle accompagne et valorise les coopérations et les collaborations laissées de côté par une vision encore très pyramidale des rapports sociaux et facilite, ainsi, la réplication et la sérendi-pité.

La mise à disposition gratuite par les technologies numériques et in-ternet permet également d’iden-ti!er les projets innovants adap-tés aux grands enjeux sociétaux, de mobiliser différents acteurs a!n qu’ils se coordonnent pour agir ensemble. De nouveaux mo-dèles économiques se diffusent à grande échelle, chacun, et notam-ment les jeunes, peut contribuer à leur émergence et à l’aménage-ment de son territoire. Appliqué aux collectivités terri-toriales, le numérique incite à re-penser l’organisation des services

rendus au public de manière à ré-pondre à la demande de dialogue et de co-construction exprimée par la société civile. En préparant nos données à de multiples !na-lités, nous élevons leur capacité à être réutilisées, recyclées, valo-risées sous de multiples formes pour répondre à des usages va-riés. Ce faisant, nous espérons soutenir l’appropriation par tous, citoyens et associations, de la connaissance d’un territoire du-rable et développer la démocratie participative de proximité.

Ce processus d’ouverture accroît la valeur d’usage des informations créées par tous les services et res-ponsabilise chacun. Il développe une logique de partage et d’intel-ligibilité des données, qui est réel-lement béné!que à l’organisation et à chacun de ses membres.

Le Département de la Gironde a pensé son portail de données

publiques comme un outil de mutualisation interne et externe. Dès leur production, les données doivent être quali!ées de façon à assurer leur ouverture et leur libération, selon les principes de transparence et d’ef!cacité. Le service mis en place par la collec-tivité ou par un tiers est amélioré par les usagers ou avec eux, rem-placé par un service de meilleure qualité ou complété par un autre plus spéci!que. L’implication de l’utilisateur dans le processus de gestion de la donnée le sensibi-lise à cette problématique et nous permet en retour de béné!cier de manière continue des innovations en matière d’usages.

Notre démarche d’open data nous a permis, en!n, de structurer le traitement des données au sein de la collectivité et de construire notre système d’information en fa-veur des usages internes.

Au !nal, ce projet prouve que la combinaison de l’innovation tech-nologique et sociale peut être particulièrement fructueuse. Nous ne connaissons ni ne maîtrisons les usages de demain, tant en matière de production de service que de démocratie participative. Tout reste encore à imaginer, à construire, à inventer. »

« L’open data valorise le travail des agents de la collectivité »

Un référentiel de bonnes pratiques Contenu des données, formats, moyens et conditions d’accès… Le référentiel qualité OpQuast, produit par la société bordelaise Temesis avec la participation du Département de la Gironde, dresse une liste de 72 bonnes pratiques pour les producteurs de données open data.

http://www.datalocale.fr/bonnes-pratiques

« En préparant nos données à de multiples !nalités, nous élevons leur capacité à être réutilisées, recyclées, valorisées sous de multiples formes pour répondre à des usages variés. »

© DR

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 19

Par Béatrice de François, Vice-Présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux en charge des usages numériques et de relations avec les usagers

« L’ouverture des données pu-bliques représente pour la Com-munauté urbaine l’un des moyens de mettre en acte la « coopérative métropolitaine » que nous pro-mouvons. Et c’est bien là l’un des enjeux clés de la démarche : par-ticiper à l’établissement de nou-velles relations entre les décideurs publics et les citoyens, ouvrir les données publiques pour faire une métropole pour et avec ses usa-gers.Nous avons pu le constater grâce aux nombreuses actions menées localement auprès des acteurs du numérique, de porteurs de pro-jets, des étudiants, etc. : quand elle est accompagnée, l’ouver-ture des données publiques met en place une dynamique de co-construction, elle stimule l’in-novation et exacerbe l’intelligence collective, pour faciliter la vie des habitants (à travers des applica-tions innovantes), ou leur donner une meilleure lisibilité sur l’action publique (à travers la data visuali-sation). Le défrichage commun du sujet a permis de créer des liens entre acteurs, publics et privés, citoyens et entreprises, pour amé-liorer l’agglomération.

Aujourd’hui toutefois, les don-nées publiques sont encore trop réservées à des initiés, à ceux qui savent se les approprier. Ce sera l’un des enjeux de l’année à venir que de fournir des outils de visua-

lisation des données ouvertes uti-lisables par les associations et les citoyens, et leur permettre de se les approprier pleinement, sans aucun prérequis technique. Tout

le champ de l’alphabétisation de la donnée ouverte est à mettre en place pour contribuer à faire de notre territoire une métropole 3.0, intelligente et respectueuse ! »

« Faire une métropole pour et avec ses usagers »

©La Cub

© DR

20 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Le concept est simple, concis, ef!-cace. L’idée a pu devenir concrète grâce à l’ouverture des données publiques. Elle a germé dans la tête de jeunes entrepreneurs gi-rondins spécialistes des applica-tions mobiles pour la !lière ban-caire. Widmee, leur entreprise créée depuis 4 ans, s’est associée au Crédit Agricole Aquitaine pour lancer d’ici à !n 2012 le service LeBonQuartier sur le web et les smartphones (iPhone).

Le projetIl consiste à élaborer une gamme de services grand public de proxi-mité. Ces services sont basés sur des données publiques ou colla-boratives géolocalisées. Dans sa première version, LeBon-Quartier porte sur la zone géo-graphique de la Communauté urbaine de Bordeaux. Le service propose aux internautes de visua-liser gratuitement le quartier (sur 181 recensés) qui leur convient le mieux, en fonction de critères personnels sur leur situation et leur mode de vie. Elle offre aussi une sélection personnalisée d’an-nonces immobilières. Une quantité d’autres services de proximité pourront être déclinés par la suite : services de conseil d’itinéraires et de covoiturage, services aux commerçants, ser-vices pour le maintien à domicile des personnes dépendantes, etc.

Comment ça marche ?La plateforme procède à la col-lecte des données publiques réu-tilisables (collectivités territoriales et organismes d’Etat) et à l’enre-gistrement de données person-nelles non-sensibles auprès des utilisateurs de ces services (situa-tion familiale, niveau de revenus, centres d’intérêts). En croisant

toutes les sources d’information dont elle dispose, la plateforme génère une carte des différents quartiers résidentiels qui convien-draient le mieux à l’utilisateur en fonction de la densité de services. Un système de « scoring » a été mis au point pour hiérarchiser les quartiers en fonction des critères de l’utilisateur.

Quelles données publiques utilisées ? La plateforme recense par exemple : Des données de l’Insee notam-ment le découpage cartogra-phique par quartiers, la densité de commerces et services par quartier et leur secteur d’activité.Les données annuelles des chiffres de l’immobilier des notaires de France.Des données de la Communauté urbaine de Bordeaux sur les tracés de voirie et les tracés des lignes et arrêts des transports en commun.Des données de localisation des établissements scolaires prove-nant de la Région Aquitaine et du Département de la Gironde.

Quelles données attendues ?Des données actualisées sur les prix du mètre carré immobilier. Et, de manière générale, des don-nées géolocalisées d’un maximum de domaines pour pouvoir les car-tographier avec précision.

Le modèle partenarialWidmee innove depuis 4 ans dans le domaine des applications web et mobiles pour le secteur ban-caire (relation client). La société compte sept salariés et, portée par l’ouverture des données pu-bliques en Aquitaine, a rapide-ment perçu dans ce mouvement les opportunités offertes pour ses clients. Le Crédit Agricole Aquitaine sou-haite de son côté apporter chaque jour plus de services utiles aux Aquitains. Avec LeBonQuartier, chaque habitant ou futur habitant de la Cub peut gagner du temps en repérant très rapidement le quartier qui correspond le mieux à ses besoins. Si la plateforme met actuellement en avant les an-nonces immobilières de Square Habitat, la !lière du Crédit Agri-cole, l’objectif est d’ouvrir rapide-ment à d’autres offres, dont celles des particuliers. Cette plateforme pourra également être l’oppor-tunité pour d’autres enseignes de mettre en avant leurs propres prestations de services.LeBonQuartier fera l’objet d’une étude d’audience quelques mois après son lancement qui déter-minera l’extension du service sur d’autres agglomérations fran-çaises ayant ouvert leurs données.

Votre contact à Widmee : [email protected]

Avec son service web et mobile LeBonQuartier, la société pessacaise Wid-mee associée au Crédit Agricole Aquitaine semble trouver un modèle éco-nomique fondé sur l’exploitation des données publiques ouvertes.

Trouvez votre quartier de vie idéal !©Widmee

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 21

A petit pas opiniâtres, Brocas expérimente l’ouverture de ses données. « C’est une manière de rendre des comptes aux habi-tants », tranche Jean-Christophe Elineau, l’élu par qui l’open data a percuté, en mai 2011, le conseil municipal de cette commune lan-daise de 810 habitants.

Après moult échanges pédago-giques sur les vertus de l’ouverture des données publiques et ayant obtenu le feu vert du maire, ce féru de logiciels libres et d’internet en général lance le site http://openda-ta.brocas.fr. Il y recense « des do-cuments existants dans le système d’information du village » : déli-bérations communales, études techniques de faisabilité, plans de la commune, photos du village d’aujourd’hui et cartes postales d’autrefois con!ées par un habi-tant. « Quand nous avons présen-té le site en réunion publique en mars 2012, la population a tout de suite compris le principe et l’in-térêt de l’open data », témoigne Jean-Christophe Elineau. L’initia-tive est unique en France pour une commune de cette dimension et suscite la !erté des habitants.

Sur le portail local, « les gens consultent surtout les délibéra-tions et les photos anciennes. Je suis convaincu que, dans les petites communes, il faut abor-der l’open data sous l’angle de la préservation et de la sauve-garde du patrimoine local. C’est un excellent moyen de faire com-prendre la démarche et d’y allouer des budgets. Ce que je remarque, c’est aussi que les habitants re-cherchent des informations qui ne sont pas encore présentes dans

le portail : les travaux en cours, les budgets votés… Le désir de transparence est donc là mais pour que notre action soit vraiment pertinente, il faudrait publier plus de données et des données de meilleure qualité », remarque l’élu. « Brocas n’a pas les moyens de s’offrir un prestataire. Le dévelop-pement et l’animation du site est un travail très chronophage et je dispose de peu de temps pour mettre à jour l’information » s’ex-cuse-t-il.

Jean-Christophe Elineau con!e avoir eu des « moments de dé-couragement. Je me suis senti démuni au début du projet car j’avais peu de connaissance sur les formats des données et sur les licences juridiques liés à l’open data. Je ne trouvais pas de res-sources pédagogiques et d’ou-tils techniques pour m’aider dans cette mission. Il m’a fallu con!gu-rer entièrement notre plateforme, un logiciel libre, pour obtenir les champs nécessaires à la mise en valeur des données : fonctions de commentaires, mots-clés et descriptions, etc. Si j’avais dispo-sé d’un logiciel « clé-en-main » conçu pour cela, l’open data à Brocas aurait été plus rapide ».

De fait, sur le portail, les don-nées ne sont pas proposées dans des formats bruts mais dans leur forme « digérée » : PDF pour les documents, jpg et png pour les photos. La démarche relève plus de l’af!chage d’informations pu-

bliques que d’ouverture de données à proprement parler.

Mais l’esprit de l’open data est bien là et la volonté d’aller plus loin s’exprime fortement. Jean-Christophe Elineau souhai-terait publier des données « in-téressant très directement l’insti-tution communale : l’activité des !lières économiques locales, par exemple, que sont le bois et le tourisme. Pour poursuivre, notre attention doit aussi se porter sur les données incluses au sein même des délibérations comme les données budgétaires, par exemple. Cette question ren-voie aux processus de fabrica-tion de l’information dans la col-lectivité : comment la formater à la source sous forme de tableur pour la rendre réutilisable ? C’est un challenge qui relève de la for-mation des agents communaux, de l’organisation de l’information mais aussi des outils techniques dont nous disposons. En!n, se posera à moyen terme la question du transfert de compétences sur le portail car, par nature, la fonc-tion d’élu est éphémère. »

Votre contact à Brocas : [email protected]

Brocas, commune des Landes de 810 habitants, expérimente l’ouverture de ses don-nées avec son portail http://opendata.brocas.fr. Le fait est unique en France pour une commune de cette dimension. Retour d’expérience avec son élu en charge du numé-rique, Jean-Christophe Elineau.

Un village à l’heure de l’open data©AEC

Carte postale de Brocas en ligne sur le portail open data de la commune

22 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Vous animez depuis plusieurs mois, à Rennes et ailleurs en France, des ateliers grand pu-blic d’utilisation des données ouvertes par des collectivités. Les habitants s’intéressent-ils vraiment à l’open data ?

Le grand public ne s’intéresse pas à l’open data si on le lui présente sous cet angle, très institutionnel, et avec ce jargon anglo-saxon. A Rennes, comme ailleurs, la collectivi-té a initialement délivré un message qui s’adressait avant tout aux déve-loppeurs informatiques, amateurs ou professionnels. Les concours d’appli-cations mobiles (Rennes Métropole en accès libre, Rendez-vous la ville plus facile à Nantes, etc.) ont encore renforcé cette approche, qu’il faut aujourd’hui élargir. On peut faire bien d’autres choses à partir des données ouvertes ! Les promesses de trans-parence et de renforcement de la vie démocratique n’ont été, elles aussi, que l’affaire d’un petit nombre d’ini-tiés faute d’une appropriation par un public plus large. Donc, pour intéres-ser le grand public mais aussi les jour-nalistes et le monde associatif il faut avant toute chose changer la manière dont on lui présente l’ouverture des données publiques. Mon idée, avec l’aide d’autres personnes en France, est de concevoir des outils d’anima-tion novateurs permettant de rendre accessible l’open data à tous. Comment cette animation s’opère-t-elle ?Le premier cap à franchir est le terme même de « data ». Il faut développer une culture de la donnée en se posant des questions de bases essentielles : qu’est-ce qu’une donnée ? Qu’est-ce

qu’une information ? Qu’est-ce qu’une donnée publique et ouverte ? Quelles données sont pertinentes ?Pour y répondre, nous avons d’abord cherché à révéler puis interroger les données déjà présentes dans la ville, de manière très concrète, sur le mo-dèle des cartoparties : nous avons organisé une chasse aux données de mobilité en recensant sous forme de carte, dans un périmètre dé!ni, toutes les informations urbaines relatives à la mobilité : stations de taxi, borne de stationnement de vélos publics, arrêt de bus, etc. Cet exercice permet de confronter très directement les don-nées du terrain collectées au cours de l’atelier avec celles ouvertes par la ville. A partir de là, on peut construire un dialogue avec le pourvoyeur des données. Cependant, pour le public, il y a tout de même un aspect décep-tif sur ce premier format d’atelier : on ne dit pas à quoi la donnée peut ser-vir concrètement. La deuxième étape a consisté à dou-blonner une lecture critique des don-nées avec une pratique concrète de réutilisation. Avec Loïc Haÿ, de La Fonderie – agence numérique d’île de France, nous avons mis en oeuvre un atelier autour du !chier des pré-noms donnés aux petits parisiens, rennais et nantais. Après avoir appris à lire les données, les participants les ont manipulées au travers d’outils de visualisation. Ils ont ainsi appris à écrire avec de la donnée.En!n, sur une troisième série d’ate-liers à Rennes, j’ai ajouté deux nou-velles dimensions : une approche thé-matique_ à partir d’un jeu de données variées relatives à un jardin public de la ville_ et un public mixte puisque j’avais invité des agents de la ville de Rennes à y participer. C’est très por-teur et il faut développer ce mélange des publics. Les agents sont présents au même titre que les habitants mais ils peuvent prendre la parole pour ex-pliquer comment la donnée a été pro-duite et pourquoi. Ils recueillent les

avis des utilisateurs… ce qui je pense les intéresse beaucoup !L’animation de l’open data est trop souvent ciblée vers des publics spé-ci!ques avec une distinction nette entre ceux qui ouvrent les données et ceux qui les réutilisent. Par qui cette démarche d’ani-mation doit-elle être pilotée selon vous ?Il n’y a pas vraiment de réponse toute faite à cette question car des exemples très différents existent ac-tuellement en France. Je n’ai toutefois pas encore vu de collectivité qui ait créé un poste dédié à l’open data. Aujourd’hui on fait de l’open data «en plus de toutes les autres missions».Etre un opérateur extérieur à la collec-tivité est une force mais le problème peut provenir du désengagement de l’acteur public du processus de réuti-lisation des données, et en particulier de la relation avec les réutilisateurs. Le service en charge de l’open data occupe une place compliquée car il doit à la fois gérer les contraintes in-ternes_ le rythme d’ouverture de l’in-formation_ et les pressions externes qui militent en faveur de plus de «li-bération». S’il ne gère pas les deux en parallèle, l’ouverture des données de sa collectivité ne peut pas fonctionner. Cependant, être à la fois pourvoyeur de données et animateur de la réu-tilisation peut poser des problèmes d’organisation, de positionnement et de con"its d’intérêts. De plus, les col-lectivités ne disposent pas forcément des ressources humaines et des com-pétences pour gérer l’animation.Mon expérience me montre que l’ani-mateur peut aussi être un prestataire extérieur, mais très étroitement asso-cié à la collectivité. Cela s’inscrit to-talement dans l’esprit d’ « innovation ouverte » qu’induit l’open data.

Simon Chignard, vice-président de la Cantine de Rennes, conçoit et anime des ateliers grand public autour de l’ouverture des données publiques. Il est l’auteur de l’ouvrage « Open data, comprendre l’ouverture des données pu-bliques » (éditions Fyp, avril 2012)

« Rendre accessible l’open data à tous les publics »

© DR

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 23

Quels sont les facteurs clés de succès d’une démarche d’ani-mation grand public ? Quels sont les indicateurs pour en évaluer la réussite ?

Je n’ai pas d’indicateurs de mesure de réussite de mes démarches. En faut-il ? Le nombre de participants aux ateliers ne me paraît pas être le seul indicateur pertinent, ce qui compte c’est l’effet de masse par la propaga-tion des idées, des savoirs et des pra-tiques dans la ville.Concernant les facteurs de succès, j’évoquerais d’abord la richesse des données ouvertes : l’intérêt d’une donnée provient avant tout de la possibilité de la recroiser avec une autre donnée. Ensuite, il faudrait que chaque initiative publique (un grand projet d’urbanisme par exemple) soit l’occasion pour la collectivité de par-ler de la data et de publier de nou-velles ressources. En!n, il faut faire de l’animation au sein même de la collec-tivité a!n que la pertinence du mou-vement prenne tout son sens pour les agents qui oeuvrent à l’ouverture des données.Avec le grand public, il faut parler des sujets qui touchent au quotidien. Pour cela l’entrée thématique est par-ticulièrement pertinente. On se rend compte que l’habitant n’a pas qu’une vision utilitaire de l’information pu-blique ; elle peut avoir une portée consultative ou informative. A ce titre, l’animation grand public autour de l’open data peut aussi être utilisée par la collectivité comme un outil de son-dage de la population sur ses usages de la ville, ou à tout le moins de mise en relation entre citoyens et produc-teurs des services publics.

À  suivre...

Deux  ans

d’action  publique

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