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sommaireSynthèse de l’année 2016 / p. 4Du sociétal dans un contexte de crise sociale
Contexte politique et économique / p. 6Pac 2020... en 2023 ?
Grandes cultures / p. 8Trop de blé dans le monde, trop d’eau en France
Alimentation animale / p. 10Répondre aux attentes sociétales
Focus / Emploi • compétence • formation / p. 12Quelles conséquences des crises pour les éleveurs bretons ?
Lait / p. 14Eclaircie durable ?
Porc / p. 18Une année sous le signe de la Chine
Focus / Circuits de proximité / p. 22La Bretagne pense son alimentation pour demain
Volailles • Œufs • Lapin / p. 24Du neuf en œuf
Bovins viande / p. 28Bœuf/vache à lait : demande de divorce
Focus / Etude emploi dans le secteur alimentaire / p. 32Le secteur alimentaire breton croqué par une étude
Légumes frais / p. 34Atypique
Légumes transformés / p. 36Manque d’eau
Focus / 2d pilier de la Pac / p. 38Second pilier : priorité à la modernisation et à l’agroenvironnement
Agriculture biologique / p. 40Le porc bio a la côte !
Industries agroalimentaires / p. 42Quels relais de croissance pour l’agroalimentaire breton ?
Energie climat / p. 46La méthanisation agricole cherche sa voie
Environnement et Territoires / p. 48La biodiversité des zones humides à la loupe
Glossaire / p. 51
édito
La publication annuelle d’ABC - Analyse et Perspectives constitue un rendez-vous attendu pour les Chambres d’agriculture de Bretagne et pour leurs partenaires. Cet examen à 360° des éléments marquants de l’année écoulée dans nos différentes filières nous donne à réfléchir.L’alimentation et les attentes des consommateurs constituent clairement la pierre angulaire principale des analyses sur 2016 et des perspectives esquissées. Quoi de plus naturel, puisque ce sont les débouchés de nos productions agricoles régionales qui sont en jeu. L’alimentation s’impose comme le fil à retisser au sein des filières agro-alimentaires :> fil à retisser au sein d’une chaîne de valeurs fortement malmenée par la
volatilité des prix, où le producteur se contente souvent de bouts de ficelles> fil à retisser en réhabilitant les métiers créant de la valeur, l’agriculteur, le
salarié d’exploitation ou des entreprises agroalimentaires > fil à retisser du lien social et territorial, en améliorant la commande publique
locale et régionale, et en faisant de celle-ci, un levier de pédagogie et de sensibilisation, et un élément d’impulsion économique, au vu des volumes et des chiffres d’affaires en jeu pour nos entreprises agroalimentaires.
A l’évidence, notre tissu économique et social agricole et agroalimentaire entame une transformation profonde. Une transformation réussie et durable doit être autre chose qu’un mouvement de balancier, condamnant un modèle pour en mettre un autre sous les projecteurs.Notre nouveau chef de l’Etat souhaite que soient conduites des assises de l’alimentation. Cette publication montre que la Bretagne agricole a des choses à dire, à faire valoir, pour ses filières, pour ses territoires, pour ses agriculteurs. Plutôt qu’une segmentation par les « sans » (sans OGM, sans gluten, sans pesticides, sans antibiotiques …), proposons une segmentation « avec », gagnante et bénéfique pour le plus grand nombre : avec des emplois, avec des prix équitables, avec une forte identité régionale, avec des systèmes raisonnés, capables de valoriser des indicateurs tangibles et accessibles en matière de responsabilité sociale et environnementale…En clair, innovons et inventons une ambition alimentaire, donc agricole, pour tous les consommateurs, sans sacrifier le social au sociétal. A nous de proposer les bons équilibres, dans les politiques régionales, dans la législation nationale, et d’ores et déjà, à travers nos réflexions pour la prochaine Pac.
Jacques JAOUENPrésident de la Chambre
régionale d’agriculture de Bretagne
—
Agriculture et Alimentation : réinventons, sans sacrifier le social au sociétal
Avec 47 unités de méthanisation
agricoles en Bretagne, la
progression est décevante. La
réévaluation du tarif de rachat de l’électricité
devrait permettre d’accélérer les
projets dès 2017.
Devant le succès des MAEC et
du PCAEA, les fonds dédiés au
2d pilier de la Pac menacent
de manquer prochainement.
Le Ceta, traité de libre-échange
entre l’UE et le Canada, rentre
en application à partir du second
trimestre 2017. Il devrait pénaliser
les filières viande bovine et porcine
et être bénéfique à la filière laitière.
Déficit français en légumes frais.
1 milliard d’€
travaillent dans le secteur
alimentaire breton.
Baisse des fabrications
d’aliments industriels pour le
bétail en 2016.
-286 000 tonnes
4 / / 5
Synthèse de l’année 2016
du sociétal dans un contexte de crise socialeLa reprise n’a pas été d’actualité pour les agriculteurs bretons en 2016. Le porc mis à part, la plupart des productions continuent de subir une conjoncture très dégradée. La météo et la grippe aviaire rajoutent à un sentiment d’incertitude face à l’avenir. Dans ce contexte, la montée en puissance des exigences des consommateurs pourrait être vécue comme une difficulté supplémentaire à gérer. Pourtant, elle pourrait permettre à la Bretagne de prendre un coup d’avance.
P as de sortie de crise en 2016 pour les agriculteurs bretons. Le prix de la plupart des productions bretonnes
reste au plus bas pour la deuxième année consécutive. Les perspectives pour 2017 ne prêtent pas à l’optimisme.
super cycle baissier des matières premières
Il semble que l’ensemble des matières pre-mières soient entrées depuis deux ans dans une phase de super cycle baissier. Les mo-teurs de la croissance mondiale qu’étaient les pays émergents, Chine en tête, sont à la peine.Le marché laitier l’illustre. Malgré une contraction de la collecte en 2016 dans la plu-part des grands pays exportateurs, les cours des produits laitiers ne se redressent que poussivement, ne permettant pas de hausse franche des prix payés aux producteurs. Cette crise laitière se répercute sur le marché de la viande bovine. Du fait de la conjoncture, les éleveurs laitiers européens ont beaucoup réformé entraînant un afflux de viande bovine. Ce qui déstabilise l’ensemble du marché puisque le troupeau laitier est très dominant en Europe. Les éleveurs de bovins allaitants connaissent donc aussi une année très com-pliquée.Le porc est l’exception qui confirme la règle. Il souligne combien toute prévision est hasar-deuse dans un marché mondialisé. Alors que le secteur vivait lui aussi une crise profonde, les prix remontent fortement au printemps 2016 grâce à la Chine. Celle-ci connaît une décapitalisation massive de son cheptel du fait de l’arrêt de nombreux petits élevages. Elle doit fortement accroître ses importa-tions. Celles-ci représentent annuellement l’équivalent de la production française. Quand
la Chine est aux achats, les prix mondiaux tremblent ! Cette aubaine pour l’ensemble des éleveurs européens ne doit pas occulter que les prix sont actuellement très dépen-dants de ces flux : l’équivalent de 7 % de la production européenne de porc prend le che-min de l’Empire du Milieu en 2016.
quand la météo et la grippe s'en mêlentEn plus de ces prix bas, les agriculteurs bre-tons font face à une météo atypique. Le prin-temps froid et pluvieux et la sécheresse esti-vale pénalisent les rendements des céréales qui baissent de 11 % par rapport à la moyenne quinquennale. Autre production touchée par la météo : les légumes transformés. La Bre-tagne est l’une des trois grandes régions fran-çaises productrices de légumes d’industrie. Elle est aussi celle qui est la moins équipée en irrigation d’où des rendements très affectés notamment en flageolet et en haricot. L’année fourragère est aussi pénalisée par les condi-tions météorologiques. La pousse des prairies est très ralentie pendant l’automne et les ren-dements en maïs fourrager sont inférieurs à la moyenne. Le temps sec de ce début 2017 inquiète à nouveau les éleveurs.L’aviculture bretonne traverse aussi une pé-riode mouvementée. La grippe aviaire sévit une nouvelle fois dans le sud-ouest de la France. Si la Bretagne évite la catastrophe en n’ayant pas de cas déclaré, ses exportations sont pénalisées par la fermeture de frontières de certains de ses pays clients. Un épisode dont Galliance, la nouvelle filiale volaille crée par Terrena suite à la reprise de Doux, se serait bien passé. Les exportations bretonnes de volailles chutent fortement aussi à cause du ralentissement de la demande au Moyen-Orient et de la concurrence brésilienne. Près
de quatre ans après la fin des restitutions, ce marché confirme sa volatilité.
de la casse et de la résilienceCe contexte économique peu réjouissant laisse des traces dans le paysage agricole breton. En faire un bilan économique chiffré ne donne qu’une représentation partielle des difficultés que vivent les agriculteurs : les soucis financiers engendrent des problèmes de santé, de moral et relationnels. Toujours est-il qu’en 2016, 32 % des agriculteurs bre-tons ont un revenu mensuel inférieur à 354 € d’après la MSA. Le nombre de défaillances d’élevages fait plus que doubler par rapport à 2015 d’après la société Altares. Au total, 124 exploitations mettent la clé sous la porte. Cela demeure modeste en nombre par rapport aux 28 000 exploitations bretonnes. Mais chaque ferme fait vivre plusieurs personnes.Le manque de perspectives d’amélioration nette de la conjoncture joue aussi sur le moral des agriculteurs. Un soudain affermissement des prix est toujours possible, comme on l’a vu en porc, mais reste hypothétique. Et ce n’est pas l’ouverture des négociations sur la Pac qui permet d’y voir plus clair. Le Brexit, le niveau du futur budget, les échéances élec-torales sont autant d’éléments qui brouillent les cartes. Il semble que la nouvelle réforme n’entrerait en vigueur qu’en 2022 voire 2023. Les français font des propositions visant à réduire ou amortir la volatilité des prix. Il est encore trop tôt pour savoir si ces idées seront reprises.Malgré ce contexte pesant, l’agriculture bre-tonne se montre résiliente. Les volumes de production ne décrochent pas, les exploita-tions continuent d’embaucher des salariés. Mieux, ces deux dernières années, 3 300 ex-ploitations ont investi pour moderniser leurs outils grâce au PCAEA. La preuve que de nombreux agriculteurs continuent de croire en l’avenir.
le sociétal monte en puissanceAu-delà du contexte macro-économique, le bilan agricole de l’année 2016 fait ressortir la forte montée en puissance des théma-tiques dites sociétales. Développement des œufs alternatifs, du bio, de différents cahiers des charges en lait avec des caractéristiques relatives à l’alimentation des animaux (sans OGM, pâturage…), de produits territoriaux, de porcs élevés sans antibiotique. La liste n’est pas exhaustive. Ces sujets peuvent paraître hétéroclites. Ils font néanmoins ressortir que de plus en plus de consommateurs s’inté-ressent à comment sont produits leurs ali-ments. A l’image d’une société que les socio-logues décrivent comme post-moderne, leurs attentes sont très variées et fluctuantes. Elles tournent néanmoins autour de thèmes identi-
fiés : bien-être animal, santé, origine, social, environnement et goût.Face à ce foisonnement d’attentes, celle por-tant sur le bien-être animal a d’ores et déjà d’importantes conséquences pour les produc-teurs bretons d’œufs de consommation. Sous la pression d’associations militant pour l’arrêt de l’élevage en cage, la plupart des acheteurs annoncent vouloir passer à 100 % d’œufs al-ternatifs d’ici 3 à 7 ans. Et l’on pressent que la pression va se déplacer et concerner poten-tiellement l’ensemble de l’élevage.D’autres évolutions de consommation, si elles ne concernent pas l’ensemble des exploi-tations bretonnes, sont marquantes. Le bio attire ainsi un nombre record de consomma-teurs et d’agriculteurs. 7 % des fermes bre-tonnes sont désormais engagées en bio. Les autres initiatives mentionnées plus haut sont des exemples de tentatives des acteurs de la filière de surfer sur ces attentes pour recréer de la valeur dans la chaîne de production. Avec souvent l’initiateur de la démarche qui espère en retirer le plus fort gain. Un signe des temps, Leclerc annonce vouloir changer la stratégie pour sa marque de distributeur : santé, environnement et éthique seraient dorénavant les nouvelles priorités, devant le prix.
faire d'une contrainte une chance pour l'agriculture bretonneCes attentes sociétales vont de toute évidence continuer à faire évoluer le métier d’agri-culteur. Cette nouvelle donne n’est-elle pas l’occasion pour l’agriculture bretonne de re-donner de la valeur à ses produits ? Dans un contexte de marchés mondialisés et actuelle-ment déprimés, la volonté grandissante des consommateurs d’acheter national voire ré-gional peut être l’occasion pour l’agriculture bretonne de mettre en avant ses points forts qui la différencie d’autres pays européens : des exploitations familiales piliers de terri-toires dynamiques, des systèmes raisonnés qui entretiennent une belle campagne riche en biodiversité et des agriculteurs formés, pragmatiques, capables de s’adapter. La contrepartie est évidemment un prix équi-table. Une démarche comme Breizh Alim peut servir d’inspiration. Le défi est de l’étendre au-delà afin qu’un maximum d’agriculteurs puissent en bénéficier.
Arnaud [email protected]
100 000 actifs
BIO
En attendant un accord sur la Pac
post 2020, c’est la Pac actuelle qui sera prolongée.
Les représentants de la profession
agricole bretonne ont lancé leur réflexion pour
pouvoir être force de propositions
dès 2018.
La forte volatilité des prix payés à la production générée par la
dérégulation des marchés n’est
pas tenable pour la pérennité des
exploitations agricoles.
versés chaque année aux
agriculteurs bretons.
500 M€
Part du budget de la Pac dans celui
de l’UE pour la période 2014-2020.
38 %
d’emplois dépendent de
l’agriculture dans l’UE.
44 millions
6 / / 7
Contexte politique et économique
pac 2020... en 2023 ?
Alors que la Politique Agricole Commune (Pac) réformée en 2013 se met difficilement en œuvre en France, les réflexions sont déjà lancées pour préparer l’après 2020. Cela peut sembler tôt. Mais le contexte de la négociation va être compliqué avec des évènements tels que le Brexit. Des propositions sont déjà sur la table, avec toutes pour principale préoccupation de permettre aux agriculteurs de mieux faire face à la volatilité des prix.
2017 est bel et bien l’année du lancement de la réflexion officielle au-
tour de la future réforme de la Pac après 2020. Le président de la Commission euro-péenne, Jean-Claude Juncker, l’a confirmé en décembre dernier.
un calendrier officiel...La première étape du calendrier officiel a consisté en une vaste consultation publique via Internet qui a duré trois mois, de février à mai 2017. Cette consultation a pour objectif de mieux cerner les souhaits de la communauté agricole européenne et de la société dans le domaine de l’agriculture. Les contributions reçues vont étayer les travaux de la Commis-sion visant à définir les priorités de l’Union européenne dans le domaine agricole. Plus de 323 000 réponses ont été comptabilisées, en provenance d’horizons divers tant l’agri-culture est un secteur qui cristallise les opi-nions : associations, ONG, lobbyistes en tous genres, agriculteurs bien sûr se sont massi-vement exprimés. Dès le mois de juillet 2017, Phil Hogan, commissaire en charge de l’agri-culture, en présentera les éléments de syn-thèse. Ensuite, avant la fin 2017, Jean-Claude Juncker, président de la Commission euro-péenne, devrait présenter les grandes lignes et orientations politiques de la Pac qui verra le jour après 2020. Les propositions législa-tives sont, elles, attendues en 2018. Pourront alors s’ouvrir les négociations officielles entre Conseil des Ministres de l’agriculture, Parle-ment européen, et Commission européenne. Négociations qui risquent d’être longues et compliquées compte tenu du contexte euro-péen.
...qui pourrait être bouleversé par le brexit...Le calendrier de la future Pac est loin d’être certain car il est très dépendant d’autres négociations ou échéances. En particulier celles liées au Brexit lancées en mars dernier et celles relatives au futur budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027 qui doivent démarrer en 2018. Le Brexit dont les négociations vont durer en principe deux ans aura forcément un impact sur la future Pac, au moins sur le plan budgétaire. D’après les analystes (le think tank Farm Europe notam-ment), le Royaume-Uni contribue globale-ment à hauteur de 10,5 % au budget de l’Union européenne. Sa contribution au budget de la Pac se situe à 5 %, soit aux alentours de sept milliards d’euros par an, pour un bénéfice au même titre de quatre milliards d’euros. L’impact financier du Brexit sur la Pac serait donc de l’ordre de trois milliards d’euros. Dif-ficile à ce stade de dire quelles en seront les conséquences pour le budget de la future Pac qui fera partie intégrante des négociations du budget européen. Il dépendra de la priorité qui sera donnée au domaine agricole par rapport à d’autres dépenses qui pourraient monter en puissance (accueil des migrants, défense, sécurité, recherche…). Et du budget alloué à la Pac pour l’après 2020 dépendra nécessai-rement le contenu de la Pac elle-même.
...et les élections européennesLe calendrier de l’élaboration de la Pac post 2020 pourrait également être ralenti par les élections européennes qui auront lieu en juin 2019. L’élection des députés européens sera suivie de la nomination des nouveaux membres de la Commission européenne. Il paraît peu probable que ces nouveaux acteurs poursuivent les négociations de la future Pac
sur la base des propositions de l’ancienne Commission… Ils voudront certainement ap-porter leur pierre à l’édifice. Compte tenu des différents éléments d’incertitudes, beaucoup s’accordent à dire que la Pac post 2020 devrait voir le jour au plus tôt en 2022 voire 2023.
la volatilité des prix au coeur des réflexionsAu cœur de tous les débats, de toutes les ré-flexions sur la Pac aujourd’hui, il y a une ques-tion majeure : comment aider les agriculteurs à mieux faire face à la volatilité des prix ? La Pac peut et doit bien sûr apporter une partie de la réponse à cette question. Des proposi-tions dans ce sens sont déjà sur la table. En France deux think tanks sont très actifs sur le sujet : Farm Europe et Momagri. Tous deux exercent un lobbying important pour diffuser leurs idées au sein des Etats membres et des instances européennes. Côté Farm Europe,
ce sont les dispositifs assuranciels (assu-rances récoltes et fonds de mutualisation) combinés au maintien d’aides directes et à un renforcement du soutien à l’investissement qui constituent le cœur de la proposition. Momagri propose une refonte radicale de la Pac avec l’introduction d’aides dites « contra-cycliques » pour les secteurs des céréales, oléagineux et du lait ; ces aides sont versées aux producteurs uniquement lorsque les prix tombent en deçà d’un certain niveau défini au niveau européen.Dans un contexte de délitement de l’Union européenne, de montée de l’euroscepticisme et de vives critiques sur le rôle de la Pac, celle qui verra le jour après 2020 devra faire la preuve qu’elle est réellement utile à l’agricul-ture européenne et qu’elle peut répondre aux inquiétudes des agriculteurs au sujet des prix.
Mary [email protected]
Le calendrier prévisionnel de l’élaboration de la Pac post 2020
Un calendrier serré…
PAC
Budget
Fin 2017 : proposition du
futur cadre financier
pluriannuel de l’UE par la Commission
… et fortement imbriqué
Elections
Juin 2019 :Parlement européen
2e
semestre 2019 :
nouvelle commission
Brexit
Consultation publique
Début 2017
Grandes orientations politiques
Propositions législatives
Négociations Adoption et mise en œuvre
Avant fin 2017 2018 2018 -... ? 2021-22 ou 23 ?
de consommation de céréales en
stock dans le monde.
90 jours
de tonnes de céréales produites
dans le monde pour la campagne 2016-2017, record
absolu.
2,1 milliards
de blé exporté en 2016 par la France
qu’en 2015.
2 fois moins
8 / / 9
Les pays de la Mer Noire sont
les premiers exportateurs
mondiaux de blé.
Gagner en compétitivité, se
sécuriser face aux risques prix
et rendement : 3 challenges à
relever.
Rares sont les agriculteurs à
connaître leur coût de production en
cultures de vente.
Grandes cultures
trop de blé dans le monde, trop d'eau en franceRendements en repli et prix mondiaux en berne constituent la combinaison perdante des résultats économiques 2016, même si la Bretagne est finalement mieux lotie que d’autres régions françaises. Soumis aux marchés mondiaux et aux aléas climatiques, les agriculteurs doivent trouver les solutions pour gagner en compétitivité et devenir plus robustes face aux risques prix et rendement.
2016 restera dans les mémoires comme une année atypique
à plusieurs titres. Une série d’évènements exceptionnels a en effet ponctué le cycle des cultures : attaques de pucerons à l’automne sur céréales, puis de mouche Geomyza sur maïs, deux ravageurs favorisés par l’hiver 2015/2016 le plus doux depuis 1900. La météo à l’approche de la moisson, par ailleurs mar-quée par les inondations en région Centre Val de Loire et Ile-de-France, a provoqué en Bre-tagne une verse importante et des défauts de remplissage des grains préjudiciables au ren-dement. La production bretonne de céréales atteint finalement 3,8 millions de tonnes (Mt), en baisse de 11 % par rapport à la moyenne quinquennale. L’orge combine une baisse des surfaces et une chute significative de rende-ment (-11 quintaux/ha par rapport à 2015), tandis que la production de maïs grain recule de 20 % par rapport à la moyenne quinquen-nale. Le colza tire son épingle du jeu avec un rendement dans la moyenne (35 q/ha). Ce triste tableau est à relativiser au regard de la situation française : la production de blé par exemple passe de plus de 40 Mt en 2015 à 27,8 Mt en 2016, soit -31,9 %. En Bretagne la baisse se limite à 12 %. La qualité est éga-lement au rendez-vous en Bretagne avec des taux de protéines voisins de 11,5%, et des PS1 supérieurs à 76 kg/hl. En France seuls 24 % des blés dépassent cette valeur.Le bilan breton contraste donc avec le bilan national, qui lui-même se trouve en décalage avec la situation mondiale. Celle-ci est mar-quée par de très bonnes récoltes en Russie, aux Etats-Unis et en Australie. Face à une consommation mondiale qui croît à rythme modéré, 2016 est la 4e année où la production est supérieure à la consommation. Consé-quence : une consolidation des stocks mon-diaux qui atteignent leur plus haut niveau depuis 1985 avec 508 Mt. Les producteurs bretons subissent donc une déconvenue à deux niveaux : rendements en retrait et prix
bas. Les prix payés aux producteurs au 31 décembre 2016 baissent sur un an de 13 % en blé, 23 % en orge. Seul le maïs grain est à la hausse de 16 % grâce notamment à des frais de séchage réduits.
produire du blé pour en gagner ?Il est légitime face à de tels chiffres de s’inter-roger sur la rentabilité des productions végé-tales pour les agriculteurs bretons. Le critère économique n’est naturellement pas le seul à considérer, sachant que les cultures de vente contribuent à l’équilibre des rotations et donc à la productivité des surfaces fourragères nécessaires à l’alimentation des animaux. Connaître quelques indicateurs économiques permet néanmoins de piloter ses productions au plus juste. Les marges brutes calculées au sein des groupes cultures animés par les Chambres d’agriculture sont de 577 €/ha en blé, 390 €/ha en orge, 908 €/ha en colza et 677 €/ha en maïs grain en 2016. Même si le critère de marge brute reste partiel parce qu’il n’intègre pas toutes les charges de pro-duction, on observe un net décrochage par rapport à la période 2010-2012 et à 2015 où les marges avoisinaient les 1 000 €/ha. Lorsque l’on sait qu’aux charges d’intrants, il faut ajouter le coût de mécanisation, le fon-cier, la main d’œuvre pour aboutir à la marge nette d’une production, il est aisé d’imaginer qu’avec une marge brute de 577 €/ha, la pro-duction de blé dégage peu de revenus, même s’il faut intégrer le produit paille et les aides Pac.
double peine, triple challengeLe contexte 2016 marqué par la double peine rendements et prix bas conduit l’agri-culteur breton vers un triple challenge : connaître et optimiser son coût de production,
(1) PS : Poids Spécifique
gérer le risque rendement et se protéger de la volatilité des prix de vente. Ce sont les trois conditions pour rendre son système résilient et capable de passer les crises à la fois clima-tiques et liées au marché. Constat de terrain : rares sont les agricul-teurs capables aujourd’hui de situer leur coût de production à la tonne de blé par exemple, alors que c’est là un critère mieux connu pour les productions animales (lait, viande). Les chiffres cités par la presse agricole se situent dans une fourchette de 160-180 €/t en prix d’intérêt (prix minimum de vente pour couvrir les charges, aides Pac déjà comptabilisées), tandis que les premières estimations des Chambres d’agriculture de Bretagne abou-tissent à des valeurs plus proches de 100 €/t. Preuve supplémentaire de la difficulté à har-moniser les méthodes de calcul, qui plus est dans une région d’élevage où il est toujours difficile de ventiler les charges entre ateliers animaux et végétaux. Une fois son coût de production déterminé, reste à l’optimiser en actionnant les leviers adaptés : raisonnement des intrants selon le potentiel parcellaire et le contexte climatique, choix d’une stratégie de mécanisation adaptée sont les deux prin-cipaux chantiers actuellement menés dans l’accompagnement des agriculteurs.
Concernant la gestion du risque rendement, des solutions agronomiques existent pour rendre son système robuste aux aléas (rota-tions diversifiées, mélanges variétaux etc.), mais l’outil ad hoc prévu à cet effet est l’assu-rance récolte. Son succès auprès des agricul-teurs n’est hélas pas au rendez-vous : seules 26 % des surfaces en grandes cultures en France sont assurées selon l’AGPB2. En cause notamment le seuil de déclenchement fixé à 30% de pertes jugé trop élevé. La gestion du risque prix enfin est possible via des outils comme le contrat à prix ferme ou les stratégies de marché à terme (couverture, options). Même si elle demande formation et accompagnement pour les agriculteurs bre-tons pour qui l’enjeu principal reste les pro-ductions animales, elle peut permettre de ga-gner en visibilité dans un contexte tourmenté.
Lionel Quéré[email protected]
(2) AGPB : Assemblée Générale des Producteurs de Blé
Production des principales céréales bretonnes au plus bas depuis 4 ans
0
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
Maïs grainOrgeBlé
2016201520142013201220112010
3 5713 746
3 5103 717
4 410
3 9133 562
En milliers de tonnes
Source : Agreste – Statistique Agricole Annuelle provisoire
Presque 300 000 tonnes d’aliments
industriels en moins en 2016 en
Bretagne.
Attentes sociétales : un
enjeu pour la nutrition animale.
Haut niveau d’expertise des
acteurs au service des éleveurs.
des aliments fabriqués sont bio.
1 %
de production européenne en
2016.
-1 %
d’aliments industriels en
2016.
7,8 Mt
10 / / 11
Alimentation animale
répondre aux attentes sociétales
Développement de la consommation de produits bio, sans OGM, démédication mais aussi volonté de plus de transparence sur leurs métiers… Les acteurs du secteur de l’alimentation animale doivent composer avec les nouvelles attentes sociétales. Menace ? Opportunité ? Des chantiers déjà initiés par la profession qui se positionne aussi à la conquête de nouveaux marchés et de plus de valeur ajoutée.
L a fabrication d’aliments industriels en Bretagne passe sous la barre sym- bolique des 8 millions de tonnes (Mt)
en 2016. Ce sont presque 286 000 tonnes de moins qu’il y a un an, 728 000 tonnes au niveau national ; le reflet des diverses crises traversées par les productions animales bre-tonnes.
Un coup dur pour la profession. Elle subit de plein fouet la combinaison d’une moindre demande d’aliment en production porcine (-112 000 tonnes sur un an) et d’une situa-tion compliquée, plus conjoncturelle, avec les vaches laitières (-73 000 tonnes) et les poulets (-93 000 tonnes). Cette dernière est fortement impactée par le vif repli des exportations de poulets de chair vers le Moyen-Orient notam-ment.
Marqueurs de la pratique de la fabrication d’aliment directement à la ferme, les volumes d’aliments complémentaires achetés auprès des industriels et à destination des porcs charcutiers et des truies semblent se stabili-ser cette année.
Il ne s’agit en rien d’un essoufflement du phénomène : le plus fort taux de protéine des céréales à paille récoltées en 2016 permet de limiter les taux d’incorporation des aliments complémentaires. Cela devrait être contre-carré sur le premier semestre 2017 du fait de la moindre qualité des récoltes de maïs, sans pour autant faire exploser les volumes à la sortie des usines…
Au niveau européen, le recul de l’activité en 2016 est de l’ordre de 1 %. La Fefac1 mise sur la poursuite du rythme de baisse pour 2017 (-2 % en bovins, -1 % en porcs et -0,5 % en volailles).
En Bretagne, les statistiques sur les deux premiers mois de l’année en cours font état d’un coup de frein de l’activité pour les dindes (-11 %).
bio, local, sans ogm...En 2016, ce sont 91 500 tonnes d’aliments bio qui sont produites en Bretagne. Les volumes ont quasiment doublé sur les dix dernières années. Leurs évolutions sont variables d’une année sur l’autre, mais entre 2015 et 2016, ce sont 8 % de volumes en plus qui sont sortis des usines bretonnes. Représentant seule-ment 1 % du volume global, ces aliments sont essentiellement destinés à la volaille et plus particulièrement aux poules pondeuses (80 % des aliments bio). Un phénomène qui devrait perdurer voire s’amplifier avec la demande des consommateurs en œufs alternatifs. Certains industriels investissent dans l’exten-sion de leur capacité de production (UFAB la filiale de la coopérative Le Gouessant), mais cela n’est pas qu’une affaire d’acteurs spé-cialisés en bio, des tests sont en cours chez d’autres (Groupe Michel…). Si la filière bre-tonne se positionne sur ce marché, l’enjeu pour elle restera bien la gestion des faibles disponibilités de matières premières bio com-posant l’aliment. Des filières locales sont à pérenniser ou à créer et… pas qu’en bio. L’ambition de réduire la dépendance du sec-teur aux protéines d’importation est toujours plus forte. Des initiatives pour des alterna-tives voient le jour (mise en place d’une filière locale de production de fèverole de printemps par Le Gouessant, essais d’implantation de culture de soja par l’organisme de recherche Terres Inovia…) dans un contexte de poten-tielle réduction des disponibilités de tour-teaux d’oléagineux et de drèches de maïs métropolitains, pour le coup non OGM… une conséquence directe de la proposition régle-mentaire de la Commission européenne de réduire le taux d’incorporation des biocarbu-rants de première génération dans le marché des carburants pour la période 2020-2030.Même la logistique s’y met. Le port de Lorient, fortement concurrencé par l’activité d’impor-tation de tourteaux de Montoir Saint-Nazaire, mise sur le soja non OGM, le bio ou encore des sources de protéines diversifiées.
plus de valeur ajoutéeLes acteurs du secteur redoublent d’idées en termes de solution de substitution de leurs approvisionnements. Ainsi, les écarts de production2 de l’industrie agroalimentaire (biscuiterie…) représentent un véritable gise-ment en Bretagne. Leur valorisation en ali-mentation animale contribue du même coup à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Plus loin, des perspectives de valorisation de farine d’insectes, prochainement autorisée en alimentation aquacole, sont envisagées.Parce que l’activité régionale en volumes recule tous les ans, les fabricants d’aliments du bétail, qu’ils soient de statut coopératif ou privé, travaillent à leur avenir. Quels peuvent être les facteurs de soutien de leur activité, dans un contexte de prix des matières pre-mières volatils et attendus en hausse pour l’année 2017 ?
Le volume seul ne fera pas la croissance. D’autres leviers existent. Respect de l’envi-ronnement, du bien-être animal, gestion du-rable des ressources… sont à l’ordre du jour dans les stratégies d’entreprise. Travailler à la démédication dans le cadre de la lutte contre l’antibiorésistance est un véritable changement de production chez les acteurs (Cooperl Arc Atlantique, Terrena). Et, ils le font savoir en communiquant sur leurs pro-duits finis auprès des consommateurs.Finalement, l’alimentation animale devient une préoccupation des amateurs de viande, pas uniquement celle des fabricants et des éleveurs !
Julie [email protected]
(1) Fédération européenne des fabricants d’aliments composés.
(2) Les denrées alimentaires qui ne sont plus aptes à la consommation humaine.
Moindre demande des principales productions animales en 2016
Catégories TonnesÉvolution
par rapport à 2015
Part dans le global
Porcins 3 588 957 -3 % 46 %
dont aliments complémentaires* pour porcs charcutiers
485 643 0 % 6 %
dont aliments complémentaires* pour truies
54 329 +5 % 1 %
dont porcs bio 2 216 +8 % 0 %
Volailles 2 906 883 -3 % 37 %
dont volailles bio 80 397 +11 % 1 %
Bovins hors mash 998 892 -7 % 13 %
dont vaches laitières 849 820 -8 % 11 %
dont bovins bio 3 226 +4 % 0 %
Ovins hors mash 5 438 -6 % 0 %
Caprins hors mash 2 393 +22 % 0 %
Mash 45 895 +18 % 1 %
Lapins 48 829 -11 % 1 %
Poissons 48 407 -5 % 1 %
dont poissons bio 5 195 -31 % 0 %
Équins 31 190 +2 % 0 %
Gibiers 3 930 +8 % 0 %
Autres animaux 15 +15 % 0 %
Aliments d'allaitement 91 619 +15 % 1 %
TOTAL 7 772 448 -4 % 100 %
Source : Coop de France Nutrition animale – Snia, statistiques provisoires à 99 %(*) Aliments utilisés pour la fabrication d’aliment directement à la ferme.
BIO
focusEmploi • compétence • formation
Doublement du nombre d’appels
en France sur la plate-forme
téléphonique de prévention du
suicide de la MSA entre 2015 et
2016.
Pour la MSA, la piste des
pré-retraites doit être envisagée.
Novembre 2016 : accord-cadre Ministère de
l’agriculture – Vivea – Pôle emploi pour accompagner
et former les agriculteurs
dans leurs reconversions et transitions
professionnelles.
12 / /13
quelles conséquences des crises pour les éleveurs bretons ?
Les crises en productions laitière et porcine ont fortement impacté les élevages. Si la situation s’améliore en porc, on ne voit pas encore le bout du tunnel en lait. La crise touche particulièrement les élevages les plus fragiles. Les plus performants arrivent à résister. Et un signe qui montre que tout ne va pas si mal : le marché du travail, avec un nombre d’offres d’emploi durable qui ne fléchit pas en 2016.
L es élevages laitiers et porcins bretons ont été durement touchés par les crises agricoles de ces dernières an-
nées. En lait, même si le pire semble passé, la crise est toujours d’actualité. La frange la plus fragile des éleveurs connaît des difficul-tés financières importantes. Le déficit de tré-sorerie continue de s’accroître. Seuls les plus efficaces arrivent à maintenir leur résultat en ajustant leurs charges et en valorisant leurs coproduits. En production porcine, plusieurs années de crise ont mis à mal nombre d’éle-veurs.
une situation très difficile pour une partie des agriculteursLes revenus agricoles ont été particulière-ment affectés par les difficultés dans les fi-lières animales. En Bretagne, selon la MSA, 32 % des agriculteurs ont eu un revenu1 men-suel inférieur à 354 € en 2016, contre 23 % en 2015. Le nombre de ces agriculteurs au reve-nu inférieur à 11 % du PASS (Plafond annuel de la sécurité sociale) a donc progressé de 33 % en un an.En 2016, les Chambres d’agriculture de Bre-tagne ont accompagné plus de 500 agricul-teurs en difficulté. 44 agriculteurs ont pu bé-néficier du dispositif Agridiff (Agriculteurs en difficulté) et 86 ont perçu une aide à la recon-version professionnelle (ARP). Agridiff est un dispositif d’aides aux exploitations agricoles en difficulté. Il permet de leur proposer un diagnostic de l’exploitation, un plan de redres-sement et un suivi. L’objectif est de prendre la situation le plus en amont possible, avant que les difficultés soient insurmontables et d’éviter la liquidation judiciaire. Quant à l’ARP,
elle s’adresse aux agriculteurs contraints de cesser leur activité agricole parce que leur ex-ploitation a été jugée inapte au redressement ou qu’elle a été soumise à l’ouverture d’une liquidation judiciaire. Le nombre de dossiers Agridiff et ARP augmente peu (+3 % globale-ment) entre 2015 et 2016. Néanmoins, sur le terrain, le nombre de sollicitations d’agricul-teurs pour des demandes d’aide ou d’accom-pagnement est particulièrement important.Selon les données publiées par la société Altares, le nombre de défaillances (redresse-ments judiciaires et liquidations judiciaires) d’entreprises agricoles bretonnes augmente de 85 % entre 2015 et 2016, passant de 67 à 124. L’essentiel de l’augmentation concerne les élevages (+122 %), tandis qu’en culture, la hausse est de 9 %. Le chiffre de 124 dé-faillances en agriculture peut sembler mo-deste comparé aux 28 000 exploitations que compte la région (soit 0,4 %), mais son évo-lution est à surveiller et chaque cas est une épreuve pour les personnes concernées.Les difficultés financières engendrent des problèmes de santé, de moral, de relations entre associés et/ou au sein de la famille. Les problèmes s’accumulent. La situation est d’autant plus dramatique pour ceux qui se sont installés depuis peu ou pour ceux qui ont investi récemment.
fortes disparités entre exploitationsSi bon nombre d’exploitations sont dans des situations difficiles, toutes ne subissent pas les crises avec la même intensité. Les capacités de résistance aux variations de la conjoncture sont donc très différentes d’une exploitation à l’autre. Les choix de gestion en termes technique, économique et d’organisa-
tion induisent des niveaux de productivité, de charge de travail et de rentabilité économique très différents selon les exploitations. D’autres facteurs jouent également comme le niveau d’endettement, le type de débouchés et de commercialisation des produits, la création de valeur ajoutée… Autant d’éléments qui rendent les exploitations plus ou moins résilientes face à des marchés agricoles de plus en plus ins-tables et volatils.
maintien des besoins en recrutement de salariésCôté salariat, les AEF (Associations emploi formation) de Bretagne ne constatent pas de baisse significative du nombre d’offres d’em-ploi. Les offres durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois) se maintiennent. Quant aux offres d’emploi de courte durée, leur nombre a sensi-blement diminué. Sur 2016, les bourses d’em-ploi des AEF ont collecté près de 2 200 offres. Ce sont les secteurs de l’élevage qui proposent le plus d’emplois durables (63 % contre 46 % tous secteurs agricoles confondus). C’est en productions laitière et surtout porcine que les employeurs ont le plus de mal à trouver des salariés. Les tensions sur le marché du tra-vail sont récurrentes en porc, avec un manque important de candidats. Ce secteur souffre d’un réel déficit d’image et, par voie de consé-quence, d’un problème d’attractivité de ses métiers. Or, comparativement aux autres acti-vités d’élevage, la production porcine est un secteur fortement pourvoyeur d’emplois sala-riés. Les difficultés de recrutement sont plus récentes en lait où l’emploi salarié se déve-loppe de manière significative depuis quelques années.Ces éléments montrent que, malgré les dif-ficultés économiques, le secteur agricole conserve une réelle dynamique de recrute-ment.
Anne [email protected]
(1) Revenu professionnel dégagé par l’exploitation. Il permet de couvrir les besoins privés de l’agriculteur et l’autofinance-ment de l’exploitation. Il sert de base à l’administration fiscale pour déterminer le montant de l’impôt sur le revenu et à la MSA pour le calcul des cotisations sociales.
> +122 % de défaillances dans les élevages bretons entre 2015 et 2016
> Une majorité d’offres d’emploi durable en élevage
22
45
24
100
0
20
40
60
80
100
120
Culture Elevage
Nombre de défaillances
2015
2016
Evolution Bretagne +9 % +122 % 2015/2016 (France) (-8 %) (+8 %)
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
Elevage bovin lait et viande
Polyculture élevage
Elevage porcin Aviculture Autres élevages (ovin, caprin,
équin, aquaculture...)
Machinisme Horticulture, pépinières,
maraîchage, arboriculture
Forêt, paysage, JEV
Nb d'offres
Emploi durable (> 6 mois)
Emploi temporaire (1 à 6 mois)
Emploi occasionnel (< 1 mois)
Insertion et qualification
Source : Altares
Source : AEF de Bretagne, cumul des offres d’emploi déposées dans les AEF en 2016
Le prix du beurre atteint plus de
4 200 €/tonne, en hausse de 46 %
en un an. Pour la poudre de lait
écrémé, la hausse n’est que de 15 %.
Début 2017, les stocks européens de poudre de lait
écrémé équivalent à plus de 90 jours
de production annuelle moyenne
européenne de poudre.
La mesure européenne de réduction de la
collecte prévoit le retrait d’environ
1 milliard de litres, moins de 3 %
de la production trimestrielle
moyenne européenne.
/ 15
Baisse du résultat 2016 disponible
par actif familial au sein des
exploitations laitières du
dispositif Inosys-Réseaux d’élevage
de Bretagne.
-40 %
Baisse du prix des charges mesurées
par l’Ipampa lait entre 2015 et 2016.
-1,8 %
de chiffre d’affaires à
l’exportation pour la filière bretonne
en 2016, 3 % de plus qu’en 2015.
687 M€
14 /
Lait
éclaircie durable ?
La filière se remet péniblement de deux années tempétueuses. L’amélioration du prix du lait reste timide. Côté produits laitiers, l’horizon se dégage plus ou moins selon les produits. Sur le marché français, une accalmie se dessine. La crise a bousculé tous les maillons de la filière, jusqu’à l’échelon législatif. Tous recherchent des alternatives pour regagner de la valeur et mieux sécuriser l’activité.
L es nuages se dissipent peu à peu sur les marchés laitiers. La production mondiale recule. La demande et les
prix se redressent, notamment pour les matières grasses. L’horizon s’avère plus nuageux pour la poudre maigre. La remontée de ses prix reste modeste ; les stocks européens pèsent lourdement sur le marché. Heureusement, la Commission européenne gère prudemment leur mise en vente. Les exportations européennes sont redynamisées. En Bretagne, après trois années de baisse, les ventes à l’export marquent en 2016 une faible hausse. Pour autant, 2017 sera-t-elle une année de retour à l’euphorie ? Les experts en doutent et rappellent combien les marchés mondiaux sont devenus imprévisibles.Sur le marché français, à l’issue des négociations commerciales annuelles avec la distribution, les industriels auraient décroché fin février 2017 des hausses de prix sur une partie de leurs produits laitiers. Un résultat obtenu malgré le repli de la consommation des produits laitiers. Les accords ne portent cependant que sur une partie du marché des produits de grande consommation : ceux vendus sous marque nationale. Or, les produits laitiers sont également commercialisés sous marque de distributeur ou en produits premier prix, ainsi qu’à la restauration hors domicile (RHD). Sur ces segments, les négociations tarifaires ne sont pas encore conclues... l’enjeu reste fort !
moral en berneMalgré les signaux positifs, difficile d’effacer deux années de crise. Face à la chute du prix du lait, les éleveurs ont à nouveau réduit leurs coûts, notamment en diminuant les achats d’aliments utilisés pour nourrir les vaches. Nombreux sont ceux qui diffèrent une partie de leurs investissements. Les prix d’une grande partie de leurs charges ont reculé. Cependant, leur baisse ne suffit pas à compenser la diminution du prix du lait. Autres facteurs de difficulté, 2016 est
marquée par la réduction des aides de la Pac, ainsi que des prix des céréales et des récoltes fourragères décevants. Finalement, la collecte laitière bretonne fléchit légèrement en 2016. Dans ces conditions, les résultats des élevages se dégradent à nouveau. Inosys-Réseaux d’élevage, un dispositif qui suit des exploitations laitières performantes, estime le résultat disponible par actif familial en baisse de 40 % par rapport à 2015. Pour tenir, beaucoup d’éleveurs ont réduit leur rémunération. Début 2017, le moral n’est pas là, d’autant que le prix du lait peine à remonter. Les opérateurs évoquent un prix de base annuel compris entre 300 et 330 €/1 000 litres. Cela ne suffira pas à reconstituer les trésoreries.
a situation exceptionnelle, mesures exceptionnellesFace à l’ampleur et à la durée de la crise, la Commission européenne décide mi-2016 de mettre en place un plan d’accompagnement à la baisse de la collecte européenne. Il s’agit de subventionner à hauteur de 140 € la tonne de lait non produite par les éleveurs. La France majore ce montant de 100 € pour un effet encore plus incitatif. La filière française réclamait une intervention de ce type depuis plusieurs mois, malgré l’opposition initiale de la plupart des Etats membres. Sa mise en œuvre est donc perçue comme une victoire politique. Mais de nombreuses insuffisances sont relevées. Activée plus vite, la mesure aurait permis une sortie de crise plus rapide et plus franche. Non obligatoire, elle porte sur un volume modeste. A plus long terme, le plan européen présage-t-il la mise en place de nouveaux outils de gestion de crise dans le cadre de la future Pac ?Cette crise pousse les opérateurs de la filière dans leurs retranchements. Au-delà de l’habituelle stratégie de réduction des coûts, ils explorent de nouvelles voies pour sécuriser leur activité. La Fédération Nationale des
Producteurs de Lait (FNPL) lance ainsi sa Charte de Valeurs en amont des négociations tarifaires 2016. Objectifs : encourager les transformateurs et les distributeurs à mieux partager les risques de volatilité des prix, limiter les fluctuations de prix et informer davantage les consommateurs sur l’origine du lait. Plusieurs distributeurs signent cette charte, qui rencontre moins de succès auprès des transformateurs.
éleveurs à la recherche d'alternativesCôté éleveurs, les deux dernières années voient un bond des demandes de conversion à l’agriculture biologique. Cette tendance s’inscrit dans le cadre d’un développement de la consommation. Les ventes en magasin de produits laitiers bio affichent des taux de croissance allant de 6 % à 23 % pour les principaux produits. Dans le même temps, seuls les achats de fromages progressent en conventionnel. Conscient du potentiel du marché bio, l’aval de la filière se montre ambitieux. Biolait, spécialisé dans la collecte de lait bio, se développe partout en France. Lactalis souhaite accompagner 150 élevages supplémentaires, en plus des 500 qui lui livrent déjà du lait. Eurial envisage de porter sa collecte bio de 60 à 100 millions de litres en deux à trois ans. Sodiaal veut accroître son approvisionnement
de 150 millions de litres entre 2015 et 2020. Le potentiel atteindrait 30 millions de litres en Bretagne, région où le groupe ne collectait pas de lait bio. Pour autant au niveau des élevages, la période de conversion correspond à une fragilité accrue. Il leur faut adapter le système d’exploitation au cahier des charges bio… mais sans bénéficier du prix du lait bio, même si certains perçoivent une aide à la conversion. Une autre stratégie consiste à tisser des liens plus forts entre les élevages, le transformateur et le distributeur. 2016 voit fleurir des contrats établis entre ces trois maillons. A la clef, pour les éleveurs, un prix du lait plus élevé et moins volatil. Sa contrepartie : un cahier des charges. Durée de pâturage minimale, alimentation des vaches sans OGM ou bleu-blanc-cœur, attention accrue au bien-être animal… peuvent figurer parmi les conditions à respecter. Les volumes cumulés de toutes ces démarches restent modestes, mais la demande des consommateurs semble au rendez-vous. Outre-Manche, des dispositifs similaires existent déjà depuis de nombreuses années. L’expérience le prouve, des dérives existent. L’inflation des cahiers des charges semble souvent inévitable, pour maintenir une différenciation du produit avec celui de la concurrence. Face à une montée en flèche des exigences, le prix du lait finit par être moins
Recul de la collecte et des prix
Bretagne France
Collecte en 2016 (Mds de litres) 5,3 24,0
Evolution par rapport à 2015 -1,7 % -2,5 %
Prix réel du lait en 2016 (€/1 000 litres) 295 312
Evolution par rapport à 2015 -7,9 % -6,4 %
Ipampa lait en 2016 - 108,0
Evolution par rapport à 2015 - -1,8 %
Ipampa aliment acheté en 2016 - 113,9
Evolution par rapport à 2015 - -4,5 %
Source : Enquête mensuelle laitière SSP/FranceAgriMer, Idele
Part de la collecte nationale de lait
bio assurée par la Bretagne en 2015.
22 %
Prix moyen du lait bio payé aux
producteurs dans le bassin grand
ouest.
456 €/1 000 l
élevages livrent du lait en Bretagne fin
2016.
11 500
La production laitière biologique
fait des émules. La filière souhaite un pilotage de la croissance de la
production de lait bio pour éviter la
déstabilisation du marché.
Les achats de produits bio
représentent 7,5 % de l’ensemble des
achats de lait de consommation,
3,4 % pour les yaourts et le beurre mais
seulement 0,5 % pour les fromages.
La loi Sapin 2 imposera à tous
les industriels privés une forme
de prise en compte du coût
de production des élevages dans la formule de calcul
de prix du lait.
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rémunérateur. Le pilotage de ces démarches est une autre source de questionnement. Dans de nombreux cas, le distributeur prend en main la filière, s’approprie un surcroît d’image –défenseur des éleveurs et des consommateurs– tout en définissant les contraintes qui s’appliquent aux deux autres maillons. Ceux-ci se retrouvent alors relégués au rôle de prestataires de service et perdent la maîtrise du produit.La reprise en main totale de la collecte, de la transformation et de la commercialisation du lait figure parmi les autres pistes explorées par des collectifs d’éleveurs. Deux exemples récents sont mis en avant dans le grand ouest : En direct des éleveurs, démarche développée en Loire-Atlantique et l’initiative de Lait’Sprit d’éthique à Trémorel. Ce dernier projet est porté depuis plusieurs années par une cinquantaine d’éleveurs bretons. Il se concrétise début 2017 avec la commercialisation en Bretagne de briques de lait de consommation. Les laits « territoriaux» représentent une niche sur le marché. Y aura-t-il de la place dans la région pour beaucoup d’autres initiatives de ce type ?
segmentation et sécurisation : l'aval aussiLes transformateurs cherchent aussi à accroître leur différenciation. L’empreinte carbone constitue un axe de travail pour plusieurs d’entre eux. Sur le volet territorial, une piste réside notamment
dans la valorisation de leur produit dans les circuits locaux de RHD. Compte tenu de la réglementation, les opérateurs ne peuvent se contenter d’afficher l’origine locale de leur produit pour obtenir un appel d’offre. Ils doivent être compétitifs sur le prix. Pour emporter le marché, d’autres éléments discriminants peuvent être mis en avant. Ceci repose la question des cahiers des charges spécifiques à mettre en place. Des démarches qui se heurtent à une logique de massification de la collecte et de la transformation : les équilibres sont à repenser.L’aval explore aussi diverses pistes de sécurisation des éleveurs. Ainsi, Danone, transformateur non présent en Bretagne, rémunère ses livreurs de lait à un prix qui tient compte de leur coût de production. Chez Triballat, le prix évolue entre un niveau plancher et un niveau plafond, tout en étant indexé à des indicateurs de marché. Sodiaal teste un contrat dit « à marge garantie » sur une partie des volumes valorisés au prix du beurre et de la poudre (volume B). Le prix est indexé sur l’évolution de différents indicateurs, notamment pour refléter les variations du prix des charges des éleveurs. La généralisation de ce contrat ne sera envisageable que si la coopérative trouve des clients qui s’engagent sur la durée à acheter un volume équivalent à celui contractualisé avec les éleveurs. D’autres réflexions émergent autour des marchés à terme pour sécuriser le prix de vente des produits industriels.2016 aura été marquée par le foisonnement
Lait
Développement de la production laitière bretonne bio
Dynamisme de la consommation de produits laitiers bio en France en 2016
Collecte (en millions de litres)
Nombre d’exploitations livrant du lait
2010 2015 2010 2015
Bretagne 57 126 243 423
France Métropolitaine 277 571 1 326 2 172
Part de la Bretagne dans le total France 21 % 22 % 18 % 19 %
Source : Agreste, Enquête annuelle laitière SSP/FranceAgriMer
Lait de consommation
Ultra-frais
dont yaourts
dont fromages frais
dont desserts frais
Beurre
Crème
Fromage au lait de vache
Evolution 2016/2015
Tous produits laitiers Produits laitiers bio -2,8 %
-0,8 %
-1,0 %
-2,3 %
-1,4 %
+6,4 %
+18,0 %
+14,7 %
+0,8 %
+0,1 %+23,2 %
+22,2 %
+1,4 %+26,6 %
Volumes de produits laitiers achetés par les ménages
Source : FranceAgriMer d’après panel Kantar Worldpanel, cumul annuel du 28.12.2015 au 25.12.2016
d’initiatives, à tous les maillons de la filière, pour atténuer les effets de la crise. Cette année, la loi Sapin 2 remet sur le devant de la scène l’équilibre des relations entre éleveurs, transformateurs et distributeurs. Si elle impose une réécriture des contrats laitiers établis entre éleveurs et transformateurs privés, elle est peu directive dans le détail. Les Organisations de Producteurs et leurs Associations auront à faire preuve d’expertise et d’habilité dans la négociation pour obtenir des conditions favorables pour leurs membres. Par ailleurs, entre les transformateurs et les
distributeurs, la loi rend obligatoire la prise en compte de nouveaux indicateurs, tels que le prix du lait annuel prévisionnel qui sera payé aux éleveurs. Les discussions promettent d’être tendues !
Maud [email protected]
BIO
BIO
Production supplémentaire
espagnole en 2016.
205 000 tonnes
Part de la production de l’UE
exportée vers la Chine.
7 %
Prix de base au Marché du Porc Breton en 2016.
1,293 €/kg
18 / / 19
Porc
une année sous le signe de la chine
La forte présence chinoise à l’achat sur le marché mondial a soulagé le marché. Le prix s’est amélioré permettant aux éleveurs de retrouver de la lisibilité. Par contre la demande intérieure ne décolle pas. L’année 2017 démarre sous la même configuration. L’évolution de la conjoncture dépendra du devenir de la demande asiatique, mais aussi de l’équilibre du marché européen.
Après deux années de crise, l’année 2016 commence difficilement avec une production notable dans de nombreuses zones géogra-phiques (Union européenne, Etats-Unis, Bré-sil). La consommation intérieure reste atone. Ce contexte se traduit par des prix au plus bas en début d’année, avec une moyenne de 1,109 € au Marché du Porc Breton (MPB) sur les quatre premiers mois 2016. Alors que les perspectives de sortie de crise semblaient du-rablement compromises, tout change en mai. Le prix du MPB passe de 1,12 €/kg carcasse mi-avril à plus d’1,50 €/kg fin septembre ! Une explication : la Chine.
la chine aux achatsLa Chine est le premier producteur mon-dial. Elle élève près d’un porc sur deux dans le monde. Malgré cela, son taux d’autosuf-fisance n’est que de 96 %. Cela représente un besoin annuel d’importation de plus de 2 millions de tonnes de viandes de porc, soit pratiquement l’équivalent de la production française ! En 2016, ce pays est confronté à une décapitalisation massive de son cheptel du fait de l’arrêt de nombreux petits élevages pour des raisons économiques, sanitaires et environnementales. En même temps, la consommation intérieure continue de croître. Le résultat est que ses importations bon-dissent de 89 % pour atteindre 2,9 millions de tonnes. La croissance est particulièrement nette pour la viande fraîche et congelée, qui représente 57 % du total. La seule région du monde capable de subvenir à l’appétit chinois est l’Union européenne qui croule alors sous les stocks. Une aubaine pour le marché euro-péen !Les exportations européennes vers la Chine s’accroissent de 55 % en un an. Les pays qui
en profitent le plus sont l’Allemagne et l’Es-pagne. Ils deviennent ses premiers fournis-seurs devant les Etats-Unis. La France est en retrait puisqu’elle n’est qu’en 5e position des pays européens fournisseurs. La Chine de-vient quand même son 1er client devant l’Italie. La Bretagne profite aussi du développement du marché chinois qui représente le quart de ses exportations de viandes de porc en valeur. S’ajoute au phénomène chinois une bonne de-mande des autres pays asiatiques : le Japon et dans une moindre mesure la Corée du sud. L’export sauve donc la mise en 2016. Après l’écoulement des retards de production sur pied du début de l’année, puis des stocks de congelé, le flux d’exportation permet la hausse des cours entre les mois d’avril et de juin. C’est ce facteur qui explique la bonne tenue des cours en 2016. Le prix moyen du MPB finit l’année à 1,293 €/kg en moyenne soit une hausse de 4,5 % par rapport à 2015. Les cours 2017 sont toujours très bien orien-tés. Les équilibres du marché européen à plus long terme sont désormais très dépendants de l’exportation vers l’Asie en générale et de la Chine en particulier : l’équivalent de 7 % de la production de l’Union européenne y est écoulé en 2016.
une concurrence qui devrait s'intensifier En 2017, le débouché chinois semble rester porteur. Après plusieurs années de recul, la production chinoise devrait être stable cette année. Le gouvernement met en place un plan de développement de la production porcine et encourage les partenariats avec des entre-prises étrangères. La demande devrait rester conséquente et s’orienter plus vers des pro-duits transformés. L’inconnue pour les pays européens vient de la concurrence. Le prin-cipal rival est les Etats-Unis. Leur essor est sensible en 2016 suite à la hausse du chep-tel et aux investissements réalisés depuis 2 ans. La Diarrhée Epidémique Porcine de 2014 qui a décimé un grand nombre de porcelets
a propulsé le prix à des sommets très élevés. Ceci a permis de générer d’importants profits. Le développement de la production devrait se poursuivre aux Etats-Unis jusqu’en 2018 grâce à la hausse du cheptel et à la poursuite de l’amélioration de la productivité. L’ouver-ture de deux nouveaux abattoirs va permettre d’absorber ces volumes supplémentaires. Le prix américain est d’ores et déjà en baisse en début d’année ce qui favorise leurs produits à l’export. La robustesse de leur croissance risque donc d’accroître la concurrence notam-ment vers l’Asie. Les européens seront obligés d’en tenir compte. Comme souvent, la parité euro/dollar sera de la partie et favorisera l’un ou l’autre des protagonistes. Autre pays à surveiller, le Brésil. 16 % de la production est exportée et la croissance des volumes se poursuit. La demande intérieure est pour l’instant dynamique mais le niveau élevé de prix pourrait détourner le consom-mateur brésilien de la viande de porc. Des volumes qui se retrouveraient alors sur les marchés mondiaux. Un tiers de ses exporta-tions sont à destination de la Russie, dont il est devenu le 1er et quasiment unique fournis-seur depuis l’embargo sanitaire envers l’Union européenne de début 2014. Les ventes brési-liennes se sont aussi orientées vers la Chine et l’Amérique latine.La perte du marché russe semble en tout cas définitive pour les européens. La fin de l’em-bargo n’est pas d’actualité. De plus, la Russie profite de celui-ci pour développer sa produc-tion : +6 % rien qu’en 2016. Leur dépendance aux importations s’est considérablement réduite. Leurs achats sont passés de 1,1 mil-lion de tonnes en 2012 (dont 650 000 tonnes en provenance de l’UE) à 280 000 tonnes en 2016. La production est essentiellement en prove-nance de porcheries industrielles. Les petits élevages tendent à disparaître, conséquence de la Peste Porcine Africaine. L’objectif fixé par les autorités est de devenir autosuffisante en 2020. Plus que jamais, l’Europe est dépen-dante de l’Asie pour ses exportations.
des abattages européens en légère hausseAutres facteurs à surveiller dans les prochains mois : l’évolution de la production européenne et de la consommation. En 2016, l’offre euro-péenne est moins importante que prévue. Elle
Hausse de la production dans l’Union européenne
En 1 000 têtes 2015 2016 Évolution 2016/2015
UE à 28 252 140 259 359 +2,9 %
UE à 15 218 420 225 982 +3,5 %
Espagne 45 717 47 355 +3,6 %
Allemagne 47 269 45 369 -4,0 %
Danemark 31 030 31 757 +2,3 %
Pays-Bas 24 036 25 111 +4,5 %
France 24 208 23 945 -1,1 %
Pologne 16 100 16 000 -0,6 %
Belgique 11 601 11 235 -3,2 %
La reprise des abattages se confirme en Bretagne
Source : Eurostat
1 147 1 160
1 148 1 151 1 151 1 134
1 117 1 108
1 149 1 170(*)
900
1 000
1 100
1 200
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
en 1 000 tonnes
(*) Donnée provisoire
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste-Draaf Bretagne-Enquête mensuelle auprès des abattoirs
La Chine remplace la Russie dans les exportations de viande de porc de l’Union européenne
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
4 000
4 500
2012 2013 2014 2015 2016
Autres Russie Philippines Corée du sud Hong Kong Japon Chine
1 000 tonnes
3 248 3 242 3 034
3 368
4 140
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne, Service Economie - Emploi d’après DG Agri
Solde du commerce
extérieur français positif en 2016.
+133 M€
Part des 3 groupes Tonnies, Vion et
WestFleisch dans les abattages
allemands.
55,7 %
Evolution des exportations
bretonnes de viandes de porc
vers la Chine depuis 2010.
X 13
4 groupements (Aveltis, Porélia,
Prestor et Porc Armor Evolution)
réalisent plus de 80 % des
apports de porcs charcutiers au
Marché du Porc Breton.
La baisse du prix de l’aliment et l’amélioration
du prix du porc permettent de redonner de la
lisibilité aux éleveurs.
Les achats de porcs frais par la
Restauration Hors Foyer s’élèvent
à 753 millions d’euros et sont
constitués à 72 % de charcuteries.
20 / /21
progresse de 1,2 % en tonnages. Les tempéra-tures élevées de l’été ont une incidence sur la productivité. En Allemagne, même si la baisse est minime (-0,05 % selon Eurostat), elle est à noter. Le Marché du Porc Breton estime que sans la hausse des importations de porcs charcutiers vivants, les abattages allemands auraient diminué de 0,9 %. Au Danemark, le fléchissement de l’offre est conséquent (-2,6 %). Pays spécialisé dans le naissage, l’accroissement de ses exportations de por-celets se poursuit. En France, selon Agreste, les abattages sont en légère hausse (+0,6 %). L’expansion espagnole se poursuit, les abat-tages augmentent de 2,9 %.L’enquête cheptel de décembre 2016 montre une baisse des effectifs dans presque tous les pays. L’offre européenne devrait donc être proche de la stabilité en 2017. En Allemagne, face à la pression environnementale et so-ciétale, le cheptel diminue pour la première fois. Le Ministère de l’agriculture envisage de mettre en place un label officiel à plusieurs niveaux d’exigences bien-être concernant les différents maillons de la production à l’abat-tage. En France la diminution du cheptel per-dure. Seuls deux pays sur les neuf premiers ont une évolution positive. En Espagne, la pro-gression se poursuit mais dans une moindre mesure. En Pologne, après une large déca-pitalisation ces dernières années, le cheptel reproducteur progresse mais avec une grande partie des porcelets importés du Danemark. Toute la filière est en pleine restructuration, avec de nombreux investissements dans le maillon charcuterie. Cette stabilité antici-
pée de la production européenne serait donc neutre sur la future évolution des prix.Au niveau régional, après la résorption des retards en début d’année du fait des retards cumulés au cours du 4e trimestre 2015, les abattages baissent de 1,7 % sur l’année 2016. Avec la hausse des poids moyens d’abattage, les tonnages augmentent de 1,3 %.
la consommation a besoin de retrouver des couleursCette nette amélioration du prix en 2016 cache cependant une réelle inquiétude. La demande française en viande de porc, dont les volumes achetés représentent près d’un produit carné sur deux (46 %) est en baisse de 0,8 %. Selon les données de KantarWorldPa-nel, les achats des ménages de viande de porc fraîche dans le commerce de détail diminuent (-3 %). Même la charcuterie, dont la consom-mation à domicile progresse en moyenne de 1,4 % par an depuis 10 ans, montre des signes de faiblesse. Le jambon blanc, fer de lance des produits de charcuterie consommés par les français, recule de plus de 3 %. En charcu-terie, la régression concerne les produits à la coupe autant que le libre-service. Début 2017 la demande française continue de se dégra-der, alors que les promotions sont intenses. La situation de la charcuterie n’est guère plus favorable.2016 a montré l’importance des marchés à l’export vers les pays tiers. Pour 2017, le défi de la consommation intérieure semble pré-gnant. Depuis le 1er janvier 2017, l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes dans les
Les 10 premiers abattoirs de porcs français en 2016
Une reprise du prix du porc au cadran en 2016
Département Abattages (millions de têtes)
Part dans les abattages français
(en %)
22 Cooperl Arc Atlantique Lamballe 2,46 10,3
22 Kermené 2,08 8,7
35 Cooperl Arc Atlantique Monfort 1,42 6,0
56 Bernard 1,40 5,9
35 JPA Josselin 1,32 5,5
53 Socopa Evron 1,30 5,5
35 Abera 1,27 5,3
35 Gatine Viandes 1,16 4,9
29 Socopa Chateauneuf 1,09 4,6
79 Cooperl AA St Maxent 0,94 3,9
Les 10 premiers abattoirs français 14,44 60,6
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
1,7
1,8
2011 2012 2013 2014 2015 2016
en €/kg
Source : Chambres d’Agriculture de Bretagne, Service Economie-Emploi d’après MPB
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Uniporc Ouest
2016 : 1,293 e/kg2015 : 1,238 e/kg2014 : 1,327 e/kg2013 : 1,464 e/kg
plats préparés fabriqués en France, dès lors que la viande représente plus de 8 % du poids total, est une première avancée pour valoriser la production nationale. D’autres axes sont sans doute à explorer, comme l’amélioration nutritionnelle des produits, le développement de la segmen-tation, de l’innovation… Ceci suffira-t-il à
redonner des couleurs à la consommation intérieure ?
Nathalie Le [email protected]
Porc
focusCircuits de proximité
90 % des agriculteurs
bretons vendent en filière longue.
Déjà plus de 10 projets
alimentaires territoriaux en
Bretagne.
Objectif de l’Etat : 500 projets
alimentaires territoriaux en
2020.
22 / /23
En 2016, la Région Bretagne, les Chambres d’agriculture de Bretagne et l’Etat lancent un ambitieux Projet Alimentaire Territorial appelé Breizh Alim’. Partant de l’idée que la restauration collective peut être un formidable exemple pour générer de nouveaux comportements, Breizh Alim’ engage ses actions dès 2017 afin de valoriser l’ensemble de la filière alimentaire bretonne.
B reizh Alim’ est un Projet Alimen- taire Territorial (PAT) régional, adapté au profil de la région Bretagne dans
laquelle 90 % des agriculteurs vendent leur production dans le circuit agroalimentaire. Conjointement porté par la Région Bretagne, la Chambre d’agriculture de Bretagne et l’Etat, Breizh Alim’ vise donc à rapprocher agriculteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs de produits alimentaires Bretons.
breizh alim', un pat à l'échelle de la bretagneLes PAT sont une disposition de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 qui précise qu’ils « sont élabo-rés de manière concertée avec l’ensemble des acteurs d’un territoire et répondent à l’objectif de structuration de l’économie agricole et de mise en œuvre d’un système alimentaire ter-ritorial ». Ces projets se proposent d’aborder l’alimentation, l’agriculture, les filières ali-mentaires et le territoire dans une approche globale, transversale. Ils doivent favoriser le décloisonnement et l’interaction entre des acteurs très variés : économiques, politiques, société civile, enseignement, recherche… Les PAT dépassent la seule question des cir-cuits courts. Ils sont l’occasion de travailler la question alimentaire sur les territoires avec plusieurs entrées, notamment celles de l’organisation de filières de proximité, du maintien ou du développement d’outils de transformation ou encore de la pédagogie de l’alimentation.Les principaux objectifs de Breizh Alim’ réaf-firment l’importance de la matière première agricole dans l’alimentation et de l’impact de l’agriculture sur le développement durable et équilibré des territoires. Ce programme sert donc notamment à favoriser la cohérence des politiques publiques pour un gain collectif d’efficacité économique.
un premier chantier, la restauration collectiveEn 2016-2017 Breizh Alim’ se concentre sur la restauration collective. Il s’agit de mener une concertation pour un approvisionnement économiquement responsable, en particulier via la commande publique. Le programme cherche à favoriser le rapprochement de l’offre et de la demande pour des volumes de produits importants pouvant intégrer ou non des étapes de transformation. Il vise aussi à faire évoluer les pratiques des groupements de commande existants, notamment ceux des collèges-lycées, en s’appuyant sur la réforme de la commande publique de 2016 (facilité d’accès aux TPE et simplification des démarches administratives notamment). A cet effet, une Convention d’affaire a été orga-nisée le 6 mars 2017 afin de réunir de nom-breux industriels bretons, accompagnés de leurs agriculteurs fournisseurs et de grands acheteurs de restauration collective : lycées, économat des armées, opérateurs privés ou encore hôpitaux. Ces responsables des achats alimentaires ont pu faire le point sur de nom-breuses offres bretonnes en viande, légumes ou encore produits de boulangerie adaptées à leurs besoins.Breizh Alim’ doit aussi permettre de com-muniquer sur l’évolution des pratiques dans l’agriculture et l’agroalimentaire breton ces 10 dernières années en réponse aux attentes sociétales : agro-écologie, réduction des anti-biotiques, évolution de la composition des produits transformés (listes plus courtes d’ingrédients, origine France des matières premières)… Cela passe par de la pédagogie autour des modes de production actuels pour démonter les idées reçues simplistes véhicu-lées par les médias.Enfin Breizh Alim’ impulsera une cohérence et une articulation des différents PAT initiés à des échelles de territoire variées en Bretagne. Ainsi, le 14 septembre prochain dans le cadre
du Space, se tiendra une journée d’échanges entre territoires bretons porteurs de PAT.
l'alimentation, un sujet pas banal...L’alimentation est un puissant révélateur d’une culture. Ce que l’on mange ou ne mange pas a été étudié par les anthropologues au XIXème siècle. Ceux-ci ont mis en évidence « la pensée magique » à l’œuvre. Le rapport à la nourriture touche, chez nous, au plus intime, au sens éty-mologique du terme : initimus, en latin, est le superlatif d’interior. Consommer un aliment, ce n’est pas seulement le consumer, le dé-truire, c’est le faire pénétrer en soi, le laisser devenir partie de soi.Dans un monde de plus en plus urbain, les consommateurs souhaitent ardemment re-trouver confiance dans leur alimentation, en retissant le lien avec les agriculteurs et les modes de production.Mais l’alimentation n’est pas un bien comme un autre, ce n’est pas qu’une question de choix individuel. C’est aussi une question collective qui se traduit par des choix dans de nom-breuses politiques publiques.
alimentation et politiques publiquesEn effet l’alimentation est multi-dimension-nelle et répond à des enjeux très variés : éco-nomique, social, environnemental, culturel, santé, éducation. Ces enjeux se traduisent dans de nombreuses politiques publiques telles que le Plan National Nutrition Santé pour l’équilibre alimentaire ou le Plan Euro-péen d’Aide Aux plus Démunis. Autant de poli-tiques publiques décidées, puis gérées, à des échelles variées de territoire : Europe, Etat, Région, Département, EPCI, commune.Les PAT permettent de déployer sur un même territoire de manière cohérente et coordonnée différentes politiques publiques relatives à l’alimentation.
Nicolas [email protected]
Bernadette [email protected]
> Des consommateurs confiants dans les agriculteurs
Côtes d'Armor Finistère Ille-et-
Vilaine Morbihan Total Bretagne
Industries en amont
2 045 405 1 277 1 215 4 942
Production agricole
15 616 16 451 12 876 10 352 55 295
Services directs
2 479 2 597 2 256 1 796 9 128
Organismes divers
815 955 1 932 810 4 511
Industries en aval
13 041 18 355 14 406 15 245 61 047
Total 33 996 38 763 32 746 29 418 134 923
> 135 000 emplois induits par l’agriculture en Bretagne
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne, 2014
industriels de l'agroalimentaire
réseaux sociaux
distributeurs /grandes surfaces alimentaires
pouvoirs publics / État
journalistes / médias
ONG
experts scientifiques
agriculteurs
associations de consommateurs
Tout à fait confiance Plutôt confiancePlutôt pas confiance Pas du tout confiance
Sous-total ConfianceSous-total Pas confiance
Faites-vous confiance aux :
Source : Les français et la confiance alimentaire - Ipsos Public Affairs - 2013
31 59 8 2 90 10
18 62 16 4 80 20
12 60 21 7 72 28
9 52 30 9 61 39
3 32 45 20 35 65
3 29 47 21 32 68
1 26 53 20 27 73
3 21 49 27 24 76
3 21 51 25 24 76
la bretagne pense son alimentation pour demain
de viande de volaille produites
dans le monde.
114,8 millions de tonnes
Hausse des exportations
brésiliennes en 2016.
+4 %
sont achetés en GMS.
47 % des œufs
24 / / 25
Volaille • Œufs • Lapin
du neuf en oeuf
La thématique du bien-être animal prend de l’ampleur. Dans le viseur : la filière œufs de consommation. Les élevages bretons font face à une évolution rapide de la demande vers des œufs de poules élevées en plein air. D’autres modes d’élevage pourraient être ciblés. Ces changements structurels s’opèrent dans un contexte difficile pour l’aviculture régionale : menace de grippe aviaire, marchés chahutés et réorganisations industrielles.
E t si dans quelques années toutes les gallinacés bretonnes s’ébattaient en plein air ? Cela pourrait sembler de
la pure fiction dans une région où la norme est l’élevage des volailles en bâtiments. Pourtant, certaines associations militantes s’activent pour réaliser cette vision. Force est de consta-ter qu’elles ont remporté une grande victoire en 2016 avec la filière œufs de consommation en ligne de mire.
plein air : garder ses nerfsLorsque Monoprix annonce au printemps 2016 sa décision d’arrêter toute commer-cialisation d’œufs standards, peu de gens en relèvent la portée. Après tout, Monoprix ne pèse qu’à peine 2 % de la distribution française. Elle cible les consommateurs ur-bains, des centres villes, souvent sensibles aux modes alimentaires. Or les œufs alter-natifs, c’est-à-dire pondus par des poules non élevées en cage, sont « tendance ». Il n’était donc pas si surprenant que le posi-tionnement de Monoprix l’ait amené à réa-liser ce coup d’éclat.Qui aurait pu imaginer que moins d’un an plus tard, la plupart des enseignes de grandes distributions et de grands noms de la restauration collective aient emboité le pas de Monoprix ? Casino, Carrefour, Intermarché, Aldi, Sodexho ont tous annon-cé leur intention de ne plus vendre d’œufs standards d’ici 2020 ou 2025 au plus tard. Et la liste n’est pas exhaustive. La thématique du bien-être animal n’est pas nouvelle. La filière poule pondeuse est bien placée pour le savoir : elle sort d’une mise aux normes bien-être en 2012. La filière avait alors dû appliquer une direc-tive européenne datant de 1999 qui impo-sa à l’ensemble des éleveurs européens d’agrandir et d’aménager leurs cages. Ce qui frappe dans l’épisode de 2016 est le pro-cédé. Les associations ultra-minoritaires
type L214 et CIWF ne se contentent plus de faire pression sur les institutions politiques pour changer la loi. Elles s’en prennent di-rectement aux acteurs des filières pour im-poser leurs vues. Dans quelques années, il est probable que les consommateurs fran-çais ne trouveront plus d’œufs standards dans leur magasin. Pourtant, ils seront toujours légaux et représentent aujourd’hui plus de la moitié des achats en grandes et moyennes surfaces (GMS).Au-delà de la question de légitimité, la grande difficulté pour l’ensemble de la filière est la rapidité du changement. Les éleveurs avaient eu 13 ans pour réaliser la mise aux normes de leurs cages. Dans ce cas, des éleveurs doivent dès à présent changer complètement de système d’éle-vage. Pour certains, cette conversion est impossible. En système plein air, chaque poule doit bénéficier de 4 m² de parcours. Pour un élevage moyen de 30 000 poules pondeuses, il faut donc 12 ha de terre au-tour d’un bâtiment. Autre difficulté : les bâ-timents ne sont pas aisément convertibles. Si bien qu’il est souvent plus facile pour les organisations de production d’accom-pagner un nouveau projet que d’aider à la conversion. Actuellement, 75 % des poules bretonnes sont élevées en cage. Au niveau national, l’interprofession fixe l’objectif d’avoir 50 % des poules pondeuses élevées en élevages alternatifs d’ici 2022. Les ovo-produits devraient alors constituer le prin-cipal débouché des œufs standards. Le coût financier est estimé à 500 millions d’euros. La rapidité de l’évolution des besoins en œufs alternatifs est donc un vrai défi pour la filière bretonne et ses 500 éleveurs. Au-delà du secteur de l’œuf, cette thématique bien-être continue de prendre de l’ampleur et pourrait rapidement concerner d’autres productions.
a qui le tour ?Dernier exemple en date : le parlement euro-péen vote en mars en faveur d’un rapport de-mandant la suppression progressive des cages des élevages de lapins. Certes ce vote n’est pas contraignant. Mais force est de constater que ces initiatives se développent. L’élevage en général, le hors-sol et l’aviculture en particu-lier sont dans le viseur. Bien que porté par des associations minoritaires, ce sujet est partagé par une part grandissante de la population. En pointe dans ce domaine, les pays d’Europe du nord développent des filières répondant à cette nouvelle demande. Ce sont la plupart du temps eux qui sont ensuite à l‘origine de légis-lations qui s’imposent à l’ensemble de l’Union européenne (UE). Avec un double avantage : des cahiers des charges différenciés leur per-mettent de protéger en partie leur marché intérieur. Une fois l’adaptation de leurs filières et de leurs élevages réalisée, ils l’imposent aux autres pays avec une longueur d’avance. Transformer ce qui semble une contrainte en un atout, voilà qui pourrait aussi inspirer les producteurs français. Ils ont en effet de nom-breux arguments à faire valoir auprès des consommateurs. Au-delà de la seule question du bien-être, les éleveurs bretons progressent sur la question énergétique, la moindre utili-sation d’antibiotiques, le dialogue social avec les salariés. A eux de mettre cela en avant en gardant la maîtrise du cahier des charges. D’autant qu’en volailles de chair, le marché intérieur français continue de subir la concur-rence féroce de certains de ses pays voisins.
la grippe grippe l'exportH1N1, H5N1, H5N8. Les noms changent, la menace reste la même. Pour la deuxième année consécutive, la France fait face à une épidémie de grippe aviaire. Comme en 2015, le sud-ouest, avec sa production de canards à gaver, est la région la plus touchée. Début 2017, plus de 220 foyers sont recensés dans neuf départements. La Bretagne évite le pire en restant indemne de contamination. Ce qui lui permet de conserver l’essentiel de ses dé-bouchés à l’export et d’éviter le traumatisme d’abattages massifs.Les secousses se font quand même ressentir dans notre région. Certains pays décident de fermer leurs frontières à l’ensemble des pro-duits avicoles français. Or l’export vers les pays africains est le principal débouché des poules pondeuses de réforme. Un certain nombre d’entre elles finissent à l’équarrissage. Un vrai manque à gagner pour les éleveurs.La filière bretonne grand export se serait aussi bien passée de l’embargo de certains
La consommation d’œufs alternatifs (sol, plein air, label rouge et bio) augmente régulièrement en GMS
52
3 21
11 14
0
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Standard Sol Plein air Label Rouge Bio
Source : Itavi d’après Census IRI
Les exportations bretonnes de viandes de volaille vers les pays tiers fluctuent beaucoup d’une année sur l’autre
Millions d'euros 2012 2013 2014 2015 2016
% d'évolution 2016/2015
Pays tiers 320 346 276 304 201 -33,9 %
dont Arabie Saoudite
140 161 112 153 109 -29,1 %
UE à 28 243 221 212 209 200 -4,5 %
Total 563 566 488 513 401 -21,9 %
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Direction Nationale Statistiques du Commerce Extérieur
Des abattages bretons de volailles au plus bas depuis plus de 20 ans
0
100
200
300
400
500
600
700
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
poids de viandeen milliers de tonnes nettes
Autres Dindes Poulets
549586 573 554 567 593 569 556
522 537 517
Source : Agreste - Draaf Bretagne - Enquête mensuelle auprès des abattoirs
Baisse de l’indice Itavi mesurant le
coût des matières premières.
-7 %
de volailles et lapins sont
achetées en RHD.
182 000 tonnes
Hausse des abattages polonais
de poulets en 2016.
+13,1 %
26 /
Face aux difficultés rencontrées
par Doux sur le marché grand
export, Terrena réfléchit à la
montée en gamme de ses produits
pour se démarquer de ses concurrents
notamment brésiliens.
L’épizootie de grippe aviaire
concerne la plupart des
pays européens. La France,
l’Allemagne, la Hongrie et la
Pologne sont les plus touchées.
D’après la veille FranceAgriMer,
l’Ukraine a les coûts de
production les plus faibles du
monde en 2015, suivi du Brésil.
/27
Volaille • Œufs • Lapin
de ses pays clients. Elle préserve l’essentiel en conservant ses principaux débouchés vers le Moyen-Orient. Mais le marché est particu-lièrement compliqué en 2016. Il existe d’im-portants stocks dans la région. Les volumes d’achats de ces pays baissent. Les exporta-tions françaises et brésiliennes en pâtissent. Le cours du poulet connaît un repli continu en 2016. Au final, la valeur des exportations bre-tonnes vers sa principale destination, l’Arabie Saoudite, recule de 29 %. Sans la protection des restitutions, le marché du poulet export confirme sa volatilité. Galliance, la nouvelle fi-liale volaille de Terrena créée après la reprise de Doux, devra continuer le travail d’optimisa-tion. C’est désormais le seul groupe européen sur ce marché. Tilly Sabco, l’autre acteur his-torique en poulet export, cesse tout abattage. L’entreprise est reprise par le néerlandais Wedgram Food Link. Seule l’activité produc-tion de saucisses de volaille destinée au mar-ché africain est conservée.En dinde, la Bretagne abat 146 000 tonnes en 2016, soit 2,8 % de plus qu’en 2015. Derrière ce chiffre positif se cache une année chao-tique. Début 2016, certaines organisations de production prennent le risque de mettre en place des dindonneaux sans garantie de débouchés. Elles sont alors encouragées par l’abondance d’œufs : les couvoirs français perdant des débouchés à l’export du fait de la grippe aviaire se rabattent sur le marché na-tional. Les acteurs sont optimistes quant à la consommation. Mauvais calcul : au cours de l’été, il devient évident que la demande n’est pas au rendez-vous. Les délais d’enlèvement dans les élevages s’allongent. Certains éle-veurs doivent garder leurs animaux six se-maines de plus que la normale. Leur marge en sera fortement affectée. Un épisode qui ne viendra pas enrayer l’érosion continue de cette production en Bretagne.
poulet français cherche consommateur françaisLe poulet à destination du marché intérieur et européen est le secteur le plus stable en 2016. Les volumes produits continuent de croître lé-gèrement en Bretagne. Le contexte reste iden-tique aux années passées : la production fran-çaise fait face à une concurrence impitoyable de ses voisins européens mais bénéficie d’une consommation porteuse. Celle-ci augmente de 5,9 % en 2016. En revanche, d’après les chiffres de Kantar Worldpanel, les achats des ménages français de poulet en GMS baissent de 1,3 % en 2016. Ce qui laisse à penser que les ventes de poulets en RHD et dans les plats préparés se sont bien tenues. Or ce sont ces deux marchés qui sont particulièrement ci-blés par les acteurs étrangers. Sans surprise, la part des importations dans la consomma-tion française de viandes de poulet continue de croître : elle atteint 43 % en 2016. L’origine polonaise est celle qui progresse le plus vite. C’est aussi le pays qui connaît la croissance la plus forte de sa production.Depuis le 1er janvier 2017, l’origine de la viande doit obligatoirement être indiquée sur les plats préparés. Est-ce que cela va aider la volaille française à regagner du terrain ? L’avenir nous le dira. Certains industriels commencent déjà à renationaliser leur appro-visionnement. La volaille française ne peut que profiter de cette mesure.En bilan, les abattages bretons de volailles s’établissent à 517 000 tonnes en 2016, en baisse de 4 % par rapport à 2015. L’export explique en grande partie cette contre-per-formance. Ce niveau est le plus bas depuis plus de 20 ans. Si la volaille de chair ne subit pas une crise de la même violence que dans d’autres productions, cette seule donnée montre que le secteur demeure en difficulté.
les marchés oeuf et lapin en brefLe développement de la demande en œufs alternatifs est le fait marquant de 2016. L’œuf standard reste néanmoins majoritaire en Bre-tagne et connaît une année en deux parties. En moyenne sur 2016, la cotation TNO (Ten-dance Nationale Officieuse du journal Les Marchés) s’établit à 6,31 € les cents œufs. A partir de l’automne, des cas de salmonelles se déclarent en France et à l’étranger. Les prix atteignent alors plus de 8 € les cents avant de s’assagir. D’après les estimations, la produc-tion française d’œufs serait en baisse de 2,3 % en 2016 par rapport à 2015. Elle repartirait à la hausse au 1er trimestre 2017. Une relative
stabilité du marché donc, mais des change-ments structurels importants qui se profilent.Concernant le lapin, la baisse de consomma-tion est toujours le facteur saillant de ce mar-ché. Après la dégringolade de 2015, 2016 fait meilleure figure. Les achats des ménages ne baissent « que » de 2,7 %. La décroissance est durablement inscrite dans ce secteur.
Arnaud [email protected]
La consommation française de viande de volaille augmente de 4,6 % en 2016
1 000 tec 2012 2013 2014 2015 2016 % d'évolution 2016/2015
Volaille 1 696 1 695 1 745 1 751 1 831 +4,6 %
Poulet 1 042 1 075 1 129 1 143 1 211 +5,9 %
Dinde 348 316 314 308 322 +4,6 %
Canard 206 194 198 201 183 -8,7 %
Pintade 30 30 31 33 33 +1,3 %
Source : Agreste, SSP
Le prix des œufs baisse en moyenne de 7 % en 2016 par rapport à 2015
0,00 1,00 2,00 3,00 4,00 5,00 6,00 7,00 8,00 9,00
10,00 11,00 12,00 13,00 14,00
2011 2012 2013 2014 2015 2016
Mensuel
Moyenne lissée sur 12 mois
Prix des œufs calibre 53-62g (TNO) en euros/100 œufs
Source : SNM - Les Marchés
Le cheptel laitier est très dominant
en Bretagne puisque l’on
recense 776 000 vaches laitières
et 113 000 vaches allaitantes en janvier 2017.
Afin d’alléger le marché, l’Etat
français met en place en 2017 une aide de 150 € par
jeune bovin abattu à moins de 360 kg
carcasse.
Interbev, l’Interprofession
de la viande bovine, lance
un pacte pour un engagement
sociétal visant à faire rentrer la filière dans
une démarche de progrès concernant
l’environnement, le bien-être, la
proximité, la nutrition etc.
de viande bovine importées par la
Chine.
1,1 million de tonnes
montant de l’aide couplée Pac pour les 50 premières
vaches allaitantes puis dégressivité.
175 €
de viande bovine sont achetées en
RHF.
188 300 tonnes
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Bovins viande
boeuf/vache à lait : demande de divorceLa crise laitière pousse les éleveurs laitiers européens à réformer leurs vaches. Résultat : le marché de la viande bovine fait face à une surproduction. Le revenu des éleveurs laitiers et de bovins viande en pâtit. En réponse, la profession agricole cherche à préserver la valeur de la viande issue des races allaitantes. Comment ? En revalorisant celle-ci dans les rayons des supermarchés en échange d’engagements sur la qualité.
11 600 euros par an pour vivre. C’est l’estimation réa-
lisée pour 2016 par l’Idele du résultat courant moyen par Unité de Main d’Œuvre (Umo) d’un élevage naisseur français à partir des mo-dèles naisseurs spécialisés du réseau d’éle-vage en 2016. Ce chiffre s’établit au mieux à 18 800 euros pour les élevages spécialisés naisseur-engraisseur. L’ensemble des sys-tèmes d’élevages allaitants subissent des chutes marquées de leurs résultats en 2016. Le marché s’est en effet de nouveau dégradé. Vaches laitières, taurillons, broutards, tous les bovins voient leurs cotations se replier d’au moins 3 % par rapport à 2015. Les prix remontent légèrement début 2017. Si cette année s’annonce moins mauvaise que 2016, la reprise risque d’être poussive. De nombreux élevages sont menacés de cessation de paie-ment.
le lait déborde sur la viandeLes raisons de la crise que connaît la viande bovine sont à rechercher du côté du secteur laitier. Le cheptel européen est majoritaire-ment laitier : le nombre de vaches laitières est deux fois plus important que celui des vaches allaitantes. Le marché européen de la viande bovine est donc très influencé par la conjoncture laitière. Or les prix du lait ca-tastrophiques que subissent les éleveurs les incitent à limiter leur production en réformant une partie de leurs vaches. Ce mouvement est amplifié par le plan d’accompagnement à la baisse de la collecte européenne initié par la Commission européenne. Cet afflux de vaches de réforme explique en grande partie la hausse de 2 % de la produc-tion européenne de viande bovine. Les abat-tages de vaches sont particulièrement impor-tants dans des pays comme l’Irlande (+15 %), le Royaume-Uni (+10 %) ou l’Allemagne (+5 %). Les mêmes tendances s’observent en France : la production de femelles finies pro-gresse de 3 %. D’où la croissance de 1 % de la
production nationale de gros bovins finis. Sans surprise, ce sont les cotations des vaches laitières qui dévissent le plus. La vache laitière P= finit l’année 2016 à 2,64 €/kg en moyenne. C’est 8 % plus bas que 2015 et 20 % sous le niveau de 2013 ! Par effet domino, ce surplus de viande affecte toutes les autres cotations et notamment celles des bovins de race à viande.
le boeuf cherche un nouveau coeurLes éleveurs laitiers sont doublement tou-chés. En plus d’un prix du lait en berne, la vente de leurs vaches de réforme et de leurs jeunes veaux leur rapporte moins. Pour un élevage spécialisé en lait typique, ce poste compte pour près de 10 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Les éleveurs de vaches allai-tantes sont affectés sur l’ensemble de leurs ventes. En Bretagne, cela concerne environ 2 500 fermes spécialisées et 1 200 élevages mixtes laitiers + allaitants. Comment éviter qu’une surproduction prove-nant du troupeau laitier ne se répercute sur les prix des vaches allaitantes ? La Fédération nationale bovine (FNB) pousse une démarche baptisée « Cœur de gamme ». Son objectif est d’isoler le marché des bovins allaitants des soubresauts vécus dans le lait. Pour cela, elle compte sur une revalorisation de la viande bo-vine issue de races allaitantes dans les rayons de la grande distribution. Par le biais d’une charte, le distributeur s’engage à différencier le cœur de gamme des produits premiers prix provenant des vaches de réforme laitière et des produits bio ou labellisés. Ce « Cœur de gamme » doit représenter au minimum 50 % de parts de marché du rayon boucherie. L’éle-veur obtient jusqu’à 1 € supplémentaire par kilogramme de viande. En contrepartie, celui-ci s’engage à respecter un cahier des charges minimum : âge maximum des animaux, poids de carcasse, conformation etc. Jusqu’à pré-sent, Super U, Carrefour et Auchan se sont engagés dans cette démarche. La FNB est en discussion avec les autres enseignes. L’enjeu
est clair : mieux valoriser la majorité des fe-melles allaitantes françaises. De plus en plus d’éleveurs bretons tentent de mieux valoriser leurs femelles. Parallèle-ment aux Labels de races qui écoulent près de 6 000 femelles en Bretagne, ils essayent de les vendre auprès de boucheries locales et parfois en vente directe. Le potentiel est là puisque de nombreux bouchers se plaignent d’avoir des difficultés d’approvisionnement en viande de qualité. La Bretagne compte 650 boucheries hors rayons traditionnels des grandes et moyennes surfaces. A raison d’un animal par semaine, c’est un gisement potentiel de plus de 34 000 génisses et jeunes vaches allaitantes. En 2016, la Bretagne pro-duit environ 20 000 génisses et 17 000 vaches de races à viande. Sur le papier, il y a adé-quation entre les besoins et l’offre locale. Et donc des opportunités pour les éleveurs bre-tons de mieux valoriser leurs vaches et leurs génisses à condition de s’adapter aux besoins des acheteurs.Si la démarche « Cœur de gamme » prend de l’ampleur, une question restera en suspens : comment gérer l’offre dans un contexte de décroissance structurelle de la consomma-tion ? 2016 illustre ce problème : la consom-mation française décline de 0,6 %. Dans le même temps, le cheptel français de vaches allaitantes croît de 0,7 % sur un an. Malgré la crise, il s’agit de la 3e année consécutive de hausse. La réforme de 2015 de la Pac
explique en partie ce phénomène. Pendant deux ans, les éleveurs ont gardé leurs vaches ne sachant pas si un système de références serait mis en place. Les aides couplées sont finalement ajustées tous les ans en fonction de l’évolution du troupeau. Il y a incitation à l’agrandir. Ce système n’aide pas le secteur à gérer les volumes. Consciente du problème, la profession demande à ce que la prochaine Pac offre des outils d’encadrement de la pro-duction.
accords commerciaux : encore ou ceta-ssez ?Si les vaches et génisses allaitantes sont prin-cipalement vendues en France, les mâles sont exportés dans leur grande majorité. Les en-graisseurs de jeunes bovins sont donc dépen-dants de la conjoncture européenne. Celle-ci étant très dégradée, la valeur des exportations françaises de viandes bovines recule. Les volumes sont pourtant en hausse de 3 % au prix de concessions tarifaires. Le principal débouché qu’est l’Italie est en léger repli mais les hausses des tonnages vers l’Allemagne et la Grèce font plus que compenser. Au niveau européen, il est notable que certains pays tels que l’Allemagne et le Royaume-Uni voient leur consommation augmenter depuis deux-trois ans. Leur relative bonne santé économique pourrait expliquer cette évolution. Une ten-dance à surveiller car elle va à l’encontre de
La production française de viande bovine (veaux inclus) reste inférieure à la consommation
1 300
1 350
1 400
1 450
1 500
1 550
1 600
1 650
2011 2012 2013 2014 2015 2016
1 000 tec
Production Consommation
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste, SSP
Baisse du chiffre d’affaires de la
filière bretonne à l’exportation en
2016.
-4 %
exploitations bovins viande en bio en Bretagne.
187
Déficit de la balance
commerciale française en
viande bovine.
-263 M€
La Fièvre Catarrhale Ovine s’étend à l’Ouest de la France : la partie Est de la
Bretagne passe en zone réglementée
en novembre 2016.
Le 6e symposium international de la
filière veau s’est tenu en avril en
France et a permis d’aborder les défis auxquels la filière
sera confrontée : sanitaire,
commercialisation, bâtiments,
bien-être entre autres.
L’année fourragère 2016
est médiocre du fait de la sécheresse estivale ; le
manque d’eau cet hiver génère de
l’inquiétude pour 2017.
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Bovins viande
l’érosion continue constatée ces dernières années. Ce mouvement n’est en tout cas pas suffisant pour absorber les surplus, d’autant que la consommation des pays du sud de l’Europe est morose. Logiquement, les exportations européennes vers les pays tiers s’accroissent. Au-delà de l’aspect conjoncturel, les échanges internationaux pourraient continuer de croître les prochaines années du fait d’accords com-merciaux.Alors que les consommateurs français et eu-ropéens sont de plus en plus nombreux à vou-loir acheter local, les récentes décisions poli-tiques vont vers une ouverture plus grande des marchés de la viande bovine. Point positif pour la production française, les autorités américaines et chinoises lèvent leur embargo sur la viande bovine nationale. Celui-ci datait de 2001 suite à l’épisode de la vache folle. Certains obstacles devront être franchis avant que cela ne se matérialise : audits, protocoles d’accord, etc. Il est difficile de prévoir le po-tentiel que cela peut représenter en volume. Pas sûr que cela compense les effets du Ceta.C’est le gros point noir de 2016 pour la filière française et européen. L’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada entre en vigueur même s’il doit encore être approu-vé par les états membres. Il prévoit l’ouver-ture progressive de contingents sans droits de douane pour 68 000 tonnes de viande bovine canadienne. Avec des coûts de production bien inférieurs, le Canada risque de remplir aisé-ment ce contingent. Si le volume peut sem-bler faible, il concerne des morceaux précis à
forte valeur ajoutée du type aloyau. Au final, c’est le revenu des producteurs européens qui sera touché. Une étude de l’Idele évalue la perte à 40 %. D’autres accords commerciaux sont toujours en négociation. D’où l’urgence de sécuriser au maximum les débouchés français en répondant au mieux aux attentes des acheteurs.
veaulontarismeAprès des années de baisse tendancielle, la France enregistre en 2016 un accroissement de 1 % de sa production de veau. Une concen-tration de la production chez les cinq princi-paux producteurs européens est en cours : la France se trouve désormais en 2e position après les Pays-Bas. Dans les 23 autres pays de l’Union européenne, le recul des tonnages atteint les 20 % en 2016 !En France, l’alourdissement des carcasses est une tendance structurelle. Il permet d’amortir le coût de production du veau. Autre tendance constatée depuis 2015, la proportion de veaux laitiers abattus recule au profit des veaux croi-sés. Conséquence : la cotation du veau rosé clair R est morose. Quant à la cotation natio-nale du veau rosé clair O, qui englobe la plus grosse partie des veaux abattus, elle s’établit à 5,64 €/kg en 2016. C’est 2 % au-dessus de la moyenne de 2015. Le fonctionnement en inté-gration de cette filière permet d’ajuster plus facilement l’offre aux débouchés.D’après « L’observatoire technico-écono-mique veau de boucherie » des Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, les éleveurs intégrés voient leurs aides
Les cotations chutent encore en 2016
La production bretonne de veaux de boucherie se stabilise
Catégories en €/kg carcasse
Vache lait P
Vache viande R
Jeune bovin
viande R
Jeune bovin lait
O
Veau rosé clair O
2013 3,31 4,39 3,88 3,51 6,00
2014 2,94 4,01 3,79 3,20 5,92
2015 2,86 3,96 3,76 3,26 5,54
2016 2,64 3,72 3,66 3,01 5,64
% d'évolution 2016/2015 -7,7 % -6,1 % -4,3 % -7,7 % +1,8 %
Source : Agreste - Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Cotations régionales hebdomadaire
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste, Draaf Bretagne, SAA
54 51
48 47 45 43 43 40 39 39
0
10
20
30
40
50
60
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
1 000 tec
Pac baisser (-13 %) et leurs charges fixes augmenter. Ainsi, en dépit de la réévaluation des prestations, le résultat disponible moyen enregistre une baisse de 3 % pour se situer à 24 000 €/Umo en 2016. L’augmentation de la production française s’opère dans un contexte de baisse continue de la consommation. Les achats de ménages reculent de 5 % en 2016 d’après Kantar Worlpanel. La profession et les intégrateurs cherchent à redynamiser leurs ventes. Avec
les mêmes enjeux que pour la plupart des autres viandes : convaincre que celles-ci constituent une base essentielle de notre régime alimentaire et sont source de plaisir.
Arnaud [email protected]
BIO
focusEtude emploi dans le secteur alimentaire
Le secteur alimentaire
compte 6 700 établissements
employeurs.
Un secteur coopératif
très présent en Bretagne, avec
21 400 salariés5.
Des renouvellements
d’actifs à prévoir dans
les prochaines années,
particulièrement chez les artisans
et chez les salariés de l’industrie de la
volaille.
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En 2013, le secteur alimentaire breton s’engage dans une démarche collective pour travailler sur les problématiques d’emploi et de formation. Dans ce cadre, un diagnostic emploi-formation du secteur était un préalable nécessaire. Il dresse le portrait d’une activité rassemblant près de 100 000 actifs en Bretagne, soit 7 % des actifs de la région.
L ’analyse de l’emploi et de la forma- tion dans un secteur alimente les réflexions des branches profession-
nelles qui souhaitent agir dans ces domaines. Ces travaux permettent de mieux connaître la réalité du secteur, d’objectiver des phéno-mènes, d’identifier des problématiques. Ce sont des informations préalables qui aident les branches à décider des actions à mettre en œuvre.
un secteur à trois facettesLe secteur alimentaire est un poids lourd de l’économie régionale avec 97 197 actifs, soit 7 % des emplois de la région. Ce secteur re-groupe les industries agroalimentaires (IAA), le commerce de gros agricole et alimentaire et le commerce de détail alimentaire. Ce sont les IAA qui occupent la majorité des actifs : 60 %, soit 58 401 personnes. Dans ce domaine, 98 % des actifs sont salariés. Le salariat est également très dominant dans le commerce de gros. Il représente 95 % des 16 316 actifs du secteur.Près du tiers des effectifs du commerce de détail sont non salariés. Cela s’explique par l’importance des entreprises artisanales du type boulangeries et boucheries. Au total, ces activités commerciales comptent 22 480 actifs, soit 23 % des actifs du secteur alimen-taire.Aux 97 197 actifs employés directement par les établissements, il faut ajouter de l’ordre de 9 600 intérimaires1. Ils interviennent pour 92 % d’entre eux dans les IAA. Le commerce de gros et le commerce de détail occupent respectivement 6 et 2 % des intérimaires.
iaa : le poids lourd du secteur alimentaireLe travail des viandes concentre 46 % des emplois des IAA. En y ajoutant la fabrication de produits laitiers et d’aliments pour les ani-maux, les industries liées à l’élevage occupent 65 % des actifs des IAA. La prépondérance de l’élevage dans l’agriculture bretonne explique cette particularité.72 % des salariés des IAA sont ouvriers2, en particulier en production. Ils sont par exemple opérateurs de production ou conducteurs de machine. Les fonctions techniques dominent également parmi les professions intermé-diaires3 et supérieures4.
commerce de gros : dans la continuité directe des iaaLe commerce de gros agricole et alimentaire est un secteur diversifié en termes d’activités. Il est composé de structures et d’activités très différentes : cela va des coopératives ou des groupements de producteurs qui collectent, trient et vendent les produits, aux traders qui négocient les denrées sans avoir aucun contact direct avec ces produits. Le commerce des céréales, tabac, semences et aliments pour le bétail occupe un quart des emplois. Le commerce des viandes n’en compte que 11 %.Par rapport aux IAA, les salariés du commerce de gros sont moins concentrés sur les profils d’ouvriers et sur les fonctions de production. 38 % sont ouvriers, 26 % employés, 19 % professions intermédiaires et 14 % cadres et ingénieurs. La moitié des ouvriers sont manu-tentionnaires, caristes ou magasiniers ; plus
(1) Source : Dares - Direccte Bretagne. Le nombre d’intérimaires correspond à la moyenne du nombre de contrats en cours en fin de trimestre sur l’année 2015(2) Source : Insee, DADS 2013(3) Professions intermédiaires : techniciens, contremaîtres, agents de maîtrise, professions intermédiaires administratives et commerciales (maîtrise et techniciens des services administratifs, technico-commerciaux, chefs de petites surfaces de vente…)(4) Professions supérieures : cadres et professions intellectuelles supérieures (cadres administratifs et commerciaux, cadres techniques, ingénieurs)(5) Source : Insee, Clap, Lifi 2012 – Traitement SSP
du tiers sont conducteurs routiers ou conduc-teurs livreurs. Dans les autres professions, les fonctions administratives et commerciales dominent.
commerce de détail : la boulangerie-pâtisserie loin devantL’emploi dans le commerce de détail alimen-taire est largement dominé par la boulange-rie-pâtisserie avec 55 % des actifs du secteur. Ils sont 16 % à travailler dans les boucheries et les charcuteries, et 11 % dans les commerces d’alimentation générale et les supérettes.La quasi-totalité du salariat se répartit entre les ouvriers de fabrication (boulangers, pâtis-siers, bouchers, charcutiers… dont 30 % sont apprentis) et les employés (vendeurs). Seuls 3 % des salariés font partie des professions intermédiaires et supérieures.
observer. pourquoi faire ?Suite aux difficultés économiques de 2013 dans les secteurs agricole et agroalimentaire, les différentes branches de la filière alimentaire bretonne se sont mobilisées pour travailler en-semble sur les questions d’emploi-formation. Leurs objectifs sont multiples : améliorer le dialogue social dans les entreprises, anticiper les évolutions des emplois, des métiers et des compétences, faciliter les recrutements, favo-riser les mobilités professionnelles, améliorer l’attractivité des métiers. Côté formation, il s’agit de renforcer l’adéquation emploi-forma-tion et de dynamiser la formation profession-nelle des actifs.Cette démarche collective est centrée autour d’un dénominateur commun : les produits. En corollaire, les proximités se font en termes de métiers, de compétences, de contraintes tech-niques ou organisationnelles. Ces complé-mentarités doivent faciliter la mise en place de formations offrant davantage de synergie et de perméabilité entre les branches industrielles et commerciales. Elles doivent aussi ouvrir des passerelles entre les différents métiers et aider à la sécurisation des parcours profes-sionnels.Le premier état des lieux produit permet déjà de mieux appréhender l’emploi du secteur. Des compléments d’analyse aideront à répondre aux questions posées par les acteurs de la fi-lière, une des premières étant : les formations dispensées répondent-elles aux besoins en emplois et en compétences des entreprises ?
Anne [email protected]
> Ce travail de diagnostic emploi formation a été réalisé par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne, avec le concours financier de l’Etat et de la Région Bretagne, pour le compte des deux nouvelles instances représentatives du secteur alimentaire breton :
- l’Instance de Dialogue Social (IDS), composée de l’ABEA (Asso-ciation Bretonne des Entreprises Agroalimentaires), de la CGAD (Confédération Générale de l’Alimentation en Détail) Bretagne et des organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC Agro, CFTC, CGT),
- la Commission Paritaire Régionale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (CPREFP), composée des mêmes signataires, avec en plus Coop de France Ouest, Culture viande et l’UIR FNICGV (Union Interrégionale de la Fédération Nationale de l’Industrie et du Com-merce en Gros des Viandes).
> Les activités du secteur alimentaire peuvent être scindées en trois grandes catégories : les industries agroalimentaires, qu’elles soient de statut privé ou coopératif, le commerce de gros alimen-taire de produits agricoles bruts ou transformés et le commerce de détail alimentaire. Ce dernier comprend les entreprises artisanales de l’alimentation de détail telles que les boulangeries, boucheries, charcuteries, poissonneries, primeurs, épiceries, caves, les com-merces alimentaires sur les marchés, ainsi que les commerces d’alimentation générale et les supérettes. Les supermarchés et hypermarchés ne sont pas pris en compte.
Ce champ correspond à un regroupement de secteurs d’activité. Il a été identifié à partir de la liste des codes de la Nomenclature d’acti-vité française.
> 60 % des actifs du secteur alimentaire travaillent dans les IAA
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
Non salarié
Salarié
Commerce dedétail alimentaire
Commerce de grosagricole et alimentaire
Industriesagroalimentaires (IAA)
60 %
17 %23 %
Source : Insee, Recensement de la population 2013
le secteur alimentaire breton croqué par une étude
Montant stable des exportations
bretonnes de légumes frais.
220 M€
exploitations légumières bio.
594
de chou-fleur en Bretagne en
2015/2016.
14 260 ha
34 / / 35
Légumes frais
atypique
Si le bilan 2016 est globalement correct en légumes frais, les termes « atypique et tourmenté » reviennent en leitmotiv d’une production à l’autre. Face aux aléas climatiques et autres rebondissements, les légumiers bretons veulent tenir la barre sur trois axes : l’organisation des marchés ; l’expérimentation et la sélection variétale au plus près du terrain ; la diversification, avec notamment une production bio qui prend de l’essor au sein de 600 exploitations.
L es nouveaux investissements inaugu- rés à la station expérimentale du Cate1, le 12 avril 2017, mettent en
lumière l’exemplarité du pilotage profession-nel de l’expérimentation légumière en Bre-tagne. Depuis sa création en 1965, la station est pilotée par des producteurs mandatés par les Organisations de Producteurs (OP) et la Chambre d’agriculture, avec un financement à 50-50 entre fonds professionnels et publics. La nouvelle serre verre innovante, d’un mon-tant de 1,5 million d’euros, vise à la recherche de la meilleure efficience énergétique en tomate. Les deux autres stations du réseau expérimental breton sont situées à Pleumeur Gautier (agriculture biologique) et Auray (ma-raîchage).
le bio confirme son envolAvec 594 exploitations bio bretonnes à domi-nante légumière en janvier 2017, la progres-sion est de 50 % en cinq ans. Le rythme s’accé-lère en 2016 avec 72 nouvelles fermes, contre 61 en 2015 et 40 en 2014, selon l’Observatoire régional de la production bio – Frab. Avec les nombreuses conversions en cours, une aug-mentation significative des volumes est at-tendue dans les deux prochaines années. En termes de mode de vente se côtoient filières courtes, typiquement les maraîchers valori-sant des surfaces réduites en vente directe. Et filières longues avec des légumiers aux sur-faces plus importantes qui commercialisent via les OP. La production bretonne de ces OP s’élève à plus de plus de 35 000 tonnes. Après vingt ans d’existence, l’association des pro-ducteurs de fruits et légumes bio de Bretagne (APFLBB), devenue coopérative, compte 55
producteurs et commercialise 12 000 tonnes de produits bio sur 850 ha de plein champ et 15 ha sous abri. L’AOP Cerafel a vu ses sur-faces augmenter sensiblement en 2015 et les tonnages dépasser les 16 000 tonnes en 2016, avec un nouveau palier attendu à 20 000 t en 2017. Ses trois OP adhérentes concernées, la Sica St-Pol, l’UCPT et Terres de St-Malo, totalisent une cinquantaine de producteurs certifiés et une quinzaine en conversion. Si le chou-fleur reste le premier légume bio breton (20 % des surfaces), suivi par les choux (10 %) et artichauts (7 %), la gamme se décline dans toutes les couleurs (carottes, courges, légumes anciens...) ainsi que sous abri (to-mates, concombre).
atypiqueLes campagnes se suivent et se ressemblent de moins en moins. La météo atypique de 2016 se caractérise par une forte pluviomé-trie en juin, suivie d’une période de séche-resse à partir de juillet. En tomate, un prin-temps difficile avec volumes importants et marchés déprimés laisse craindre le pire. Puis l’été très chaud favorise la demande et limite la concurrence, assurant des prix sou-tenus, sans le creux estival habituel. Au final la tomate s’en sort bien. L’oignon, le brocoli, l’endive et la salade connaissent des marchés mieux orientés. Après la crise aigüe de 2015, l’échalote remonte la pente et bénéficie de prix fermes. En revanche, l’artichaut a beau-coup souffert de l’excès d’humidité hivernale. Les faibles rendements se traduisent par une production en chute de 25 à 35 % selon les va-riétés. Malgré des prix élevés, le chiffre d’af-faires global ne se maintient pas, surtout en castel. Situation également tourmentée pour les producteurs de chou-fleur. Fin décembre 2015, après deux mois d’une météo douce et pluvieuse, ils récoltaient les choux de février, soit six semaines d’avance. En janvier 2017,
après un automne plutôt frais conjugué à un déficit hydrique, ils récoltaient avec plus d’un mois de retard les variétés de novembre et décembre. Face à l’impact si fort du climat, l’un des principaux leviers techniques reste les variétés. L’OBS, Organisation Bretonne de Sélection, permet de disposer d’une indépen-dance génétique, avec des variétés adaptées au terrain et à tous les mois de l’année. Sur la cinquantaine de variétés disponibles en chou-fleur, entre 6 et 7 sont par exemple récoltées en décembre, pour répartir le risque.
royaume-uni, 3e client55 % de la production bretonne de chou-fleur blanc est exportée en 2016, ainsi que 25 % en échalote et 27 % en artichaut violet. Les ventes à l’étranger constituent donc un débouché majeur, pour un montant stable de 220 mil-lions d’euros. En tête des produits exportés arrivent les choux-fleurs et brocolis (32 % du total), suivis par les pommes de terre (24 %) et les tomates (20 %). L’Union européenne repré-sente 82 % des débouchés contre 18 % pour les pays tiers. La Belgique devient le premier débouché en 2016 (21 % du total ; +14 %), de-vant l’Allemagne (20 % du total ; -20 %). Alors que le Brexit menace, le Royaume-Uni rejoint le trio de tête avec des achats en croissance de 44 % en un an (12 % du total), en particulier en chou-fleur et brocoli. Avec un total de plus d’un milliard d’euros en 2016, le déficit commercial de la France pour les légumes frais s’est aggravé (+7 %), sous l’effet d’importations encore accrues. Dans ce contexte, avec une production légumière européenne qui reste atomisée face à des acheteurs de plus en plus structurés, l’Orga-nisation Commune des Marchés (OCM), pilier de la Pac en légumes, est vitale. Elle repose sur les Organisations de Producteurs et leurs outils de gestion des risques.
Gwénola Floc’h-Penn [email protected]
(1) Comité d’Action Technique et Economique
La tomate se refait une santé en été après un printemps difficile
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
Janv. Févr Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct Nov Déc
€/kg Tonnes
Quantité 2015 Quantité 2016 Prix 2016Prix 2015
Source : Chambre d’agriculture de Bretagne, service Economie Emploi d’après Agreste-Draaf Bretagne
Amélioration en échalote et brocoli, déficit en artichaut
Choux Fleurs blancs 2014/2015 2015/2016 Evolution %
Apports (tonnes) 239 403 221 719 -7 %
Surfaces (ha) 14 071 14 260 +1 %
Prix brut (€/tête) 0,57 0,57 0 %
Artichauts Camus 2015 2016 Evolution %
Apports (tonnes) 19 713 14 872 -25 %
Surfaces (ha) 2 781 2 714 -2 %
Prix brut (€/tête) 0,52 0,72 +38 %
Echalotes 2014/2015 2015/2016 Evolution %
Apports (tonnes) 26 633 25 068 -6 %
Surfaces (ha) 1 546 1 109 -28 %
Prix brut (€/tête) 0,12 0,50 +317 %
Brocoli 2015 2016 Evolution %
Apports (tonnes) 8 517 9 078 +7 %
Surfaces (ha) 1 046 1 012 -3 %
Prix brut (€/tête) 0,64 0,68 +6 %
Source : AOP Cerafel et Agreste - Draaf Bretagne
Exportations bretonnes
de légumes transformés.
76 M€
Part de la Bretagne dans
la production française de pois.
33 %
Surface prévisionnelle
de légumes transformés en
2017 (+8 %/2016).
20 690 ha
36 / / 37
Légumes transformés
manque d'eau
Au vu de la perte de résultats des producteurs en 2016, soumis à une sécheresse estivale, le nouveau programme de soutien à l’irrigation doit apporter de la sécurité dans la régularité des marges et le respect des engagements avec les industriels. Sécurisation des débouchés également à travers des liens renforcés entre producteurs, transformateurs et restauration collective. Et le bio devient une priorité, poussé par une forte demande.
32 % des exploitations bretonnes de légumes transformés sont équipées en matériel d’irrigation
(40 % des surfaces), contre 100 % « par obliga-tion contractuelle » dans le Sud-Ouest et 60 % en Nord-Picardie–Centre. Après deux années de transition, la mise en place d’un nouveau programme de soutien des projets d’irrigation a été négociée pour 2017-2020 avec le Conseil Régional et les Conseils départementaux. S’il en était besoin, la campagne déficitaire 2016 où la Bretagne n’a pas pu honorer son engagement avec les industriels par manque d’eau dès le mois d’août explique le ouf de soulagement des professionnels bretons. Les dépenses éligibles concernent les études, stations de pompage, réseaux et retenues d’eau. L’irrigation d’appoint doit apporter de la sécurité dans la régularité des marges des producteurs au fil des ans, malgré les aléas climatiques. En 2016, le printemps excessi-vement pluvieux a perturbé les semis et les récoltes des pois, tandis que la sécheresse de l’été a pénalisé les haricots et les flageolets. Les objectifs régionaux ne sont pas réalisés pour ces trois légumes.
pois : déficitaireAprès avoir perdu plus de 2 000 ha en 2015, les surfaces nationales consacrées au pois se stabilisent et les volumes baissent de 10 % par rapport à la campagne déficitaire de 2015. En Bretagne en revanche, les emblavements reculent de 5 %. Avec 7 097 hectares semés, notre région représente 33 % du total national. En dehors du Sud-Ouest qui a quasiment at-teint ses objectifs, la Bretagne n’a récolté que 91 % du tonnage attendu, et ce taux est encore plus sévère dans le Nord-Picardie-Centre (76 %). Les semis régionaux se sont en effet réalisés dans de mauvaises conditions, puis
des pics de chaleur ont précipité la récolte. Au final, les rendements bretons décevants et les abandons de parcelles aboutissent à un déficit de 4 800 tonnes par rapport au prévisionnel de début de campagne. Côté résultats éco-nomiques, le bilan est mauvais. En moyenne nationale, la valeur nette agricole perçue par les agriculteurs chute de 7 % essentiellement suite aux pertes de rendement.
haricot : volume en chuteEn France, les surfaces et les volumes pro-duits en haricot d’industrie augmentent de respectivement 10 % et 9 % en 2016 par rap-port à la campagne précédente. Après le net recul de 16 % des emblavements bretons en-registré en 2015, un léger rattrapage s’opère en 2016 pour atteindre 8 057 ha (+ 3,5 %). Mais cela ne suffit pas à compenser les rendements en chute de 14 % en un an. Alors que les deux autres grandes régions productrices de hari-cot voient leur récolte progresser, la Bretagne est pénalisée par la sécheresse combinée à un faible taux d’équipement d’irrigation : les cycles de production sont raccourcis et les situations de récolte souvent urgentes. Glo-balement, la campagne bretonne de haricot s’achève avec des volumes récoltés inférieurs de 12 % par rapport aux attentes (déficit de 12 800 tonnes). Les prix connaissent une faible évolution en un an (-2 % pour la valeur nette agricole nationale par hectare). Les mêmes causes produisent les mêmes ef-fets en flageolet où l’impact de la sécheresse est encore plus criant. Le tonnage récolté est déficitaire de 24 % par rapport au volume at-tendu et inférieur de 32 % à celui récolté en 2015. La valeur nette agricole perçue par les agriculteurs recule de 10 % du fait de la chute des rendements.
restauration collectiveLe marché de la restauration collective repré-sente 37 % des volumes français de légumes surgelés. Cette spécificité explique la par-ticipation active de l’UOPLI1 à l’approche innovante Breizh Alim portée par la Région Bretagne en partenariat avec l’État et les Chambres d’agriculture de Bretagne, visant à mettre en relation les producteurs, les trans-formateurs et la restauration collective. Le 10 octobre 2016, la première journée « grands acheteurs » a rassemblé acteurs bretons du légume d’industrie, groupements d’achats et acheteurs municipaux. Ce n’est pas parce que les pois et haricots transformés sont dans une boîte qu’il n’y a pas un producteur der-rière ! Démarche réitérée en mars 2017 lors de la première édition du salon Breizh Alim à Quimper, visant à aboutir à des contrac-tualisations. Autre débouché important mais soumis à une forte concurrence européenne, l’exportation bretonne de légumes transfor-més cale une nouvelle fois en 2016. Selon les données douanières régionales, elles s’élèvent à 76 millions d’euros en 2016, en baisse de 9 % en un an et de 26 % par rapport au point haut de 2013. Les pois et haricots appertisés représentent respectivement 11 % et 6 % de ce total export, contre 34 % pour les autres légumes en conserve (macédoine, mélanges pois/carottes et autres). Arrivent ensuite les produits congelés ou surgelés (33 % du total). En revanche, les légumes transformés ne sont pas restés à l’écart de l’envol de la consomma-tion de produits biologiques en 2016. Même si le bio ne représente encore que 2 % des sur-faces françaises de pois et haricot, la demande de fabrication bondit par exemple de 25 % pour l’Organisation de Producteurs (OP) Cecab, lea-der en Bretagne avec 58 % des surfaces de légumes transformés. L’organisation appelle ses producteurs à faire des conversions en bio, devenu une priorité.
Gwénola Floc’h-Penn [email protected]
(1) Union bretonne des Organisations de Producteurs de Légumes à destination Industrielle
Baisse des surfaces bretonnes de légumes transformés en 2016, reprise prévue en 2017
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
2011 2012 2013 2014 2015 2016
Haricots Pois Flageolets Epinards Carottes Autres
21 215 20 689 20 793 21 42619 571 19 103
Nombre d’hectares semés, déclarés par les trois organisations de producteurs bretonnes
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après UOPLI / Cenaldi
Des volumes déficitaires en pois et en haricots
Résultats de la campagne 2016 - Bretagne
POIS 2016 Surfaces (ha)
Rendemant (t/ha)
Volume (t brutes)
Abandons et refus (ha)
Prévisions 6 731 7,77 52 300
Réalisations 6 457 7,38 47 653 274
Ecart en % 96 % 95 % 91 % 4 %
HARICOTS 2016 Surfaces (ha)
Rendemant (t/ha)
Volume (t brutes)
Abandons et refus (ha)
Prévisions 6 743 13,09 88 266
Réalisations 6 522 11,89 77 547 221
Ecart en % 97 % 91 % 88 % 3 %
Source : Cenaldi
Recul de 9 % des exportations bretonnes de légumes transformés
44 49 44 38 37 33 33
7 6
7 9 7
6 6
13 10 9
11 11
11 11
26 32
36 42 35
34 34
91 98 98 103
92 84
20
40
60
80
100
120
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Légumes congelés ou surgelés
Haricots appertisés Pois appertisés Autres légumes appertisés
Autres
0
76
En millions d’€
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après douanes bretonnes
/39
focus2d pilier de la Pac
3 100 contrats MAEC et
190 000 ha engagés en
Bretagne sur 2015-2016
consommant d’ores et déjà
88 % du budget prévu pour 2 500
contrats sur 7 ans en Bretagne.
Près de 195 M€ pour la
modernisation des exploitations sur
2015-2020.
PCAEA, un effet levier important :
pour un euro de subvention, cinq
euros investis.
38 /
Officiellement lancé en 2015, le Programme de Développement Rural Breton (PDRB) géré par le Conseil régional comporte deux mesures phares : le soutien à la modernisation des exploitations agricoles et les mesures agro-environnementales et climatiques. En deux ans, ce sont 3 100 contrats MAEC qui sont signés et près de 3 300 porteurs de projets qui bénéficient de soutien à l’investissement.
C ommunément appelé « second pilier de la Pac », le fonds européen agricole pour le développement rural (Feader)
soutient les projets qui renforcent la compé-titivité et la performance écologique du sec-teur agricole et agroalimentaire. En Bretagne, pour la période de programmation 2015-2020, ce sont 368 millions d’euros (M€) de Fea-der qui sont alloués par l’Union européenne, auxquels il faut rajouter plus de 300 M€ de cofinancements nationaux (Etat, collectivités, Agence de l’Eau…).
maec, outil phare de la politique agroenvironnementale de la pacMarquée par un verdissement renforcé, la Pac a développé un dispositif permettant aux agri-culteurs de contractualiser des engagements environnementaux. La période 2007-2014 fut marquée par une synergie entre politique « bassins versants» et déploiement des me-sures agroenvironnementales (MAE), présen-tant un bilan de 4 160 contrats avec 2 000 MAE territoriales et 1 485 SFEI (systèmes fourra-gers économes en intrants) pour 130 000 ha engagés et 110 M€ d’aides.L’actuelle programmation 2014-2020 a conduit à un changement de cap important. Exit les MAE territoriales et place aux MAE système, qui de plus sont enrichies d’un « C » de « climatiques » pour devenir des MAEC. La plupart des cahiers des charges engage l’in-tégralité de l’exploitation, notamment en sys-tème dit « polyculture élevage », en évolution (SPE) ou maintien (SPM). Les mesures spéci-fiques à l’agriculture biologique sont quant à elles reconduites.
quel bilan après deux années de nouvelle programmation ?En 2015, un réel engouement a porté sur des mesures de maintien pour deux tiers des
83,3 M€, alors qu’en 2016, le ratio s’inverse avec 32 % affectés au maintien sur les 37,7 M€ contractualisés. Ce succès des mesures SPE répond à une reconduction massive des an-ciens contrats SFEI, voire des exploitations en agriculture biologique, préférant ces contrats aux mesures « bio » moins bien rémunérées. Quelques déceptions sont toutefois à rele-ver : difficulté à faire reconnaître un cahier des charges spécifique aux enjeux phytos et revers pour la mesure dite « monogastrique » (SPE9).L’élargissement territorial des mesures en 2016 (en lien avec les plans filières laitières et bovines) a aussi contribué au succès du dispositif. Malgré une enveloppe restante limitée ainsi qu’une image dégradée en rai-son des difficultés d’instruction et retards de paiement, gageons que l’avenir permettra de mobiliser de nouvelles exploitations dési-reuses d’engager des changements en phase avec les enjeux environnementaux et d’être accompagnées par un nouveau dispositif « Pass’MAEC » proposé en Bretagne.
modernisation des exploitations : le pcaea plébiscitéPour faire face au fort besoin de modernisa-tion des exploitations agricoles bretonnes, la Région Bretagne, en concertation avec la pro-fession agricole, a décidé de consacrer plus d’un quart de son enveloppe Feader (94,5 M€) pour financer les projets dans le cadre du Plan pour la Compétitivité et l’Adaptation des Exploitations Agricoles (PCAEA). Ce plan concerne toutes les filières agricoles ; en plus du Feader, l’Etat et le Conseil Régional de Bretagne interviennent à hauteur de plus de 100 M€. Il s’articule autour de 3 dispositifs :
le soutien aux « investissements en matériels agro-environnementaux » (dispositif 411 a), le soutien à la «modernisation des bâtiments et équipements associés» (dispositif 411 b), et le soutien à la « rénovation des bâtiments et équipements associés pour l’économie d’éner-gie et la limitation des gaz à effet de serre » (dispositif 412).Après deux années de mise en œuvre du PCAEA (2015-2016), ce sont plus de 80 M€ de subventions sur 192 M€ disponibles au total (Feader + Etat + Région + Départements) qui ont été programmées pour soutenir la moder-nisation des exploitations agricoles et près de 3 300 porteurs de projets. Ces chiffres sont la preuve que le plan répond à un réel besoin pour renforcer la compétitivité des élevages bretons dont le parc bâtiment est vieillissant : l’âge moyen des bâtiments est supérieur à 22 ans en Bretagne en production porcine, à 25 ans en volaille. L’élevage laitier est de loin le premier bénéficiaire du PCAEA avec près de 31 M€ de subventions.Le programme doit durer jusque 2020. Vu l’engouement qu’il suscite, il est légitime de se demander si l’enveloppe prévue sera suffi-sante pour financer les projets à venir. Au sein du PDRB, un certain nombre d’ajustements ont déjà été réalisés pour optimiser la répar-tition des crédits et abonder les dispositifs les plus dynamiques (MAEC notamment). Mais cet exercice de redéploiement des crédits d’une mesure vers une autre va vite atteindre ses limites. Comment faire alors pour que les por-teurs de projets en 2019 ou 2020 puissent es-pérer bénéficier de subventions ? Une solution réside dans le transfert de crédits du premier pilier de la Pac vers le second. Pas sûr que la profession agricole y soit favorable. L’autre alternative serait que l’Etat finance la moder-nisation des exploitations agricoles et le chan-gement de pratique avec ses propres deniers en abondant l’enveloppe du PCAEA. Faute de quoi l’argent pourrait commencer à manquer rapidement. A suivre donc.
Mary [email protected]
Jean-Paul [email protected]
> MAEC : rapport engagements 2015+2016/objectifs programmation 2014/2020
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
SPE1 SPM1 SPE2 SPM2 SPE3 SPM3 SPE9
Nombre de contrats 2015+2016 Nombre de contrats objectif
> PCAEA : bilan 2015-2016 : répartition des dossiers par filière – volet bâtiments
Millions d’euros 411b 412 Total
Porc 13,7 1,06 14,76
Volaille de chair 4,28 2,55 6,83
Œufs 2,56 0,35 2,91
Viande bovine 4,57 0,01 4,58
Lait 30,58 0,03 30,61
Légumes et horticultures 1,15 0,7 1,85
Autres 1,07 0,04 1,11
Total 57,91 4,74 62,65
Source : Région Bretagne
Source : Région Bretagne
second pilier : priorité à la modernisation et à l'agroenvironnement
Nouveau ! Vous êtes
agriculteur, intéressé par un projet en bio, et
vous voulez y voir plus clair sur la
bio, rendez-vous sur www.produire-
bioenbretagne.fr.
Vous avez un projet en porcs
bio : rejoignez le groupe
de producteurs animé par la
Chambre d’agriculture de
Bretagne, des fiches techniques également à votre
disposition sur www.capbio-
bretagne.com.
Avant de se lancer dans un projet bio,
il faut s’entourer, se faire
accompagner et échanger avec ses
partenaires pour connaître l’état
des marchés.
Français sur 10 intéressés par
des produits bio d’origine française.
8
de producteurs bio en France en 2016.
+ 12%
des installations aidées en
Bretagne sont en bio en 2016.
1/4
40 / / 41
Agriculture biologique
le porc bio a la côte !La viande bio séduit de plus en plus de français. Pas suffisamment disponible, la consommation de porcs bio est freinée. De quoi motiver un certain nombre de producteurs ! La filière porcine bio encore modeste se structure. Avant de se lancer, mieux vaut prendre le temps de réfléchir sur ses débouchés et son outil de travail car on est loin des repères et du mode d’élevage conventionnel. Se faire accompagner, c’est se donner toutes les chances de réussite !
E n France, 7 milliards d’euros de pro- duits bio sont vendus en 2016 soit une progression de 20 % en un an ! Les ma-
gasins spécialisés enregistrent des hausses de leurs ventes de l’ordre d’un quart. Désor-mais, on dénombre plus de 32 000 fermes bio pour 1,5 million d’hectares. La Bretagne n’échappe pas à cette dynamique avec 439 nouvelles fermes sur ses 2 418 fermes bio.En 2015, la production française de porcs bio représente 1 % de la production natio-nale. Mais elle pèse le quart de la produc-tion bio de l’Union européenne juste derrière le Danemark. Ce cheptel reste très modeste dans l’UE. La consommation dynamique en Allemagne et en France souffre d’un manque de matière première. Evalué à 170 millions d’euros pour 9 700 tonnes équivalent car-casse, l’abattage de porcs bio en France atteint un tiers des tonnages de viande bio derrière les bovins (60 % des volumes). Les Grandes et Moyennes Surfaces et les maga-sins spécialisés sont les principaux circuits de distribution pour la charcuterie. Pour la viande fraîche, les achats se font également via la vente directe et les boucheries. Après plusieurs années de progression, 2016 voit une baisse des ventes de porcs bio en grandes surfaces, la production ne permettant pas de satisfaire la demande du marché.
la bretagne, seconde région en porcs bioAvec 396 élevages pour 9 080 truies, on ob-serve en France une forte disparité entre élevages. La majorité dispose de moins de 10 truies, mais une trentaine en élève plus de 80. Les Pays de la Loire arrivent en tête avec 52 fermes pour un effectif moyen de 45 truies puis la Bretagne avec 48 fermes pour 24 truies. Cinq principaux acteurs historiques participent au développement de la filière :
Bio Direct, Bretagne Viande Bio tous deux actifs en Bretagne, ainsi que Cirhyo, Porcs bio Atlantique et Unebio. Des partenariats avec la distribution voient le jour (Bio Direct avec Biocoop et système U). De nouveaux acteurs apparaissent. Des filières de proximité asso-ciant les différents acteurs locaux se mettent en place (Cavac). Mais l’enjeu économique de la filière porte sur la valorisation de toute la carcasse. Même si la situation s’améliore, on observe toujours un déséquilibre matière. Avec 30 % du poids de la carcasse, le jam-bon représente 45 % des volumes consom-més. L’importation de l’ordre de 10 % est une réponse à ce déséquilibre. En 2016, les dif-férents acteurs manifestent leur volonté de mettre en place de nouveaux élevages.
a chacun de trouver son système de productionLes projets se font majoritairement lors d’ins-tallations ou d’agrandissements de petits éle-vages existants. Les projets actuels portent sur des élevages de 30 à 150 truies. Le cahier des charges bio européen rend difficile la conversion d’un producteur de porc conven-tionnel vers le bio. Par ailleurs, certains grou-pements historiques en bio peuvent avoir des exigences supplémentaires (autonomie ali-mentaire…).Avant de se lancer, le temps de la réflexion est nécessaire. Le choix de la commercialisation impacte l’organisation et le temps de travail. Les investissements peuvent être impor-tants pour construire ou adapter un bâtiment existant type poulailler ou stabulation et les banques sont parfois frileuses. Le cahier des charges impose que 20 % de l’alimentation soit produite sur la ferme ou qu’elle provienne d’une exploitation bio de la même région. Mais pour que le projet soit rentable, il faut tendre vers un maximum d’autonomie alimentaire
et produire sur la ferme des cultures desti-nées à l’alimentation des porcs. Cela signifie d’une part de disposer de suffisamment de foncier pour avoir un système d’exploitation cohérent et d’autre part de s’intéresser aux cultures. Certains éleveurs redoutent davan-tage la maîtrise des cultures que celle de l’élevage. Une autre interrogation porte sur la fin de la dérogation au 31 décembre 2017 autorisant 5 % de matières premières riches en protéines conventionnelles. Les solutions techniques existent mais avec un coût de pro-duction plus élevé. Le consommateur sera t-il prêt à payer plus cher ?Etre accompagné, échanger avec des produc-teurs déjà en bio sont des gages de réussite. La diversité des témoignages montre qu’il est alors tout à fait possible pour chacun de trou-ver son système de production dans lequel le producteur pourra s’épanouir.
Anne [email protected]
la bio en bretagne ? Les 2 418 fermes engagées en bio au 1er janvier 2017 représentent désormais 7 % des fermes bretonnes d’après la Frab.La production laitière connait un boom sans précédent avec 188 conversions en 2016. Elle est suivie par la filière lé-gumes avec 72 conversions. Phénomène nouveau, on dénombre 41 conversions en grandes cultures. Autre record, celui du nombre de projets d’installations bio aidées avec 115 projets soit 24 % des ins-tallations aidées !Contrairement aux années précédentes, le nombre de conversions est supérieur à celui des installations avec trois quart des nouvelles fermes. Ceci s’explique par la dynamique des conversions en produc-tion laitière boostée par la crise du sec-teur en conventionnel.
Un marché porteur depuis plus de sept ans
36 3
75
37 2
53
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59 5
85
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94 5
58
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40 000
60 000
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Têtes Tonnages caracasses
Source : Commission Bio Interbev
Abattages : 4 000 tec en 2007 > 9 700 tec en 2015
BIO
Nombre de têtes de porc bio Tec
Part des exportations agricoles et
agroalimentaires bretonnes en
France.
7 %
Niveau dépassé des effectifs
salariés en 2016.
68 000
Recul du chiffre d’affaires de
l’agroalimentaire breton.
-0,2 %
42 / / 43
Industries agroalimentaires
quels relais de croissance pour l'agroalimentaire breton ?
Voyants au vert pour les industries agroalimentaires bretonnes en 2016, ou presque pour certains secteurs. Quels seront demain les facteurs de soutien des entreprises régionales et de leurs emplois ? Dans un contexte de négociations annuelles toujours tendues avec la grande distribution, les industriels tendent l’oreille aux nouvelles attentes sociétales. Une dynamique est enclenchée pour ces derniers et pour l’amont.
A lors que le chiffre d’affaires du secteur agroalimentaire est en augmentation au niveau national pour 2016 (+1,7 %)1,
les premières estimations régionales annon-ceraient un léger recul (-0,2 %)2, cela alors que les prévisions émises par les industriels bretons étaient plutôt optimistes il y a un an. 32,2 % des chefs d’entreprises agroalimen-taires bretonnes interrogés par la Banque de France estiment que la rentabilité de leur entreprise s’est dégradée en 2016 par rapport à l’année précédente, pendant qu’une quasi majorité la juge stable (44,5 %). Seuls 23,3 % considèrent qu’elle s’est améliorée. À confir-mer…
Dans les rangs de l’industrie des viandes, principale contributrice au chiffre d’affaires régional (41 % d’après les dernières données disponibles)3, les industries des viandes por-cines, de volailles et bovines évoluent en ordre dispersé. Les volumes d’abattage de porcs confirment leur rebond initié en 2015 (+2 % en 2016), ceux des bovins se maintiennent (0 %), quand le secteur de la volaille retombe (-4 %).
Pourtant, les industries agroalimentaires (IAA) régionales se sont illustrées en termes de création d’emplois. Les effectifs dans les établissements du secteur ont dépassé la barre des 68 000 salariés, retrouvant un ni-veau non atteint depuis 2012. Une force vive complétée par plus de 9 200 intérimaires fin 2016 (+4,8 % par rapport à la fin 2015). Sur ce critère, des dynamiques différentes dans les départements sont à souligner. Le recours à l’intérim baisse dans les Côtes d’Armor et
l’Ille-et-Vilaine de respectivement 5,8 et 5,0 % en Emplois équivalent temps plein - EETP au 4e trimestre 2016 par rapport au même trimestre de 2015. Par contre, il progresse nettement dans le Finistère (+16,9 %) et le Morbihan (+17,6 %).
des investissements toujours nécessairesLa création de certains de ces emplois accom-pagne la dynamique d’investissement des en-treprises bretonnes4, certes moins marquée cette année qu’au niveau national. En effet, les investissements dans l’Hexagone enre-gistrent +10 % en valeur entre 2015 et 2016 avec des perspectives pour 2017 tout aussi positives de +7 %5.
La réalisation opérationnelle des grands pro-jets industriels annoncés à l’aube de la fin des quotas laitiers en 2014 s’est poursuivie cette année encore dans les établissements laitiers bretons. L’acteur chinois Synutra, récemment implanté à Carhaix, annonce déjà de nou-veaux projets.
Dans le secteur des viandes de boucherie, en parallèle d’investissements de développe-ment de capacité de production chez des ac-teurs industriels importants (Socopa Viandes, SVA Jean Rozé et Abera), les réflexions pour le maintien d’abattoirs intercommunaux in-tégrés dans des schémas de circuits courts aboutissent à la rénovation d’outil en place (Le Faou, Lannion…) ou à la création d’autres (Saint-Jean-Brévelay).
Enfin, il faut souligner la dynamique d’inves-tissements annoncés par plusieurs industriels pour la commercialisation et la distribution de leurs produits (Groupe Le Duff, Triskalia, Cooperl Arc Atlantique, Wegdam), en parallèle des stratégies des spécialistes de la logistique (Lahaye Logistique, Stef, STG). Une compé-tence que les industriels agroalimentaires veulent conserver face à la grande distribution.
bienvenue en chineSi les IAA régionales sont essentiellement tournées vers le marché intérieur (grande distribution, restauration hors domicile, IAA d’autres secteurs en B to B)6, les débouchés à l’export occupent une place qui se renforce. Après le passage à vide de 2014 du fait de l’impact de l’embargo russe, les exportations agroalimentaires bretonnes confirment leur reprise en 2016 à 4,23 milliards d’euros (+5 % par rapport à 2015), tirées notamment par le secteur des viandes de boucherie (916 millions d’euros, +8 % par rapport à 2015), le premier contributeur aux ventes (22 %).
L’Union européenne représentant 63 % des exportations bretonnes, ce sont donc des pays européens qui occupent les premières places au palmarès des destinations, dynamisant les flux (+9 % par rapport à 2015).
Du côté des pays tiers (-2 % par rapport à 2015) quelques destinations se démarquent. La Chine a fait preuve cette année d’un appétit immense (+44 % à 323 millions d’euros). Les ventes vers ce pays comptabilisent un gain considérable de presque 100 millions d’euros en un an, portées par les achats très soutenus de viande porcine et le sursaut des importa-tions de produits laitiers au quatrième tri-mestre (multipliées par deux par rapport à la même période de 2015). Une destination vers laquelle l’Ania souhaite renforcer la présence française en décidant de mettre en place un programme inédit d’accompagnement des industries alimentaires de l’Hexagone. Cooperl Arc Atlantique a fait un pas de plus vers ce pays en y investissant dans un outil de transformation cette année. Quelle consé-(1) Source : Insee, chiffre d’affaires dans l’industrie
(2) Source : Banque de France, Les entreprises en Bretagne : bilan 2016 et perspectives 2017(3) Source : Insee, Esane 2014 – traitement SSP(4) « Bilan des restructurations des entreprises agroalimentaires de Bretagne » Supplément n° 125, avril 2017 de la Revue de l’Observatoire des IAA – Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne(5) Source : Insee, investissements dans l’industrie (6) Business to business ou inter-entreprises
Évolution des activités bretonnes en ordre dispersé
60
70
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2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Base 100 en 2005
Production d'aliments composés Abattage de porcs
Abattage de volailles Abattage de gros bovins
Abattage de veaux Livraisons de lait
Production d’aliments composés 7,8 millions de tonnes (-4 %)
Abattage de volailles 518 milliers de tonnes (-4 %)
Abattage de veaux 66,7 milliers de tonnes (-0,3 %)
Abattage de porcs 1,17 million de tonnes (+2 %)
Abattage de gros bovins 259 milliers de tonnes (0 %)
Livraisons de lait 5,3 milliards de litres (-2 %)
Source : Agreste, SAA annuelle, retraitement Chambres d’agriculture de Bretagne, données 2016 provisoires
Rebond de l’emploi salarié agroalimentaire en Bretagne en 2016
64 000
65 000
66 000
67 000
68 000
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70 000
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72 000
73 000
74 000
2001
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T4
2004
T2
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2005
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2006
T2
2006
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2007
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T2
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2010
T2
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2011
T4
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2013
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2014
T2
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2015
T2
2015
T4
2016
T2
2016
T4
Source : Insee, estimations d’emplois
L’Allemagne talonnée par la Chine pour la 5e place des destinations des exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes
Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Direction Nationale Statistiques du Commerce Extérieur
Rang Destination En millions d'euros Part
1 Italie 439 10 %
2 Belgique 395 9 %
3 Espagne 393 9 %
4 Royaume-Uni 373 9 %
5 Allemagne 343 8 %
6 Chine 323 8 %
7 Pays-Bas 249 6 %
8 Arabie Saoudite 140 3 %
9 Japon 93 2 %
10 Grèce 90 2 %
11 États-Unis 82 2 %
12 Algérie 74 2 %
13 Portugal 71 2 %
14 Pologne 66 2 %
15 République de Corée 46 1 %
Autres 4 228 25 %
Série trimestrielle, corrigée des variations saisonnières (CVS)
acteurs néerlandais
s’installent dans la filière avicole
régionale.
2
L’Arabie Saoudite réduit fortement
ses achats de volailles bretonnes.
-29 %
Hausse des importations chinoises de
produits bretons.
+44 %
Bio, produits « sans », végétal toute une gamme
de produits à explorer.
44 / /45
quence à terme pour les volumes en partance depuis ses outils régionaux ?
Parmi les principaux acteurs des flux com-merciaux depuis la Bretagne, le secteur des viandes de volailles perd des plumes en 2016. Ses exportations pâtissent du contexte de grippe aviaire et de la fermeture des fron-tières de certains de ses clients, les ventes n’atteignent donc cette année que 401 mil-lions d’euros (-22 % par rapport à 2015 ; 9,5 % du total). L’Arabie Saoudite réduit notamment ses achats de 29 %. L’arrivée de l’acteur néer-landais Wegdam à l’occasion du sauvetage de Tilly Sabco Bretagne, au prix d’une forte réduction de la voilure de l’entreprise, va dans le sens du développement de parts de mar-ché à l’export avec le projet de développement d’une filière d’exportation de saucisses vers l’Afrique, depuis le port de Brest.
Quant à l’autre évènement marquant de l’an-née dans ce secteur, la reprise de Duc (Voléfi à Riec-sur-Belon) par le groupe Plukon, c’est le marché de la restauration hors domicile national qui est visé. Moins sujet aux retour-nements rapides de tendance que le marché à l’export, il reste toutefois le théâtre de fortes concurrences avec des produits importés.
nouvelles tendances de consommation, nouveau souffle ?Sur le marché national, la concentration des acteurs de la distribution déséquilibre le rap-port de force dans les relations tout au long de la chaîne alimentaire. Les négociations tarifaires compliquées entre les maillons in-dustrie et distribution se répètent cette année encore. Nombreuses sont les instances pro-fessionnelles qui ont d’ailleurs alerté sur les dérives autour du partage de la valeur des produits.
Pourtant les lignes évoluent. L’attention de la grande distribution semble s’être tournée vers les nouvelles attentes sociétales. Activer ce levier lui permettrait de rétablir l’intérêt du consommateur et de le (ré)attirer dans ses magasins. Leclerc annonce vouloir changer la stratégie pour sa marque de distributeur : santé, environnement et éthique seraient dorénavant les nouvelles priorités, devant le prix. En même temps, celui-ci s’intéresse
très fortement aux produits bio, qu’il souhaite rendre plus accessibles…
Et la Bretagne industrielle n’a pas laissé le train passé. Beaucoup d’acteurs se sont illus-trés à l’occasion des salons Sial Paris et Cfia à Rennes. Que ce soit pour une opération séduction auprès des consommateurs, pour l’amélioration de l’image de la gamme ou pour le développement d’activité, les services R&D des entreprises y travaillent ! Le déve-loppement d’innovations de produit créent une nouvelle dynamique pour les industriels, qui même si leur succès commercial n’est pas assuré, les obligent à se positionner au niveau stratégique. Des investissements en ce sens sont déjà engagés.
Pour accompagner la forte croissance du marché des produits bio, les « spécialistes » sont rejoints par de nouveaux opérateurs qui souhaitent compléter leur gamme et répondre ainsi à la demande de leurs clients distribu-teurs et consommateurs. Tous les secteurs sont concernés, y compris celui de l’alimen-tation animale.
Premier employeur agroalimentaire de la région avec près de la moitié des salariés agroalimentaires sur les 68 000 emplois7 de Bretagne, l’industrie des viandes ne peut pas ignorer la baisse des achats de viande par les consommateurs. Différentes stratégies sont donc adoptées. Certains visent l’adaptation des modes d’élevage. Sur les questions de bien-être animal et de démédication (sans antibiotiques), le groupe coopératif Cooperl Arc Atlantique, le premier à s’être lancé, est aujourd’hui suivi par Fleury Michon et Terrena. D’autres font évoluer leur recette, soit par une montée en gamme soit en déve-loppant des produits à base de végétal, qui apparaît auprès de certains consommateurs comme vecteur de naturalité. Le pôle de com-pétitivité breton Valorial a labellisé le projet MEATyLab, visant à introduire des protéines végétales, notamment issues de tourteaux de tournesol, dans de la charcuterie. Dans le secteur des plats cuisinés Guyader Traiteur Frais et Davigel s’illustrent par leurs initia-tives de produits pour végétariens, en paral-lèle des lancements de produits de Fleury Michon et plus récemment d’Intermarché ou encore de LDC. Ces substituts reprennent les codes habituels de consommation, sous la forme de steak ou encore de saucisse.
L’alimentation d’aujourd’hui se traduit par-fois par des ingrédients industriels très tech-niques proposés par des apporteurs de solu-tions comme AB Technologies Alimentaires,
(7) Source : Insee, Clap 2014
Quelques investissements des établissements agroalimentaires bretons en 2016 pour répondre aux attentes sociétales
Secteur Entreprise Objectif Localisation – Nature de l’investissement
Charcuterie-Salaison Bignon Viandes Bio Louvigné-du-Désert – 400 000 € sur 2015-2016 – Développement des capacités de production.
Boisson Bretagne Bio Malt Bio Saint-Avé – Création d’une malterie semi-industrielle bio.
Produits laitiers Laiterie Le Gall Bio Quimper – 2,4 M€ - Doublement de la capacité de collecte et de stockage de lait bio.
Céréales Céréco BioDomagné – 10 M€ - Projet de construction d’une nouvelle unité pour tripler la capacité de production de céréales pour le petit-déjeuner.
Alimentation animale UFAB (Le Gouessant) Bio Noyal-sur-Vilaine et Craon – 3 M€ pour le développement de
capacité des deux sites.
Produits laitiers A B Technologies Alimentaires Bio, végétal
Projet de construction d’une unité dédiée aux produits bio et aux fromages végétaux, qui est finalement prévue à Saint- Nazaire début 2017.
Plats cuisinés et produits traiteurs
Guyader Traiteur frais
Végétal, Plus de transparence
Kervignac – 5 M€ - Nouvelle unité pour le triplement de la capacité de production des cakes salés et des autres produits de la gamme végétale. Construction d’un couloir de visite de 100 m² ainsi que d’une boutique.
Plats cuisinés et produits traiteurs
Établissements Courtin
Plus de transparence
Trégunc – 3,5 M€ - Dans la nouvelle unité construite, création d’un espace découverte de 200 m² en accès libre complété d’une boutique de 300 m².
Fertilisants Groupe Roullier Plus de transparence
Saint-Malo – Projet de construction d’un musée pour la for-mation à l’agriculture raisonnée.
Industries agroalimentaires
concepteur de spécialités fromagères ou en-core le groupe bretilien Solina France.
Ces nouveaux courants de consommation sont à scruter, à saisir s’ils constituent de réelles opportunités. Bien-être animal, appro-visionnement local… ces démarches ne sont pas que le fait des industriels et distributeurs seuls. Car pour valoriser l’image de l’enseigne ou de l’industriel auprès du consommateur, la relation privilégiée avec les producteurs est
un atout indéniable. La profession agricole a donc son rôle à jouer pour aller plus loin et s’assurer que la valeur produite lui revienne à sa juste part.
Julie [email protected]
Source : Extrait du « Bilan des restructurations des entreprises agroalimentaires de Bretagne » Supplément n° 125, avril 2017 de la Revue de l’Observatoire des IAA , Chambres d’agriculture de Bretagne.
Autonomie des intrants et fiabilité du matériel, deux
composantes essentielles de
la rentabilité des unités agricoles.
Nouveaux tarifs de rachat de l’électricité,
un vrai espoir de relance des
projets après deux années de crise.
Dynamiser le développement
passe par des solutions à plus
petite échelle tournées vers
l’autonomie énergétique et la
valorisation des bénéfices
environnementaux.
de petite méthanisation en
fonctionnement en Bretagne (65 kWe)
située au centre de formation de
Quintenic (22).
1ère unité
Nouveau tarif de rachat maximal de
l’électricité issue du biogaz.
22,5 cts/kwh
unités de méthanisation
agricoles en fonctionnement en
Bretagne.
47
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Energie climat
la méthanisation agricole cherche sa voie
Souvent vantée pour ses multiples intérêts, la méthanisation agricole est néanmoins l’objet d’interrogations sur ses conditions de rentabilité. L’année 2016 s’achève sur une revalorisation des tarifs de rachat de l’électricité propice à relancer le nombre de projets et à consolider la filière. La recherche des meilleures conditions de valorisation de la méthanisation à la ferme demeure toujours d’actualité.
A vec 47 unités en service, individuelles ou collectives, la Bretagne est une des régions françaises les plus dyna-
miques en matière de méthanisation agricole. Elle abrite ainsi 18 % des 268 installations de ce type en France d’après l’Ademe-SINOE.
un bilan 2016 mitigéPourtant, la progression reste faible, voire décevante, avec 8 nouvelles unités en 2016, contre 7 en 2015 et 5 en 2014. Pour rappel, l’objectif du gouvernement est de 1 000 ins-tallations en 2020 ! Plus inquiétant, le nombre de nouveaux projets sollicitant des aides est passé de 30 en 2013 à 5 en 2015 et 8 en 2016. Une telle perte d’attractivité auprès des agri-culteurs s’explique en partie par les crises des productions laitières et porcines, peu pro-pices à ce type de projets lourds en termes d’investissements. Toutefois, la raison princi-pale tient à l’incertitude qui entourait la ren-tabilité même des projets. Depuis 2014, des discussions étaient engagées au niveau natio-nal pour réformer le dispositif de soutien. Des freins au développement de la filière étaient clairement identifiés et il existait une réelle attente d’évolutions permettant de poser les bases pour un nouveau départ.
la rentabilité en questionLa rentabilité des unités de méthanisation est sujette à beaucoup de commentaires mais reste souvent difficile à cerner du fait de l’hé-térogénéité des projets et du manque de don-nées fiables après la mise en service. En 2015, le bureau d’études E-Cube a étudié 54 projets en cogénération fonctionnant depuis au moins deux ans. Il a été mis en évidence que 65 % d’entre eux avaient une rentabilité inférieure aux prévisions dont 35 % avec un écart d’EBE de plus de cinq points. Les recettes ont clai-rement été surestimées lorsque les projets comptaient percevoir des redevances pour le traitement de déchets organiques de la part
de fournisseurs agro-industriels. Elles ont été aussi généralement impactées par de trop nombreuses interruptions de fonctionnement liées à des problèmes de casse de matériel ou de microcoupures électriques. De plus, les coûts de fonctionnement et d’investissement se sont avérés beaucoup plus importants que prévu. La variabilité des substrats utilisés entraîne notamment plus d’usure et de casse qu’en Allemagne, où l’utilisation de cultures énergétiques est quasi systématique. Cette étude a ainsi permis de souligner l’inadapta-tion du modèle économique d’une filière en phase de maturation et la nécessité de faire évoluer le dispositif de soutien des tarifs de rachat de l’électricité, tout en évitant les effets d’aubaine.
enfin un nouveau cadre de soutienAprès 18 mois d’attente, les nouvelles moda-lités d’aide aux unités de méthanisation de moins de 500 kWe en cogénération ont été publiées en décembre 2016. Le calcul du tarif de rachat de l’électricité est simplifié avec un tarif de base, décroissant en fonction de la puissance, plus une prime d’utilisation des ef-fluents agricoles. La prime d’efficacité éner-gétique fonction du taux de valorisation de la chaleur disparaît. Le niveau global du tarif est revalorisé d’environ deux centimes avec un maximum de 22,5 cts/kwh pour les projets à la ferme inférieurs à 80 kwe et utilisant plus de 60 % d’effluents agricoles. De plus, la durée du contrat passe de 15 à 20 ans. Ces nouvelles conditions tarifaires devraient donner un coup d’accélérateur aux projets à la ferme à partir de 2017 et permettre de conforter les projets à petite échelle en recherche d’autonomie. Une tendance à la diminution de la puissance
des projets au profit d’une sécurité d’approvi-sionnement est déjà perceptible en Bretagne puisqu’en 2013 la moyenne des unités était de 263 kWe avec 65 % de biomasse agricole alors qu’en 2016 elle était de 227 kWe avec 80 % d’intrants agricoles.
de nouvelles perspectives à explorerToutefois, si la cogénération est aujourd’hui dominante dans les projets de méthanisation agricoles, elle n’en constitue pas pour autant un modèle unique et un aboutissement. En effet, produire de l’électricité sur des unités à la ferme reste coûteux et insatisfaisant au niveau énergétique, car une grande partie de la chaleur demeure difficilement valorisable sur place et le rendement électrique dimi-nue avec la taille des unités. D’autres voies de production d’énergie sont d’ores et déjà
possibles grâce à l’épuration du biogaz avec injection dans le réseau de distribution ou transformation en carburant. Les conditions de rentabilité ne sont pas encore toutes réu-nies à l’échelle de la ferme mais plusieurs ini-tiatives bretonnes travaillent au moyen d’opti-miser les coûts via l’organisation de collectes. De même, les projets de micro-méthanisation visant à renforcer l’autonomie énergétique de l’élevage tout en réduisant les impacts envi-ronnementaux, notamment les émissions de gaz à effet de serre, ouvrent des perspec-tives intéressantes en termes d’adaptation et de modernisation des élevages. Un prochain appel à projet spécifique à ce type de projets devrait d’ailleurs être proposé par la Région courant 2017.
Hervé [email protected]
La méthanisation agricole bretonne a doublé sa capacité de production électrique en 4 ans
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Nombre unités agri. Puissance installée
Source : Aile.
Cumul puissance (kWe) Nombre d’unités
des inventaires communaux des
zones humides réalisés en
Bretagne.
95 %
espèces végétales en
moyenne dans une prairie humide.
40
fermes de référence
participantes.
19
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Environnement et Territoires
la biodiversité des zones humides à la loupeDepuis trois ans, un réseau breton de 19 fermes et de 90 parcelles agricoles en zones humides sont sous la loupe des entomologistes, des botanistes et des agronomes. La biodiversité de ces milieux a été étudiée en faisant le lien avec la gestion agricole. Pour maintenir cette richesse écologique et trouver un équilibre avec l’intérêt économique des agriculteurs, la Chambre d’agriculture travaille sur la mise en place de solutions pérennes.
L es zones humides constituent -avec les cours d’eau- la « trame bleue » des territoires. Elles ont été invento-
riées et localisées sur 95 % des communes bretonnes et intégrées dans les PLU. 60 % de ces zones humides sont des terres agricoles. Quel est le lien entre la gestion agricole de ces zones, leur biodiversité et la qualité de l’eau ? C’est pour répondre à ces questions que la Chambre régionale d’agriculture a constitué un réseau de fermes de référence dédié, avec des partenaires scientifiques reconnus: Inra, Conservatoire botanique national de Brest (CBNB) et Groupe d’étude des invertébrés d’Armorique (Gretia).
des pratiques agricoles de valorisation raisonnéeLe choix des 19 fermes de références s’est porté sur des fermes représentatives du contexte breton et notamment laitières ou de bovins viandes. Au total le suivi a été réalisé dans 90 parcelles en zones humides. La carte d’identité type est celle d’une zone humide en prairie permanente (2/3 des parcelles), à la fois fauchée et pâturée (38 %), le pâtu-rage est fait par des génisses ou des vaches taries, en majorité sans fertilisation (51 % des parcelles), avec un rendement estimé faible (-30 % minimum par rapport aux prai-ries fertilisées en zone humide). Mais l’étude détaillée, conduite pendant trois ans, montre que ce portrait-robot cache une diversité de situations, la richesse écologique des par-celles dépend des conditions du milieu (sol, climat...) et de la gestion pratiquée.
des criquets spécifiques des zones humidesDes agriculteurs du réseau ont pu accompa-gner le Gretia dans les comptages et la recon-naissance de ces si nombreuses petites bêtes, dénommées orthoptères. Selon les parcelles,
on a retrouvé entre 2 et 12 espèces de cri-quets et sauterelles. Au total, 20 espèces ont été identifiées sur les 50 connues en Bre-tagne. Cinq de ces espèces sont spécifiques de prairies humides. Un lien a été établi entre la diversité des espèces végétales présentes sur une parcelle et la diversité des espèces d’orthoptères.
jusqu'à 70 plantes différentes...Le Conservatoire botanique national de Brest a étudié la végétation de ces parcelles. Leur but est de mieux comprendre le lien entre la qualité écologique des végétations et les diffé-rents modes de gestion agricole. Ils ont analy-sé à la fois la diversité des espèces de plantes présentes et la diversité des associations de plantes entre elles. Les botanistes ont fait des relevés les plus complets possibles. Ils ont observé de 12 à plus de 70 plantes diffé-rentes sur la même parcelle. Ils notent aussi l’abondance des plantes ainsi que leur « so-ciabilité » ! : les plantes sont-elles réparties, sont-elles « groupées » ? Au final, 9 grands types de végétation de zones humides se dégagent. Certains sont courants comme les prairies des sols riches à grands joncs, 20 % des parcelles, d’autres beaucoup plus rares. Le type de végétation dépend comme attendu des paramètres du sol : son acidité, son degré d’humidité, sa richesse en éléments nutritifs. Cette étude démontre que la richesse écolo-gique est également directement influencée par la gestion agricole : le chargement en bé-tail, le régime des fauches ainsi que le niveau
de fertilisation des parcelles sélectionnent les espèces végétales présentes. Selon les types de prairies, une pression trop forte au pâtu-rage ou une fertilisation non adaptée affectent souvent négativement la richesse floristique. Les prairies les plus sensibles à une intensifi-cation des pratiques agricoles sont celles des sols pauvres.L’objectif en matière de biodiversité est bien de garder la diversité des types de prairies hu-mides et pour cela une diversité d’utilisation des parcelles. Il s’agira donc d’éviter que les pratiques s’uniformisent et convergent vers l’abandon des parcelles les moins productives et l’intensification des parcelles à plus fort po-tentiel. Toutefois, pour cet objectif de biodiver-sité, il conviendra parallèlement de trouver le juste équilibre entre intérêt économique pour les exploitants et protection des milieux.
un avenir à inventerMais quel chemin prend-on ? Ces milieux sont la plupart du temps considérés comme des zones à fortes contraintes par les agriculteurs. La surface en zone humide occupée par l’agri-culture diminue ainsi au fil des ans. Une étude conduite en 2014 dans le Finistère montre que l’abandon est un processus progressif sur l’exploitation, notamment en zone littorale et périurbaine. Ainsi, les parcelles petites, éloi-gnées du siège d’exploitation et fortement hu-mides sont peu à peu délaissées, notamment lors des transmissions. Les propriétaires se posent également à ce moment la question de les boiser. Demain pourra-t-on proposer aux agriculteurs des revenus liés à la gestion de milieux à faible valeur de production directe mais à haute va-leur de biodiversité ?Le paiement pour service environnemental est une voie à explorer, il permettrait de rémuné-rer un service rendu par les agriculteurs. La Chambre d’agriculture s’est saisie du dossier et a pour ambition de structurer cette offre dans les mois à venir.
Véronique [email protected]
Marie-Hélène [email protected]
La valorisation agricole sur les zones humides du réseau se fait par des pratiques variées de fauches et pâtures, associées ou exclusives
80 % des parcelles étudiées abritent plus de 30 espèces végétales chacune. La richesse en espèces des prairies humides du réseau et la pauvreté du sol en éléments nutritifs sont liées
Source : L. Picard, Gretia
Source : Chambre régionale d’agriculture de Bretagne
Source : CBNB, COLASSE V., HARDEGEN M., 2016
Les orthoptères (criquets et sauterelles) sont observés par beau temps grâce à un grand filet-cadre
1
4
6
6
15
24
34
0 10 20 30 40
Abandon
Culture
Pâturage + Broyage
Broyage
Fauche exclusive
Pâturage exclusif
Pâturage + Fauche
Nombre de parcelles
0
10
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40
50
60
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Nombre de taxonspar parcelle
Ferme (N° identi�ant)
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glossaireABEA Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires
Ademe Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
AEF Association Emploi Formation
AGPB Assemblée Générale des Producteurs de Blé
Agridiff Agriculteurs en difficulté
Aile Association d’Initiatives Locales pour l’Energie et l’Environnement
Ania Association nationale des industries alimentaires
AOP Association d’Organisations de Producteurs
APFLBB Association des producteurs de fruits et légumes bio de Bretagne
ARP Aide à la reconversion professionnelle
Cate Comité d’Action Technique et Economique
CBNB Conservatoire botanique national de Brest
Cenaldi Comité Economique National des Légumes à Destination de l’Industrie
Cerafel Comité Economique Régional Agricole des Fruits et Légumes de Bretagne
Ceta Comprehensive Economic and Trade Agreement
CIWF Compassion in World Farming
CGAD Confédération Générale de l’Alimentation en Détail
Clap Connaissance locale de l’appareil productif
CPREFP Commission Paritaire Régionale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
DADS Déclaration annuelle des données sociales
Dares Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques
Direccte Directions régionales des entreprises, de la concur-rence, de la consommation, du travail et de l’emploi
Draaf Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt
EETP Emploi équivalent temps plein
EPCI Etablissement public de coopération intercommunale
Feader Fonds européen agricole pour le développement rural
Fefac Fédération européenne des fabricants d’aliments composés
FNB Fédération nationale bovine
FNPL Fédération Nationale des Producteurs de Lait
Frab Fédération Régionale des Agrobiologistes de Bretagne
GMS Grandes et moyennes surfaces
Gretia Groupe d’étude des invertébrés d’Armorique
IAA Industrie Agroalimentaire
IDS Instance de Dialogue Social
Inra Institut national de la recherche agronomique
Insee Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques
Itavi Institut Technique de l’Aviculture
Lifi Liaisons financières entre sociétés
MAEC Mesures Agro-Environnementales et Climatiques
MPB Marché du Porc Breton
MSA Mutualité Sociale Agricole
OBS Organisation Bretonne de Sélection
OGM Organisme génétiquement modifié
ONG Organisation Non Gouvernementale
OP Organisation de Producteurs
Pac Politique Agricole Commune
PASS Plafond annuel de la sécurité sociale
PAT Projet Alimentaire Territorial
PCAEA Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles
PDRB Programme de Développement Rural Breton
PLU Plan Local d’Urbanisme
PS Poids Spécifique
RHD Restauration hors-domicile
SFEI Systèmes fourragers économes en intrants
Snia Syndicat National de l’Industrie de la Nutrition Animale
SPE Système polyculture élevage en évolution
SPM Système polyculture élevage en maintien
SSP Service de la Statistique et de la Prospective du Ministère de l’Agriculture
Tec Tonne Equivalent Carcasse
TNO Tendance Nationale Officieuse suivie par le quotidien « Les Marchés »
TPE Très petites entreprises
UCPT Union des Coopératives de Paimpol et de Tréguier
UE Union européenne
UIR FNICGV Union Interrégionale de la Fédération Nationale de l’Industrie et du Commerce en Gros des Viandes
Umo Unité de Main d’Œuvre
UOPLI Union des Organisations de Producteurs de Légumes à Destination Industrielle de la Région Bretagne
Pour plus d’informations, consultez les autres publications économiques des Chambres d’agriculture de Bretagne
La Revue de l’Observatoire des IAA
Publiée chaque trimestre, la Revue de l’Observatoire assure la dif-fusion des ressources de l’Observatoire économique des IAA de Bretagne. Ses 40 pages alimentent les réflexions stratégiques du secteur agroalimentaire breton et de son amont. Au sommaire de chaque numéro : la conjoncture régionale (activité, exportations, emploi dans les IAA), la vie des entreprises (actualités, investisse-ments, mouvements d’entreprises...), les synthèses d’études pro-duites par l’Observatoire ainsi que des dossiers spécifiques. Cette publication est disponible sur abonnement (113 e/an).
ABC Les chiffres - Edition 2017
En complément de l’ABC Analyse & Perspectives, la pla-quette ABC Les chiffres est un condensé des données clés des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes. Re-trouvez-y les principaux éléments sur la production, l’em-ploi, les exportations, l’environnement, l’enseignement agricole et la recherche...Ce document est réalisé avec le soutien financier du Conseil Régional de Bretagne et en étroite collaboration avec de
nombreuses organisations agricoles.La plaquette est disponible gratuitement, en version française et anglaise, et téléchargeable sur : www.chambres-agriculture-bretagne.fr
ABC Conjoncture
Le Service Économie - Emploi des Chambres d’agricul-ture de Bretagne publie tous les trimestres une analyse de la conjoncture des filières agricoles bretonnes. Cette publication de 9 pages traite des principales filières : lait, viande bovine, porc, volaille, légumes, grandes cultures, alimentation animale.Cette note conjoncturelle est disponible gratuitement et téléchargeable sur :www.chambres-agriculture-bretagne.fr
contactChambres d’agriculture de Bretagne
Service Economie - Emploi - Tél. 02 23 48 27 [email protected]
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Document édité par :La Chambre régionale d’agriculture de BretagneRue Maurice Le Lannou - CS 7422335042 RENNES Cedexwww.chambres-agriculture-bretagne.fr
Pour contacter le Service Économie - Emploi :Tél. 02 23 48 27 [email protected]
Avec la participation financière du Conseil régional de Bretagne
Prix : 26,54 E HT (TVA à 5,5 %) - Frais de port inclus
Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor4 avenue du Chalutier Sans PitiéBP 1054022195 Plérin CedexTél. 02 96 79 22 22
Chambre d’agriculture du Finistère2 allée Saint-GuénoléCS 2603229322 Quimper CedexTél. 02 98 52 49 49
Chambre d’agriculture d’Ille-et-VilaineRue Maurice Le LannouCS 1422635042 Rennes CedexTél. 02 23 48 23 23
Chambre d’agriculture du MorbihanAvenue Général Borgnis DesbordesBP 39856009 Vannes CedexTél. 02 97 46 22 00
Conception : Studio PollenRéalisation : Chambre d’agriculture
de BretagneCrédits photo : Chambres d’agriculture
de Bretagne, Fotolia, Assemblée Permanente des Chambres
d’agriculture, L. Picard, Gretia, Coceb, GIE Elevages Bretagne – Comité
Régional BâtimentImpression : Cloitre