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AL PACINO DOMENIKO À 74 ans, l’acteur new yorkais rendu célèbre pour son rôle de ponte mafieux dans Le Parrain avoue avoir récemment éprouvé comme une envie de botter quelques culs au cinéma. De passage au festival de Venise où Al Pacino présentait deux films, TALK a eu l’occasion de s’asseoir avec la légende… 82 INTERVIEW

Al PAcino - TalkMag · Al Pacino : Je ne sais pas, mais vous avez raison. Il y a beau-coup de nostalgie dans ces deux rôles. Un vieil acteur qui se lamente sur l’amour de sa vie

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Page 1: Al PAcino - TalkMag · Al Pacino : Je ne sais pas, mais vous avez raison. Il y a beau-coup de nostalgie dans ces deux rôles. Un vieil acteur qui se lamente sur l’amour de sa vie

Al PAcino DOMENIKO

À 74 ans, l’acteur new yorkais rendu célèbre pour son rôle de ponte mafieux dans Le Parrain avoue avoir

récemment éprouvé comme une envie de botter quelques culs au cinéma. De passage au festival de Venise où

Al Pacino présentait deux films, TALK a eu l’occasion de s’asseoir avec la légende…

82 INtErvIEw

Page 2: Al PAcino - TalkMag · Al Pacino : Je ne sais pas, mais vous avez raison. Il y a beau-coup de nostalgie dans ces deux rôles. Un vieil acteur qui se lamente sur l’amour de sa vie

Al AttAque !Vos rôles dans Manglehorn et The Humbling, deux films qui débutent à Venise cette année, présentent des similitudes plutôt flagrantes quand on enchaîne les deux projections. Est-ce que le Al Pacino de 2014 aurait tendance à déprimer ?

Al Pacino : Je ne sais pas, mais vous avez raison. Il y a beau-coup de nostalgie dans ces deux rôles. Un vieil acteur qui se lamente sur l’amour de sa vie : la scène, et un vieux serrurier qui ne parvient pas à fermer la porte sur l’amour de sa vie : une femme. Le point commun, c’est que dans les deux films je suis vieux et que j’interprète un personnage qui regarde derrière son épaule. Je suis très différent dans la vie, je regarde droit devant. Je crois que j’ai déjà frôlé la dépression par le passé, mais j’ai toujours eu de la chance de n’être jamais tombé si bas. Si je n’étais pas déprimé lorsque j’habitais dans la rue et que je n’avais pas de travail, je vois mal comment je pourrais l’être aujourd’hui. Cependant, j’ai souvent inter-prété des personnages déprimés. Michael Corleone dans Le Parrain 2 ? Hello ? Ça c’est de la dépression !

On ne vous propose plus que des rôles de vieux alors ?

AP : Ce n’est pas ça. On me propose tout un tas de trucs dingues, même des films d’action qui me demanderaient un entrainement intensif au Kung Fu. Mais je n’accepte que les rôles où je pense que je peux apporter quelque chose au film. Il n’y en a pas tant que ça parce que, souvent, je me dis que d’autres acteurs seraient tellement mieux adaptés, alors je passe mon tour.

Et vos envies d’acteur dans tout ça ?

AP : Je me pose la question tous les jours ou, du moins, régulièrement. Il faut garder un esprit ouvert. Mes envies changent tout le temps. Mes enfants m’ont emmené au cinéma la semaine dernière et nous sommes allés voir Les Gardiens de la Galaxie… pas le genre de film que je serais allé voir spontanément et pourtant, j’ai pris un pied d’enfer. L’image, le son, l’action et les effets spéciaux m’en ont mis plein la tête. C’était exaltant et je n’ai aucun mal à vanter les mérites d’un film comme ça. Il y a même quelque chose de Shakespearien dans cette histoire.

Donc vous seriez partant pour jouer dans une grosse production Marvel avec une cape ou des collants ?

AP : Et pourquoi pas ? J’ai joué un vilain dans Dick Tracy et j’ai eu une nomination aux Oscars pour ce rôle. Hollywood, c’est la vraie planète des singes. Si on me demande de quitter New York pour y danser, je n’irais probablement pas, mais pour y botter quelques culs avec un canon laser dans un super costume ? Ca pourrait me plaire et je pourrais toujours dire aux journalistes que je l’ai fait pour mes enfants.

Quelle est votre opinion sur Hollywood ? Vous qui avez étudié le method acting à l’Actor’s Studio de votre terre natale, New York…

AP : Je ne connais pas bien Hollywood. Apparemment, ça se situerait à Los Angeles. J’y suis allé un peu comme un ouvrier qui pointe en entrant et en sortant de l’usine, mais je n’y ferais pas d’heures supplémentaires. Il n’y a pas que le cinéma qui m’occupe à New York, il y a aussi le théâtre. Vous êtes déjà allé au théâtre à Los Angeles ? Bonne chance ! Je sais que les New Yorkais font des films partout maintenant. Regardez Woody Allen… Si le rôle est bon et que l’histoire me plaît, j’irai là où le film me portera.

Un autre New Yorkais de souche, Martin Scorsese, a annoncé qu’il allait réaliser un film (The Irishman) avec vous et Robert de Niro dans les rôles principaux. Où en est ce projet ?

AP : Marty (Scorsese) est très occupé. Le projet a été annoncé depuis presque 4 ans et Bobby (de Niro), moi-même, mais aussi Joe Pesci sommes attachés au film depuis le début. Bobby Cannavale (Boardwalk Empire) a rejoint le casting. Je ne peux pas vous dire quand la production va débuter exactement. Je sais que Marty doit encore réaliser un film avec Liam Neeson (NDLR : Silence) et que nous devrions nous y mettre ensuite. Je brûle d’impatience de travailler avec tous ces talents réunis dans un même film.

Al Pacino - the Humbling

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