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Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur l’implantation de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats dans les Ă©tablissements scolaires quĂ©bĂ©cois ThĂšse Pascal Waly Faye Doctorat en administration et Ă©valuation en Ă©ducation Philosophiae doctor (Ph. D.) QuĂ©bec, Canada © Pascal Waly Faye, 2017

Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

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Page 1: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement

sur l’implantation de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats dans les Ă©tablissements scolaires quĂ©bĂ©cois

ThĂšse

Pascal Waly Faye

Doctorat en administration et Ă©valuation en Ă©ducation

Philosophiae doctor (Ph. D.)

Québec, Canada

© Pascal Waly Faye, 2017

Page 2: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement

sur l’implantation de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats dans les Ă©tablissements scolaires quĂ©bĂ©cois

ThĂšse

Pascal Waly Faye

Sous la direction de :

Denis Savard, directeur de recherche

Page 3: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

iii

Résumé

Les reprĂ©sentations des acteurs de premiĂšre ligne sur l’implantation de la gestion

axée sur les résultats (GAR) dans les établissements sont encore peu

documentĂ©es au QuĂ©bec. Pourtant, l’enjeu de la cohĂ©rence hiĂ©rarchique dans

l’implantation (Lessard et al., 2008, 2009; Maroy et al., 2013; Martin et

Jobin, 2004; Muller, 2000; Ozga, 2009) est fondamental, pour la GAR qui vise la

rĂ©ussite du plus grand nombre (Gosselin et Lessard, 2007). Ainsi, l’opinion des

acteurs de premiĂšre ligne doit aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e dans l’implantation

(Bourgault, 2004; Carpentier, 2012; Emery et al., 2008) et l’évaluation

(Emery, 2005; Martin et Jobin, 2004), d’autant plus que, les enseignants et des

directeurs d’établissement sont appelĂ©s Ă  s’approprier les outils et la culture de la

GAR pour son application (Annan, 2011; Robinson, 2011).

L’étude des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement contribue Ă  documenter les reprĂ©sentations et vĂ©cus des acteurs

de premiĂšre ligne sur l’implantation de la GAR en Ă©ducation au QuĂ©bec. Il ressort

de l’analyse que les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation en éducation ne sont ni totalement positives ni totalement négatives

(Meuret, 2012). Les résultats montrent que les enseignants ont des opinions et

des perceptions globalement négatives de la GAR et de ses effets contrairement

aux directeurs d’établissement qui en ont des opinions et des perceptions

globalement positives. Les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs sont donc de maniÚre générale divergentes (Lessard et al., 2008).

Cependant, de nombreuses zones de convergences existent. La pertinence du

plan de rĂ©ussite (PR), de la convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative (CGRÉ)

et leurs effets positifs sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des

finalitĂ©s de l’école quĂ©bĂ©coise instruire, socialiser et qualifier en sont des

exemples.

Page 4: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

iv

Les liens significatifs et les forces identifiés entre les opinions de la GAR et les

perceptions des effets de son implantation sont Ă©galement divergents entre les

enseignants et les directions. Ces liens significatifs montrent que les perceptions

des effets de son implantation sur les conditions de travail, les rĂŽles et

responsabilitĂ©s et la vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements par les enseignants

et des directeurs influencent leurs opinions de la GAR. Cependant, les variables

qui influencent les opinions sont majoritairement différentes chez les enseignants

et les directeurs en ce sens que les variables des perceptions qui présentent un

lien significatif avec les opinions sont diffĂ©rentes chez les deux types d’acteurs.

Par ailleurs, la recherche a permis de voir que les variables relations de travail,

développement professionnel et fonction influencent autant les opinions des

enseignants que celles des directeurs d’établissement.

Ces résultats confirment nos deux hypothÚses de recherche. Pour la premiÚre

hypothÚse, il a été démontré avec le test du Khi deux que les variables des effets

perçus sur le travail (intĂ©rĂȘts socioprofessionnels), les rĂŽles et responsabilitĂ©s

(coĂ»ts d’adaptation aux changements) et l’efficacitĂ© des Ă©tablissements (vision de

l’école) avaient un lien avec les opinions sur la GAR. Autant pour les enseignants

que les directeurs d’établissement, le Khi deux a dĂ©montrĂ© des liens significatifs

entre les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son implantation.

La deuxiÚme hypothÚse est également confirmée par les résultats. Les

divergences d’opinions et de perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement par rapport Ă  l’implantation de la GAR sur leurs conditions de

travail et leurs rĂŽles et responsabilitĂ©, s’expliquent par leur idĂ©ologie

professionnelle différente selon leur fonction (Lessard et al., 2008). Cette idéologie

professionnelle qui « a une dimension normative, véhiculant une vision idéale du

travail qui sert de justification aux revendications du groupe ou de fondement Ă  la

rĂ©sistance Ă  des Ă©volutions perçues comme contraires aux valeurs et aux intĂ©rĂȘts

du groupe » (Lessard et al., 2008, p.96) influence les représentations des acteurs

sur l’implantation de la GAR dans les Ă©tablissements au QuĂ©bec.

Page 5: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

v

Les rĂ©sultats confirment par ailleurs la pertinence de l’approche des « Trois I » de

Palier et Surel (2005) qui a permis de conduire cette recherche. Les trois Ă©tapes

préconisées se sont avérées pertinentes et opérationnelles pour identifier les

variables, formuler les hypothĂšses de recherche, construire le questionnaire et

analyser les données.

Page 6: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

vi

Table des matiĂšres

RÉSUMÉ ..................................................................................................................... III

TABLE DES MATIÈRES ........................................................................................................... VI

LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................. X

LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... XI

LISTE DES SIGLES ................................................................................................................. XII

DÉDICACES ................................................................................................................... XIII

REMERCIEMENTS ............................................................................................................... XIV

INTRODUCTION .....................................................................................................................1

CHAPITRE 1. LES REPRÉSENTATIONS ET VÉCUS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS

D’ÉTABLISSEMENTS SUR L’IMPLANTATION DE LA GAR DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF DU

QUÉBEC .......................................................................................................................5

1.1. LA RÉFORME DU SYSTÈME ÉDUCATIF DES ANNÉES 90 : LA DÉMOCRATISATION DE LA RÉUSSITE .............5

1.2. L’IMPLANTATION DE LA GAR DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF QUÉBÉCOIS ...........................................8

1.2.1. ÉMERGENCE DE LA GAR DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF QUÉBÉCOIS .................................................... 9

1.2.2. LA FORMULATION DE LA POLITIQUE DE GAR EN ÉDUCATION ......................................................... 10

1.2.2.1. La Projet de loi 124 (2002) ou l’autonomie dans la planification stratĂ©gique .............. 11

1.2.2.2. Le Projet de loi 88 (2008) ou la contractualisation et l’alignement stratĂ©gique comme

outil de régulation ......................................................................................................................... 12

1.2.2.3. Le projet de loi 105 (2016) ou la simplification de la mise en Ɠuvre de la GAR .......... 15

1.3. LES EFFETS DE L’IMPLANTATION DE LA GAR ........................................................................... 17

1.3.1. LES CHANGEMENTS PORTANT SUR LE PILOTAGE DU SYSTÈME ÉDUCATIF .......................................... 17

1.3.2. LES CHANGEMENTS IMPACTÉS SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS

D’ÉTABLISSEMENT .............................................................................................................................. 19

1.4. LES RÔLES DES ACTEURS DANS L’IMPLANTATION DE LA GAR EN ÉDUCATION .................................. 22

1.5. LES PERCEPTIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS D’ÉTABLISSEMENTS SUR LA GAR ................. 24

1.6. LA QUESTION DE RECHERCHE ............................................................................................. 28

1.7. LES OBJECTIFS DE RECHERCHE ............................................................................................. 28

1.8. LA PERTINENCE DE LA RECHERCHE ....................................................................................... 29

1.8.1. PERTINENCE SCIENTIFIQUE ...................................................................................................... 29

1.8.2. PERTINENCE SOCIALE ............................................................................................................. 31

Page 7: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

vii

PREMIÈRE PARTIE. LA RECENSION DES ÉCRITS .................................................................... 33

CHAPITRE 2. L’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES NÉO-INSTITUTIONNALISMES .. 34

2.1. MÉTHODOLOGIE DE REVUE DOCUMENTAIRE .......................................................................... 35

2.2. L’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES OU UNE APPROCHE SÉQUENTIELLE ..................................... 36

2.2.1. LE COURANT CENTRÉ SUR LES THÉORIES DE L’ÉTAT ...................................................................... 37

2.2.2. LE COURANT SUR L’EXPLICATION DU FONCTIONNEMENT DE L’ACTION PUBLIQUE .............................. 38

2.2.3. LE COURANT SUR L’ÉVALUATION DES EFFETS DE L’ACTION PUBLIQUE .............................................. 39

2.3. LES APPROCHES D’ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES EN ÉDUCATION ....................................... 40

2.3.1. L’APPROCHE ADMINISTRATIVE OU FONCTIONNALISME PRAGMATIQUE ............................................ 40

2.3.2. LES APPROCHES CRITIQUES ..................................................................................................... 43

2.3.3. L’APPROCHE CENTRÉE SUR LES ACTEURS .................................................................................... 44

2.3.4. L’APPROCHE PAR L’HISTOIRE ET LES INSTITUTIONS ....................................................................... 47

2.3.5. L’APPROCHE COMPARATIVE .................................................................................................... 50

2.4. LES NÉO-INSTITUTIONNALISMES ......................................................................................... 51

2.4.1. LES NÉO-INSTITUTIONNALISMES OU TROIS THÉORIES DU CHANGEMENT .......................................... 51

2.4.2. LE NÉO-INSTITUTIONNALISME DU CHOIX RATIONNEL ................................................................... 53

2.4.3. LE NÉO-INSTITUTIONNALISME SOCIOLOGIQUE ............................................................................ 57

2.4.4. LE NÉO-INSTITUTIONNALISME HISTORIQUE ................................................................................ 61

CHAPITRE 3. LES QUATRE ANGLES D’ANALYSE DES POLITIQUES ÉDUCATIVES ...................... 66

3.1. LA GOUVERNANCE ET LA RÉGULATION DES POLITIQUES ÉDUCATIVES À L’ÈRE DE LA PERFORMANCE ET DU

NOUVEAU MANAGEMENT PUBLIC ................................................................................................. 67

3.1.1. L’INFLUENCE DU NOUVEAU MANAGEMENT PUBLIC SUR L’ACTION PUBLIQUE .................................... 67

3.1.2. LA RÉGULATION TRANSNATIONALE DES POLITIQUES ÉDUCATIVES ................................................... 69

3.1.3. LA DÉMOCRATIE ET LA PARTICIPATION SCOLAIRES ....................................................................... 71

3.1.4. LA RÉGULATION ET L’ÉVALUATION PAR LES RÉSULTATS ................................................................. 75

3.2. LA RÉFORME ET LE PILOTAGE DU CHANGEMENT ...................................................................... 79

3.2.1. LES APPROCHES DU CHANGEMENT EN ÉDUCATION ...................................................................... 79

3.2.2. LES PRATIQUES DE RÉFORMES ................................................................................................. 83

3.2.3. LES ACTEURS ET LES RÉSISTANCES AUX CHANGEMENTS ................................................................. 86

3.2.4. LES DÉFIS ET L’ÉVALUATION DES RÉFORMES ACTUELLES ................................................................ 87

3.3. L’IDÉOLOGIE ET LE RAPPORT DE POUVOIR .............................................................................. 91

3.3.1. LES DÉBATS IDÉOLOGIQUES AUTOUR DES FINALITÉS DE L’ÉDUCATION ............................................. 91

3.3.2. L’ÉVOLUTION DES PRATIQUES DES PERSONNELS SCOLAIRES ........................................................... 92

3.3.3. LE POINT DE VUE DES GESTIONNAIRES ET ENSEIGNANTS SUR LA GAR ............................................. 95

3.4. L’ÉVALUATION DES POLITIQUES ÉDUCATIVES .......................................................................... 99

3.4.1. LES ENJEUX ET LES FINALITÉS DE L’ÉVALUATION DES POLITIQUES ÉDUCATIVES ................................... 99

3.4.2. LES APPROCHES, LES OBJETS ET LES PROCESSUS DE L’ÉVALUATION................................................ 101

3.4.3. L’ÉVALUATION DES POLITIQUES DE GAR AU QUÉBEC ................................................................ 105

Page 8: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

viii

DEUXIÈME PARTIE. LE CADRE D’ANALYSE ET LA PRÉSENTATION DES DONNÉES ................. 111

CHAPITRE 4. LE CADRE CONCEPTUEL ET MÉTHODOLOGIQUE ............................................ 112

4.1. LA DESCRIPTION DU MODÈLE D’ANALYSE ............................................................................. 112

4.1.1. LA DÉFINITION DES CONCEPTS ............................................................................................... 113

4.1.1.1. La performance ........................................................................................................... 113

4.1.1.2. L’acteur ........................................................................................................................ 114

4.1.1.3. La gestion axée sur les résultats .................................................................................. 115

4.1.1.4. L’opinion ...................................................................................................................... 117

4.1.1.5. La perception ............................................................................................................... 117

4.1.2. L’APPROCHE DES « TROIS I » ................................................................................................ 118

4.1.2.1. L’étape 1 : identification des variables pertinentes de l’analyse ................................ 119

4.1.2.2. L’étape 2 : formuler un faisceau d’hypothĂšses concurrentes ou complĂ©mentaires .. 121

4.1.2.3. L’étape 3 : hiĂ©rarchiser le poids des variables ou le retour des sĂ©quences ................ 123

4.1.3. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DES « TROIS I » ........................................................................... 125

4.1.4. LES LIMITES DU MODÈLE DES « TROIS I » ................................................................................ 125

4.2. L’OPÉRATIONNALISATION DES CONCEPTS : LE CADRE OPÉRATOIRE DE LA GAR DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF

DU QUÉBEC .......................................................................................................................... 126

4.2.1. LA GAR UN CADRE DE GESTION DE L’ACTION PUBLIQUE ............................................................. 126

4.2.2. LES PRINCIPES DE LA GAR ..................................................................................................... 126

4.2.3. LE PROCESSUS DE LA GAR .................................................................................................... 127

4.2.4. LES OUTILS DE LA GAR ......................................................................................................... 128

4.2.5. LES CONDITIONS DE RÉALISATION DE LA GAR ........................................................................... 128

4.2.6. LE CADRE DE GESTION DE LA GAR EN ÉDUCATION ..................................................................... 130

4.2.6.1. Le cycle de gestion de la GAR ...................................................................................... 130

4.2.6.2. La cohĂ©rence, l’interdĂ©pendance hiĂ©rarchique et la collaboration ............................ 132

4.3. LA MÉTHODOLOGIE ....................................................................................................... 134

4.3.1. L’APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE ........................................................................................... 134

4.3.2. LA COLLECTE DES DONNÉES ................................................................................................... 137

4.3.2.1. La population cible ...................................................................................................... 137

4.3.2.2. L’échantillonnage ........................................................................................................ 137

4.3.2.3. Le plan et la construction de l’outil de collecte des donnĂ©es ..................................... 140

4.3.2.4. La validitĂ© de l’outil de collecte de donnĂ©es ............................................................... 141

4.3.2.5. L’éthique de la recherche ............................................................................................ 143

5.2.3. L’ANALYSE DES DONNÉES ...................................................................................................... 146

5.2.3.1. Le traitement et l’analyse statistique des donnĂ©es .................................................... 146

5.2.3.2. L’analyse et l’interprĂ©tation des donnĂ©es ................................................................... 147

Page 9: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

ix

CHAPITRE 5. LA PRÉSENTATION ET L’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ............................ 150

5.1. LES OPINIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS D’ÉTABLISSEMENT SUR LA GAR ..................... 150

5.1.1. LES OPINIONS SUR LES PRINCIPES DE LA GAR ........................................................................... 150

5.1.2. LES OPINIONS SUR LES OUTILS DE LA GAR ............................................................................... 154

5.1.3. LES OPINIONS SUR LES STRATÉGIES D’IMPLANTATION DE LA GAR ................................................ 155

5.1.4. LES OPINIONS SUR LES PERSPECTIVES À DONNER À LA GAR ......................................................... 156

5.2. LES PERCEPTIONS DES EFFETS DE L’IMPLANTATION DE LA GAR.................................................. 166

5.2.1. SUR LE TRAVAIL DES ACTEURS SCOLAIRES ................................................................................. 166

5.2.2. SUR LES RÔLES ET LES RESPONSABILITÉS DES ACTEURS ................................................................ 170

5.2.3. SUR L’EFFICACITÉ DES ÉTABLISSEMENTS DANS LA POURSUITE DES FINALITÉS DU SYSTÈME ÉDUCATIF ... 175

5.3. LES LIENS ENTRE LES OPINIONS ET LES PERCEPTIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS

D’ÉTABLISSEMENT SUR L’IMPLANTATION DE LA GAR ....................................................................... 185

5.3.1. LES INTÉRÊTS SOCIOPROFESSIONNELS DE L’IMPLANTATION DE LA GAR ......................................... 191

5.3.2. LES COÛTS D’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS INSTITUTIONNELS DES ACTEURS SCOLAIRES ............. 196

5.3.3. LA VISION DE L’EFFICACITÉ DES ÉTABLISSEMENTS ...................................................................... 199

5.3.4. LES AUTRES DÉTERMINANTS (CARACTÉRISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES) ................................. 202

5.4. CONCLUSION ............................................................................................................... 208

CHAPITRE 6. DISCUSSION DES RÉSULTATS ........................................................................ 213

6.1. DISCUSSION DES RÉSULTATS ............................................................................................ 213

6.2. PISTES DE RECHERCHE .................................................................................................... 222

6.3. LES LIMITES DE LA RECHERCHE .......................................................................................... 223

CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................... 225

RÉFÉRENCES ................................................................................................................... 232

ANNEXES ................................................................................................................... 249

ANNEXES 1 : L’ANNONCE DE RECRUTEMENT ................................................................................. 249

ANNEXES 2 : LE FEUILLET D’INFORMATION POUR UN CONSENTEMENT IMPLICITE ET CONFIDENTIEL .............. 251

ANNEXES 3 : LE QUESTIONNAIRE ................................................................................................ 254

Page 10: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

x

Liste des tableaux

TABLEAU 1. LE PLAN STRATÉGIQUE DES CS ET LE PLAN DE RÉUSSITE DES ÉTABLISSEMENTS SELON LA LIP DU QUÉBEC (ADAPTÉ

DE BRASSARD ET AL., 2013) ...................................................................................................................... 12

TABLEAU 2. LA CONVENTION DE PARTENARIAT ET LA CONVENTION DE GESTION ET DE RÉUSSITE ÉDUCATIVE SELON LA LIP DU

QUÉBEC (ADAPTÉ DE BRASSARD ET AL., 2013) ............................................................................................... 14

TABLEAU 3. LE PLAN D’ENGAGEMENT VERS LA RÉUSSITE ET LE PROJET ÉDUCATIF SELON LA LIP DU QUÉBEC ...................... 16

TABLEAU 4. LES FACTEURS FAVORABLES À L’IMPLANTATION RÉUSSIE DE LA GAR ...................................................... 129

TABLEAU 5. LE DÉPLOIEMENT DU CYCLE DE GESTION DE LA GAR DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC EN ÉDUCATION .......... 131

TABLEAU 6. LES CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DE L’ÉCHANTILLON ..................................................... 138

TABLEAU 7. LA PERTINENCE DES PRINCIPES DE LA GAR POUR L’ACCROISSEMENT DE LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES ................. 152

TABLEAU 8. LA PERTINENCE DES OUTILS DE MISE EN ƒUVRE DE LA GAR DANS LES ÉTABLISSEMENTS POUR LA RÉUSSITE DU

PLUS GRAND NOMBRE .............................................................................................................................. 154

TABLEAU 9. LA PERTINENCE DES STRATÉGIES DE MISE EN ƒUVRE DE LA GAR DANS LES ÉTABLISSEMENTS POUR LA RÉUSSITE DU

PLUS GRAND NOMBRE .............................................................................................................................. 155

TABLEAU 10. LES PERSPECTIVES À DONNER À LA GAR EN ÉDUCATION SELON LES ACTEURS DE L’ÉTABLISSEMENT ............. 156

TABLEAU 11. LES COMMENTAIRES SUR LA PERTINENCE ET L’EFFICACITÉ DE LA GAR EN ÉDUCATION .............................. 158

TABLEAU 12. LES EFFETS PERÇUS DE L’IMPLANTATION DE LA GAR SUR LE TRAVAIL DES ACTEURS SCOLAIRES ................... 167

TABLEAU 13. LES EFFETS PERÇUS DE LA GAR SUR LES RÔLES ET LES RESPONSABILITÉS DES ACTEURS SCOLAIRES ............... 171

TABLEAU 14. LES CONTEXTES DANS LESQUELS LES ACTEURS SCOLAIRES ONT L’OCCASION DE DISCUTER DE LA GAR .......... 173

TABLEAU 15. LES PERCEPTIONS SUR LES EFFETS DE L’IMPLANTATION DE LA GAR SUR L’EFFICACITÉ DES ÉTABLISSEMENTS DANS

LA POURSUITE DES FINALITÉS DU SYSTÈME ÉDUCATIF ...................................................................................... 176

TABLEAU 16. L’IMPORTANCE QUE LES ENSEIGNANTS ET DIRECTEURS AFFIRMENT ACCORDER AUX FACTEURS D’AMÉLIORATION

DE LA RÉUSSITE DANS L’ÉTABLISSEMENT ....................................................................................................... 177

TABLEAU 17. LES PERCEPTIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS SUR LES BUTS DOMINANTS DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF

............................................................................................................................................. 178

TABLEAU 18. LES PERCEPTIONS SUR LE TYPE D’ENSEIGNEMENT DOMINANT DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF ........................ 179

TABLEAU 19. LA SYNTHÈSE DES CONCLUSIONS SUR LES OPINIONS ET LES PERCEPTIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS

D’ÉTABLISSEMENT ................................................................................................................................... 182

TABLEAU 20. GRILLE D’INTERPRÉTATION DE LA VALEUR DU TEST DE PHI .................................................................. 186

TABLEAU 21. LES LIENS ENTRE LES PERSPECTIVES À DONNER À LA GAR ET LES AUTRES VARIABLES D’OPINIONS DE LA GAR 188

TABLEAU 22. LES RÉSULTATS DU TEST KHI DEUX DE PEARSON ET DU PHI DES LIENS ENTRE LES OPINIONS ET LES EFFETS PERÇUS

SUR LE TRAVAIL ....................................................................................................................................... 192

TABLEAU 23. LES RÉSULTATS DU TEST KHI DEUX DE PEARSON ET DU PHI DES LIENS ENTRE LES OPINIONS ET LES EFFETS PERÇUS

SUR LES RÔLES ET RESPONSABILITÉS ............................................................................................................ 197

TABLEAU 24. LES RÉSULTATS DU TEST KHI DEUX DE PEARSON ET DU PHI DES LIENS ENTRE LES OPINIONS ET LES EFFETS PERÇUS

DE LA GAR SUR L’EFFICACITÉ DES ÉTABLISSEMENTS DANS LA POURSUITE DES FINALITÉS ......................................... 200

TABLEAU 25. LES RÉSULTATS DU TEST KHI DEUX DE PEARSON ET DU PHI DES LIENS ENTRE LES OPINIONS ET LES

CARACTÉRISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DES ACTEURS ............................................................................. 203

TABLEAU 26. LES LIENS STATISTIQUEMENT SIGNIFICATIFS ENTRE LES OPINIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS

D’ÉTABLISSEMENT SUR LA GAR ET SES EFFETS PERÇUS .................................................................................... 205

TABLEAU 27. LES DÉTERMINANTS DES OPINIONS DES ENSEIGNANTS ET DES DIRECTEURS SUR LA GAR ........................... 208

TABLEAU 28. LA SYNTHÈSE DES RÉSULTATS ....................................................................................................... 211

Page 11: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

xi

Liste des figures

FIGURE 1. LE CADRE D’ANALYSE DES « TROIS I » ADAPTÉ DE PALIER ET SUREL (2005) .............................................. 124

FIGURE 2. LE SCHÉMA SYNTHÈSE DE LA MÉTHODOLOGIE ...................................................................................... 136

FIGURE 3. LE PLAN GÉNÉRAL DE COLLECTE ET D’ANALYSE DES DONNÉES .................................................................. 145

FIGURE 4. LES GRILLES DE TRAITEMENT DES DONNÉES (TEST DU KHI DEUX DE PEARSON ET DU PHI) .............................. 147

FIGURE 5. LA GRILLE D’ANALYSE DES DONNÉES (IDENTIFICATION DES LIENS ENTRE OPINIONS ET PERCEPTIONS)................ 148

Page 12: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

xii

Liste des sigles

CS : commission scolaire

CCB : calcul coûts-bénéfices

CGRÉ : convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative

CP : convention de partenariat

CSQ : Central des syndicats du Québec

ÉGÉ : États gĂ©nĂ©raux de l’éducation

FNEEQ : Fédération des enseignantes et enseignants du Québec

GAR : gestion axée sur les résultats

ICR : institutionnalisme des choix rationnels

IH : institutionnalisme historique

IS : institutionnalisme sociologique

LAP : Loi sur l’administration publique

LIP : Loi de l’instruction publique

MELS : Ministùre de l’Éducation du Loisir et du Sport

MEQ : MinistĂšre de l’Éducation du QuĂ©bec

NMP : nouveau management public

NSP : ne sais pas

OCDE : Organisation de CoopĂ©ration et de DĂ©veloppement Économiques

PISA : Programme internationale de suivi des apprentissages

PL : projet de loi

PR : plan de réussite

PS : plan stratégique

TCR : théorie des choix rationnels

TIMMS : Third International Mathematics and Science Study

UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

Page 13: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

xiii

DĂ©dicaces

Je dédie ce travail à la trÚs Sainte Trinité :

Le PĂšre, Éternel des ArmĂ©es;

Le Fils JĂ©sus, RĂ©dempteur du monde; et

L’Esprit-Saint, consolateur et merveilleux conseiller.

Également à mon pùre feu Émile Latyr Faye;

Ma mĂšre Catherine Mossane Diouf;

Mes frùres et sƓurs Joseph, Marie-Noel, Suzanne, Alphonse, Albert,

Marie-Yandé, Paul, Guillaume et Angeline;

et Ă  mon Ă©pouse Henriette Ndour.

Page 14: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

xiv

Remerciements

Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidĂ© et soutenu dans la rĂ©alisation de

mes Ă©tudes doctorales.

Ma reconnaissance va particuliĂšrement Ă  Babacar Diouf (Ngaska) et Abdou

Lahate CissĂ©, qui m’ont encouragĂ© Ă  entreprendre des Ă©tudes graduĂ©es. Je

remercie aussi mes collĂšgues Ă©tudiants pour les Ă©changes enrichissants tout au

long des cinq derniÚres années. Mention spéciale aux membres de la

CommunautĂ© de recherche et d’entraide en Ă©ducation avec qui j’ai partagĂ© des

moments inoubliables.

Je remercie mon directeur de recherche, Denis Savard, pour son encadrement de

mes recherches et sa contribution Ă  ma formation de chercheur. Je remercie

également les membres de mon jury de thÚse et le prélecteur de ma thÚse pour

leurs apports dans la réalisation de mes recherches et la qualité du présent travail.

Je remercie enfin les amis qui m’ont encouragĂ© et aidĂ© de diverses maniĂšres,

Patrice, Arnaud, Sémou, Ndeye, Lamine, Tidiane. Mention spéciale à Jean Marie

SÚne qui a réalisé les traitements statistiques de mes données et à Brigitte,

Pauline et Michel Antoine Faye pour la révision linguistique.

Page 15: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

1

Introduction

La période qui a succédé à la Seconde Guerre mondiale est marquée dans les

pays de l’OCDE par un dĂ©veloppement Ă©conomique et social important et un

développement substantiel des services publics dont la mise en place a nécessité

la massification de l’administration publique. Dans le contexte de crise et de

ralentissement économique des années 80 caractérisés par la rareté des

ressources des États, les thĂ©ories nĂ©olibĂ©rales qui prĂŽnaient moins d’État et le

transfert des modes de gestion du privĂ© dans l’administration publique vont se

rĂ©pandre (Charest, 2012). Ainsi, l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale s’impose Ă  travers les

concepts de bonne gouvernance et de nouveau management public qui sont vus

comme des solutions à la faiblesse des performances de l’administration publique

(Mazouz et Leclerc, 2008).

L’influence du nouveau management public (NMP) dans l’administration publique

constitue une tendance internationale majeure dans les années 80 et 90

(Hood, 1991). En effet, de fortes pressions pour le changement dans l'organisation

et la performance des systĂšmes d'Ă©ducation (Boyd, 1999) ont abouti Ă 

l’implantation de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats (GAR) comme politique de

rĂ©gulation. À partir de ce moment, trois impĂ©ratifs s’imposaient aux administrateurs

de l’éducation : « a productivity imperative, an accountability imperative, and a

community imperative » (Boyd, 1999, p. 283).

Les rĂ©formes de nature structurelle qui ont permis de mettre en Ɠuvre la GAR en

Ă©ducation se sont gĂ©nĂ©ralisĂ©es sous l’impulsion des organisations internationales

(Hernes, 2005). Le QuĂ©bec subit l’influence des organisations internationales qui

sont devenues, à la faveur de la globalisation, les principaux moteurs des réformes

des politiques Ă©ducatives (Perrenoud, 1999). En effet, la convergence des

politiques (Knill, 2005) est notée par de nombreux auteurs qui reconnaissent que

la performance est devenue un enjeu majeur et un objectif central dans les

politiques éducatives contemporaines. Cependant, ces réformes ont été menées

avec des approches du changement qui ne sont pas toujours adaptées, ce qui a

Page 16: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

2

entraßné des résistances de la part des acteurs, notamment les enseignants dont

les conditions de travail ont considérablement changé. La démocratie scolaire et

la participation ont connu des avancĂ©es sans pour autant que l’objectif d’équitĂ© ne

soit mieux pris en charge par les nouvelles politiques (Novoa, 1994). D’oĂč une

remise en cause de ces politiques porteuses d’une idĂ©ologie jugĂ©e incompatible

avec la grammaire de l’école. Le dĂ©veloppement de l’évaluation et du

gouvernement par les nombres est notamment critiqué par de nombreux

chercheurs qui y voient un assujettissement de l’école Ă  l’économie.

Dans ce contexte de tensions, les théories néo-institutionnelles et néo-marxistes

dominent l’analyse des politiques Ă©ducatives (Resnik, 2013). Les approches

d’analyse des politiques publiques en Ă©ducation s’inscrivent dans des recherches

de types descriptives, analytiques et interprĂ©tatives, et s’orientent sur la dimension

organisationnelle, sur les acteurs, sur l’évolution historique, sur les institutions, sur

la comparaison d’une ou plusieurs de ces dimensions (Lessard, Desjardins,

Schwimmer et Anne, 2008).

Au Québec, le rapport de la Commission Bisaillon, en 1981, marque le point de

départ des réformes administratives qui ont abouti à la LAP de 2000 (Mazouz et

Leclerc, 2008). Bourgault (2004) résume ces principales réformes en 5 points :

1. En 1993, l’apparition des premiers plans stratĂ©giques et opĂ©rationnels;

2. L’adoption par le Gouvernement du QuĂ©bec de la Loi sur l’imputabilitĂ© des

sous-ministres et dirigeants d’organismes publics qui « contraint les

gestionnaires de l’administration publique à rendre compte de leur gestion

devant l’AssemblĂ©e nationale pour toutes les questions relevant de leur

autorité signalées dans un rapport du vérificateur général ou du Protecteur

du citoyen » (Bourgault, 2004, p. 111);

3. À partir de 1994, la crĂ©ation des unitĂ©s de services autonomes marque le

dĂ©but de l’instauration formelle du modĂšle de GAR;

4. La mise en place du palmarĂšs des Ă©tablissements primaires et secondaires

au milieu des annĂ©es 90 par l’Institut Ă©conomique de MontrĂ©al, « un

Page 17: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

3

organisme porteur d’un agenda nĂ©olibĂ©ral » dont « plusieurs, dĂ©plorent les

effets pervers sur les organisations évaluées : de la satisfaction replÚte à la

démobilisation » (Ibid., p. 112);

5. La crĂ©ation de la Commission sur l’administration publique de l’AssemblĂ©e

nationale en 1997 qui confirme l’imputabilitĂ© et l’orientation dans la reddition

des comptes de l’administration publique devant l’AssemblĂ©e nationale

(Ibid.).

Selon Bourgault (2004, p. 112), l’objectif visĂ© par ces rĂ©formes Ă©tait « d’établir un

cadre de gestion tournée vers la prestation de services de qualité aux citoyens

plutĂŽt qu’un cadre de gestion axĂ©e sur les procĂ©dures internes. »

Le systĂšme Ă©ducatif n’échappera pas Ă  la mise en place des politiques de gestion

axĂ©e sur les rĂ©sultats qui se dissĂ©minent dans les pays de l’OCDE

(Robinson, 2011; Shipps et White, 2009; Wiseman, 2010) et dans l’administration

publique québécoise (Bourgault, 2004; Fortier, 2010). Avec les projets de loi 88

et 124, le secteur de l’éducation travaille depuis une dĂ©cennie Ă  l’implantation de

la GAR. Dans la recherche de la performance, les acteurs individuels et

institutionnels du systÚme éducatif sont interpellés à tous les niveaux du processus

(cycle de GAR) de production et de fourniture des services Ă©ducatifs.

Dix ans aprĂšs le dĂ©but de son implantation, l’adoption de la GAR par les

gestionnaires et les enseignants peut ĂȘtre questionnĂ©e. Cela est d’autant plus

pertinent que les performances de l’école ne semblent pas avoir atteint les niveaux

attendus, si on se rĂ©fĂšre au discours de nombreux acteurs qui parlent d’échec des

rĂ©formes pĂ©dagogiques et administratives issues des États gĂ©nĂ©raux et mises en

place depuis les annĂ©es 2000 (FNEEQ, 2012). La cohĂ©rence hiĂ©rarchique s’avĂšre

un enjeu majeur pour l’efficacitĂ© du systĂšme Ă©ducatif (Maroy, Mathou, Vaillancourt,

et Voisin, 2013) et la collaboration entre les différents acteurs individuels qui

interviennent dans l’action Ă©ducative s’avĂšre fondamentale pour la fourniture de

services de qualité et la réussite de tous les apprenants.

Page 18: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

4

La diversitĂ© des organisations en termes de mission et de taille d’effectif justifie la

pertinence de recueillir les points de vue des acteurs opérationnels chargés de

mettre en Ɠuvre les plans stratĂ©giques (Bourgault, 2004). En effet, les

changements qu’implique la GAR dans les pratiques des personnels du systùme

Ă©ducatif (enseignants et gestionnaires) sont multiformes et ils sont ressentis

différemment. DÚs lors, il se pose la question des opinions et des perceptions des

acteurs sur la GAR instituée par la réforme administrative des années 2000. La

comprĂ©hension de la perception des acteurs opĂ©rationnels est d’autant plus

importante que les Ă©tablissements d’enseignement constituent le lieu de

production et de livraison des services Ă©ducatifs. La recherche de la performance

ne saurait alors se faire sans l’adhĂ©sion et l’engagement de ces acteurs

(Gow, 1984). Dans la recherche envisagĂ©e, il s’agit d’analyser la politique de GAR

à travers l’investigation des opinions et des perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement sur la GAR.

La thÚse est structurée en six chapitres. Le premier chapitre présente le contexte

de l’émergence de la GAR et la problĂ©matique de la reprĂ©sentation et du vĂ©cu que

les enseignants et les directeurs d’établissement se font de son implantation dans

le systÚme éducatif, ainsi que les questions qui orientent la présente recherche.

Le deuxiĂšme chapitre expose le cadre thĂ©orique de l’analyse des politiques

publiques effectuĂ©es Ă  l’aide des thĂ©ories nĂ©o-institutionnalistes. Le troisiĂšme

chapitre est consacrĂ© Ă  la recension des Ă©crits sur l’analyse des politiques

Ă©ducatives Ă  partir de quatre angles. Le quatriĂšme chapitre traite du cadre

d’analyse et mĂ©thodologique de l’étude. Le cinquiĂšme chapitre prĂ©sente les

résultats obtenus et leur interprétation. Enfin, au sixiÚme chapitre, se retrouvent la

discussion des résultats et la conclusion générale de la thÚse.

Page 19: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

5

Chapitre 1. Les représentations et vécus des

enseignants et des directeurs d’établissements

sur l’implantation de la GAR dans le systùme

éducatif du Québec

Le premier chapitre porte sur la problĂ©matique de l’implantation des rĂ©formes en

Ă©ducation en gĂ©nĂ©ral et les reprĂ©sentations et vĂ©cus des acteurs de l’implantation

de la GAR dans les écoles primaires et secondaires du Québec en particulier. Les

opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur

la pertinence de la GAR et la nature de ses effets sur la réussite des élÚves sont

regardées plus spécifiquement. Ce chapitre reprend les principales connaissances

issues de la littérature scientifique et officielle dans le but de mieux cerner la

question de la place des acteurs scolaires dans la réforme ayant permis

l’implantation de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif. Pour les besoins de l’analyse,

les Ă©tapes prĂ©cĂ©dant l’implantation de la GAR ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es de mĂȘme que les

changements sur le pilotage et les conditions de travail des acteurs. Les

perceptions connues des enseignants et des directeurs d’établissement s’ouvrent

sur les questions que suscite la faible connaissance des représentations et du

vécu des acteurs opérationnels sur la GAR et ses effets. Les objectifs de

recherche en lien avec ces questions ainsi que la pertinence de la recherche

envisagée vont clore cette partie.

1.1. La réforme du systÚme éducatif des années 90 : la démocratisation

de la réussite

Avec l’atteinte des objectifs d’accessibilitĂ© de l’éducation pour tous du Rapport

Parent dĂšs 1988 (Rocher, 2004), d’autres problĂ©matiques Ă©mergentes vont

prendre place dans le dĂ©bat sur l’école. En effet, la rĂ©forme des annĂ©es 90, issue

des États gĂ©nĂ©raux sur l’éducation (ÉGÉ), Ă©mane de la faiblesse des

performances de l’école, notamment l’échec et le dĂ©crochage scolaire

(Deniger, 2012; Doray et al., 2011) dans un contexte international oĂč l’accent Ă©tait

Page 20: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

6

mis sur la qualitĂ© de l’éducation (Teodoro, 2007). Durant cette pĂ©riode oĂč le

systĂšme Ă©ducatif fait l’objet de nombreuses critiques, des Ă©tudes montrent que le

taux de dĂ©crochage est en croissance depuis 1983 et qu’il atteint 36% en 1991

(Tondreau et Robert, 2011).

Le concept d’échec scolaire est intimement liĂ© Ă  celui de rĂ©ussite scolaire. En effet,

la réussite scolaire détermine ou permet la progression des apprenants et

l’acquisition des avantages sociaux et professionnels donnĂ©s par le diplĂŽme. La

rĂ©ussite scolaire est ainsi une prĂ©occupation importante dans la sociĂ©tĂ© d’autant

plus que la demande de justice sociale est forte dans l’opinion publique. Au mĂȘme

moment, les outils statistiques se développent et sont utilisés pour mesurer les

performances des politiques publiques. Le ralentissement et la crise Ă©conomique

des annĂ©es 80 avec leurs consĂ©quences sur l’emploi redonnent de l’importance

au capital social (diplîme) dans l’insertion professionnelle des jeunes. Dùs lors,

les taux élevés de décrochage scolaire sont dénoncés unanimement par les

acteurs de la société. La décision du MEQ de relever le niveau de passage au

secondaire de 50 à 60% sera à l’origine d’une controverse qui attribuera

l’accroissement du dĂ©crochage Ă  cette mesure, qui rĂ©pond pourtant Ă  un objectif

de qualité (Maroy et al., 2013).

Les enseignants prendront mĂȘme des initiatives pour lutter contre l’échec scolaire.

Ce fut le cas de la Centrale de l’Enseignement du QuĂ©bec (CEQ)1, qui mĂšne une

vaste campagne de sensibilisation dans toutes les régions du Québec (publiée

sous le titre « RĂ©ussir l’école, rĂ©ussir Ă  l’école » CEQ, 1991) dans l’optique de faire

des propositions pour lutter contre le décrochage (Tondreau et Robert, 2011,

p. 104).

Deniger Ă©voque pour sa part l’importance donnĂ©e au problĂšme du dĂ©crochage

scolaire qui oblige la sociĂ©tĂ© civile et l’État Ă  agir (Deniger, 2012, p. 71). Le

dĂ©crochage scolaire est ainsi devenu un Ă©lĂ©ment majeur orientant l’action du MEQ

(Doray et al., 2011, p. 207). Le plan d’action ministĂ©rielle « Chacun ses devoirs »

1 Regroupant l’essentiel des enseignants du niveau primaire et secondaire Ă  l’époque

Page 21: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

7

de 1992 est orienté vers la lutte contre le décrochage scolaire dans la continuité

des objectifs de diplomation de 80 % des jeunes du secondaire. L’auteur Ă©voque

les besoins de qualification pour l’économie comme un des moteurs de ces

initiatives politiques.

Pour Bernatchez (2011), la seconde rĂ©forme majeure, « consĂ©cutive aux États

gĂ©nĂ©raux sur l’éducation (1995-1996), vise la rĂ©ussite Ă©ducative du plus grand

nombre. » Le rapport des ÉGÉ recommandait d’agir sur les leviers pĂ©dagogiques

et organisationnels pour implanter les changements qui permettraient au systĂšme

Ă©ducatif quĂ©bĂ©cois d’atteindre les finalitĂ©s (instruire, qualifier et socialiser) qui lui

sont fixĂ©es (ÉGÉ, 1997). Pour l’atteinte de ces finalitĂ©s, le rapport identifiait dix

chantiers prioritaires dont deux concernaient directement les acteurs du systĂšme

Ă©ducatif. Il s’agit de « soutenir les principaux acteurs en vue de la rĂ©ussite

éducative » et de « redistribuer les pouvoirs pour renforcer le pÎle local et

l'ouverture Ă  la communautĂ© » (Ibid.). Sur la base du rapport des ÉGÉ, le

Gouvernement mettra en place un plan d’action ministĂ©riel intitulĂ© « Prendre le

virage du succĂšs » (MEQ, 1997). Ce dernier comportait sept lignes d’action qui

reprenaient selon Marois (2007, cité par Maroy et al., 2013) essentiellement les

propositions du rapport final des Ă©tats gĂ©nĂ©raux de l’éducation qui Ă©taient tous liĂ©s

à la finalité de la « réussite », une question centrale des états généraux. Le rapport

des ÉGÉ (1997) met aussi de l’avant « que le fait de fixer des objectifs clairs Ă 

chaque ordre d’enseignement en matiùre d’accùs et de diplomation est une

avenue intéressante ». Pour Doray et al. (2011, p. 211), la statistique devient un

« outil de suivi de l’action publique°». Le renouveau pĂ©dagogique et la GAR seront

les politiques éducatives mises en place par le MEQ pour réformer le systÚme

Ă©ducatif dans l’optique de le rendre plus performant et plus compĂ©titif.

La rĂ©forme pĂ©dagogique issue des ÉGÉ sera lancĂ©e en 1997 par la ministre

Pauline Marois, Ă  travers le programme intitulĂ© « L’École, tout un programme :

énoncé de politique éducative (1997) ». Avec cette réforme, «°le paradigme de

l’apprentissage tend à surclasser le paradigme de l’enseignement, afin que le

savoir « construit » par les Ă©lĂšves puisse leur ĂȘtre utile pour agir sur le monde »

Page 22: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

8

(Bernatchez, 2011). Cette réforme aussi appelée « Renouveau pédagogique » est

ainsi Ă  la fois une rĂ©forme curriculaire et une rĂ©forme de l’approche pĂ©dagogique

dorénavant orientée vers une « approche par compétence », avec une visée de

réussite pour tous (Kamanzi, Riopel et Lessard, 2007). Pour Bernatchez,

l’approche par compĂ©tence concerne aussi bien les apprentissages des Ă©lĂšves

que les activités des personnels scolaires (Bernatchez, 2011). Pour ces derniers,

le gouvernement quĂ©bĂ©cois propose deux rĂ©fĂ©rentiels de compĂ©tences, l’un pour

baliser la profession enseignante (MEQ, 2001) et l’autre pour la profession des

directeurs d’établissement (Bernatchez, 2011; MELS, 2008).

L’obligation de rĂ©sultat renvoie au choix organisationnel jugĂ© pertinent pour

atteindre les finalitĂ©s proposĂ©es par les États gĂ©nĂ©raux. Dans le souci de

poursuivre ses visées sur l'efficacité et l'amélioration des services qu'il offre à la

population, le secteur Ă©ducatif va l'adopter comme tout autre secteur de

l'administration publique. C'est dans ce contexte d'ailleurs que Lessard (2004),

dira que l’obligation de rĂ©sultat est associĂ©e Ă  une logique de planification

«°quantitative°» et à une demande de transparence, « suite logique » de la

montĂ©e de la logique d’évaluation institutionnelle apparue dans les annĂ©es 90.

L’obligation de rĂ©sultat est ainsi associĂ©e Ă  une logique d’organisation plutĂŽt que

d’institution, Ă  une logique d’efficacitĂ© instrumentale qui « charrie un cortĂšge de

"concepts" et d’outils plus frĂ©quemment utilisĂ©s en management qu’en Ă©ducation

[
] Il y a toute une rhĂ©torique managĂ©riale Ă  l’Ɠuvre ici, de mĂȘme qu’un langage

de performance et de contrainte de rendement » (Lessard, 2004, p. 23). Pour

Maroy et al. (2013), « la GAR est une politique qui vise à infléchir de maniÚre

substantielle les modes de régulation institutionnels au sein du systÚme éducatif ».

La section suivante présentera les différentes phases de la mise en place de la

politique de GAR qui est l’objet de la prĂ©sente recherche.

1.2. L’Implantation de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif quĂ©bĂ©cois

L’implantation de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif quĂ©bĂ©cois sera abordĂ©e Ă 

travers quatre questions classiques dans l’analyse des politiques publiques

Page 23: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

9

(Bardach, 2009; Muller, 1990; Pal, 1992; Bernier, 2010; Lemieux, 2009). D’abord,

quelles sont les principales rĂ©formes qui ont contribuĂ© Ă  l’émergence de la

politique de GAR dans le systÚme éducatif québécois? Ensuite, comment la

politique de GAR pour l’enseignement primaire et secondaire a Ă©tĂ© formulĂ©e?

Également, quels changements l’implantation de la politique de GAR a-t-elle

entraßnés dans le pilotage du systÚme éducatif et les conditions de travail des

enseignants et des directeurs d’établissement? Enfin, quelles participations,

reprĂ©sentations ou vĂ©cus les enseignants et les directeurs d’établissement ont-ils

fait ou doivent-ils avoir des changements implantés?

1.2.1. Émergence de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif quĂ©bĂ©cois

Comme vu précédemment, de nombreux changements dans la gestion du

systÚme éducatif québécois ont eu lieu entre 1980 et 2000 pour répondre aux

enjeux de qualitĂ© et de rĂ©ussite des Ă©lĂšves. Ces changements, mĂȘme s’ils ne

peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des causes ou des composantes directes de la

politique de GAR, restent néanmoins incontournables pour comprendre ses

mĂ©canismes d’implantation et son contenu formel. Pour Maroy et al. (2013), ces

changements peuvent se résumer dans quatre processus :

« Un changement normatif de la conception de la justice scolaire, sous-

tendant les finalitĂ©s des politiques scolaires : on passe d’une â€œĂ©galitĂ© des

chances d’accĂšs” [
] Ă  une visĂ©e de “rĂ©ussite de tous”, en fin de scolaritĂ©

secondaire » (p. 33);

«°Montée de logiques de concurrence et de choix scolaire dans le systÚme,

couplĂ©e Ă  une diversification de l’offre Ă©ducative, logique qui se justifie au

nom d’une recherche de la “qualitĂ©â€ du systĂšme Ă©ducatif et de la rĂ©ponse

aux besoins de ses usagers et de la société » (p. 33);

« La recherche d’un Ă©quilibrage entre “centralisation et dĂ©centralisation”

dans les structures de pouvoir, la répartition des compétences et

ressources au sein du systÚme québécois » (p. 33) et

Page 24: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

10

« La montĂ©e d’un outillage statistique de plus en plus dense qui prend place

dÚs les années 90 et qui accompagne une planification stratégique ciblée

et chiffrĂ©e. Ce processus participe de la montĂ©e d’un “gouvernement par

les nombres” (Rose, 1991; Ozga, 2009; Felouzis et Hanhart, 2011), qui

préfigure et va se renforcer avec la mise en place ultérieure de la GAR »

(Maroy et al., 2013, p. 33).

Maroy et al., Ă©voquent Ă©galement des formes de couplage entre ces quatre

processus. Ils affirment que « le dĂ©veloppement de la GAR s’est appuyĂ© et a

couplé ces changements relativement autonomes, de maniÚre singuliÚre » (Maroy

et al., 2013, p. 34). L’émergence de la GAR en Ă©ducation n’est donc pas le seul

fait de la Loi 82 qui institue la GAR dans l’administration publique. Elle est aussi le

produit de plusieurs changements dans la conception de la justice scolaire

(réussite pour tous), le développement de la concurrence entre les écoles dû à la

libertĂ© de choix accordĂ©e aux parents, Ă  la recherche d’un Ă©quilibre entre

centralisation et décentralisation (développement parallÚle autonomie et

évaluation) et la montée du gouvernement par les nombres. La section suivante

présente le processus de formulation de la GAR à travers les PL 124, 88 et 105.

1.2.2. La formulation de la politique de GAR en Ă©ducation

À la suite de l’adoption de la Loi 82 (2000) qui met en place la GAR dans

l’administration publique quĂ©bĂ©coise, le MELS va, Ă  l’image des autres ministĂšres

et organismes se doter d’un plan stratĂ©gique (2000-2003). Il s’agit d’« une volontĂ©

gouvernementale d’amĂ©lioration des services publics par des mesures de plus

grande efficience et efficacité, de meilleurs contrÎles des dépenses, un plus grand

engagement et une plus grande responsabilisation des employés de

l’administration publique » (Lusignan et Pelletier, 2009, p. 28). Le MELS travaillera

sur les PL 124, 88 et 105 qui vont préciser les mécanismes et les moyens de

l’implantation de la GAR dans le rĂ©seau des commissions scolaires (CS) et des

Ă©tablissements.

Page 25: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

11

1.2.2.1. La Projet de loi 124 (2002) ou l’autonomie dans la planification

stratégique

La GAR en éducation connaßtra sa premiÚre formalisation législative avec le

PL 124 voté en 2002. De nombreux chercheurs comme Bernatchez (2011) y

voient l’influence du nouveau management public. En effet, le PL 124 a introduit

la planification stratĂ©gique et l’imputabilitĂ© sur la mise en Ɠuvre des projets pour

les CS et les Ă©coles. Ainsi, chaque CS devait se doter d’un plan stratĂ©gique dans

lequel elle décline les orientations qui lui permettent de prendre en charge la

rĂ©ussite du plus grand nombre et rendre compte de sa mise en Ɠuvre. Chaque

Ă©cole devait Ă©galement se doter d’un plan de rĂ©ussite dans lequel sont identifiĂ©s

les voies et les moyens pour mettre en Ɠuvre leur projet Ă©ducatif. C’est le PL 124

qui a rendu « obligatoire l’application de la GAR aux ordres d’enseignement

primaire et secondaire » (Dembélé et al., 2013, p. 97). Maroy et al. (2013) font

remarquer qu’à la suite des positions des acteurs de la sociĂ©tĂ© civile et des

professionnels lors des dĂ©bats prĂ©cĂ©dant l’adoption du PL 124, ces documents de

planification ne seront pas arrimĂ©s Ă  celui du ministĂšre pour prĂ©server l’autonomie

des échelons intermédiaires et inférieurs. Pour Maroy et al. (2013),

Dans le projet sanctionnĂ©, l’accent est mis sur les " moyens " qui passent Ă  l’avant-plan, alors que la notion d’" objectifs Ă  atteindre " disparaĂźt – par exemple le plan de rĂ©ussite comporte les moyens Ă  prendre en fonction des orientations et des objectifs du projet Ă©ducatif (LIP, art. 37.1). La reddition de comptes ne porte plus sur les rĂ©sultats obtenus en regard des objectifs fixĂ©s, mais sur la rĂ©alisation du plan de rĂ©ussite (p.°50).

Maroy et al. (2013) font aussi remarquer que les positions des acteurs Ă©taient

relativement homogÚnes dans les forums et les débats entourant le PL 124, du

moins sur la question de la dĂ©mocratie scolaire qui s’exprimait par l’intermĂ©diaire

de l’autonomie des Ă©chelons infĂ©rieurs par rapport au MELS.

Page 26: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

12

Tableau 1. Le plan stratégique des CS et le plan de réussite des établissements selon la LIP du Québec (adapté de Brassard et al., 2013)

Plan stratĂ©gique (CS) Projet Ă©ducatif et plan de rĂ©ussite (Établissement)

Le plan stratégique quinquennal de la CS découle des orientations et objectifs prescrits par le MELS dans sa propre planification

La Loi prescrit les Ă©lĂ©ments qu’il doit comporter (LIP, art. 209.1) et qui sont, Ă  peu de choses prĂšs, ceux prescrits par la Loi de l’administration publique (LAP) :

1) le contexte de la CS, notamment les besoins des établissements, ainsi que les caractéristiques et les attentes du milieu

2) les principaux enjeux auxquels elle fait face, entre autres en matiĂšre de rĂ©ussite, qui tiennent compte des indicateurs nationaux Ă©tablis par le ministre en vertu de l’article 459.1

3) les orientations stratĂ©giques et les objectifs qui tiennent compte de ceux Ă©tablis dans le plan du MÉLS ainsi que des autres orientations ministĂ©rielles, des buts et des objectifs mesurables dĂ©terminĂ©s par le ministre en fonction de la situation de chaque CS

4) les axes d’intervention retenus pour parvenir à l’atteinte des objectifs

5) les résultats visés au terme de la période couverte

6) les modes d’évaluation de l’atteinte des objectifs

Le projet Ă©ducatif est gĂ©nĂ©ralement dĂ©ployĂ© sur une pĂ©riode de cinq ans. Chaque annĂ©e, un plan de rĂ©ussite reprendra un ou plusieurs objectifs pour lesquels sont Ă©numĂ©rĂ©s les moyens de rĂ©alisation, les ressources ainsi que les outils d’évaluation. Le plan de rĂ©ussite de l’école est Ă©tabli en tenant compte du plan stratĂ©gique de la commission scolaire et comporte (LIP, art. 37.1) :

1) les moyens Ă  prendre en fonction des orientations et des objectifs du projet Ă©ducatif notamment les modalitĂ©s relatives Ă  l’encadrement des Ă©lĂšves

2) les modes d’évaluation de la rĂ©alisation du plan de rĂ©ussite

Projet éducatif et plan de réussite constituent les deux

volets d’un mĂȘme ensemble qui, Ă  l’échelon de

l’établissement, correspond au plan stratĂ©gique de la

CS dont il doit tenir compte.

En termes de reddition de comptes, la CS informe la population de son territoire des services qu’elle offre et lui rend compte de leur qualitĂ©.

La CS prépare un rapport annuel qui rend compte à la

population de son territoire de la réalisation de son plan

stratégique. Ce rapport rend compte également au

ministre des résultats obtenus en fonction des

orientations et des objectifs du plan stratégique établi

par le ministùre de l’Éducation (LIP, art. 220).

Le conseil d’établissement informe annuellement les parents ainsi que la communautĂ© que dessert l’école des services qu’elle offre et leur rend compte de leur qualitĂ©.

Il rend public le projet Ă©ducatif et le plan de rĂ©ussite de l’école.

Il rend compte annuellement de l’évaluation de la

réalisation du plan de réussite (LIP, art. 83).

1.2.2.2. Le Projet de loi 88 (2008) ou la contractualisation et l’alignement

stratégique comme outil de régulation

Le deuxiÚme moment fort de la formulation de la GAR en éducation a été le PL 88,

votĂ© en 2008. Ce projet de loi vient renforcer l’implantation de la GAR en

Page 27: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

13

introduisant la contractualisation, l’imputabilitĂ© sur les rĂ©sultats et l’alignement

stratégique. En effet, il oblige les CS à parapher des conventions de partenariat

(CP) avec le MELS et les Ă©tablissements scolaires Ă  signer des conventions de

gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative (CGRÉ) avec les CS. Ces conventions prĂ©cisent

les orientations et les moyens choisis par ces institutions pour atteindre la visée

de la réussite du plus grand nombre (Brassard et al., 2013) retenue comme enjeu

majeur dans les ÉGÉ.

Le PL 88 reviendra sur l’autonomie accordĂ©e aux paliers infĂ©rieurs par le PL 124.

Ainsi, les plans stratĂ©giques des CS et les CGRÉ des Ă©coles seront dĂ©sormais

arrimés au plan stratégique du MELS. Ce dernier peut en plus définir des

orientations nationales et des prioritĂ©s spĂ©cifiques pour n’importe quelle CS. Aussi,

les Ă©coles qui avaient obtenu avec le PL 124 que le projet Ă©ducatif ne soit pas

arrimĂ© au plan stratĂ©gique de la CS se voient obligĂ©es de s’y conformer dĂ©sormais.

C’est ce qui fait dire à Maroy et al. (2013) qu’avec le PL 88, l’autonomie au profit

des CS est accrue alors que la centralisation sur les Ă©coles est accentuĂ©e. L’une

des hypothÚses explicatives évoquées par ces auteurs est la plus grande

divergence des acteurs dans les débats autour du PL 88. En effet, le consensus

sur l’importance majeure de la dĂ©mocratie scolaire ne prĂ©vaudra pas pour le lieu

oĂč elle devait se matĂ©rialiser. Contrairement Ă  2002, les acteurs choisiront la

commission scolaire comme lieu de réaffirmation de la démocratie scolaire. La

confirmation de l’élection du prĂ©sident de la CS, l’augmentation du nombre de

commissaires parents et la possibilité de coopter des commissaires issus de la

société civile sont des exemples (Maroy et al., 2013) qui illustrent ce choix.

Enfin, le PL 88 va concrĂ©tiser l’orientation et la responsabilitĂ© des rĂ©sultats. Ainsi,

contrairement au PL 124 qui faisait porter la reddition des comptes sur la mise en

Ɠuvre des projets, le PL 88 impose aux commissions scolaires et aux Ă©coles de

rendre compte des résultats obtenus par rapport aux objectifs mesurables définis

dans les conventions. Cette reddition de comptes se fait aussi bien Ă  un niveau

vertical (MELS et CS) qu’à un niveau horizontal (parents et communautĂ©

éducative). Cette derniÚre disposition répond à une volonté de trouver un équilibre

Page 28: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

14

entre la centralisation et la dĂ©centralisation. Elle est aussi un signe de l’hybridation

engendrée par la superposition des rÚgles bureaucratiques et des mécanismes de

GAR (Maroy, 2008).

Tableau 2. La convention de partenariat et la convention de gestion et de réussite éducative selon la LIP du Québec (adapté de Brassard et al., 2013)

La convention de partenariat (Ministre – CS) La CGRÉ (CS – directeur d’établissement)

Vise Ă  assurer la mise en Ɠuvre du plan stratĂ©gique de la CS (LIP, art. 459.3, 1er alinĂ©a)

Vise Ă  assurer l’atteinte des buts fixĂ©s et objectifs mesurables prĂ©vus Ă  la convention de partenariat conclue entre la commission scolaire et le ministre (LIP, art. 209.2, 1er alin.)

Est établie en tenant compte du plan de réussite de

l’établissement et de sa situation particuliĂšre (LIP, art.

209.2, 3e alin.)

Porte notamment sur :

les modalitĂ©s de la contribution de la CS Ă  l’atteinte des prioritĂ©s Ă©tablies (orientations ministĂ©rielles, buts fixĂ©s et des objectifs mesurables) par le ministre en fonction de la situation de chaque CS

les moyens que la CS entend prendre pour assurer l’atteinte des objectifs spĂ©cifiques de son plan stratĂ©gique

les mécanismes de suivi et de reddition de comptes que la CS met en place (LIP, art. 459)

Porte notamment sur :

les modalitĂ©s de la contribution de l’établissement

les ressources que la CS alloue spĂ©cifiquement Ă  l’établissement pour lui permettre d’atteindre les buts fixĂ©s et objectifs mesurables prĂ©vus

les mesures de soutien et d’accompagnement mises Ă  la disposition de l’établissement

les mesures de suivi et de reddition de comptes mises en place par l’établissement (LIP, art.209.2, 3e alin.)

Le ministre Ă©value les rĂ©sultats de la mise en Ɠuvre du plan stratĂ©gique de la CS selon la pĂ©riodicitĂ© qu’il dĂ©termine.

Si les rĂ©sultats visĂ©s tels que contenus dans la convention ne sont pas atteints, le ministre et la CS conviennent des correctifs Ă  apporter pour l’atteinte de ces rĂ©sultats.

Si, malgrĂ© tout, le ministre estime peu probable l’atteinte des rĂ©sultats attendus, il peut prescrire toutes mesures additionnelles Ă  mettre en place dans les dĂ©lais que le ministre dĂ©termine. (LIP, art. 459.4)

Est convenue annuellement par la commission scolaire et le directeur de chacun de ses Ă©tablissements (LIP, art. 209.2, 1er alin.)

Page 29: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

15

1.2.2.3. Le projet de loi 105 (2016) ou la simplification de la mise en Ɠuvre

de la GAR

Le troisiĂšme temps fort de la formulation de la GAR en Ă©ducation est le projet de

loi 105 (2016) qui d’une part, simplifie les conditions d’implantation de la GAR, et

d’autre part, renforce la centralisation et le contrĂŽle des paliers supĂ©rieurs sur les

paliers inférieurs (CS et établissements). On note dans le préambule que les

principaux aspects de cette loi sont :

L’accroissement de la participation des directeurs d’écoles dans la

répartition des ressources de la commission scolaire (comité de répartition

des ressources);

Le principe de subsidiarité envers les établissements scolaires que doit

appliquer la commission scolaire dans la mise en Ɠuvre de sa mission;

La simplification du processus de planification et de reddition des comptes

dans les Ă©tablissements et la CS dont chacun dispose maintenant d’un seul

document de planification : le plan d’engagement vers la rĂ©ussite pour la

CS et le projet Ă©ducatif pour l’établissement scolaire;

Le renforcement du contrĂŽle et de l’évaluation des CS et des

Ă©tablissements consĂ©quences de l’accroissement du pouvoir du ministre

qui peut Ă©mettre des directives Ă  l’égard des CS;

La consolidation de l’alignement stratĂ©gique avec l’harmonisation

descendante des pĂ©riodes de planification qui s’ajoute Ă  l’arrimage au

document de planification de l’échelon supĂ©rieur (MELS-CS-

Ă©tablissements).

Page 30: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

16

Tableau 3. Le plan d’engagement vers la rĂ©ussite et le projet Ă©ducatif selon la LIP du QuĂ©bec

Le plan d’engagement vers la rĂ©ussite (CS) Le projet Ă©ducatif (Ă©tablissement scolaire)

Remplace le PS et la convention de partenariat et contient des indicateurs et une déclaration de qualité de service (LIP, art. 74.1). Est établie en cohérence avec les orientations

stratégiques et les objectifs et la période de validité du

plan stratégique du ministÚre et répondre aux attentes

signifiées par le ministre (LIP, art. 209.1).

Vise Ă  assurer la mise en Ɠuvre des orientations propres Ă  l’établissement et l’atteinte des objectifs pour amĂ©liorer la rĂ©ussite scolaire (LIP, art. 37). Est Ă©tablie en cohĂ©rence avec les objectifs et les

orientations du plan d’engagement vers la rĂ©ussite de la

CS (LIP, art. 37) dont il épouse la période de validité

(LIP, art. 37.1)

Porte notamment sur :

le contexte dans lequel elle Ă©volue, notamment les

besoins de ses Ă©coles et de ses centres, les

principaux enjeux auxquels elle est confrontée

ainsi que les caractéristiques et les attentes du

milieu qu’elle dessert

les orientations et les objectifs retenus

les cibles visées au terme de la période couverte

par le plan

les indicateurs, notamment nationaux, utilisés

pour mesurer l’atteinte des objectifs et cibles visĂ©s

une déclaration contenant ses objectifs quant au

niveau des services offerts et quant à leur qualité

tout autre élément déterminé par le ministre

(LIP, art. 209.1)

Porte notamment sur :

le contexte dans lequel il [l’établissement] Ă©volue

et les principaux enjeux auxquels il

[l’établissement] est confrontĂ©, notamment en

matiÚre de réussite scolaire

les orientations propres Ă  l’école et les objectifs

retenus pour améliorer la réussite des élÚves

les cibles visées au terme de la période couverte

par le projet Ă©ducatif

les indicateurs utilisĂ©s pour mesurer l’atteinte des

objectifs et des cibles visés

la pĂ©riodicitĂ© de l’évaluation du projet Ă©ducatif

déterminée en collaboration avec la commission

scolaire (LIP, art. 37)

La commission scolaire doit s’assurer de la cohĂ©rence

des orientations et des objectifs retenus dans les projets

Ă©ducatifs de ses Ă©tablissements avec son plan

d’engagement vers la rĂ©ussite et du respect, le cas

échéant, des modalités prescrites par le ministre en

application du premier alinĂ©a de l’article 459.3

(LIP, art. 209.2)

L’établissement rend public et communique aux parents

et aux membres du personnel le projet Ă©ducatif et son

évaluation dont la périodicité est convenue avec la CS

(LIP, art. 75)

La GAR en éducation, préparée et orientée par les réformes des années 1980

et 1990, a été formulée de maniÚre progressive dans les années 2000 avec des

outils législatifs. En effet, les PL 124, 88 et 105 ont permis la mise en place des

« outils de gestion (plans stratégiques) ou de régulation (outils de

contractualisation, d’alignement stratĂ©gique et de reddition de comptes,

indicateurs de suivi) » qui doivent contribuer à aligner les objectifs et le

fonctionnement des différents paliers du systÚme éducatif avec une focalisation

sur les rĂ©sultats « Ă  viser aux diffĂ©rents niveaux d’action du systĂšme » (Maroy et

Page 31: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

17

al., 2013, p. 1). Pour Maroy, « il s’agit lĂ  d’une version quĂ©bĂ©coise d’une obligation

de rĂ©sultat (Lessard et Meirieu, 2004) oĂč de nouveaux modes de rĂ©gulation se

superposent à des régulations existantes de nature bureaucratique ou

professionnelle » (Maroy, 2008, cité par Maroy et al., 2013, p. 33). Le jeu de

pouvoir entre les acteurs lors de la formulation du projet de loi 124 a été favorable

aux acteurs autres que l’État qui ont ainsi pu faire modifier le projet de loi dĂ©posĂ©

par le MEQ. Leur union faisant défaut lors du processus de formulation du PL 88,

c’est l’État qui arrivera Ă  imposer la contractualisation et l’alignement stratĂ©gique

(Maroy et al., 2013). La recentralisation réussie avec le PL 88 sera consolidée

avec le PL 105. La section suivante prĂ©sente la phase de la mise en Ɠuvre de la

GAR dans les Ă©tablissements.

1.3. Les effets de l’implantation de la GAR

La mise en Ɠuvre de la GAR entraüne des changements majeurs concernant le

pilotage et la rĂ©gulation, mais Ă©galement d’autres portant sur la responsabilitĂ© et

les pratiques des acteurs du systÚme éducatif. Les sections suivantes présentent

les changements induits, les reprĂ©sentations et le vĂ©cu qu’en ont les enseignants

et les directeurs d’établissement.

1.3.1. Les changements portant sur le pilotage du systĂšme Ă©ducatif

Les orientations et les outils mis en place avec les PL 124 et 88 ont permis de

reconfigurer le pilotage du systÚme éducatif autour de la planification stratégique

(centralisation) et de la contractualisation (l’imputabilitĂ©, la reddition des comptes).

Selon Brassard (2013, p. 144), « la GAR repose sur deux mécanismes, la

planification stratégique et la contractualisation, le second venant contribuer à

cibler plus prĂ©cisĂ©ment les rĂ©sultats recherchĂ©s et mettant l’accent sur leur

atteinte. » Le projet de loi 88 consacre le retour à un contrÎle fort des institutions

du réseau scolaire à travers la planification descendante et la contractualisation. Il

s'agit alors pour certains auteurs d'un « dispositif d'alignement stratégique, une

approche “top-down” qui suppose un ordre chronologique d'entrĂ©e en scĂšne des

Page 32: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

18

différents acteurs impliqués : le MELS, la commission scolaire et l'établissement »

(Brassard et al., 2013). Cette normalisation permet au MELS d'orienter et de

contrÎler davantage les priorités des CS et des établissements aux dépens de la

dĂ©centralisation et de l’autonomie. De nombreux auteurs n'approuvent pas ce

contrîle. C'est le cas, par exemple, de Collerette (2010) pour qui le maintien d’une

mentalitĂ© de contrĂŽle sur les moyens et les processus, ou l’uniformisation des

moyens et des processus constituent des freins à l’implantation effective de la

GAR.

Cette approche d’alignement stratĂ©gique pose Ă©galement la question de la

cohĂ©rence des rĂ©formes si l’on considĂšre que le PL 88 consacre une

recentralisation des pouvoirs (Maroy et al., 2013) alors que dans les années 90

les rĂ©formes Ă©taient orientĂ©es vers la dĂ©centralisation des pouvoirs et l’autonomie

des Ă©tablissements scolaires et des acteurs (Levasseur, 2006). À ce propos,

l’article 74 de la Loi sur l’instruction publique (LIP) donne au conseil

d’établissement la responsabilitĂ© de dĂ©terminer les orientations et les objectifs de

l’école. Cette orientation avait Ă©tĂ© confirmĂ©e par le PL 124 qui donnait aux

commissions scolaires et aux Ă©coles l’indĂ©pendance dans leur planification

stratĂ©gique. Le dispositif d’alignement stratĂ©gique se matĂ©rialise dans la mise en

Ɠuvre à travers la contractualisation.

La contractualisation permet de formaliser la responsabilité administrative des CS

et des Ă©coles envers l’échelon supĂ©rieur. En effet, l’évaluation de la performance

des acteurs passe par la dĂ©finition d’objectifs mesurables et l’identification

d’indicateurs de performance et de cibles qui feront l’objet de mesures obtenues

Ă  l’aide des outils d’évaluation ministĂ©rielle. Lessard, Kamanzi et Larochelle (2008,

p. 94) notent que « ces politiques se sont matérialisées par des indicateurs de

performance, d’efficacitĂ© et de rĂ©ussite ». Ainsi, les CP et les CGRÉ permettent

de dĂ©finir explicitement les rĂ©sultats sur lesquels les acteurs s’engagent. À ce

propos, Tavenas (2003) pose le problÚme de la sélection des indicateurs qui

souvent seraient plutÎt choisis davantage pour leur disponibilité que pour leur

pertinence. Pour Larouche (2011), la contractualisation pose de nombreuses

Page 33: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

19

questions dont celles de la responsabilitĂ© du suivi, de la rĂ©gulation, de l’arbitrage

des diffĂ©rends, de l’autonomie des Ă©tablissements et des acteurs, dans le cadre

de la mise en Ɠuvre des conventions. Ces documents contractuels servent

Ă©galement de support Ă  l’évaluation et Ă  la reddition de comptes.

Le pilotage du systĂšme Ă©ducatif a donc connu un changement important aussi bien

dans ses orientations que dans ses mécanismes et ses outils de gestion et de

rĂ©gulation. On se situe dans une forme d’hybridation entre une rĂ©gulation

« horizontale » et une régulation « verticale » (Lessard, 2006). Cependant, la

politique de la GAR semble faire primer la « logique de régulation et de reddition

de comptes verticale » sur la logique « horizontale » (Maroy et al., 2013). Le

PL 105 (2016) confirme cette orientation en renforçant le pouvoir du ministre et

des CS et en consolidant l’alignement stratĂ©gique. En revanche, il simplifie les

modalitĂ©s de mise en Ɠuvre avec le document unique (Plan d’engagement vers

la réussite pour le CS et le projet éducatif pour les établissements) qui fusionne

les contenus des nombreux documents en vigueur précédemment. Ces

changements dans la gestion et le pilotage ne sont pas sans effets sur les

conditions de travail et les pratiques des enseignants et des directeurs

d’établissement qui sont appelĂ©s Ă  s’approprier les outils et la culture de la GAR

pour son application (Annan, 2011; Robinson, 2011).

1.3.2. Les changements impactés sur les conditions de travail des

enseignants et des directeurs d’établissement

Les changements évoqués précédemment concernant le pilotage et la régulation

du systĂšme Ă©ducatif entraĂźnent des modifications dans les conditions de travail

des enseignants et des gestionnaires. D’abord, l’intensification du travail des

enseignants et des gestionnaires notĂ©e, dĂ©coulerait de l’objectif d’atteindre

l’efficience prĂ©sent dans les politiques de GAR. Lessard, et al., 2008, p. 94)

relĂšvent qu’« en resserrant le financement de l’éducation Ă  des fins d’efficience et

non d’équitĂ©, elles ont propagĂ© le discours du “faire plus avec moins” et valorisĂ©

une approche de l’administration inspirĂ©e du secteur privĂ© (“New Public

Page 34: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

20

Management”). » Cette intensification du travail scolaire varie par rapport Ă  la

fonction, aux types de tùches réalisées et au vécu des différents acteurs. Ainsi, les

directeurs ressentent plus fortement que les enseignants l’intensification de leur

tĂąche (Lessard, et al., 2008, p. 103). En effet, les directeurs (gestionnaires) se

trouvent mieux valorisés et adhÚrent donc davantage aux nouvelles pratiques

prescrites alors que les enseignants perçoivent plutÎt une dévalorisation (plus de

travail et d’évaluation) et seraient donc plutĂŽt rĂ©ticents face aux politiques de GAR.

MalgrĂ© ces vĂ©cus diffĂ©rents de l’intensification du travail, aussi bien les

enseignants que les gestionnaires ont modifié leurs pratiques (Lessard, et

al., 2008).

Par ailleurs, il se développe de nouvelles formes de relations de travail comme

l’imputabilitĂ© et la collaboration (Lessard et al., 2009). Pour les enseignants, la

reddition de comptes accrue serait porteuse de plus d’autonomie, mais Ă©galement

de plus de contrÎle (Veltz, 1999, cité par Lessard, et al., 2008).

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es Baluteau (2009/2, p. 172) affirme que le travail des

directeurs d’établissement repose sur une variabilitĂ© des rĂ©gimes d’action, mĂȘme

s’ils sont censĂ©s s’inscrire dans le management participatif. Baluteau (2009/2,

p. 172) identifie ainsi trois rĂ©gimes d’action qui sont :

L’incitation quand il faut convaincre (faire adhĂ©rer, problĂ©matiser, informer

et évaluer, décider collectivement, etc.);

L’imposition quand il faut commander (commander, s’opposer, agir seul,

négocier, etc.); et

L’accompagnement quand il faut soutenir (stimuler, encourager, faciliter,

etc.).

Pour Spillane et Anderson (2013) « les relations entre les orientations

gouvernementales et les pratiques pédagogiques » ont connu un changement

dans la mesure oĂč « enseignants et dirigeants scolaires se rĂ©fĂšrent Ă  la politique

Page 35: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

21

lors de prises de dĂ©cisions sur l’enseignement », cependant les effets des

politiques sur les pratiques restent encore faibles dans les Ă©coles aux États-Unis.

Aux États-Unis la loi No Child Left Behind prĂ©sente l’avantage de mettre en avant

les questions de justice sociale et d’équitĂ©, cependant elle vient avec des

méthodes qui favorisent le stress et les risques de réponses rigides au niveau des

acteurs (Daly, 2009). Pour ce dernier, les menaces et les réponses rigides tendent

à contraindre la prise de décisions accroissant ainsi le stress et limitant les options

et le flot des informations (Daly, 2009). Pour « atténuer les effets organisationnels

de la menace perçue », Daly (2009) propose la confiance et le leadership

participatif et inclusif qui prédisent selon les résultats de son étude de moindres

niveaux de réponses rigides aux menaces chez les administrateurs et les

enseignants. Pour lui, la confiance peut favoriser des initiatives des acteurs allant

dans le sens de la « construction de la capacité organisationnelle » (Daly, 2009).

Dans le mĂȘme sens, Allodi et Fishbein reconnaissent que le travail enseignant a

connu une plus grande bureaucratisation avec les politiques de GAR : « A core

element of NPM is the assessment of individual and organisational performance

through standards, indicators, measurement and control systems. These

tendencies affect the work of teachers, with increased formalisation and more

bureaucratic routines » (Allodi, Fishbein, 2009, p. 377).

Il ressort que les changements introduits par la mise en Ɠuvre de la politique de

GAR en Ă©ducation sur le pilotage du systĂšme et les conditions de travail des

acteurs sont de nature contraignante (Allodi, Fishbein, 2009; Daly, 2009; Lessard,

et al., 2008, 2009) et nécessitent une réelle adaptation et une appropriation de la

part des acteurs individuels. Le passage de l’évaluation des moyens Ă  celui des

résultats, la recentralisation aprÚs le mouvement de décentralisation, la

contractualisation et le dĂ©veloppement de l’évaluation externe sont des

changements majeurs qui appellent un changement de culture. Pourtant, cette

dimension semble avoir Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e dans l’implantation de la GAR (Emery, 2005).

La légitimité et la pertinence des changements sont également remises en

question par de nombreux acteurs qui peinent encore à s’adapter à leur

Page 36: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

22

responsabilisation. Dans ces conditions, on peut se demander si les acteurs se

sont réellement approprié la GAR et si les changements prescrits

s’opĂ©rationnalisent dans le travail quotidien des enseignants et des directeurs

d’établissement. L’ampleur de la nature et des contenus de la rĂ©forme,

comparativement Ă  l’absence de mesures importantes qui auraient pu ĂȘtre

accordĂ©es Ă  la formation prĂ©alable des acteurs, permet de s’interroger Ă  propos

de la place donnĂ©e aux acteurs et Ă  leurs opinions lors de l’implantation de la GAR.

Dans la section suivante, les opinions et les perceptions des acteurs et la

nĂ©cessitĂ© de leur adhĂ©sion pour la mise en Ɠuvre de la GAR seront prĂ©sentĂ©es.

1.4. Les rĂŽles des acteurs dans l’implantation de la GAR en Ă©ducation

Les opinions et les perceptions des acteurs du systĂšme Ă©ducatif sur la GAR ont

fait l’objet de peu d’investigations alors que de nombreux auteurs s’accordent sur

la nĂ©cessitĂ© de la cohĂ©rence hiĂ©rarchique pour une mise en Ɠuvre efficace de ce

mode de gestion (Lessard et al., 2008, 2009; Maroy et al., 2013; Martin et

Jobin, 2004; Muller, 2000; Ozga, 2009). L’effectivitĂ© des changements prescrits

passe aussi par l’appropriation des principes et des outils mis en place dans les

PL 124, 88 et 105 par les enseignants et les directeurs d’établissement (acteurs

opérationnels). Pour Lessard, et al., (2008, p. 97), les « croyances peuvent

anticiper le succĂšs si elles se dĂ©clarent sous forme d’aspirations, d’espoir, de

rĂȘves et de vision positive de l’avenir. À l’opposĂ©, elles peuvent prĂ©sager de

l’échec si elles rĂ©vĂšlent pessimisme, doute et mĂ©fiance par rapport aux rĂ©sultats

attendus. »

Turcotte et Bastien (s.d.) préconisent un soutien « formatif » et « informatif » aux

acteurs pour l’appropriation des « modĂšles d’action planifiĂ©s » instituĂ©s par la

GAR. Ils affirment qu’« au-delĂ  d’une rĂ©gulation organisationnelle qui appelle Ă  la

planification pour soutenir et orienter la participation instituée », le soutien « offert

aux diffĂ©rents acteurs des milieux dans le but de faciliter l’appropriation de ces

modĂšles d’actions planifiĂ©es » participe Ă  la rĂ©gulation (p. 9). L’opinion des acteurs

de premiĂšre ligne doit aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e dans la dĂ©finition des objectifs et des

Page 37: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

23

cibles de performances (Bourgault, 2004; Emery et al., 2008) de mĂȘme que dans

la mesure et l’évaluation des politiques publiques.

Martin et Jobin (2004) considÚrent que la légitimité perçue autant par les employés

que par les gestionnaires, la fonctionnalité, la stabilité ou la continuité à travers le

temps, l’uniformitĂ©, la parcimonie, ainsi que l’insertion dans un cadre gĂ©nĂ©ral de

gestion sont autant de caractéristiques importantes des mesures de résultats.

Martin et Jobin incluent la perception des acteurs dans la synthĂšse des

caractéristiques idéales des mesures de résultats dans la fonction publique

qu’elles proposent à partir des travaux de nombreux autres auteurs. Elles

dĂ©clarent aussi que « les mesures doivent ĂȘtre transparentes, peu coĂ»teuses et

ne pas trop alourdir la tùche des gestionnaires lors de leur élaboration » (Martin et

Jobin, 2004, p. 321).

Pour Emery (2005), le modĂšle europĂ©en d’évaluation de l’action publique

[Common Assessment Framework (CAF)] propose de « mesurer la satisfaction du

personnel Ă  travers des enquĂȘtes ad hoc (perception) concernant l’organisation,

le management, les conditions de travail, la motivation et le développement »; et

d’analyser les « indicateurs objectifs de satisfaction du personnel (absentĂ©isme,

turnover), productivité, développement réel des compétences, implication

objective du personnel » (Emery, 2005, p. 5). Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Gow

estime que l’adhĂ©sion et la collaboration des fonctionnaires constituent l’une des

conditions essentielles pour la rĂ©ussite d’une rĂ©forme. Il affirme qu’une rĂ©forme

inspirée par la volonté de changement et impulsée par un catalyseur « doit obtenir

la collaboration d'une bonne partie sinon de tous les fonctionnaires et elle doit ou

bien avoir des appuis dans les milieux environnants ou bien apporter une

adaptation aux conditions qui prévalent dans ce milieu » (Gow, 1984, p. 56).

Page 38: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

24

1.5. Les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissements

sur la GAR

Les textes relatifs aux opinions et aux perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement restent rares. NĂ©anmoins, quelques documents

identifiĂ©s prĂ©sentent des Ă©lĂ©ments pertinents qui font l’objet d’une synthĂšse

thématique dans cette section. Les points de vue seront présentés en termes de

pertinence de la GAR, de sa mise en Ɠuvre, de son appropriation par les acteurs

et des perspectives à lui tracer. Les gestionnaires sont favorables à l’implantation

de la GAR en Ă©ducation : ils ont participĂ© Ă  l’implantation de la GAR dans les

Ă©tablissements scolaires. Selon Lessard, et al. (2008), les directeurs

d’établissement perçoivent majoritairement des effets positifs des nouvelles

politiques sur le fonctionnement et la mission de l’école du fait de l’idĂ©ologie

professionnelle qui renvoie Ă 

Un ensemble complexe d’idĂ©es et de croyances Ă  propos du travail effectuĂ© par un groupe et de la situation de ce dernier au sein du monde du travail et de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Elle est partagĂ©e par le groupe professionnel; elle constitue un Ă©lĂ©ment identitaire significatif ; elle est construite par le groupe dans ses rapports avec d’autres groupes et est transmise aux membres par un processus de socialisation ; elle a une dimension normative, vĂ©hiculant une vision idĂ©ale du travail qui sert de justification aux revendications du groupe ou de fondement Ă  la rĂ©sistance Ă  des Ă©volutions perçues comme contraires aux valeurs et aux intĂ©rĂȘts du groupe. En ce sens, l’idĂ©ologie professionnelle est une rĂ©fĂ©rence, un outil symbolique que les acteurs peuvent utiliser en fonction de l’évolution de la situation afin d’y maintenir ou d’y amĂ©liorer leur position (Lessard et al., 2008, p. 96).

Cette idéologie professionnelle favoriserait cette perception positive sur les

politiques Ă©ducatives. Les directeurs d’école se voient comme des relais de ces

politiques et acceptent mieux les changements qu’ils induisent dans leur vie

professionnelle, notamment le surplus de travail engendré (Ibid.). Par contre, de

nombreux enseignants remettent en cause la pertinence des politiques de GAR

en Ă©ducation. Pour eux, la GAR demeure une approche Ă©conomique qui est

incompatible avec la nature sociale de l’éducation (CSQ, 2008). Les syndicats

d’enseignants l’ont affirmĂ© dans les dĂ©bats qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le vote des projets de

loi 124 et 88. Ils proposent une « thĂ©orie de l’action » diffĂ©rente, essentiellement

orientĂ©e vers la promotion des valeurs centrales Ă  l’éducation comme bien public

Page 39: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

25

et vers la mobilisation des personnels éducatifs, facteurs clés de la réussite (Maroy

et al., 2013).

Du point de vue de la mise en Ɠuvre et de l’appropriation du changement, les

directeurs d’établissement reconnaissent avoir changĂ© leurs pratiques pour

s’adapter aux changements imposĂ©s par la GAR (Ibid.). Les gestionnaires

opérationnels seraient « les porte-étendards des politiques éducatives, premiers

responsables de la mise en Ɠuvre et de la gestion du changement qu’elles

entraĂźnent » (Ibid., p. 102). L’implantation de la politique de GAR Ă  travers les

PL 124 et 88 correspond pour les enseignants Ă  la mise en place des

« instruments qui dĂ©naturent les finalitĂ©s de l’éducation et contredisent les valeurs

au cƓur de l’institution scolaire » (Maroy et al., 2013, p. 86). En consĂ©quence, les

enseignants proposent la rĂ©affirmation de l’éducation comme prioritĂ© nationale Ă 

travers l’intervention de l’État et le « raffermissement » du palier intermĂ©diaire

(commission scolaire, institution garante du bien public), un meilleur contrĂŽle des

moyens publics, le rejet de toute obligation de rĂ©sultat au niveau de l’établissement

au profit de la fourniture de moyens et de soutien au personnel de « premiÚre

ligne », la légitimation des instances de démocratie scolaire et, enfin, la création

d’un ombudsman pour amĂ©liorer la transparence des CS (Maroy et al., 2013). Par

ailleurs, les enseignants dĂ©noncent l’intensification de leur charge de travail

engendrĂ©e par la mise en place de la GAR qui ne leur permettrait mĂȘme pas de

trouver le temps de faire le perfectionnement professionnel pour la mise en Ɠuvre

des nouvelles pratiques prescrites (Lessard, al., 2008).

Enfin, en termes de perspectives, les directeurs sont plus nombreux que les

enseignants Ă  affirmer que les nouvelles politiques auront des effets positifs sur

divers aspects du systĂšme Ă©ducatif (Ibid.). En somme, l’idĂ©ologie professionnelle

prĂ©dispose les directeurs d’école Ă  avoir une perception positive des politiques

éducatives, y compris la GAR. Les enseignants, de leur cÎté, adhÚrent à la visée

de réussite du plus grand nombre, mais pas aux stratégies et aux moyens mis en

place par la GAR. En effet, « le personnel de l’éducation est dĂ©jĂ  disposĂ© Ă 

consacrer ses compĂ©tences et ses efforts Ă  l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite »

Page 40: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

26

(CSQ, 2002 citĂ© par Maroy et al., 2013, p. 181). Par contre, l’appropriation des

changements s’avĂšre plus difficile, car la professionnalisation tournĂ©e vers

l'intensification du travail enseignant est vécue comme une ambiguïté entre

l’autonomie et le contrîle accru (Lessard, al., 2008). Cela se comprend d’autant

plus que les enseignants anticipent un Ă©chec des politiques de GAR. Pour eux,

« les actions proposĂ©es par le gouvernement risqueraient ainsi d’avoir un effet

contraire Ă  l’amĂ©lioration recherchĂ©e » (Maroy et al., 2013, p. 86). La majoritĂ© des

enseignants affirment que les nouvelles politiques Ă©ducatives auront des effets

négatifs sur divers aspects du systÚme éducatif (Lessard et al., 2008).

Les opinions et les perceptions des enseignants sur la GAR sont plutÎt négatives

et vont dans le sens d’une remise en cause de la pertinence, des modalitĂ©s de

mise en Ɠuvre et des effets positifs de la GAR sur le systĂšme Ă©ducatif. Cette

opposition à la GAR est d’autant plus forte que les enseignants reprochent aux

administrations scolaires de ne retenir du secteur privé que les contrats de

prestation, alors qu’ils sont combinĂ©s Ă  des stratĂ©gies d’innovation participative

dans les organisations innovantes.

Il apparaĂźt dĂšs lors que la perception des enseignants et des directeurs

d’établissement concernant la GAR est diffĂ©rente. Les perceptions des acteurs

semblent pouvoir se résumer à deux tendances nettes, ceux qui sont favorables à

la GAR en éducation et ceux qui y sont opposés. Cette opposition est qualifiée de

choc des valeurs par Meirieu (2004). Pour ce dernier, l’opposition entre une

approche de gestion axée sur les résultats, perçue comme étant à connotation

Ă©conomique et visant l’efficacitĂ© de production et une vision plus Ă©cologique de

l’école, considĂ©rĂ©e comme un milieu de vie destinĂ© Ă  l’épanouissement des

individus et des collectivitĂ©s s’avĂšre une source de tensions (Meirieu, 2004). De

Landsheere (1994) abonde dans le mĂȘme sens en relevant qu’il existe une tension

idĂ©ologique forte entre ceux qui estiment que l’école est une institution chargĂ©e de

fournir Ă  la sociĂ©tĂ© ce dont elle a besoin, et s’il le faut en faisant violence Ă  ses

usagers, et ceux qui considĂšrent qu’elle doit rĂ©pondre aux besoins des Ă©lĂšves.

Page 41: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

27

Pour le mĂȘme auteur, cette tension est due aux divergences des valeurs et des

intĂ©rĂȘts des acteurs.

L’importance accordĂ©e aux opinions, aux perceptions et au rĂŽle des acteurs dans

l’implantation des politiques publiques et dans la mise en Ɠuvre du changement

est largement affirmĂ©e par certains auteurs comme il vient d'ĂȘtre dĂ©montrĂ©

précédemment. Il apparaßt également que les évaluations de la GAR en éducation

ne sont pas encore trùs nombreuses et qu’elles s’adressent essentiellement aux

acteurs stratégiques ou aux entrepreneurs des politiques. Par ailleurs, les

analyses des politiques de GAR se font sous l’angle de l’État qui a tendance à

mettre de l’avant les impĂ©ratifs de rĂ©duction des dĂ©penses publiques

(Fortier, 2010).

Il vient d’ĂȘtre montrĂ© que la politique de GAR a Ă©tĂ© implantĂ©e en Ă©ducation avec

les PL 124, 88 et 105 qui ont apporté des ruptures dans le pilotage du systÚme

scolaire et les conditions de travail des enseignants et des directeurs

d’établissement. En effet, la planification stratĂ©gique, la contractualisation,

l’alignement stratĂ©gique, la reddition de comptes sont constitutifs d’une nouvelle

culture dont l’appropriation par les acteurs est loin d’ĂȘtre Ă©vidente; cela d’autant

plus que le processus de mise en Ɠuvre du changement ne prĂ©voit pas d’actions

importantes dans ce sens. Il apparaĂźt pourtant que la logique Ă©conomique qui

sous-tend la GAR est Ă©trangĂšre Ă  la culture de l’école qui a Ă©tĂ© surtout marquĂ©e

par une orientation humaniste ou Ă©cologique dans ses orientations et politiques

précédentes. Ce qui entraßne un choc des valeurs (Meirieu, 2004, Tochon, 2010).

DÚs lors, le contenu de la politique de GAR et la pertinence des stratégies de mise

en Ɠuvre du changement adoptĂ© peuvent ĂȘtre questionnĂ©s au mĂȘme titre que

l’appropriation des changements par les acteurs. Le problùme qui motive cette

recherche concerne les représentations et le vécu des enseignants et des

gestionnaires opĂ©rationnels dans l’implantation des politiques Ă©ducatives. Cela

d’autant plus que l’objectif de la rĂ©forme est la rĂ©ussite de tous Ă  la fin du

secondaire et que la rĂ©ussite de toute action publique passe par la mise Ɠuvre

effective des prescriptions sur le terrain par les acteurs de premiĂšre ligne. Cette

Page 42: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

28

Ă©tude analyse la GAR en Ă©ducation Ă  travers les opinions sur la GAR et les

perceptions de ses effets sur les enseignants et les directeurs d’établissement.

1.6. La question de recherche

La problématique de la représentation et du vécu des enseignants et des

directeurs d’établissement sur l’implantation de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif

du QuĂ©bec dĂ©veloppĂ©e ci-devant justifie l’analyse des opinions et des perceptions

de ces acteurs de la pertinence et des effets de la politique sur les Ă©tablissements.

Dans ce sens, la question suivante mériterait une ou des réponses :

Quelles sont les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement du QuĂ©bec sur l’implantation de la gestion

axée sur les résultats dans le systÚme éducatif?

Cette question générale peut se décliner en différentes questions spécifiques :

1) Quelles sont les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation au regard de la réussite des élÚves des enseignants et des

directeurs d’établissement?

2) Quels sont les déterminants des opinions de la GAR des enseignants

et des directeurs d’établissement?

3) Quelles sont les divergences et les convergences dans les opinions de la

GAR et les perceptions des effets de son implantation entre les enseignants

et les directeurs d’établissement?

1.7. Les objectifs de recherche

L’objectif gĂ©nĂ©ral de la recherche consiste Ă  analyser les opinions de la GAR et

les perceptions des effets de son implantation dans le systÚme éducatif du Québec

des enseignants et des directeurs d’établissement.

Page 43: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

29

Les objectifs spĂ©cifiques de l’étude sont les suivants :

1) DĂ©crire les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation dans le systÚme éducatif au regard de la réussite du plus

grand nombre d’élĂšves des enseignants et des directeurs

d’établissement.

2) Identifier les liens et leur force entre les opinions de la GAR et les

perceptions des effets de son implantation des enseignants et des

directeurs d’établissement.

3) Comparer les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation des enseignants et des directeurs d’établissement et leurs

liens.

1.8. La pertinence de la recherche

Cette Ă©tude vise Ă  analyser la GAR et ses effets en Ă©ducation sous l’angle des

opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement. Il

ne sera pas question d’évaluer la politique de GAR, mĂȘme si certains points de

vue pourraient aller dans le sens de faire son procĂšs ou son Ă©loge. L’analyse

permettra de préciser les représentations et le vécu des enseignants et des

gestionnaires de l’implantation de la GAR dans leur Ă©tablissement. Les opinions

recueillies auprĂšs des enseignants et des directeurs d’établissement porteront sur

la pertinence des principes, des outils, des stratĂ©gies d’implantation et des

perspectives Ă  donner de la GAR au regard de l’objectif de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

Les effets perçus par ces acteurs sur leur travail, leurs rÎles et responsabilités

ainsi que l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement seront Ă©galement abordĂ©s. Ces opinions

et perceptions permettront d’analyser la cohĂ©rence hiĂ©rarchique et l’efficacitĂ© de

la GAR dans les Ă©tablissements d’enseignement.

1.8.1. Pertinence scientifique

L’étude trouve sa pertinence scientifique Ă  deux niveaux. D’abord, elle permettra

de connaĂźtre les opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs

Page 44: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

30

d’établissement sur la GAR ainsi que ses effets en Ă©ducation. Comme l’a montrĂ©

Emery (2005), les points de vue et les perceptions des acteurs de premiĂšre ligne

restent jusque-lĂ  trĂšs peu connus, d’autant plus que mĂȘme lors des Ă©valuations

des politiques de GAR, ce sont les acteurs politiques et les cadres administratifs

qui ont été interrogés. La connaissance des points de vue des acteurs au niveau

opĂ©rationnel permettra de voir s’il y a convergence ou divergence Ă  trois niveaux,

soit la pertinence de la GAR (principes, outils et stratĂ©gies), l’efficacitĂ© de sa mise

en Ɠuvre (effets) et ses perspectives (avenir). Toutes choses qui permettront de

mieux comprendre l’implantation de la GAR en Ă©ducation, notamment dans la

dimension des enjeux, des tensions gĂ©nĂ©rĂ©es et des zones d’action potentielles

dans les réformes des politiques. Cette explication ira aussi dans le sens

d’identifier des liens entre les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement. Ainsi, les liens entre les perceptions liĂ©es aux idĂ©es,

aux intĂ©rĂȘts et aux institutions et les opinions des acteurs individuels de la GAR

seraient mieux documentés.

Une telle contribution à l’accroissement des connaissances sur l’action publique

en éducation est sollicitée ou suggérée par de nombreux chercheurs qui ont

identifié des problématiques se rapportant à la place des acteurs dans les

réformes des politiques publiques et à la conduite du changement en éducation.

Pour Stone (1992), les questions de la maniĂšre de rendre compte du changement

institutionnel et la maniÚre de réintroduire la société tout en conservant une

approche néo-institutionnaliste devraient se trouver au centre de l'agenda de

recherche néo-institutionnaliste. « Pour saisir les conséquences effectives des

réformes sur le travail des professionnels, il faut multiplier les investigations

empiriques approfondies, afin de prendre en compte la variété des situations »

(DemaziĂšre, Lessard et Morissette, 2013, p. 9). L’étude permettra de confirmer,

d’infirmer ou de nuancer les rĂ©sultats des Ă©tudes antĂ©rieures Ă©voquĂ©es dans le

texte et portant sur l’idĂ©ologie professionnelle, le choc des valeurs, les effets des

politiques issues du NMP sur les acteurs et la gestion publique et le rĂŽle des

acteurs.

Page 45: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

31

1.8.2. Pertinence sociale

Au plan social, les rĂ©sultats de l’étude contribueront Ă  amĂ©liorer les dĂ©marches et

les approches d’implantation des rĂ©formes des politiques publiques en Ă©ducation

et dans l’administration publique en gĂ©nĂ©ral. Les enjeux comme la cohĂ©rence

hiĂ©rarchique et la collaboration, l’apprentissage organisationnel, entre autres sont

des impĂ©ratifs pour atteindre l’efficacitĂ© et l’efficience recherchĂ©es dans les

politiques Ă©ducatives actuelles. DĂšs lors, l’adhĂ©sion et l’engagement des acteurs

pourraient ĂȘtre mieux pris en charge si leurs reprĂ©sentations et vĂ©cus sont connus

et expliquĂ©s. De tels progrĂšs seraient un pas de plus pour l’atteinte des objectifs

de démocratisation qualitative qui a motivé les réformes des années 2000 dans le

systÚme éducatif. La connaissance réciproque des opinions et des perceptions

des acteurs opérationnels pourrait également favoriser la bonne entente et

l’épanouissement professionnel dans le cadre scolaire. Ces choses sont utiles

dans le développement de systÚmes éducatifs de qualité dans un contexte de

démocratisation de la réussite et de concurrence internationale. Pour Knopfel et

Varonne (1999) « l'État se doit d'anticiper les rĂ©actions possibles des groupes

cibles visées s'il souhaite modifier leur comportement avec une certaine

prévisibilité ».

Dans ce chapitre, le processus de mise en place de la réforme qui a conduit à

l’implantation de la GAR dans les Ă©coles primaires et secondaires comme les

modalités de cette mise en place ont été présentés. Les changements induits par

les projets de loi 124, 88 et 105 qui ont organisĂ© la mise en Ɠuvre de la GAR et

induit les changements sur la gestion du systĂšme et sur les acteurs ont Ă©galement

été évoqués. Enfin, la place, le rÎle et les perceptions des enseignants et des

directeurs au sujet des nouvelles politiques éducatives en général et de la GAR

en particulier ont été présentés à partir des études qui évoquent ces aspects. Le

chapitre se termine sur l’esquisse de la recherche envisagĂ©e qui apportera une

réponse à la problématique de la documentation de la représentation et vécu des

acteurs des Ă©tablissements scolaires sur la pertinence et l’efficacitĂ© de la GAR sur

Page 46: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

32

la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. Le chapitre suivant prĂ©sente le domaine de l’analyse des

politiques éducatives dans une perspective théorique puis empirique.

Page 47: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

33

PremiĂšre partie. La recension des Ă©crits

Page 48: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

34

Chapitre 2. L’analyse des politiques publiques et

les néo-institutionnalismes

La premiùre partie de la thùse traite de l’analyse des politiques publiques dans

une perspective autant thĂ©orique qu’empirique. La prĂ©sente recherche consiste en

une analyse des reprĂ©sentations et vĂ©cus de l’implantation de la politique de

gestion axée sur les résultats dans les écoles primaires et secondaires du Québec

Ă  partir des thĂ©ories nĂ©o-institutionnalistes. L’analyse portera sur l’implantation de

la GAR en éducation et sur son potentiel dans la réussite des élÚves. Pour se faire,

les principales problématiques, théories et approches de recherche dans le champ

de l’analyse des politiques Ă©ducatives sont prĂ©sentĂ©es en deux chapitres.

Le Chapitre deux prĂ©sente d’une part, l’analyse des politiques publiques dans son

approche séquentielle et ses approches empiriques. Il contribue à situer le type

d’analyse qui sera effectuĂ©. La premiĂšre section dĂ©crit la mĂ©thodologie de revue

documentaire qui a été utilisée. La section deux évoque les courants (centrés sur

les thĂ©ories de l’État; l’explication du fonctionnement de l’action publique et

l’évaluation des effets de l’action publique) dans l’approche sĂ©quentielle d’analyse

des politiques publiques. La derniĂšre section prĂ©sente les approches d’analyse

des politiques publiques en Ă©ducation (l’approche administrative ou

fonctionnalisme pragmatique; les approches critiques; l’approche centrĂ©e sur les

acteurs; l’approche par l’histoire et les institutions; et l’approche comparative).

D’autre part, les thĂ©ories nĂ©o-institutionnalistes qui orienteront la prĂ©sente analyse

de l’implantation de la GAR par rapport Ă  la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. Cette partie

comporte quatre sections qui traitent des caractéristiques générales des théories

néo-institutionnalistes et des variantes de néo-institutionnalismes. Ces derniÚres

aident à définir les variables qui seront étudiées. Pour chaque type de néo-

institutionnalisme, est présentée une théorie spécifique jugée pertinente pour

l’étude de la problĂ©matique prĂ©sentĂ©e au premier chapitre.

Page 49: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

35

2.1. MĂ©thodologie de revue documentaire

La recherche bibliographique a Ă©tĂ© effectuĂ©e essentiellement sur le web Ă  l’aide

de trois types d’outils. D’abord, les moteurs de recherche grand public (Google) et

spĂ©cialisĂ©s (Google Scholar, Copernic) ont permis d’explorer les Ă©crits dans le

domaine des politiques publiques. Ensuite les outils de recherche de la

bibliothĂšque de l’UniversitĂ© Laval et les bases de donnĂ©es spĂ©cialisĂ©es (ERIC,

Education full text, Érudit, PersĂ©e) ont Ă©tĂ© consultĂ©s pour trouver des Ă©crits

spĂ©cifiques Ă  l’analyse des politiques Ă©ducatives. Enfin, les sites web des revues

scientifiques (SAGE, Cairn.info, Taylor et Francis, etc.) ont permis d’aller chercher

les textes complémentaires.

Les mots et combinaisons de mots clĂ©s ont servi Ă  rĂ©aliser plusieurs requĂȘtes. À

chaque fois les résultats pertinents étaient ajoutés sur Zotero. Ci-aprÚs, quelques

exemples de combinaisons mots clé utilisés.

Analyse de politiques publiques (policy analysis)

Analyse de politiques Ă©ducatives (educational policy)

Gestion axée sur les résultats (result based management)

Accountability policy

Point de vue des enseignants sur la GAR (teachers perceptions

Accountability policy)

Point de vue des directeurs d’écoles sur la GAR (principals perceptions

Accountability policy)

En plus des mots clĂ©s, d’autres dĂ©terminants comme l’ordre d’enseignement

(primaire et secondaire), le type d’acteurs (enseignants et directeurs), l’anciennetĂ©

des textes (à partir de 2000), l’objet des recherches (opinions, perceptions, point

de vue), et la localisation de la recherche (QuĂ©bec, Canada, États-Unis, Nouvelle-

ZĂ©lande, Australie, Royaume-Uni) et la nature des documents (articles de journaux

et rapport de recherche). Les recherches provenant des pays plus avancés dans

l’implantation de la GAR ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es. Par ailleurs, les textes datant des 20

Page 50: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

36

derniÚres années ont été privilégiés. Cependant, des textes fondateurs plus

anciens ont été gardés pour leur grande pertinence pour la recherche dans

certains cas.

Les documents Ă©taient collectĂ©s et classĂ©s Ă  l’aide du gestionnaire de

bibliographie ZOTERO.

Le protocole de recherche comprenait trois phases :

D’abord, une requĂȘte avec un ou une combinaison de mots clĂ©s Ă©tait

effectuée sur un outil de recherche;

Ensuite, les résultats étaient systématiquement analysés avec la lecture du

titre, du résumé ou des premiÚres lignes;

Aussi, chaque document pertinent était ajouté dans le répertoire de Zotero

dans le dossier qui porte le nom du mot clé principal;

Enfin, pendant la lecture des documents stockés dans Zotero les textes

dont le contenu ne servait pas le propos étaient supprimés.

La recherche était effectuée en français et en Anglais (traduction libre des mots

clés). La procédure restait similaire dans les deux langues.

2.2. L’analyse des politiques publiques ou une approche sĂ©quentielle

L’analyse des politiques publiques est une discipline qui prend racine et se

dĂ©veloppe avec la crise de l’État-providence des annĂ©es 1960 et 1970

(Duran, 1996, 2004). Elle a vu le jour aux États-Unis sous le concept de « policy

analysis » de Charles E. Lindblom. C’est ainsi que Duran la considĂšre Ă  ses

origines comme « une pensĂ©e de crise » (Draelants et Maroy, 2007). L’analyse

des politiques publiques aspire aujourd’hui Ă  apporter des rĂ©ponses aux

problĂšmes de l’action publique en posant les questions sur l’efficacitĂ©, la

dĂ©mocratie et la participation, la constitution de l’espace public, ainsi que les

questions jadis secondaires de légalité et de légitimité dans la conception et la

mise en Ɠuvre des politiques publiques (Ibid.). La nouvelle discipline apporte alors

Page 51: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

37

des ruptures et des avancées par rapport à la science politique et à sa

traditionnelle analyse juridique. En effet, pour Muller, l’analyse de l’État à partir de

son action constitue une rupture dans la mesure oĂč ce sont les outputs et les

outcomes qui sont analysĂ©s, contrairement Ă  l’approche classique qui prend

comme objet les inputs pour analyser l’action politique de l’État (Muller et

Surel, 1998, citĂ©s par Draelants et Maroy, 2007). C’est ce qui fait dire Ă  Draelants

et Maroy (2007, p.°5) que « l’analyse des politiques publiques permet ainsi de

sociologiser notre regard sur l’État et de dĂ©passer les approches traditionnelles

davantage juridiques. » La deuxiÚme rupture identifiée par Muller est relative au

doute que l’étude des politiques publiques jette sur la rationalitĂ© de l’action

publique (Muller, 2000).

L’analyse des politiques publiques est constituĂ©e de trois courants et approches

qui Ă©tudient chacun l’action des pouvoirs publics sous un angle diffĂ©rent. Selon la

typologie proposée par Knoepfel, Larrue et Varone (2001, cités par Draelants et

Maroy, 2007), le premier courant est centrĂ© sur les thĂ©ories de l’État, le deuxiĂšme

courant sur l’explication du fonctionnement de l’action publique et le troisiùme

courant sur l’évaluation des effets de l’action publique.

2.2.1. Le courant centrĂ© sur les thĂ©ories de l’État

Dans le premier courant, les auteurs recherchent l’essence de l’action publique en

étudiant les politiques publiques comme des révélateurs de cette essence à

travers l’interrogation et l’interprĂ©tation du rĂŽle de l’État dans la sociĂ©tĂ©. L’origine

de ce courant est européenne (France) et on y retrouve des auteurs comme Jober

et Muller (1987), Meny et Thoening (1989). Ces derniers distinguent trois

« modÚles théoriques » (Meny et Thoening, 1989) :

Le modĂšle de l’État au guichet : la perspective adoptĂ©e est celle de

l’optimisation des choix collectifs et des bureaucrates. L’école du « Public

choice », avec la thĂ©orie de la rationalitĂ© limitĂ©e, s’inscrit dans ce modĂšle;

Page 52: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

38

Le modùle de l’État en tant qu’instrument au service soit d’une classe

sociale (approche néo-marxiste) soit de groupes spécifiques (approche

néo-managériale) inspirés de la sociologie des organisations : la

perspective adoptĂ©e est celle de l’étude des intĂ©rĂȘts particuliers (classes

sociales ou autres groupes) et de leurs rapports avec l’action/l’autonomie

de l’État; et

Le modĂšle de la distribution des pouvoirs et des interactions entre acteurs :

l’analyse porte sur la reprĂ©sentation et l’organisation des diffĂ©rents intĂ©rĂȘts

sectoriels ou catégoriels (approche néo-corporatiste), ou sur les

organisations et les rĂšgles institutionnelles qui encadrent ces interactions

(néo-institutionnalisme).

Ce dernier modĂšle dans lequel nous nous inscrivons dans cette recherche se

focalise pour Knoepfel et al., (2001, p. 6, cités par Draelants et Maroy, 2007, p.°7),

« sur les politiques publiques [
] comme un moyen de comprendre la place du

secteur public au sein de la société et son évolution dans le temps°».

2.2.2. Le courant sur l’explication du fonctionnement de l’action publique

Le deuxiĂšme courant s’intĂ©resse Ă  l’explication du fonctionnement de l’action

publique. Le fonctionnement de l’action publique est Ă©tudiĂ© en vue d’en

comprendre les modes opératoires ou la logique, en identifiant des permanences

et des rĂšgles gĂ©nĂ©rales de l’intervention publique. Ce courant prend racine dans

les réflexions des politologues américains qui cherchaient dans les années 1950

et 1960 comment accroĂźtre l’efficacitĂ© de l’action publique par la rationalisation de

la décision. Laswell (1951), Simon (1957), Lindblom (1959) et Eastom (1965) sont

des auteurs phare de ce courant. Ce dernier comporte deux écoles de pensée

dont l’une s’intĂ©resse « Ă  dĂ©velopper une meilleure connaissance des processus

de formulation et de mise en Ɠuvre des politiques publiques » dans une visĂ©e

thĂ©orique (scientifique) et l’autre recherche un savoir mobilisable pour et dans les

processus de formation et de mise en Ɠuvre des politiques publiques dans une

visée opératoire (action). Pour Knoepfel et al.°(2001, cités par Draelants et

Page 53: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

39

Maroy, 2007, p.°8), «°ce courant centrĂ© sur l’explication du fonctionnement de

l’action publique est caractĂ©risĂ© par une volontĂ© de comprendre la complexitĂ© des

processus de décision publique, par un découpage en différentes variables de

l’objet d’analyse.°»

2.2.3. Le courant sur l’évaluation des effets de l’action publique

Le troisiĂšme courant, celui de l’évaluation des effets de l’action publique, cherche

Ă  expliquer les rĂ©sultats et les effets de l’action publique sur la sociĂ©tĂ© en rĂ©fĂ©rence

aux buts poursuivis, mais également des effets indirects ou indésirables. Pour les

auteurs de ce courant, l’évaluation a une mission de contrĂŽle et d’aide Ă  la dĂ©cision

qui doit permettre en tant qu’outil de gestion d’amorcer l’apprentissage

organisationnel. Pour Jacob (2004, cité par Draelants et Maroy, 2007, p. 9),

« l’évaluation cherche Ă  identifier d’éventuels dĂ©calages entre la programmation

lĂ©gislative et la rĂ©alitĂ© de l’exĂ©cution, Ă  les expliquer et Ă  proposer des mesures

pour pallier les dĂ©ficits de mise en Ɠuvre ou les lacunes dans la conception mĂȘme

de la politique publique. »

Les avantages des approches séquentielles résident dans la simplicité du cadre

d’analyse de l’action publique avec un minimum d’ordre dans la complexitĂ© des

actions et dĂ©cisions qu’elle propose et la rupture apportĂ©e avec la substitution des

reprĂ©sentations juridiques de l’action publique construites par les Ă©lites dirigeantes

par une approche sociologique (Draelants et Maroy, 2007). Cependant, les

approches sĂ©quentielles font l’objet de nombreuses critiques que Draelants et

Maroy (2007) rĂ©sument en trois points essentiels. Il s’agit :

Du risque de donner une cohérence artificielle à la politique publique du fait

de la vision trop linĂ©aire qu’elle offre de l’action publique;

De la posture thĂ©orique implicitement prĂ©sente dans ce type d’analyse qui

consiste Ă  aborder les politiques sous l’angle de la rĂ©solution de problĂšme;

Page 54: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

40

De la minimisation du rĂŽle des acteurs sociaux et de leur contexte puisque

l’interprĂ©tation se centre sur l’action de l’État (approche top-down)

(Knoepfel et al., 2001, cités par Draelants et Maroy, 2007, p. 11).

À propos de la posture thĂ©orique implicite, Muller et Surel, affirment que les

politiques publiques ne servent pas uniquement à « résoudre » les problÚmes,

« ceux-ci sont “rĂ©solus” par les acteurs sociaux eux-mĂȘmes Ă  travers la mise en

Ɠuvre de leurs stratĂ©gies, la gestion de leurs conflits et surtout, Ă  travers les

processus d’apprentissage qui marquent tout processus d’action publique »

(Muller et Surel, 1998, p. 31, cités par Draelants et Maroy, 2007, p. 11).

Dans l’étude envisagĂ©e, l’approche visant Ă  analyser parallĂšlement les idĂ©es, les

intĂ©rĂȘts et les logiques institutionnelles semble pertinente. Ainsi, la section

suivante prĂ©sente les thĂ©ories nĂ©o-institutionnelles qui permettent d’analyser la

GAR à travers les opinions et les perceptions des acteurs opérationnels, leurs

intĂ©rĂȘts, leurs institutions, ainsi que leurs idĂ©es.

2.3. Les approches d’analyse des politiques publiques en Ă©ducation

À cĂŽtĂ© des thĂ©ories, diffĂ©rentes approches d’analyse des politiques Ă©ducatives

existent et peuvent ĂȘtre classĂ©es dans cinq groupes principaux qui se diffĂ©rencient

par « le sens donnĂ© aux politiques Ă©ducatives, la conception de l’articulation des

politiques et des pratiques et la vision de la nature du travail enseignant » (Lessard

et al., 2008, p. 181).

2.3.1. L’approche administrative ou fonctionnalisme pragmatique

Les fonctionnalistes pragmatiques cherchent à définir les principes et les rÚgles

d’une implantation rĂ©ussie des politiques Ă©ducatives Ă  travers l’identification des

mécanismes et les dispositifs qui permettraient la cohérence hiérarchique,

l’univocitĂ© ainsi que la clartĂ© des politiques et des rĂ©formes au niveau des acteurs.

Leur objectif est « de construire une ingĂ©nierie efficace de l’implantation des

politiques » (Lessard et al., 2008). Les recherches du courant de l’école efficace

Page 55: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

41

s’inscrivent dans cette approche et visent Ă  identifier « ce qu’est une bonne Ă©cole

et un enseignement efficace. » Tous les acteurs et tous les paliers de l’école

doivent s’aligner sur les evidence-based politiques et pratiques reconnues comme

exemplaires. Cette forte articulation devrait permettre selon l’approche du

fonctionnalisme pragmatique de rĂ©duire le « Loose-coupling » et ainsi d’accroĂźtre

l’efficacitĂ© de l’organisation. L’alignement stratĂ©gique et la cohĂ©rence hiĂ©rarchique

revĂȘtent donc une importance majeure : les leaders locaux et les instances

intermédiaires ont un rÎle central à jouer dans ce sens. La réussite des réformes

est influencée par trois facteurs à savoir (Leithwood, Jantz, et Mascall, 1999) :

Les incitatifs et le perfectionnement professionnel;

La perception de la compatibilité des buts personnels et des objectifs de

rĂ©forme (sentiment d’efficacitĂ© personnel); et

La situation de l’environnement.

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Huberman et Miles (1992, citĂ©s par Lessard et

al.,°2008), considÚrent que les représentations des enseignants jouent un rÎle

crucial dans les changements de leurs pratiques. Il en dĂ©coule qu’il faut que les

réformes soient participatives et dynamiques, mais également que les

rĂ©formateurs soient au fait des processus d’apprentissage des diffĂ©rentes unitĂ©s

organisationnelles (individuel, petit groupe et Ă©cole entiĂšre) (Leithwood et

al., 1999). Les rĂ©seaux d’apprentissages peuvent jouer un rĂŽle important dans

l’implantation des politiques. Pour Huberman (1995, p. 202), il importe que ces

rĂ©seaux dĂ©bordent une Ă©cole particuliĂšre, qu’ils regroupent des enseignants

partageant en commun un degrĂ© scolaire ou une matiĂšre et qu’ils fonctionnent

comme des cycles ouverts et collectifs d’expĂ©rimentation.

Pour Desimone (2002), la rĂ©ussite d’une rĂ©forme dĂ©pend aussi des attributs de la

politique. S’inspirant de la thĂ©orie des attributs d’une politique dĂ©veloppĂ©e par

Porter, elle reprend les cinq attributs suivants :

Page 56: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

42

La spĂ©cificitĂ© (ou la « prescriptivitĂ© ») : cet attribut rĂ©fĂšre Ă  l’extension et Ă 

la précision de la politique.

La consistance : cet attribut concerne la cohérence entre les politiques, le

degré de leur renforcement mutuel ou au contraire de leur opposition.

L’autoritĂ© : une politique a du poids, est crĂ©dible et lĂ©gitime lorsqu’elle

s’appuie sur une lĂ©gislation, est cohĂ©rente avec des normes sociales,

repose sur le savoir et le soutien d’experts reconnus et lorsqu’elle profite de

la mobilisation engagée de leaders charismatiques.

Le pouvoir : cela renvoie aux incitatifs et aux sanctions associées à la

politique. Il ne suffit pas de convaincre, il faut récompenser la conformité et

sanctionner ce que plusieurs appellent « l’inattention » aux politiques.

La stabilitĂ© : cet attribut rĂ©fĂšre Ă  la durĂ©e et attire l’attention sur le degrĂ© de

constance dans le temps des acteurs, des circonstances et des politiques.

(Lessard et al., 2008, p. 162)

Pour Anderson (2005, cité par Lessard et al., 2008), les instances intermédiaires

jouent un rĂŽle central dans la rĂ©ussite d’une rĂ©forme Ă  travers leur rĂŽle dans la

construction du sens de la rĂ©forme, dans la conciliation de ses prioritĂ©s Ă  l’histoire

et au contexte du district et dans le «°délicat équilibre entre le soutien et la pression

ou le contrĂŽle des Ă©tablissements°». L’importance du capacity-building, la

centration sur l’accroissement de la rĂ©ussite scolaire, l’énoncĂ© clair et cohĂ©rent

des objectifs, la mise en place des systĂšmes de reddition de comptes et de

dĂ©veloppement professionnel efficaces, l’encouragement d’un leadership partagĂ©

et la collaboration, l’équilibre viable entre le soutien et le contrĂŽle, etc. sont pour

Anderson (2005, cité par Lessard et al., 2008) des éléments qui contribuent à la

rĂ©ussite de l’implantation du changement. Le mouvement de l’École efficace

(« school effectiveness ») renvoie à la conviction que la vision de ce qui fait une

bonne Ă©cole commence Ă  ĂȘtre claire et que l’amĂ©lioration de l’école (« school

improvement ») renvoie aux stratégies pour faire advenir et pérenniser de telles

Ă©coles. Pour Lessard et al. (2008, p. 164), les politiques sont, pour les

Page 57: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

43

fonctionnalistes pragmatiques, la capacitĂ© d’action qu’on dĂ©veloppe quand on sait

comment amĂ©liorer l’école.

Les principales critiques qui sont adressées aux fonctionnalistes pragmatiques se

résument pour Thrupp (2001, cité par Lessard et al., 2008) à la trop grande

prétention de ce courant de recherche (« over claiming »), à la sous-théorisation

des recherches, et Ă  l’incapacitĂ© du mouvement Ă  contrĂŽler les usages politiques

« nĂ©o-libĂ©raux » de leurs recherches. L’optimisme dont ce courant fait preuve peut

paraĂźtre, Ă  certains Ă©gards, naĂŻf dans la mesure oĂč il s’agit d’une approche qui

accepte la forme scolaire prescrite de maniÚre non problématique. Cette vision

positive ne se préoccupe pas du sens profond des changements pour le travail,

l’identitĂ© et la rĂ©alitĂ© de l’enseignant, ou des implications pour la dĂ©finition et les

visĂ©es du systĂšme d’éducation privilĂ©giĂ©es. Le changement prescrit est perçu

comme un objectif nécessairement souhaitable et bien pensé. Or, « ce point de

vue est grandement contestĂ©, notamment par les chercheurs d’orientation critique

qui voient dans ces transformations des menaces importantes pour l’avenir du

systÚme éducatif et de la société dans son ensemble » (Lessard et al., 2008).

2.3.2. Les approches critiques

Les auteurs de l’approche critique appartiennent essentiellement à la mouvance

post-marxiste ou post-structuraliste (Lessard et al., 2008). Les auteurs post-

marxistes sont influencés par le « labor process theory » ou « théorie marxiste de

l’évolution du capitalisme en termes de polarisation du monde du travail entre les

mondes de la conception et de l’exĂ©cution, de prolĂ©tarisation, d’intensification et

d’aliĂ©nation du travail » (Reid, 2003). Ces auteurs attirent l’attention sur les

phĂ©nomĂšnes de transformation rĂ©cente du monde du travail sous l’impulsion de la

mondialisation de l’économie qu’ils jugent inquiĂ©tant. Pour les poststructuralistes,

l’analyse doit aller au-delĂ  de l’État en incluant l’étude des rĂ©seaux de pouvoir, des

discours et des technologies présents dans systÚme éducatif et ses différents

paliers (Ball, 1994; Popkewitz, 1997) : « l’accent est mis sur les discours et les

textes qui constituent les institutions et les produits culturels et la référence au

Page 58: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

44

travail de Foucault et de Bernstein est explicite » (Lessard et al., 2008, pp. 165-

166).

Les auteurs des approches critiques affirment l’univocitĂ© des politiques et des

changements dans le sens des Ă©volutions sociales extĂ©rieures Ă  l’école

(mondialisation, néo-libéralisme, montée du marché et égoïsme des classes

moyennes) qui orientent les réformes actuelles. Pour eux, il importe que les

chercheurs soient engagés et dénoncent les facteurs ou les éléments extérieurs

qui influencent les transformations de l’école face auxquelles les acteurs doivent

rĂ©sister. Les approches critiques condamnent l’alignement stratĂ©gique qui, de leur

point de vue, renforce le pouvoir des paliers supérieurs et les forces extérieures à

l’école. Pour eux, la

RĂ©duction du loose coupling est en effet la visĂ©e des politiques actuelles, mais que celle-ci est le propre d’un pouvoir managĂ©rial renforcĂ© pour qui la contrainte imposĂ©e aux enseignants, le faux discours sur le professionnalisme et l’encadrement serrĂ© du travail enseignant ainsi dĂ©professionnalisĂ© correspondent Ă  une modification des rapports de force entre les acteurs internes et les acteurs externes de l’institution scolaire, ces derniers Ă©tant imbriquĂ©s dans les rapports sociaux dominants (État, marchĂ©, sociĂ©tĂ© civile) (Lessard et al., 2008, p. 182).

Les tenants des approches critiques craignent les dérives réductrices de la vision

fonctionnaliste pragmatique, qu’ils qualifient de techniciste, d’apolitique, d’anti-

humaniste et de contraire à la vocation historique de l’enseignement. Les

approches critiques ont le mérite de mettre en garde contre les dérives potentielles

et les dangers des nouveaux modes de régulation marchande ou trop centrée sur

l’efficacitĂ© administrative. Cependant, il leur est reprochĂ© de ne pas proposer de

solutions de rechange alors que les Ă©volutions actuelles (la mondialisation, la

montĂ©e de l’économie du savoir, les aspects de la modernitĂ© avancĂ©e) sont

incontournables pour les Ă©tats dans la mesure oĂč elles sont enracinĂ©es dans des

mouvements sociaux plus vastes (Lessard et al., 2008).

2.3.3. L’approche centrĂ©e sur les acteurs

Contrairement aux approches fonctionnalistes pragmatiques et critiques, le sens

des politiques n’est pas univoque pour les approches centrĂ©es sur les acteurs. Les

Page 59: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

45

auteurs de ces approches adoptent une perspective qualifiée de « Par le bas »,

socioconstructiviste, symbolique interactionniste, voire sociocognitive. Ils

s’intĂ©ressent Ă  l’activitĂ© de « sensemaking » (Spillane, 1998, 2000) ou la

construction de sens des politiques et des réformes par les acteurs en contexte et

sur leur travail quotidien. Il s’agit alors d’«°introduire dans l’analyse la pluralitĂ© du

sens et la prise en compte de ses sources individuelles (les trajectoires et les

identités personnelles et professionnelles), socialement construites (par exemple,

les disciplines, les communautés de pratiques) et incorporées ou pas dans les

stratĂ©gies d’implantation°» (Lessard et al., 2008, p. 169). Le sens des politiques

est pluriel et il est le fruit de l’appropriation que les acteurs s’en font dans la mise

en Ɠuvre sous l’influence de leur conception personnelle (Laguardia, Brink et

Wheeler, 2002), des degrés variables du travail collectif de «°sensemaking°»

(Seashore, Febey et Shroeder, 2005), mais aussi de leurs croyances et de leurs

pratiques Ă©tablies (Daniels, 1997). Ainsi, il est, selon cette approche, fondamental

de travailler le sens d’une rĂ©forme avant les outils et les techniques.

Les auteurs prennent aussi en compte une dimension sociocognitive dans leur

analyse. Pour Supovitz et MacGgowan (1996), il est important de prévoir des

stratĂ©gies de retour rĂ©flexif sur l’interrelation entre les composantes de la rĂ©forme.

Pour DeBray (2005), les perceptions des élÚves, la capacité et la motivation des

enseignants liĂ©es Ă  l’environnement social influencent la capacitĂ© des enseignants

Ă  construire un systĂšme d’action cohĂ©rent par rapport Ă  la politique. Les auteurs

de ces approches tout en Ă©tant soucieux du loose coupling, voient la meilleure

articulation entre les politiques et les pratiques Ă  partir du point de vue des acteurs,

des contextes locaux et des communautés de pratiques existantes et à renforcer.

Ils prĂŽnent une plus forte capacitĂ© Ă  la base et plus d’empowerment pour une

professionnalisation plus forte des enseignants. Aussi, préconisent-ils un loose

coupling dans le sens bottom-up et non top-down comme les fonctionnalistes

pragmatiques. NĂ©anmoins l’« empowerment » valorisĂ© et la « capacity building »

développée doivent rester circonscrits par les politiques.

Page 60: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

46

Spillane, Reiser et Reimer (2002) ont dĂ©veloppĂ© un cadre thĂ©orique pour l’analyse

des processus complexes de faire-sens à partir d’une revue de la documentation

sur l’implantation des politiques Ă©ducatives. Les trois auteurs identifient les

structures cognitives des acteurs, leur situation, et les signaux politiques comme

les trois dimensions déterminantes en constante interaction pour le processus de

faire-sens. Ils identifient aussi trois stades :

La cognition individuelle renvoie Ă  l’interprĂ©tation individuelle des acteurs

d’une nouvelle politique, influencĂ©e par leurs connaissances antĂ©rieures,

leurs croyances, et expériences personnelles. Les acteurs possÚdent donc

tous des cadres de référence ou structures cognitives qui délimitent leurs

possibilités interprétatives dont la modification est trÚs difficile. Aussi, les

dimensions affectives liées aux valeurs et aux émotions entrent en compte

dans l’appropriation ou l’adoption d’un changement et occasionneraient un

coĂ»t affectif dans la mesure oĂč il Ă©quivaut Ă  une remise en question de

valeurs ou de pratiques existantes.

La cognition situĂ©e renvoie Ă  l’influence du contexte spĂ©cifique qui en plus

de le complexifier est aussi constitutif du processus de faire-sens. Les

acteurs co-construisent ainsi le sens des politiques Ă  travers des

communications formelles ou informelles grñce à l’existence d’un

processus social ou collectif de « sensemaking » : « Le sens d’une politique

est ainsi appréhendé au travers des visions du monde ou de savoirs tacites

partagés, ou négociés dans un groupe ou une organisation. Les auteurs

ajoutent que les enseignants ont tendance Ă  Ă©viter les conflits, ce qui

contribue à renforcer le statu quo. »

Le rĂŽle des reprĂ©sentations renvoie Ă  l’influence du message ou du design

politique (représentations extérieures) sur le faire-sens des acteurs par

rapport aux initiatives politiques. La difficultĂ© d’implanter les changements

importants viendrait en grande partie de la difficile restructuration des

systĂšmes de croyances des acteurs qui en est une condition. Concilier le

Page 61: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

47

besoin de spĂ©cificitĂ© et le besoin de gĂ©nĂ©ralitĂ© d’une politique est Ă©galement

difficile d’autant plus qu’elle affecte le systùme global des pratiques.

Pour Spillane, Reiset et Reimer (2002), l’intĂ©rĂȘt principal de l’approche est

d’insister sur l’incontournable besoin des acteurs de faire sens des politiques qui

leur sont présentées. Les instances et les leaders intermédiaires peuvent aussi

jouer un rĂŽle important dans le processus de faire-sens. Pour Spillane (2000), une

réforme devrait commencer par un processus de faire-sens des leaders locaux qui

pourront alors produire une « accessibilité cognitive » pour les autres acteurs et

favoriser une application plus souple et flexible, mais Ă©galement plus riche de sens

et plus ouverte au dĂ©veloppement autonome d’activitĂ©s pertinentes. Cela permet

d’éviter que ces leaders ne rĂ©duisent les rĂ©formes curriculaires d’envergure Ă  des

outils aux dépens de son sens et de sa portée culturelle (Spillane, 1998). Le

directeur d’école peut aider les enseignants Ă  faire le lien entre les demandes

politiques externes et les besoins internes ou locaux (Spillane et al., 2002). La

combinaison du capital humain (l’engagement, la connaissance, la prĂ©disposition)

et du capital social (le réseautage, par exemple, avec les universités, la

collaboration, le dialogue, la confiance) permet une synergie qui est déterminante

dans la poursuite et la rĂ©ussite d’une rĂ©forme (Spillane et Thompson, 1997, p. 198-

199). Le sensmaking prĂ©sente l’inconvĂ©nient d’ĂȘtre trop centrĂ© sur la dimension

cognitive des politiques.

2.3.4. L’approche par l’histoire et les institutions

Les historiens et les néo-institutionnalistes affirment que les réformes ont échoué

du fait de la sous-estimation de l’approche dialectique (hybridation) dans leur

implantation. Pour eux, enseigner s’avĂšre un mĂ©tier artisanal ou une vocation Ă 

faible composante technique ou technologique : il est organisé autour des

conceptions culturelles fortes sur la sociĂ©tĂ©, le savoir et l’autoritĂ© ainsi que sur une

vision de la contribution de l’école au progrĂšs des individus comme de la

collectivitĂ©. Les tours de main du mĂ©tier sont de type artisanal et le fruit d’une

socialisation forte des recrues par les anciens au début de la carriÚre, sans oublier

Page 62: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

48

la longue observance Ă  titre d’élĂšves d’un professeur (Lortie, 1975 citĂ© par Lessard

et al., 2008). Les historiens pensent que la grammaire de l’école est immuable et

que les réformes successives ont échoué à la changer. Seules les innovations

compatibles avec la forme scolaire ont pu ĂȘtre installĂ©es durablement. Les

historiens (Tyack, Cuban, Ravitch) adhĂšrent Ă  ce loose coupling par bottom-up en

allant plus loin pour une mĂ©diation crĂ©atrice plus favorable Ă  l’émergence

d’hybrides (Lessard et al., 2008).

Les néo-institutionnalistes sont proches des historiens et donnent des explications

sur les raisons de la persistance de la forme scolaire (dépendance au sentier). En

effet, tout comme les historiens, les néo-institutionnalistes accordent beaucoup

d’importance au cadre institutionnel et organisationnel de l’action et aux Ă©lĂ©ments

culturels sur lesquels ce cadre repose. Ces éléments mis en scÚne et en acte

contribuent à la reproduction des cadres. Les néo-institutionnalistes signalent que

plusieurs traits des politiques éducatives contemporaines sont inspirés de

modĂšles de la culture mondiale (Meyer et al., 1997). Les modĂšles Ă©ducatifs

seraient diffusés à travers deux mécanismes : le premier, les organisations

intergouvernementales, telles que les Nations unies et leurs agences; le

deuxiĂšme, les sciences sociales qui traitent de la rationalisation de la conduite

humaine (Meyer 1994). Pour McNeely’s (1995), les prescriptions des

organisations internationales influencent les politiques Ă©ducatives des pays. Les

Ă©valuations internationales (TIMMS, PISA
) favorisent la mondialisation des

pratiques Ă©ducatives et la culture mondiale de la scolaritĂ© qui s’est dĂ©veloppĂ©e

mĂšne Ă  l’homogĂ©nĂ©itĂ© des systĂšmes Ă©ducatifs (Baker et Le Tendre, 2005).

Certains chercheurs comme Ball (1998) ont incorporé les forces locales dans

l’analyse de l’homogĂ©nĂ©isation des systĂšmes Ă©ducatifs. Ball (1998) essaie de

prĂ©senter une vision d’ensemble des politiques Ă©ducatives et des interprĂ©tations

de la convergence des systĂšmes Ă©ducatifs dans le monde sans perdre de vue la

traduction locale des politiques « génériques ». Anderson-Levitt (2004) remet en

cause la convergence vers un modÚle unique de scolarité et propose une

perspective multi-niveaux (« une vision double ») permettant d’apprĂ©hender les

Page 63: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

49

interactions entre le transnational et le national/local. Dans la mĂȘme perspective,

Robertson (2006) voit, d’une part, l’action aux Ă©chelles locale, rĂ©gionale, globale

et, d’autre part, l’émergence de nouveaux acteurs tels que l’organisation mondiale

du commerce (OMC) qui change les structures de gouvernances Ă  partir des

anciennes structures de l’éducation.

Dans une autre perspective, l’adoption de nouveaux outils conceptuels pour la

recherche en éducation, comme le réseau ou le discours, est proposée pour saisir

la complexité du champ. Dans ce sens, Steiner- Khamsi (2004, p. 212) propose

l’analyse des rĂ©seaux sociaux pour comprendre le rĂŽle des institutions dans la

dissĂ©mination des politiques Ă©ducatives. L’analyse de l’influence des forces

globales sur les contextes globaux en signalant leurs relations est réclamée par

Monkman et Baird (2002). Rizvi et Lingard (2009, cités par Resnik, 2013, p. 56)

considĂšrent que pour apprĂ©hender l’émergence de l’imaginaire social nĂ©olibĂ©ral, il

faudrait prendre en compte des processus globaux complexes qui comprennent

de nouveaux rĂ©seaux ainsi que la communication et l’interaction transnationale qui

façonnent les stratégies de politiques publiques.

Les historiens qui ont montré la résilience de la forme scolaire tout au long du XXe

siùcle sont assez proches d’une vision institutionnaliste des choses qui, par

exemple, estime que le type de gouvernance traditionnelle du systĂšme Ă©ducatif

amĂ©ricain et le niveau de dĂ©centralisation de l’organisation scolaire obligent les

écoles et leurs agents à constamment se soucier de maintenir leur légitimité dans

leur environnement local, et Ă  travailler sans relĂąche Ă  conserver la confiance du

public. Cet impératif et ce besoin de légitimité, constitutif de la dimension

institutionnelle des organisations, contribueraient Ă  les rendre conformistes sur le

plan des valeurs et des normes, et conservatrices dans leurs façons de faire.

Page 64: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

50

2.3.5. L’approche comparative

La conception de l’éducation comparĂ©e est centrĂ©e sur quatre aspects essentiels

(NĂłvoa, 1995) :

L’idĂ©ologie du progrĂšs est reprĂ©sentĂ©e par la formule Ă©ducation =

dĂ©veloppement, c’est-Ă -dire par la conviction que l’expansion et

l’amĂ©lioration des systĂšmes Ă©ducatifs garantissent inĂ©luctablement le

développement socioéconomique;

Le concept de science s’appuie sur le paradigme positiviste des sciences

sociales formées à partir de la deuxiÚme moitié du XIXe siÚcle. Ce

paradigme attribue Ă  la science, dans ce cas Ă  l’éducation comparĂ©e, le rĂŽle

d’établir des lois gĂ©nĂ©rales concernant le fonctionnement des systĂšmes

éducatifs, tout en légitimant la rhétorique de la rationalisation de

l’enseignement et de l’efficacitĂ© des politiques Ă©ducatives, indiquĂ©e comme

le cƓur de toute l’action rĂ©formatrice;

L’idĂ©e de l’État-nation qui dĂ©coule de la promotion de la nation comme une

communautĂ© privilĂ©giĂ©e d’analyse, ce qui implique, en gĂ©nĂ©ral, des Ă©tudes

oĂč l’on cherche Ă  souligner surtout les diffĂ©rences et les similitudes entre

deux ou plusieurs pays; et

La définition de la méthode comparative a pour dimension principale la

rhĂ©torique de l’objectivitĂ© et des mĂ©thodes quantitatives.

Les connaissances produites par l’éducation comparĂ©e telle qu’elle est vulgarisĂ©e

par la plupart des organisations internationales profiteraient surtout aux autorités

nationales, soucieuses de légitimer leurs politiques désignées par le concept de

« positivisme instrumental » qui conduit selon Popkewitz et Pereyra (1994, cités

par Nóvoa, 1994) à des « épistémologies fallacieuses de la recherche

comparative ». Dans cette perspective, l’hypothĂšse dĂ©fendue veut que les

dirigeants nationaux utilisent les expĂ©riences de « l’étranger » pour lĂ©gitimer les

options adoptĂ©es au plan national, mais sans faire l’effort d’adaptation au contexte

local. Aussi, « les initiatives constantes, les études et les publications des

Page 65: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

51

organisations internationales et des pays qui ont un leadership fort au niveau

mondial jouent un rÎle décisif de normalisation des politiques éducatives

nationales, mettant au point un agenda qui puisse fixer non seulement les priorités,

mais aussi les formes pour poser et évaluer les problÚmes » (Teodoro, 2007,

p. 204).

2.4. Les néo-institutionnalismes

La premiĂšre section porte sur l’historique du concept de nĂ©o-institutionnalisme et

la classification de ses courants. La section deux discute du néo-institutionnalisme

du choix rationnel et de la thĂ©orie de l’individualisme mĂ©thodologique de Boudon.

La section trois présente le néo-institutionnalisme sociologique et les types de

changements institutionnels de Streeck et Thelen, (2005). Enfin la section quatre

parle de l’institutionnalisme historique et du rĂ©fĂ©rentiel de Muller

(1995, 2000, 2005).

2.4.1. Les néo-institutionnalismes ou trois théories du changement

Dans l’analyse des politiques publiques, les courants nĂ©o-institutionnalistes

insistent sur les dimensions d’intĂ©rĂȘts, d’idĂ©es et d’institution. Ces trois types de

variables aussi appelés « Trois I » sont mobilisés pour étudier les phénomÚnes

observĂ©s dans l’action publique (Palier et Surel, 2005). La paternitĂ© du « modĂšle

des trois I » n’est pas connue, mais les rĂ©fĂ©rences aux travaux de Peter Hall sont

fréquentes. Pour Smyrl (2002, p. 42), «°Le passage du modÚle " stato-centré "

(state centered) à l’approche institutionnelle n’a pas ses origines dans la science

politique. Il est plutĂŽt le rĂ©sultat d’emprunts stratĂ©giques auprĂšs de disciplines

voisines, l’économie et la sociologie ». Abondant dans le mĂȘme sens, Palier et

Surel (2005) considùrent que dans sa recherche d’autonomie, l’analyse des

politiques publiques s’est rapprochĂ©e d’autres courants des sciences politiques

comme la sociologie de l’action collective ou les relations internationales. Ainsi,

cette analyse a subi des influences, dont celle des néo-institutionnalismes selon

la classification de Hall et Taylor (1997). Ces néo-institutionnalismes seraient à

Page 66: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

52

l’origine de nouvelles problĂ©matiques dans la mesure oĂč les difficultĂ©s Ă  les

intĂ©grer avec l’analyse sĂ©quentielle sont avĂ©rĂ©es, de mĂȘme que les interrogations

sur leurs différences ou incompatibilités.

La paternité du terme de néo-institutionnalisme est attribuée à March et Olsen qui

l’ont utilisĂ© dans leur article en 1984, pour dĂ©signer le mouvement du retour de la

notion d’État dans l’analyse politique aux États-Unis dans les annĂ©es 1980 et 1990

(Smyrl, 2002; Stone, 1992) : «°Les néo-institutionnalistes définissent

habituellement les institutions de façon large, essentiellement comme des

répertoires de pensée ou de comportements cohérents et de long terme qui

déterminent des résultats politiques°» (Stone, 1992, p. 163).

Pour Hall et Taylor, le nĂ©o-institutionnalisme n’est pas un courant unifiĂ©, mais il est

composé de trois écoles de pensée qui sont l'institutionnalisme historique (IH),

l'institutionnalisme des choix rationnels (ICR) et l'institutionnalisme sociologique

(IS) (Hall et Taylor, 1997). Les approches néo-institutionnelles ont été choisies du

fait de l’importance croissante de l’institution par rapport à l’individu qui est

considĂ©rĂ© comme un simple moyen d’atteindre les rĂ©sultats dans la GAR. Selon

Di Magio et Powell (1997, p. 113), l’« analyse des institutions connaĂźt un

renouveau dans toutes les sciences sociales ». Dans un tel contexte, les

institutions peuvent ĂȘtre des sources intĂ©ressantes de changement et d’explication

du changement, dans le cadre de la mise en Ɠuvre des politiques publiques :

« Une grande partie de ce qui fait l'originalité du néo-institutionnalisme résulte de

ses représentations implicites des motivations des acteurs, de leurs orientations

face Ă  l'action et des contextes dans lesquels ils agissent; images qui constituent

en définitive les rudiments d'une " théorie de l'action " au sens de Parsons » (Di

Magio et Powell, 1997, p. 132). « Le néo-institutionnalisme se fonde, au niveau

micro-analytique, sur ce que nous avons appelé une théorie de l'action pratique°»

(Di Magio et Powell, 1997, p. 141).

Page 67: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

53

2.4.2. Le néo-institutionnalisme du choix rationnel

L’institutionnalisme des choix rationnels (ICR) est nĂ© aux États-Unis avec l’étude

des choix au CongrĂšs. Devant l’incapacitĂ© des postulats classiques de l’école des

choix rationnels d’expliquer la stabilitĂ© dans les dĂ©cisions de cette assemblĂ©e, les

thĂ©oriciens de l’école des choix rationnels trouveront l’explication du cĂŽtĂ© des

institutions (Hall et Taylor, 1997). En effet, «°on expliqua que les institutions du

CongrÚs abaissaient les coûts de transaction liés à la conclusion d'accords de

façon à permettre aux parlementaires de tirer des bénéfices de l'échange, ce qui

rendait possible l'adoption de lois stables°» (Ibid., p. 477). Les outils théoriques

empruntés à la « nouvelle économie de l'organisation » ont été appliqués à la

science politique avec succÚs par les théoriciens de l'école des choix rationnels

« qui insiste sur l'importance des droits de propriété, des rentes et des coûts de

transaction pour le développement et le fonctionnement des institutions » (Ibid.,

p. 477). Aussi, les thĂ©ories de l’action ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour « comprendre

comment le CongrĂšs peut structurer ses commissions ou ses relations avec les

autorités administratives indépendantes qu'il supervise » (Ibid., p. 478). Les

thĂ©oriciens de l'Ă©cole des choix rationnels s’intĂ©ressent Ă©galement Ă  l'explication

d'un certain nombre d'autres phénomÚnes politiques parmi lesquels se trouvent le

comportement des coalitions selon les pays, le développement historique des

institutions politiques, l'intensité des conflits ethniques, l'ascension ou la chute des

rĂ©gimes internationaux, le type de responsabilitĂ©s que les États dĂ©lĂšguent aux

organisations internationales et la forme de ces organisations (Ibid., pp. 478-479).

Les analyses du néo-institutionnalisme du choix rationnel présentent quatre

propriĂ©tĂ©s gĂ©nĂ©rales et distinctives. Il s’agit :

De l’emploi d’« une sĂ©rie caractĂ©ristique de prĂ©supposĂ©s

comportementaux »;

De « considérer la vie politique comme une série de dilemmes d'action

collective, dĂ©finis comme des situations oĂč des individus qui agissent de

façon à maximiser la satisfaction de leurs propres préférences risquent de

Page 68: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

54

produire un rĂ©sultat sous-optimal pour la collectivitĂ© (au sens oĂč il serait

possible de trouver un autre résultat qui satisferait davantage au moins un

des intéressés sans qu'aucun des autres n'en soit lésé) »;

Du « rÎle de l'interaction stratégique dans la détermination des situations

politiques »; et

D’«une dĂ©marche qui leur est propre concernant l'explication de l'origine

des institutions » (Ibid., pp. 479-480).

Le néo-institutionnalisme du choix rationnel repose fondamentalement sur les

thĂ©ories classiques de l’acteur individuel rationnel, dont les motivations sont

fondĂ©es sur une fonction de prĂ©fĂ©rence et sur la volontĂ© de maximiser son intĂ©rĂȘt

dans une situation de choix et/ou d’interaction (Hall et Taylor, 1997). Les

institutions sont vues, dans cette perspective utilitariste, comme la conséquence

des choix effectués par les acteurs et comme un moyen de rendre leurs opérations

et leurs relations plus efficaces en diminuant les coûts de transaction. Les

institutions seraient aussi «°des variables qui peuvent ralentir le changement°»

mĂȘme si pour l’institutionnalisme des choix rationnels, le changement n’est pas, a

priori, problĂ©matique (Smyrl, 2002, p. 43) : « L’usage du terme « institutions »

dans ces modÚles, est limité aux rÚgles explicites qui ordonnent la vie politique »

et permettent « aux acteurs de rĂ©soudre les problĂšmes d’action collective et

d’approcher (sinon d’atteindre) une situation d’équilibre » (Smyrl, 2002, p. 45). La

présence de rÚglements structurants permet de traduire ses propres préférences

en stratĂ©gie d’action adaptĂ©e Ă  la situation. L’inconvĂ©nient de l’institutionnalisme

des choix rationnels réside dans la notion de « rationalité » dont la définition

implicite employée (dérivée des théories de Pareto), « veut dire avoir des

préférences stables et agir selon une stratégie cohérente et efficace visant à les

maximiser. Pour juger de la rationalitĂ© d’un acteur, il est donc essentiel d’avoir une

connaissance prĂ©alable de ses prĂ©fĂ©rences, de savoir ce qu’il cherche Ă 

maximiser » (p. 45). Ainsi, « la question la plus intĂ©ressante – comment se forment

les prĂ©fĂ©rences face Ă  une nouvelle situation ? – se retrouve exclue thĂ©oriquement

de l’approche rationaliste » (Smyrl, 2002, p. 47).

Page 69: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

55

SpĂ©cifiquement la ThĂ©orie des choix rationnels sera utilisĂ©e pour l’analyse

stratĂ©gique dans cette Ă©tude. La TCR, variante de l’« individualisme

méthodologique », est un paradigme, qui se définit par six postulats

(Boudon, 2004, p.p. 281-283) :

Postulat de l’individualisme : tout phĂ©nomĂšne social rĂ©sulte de la

combinaison d’actions, de croyances ou d’attitudes individuelles;

Postulat de la compréhension : « comprendre » les actions, croyances et

attitudes de l’acteur individuel, c’est en reconstruire le sens qu’elles ont pour

lui;

Postulat de la rationalité : la cause principale des actions, croyances, etc.,

de l’acteur rĂ©side dans le sens qu’il leur donne, plus prĂ©cisĂ©ment dans les

raisons qu’il a de les adopter;

Postulat consĂ©quentialiste : la restriction que le sens de l’action a pour

l’acteur rĂ©side toujours pour lui dans les consĂ©quences de ses actions;

Postulat de l’égoĂŻsme : parmi les consĂ©quences de son action, les seules

qui intĂ©ressent l’acteur sont celles qui le concernent personnellement;

Postulat du Calcul coût-bénéfice (CCB) : Plus restrictivement encore, on

peut admettre que toute action comporte un coût et un bénéfice et que

l’acteur se dĂ©cide toujours pour la ligne d’action qui maximise la diffĂ©rence

entre les deux.

Boudon (2004) prĂ©cise que le contenu des intĂ©rĂȘts et des prĂ©fĂ©rences du sujet

n’est pas prĂ©cisĂ© par le modĂšle de la TCR. Becker (1996, citĂ© par Boudon, 2004)

quant Ă  lui affirme que la TCR est la seule thĂ©orie capable d’unifier les sciences

sociales. Pour Coleman (1986, citĂ© par Boudon, 2004), l’attrait de la TCR rĂ©side

dans le fait qu’en tant que base thĂ©orique, elle constitue une conception de l’action

dans laquelle il n’est pas utile de poser des questions supplĂ©mentaires.

Hollis (1977, citĂ© par Boudon, 2004) abonde dans le mĂȘme sens en affirmant que

l’action rationnelle (action guidĂ©e par le CCB) constitue sa propre explication

(traduction libre). L’un des principaux avantages de la TCR est donc qu’elle fournit

des explications ne débouchant pas sur des questions additionnelles (dépourvues

Page 70: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

56

de boĂźtes noires) (Boudon, 2004, p. 285). L’autre avantage Ă©voquĂ© par

Coleman (1990, cité par Boudon, 2004, p. 284) est que la TCR empruntée de

l’économie permet d’apporter des explications en sociologie. Pour Weber (citĂ© par

Boudon, 2004, p. 285), les phénomÚnes sociaux, étant causés par des acteurs

individuels (actions, choix, décisions, motivations, attitudes et croyances), doivent

ĂȘtre expliquĂ©s Ă  partir de leurs causes individuelles. Un autre avantage de la TCR

réside dans le fait que le postulat du CCB la rend accessible au formalisme

mathĂ©matique, mĂȘme s’il faut reconnaĂźtre que des modĂšles Ă©chappant Ă  la TCR

peuvent aussi ĂȘtre exprimĂ©s mathĂ©matiquement (Boudon, 2004, p. 284).

Dans la pratique, de nombreux auteurs classiques (Marx, Sombart et Simmel,

Durkheim, Tocqueville) et modernes [Oberschall (1973), Coleman (1990),

Kuran (1995), Hardin (1995)] ont utilisé la TCR pour analyser ou expliquer des

phénomÚnes sociaux. Selon Boudon (2004, p. 288), «°tous ces auteurs ont, en

utilisant la TCR, expliqué avec succÚs des phénomÚnes énigmatiques relevant de

la sociologie des mouvements sociaux, de la criminalitĂ©, de l’opinion publique ou

de l’État°».

À cĂŽtĂ© de ces avantages et succĂšs, la TCR prĂ©sente aussi des limites notamment

l’incapacitĂ© d’expliquer certains phĂ©nomĂšnes sociaux importants. Cette incapacitĂ©

limite la portée générale de la TCR et est désignée par le concept de paradoxe

dans la mesure oĂč les actions individuelles sont contraires aux principes du CCB.

Ces paradoxes prĂ©senteraient de nombreux traits communs et peuvent ĂȘtre

regroupés en trois classes de phénomÚnes (Boudon, 2004, p.p. 292-294) :

La premiÚre inclut les phénomÚnes caractérisés par le fait que le

comportement des acteurs s’appuie sur des croyances non

triviales. (p. 292)

La deuxiÚme inclut les phénomÚnes qui se caractérisent par le fait que le

comportement des acteurs s’appuie sur des croyances prescriptives non

conséquentialistes. (p. 293)

Page 71: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

57

La troisiÚme renvoie à des phénomÚnes qui mettent en jeu des

comportements individuels dont il est contraire au bon sens de supposer

qu’ils puissent ĂȘtre dictĂ©s par une attitude Ă©goĂŻste. (p. 294)

Ainsi Boudon (2004, p. 295) note que « les postulats conséquentialistes, de

l’égoĂŻsme et calcul coĂ»t-bĂ©nĂ©fice, par lesquels la TCR se distingue de

l’individualisme mĂ©thodologique, ont pour effet de lui rendre impossible

l’explication d’une multitude de phĂ©nomĂšnes ».

Aux dires de Di Maggio et Powell (1997), les spécialistes du choix rationnel

considÚrent l'interdépendance technique et les coûts d'amortissement physiques

partiellement responsables de l'inertie institutionnelle : « Pour eux, les dispositifs

institutionnels sont reproduits parce que les individus ne peuvent souvent mĂȘme

pas concevoir d'alternatives appropriées (ou parce qu'ils considÚrent comme

irréalistes les alternatives qu'ils peuvent imaginer) » (p. 125).

2.4.3. Le néo-institutionnalisme sociologique

L’institutionnalisme sociologique (IS) trouve ses racines dans la thĂ©orie des

organisations. Ce courant est apparu dans les annĂ©es 1970 dans le contexte « oĂč

certains sociologues se mirent Ă  contester la distinction traditionnelle entre la

sphĂšre du monde social rĂ©putĂ©e ĂȘtre le reflet d'une rationalitĂ© abstraite des fins et

des moyens (de type bureaucratique), et les sphÚres influencées par un ensemble

varié de pratiques associées à la culture » (Hall et Taylor, 1997, p. 481). Soutenant

que la « rationalitĂ© » transcendante n’explique pas de nombreuses formes et

procédures institutionnelles des organisations modernes, les néo-

institutionnalistes considÚrent ces formes et ces procédures comme « des

pratiques culturelles, comparables aux mythes et aux cérémonies élaborés par de

nombreuses sociétés ». DÚs lors, « elles étaient incorporées aux organisations,

non pas nécessairement parce qu'elles en accroissent l'efficacité abstraite (en

termes de fins et de moyens), mais en raison du mĂȘme type de processus de

transmission qui donne naissance aux pratiques culturelles en général » (Ibid.,

Page 72: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

58

p. 480). Les problématiques abordées par cette école sont généralement tournées

vers l’explication des motivations des choix de « formes, procĂ©dures ou symboles

institutionnels, en insistant sur la diffusion de ces pratiques » (Ibid., p. 482).

Trois caractĂ©ristiques singularisent l’IS des autres courants nĂ©o-institutionnalistes.

Les théoriciens de cette école ont tendance à définir les institutions de façon

beaucoup plus globale que les chercheurs en science politique, de façon à inclure

non seulement les rÚgles, procédures ou normes formelles, mais les systÚmes de

symboles, les schémas cognitifs et les modÚles moraux qui fournissent les

« cadres de signification » guidant l'action humaine (Ibid. p. 482). Ainsi, les notions

d’« institutions » et de « culture », s'interpĂ©nĂštrent pour dĂ©passer la dichotomie

conceptuelle qui les opposait jusque-là. Dans cette logique, la « culture » serait

synonyme d’« institutions » et reflĂ©terait un « tournant cognitiviste » « consistant Ă 

s'Ă©carter de conceptions qui associent la culture aux normes, aux attitudes

affectives et aux valeurs, pour se rapprocher d'une conception qui considĂšre la

culture comme un réseau d'habitudes, de symboles et de scénarios qui fournissent

des modÚles de comportement » (Ibid., p. 483).

De nombreux théoriciens insistent actuellement sur la « dimension cognitive » de

l'impact des institutions dans leur façon « d’envisager les relations entre les

institutions et l'action individuelle, qui est une consĂ©quence de la “dĂ©marche

culturaliste” [
], mais qui dĂ©veloppe certaines nuances particuliĂšres » (Ibid.,

p. 483). Ainsi, les institutions influencent le comportement en fournissant des

schĂ©mas et des modĂšles cognitifs d’action servant Ă  interprĂ©ter le monde et le

comportement des autres acteurs (Ibid., p. 483) : « Les institutions influencent le

comportement non pas simplement en précisant ce qu'il faut faire, mais aussi ce

qu'on peut imaginer faire dans un contexte donné. Ici, on peut constater l'influence

du constructivisme social sur le néo-institutionnalisme en sociologie. » Enfin, la

troisiÚme singularité des néo-institutionnalistes en sociologie réside dans la

« façon d'aborder le problÚme de l'explication de la naissance et de la modification

des pratiques institutionnelles » (Ibid., p. 484). En effet, lĂ  oĂč les thĂ©oriciens de

l'institutionnalisme des choix rationnels Ă©voquent l'efficacitĂ© dans l’explication du

Page 73: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

59

développement d'une institution, les institutionnalistes en sociologie expliquent les

nouvelles pratiques des organisations par leur volonté de renforcer leur légitimité

sociale ou celle de leurs adhérents (Ibid., pp. 484-485).

Symétriquement, le néo-institutionnalisme sociologique se trouve fondé, en partie,

sur le poids accordé aux éléments structurels sur les dynamiques sociales et

débouche sur une vision plus extensive et moins fonctionnaliste des institutions,

qui intÚgre notamment les éléments normatifs et culturels dans les facteurs

explicatifs pertinents. Pour les « institutionnalistes » sociologiques, le terme

« institution » peut ĂȘtre dĂ©fini de maniĂšre large comme une « organisation » ou de

maniÚre restrictive comme des comportements sociaux réguliers et reproductibles

(Smyrl, 2002). Le néo-institutionnalisme sociologique serait adapté pour analyser

les politiques publiques, mais pas le changement dans la mesure oĂč il permet

d’expliquer plutĂŽt les continuitĂ©s (Smyrl, 2002). La mĂ©thode sociologique serait

donc d’une « utilitĂ© limitĂ©e pour l’analyse concrĂšte des politiques publiques » ce

qui amĂšne Ă  « chercher ailleurs un modĂšle qui permette l’analyse du changement

et de l’innovation » (Smyrl, 2002, p. 45).

Spécifiquement, le modÚle du changement institutionnel de Streek et

Thelen (2005) sera utilisĂ© pour l’analyse sociologique dans cette Ă©tude. Ces

derniers «°ont mis en place une analyse systématique des changements

institutionnels, qui permettent d’identifier cinq grands types de changements

institutionnels» (Maroy et al., 2013). Ces changements institutionnels s’inscrivent

dans un processus de changement graduel/incrĂ©mental et peuvent ĂȘtre porteurs

au final soit d’une « transformation graduelle », soit d’une « reproduction par

adaptation » de l’institution existante (Streeck et Thelen, 2005, p. 9), il s’agit des

changements suivants (ibid.) :

DĂ©placement (displacement) : le changement procĂšde de la coexistence de

plusieurs types d’institutions et dispositifs rĂ©glementaires et de la

compétition entre anciennes et nouvelles rÚgles;

Page 74: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

60

Empilement (layering) : il y a adjonction de nouveaux dispositifs Ă  des

dispositifs existants dont l’importance dĂ©croĂźt graduellement. Le

mécanisme de changement est ici la croissance différentielle des

arrangements institutionnels;

DĂ©rive (drift) : il y a non adaptation d’institutions Ă  un nouveau contexte, ce

qui entraĂźne l’affaiblissement de la prĂ©gnance pratique de ces institutions.

Cette non-adaptation peut ĂȘtre voulue politiquement. Le changement

procÚde ici par « une négligence délibérée » (deliberate neglect) qui

conduit Ă  ne pas changer un dispositif institutionnel alors que les effets des

anciens dispositifs institutionnels sont perçus comme de plus en plus

problématiques; ou lorsque la « mis en acte » des dispositifs institutionnels

change de facto, car les rĂšgles n’ont pas Ă©tĂ© adaptĂ©es alors que les

conditions externes de fonctionnement se sont fortement transformées;

Conversion (conversion) : il y a rĂ©orientation progressive d’institutions

existantes vers de nouveaux objectifs et fonctions. De telles réorientations

rĂ©sultent soit de nouveaux dĂ©fis et demandes de l’environnement

auxquelles les dĂ©cideurs rĂ©pondent par le redĂ©ploiement d’institutions

existantes vers de nouveaux buts, soit de changement de rapports de

pouvoir qui amùnent des acteurs, qui n’avaient pas pu influencer le design

institutionnel initial, Ă  le remodeler quand l’équilibre du pouvoir a Ă©voluĂ©. Le

changement procĂšde donc d’une rĂ©interprĂ©tation et rĂ©orientation des

finalitĂ©s de l’institution;

Épuisement (exhaustion) : ce dernier processus de changement, à la

différence des quatre précédents, conduit à une rupture institutionnelle

plutĂŽt qu’à un changement graduel, dans la mesure oĂč le dispositif

institutionnel disparaĂźt. Il s’agit en fait d’un processus qui est gĂ©nĂ©rateur de

l’auto-disparition de l’institution.

Le type de changement institutionnel vécu par les acteurs sera interprété sous

l’angle de l’idĂ©ologie professionnelle qui explique la diffĂ©rence de perception des

Page 75: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

61

enseignants et des directeurs d’établissement par la fonction (Lessard et al.,

2008).

2.4.4. Le néo-institutionnalisme historique

L’institutionnalisme historique (IH) est nĂ© des tentatives de dĂ©passer « l'analyse

de la vie politique en termes de groupes en politique et le structuro-

fonctionnalisme » dominant la science politique dans les années 1960 et 1970

(Hall et Taylor, 1997). Les thĂ©oriciens de l’IH «°recherchaient de meilleures

explications permettant de rendre compte des situations politiques nationales et,

en particulier, de la distribution inégale du pouvoir et des ressources°» (Ibid.,

p. 470) étant donné que le conflit pour les ressources rares est central à la vie

politique dans l’approche par les groupes. Ils trouvent ses explications dans « la

façon dont l'organisation institutionnelle de la communauté politique et les

structures Ă©conomiques entrent en conflit de telle sorte que certains intĂ©rĂȘts sont

privilĂ©giĂ©s au dĂ©triment d’autres intĂ©rĂȘts » (Ibid., p. 470). Ils emprunteront aux

structuro-fonctionnalistes la conception de la « communauté politique comme

systÚme global composé de parties qui interagissent » (ibid., p. 470). Cependant,

contrairement à eux, « ils considéraient que l'organisation institutionnelle de la

communautĂ© politique ou l’économie politique Ă©tait le principal facteur structurant

le comportement collectif et engendrant des résultats distincts » (Ibid., p. 470),

préférant ainsi le structuralisme des institutions au « fonctionnalisme des théories

antérieures qui considéraient les situations politiques comme la réponse aux

exigences fonctionnelles du systÚme » (Ibid., p. 470).

L’influence des structuro-fonctionnalistes apparaüt aussi dans le fait de prendre

l'État non comme un « agent neutre arbitrant entre des intĂ©rĂȘts concurrents »,

mais comme un « complexe d'institutions capable de structurer la nature et les

résultats des conflits entre les groupes » (Ibid., p. 471). Cette approche, trÚs

utilisĂ©e dans les comparaisons transnationales ou l’étude comparĂ©e des politiques

publiques, permet d’étudier « l’impact des institutions politiques nationales, y

Page 76: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

62

compris celles qui structurent les relations entre les lĂ©gislateurs, les intĂ©rĂȘts

organisĂ©s, l’électorat et le pouvoir judiciaire » (Ibid., p. 471).

Les thĂ©oriciens de l’IH dĂ©finissent l’institution « comme les procĂ©dures, protocoles,

normes et conventions officiels et officieux inhérents à la structure

organisationnelle de la communauté politique ou de l'économie politique » (Ibid.,

p. 471). Pour aborder la relation entre l’institution et l’action, les tenants de l’IH

adoptent soit une perspective calculatrice, soit une perspective culturaliste (Ibid.,

p. 474). Dans la perspective calculatrice, « les aspects du comportement humain

qui sont instrumentaux et orientés dans le sens d'un calcul stratégique » sont mis

en avant et les individus chercheraient à maximiser leur réussite en faisant les

choix qui procurent un bénéfice maximal. Ici, « les objectifs ou préférences de

l'acteur sont définis de maniÚre exogÚne par rapport à l'analyse institutionnelle »

(Ibid., p. 472). Dans un autre sens, la perspective culturelle, souligne « à quel point

le comportement n’est jamais entiĂšrement stratĂ©gique, mais limitĂ© par la vision du

monde propre Ă  l’individu » qui recourt souvent malgrĂ© sa rationalitĂ© «°à des

protocoles Ă©tablis ou Ă  des modĂšles de comportement familiers pour atteindre

leurs objectifs » (Ibid., p. 473).

Hall et Taylor identifient quatre caractéristiques qui distinguent cette école des

autres Ă©coles nĂ©o-institutionnalistes. Il s’agit de la conceptualisation de « la

relation entre les institutions et le comportement individuel en des termes assez

gĂ©nĂ©raux », de l’évocation des « asymĂ©tries du pouvoir associĂ©es au

fonctionnement et au développement des institutions », de la « tendance à former

une conception du développement institutionnel qui privilégie les trajectoires, les

situations critiques et les conséquences imprévues » et enfin, du souci de

combiner des explications de la contribution des institutions à la détermination de

situations politiques et une estimation de la contribution d'autres types de facteurs,

tels que les idĂ©es, Ă  ces mĂȘmes processus (ibid., p. 472).

Le nĂ©o-institutionnalisme historique postule que c’est l’effet de sĂ©dimentation de

rĂšgles et de pratiques qui apparaĂźt, dans le long terme, comme l’élĂ©ment le plus

Page 77: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

63

explicatif et, souvent, le plus méconnu des comportements individuels et collectifs.

Ainsi, pour Tilly, la notion de rĂ©pertoire d’action collective recouvre-t-elle l’idĂ©e que

des pratiques de mobilisation rĂ©pĂ©tĂ©es et couronnĂ©es d’un certain succĂšs vont

constituer, par agrégations successives, une forme de stock au sein duquel les

acteurs concernĂ©s vont puiser leurs registres d’action : « en s’appuyant sur de

multiples exemples, Skocpol démontre que les atouts, aussi bien politiques (lobby,

rĂ©seaux d’alliances) qu’idĂ©ologiques Ă  une pĂ©riode donnĂ©e, peuvent devenir des

handicaps majeurs dans la pĂ©riode suivante. L’enchaĂźnement des effets de path

dependence peut mener Ă  la faillite aussi bien qu’au succĂšs » (Smyrl, 2002).

Spécifiquement, le référentiel de Muller (1995, 2000, 2005) sera utilisé pour

l’analyse cognitive dans cette Ă©tude. Dans cette approche, les politiques publiques

ne sont pas seulement un espace oĂč s’affrontent des acteurs en fonction de leur

intĂ©rĂȘt, elles sont aussi le lieu oĂč une sociĂ©tĂ© donnĂ©e construit son rapport au

monde et donc les reprĂ©sentations qu’elle se donne pour comprendre et agir sur

le rĂ©el tel qu’il est perçu (Muller, 2010). Ainsi, le rĂ©fĂ©rentiel serait la reprĂ©sentation

sur laquelle est basée la définition de la politique publique et intégrerait une

certaine conception de la société et du rÎle du secteur en question (éducation)

dans la société (Muller, 2010). Sabatier et Schlager (2000, cités par Draelants et

Maroy, 2007) considÚrent que la notion de référentiel comprend aussi :

Les cadres cognitifs des sociĂ©tĂ©s modernes et industrielles oĂč compte tenu de la forte division du travail entre secteurs, il existe un besoin de dĂ©velopper des systĂšmes d’idĂ©es qui donneront un sens et serviront de guides Ă  l’action publique au sein des divers secteurs de politiques publiques comme dans les relations entre le secteur et la sociĂ©tĂ© entiĂšre.

Selon Simoulin (2000), il existe un référentiel global et un référentiel sectoriel. Le

premier donne une image de toute la société alors que le second concerne un

secteur et contient des valeurs fondamentales, des perceptions des problĂšmes les

plus sérieux en rapport avec ces valeurs, des relations causales pertinentes qui

correspondent à l’image dominante du secteur, de la discipline, de la profession.

Muller affirme que le référentiel articule quatre niveaux de perception du monde,

soit les valeurs, les normes, les algorithmes et les images (Muller, 2010). Les

Page 78: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

64

valeurs sont les représentations les plus fondamentales sur ce qui est bien ou mal,

dĂ©sirable ou Ă  rejeter, qui dĂ©finissent un cadre global de l’action publique. Les

normes soulignent les écarts entre le réel perçu et le réel souhaité, définissant des

principes d’action plus que des valeurs. Les algorithmes sont des relations

causales qui expriment une thĂ©orie de l’action qui peuvent ĂȘtre exprimĂ©s sous la

forme si
, alors. Enfin, les images sont des vecteurs implicites de valeurs, de

normes ou d’algorithmes.

La notion de mĂ©diateur est aussi incluse dans le rĂ©fĂ©rentiel et permet d’expliciter

comment émerge concrÚtement un référentiel. Les médiateurs sont ces acteurs

fondamentaux qui percevront ou construiront un problĂšme (fonction cognitive), tout

en dĂ©finissant et proposant des solutions (fonction normative). Il s’agit en gĂ©nĂ©ral

de personnes appartenant Ă  un petit groupe d’élite politique ou des professionnels

(ou encore d’experts) qui travaillent au sein d’agences administratives, de groupes

d’intĂ©rĂȘts et/ou de corporations professionnelles.

*

* *

Ce chapitre fait ressortir, d’une part, le fait que l’analyse des politiques publiques

s’effectue Ă  travers de nombreuses approches thĂ©oriques dont les plus

reprĂ©sentatives dans l’analyse des rĂ©formes Ă©ducatives ont Ă©tĂ© la perspective nĂ©o-

marxiste et la perspective néo-institutionnelle depuis les années 80 (Resnik, 2013,

p. 56) et, d’autre part, que les approches empiriques s’inscrivent dans trois types

de recherches :

Un premier type de recherches « décrit le contexte, le contenu des

politiques et des réformes et les conséquences voulues ou anticipées des

réformes;

Un deuxiÚme type analyse les conditions, des processus, des stratégies et

des rĂ©sultats de l’action rĂ©formatrice;

Page 79: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

65

Enfin, un troisiÚme type interprétatif, vise la compréhension du sens des

transformations induites par les politiques et les réformes, en lien avec des

évolutions globales de la société, tout en prenant en compte la production

de sens par les acteurs impliqués » (Lessard et al., 2008, p. 159).

Le chapitre présente également les théories néo-institutionnalismes retenues pour

cette recherche. Il ressort que les trois écoles proposent chacune une méthode

d’analyse diffĂ©rente, mais elles revendiquent toutes le titre de nĂ©o-

institutionnalisme (Hall et Taylor, 1997). Le point commun de ces méthodes serait

de s’opposer aux thĂ©ories behavioristes tout en cherchant Ă  mettre en Ă©vidence le

rÎle des institutions dans la détermination des résultats sociaux et politiques (Ibid.).

Smyrl (2002) considĂšre que la politique est absente des approches aussi bien de

l’école des choix rationnels que de l’institutionnalisme « sociologique », oĂč une

« tendance excessive au structuralisme » est notĂ©e. L’institutionnalisme

« historique » de son cÎté ne semble pas avoir apporté jusque-là une correction

significative Ă  cette tendance. Dans une autre perspective, Hall et Taylor, (1997)

analysent les forces et les faiblesses des trois mĂ©thodes d’analyse par rapport Ă 

deux questions fondamentales de l’analyse institutionnelle qui sont : « 1. comment

construire la relation entre institution et comportement?; et 2. comment expliquer

le processus par lequel les institutions naissent ou se modifient? » (Ibid. p. 469).

La section mĂ©thodologie prĂ©sente le cadre d’analyse des « Trois I » qui est une

approche opĂ©ratoire de recherche qui permet d’intĂ©grer les trois nĂ©o-

institutionnalismes dans une analyse tridimensionnelle. Le chapitre suivant

prĂ©sente des recherches dans le champ de l’analyse des politiques Ă©ducatives.

Page 80: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

66

Chapitre 3. Les quatre angles d’analyse des

politiques Ă©ducatives

Le chapitre trois présente les problématiques auxquelles les politiques sont les

plus couramment analysées dans la recherche en éducation. Les problématiques

sont exposées en quatre grandes catégories qui permettent de classer les

rĂ©sultats de notre revue de littĂ©rature dans la perspective de l’analyse des

politiques éducatives et à identifier de nombreux éléments qui pourraient servir à

la discussion des rĂ©sultats de la prĂ©sente recherche. Ces angles d’analyse sont

représentatifs des tendances et des enjeux auxquels sont confrontés les systÚmes

éducatifs de nombreux pays, dont le Québec.

1) Dans la section gouvernance et rĂ©gulation des politiques Ă©ducatives Ă  l’ùre

de la performance, il est Ă©voquĂ© l’influence du nouveau management public

sur l’action publique; la rĂ©gulation transnationale des politiques Ă©ducatives;

la dĂ©mocratie et la participation scolaires; et la rĂ©gulation et l’évaluation par

les résultats dans les politiques actuelles.

2) La section réforme et pilotage du changement discute des points suivants :

les approches du changement en éducation; les pratiques de réformes; les

résistances des acteurs aux changements amenés par les réformes et les

dĂ©fis et de l’évaluation des rĂ©formes actuelles.

3) Dans la section idéologie et rapports de pouvoir sont présentés les débats

idĂ©ologiques autour des finalitĂ©s de l’éducation et des orientations des

systĂšmes; l’évolution des pratiques des personnels scolaires chargĂ©s de la

mise Ɠuvre qui doivent se conformer aux nouvelles prescriptions; et les

points de vue d’acteurs sur les politiques Ă©ducatives.

4) La section évaluation des politiques revisite les enjeux et les finalités de

l’évaluation des politiques Ă©ducatives, les approches, les objets et les

processus de l’évaluation qui sont mobilisĂ©s, ainsi que les conclusions de

quelques exemples d’évaluations de politiques de GAR.

Page 81: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

67

3.1. La gouvernance et la rĂ©gulation des politiques Ă©ducatives Ă  l’ùre de

la performance et du nouveau management public

La gouvernance et la régulation des politiques éducatives sont influencées par les

nouvelles formes de gestion issue du secteur privé et qui cherchent à accroßtre les

rĂ©sultats de la mise en Ɠuvre des politiques publiques. Le nouveau management

public, l’influence des organisations internationales sur les politiques des pays, les

prĂ©occupations de dĂ©mocratie et de participation scolaire et l’importance

croissante de l’évaluation sont prĂ©sentĂ©s dans les sections suivantes comme Ă©tant

des manifestations de la managérialisation dans le pilotage des systÚmes

Ă©ducatifs.

3.1.1. L’influence du nouveau management public sur l’action publique

Le managérialisme se répand dans la gestion publique à partir des années 80, à

la suite de la crise économique qui a entraßné une rareté des ressources

(Hood, 1991; Neaves 1988). La redĂ©finition du rĂŽle de l’État dans la gouvernance

avec le dĂ©veloppement de l’autonomie et de la responsabilitĂ© des acteurs ainsi

que la centration sur l’efficience vont orienter les rĂ©formes vers l’implantation de

modes de pilotage tournés vers la performance et les résultats (Bradfoot, 2000;

Malet, 2009; Mazouz et Leclerc, 2011; Hernes, 2005; Hood, 1991; OECD, 2005;

Pollitt et Bouckaert, 2004). Ainsi, les restrictions budgétaires et les pressions pour

plus d’efficacitĂ©, d’économie et de productivitĂ© dans les politiques publiques vont

devenir un Ă©lĂ©ment incontournable dans l’action publique (Boyd, 1999). Ces

nouvelles pratiques inspirées des théories et des pratiques de gestion du secteur

privé sont désignées sous le concept de nouveau management public

(Hood, 1991).

Il existe plusieurs définitions du NMP, nous présentons celles qui nous sont les

plus appropriĂ©es au dĂ©veloppement de notre propos. D’abord le NMP est un

concept vague, mais qui permet de résumer et de labéliser les doctrines qui ont

dominĂ© les rĂ©formes de la gestion bureaucratique dans les pays de l’OCDE depuis

Page 82: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

68

les années 70 (Hood, 1991). Hood discerne quatre grandes tendances

administratives en lien avec le NMP :

Les tentatives pour ralentir ou inverser la croissance des dépenses

publiques et de la dotation ouverte;

L'Ă©volution vers la privatisation et la quasi-privatisation loin du cƓur des

institutions gouvernementales, avec davantage l'accent sur la

« subsidiarité » dans la fourniture de services;

Le développement de l'automatisation, en particulier dans les technologies

d’information, dans la production et la distribution des services publics; et

L'élaboration d'un ordre du jour plus international, de plus en plus axée sur

les questions générales de la gestion publique, qui transcende les traditions

politiques des pays.

Hood identifie sept caractéristiques au NMP qui sont :

« 'Hands-on professional management' in the public sector;

Explicit standards and measures of performance;

Greater emphasis on output controls;

Shift to disaggregation of units in the public sector;

Shift to greater competition in public sector;

Stress on private sector styles of management practice;

Stress on greater discipline and parsimony in resource use » (Hood, 1991,

p. 4-5).

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Ferlie (1996) classe le NMP selon quatre modĂšles,

Ă  savoir :

La forte préoccupation pour l'efficience de l'administration publique;

L’assouplissement des structures organisationnelles;

L'innovation et la culture de l'excellence; et

Un plus grand rÎle donné aux usagers dans les décisions.

Page 83: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

69

Quant à Emery (2005), il résume la littérature sur le NMP à trois modÚles :

Le modĂšle de l’efficience ou modĂšle du marchĂ©;

Le modÚle du downsizing, de la décentralisation et de la flexibilité; et

Le modĂšle de la qualitĂ© ou de la recherche de l’excellence.

Maroy et al., (2013) différencient le NMP néolibéral et le NMP néostatiste. Dans le

premier cas, les instruments et les mécanismes de marché comme la dérégulation

et la concurrence sont utilisĂ©s pour rĂ©guler l’action publique. Dans le second cas,

c’est une responsabilitĂ© administrative avec des contrats de performances qui

permet de faire la régulation. Les enjeux (conséquences) sont forts dans le NMP

nĂ©olibĂ©ral alors qu’ils sont faibles dans le NMP nĂ©ostatiste. Les principales

critiques du NMP portent sur la contradiction entre les valeurs d’équitĂ© et celles

d’efficience (Hood, 1991).

3.1.2. La régulation transnationale des politiques éducatives

Le systĂšme des organisations internationales et intergouvernementales a

beaucoup contribuĂ© Ă  la convergence des rĂ©formes visant l’implantation des

politiques inspirĂ©es par le NMP (D’Arisso et Lessard, 2009; Hernes, 2005; Lessard

et al., 2008; Malet, 2010; Maroy, 2013; Mok, 2005; Perrenoud, 1999). En

Ă©ducation, les organisations internationales comme l’Organisation pour la

coopĂ©ration et le dĂ©veloppement Ă©conomique (OCDE) et l’Organisation des

Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont favorisĂ©

l’internationalisation des problĂ©matiques relevant de ce domaine (Malet, 2010;

Novoa, 1994; Theodoro, 2007). Aussi, ces organisations sont porteuses

d’exigences d’efficacitĂ© qui soutiennent la promotion des nouvelles approches

managĂ©riales dans les systĂšmes Ă©ducatifs. On assiste ainsi Ă  l’émergence de

référentiels transnationaux dominants influençant la convergence des politiques

éducatives et des modalités de formation des enseignants (Lessard et al., 2008;

Malet, 2010; Maroy, 2013). L’OCDE a mis en place « un ensemble de nouveaux

Page 84: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

70

indicateurs qui entraßne de profondes conséquences en amont de la formulation

des politiques de l’éducation sur le plan national » (Teodoro, 2007, p. 208).

La rĂ©gulation « transnationale » renvoie Ă  l’« ensemble des normes, discours et

instruments [
] produits et circulant dans les forums internationaux de décision et

de consultation en matiĂšre d’éducation, et que les hommes [sic] politiques, les

fonctionnaires ou spécialistes nationaux invoquent comme une "obligation" ou une

"légitimation" pour proposer des décisions au niveau du fonctionnement du

systĂšme Ă©ducatif » (Barroso, 2005, p. 153). L’influence des organisations

internationales associée à la multiplication des politiques au niveau local et

intermédiaire entraßne un « double mouvement de globalisation et de

décentralisation dans les politiques récentes » (Sassen, 2010).

Certains auteurs conceptualisent ce mouvement d’uniformisation des politiques

publiques à travers le concept de « convergence ». Selon Knill (2005), la

convergence est favorisée par les similarités (institutionnelles, culturelles et

socioĂ©conomiques) des pays et les caractĂ©ristiques des politiques elles-mĂȘmes.

Selon Holzinger et Knill (2005), la convergence se fait à travers cinq mécanismes

qui sont :

L’imposition;

L’harmonisation internationale;

La compétition régulatrice;

Les communications transnationales [qui regroupent un ensemble de sous-

mécanismes (prise de leçons, résolution transnationale de problÚmes,

Ă©mulation, promotion internationale de politiques)]; et

La résolution indépendante de problÚmes.

Ces mécanismes de convergence reposent essentiellement sur des processus de

lĂ©gitimation et d’apprentissage organisationnel, ce qui fait des indicateurs de

systùme et de performance, les ‘best practice’ et les outils de diffusion ‘des

Page 85: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

71

Ă©lĂ©ments indispensables de cette convergence’ (D’Arrisso et Lessard, 2009,

p. 26).

Les politiques Ă©ducatives des Ă©tats d’Europe se structurent autour de « la logique

économique, le discours de la qualité, la rhétorique de la citoyenneté »

(Novoa, 1994, p. 24) sous l’influence des politiques de la CommunautĂ©

européenne. En effet, les orientations seraient justifiées par les théories du capital

humain, ce qui amenait Crozier (1995, cité par Novoa, 1994, p. 24) à mettre en

garde contre « une politique éducative basée sur l'insertion dans le monde du

travail, qu'il tient pour responsable d'une grande partie des difficultés actuelles des

systÚmes d'enseignement. »

3.1.3. La démocratie et la participation scolaires

Face à la régulation transnationale des politiques éducatives, la question de la

participation locale dans l’élaboration et l’implantation de ces politiques se pose

avec acuitĂ©. La dĂ©mocratie et la participation scolaires peuvent ĂȘtre apprĂ©hendĂ©es

à travers la place qui est accordée aux citoyens, aux parents, aux personnels

scolaires et aux institutions locales dans les systĂšmes Ă©ducatifs (Ă©laboration et

implantation de politiques et régulation) (Bamberg, 2002). Les réformes des

annĂ©es 80 portant sur la modification des rapports de pouvoirs entre l’État, la

société civile et les communautés professionnelles et scientifiques dans les

systĂšmes Ă©ducatifs aboutissent Ă  de nouvelles formes de gouvernement en

éducation (Novoa, 1994, p. 11) : « Les pratiques discursives autour de la

dĂ©centralisation en constituent le meilleur exemple, dans la mesure oĂč elles crĂ©ent

des mécanismes de régulation sociale et professionnelle articulés sur plusieurs

niveaux de décision. »

À l’intĂ©rieur du dĂ©veloppement des mĂ©canismes de marchĂ©s qui favorisent le choix

des parents avec des dispositifs comme l’abolition de la carte scolaire, ou les bons

d’éducation (Vouchers), les Ă©coles Ă  chartes sont vues comme porteuses de

dĂ©mocratie et de participation dans l’école (Hannaway et Woodroffe, 2003). En

Page 86: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

72

permettant au parent, considĂ©rĂ© comme un client, de changer ses enfants d’école

si la qualitĂ© du service ne lui convient pas, on lui donne l’occasion d’influencer

indirectement les orientations et les politiques scolaires au niveau des

établissements et des institutions de régulation intermédiaire, voire nationale.

Néanmoins, il peut y avoir au niveau opérationnel plusieurs facteurs dont les

parents doivent tenir compte et qui peuvent les empĂȘcher de profiter de la libertĂ©

de choix de l’école. Dans les cas oĂč les meilleurs Ă©lĂšves quittent les Ă©coles Ă 

faibles résultats, les élÚves qui restent se retrouvent dans une situation plus

catastrophique (Hannaway et Woodroffe, 2003).

La mise en place de cadres de gestion dans les Ă©coles (conseil d’établissement,

conseil d’administration) s’avĂšre aussi ĂȘtre un moyen devant favoriser la

participation des enseignants, des parents et des autres acteurs communautaires

dans la gestion de l’éducation. Ainsi, l’autonomie accordĂ©e aux Ă©coles se trouve

mise en Ɠuvre dans des projets scolaires portĂ©s par toute la communautĂ©

Ă©ducative. NĂ©anmoins, les politiques actuelles de GAR, comme au Royaume-Uni

et au QuĂ©bec, tendent Ă  rĂ©duire le pouvoir des instances locales par le biais d’un

contrĂŽle accru du niveau central Ă  travers l’alignement stratĂ©gique (Brassard et

al., 2013; Hannaway et Woodroffe, 2003; Maroy et al., 2013; Ozga, 2009). Ces

instances sont aussi souvent le lieu de luttes de pouvoir entre les différentes

composantes de la communauté éducative (Deniger, Brouillette et

Berthelot, 2002).

Les concepts de démocratisation quantitative et de démocratie qualitative sont

aussi reprĂ©sentatifs de la dĂ©mocratie scolaire. En effet, l’accĂšs de tous Ă 

l’éducation de qualitĂ© reste une prioritĂ© dans les politiques Ă©ducatives actuelles de

nombreux pays. Au-delĂ  d’accueillir tous les enfants Ă  l’école, il s’agit de crĂ©er les

conditions de leur réussite. Cependant, les orientations des politiques de GAR en

éducation peuvent favoriser une certaine sélection scolaire qui ne permet pas de

faire bĂ©nĂ©ficier Ă  tous les citoyens d’une Ă©ducation de qualitĂ© (Hannaway et

Woodroffe, 2003). Ainsi, l’équitĂ© serait-elle plus reprĂ©sentative de cette volontĂ© de

rendre l’éducation de qualitĂ© accessible Ă  tous. Pour Novoa « il faut maintenir une

Page 87: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

73

tension entre la qualitĂ© et l'Ă©quitĂ©, surtout dans une pĂ©riode oĂč la situation

économique tend à valoriser la "qualité totale" et à oublier la « qualité pour tous »

(Novoa, 1994, p. 26). NĂ©anmoins, « l’amĂ©lioration gĂ©nĂ©rale de la qualitĂ© de

l’enseignement » peut coexister avec l’intĂ©gration des populations dĂ©favorisĂ©es

(Annan, 2011, p. 21).

Les réformes éducatives vues comme « des discours autorisés (et des discours

d'autorités) introduisent de nouvelles formes de régulation sociale dans le cadre

d'une rĂ©organisation de l’État et d'une reconfiguration des pouvoirs entre les

diffĂ©rents niveaux de dĂ©cision » (Novoa, 1994, p. 12). L’influence des

organisations internationales dans les politiques nationales alors que l’éducation

est considĂ©rĂ©e comme un domaine de compĂ©tence et d’affirmation nationale peut

s’effectuer de maniĂšre indirecte et se rĂ©vĂ©ler porteuse de perversions, comme

dans le cas de la politique communautaire d’éducation de l’Union europĂ©enne

(Ibid.). En effet, la « premiÚre perversion tient à une définition de l'éducation par le

biais de l'Ă©largissement du concept de formation professionnelle. [
] La deuxiĂšme

perversion tient à la mise sur pied par l'Union européenne, dans les faits, d'une

politique Ă©ducative sauvage, qui cherche Ă  se rendre invisible, qui ne se donne

pas les moyens d'une régulation et d'un contrÎle démocratiques » (Novoa, 1994,

pp. 16-17). La premiÚre perversion favoriserait, selon Novoa, le développement

des approches Ă©conomiques dans les politiques Ă©ducatives alors que la deuxiĂšme

perversion favoriserait l’absence de participation et de dĂ©mocratie dans la

définition des orientations politiques qui déterminent pourtant pour une grande part

les politiques éducatives des différents pays. Leur nature implicite rendrait aussi

impossible leur évaluation formelle par les acteurs nationaux concernés

(Novoa, 1994).

Page 88: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

74

Boyd (1999, p. 292) constate qu’il existe des pressions et des demandes pour de

nouvelles relations entre les écoles et leurs communautés et il distingue cinq

modĂšles de relations :

Le modĂšle bureaucratique (bureaucratic model) renvoie au mode de

gestion publique traditionnel oĂč l’école fournit des services normĂ©s de

maniĂšre bureaucratique. Ce modĂšle, rigide et fermĂ©, ne rĂ©pond mĂȘme pas

à ses employés.

Le modĂšle professionnel (professional model) met l'accent sur les

responsabilités professionnelles, les droits et les besoins du personnel de

l'Ă©cole et sur leur relation avec leurs clients dont les souhaits sont

considérés. Les éléments du modÚle bureaucratique cohabitent avec les

Ă©lĂ©ments du modĂšle professionnel dans beaucoup d’écoles dans un climat

de tension, car les rĂšgles empiĂštent les unes sur les autres.

Le modĂšle dĂ©mocratique (Democratic model) vise l’équilibre entre les

modĂšles bureaucratique et professionnel en mettant en place une

gouvernance dĂ©mocratique. Ainsi, dans le modĂšle de l’école

«°autogestionnaire°», le personnel, les élÚves, les parents et membres de

la communauté participent à la gouvernance dans des instances comme

les conseils d’établissement. Cependant, dans la pratique, les

gestionnaires et les enseignants ont tendance Ă  minimiser la participation

des groupes d’acteurs externes ou des Ă©lĂšves.

Le modÚle de marché (Advocates of a market-driven) reproche aux autres

modĂšles d’ĂȘtre source de monopole et d’inefficacitĂ©. Dans ce modĂšle,

l'efficacitĂ© et l'excellence peuvent ĂȘtre mieux rĂ©alisĂ©es en permettant aux

consommateurs de choisir, dans un marché de fournisseurs de services

d'éducation dont la survie dépend de leurs capacités à attirer et à fidéliser

les clients.

Le modÚle de services coordonnés ou concertés (Coordinated or

collaborative services model) combine des éléments bureaucratiques et

professionnels, avec un accent central sur la mise en place de services

Page 89: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

75

coopératifs avec une gestion et une coordination globale pour différentes

Ă©coles qui se rĂ©unissent. Cette approche s’avĂšre trĂšs utile pour prendre en

charge les besoins des enfants Ă  risque notamment en facilitant une

réponse cohérente avec des organismes de services spécialisés.

Boyd affirme au final qu’il est possible de mettre en place des Ă©coles plus

performantes Ă  travers diverses stratĂ©gies, mais au mĂȘme moment il est

nécessaire de répondre aux besoins des différents acteurs de la communauté

Ă©ducative. Ainsi, «°the goal must be to create— and dynamically balance— a

caring community, a professional community, and a learning community with high

expectations for all students » (Boyd, 1999, p. 293).

Ozga (2009) note que le gouvernement par les nombres domine la reconfiguration

central-local : le niveau local n’est pas partenaire dans la gouvernance, mais plutît

dans la fourniture de données. Les réformes de marché auraient ainsi érodé le

rÎle démocratique du niveau local. Ozga suggÚre de reconnaßtre la nécessité en

Ă©ducation de ramener le local comme partenaire en gouvernance dans un modĂšle

de partenariat avec un caractĂšre technologique :

Intelligent accountability may be viewed within political analysis of the English education system as a significant step in the governance of education, but it is neither a shift away from central control nor an entirely successful strategy for concealing continued strong steering of the system (Ozga, 2009, p. 159).

3.1.4. La rĂ©gulation et l’évaluation par les rĂ©sultats

Le NMP est porteur d’une culture de la performance qui « s’est imposĂ©e Ă  l’univers

scolaire qui doit s’adapter aux exigences d’efficacitĂ©, de rentabilitĂ© et de

compétitivité internationale » (Malet, 2009, p. 105). De nombreux pays vont alors

implanter des politiques d’« accountability » ou de gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats

(Boyd, 1999; Hernes, 2005; Ozga, 2009, 2013; Wiseman, 2010). L’économie de

la connaissance va aussi se dĂ©velopper comme outil d’opĂ©rationnalisation du

NMP. Pour l’OCDE, l’économie de la connaissance renvoie Ă  la production, Ă  la

distribution et Ă  l’utilisation de la connaissance et de l’information dans l’économie

Page 90: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

76

(OCDE, 1996a). Ce concept traduit la place centrale de la connaissance et de

l’innovation dans l’économie moderne. En effet, le dĂ©veloppement de nouvelles

connaissances et la capacité à former ses ressources humaines sont devenus des

facteurs importants de compĂ©titivitĂ© pour les États et un enjeu majeur dans la

concurrence internationale engendrée par la mondialisation. Ainsi, il apparaßt que

« les effets les plus clairs de la globalisation au sein des politiques éducatives

soient une consĂ©quence de la rĂ©organisation des prioritĂ©s des États de maniĂšre Ă 

devenir plus compĂ©titifs, de telle forme notamment qu’ils puissent attirer les

investissements des corporations transnationales dans leurs territoires »

(Dale, 1998, cité par Teodoro, 2007).

Maroy et al. (2013) identifient quatre caractéristiques/dimensions communes des

politiques éducatives orientées vers la régulation par les résultats :

Ces politiques participent à matérialiser et à renforcer le paradigme qui veut

que l’école soit/devienne un systĂšme de production capable d’amĂ©liorer ses

rĂ©sultats Ă  travers l’accroissement de ses performances en termes

d’efficacitĂ©, d’équitĂ© ou d’efficience (p. 23).

La gouvernance par les « nombres », les indicateurs, les mesures chiffrées

font que les objectifs opérationnels des politiques sont exprimés en

données quantifiées (data), auxquelles les résultats effectifs sont

confrontĂ©s. D’oĂč la question de « la possibilitĂ© d’un dĂ©bat critique et

proprement politique sur les politiques scolaires qui ne soit pas approprié

par les seuls experts » (p. 24).

L’évaluation des rĂ©sultats des acquis des Ă©lĂšves (testing) est centrale et se

fait Ă  travers une diversitĂ© d’instruments, « mĂȘme si les modalitĂ©s de mise

en Ɠuvre et d’usage de ces outils d’évaluation vont constituer des variantes

extrĂȘmement importantes. »

Les divers outils d’action publique (contractuels, financiers, rĂ©glementaires)

qui organisent les « conséquences » des évaluations des performances et

de la reddition de comptes peuvent contribuer Ă  construire une forme

d’accountability « dure » vs « douce » (ou « rĂ©flexive ») qui engage des

Page 91: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

77

conceptions de l’acteur enseignant et de l’acte d’enseigner qui peuvent ĂȘtre

extrĂȘmement opposĂ©es.

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Novoa affirme que les « systĂšmes Ă©ducatifs

européens subissent, aujourd'hui, une série d'influences qui les poussent vers des

Ă©volutions semblables [
] en ce qui concerne leurs configurations

institutionnelles, leurs modalités organisationnelles et leurs stratégies de

développement » (Novoa, 1994, p. 14). Les politiques éducatives sont confrontées

à trois impératifs interconnectés en lien avec les pressions exercées par les

communautĂ©s qui voient dans l’école le moyen de rĂ©soudre ou d’amoindrir les

problĂšmes sociaux (Boyd, 1999). Ainsi,

The productivity imperative demands more efficient use of resources and more effective performance;

The accountability imperative supports the productivity imperative by introducing measurement of results and consequences for performance;

The community imperative arises from increasing recognition that better results are only likely when both the internal and external communities of schools are

engaged and aligned to foster educational achievement (Boyd, 1999, p. 286).

Ces trois impératifs renvoient respectivement à la présence grandissante des

objectifs de productivité dans les politiques éducatives sous la pression des

citoyens, la nécessité de trouver des solutions adaptées pour améliorer les

performances de l’école en Ă©vitant d’apporter des solutions simplistes Ă  des

problĂšmes complexes de mĂȘme que la revitalisation et la rĂ©invention des relations

entre les communautĂ©s internes et externes de l’école pour la reconnaissance de

l’enseignement et de l’apprentissage efficace.

Hannaway et Woodroffe (2003) identifient deux types d’instruments principaux

dans les politiques d’accountability aux États-Unis. Les premiers sont ceux qui

tentent d'exploiter les avantages des mécanismes de marché, en particulier les

incitations découlant de la pression concurrentielle, pour orienter le comportement

à l'école. Les « Vouchers » et les « Tuition Tax Credits » sont des outils par la

demande qui donnent les moyens aux parents de faire les choix et les « Charters

schools » sont basés sur la demande et l'offre en fournissant aux parents plus

Page 92: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

78

d'options. Cependant, le choix des Ă©coles n’est pas Ă©vident pour toutes les classes

sociales. Ainsi, les familles défavorisées ne peuvent choisir que les écoles de

proximité, le choix des écoles éloignées générant des dépenses supplémentaires

comme les frais de transport dans des rĂ©gions oĂč le choix est inexistant en raison

du manque d’une masse critique.

Les seconds instruments sont ceux qui tentent de construire des incitations dans

le systÚme par les régimes de responsabilité administrative qui intÚgrent

récompenses et sanctions fondées sur le rendement (School-Based

Accountability, Teacher Pay for Performance). L’hypothùse implicite dans les

instruments incitatifs est que le savoir-faire existe et l’incitation vise à induire des

efforts qui autrement n’auraient pas Ă©tĂ© investis. Il existerait une alternative soit un

troisiĂšme groupe d’instruments (class size, teacher quality) fondĂ©s sur le principe

que le systùme scolaire n’a pas besoin d’incitatifs, mais plutît de ressources pour

accroßtre ses capacités. Hanaway et Woodroffe (2003) reconnaissent des effets

bénéfiques à la régulation basée sur la performance en mettant en garde contre

les risques si les instruments ne sont pas conçus avec soin.

La mise en Ɠuvre des politiques d’« accountability » en Ă©ducation vise

l’amĂ©lioration des performances des Ă©coles (Maroy, 2013), mais ne se fait pas

sans difficultĂ© et peut entraĂźner des consĂ©quences nĂ©gatives sur l’efficacitĂ© du

systĂšme (Hannaway et Woodroffe, 2003; Malet, 2009). Pour Malet, la qualitĂ© n’est

pas toujours aisĂ©e Ă  Ă©tablir et Ă  exiger, par exemple aux États-Unis, la dĂ©rĂ©gulation

déployée pénaliserait les écoles ou districts scolaires les moins performants,

« entraĂźnant des fermetures d’établissements et crĂ©ant les conditions d’une

privatisation de l’offre scolaire (facilitĂ©es par les vouchers, l’essor de la

scolarisation à la maison, etc.) » (Malet, 2009, p. 102). Aussi, la dérégulation de la

formation des enseignants est porteuse d’une disparitĂ© grandissante entre les

États avec la diffĂ©renciation qu’elle engendre sur le plan des compĂ©tences

exigibles, de la formation et mĂȘme sur le recrutement social : « Certains États -

plutĂŽt centre-est et nord-est - protĂšgent jalousement une formation universitaire de

haut niveau, quand dans d’autres - comme la Californie - les enseignants sont en

Page 93: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

79

voie de paupérisation, les nouveaux étant projetés devant les classes les plus

difficiles sans prĂ©paration ni soutien, ce qui pĂ©rennise un taux d’abandon

endémique » (Malet, 2009, p. 107).

3.2. La réforme et le pilotage du changement

Les rĂ©formes dans l’administration publique en gĂ©nĂ©ral et en Ă©ducation en

particulier sont marquĂ©es ces vingt derniĂšres annĂ©es par l’implantation de modes

de gestion basĂ©es sur les rĂ©sultats. Pour Malet, mĂȘme si elle « ne concerne pas

d’abord le secteur scolaire, elle (la GAR) s’y est imposĂ©e au point de devenir une

approche courante des réformes éducatives contemporaines du monde anglo-

saxon et au-delà » (Malet, 2009, p. 96). Ainsi, les réformes généralisées avec la

décentralisation et le contrÎle à distance des performances et des acteurs sont

devenues courantes (Maroy, 2013).

3.2.1. Les approches du changement en Ă©ducation

Selon Deniger (2012), la problĂ©matique du changement en Ă©ducation revĂȘt un

caractÚre historique. Les visées et les objets de ce changement dans les politiques

éducatives ont évolué en quatre périodes :

Au cours des années 50 et 60, le modÚle rationaliste du changement

oriente les rĂ©formes sur les contenus et non sur le processus d’implantation;

la rationalitĂ© technocratique et l’approche descendante (« top down »)

dominent.

Dans les années 70, la prise de conscience de la complexité du processus

du changement entraĂźne un virage conceptuel qui amĂšne Ă  prendre en

compte l’environnement de l’école ainsi que les reprĂ©sentations et les

actions de ses artisans (qualitĂ© de l’innovation) et sur le soutien des acteurs

du monde scolaire (leadership, school improvement, school effectiveness).

Les annĂ©es 1990 seront celles de l’ùre de l’implantation des politiques avec

le retour de projets de réformes ambitieuses et un questionnement sur le

rîle des divers niveaux du systùme d’action sous-jacent au changement

Page 94: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

80

(gouvernement, autoritĂ©s intermĂ©diaires, Ă©coles, salle de classe). L’accent

est mis sur les diverses facettes du processus d’implantation, sur les

pratiques Ă©prouvĂ©es pouvant en garantir le succĂšs et sur l’évaluation du

processus de mise en Ɠuvre.

Enfin, les annĂ©es 2000 voient un intĂ©rĂȘt pour le processus d’appropriation,

mais aussi certaines récurrences étonnantes (leadership, développement

professionnel, soutien, etc.). L’accent est mis sur la comprĂ©hension du

processus d’appropriation et la qualitĂ© de la gestion des changements en

Ă©ducation.

Dans une autre perspective, quatre facteurs d’analyse Ă©troitement liĂ©s sont utilisĂ©s

pour expliquer la gestion du changement dans l’administration : la vision

idéologique, la conduite du changement, la politique institutionnelle, et la capacité

de mise en Ɠuvre (Huerta Melchor, 2008). Deniger (2012) identifie quatre grands

modÚles théoriques de gestion du changement (ModÚle de Morgan, ModÚle de

Lewin, ModĂšle de Kanter et ModĂšle de Kotter), quatre styles de management du

changement (imposition contrÎlée; structuration contractualisée; co-construction

responsabilisée; et burning platform) et quatre dispositifs pour déployer des

changements (construire un programme; déployer des projets; former les

managers, acteurs du changement quotidien; et développer une culture du

changement).

Aussi les nombreuses limites dans les connaissances actuelles sur le changement

en Ă©ducation seraient selon Deniger (2012) :

Le manque de synthĂšse sur l’évolution historique de la problĂ©matique;

Une faible intégration conceptuelle des aspects sociaux, organisationnels

et individuels dans les analyses;

La raretĂ© des analyses intĂ©grant les divers niveaux de l’action (la classe,

l’école, la commission scolaire, le systĂšme scolaire), pour comprendre la

dynamique du changement et rĂ©soudre les problĂšmes complexes qu’elle

comporte;

Page 95: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

81

L’absence d’études, en contexte scolaire, qui permettraient d’apprĂ©hender

le changement selon les diverses dimensions de sa gestion : planification;

information et formation; communication; leadership; allocation et contrĂŽle

des ressources; soutien et pilotage; reddition de comptes; Ă©valuation des

résultats;

Le besoin d’une meilleure connaissance des pratiques de gestion pour en

distinguer les avantages et les inconvénients et dégager les plus efficaces;

Une connaissance limitĂ©e des divers facteurs susceptibles d’influencer

l’appropriation du changement (comprĂ©hension, adhĂ©sion, engagement)

par les acteurs du systĂšme scolaire et des Ă©coles; et

La grande rareté des études portant sur les effets des politiques éducatives

(et des changements que celles-ci induisent) sur l’organisation scolaire, les

pratiques pédagogiques et les apprentissages et les compétences des

Ă©lĂšves.

Les principales dimensions du changement soulevées par Gather-Thurler (2002)

sont le mode d’organisation du travail plus ou moins bureaucratique; le degrĂ© de

coopĂ©ration professionnelle; l’identitĂ© collective et l’étendue de la culture

commune; les modalitĂ©s d’exercice du pouvoir et du leadership; et la capacitĂ© de

se mobiliser autour d’un projet. Pour Gather-Thurler (2002, p. 3) trois conditions

peuvent favoriser la transformation des professionnels en acteurs principaux et

responsables des changements :

Que le systÚme éducatif se borne à définir les finalités communes et un

« plan-cadre », en laissant une large marge de manƓuvre aux

Ă©tablissements, en matiĂšre de fonctionnement, de ressources humaines,

mais aussi d’orientations curriculaires ;

Que les acteurs de chaque Ă©tablissement s’approprient le plan-cadre dĂ©fini

par les autorités, en négociant éventuellement des ressources, voire des

marges supplĂ©mentaires de libertĂ©, en fonction de leurs besoins et de l’état

de leurs pratiques.

Page 96: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

82

Qu’ils dĂ©cident dans ce cadre de leurs prioritĂ©s d’action dans le cadre d’un

projet d’établissement explicite et constamment remis Ă  jour.

Le dĂ©placement, l’empilement, la dĂ©rive, la conversion et l’épuisement constituent

les cinq types de changements institutionnels distingués par Streeck et

Thelen (2005, p. 9)2. Ces types de changement s’inscriraient dans un processus

de changement graduel/incrĂ©mental et peuvent ĂȘtre porteurs Ă  l’arrivĂ©e soit d’une

« transformation graduelle », soit d’une « reproduction par adaptation » de

l’institution existante (Streeck et Thelen, 2005).

Pour McNaughton, Langlay et Sauni (2007) qui tirent des leçons des réformes

effectuĂ©es en Nouvelle-ZĂ©lande, les changements dans l’enseignement

secondaire ont eu des effets aussi bien sur les Ă©coles que sur les enseignants.

Pour les enseignants (Ibid. pp. 42-43) :

Le systĂšme Ă©ducatif est plus fragmentĂ© qu’avant avec l’autonomie des

nombreuses écoles qui ont chacune une variété de politiques, de pratiques

et de stratégies.

Les rapports de type industriel sont dominants par rapport aux rapports

professionnels. La performance est maintenant liée à des normes

professionnelles qui ont été introduites dans le cadre d'une négociation

industrielle, plutÎt que comme un résultat de la consultation et de

l'engagement professionnel. Une Ă©tude de McKay (1999) montre que plus

de 50 % des enseignants trouvaient que le systĂšme ne favorise pas

l’amĂ©lioration des performances.

L’essentiel des rĂ©formes ont Ă©tĂ© menĂ©es avec une approche top-down

pilotĂ©e par des agences externes qui n’ont pas impliquĂ© les enseignants.

Ainsi les changements ont été vus comme une imposition qui entraßne un

surplus de travail pour de faibles bénéfices plutÎt que comme un

renforcement des capacités des enseignants pour de meilleurs

2 Les cinq types de changements institutionnels distingués par Streeck et Thelen (2005) sont présentés plus haut dans la section 3.3.

Page 97: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

83

programmes aux apprenants (Langley, 2002). La dimension « micro » de la

relation enseignement-apprentissage a été largement ignorée, avec

l’hypothùse qu'un programme clair, une gestion saine et flexible, la

participation communautaire et une plus grande responsabilisation des

enseignants conduiraient Ă  un meilleur apprentissage.

Pour les écoles, on note un accroissement des inégalités de progression,

qui font que « pendant que certaines Ă©coles manquent de matĂ©riel d’autres

en sont suréquipées. »

3.2.2. Les pratiques de réformes

McNaughton et al. (2007) définissent la réforme éducative comme étant une

« Ă©limination des dĂ©fauts et la conduite de l’éducation vers de meilleurs rĂ©sultats

(removal of faults and the drive for education outcomes to be better, p. 32) » avec

« l’intention de crĂ©er de meilleures opportunitĂ©s pour les apprenants et un

avancement local global pour la communauté. » Les réformes des politiques

Ă©ducatives depuis les annĂ©es 80 sont tournĂ©es vers des objectifs d’amĂ©lioration

de la qualité et des performances des écoles (Ozga, 2009). Dans la majorité des

pays, les réformes se caractérisent par une focalisation accrue sur les dimensions

de l’économie et de l’efficience dans la mesure de la performance scolaire

(Annan, 2011; Hannaway et Woodroffe, 2003; Malet, 2009; Maroy, 2013;

Ozga, 2009, 2013). Dans les modes de régulation mis en place dans les

annĂ©es 2000, l’État central tend Ă  renforcer son contrĂŽle stratĂ©gique sur les

orientations générales du systÚme éducatif en définissant les missions, les

objectifs et les modalitĂ©s d’opĂ©rationnalisation des rĂ©sultats (Maroy et

Dupriez, 2000). Il s’agirait d’un « État Ă©valuateur » (Neaves, 1988) qui utilise

l’évaluation comme un moyen de contrĂŽle du systĂšme Ă©ducatif (Bradfoot, 2000).

Dans les faits, c’est « le pouvoir de dĂ©terminer des critĂšres d’évaluation qui

façonnent le contenu et le style du discours Ă©ducatif et la capacitĂ© d’imposer ce

contenu et ce style comme base d’accountability, qui constitue " la clĂ© d’un

contrĂŽle efficace des institutions et des enseignants " dans les politiques

d’accountability » (Bradfoot, 2000, p. 45).

Page 98: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

84

Avec l’évaluation comme outil politique, l’enjeu du contrĂŽle du systĂšme Ă©ducatif

devient la capacité pour les gouvernements à déterminer les indicateurs de

performance pertinents pour soutenir les dispositifs bureaucratiques

(Bradfoot, 2000). Ainsi, en Angleterre par exemple, l’évaluation exerce un contrĂŽle

externe pendant que le pouvoir central contrĂŽle les institutions de l’intĂ©rieur en leur

imposant de se fixer des objectifs. Il faut cependant distinguer les systĂšmes qui

ont implanté une accountability à « faibles enjeux » de ceux qui sont à « forts

enjeux » (Ibid.). Dans des politiques à faibles enjeux (France, Québec, Belgique,

etc.), les conséquences ne sont pas significatives pour un établissement qui

n’atteint pas les performances requises. Dans le cas des politiques à forts enjeux

(États-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-ZĂ©lande), les consĂ©quences sont

importantes pour les individus et les institutions (congédiements, fermetures

d’écoles, etc.).

Une autre tendance des réformes actuelles réside dans la place des statistiques

et des Ă©valuations internationales sur les orientations politiques (Wiseman, 2010).

Ozga (2009), note que l’objectif consiste Ă  amĂ©liorer et Ă  rĂ©former l’éducation Ă 

travers la dĂ©personnalisation du jugement et l’usage de donnĂ©es objectives. Les

réformes de nature systémique sont aussi trÚs répandues dans les derniÚres

décennies. En Europe par exemple, les systÚmes éducatifs seraient confrontés à

des dĂ©fis dont l’ampleur exige de rĂ©pondre par des rĂ©formes ou des adaptations

globales (Novoa, 1994). Huberman et Miles (1992, cités par Lessard et al., 2008)

considĂšrent que la rĂ©forme systĂ©mique mobilise l’ensemble des niveaux, paliers

et acteurs du systÚme éducatif. Cependant une réforme systémique ne va pas de

soi et la formulation et l’adoption de la politique ne garantissent pas son

implantation réussie dans les milieux de pratique (Howlet et Ramesh, 2003).

L’implantation des politiques Ă©ducatives a longtemps abouti Ă  des Ă©checs du fait

de stratégies gouvernementales inadaptées (Carpentier, 2012). Ainsi, ce serait les

stratégies gouvernementales « hybrides », c'est-à-dire faisant appel à la fois aux

approches descendantes (top-down) et ascendantes (bottom-up) qui seraient

Page 99: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

85

considérées comme étant les plus efficaces. Les approches hybrides présentent

quatre caractéristiques ou dimensions principales (Carpentier, 2012, pp. 22-27) :

La bidirectionnalité renvoie à la présence de deux pÎles de pouvoir, dont le

premier, le « pÎle gouvernement » développe une vision, établit des buts

centraux et des standards, crée des incitations, évalue réguliÚrement et met

en place un processus d’imputabilitĂ© alors que le « pĂŽle terrain » possĂšde

l’autonomie pour adapter les politiques Ă  son contexte spĂ©cifique en

dĂ©veloppant une capacitĂ© Ă  construire, grĂące Ă  l’autonomie et Ă  la flexibilitĂ©

que lui accorde le pĂŽle central pour adapter et enrichir les politiques.

La zone de pouvoir et de marchandage est le lieu pour les deux pĂŽles

d’interagir Ă  travers des Ă©changes mutuels d’informations et la collaboration

qui se décline en débats/négociations/apprentissages, mobilisation,

participation, et consensus/compromis/ accommodation réciproques.

L’évolution traduit les changements et les transformations de la politique,

notamment du fait de l’échange et de la collaboration dans les interactions

entre les deux pĂŽles et l’influence du contexte qui est Ă©volutif.

La prise en compte du contexte Ă  travers les facteurs qui peuvent influencer

l’implantation se fait en termes de besoins (changements jugĂ©s utiles par rapport

aux besoins scolaires), clarté (buts et moyens à adopter), complexité (difficulté et

étendue du changement désiré) et qualité pratique du changement (présence et

disponibilité des ressources nécessaires).

Dans un autre sens, les caractéristiques et les conditions de réussite des réformes

sont abordées par certains auteurs, tels que McNaughton et al. (2007) qui

affirment que :

Les réformes ont souvent porté à travers le monde sur des aspects de

conformité avec une stratégie top-down.

Page 100: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

86

La rĂ©forme Ă©ducative n’est pas linĂ©aire, mais un processus continu de

construction de sens entre les apprenants, les enseignants, les leaders et

une variĂ©tĂ© d’organisations (p. 31).

La clĂ© d’une rĂ©forme Ă©ducative rĂ©ussie est l'amĂ©lioration dans les relations

parmi tous les participants (p. 31).

Ces auteures Ă©voquant les nombreux Ă©checs pensent qu’une rĂ©forme rĂ©ussie qui

installe « une culture généralisée de la qualité et des résultats dans les écoles »,

(McNaughton et al., 2007) nécessite les éléments essentiels suivants :

Pour l’école primaire :

A developmental history : son histoire dĂ©termine en partie l’efficacitĂ© des

interventions.

A policy context : les différents éléments institutionnels (rapports, groupe

de travail, orientations et stratégies) qui précÚdent la réforme et qui

l’influencent.

Research capacity : Il est nécessaire que les compétences requises

suivant les intĂ©rĂȘts de recherche soient disponibles ainsi que les

dispositifs de recherche adéquats.

À collaborative process : Navigant entre les thĂ©ories de recherche et les

théories de pratique.

Pour l’école secondaire :

Students first;

Inspiring teachers;

Social effects;

Community connectedness;

The place of technology.

3.2.3. Les acteurs et les résistances aux changements

Les rĂ©formes visant l’implantation de politiques de GAR en Ă©ducation ont souvent

généré des résistances importantes au niveau des acteurs scolaires

Page 101: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

87

(Carpentier, 2012; Maroy, 2005; Ozga, 2009). Les enseignants ont vécu les

rĂ©formes actuelles comme une rĂ©duction de leur l’autonomie professionnelle,

accompagnĂ©e d’une augmentation du contrĂŽle et de la charge de travail (Lessard

et al., 2008, 2009; Shipps et White, 2009). De nouvelles formes de conflits

professionnels et bureaucratiques apparaĂźtraient (Shipps et White, 2009), mais

pour les observateurs qui voient le champ Ă©ducatif comme un espace de luttes,

c’est un allant de soi des rĂ©formes (Malet, 2009).

Le concept de réceptivité met en évidence les facteurs qui influencent le degré de

collaboration des organisations au changement mis en place par les politiques

(Butler, 2003 cité par Huerta Melchor, 2008). La « réceptivité » des réformes serait

un dĂ©fi majeur auquel les gouvernements sont confrontĂ©s dans l’implantation des

réformes du fait notamment de la sous-estimation du facteur et des coûts humains

(Caron et Giauque, 2004; Fortier, 2010) de mĂȘme que le changement culturel

nĂ©cessaire (Emery, 2005). Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Anderson (2005, citĂ© par

Lessard et al., 2008) parle du reculturing qui doit accompagner le restructuring.

L’importance de la gestion du changement serait aussi sous-estimĂ©e par les pays

de l’OCDE dans la conception et l’implantation des rĂ©formes de l’action publique

(Butler, 2003, cité par Huerta Melchor, 2008). Les nouvelles politiques génÚrent

alors des tensions (institutionnelles, managériales et légitimationnelles) dans la

gestion des ressources humaines au Canada et en Suisse (Caron et

Giauque, 2004).

3.2.4. Les dĂ©fis et l’évaluation des rĂ©formes actuelles

L’enjeu de la rĂ©sistance aux rĂ©formes inspirĂ©es par le NMP se situe au niveau de

la capacité des enseignants à proposer des alternatives crédibles pour influencer

les rĂ©formes dans le sens de prĂ©server leurs intĂ©rĂȘts. Malet, affirme « l’avenir dira

si face à ces diverses formes de sujétion, les enseignants étasuniens et anglais

trouveront les ressources morales, intrinsÚques et/ou extrinsÚques, pour résister

collectivement à ces évolutions ou simplement pour exister » (Malet, 2009,

p. 113).

Page 102: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

88

La collaboration reprĂ©sente Ă©galement un dĂ©fi entre les enseignants eux-mĂȘmes.

En effet, la premiÚre difficulté réside dans le fait que la collaboration est prescrite

(Malet, 2009) alors que le travail enseignant est essentiellement individuel. La

deuxiÚme difficulté est due aux comportements de concurrence qui sont

encouragés par la GAR. En effet, la course pour de meilleurs résultats oppose les

Ă©coles, mais peut aussi opposer des enseignants dans le cas des incitatifs

financiers (Hannaway et Woodroffe, 2003), par exemple. Les « Ă©coles, loin d’ĂȘtre

des communautĂ©s professionnelles d’apprentissage » seraient plutĂŽt des

« thĂ©Ăątres d’ambitions individuelles incompatibles avec un idĂ©al professionnel liĂ©

Ă  l’affirmation d’une Ă©thique et d’une solidaritĂ© professionnelles » (Malet, 2009,

p. 111).

Trois auteurs insistent sur l’importance de prendre en compte les facteurs qui

favoriseraient l’implantation rĂ©ussie des changements dans la gestion publique et

en Ă©ducation. Aux États-Unis, la rĂ©tention des enseignants est devenue un

problĂšme politique majeur de mĂȘme que la formation qui « paraĂźt faiblement

compatible avec les enjeux Ă©conomiques qui pĂšsent sur les enseignants et

l’école » (Malet, 2009, p.111). Par ailleurs, Gow (1984) met l’accent sur l’origine

des facteurs à mettre en avant dans une réforme et sur le rÎle des acteurs dans la

mise en Ɠuvre. Ainsi, il Ă©voque les contradictions ou les tensions qui peuvent

naßtre du fait que certains acteurs se réfÚrent à des facteurs externes pour justifier

la pertinence des rĂ©formes alors que d’autres utilisent les facteurs internes pour

justifier leur position. Pour Gow, la volontĂ© du changement devrait ĂȘtre diffusĂ©e et

soutenue par un catalyseur et complétée par des pressions externes et des appuis

internes (Gow, 1984). Par exemple, une commission parlementaire (catalyseur)

pourrait entreprendre une réforme rendue impérative par une forte demande

sociale (pressions externes), et implantée avec le soutien et la collaboration des

organisations professionnelles (appuis internes).

Ces appuis internes sont fondamentaux pour Brassard (2012) pour qui les

conditions pour l’implantation rĂ©ussie de la GAR concernent directement les

personnels scolaires. Ces conditions, au nombre de quatre, sont l’adhĂ©sion des

Page 103: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

89

acteurs, le lien de confiance entre les différents paliers hiérarchiques, la fixation

des objectifs au niveau opérationnel avec les acteurs et la prise en compte du

développement professionnel des acteurs. Ces conditions sont indispensables

pour que la GAR soit implantĂ©e effectivement. C’est dire Ă  quel point les

perceptions et les opinions des acteurs seraient des aspects importants dans

l’implantation de la GAR.

Des études se sont intéressées aux changements dans le domaine éducatif de

maniÚre spécifique comme celle de Meuret (2012) sur les effets de la régulation

par les rĂ©sultats aux États-Unis, un pays oĂč la GAR est implantĂ©e depuis

longtemps. D’emblĂ©e, Meuret Ă©voque la controverse qui entoure la question des

effets de la GAR. En effet, de nombreux acteurs ne voient dans ces politiques que

des sources de détérioration de la qualité des services éducatifs. Pour

McNeil (2000, cité par Meuret, 2012, p.°79), « la régulation par les résultats

signifierait qu’on renonce à tout enseignement authentique au profit de

compétences mécaniques, que les élÚves faibles et pauvres seront sacrifiés sur

l’autel de la performance chiffrĂ©e. »

D’autres voient dans la GAR une approche incompatible avec les caractĂ©ristiques

du milieu scolaire et posent la question de l’évaluation dans les politiques de GAR.

Pour Meuret (2012), le dĂ©bat d’ordre culturel sur la pertinence de la GAR a laissĂ©

la place Ă  celui de l’évaluation de ces effets dans le systĂšme Ă©ducatif. Fort de cela,

il classe les recherches Ă©valuatives de la GAR par rapport aux trois questions

auxquelles elles cherchent à répondre, à savoir : « quel effet les dispositifs de

rĂ©gulation par les rĂ©sultats ont-ils sur le contenu de l’enseignement, sur le travail

et le moral des enseignants, sur les performances scolaires des Ă©lĂšves,

performances moyennes d’une part (efficacitĂ©), performances des plus faibles ou

des dĂ©favorisĂ©s d’autre part (Ă©quitĂ©)? » (Ibid., p. 79). Meuret (2012, p. 85)

présente une synthÚse des principales conclusions auxquelles ont abouti les

auteurs qui ont menĂ© des Ă©tudes sur les effets de la GAR aux États-Unis en faisant

les constats suivants :

Page 104: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

90

Les effets de la régulation par les résultats ne sont ni aussi

catastrophiques qu’imaginĂ©s par ses adversaires, ni aussi positifs

qu’imaginĂ©s par ses partisans;

Ces Ă©tudes montrent [
] qu’il y a plus de danger pour l’efficacitĂ© et

surtout l’équitĂ© des systĂšmes scolaires Ă  ne pas s’engager dans une

politique de rĂ©gulation par les rĂ©sultats qu’à s’y engager;

L’engagement dans une telle politique ne peut donc ĂȘtre que

prudent, accompagnĂ© d’évaluations qui en permettent la

réorientation;

Une prudence politique et technique est requise. Au plan politique,

puisqu’il est avĂ©rĂ© que ces dispositifs rĂ©orientent l’enseignement, il

faut s’assurer que les objectifs [
], que les tests, font l’objet d’un

large accord parmi le public et les enseignants.

Il apparaĂźt que l’évaluation des rĂ©formes visant l’implantation de la GAR a

gĂ©nĂ©ralement ignorĂ© le point de vue et les besoins d’appropriation des

changements des acteurs. La précipitation dans la mise en place des réformes

(Bourgault, 2004), la faible implication des professionnels des différents secteurs,

et la sous-estimation de l’ampleur des changements et des coĂ»ts humains qui leur

sont associés ont entraßné une faible appropriation des changements

(Fortier, 2010). Ainsi, mĂȘme si certains acteurs ont reconnu la pertinence de la

GAR, ils sont largement majoritaires Ă  critiquer les modalitĂ©s de sa mise en Ɠuvre.

D’autres acteurs dĂ©noncent l’approche Ă©conomique largement privilĂ©giĂ©e aux

dĂ©pens d’autres aspects pourtant importants (Fortier, 2010). Les paradoxes notĂ©s

dans les effets de la GAR montrent la nécessité de revoir certains aspects de

l’implantation de cette approche surtout dans des secteurs comme l’éducation et

la santĂ©. L’optimisme de certains acteurs quant Ă  l’accroissement de la satisfaction

avec l’expĂ©rience (Bourgault, 2004) reste cependant trĂšs isolĂ© face aux doutes

d’autres acteurs beaucoup plus nombreux, qui contestent mĂȘme la capacitĂ© de la

GAR Ă  rĂ©aliser l’accroissement de performances Ă  nature Ă©conomique comme

l’efficience (Fortier, 2010).

Page 105: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

91

3.3. L’idĂ©ologie et le rapport de pouvoir

3.3.1. Les dĂ©bats idĂ©ologiques autour des finalitĂ©s de l’éducation

Les réformes des politiques publiques influencées par le NMP ont suscité de

nombreux dĂ©bats, dont certains idĂ©ologiques. Il en est ainsi en Ă©ducation oĂč de

nombreux acteurs se questionnent sur la compatibilité entre les missions de

service public et de justice sociale de l’école et la GAR. Il y aurait une contradiction

entre « la rationalité économique avec une orientation néolibérale » qui « essaie

de reconstruire l'éducation comme "espace privé"» (Novoa, 1994, pp. 24-25) et la

rationalitĂ© Ă©cologique de l’école (Meirieu, 2004). Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es,

Novoa trouve que le concept de qualité en éducation trouve son origine dans le

rapprochement de l'idéologie de l'efficience et de l'efficacité et « son utilisation

s'intÚgre dans un processus plus vaste de redéfinition des politiques éducatives,

dans le sens d'une valorisation des retombées économiques et des standards

académiques au détriment des dimensions culturelles et des aspects sociaux »

(Novoa, 1994, p. 25).

Il apparaßt également des « contradictions qui existent actuellement entre les

perspectives néo-libérales et les orientations autoritaires d'une grande partie des

politiques étatiques dans le secteur de l'éducation » (Cole, 1992, et Stoer, 1994,

cités par Novoa, 1994, p. 24-25). En effet, ces contradictions sont observées dans

de nombreux pays (Brassard et al., 2013a; Carpentier, 2012; Malet, 2009;

Ozga, 2009, 2013) et semblent constituer une caractéristique des nouvelles

politiques Ă©ducatives dans lesquelles l’évaluation joue un rĂŽle de plus en plus

important (Maroy et al., 2013, Maroy, 2013). À ce propos, Novoa fait remarquer

que les politiques Ă©ducatives de l’Union europĂ©enne sont « mises en place plutĂŽt

Ă  partir de critĂšres qui constituent un ensemble d'instruments d'Ă©valuation et de

contrÎle (normes, standards, modÚles, etc.) que d'objectifs et de propositions »,

ce qui montre que l'éducation est envisagée « comme un problÚme de gestion et

d'organisation et non comme une question sociale et politique » (Novoa, 1994,

p. 26).

Page 106: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

92

Au-delĂ  des finalitĂ©s de l’éducation, le choc des valeurs se retrouve aussi dans

l’orientation et la nature de la rĂ©gulation des politiques Ă©ducatives :

The ongoing contest in educational management is mainly between the traditional, input and control-oriented paradigm and the new outcomes-oriented paradigm, which exists in at least two forms: an individualistic, market-driven model vs more communitarian models. [
] The tension between the old and new paradigms of school management is evident in many places but is especially salient where new computerized information and accountability systems make ‘unpleasant’ information more visible and readily available than in the past (Boyd, 1999, p. 291).

Le choc des valeurs se trouve aussi présent dans les systÚmes de formation des

enseignants oĂč la part de l’universitĂ© est relativisĂ©e au profit de certifications visant

Ă  instrumentaliser les enseignants pour la performance (Malet, 2009). Gleeson et

Husbands (2003, p. 508) constatent que «°deux approches de l’école s’affrontent

aujourd’hui : l’une rĂ©duit le champ scolaire Ă  des tests, des objectifs de

performance et des standards; l’autre est celle des pratiques, des expĂ©riences et

des Ă©preuves en contexte d’apprentissage et de travail : le challenge quotidien de

l’action d’éduquer. »

3.3.2. L’évolution des pratiques des personnels scolaires

Les réformes se sont traduites par des changements importants sur le travail des

enseignants et des gestionnaires (Lessard et al., 2008, 2009; Shipps et

White, 2009). Lessard et al. (2008, p. 166) synthétise ces changements par les

éléments suivants :

L’intensification du travail enseignant due aux objectifs d’accroissement de

la performance des Ă©coles qui se traduit pour les enseignants par des

pressions fortes « conduisant à la surcharge du travail » pendant que « la

prĂ©carisation croissante de l’emploi, et le recours Ă  un personnel sous-

qualifié » se développent.

L’intensification du contrĂŽle du travail enseignant [
] est liĂ©e Ă  la

publication des rĂ©sultats des Ă©lĂšves, aux audits d’établissements et au suivi

des plans d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

Page 107: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

93

L’élargissement du travail et l’obligation faite aux enseignants d’étendre leur

champ d’activitĂ© de la classe Ă  l’établissement et Ă  se concevoir comme

membre d’un collectif engagĂ© dans le projet institutionnel dont chacun est

redevable.

La responsabilisation professionnelle individuelle et collective pour la

réussite des élÚves, ou la reddition de comptes du personnel enseignant. Il

s’agit lĂ  d’une stratĂ©gie managĂ©riale « visant Ă  responsabiliser les

enseignants pour les difficultés des élÚves ».

La rationalisation technique du travail, cohĂ©rente avec l’intensification du

contrĂŽle et la responsabilisation du travail, qui entraĂźne une prescription

croissante du travail de l’enseignant avec une hausse du coĂ»t de

l’« inattention » Ă  la prescription.

La dépossession du métier due à la prise de pouvoir des acteurs extérieurs

(instances politiques) Ă  l’éducation qui ont entrepris les rĂ©formes politiques

avec une orientation marchande (NMP) qui aboutit à l’externalisation de

l’éducation, Ă  sa soumission Ă  une logique productiviste, contraire Ă  une

vision humaniste et Ă  la notion de service public qui Ă©taient

traditionnellement constitutive de l’identitĂ© du mĂ©tier.

La fragmentation du corps professoral est due à la hiérarchisation des

Ă©tablissements avec la concurrence et les Ă©carts de performance qui

servent de base de classement dans les nouvelles politiques.

Tous ces changements dans le travail enseignant sont l’expression de l’attention

croissante qui est accordée aux services fournis alors que les personnels

deviennent une ressource comme une autre dans le sens du concept de capital

humain. Ainsi, « le développement professionnel prend sens en référence au

dĂ©veloppement de l’organisation au point qu’il se cantonne, comme la formation,

non Ă  l’apprentissage d’un mĂ©tier, mais Ă  un apprentissage organisationnel »

(Malet, 2009, p. 109).

La baisse de l’intĂ©rĂȘt pour le travail scolaire est une rĂ©alitĂ© dans de nombreux pays

oĂč les politiques de GAR ont Ă©tĂ© mis en place : « It is no accident, then, that school

Page 108: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

94

heads are retiring at a record pace and that the job of school administrators has

become more stressful and less attractive, not only in Britain but in many nations,

including the USA, Australia, and Canada » (Boyd, 1999, p. 287). La dépréciation

du travail scolaire se manifeste au Royaume-Uni par l’augmentation des

enseignants dĂ©sirant garder un statut d’intĂ©rimaire et, aux États-Unis, par le fort

taux d’abandon dans les cinq premiĂšres annĂ©es de service des enseignants

(Malet, 2009).

Un autre effet des politiques de GAR est le paradoxe dans la perception des

enseignants par la population qui reconnaüt en l’enseignant un agent de

changement dont le rÎle est fondamental dans la société. Toutefois, cette

reconnaissance fait suite aux rĂ©formes (Angleterre et États-Unis) qui ont entraĂźnĂ©

une Ă©rosion morale chez les enseignants du fait de « l’alourdissement des

charges » et de « la responsabilité croissante génératrice de stress et

d’épuisement » (Malet, 2009). C’est « comme si cette reconnaissance publique

croissait Ă  mesure qu’ils s’usent » (Malet, 2009, p. 95).

L’évolution du travail enseignant s’est aussi manifestĂ©e dans les modalitĂ©s de

formation et de recrutement des nouveaux enseignants. Dans les systĂšmes

Ă©ducatifs oĂč la formation a Ă©tĂ© universitarisĂ©e comme aux États-Unis et en

Angleterre, l’universitĂ© est « souvent identifiĂ©e comme la voie de la

reconnaissance sociale » et « l’instance de formation garante d’une indĂ©pendance

Ă  l’égard du politique » (Malet, 2009, p. 105). Ainsi, « l’éloignement des universitĂ©s

de la formation des enseignants a Ă©tĂ© ressenti comme une atteinte Ă  l’unitĂ© et Ă 

l’autonomie de la profession » (Malet, 2009, p. 105). Il en a rĂ©sultĂ© une

multiplication des statuts d’emploi et des conditions de travail pour des

enseignants portant atteinte Ă  leur identitĂ© et diffĂ©renciant les conditions d’accĂšs

Ă  la profession.

Page 109: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

95

3.3.3. Le point de vue des gestionnaires et enseignants sur la GAR

Les recherches empiriques qui s’intĂ©ressent au point de vue des acteurs sur la

GAR sont rares (Emery et al., 2008). Néanmoins, Emery et al. (2008) présentent

la perception de la performance par les agents publics suisses dans le contexte

des rĂ©formes inspirĂ©es par la nouvelle gestion publique dans l’administration

publique suisse.

Dans leur cadre théorique et leur problématique, ces auteurs font une synthÚse de

la littérature scientifique sur le sujet et arrivent à la conclusion que les études sur

la perception de la performance par les agents publics s’adressent gĂ©nĂ©ralement

aux acteurs stratégiques ou politiques, aux dépens des acteurs opérationnels. Ils

concluent aussi que la nĂ©cessitĂ© d’investiguer le point de vue de ces acteurs

opĂ©rationnels semble ĂȘtre partagĂ©e par la majoritĂ© des chercheurs. Les donnĂ©es

recueillies lors d’entretiens semi-structurĂ©s Ă©taient traitĂ©es et classĂ©es en fonction

des sept mondes décrits par Boltanski et Thévenot. Ensuite, la fréquence des

références a permis de classer les sept mondes. Les résultats montrent que la

conception industrielle de la performance est dominante, suivi des mondes

civique, domestique, marchand et de l’opinion.

Les auteurs comparent ces rĂ©sultats Ă  ceux obtenus dans d’autres pays comme

le Canada oĂč les conceptions s’articulent autour de deux pĂŽles, un marchand et

un civique. Ils concluent alors que la Suisse propose une alternative avec le

triptyque monde industriel, civique et domestique. Ils expliquent ces différences

par le contexte particulier des réformes en Suisse, la nature du service public et

de la conception que s’en font les acteurs.

Pour finir, Emery et al., (2008) précisent la portée exploratoire des résultats

obtenus qui, quoiqu’ils ne puissent ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©s du fait de la faible taille de

l’échantillon, permettent tout de mĂȘme de poser une hypothĂšse qui appelle

d’autres Ă©tudes Ă  grande Ă©chelle. La rĂ©affirmation, d’une part, de la marginalisation

des acteurs opĂ©rationnels dans l’évaluation des politiques et des rĂ©formes

Page 110: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

96

rĂ©centes et, d’autre part, de la nĂ©cessitĂ© d’investiguer leur perception sur ces

rĂ©formes et ces politiques de l’administration publique viennent confirmer la

pertinence de notre problématique. Les pistes de recherches complémentaires

suggĂ©rĂ©es par les auteurs (Ă©tudes Ă  grande Ă©chelle, dans d’autres pays, etc.)

indiquent des pistes utiles quant à la méthodologie et à la recherche qui est

envisagée.

En Ă©ducation, les Ă©tudes qui portent sur les perceptions et les points de vue des

acteurs de premiÚre ligne sur la GAR et ses effets au Québec sont rares. Dans

une étude réalisée en Italie et portant sur les transformations apportées par

l’implantation des politiques nĂ©olibĂ©rales, Teresa (2012) prĂ©sente dans une

perspective historique les nombreuses Ă©volutions de la profession enseignante et

le rĂŽle de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts jouĂ© par les syndicats d’enseignants. Le texte

discute de nombreux enjeux des réformes réalisées dans la logique du nouveau

management public sur le statut et les conditions de travail des enseignants. En

effet, les enseignants italiens semblent ĂȘtre attachĂ©s Ă  la dĂ©mocratisation de

l’accĂšs Ă  l’éducation pour tous et se mobilisent dans ce sens. Il apparaĂźt Ă©galement

que les réformes du systÚme éducatif ont eu des conséquences positives pour les

gestionnaires opérationnels qui ont gagné en pouvoir (proviseur) alors que les

enseignants voient leurs conditions de travail se dégrader principalement avec

l’augmentation des contrats de travail Ă  durĂ©e dĂ©terminer, les baisses de salaires,

et les motivations financiĂšres discriminatoires pour certains d’entre eux, jugĂ©s plus

mĂ©ritants. Pour eux, la flexibilitĂ© dans l’organisation du travail est nĂ©cessaire et ils

trouvent pertinentes une plus importante différenciation des rÎles professionnels

des enseignants et la construction de hiérarchies liées aux nouvelles tùches.

(Teresa, 2012)

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Maroy (2005) s’intĂ©resse aux rĂ©sistances des

enseignants face aux rĂ©formes visant leur professionnalisation qui s’inspirent du

modÚle du praticien réflexif. Ces réformes visent à fournir aux enseignants des

mĂ©canismes d’adaptation aux mutations de l’école et de son environnement. Dans

un premier temps, il revient sur les constances et les évolutions du métier

Page 111: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

97

enseignant, ainsi que sur le sens que les enseignants donnent aux changements

et la façon dont ils les vivent. Les changements prescrits dans les pratiques des

enseignants seraient grandement déterminés par les modes de régulation des

systĂšmes d’éducation et se dĂ©velopperaient dans trois perspectives, Ă  savoir « le

" pilotage " du systĂšme, la conception de l’établissement et la professionnalitĂ© des

enseignants (Maroy, 2002) ».

À partir des modĂšles de professionnalitĂ© et des types identitaires de rĂ©fĂ©rence, le

texte traite des invariants de la profession enseignante. Les changements

implantés à travers les nombreuses politiques éducatives des derniÚres années

sont Ă©galement vus avec leurs consĂ©quences sur le mĂ©tier d’enseignant en termes

de charges de travail, de responsabilités et de valorisation de la profession

enseignante. Ainsi, « en Europe, au-delà de spécificités nationales, les

enseignants connaissent des évolutions significatives de leur métier et une

intensification de leur charge de travail qui tient à la complexification de l’exercice

de leur métier et à la diversification de leurs charges ». Les changements en

question touchent à des degrés différents les enseignants Maroy (2005).

Par ailleurs, les enseignants éprouvent le « sentiment que les priorités sont fixées

de l’extĂ©rieur » ce qui alimente une impression « de perte d’autonomie et

d’accomplissement personnel » Ă  leur niveau. NĂ©anmoins, certains enseignants

se seraient bien adaptés à ce nouveau contexte professionnel, soit aux évolutions

prescrites de leurs pratiques. Maroy (2005) précise également que « ces

Ă©volutions du travail sont imputables aux transformations du public scolaire de

l’école [
] Ă  la nature des rĂ©formes et des politiques Ă©ducatives. »

Les prescriptions ne seraient pas les seuls facteurs qui dĂ©terminent l’intensification

du travail des enseignants, dans la mesure oĂč ces derniers veulent rester fidĂšles

Ă  leur Ă©thos professionnel. Il dĂ©clare que « c’est parce que les enseignants

tiennent encore à prodiguer une attention au développement des élÚves, au-delà

de leur attention aux performances strictement scolaires et au-delĂ  des nouvelles

charges administratives qui leur incombent que la surcharge se fait sentir. Il y a lĂ 

Page 112: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

98

un mĂ©lange paradoxal de rĂ©sistances aux rĂ©formes et d’implication dans le

métier. »

Maroy (2005) évoque enfin un malaise chez les enseignants dû à la difficulté de

construire leur identité professionnelle en tenant compte du contexte nouveau

amené par les nombreuses réformes et leurs lots de prescriptions qui façonnent

un nouveau visage à l’institution scolaire et prescrivent de nouveaux rîles à ces

acteurs; ces rÎles étant fort différents de ceux jusque-là promus et fondant

l’idĂ©ologie professionnelle des enseignants. En dĂ©finitive le texte de Maroy montre

que la perception des enseignants européens sur les politiques éducatives et les

rĂ©formes qu’elles implantent est influencĂ©e par leur conception du rĂŽle de l’école

et du rĂŽle qu’ils doivent jouer dans le systĂšme Ă©ducatif.

Dans une autre Ă©tude portant sur la formulation des PL 124 et 88, Maroy et

al. (2013) discutent des perceptions des enseignants sur la GAR en Ă©ducation.

Les acteurs qui portent ce rĂ©cit remettent en cause la stratĂ©gie d’amĂ©lioration du

systÚme éducatif proposé par les PL 124 et 88 (planification stratégique et

contractualisation) et les enseignants proposent une « thĂ©orie de l’action »

différente, essentiellement orientée vers la promotion des valeurs centrales à

l’éducation comme bien public et vers la mobilisation des personnels Ă©ducatifs,

facteur clé de la réussite (Maroy et al., 2013). Les enseignants proposent cinq

actions principales :

La rĂ©affirmation de l’éducation comme prioritĂ© nationale;

Un meilleur contrĂŽle des moyens publics;

L’accent sur les moyens et le soutien au personnel de « premiĂšre ligne »;

La légitimation des instances de démocratie scolaire;

La crĂ©ation d’un ombudsman pour amĂ©liorer la transparence des CS.

Maroy et al. (2013) constatent que les enseignants adhÚrent à la visée de réussite

du plus grand nombre, mais pas aux stratégies et aux moyens mis en place par la

GAR : les enseignants anticipent un Ă©chec des politiques de GAR, car ils

Page 113: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

99

perçoivent le risque que les actions proposées par le gouvernement produisent un

effet contraire Ă  l’amĂ©lioration recherchĂ©e (Maroy et al., 2013).

3.4. L’évaluation des politiques Ă©ducatives

3.4.1. Les enjeux et les finalitĂ©s de l’évaluation des politiques Ă©ducatives

L’évaluation est omniprĂ©sente dans les nouvelles politiques publiques en gĂ©nĂ©ral

(Martuccelli, 2010; Neaves, 1998) et en Ă©ducation en particulier (Bradfoot, 2000;

Ozga, 2009; Wiseman, 2010). D’abord contrepartie de l’autonomie accordĂ©e aux

Ă©tablissements dans les annĂ©es 90, l’évaluation est devenue avec les politiques

d’accountability un outil de contrĂŽle des systĂšmes Ă©ducatifs (Martuccelli, 2010). En

fait, c’est l’évaluation qu’elle soit interne ou externe (Ozga, 2009) qui permet de

vĂ©rifier l’atteinte des rĂ©sultats. L’évaluation prĂ©sente alors un enjeu de contrĂŽle

dans la mesure oĂč celui qui dĂ©finit les indicateurs ou les objectifs Ă  atteindre

constitue le véritable détenteur du pouvoir (Bradfoot, 2000).

Au niveau des Ă©tablissements, l’enjeu de l’évaluation peut ĂȘtre la survie de l’école

comme dans les systĂšmes Ă  accountability forte dans lesquels la non-atteinte des

rĂ©sultats peut entraĂźner le congĂ©diement des personnels, la perte d’autonomie ou

la fermeture de l’école (Hannaway et Woodroffe, 2003). Au Royaume-Uni, la

crĂ©ation de l’Office for Standards in Education, Children's Services and Skills

(OFSTED) marque la volontĂ© d’utiliser l’évaluation comme outil de rĂ©gulation

(Ozga, 2009). En effet, le systĂšme de collecte de donnĂ©es sur lequel s’appuie

l’évaluation est caractĂ©ristique d’un modĂšle de gouvernement par les nombres

(Maroy et al., 2013; Ozga, 2009; Wiseman, 2010). Les indicateurs de

performances de l’OCDE visent à quantifier quatre grands objets : la production

de diplĂŽmĂ©s et l’impact de l’éducation; les ressources financiĂšres et humaines

consacrĂ©es Ă  l’éducation; la participation de la population aux Ă©tudes;

l’organisation des Ă©coles (Tavenas, 2003).

Au niveau international, l’évaluation prĂ©sente un grand enjeu dans la concurrence

internationale. En effet, pour attirer les investissements et les entreprises, les États

Page 114: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

100

doivent démontrer la qualité de leurs ressources humaines et la vitalité de leur

économie de la connaissance. Le développement des évaluations internationales

va dans ce sens et leurs résultats sont devenus des éléments essentiels de prise

de dĂ©cision. Aux États-Unis, le rapport A Nation At Risk affirmait le danger pour le

pays de perdre sa place de leader s’il n’arrivait pas Ă  rĂ©aliser des rĂ©sultats

comparables Ă  ceux des nations leaders dans ces Ă©valuations. Ce sera le point de

départ de vastes réformes dont la politique dénommée No Child Left Behind votée

en 2002. Ainsi, la « systĂ©matisation des enquĂȘtes internationales mesurant les

acquisitions des Ă©lĂšves a Ă©tĂ© identifiĂ©e par les États-Unis comme le moyen

privilĂ©giĂ© d’aide Ă  la dĂ©cision politique en Ă©ducation » (Malet, 2009, p. 99).

Pour Martuccelli (2010, p. 29), l’évaluation est devenue une philosophie de

gouvernement et de légitimation des organisations dans le monde contemporain.

L’évaluation comme philosophie de gouvernement serait « un darwinisme

concurrentiel sous stimulation ou surveillance étatique » soit un « étrange hybride

historique » entre « une conception du monde ayant fait de la compétition

marchande le principe central de la réalité sociale et [
] une promotion sui generis

de l’action Ă©tatique » (Martuccelli, 2010, p. 28). L’évaluation peut ĂȘtre analysĂ©e Ă 

travers ses trois finalités (Vollet et Hadjab, 2008, p. 20) :

La finalitĂ© cognitive ou la production de connaissances nouvelles : Il s’agit

d’estimer les effets d’une politique sur la sociĂ©tĂ© Ă  l’aide de donnĂ©es

primaires. NĂ©anmoins, il peut s’agir de donnĂ©es secondaires auxquelles les

utilisateurs n’avaient pas accùs.

La finalitĂ© normative ou la formation d’un jugement de valeur : l’évaluation

doit aider les responsables à porter un jugement sur les réussites et les

Ă©checs de l’intervention et proposer des arguments pour former ou modifier

les jugements portĂ©s sur l’intervention.

La finalitĂ© instrumentale ou l’influence sur la dĂ©cision publique : l’évaluation

doit contribuer Ă  l’amĂ©lioration des programmes en dĂ©bouchant notamment

sur la rĂ©orientation stratĂ©gique ou l’adaptation opĂ©rationnelle de

l’intervention publique.

Page 115: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

101

3.4.2. Les approches, les objets et les processus de l’évaluation

L’évaluation repose sur huit grands principes qui convergent vers l’affirmation

selon laquelle « sans Ă©valuation, il n’y a dĂ©sormais ni efficience ni progrĂšs »

(Martuccelli, 2010, p. 29). Il s’agit des principes suivants :

Tout est susceptible d’ĂȘtre mesurable et Ă  terme soumis Ă  Ă©valuation;

Tout le monde se doit d’ĂȘtre Ă©valuĂ© et mis en concurrence;

L’évaluation, dans la mesure oĂč elle s’appuie sur des rĂ©fĂ©rentiels communs,

une forte crédibilité et sur des critÚres techniques irréprochables, assure

une gestion plus transparente du pouvoir;

L’évaluation en tant que mode de gestion assure la meilleure utilisation

possible des ressources Ă©conomiques et humaines;

L’évaluation augmente l’efficacitĂ© puisqu’elle permet de faire Ă©merger, par

comparaison, les bonnes pratiques, ce qui permet par la suite de décliner

des recommandations plus ou moins universelles (grĂące Ă  la logique de

Benchmarking);

L’évaluation motive et implique, sans relĂąche, autant les organisations que

les individus, puisqu’ils visent Ă  s’amĂ©liorer de façon constante au vu de la

prochaine Ă©valuation;

L’évaluation, en rendant le pouvoir plus efficace et transparent, est un

puissant mécanisme de légitimation des organisations;

L’évaluation, en tirant, grĂące Ă  la rĂ©activitĂ© qu’elle assure, les

conséquences des limites des anciennes formes de rationalisation

organisationnelle, inaugure une nouvelle Ăšre dans la rationalisation de nos

sociétés.

Martuccelli (2010) affirme que « la philosophie de l’évaluation s’appuie sur une

sĂ©rie d’amalgames trĂšs discutables entre diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s » et suggĂšre une

distinction entre ce « qui relĂšve du fonctionnement effectif de l’évaluation et ce qui

revient en propre Ă  la formation d’une nouvelle imagerie de puissance ». Ainsi,

Page 116: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

102

Martuccelli (2010) apporte les critiques suivantes aux principes de l’évaluation

énoncés plus haut :

Toutes les pratiques ne sont pas Ă©galement mesurables : en effet, l’idĂ©e

que tout est évaluable ne prend pas suffisamment en compte la multiplicité

des Ă©lĂ©ments concernĂ©s par l’évaluation et elle est donc une illusion de la

rationalisation qui sous-entend abusivement que l’évaluation des activitĂ©s

et des personnes peut ĂȘtre une pure affaire technique.

L’évaluation n’est pas homologue (Ă©quitable) selon les acteurs : pour eux,

si tout est Ă©valuable, tout le monde doit ĂȘtre Ă©valuĂ© contrairement aux

pratiques dans les organisations oĂč l’évaluation s’inscrit dans une approche

hiĂ©rarchique oĂč le supĂ©rieur Ă©value les subalternes qui lui rendent compte

alors que lui peut Ă©chapper aux sanctions.

L’évaluation n’est pas de l’information, mais du pouvoir : en effet, « tout

indicateur est un choix politique par omission [qui] déplace la décision

politique dans le moment de la construction en amont des indicateurs, sans

forcément augmenter la transparence ».

L’évaluation a un coĂ»t : Alors que le marchĂ© opĂšre par une agrĂ©gation

anonyme de conduites, l’évaluation fonctionne aprĂšs expertise, exigeant

une allocation de temps spĂ©cifique – et donc un surcoĂ»t qui « excĂšde ses

avantages supposés ».

L’évaluation est un pouvoir performatif d’un nouveau genre : Le postulat

selon lequel « il est possible de repérer les « best practices » et de les

appliquer, avec des amĂ©nagements Ă  la marge, dans n’importe quel

contexte social » fait que les résultats des évaluations ne tenant pas compte

des contextes sociaux d’action, peuvent ĂȘtre lĂ©gitimement contestĂ©s par les

acteurs (Courpasson, Thoenig, 2008, p. 56-62). Les indicateurs se réifient

(Rope, Tanguy, 2000), mais finissent aussi par dĂ©terminer l’activitĂ©

devenant ainsi le but et non plus le moyen. Ainsi, les best practices

deviennent un enjeu de domination notamment dans les relations

internationales.

Page 117: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

103

L’évaluation n’est pas isomorphe entre les organisations et les individus :

l’évaluation serait aussi un moyen pour faire accepter les contraintes du

travail au salarié par la responsabilisation. Cette derniÚre amÚne le salarié

à considérer les inégalités de résultats comme des échecs personnels ce

qui fait de l’évaluation un jugement sur les personnes pouvant ĂȘtre

destructeur pour eux.

L’évaluation alimente un type particulier de crise de lĂ©gitimitĂ© : l’état

transforme le sens de la légitimité publique en marchandisant la citoyenneté

(Crouch, 2003, cité par Martuccelli, 2010) à travers les évaluations

permanentes de la qualité des services publics et en faisant des citoyens

des usagers de facto. Au niveau des acteurs, l’évaluation entraĂźne aussi

une crise de lĂ©gitimitĂ© dans la mesure oĂč l’évaluation qui est censĂ©e ĂȘtre

porteuse d’objectivitĂ© de transparence entraĂźne plutĂŽt des frustrations et

des sentiments d’injustices au niveau des travailleurs qui en arrivent mĂȘme

Ă  contester l’autoritĂ© de l’évaluateur.

L’évaluation est une croyance collective d’efficacitĂ© du fait de la sĂ©duction

multiforme qu’elle exerce : en effet, la croyance dans l’évaluation s’enracine

dans une expérience ordinaire impossible à démentir; « une aspiration

personnelle et concurrentielle à voir ses engagements reconnus » et le fait

que la croyance qui anime la philosophie de l’évaluation manifeste un

renouveau de la technocratie sont portés stratégiquement par un groupe

particulier d’acteurs.

Il existe plusieurs modĂšles d’évaluation et ce terme recouvre donc plusieurs sens

(Demeuse et Friant, 2012). Solaux (1999, p. 182) distingue trois approches

temporelles :

L’approche ex-ante « dresse le bilan de la situation sectorielle et permet

d’identifier le rĂ©fĂ©rentiel de la politique Ă  mettre en Ɠuvre en fondant les

décisions prises. »

L’approche par le suivi « permet de cerner les obstacles et/ou facteurs

facilitateurs de mise en Ɠuvre des dĂ©cisions. »

Page 118: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

104

Enfin, l’approche ex-post « a pour objet de mesurer l’efficacitĂ© des

décisions prises et celle de la conduite des opérations. »

L’objet Ă  Ă©valuer, l’objectif qui est assignĂ© Ă  cette Ă©valuation, le type d’informations

qu’il est possible de recueillir et l’utilisation qui en sera faite dĂ©terminent entre

autres l’approche Ă  adopter en Ă©valuation de programme (Demeuse et

Friant, 2012, p. 6). Cette Ă©valuation peut prendre la forme « d’évaluations

externes, d’évaluations internes et mĂȘme d’évaluations mixtes nĂ©gociĂ©es » et

impliquer diffĂ©rents acteurs dans la dĂ©finition de l’objet et des objectifs de

l’évaluation ainsi que lors de leur mise en Ɠuvre (Ibid., p. 7). Dans le cas des

politiques prioritaires, avec la volonté de reddition de comptes ou accountability,

l’évaluation peut Ă  la fois juger de l’efficacitĂ© ou non des actions et rechercher les

causes des performances observées (Blais, 2006). Demeuse et Friant (2012)

distinguent quatre grandes approches dans l’évaluation des politiques d’éducation

prioritaire en Europe, soit les approches expérimentales, quasi-expérimentales,

corrélationnelles et comparatives.

Dans l’approche expĂ©rimentale, il s’agit de mener une expĂ©rimentation formelle

avec devis comportant la mise en place et la comparaison de groupes

expérimentaux et contrÎle avec assignation aléatoire des élÚves pour évaluer

l’efficacitĂ© d’un programme. Dans l’approche quasi-expĂ©rimentale, moins

rigoureuse, les Ă©tudes ne permettent pas de manipuler (ou de contrĂŽler) les

diffĂ©rentes variables et d’attribuer les sujets; ces Ă©tudes sont exclusivement

menées de maniÚre rétrospective. Demeuse et Strauven (2006, p. 164) font

remarquer que « le manque de contrÎle et de prise d'informations fiables, plus que

l'exception, constitue véritablement la rÚgle dans le domaine des réformes

éducatives et curriculaires dans les pays européens de langue française ».

L’approche corrĂ©lationnelle ne permet pas d’évaluer l’efficacitĂ© d’un programme

dans la mesure oĂč le seul calcul des corrĂ©lations ne permet « pas de s’assurer

des facteurs qui influencent, au sens causal véritable, les résultats observés »

(Demeuse et Friant, 2012, p. 8). Enfin l’approche comparative « permet de mettre

Page 119: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

105

en perspective les spécificités et les aspects communs des politiques étudiées qui

ne peuvent apparaütre qu’en plaçant chaque systùme en regard des autres, aprùs

avoir dĂ©terminĂ© une grille commune d’analyse » (Ibid., p. 9). Cette approche

prĂ©sente l’avantage de comparer les politiques sur des faits en plus des idĂ©es, ce

qui requiert la disponibilitĂ© de donnĂ©es adĂ©quatement traitĂ©es. L’approche

comparative présente une faiblesse dans « la nature des liens entre variables et

la maniÚre de mettre ces liens en évidence » (Ibid., p. 10).

En plus des approches, il est « nécessaire de pouvoir formaliser les différentes

facettes de l’évaluation au moyen d’un modĂšle » (Demeuse et Friant, 2012). À ce

propos, Bouchard et Plante (2002) proposent une approche analytique de

l’évaluation de la « qualitĂ© » dĂ©clinĂ©e en neuf qualitĂ©s transversales : la

pertinence, la cohérence, l'à-propos, l'efficacité, la durabilité, l'efficience, la

synergie, l'impact et la flexibilité.

Le modĂšle europĂ©en d’évaluation de l’action publique [Common Assessment

Framework (CAF)] distingue quatre domaines d’évaluation, Ă  savoir les rĂ©sultats

bénéficiaires « concernant les clients ou les cibles directement visés par les

prestations de l’organisme public », les rĂ©sultats personnels des « agents publics

travaillant au sein de l’organisation analysĂ©e », les rĂ©sultats sociĂ©tĂ© « touchant

l’environnement direct, et dans une moindre mesure l’environnement indirect, de

l’organisation analysĂ©e » et les rĂ©sultats en lien avec les performances clĂ©s,

« c'est-Ă -dire avec la mission et les buts officiellement confiĂ©s Ă  l’organisation

analysée » (Emery, 2005, p. 5).

3.4.3. L’évaluation des politiques de GAR au QuĂ©bec

Au QuĂ©bec, les acteurs dĂ©noncent la prĂ©cipitation dans la mise en Ɠuvre et la

frustration qu’elle a entrainĂ©e chez les employĂ©s (Bourgault, 2004). En effet, les

plans n’étaient pas suffisamment engagĂ©s sur des « objectifs terrain » rĂ©alisables

par les structures opĂ©rationnelles (Ibid.). Pour Fortier, les objectifs n’étaient pas

formulĂ©s de maniĂšre opĂ©rationnelle et le « Manque d’indicateurs correspondants »

Page 120: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

106

était réel (Fortier, 2010). Ainsi, « malgré le discours sur la qualité des services aux

citoyens », les acteurs pensent que la primauté des impératifs budgétaires dans

la mise en Ɠuvre des changements a prĂ©valu (Ibid.). Les indicateurs sont

essentiellement quantitatifs et orientés vers les outputs, rendant ainsi complexe

l’évaluation des services publics immatĂ©riels comme l’éducation (Ibid.).

La mise en Ɠuvre de la GAR aurait aussi des effets non souhaitĂ©s que certains

auteurs qualifient de paradoxes (Bourgault, 2004; Emery, 2005; Fortier, 2010)

entre les objectifs poursuivis et les rĂ©sultats obtenus dans la mise en Ɠuvre

effective. Emery et Giauque (2005) font la synthĂšse de ces paradoxes en quatre

Ă©lĂ©ments. Concernant l’imputabilitĂ© des responsabilitĂ©s, la disponibilitĂ© des

« renseignements détaillés de gestion » favorise un phénomÚne de

« managérialisation » du politique et un phénomÚne de politisation des

gestionnaires alors mĂȘme que l’objectif Ă©tait de sĂ©parer ces deux sphĂšres de

responsabilité.

Le second paradoxe concerne le renforcement de la « dimension gestionnaire de

l’action publique » grĂące aux outils et aux processus, « d’importants progrĂšs

doivent encore ĂȘtre rĂ©alisĂ©s pour atteindre les objectifs initialement fixĂ©s, c’est-Ă -

dire orienter les autoritĂ©s politiques sur les Ă©lĂ©ments essentiels de l’action

publique » (Ritz, 2003, p. 487, cité par Emery et Giauque, 2005).

Le troisiĂšme paradoxe se rapporte Ă  l’autonomie des gestionnaires. Il rĂ©side dans

le fait que la GAR ne permet pas de fonder l’action des acteurs politiques sur la

distinction entre « stratégique » et « opérationnel » (Emery, 2005) : On observe

ainsi « une centralisation administrative au profit de certaines structures comme le

Conseil du trésor, appuyées par trois nouvelles agences centrales [Services

Québec : prestation centralisée des services (guichet unique et gouvernement en

ligne); Centre de services partagés : gestion centralisée des ressources humaines,

matérielles, financiÚres et informationnelles; Agences des partenariats public-

privĂ© : expertise dans la conception, l’évaluation et l’encadrement des projets de

Page 121: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

107

partenariats public-privé] qui empiéteront directement sur les activités stratégiques

et opérationnelles des ministÚres » (Fortier, 2010, p. 812).

Enfin, le quatriĂšme paradoxe renvoie Ă  l’émergence d’« un sentiment de

boutique » et « d’égoĂŻsme institutionnel » (Knoepfel, 2004, citĂ© par Emery et

Giauque, 2005). En effet, l’instauration des agences et des contrats de prestation

et la responsabilisation des gestionnaires sur leurs objectifs perpétuent et

renforcent le cloisonnement traditionnel observé dans la bureaucratie.

En dĂ©finitive, les acteurs pensent que « ce qui doit compter c’est la convivialitĂ© du

processus et la perception de son utilitĂ© ». Ainsi, « il y a lieu d’identifier avec les

institutions des réseaux les causes des carences, de partager des convictions, de

contractualiser la performance, de pratiquer le financement conditionnel et de

fournir toute l’assistance requise » (Bourgault, 2004, p.°118). Emery (2005, p. 7)

dĂ©clare que « les effets sont contrastĂ©s et ne peuvent en aucun cas ĂȘtre Ă©valuĂ©s

de maniĂšre totalement positive; aux yeux de certains critiques, ce sont mĂȘme les

effets nĂ©gatifs qui l’emporteraient. »

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, Caron et Giauque (2004, pp. 234 et 235) identifient

trois tensions organisationnelles générées par les réformes dans la GRH au

Canada.

La tension institutionnelle vient du fait que « les contraintes externes ont

constitué le moteur de la stratégie des mutations entreprises » alors que

« peu d’attention a Ă©tĂ© accordĂ©e aux contraintes internes, c’est-Ă -dire aux

besoins propres aux organisations publiques », le Gouvernement n’ayant

pas recherchĂ© l’équilibre entre les deux types de contraintes. Ainsi,

« l’adaptation des structures et du fonctionnement administratif aux rĂ©alitĂ©s

économiques du début des années 1990 est la stratégie choisie. »

La tension de gestion ou managériale est due à la priorité donnée par le

Gouvernement Ă  « l’optimalisation de l’organisation du travail et la

redéfinition des tùches dévolues aux différentes unités administratives »

Page 122: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

108

sans prendre en compte le point de vue des agents publics. La réforme a

ainsi été de type top-down.

La tension légitimationnelle vient de la suppression massive de postes de

travail qui « ont contribué à développer un sentiment de méfiance et de

colÚre au sein de la fonction publique canadienne. »

Caron et Giauque concluent que les réformes visant à implanter la GAR se sont

réalisées de maniÚres technocratiques et sans tenir compte a priori des

consĂ©quences sur les acteurs. Pour eux, la logique extrĂȘmement « comptable »

des rĂ©formes engagĂ©es, de mĂȘme que l’importance accordĂ©e aux contraintes

externes (budgétaires et financiÚres) dans la définition des stratégies des réformes

n’ont effectivement pas permis aux acteurs politiques d’apprĂ©hender l’importance

du facteur humain dans la réussite de ces changements. (Caron et Giauque, 2004,

p. 236).

MalgrĂ© la faible appropriation des changements notĂ©e dans l’implantation de la

GAR, certains acteurs sont optimistes et pensent que la satisfaction croĂźtra avec

la pratique (concept d’apprentissage continu d’Ulrich) ce qui facilitera l’effectivitĂ©

de la rĂ©forme (Bourgault, 2004). NĂ©anmoins, d’autres acteurs dĂ©plorent la baisse

de leur marge de manƓuvre au profit des Ă©conomies d’échelle. Fortier (2010,

pp. 817°et 818) constate la « mise Ă  l’écart des valeurs telles que l’équitĂ©, la

solidaritĂ©, l’impartialitĂ©, l’intĂ©gritĂ©, induite par les mĂ©canismes abstraits de

quantification et de monĂ©tarisation. » Il s’agit d’une transformation de la

gouvernance qui, depuis années°90, remplace le principe traditionnel et qualitatif

de bien-ĂȘtre public par les marchĂ©s et les normes quantitatives (Ibid.).

De son cÎté, Emery identifie des problématiques en lien avec les nouvelles

pratiques prescrites par la GAR. En effet, « l’interactivitĂ© entre diffĂ©rents domaines

de politiques publiques rend la “traçabilitĂ©â€ des rĂ©sultats problĂ©matique » et la mise

en place et l’alimentation de systùmes d’information lourds et porteurs d’une

bureaucratie nouvelle (Emery, 2005, p. 8). Dans le mĂȘme sens, Fortier (2010)

identifie la problĂ©matique de la capacitĂ© de l’état Ă  faire respecter ses lois du fait

Page 123: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

109

« de la rĂ©duction des effectifs et de la perte d’expertises internes ». L’enjeu est

d’autant plus important que dans le contexte oĂč l’État devient de plus en plus un

adjudicateur de contrats et que les tĂąches de reddition de comptes priment sur le

travail professionnel qualifiant, son attractivitĂ© en tant qu’employeur s’affaiblit et

cela soulÚve des questions quant à sa capacité de renouvellement (Fortier, 2010).

*

* *

Il apparaĂźt que l’évaluation des rĂ©formes visant l’implantation de la GAR a

gĂ©nĂ©ralement ignorĂ© le point de vue et les besoins d’appropriation des

changements des acteurs. La précipitation dans la mise en place des réformes, la

faible implication des professionnels des différents secteurs, et la sous-estimation

de l’ampleur des changements et des coĂ»ts humains qui leur sont associĂ©s ont

entraĂźnĂ© une faible appropriation de ces changements. Ainsi, mĂȘme si certains

acteurs ont reconnu la pertinence de l’approche de GAR, ils sont largement

majoritaires Ă  critiquer les modalitĂ©s de sa mise en Ɠuvre. D’autres acteurs

dĂ©noncent l’approche Ă©conomique largement privilĂ©giĂ©e aux dĂ©pens d’autres

aspects pourtant importants. Comme indiqué supra les paradoxes notés dans les

effets de la GAR montrent la nĂ©cessitĂ© de revoir certains aspects de l’implantation

de cette approche surtout dans des secteurs comme l’éducation et la santĂ©. La

section suivante présentera comment le cadre de gestion de la GAR se déploie

dans le systÚme éducatif québécois et quels sont les mécanismes auxquels il fait

appel.

L’implantation des politiques de gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats est porteuse de

nombreuses problĂ©matiques qui tournent autour de l’origine idĂ©ologique de la

performance, de l’implantation des rĂ©formes et du changement souhaitable ou

nĂ©cessaire et de l’évaluation reliĂ©s Ă  la gouvernance et Ă  la rĂ©gulation. Pour

chacune de ces problématiques, une perspective descriptive et critique a permis

de recenser les aspects jugĂ©s pertinents par rapport Ă  l’implantation des politiques

Ă©ducatives.

Page 124: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

110

La premiÚre partie de cette thÚse a dressé un portrait des théories, des approches

et des problĂ©matiques principales dans l’analyse des politiques Ă©ducatives. Ce

portrait a aidé à situer la présente recherche par rapport au domaine plus vaste de

l’analyse des politiques Ă©ducatives et d’identifier les Ă©lĂ©ments utiles Ă  la

conception et Ă  la mise en Ɠuvre de la recherche envisagĂ©e. Cette partie est

restĂ©e gĂ©nĂ©rale de ce point de vue. La partie suivante porte sur le cadre d’analyse

et la présentation des résultats.

Page 125: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

111

Deuxiùme partie. Le cadre d’analyse et la

présentation des données

Page 126: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

112

Chapitre 4. Le cadre conceptuel et

méthodologique

La deuxiĂšme partie de la thĂšse est plus contextualisĂ©e Ă  l’analyse de la mise en

Ɠuvre de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif du QuĂ©bec. Elle comporte trois

chapitres qui portent sur les Ă©lĂ©ments suivants : le modĂšle d’analyse et la

méthodologie, la présentation des résultats, ainsi que leur discussion.

Dans ce chapitre quatre le modÚle des « Trois I » de Palier et Surel (2005) et la

méthodologie sont présentés. La définition des concepts théoriques (GAR,

performance, acteur, opinion, perception) qui sont utilisés dans la recherche, la

pertinence et les limites des « Trois I » sont évoquées dans la premiÚre section.

Ensuite, la GAR en tant que politique est prĂ©sentĂ©e telle qu’elle se dĂ©ploie de

maniÚre opérationnelle dans le systÚme éducatif à travers ses principes,

processus, outils et conditions de rĂ©alisation dans sa mise en Ɠuvre.

Dans la mĂ©thodologie, l’approche adoptĂ©e, les stratĂ©gies de collecte et le cadre

d’analyse des donnĂ©es sont exposĂ©s. Chacune de ces trois sections donne les

précisions sur les stratégies et les ressources utilisées pour mener le sondage sur

les opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement

sur la GAR et ses effets. Mais également analyser et interpréter les données

collectées.

4.1. La description du modùle d’analyse

L’approche des « Trois I » de Palier et Surel (2005), a Ă©tĂ© choisie pour des raisons

pratiques. En effet, elle combine les trois néo-institutionnalismes dans un cadre

d’analyse tridimensionnelle qui permet de faire à la fois l’analyse cognitive,

stratégique et sociologique des perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement. Ceci rejoint l’objectif d’analyser l’implantation de la GAR sous

l’angle des opinions et des perceptions des acteurs opĂ©rationnels de

l’enseignement primaire et secondaire du QuĂ©bec.

Page 127: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

113

4.1.1. La définition des concepts

Les principaux concepts en lien avec la problématique, le cadre théorique et la

méthodologie sont présentés dans la présente section. Quelques définitions

d’auteurs qui aident Ă  Ă©lucider les concepts et Ă  montrer leurs liens avec la

problématique de la thÚse y sont évoquées. Respectivement, les sections

suivantes donnent une dĂ©finition de la performance, de l’acteur, de la gestion axĂ©e

sur les rĂ©sultats, de l’opinion et de la perception.

4.1.1.1. La performance

Le concept de performance n’aurait pas une dĂ©finition univoque. Pour Sanni

Yaya (2003), la notion est un « fourre-tout » dont les différentes définitions

donnĂ©es selon la discipline, l’école de pensĂ©e ou la perspective d’analyse sont Ă 

la base de nombreuses polémiques. Selon Maltais (2012), parler de performance,

c'est réfléchir tant sur les résultats ultimes que l'on cherche à produire que sur les

moyens appropriés pour y parvenir. La notion de performance organisationnelle

renvoie Ă  l’efficience (rapport entre les rĂ©sultats et les moyens pour les produire)

dans l’action de l’organisation. Cette dĂ©finition est inspirĂ©e de celle de l’OCDE, qui

assimile le concept de performance au : « rendement ou les résultats d'activités

effectuées dans le cadre d'objectifs poursuivis. Sa finalité est de multiplier les cas

dans lesquels les pouvoirs publics atteignent leurs objectifs » (OCDE, 2005,

p. 65).

Knoepfel et Varonne (1999) abordent la performance publique sous l’angle de sa

mesure, étant donné que les politiques publiques sont destinées à apporter des

solutions aux besoins des citoyens. Pour eux, la performance publique est évaluée

au niveau de la satisfaction des besoins sociaux reconnus et au niveau de la

gestion des prestations publiques (Knoepfel et Varonne, 1999). La mesure de la

performance publique permet aussi de donner une légitimité secondaire aux

politiques publiques, dans la mesure oĂč elle fournit une apprĂ©ciation de la capacitĂ©

des institutions (éducatives y compris) à produire à moindre coût des services

Page 128: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

114

publics d’une qualitĂ© toujours plus grande (Ibid.). Dans cette conception, la

performance renvoie Ă  la satisfaction des besoins sociaux et Ă  la gestion efficiente

de la production des services publics. Cette seconde visée de la mesure de la

performance publique s’intĂ©resse au rĂŽle de l’institution et de ces acteurs.

Pour Quash (2006), un compromis méthodologique permet de considérer la

performance comme un construit. Ainsi, le sens donné à la notion de performance

par les acteurs peut ĂȘtre dĂ©terminant sur les rĂ©sultats de l’institution. En effet, la

performance associĂ©e au rĂ©sultat semble ĂȘtre les fondements et l’essence mĂȘme

de la GAR.

Nous nous inscrivons dans les définitions de Quasch (2006) et de Knoepfel et

Varonne (1999) qui mettent en avant la place des acteurs dans la construction de

la performance et la production de services de qualité au moindre coût. Ainsi la

performance en éducation est pour les fins de la présente étude le niveau de

qualité des services éducatifs et le coût pour le produire que les enseignants et les

directeurs d’établissements jugent lĂ©gitime et rĂ©aliste de poursuivre. Dans cette

recherche, la question de la performance publique sera abordĂ©e Ă  partir de l’angle

de l’acteur qu’il soit gestionnaire ou enseignant.

4.1.1.2. L’acteur

Le concept d’acteur «°dĂ©signe celui qui agit en tant qu’acteur individuel ou acteur

collectif°» (Grossman, 2010). L’acteur Ă©volue avec les politiques publiques et doit

ĂȘtre capable d’actions stratĂ©giques ayant des rĂ©percussions significatives sur le

processus de politique publique. Ainsi, la notion d’acteur renvoie aux dimensions

de sa contribution au processus politique et de l’impact ou l’influence de cette

contribution sur le résultat (Ibid.).

Lemieux (2009) fait remarquer que de nombreuses définitions du concept insistent

sur les acteurs gouvernementaux (autorités publiques, autorités politiques et

administratives) et nĂ©gligent d’autres comme les administrĂ©s, les spĂ©cialistes, les

groupes d’intĂ©ressĂ©s, les adhĂ©rents des partis politiques qui participent pourtant Ă 

Page 129: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

115

l’action publique. Se faisant, c’est le point de vue des gestionnaires publiques qui

est adopté (Ibid.).

Pour Howlett et Ramesh (2003), « actors and institutions exist mutually defining

relationship » and « students of the policy sciences have developed the concept

of policy universe, thought of as a fundamental unit containing all possible

international, state and social actors and institutions directly or indirectly affecting

a specific policy area ». Cette dĂ©finition met l’accent sur les liens entre les acteurs

individuels et les acteurs institutionnels que l’on retrouve dans l’univers politique.

Nous nous inscrivons dans les définitions de Grossman (2010), Lemieux (2009) et

Howlett et Ramesh (2003). Pour nous, l’acteur est un individu (enseignants et

directions) qui rĂ©alise des tĂąches et participe Ă  l’action d’une institution

(établissements) qui fournit des services éducatifs. Ainsi, certaines responsabilités

comme les tñches de gestion ou d’enseignement incombent aux acteurs

individuels alors que d’autres actions qui nĂ©cessitent la collaboration relĂšvent de

la responsabilitĂ© de l’institution. Dans notre Ă©tude, nous nous intĂ©resserons

exclusivement aux acteurs individuels (enseignants et directions) qui participent Ă 

la mise en Ɠuvre opĂ©rationnelle de la GAR et qui ont une responsabilitĂ©, fut-elle

symbolique, dans les résultats du systÚme éducatif.

4.1.1.3. La gestion axée sur les résultats

Les définitions de la GAR sont nombreuses. Nous reprenons ici celles qui nous

semblent les plus rapprochĂ©es de l’objet de notre Ă©tude. D’un point de vue

historique, la gestion par les rĂ©sultats est l’une des nombreuses variantes issues

du management by objectives (MbO) dont l’origine remonte aux annĂ©es d’aprĂšs-

guerre, notamment dans le célÚbre ouvrage de Drucker (1954) ou encore dans

celui d’Osborne (1965). Dans le cadre des organisations publiques, le terme plus

frĂ©quemment utilisĂ© depuis une dizaine d’annĂ©es est celui de « performance »

(OCDE, 2005).

Page 130: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

116

Pour l’UNESCO, la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats est « une approche participative

mettant l’accent sur le travail d’équipe lors de la planification des programmes, et

est centrĂ©e sur la rĂ©alisation de rĂ©sultats et d’impacts dĂ©finis et mesurables »

(UNESCO, 2012). Cette dĂ©finition met l’accent sur l’implication des acteurs et sur

la collaboration et l’importance centrale des rĂ©sultats et de leur mesure. Elle serait

tournĂ©e vers « la mise en Ɠuvre des programmes et permet de renforcer

l’efficience, l’efficacitĂ© et la responsabilisation de la gestion » (Ibid.).

Shipps et White mettent l’accent sur le fait que l’objectif de performance fait suite

Ă  une demande qui peut ĂȘtre interne comme externe : « Accountability consists of

demands—from oneself or legitimate others— for a demonstration of performance

claims » (Shipps et White, 2009, p. 352).

Pour Ozga, l’« accountability » doit ĂȘtre responsable :

Intelligent accountability may be understood as a hybrid governing action, produced out of the necessity of providing an effective political response to teacher discontent, escalating costs, system capacity to deal with data flow and analysis; and the need to move the locus of responsibility from active central direction to self-government (Ozga, 2009, p. 155).

Collerette (2010, s.n.) résume la dimension de régulation de la GAR et sa

focalisation sur les résultats en déclarant que la gestion axée sur les résultats est

« fondée en grande partie sur la notion de régulation, elle consiste à diriger

l’attention des membres de l’organisation sur les rĂ©sultats recherchĂ©s et obtenus,

pour ensuite dĂ©terminer les pratiques qu’il faudrait corriger en vue d’amĂ©liorer ces

résultats. »

Dans la présente étude, nous adoptons cette définition de Collerette (2010) qui

met l’accent sur la focalisation sur les rĂ©sultats et le changement des pratiques

pour de meilleurs rĂ©sultats qu’apporte la GAR. En effet, le but de la rĂ©forme qui a

institué la GAR en éducation est la plus grande efficacité et efficience du systÚme

éducatif. DÚs lors, la GAR, vue comme une focalisation sur les résultats et leur

Page 131: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

117

amĂ©lioration, interpelle les enseignants et les directeurs d’établissements qui

seront interrogés dans cette recherche.

4.1.1.4. L’opinion

La notion d’opinion se dĂ©finit de diverses maniĂšres (Stoetzel, 1998, p. 588). Dans

le sens gĂ©nĂ©ral, l’opinion se dĂ©finit comme un savoir, une thĂ©orie, une valeur, un

jugement (Dictionnaire Legendre, 2005, p. 968). La paternité de la théorie de

l’opinion comme source de l’autoritĂ© politique est attribuĂ©e Ă  William

Temple (1671) (Stoetzel, 1998, p. 588). Le concept d’opinion publique est attribuĂ©

à Jean-Jacques Rousseau (1762), mais reste trÚs difficile à définir de maniÚre

satisfaisante ou Ă  dĂ©limiter (Stoetzel, 1998, pp. 588-589). L’opinion publique est

celle d’un groupe et renvoie Ă  « un ensemble de phĂ©nomĂšnes qui constitue un

champ d’investigation scientifique pour la psychologie sociale » (Stoetzel, 1998,

p. 588). L’opinion publique subit l’influence des stĂ©rĂ©otypes qui constituent « une

sĂ©rie de faits dont l’importance Ă©tait perçue sans qu’on ait pu les relier entre eux

de façon rigoureuse ni en saisir les implications » (Roze, 1998, p. 827).

Dans la prĂ©sente Ă©tude, l’opinion sera entendue comme le jugement et l’ensemble

des idées que les enseignants et les directeurs exprimeront individuellement et

collectivement par rapport Ă  la GAR en Ă©ducation. Les opinions des enseignants

et des gestionnaires investiguées seront relatives à la pertinence et à la légitimité

de la GAR ainsi qu’à son potentiel Ă  favoriser une plus grande rĂ©ussite des Ă©lĂšves

des Ă©tablissements scolaires.

4.1.1.5. La perception

La perception est une reprĂ©sentation intellectuelle d’objets (Le Petit Robert, 2009,

p. 1855) et renvoie Ă  l’activitĂ© ou au processus par lequel une personne acquiert

de l’information de son environnement (Legendre, 2005). La perception constitue

toujours un processus actif qui s’accomplit dans le cadre d’une culture

(Boudon, 1992, p. 542). Les préconceptions issues des représentations des

individus commandent le processus de la perception (Lipman, 1922, cité par

Page 132: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

118

Roze, 1998, p. 827). De nombreuses Ă©tudes (Emery et al., 2008) qui visent Ă 

identifier ou analyser des perceptions d’acteurs dĂ©finissent les opinions de

maniĂšre contextualisĂ©e Ă  leur domaine d’étude.

Dans la présente étude, la perception renvoie aux représentations que les

enseignants se font des effets induits par l’implantation de la GAR [plan de rĂ©ussite

(PR) et convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative (CGRÉ)] sur leurs

conditions de travail, sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s et sur l’efficacitĂ© de l’école

(Ă©tablissement et systĂšme Ă©ducatif).

4.1.2. L’approche des « Trois I »

Les travaux de recherche mobiliseraient les « Trois I » « alternativement ou

concurremment » dans l’analyse de la genĂšse, de l’élaboration et de la mise en

Ɠuvre des politiques publiques sans chercher à les articuler (Hall et Taylor, 1997;

Palier et Surel, 2005). Pourtant la combinaison des intĂ©rĂȘts, des idĂ©es et des

institutions, peut ĂȘtre pertinente (Maroy, et al,. 2013) dans l’analyse de l’action

publique. Pour Palier et Surel (2005) la volonté de combiner les trois dimensions

dans l’analyse est nĂ©e de l’insatisfaction notĂ©e dans l’utilisation sĂ©parĂ©e des

modĂšles concurrents. L’approche des « Trois I » se veut donc une rĂ©ponse aux

limites des analyses avec une seule entrĂ©e, Ă  savoir les idĂ©es, les intĂ©rĂȘts ou les

institutions. Palier et Surel voient dans les trois « entrées analytiques », « les trois

temps nĂ©cessaires d’une dĂ©marche qui vise Ă  analyser les politiques publiques de

maniÚre inductive, en tenant compte de la pluralité des variables en présence, et

qui permette de comprendre comment s’articulent et se combinent les

mĂ©canismes causaux Ă  l’origine des phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s » (Ibid., p. 9). En faveur

d’un dĂ©passement de la concurrence entre les trois nĂ©o-institutionnalismes

(historique, stratégique et sociologique), Palier et Surel (2005) proposent

d’articuler les trois dimensions de l’analyse dans un processus de la recherche en

trois Ă©tapes, soit :

1) Constituer/identifier une palette d’élĂ©ments utiles Ă  l’analyse;

Page 133: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

119

2) Formuler un faisceau d’hypothĂšses concurrentes ou complĂ©mentaires;

et

3) Hiérarchiser le poids des variables ou le retour des séquences.

Ces trois étapes permettent de réaliser respectivement les trois activités

suivantes :

1) DĂ©composer l’objet Ă©tudiĂ© en unitĂ©s constitutives basĂ©es sur les idĂ©es,

les intĂ©rĂȘts et les institutions;

2) Décomposer un réel complexe en dimensions (ou variables)

identifiables [
] pour le rendre compréhensible au moyen des

catĂ©gories d’analyse existantes, pour permettre ensuite d’effectuer la

comparaison avec d’autres phĂ©nomĂšnes similaires; et

3) Tester un certain nombre d’hypothĂšses fondĂ©es sur ces variables, telles

qu’elles ont Ă©tĂ© dĂ©jĂ  parfois formulĂ©es au sein de la littĂ©rature.

Les sous-sections suivantes présentent la façon dont les trois étapes préconisées

par Palier et Surel (2005) sont mis en Ɠuvre pour l’analyse des opinions et des

perceptions des enseignants et des directeurs d’établissements sur la GAR et ses

effets au Québec.

4.1.2.1. L’étape 1 : identification des variables pertinentes de l’analyse

L’objet de la prĂ©sente recherche est l’analyse des opinions et des perceptions des

enseignants et des directeurs d’établissement sur l’implantation de la GAR dans

le systÚme éducatif du Québec. Les dimensions observées dans les

reprĂ©sentations et vĂ©cus des enseignants et des directeurs portent d’une part, sur

la pertinence des moyens d’implantation de la GAR dans les Ă©tablissements

scolaires et d’autre part, sur les effets de l’implantation de la GAR sur leurs intĂ©rĂȘts

(travail), leurs institutions (fonction) et Ă  leurs idĂ©es (vision de l’école). Ces trois

dimensions sont traduites par Palier et Surel°(2005) dans les concepts de «°jeu

des intĂ©rĂȘts°», de «°poids des institutions°» et de «°dimension intellectuelle des

politiques publiques°».

Page 134: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

120

Dans le « jeu des intĂ©rĂȘts » des acteurs, les consĂ©quences socioprofessionnelles

engendrĂ©es par les changements instituĂ©s par l’implantation de la GAR sur le

travail des enseignants et des directeurs sont abordĂ©es. Il s’agit d’examiner les

effets des PR et des CGRÉ sur les 6 facteurs qui peuvent ĂȘtre influencĂ©s par les

réformes du NMP et qui permettent de mesurer la perception des enseignants sur

leur travail (Allodi et Fischbein, 2012, p. 380) :

1) Workload : charge de travail, car l’efficience cherche à optimiser les

ressources;

2) Control : contrîle du travail, car l’autonomie professionnelle peut baisser;

3) Reward and values : récompenses et valeurs, car le prestige social de la

profession enseignante n’est pas à son meilleur niveau;

4) Community and fairness : communauté et justice varient selon les écoles,

mais ne sont pas des conséquences directes des réformes issues du NMP.

Pour cette raison, ces deux dimensions ne sont pas retenues pour la

présente étude.

Ces Ă©lĂ©ments sont analysĂ©s en termes d’enjeux socioprofessionnels pour les

acteurs. Pour Palier et Surel (2005, p. 11), « il est ainsi nécessaire de repérer les

acteurs en prĂ©sence, leurs prĂ©fĂ©rences, leurs forces, leur capacitĂ© d’action et de

mobilisation, ainsi que leurs stratégies. »

Dans le « poids des institutions », la fonction que l’école confĂšre aux enseignants

et aux directeurs et les coĂ»ts d’adaptation aux changements qui en dĂ©coulent sont

abordĂ©s. Il s’agit de voir l’influence de la fonction des acteurs sur leur perception

et leur adaptation aux changements institutionnels (Strek et Thelen, 2005)

engendrĂ©s par l’implantation des PR et des CGRÉ. L’adaptation des acteurs aux

nouveaux rÎles et responsabilités que leur confÚre la GAR ainsi que le soutien qui

leur est fourni sont aussi regardés. Ces éléments sont analysés en vue de

comparer les coĂ»ts d’adaptation aux changements des acteurs (niveau d’efforts

nĂ©cessaires pour se conformer aux prescriptions de la GAR). L’objectif est « de

donner Ă  l’objet d’étude une profondeur historique nĂ©cessaire pour identifier

Page 135: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

121

quelles sont les ressources et les contraintes institutionnelles » (Palier et

Surel, 2005).

Dans « la dimension intellectuelle des politiques publiques », la représentation de

l’efficacitĂ© d’un Ă©tablissement que se font les acteurs est abordĂ©e. Les orientations

et les types d’enseignements idĂ©aux et effectifs de l’école perçus par les

enseignants et les directeurs d’établissement sont hiĂ©rarchisĂ©s. L’effet de la mise

en Ɠuvre des PR et des CGRÉ sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la

poursuite des finalitĂ©s (instruire, socialiser et qualifier) et l’importance donnĂ©e aux

facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves sont investiguĂ©s. Ces Ă©lĂ©ments

sont analysés dans le sens de voir dans quelle mesure les valeurs des acteurs

influencent leur reprĂ©sentation des effets (obstacle ou levier) des PR et des CGRÉ

sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements. Smyrl avance que « les idĂ©es ne sont plus

simplement des " sentiments partagés " dont les origines sont floues, comme dans

beaucoup de modĂšles sociologiques, mais bien des produits directs des luttes de

pouvoir et d’influence (Smyrl, 2002, p. 50).

Cette premiĂšre Ă©tape permet de « constituer une palette d’élĂ©ments utiles Ă 

l’analyse » en articulant les dimensions des « Trois I » Ă  l’objet de la recherche

(Palier et Surel, 2005) à savoir les représentations et le vécu professionnel des

enseignants et des directeurs par rapport à l’implantation de la GAR dans les

établissements du Québec.

4.1.2.2. L’étape 2 : formuler un faisceau d’hypothĂšses concurrentes ou

complémentaires

À partir des dimensions et variables identifiĂ©es dans la premiĂšre Ă©tape, des

hypothÚses sont formulées sur les « stratégies des acteurs », les « dynamiques

institutionnelles » et les « changements cognitifs ou normatifs en rapport avec les

changements des politiques publiques » (Palier et Surel, 2005). En effet,

« les Trois I ", reposent sur des courants de recherche existants, permettant de

mobiliser plusieurs hypothĂšses » pouvant ĂȘtre concurrentes ou complĂ©mentaires

Page 136: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

122

et permettant chacune de nourrir une interrogation particuliĂšre (Ibid.) sur les

perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement.

Pour analyser les « stratégies des acteurs », la TCR nous semble pertinente parce

qu’elle permettra de rechercher un lien entre les reprĂ©sentations des enseignants

et des directeurs de leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels puis de leurs opinions sur

la GAR. Le postulat du CCB semble pouvoir s’appliquer ici. Ainsi, il est fait

l’hypothùse que les opinions des enseignants et des directeurs sur la GAR en

éducation sont influencées par les effets perçus de la politique de GAR sur leurs

conditions de travail (charge et relations de travail, développement et autonomie

professionnels, pratiques d’évaluation du travail et prestige social de la

profession). Les liens entre les opinions sur la GAR et les enjeux

socioprofessionnels de son implantation sont recherchés.

Pour analyser les « dynamiques institutionnelles » l’idĂ©ologie professionnelle

(Lessard et al,. 2008) est utilisée. En effet, la fonction des acteurs peut influencer

la reprĂ©sentation qu’ils se font des changements gĂ©nĂ©rĂ©s par l’implantation de la

GAR sur leurs rÎles et responsabilités professionnelles. Ainsi, il est considéré que

les types de changements institutionnels (Streek et Thelen, 2005) différents vécus

par les enseignants et les directions, du fait de leur différence de fonction,

influencent leurs opinions sur la GAR, Ă  cause des coĂ»ts d’adaptation diffĂ©rents

qu’ils engendrent. Ces coĂ»ts d’adaptation sont les niveaux d’efforts nĂ©cessaires

aux acteurs pour se conformer aux prescriptions de la GAR. L’hypothĂšse vĂ©rifiĂ©e

est que les coĂ»ts d’adaptations aux changements institutionnels engendrĂ©s par la

GAR sont dĂ©terminĂ©s selon la fonction de l’acteur et influence les opinions des

enseignants et des directeurs sur la GAR.

Pour analyser les « changements cognitifs ou normatifs en rapport avec les

changements des politiques publiques », le référentiel de Muller (1995, 2000,

2005) sera utilisé. Dans la présente recherche, les opinions des enseignants et

des directeurs sur la pertinence de la GAR à favoriser la réussite des élÚves sont

potentiellement liĂ©es Ă  la vision de ces acteurs de l’école idĂ©ale (humaniste ou

Page 137: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

123

Ă©conomique). Il est fait l’hypothĂšse que les visions de l’école idĂ©ale (valeurs) des

enseignants et des directeurs influencent leurs représentations des effets du PR

et de la CGRÉ sur la performance des Ă©tablissements dans la poursuite des

finalités (instruire, socialiser et qualifier) et leur opinion sur la GAR.

4.1.2.3. L’étape 3 : hiĂ©rarchiser le poids des variables ou le retour des

séquences

La troisiĂšme et derniĂšre Ă©tape de l’approche des « Trois I » consistera Ă  la

« hiĂ©rarchisation des variables et la tentative d’explication causale » a posteriori.

Une fois les analyses stratégique, institutionnelle et cognitive menées, leur relation

avec les opinions sera analysée séparément. Les perceptions des enseignants et

des directeurs sur les effets de l’implantation de la GAR qui prĂ©sentent un lien

significatif avec les opinions sont considérées avoir un pouvoir explicatif

complémentaire. La force des liens significatifs entre les effets perçus sur les

conditions de travail, les rĂŽles et les responsabilitĂ©s et l’efficacitĂ© des

établissements et les opinions permettra de hiérarchiser le pouvoir explicatif des

variables. La figure 1 prĂ©sente le cadre d’analyse prĂ©sentĂ© ci-haut de maniĂšre

synthétique.

Page 138: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

124

Figure 1. Le cadre d’analyse des « Trois I » adaptĂ© de Palier et Surel (2005)

Étape 1 : Identifier une palette d’élĂ©ments

pour l’analyse

Thématiques de la collecte de données (questionnaire)

Pertinence des principes, des stratĂ©gies et des outils de la GAR Effets perçus de l’implantation de la GAR sur les conditions de travail Effets perçus de l’implantation de la GAR sur les rĂŽles et responsabilitĂ©s Effets perçus de l’implantation de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements DonnĂ©es socioprofessionnelles

Indicateurs

Opinions positives ou négatives du potentiel de la GAR face à la réussite des élÚves

Perceptions positives ou nĂ©gatives sur les effets de l’implantation du PR et de la CGRÉ sur les acteurs

Corrélation entre les opinions et les

perceptions

Concept général

ReprĂ©sentations et vĂ©cus des enseignants et des directeurs sur l’implantation de la GAR en Ă©ducation

Dimensions

Pertinence de la politique de GAR Effets de la mise en Ɠuvre de la GAR

Jeu des intĂ©rĂȘts Conditions de travail et rĂ©putation : Charge de travail, relations de travail, dĂ©veloppement et autonomie professionnelle, Ă©valuation et prestige du travail.

Autres avantages acquis ou voulus

Poids des institutions Nouvelles missions ou attentes dĂ©volues Ă  l’école; soutien accompagnement reçus; adaptations aux nouvelles attentes; maitrise des outils de la GAR.

Dimension intellectuelle des politiques publiques (PP) Vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans les missions (instruire, socialiser et qualifier); orientations idĂ©ales et effectives de l’éducation; facteurs d’accroissement de

la rĂ©ussite; types d’enseignement.

StratĂ©gies des acteurs ThĂ©orie des choix rationnels (Boudon, 2004) Lien entre les principes de la GAR et ces consĂ©quences socioprofessionnelles anticipĂ©es ou vĂ©cues. Les opinions des enseignants et des directeurs sur la GAR en Ă©ducation sont influencĂ©es par les effets perçus de la politique de GAR sur leurs conditions de travail (charge et relations de travail, dĂ©veloppement et autonomie professionnels, pratiques d’évaluation du

travail et prestige social de la profession).

Dynamiques institutionnelles ModĂšle du changement institutionnel de Streek et Thelen (2005) Types de changements institutionnels principaux perçus par les enseignants et les gestionnaires et leur traduction en coĂ»t d’adaptation. Les coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels engendrĂ©s par la GAR sont dĂ©terminĂ©s par la fonction de l’acteur et influence les opinions des enseignants et des directeurs sur la GAR.

Changements cognitifs et normatifs en rapport avec PP RĂ©fĂ©rentiel de Muller (1985, 2000) Orientations, valeurs et facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite et leur cohĂ©rence avec l’efficacitĂ© des Ă©tablissements. Les visions de l’école idĂ©ale (valeurs) des enseignants et des directeurs influencent leurs reprĂ©sentations des effets du PR et de la CGRÉ sur la performance des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s (instruire, socialiser et qualifier) et leurs opinions sur la GAR.

Étape 2 : Formuler un faisceau d’hypothùses concurrentes ou

complémentaires

Analyse des «°Trois I°» (Palier et Surel, 2005)

HypothĂšse 1 :

Les opinions de la GAR des enseignants et des directeurs d’établissement ont un lien avec les effets perçus de son implantation sur leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels (conditions de travail), leurs coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels (rĂŽles et responsabilitĂ©s) et l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement (vision de l’école).

HypothĂšse 2 :

Les divergences d’opinions de

la GAR et de perceptions des

effets de son implantation chez

les enseignants et les

directeurs s’expliquent par les

diffĂ©rences d’idĂ©ologie

professionnelle.

Étape 3 : HiĂ©rarchiser le poids

des variables

Page 139: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

125

4.1.3. La justification du choix des « Trois I »

Le modÚle des « Trois I » a été choisi pour deux raisons principales. Au niveau

théorique, le modÚle des « Trois I » permet « de croiser plusieurs approches

artificiellement sĂ©parĂ©es pour comprendre les dynamiques propres Ă  l’action

publique et [
] de tester des hypothÚses alternatives ou complémentaires sur un

mĂȘme objet » (Surel, 2010). L’analyse avec le modĂšle des « Trois I » permet

d’analyser les perceptions sous les angles idĂ©ologique, stratĂ©gique et sociologique

et d’identifier la ou les variables qui influencent les opinions des enseignants et

des directeurs sur la GAR. Cela est d’autant plus utile que les opinions et les

perceptions des acteurs ont Ă©tĂ© trĂšs peu investiguĂ©es jusque-lĂ . D’oĂč la pertinence

de ne négliger a priori aucune dimension. Toutefois, comme le prévoit la démarche

préconisée par Palier et Surel (2005), le poids des variables et leur portée

explicative seront définis a posteriori.

Au niveau empirique, l’approche des « Trois I » convient Ă  l’étude oĂč l’analyse

combinĂ©e des trois dimensions permettrait d’aller chercher une comprĂ©hension

plus fine des représentations et vécus des enseignants et des directeurs sur

l’implantation de la GAR. Cela pourrait aider Ă  amĂ©liorer le pilotage et l’efficacitĂ©

des établissements. Au Québec, le groupe de recherche « New age » a utilisé

cette approche dans le cadre de l’analyse de la trajectoire des politiques

d’accountability en Ă©ducation (Maroy et al., 2013). Aussi, ces trois dimensions

peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans un questionnaire qui servira Ă  la collecte des donnĂ©es.

4.1.4. Les limites du modÚle des « Trois I »

L’approche d’analyse des « Trois I » n’est pas trĂšs usitĂ©e mĂȘme si la pertinence

de combiner les trois types de variables est généralement reconnue (Surel, 2010).

Trois limites lui sont essentiellement attribuĂ©es. D’abord, l’approche n’induirait pas

« une position ou des propositions théoriques aussi fortes que celles qui sont

revendiquées notamment par le choix rationnel ou le constructivisme » (Ibid.,

pp. 650-651). Ensuite, l’origine du modùle est difficilement identifiable du fait de

Page 140: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

126

l’usage fort ancien de ces trois notions en sociologie (Ibid.). Enfin, il y a l’absence

d’une prĂ©sentation systĂ©matique du champ d’études (Surel, 2010). La section

suivante prĂ©sente le cadre opĂ©rationnel de l’étude.

4.2. L’opĂ©rationnalisation des concepts : le cadre opĂ©ratoire de la GAR

dans le systÚme éducatif du Québec

Dans le but d’analyser l’implantation de la GAR dans le systĂšme Ă©ducatif, il a fallu

décomposer le concept et le rattacher à des réalités signifiantes pour les

enseignants et les directions. La présente section montre comment la GAR est

implantée dans le systÚme éducatif et comment les aspects généraux de cette

politique qui s’appliquent Ă  l’administration publique dans sa totalitĂ© se traduisent

dans les établissements. Ces éléments servent à la construction du questionnaire

qui collecte les opinions et les perceptions des acteurs.

4.2.1. La GAR un cadre de gestion de l’action publique

Les réformes de la gestion publique dictées par le NMP vont aboutir à la mise en

place d’un cadre de gestion appelĂ© GAR. D’abord expĂ©rimentĂ©e au Royaume-Uni

et aux États-Unis, la GAR sera le cadre de gestion pour rĂ©former l’administration

publique dans l’optique de la rendre plus performante (Emery, 2005). La GAR sera

également un moyen pour faire face aux exigences de qualité des services publics

exprimĂ©es par la sociĂ©tĂ© civile et l’opinion publique (Hutmacher, 2005). Selon

Charbonneau (2012, p. 1), « pour plusieurs auteurs, l’évĂšnement qui consacra

l'émergence du nouveau management public est la réforme de l'administration

britannique entreprise dans la mouvance du néolibéralisme naissant, lors de

l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979. ».

4.2.2. Les principes de la GAR

De nombreuses structures ont défini des principes sur lesquels repose leur

approche de la GAR. Pour le Conseil du trĂ©sor du QuĂ©bec (2002), la GAR s’édifie

sur cinq principes, il s’agit de :

Page 141: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

127

1) La prise en considération dans les choix de gestion des attentes

exprimées par les citoyens, en fonction des ressources disponibles;

2) L’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus publics et

mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs;

3) Une plus grande flexibilité de gestion des ministÚres et organismes qui

se manifestent par l’adaptation et l’assouplissement des rùgles

administratives qui leur sont propres;

4) La reconnaissance du rĂŽle des sous-ministres et des dirigeants

d’organismes (responsabilisation) dans l’exercice des contrîles relatifs à

la gestion axée sur les résultats;

5) La reddition de comptes portant sur la performance dans l’atteinte des

rĂ©sultats et de l’utilisation optimale des ressources gouvernementales.

Martin et Jobin (2004), proposent une synthĂšse plus succincte des principes en

énonçant que :

La GAR implique la mesure des rĂ©sultats, l’intĂ©gration de l’information sur la performance au processus dĂ©cisionnel (politique et de gestion), l’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats pour l’amĂ©lioration continue qu’un gouvernement accepte sa responsabilitĂ© face Ă  ses rĂ©sultats et en rende compte Ă  ses citoyens en

faisant des rapports et que les résultats soient le point focal des activités (p. 305).

4.2.3. Le processus de la GAR

Martin et Jobin (2004) proposent un cycle de gestion générique de la GAR à partir

de l’analyse des modùles mis en Ɠuvre dans huit États (Australie, Royaume-Uni,

États-Unis, Nouvelle-ZĂ©lande, Canada, QuĂ©bec, Ontario et Alberta). Les Ă©lĂ©ments

communs de leur cycle de gestion de la performance sont la planification

stratĂ©gique, la planification opĂ©rationnelle, la mise en Ɠuvre des plans et

programmes, la mesure des rĂ©sultats, la reddition des comptes et l’analyse et

l’interprĂ©tation des rĂ©sultats (Martin et Jobin, 2004). Martin et Jobin prĂ©cisent que

« ces cadres de gestion s’intĂšgrent gĂ©nĂ©ralement aux autres enjeux de la gestion

des organisations comme la qualité du service à la clientÚle, la gestion des

Page 142: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

128

ressources humaines et des ressources financiÚres et la vérification » (Martin et

Jobin, 2004, p. 304).

4.2.4. Les outils de la GAR

La rĂ©alisation du processus de la GAR repose en grande partie sur l’utilisation

d’outils qui encadrent les relations et les actions des acteurs. Dans la foulĂ©e des

travaux menĂ©s dans le cadre de l’activitĂ© conjointe sur la gestion au service de

rĂ©sultats pour le dĂ©veloppement (OCDE, 2009), l’OCDE propose quatre

caractĂ©ristiques ou outils Ă  utiliser au service de la GAR. Il s’agit des objectifs et

stratĂ©gies partagĂ©s; d’une budgĂ©tisation axĂ©e sur les performances; d’une prise

de décision fondée sur des faits : prendre des décisions fondées sur des données

statistiques et prenant appui sur des systĂšmes de suivi des performances

(Wiseman, 2010); et de la reddition publique des comptes (OCDE, 2009).

Martin et Jobin (2004) évoquent les outils juridiques et réglementaires notamment

l’utilisation des lois et rùglements dans l’implantation de la GAR. Elles estiment

que « les cadres de la gestion axée sur les résultats des huit juridictions étudiées

sont principalement fondés soit dans des lois, ce qui constitue une approche de

jure, soit dans des rÚgles administratives, ou approche de facto » (Martin et

Jobin, 2004, pp. 306 et 307). Les deux auteures Ă©voquent Ă©galement l’utilisation

de l’évaluation prospective pour accroĂźtre la crĂ©dibilitĂ© des actions

gouvernementales dans ce domaine.

4.2.5. Les conditions de réalisation de la GAR

Quatre auteurs insistent sur l’importance de prendre en compte les facteurs qui

favoriseraient l’implantation rĂ©ussie des changements dans la gestion publique. Le

tableau 4 prĂ©sente ces facteurs par niveau d’application.

Page 143: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

129

Tableau 4. Les facteurs favorables Ă  l’implantation rĂ©ussie de la GAR

Niveau d’action Environnement Institution Acteurs

Mazouz (2008) Impératif

organisationnel

Impératif managérial

Impératif adaptatif

ImpĂ©ratif d’évaluation

Gow (1984) Les pressions

externes

Le catalyseur La volonté de

changement

Les appuis internes

Brassard (2012) Une approche de

développement

organisationnel et

professionnel

L’adhĂ©sion du

personnel

Un certain lien de

confiance entre les

acteurs du terrain et

l’autoritĂ© intermĂ©diaire

et centrale

La fixation des

objectifs Ă  partir de

l’établissement et des

besoins des Ă©lĂšves, et

donc avec le

personnel

Datnow et Stringfield (2000, p.184)

Les ressources et le

temps pour soutenir la

réforme soient

suffisants

La culture de l’école

change en mĂȘme

temps que sa structure

Les enseignants

soient acteurs du

processus de

changement

Un leadership efficace

soit présent

Mazouz (2008) met l’accent sur la dimension institutionnelle et Ă©voque les

impĂ©ratifs (organisationnel, managĂ©rial, adaptatif, d’évaluation) qui doivent ĂȘtre

pris en compte dans les nouveaux schémas et pratiques de gestion. Gow (1984)

insiste sur l’origine des facteurs Ă  mettre de l’avant dans une rĂ©forme et sur le rĂŽle

des acteurs dans la mise en Ɠuvre. Ainsi, il Ă©voque les contradictions ou les

tensions qui peuvent naßtre du fait que certains acteurs se réfÚrent à des facteurs

externes pour justifier la pertinence des rĂ©formes alors que d’autres utilisent les

facteurs internes pour justifier leur position. La volontĂ© de changement devrait ĂȘtre

diffusée et soutenue par un catalyseur et complétée par des pressions externes et

des appuis internes (Gow, 1984). Ces appuis internes sont fondamentaux pour

Brassard (2012) pour qui les quatre conditions pour l’implantation rĂ©ussie de la

Page 144: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

130

GAR concernent directement les personnels scolaires. En effet, l’adhĂ©sion des

acteurs, le lien de confiance entre les différents paliers hiérarchiques, la fixation

des objectifs au niveau opérationnel avec les acteurs, dont le développement

professionnel est pris en compte, sont indispensables pour que la GAR soit

implantée effectivement.

Datnow et Stringfield (2000, p. 184) identifient la participation des enseignants au

processus de changement, la disponibilité de ressources et de temps suffisants,

la prĂ©sence d’un leadership efficace et le changement simultanĂ© de la culture et

de la structure de l’école comme Ă©lĂ©ments indispensables pour l’amĂ©lioration des

rĂ©sultats dans les Ă©coles. C’est dire que les opinions et les perceptions des acteurs

scolaires sont des aspects particuliùrement importants dans l’implantation de la

GAR. Nous allons voir dans la section suivante comment s’arrime le cadre de

gestion gĂ©nĂ©ral de la GAR dans le domaine de l’éducation en particulier.

4.2.6. Le cadre de gestion de la GAR en Ă©ducation

Il sera question ici, de voir d'une maniÚre plus opérationnelle le déploiement de la

GAR dans le systÚme éducatif québécois, à savoir, les étapes qui constituent le

cycle de gestion de la GAR, les relations entre les différents acteurs institutionnels

dans ce cycle.

4.2.6.1. Le cycle de gestion de la GAR

Les six étapes communes du cycle de la GAR identifiées par Martin et Jobin ne se

retrouvent pas toujours formellement dans tous les pays (Martin et Jobin, 2004,

p. 304). Le modÚle adopté par le Québec comporte quatre étapes principales :

s’engager; rĂ©aliser; rendre compte; apprendre et s’adapter (Gouvernement du

Québec, 2002, cité par Jobin et Martin, 2004, p. 319). Le tableau 5 présente les

correspondances entre le modĂšle de Martin et Jobin (2004), celui du

Gouvernement du Québec et le systÚme éducatif.

Page 145: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

131

Tableau 5. Le déploiement du cycle de gestion de la GAR du gouvernement du Québec en éducation

Étapes Contenu Document support Acteur

S’engager Les rĂ©sultats stratĂ©giques Ă  atteindre; les

stratégies retenues; les mesures utilisées; les

cibles

DĂ©claration de service aux

citoyens; Plans stratégiques;

Projet Ă©ducatif

MELS;

Commissions

scolaires;

Établissements

Réaliser Traduction opérationnelle des objectifs par unité

administrative; Définition des stratégies de

rĂ©alisation; Construction d’indicateurs permettant

de piloter l’activitĂ© au quotidien.

Plan annuel de gestion et

programmes; Convention de

partenariat; Convention de

gestion et de réussite

Ă©ducative

MELS;

Commissions

scolaires;

Établissements

Rendre

compte

Rappeler les objectifs; Donner le niveau de

résultats selon les mesures choisies; Apprécier

ce niveau en fonction de la cible fixée, du

contexte et des autres facteurs pertinents.

Rapport annuel de gestion MELS;

Commissions

scolaires;

Établissements

Apprendre et

s’adapter

SpĂ©cifier le contexte et l’environnement dans

lesquels Ɠuvre l’organisation : facteurs

explicatifs des écarts entre les résultats de

plusieurs années ou entre des unités

semblables.

Rapport annuel de gestion MELS;

Commissions

scolaires;

Établissements

Sources : adapté de Martin et Jobin (2004), de Bourgault (2004) et Brassard°(2013).

Le tableau 5 montre que les quatre Ă©tapes du cycle de gestion de la GAR du

modÚle québécois se retrouvent dans le systÚme éducatif et présente pour chaque

étape les actions qui sont menées, les documents qui leur servent de support et

les acteurs impliqués. Le projet de loi 124 imposait déjà aux commissions scolaires

d’avoir un plan stratĂ©gique et aux Ă©coles d’avoir un plan de rĂ©ussite. Avec le PL 88,

la planification stratégique des CS et des écoles est arrimée à celle du MELS.

NĂ©anmoins, les institutions de ces paliers infĂ©rieurs gardent la possibilitĂ© d’ajouter

des priorités relatives à des enjeux locaux jugés importants.

La responsabilité de la réalisation incombe également aux institutions des trois

paliers. Ainsi, le MELS doit disposer d’un plan annuel de gestion. Il peut aussi

mettre en place des programmes pour prendre en charge des aspects particuliers.

Le PL 88 impose aux CS d’élaborer des conventions de partenariat avec le

MinistĂšre pour circonscrire leur contribution Ă  l’atteinte des objectifs fixĂ©s par le

Page 146: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

132

MinistĂšre et aux Ă©coles d’élaborer des conventions de gestion et de rĂ©ussite

éducative qui précisent les cibles et les moyens qui seront mobilisés pour mettre

en Ɠuvre les plans de rĂ©ussite. Ces diffĂ©rents documents de mise en Ɠuvre des

plans stratégiques doivent contenir des objectifs mesurables et des indicateurs qui

permettent de mesurer leur niveau de réalisation.

La reddition des comptes se fait de maniĂšre verticale et horizontale. Les Ă©coles

doivent rendre compte Ă  la CS et Ă  leur communautĂ© Ă©ducative (CÉ) de la mise

en Ɠuvre du plan de rĂ©ussite.

Enfin, l’apprentissage organisationnel et l’adaptation à l’environnement s’imposent

aux Ă©coles qui doivent fournir dans leur rapport annuel des explications sur les

rĂ©sultats obtenus et dĂ©gager des perspectives d’amĂ©lioration des services offerts

aux citoyens.

Il apparaßt ici que les écoles ont des responsabilités dans la réalisation des quatre

étapes du processus de la GAR. Lors des débats portant sur le PL 88, le répertoire

de solutions pour résoudre les problÚmes liés au double enjeu de réussite et de

démocratie scolaires

Est structurĂ© autour des notions clĂ©s de dĂ©centralisation, de gestion efficace, d’autonomie des Ă©tablissements, de redĂ©ploiement des ressources directement vers les Ă©coles pour les rendre plus performantes, et enfin d’imputabilitĂ©, non seulement envers le MinistĂšre, mais envers les parents qui en tant que contribuables ont des attentes envers les services Ă©ducatifs fournis (Maroy et al., 2013, p. 82).

Ainsi, les PL 124, 88 et 105 ont fourni le cadre et les outils de planification (plan

de rĂ©ussite) et de contractualisation (CGRÉ) qui formalisent cette responsabilitĂ©.

4.2.6.2. La cohĂ©rence, l’interdĂ©pendance hiĂ©rarchique et la collaboration

La mise en Ɠuvre du processus de la GAR se fait dans une relation

d’interdĂ©pendance et nĂ©cessite la cohĂ©rence des interventions menĂ©es par les

diffĂ©rents types d’acteurs (Lessard et al., 2009; Martin et Jobin, 2004). La

collaboration et la synergie engendrée sont des impératifs dans la poursuite de

Page 147: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

133

l’efficacitĂ© et de l’efficience dans le processus de la GAR (Lessard et al., 2009;

Martin et Jobin, 2004). Cette cohérence hiérarchique passe par une

compréhension partagée des enjeux et des mécanismes de la GAR ainsi que par

une reconnaissance de sa pertinence et une ouverture Ă  ses outils de mise en

Ɠuvre. Le processus d’appropriation et de transfert dans les pratiques nĂ©cessite

des ressources et un cadre de rĂ©alisation qui doivent ĂȘtre pris en compte dans

l’implantation de la politique (Carpentier, 2012; Muller, 2005). Turcotte et

Bastien (s.d.) avancent que,

Les changements structurels qui dĂ©coulent de la mise en Ɠuvre de la GAR dans les organisations et qui impliquent la crĂ©ation de nouveaux rĂŽles et fonctions s’accompagnent de l’émergence d’autres espaces " informatifs " visant des " changements de pratiques ". Ces espaces dĂ©limitent simultanĂ©ment de nouveaux cadres d’interaction pour envisager l’intervention. (p. 8)

L’enjeu de cohĂ©rence institutionnelle est une condition de l’efficacitĂ©

organisationnelle et de la collaboration pour la réussite scolaire et la qualité en

Ă©ducation. Maroy et al. affirment que :

Cet enjeu est en effet Ă©troitement associĂ© Ă  la qualitĂ© du systĂšme Ă©ducatif dans son ensemble et des services dispensĂ©s aux Ă©lĂšves oĂč chaque palier est amenĂ© Ă  jouer un rĂŽle essentiel. L’amĂ©lioration du systĂšme et l’efficacitĂ© organisationnelle passent nĂ©cessairement par la clarification du rĂŽle et des responsabilitĂ©s de chacun dans le sens de " partenariat, de collaboration, d'accompagnement, de soutien " (PLQ, PL88, Courchesne, AssemblĂ©e nationale) pour s’assurer que chacune des composantes du rĂ©seau trouve sa place. (Maroy et al., 2013, p. 76)

Dans la mĂȘme lancĂ©e, ces auteurs affirment qu’

Au-delĂ  de la dĂ©finition des missions des diffĂ©rents acteurs [
] l’alignement, la planification stratĂ©gique, et la contractualisation jouent ici un rĂŽle central dans l’articulation des paliers : ils doivent permettre d’instaurer une meilleure concertation entre les diffĂ©rents niveaux d’actions, de rĂ©tablir le " lien de confiance " entre les divers intervenants et de mobiliser les acteurs dans une " obligation de travailler ensemble ". (PQ, PL88, Malavoy, AN, citĂ© par Maroy et al., 2013, p. 76).

Ces derniers Ă©voquent Ă©galement un lien entre la lĂ©gitimitĂ© et l’efficacitĂ© des

structures et du systĂšme Ă©ducatif et le manque de coordination entre les paliers

hiérarchiques. Pour eux, le manque de coordination, de concertation des différents

« paliers du systÚme », les difficultés relatives aux modes de gestion du systÚme

Page 148: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

134

nuiraient Ă  la qualitĂ© d’ensemble du systĂšme d’éducation (Maroy et al., 2013).

Dans le mĂȘme sens, Paquin et Charih (1993, citĂ©s par Bourgault, 2004) citent les

conditions de réussite suivantes pour cette opération :

Il faut impliquer tous les niveaux hiĂ©rarchiques, compter sur une Ă©quipe de direction stable, adapter le processus au cas de chaque organisation, garder le processus simple, accepter de gĂ©rer les conflits inĂ©vitables, consulter, responsabiliser les gestionnaires et intĂ©grer l’opĂ©ration au processus de dĂ©cision central du ministĂšre (p. 111).

La cohĂ©rence hiĂ©rarchique apparaĂźt ici comme une condition de base Ă  l’efficacitĂ©

du systĂšme et Ă  l’atteinte des objectifs de qualitĂ©. MĂȘme les questions de

gouvernance pourraient trouver une partie de leurs solutions dans cette

coordination et collaboration entre les différents paliers (Ozga, 2009). Néanmoins,

il faut noter que la lĂ©gitimitĂ© des moyens de coordination fait moins l’unanimitĂ©.

Ainsi, pendant que les gouvernants voient la pertinence d’une planification

descendante pour donner corps à cette cohérence, les acteurs opérationnels tels

que les syndicats voient plutît la pertinence d’une planification ascendante, eu

Ă©gard au statut de professionnel et Ă  la position de premiĂšre ligne des enseignants

(Maroy et al., 2013). La lĂ©gitimitĂ© des moyens pour arriver Ă  l’efficacitĂ© reste non

résolue. La section suivante présente le cadre méthodologique de la recherche.

4.3. La méthodologie

La présente section précise le devis de recherche qui a été adopté pour mener

l’étude. L’approche mĂ©thodologique, les sujets et leur Ă©chantillonnage, les

stratĂ©gies et les outils de collecte et d’analyse des donnĂ©es sont ici prĂ©sentĂ©s.

4.3.1. L’approche mĂ©thodologique

La recherche est de type quantitatif descriptif, interprétatif et critique. La

méthodologie choisie pour mener cette recherche est de type quantitatif.

L’approche quantitative privilĂ©giĂ©e pour la collecte et l’analyse des donnĂ©es

permet de dégager les tendances dans les opinions et les perceptions des acteurs

sur la GAR et d’identifier les liens significatifs et leur force entre les variables des

Page 149: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

135

opinions et les variables des perceptions de la GAR. Les opinions et les

perceptions des enseignants et des directeurs sont recueillies à l’aide d’un

questionnaire traité statistiquement. Pour Lemieux (2009) le questionnaire est un

outil adapté pour recueillir des données auprÚs des acteurs qui participent à la

mise en Ɠuvre d’une politique, en plus de permettre de comparer la position des

acteurs opérationnels et des dirigeants.

Quelles sont les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation au regard de la réussite des élÚves des enseignants et des directeurs

d’établissement?

Page 150: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

136

Figure 2. Le schéma synthÚse de la méthodologie

Question spécifique 1 :

Quelles sont les opinions de

la GAR et les perceptions

des effets de son

implantation au regard de la

réussite des élÚves des enseignants et des directeurs

d’établissement?

Question spécifique 2 :

Quels sont les déterminants

des opinions de la GAR des

enseignants et des directeurs

d’établissement?

Question spécifique 3 :

Quelles sont les divergences et

les convergences dans les

opinions de la GAR et les

perceptions des effets de son

implantation entre les

enseignants et les directeurs

d’établissement?

Objectif spĂ©cifique 1 : DĂ©crire les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son implantation dans le systĂšme Ă©ducatif au regard de la rĂ©ussite du plus grand nombre d’élĂšves des enseignants et des directeurs d’établissement.

Objectif spécifique 2 :

Identifier les liens et leur force

entre les opinions de la GAR et

les perceptions des effets de son

implantation des enseignants et

des directeurs d’établissement.

Objectif spécifique 3 :

Comparer les opinions de la GAR

et les perceptions des effets de

son implantation des enseignants

et des directeurs d’établissement

et leurs liens.

ProblĂ©matique des reprĂ©sentations et vĂ©cu des enseignants et des directeurs sur l’implantation de la GAR dans leurs Ă©tablissements

Question générale :

Quels sont les opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement du QuĂ©bec sur l’implantation de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats

dans le systĂšme Ă©ducatif?

Objectif général :

Analyser les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son implantation dans le systĂšme Ă©ducatif du QuĂ©bec des enseignants et des directeurs d’établissement.

Opinions sur la GAR

Pertinence des principes

Pertinence des stratégies

Pertinence des outils

Perspectives Ă  donner Ă  la GAR

Perceptions des effets de la GAR

Conditions de travail

RÎles et responsabilités

Efficacité des établissements

Enseignants

Opinions de la GAR et perceptions sur ses effets

Liens significatifs et déterminants

Directions

Opinions et perceptions sur la GAR

Liens significatifs et déterminants

HypothĂšse 1 :

Les opinions de la GAR des enseignants et des directeurs d’établissement ont un lien avec les effets perçus de son implantation sur leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels (conditions de travail), leurs coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels (rĂŽles et responsabilitĂ©s) et l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement (vision de l’école).

HypothĂšse 2 :

Les divergences dans les opinions de GAR de perceptions des effets de son implantation des

enseignants et des directeurs s’expliquent par les diffĂ©rences d’idĂ©ologie professionnelle.

Variable dĂ©pendante : VD : Opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR en Ă©ducation Variables indĂ©pendantes : VI1 : Enjeux socioprofessionnels GAR VI2 : CoĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels VI3 : Vision des orientations et de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Variables témoins (socioprofessionnelles) :

Fonction; Niveau de connaissance de la GARE; ordre

d’enseignement; milieu socio-Ă©conomique desservi; expĂ©rience

professionnelle; ñge; statut d’emploi; sexe.

Questionnaire en ligne

Table de fréquence Khi deux de Pearson Phi Analyse de contenu

Page 151: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

137

4.3.2. La collecte des données

L’investigation s’est faite Ă  travers un sondage en ligne sur la GAR en Ă©ducation

au Québec.

4.3.2.1. La population cible

La population cible est constituée des enseignants et des directeurs des

établissements primaires et secondaires du Québec. La population des

enseignants étudiée compte 51 986 individus soit les permanents du primaire, du

secondaire (FGJ), de la formation générale des adultes et de la formation

professionnelle. La population des gestionnaires étudiée compte 2716 directeurs

d’établissement (Statistiques sur le systĂšme scolaire quĂ©bĂ©cois en 2010-2011, les

principales statistiques de l’éducation, Ă©dition 2012).

4.3.2.2. L’échantillonnage

Les participants Ă  l’étude ont Ă©tĂ© choisis dans les 38 commissions scolaires du

Québec dont les établissements rendaient accessibles les adresses courriel du

personnel enseignant et de direction. La base de données constituée par les

adresses courriel de 4740 individus a servi au recrutement des participants sur la

base du volontariat. L’annonce de recrutement contenant le lien pour participer au

sondage était envoyée aux cibles par courriel à partir de la base de sondage

Limesurvey. Les enseignants et les directeurs volontaires cliquaient sur le lien pour

accéder au questionnaire en ligne et le remplir. Les répondants avaient la

possibilitĂ© d’enregistrer des rĂ©ponses partielles et de revenir plus tard continuer.

4725 individus dont les adresses courriel étaient valides ont reçu une invitation.

Des 576 individus (soit 12,19 %) qui ont répondu au questionnaire, seuls 271

(5,73 %) l’ont totalement complĂ©tĂ©.

Le faible taux de rĂ©ponses complĂ©tĂ©es situĂ© Ă  5,73 % n’a pas permis d’atteindre

la taille de l’échantillon thĂ©orique visĂ©e. Avec le niveau de prĂ©cision visĂ© de l’ordre

de 95 % et la marge d’erreur de 5 % (Prety, 2003) l’échantillon thĂ©orique devait

comportait 381 enseignants (sur une population de 51 986) et 337 directeurs (sur

Page 152: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

138

une population de 2 716). L’échantillon enquĂȘtĂ© est composĂ© de deux strates, soit

224 enseignants (marge d’erreur de ±6,55 %) et 47 directeurs d’établissement

(marge d’erreur de ±14,29 %) (Combessie, 2007;

http://dimension.usherbrooke.ca/dimension/differentesmargeerreur.html consulté

le 31 mai 2017), est en deçà de l’échantillon thĂ©orique et n’est donc pas

reprĂ©sentatif de la population enquĂȘtĂ©e. Les nombreuses sollicitations adressĂ©es

de l’hiver 2015 à l’hiver 2016 aux commissions scolaires et aux organisations

professionnelles d’enseignants et de directeurs d’écoles ont Ă©tĂ© infructueuses. En

plus les ressources disponibles étaient limitées ce qui justifie que la recherche ait

Ă©tĂ© effectuĂ©e avec cet Ă©chantillon qui n’est pas idĂ©al, mais dĂ©passe le minimum

requis (30 individus) pour calculer des statistiques. Cela constitue une limite

importante de l’étude. En plus la mĂ©thode d’échantillonnage non probabiliste

utilisĂ©e ne permet pas d’évaluer les erreurs d’échantillonnage (Beaud, 2016) et les

motivations particuliĂšres des volontaires peuvent ĂȘtre source de biais dans la

mesure oĂč elles peuvent affecter la validitĂ© des donnĂ©es (DESTE. (s. d.). ConsultĂ©

le 17 mai 2017, à l’adresse http://ute.umh.ac.be/methodes/partie3.htm ).

NĂ©anmoins, l’étude Ă©tant exploratoire, la prioritĂ© rĂ©side dans la validitĂ© interne des

donnĂ©es et les rĂ©sultats ne peuvent ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©s Ă  la population gĂ©nĂ©rale

qu’avec la plus grande prĂ©caution. L’administration du questionnaire a Ă©tĂ© directe.

Le tableau 6 présente les caractéristiques détaillées des répondants.

Tableau 6. Les caractĂ©ristiques sociodĂ©mographiques de l’échantillon

CaractĂšres Sous-caractĂšres Enseignants Directions

N % N %

Sexe Homme 79 36,9 20 42,6

Femme 135 63,1 27 57,4

ND 10

Âge Moins de 30 ans 12 5,6 0 0

30 Ă  39 ans 59 27,6 5 10,6

40 Ă  49 ans 86 40,2 24 51,1

50Ă  59 ans 49 22,9 15 31,9

60 ans et plus 8 3,7 3 6,4

Page 153: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

139

ND 10

Niveau d’études BaccalaurĂ©at 147 70,7 6 12,8

DiplÎme ou certificat universitaire supérieur au baccalauréat et inférieur à la maßtrise

34 16,3 23 48,9

MaĂźtrise 27 13 18 38,3

ND 16

Expérience professionnelle (261)

Moyenne 16,00 10,16

Écart type 7,50 6,99

Minimum 1 0

Maximum 37 40

Milieu socioéconomique desservi

Défavorisé (indice 8 à 10) 66 30,8 21 44,7

Moyen (indice 5 Ă  7) 91 42,5 17 36,2

Favorisé (indice 1 à 4) 50 22,3 9 19,1

Ne sais pas 7 3,3

ND 10

Environnement Municipalité de 5 000 habitants et moins 20 9,3 16 34,0

Municipalité de 5 001 à 24 999 habitants 17 7,9 11 23,4

Municipalité de 25 000 à 99 999 habitants 34 15,8 5 10,6

Municipalité de 100 000 à 499 999 habitants 71 33,0 8 7,0

Municipalité de 500 000 habitants et plus 46 21,4 7 14,9

Ne sais pas 27 12,6

ND 9

Effectif des Ă©tablissements (256)

Moyenne 902,39 574,58

Écart type 637,29 389,19

Minimum 55 121

Maximum 3500 1525

Ordre d’enseignement

Primaire 71 32,6 19 43,2

Secondaire 147 67,4 25 56,8

ND 6 3

Statut d’emploi Permanents à temps plein 154 72,6 43 93,5

Permanent Ă  temps partiel 13 6,1 1 2,2

À contrat à temps plein 29 13,7 2 4,3

À contrat à temps partiel 16 7,5 0

ND 12 1

Page 154: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

140

4.3.2.3. Le plan et la construction de l’outil de collecte des donnĂ©es

La collecte des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissements a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  l’aide d’un questionnaire d’opinions, comportant

des questions fermées de type dichotomique ou de Likert et des questions

ouvertes courtes. Le questionnaire comportait trois parties. Dans la premiĂšre

partie, les questions portaient, d’une part, sur la pertinence des principes, des

stratĂ©gies et des outils de la GAR pour la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. D’autre part, sur les

perspectives à donner à la GAR et sur les commentaires généraux de sa

pertinence. Cette partie a permis de collecter les données relatives aux opinions

des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR qui constituent la

variable dépendante. La deuxiÚme partie portait sur les effets perçus de

l’implantation du PR et de la CGRÉ sur les conditions de travail, les rîles et

responsabilitĂ©s des rĂ©pondants et l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement. Cette partie a

permis de colliger les données relatives aux variables indépendantes qui sont

constituées par : les enjeux socioprofessionnels de la GAR (variable de

perception); les coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels (variable

d’opinion); et la vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements (variable de

connaissance). La troisiĂšme partie comprenait les questions relatives aux

caractéristiques socioprofessionnelles des cibles. Cette partie visait à recueillir les

donnĂ©es relatives aux variables socioprofessionnelles : la fonction; le genre; l’ñge;

l’ordre d’enseignement; l’expĂ©rience professionnelle; le milieu socioĂ©conomique

desservi, l’environnement de l’établissement et le statut d’emploi.

Le mĂȘme questionnaire utilisĂ© pour les enseignants et les directeurs

d’établissement a Ă©tĂ© administrĂ© Ă  l’aide de la base de sondage en ligne

Limesurvey. Les données colligées ont servi à identifier les tendances positives

ou négatives dans les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement sur l’implantation de la GAR en Ă©ducation et de les

comparer entre elles.

Page 155: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

141

Le questionnaire a été construit en cherchant à minimiser les biais qui pourraient

compromettre la validitĂ© et la fidĂ©litĂ© de l’outil. DiffĂ©rentes questions tirĂ©es de

questionnaires déjà utilisés dans des recherches similaires comme celle portant

sur l’idĂ©ologie professionnelle des enseignants et des gestionnaires canadiens

(Kamanzi, Riopel et Lessard, 2007) ont été reprises ou adaptées. La formulation

des questions respectait les critÚres de la clarté, de la fidélité et de la neutralité

(Gauthier et al., 1987). Pour minimiser les refus de répondre, le vouvoiement a été

utilisĂ©, l’attractivitĂ© des questions a Ă©galement Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e au maximum et il a

été fait recours au « contexte adoucissant ». La formulation des réponses des

questions fermées respectait les quatre critÚres suivants : les réponses possibles

apparaissaient dans la question; les catégories de réponses étaient exhaustives

et exclusives, incluant une option ne sais pas; et les catégories de réponses étaient

équilibrées (positif/négatif) pour assurer la neutralité. Le questionnaire est

disponible à l’annexe 3 (p. 241).

4.3.2.4. La validitĂ© de l’outil de collecte de donnĂ©es

Le questionnaire a fait l’objet d’une validation de contenu. Le prototype Ă©laborĂ© Ă 

partir du cadre thĂ©orique et des questionnaires utilisĂ©s dans l’analyse des

politiques Ă©ducatives a fait l’objet de plusieurs amĂ©liorations. Le comitĂ© qui a

travaillé à opérationnaliser les variables des questions de recherche était composé

d’un professeur en mesure et Ă©valuation, d’un professeur en administration et

planification de l’éducation, d’un professeur en administration scolaire et de trois

étudiants au doctorat en analyse des politiques publiques. Le comité a effectué 5

séances de travail, pendant lesquelles, les différents membres du comité

apportaient leurs observations et discutaient celles des autres. Les versions

successives ont ainsi fait l’objet d’amendements et de validations de novembre

2014 Ă  mai 2015.

Le questionnaire ainsi obtenu a Ă©tĂ© testĂ© auprĂšs d’un Ă©chantillon de la population

cible de 10 individus composé de 5 enseignants et de 5 directeurs. Ils devaient

Page 156: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

142

répondre au questionnaire et faire un commentaire sur sa clarté, la pertinence et

l’ordre des questions et rĂ©pondre aux questions suivantes :

Quelles sont les questions que vous recommanderiez de supprimer? Quelles sont

les questions qui n'ont pas été claires pour vous ou que vous n'avez pas

comprises? Quels sont les choix de réponses que vous suggéreriez de modifier,

de retrancher, ou d'ajouter? Quelles sont les questions dont vous recommanderiez

que l'emplacement soit changé? De maniÚre générale comment appréciez-vous

le questionnaire? Tout autre commentaire sur le questionnaire est le bienvenu.

Les réajustements nécessaires ont été effectués par la suite. Ainsi la validité et la

fiabilité du questionnaire ont été améliorées. Les réponses obtenues au mois de

juin et juillet 2015 ont fait l’objet d’une analyse dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s

au 3e colloque du CRIFPE en mai 2016.

La version finale du questionnaire, une fois approuvĂ©e par le comitĂ© d’éthique a

été saisie sur la base de sondage Limesurvey qui est la seule qui propose

l’hĂ©bergement des donnĂ©es au Canada. Le sondage s’est dĂ©roulĂ© dans la pĂ©riode

du 11 mai 2016 au 7 avril 2017. La durée moyenne pour compléter le questionnaire

Ă©tait d’une trentaine de minutes. Cinq rappels ont Ă©tĂ© envoyĂ©s aux cibles pour tenir

compte de la charge de travail élevée des répondants. Certains enseignants et

directeurs exprimaient leur intĂ©rĂȘt pour l’étude, mais Ă©voquaient un emploi du

temps trop chargé comme obstacle à leur participation. Ainsi les nombreux rappels

ont permis Ă  chaque fois d’aller chercher une vague de rĂ©pondants de plusieurs

dizaines d’individus. Les cibles avaient la possibilitĂ© de se dĂ©sinscrire de la base

de sondage en cliquant sur le lien prévu à cet effet disponible à cÎté du lien qui

donnait accùs au questionnaire dans le courriel de l’annonce de recrutement et

des rappels.

Page 157: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

143

4.3.2.5. L’éthique de la recherche

La participation Ă  l’enquĂȘte a Ă©tĂ© volontaire et tenue confidentielle. Les rĂšgles

d’éthique et de dĂ©ontologie de la recherche du CERUL ont Ă©tĂ© respectĂ©es dans

les diffĂ©rentes phases de la recherche. D’abord une autorisation de collecter les

donnĂ©es a Ă©tĂ© obtenue auprĂšs du ComitĂ© d’éthique. Ensuite les instruments

validés par ledit comité ont été utilisés pour le recrutement des participants, le

recueil de leur consentement Ă©clairĂ©, l’administration/passation du questionnaire,

la gestion et le traitement confidentiel des données.

L’annonce de recrutement comportait la prĂ©sentation du chercheur, le titre et

l’objectif de la recherche, les critùres d’inclusion, la participation attendue des

cibles, les coordonnées de la personne avec qui communiquer en cas de besoin

et le numĂ©ro d’approbation de la recherche par le ComitĂ© d’éthique.

Le consentement implicite et confidentiel pour la participation au questionnaire

comportait toutes les informations requises par le comitĂ© d’éthique. Les

renseignements sur le projet de recherche, la participation attendue des cibles, les

rĂšgles de confidentialitĂ©s appliquĂ©es, l’attestation du consentement, les

coordonnées de la personne de contact pour le projet et les coordonnées du

Bureau de l’Ombudsman pour les plaintes et les critiques figurĂ©es sur les

premiĂšres pages du questionnaire pour Ă©clairer le consentement des participants.

La participation et le retrait Ă©taient libres et sans condition pour tous les

participants. La confidentialité des données était assurée à travers les mesures

suivantes :

1) Durant la recherche :

Les noms des participants étaient remplacés par un code dans tout le

matériel et les données contenant des renseignements personnels;

Seul le chercheur a accĂšs Ă  la liste contenant les noms et les codes, elle-

mĂȘme conservĂ©e sĂ©parĂ©ment du matĂ©riel de la recherche et des donnĂ©es;

Page 158: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

144

Les données en format numérique sont, pour leur part, conservées dans

des fichiers encryptĂ©s dont l’accĂšs est protĂ©gĂ© par l’utilisation d’un mot de

passe et auquel seul le chercheur a accĂšs.

2) Lors de la diffusion des résultats :

Les noms des participants ne paraissent dans aucun rapport;

Les résultats sont présentés sous forme globale de sorte que les résultats

individuels des participants ne seront jamais communiqués;

Les résultats de la recherche seront publiés dans des revues scientifiques,

et aucun participant ne pourra y ĂȘtre identifiĂ©;

Un résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui

en feront la demande au chercheur dont les coordonnées sont fournies

dans le présent document.

3) À la fin de la recherche :

La liste des noms et des codes sera détruite afin que les données qui seront

utilisĂ©es dans le cadre d’autres recherches soient rendues anonymes sans

possibilitĂ© absolue d’identifier les participants les ayant fournies.

Page 159: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

145

Figure 3. Le plan gĂ©nĂ©ral de collecte et d’analyse des donnĂ©es

Comparaison entre enseignants et

directeurs d’établissements

Opinions et perceptions sur la GAR

Liens significatifs et déterminants

HypothĂšse 1 :

Les opinions de la GAR des enseignants et des directeurs d’établissement ont un lien avec les effets perçus de son implantation sur leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels (conditions de travail), leurs coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels (rĂŽles et responsabilitĂ©s) et l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement (vision de l’école).

Variable dĂ©pendante : VD : Opinions des enseignants et des directeurs d’établissements sur la GAR en Ă©ducation Variables indĂ©pendantes : VI1 : Enjeux socioprofessionnels GAR VI2 : CoĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels VI3 : Vision des orientations et de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Variables témoins (socioprofessionnelles) :

Fonction; Niveau de connaissance de la

GAR; ordre d’enseignement; milieu socio-

économique desservi; expérience

professionnelle; ñge; statut d’emploi; sexe.

Opinions sur la GAR

Pertinence des principes

Pertinence des stratégies

Pertinence des outils

Perspectives à donner à la GAR Effets perçus de la GAR sur

les conditions de travail

les rĂŽles des acteurs

les finalitĂ©s et l’efficacitĂ© de l’école

Questionnaire en ligne

Table de fréquence Khi deux de Pearson Phi Analyse de contenu

Traitements statistiques Regroupement en unité de sens

HypothĂšse 2 :

Les divergences dans les

opinions de GAR de

perceptions des effets de son

implantation des enseignants et

des directeurs s’expliquent par

les diffĂ©rences d’idĂ©ologie

professionnelle.

Liens entre opinions et perceptions

Perspectives Ă  donner Ă  la GAR

Enjeux socioprofessionnels

CoĂ»ts d’adaptation aux

changements institutionnels

Vision des orientations et de

l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Page 160: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

146

5.2.3. L’analyse des donnĂ©es

5.2.3.1. Le traitement et l’analyse statistique des donnĂ©es

Les donnĂ©es colligĂ©es ont fait l’objet d’un traitement statistique pour dĂ©gager des

tendances quant aux opinions et aux perceptions des acteurs scolaires sur

l’implantation de la GAR. Pour les questions Ă  choix multiples, les rĂ©ponses ont

été décomptées et dichotomisées en tendances positives ou négatives. Les choix

de réponses proposés représentaient les unités de numération. Pour chaque

option de réponse, une quantification a été réalisée. La rÚgle de comptage qui est

le pourcentage a permis de dégager des tendances de groupe pour les différentes

questions. Le logiciel de traitement des données quantitatives SPSS a été utilisé

pour dégager la table des fréquences des réponses aux questionnaires. Les tests

statistiques (Khi deux et Phi) ont permis de faire les corrélations entre les variables

dépendantes (opinions) et les variables indépendantes (perceptions) étudiées.

Une agrégation des réponses a permis de dégager une tendance positive ou

négative des opinions et des perceptions en partant des questions, puis aux

variables et enfin Ă  l’étude dans son ensemble. À chaque niveau ont Ă©tĂ© retenues

comme tendance l’opinion et la perception majoritaires.

Les analyses bivariées ont permis de rechercher les liens entre les opinions et les

perceptions de la GAR et de ses effets exprimées par les acteurs scolaires. Le test

statistique du Khi deux de Pearson a Ă©tĂ© utilisĂ© pour tester l’existence ou non de

liens entre les variables d’opinions et les variables de perceptions. Le test du Phi

a servi Ă  Ă©valuer la force des liens significatifs.

Les rĂ©ponses Ă  la question ouverte ont Ă©tĂ© regroupĂ©es et font l’objet d’une analyse

de contenu. Le regroupement des unités de sens a permis de synthétiser les

discours des acteurs scolaires. Les unités de sens obtenues étaient classées en

trois rubriques : les points forts, les points faibles et les changements Ă  apporter Ă 

la GAR. La grille de traitement des données qui a été utilisée est présentée à la

figure°4.

Page 161: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

147

Figure 4. Les grilles de traitement des données (test du Khi deux de Pearson et du Phi)

Variables Dimensions à corréler

Variables dépendantes

Opinions sur la GAR

Perspective Ă  donner Ă  la GAR

Pertinence des principes

Pertinence des stratégies

Pertinence des outils

Variables indépendantes 1

Enjeux socioprofessionnels de la mise en Ɠuvre de la

GAR

Effets sur la charge de travail

Effets sur autonomie professionnelle

Effets sur les relations de travail

Effet sur le développement professionnel

Effet sur les pratiques d’évaluation du travail

Effets sur le prestige de la profession

Variables indépendantes 2

CoĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels

engendrĂ©s par la mise en Ɠuvre de la GAR

Types de changements institutionnels perçus

Évolution des rĂŽles et des responsabilitĂ©s

Soutien et accompagnement reçu pour la mise en place

des PR et CGRÉ

Nouvelles attentes générées par la GAR au niveau des

CS et des parents

Adaptation aux nouvelles attentes

Variables indépendantes 3

Vision des orientations du systĂšme Ă©ducatif et des

facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite

EfficacitĂ© du PR et de la CGRÉ sur la poursuite des

finalitĂ©s de l’école

Variables sociodémographiques

Sexe

Âge

Fonction

Milieu socioéconomique desservi

Ordre d’enseignement

Statut d’emploi

Discipline principale enseignée

5.2.3.2. L’analyse et l’interprĂ©tation des donnĂ©es

Les donnĂ©es ont Ă©tĂ© analysĂ©es Ă  l’aide des thĂ©ories nĂ©o-institutionnalistes

prĂ©sentĂ©es dans le cadre thĂ©orique. L’analyse a abordĂ© la dimension cognitive,

stratégique et institutionnelle des perceptions des représentations et vécus des

acteurs des effets de l’implantation de la GAR. Dans les trois cas, les hypothùses

formulĂ©es a priori ont Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©es Ă  partir des donnĂ©es recueillies. L’analyse des

donnĂ©es a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  l’aide de la grille d’analyse Ă©laborĂ©e Ă  cet effet et

présentée à la figure 5.

Page 162: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

148

Figure 5. La grille d’analyse des donnĂ©es (identification des liens entre opinions et perceptions)

Variables Caractérisation dichotomique des variables

Recherche de corrélation (déterminants des opinions sur la GAR)

Variable dépendante

Opinions sur la GAR (Perspectives, Principes, Stratégies, Outils)

Positive

Test du (Khi deux de Pearson) entre les variables dĂ©pendantes (opinions) et les variables indĂ©pendantes (perceptions des effets de l’implantation de la GAR) : Est-ce que l’opinion (positive ou nĂ©gative) de la GAR est liĂ©e Ă  une perception (positive ou nĂ©gative) des effets de son implantation pris sĂ©parĂ©ment?

Test du Phi pour les liens significatifs : quelle est la force des liens entre les variables dĂ©pendantes (Opinions) et les variables indĂ©pendantes (perception des effets de l’implantation de la GAR)?

NĂ©gative

Variables indépendantes

IntĂ©rĂȘts socioprofessionnels (Effets sur le travail)

Positif

NĂ©gatif

CoĂ»ts d’adaptation aux changements (Effets sur les rĂŽles et responsabilitĂ©s)

CoĂ»ts d’adaptation au changement faibles

CoĂ»ts d’adaptation au changement Ă©levĂ©s

Vision de l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement (Effets sur la vision de l’école)

Effet levier sur la poursuite des finalités

Effet obstacle sur la poursuite des finalités

D’une part, l’analyse des statistiques descriptives a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sĂ©parĂ©ment pour

enseignants et les directeurs d’établissement, ensuite une synthĂšse gĂ©nĂ©rale a

Ă©tĂ© effectuĂ©e. À chacune de ces deux Ă©tapes, les opinions et les perceptions des

groupes en prĂ©sence Ă©taient comparĂ©es. D’autre part, l’analyse des rĂ©sultats du

Khi deux a servi Ă  identifier les liens entre les opinions et les perceptions des

acteurs. Et le Phi a été utilisé pour évaluer la force du lien et identifier les effets

perçus qui influencer le plus les opinions sur la GAR. Ces analyses bivariées ont

permis de hiérarchiser le pouvoir explicatif ou prédictif des trois types de variables

de perceptions des effets de l’implantation de la GAR.

Les donnĂ©es permettent d’analyser les reprĂ©sentations de la politique de GAR

dans le systĂšme Ă©ducatif quĂ©bĂ©cois Ă  travers les opinions et les perceptions qu’en

Page 163: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

149

ont les acteurs. En fonction des résultats de cette analyse, des pistes ou des

perspectives de recherches ont été proposées.

*

* *

Le chapitre quatre a délimité de maniÚre plus précise le devis de recherche adopté.

Le cadre d’analyse des « Trois I », les concepts principaux de l’étude, leur

opĂ©rationnalisation et la mĂ©thodologie de collecte ainsi que d’analyse des donnĂ©es

y sont présentés. En somme, notre étude utilise un sondage en ligne qui recueille,

d’une part, les opinions des enseignants et des directeurs sur la pertinence des

principes, des stratégies, des outils et des perspectives de la GAR pour la réussite

des Ă©lĂšves; D’autre part, les perceptions des enseignants et des directeurs des

effets des PR et des CGRÉ sur leurs conditions de travail, leurs rîles et

responsabilitĂ©s et l’efficacitĂ© de leurs Ă©tablissements. Les donnĂ©es sont traitĂ©es et

analysées statistiquement (Khi deux et Phi) avec le logiciel SPSS et les résultats

sont interprĂ©tĂ©s Ă  l’aide des thĂ©ories nĂ©o-institutionnelles.

Page 164: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

150

Chapitre 5. La prĂ©sentation et l’interprĂ©tation des

résultats

Le chapitre cinq porte sur les rĂ©sultats et leur interprĂ©tation. D’une part, les

opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissements

sont dĂ©crites et comparĂ©es. D’autre part, les liens significatifs entre les opinions et

les perceptions et leur force sont présentés en comparaison entre les deux

groupes. Une troisiĂšme section fait le point sur les hypothĂšses de recherche et

permet d’interprĂ©ter les rĂ©sultats au regard d’autres recherches en guise de

conclusion.

5.1. Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur

la GAR

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR

constituent les variables dĂ©pendantes de l’étude et sont prĂ©sentĂ©es sĂ©parĂ©ment Ă 

travers quatre dimensions : les principes, les stratégies, les outils de mise en

Ɠuvre et les perspectives. Pour chaque dimension les opinions sont

dichotomisées. Pour chaque item on demande aux personnes de se prononcer sur

la pertinence, selon elles de l'énoncé et les réponses sont classées en deux

groupes : pertinents et non-pertinents. Les réponses ne sais pas (NSP) sont

considérées comme non valides. Pour chaque groupe les scores sont présentés

en valeur absolue (N) et en valeur relative (%). Les données de chaque tableau

sont commentĂ©es dans le sens d’une comparaison des opinions des enseignants

avec celles des directeurs d’établissement.

5.1.1. Les opinions sur les principes de la GAR

Les enseignants pensent majoritairement que les principes de la GAR ne

permettent pas la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. Les directeurs d’établissement pensent le

contraire. Les opinions des enseignants et des directeurs d’écoles sur les principes

Page 165: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

151

de la GAR sont globalement divergentes. Leurs opinions divergent pour cinq

principes, alors qu’elles ne convergent que pour deux principes. Le tableau 7

présente la synthÚse des opinions recueillies.

Page 166: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

152

Tableau 7. La pertinence des principes de la GAR pour l’accroissement de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves

Principes

Enseignants Directions

Pertinents Non

pertinents

Valides3 Pertinent

s

Non

pertinents

Valides

N % N % N % N % N % N %

1.2.1 L’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis,

rendus publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs, permet d’accroĂźtre

la réussite des élÚves.

99 45,4 119 54,6 218 97,3 41 87,2 6 12,8 47 100

1.2.2 La prise en compte des attentes exprimées par les citoyens

permet de mieux gĂ©rer les fonds attribuĂ©s Ă  l’éducation. 77 35,5 140 64,5 217 96,8 24 52,2 22 47,8 46 97,8

1.2.3 Rendre les acteurs responsables des résultats scolaires

permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. 98 45,6 117 54,4 215 95,9 45 95,7 2 4,3 47 100

1.2.4 L’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats favorisant

l’amĂ©lioration continue des pratiques permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite

des Ă©lĂšves.

136 65,4 72 34,6 208 92,8 45 97,8 1 2,2 46 97,8

1.2.5 La définition de cibles de résultats plus élevées permet

d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. 82 38,1 133 61,9 215 95,9 41 89,1 5 10,9 46 97,8

1.2.6 La reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles

permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. 78 39,2 121 60,8 199 88,8 36 80,0 9 20,0 45 95,7

1.2.7 La reddition de comptes portant sur l’utilisation optimale des

ressources permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. 129 64,8 70 35,2 199 88,8 38 82,6 8 17,4 46 97,8

3 Dans cette colonne on retrouve le nombre total de rĂ©ponses valides (N) et la proportion (%) qu’elles reprĂ©sentent par rapport Ă  l’échantillon

total soit 224 pour les enseignants et 47 pour les directions.

Page 167: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

153

Le tableau 7 montre que les enseignants pensent dans leur majoritĂ© que l’essentiel

des principes de la GAR sont non-pertinents pour l’accroissement de la rĂ©ussite

des Ă©lĂšves. Les cinq principes [l’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs

prĂ©Ă©tablis, rendus publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs (54,6 %), la prise en

compte des attentes exprimées par les citoyens (64,5 %), la responsabilisation des

acteurs sur les résultats scolaires (54,4 %), la définition de cibles de résultats plus

Ă©levĂ©es (61,9 %) et la reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles

(60,8 %)] sont jugés non pertinents. Par contre, les enseignants trouvent les deux

autres principes [l’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats favorisant

l’amĂ©lioration continue des pratiques (65,4 %) et la reddition de comptes portant

sur l’utilisation optimale des ressources (64,8 %)] pertinents pour contribuer à

accroßtre la réussite des élÚves.

Contrairement aux enseignants, les directeurs d’établissement jugent que tous les

principes de la GAR [l’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus

publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs (87,2 %), la prise en compte des attentes

exprimées par les citoyens (52,2 %), la responsabilisation des acteurs sur les

rĂ©sultats scolaires (95,7 %), l’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats favorisant

l’amĂ©lioration continue des pratiques (97,8 %), la dĂ©finition de cibles de rĂ©sultats

plus Ă©levĂ©es (89,1 %) et la reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles

(80,0 %) et la reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles (82,6 %)] sont

pertinents pour accroßtre la réussite des élÚves.

Les opinions des enseignants et des directeurs sur la pertinence des principes de

la GAR pour permettre l’accroissement des rĂ©sultats scolaires sont

essentiellement contradictoires. La zone de convergence entre les enseignants et

les directeurs se situe au niveau des principes de l’utilisation de l’information sur

les rĂ©sultats pour favoriser l’amĂ©lioration continue des pratiques (respectivement

65,4 % et 97,8 %) et la reddition de comptes sur les ressources (respectivement

64,8 % et 82,6 %) jugés pertinents.

Page 168: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

154

Les fréquences dans les opinions dominantes sont plus élevées chez les

directeurs d’établissement (entre 52,2 % et 97,8 %) que chez les enseignants

(entre 54,4 % et 65,4 %).

5.1.2. Les opinions sur les outils de la GAR

Contrairement aux principes, les opinions des enseignants et des directeurs

d’établissement sur les outils d’implantation de la GAR dans les Ă©tablissements

sont convergentes autant pour le PR que pour la CGRÉ. Le tableau 8 prĂ©sente la

synthĂšse des opinions recueillies.

Tableau 8. La pertinence des outils de mise en Ɠuvre de la GAR dans les Ă©tablissements pour la rĂ©ussite du plus grand nombre

Outils

Enseignants Directions

Pertinents Non pertinents

Valides Pertinents Non pertinents

Valides

N % N % N % N % N % N %

1.3.1 Plan de réussite 152 71,0 62 29,0 214 95,5 44 95,7 2 4,3 46 97,8

1.3.2 Convention de gestion et de réussite éducative

117 56,5 90 43,5 207 92,4 35 76,1 11 23,9 46 97,8

Le tableau 8 montre d’une part, que les enseignants (71,0 %) et les directeurs

d’établissement (95,7 %) interrogĂ©s reconnaissent la pertinence du PR et d’autre

part, que 56,5 % des enseignants et 76,1 % des directeurs d’établissement

reconnaissent cette pertinence pour la CGRÉ.

On note que les acteurs sont plus nombreux Ă  approuver le PR dont les scores

sont beaucoup plus Ă©levĂ©s que pour la CGRÉ. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, les

enseignants moins nombreux (71,0 % et 56,5 %) que les directeurs

d’établissement (95,7 % et 76,1 %) Ă  approuver ces deux outils.

Page 169: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

155

Il ressort donc que les enseignants et les directeurs d’établissement pensent dans

leur grande majoritĂ© que le PR et la CGRÉ sont pertinents pour permettre

l’accroissement de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

5.1.3. Les opinions sur les stratĂ©gies d’implantation de la GAR

Comme en ce qui a trait aux principes, les opinions des enseignants et des

directeurs d’établissement de la pertinence des stratĂ©gies d’implantation de la

GAR dans les Ă©tablissements sont majoritairement divergentes. Leurs opinions

sont contraires pour les stratĂ©gies de contractualisation et d’alignement

stratégique et convergentes pour la stratégie de planification stratégique. Le

tableau 9 présente la synthÚse des opinions recueillies.

Tableau 9. La pertinence des stratĂ©gies de mise en Ɠuvre de la GAR dans les Ă©tablissements pour la rĂ©ussite du plus grand nombre

Stratégies

Enseignants Directions

Pertinents Non pertinents

Valides Pertinents Non pertinents

Valides

N % N % N % N % N % N %

1.3.3 Planification stratégique et opérationnelle

135 63,4 78 36,6 213 95,0 46 97,9 1 2,1 47 100

1.3.4 Contractualisation 95 45,5 114 54,5 209 93,3 35 74,5 12 25,5 47 100

1.3.5 Alignement stratégique

76 36,4 133 63,6 209 93,3 34 72,3 13 27,7 47 100

Le tableau 9 montre que la majorité des enseignants trouvent la contractualisation

(54,5 %) et l’alignement stratĂ©gique (63,6 %) non pertinents. Par contre, les

directeurs d’établissement trouvent Ă  leur grande majoritĂ© ces deux stratĂ©gies

pertinentes (respectivement 74,5 % et 72,3 %). Par ailleurs, les opinions des deux

groupes sont convergentes pour la planification stratégique qui est jugée

pertinente par les enseignants (63,4 %) et les directeurs d’établissement (97,9 %).

On note également que les fréquences dans les opinions dominantes sont plus

Ă©levĂ©es chez les directeurs d’établissement (97,9 %; 74,5 % et 72,3 %) que chez

Page 170: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

156

les enseignants (63,4 %; 54,5 % et 63,6 %). Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, la

planification stratĂ©gique est la stratĂ©gie qui remporte le plus d’adhĂ©sion, aussi bien

chez les enseignants (63,4 %) que les directeurs d’établissement (97,9 %).

L’alignement stratĂ©gique est la stratĂ©gie qui remporte le moins d’adhĂ©sion des

acteurs autant chez les enseignants (36,4 %) que les directeurs d’établissement

(72,3 %). La zone de convergence entre les deux groupes se situe au niveau de

la planification stratégique.

5.1.4. Les opinions sur les perspectives Ă  donner Ă  la GAR

Les répondants ont également livré leurs opinions sur les perspectives à donner à

la GAR en éducation. Comme constaté précédemment pour les principes et les

stratĂ©gies, les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sont

divergentes. La majoritĂ© des enseignants pensent que la GAR devrait ĂȘtre soit

abolie soit subir des ajustements majeurs pour ĂȘtre maintenue alors que les

directeurs d’établissement pensent que la GAR devrait ĂȘtre maintenue soit telle

qu’elle soit avec des ajustements mineurs. Le tableau 10 prĂ©sente la synthĂšse des

opinions recueillies.

Tableau 10. Les perspectives Ă  donner Ă  la GAR en Ă©ducation selon les acteurs de l’établissement

Perspectives

Enseignants Directions

Positives NĂ©gatives Valides Positives NĂ©gatives Valides

N % N % N % N % N % N %

4.18 Perspectives Ă  donner Ă  la GAR

41 22,9

0 138

77,09

179 79,9

1 30

69,76

13 30,2

3 43

91,49

Le tableau 10 montre que les enseignants (77,09 %) ont une opinion négative des

perspectives de la GAR qui devraient selon eux soit disparaitre, soit connaitre des

changements fondamentaux. Par contre les directeurs d’établissement (69,76 %)

pensent que la GAR devrait ĂȘtre maintenue telle quelle dans le systĂšme Ă©ducatif

ou avec des ajustements mineurs. Par ailleurs, les enseignants (37,43 %) sont

Page 171: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

157

plus nombreux que les directeurs d’établissement (6,97 %) Ă  penser que la GAR

devrait ĂȘtre abolie.

Il ressort que les enseignants et les directeurs d’établissement ont des opinions

majoritairement divergentes pour les perspectives Ă  donner Ă  la GAR dans le

systĂšme Ă©ducatif. Leurs divergences se situent dans l’ampleur de la pertinence de

la GAR et des ajustements à lui apporter en conséquence. Leurs divergences se

situent Ă©galement dans la proportion largement plus importante des enseignants

qui, contrairement aux directeurs d’établissement, pensent que l’abolition serait la

meilleure solution. Par ailleurs, autant les enseignants que les directeurs sont

nombreux à envisager que des ajustements soient apportés à la GAR.

Dans mĂȘme ordre d’idĂ©es, les commentaires libres sur la pertinence et l’efficacitĂ©

de la GAR en Ă©ducation ont fait l’objet d’une analyse de contenu thĂ©matique. Il en

ressort que les commentaires sur la GAR portent essentiellement sur les points

faibles et les changements Ă  apporter Ă  la politique. Les commentaires relatifs Ă 

ses avantages sont rares. Le tableau 11 présente un résumé des commentaires.

Les éléments du tableau sont illustrés par la suite par des citations issues du

discours des répondants.

Page 172: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

158

Tableau 11. Les commentaires sur la pertinence et l’efficacitĂ© de la GAR en Ă©ducation

19 Commentaires

Enseignants Directions

Points forts La noblesse de l’objectif poursuivie par

la GAR L’efficacitĂ© relative de la GAR

Points faibles

Les biais dans l’évaluation (concept de rĂ©ussite biaisĂ©)

La fraude et la manipulation des résultats

L’abaissement des exigences et le nivellement par le bas

L’inadaptation de la GAR pour les humains et l’éducation

L’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre Top-down

L’injustice du principe de la responsabilisation des enseignants sur les rĂ©sultats des Ă©lĂšves

Les pressions que la GAR avec ses obligations et principes exerce sur les acteurs scolaires

La bureaucratisation inefficace entrainée par la GAR qui accapare les ressources

L’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre Top-down

La fraude et la manipulation des résultats

Changements Ă  apporter

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant sur les diagnostics des enseignants

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles

La réduction de la taille des classes

L’amĂ©lioration du travail de l’enseignant par la formation et l’utilisation des mĂ©thodes pĂ©dagogiques plus efficaces

La reconsidĂ©ration de la place des parents dans l’éducation de leurs enfants

Le changement de la place et du sens donnĂ©s Ă  l’évaluation

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs

La limitation des conséquences négatives de la GAR

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant sur les diagnostics des enseignants

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs

L’amĂ©lioration de la mise en Ɠuvre de la GAR

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles

La reconsidĂ©ration de la place des parents dans l’éducation de leurs enfants

Les commentaires des rĂ©pondants au regard de la pertinence et de l’efficacitĂ© de

la GAR en éducation qui sont reportés dans le tableau 11 sont classés en trois

dimensions : les points forts, les points faibles et les changements Ă  apporter. Les

points forts listés sont trÚs peu nombreux et se résument en trois éléments. Pour

Page 173: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

159

les enseignants il s’agit de la noblesse de l’objectif poursuivi par la GAR «°La

réussite du plus grand nombre est un bel objectif°» (RENS-3604) alors que pour

les directeurs d’établissement, il s’agit de l’efficacitĂ© de la GAR pour le court terme

et le diagnostic du milieu dans la définition des priorités («°Elle permet d'avoir une

image réelle de notre milieu. Cela évite de porter des jugements axés sur ce qui

semble ĂȘtre. Nous pouvons rĂ©ellement cibler les prioritĂ©s! ») (RDE-1355). Les

points forts identifiés par les enseignants sont différents de ceux identifiés par les

directeurs d’établissement.

Les points faibles évoqués par les acteurs scolaires sont les plus nombreux et

portent sur les Ă©lĂ©ments suivants : l’évaluation avec ses biais et ses effets pervers,

l’inadĂ©quation de la GAR avec l’éducation qui travaille avec des ĂȘtres humains,

l’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre top-down et la bureaucratie

accaparant les ressources et les conséquences négatives de la politique sur les

acteurs. Les citations présentées ci-dessous illustrent ces éléments.

Les enseignants Ă©voquent les points suivants :

l’évaluation et ses biais et effets pervers :

« Il me semble évident qu'on est en mesure d'augmenter ces résultats chiffrés sans pour

autant que les élÚves "réussissent" réellement mieux, c'est-à-dire sans qu'ils aient

nécessairement plus de connaissances ou qu'ils soient plus compétents. En effet, une forte

pression du milieu (MinistĂšre, commission scolaire, direction d'Ă©tablissement, conseillers

pédagogiques, etc.) sur les enseignants peut amener de meilleures notes chez les élÚves,

mais pas pour les bonnes raisons: abaissement des exigences, remédiation et reprises

d'évaluations répétées, pondération arbitraire, grilles d'évaluation non uniformisées,

examens ou évaluations trop faibles écartées du calcul des résultats finaux, élÚves trop

faibles écartés du calcul, jugements de maßtrise arbitraires [...] En quelques clics, c'est fou

4 Ce code signifie : rĂ©ponse enseignant N°360 et il identifie le rĂ©pondant du questionnaire auteur de la citation. 5 Ce code signifie : rĂ©ponse direction d’établissement N°135 et il identifie le rĂ©pondant du questionnaire auteur de la citation.

Page 174: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

160

Ă  quel point on peut modifier les moyennes des groupes, des Ă©coles et des commissions

scolaires! » (RENS-175)

L’inadaptation de la GAR pour les humains et l’éducation :

« Le milieu de l'Ă©ducation ne peut ĂȘtre gĂ©rĂ© comme la productivitĂ© dans une usine. Nous

travaillons avec des humains qui ne ressemblent en rien à des machines. » (RENS-214)

l’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre top-down et la bureaucratie

accaparant les ressources :

« On implante des réformes et impose des évaluations qui ont été décidées par des

bureaucrates qui n'ont jamais et/ou trÚs peu mis les pieds dans une classe. L'intégration

massive des Ă©lĂšves HDAA et les coupures draconiennes en Ă©ducation (ex : services aux

élÚves) ont eu un effet dévastateur sur la réussite des élÚves. » (RENS-144)

« Les écoles autonomes et responsables avec du personnel qualifié, voilà la clef du

succÚs. Des sommes astronomiques sont dépensées pour le "fonctionnariat" dans le

systÚme d'éducation. Honte à celui-ci [...] l'élÚve n'est pas au centre des préoccupations

puisque les budgets sont concentrés dans l'administration. » (RENS-108)

les conséquences négatives de la GAR sur les acteurs :

« Ce n'est pas juste de faire porter la réussite des élÚves sur le dos des profs. » (RENS-

314)

« Je crains que la GAR ait pour effet à long terme de donner une image plutÎt négative de

l'enseignant alors qu'il y a beaucoup de préjugés face à cette profession. De plus, on a

plusieurs élÚves en difficulté avec toutes sortes de diagnostics dans nos classes qui

nĂ©cessitent des soins qui ne nous reviennent pas, mais que je dois tout de mĂȘme gĂ©rer.

Ainsi, les enseignants sont devenus des consultants pour les parents, des Ă©ducateurs et

des travailleurs sociaux. Il reste donc peu de place pour l'enseignement. Je crois que le

problĂšme est d'ordre social. Plusieurs semblent vouloir des enfants... sans vouloir ĂȘtre

parents! Or, c'est contradictoire! » (RENS-030)

Page 175: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

161

Les directeurs d’établissements expriment les Ă©lĂ©ments suivants :

L’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre top-down :

« Il me semble que la conception mĂȘme de la GAR est Ă  gĂ©omĂ©trie trĂšs variable selon les

diffĂ©rentes catĂ©gories d'emplois, et mĂȘme au sein des membres d'une mĂȘme catĂ©gorie

d'emplois. Le concept est trÚs flou et n'est assurément pas "descendu" dans les milieux. Il

s'agit d'un exemple éloquent de diffusion "top-down" non réussie. » (RDE-384)

La fraude et la manipulation des résultats :

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement se recoupent dans

l’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie top-down dans la mise en Ɠuvre de la GAR et dans la

fraude et la manipulation des résultats que favorise la GAR. Les changements

suggérés par les répondants face à ces points faibles peuvent se résumer en 9

éléments.

Les enseignants proposent :

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant aux

diagnostics des enseignants :

Répondre aux besoins des élÚves en se référant sur les réalités identifiées par les équipes-

écoles au lieu des résultats scolaires chiffrés.

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles :

« Ce n'est pas en disant Ă  un malade qu'il doit guĂ©rir qu'il guĂ©rira. De la mĂȘme façon, ce

n'est pas en disant qu'il faut augmenter la diplomation que les élÚves réussiront mieux.

Cette méthode de gestion ne fonctionne pas sans ressources. Chaque enseignant vise la

réussite de ses élÚves, ce n'est pas en me disant qu'il faut augmenter les notes que cela

y changera quelque chose [...] Ce qu'il faut, c'est un filet social fort, des interventions

précoces en bas ùge, un soutien aux familles, moins d'élÚves par classe, plus

d'intervenants... mais contrairement à des objectifs chiffrés, cela n'est pas gratuit... »

(RENS-072)

Page 176: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

162

« Bref, on a beau faire de beaux documents bien intentionnés, de belles réunions avec du

monde important, si on ne donne pas aux soldats de premiĂšre ligne les moyens d'appliquer

tout cela, on perd notre temps, notre argent et, surtout, on nuit aux élÚves. » (RENS-024)

L’amĂ©lioration du travail de l’enseignant par la formation et l’utilisation des

méthodes pédagogiques plus efficaces :

« L'accompagnement professionnel par le biais des formations devrait ĂȘtre au cƓur du

changement plutÎt que d'ajouter au fardeau en les rendant imputables de la réussite des

élÚves [...] Plus de soutien à l'élÚve, moins d'élÚves par classe sont les clés du succÚs. Le

modĂšle SuĂšde-Finlande devrait ĂȘtre Ă©tudiĂ© de plus prĂšs [...] pas seulement le principe,

mais l'application sur le terrain... » (RENS-186)

« Il y a trop d'attente en lien avec les notes des bulletins et pas assez en lien avec les

pratiques efficaces en enseignement. Les conventions de gestion devraient voir Ă  ce que

tous les enseignants mettent en place ces pratiques efficaces afin de permettre Ă  tous les

élÚves de progresser au maximum selon leurs capacités. Donc, augmenter la formation

continue, favoriser les Ă©changes entre collĂšgues, augmenter le support direct pour les

élÚves en difficulté (orthopédagogie, orthophonie, etc.) » (RENS-127)

Le changement de la place des parents dans l’éducation de leurs enfants :

« Exigeons que les parents suivent leurs enfants et ne se contentent pas de leur demander

s'ils ont fait leurs devoirs dans leur chambre, avec l'ordinateur et le cellulaire ouverts, mais

qu'ils exigent de voir les travaux de leurs enfants. Vous allez voir, ils vont tous réussir! »

(RENS-024)

« En tant que société, il faut également repenser à la place des enfants et aider les parents

avec des projets de conciliation travail-famille. Il n'est pas normal qu'un enfant, dont le

parent travaille, passe parfois 10 heures dans son école, en classe ou au service garde. »

(RENS-358)

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs scolaires :

« Il faut démystifier le concept. Les enseignants en ont peur. Ils se sentent menacés. Ils

ne savent pas comment l'appliquer. Ils ne savent pas ce que c'est et comment c'est

Page 177: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

163

bénéfique. Il faut éduquer tous les enseignants et leur montrer les avantages. Sans eux,

ce sera impossible. Le syndicat vilipendera toujours le GAR. » (RENS-363)

Le changement de la place et du sens donnĂ©s Ă  l’évaluation :

« Facile de changer des résultats pour favoriser la réussite, mais peut-on parler de vrais

apprentissages svp? De formation des élÚves et de leur esprit? Les résultats sont UN

indicateur de la rĂ©ussite/qualitĂ© de l’enseignement, mais ne devraient jamais ĂȘtre le

SEUL!!!! » (RENS-291)

« Il faut arrĂȘter de comparer les Ă©lĂšves entre eux avec des moyennes de groupe, mais

miser sur les progrĂšs individuels de chacun. Il faut valoriser les forces de chacun et

travailler leurs défis. » (RENS-358)

La réduction de la taille des classes :

« Avec la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats on risque d'ĂȘtre pris dans un piĂšge de notes / les

écoles avec les plus hauts résultats ne représentent pas nécessairement les écoles qui

offrent le meilleur enseignement. [
] Reconsidérons la possibilité d'offrir des classes à

petit effectif pour les Ă©lĂšves ayant des besoins particuliers... ainsi ils auront le soutien

nécessaire et pourront intégrer une classe à effectif régulier ("réguliÚre") lorsqu'ils seront

plus autonomes dans leurs apprentissages. » (RENS-272)

La limitation des conséquences négatives de la GAR :

Protéger le personnel;

Les élÚves sans difficulté particuliÚre sont négligés.

Les directeurs d’établissements proposent :

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant aux

diagnostics des enseignants :

Laisser aux équipes-écoles le choix des moyens pour répondre aux besoins des élÚves.

Adapter la formation initiale des enseignants en conséquence.

Page 178: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

164

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs scolaires :

Accompagner la meilleure compréhension des mécanismes de la GAR par les acteurs (en

Ă©quipe-Ă©cole y compris les enseignants).

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles :

DĂ©centraliser les ressources pour la GAR.;

Approcher les ressources de l’école.

La reconsidĂ©ration de la place des parents dans l’éducation de leurs

enfants :

« Je crois qu'il serait important d'investir davantage le rÎle des parents dans l'éducation de

leur enfant. » (RENS-089)

L’amĂ©lioration de la mise en Ɠuvre de la GAR :

« Afin de favoriser la rĂ©ussite des Ă©lĂšves, l'utilisation de la GAR devrait ĂȘtre conviviale et

facile d'utilisation pour tous. » (RDE-383)

« C'est à nous d'adapter les méthodes afin de trouver une façon de faire réussir ces élÚves.

La GAR n'est pas une finalité, mais un moyen d'expliquer ce qui se passe sur le terrain, de

rendre des comptes et finalement, d'adapter ou modifier les approches pédagogiques et

de gestion. » (RDE-213)

Les propositions d’amĂ©lioration de la GAR des acteurs scolaires convergent

majoritairement. Cinq éléments sont proposés par les deux groupes alors que trois

éléments sont spécifiques aux enseignants (le changement de la place et du sens

donnĂ©s Ă  l’évaluation; la rĂ©duction de la taille des classes; la limitation des

conséquences négatives de la GAR) et un élément provient des directeurs

d’établissement (l’amĂ©lioration de la mise en Ɠuvre de la GAR).

Page 179: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

165

De maniÚre générale, on voit que les commentaires qui ont été recueillis dans le

questionnaire auprĂšs des enseignants et des directeurs d’établissement sur la

GAR sont essentiellement convergents. On note cependant que ces

commentaires sont plus importants chez les enseignants dans la rubrique des

points faibles et dans les changements à apporter alors qu’ils sont moins

nombreux pour les points forts. Les commentaires spécifiques aux enseignants

sont surtout relatifs à des aspects pédagogiques alors que ceux spécifiques aux

directeurs d’établissements concernent des aspects de gestion.

Les opinions des acteurs de l’établissement scolaire sont essentiellement

divergentes mĂȘme si des zones de convergences existent sur certains aspects.

Les enseignants trouvent les aspects théoriques comme les principes et les

stratégies de la GAR non pertinents pour accroßtre la réussite des élÚves alors que

les directeurs d’établissement pensent le contraire. Par contre, les enseignants,

comme les directeurs d’établissement, trouvent les aspects plus opĂ©rationnels

comme les outils de mise en Ɠuvre de la GAR dans les Ă©tablissements pertinents

pour accroßtre la réussite des élÚves. Pour les perspectives, si les acteurs scolaires

sont d’accord qu’il faudrait apporter des ajustements à la GAR, les enseignants en

ont une opinion nĂ©gative et proposent qu’elle subisse des ajustements majeurs ou

qu’elle soit abolie. Par contre, les directeurs expriment une opinion positive sur la

GAR et souhaitent qu’elle fasse l’objet d’ajustements mineurs ou qu’elle soit

maintenue telle quelle.

Au chapitre des commentaires recueillis, les opinions sur les points forts, les points

faibles et les changements Ă  apporter sont Ă©galement convergentes. Les

diffĂ©rences notĂ©es dans les discours s’expliquent par la diffĂ©rence de fonctions qui

amÚne les enseignants à axer leurs discours sur des aspects pédagogiques et les

directeurs d’établissements sur des aspects de gestion. Les deux groupes

interrogés ont aussi abordé dans leurs commentaires les effets pervers de la GAR

sur le systÚme éducatif. La section suivante fait une présentation détaillée de la

Page 180: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

166

perception des effets de l’implantation de la GAR par les enseignants et les

directeurs d’établissement.

5.2. Les perceptions des effets de l’implantation de la GAR

Les perceptions des acteurs sur la GAR sont abordées à travers les trois variables

indĂ©pendantes de l’étude qui reprĂ©sentent les effets perçus de l’implantation des

outils de la GAR (PR et CGRÉ) sur les dimensions du travail des acteurs; de leurs

rĂŽles et responsabilitĂ©s et de leurs visions de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements. Dans

ces variables les perceptions des effets sont présentées de maniÚre dichotomique,

positive vs nĂ©gative, pour chaque type d’acteur. Ensuite, une comparaison permet

de vérifier si les perceptions sont convergentes ou divergentes. Les scores des

effets nuls identifiés par les acteurs ont été additionnés aux perceptions négatives

dans la mesure oĂč cela signifie que les outils qui devaient avoir un impact sur les

intrants de la rĂ©ussite, dont le travail des acteurs, leurs rĂŽles et l’efficacitĂ© des

établissements sont inopérants. Un effet nul est donc considéré négatif du fait de

l’absence de rĂ©sultats malgrĂ© les ressources mises en place.

5.2.1. Sur le travail des acteurs scolaires

Les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur les effets

de la GAR sur leur travail sont présentées à travers cinq sous-dimensions qui

sont : 1) les conditions de travail, 2) les relations de travail (supérieur hiérarchique,

parents et professionnels), 3) le développement professionnel (estime de soi et

acquisition de nouvelles compĂ©tences), 4) les pratiques d’évaluations de leur

travail et 5) le prestige de la fonction. Les perceptions des enseignants sur les

effets du PR et de CGRÉ sur leur travail sont globalement divergentes avec celles

des directeurs d’établissement. Le tableau°12 prĂ©sente la synthĂšse des

perceptions recueillies.

Page 181: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

167

Tableau 12. Les effets perçus de l’implantation de la GAR sur le travail des acteurs scolaires

Variables des conditions de travail

Enseignants Directeurs

Positive NĂ©gative Valides Positive NĂ©gative Valides

N % N % N % N % N % N %

Charge de travail

2.4.1 PR 61 29,2 148 70,9 209 93,3 28 62,2 17 37,8 45 95,7

2.5.1 CGRÉ 39 19,6 160 80,4 199 88,8 16 34,8 30 65,2 46 97,8

Relations de travail (supérieur hiérarchique)

2.4.2 PR 86 40,6 126 59,4 212 94,6 33 73,3 12 26,7 45 95,7

2.5.2 CGRÉ 69 34,5 131 65,5 200 89,2 32 71,1 13 28,9 45 95,7

Relations de travail (parents)

2.4.3 PR 94 46,3 109 53,7 203 90,6 33 77,5 9 22,5 40 85,1

2.5.3 CGRÉ 73 37,4 122 62,5 195 87,0 26 65,0 14 35,0 40 85,1

Relations de travail (professionnels)

2.4.4 PR 115 55,6 92 44,5 207 92,4 40 88,9 5 11,1 45 95,7

2.5.4 CGRÉ 90 46,6 103 53,4 193 86,1 36 80,0 9 20,0 45 95,7

DĂ©veloppement professionnel (confiance en soi)

2.4.5 PR 105 48,8 110 51,1 215 95,9 43 91,5 4 8,5 47 100

2.5.5 CGRÉ 76 38,0 124 62,0 200 89,2 36 78,3 10 21,7 46 97,8

Développement professionnel (acquisition compétences)

2.4.6 PR 118 55,7 94 44,3 212 94,6 42 91,3 4 8,7 46 97,8

2.5.6 CGRÉ 91 46,2 106 53,8 197 87,9 35 76,1 11 23,9 46 97,8

Autonomie professionnelle

2.4.7 PR 84 39,6 128 60,4 212 94,6 39 83,0 8 17,0 47 100

2.5.7 CGRÉ 64 31,5 139 68,4 203 90,6 32 71,1 13 28,9 45 95,7

Pratiques d’évaluation du travail

2.4.8 PR 87 43,7 112 56,3 199 88,8 38 82,6 8 17,4 46 97,8

2.5.8 CGRÉ 62 32,0 132 68,0 194 86,6 32 71,1 13 28,9 45 95,7

Prestige social

2.4.9 PR 53 25,5 155 74,5 208 92,8 32 69,6 14 30,4 46 97,8

2.5.9 CGRÉ 48 24,2 150 75,8 198 88,3 27 61,4 17 38,6 44 93,6

Les perceptions des enseignants sur les effets de l’implantation de la GAR en

rapport avec leurs conditions de travail sont essentiellement négatives [PR (7

Page 182: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

168

items) et de CGRÉ (9 items)]. L’implantation du PR et de la CGRÉ aurait eu des

effets négatifs ou nuls sur leurs charges de travail (respectivement 70,9 % et

80,4 %); leurs relations de travail [avec le supérieur hiérarchique (respectivement

59,4 % et 65,5 %) et avec les parents (respectivement 53,7 % et 62,5 %)]; leur

développement professionnel en termes de confiance en soi (respectivement

51,1 % et 62,0 %); leur autonomie professionnelle (respectivement 60,4 % et

68,4 %; les pratiques d’évaluation de leur travail (respectivement 56,3 % et

68,0 %) et le prestige de leur profession aux yeux de l’opinion publique

(respectivement 74,5 % et 75,8 %). Les effets perçus de la CGRÉ sur leurs

relations de travail avec les professionnels (53,4 %) et le développement

professionnel en termes d’acquisition de compĂ©tence (53,8 %) sont Ă©galement

négatifs ou nuls. Seuls les effets du PR sur les relations de travail avec les

professionnels (55,6 %) et le dĂ©veloppement professionnel en termes d’acquisition

de compétences (55,7 %) sont perçus positivement.

Par contre les perceptions des directeurs d’établissement sur les effets du PR

(neuf items) et de la CGRÉ (huit items) sont essentiellement positives. Les effets

du PR relatifs Ă  la charge de travail (62,2 %); aux relations de travail [avec le

supérieur hiérarchique (73,3 %), avec les parents (77,5 %) et avec les

professionnels (88,9 %)]; au développement professionnel [confiance en soi

(91,5 %) et acquisition de compĂ©tences (91,3 %)]; aux pratiques d’évaluation du

travail (82,6 %); à l’autonomie professionnelle (83,0 %); et au prestige de la

fonction (69,6 %)] sont appréciés positivement. Aussi, les directeurs voient des

effets positifs de la CGRÉ sur leurs relations de travail [avec le supĂ©rieur

hiérarchique (71,1 %), avec les parents (65,0 %) et avec les professionnels

(80,0 %)]; au développement professionnel [confiance en soi (78,3 %) et

acquisition de compĂ©tences (76,1 %)]; aux pratiques d’évaluation du travail

(71,1 % contre 28,9 %); à l’autonomie professionnelle (71,1 %); et au prestige de

la fonction (61,4 %)]. Seuls les effets sur la charge de travail (65,2 %) sont jugés

négativement.

Page 183: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

169

Les zones de convergences entre les perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement sur les effets de l’implantation de la GAR sur leurs

conditions de travail concernent les relations de travail avec les professionnels et

le dĂ©veloppement professionnel en termes d’acquisition de nouvelles

compétences perçues positivement pour le PR et la charge de travail perçue

nĂ©gativement pour la CGRÉ. On constate aussi qu’autant les enseignants que les

directeurs d’établissement sont plus nombreux Ă  percevoir des effets positifs pour

le PR que pour la CGRÉ.

En somme, on constate que les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre du PR

et de la CGRÉ sur les conditions de travail sont divergentes, majoritairement

négatives chez les enseignants et majoritairement positives chez les directeurs

d’établissement. Également, les enseignants sont plus nombreux Ă  percevoir un

effet nul de la GAR sur leurs conditions de travail. Par ailleurs, il apparaüt qu’aussi

bien pour le PR que pour la CGRÉ les directeurs d’établissements sont plus

nombreux Ă  avoir une perception similaire avec des scores du groupe majoritaire

largement au-dessus de 70,0 % (13 items) lĂ  oĂč les enseignants prĂ©sentent des

scores majoritaires inférieurs à 60,0 % pour la moitié des items (huit).

Ces rĂ©sultats vont dans le mĂȘme sens que les opinions des enseignants et des

directeurs d’établissement sur les stratĂ©gies d’implantation de la GAR. Les

enseignants ont une opinion positive autant de la planification stratégique que des

effets sur le travail de l’implantation du PR qui en est l’outil opĂ©rationnel. La

contractualisation dont les enseignants ont eu une opinion négative est mise en

Ɠuvre avec la CGRÉ dont les effets sur leur travail sont jugĂ©s nĂ©gatifs ou nuls. De

mĂȘme, les directeurs d’établissement qui ont une opinion positive pour les deux

stratégies en question ont des perceptions positives des effets sur leur travail de

leurs outils d’implantation. Ces rĂ©sultats confirment partiellement les opinions sur

les outils qui Ă©taient jugĂ©s pertinents autant le PR que la CGRÉ. La section

suivante porte sur les effets de la mise en Ɠuvre des PR et CGRÉ sur les rîles et

responsabilités des acteurs scolaires.

Page 184: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

170

5.2.2. Sur les rÎles et les responsabilités des acteurs

Les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur les effets

de l’implantation de la GAR sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s sont prĂ©sentĂ©es Ă 

travers sept variables : 1) les types de changements institutionnels vécus;

2) l’évolution des rĂŽles et responsabilitĂ©s des acteurs; 3) le soutien et

l’accompagnement reçu pour s’adapter; 4) la connaissance des contenus des

outils de mise en Ɠuvre; 5) les nouvelles attentes gĂ©nĂ©rĂ©es; 6) l’adaptation aux

nouvelles attentes et 7) les occasions de discussion de la GAR. Les perceptions

des enseignants sur les effets de la mise en Ɠuvre du PR et de la CGRÉ sur leurs

rÎles et responsabilités sont essentiellement divergentes. Le tableau 13 présente

la synthĂšse des perceptions recueillies.

Page 185: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

171

Tableau 13. Les effets perçus de la GAR sur les rÎles et les responsabilités des acteurs scolaires

Variables rÎles et responsabilités

Enseignants Directeurs

Positive NĂ©gative Valides Positive NĂ©gative Valides

N % N % N % N % N % N %

Soutien et accompagnement

3.6.1 PR 49 24,4 152 75,6 201 89,7 25 55,6 20 44,4 44 93,6

3.6.2 CGRÉ 33 16,9 162 83,0 195 87,0 25 56,8 19 43,2 44 93,6

Connaissance du contenu des outils

3.7.1 PR 145 68,1 68 31,9 213 95,0 42 95,5 2 4,5 44 93,6

3.7.2 CGRÉ 118 55,7 94 44,3 212 94,6 41 93,2 3 6,8 44 93,6

Type de changements institutionnels vécus

3.9.1 PR 58 32,6 120 67,4 178 79,4 25 58,1 18 41,9 43 91,4

3.9.2 CGRÉ 47 27,5 124 72,6 171 76,3 20 45,5 24 54,5 44 93,6

Évolution des rĂŽles et responsabilitĂ©s

3.10.1 PR 45 23,6 146 76,4 191 85,2 30 69,8 13 30,3 43 100

3.10.2 CGRÉ 38 20,8 145 79,2 183 81,7 26 61,9 16 38,1 42 100

Nouvelles attentes

3.11.1 PR 56 32,1 118 67,8 174 77,6 10 23,3 33 76,7 43 91,4

3.11.2 CGRÉ 52 31,2 115 68,9 167 74,5 9 20,9 34 79,1 43 91,4

Adaptation aux nouvelles attentes

3.12.1 PR 88 57,9 64 42,1 152 67,8 34 85,0 6 15,0 40 85,1

3.12.2 CGRÉ 73 52,9 65 47,1 138 61,6 32 82,1 7 17,9 39 82,9

Dans le tableau 13, il apparaĂźt que les enseignants jugent le soutien et

l’accompagnement reçus dans la mise en Ɠuvre des PR et des CGRÉ faibles

alors que les directeurs d’établissements les jugent Ă©levĂ©s. Pour le PR, 75,6 %

des enseignants ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de sĂ©ances d’information ou n’ont reçu aucun

soutien. Seuls 24,4 % d’entre eux ont reçu de la formation seule ou jumelĂ©e Ă  de

l’information. Par contre, 55,6 % des directeurs d’établissement ont reçu de la

formation seule ou jumelĂ©e Ă  de l’information et 44,4 % ont reçu de l’information

ou n’ont reçu aucun soutien. Pour la CGRÉ 83,1 % des enseignants ont bĂ©nĂ©ficiĂ©

de sĂ©ances d’information ou n’ont reçu aucun soutien. Seuls 16,9 % d’entre eux

ont reçu de la formation seule ou jumelĂ©e Ă  de l’information. Par contre, 56,8 %

Page 186: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

172

des directeurs d’établissement ont reçu de la formation seule ou jumelĂ©e Ă  de

l’information et 43,2 % ont reçu de l’information seule ou n’ont reçu aucun soutien.

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, les enseignants ont essentiellement perçu des effets

nĂ©gatifs de l’implantation des PR et des CGRÉ sur les missions de leur

établissement et leurs rÎles et responsabilités professionnelles. Par contre, les

directeurs d’établissement ont une perception positive de ces changements

institutionnels pour la PR. Les enseignants ont perçu un accroissement des

missions de leur institution qui s’est traduit par une augmentation de leurs rîles et

responsabilitĂ©s. Les directeurs d’établissement ont perçu une transformation des

missions de leur institution qui s’est traduite par une transformation de leurs rîles

et responsabilités. Pour le PR, 67,4 % des enseignants perçoivent un effet nul ou

l’accroissement des responsabilitĂ©s de leur Ă©tablissement qui s’est traduit par un

effet nul ou un ajout de leurs nouveaux rÎles et responsabilités aux anciens

(76,4 %). Par contre 58,1 % des directeurs d’établissement perçoivent comme

effet une transformation des responsabilitĂ©s de leur Ă©tablissement qui s’est traduit

par une transformation de leurs rÎles et responsabilités (69,8 %).

Pour la CGRÉ, les tendances sont diffĂ©rentes : 72,6 % des enseignants perçoivent

un effet nul ou l’accroissement des responsabilitĂ©s de leur Ă©tablissement et 79,2 %

d’entre eux perçoivent un effet nul ou l’accroissement de leurs rîles et

responsabilitĂ©s. Également, 54,5 % des directeurs d’établissement perçoivent un

effet nul ou l’accroissement des responsabilitĂ©s de leur Ă©tablissement au moment

oĂč 61,9 % d’entre eux perçoivent que leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s ont Ă©tĂ© soit

transformés soit remplacés progressivement par les nouveaux.

Enfin, les occasions de discuter de la GAR occupent des places différentes dans

les classements des enseignants et des directeurs d’établissement. Les

discussions informelles avec les collĂšgues (47,8 %), l’élaboration du PR (38,8 %)

et l’élaboration du projet Ă©ducatif (34,8%) constituent respectivement les trois

contextes dans lesquels les enseignants discutent le plus de la GAR. L’élaboration

Page 187: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

173

de la CGRÉ (80,9 %), l’élaboration du PR (78,7 %) et les Ă©changes informels avec

les collĂšgues (76,6 %) constituent respectivement les trois contextes dans

lesquels les directeurs discutent le plus de la GAR. Outre la différence dans le

classement des contextes de discussion de la GAR, il apparaĂźt que les proportions

de directeurs (6,4 %) qui ne discutent de la GAR dans aucun contexte sont

largement moins nombreuses que celles observées chez les enseignants

(12,9 %).

Également, les groupes majoritaires sont plus reprĂ©sentatifs chez les directeurs

d’établissement (supĂ©rieur Ă  75,0 %) que chez les enseignants (infĂ©rieur Ă 

50,0 %). Le tableau 14 présente la synthÚse des données recueillies.

Tableau 14. Les contextes dans lesquels les acteurs scolaires ont l’occasion de discuter de la GAR

3.8.1 Contextes de discussion de la GAR

Enseignants Directeurs

Oui Non Valides Oui Non Valides

N % N % N % N % N % N %

Le Conseil d’établissement

43 19,2 181 80,8 224 100 31 66,0 16 34,0 47 100

Les fonctions de délégué syndical

29 12,9 195 87,1 224 100 3 6,4 44 93,6 47 100

L’élaboration du projet Ă©ducatif

78 34,8 146 65,2 224 100 33 70,2 14 29,8 47 100

L’élaboration du plan de rĂ©ussite

87 38,8 137 61,2 224 100 37 78,7 10 21,3 47 100

L’élaboration de la convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative

55 24,6 169 75,4 224 100 38 80,9 9 19,1 47 100

Les Ă©changes informels avec mes collĂšgues

107 47,8 117 52,2 224 100 36 76,6 11 23,4 47 100

Aucun 29 12,9 195 87,1 224 100 3 6,4 44 93,6 47 100

Contrairement aux quatre sous-dimensions évoquées précédemment, les

enseignants et les directeurs d’établissement ont des perceptions convergentes

Page 188: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

174

pour le niveau de connaissance du contenu du PR et de la CGRÉ, les nouvelles

attentes que ces outils ont générées au niveau des commissions scolaires et des

parents et l’adaptation à ces attentes. Une proportion de 68,1 % des enseignants

et de 95,5 % des directeurs d’établissement a une connaissance Ă©levĂ©e du

contenu du PR et 55,7 % des enseignants et 93,2 % des directeurs ont une

connaissance Ă©levĂ©e des contenus de la CGRÉ. Ici Ă©galement, la proportion des

enseignants (31,9 % et 44,3 %) ayant une faible connaissance des outils est plus

Ă©levĂ©e que celle des directeurs d’établissement (4,5 % et 6,8 %).

Autant les enseignants que les directeurs perçoivent un effet négatif dans

l’accroissement important des nouvelles attentes gĂ©nĂ©rĂ©es par la mise en Ɠuvre

du PR et de la CGRÉ (67,8 % des enseignants et 76,7 % des directeurs pour le

PR et 68,9 % des enseignants et 79,1 % des directeurs pour la CGRÉ) au niveau

des commissions scolaires et des parents d’élĂšves. NĂ©anmoins, les deux groupes

jugent leur adaptation Ă  ces nouvelles attentes facile (57,9 % des enseignants et

85,0 % des directeurs pour le PR; 52,9 % des enseignants et 82,1 % des

directeurs pour la CGRÉ).

Il apparaüt que les effets de l’implantation de la GAR sur les rîles et les

responsabilitĂ©s des acteurs de l’établissement sont perçus de maniĂšre divergente

par les enseignants et les directeurs d’établissement. Les premiers perçoivent

majoritairement des effets nĂ©gatifs par rapport au soutien et Ă  l’accompagnement

reçus, aux changements institutionnels, Ă  l’évolution de leurs rĂŽles et

responsabilités professionnelles et aux nouvelles attentes générées. Seules leurs

connaissances des contenus des outils et leur adaptation aux nouvelles attentes

sont jugĂ©es positives. Par contre, les directeurs d’écoles perçoivent des effets

majoritairement positifs pour toutes les variables en question sauf les

changements institutionnels vĂ©cus avec la CGRÉ et les nouvelles attentes

générées. Les contextes de discussion de la GAR sont également différents chez

les deux groupes d’acteurs scolaires.

Page 189: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

175

En somme, les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur

les effets du PR et de la CGRÉ sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s sont

majoritairement divergentes. Ces rĂ©sultats renseignent sur le coĂ»t d’adaptation

aux changements institutionnels induits par la GAR. Il apparaĂźt que les

enseignants ont un coĂ»t d’adaptation aux changements plus Ă©levĂ© que les

directeurs d’établissement. Cela peut s’expliquer par le fait que les gestionnaires

ont de par les tĂąches professionnelles que leur confĂšre l’établissement un rĂŽle plus

actif dans l’implantation de la GAR qui les amĂšne Ă  avoir une reprĂ©sentation plus

positive de ses effets. Également, par le fait que l’accroissement des

responsabilitĂ©s des Ă©coles ne s’est rĂ©percutĂ© que sur les enseignants ou autres

personnels, car les directeurs affirment n’avoir pas connu l’accroissement de leurs

rÎles et responsabilités. La section suivante présente les effets perçus de

l’implantation de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements.

5.2.3. Sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s du

systĂšme Ă©ducatif

Les perceptions des acteurs scolaires des effets de l’implantation de la GAR sur

l’efficacitĂ© des Ă©tablissements sont prĂ©sentĂ©es Ă  travers quatre variables, Ă 

savoir : 1) l’efficacitĂ© du PR et de la CGRÉ dans la poursuite des finalitĂ©s du

systĂšme Ă©ducatif, 2) les facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite les plus efficaces et

3) la vision des orientations idĂ©ales et effectives de l’éducation mises en Ɠuvre

dans les Ă©tablissements. Les perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement sur les effets de l’implantation de la GAR sont convergentes pour

les quatre variables évoquées. Le tableau 15 présente la synthÚse des effets

perçus.

Page 190: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

176

Tableau 15. Les perceptions sur les effets de l’implantation de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s du systĂšme Ă©ducatif

Finalités du systÚme éducatif

Enseignants Directeurs

Effet levier Effet

obstacle Valides Effet levier

Effet obstacle

Valides

N % N % N % N % N % N %

Instruire

4.16.1 PR 149 75,6 48 24,4 197 87,9 44 95,7 2 4,3 46 97,8

4.17.1 CGRÉ 126 67,7 60 32,3 186 83,0 41 87,2 6 12,8 47 100

Socialiser

4.16.2 PR 145 74,4 50 25,6 195 87,0 43 93,5 3 6,5 46 97,8

4.17.2 CGRÉ 125 69,1 56 30,9 181 80,8 38 80,9 9 19,1 47 100

Qualifier

4.16.3 PR 141 73,8 50 26,2 191 85,2 43 93,5 3 6,5 46 97,8

4.17.3 CGRÉ 124 68,1 58 31,9 182 81,2 42 89,4 5 10,6 47 100

Les enseignants et les directeurs d’établissement pensent que les effets de

l’implantation des PR et des CGRÉ ont Ă©tĂ© positifs pour la poursuite des finalitĂ©s

du systĂšme Ă©ducatif : instruire, socialiser et qualifier. Respectivement 75,6 %,

74,4 % et 73,8 % des enseignants et 95,7 %, 93,5 % et 93,5 % des directeurs

d’établissement pensent que la mise en Ɠuvre du PR a eu un effet levier dans la

poursuite des trois finalitĂ©s dans leur Ă©tablissement. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es,

respectivement 67,7 %, 69,1 % et 68,1 % des enseignants et 87,2 %, 80,9 % et

89,4 % des directeurs d’établissement jugent que les CGRÉ ont Ă©galement eu un

effet levier dans la poursuite des trois finalités.

On remarque par ailleurs que les enseignants et les directeurs sont plus nombreux

Ă  reconnaĂźtre l’effet levier pour la PR que pour la CGRÉ. Dans le mĂȘme sens, les

directeurs sont plus nombreux Ă  reconnaĂźtre cet effet levier que les enseignants

pour les deux outils.

Page 191: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

177

La convergence des perceptions des acteurs scolaires est Ă©galement manifeste

pour le principal facteur d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du plus grand nombre dans

l’établissement. Le tableau 16 prĂ©sente les diffĂ©rents facteurs selon l’importance

que leur accordent les acteurs.

Tableau 16. L’importance que les enseignants et directeurs affirment accorder aux facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite dans l’établissement

Facteurs d’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du plus grand nombre

Enseignants Directeurs

Importance élevée

Importance faible

Valides Importance élevée

Importance faible

Valides

N % N % N % N % N % N %

4.15.1 La qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant

207 95,4 10 4,6 217 96,8 47 100 0 0,0 47 100

4.15.2 L’intervention des Ă©ducateurs spĂ©cialisĂ©s

197 91,6 18 8,4 215 95,9 46 97,9 1 2,1 47 100

4.15.3 Les capacités naturelles des élÚves

189 87,9 26 12,1 215 95,9 33 71,7 13 28,3 46 97,8

4.15.4 La qualitĂ© de l’environnement scolaire de l’établissement

206 94,9 11 5,1 215 95,9 46 97,9 1 2,1 47 100

4.15.5 Le soutien qui est donné par les parents à la maison

199 93,0 15 7,0 214 95,5 41 89,1 5 10,9 46 97,8

4.15.6 Le style de leadership du directeur de l’école

188 87,4 27 12,6 215 95,9 47 100 0 0,0 47 100

La qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant est considĂ©rĂ©e par

l’écrasante majoritĂ© des enseignants (95,4 %) et tous les directeurs

d’établissement (100 %) comme le facteur le plus important pour l’amĂ©lioration de

la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. Les directeurs d’établissement (100 %) identifient

Ă©galement le leadership de la direction comme facteur le plus important alors que

Page 192: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

178

les enseignants (87,4 %) le considĂšrent comme Ă©tant le moins important. Les

enseignants (94,9 %) et les directeurs d’établissement (97,9 %) identifient comme

deuxiĂšme facteur le plus important la qualitĂ© de l’environnement scolaire de

l’établissement. Pour le troisiĂšme facteur le plus important, on note une diffĂ©rence

entre les enseignants (93,0 %) qui identifient le soutien qui est donné par les

parents Ă  la maison, et les directeurs d’établissement (97,9 %) qui identifient

l’intervention des Ă©ducateurs spĂ©cialisĂ©s. Ce dernier facteur est classĂ© en

quatriĂšme position par les enseignants (91,6 %) lĂ  oĂč les directeurs

d’établissement (89,1 %) classent le soutien donnĂ© par les parents Ă  la maison.

Enfin, autant les enseignants (87,9 %) que les directeurs d’établissement (71,7 %)

classent les capacitĂ©s naturelles de l’élĂšve en cinquiĂšme importance pour

l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du plus grand nombre d’élĂšves.

Les enseignants et les directeurs d’établissement ont Ă©galement des perceptions

convergentes de la vision des buts idéaux du systÚme éducatif et des buts mis en

Ɠuvre effectivement dans leur Ă©tablissement. Le tableau 17 prĂ©sente les dĂ©tails

de leurs perceptions.

Tableau 17. Les perceptions des enseignants et des directeurs sur les buts dominants dans le systĂšme Ă©ducatif

Orientations (idéales et effectives)

Enseignants Directeurs

Accord DĂ©saccord Valides Accord DĂ©saccord Valides

N % N % N % N % N % N %

Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu

4.13.2 Idéales 192 88,5 25 11,5 217 96,8 47 100 0 0,0 47 100

4.14.2 Effectives 164 79,6 42 20,4 206 91,9 45 95,7 2 4,3 47 100

Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’économie

4.13.1 Idéales 112 53,6 97 46,4 209 93,3 35 74,5 12 25,5 47 100

4.14.1 Effectives 90 47,4 100 52,6 190 84,8 23 54,8 19 45,2 43 91,4

Page 193: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

179

Autant les enseignants (88,5 %) que les directeurs d’établissement (100 %)

pensent que le systÚme éducatif doit fournir un enseignement tourné vers les

besoins de dĂ©veloppement de l’individu. Dans la mĂȘme lancĂ©e, 79,6 % des

enseignants et 95,7 % des directeurs d’établissement jugent que leur

établissement fournit un enseignement tourné vers les besoins de développement

de l’individu. On note Ă©galement ici que les frĂ©quences dans les groupes

majoritaires sont plus Ă©levĂ©es chez les directeurs d’établissement que chez les

enseignants.

Dans le mĂȘme registre, les enseignants et les directeurs d’établissement pensent

que l’orientation idĂ©ale d’un systĂšme d’enseignement doit ĂȘtre l’équitĂ©. Le

tableau 18 présente les perceptions recueillies.

Tableau 18. Les perceptions sur le type d’enseignement dominant dans le systĂšme Ă©ducatif

Types d’enseignements (idĂ©aux et effectifs)

Enseignants Directeurs

Accord DĂ©saccord Valides Accord DĂ©saccord Valides

N % N % N % N % N % N %

Équitable (Favoriser une Ă©galitĂ© des chances scolaires pour tous)

4.13.4 Idéaux 190 89,6 22 10,4 212 94,6 45 95,7 2 4,3 47 100

4.14.4 Effectifs 168 82,0 37 18,0 205 91,5 45 97,8 1 2,2 46 97,8

Égalitaire (Favoriser une Ă©galitĂ© des rĂ©sultats et des acquis scolaires)

4.13.5 Idéaux 115 56,4 89 43,6 204 91,0 27 62,8 16 37,2 43 91,4

4.14.5 Effectifs 124 64,9 67 35,1 191 85,2 30 75,0 10 25,0 40 85,1

Élitiste (Favoriser les meilleurs Ă©lĂšves)

4.13.3 Idéaux 51 23,8 163 76,2 214 95,5 9 19,6 37 80,4 46 97,8

4.14.3 Effectifs 69 34,3 132 65,7 201 89,7 12 25,5 35 74,5 47 100

Les enseignants (89,6 % et 82,0 %) comme les directeurs d’établissement (95,7 %

et 97,8 %) pensent que l’école idĂ©ale et leur Ă©tablissement devraient favoriser une

égalité des chances scolaires pour tous (enseignement équitable). On note

Page 194: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

180

également ici que les fréquences sont plus élevées chez les directeurs

d’établissement que chez les enseignants.

Il ressort ici que les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement

sur les effets de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements sont essentiellement

convergentes. Tous les acteurs scolaires perçoivent que le PR et la CGRÉ ont eu

des effets positifs dans la poursuite des finalités du systÚme éducatif. Ces outils

ont eu un effet levier pour les trois finalités : instruire, socialiser et qualifier. Les

acteurs scolaires pensent aussi que la qualité de la prestation professionnelle de

l’enseignant est le facteur le plus important pour l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du

plus grand nombre. Enfin, les acteurs opĂ©rationnels pensent que l’école devrait

fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu

et offrir une égalité de chances scolaires (enseignement équitable), telle que cela

se passe actuellement dans leur Ă©tablissement.

Nous constatons que les perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement des effets de l’implantation de la GAR sur leur travail, leur rĂŽle et

responsabilitĂ©s et leur vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements sont plutĂŽt

divergentes. La divergence représente la tendance générale qui se dégage aussi

bien pour les effets de la mise en Ɠuvre des PR et de CGRÉ sur leur travail que

sur leurs rÎles et responsabilités. Il faut noter cependant que de maniÚre

spécifique, il existe des points de convergence dans ces perceptions, mais qui

restent minoritaires par rapport aux divergences. Par ailleurs, les perceptions des

acteurs sont convergentes pour les effets sur leur vision de l’efficacitĂ© des

Ă©tablissements.

Dans un autre registre, il est constaté que les fréquences dans les groupes

majoritaires sont dans l’ensemble plus Ă©levĂ©es chez les directeurs d’établissement

que chez les enseignants. Ce qui fait que les perceptions sont plus consensuelles

chez les premiers et plus partagées chez les deuxiÚmes.

Page 195: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

181

Le troisiÚme constat majeur réside dans le fait que les perceptions des effets sont

plus positives pour le PR que pour la CGRÉ autant chez les enseignants que les

directeurs d’établissement. Le tableau 19 prĂ©sente une synthĂšse des rĂ©sultats

obtenus.

Page 196: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

182

Tableau 19. La synthĂšse des conclusions sur les opinions et les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement

Variables Enseignants Directeurs

Principes Selon les enseignants, la majorité des principes sont non-pertinents. Les directeurs trouvent tous les principes pertinents sauf celui de la prise

en compte des attentes des citoyens.

StratĂ©gies de mise en Ɠuvre

Les enseignants trouvent les stratégies non pertinentes (contractualisation et alignement stratégique) excepté la planification.

Les directeurs trouvent les stratégies (planification, contractualisation et alignement stratégique) pertinentes.

Outils de mise en Ɠuvre

Les enseignants trouvent le PR et la CGRÉ pertinents. Les directeurs trouvent le PR et la CGRÉ pertinents.

Perspectives Ă  donner Ă  la GAR

La majoritĂ© des enseignants pensent qu’il faut apporter des ajustements majeurs (39,6%) ou mineurs (18,9%) ou abolir (37,4%) la GAR.

La majoritĂ© des directeurs pensent qu’il faut apporter des ajustements mineurs (58,1%) ou majeurs (23,2%) ou la maintenir telle quelle (11,6%) la GAR.

Commentaires généraux sur la GAR

Points forts :

Noblesse de l’objectif poursuivi par la GAR

Points forts :

L’efficacitĂ© de la GAR pour le court terme

Le diagnostic du milieu pour la définition des priorités

Points faibles :

Biais dans l’évaluation avec la fraude et la manipulation des rĂ©sultats et le nivellement par le bas

L’inadaptation de la GAR pour les humains et l’éducation

Les pressions que la GAR exerce avec ses obligations et principes sur les acteurs

Top-down et bureaucratisation inefficace qui accapare les ressources entrainée par la GAR

Points faibles :

L’inefficacitĂ© de la stratĂ©gie de mise en Ɠuvre Top-down

La fraude et la manipulation des résultats

Page 197: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

183

Variables Enseignants Directeurs

Changements Ă  apporter :

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant sur les diagnostics des enseignants

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles

L’amĂ©lioration du travail de l’enseignant par la formation et l’utilisation des mĂ©thodes pĂ©dagogiques plus efficaces

Le changement de la place des parents dans l’éducation de leurs enfants

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs

Le changement de la place et du sens donnĂ©s Ă  l’évaluation

La réduction de la taille des classes

Et la limitation des conséquences négatives de la GAR

Changement Ă  apporter :

La définition de la réponse aux besoins des élÚves en se référant sur les diagnostics des enseignants

La promotion de la GAR auprĂšs des acteurs

La fourniture de ressources supplémentaires aux écoles

La reconsidĂ©ration de la place des parents dans l’éducation de leurs enfants

L’amĂ©lioration de la mise en Ɠuvre de la GAR

Leur travail et son prestige

Les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre du PR et de CGRÉ sur le travail sont essentiellement nĂ©gatives (sept items pour le PR et neuf items pour la CGRÉ relatifs Ă  la charge de travail, aux relations de travail, dĂ©veloppement professionnel, aux pratiques d’évaluation du travail, Ă  l’autonomie professionnelle et au prestige de la profession).

Seules les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre du PR sur les relations de travail et le dĂ©veloppement professionnel sont positives.

Les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre du PR et de la CGRÉ sur le travail sont totalement positives pour les directeurs d’établissements.

Seules les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre de la CGRÉ sur la charge de travail sont nĂ©gatives.

Leurs rĂŽles et les responsabilitĂ©s dans l’école

Les enseignants ont essentiellement perçu des effets nĂ©gatifs de la mise en Ɠuvre des PR et des CGRÉ sur les responsabilitĂ©s de leur Ă©tablissement et leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s professionnelles.

Les enseignants ont vĂ©cu comme changement institutionnel un accroissement des responsabilitĂ©s de leur institution qui s’est traduit par un ajout de leurs nouveaux rĂŽles et responsabilitĂ©s aux anciens.

Les coĂ»ts d’adaptation aux changements Ă©levĂ©s mĂȘme si les enseignants dĂ©clarent s’adapter facilement aux nouvelles attentes des CS et des parents gĂ©nĂ©rĂ©es par la mise en Ɠuvre de la GAR.

Les directeurs d’établissements ont une perception nĂ©gative de ces changements institutionnels.

Les directeurs perçoivent une transformation ou un accroissement des responsabilitĂ©s de leur institution qui s’est traduit par une transformation de leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s.

Les coĂ»ts d’adaptation aux changements sont faibles d’autant plus que les directeurs dĂ©clarent s’adapter facilement aux nouvelles attentes des CS et des parents. Par ailleurs, l’accroissement des responsabilitĂ©s des Ă©tablissements a Ă©tĂ© absorbĂ© par les autres personnels notamment les enseignants, vu que les directeurs dĂ©clarent que leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s ĂȘtre transformĂ©es.

Page 198: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

184

Variables Enseignants Directeurs

Les orientations et l’efficacitĂ© du systĂšme Ă©ducatif

Les enseignants voient que le PR et la CGRÉ ont eu un effet levier dans la poursuite des trois finalitĂ©s : instruire, socialiser et qualifier.

Ils pensent aussi que la qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant est le facteur le plus important pour l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du plus grand nombre.

Également, que l’école devrait fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu et offrir une Ă©galitĂ© de chances scolaires (enseignement Ă©quitable), telles que cela se passe actuellement dans leur Ă©tablissement.

Les directeurs voient que le PR et la CGRÉ ont eu un effet levier dans la poursuite des trois finalitĂ©s : instruire, socialiser et qualifier.

Ils pensent aussi que la qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant est le facteur le plus important pour l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite du plus grand nombre.

Également, que l’école devrait fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu et offrir une Ă©galitĂ© de chances scolaires (enseignement Ă©quitable), telles que cela se passe actuellement dans leur Ă©tablissement.

Page 199: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

185

Au terme de ce premier niveau d’analyse, il apparaüt que les variables effets perçus

sur le travail et sur les rÎles et responsabilités ont un pouvoir explicatif de la

diffĂ©rence des opinions entre les enseignants et les directeurs d’établissement.

Le deuxiùme niveau d’analyse vise la recherche de liens significatifs entre les

opinions de la GAR et ses effets perçus de son implantation. La section suivante

présente les résultats obtenus.

5.3. Les liens entre les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs d’établissement sur l’implantation de la GAR

Pour tester s’il existe un lien significatif entre les opinions de la GAR et les

perceptions des effets de son implantation, le test du Khi deux de Pearson a été

utilisé pour ajuster les différentes analyses. Ce test a permis de rechercher dans

une analyse bivariée un lien entre les variables des opinions et celles des

perceptions des effets. Pour les différentes analyses, aussi bien chez les

enseignants que pour les directions, nos hypothĂšses de travail Ă©taient les

suivantes :

Hypothùse nulle (H0) : Il n’existe aucun lien significatif entre l’opinion

(variable dépendante) et la perception (variable indépendante).

HypothÚse alternative (H1) : Il existe un lien significatif au seuil de α = 5 %.

Toutes les analyses sont ajustées sous IBM SPSS 24 et interprétées au seuil de

5 %. Toute valeur p inférieure à 0.05 est considérée comme significative, donc

permettant de conclure Ă  l’existence d’un lien entre les variables impliquĂ©es.

Une fois un lien significatif identifiĂ©, l’intensitĂ© du lien est estimĂ©e, du fait de la

nature du tableau croisĂ© (variable opinion Ă  quatre niveaux), Ă  l’aide d’un Phi. Les

valeurs de la statistique varient entre 0 (absence de relation) et 1 (relation trĂšs

Page 200: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

186

élevée). La valeur de chaque variable est interprétée suivant la grille (Rea et

Parker, 2005) ci-aprĂšs.

Tableau 20. Grille d’interprĂ©tation de la valeur du test de Phi

Valeur Interprétation

0,00 et moins de 0,10 relation négligeable

0,10 et moins de 0,20 relation faible

0,20 et moins de 0,40 relation modérée

0,40 et moins de 0,60 relation relativement forte

0,60 et moins de 0,80 relation forte

0,80 Ă  1,00 relation trĂšs forte

Source : adaptée de Réa et Parker (2005)

La question relative aux perspectives à donner à la GAR a été retenue pour faire

les analyses, car nous estimons qu’elle est reprĂ©sentative des diffĂ©rentes variables

relatives aux opinions. Cette question s’intitule : Selon vous, que faudrait-il faire

par rapport Ă  la GAR en Ă©ducation? Elle offrait quatre choix de rĂ©ponse : l’abolir;

lui apporter des ajustements majeurs; lui apporter des ajustements mineurs; et, la

maintenir telle quelle. Ces choix de réponses ont été regroupés en deux opinions :

perspectives positives (maintenir telle quelle et ajustements mineurs) et

perspectives négatives (abolir et ajustements majeurs). Les choix de réponses des

questions relatives aux perceptions des effets ont été utilisés dans leur format

dichotomisĂ© dans les tableaux croisĂ©s tels qu’ils apparaissent dans les statistiques

descriptives présentées dans les sections 5.1.1 à 5.2.3. Ces regroupements

permettaient de disposer d’une frĂ©quence de 5 et plus dans 80 % des cellules des

tableaux croisĂ©s comme l’exige la rĂšgle d’utilisation valide du test du Khi deux.

La statistique du khi deux obtenue Ă  partir de tableaux croisant cette question et

les trois autres questions relatives aux opinions révÚle un résultat significatif pour

Page 201: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

187

la totalité des items chez les enseignants et six items sur 12 pour les directeurs

d’établissement. Le tableau 21 prĂ©sente les rĂ©sultats.

Page 202: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

188

Tableau 21. Les liens entre les perspectives à donner à la GAR et les autres variables d’opinions de la GAR

Variables des opinions sur la GAR

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl)

P Phi Relation Khi 2 (ddl)

P Phi Relation

Principes de la GAR

1.2.1 L’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs, permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

7,201 (1) 0,007 0,217 Modérée 4,388 (1) 0,036 0,319 Modérée

1.2.2 La prise en compte des attentes exprimĂ©es par les citoyens permet de mieux gĂ©rer les fonds attribuĂ©s Ă  l’éducation.

6,69 (1) 0,010 0,211 Modérée 3,525 (1) 0,060 - -

1.2.3 Rendre les acteurs responsables des rĂ©sultats scolaires permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

19,644 (1) 0,000 0,363 Modérée 2,363 (1) 0,124 - -

1.2.4 L’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats favorisant l’amĂ©lioration continue des pratiques permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

15,321 (1) 0,000 0,322 Modérée 2,285 (1) 0,131 - -

1.2.5 La dĂ©finition de cibles de rĂ©sultats plus Ă©levĂ©es permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

23,122 (1) 0,000 0,394 Modérée 2,241 (1) 0,134 - -

1.2.6 La reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

40,362 (1) 0,000 0,531 Relativement

forte 17,412 (1) 0,000 0,652 Forte

1.2.7 La reddition de comptes portant sur l’utilisation optimale des ressources permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

12,827 (1) 0,000 0,300 Modérée 8,971 (1) 0,003 0,462 Relativement

forte

Stratégie de la GAR

1.3.3 Planification stratégique et opérationnelle 20,137 (1) 0,000 0,364 modérée 2,363 (1) 0,124 - -

Page 203: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

189

Variables des opinions sur la GAR

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl)

P Phi Relation Khi 2 (ddl)

P Phi Relation

1.3.4 Contractualisation 34,458 (1) 0,000 0,479 Relativement

forte 12,655 (1) 0,000 0,542

Relativement forte

1.3.5 Alignement stratégique 27,42 (1) 0,000 0,429 Relativement

forte 18,648 (1) 0,000 0,659 Forte

Outils de la GAR

1.3.1 Plan de réussite 16,117 (1) 0,000 0,326 Modérée 0,84 (1) 0,359 - -

1.3.2 Convention de gestion et de réussite éducative 31,519 (1) 0,000 0,463 Relativement

forte 4,927 (1) 0,026 0,342 Modérée

Page 204: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

190

Les résultats du Khi deux montrent des liens significatifs entre les opinions des

enseignants sur le potentiel des principes, des stratégies et des outils de la GAR

Ă  favoriser l’accroissement de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves et les perspectives qu’ils

entrevoient pour la GAR. De maniÚre générale, les relations sont plutÎt modérées

(huit items) Ă  relativement forte (quatre items). De maniĂšre spĂ©cifique, d’une part,

la relation avec les principes est modĂ©rĂ©e (six items sur sept), d’autre part, la

relation avec les stratégies et les outils est relativement forte (trois items sur cinq)

pour la contractualisation, l’alignement stratĂ©gique et l’outil leur correspondant

qu’est la CGRÉ et modĂ©rĂ©e pour la planification stratĂ©gique et le PR sont pendant.

Les enseignants qui ont une opinion négative ont tendance à penser que la GAR

devrait ĂȘtre abolie ou faire l’objet d’ajustements majeurs. C’est donc les opinions

sur le principe de la reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles et les

stratĂ©gies de contractualisation et d’alignement stratĂ©gique qui influencent le plus

ou prĂ©disent le mieux l’opinion gĂ©nĂ©rale nĂ©gative des enseignants sur la GAR. Les

trois variables d’opinions qui prĂ©sentent une relation relativement forte avec les

perspectives à donner à la GAR chez les enseignants sont appréciées

négativement ce qui est représentatif de leur opinion générale négative sur la

GAR.

Chez les directions, il existe une relation entre les opinions sur les principes (la

reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite

des Ă©lĂšves; la reddition de comptes portant sur l’utilisation optimale des ressources

permet d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves et l’atteinte de rĂ©sultats en fonction

d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs, permet

d’accroĂźtre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves), les stratĂ©gies (contractualisation et alignement

stratĂ©gique) et les outils (CGRÉ) et leurs opinions des perspectives Ă  donner Ă  la

GAR. Ces relations sont fortes (Reddition de comptes et alignement stratégique),

relativement fortes (reddition de comptes et contractualisation) et modérées

(L’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus publics et mesurĂ©s

Ă  l’aide d’indicateurs et la CGRÉ). Les opinions sur les principes, les stratĂ©gies et

Page 205: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

191

les outils de la GAR des directeurs influencent ou prĂ©disent l’opinion gĂ©nĂ©rale

positive des directeurs sur la GAR.

Les zones de convergences se trouvent dans le pouvoir de prédiction des opinions

sur les stratégies (contractualisation et alignement stratégique) et les principes (la

reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles) sur les opinions gĂ©nĂ©rales

des acteurs sur la GAR. Ces liens significatifs et leur force Ă©tablissent la

représentativité des opinions des acteurs sur les perspectives à donner à la GAR

par rapport à leurs opinions globales sur la GAR. Les analyses de corrélation entre

les opinions et les perceptions des effets de la GAR ont donc été réalisées avec

la question des perspectives Ă  donner qui expriment les tendances des opinions

des acteurs sur la GAR. Les sections suivantes présentent les résultats obtenus

pour les trois types de variables des effets perçus de la GAR.

5.3.1. Les intĂ©rĂȘts socioprofessionnels de l’implantation de la GAR

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR ont un

lien significatif avec leurs perceptions des effets de l’implantation des PR et des

CGRÉ sur leur travail. Ce lien est plus fort chez les enseignants que pour les

directions. Le tableau 22 présente les données détaillées.

Page 206: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

192

Tableau 22. Les résultats du test Khi deux de Pearson et du Phi des liens entre les opinions et les effets perçus sur le travail

Variables des conditions de travail (intĂ©rĂȘts socioprofessionnels)

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl) P Phi Relation Khi 2 (ddl)

P Phi Relation

Charge de travail

2.4.1 PR 15,734 (1) 0,000 0,327 ModĂ©rĂ©e 3,467 (1) 0,063 - - 2.5.1 CGRÉ 17,885 (1) 0,000 0,354 ModĂ©rĂ©e 2,135 (1) 0,144 - -

Relations de travail (supérieur hiérarchique)

2.4.2 PR 30,142 (1) 0,000 0,448 Relativement

forte 0,366 (1) 0,545 - -

2.5.2 CGRÉ 28,146 (1) 0,000 0,444 Relativement

forte 3,522 (1) 0,061

Relations de travail (parents)

2.4.3 PR 25,129 (1) 0,000 0,421 Relativement

forte 4,484 (1) 0,034 0,344 Modérée

2.5.3 CGRÉ 21,292 (1) 0,000 0,391 ModĂ©rĂ©e 4,535 (1) 0,033 0,345 ModĂ©rĂ©e Relations de travail (professionnels)

2.4.4 PR 25,912 (1) 0,000 0,420 Relativement

forte 4,478 (1) 0,034 0,330 Modérée

2.5.4 CGRÉ 35,602 (1) 0,000 0,510 Relativement

forte 3,849 (1) 0,050 0,306 Modérée

DĂ©veloppement professionnel (confiance en soi)

2.4.5 PR 31,116 (1) 0,000 0,454 Relativement

forte 4,19 (1) 0,041 0,312 Modérée

2.5.5 CGRÉ 48,025 (1) 0,000 0,577 Relativement

forte 5,182 (1) 0,023 0,351 Modérée

Développement professionnel (acquisition compétences)

2.4.6 PR 20,448 (1) 0,000 0,369 Modérée 9,862 (1) 0,002 0,485 Relativement

forte

2.5.6 CGRÉ 26,686 (1) 0,000 0,434 Relativement

forte 9,364 (1) 0,002 0,472

Relativement forte

Autonomie professionnelle

Page 207: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

193

Variables des conditions de travail (intĂ©rĂȘts socioprofessionnels)

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl) P Phi Relation Khi 2 (ddl)

P Phi Relation

2.4.7 PR 34,612 (1) 0,000 0,479 Relativement

forte 1,292 (1) 0,256 - -

2.5.7 CGRÉ 35,601 (1) 0,000 0,494 Relativement

forte 1,26 (1) 0,262 - -

Pratiques d’évaluation du travail

2.4.8 PR 26,419 (1) 0,000 0,430 Relativement

forte 0,84 (1) 0,359 - -

2.5.8 CGRÉ 38,682 (1) 0,000 0,526 Relativement

forte 2,622 (1) 0,105 - -

Prestige social de la fonction

2.4.9 PR 23,622 (1) 0,000 0,401 Relativement

forte 2,036 (1) 0,154 - -

2.5.9 CGRÉ 23,675 (1) 0,000 0,408 Relativement

forte 3,723 (1) 0,054 - -

Page 208: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

194

Les analyses Ă©tablissent un lien significatif entre les opinions et les effets du PR

(neuf items) et de la CGRÉ (neuf items) sur le travail des enseignants en termes

de charge de travail, de relations de travail, de développement professionnel,

d’évaluation du travail et de prestige de la profession. La relation est relativement

forte (14 items/18) Ă  modĂ©rĂ©e (quatre items). Les variables pratiques d’évaluation

du travail, autonomie professionnelle, développement professionnel, relations de

travail et prestige de la fonction ont une influence relativement forte sur l’opinion

des enseignants. Ces derniÚres appréciées négativement (excepté relation de

travail avec les professionnels et développement professionnel en termes

d’acquisition de compĂ©tences pour le PR) et la charge de travail corroborent les

opinions nĂ©gatives et pourraient mĂȘme les prĂ©dire. MalgrĂ© le lien statistiquement

significatif, les deux variables apprĂ©ciĂ©es positivement n’auraient pas de pouvoir

prédictif, car elles sont contraires aux opinions négatives.

Cela signifie que si un enseignant a une perception négative des effets de la GAR

sur l’une de ces variables, il y a des chances relativement fortes ou modĂ©rĂ©es qu’il

ait une opinion négative de la GAR.

Pour les directions, les analyses Ă©tablissent des liens significatifs entre les

opinions et les effets perçus de la CGRÉ (quatre items) et du PR (quatre items)

sur les relations de travail et le développement professionnel. La relation est

modérée (six items) à relativement forte (deux items). Ces résultats montrent que

d’une part, les perceptions positives des directeurs sur les effets de la mise en

Ɠuvre des PR et des CGRÉ sur le dĂ©veloppement professionnel (acquisition de

nouvelles compétences) influencent modérément leurs opinions sur la GAR.

D’autre part, les perceptions positives des directeurs sur les effets de la mise en

Ɠuvre des CGRÉ sur leurs relations de travail avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique, les

parents et les professionnels influencent leurs opinions sur la GAR.

Cela confirme les résultats des statistiques descriptives qui établissent une

perception positive des effets de la GAR sur le travail des directeurs et corrobore

Page 209: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

195

leur opinion générale positive de la GAR. Cela signifie que si une direction a une

perception positive des effets de la GAR sur développement professionnel et les

relations de travail, il y a des chances respectivement modérées et relativement

fortes qu’il ait une opinion positive de la GAR.

Les perceptions des effets de la GAR sur leurs conditions de travail influencent

donc les opinions des acteurs sur ce mode de gestion. Cette influence est plutĂŽt

relativement forte à modérée chez les enseignants et modérée à relativement forte

chez les directeurs d’établissement.

La zone de convergence se situe dans l’influence des opinions des enseignants et

des directeurs par les variables de relations de travail et développement

professionnel. Par ailleurs, la tendance est la mĂȘme pour le PR et la CGRÉ chez

les enseignants et les directeurs avec autant de liens significatifs pour les deux

outils. Enfin, la variable dĂ©veloppement professionnel en termes d’acquisition de

nouvelles compĂ©tences pour la CGRÉ a une influence relativement forte sur les

opinions autant des enseignants que des directeurs alors que la variable relation

de travail avec les parents a une influence modérée pour les deux groupes.

Cependant, chez les enseignants deux items n’ont pas de pouvoir prĂ©dictif. Aussi,

la force de la relation est plus grande chez les enseignants si on considĂšre le

nombre de variables et la force de la relation. Enfin la relation n’existe pas pour 10

variables chez les directeurs alors qu’elle existe pour les 18 variables chez les

enseignants. Ces rĂ©sultats permettent de conclure la diffĂ©rence des intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels entre les enseignants et les directions.

Ces résultats confirment les conclusions des analyses descriptives qui montrent

une divergence dans les perceptions des effets de l’implantation de la GAR sur le

travail des acteurs scolaires. Les rĂ©sultats confirment Ă©galement d’une part, les

études qui évoquent souvent les conséquences de la GAR sur le travail des

enseignants (Malet, 2009 et 2010). D’autre part, les Ă©tudes sur l’idĂ©ologie

professionnelle qui affirment que la mise en Ɠuvre des nouvelles politiques

Page 210: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

196

éducatives a un effet positif sur le développement professionnel des directeurs

dont ils revalorisent la fonction (Lessard et al., 2008).

5.3.2. Les coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels des acteurs

scolaires

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement de la GAR ont un

lien avec leurs perceptions des effets de l’implantation des PR et des CGRÉ sur

leurs rÎles et responsabilités. Le tableau 23 présente les données détaillées

Page 211: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

197

Tableau 23. Les résultats du test Khi deux de Pearson et du Phi des liens entre les opinions et les effets perçus sur les rÎles et responsabilités

Variables des rĂŽles et des responsabilitĂ©s (coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels)

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl)

P Phi Relation Khi 2 (ddl) P Phi Relation

Soutien et accompagnement

3.6.1 PR 1,556 (1) 0,212 - - 3,57 (1) 0,059 - - 3.6.2 CGRÉ

0,681 (1) 0,409 - - 6,662 (1) 0,010 0,403 Relativement

forte Connaissance du contenu des outils

3.7.1 PR ,111 (1) 0,739 - - 2,393 (1) 0,122 3.7.2 CGRÉ ,533 (1) 0,465 - - 5,081 (1) 0,024 0,352 ModĂ©rĂ©e

Type de changements institutionnels vĂ©cu 3.9.1 PR 0,759 (1) 0,384 - - 2,401 (1) 0,121 - - 3.9.2 CGRÉ 1,757 (1) 0,185 - - 0,231 (1) 0,631 - -

Évolution des rĂŽles et responsabilitĂ©s 3.10.1 PR 7,209 (1) 0,007 0,226 ModĂ©rĂ©e 0,029 (1) 0,865 - - 3.10.2 CGRÉ 6,088 (1) 0,014 0,212 ModĂ©rĂ©e 0,352 (1) 0,553 - -

Nouvelles attentes 3.11.1 PR 1,699 (1) 0,192 - - 3,612 (1) 0,057 - - 3.11.2 CGRÉ

,984 (1) 0,321 - - 7,791 (1) 0,005 0,436 Relativement

forte Adaptation aux nouvelles attentes

3.12.1 PR 7,025 (1) 0,008 0,252 ModĂ©rĂ©e 1,535 (1) 0,215 - - 3.12.2 CGRÉ 10,879 (1) 0,001 0,328 ModĂ©rĂ©e 3,317 (1) 0,069

Page 212: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

198

Les résultats du Khi deux de Pearson établissent des liens significatifs entre les

opinions et les effets de l’implantation du PR et de la CGRÉ (en termes

d’évolutions des rĂŽles et responsabilitĂ©s et d’adaptation aux nouvelles attentes)

sur les rÎles et responsabilités des enseignants. La relation est modérée pour les

quatre items. En se rĂ©fĂ©rant aux rĂ©sultats des statistiques descriptives, c’est la

variable évolution des rÎles et responsabilités qui influence ou prédit le mieux les

opinions des enseignants. En effet, la perception négative des enseignants pour

cette variable est en cohérence avec les opinions négatives des enseignants sur

la GAR. Ce qui n’est pas le cas pour la variable adaptation aux nouvelles attentes

dont la perception est positive contrairement aux opinions des enseignants. Cela

signifie que si un enseignant a une perception nĂ©gative de l’implantation de la GAR

sur l’évolution de ses rĂŽles et responsabilitĂ©s, il y a des chances modĂ©rĂ©es qu’il ait

une opinion négative de la GAR.

Les résultats du Khi deux établissent un lien similaire pour les directeurs

concernant la CGRÉ (en termes de nouvelles attentes des parents et des CS, de

soutien accompagnement reçu et de connaissance du contenu des outils). La

relation est relativement forte pour les deux premiÚres variables et modérée pour

la troisiĂšme. En se rĂ©fĂ©rant aux rĂ©sultats des statistiques descriptives c’est le

soutien accompagnement reçu et la connaissance du contenu des outils qui

influencent ou prédisent les opinions des directions. En effet, la perception positive

des directeurs pour ces variables est en cohérence avec les opinions positives des

directeurs sur la GAR. Cela signifie que si une direction a une perception positive

de l’implantation de la GAR sur le soutien accompagnement reçu et la

connaissance du contenu des outils il y a respectivement des chances

relativement fortes et modĂ©rĂ©es qu’il ait une opinion positive de la GAR.

Les perceptions des effets de la GAR sur leurs rÎles et responsabilités influencent

donc les opinions des acteurs scolaires. On note pour la variable indépendante

coĂ»ts d’adaptation aux changements une diffĂ©rence entre les enseignants et les

Page 213: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

199

directeurs mĂȘme si le lien avec la variable dĂ©pendante est Ă©tabli pour les deux

groupes. Le lien significatif porte sur quatre items pour les enseignants et trois

items pour les directions. Chez les enseignants les deux items concernent le PR

et les deux autres la CGRÉ. Chez les directeurs les trois items portent sur la

CGRÉ. La force de la relation modĂ©rĂ©e chez les enseignants et relativement forte

et modĂ©rĂ©e chez les directeurs d’établissement constitue Ă©galement une

différence. Enfin, les deux variables dont la force du lien est la plus élevée sont

différentes entre les enseignants (évolution de ses rÎles et responsabilités) et les

directeurs (soutien accompagnement reçu). La zone de convergence se situe dans

le fait que le lien est significatif pour les deux groupes.

Ces résultats confirment les conclusions des analyses descriptives qui montrent

une divergence dans les perceptions des effets de la GAR sur les rĂŽles et

responsabilités des acteurs, mais également les conclusions de Lessard et

al. (2008, 2009) sur l’évolution du travail scolaire engendrĂ© par les nouvelles

politiques Ă©ducatives. En effet, les directeurs qui se reconnaissent comme des

relais de la politique ont connu un coĂ»t d’adaptation aux changements moins Ă©levĂ©

que les enseignants, mĂȘme si les deux groupes affirment s’ĂȘtre adaptĂ©s facilement

aux nouvelles attentes (Lessard et al., 2008).

5.3.3. La vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR ont un

lien avec leurs perceptions des effets de la mise en Ɠuvre des PR et des CGRÉ

sur l’efficacitĂ© de leurs Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s du systĂšme

Ă©ducatif. Ce lien est sensiblement le mĂȘme pour les enseignants et les directions.

Le tableau 24 présente les données détaillées.

Page 214: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

200

Tableau 24. Les rĂ©sultats du test Khi deux de Pearson et du Phi des liens entre les opinions et les effets perçus de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s

Variables de l’efficacitĂ© des outils dans la poursuite des finalitĂ©s (vision de l’éducation)

Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl) P Phi Relation Khi 2 (ddl)

P Phi Relation

Efficacité des outils dans la poursuite des finalités (instruire)

4.16.1 PR 14,911 (1) 0,000 0,325 Modérée 0,389 (1) 0,533 - -

4.17.1 CGRÉ 18,069 (1) 0,000 0,363 ModĂ©rĂ©e 9,322 (1) 0,002 0,466 Relativement

forte Efficacité des outils dans la poursuite des finalités (socialiser)

4.16.2 PR 11,993 (1) 0,001 0,293 Modérée 7,442 (1) 0,006 0,416 Relativement

forte 4.17.2 CGRÉ 16,752 (1) 0,000 0,356 ModĂ©rĂ©e 3,46 (1) 0,063 - -

Efficacité des outils dans la poursuite des finalités (qualifier)

4.16.3 PR 10,812 (1) 0,001 0,281 Modérée 7,442 (1) 0,006 0,416 Relativement

forte

4.17.3 CGRÉ 15,518 (1) 0,000 0,340 ModĂ©rĂ©e 13,057 (1) 0,000 0,551 Relativement

forte

Page 215: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

201

Les résultats du Khi deux de Pearson établissent un lien entre les opinions et les

effets de la mise en Ɠuvre du PR et de la CGRÉ (effet levier dans la poursuite des

finalitĂ©s) sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements. Chez les enseignants la force du lien

est modérée. Au regard des statistiques descriptives les effets perçus de la GAR

sur l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement dans la poursuite des finalitĂ©s (instruire,

socialiser et qualifier) n’influencent pas ou ne permet pas de prĂ©dire les opinions

des enseignants sur la GAR. Les perceptions positives des variables d’efficacitĂ©

des établissements ne sont pas en cohérence avec les opinions négatives sur la

GAR. Toutefois il est constatĂ© que les perceptions positives de l’efficacitĂ© des

établissements sont en cohérence avec les opinions positives sur la pertinence

des outils (PR et CGRÉ).

Les résultats établissent chez les directeurs un lien similaire pour le PR (effet levier

dans la poursuite des finalitĂ©s socialiser (0,41) et qualifier (0,41)) et la CGRÉ (effet

levier dans la poursuite des finalités instruire (0,46) et qualifier (0,55)). Les

perceptions des effets de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements influencent

fortement les opinions des acteurs scolaires. La relation est relativement forte pour

les quatre variables. Au regard des statistiques descriptives, les perceptions

positives des effets de la GAR sur les Ă©tablissements influencent fortement les

opinions des directeurs sur la GAR. Cela signifie que si une direction a une

perception positive de l’implantation de la GAR sur l’efficacitĂ© de son

Ă©tablissement (effet levier) dans la poursuite des missions de socialisation et de

qualification, il y a des chances relativement fortes qu’il ait une opinion positive de

la GAR.

On note sur le plan des variables indépendantes des effets perçus sur les visions

de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements une similitude au plan statistique entre les

enseignants et les directions. Cependant, le lien positif porte sur six items pour les

enseignants alors qu’il porte sur quatre items pour les directions. En plus a relation

est forte chez les directeurs et modérée chez les enseignants. Par ailleurs, la

Page 216: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

202

tendance est la mĂȘme pour les enseignants et les directeurs Ă  savoir la moitiĂ© des

items pour le PR et l’autre moitiĂ© pour la CGRÉ. Par contre l’influence ou le pouvoir

de prédiction important noté chez les directeurs au regard des statistiques

descriptives ne se retrouvent pas chez les enseignants. Ces derniers ayant une

perception positive de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements contradictoire avec leurs

opinions nĂ©gatives de la GAR. La vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

n’influence donc pas les opinions des enseignants sur la GAR contrairement aux

directions.

5.3.4. Les autres déterminants (caractéristiques socioprofessionnelles)

Les opinions des enseignants et des directeurs d’établissements sur la GAR ont

un lien avec leurs caractéristiques socioprofessionnelles. Ce lien est trÚs différent

chez les enseignants et les directions. Le tableau 25 présente les données

détaillées.

Page 217: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

203

Tableau 25. Les résultats du test Khi deux de Pearson et du Phi des liens entre les opinions et les caractéristiques socioprofessionnelles des acteurs

Variables socioprofessionnelles Enseignants Directeurs

Khi 2 (ddl) P Phi Relation Khi 2 (ddl) P Phi Relation

5.21 Sexe 1,557 0,212 - - 5,736 (1) 0,017 0,37 Modérée

5.25 Fonction 31,337 (1) 0,000 -0,40 Relativement

forte 31,337 (1) 0,000 -0,40

Relativement forte

5.28 Milieu socioéconomique desservi 4,097 0,043 -0,17 Faible 0,705 (1) 0,401 - -

5.31 Ordre d’enseignement 8,254 0,004 -0,23 ModĂ©rĂ©e 0,105 (1) 0,746 - -

5.33 Statut d’emploi 8,55 0,003 0,24 ModĂ©rĂ©e 0,459 (1) 0,498 - -

Page 218: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

204

Les résultats du Khi deux de Pearson établissent un lien entre la fonction des

acteurs scolaires et les opinions sur la GAR. La force de ce lien (-0,40) est

relativement forte autant chez les enseignants que les directions. Par ailleurs, le

lien est établi entre les opinions et le milieu socioéconomique desservi (-0,17),

l’ordre d’enseignement (-0,23) et le statut d’emploi (0,24) des enseignants. La

force de la relation est faible pour la premiÚre variable et modérée pour les deux

suivantes. Chez les directeurs le lien est significatif pour la variable genre (0,37)

en plus de la fonction. La relation est de force modérée.

La zone de convergence se situe au niveau de la fonction. Au regard des

statistiques descriptives, la variable socioprofessionnelle de la fonction influence

les opinions des acteurs scolaires dans la mesure oĂč la diffĂ©rence de fonction est

en cohérence avec la différence des opinions. Cela corrobore les résultats des

Ă©tudes sur l’idĂ©ologie professionnelle de Lessard et al. (2008) qui affirment la

différence de perception en lien avec la différence de fonction entre les directeurs

et les enseignants sur les politiques Ă©ducatives. Les directeurs ayant une

perception plus positive des effets des politiques que les enseignants.

Il apparaüt que les perceptions des effets de la mise en Ɠuvre des PR et des

CGRÉ influencent les opinions des acteurs scolaires sur la GAR. Le Khi deux a

permis d’établir les liens significatifs entre les opinions des acteurs scolaires et

leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels, leurs coĂ»ts d’adaptation aux changements et

leur vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements.

Les liens significatifs sont plus nombreux chez les enseignants (32 items) que chez

les directeurs d’établissement (17 items). Par contre les relations sont plus

nombreuses chez les enseignants (15 items/32) que chez les directeurs (neuf

items/17). Les relations sont aussi plus nombreuses avec les variables intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels (enseignants 18 items et directeurs huit items) que sur les

deux autres types de variables. Les effets de la mise en Ɠuvre de la CGRÉ (neuf

items) sont plus déterminants que ceux des PR (six items) pour les directeurs

Page 219: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

205

d’établissement alors que pour les enseignants on retrouve un Ă©quilibre (PR 14

items et CGRÉ 14 items). La CGRÉ comme le PR prĂ©sente sept relations

relativement fortes chez les enseignants. Chez les directeurs la mĂȘme tendance

est observĂ©e (cinq relations relativement fortes pour la CGRÉ vs trois pour le PR).

Le tableau 26 présente la synthÚse des variables qui présentent un lien significatif

avec les opinions des acteurs scolaires.

Tableau 26. Les liens statistiquement significatifs entre les opinions des enseignants et des directeurs d’établissement sur la GAR et ses effets perçus

Variables Enseignants Directeurs Zones de convergences

IntĂ©rĂȘts socioprofessionnels

Charge de travail

Relations de travail

DĂ©veloppement professionnel

Autonomie professionnelle

Évaluation du travail

Prestige de la profession

Relations de travail

DĂ©veloppement professionnel

Relations de travail

DĂ©veloppement professionnel

CoĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels

Évolutions des rĂŽles et responsabilitĂ©s

Adaptation aux nouvelles attentes

Soutien-accompagnement reçu

Niveau de connaissance des outils

Nouvelles attentes des parents et de la CS

Vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Efficacité des établissements dans poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier)

Efficacité des établissements dans poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier)

Efficacité des établissements dans poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier)

Caractéristiques socioprofessionnelles

Fonction

Milieu socioéconomique desservi

Ordre d’enseignement

Statut d’emploi

Fonction

Genre

Fonction

Page 220: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

206

La comparaison entre les enseignants et les directeurs d’établissement fait

ressortir des différences et des similitudes pour les variables qui ont un lien

statistique significatif avec les opinions des acteurs sur la GAR. NĂ©anmoins les

zones de divergences sont plus nombreuses que les zones de convergences. Les

convergences sont prĂ©sentes pour les variables intĂ©rĂȘts socioprofessionnels,

vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements et les caractĂ©ristiques

socioprofessionnelles. Les divergences résident dans le fait que certaines

variables qui ont un lien pour les enseignants n’en ont pas pour les directeurs et

inversement. Au regard des statistiques descriptives, certaines variables de

perception des effets n’influencent pas ou ne permettent pas de prĂ©dire les

opinions des acteurs scolaires. Il s’agit des perceptions des enseignants du

développement professionnel en termes de confiance en soi dans la mise en

Ɠuvre de la CGRÉ, de l’adaptation aux nouvelles attentes et de la vision de

l’efficacitĂ© des Ă©tablissements. Chez les directeurs cette situation n’est observĂ©e

qu’au niveau des nouvelles attentes des parents et des CS.

Au chapitre des intĂ©rĂȘts socioprofessionnels, le lien est significatif pour les cinq

variables (charge de travail; relations de travail; développement professionnel;

Ă©valuation du travail; et prestige de la profession) chez les enseignants alors que

ce lien n’existe que pour deux variables (relation de travail et dĂ©veloppement

professionnel) chez les directions. Sur le plan des coĂ»ts d’adaptation aux

changements institutionnels, le lien existe pour les quatre variables (soutien-

accompagnement reçu; niveau de connaissance des outils; et nouvelles attentes

des parents et des CS) chez les directeurs d’école, alors qu’il n’existe que pour

deux variables (évolutions des rÎles et responsabilités et adaptation aux nouvelles

attentes) chez les enseignants. Concernant la vision de l’efficacitĂ© des

Ă©tablissements, le lien existe autant pour les directeurs que les enseignants. Enfin,

pour ce qui est des caractéristiques socioprofessionnelles cinq variables (fonction;

milieu socioĂ©conomique desservi, ordre d’enseignement et statut d’emploi)

influencent les opinions des enseignants alors que seuls le genre et la fonction

influencent les opinions des directions.

Page 221: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

207

Au niveau empirique, les variables des perceptions ayant une influence ou un

pouvoir prĂ©dictif des opinions chez les enseignants sont les intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels (charge de travail; relations de travail; développement

professionnel; autonomie professionnelle; pratiques d’évaluation du travail; et

prestige social de la profession), les coĂ»ts d’adaptation aux changements

institutionnels (évolutions des rÎles et responsabilités) et les caractéristiques

socioprofessionnelles (la fonction, le milieu socioĂ©conomique desservi, l’ordre

d’enseignement et le statut d’emploi).

Chez les directeurs ce sont les intĂ©rĂȘts socioprofessionnels (relations de travail et

dĂ©veloppement professionnel), les coĂ»ts d’adaptation aux changements

institutionnels (soutien-accompagnement reçu; connaissance des outils et

nouvelles attentes des parents et de CS), la vision de l’efficacitĂ© des

établissements dans poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier) et les

caractéristiques socioprofessionnelles (la fonction et le genre).

La zone de convergence des déterminants des opinions des enseignants et des

directeurs se situe au niveau des intĂ©rĂȘts socioprofessionnels en termes de

relations de travail et de développement professionnel; et les caractéristiques

socioprofessionnelles en termes de fonction qui dĂ©termine les coĂ»ts d’adaptation

aux changements institutionnels. Le tableau 27 présente la synthÚse des

déterminants des opinions sur la GAR.

Page 222: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

208

Tableau 27. Les déterminants des opinions des enseignants et des directeurs sur la GAR

Variables Enseignants Directeurs Zones de convergences

IntĂ©rĂȘts socioprofessionnels

Charge de travail

Relations de travail

Évaluation du travail

Autonomie professionnelle

Pratiques d’évaluation du travail

Prestige de la profession

Relations de travail

DĂ©veloppement professionnel

Relations de travail

DĂ©veloppement professionnel

CoĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels

Évolutions des rĂŽles et responsabilitĂ©s

Soutien-accompagnement reçu

Niveau de connaissance des outils

Adaptation aux nouvelles attentes

Vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

Efficacité des établissements dans poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier)

Caractéristiques socioprofessionnelles

Fonction

Milieu socio-Ă©conomique desservi

Ordre d’enseignement

Statut d’emploi

Fonction

Genre

Fonction

5.4. Conclusion

La présente recherche visait notamment à vérifier deux hypothÚses :

1) HypothĂšse 1 :

Les opinions de la GAR des enseignants et des directeurs d’établissement ont un

lien avec les effets perçus de son implantation sur leurs intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels (conditions de travail), leurs coĂ»ts d’adaptation aux

Page 223: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

209

changements institutionnels (rĂŽles et responsabilitĂ©s) et l’efficacitĂ© de leur

Ă©tablissement (vision de l’école).

2) HypothĂšse 2 :

Les divergences dans les opinions de GAR de perceptions des effets de son

implantation des enseignants et des directeurs s’expliquent par les diffĂ©rences

d’idĂ©ologie professionnelle.

Les rĂ©sultats de l’étude dĂ©crits dans les sections prĂ©cĂ©dentes confirment les deux

hypothÚses. Pour la premiÚre hypothÚse, il a été démontré avec le test du Khi deux

que les variables des effets perçus sur le travail (intĂ©rĂȘts socioprofessionnels), les

rĂŽles et responsabilitĂ©s (coĂ»ts d’adaptation aux changements) et l’efficacitĂ© des

Ă©tablissements (la vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements) avaient un lien avec

les opinions de la GAR. Autant pour les enseignants que les directeurs

d’établissement, le Khi deux a dĂ©montrĂ© des liens significatifs dont la force a Ă©tĂ©

mesurée avec le Phi.

La deuxiĂšme hypothĂšse est confirmĂ©e par les rĂ©sultats. La diffĂ©rence d’opinions

des enseignants avec les directeurs d’établissements est corroborĂ©e par leur

diffĂ©rence dans les perceptions des effets de l’implantation de la GAR sur leur

travail et leurs rÎles et responsabilités. Les enseignants qui ont une opinion

négative sur la GAR ont une perception négative de ses effets sur leur travail

(intĂ©rĂȘts socioprofessionnels) et sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s (coĂ»ts

d’adaptation au changement).

Les directeurs d’établissement qui ont une opinion positive de la GAR ont une

perception positive de ses effets sur leur travail (intĂ©rĂȘts socioprofessionnels) et

sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s (coĂ»ts d’adaptation au changement). La

divergence dans les opinions se retrouve également dans les effets perçus de la

GAR. Il s’avĂšre donc que la diffĂ©rence dans les opinions prĂ©sente un lien avec la

diffĂ©rence des intĂ©rĂȘts socioprofessionnels et des coĂ»ts d’adaptation aux

Page 224: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

210

changements institutionnels des acteurs scolaires (enseignants et directions). Ces

deux variables prĂ©sentent un lien avec l’idĂ©ologie professionnelle dans la mesure

oĂč la diffĂ©rence de fonction entre les enseignants et les directeurs d’établissement

entraßne une différence dans leurs conditions de travail et leurs rÎles et

responsabilités. Ces différences sont porteuses de représentations différentes des

acteurs scolaires sur les effets de l’implantation de la GAR qui impactent

différemment leurs pratiques professionnelles.

Globalement la divergence des opinions et des perceptions des enseignants et

des directeurs d’établissements est largement Ă©tablie par les rĂ©sultats de la

présente étude.

Toutefois, il faut noter que de maniÚre spécifique, il existe des zones de

convergences. D’abord, dans les opinions, la pertinence des outils et la

perspective d’ajustement de la GAR font consensus. Ensuite, concernant les

perceptions, les enseignants et les directeurs s’accordent sur l’efficacitĂ© des outils

de la GAR dans la poursuite des finalités (instruire, socialiser et qualifier) du

systÚme éducatif dans leurs établissements. Enfin, les déterminants des opinions

des acteurs scolaires sont les relations de travail et le développement

professionnel et la fonction. Le tableau 28 présente ces zones de convergences.

Page 225: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

211

Tableau 28. La synthÚse des résultats

Opinions et perceptions sur la GAR DĂ©terminants des opinions sur

la GAR

Principes

Opinions essentiellement contradictoires pour la pertinence des principes de la GAR dans l’accroissement des rĂ©sultats scolaires.

La zone de convergence se situe :

principes de l’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats pour favoriser l’amĂ©lioration continue des pratiques et

reddition de comptes sur les ressources.

IntĂ©rĂȘts socioprofessionnels (effet travail) :

charge de travail

relations de travail

CoĂ»ts d’adaptation aux changements (effet idĂ©ologie professionnelle) :

fonction

StratĂ©gies Convergence dans la pertinence de la planification. Divergence dans la pertinence de la contractualisation et de l’alignement stratĂ©gique

Outils Convergence dans la pertinence des outils

Perspectives

La majoritĂ© des acteurs opĂ©rationnels pensent que la GAR devrait ĂȘtre maintenue avec des ajustements :

majeurs pour les enseignants

mineurs pour les directeurs d’établissements ils devaient ĂȘtre.

Commentaires généraux sur la pertinence de la GAR

Les opinions des enseignants et des directeurs d’écoles se recoupent :

inefficacitĂ© de la stratĂ©gie top-down dans la mise en Ɠuvre de la GAR et

dans la fraude et la manipulation des résultats que favorise la GAR.

Les propositions d’amĂ©lioration de la GAR convergentes :

5 Ă©lĂ©ments sont proposĂ©s par les deux groupes alors 3 Ă©lĂ©ments sont spĂ©cifiques aux enseignants (Le changement de la place et du sens donnĂ©s Ă  l’évaluation; La rĂ©duction de la taille des classes; La limitation des consĂ©quences nĂ©gatives de la GAR) et

1 Ă©lĂ©ment aux directeurs d’établissements (L’amĂ©lioration de la mise en Ɠuvre de la GAR).

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale on voit que les commentaires des enseignants et des directeurs d’établissements sur la GAR sont essentiellement convergents. On note cependant que ces commentaires sont plus importants chez les enseignants dans la rubrique des points faibles et dans les changements Ă  apporter alors qu’ils sont moins nombreux pour les points forts.

Les commentaires spécifiques sont surtout relatifs :

Page 226: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

212

à des aspects pédagogiques pour les enseignants et

aux aspects de gestion pour les directeurs d’établissements.

Effets perçus sur le travail

Les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissement sur les effets du PR sur leur travail sont essentiellement convergentes avec celles des directeurs d’établissements.

Par contre, les perceptions des enseignants des effets de la CGRÉ sur leur travail sont divergentes avec celles des directeurs d’établissements.

-

Effets perçus sur les rÎles et responsabilités

Les perceptions des enseignants sur les effets de la mise en Ɠuvre du PR et de la CGRÉ sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s sont essentiellement divergentes.

Convergentes pour trois sous-dimensions (connaissance du contenu des outils de mise en Ɠuvre, les nouvelles attentes gĂ©nĂ©rĂ©es et l’adaptation aux nouvelles attentes) et

divergentes pour les quatre autres sous dimensions (type de changements institutionnels vĂ©cus, l’évolution des rĂŽles et responsabilitĂ©s des acteurs scolaires, le soutien et accompagnement et occasion de discussion de la GAR).

-

Effets perçus sur la vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements

les perceptions des enseignants et des directeurs d’établissements sur les effets de la GAR sur les orientations et la performance des Ă©tablissements sont essentiellement convergentes.

-

Page 227: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

213

Chapitre 6. Discussion des résultats

Le chapitre six est consacré à la discussion des résultats. Ces derniers sont mis

en dialogue avec les rĂ©sultats d’autres recherches prĂ©sentĂ©es dans la premiĂšre

partie de la thĂšse. Ensuite les perspectives et les limites de la recherche sont

évoquées dans les deux derniÚres sections. Ce chapitre permet de situer la

recherche dans le champ du domaine d’étude autant en termes de prospectives

que de perspectives.

6.1. Discussion des résultats

Les opinions recueillies auprÚs des répondants montrent une différence entre les

enseignants et les directeurs d’établissement dĂ©terminĂ©es entre autres par leur

fonction et leur différence de perception des effets de la GAR. Les directeurs ont

une perception positive de la GAR à leur trÚs large majorité alors que les

enseignants ont plutÎt une perception négative. Les opinions des enseignants et

des directeurs présentent un lien significatif avec leur fonction. Ces résultats

corroborent les conclusions de Lessard et al. (2008) sur l’idĂ©ologie professionnelle

qui affirment que les perceptions des directeurs de l’utilitĂ© des politiques

Ă©ducatives sont plus grandes. Cependant nous nuançons l’affirmation de Lessard

et al., (2008) selon laquelle les directeurs d’établissement ont connu une

augmentation de leur charge de travail, car nos résultats montrent un

accroissement de la charge de travail seulement dans l’implantation de la CGRÉ.

Les directeurs identifient plutĂŽt la transformation de leurs rĂŽles et de leurs

responsabilitĂ©s avec la mise en Ɠuvre du PR. Au contraire les enseignants

perçoivent dans leur trĂšs large majoritĂ© l’accroissement de leur charge de travail,

des rÎles et responsabilités de leurs établissements et des leurs.

Nos rĂ©sultats vont Ă©galement dans le mĂȘme sens que les conclusions de Lessard

et al. (2008) sur l’adaptation des acteurs, enseignants comme directeurs, aux

Page 228: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

214

prescriptions des politiques. Les acteurs s’adaptent aux nouvelles attentes que

l’implantation de la GAR a engendrĂ©es au niveau des CS et des parents. MĂȘme si

cette adaptation aux nouvelles attentes a été relativement facile pour les deux

types d’acteurs, le soutien inĂ©gal reçu prĂ©figure que le coĂ»t d’adaptation aux

changements a été différent entre les enseignants et les directeurs. Les

enseignants avec le faible soutien reçu et les occasions de discuter de la GAR

moins nombreuses ont absorbĂ© un coĂ»t d’adaptation aux changements plus Ă©levĂ©

que les directeurs; d’autant plus que les aspects abordĂ©s par la GAR sont plus

Ă©loignĂ©s de leurs tĂąches d’enseignement. On peut par ailleurs constater que les

cibles dans les PR et les CGRÉ en lien avec la rĂ©ussite des Ă©lĂšves interpellent

plus directement les enseignants. Les rĂ©sultats des Ă©lĂšves peuvent ĂȘtre plus

facilement liĂ©s Ă  un enseignant qu’à un directeur d’école qui est indirectement

responsable de tous les Ă©lĂšves. L’action de coordination place les directeurs dans

une posture d’intervention indirecte sur la rĂ©ussite des Ă©lĂšves contrairement aux

enseignants.

Les enseignants évoquent pour leur part les difficultés à assurer un enseignement

de qualitĂ© pour tous leurs Ă©lĂšves dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es que les auteurs

critiques (Novoa, 1995; Malet, 2009) notamment dans le cas des classes

hĂ©tĂ©rogĂšnes avec l’intĂ©gration des Ă©lĂšves HDAA par exemple. Les Ă©lĂšves n’ayant

pas de difficultés particuliÚres seraient selon eux "Sacrifiés" du fait du nivellement

par le bas qui est opĂ©rĂ©, l’enseignant ne pouvant offrir un accompagnement

particulier Ă  tous du fait du plus grand besoin d’aide des Ă©lĂšves HDAA. En plus les

enseignants rapportent mettre beaucoup plus de temps à répondre aux demandes

des parents [nouveaux impératifs dans les relations école-communauté

(Boyd, 1999)] alors mĂȘme que cela ne fait pas, de leur point de vue, partie de leurs

tĂąches professionnelles normales, vu qu’ils ne sont pas des Ă©ducateurs

spécialisés. Ces nouveaux rÎles assignés aux enseignants ne sont pourtant pas

comptabilisĂ©s comme de nouvelles tĂąches dans le sens oĂč ils ne sont pas

rĂ©munĂ©rĂ©s en heures supplĂ©mentaires et qu’ils ne bĂ©nĂ©ficient pas d’allĂšgements

de leurs autres tñches. Cela est d’autant plus difficile que les enseignants n’ayant

Page 229: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

215

pas reçu de formation pour exercer ces nouveaux rĂŽles doivent quand mĂȘme

réaménager leur emploi du temps et acquérir le savoir-faire nécessaire pour

réaliser ces tùches. Cela amÚne à penser que les efforts demandés aux acteurs

dans l’implantation de la GAR sont trĂšs inĂ©gaux. Paradoxalement, la

reconnaissance des résultats obtenus met plus en avant les directeurs

d’établissement. Les rĂ©sultats des Ă©coles leur Ă©tant attribuĂ©s en totalitĂ© alors que

les enseignants ne se voient reconnaßtre que les résultats des élÚves de leur

classe. La forme de moyenne dans laquelle sont présentés les résultats des élÚves

dans les PR et les CGRÉ qui servent de supports aux rĂ©sultats d’ensemble

favorise cette plus grande reconnaissance du mérite des directeurs

d’établissement comparĂ©s aux enseignants dont l’apport partiel est moins visible.

De nombreuses critiques de la philosophie de l’évaluation (Martuccelli, 2009) se

retrouvent dans les commentaires des acteurs qui perçoivent plusieurs biais et

manipulations qui font perdre Ă  l’évaluation son objectivitĂ© et le pouvoir de rendre

compte de la rĂ©ussite rĂ©elle des Ă©lĂšves. À ce propos, la fĂ©dĂ©ration autonome de

l’enseignement dĂ©nonçait dans un article paru dans Le Devoir le « tripotage »

« des résultats des examens pour gonfler artificiellement le taux de réussite des

élÚves » au primaire et au secondaire (Le Devoir, 28 avril 2017). Selon le sondage

menĂ© par ce syndicat d’enseignants, 47,0 % des rĂ©pondants indiquent avoir vu les

notes de leurs élÚves modifiées sans leur consentement. Selon les résultats du

mĂȘme sondage, 20,0 % des enseignants ont dĂ©jĂ  reçu une demande de modifier

des rĂ©sultats d’élĂšves notamment pour atteindre les cibles (Le Devoir, 28 avril

2017). Dans le mĂȘme article, il est affirmĂ© que le ministre de l’Éducation

reconnaissait que les rĂšgles du ministĂšre permettent de porter les notes de 58 et

59 % à la note de passage qui est 60 % (Le Devoir, 28 avril 2017). Le référent

Ă©tant non le travail et les compĂ©tences de l’élĂšve, mais les objectifs chiffrĂ©s du

systĂšme (Malet, 2009). Cela entre en contradiction avec les politiques

pédagogiques qui sont en approche par compétences. En effet, un des principaux

avantages de l’approche par compĂ©tences rĂ©side dans l’efficacitĂ© externe

(rĂ©ussite Ă©ducative) de l’école qu’elle vise Ă  accroitre. Les apprenants peuvent

Page 230: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

216

utiliser leurs compĂ©tences, quel que soit le niveau d’étude qu’ils vont atteindre.

Cette approche trĂšs pragmatique de la rĂ©ussite est en contradiction avec l’aspect

trĂšs administratif de l’efficacitĂ© interne (rĂ©ussite scolaire) amenĂ©e par la GAR. Le

manque de cohĂ©rence apparaĂźt Ă©galement dans le choix des outils d’implantation.

La CGRÉ met en relief la notion de rĂ©ussite Ă©ducative dans sa dĂ©nomination dans

un sens similaire Ă  l’approche par compĂ©tences, mais dans ses prescriptions met

l’accent sur la rĂ©ussite scolaire.

Les résultats obtenus montrent que les perceptions des acteurs sur les effets de

la GAR ne sont ni totalement positives, ni totalement négatives comme le concluait

Meuret (2012) dans sa méta-analyse des évaluations des politiques de GAR

effectuĂ©es aux États-Unis. Autant les enseignants que les directeurs

d’établissement perçoivent des effets positifs et nĂ©gatifs de l’implantation de la

GAR sur leur travail, leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s et sur l’efficacitĂ© des

établissements. Cela peut amener à déplacer le débat de la pertinence de la GAR

du terrain des valeurs (origine nĂ©olibĂ©rale) Ă  celui de l’efficacitĂ© (impact sur la

réussite des élÚves). Il serait intéressant de changer les aspects jugés négatifs

pour aller vers une forme de GAR nouvelle, plus éloignée de la forme actuelle,

mais plus adaptĂ©e aux enjeux et aux spĂ©cificitĂ©s du secteur de l’éducation. Un tel

pragmatisme serait de nature Ă  faciliter le dialogue des acteurs et donc

l’intelligence collective et la synergie nĂ©cessaires pour conjuguer les efforts et

concentrer les énergies sur les vrais défis de la réussite des élÚves. En effet tous

les efforts consacrés à la gestion des résistances des enseignants pourraient

servir Ă  la recherche d’approches pĂ©dagogiques et de gestion plus efficaces dans

la mobilisation des forces des acteurs.

Concernant les effets perçus sur les conditions de travail (intĂ©rĂȘts), nos rĂ©sultats

appuient les conclusions de certains auteurs (Lessard et al., 2008, 2009; Shipps

et White, 2009) qui affirment que la GAR entraüne une perte d’autonomie

professionnelle et l’accroissement de la charge de travail et du contrîle pour les

acteurs. Dans nos rĂ©sultats, cette perte d’autonomie professionnelle est allĂ©guĂ©e

Page 231: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

217

dans les commentaires libres sur la GAR. Les enseignants Ă©voquent des

pressions des directeurs d’établissement sur eux pour ajuster leurs Ă©valuations en

fonction de critĂšres externes comme l’atteinte des cibles. La participation qui Ă©tait

favorisĂ©e par la dĂ©centralisation des annĂ©es 90 serait plus fonctionnelle vu l’action

indirecte de la GAR sur l’intervention pĂ©dagogique des enseignants. La

recentralisation et la normalisation qui accompagne la GAR ne favorisent pas la

crĂ©ativitĂ© et l’innovation des enseignants. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, leur

motivation peut ĂȘtre entravĂ©e par l’absence de consĂ©quences directes

(récompenses ou sanctions) en lien avec les résultats obtenus. Le souhait des

enseignants de voir l’intervention organisĂ©e Ă  partir de leur diagnostic et des

préoccupations pédagogiques pourrait favoriser une meilleure utilisation du focus

sur les résultats que permet la GAR pour une plus grande réussite des élÚves.

Les conclusions de Malet (2009) sur la baisse du prestige social (appréciation

nĂ©gative de l’opinion publique) des enseignants avec la GAR sont confirmĂ©es dans

la présente étude. Par contre, la détérioration des relations de travail et du

dĂ©veloppement professionnel des enseignants (Malet, 2009) n’est pas confirmĂ©e

par les rĂ©sultats, car les rĂ©pondants perçoivent un effet positif de l’implantation de

la GAR sur ces aspects de leurs conditions de travail. Ces deux dimensions sont

jugées positivement autant par les enseignants que par les directeurs

d’établissement.

Relativement aux effets perçus sur les rÎles et responsabilités (institutions), nos

résultats renvoient à la sédimentation des politiques (Maroy et al., 2013) avec la

superposition de rÚgles et de rÎles issus de différentes politiques qui ne sont pas

toujours faciles à combiner. Les enseignants perçoivent un accroissement de leurs

rÎles et responsabilités qui se manifestent dans le fait que de nouvelles tùches

s’ajoutent aux anciennes. Pendant ce temps, les ressources, notamment le

soutien accompagnement (formation), seraient plutĂŽt faibles. Cela contribue aux

coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels Ă©levĂ©s des enseignants qui

vivent diffĂ©remment la mise en Ɠuvre de la GAR que les directeurs

Page 232: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

218

d’établissement qui connaissent Ă©galement une transformation de leurs rĂŽles et

responsabilitĂ©s. Ces derniers supportent un coĂ»t d’adaptation aux changements

institutionnels moindre du fait de la proximité des prescriptions de la GAR avec

leurs tñches professionnelles et du plus grand soutien qu’ils ont reçu dans sa mise

en Ɠuvre. Les dispositifs de soutien pour l’implantation des changements planifiĂ©s

(Turcotte et Bastien, s.d.), amenés par les PL 124 et 88 instituant la GAR dans les

Ă©tablissements scolaires ont surtout concernĂ© les directeurs d’établissements. Ces

derniers reconnaissent avoir bénéficié de formation alors que les enseignants

n’ont eu que de l’information. Pourtant les deux groupes avaient de nouvelles

prescriptions à mettre en Ɠuvre dans leurs pratiques professionnelles. Le fait que

seuls les directeurs dans leur posture de gestion soient impliqués directement

dans l’élaboration et la transmission du PR et de la CGRÉ n’enlĂšve pas le besoin

des enseignants de comprendre les changements qui leur sont demandés.

L’appropriation est une Ă©tape importante pour la mise en Ɠuvre efficace des

nouvelles prescriptions. Par ailleurs, le PR qui a était instauré comme un outil de

mis en Ɠuvre du projet Ă©ducatif est mieux apprĂ©ciĂ© que la CGRÉ qui est un outil

de contractualisation. Le CGRÉ est au service de la CS contrairement au PR qui

est au service de la communauté qui a élaboré le projet éducatif. Cela montre

l’importance de l’appropriation et de l’adhĂ©sion de tous les acteurs aux

changements Ă  implanter.

À propos des effets perçus de la GAR sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements (idĂ©es),

nos rĂ©sultats montrent que les enseignants et les directeurs ont la mĂȘme

perception d’efficacitĂ© du PR et de la CGRÉ dans la poursuite des finalitĂ©s

instruire, socialiser et qualifier. Les outils pour lesquels ils expriment une opinion

positive ont eu un effet levier dans la poursuite des finalités du systÚme éducatif

dans les Ă©tablissements. La qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant

s’avùre le facteur que tous les acteurs considùrent comme ayant le plus fort

potentiel pour l’amĂ©lioration de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves. La majoritĂ© s’entend aussi

sur le fait que l’orientation humaniste mise en Ɠuvre dans leur Ă©tablissement est

conforme à leur idéal.

Page 233: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

219

Également, l’enseignement qui permet l’égalitĂ© des chances (Ă©quitĂ©) fourni dans

leur établissement est conforme à leur idéal. Ces résultats confirment les études

qui dĂ©signent l’effet enseignant comme Ă©tant le facteur principal de la rĂ©ussite des

Ă©lĂšves. Le choc de valeurs (Meirieu, 2004; Tochon, 2010) entre l’orientation

humaniste de l’école et l’orientation Ă©conomique de la GAR qui est une rĂ©sultante

du NMP est manifeste dans les commentaires des acteurs. Cependant, nous

apportons une nuance en ce sens que le choc des valeurs n’est pas vĂ©cu dans la

mesure oĂč les acteurs perçoivent une harmonie entre leur idĂ©al en termes

d’orientations et de type d’enseignements Ă  fournir dans les Ă©tablissements et ce

qui existe effectivement. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la GAR ne soit

pas encore suffisamment bien intégrée dans les pratiques des acteurs. Aussi, le

type de GAR mis en Ɠuvre au QuĂ©bec Ă©tant de nature nĂ©o-statiste (douce) (Maroy

et al., 2013), les implications de sa mise en Ɠuvre seraient moins prononcĂ©es au

niveau des Ă©tablissements. La GAR, telle qu’implantĂ©e, reste surtout un ensemble

de rÚgles de gestion qui ne sont pas suffisamment arrimées aux pratiques des

Ă©tablissements (Maroy, 2013). Les rĂ©pondants Ă©voquent d’ailleurs cette

dimension bureaucratique de la GAR dans leurs commentaires sur sa pertinence

et son efficacité.

Par ailleurs, nos rĂ©sultats montrent qu’il existe des liens entre les opinions des

acteurs et leurs perceptions des effets de la GAR sur leurs conditions de travail,

leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s et l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement, l’analyse de la

force des liens significatifs Ă©valuĂ©e Ă  l’aide du Phi a permis de dĂ©finir la force des

relations entre les variables. Le lien est plus fort au niveau des variables relations

de travail et développement professionnel et fonction. Autant chez les enseignants

que chez les directeurs d’établissement, ces trois variables prĂ©sentent un lien

statistique significatif qui est confirmé par la concordance de la tendance négative

pour les enseignants et positive pour les directeurs entre les opinions et les effets

perçus.

Page 234: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

220

Ces résultats renvoient à la faible prise en compte du coût humain et de la

dimension culturelle dans la mise en Ɠuvre de la GAR (Fortier, 2010;

Bourgault, 2004; Emery, 2005). Les acteurs ont évoqué de nombreuses

inadĂ©quations de la politique de la GAR, notamment avec les ĂȘtres humains et le

mĂ©tier d’enseignant. La faiblesse du soutien accompagnement dans la mise en

Ɠuvre de la GAR pour laquelle les acteurs scolaires ont essentiellement reçu de

l’information constitue un constat dans ce sens. L’accroissement de la charge de

travail autant en volume qu’en complexitĂ© Ă©voquĂ© dans les commentaires confirme

la faible prise en compte du coĂ»t humain. Les enseignants Ă©voquent l’intĂ©gration

des Ă©lĂšves ayant des difficultĂ©s d’apprentissage dans les classes rĂ©guliĂšres sans

pour autant que des ressources adéquates et des cibles adaptées ne soient mises

en place. Les réponses aux sollicitations des parents sont également citées

comme Ă©tant un facteur d’alourdissement de la tĂąche des enseignants. Les

pressions exercĂ©es sur les enseignants pour l’atteinte des cibles principalement

dans l’évaluation entraĂźnent une dĂ©tĂ©rioration des relations de travail et menacent

l’autonomie professionnelle (Malet, 2010). Tous ces Ă©lĂ©ments alourdissent le coĂ»t

humain de la mise en Ɠuvre de la GAR et intensifient le travail enseignant. Aussi

le coĂ»t rĂ©el des rĂ©sultats semble ĂȘtre sous-estimĂ© dans la mesure ou le travail non

rĂ©munĂ©rĂ© des enseignants et directeurs n’est pas comptabilisĂ© dans les rapports

oĂč sont prĂ©sentĂ©s les rĂ©sultats. Les coĂ»ts sociaux des effets pervers entraĂźnĂ©s par

la surcharge de travail et la pression Ă  la performance semblent aussi ne pas ĂȘtre

comptabilisés.

Enfin, nos résultats montrent que la cohérence hiérarchique dans les opinions sur

la GAR fait défaut. La prépondérance des divergences par rapport aux zones de

convergences dans les principes de la GAR et ses stratégies rend difficile cette

cohĂ©rence. NĂ©anmoins, les convergences d’opinions sur la planification

stratĂ©gique, la pertinence des outils et leurs effets perçus sur l’efficacitĂ© des

Ă©tablissements peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un dĂ©but de cohĂ©rence

hiĂ©rarchique. L’ambivalence des stratĂ©gies d’implantation et la faible cohĂ©rence

horizontale et verticale qu’elle gĂ©nĂšre rendent complexe et difficile une Ă©valuation

Page 235: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

221

rĂ©elle des rĂ©sultats de la GAR. Par lĂ  mĂȘme, c’est la pertinence des rĂ©formes

suivantes dans un contexte d’amĂ©lioration et de changement continus qui devient

plus difficile à assurer. Les gains de réussite éventuels étant difficilement

attribuables Ă  une ou l’autre orientation, il devient difficile de privilĂ©gier les

orientations les plus prometteuses. L’inconvĂ©nient supplĂ©mentaire de la

juxtaposition et de l’accumulation des rĂšgles accentue la complexitĂ© de la GAR et

les modalitĂ©s de sa mise en Ɠuvre. Cette complexitĂ© pose un enjeu d’accessibilitĂ©

de la politique aux acteurs qui doivent la comprendre et la mettre en Ɠuvre de

façon contextualisĂ©e Ă  leurs besoins locaux. L’absence de nombreuses conditions

jugĂ©es nĂ©cessaires pour la rĂ©ussite de l’implantation de la GAR amĂšne une

question sur la conception et l’élaboration des politiques Ă©ducatives.

La derniĂšre rĂ©forme (projet de loi 105) de la mise Ɠuvre de la GAR qui a apportĂ©

une simplification dans les documents utilisés laisse en suspens certaines

réserves des acteurs. Notamment la nécessité de partir du diagnostic des acteurs

de l’école pour identifier les solutions efficaces pour accroĂźtre la rĂ©ussite des

Ă©lĂšves. Les stratĂ©gies de la contractualisation et de l’alignement stratĂ©gique

décriées par les enseignants qui les assimilent au top-down ont été renforcées.

Cela corrobore Ozga, (2009) qui affirme que les nouvelles politiques Ă©ducatives

mettent en place une recentralisation et la dĂ©possession du niveau local qu’est

l’établissement et McNaughton et al., (2007) qui voit que les rĂ©formes se font

essentiellement dans une approche top-down.

Page 236: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

222

6.2. Pistes de recherche

Les rĂ©sultats de cette recherche ont permis d’analyser les reprĂ©sentations et vĂ©cus

des acteurs sur l’implantation de la GAR dans les Ă©tablissements. Il est ressorti

qu’il y avait globalement une divergence des opinions et des perceptions entre les

enseignants et les directeurs d’établissement sur la GAR et son implantation. Cela

nous amÚne à conclure que la cohérence hiérarchique entre les acteurs des

Ă©tablissements est faible. La question de l’amĂ©lioration de la cohĂ©rence

hiĂ©rarchique se pose alors puisqu’elle est considĂ©rĂ©e comme une condition de

réussite de la politique de la GAR. Les zones de convergences identifiées dans

cette étude comme la pertinence de la planification stratégique, des PR et des

CGRÉ, l’effet levier du PR et de la CGRÉ sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans

la poursuite des finalitĂ©s, la prestation de l’enseignant comme facteur le plus

important dans l’établissement pour amĂ©liorer la rĂ©ussite des Ă©lĂšves pourraient-

elles servir de pont pour une plus grande cohérence hiérarchique et une plus

grande efficacitĂ© de l’implantation de la GAR dans les Ă©tablissements pour

l’accroissement de la rĂ©ussite des Ă©lĂšves?

Les résultats de la présente étude restent exploratoires et généralisables

seulement avec prĂ©cautions parce que l’échantillon n’est pas reprĂ©sentatif. Des

recherches similaires pourraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©es avec un Ă©chantillon reprĂ©sentatif Ă 

l’échelle des commissions scolaires, des rĂ©gions ou de la province de QuĂ©bec et

ailleurs. Les effets de la GAR sur les conditions de travail et les rĂŽles et les

responsabilitĂ©s des acteurs pourraient Ă©galement ĂȘtre Ă©tudiĂ©s de maniĂšre plus

détaillée. Une étude plus approfondie des opinions et de leurs justifications

pourrait par ailleurs faire l’objet de recherches dans la continuitĂ© de celle-ci.

Ces diffĂ©rentes recherches pourraient ĂȘtre descriptives, mais Ă©galement

explicatives. Elles confirmeraient ou infirmeraient les diffĂ©rences d’opinions et de

perceptions entre les enseignants et les directeurs d’établissement. Les liens entre

les variables d’opinions et de perceptions se prĂȘteraient bien Ă  de telles Ă©tudes.

Page 237: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

223

Dans une perspective plus mĂ©thodologique, d’autres recherches rĂ©alisĂ©es sur les

objets avec un cadre théorique différent ou une approche qualitative seraient

pertinentes.

6.3. Les limites de la recherche

L’étude des opinions et des perceptions des enseignants et des directeurs

d’établissement prĂ©sente des limites qui sont inhĂ©rentes aux recherches

scientifiques notamment les ressources, la méthodologie utilisée et les sujets.

D’abord, les ressources Ă©tant limitĂ©es, l’accĂšs Ă  un Ă©chantillon reprĂ©sentatif n’a

pas pu ĂȘtre obtenu. Les diffĂ©rentes sollicitations aux commissions scolaires n’ont

pas connu le succÚs escompté. Le contexte de conflit entre les enseignants et le

gouvernement pendant l’annĂ©e 2016 a rendu plus difficile les dĂ©marches pour

trouver des commissions scolaires ou des organisations professionnelles qui

acceptent de collaborer en distribuant le questionnaire. Ainsi, l’échantillonnage

alĂ©atoire simple n’a pu ĂȘtre effectuĂ©. La stratification de l’échantillon n’a pas pu

ĂȘtre contrĂŽlĂ©e du fait des effectifs faibles notamment dans le groupe des directeurs

d’établissements. La participation Ă©tant volontaire, la reprĂ©sentativitĂ© de

l’échantillon n’a pu ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e. Par ailleurs les deux groupes comparĂ©s Ă©taient

de taille différente. Les enseignants étaient beaucoup plus nombreux (224) que

les directeurs d’établissement (47). Ainsi les rĂ©sultats sont exploratoires et ne

peuvent ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©s qu’avec prĂ©cautions.

DeuxiĂšmement, l’outil de collecte de donnĂ©es utilisĂ© prĂ©sente des limites. Le

questionnaire a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour les besoins de l’étude et bien que certains

Ă©lĂ©ments soient inspirĂ©s d’autres questionnaires utilisĂ©s dans des contextes

similaires, il reste que les cibles ont pu avoir des compréhensions plus ou moins

différentes des questions. Par ailleurs les questions fermées encadraient les

possibilitĂ©s de rĂ©ponses et ont peut-ĂȘtre limitĂ©es le choix des participants Ă  la

recherche. L’information recueillie sur les thĂšmes abordĂ©s n’est donc pas

exhaustive. L’outil de collecte a fait l’objet d’une validation de contenu, mais

Page 238: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

224

gagnerait Ă  ĂȘtre Ă©prouvĂ© dans des tests de fidĂ©litĂ©. Cela permettrait de rĂ©aliser

l’étude avec un Ă©chantillon reprĂ©sentatif et d’utiliser l’outil ainsi stabilisĂ© dans

d’autres contextes et Ă  d’autres pĂ©riodes. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es,

l’opĂ©rationnalisation des concepts et des questions de recherche a peut-ĂȘtre

orientĂ© les rĂ©sultats de l’étude.

Enfin, les mĂ©thodes de traitement et d’analyse des donnĂ©es ont privilĂ©giĂ© certaines

informations. Le fait de procéder par la majorité pour qualifier les opinions et les

perceptions des enseignants et des directeurs par exemple ne permet pas de tenir

compte dans l’analyse des groupes minoritaires. Le regroupement des rĂ©ponses

dans l’analyse pour la dichotomisation des opinions et des perceptions a fait perdre

des informations qui auraient pu enrichir l’analyse. Les tests statistiques utilisĂ©s

prĂ©sentent des marges d’erreur qui mĂȘme si elles ne remettent pas en cause la

validitĂ© des rĂ©sultats obtenus doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es.

Page 239: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

225

Conclusion générale

L’étude des opinions de la GAR et des perceptions sur ses effets des enseignants

et des directeurs a permis d’analyser les reprĂ©sentations et vĂ©cus de ces acteurs

de l’implantation de la politique de GAR dans les Ă©tablissements au QuĂ©bec. Il

ressort de cette analyse que la GAR en Ă©ducation n’est ni totalement positive ni

totalement nĂ©gative comme l’a soulignĂ© Meuret (2012) dans son Ă©tude des effets

des politiques de GAR aux États-Unis. Les enseignants ont des opinions et des

perceptions majoritairement négatives contrairement aux directions. Les

représentations des enseignants et des directeurs sont globalement divergentes,

rĂ©vĂ©lant une faible cohĂ©rence hiĂ©rarchique entre ces acteurs clĂ©s de l’implantation

de la GAR dans l’établissement. Cette faiblesse de cohĂ©rence hiĂ©rarchique est

porteuse de tensions entre les acteurs qui ne favorisent pas la collaboration et la

synergie pourtant nĂ©cessaire pour lutter efficacement contre l’échec et le

dĂ©crochage scolaire Ă  l’origine des rĂ©formes du dĂ©but des annĂ©es 2000 (Gosselin

et Lessard, 2007).

Du point de vue des enseignants la majorité des principes et des stratégies de la

GAR ne sont pas pertinents pour la réussite des élÚves et seraient plutÎt sources

d’effets non dĂ©sirĂ©s qui ne contribuent pas aux intĂ©rĂȘts des individus et de la

société. En revanche, les outils utilisés sont considérés comme pertinents et ils

ont favorisĂ© l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s du

systĂšme Ă©ducatif.

Du point de vue des directeurs d’établissement les principes, les stratĂ©gies et les

outils de la GAR sont pertinents pour soutenir l’implantation de la GAR et la

rĂ©ussite du plus grand nombre d’élĂšves qu’elle vise et ont ainsi eu un effet levier

dans l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s du systĂšme

Ă©ducatif.

Page 240: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

226

Autant les enseignants que les directeurs trouvent Ă  la GAR un potentiel et un effet

positif sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements qui les amĂšne Ă  penser qu’elle devrait

ĂȘtre maintenue dans le systĂšme Ă©ducatif. Cependant, ce maintien demande que

des ajustements soient apportés à son implantation.

Comme les opinions, les représentations des enseignants et des directeurs des

effets de l’implantation de la GAR sont majoritairement divergentes. Les

enseignants perçoivent globalement des effets nĂ©gatifs de l’implantation des PR

et des CGRÉ sur leurs conditions de travail et sur leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s

professionnels. Leurs charges et relations de travail, leurs autonomie et

développement professionnels, leur évaluation et le prestige de leur fonction ont

Ă©tĂ© globalement impactĂ©s nĂ©gativement par la GAR. De mĂȘme leurs rĂŽles et

responsabilitĂ©s ont Ă©voluĂ© dans le sens d’un accroissement alors que le soutien

qu’ils ont reçu est faible au moment oĂč les attentes des CS et des parents ont

augmentĂ©. En somme l’implantation de la GAR a nui Ă  leurs intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels et gĂ©nĂ©rĂ© pour leurs pratiques un coĂ»t d’adaptation aux

changements institutionnels Ă©levĂ©. Ils trouvent cependant que l’effet de la GAR sur

l’efficacitĂ© des Ă©tablissements est positif tant que le systĂšme reste orientĂ© vers le

dĂ©veloppement de l’individu (humaniste) en fournissant un enseignement

Ă©quitable qui permet de conserver l’accessibilitĂ© qui est chĂšre aux critiques des

nouvelles politiques Ă©ducatives.

Les directeurs contrairement aux enseignants trouvent qu’en plus de l’effet positif

(effet levier) sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements, l’implantation de la GAR a

contribué à améliorer leurs conditions de travail et leurs rÎles et responsabilités.

En somme l’implantation de la GAR a servi leurs intĂ©rĂȘts socioprofessionnels et

gĂ©nĂ©rĂ©s pour leurs pratiques un faible coĂ»t d’adaptation aux changements

institutionnels.

Par ailleurs, il a été constaté que le PR est perçu comme ayant eu des effets plus

positifs que la CGRÉ qui est l’outil de mise en Ɠuvre de la contractualisation dans

Page 241: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

227

les Ă©coles. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, les commentaires ont beaucoup portĂ© sur

les points faibles de la GAR notamment la stratégie top-down qui est la

matĂ©rialisation de l’alignement stratĂ©gique.

L’analyse des liens entre les opinions et les perceptions des enseignants et des

directeurs sur l’implantation de la GAR montre que les reprĂ©sentations des effets

de la GAR des acteurs influencent leurs opinions de cette politique. Les opinions

des enseignants sont ainsi en cohĂ©rence avec les effets perçus de l’implantation

de la GAR. Les stratĂ©gies jugĂ©es non pertinentes sont Ă  l’origine d’effets nĂ©gatifs

dans l’implantation de la GAR sur les conditions de travail des acteurs et sur leurs

rÎles et responsabilités. En revanche, les outils qui sont jugés pertinents ont eu

des effets positifs sur l’efficacitĂ© des Ă©tablissements dans la poursuite des finalitĂ©s

du systĂšme Ă©ducatif. Le PR, l’outil de mise en Ɠuvre de la seule stratĂ©gie jugĂ©e

pertinente par les enseignants, a entraĂźnĂ© moins d’effets nĂ©gatifs que la CGRÉ.

Par ailleurs, les perspectives que les enseignants voudraient voir donner Ă  la GAR

corroborent ces rĂ©sultats dans la mesure oĂč ils souhaitent un maintien de la

politique avec des ajustements majeurs. Autrement dit, de conserver ce qui a

produit des effets positifs et de changer ce qui a entraßné des effets négatifs.

Les opinions positives des directeurs de la GAR sont en cohérence avec leurs

perceptions positives des effets de son implantation sur leurs conditions de travail,

leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s et leur vision de l’efficacitĂ© de leur Ă©tablissement. Les

principaux aspects que les directeurs trouvent négatifs sont les effets de la GAR

sur leur charge de travail et l’augmentation des attentes (CS et parents) qu’elle a

engendrĂ©e. Les directeurs Ă©voquent Ă©galement la bureaucratie et l’insuffisance

des ressources comme faiblesse Ă  corriger notamment en favorisant le principe

de subsidiarité. Les perspectives que les directeurs voudraient voir donner à la

GAR corroborent ces rĂ©sultats dans la mesure oĂč ils souhaitent un maintien de la

politique avec des ajustements mineurs. Ce qui sous-entend que les aspects

positifs largement dominants sont à consolider et les aspects négatifs à changer.

La divergence dans les opinions et les perceptions des enseignants et des

Page 242: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

228

directeurs sur la GAR est donc nette et cela confirme notre premiĂšre hypothĂšse

sur l’existence d’un lien entre les opinions de la GAR et les perceptions sur les

effets de son implantation sur les acteurs et leur Ă©tablissement.

Les liens significatifs et leur force identifiés entre les opinions et les perceptions

des effets sont Ă©galement divergents entre les enseignants et les directions. Les

nombreux liens significatifs entre les effets perçus sur les conditions de travail, les

rĂŽles et responsabilitĂ©s et la vision de l’efficacitĂ© des Ă©tablissements et les opinions

de la GAR montrent que les perceptions des effets de l’implantation des

enseignants et des directeurs influencent leurs opinions de la GAR. Cependant,

les variables qui influencent les opinions sont majoritairement différentes chez les

enseignants et les directeurs en ce sens que les variables des perceptions qui

présentent un lien significatif avec les opinions sont différentes chez les deux types

d’acteurs scolaires. Les zones de convergences pour les dĂ©terminants ne portent

que sur les relations de travail, le développement professionnel et la fonction. Ces

trois variables sont à la fois des déterminants des opinions des enseignants et des

directions.

Les relations identifiées sont relativement fortes ou modérées chez les directeurs

et les enseignants. L’explication des divergences d’opinions et de perceptions des

acteurs par rapport à l’implantation de la GAR sur leurs conditions de travail et

leurs rÎles et leurs responsabilités, se trouve dans leur idéologie professionnelle

différente selon la fonction. Cette idéologie professionnelle différente pour les

enseignants et les directeurs (Lessard et al., 2008), explique les différences de

reprĂ©sentation entre les enseignants et les directions. En effet, l’idĂ©ologie

professionnelle qui « a une dimension normative, véhiculant une vision idéale du

travail qui sert de justification aux revendications du groupe ou de fondement Ă  la

rĂ©sistance Ă  des Ă©volutions perçues comme contraires aux valeurs et aux intĂ©rĂȘts

du groupe » (Lessard et al., 2008, p.96) influencent les perceptions des acteurs

sur les effets de l’implantation de la GAR sur leurs conditions de travail (intĂ©rĂȘts

socioprofessionnels) et leurs rĂŽles et responsabilitĂ©s (coĂ»ts d’adaptation aux

Page 243: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

229

changements institutionnels) ainsi que leurs opinions de la GAR (pertinence des

fondements et des moyens d’implantation). La perception des effets sur l’efficacitĂ©

des établissements étant similaire pour les deux groupes comparés, alors que

leurs opinions sont différentes, son pouvoir explicatif est nul.

En définitive, les opinions de la GAR et les perceptions des effets de son

implantation des enseignants et des directeurs d’établissement sont globalement

divergentes, les enseignants ayant des opinions et des perceptions plutĂŽt

nĂ©gatives, contrairement aux directeurs d’établissement. Ces divergences

s’expliquent par leur idĂ©ologie professionnelle diffĂ©rente. Cependant, il existe de

nombreuses zones de convergences entre les deux groupes autant au niveau des

opinions et leurs dĂ©terminants qu’au niveau des perceptions.

Nos rĂ©sultats montrent qu’il y a des divergences sur des aspects fondamentaux

comme les principes qui fondent la GAR et lui donnent son essence, comme

l’imputabilitĂ©, la reddition de comptes ou la dĂ©finition de cibles chiffrĂ©es, les

stratĂ©gies d’implantation et les effets du PR et de la CGRÉ autant sur les

conditions de travail que sur les rÎles et responsabilités des acteurs. Par ailleurs,

les divergences sur les perspectives Ă  donner sont assez nettes. MĂȘme si tous les

acteurs pensent qu’il faudrait maintenir la GAR, la distance entre des ajustements

majeurs et des ajustements mineurs est grande. Les ajustements majeurs

traduisant une insatisfaction globale appelant des changements profonds de

grande envergure contrairement aux ajustements mineurs qui traduisent une

satisfaction globale.

Les convergences au niveau de la pertinence des outils et de leur efficacité dans

la poursuite des finalités du systÚme éducatif, de la plus haute importance à

accorder au facteur prestation professionnelle de l’enseignant pour accroütre la

rĂ©ussite, l’orientation humaniste et l’enseignement Ă©quitable fourni dans les Ă©coles

comme dans l’idĂ©al des acteurs scolaires restent trĂšs intĂ©ressants. Ces Ă©lĂ©ments

pourraient servir de base pour bùtir une plus grande cohérence hiérarchique au

Page 244: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

230

niveau des Ă©tablissements dont la plus grande synergie des acteurs pourrait

permettre de meilleurs rĂ©sultats pour les Ă©lĂšves Ă  l’image de ce qui peut ĂȘtre fait

dans le leadership partagé.

Les rĂ©sultats de la prĂ©sente Ă©tude ont une portĂ©e scientifique dans la mesure oĂč

ils contribuent à documenter les représentations des enseignants et des directeurs

sur l’implantation de la GAR et ses effets dans les Ă©tablissements primaires et

secondaires au Québec. Nos résultats confirment ou apportent des nuances aux

conclusions d’autres recherches, notamment sur l’idĂ©ologie professionnelle et sur

l’implantation de la GAR en Ă©ducation.

D’abord, nos analyses confirment le pouvoir explicatif de l’idĂ©ologie

professionnelle sur les représentations des enseignants et des directeurs sur les

politiques éducatives (Lessard et al., 2008) avec les trois déterminants des

opinions trouvés à savoir les relations de travail, le développement professionnel

et la fonction. Les résultats confirment également les conclusions sur la

sédimentation des politiques (Maroy et al, 2013) dans les réformes de la GAR en

Ă©ducation avec les enseignants qui voient leurs nouvelles responsabilitĂ©s s’ajouter

aux anciennes. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es la recentralisation et la dĂ©possession

du local dans les réformes des politiques éducatives (Ozga, 2009) sont aussi

observées avec les nombreuses critiques des enseignants et des directeurs sur

l’approche top-down, la contractualisation, l’alignement stratĂ©gique et la

localisation des ressources dans les paliers supĂ©rieurs dans l’implantation de la

GAR. La prĂ©sence de la philosophie de l’évaluation (Malet, 2010;

Martuccelli, 2009) est aussi avĂ©rĂ©e avec les nombreux biais et effets pervers qu’ils

entraßnent que les enseignants ont dénoncés.

Ensuite, la faible prise en compte du coût humain et de la dimension culturelle

dans la mise en Ɠuvre de la GAR (Bourgault, 2004; Emery, 2005; Fortier, 2010;

Malet, 2009) apparaßt dans la faiblesse du soutien reçu par les enseignants. Le

choc des valeurs (Meirieu, 2004; Tochon, 2010) n’est cependant pas vĂ©cu par les

Page 245: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

231

rĂ©pondants qui voient dans leur Ă©tablissement la mise en Ɠuvre d’une orientation

humaniste et d’un enseignement qui permet l’égalitĂ© des chances conforment Ă 

leurs idĂ©aux de l’éducation. Les rĂ©sultats mitigĂ©s de l’implantation de la GAR

(Meuret, 2012) sont aussi confirmés dans les divergences des perceptions des

effets de l’implantation de la GAR qui sont positifs pour certains acteurs et nĂ©gatifs

pour d’autres.

Enfin la détérioration des conditions de travail des acteurs (Lessard et

al., 2008, 2009; Malet, 2009; Shipps et White, 2009) avec l’implantation des

politiques de GAR se confirme surtout chez les enseignants qui perçoivent

majoritairement des effets nĂ©gatifs sur leurs conditions de travail de l’implantation

des PR et CGRÉ. Cette dĂ©tĂ©rioration apparaĂźt Ă©galement dans la perte

d’autonomie et les pressions subies par les enseignants (Malet, 2009).

Les rĂ©sultats confirment Ă©galement la pertinence de l’approche des « Trois I »de

Palier et Surel (2005) qui a permis de conduire cette recherche. Les trois Ă©tapes

préconisées se sont avérées pertinentes et opérationnelles pour identifier les

variables, les hypothĂšses de recherche, la construction du questionnaire et

l’analyse et l’interprĂ©tation des donnĂ©es.

Au plan social, les résultats de cette étude contribuent à documenter les

divergences, mais aussi les convergences d’opinions et de perceptions des

enseignants et des directeurs d’établissement qui sont les principaux acteurs de

l’implantation des politiques dans les Ă©tablissements. Les zones de convergences

de vues identifiées pourraient servir de point de départ à un dialogue nécessaire

pour la collaboration et la synergie des acteurs dans la prise en charge des

nombreux défis de la réussite des élÚves. La cohérence hiérarchique reconnue

comme l’une des conditions Ă  l’implantation rĂ©ussie de la GAR ainsi amĂ©liorer

pourrait aider Ă  rĂ©duire les tensions dans l’implantation des rĂ©formes Ă©ducatives.

Page 246: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

232

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Page 262: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

248

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249

Annexes

Annexes 1 : L’annonce de recrutement

Bonjour,

Je me nomme Pascal-Waly FAYE et je suis Étudiant au doctorat en Administration et Évaluation en Éducation de l'UniversitĂ© Laval. Ma thĂšse s'intitule : Étude comparative des opinions et des perceptions des enseignants et des gestionnaires de l’enseignement primaire et secondaire du QuĂ©bec sur la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats et ses effets. Je suis dirigĂ© par M. Denis Savard, professeur Ă  l'UniversitĂ© Laval.

Dans le cadre de ma recherche doctorale, je suis Ă  la recherche de participants pour une Ă©tude sur la pertinence et le potentiel de la GAR dans la rĂ©gulation du systĂšme Ă©ducatif. L’étude vise Ă  comparer les opinions et les perceptions des enseignants et des gestionnaires de l’enseignement primaire et secondaire du QuĂ©bec sur la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats (GAR) et ses effets par rapport Ă  son potentiel Ă  accroitre la «°rĂ©ussite du plus grand nombre°».

La recherche va se dérouler en deux phases :

Le sondage par questionnaire sera adressĂ© Ă  l’ensemble de l’échantillon des enseignants et gestionnaires. Il sera rempli en ligne pour une durĂ©e approximative de 30 Ă  60 minutes. Si vous ĂȘtes intĂ©ressĂ©, cliquez sur le lien pour rĂ©pondre au questionnaire en ligne;

Des entrevues semi-dirigĂ©es d’une durĂ©e d’1h 30 environ. Les entretiens comprendront des questions ouvertes. Ils seront enregistrĂ©s et retranscrits. Des courriels de demande de rendez-vous vous seront envoyĂ©s pour cette seconde phase;

Aucune compensation monĂ©taire n’est offerte.

Les critÚres de sélection sont :

Être enseignant ou directeur travaillant dans un Ă©tablissement d’enseignement primaire ou secondaire ou de formation des adultes;

Être enseignant ou directeur travaillant dans une organisation professionnelle regroupant des enseignants ou des directeurs ;

Accepter de participer à l’entrevue.

Si vous avez des questions sur la recherche ou pour participer Ă  l’étude, veuillez communiquer avec le responsable du projet, Mr Pascal-Waly FAYE, par courriel ou par tĂ©lĂ©phone :

[email protected].

418 556-2131, poste 12360

Merci beaucoup, votre collaboration est précieuse pour la réussite de cette recherche.

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250

Ce projet a Ă©tĂ© approuvĂ© par le ComitĂ© d’éthique de la recherche de l’UniversitĂ© Laval : No d’approbation 2014-286 A-3 / 06-05-2016.

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251

Annexes 2 : Le feuillet d’information pour un consentement implicite et

confidentiel

TITRE DE LA RECHERCHE :

ÉTUDE COMPARATIVE DES OPINIONS ET DES PERCEPTIONS DES

ENSEIGNANTS ET DES GESTIONNAIRES DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET

SECONDAIRE DU QUÉBEC SUR LA GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS ET

SES EFFETS

CHERCHEUR PRINCIPAL : Pascal-Waly Faye,

Étudiant au doctorat Ă  la FacultĂ© des sciences de l’éducation Ă  l’UniversitĂ©

Laval

CONTEXTE DU PROJET : Projet de recherche doctorale en administration et Ă©valuation en Ă©ducation

dirigĂ© par Denis Savard, professeur Ă  la FacultĂ© des sciences de l’éducation

Ă  l’UniversitĂ© Laval

RENSEIGNEMENTS SUR LE PROJET :

Ce projet de recherche vise Ă  comparer les opinions et les perceptions des enseignants6 et des gestionnaires de l’enseignement primaire et secondaire du QuĂ©bec sur la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats (GAR) et ses effets par rapport Ă  son potentiel Ă  accroitre la rĂ©ussite du plus grand nombre d’élĂšves.

Les rĂ©sultats de cette recherche permettront d’amĂ©liorer la connaissance du point de vue des enseignants et des gestionnaires sur la pertinence et le potentiel de la GAR dans la rĂ©gulation du systĂšme Ă©ducatif. La comprĂ©hension du lien entre les effets perçus et les opinions des enseignants et des gestionnaires apportera une contribution utile, d’une part, dans la connaissance des mĂ©canismes et des dynamiques Ă  l’Ɠuvre dans les rĂ©formes des politiques publiques et, d’autre part, dans la comprĂ©hension des processus de changement en Ă©ducation. Les rĂ©sultats contribueront aussi Ă  vĂ©rifier l’applicabilitĂ© de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats et ses effets perçus.

VOTRE PARTICIPATION :

Votre participation à cette recherche, consiste à remplir le présent questionnaire comprenant 30 questions portant sur la pertinence, les principes et les outils de la Gestion axée sur les résultats (GAR) ainsi que son potentiel à favoriser la réussite du plus grand nombre. Bien que les réponses à chacune des questions soient importantes pour la recherche, vous demeurez libre de choisir de ne pas répondre ou encore de mettre fin à votre participation à tout moment, sans avoir à vous justifier.

CONFIDENTIALITÉ

Les chercheurs sont tenus d’assurer la confidentialitĂ© aux participants. À cet Ă©gard, les mesures qui seront appliquĂ©es dans le cadre de la prĂ©sente recherche sont dĂ©crites ci-dessous.

6 Dans ce questionnaire, le masculin a valeur d’épicĂšne, il dĂ©signe les personnes des deux genres.

Page 266: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

252

Durant la recherche :

votre nom sera remplacé par un code dans tout le matériel et les données contenant des renseignements personnels;

seul le chercheur aura accĂšs Ă  la liste contenant les noms et les codes, elle-mĂȘme conservĂ©e sĂ©parĂ©ment du matĂ©riel de la recherche et des donnĂ©es;

tout le matériel de la recherche sera conservé dans un classeur verrouillé, dans un local sous clé;

les donnĂ©es en format numĂ©rique seront, pour leur part, conservĂ©es dans des fichiers encryptĂ©s dont l’accĂšs sera protĂ©gĂ© par l’utilisation d’un mot de passe et auquel seul le chercheur aura accĂšs.

Lors de la diffusion des résultats :

les noms des participants ne paraĂźtront dans aucun rapport;

les résultats seront présentés sous forme globale de sorte que les résultats individuels des participants ne seront jamais communiqués;

les rĂ©sultats de la recherche seront publiĂ©s dans des revues scientifiques, et aucun participant ne pourra y ĂȘtre identifiĂ©;

un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la demande au chercheur dont les coordonnées sont fournies dans le présent document.

AprĂšs la fin de la recherche :

la liste des noms et des codes sera dĂ©truite afin que les donnĂ©es qui seront utilisĂ©es dans le cadre d’autres recherches soient rendues anonymes sans possibilitĂ© absolue d’identifier les participants les ayant fournies.

REMERCIEMENTS :

Votre collaboration est prĂ©cieuse pour nous permettre de rĂ©aliser cette Ă©tude. C’est pourquoi nous tenons Ă  vous remercier pour le temps et l’attention que vous acceptez de consacrer Ă  votre participation.

ATTESTATION DU CONSENTEMENT :

Le simple retour du questionnaire rempli sera considĂ©rĂ© comme l’expression implicite de votre consentement Ă  participer au projet.

RENSEIGNEMENTS SUPPLÉMENTAIRES:

Si vous avez des questions sur la recherche ou sur les implications de votre participation, veuillez communiquer avec le responsable du projet : Mr Pascal-Waly FAYE au numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone 418 656-2131, poste 12360, ou Ă  l’adresse courriel [email protected].

Ce projet a Ă©tĂ© approuvĂ© par le ComitĂ© d’éthique de la recherche de l’UniversitĂ© Laval : N d’approbation 2014-286 A-3 / 06-05-2016.

PLAINTES OU CRITIQUES :

Si vous avez des plaintes ou des critiques relatives Ă  votre participation Ă  cette recherche, vous pouvez vous adresser, en toute confidentialitĂ©, au bureau de l’Ombudsman de l’UniversitĂ© Laval aux coordonnĂ©es suivantes :

Bureau de l’Ombudsman Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3320

Page 267: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

253

2325, rue de l’UniversitĂ© UniversitĂ© Laval QuĂ©bec (QuĂ©bec) G1V 0A6 Renseignements - SecrĂ©tariat : (418) 656-3081 Ligne sans frais : 1-866-323-2271 Courriel : [email protected]

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254

Annexes 3 : Le questionnaire

ÉTUDE COMPARATIVE DES OPINIONS ET DES PERCEPTIONS DES ENSEIGNANTS ET DES GESTIONNAIRES

DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE DU QUÉBEC SUR LA GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS ET SES EFFETS

Consignes

Le questionnaire qui suit comporte 5 parties : 1. Les opinions sur la GAR; 2. les enjeux socioprofessionnels de la GAR; 3. les coĂ»ts d’adaptation aux changements institutionnels; 4. la vision des finalitĂ©s et de la performance de l’école; 5. les renseignements sociodĂ©mographiques.

Si vous n’avez pas d’opinion sur une question ou si la situation ne s’applique pas, cocher la case sans rĂ©ponse. Si vous n'avez pas la rĂ©ponse, cocher la case ne sait pas.

NB : dans le texte projet Ă©ducatif* renvoie aussi aux orientations et objectifs dans le cas des centres de formation.

NB : La gestion axée sur les résultats (GAR) est une approche de gestion fondée sur des résultats mesurables répondant aux objectifs et aux cibles définis préalablement en fonction des services à fournir. En éducation, les projets de loi 124 et 88 ont entrainé des modifications de la LIP qui modifie le projet éducatif et instaure le plan de réussite et la convention de gestion et réussite éducative dans les établissements scolaires ainsi que les plans stratégiques et les conventions de partenariat dans les commissions scolaires.

Section 1 : Pertinence des principes, des outils et des stratégies de la GAR

1. Quel est votre niveau de connaissance de la gestion axée sur les résultats et du projet éducatif?

N° ÉnoncĂ©s Aucune connaissance

Faible ÉlevĂ© NSP NRP/NA

1 2 3 4 5 6

1.1.1 La gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 1.1.2 Le projet Ă©ducatif* ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

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255

2. Indiquez votre degrĂ© d’accord ou de dĂ©saccord concernant la pertinence des principes de la gestion axĂ©e sur les rĂ©sultats par rapport Ă  la rĂ©ussite du plus grand nombre.

N° Principes Totalement en désaccord

1

Assez en désaccord

2

Un peu en désaccord

3

Un peu en accord

4

Assez en accord

5

Totalement en accord

6

NSP NRP/ NA

1.2.1 L’atteinte de rĂ©sultats en fonction d’objectifs prĂ©Ă©tablis, rendus publics et mesurĂ©s Ă  l’aide d’indicateurs, permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.2 La prise en compte des attentes exprimĂ©es par les citoyens permet de mieux gĂ©rer les fonds attribuĂ©s Ă  l’éducation.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.3 Rendre les acteurs responsables des rĂ©sultats scolaires permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.4 L’utilisation de l’information sur les rĂ©sultats pour l’amĂ©lioration continue permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.5 La dĂ©finition de cibles de rĂ©sultats plus Ă©levĂ©es permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.6 La reddition de comptes portant sur l’atteinte des cibles permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.2.7 La reddition de comptes portant sur l’utilisation optimale des ressources permet d’accroitre la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

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256

3. Indiquez votre degrĂ© d’accord ou de dĂ©saccord concernant la pertinence des outils et des stratĂ©gies de mise en Ɠuvre de la GAR dans les Ă©tablissements scolaires.

N° Outils et stratégies Totalement en désaccord

1

Assez en désaccord

2

Un peu en désaccord

3

Un peu en accord

4

Assez en accord

5

Totalement en accord

6

NSP NRP/ NA

1.3.1 Le plan de rĂ©ussite constitue un outil pertinent pour dĂ©finir les actions de mise en Ɠuvre du projet Ă©ducatif dans les Ă©coles.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.3.2 La convention de gestion et de réussite éducative constitue un outil pertinent pour définir la contribution de votre école aux résultats de la commission scolaire.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.3.3 La planification stratégique (projet éducatif et plan de réussite) favorise la réussite des élÚves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.3.4 La convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative entre la commission scolaire et l’établissement favorise la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

1.3.5 L’orientation par les commissions scolaires du contenu des conventions de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative favorise la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

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Section 2 : Effets perçus de la GAR sur le travail des enseignants et des directeurs d’établissements.

4. Quels sont les effets de la mise en Ɠuvre des plans de rĂ©ussite sur votre travail?

N° ÉnoncĂ©s Aucun effet

Effet positif Effet négatif NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

2.4.1 Votre charge de travail ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 2.4.2 Vos relations de travail avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.3 Vos relations de travail avec les parents ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.4 Vos relations de travail avec les autres intervenants (conseillers pédagogiques, collÚgues, orthopédagogues, psycho-éducateurs 
)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.5 Votre dĂ©veloppement professionnel en termes de sentiment d’efficacitĂ© personnelle (de confiance en soi)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.6 Votre dĂ©veloppement professionnel en termes d’acquisition de nouvelles compĂ©tences (formation continue, journĂ©e pĂ©dagogique, 
)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.7 Votre autonomie professionnelle ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.8 Les pratiques d’évaluation de votre travail ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.4.9 Le prestige de votre profession ou de votre fonction ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

5. Quels sont les effets de la mise en Ɠuvre des conventions de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative sur votre travail?

N° ÉnoncĂ©s Aucun effet

Effet positif Effet négatif NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

2.5.1 Votre charge de travail ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 2.5.2 Vos relations de travail avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.3 Vos relations de travail avec les parents ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 2.5.4 Vos relations de travail avec les autres intervenants (conseillers

pĂ©dagogiques, collĂšgues, orthopĂ©dagogues, psycho-Ă©ducateurs 
) ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.5 Votre dĂ©veloppement professionnel en termes de sentiment d’efficacitĂ© personnelle (de confiance en soi)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.6 Votre dĂ©veloppement professionnel en termes d’acquisition de nouvelles compĂ©tences (formation continue, journĂ©e pĂ©dagogique, 
)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.7 Votre autonomie professionnelle ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.8 Les pratiques d’évaluation de votre travail ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

2.5.9 Le prestige de votre profession ou de votre fonction ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

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258

Section 3 : Effets perçus de la GAR sur les rĂŽles et responsabilitĂ© des enseignants et des directeurs d’établissements

6. Quels sont les activitĂ©s de soutien et d’accompagnement dont vous avez bĂ©nĂ©ficiĂ©? (cochez toutes les rĂ©ponses applicables).

N° Outils de la GAR Aucune activitĂ© ActivitĂ©s d’information

Activités de formation

ActivitĂ© d’information + activitĂ©s de formation

NSP NRP/NA

3.6.1 Le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

3.6.2 La convention de gestion et de réussite éducative

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

7. Quel est votre niveau de connaissance des contenus du plan de réussite et de la convention de gestion et de réussite éducative de votre établissement?

N° Outils de la GAR Aucune connaissance

Faible ÉlevĂ© NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

3.7.1 Le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

3.7.2 La convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

8. Dans quel cadre/contexte avez-vous discutĂ© de la GAR (cocher toutes les rĂ©ponses qui s’appliquent)?

N° Cadres/contextes NSP-NRP-NA

3.8.1 Le Conseil d’établissement ⃝ ⃝ Les fonctions de dĂ©lĂ©guĂ© syndical ⃝ ⃝ L’élaboration du projet Ă©ducatif ⃝ ⃝ L’élaboration du plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ L’élaboration de la convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative ⃝ ⃝ Les Ă©changes informels avec mes collĂšgues ⃝ ⃝ Aucun ⃝ ⃝

3.8.2 Si autre prĂ©ciser ⃝ ⃝

9. Selon vous, lequel des changements institutionnels suivants correspond le mieux Ă  l’effet qu’a entrainĂ© la mise en place des plans de rĂ©ussite et des conventions de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative sur les missions et les responsabilitĂ©s de votre Ă©tablissement?

N° Activités Aucun changement

Accroissement des responsabilités

Remplacement progressif des responsabilités

Baisse des responsabilités

Transformation des responsabilités

NSP NRP/NA

3.9.1 Le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

3.9.2 La convention de gestion et de réussite éducative

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

Page 273: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

259

10. Laquelle des situations suivantes correspond le mieux Ă  l’effet qu’a entrainĂ© la mise en place des plan de rĂ©ussite sur vos rĂŽles et vos responsabilitĂ©s professionnelles?

N° Outils de la GAR Aucun changement

Vous avez de nouveaux rĂŽles et de nouvelles responsabilitĂ©s qui s’ajoutent aux anciennes.

Vos nouveaux rÎles et vos nouvelles responsabilités remplacent progressivement les anciennes.

Vos rÎles et responsabilités ont diminué.

Vos rÎles et responsabilités ont été transformés.

NSP NRP/NA

3.10.1 Le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

3.10.2 La convention de gestion et de réussite éducative

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

11. Estimer les nouvelles attentes des commissions scolaires, des parents ou des élÚves que la mise en place des plans de réussite et des conventions de gestion et de réussite éducative a entrainé.

N° Outils de la GAR Aucune attente

Faible ÉlevĂ© NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

3.11.1 Le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 3.11.2 La convention de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

12. Comment estimez-vous votre adaptation Ă  ces nouvelles attentes?

N° Nouvelles attentes TrÚs facile

Facile Peu facile

Peu difficile

Difficile TrĂšs difficile

NSP NRP/NA

1 2 3 4 5 6

3.12.1 Nouvelles attentes gĂ©nĂ©rĂ©es par le plan de rĂ©ussite ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

3.12.2 Nouvelles attentes générées par la convention de gestion et de réussite éducative

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

Page 274: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

260

Section 4 : Effets perçus de la GAR sur la poursuite des objectifs et des finalités du systÚme éducatif

13. Indiquez votre degrĂ© d’accord ou de dĂ©saccord concernant les buts et les orientations que l’éducation peut raisonnablement poursuivre.

N° Buts et orientations Totalement en désaccord

1

Assez en désaccord

2

Un peu en désaccord

3

Un peu en accord

4

Assez en accord

5

Totalement en accord

6

NSP NRP/ NA

4.13.1 Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’économie

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.13.2 Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.13.3 Favoriser d’abord les meilleurs Ă©lĂšves (enseignement Ă©litiste)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.13.4 Favoriser une égalité des chances scolaires pour tous (enseignement équitable)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.13.5 Favoriser une égalité des résultats et des acquis scolaires (enseignement égalitaire)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

14. Indiquez votre degrĂ© d’accord ou de dĂ©saccord concernant les buts et les orientations que votre Ă©tablissement met actuellement en Ɠuvre.

N° Buts et orientations Totalement en désaccord

1

Assez en désaccord

2

Un peu en désaccord

3

Un peu en accord

4

Assez en accord

5

Totalement en accord

6

NSP NRP/ NA

4.14.1 Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’économie

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.14.2 Fournir un enseignement tournĂ© vers les besoins de dĂ©veloppement de l’individu

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.14.3 Favoriser d’abord les meilleurs Ă©lĂšves (enseignement Ă©litiste)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.14.4 Favoriser une égalité des chances scolaires pour tous (enseignement équitable)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.14.5 Favoriser une égalité des résultats et des acquis scolaires (enseignement égalitaire)

⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

Page 275: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

261

15. Indiquez le degrĂ© d’importance que vous accordez aux facteurs/Ă©lĂ©ments suivants pour amĂ©liorer la rĂ©ussite du plus grand nombre des Ă©lĂšves.

N° Facteurs/éléments Aucune importance

Importance faible Importance élevée NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

4.15.1 La qualitĂ© de la prestation professionnelle de l’enseignant ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.15.2 L’intervention des Ă©ducateurs spĂ©cialisĂ©s ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.15.3 Les capacitĂ©s naturelles des Ă©lĂšves ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.15.4 La qualitĂ© de l’environnement scolaire de l’établissement ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.15.5 Le soutien qui est donnĂ© par les parents Ă  la maison ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.15.6 Le style de leadership du directeur de l’école ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

16. Quel type d’effet la mise en Ɠuvre des plans de rĂ©ussite a sur la poursuite des finalitĂ©s du systĂšme Ă©ducatif?

N° Finalités Aucun effet Effet levier Effet obstacle NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

4.16.1 Instruire ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.16.2 Socialiser ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 4.16.3 Qualifier ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

17. Quel type d’effet la mise en Ɠuvre des conventions de gestion et de rĂ©ussite Ă©ducative a sur la poursuite des finalitĂ©s du systĂšme Ă©ducatif?

N° Finalités Aucun effet Effet levier Effet obstacle NSP NRP/NA 1 2 3 4 5 6

4.17.1 Instruire ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

4.17.2 Socialiser ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ 4.17.3 Qualifier ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝ ⃝

18. Selon vous, que faudrait-il faire par rapport Ă  la GAR en Ă©ducation?

N° ÉnoncĂ©s NSP-NRP-NA

4.18 L’abolir ⃝ ⃝ Lui apporter des ajustements mineurs ⃝ ⃝

Lui apporter des ajustements majeurs ⃝ ⃝ La maintenir telle quelle ⃝ ⃝

Quels seraient ces ajustements? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________

______________________________________________________________________________________________

______________________________________________________________________________________________________________________

Page 276: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

262

19. Avez-vous d’autres commentaires Ă  formuler au regard de la pertinence et de l’efficacitĂ© de la GAR en Ă©ducation?

______________________________________________________________________________________________________________________________________________

______________________________________________________________________________________________________________________________________________

______________________________________________________

Section 5 : Renseignements sociodémographiques

20. Quel est votre genre?

NRP

5.20 Masculin

FĂ©minin

21. À quelle classe d’ñge appartenez-vous?

NRP

5.21 Moins de 30 ans

30 Ă  39 ans

40 Ă  49 ans

50 Ă  59 ans

60 ans et plus

22. Quel est votre plus haut niveau d’études complĂ©tĂ©?

NRP

5.22.1 Baccalauréat

DiplÎme ou certificat universitaires supérieur au baccalauréat et inférieur à la maitrise

MaĂźtrise

Doctorat

5.22.2 Si autre préciser

23. Combien d’annĂ©es d’expĂ©rience possĂ©dez-vous dans le poste que vous occupez prĂ©sentement?

Page 277: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

263

24. Quelle est votre fonction principale?

NRP

5.24.1 Direction

Enseignant

24a.Quelle est la discipline principale ou le poste qui vous occupe essentiellement?

NRP

5.24.2 Arts (musique, danse, art visuel, art plastique et art dramatique)

Développement personnel (éducation physique et à la santé, enseignement moral et religieux)

DĂ©veloppement professionnel

Langues (français, anglais)

Mathématique, sciences et technologies

Univers social (géographie, histoire et éducation à la citoyenneté)

Autre

24b.Quel poste occupez-vous actuellement?

NRP

5.24.3 Direction d’un Ă©tablissement

Direction adjointe d’un Ă©tablissement

Direction de plusieurs Ă©tablissements

Direction adjointe de plusieurs Ă©tablissements

Autre

25. Selon vous, votre établissement dessert-il surtout un milieu socio-économique réputé :

Indice NRP

5.25 Défavorisé (indice 8 à 10)

Moyen (indice 5 Ă  7)

Favorisé (indice 1 à 4)

26. Dans quel type d’environnement votre Ă©cole est-elle situĂ©e?

NRP

5.26 Municipalité de 5 000 habitants et moins

Municipalité de 5 000 à 24 999 habitants

Municipalité de 25 000 à 99 999 habitants

Municipalité de 100 000 à 499 999 habitants

Municipalité de 500 000 habitants et plus

Page 278: Analyse des opinions et des perceptions des enseignants et

264

27. Combien y a-t-il d’élĂšves approximativement dans votre Ă©tablissement ?

28. Travaillez-vous principalement?

NRP

5.28.1 Au primaire

Au secondaire

28a.Au secondaire, travaillez-vous au : (sinon passez Ă  la question suivante)?

NRP

5.28.2 Secteur général des jeunes

Secteur général des adultes

Secteur professionnel

29. Indiquez le statut d’emploi qui correspond à votre situation actuelle.

NRP

5.29 Permanent Ă  temps plein

Permanent Ă  temps partiel

À contrat à temps plein

À contrat à temps partiel

30. Accepteriez-vous d’ĂȘtre recontactĂ© dans la deuxiĂšme phase de cette recherche pour participer Ă  des entrevues semi-dirigĂ©es d’environ 60 minutes?

NRP

5.30 Oui

Non

Votre participation est grandement appréciée.