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Analyse économique de projets- un parcours découverte -
EDILE – session régionale, Beyrouth
Olivier Ratheaux, Valérie Reboud, Dominique Rojat
28 janvier 2015
À quoi sert l’analyse économique de projets ?
… à se poser les bonnes questions :
• Qu’est-ce qu’un bon projet ?
• Pour qui ?
• Quelle rentabilité ?
• Pour qui ?
• Dans quel but ?
=> Le cas du barrage de Nam Theun 2 au Laos
Analyse financière
Populations déplacées / affectées
Actionnaires Société Projet thaïlandais et internationaux
Bailleurs de fonds
Etat LaoBanques commerciales
Distributeurs d’électricité laotien et thaïlandais
Usagers thaïlandais
Usagers laotiens
Préservation biodiversitéClimatDynamiques sociales
Vente détail
Emplois CT et LT?
Hausse de revenusAccès à des services Capital social ?
Répartition du surplus ?
Entreprises
Société CivileONG
Centrale existanteTheun Hinboun
Perte de production
Société Projet concessionnaire (NTPC)
Vente gros
Taxes, dividendes, droits de concession
Prises de participation, dividendes
Prêts, diligences
Prêts, diligences
ACTEURS : Le barrage hydro-électrique Nam Theun 2 au Laos
Enjeux:Validité de la
logique d’intérêts partagés
Questions (plus précises)
Quel est l’objectif du projet ? Que se passera-t-il si le projet est réalisé ? S’il ne l’est pas ? Est-ce la meilleure solution ? Quels sont les gagnants et les perdants ?
“Who enjoys the music? Who pays the piper?” Le projet vaut-il la peine que l’on y investisse ? Qui a vocation à investir dans le projet ? À quel niveau ? A quelles
conditions ? Quels sont les impacts spécifiquement fiscaux, environnementaux,
sociaux, institutionnels ?... Quelles sont les zones d’incertitude ? Le projet est-il risqué ? …
Bilan par acteur
ACA - Bilan par acteur
-50,0
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
250,0
300,0
Conso. Lao EDL EGAT Sté projet Etat Lao T. Inboun Pop. Climat S.Envir.
M. U
SD Bilan par acteurVan Totale
Posture du décideur public
• Des choix à faire pour l’allocation de ressources rares :– investissements publics, prises de participation– subventions– exonérations – octroi de facilités diverses
• statut de zone franche
• régimes particuliers du code des investissements
• prêts à taux préférentiels…
• … avec impact sur le budget de l’Etat
• En fonction de l’intérêt collectif
• Dans un cadre de raisonnement économique
Les rentabilités d’un projet
faible
faible
élevée
Rentabilité économique
Rent
abili
té fi
nanc
ière
Mauvais projets
Bons projets… pour certains seulement
(financement privé)
élevée
Projets d’intérêt général
(financement ?)
Bons projets
(financement public-privé ?)
Si TRE > TRI : projet public à considérer, projet privé éligible à une subvention ou exonération (ex. code des investissements, zone franche, prêts à taux préférentiels…) – aligner intérêt privé et intérêt public
Comparaison des situations
Situation
tempsO
« avant »
avec
sans (1)
sans (2)
On compare « avec » et « sans » projet - et non « avant » et « après » -Sur un horizon de temps et un périmètre d’analyse donnés
Identification des flux : check list
• Préalables :– Disposer d’une évaluation financière– Définir : périmètre, horizon, contrefactuel, parties prenantes– Utiliser des prix réels (valeurs constantes) càd sans inflation (pas de prix nominaux)– S’assurer que le projet n’entraînera pas ou peu de changements dans les prix
relatifs (le projet reste marginal par rapport à l’ensemble de l’économie)– Eliminer les transferts entre agents économiques à l’intérieur du périmètre
d’analyse car ils ne reflètent pas un coût économique lié à l’usage d’une ressource => éliminer en particulier les impôts, taxes et subventions
• Caractériser les flux monétarisables :– Variations de surplus des producteurs– Variations de surplus des consommateurs– Investissements complémentaires– Coûts d’opportunité (dont effets d’éviction)– Coûts et avantages non marchands– Externalités
9
Variation de surplus des producteurs
• … Facile !
Revenu net supplémentaire (gain, ou économie réalisée) du fait du projet grâce à :
– Nouvel investissement (public ou privé), nouvelle technique => changement dans la fonction de production
– Variations de prix– Exemples : investissement public de réseau,
innovation, incitation financière ou taxation des solutions alternatives (énergies vertes)
Variation de surplus des consommateurs
• Monétarisation du supplément d’utilité du consommateur du fait du projet
– Economie à la consommation avec éventuellement variation de volume, grâce à un changement de prix
– Amélioration de la qualité du produit ou du service (approvisionnement en eau…)
Le surplus du consommateur
Le surplus du consommateur sur un marché est la surface délimitée par la courbe de demande (utilité marginale, propension à payer) et le prix de vente
Surplus du consommateur(gain à l’échange)
Prix, Um
P1
QuantitéQ10
Demande (Um)
A
E
Variation de surplus = monétarisation du supplément d’utilité
Surplus initial
Prix, Um
P1
QuantitéQ1 Q20
Demande, UmP2
Variation de surplus liée à la demande existante
Variation de surplus liée à la demande induite
Variation de prix et variation de surplus du consommateur
Investissements complémentaires
• Pour certains projets privés, il peut être indispensable de réaliser des investissements complémentaires :– Une unité de production d’énergie pour une mine ou une unité de
traitement de produits miniers ou une cimenterie– Une route pour une exploitation forestière ou une plantation ou une
installation industrielle– Des logements sociaux– Des actions de formation pour le personnel
• Tout ou partie des ces investissements complémentaires peuvent être mis à la charge de la collectivité (ex. centre de formation Renault à Tanger)
• Dans ce cas, ils doivent être pris en compte dans l’analyse économique, même s’ils n’apparaissent pas dans l’évaluation financière du point de vue de l’entrepreneur
• Effet réciproque : un projet privé peut avoir des effets positifs pour la collectivité (ex. investissements en capital humain par une formation « sur le tas »)
Coûts d’opportunité• Un coût d’opportunité est la valeur de ce à quoi on renonce
du fait d’une décision (ici : réaliser le projet)• Il dépend du point de vue considéré : ici, la collectivité• S’applique à une variété de situations :
– Effets d’éviction : Producteurs : activités artisanales concurrencées ou compromises par le projet :
marchands d’eau en cas de développement d’un réseau d’AEP, chiffonniers pour un projet de gestion des déchets - ex. PPP Veolia à Alexandrie
Consommateurs : les consommateurs « illégaux » d’électricité via des branchements en toile d’araignée sur le compteur du voisin qui peuvent se retrouver exclus d’un projet d’électrification rurale s’ils ne peuvent financer l’achat d’un compteur électrique dans le cadre du projet
– Utilisation de ressources rares avec restriction ou privation d’usage pour d’autres activités : eau, énergie (cimenterie, usines d’aluminium… => d’où éventualité de prévoir des projets complémentaires de fourniture d’énergie), sol/foncier, ressources naturelles, main-d’œuvre…
• Evaluation : – perte de surplus des activités considérées : production et consommation– revenu alternatif de la main-d'œuvre
Prise en compte du coût d’opportunité- approvisionnement en eau dans le bassin du Tensift (Marrakech, Maroc) -
Comparaison des solutions d'approvisionnement en eau sur la base des différentes composantes du coût total (DH/m3)
0
2
4
6
8
10
12
14
16
AEPREUT
Irrigatio
nIL in
f.
IL sup.
Massira in
f.
Massira su
p.
Wirgan
e
Dessalem
ent inf.
Dessalem
ent sup.
Externalités
Coûts d'opportunité
Fonctionnement
Investissement
La simple prise en compte du CO change considérablement le rang de classement des solutions d’approvisionnement(SCP et AFD, 2008)
Coûts et avantages non marchands
Variations (en + ou en -) sur :• Valeur du temps, valeur des nuisances dues au bruit
(transports), aux pollutions locales ou globales (émissions de GES)
• valeur de la vie humaine épargnée (transports, projets de santé)
• Valeur de la santé vs. maladie ou incapacité (projets de santé)
• Biens environnementaux ou culturels
CANM : instruction cadre transports 2005 - Annexe I relative à la valorisation tutélaire
des effets indirects ou non marchands -
Valeurs issues du rapport « Transports : choix des investissements et coût des nuisances » du Commissariat Général du Plan préparé par un groupe de travail présidé par Marcel Boiteux (avril 2001). Projets interurbains (réf. circulaire sur « les investissements routiers en rase campagne » de 1998). Suites avec le rapport Quinet 2008 sur la valeur tutélaire du carbone
CANM : instruction cadre transports 2005 - Annexe I relative à la valorisation tutélaire
des effets indirects ou non marchands -
PIB/hab 2011 = 33 000 € => 45 ans de PIB ! Mais comprend dépenses de secours et hospitalières + pretium doloris + perte de production nette (PIB - consommation) + préjudice moral ; autre proxy = prime d’assurance (valeur révélée)
En transport individuel, meilleure couverture du risque par l’assurance => coût social moins élevé : abattement de 1/3
CANM : instruction cadre transports 2005 - Annexe I relative à la valorisation tutélaire
des effets indirects ou non marchands -
• Effet de serre : valorisation = niveau de taxation qui permettrait à la France de satisfaire aux engagements issus de Kyoto (hors mécanismes de flexibilité càd marchés carbone et MDP)
• … et le texte précise : « Cette pénalisation des émissions de carbone est à prendre en compte y compris dans l’éventualité où une taxe d’un montant équivalent serait effectivement introduite »
• … ce qui marque bien la différence entre coût ou avantage économique et transfert
• Indicateur = année de vie ajustée par les handicaps ou DALY (Disability Adjusted Life Year) qui incorpore aux éventuels gains de mortalité évitée(mesurés en unité de temps), ceux en temps d’immobilisation liée aux maladies.
• Par exemple, l’analyse d’un projet d’accès à l’eau potable pourra mesurer le nombre de jours d’immobilisation évités par la réduction des diarrhées.
• La quantification monétaire consiste ensuite à valoriser le temps des individus concernés. En première approximation, leur revenu par unité de temps peut être retenu.
• Approche équivalente à celle des transports ; applicable à toute pathologie
• Souvent : approche coût-efficacité – évite d’avoir à valoriser la vie épargnée / l’incapacité évitée
Coûts et avantages non marchands : santé
Coûts et avantages non marchands : environnement
Valeur directe par extraction
Valeur directe sans extraction
Valeur indirecte Valeur d’option, de quasi option
Valeurs d’existence, patrimoniale, de legs
+ tangible - tangible
Valeurs d’usage Valeurs de non-usage
Valeur économique totale
Changement de productivité,
coût de remplacement…
Prix hédoniques coût de
déplacement…
Coût de remplacement,
coût de protection…
Evaluation contingente
Evaluation contingente
Externalités
• Effets externes = effets de l’activité d’un agent économique sur la fonction de production ou de consommation d’autres agents, sans que ces effets ne donnent lieu à un échange sur le marché (transaction monétaire, compensation) – effet ‘externe’ au marché
• Externalités positives : – ruche et verger (Meadow) – protection des massifs forestiers, ou agriculture de conservation, avec
impact antiérosif et baisse des coûts de maintenance des infrastructures en aval (transport, irrigation)
– infrastructures : utilisation d’une route à objectif de connexion portuaire à l’hinterland par des agriculteurs et artisans locaux
– externalités de réseau (téléphone, internet) : tout nouvel utilisateur apporte des opportunités supplémentaires et donc augmente l’utilité des usagers déjà connectés
– recherche et innovation (car une innovation est toujours plus ou moins imitable)
Externalités
Externalités négatives : – pollution : un fumeur et un non fumeur dans un bureau ;
pollution de l’eau, de l’air– Externalités d’encombrement (pêche, pastoralisme,
ostréiculture, bois de feu, cueillette des champignons) – coût marginal social supérieur au coût marginal privé
• On parle parfois d’externalités pécuniaires pour désigner des effets sur les prix (extension de langage)
• Traitement : réglementation, taxes, négociations directes (PSE)
Bouclage / ACA : actualisation et calcul de la VAN globale
Investissement
Avantages nets (a) : somme des variations de flux nets (avantages - coûts)
0
1 2 3
a/(1+i)
a/(1+i)²
etc…
Bilan non actualisé : - I + somme avantages
Bilan actualisé (Valeur Actuelle Nette) :
- I + somme avantages actualisés
Le calcul du taux de rentabilité interne(ici : économique) utilise les mêmes données que le calcul de la VAN
a/(1+i)
Oui
Non
Oui
Non OK
Oui
Non
Gagnants et perdants : efficacité et équité
VAN (variation globale de surplus) positive ?
Perdants ?
Possibilité de compensation ?
Compensation directe
Décision tutélaire
STOP
Bilan par acteur (bis, pour mémoire)
ACA - Bilan par acteur
-50,0
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
250,0
300,0
Conso. Lao EDL EGAT Sté projet Etat Lao T. Inboun Pop. Climat S.Envir.
M. U
SD Bilan par acteurVan Totale
Option : prix de référence- Pallier les défaillances de marché/politiques/institutionnelles pour restaurer des prix de concurrence, pertinents pour la décision en économie ouverte -
• Question : sommes-nous compétitifs sur le marché international ?• Problème : distorsions de prix par suite de :
– Défaillances de marché : externalités, biens publics, concurrence imparfaite (monopoles…)
– Interventions publiques : taxes et subventions, prix administrés (prix intérieurs, taux de change, taux d’intérêt), restrictions quantitatives, rationnement (quotas), barrières à l’entrée d’un marché…
• Conséquences : le signal prix est brouillé => allocation non optimale => pertes de surplus et subventions implicites
• Solution : prix de référence– Biens échangeables : prix internationaux– Biens non échangeables : correction sur
• Devises : taux de change de référence• Capital : taux d’actualisation• Travail : salaire de référence = coût d’opportunité de la main-d'œuvre
Production
CI
Importées
CI
Locales
VA
Directe
Production
Importations, CI et VA indirectes
Imports.
incluses
VA
incluse
Importations,CI et VA directes
Importationset VA incluses
- Effets primaires -
Option : méthode des effets- Mesurer les « effets induits » sur l’économie nationale ou locale -
• Questions :– Quel est le degré d’intégration du projet à l’économie ?– Qui gagne / qui perd ? Effets de répartition / de redistribution
+ Ré
part
ition
entr
e ag
ents
… Que faire ?
• Calculer un TRI financier• Calculer une VAN et un TRE + une analyse par acteurs• Si opportun / justifié :
– Prix de référence– Méthode des effets
• Des tests de sensibilité• A compléter par critères « qualitatifs »
– économiques (carré magique), sociaux, environnementaux, construction de capacités
– emploi des revenus, changement de prix, aménagement du territoire, évolution des institutions…
• Cf. grilles d’analyse et manuels des différents bailleurs
Conclusion : - une approche de transparence,
de dialogue et de pédagogie -
• Evaluation économique : condition nécessaire mais pas suffisante d’une « bonne » décision
• Fait apparaître des informations et arguments qui alimentent le dialogue administratif, politique ou citoyen
• Plutôt discussion entre acteurs pour faire évoluer les contours du projet et répartir coûts et avantages, que choix entre projets ‘tout ficelés’
• Importance des chiffres mais surtout– de la manière d’y parvenir– de l’impact des changements d’hypothèses, d’approche et
de méthode sur les résultats
Merci de votre attention… des questions ?
V. Reboud / D. Rojat