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UE11 – Parcours – Immunologie - n°2
14/10/2015
Pr Cécile Badoual [email protected]
RT : Marie LANCHOU
RL : Léa SIMON
Anatomie des Organes Lymphoïdes
I. Organes Lymphoïdes Centraux
A- Le Thymus 1) Généralités 2) Rôle du thymus 3) Structure
B- La Moelle Osseuse
1) Généralités 2) Structure 3) Fonctions
II. Organes Lymphoïdes Périphériques
A- Ganglions Lymphatiques
1) Généralités 2) Fonction 3) Structure 4) Histiocyte/macrophage et cellules dendritiques
dans les ganglions B- Rate
1) Généralités 2) Fonction 3) Structure
C- Tissu Lymphoïde Annexé aux Muqueuses : MALT (Mucosal
Associated Lymphoid Tissue)
Introduction
Les organes lymphoïdes sont les zones de nursing, de stockage, d’évolution et de maturation des
lymphocytes B et T. Ces lymphocytes circulent ensuite à l’intérieur de vaisseaux lymphatiques et
sanguins.
Les organes lymphoïdes les plus importants sont la moelle osseuse, les ganglions lymphatiques,
la rate et le thymus mais il ne faut pas oublier les MALT ainsi que l’Anneau de Waldeyer qui
comprend les amygdales, lieu d’immunité important chez les enfants. En effet, il s’agit d’un haut
lieu de stockage de bactéries et virus que l’on attrape par la bouche.
I. Organes lymphoïdes centraux
a) Le thymus
i. Généralités
• C’est le seul organe lymphoïde non folliculaire
• Apparu dès la 6e semaine chez l'embryon, il diminue progressivement après la
naissance, involue après la puberté, tout en persistant plus ou moins jusqu'à 60 ans
environ. Un adulte n’a que des petits vestiges de thymus. Si jamais il possède un gros
thymus visible au niveau du médiastin, il s’agit d’une pathologie soit tumorale soit plus
bénigne : on parle de thymomes qui donnent des maladies immunitaires comme la
myasthénie.
• Il est constitué de lobules. La corticale contient 85% de thymocytes immatures CD3 +,
CD4+ et CD8+. Dans la zone médullaire, surtout épithéliale, les thymocytes sont moins
nombreux et sont matures : CD3+ et soit CD4+, soit CD8+.
• Ces cellules migrent ensuite dans le sang et les organes lymphoïdes périphériques.
Le thymus est donc un organe extrêmement important pendant l’embryogenèse, la vie fœtale et
les quelques premières années de vie.
Le thymus c’est comme les seins. Au début c’est bien ferme et il y a plein de choses à l’intérieur
et à la fin il n’y a plus que de la graisse ! Au cours de la vie pré-fœtale et dans l’enfance le thymus
évolue puis peu à peu on assiste à une involution adipeuse, c’est à dire la disparition des
thymocytes.
ii. Rôle du thymus
Le thymus est une zone de :
• multiplication intense (plusieurs millions de cellules produites par jour) : les
précurseurs CD34+ et CD44+, issus de la MO, entrent par voie sanguine et se multiplient
au niveau du cortex superficiel. (cellules doubles négatives).
• maturation, différentiation: les cellules acquièrent progressivement :
- le récepteur à l‘antigène TcR (réarrangement des gènes du TcR)
- les marqueurs de cellules matures (CD2, CD3, CD4, CD8)
• sélection des lymphocytes : elle est double et permet la tolérance au soi
Positive : survie des thymocytes qui reconnaissent le CMH
Négative : destruction des thymocytes qui reconnaissent trop fortement le soi
iii. Structure
Le thymus est un organe lympho-épithélial pesant entre 15 et 30 grammes.
De l’extérieur vers l’intérieur on a :
Une capsule
La zone corticale
o densité cellulaire et présence de macrophages à corps tingible, faisant de cette
zone un lieu d’approvisionnement permanent de cellules nouvelles et de
sélection de certaines cellules avec la possibilité de former des corps
apoptotiques
o cellules épithéliales
o cellules lymphoïdes
taille moyenne, lymphoblastes (« thymocytes »)
mitoses +++
Phénotype T immature : CD1a+, Tdt+ (marqueur cytotoxique),
« CD99 » (important à connaître car il s’agit de la signature
thymique)
La zone médullaire
– Cellules épithéliales qui peuvent former le Corpuscule de Hassall (à fonction
encore inconnue). Chez l’adulte ces cellules ne sont pas forcément métastatiques
: il est normal de retrouver des cellules épithéliales normales dans un vestige de
thymus. Caractéristiques :
– fusiformes
– noyau ovoïde, fusiforme
– chromatine hétérogène
– nucléole +/-
– Cytoplasme étroit
– Cellules lymphoïdes T matures
– Petits lymphocytes, CD1a-, TdT- (expression + forte des
marqueurs T CD3, CD5/cortex)
Et puis on trouve aussi dans le thymus d’autres cellules qui participent à la maturation des
thymocytes.
– Lymphocytes B, macrophages, cellules de Langerhans,
éosinophiles, mastocytes, plasmocytes, cellules myoïdes.
b) La Moelle Osseuse
i. Généralités
Ce n'est pas seulement un organe myéloïde, elle contient un tissu lymphoïde diffus, non
folliculaire, ayant des interactions étroites avec le tissu de soutien, en particulier les cellules
stromales.
La MO n’est pas un organe à proprement parler, en revanche elle est très importante (et
notamment au niveau des os longs) dans la maturation des organes lymphoïdes.
ii. Structure
Structure bien organisée avec :
des fibres réticulaires de collagène : le stroma
des sinusoïdes (vaisseaux sanguins entre les fibres de collagène)
des cellules sanguines immatures. En pathologie et avec le vieillissement, la moelle
devient involutive. On peut donc avoir des immunodépressions de la personne âgée car
les cellules immatures sanguines auront disparu et auront été remplacées par de la
graisse. En cas de fibrose, ces cellules vont être emprisonnées, on parle de dacryocytes
(globules rouges en forme de larmes).
Ainsi, dans la MO on ne retrouve pas que des cellules lymphoïdes. C’est une structure vivante qui
possède plein d’autres cellules qui vont interagir avec les éléments lymphoïdes.
iii. Fonctions
La moelle osseuse assure 3 fonctions:
• Maintien d’un contingent de cellules souches
• Maturation et différentiation des pro-lymphocytes B en lymphocytes B matures aptes
à coloniser les organes lymphoïdes secondaires
• L’hébergement des B activés par l’antigène en provenance des organes secondaires et
qui se transforment en plasmocytes sécréteurs d’anticorps
Note : Plus on vieillit et plus la MO se remplit de gras. Étant donné qu’il s’agit de la structure où
naissent les cellules lymphoïdes, il est normal de retrouver des cellules immatures. L’important
est de connaître les proportions des cellules matures et immatures et si les 3 lignées sont bien
représentées. Si il y a anomalie de ces proportions, alors on peut poser le diagnostic de moelle
anormale.
II. Organes lymphoïdes périphériques (OLP)
Les médecins s’intéressent plus particulièrement aux OL périphériques car ils sont plus faciles à
étudier. En effet, la moelle osseuse ne s’obtient que par Biopsie Ostéo Médullaire, extrêmement
douloureuse pour le patient ! On n’en pratiquera que pour réaliser un « staging » de lymphome.
En revanche pour un diagnostique de pathologie lymphoïde, on préfèrera faire un bilan sur les
OL périphériques.
Les OLP sont le siège des réponses des lymphocytes aux antigènes.
Ils comprennent :
• Les ganglions lymphatiques
• La rate
• Les amygdales
• Le tissu lymphoïde associé aux muqueuses
• Le système lymphoïde cutané.
Des lymphocytes sont présents en outre de façon diffuse dans presque tous les organes et tissus,
à l'exception du système nerveux central, du cartilage et de la cornée.
a) Ganglions lymphatiques
i. Généralités
Définition :
Structure encapsulée contenant des lymphocytes siégeant sur le trajet d’un gros vaisseau
lymphatique.
• environ 1000 dans tout l’organisme : surveillance de nombreux territoires
• petit organe réniforme, de 1 à 15 mm de diamètre
• disposés sur le trajet des voies lymphatiques
• La circulation lymphatique s’effectue dans un seul sens : tissus ⇒ ganglions ⇒ sang
• Il est peuplé de tissu lymphoïde à partir du 5e mois de la vie fœtale.
On parle d’adénopathie quand :
le ganglion mesure plus de 1cm
il prend une forme arrondie
il y a présence de nécrose
La pathologie ganglionnaire comprend les lymphomes, mais aussi certaines pathologies
infectieuses et métastatiques d’où l’importance pour le clinicien de bien connaître la structure
du ganglion.
ii. Fonction :
o Filtration de substances exogènes et de bactéries (macrophages)
o En réponse à une stimulation antigénique :
- Activation, prolifération des lymphocytes B, formation de plasmocytes
et production d’anticorps
- Activation, prolifération de lymphocytes T, réponse immunitaire de type
cytotoxique
iii. Structure
La capsule est séparée du parenchyme ganglionnaire par un sinus (lieu de recherche des
métastases).
Le ganglion est composé de :
o une zone corticale externe, siège des follicules lymphoïdes (lymphocytes B),
o une zone paracorticale, où se trouvent des lymphocytes T et des cellules dendritiques
o une zone médullaire centrale contenant peu de cellules
On distingue deux types de follicules au sein des ganglions :
les follicules primaires constitués de petits lymphocytes B au repos et de cellules
folliculaires dendritiques (il n’y a pas eu de rencontre avec l’Ag)
les follicules secondaires observés après stimulation antigénique et constitués par :
o une zone du manteau, en périphérie, vestige du follicule primaire
o un centre germinatif qui présente une zone sombre faite de
«centroblastes» (grandes cellules à noyaux non clivés), siège de la
prolifération lymphoïde, des mutations physiologiques propres à cette
lignée et de la commutation isotypique,
o une zone claire faite de « centrocytes » (petites cellules à noyaux clivés)
et de cellules dendritiques, siège de la sélection par l'antigène des
lymphocytes qui se différencient en cellules B mémoires et en
plasmocytes
On retrouve :
des macrophages à corps tingible
des centrocytes
La zone du manteau et la zone marginale se situent autour.
Note : il n’est pas nécessaire d’apprendre les phénotypes des différentes cellules ! Mais en
fonction de l’endroit où auront lieu certaines modifications clonales, on va avoir des lymphomes
différents : soit des lymphomes folliculaires, du manteau ou germinal.
Le ganglion consiste donc en un « sac » limité par une capsule conjonctive contenant un réseau
tridimensionnel de fibroblastes soutenu par un réseau de « câbles » faits de collagène III et dans
les mailles duquel s’accumulent lymphocytes, mastocytes, et histiocytes.
Ce sac siège sur la circulation lymphatique, et le parenchyme est irrigué par une
vascularisation sanguine de type terminal :
Réseau capillaire dans les cordons de la médullaire, de la corticale profonde et pour
chaque follicule de la corticale externe
Réseau capillaire folliculaire drainé par des veinules dites « post-capillaires » ou veinules
épithélioïdes ou HEV (High Endothelial Venules); au contact des follicules de la corticale
externe, puis elles gagnent la corticale profonde.
Conflue pour donner des veines satellites des artères et gagnant le hile.
Une artère et une veine entrent donc dans le ganglion, et il y aura une inter-communication
permanente entre ces vaisseaux car ceux-ci sont très fins.
On utilise la méthode d’immunohistochimie pour phénotyper ces cellules.
Ac anti-CD20 pour rechercher les LB, on colore donc la région des follicules.
Ac anti-CD3 pour rechercher les LT, on colore donc la région interfolliculaire et la zone
médullaire
Ac anti-CD14 pour mettre en évidence les cellules dendritiques. Notons la forme en
« maillage », en « tentacules » pour permettre une meilleure présentation antigénique.
iv. Histiocyte/macrophage et cellules dendritiques dans les ganglions
• Cellules dendritiques d’origine lymphoïde (cellules dendritiques plasmocytoïdes,
monocytes plasmocytoïdes)
o Proches des veinules postcapillaires
o Phénotype : CD68+ (dot); CD14-, CD1a-, granzyme B+.
• Cellules dendritiques d’origine myéloïde qui dérivent de monocytes et/ou de cellules
précurseurs
o cellules interdigitées
o cellules dendritiques du centre germinatif (différent des cellules
folliculaires dendritiques CD68-, CD21+, CD23+)
o Phénotype : CD68+ (phénotype des macrophages), CD14+/, CD1a +/-, Pr
S100+
Les histiocytes et les macrophages sont :
• sinusaux
• macrophages à corps tingibles CG
• territoires T
• certains sont des précurseurs de DC myéloïdes ou peuvent se différencier en DC
myéloïde
La figure ci-dessus montre une histiocytose inter folliculaire, qui apparaît suite à une stimulation
particulière (infection, tumeur) et qui témoigne d’un état inflammatoire chronique.
CD68 : marquage des macrophages (CD68+).
CD14 : marquage des cellules dendritiques qui forment des tentacules.
b) Rate
i. Généralités
La rate est située dans l’hypochondre gauche. Elle a une forme ovale, c’est l’organe lymphoïde le
plus volumineux (≈ 12 cm de longueur). Elle pèse 150 grammes chez l’homme.
ii. Fonction
La rate a une fonction hématopoïétique jusqu'au dernier mois de la vie fœtale, elle est peuplée
de tissu lymphoïde à partir du 6e mois de celle-ci.
Elle est branchée sur la circulation sanguine et a donc pour rôle l’épuration du sang (100 à 200
mL/mn) grâce à la capture des Ag injectés dans la circulation sanguine.
C’est l’organe PHAGOCYTAIRE principal et contient donc les cellules phagocytaires principales
que sont les macrophages et les polynucléaires neutrophiles.
Il est important de noter qu’il n’y a pas de drainage par une circulation lymphatique.
Enfin, on peut vivre sans rate mais moins bien.
iii. Structure
Elle est constituée de 2 types de tissus :
• la pulpe rouge, quantitativement la plus importante
o Sinus veineux
o Cordons de Billroth (filtre à antigènes)
o lieu de destruction des hématies
• la pulpe blanche
o PALS (periarteriolar lymphoid sheet), manchons lymphoïdes péri-
artériolaires faits principalement de lymphocytes T
o Follicule lymphoïde B
o Lieu de la réponse immunitaire
Les manchons péri-artériolaires et les follicules sont entourés d'un anneau de
lymphocytes et de macrophages constituant la zone marginale.
Il s’agit donc de tissus lymphoïdes sous forme de manchons disposés autour des
rameaux artériels et entourés de la zone marginale.
c) Tissu lymphoïde annexé aux muqueuses : MALT (Mucosal Associated Lymphoïd Tissue)
Le MALT assure la protection de plus de 400 m2 de muqueuses (respiratoire, digestive,
urogénitale, oculaire)
Il comporte du tissu lymphoïde diffus (qui infiltre toutes les muqueuses) et des structures
individualisées (plaque de Peyer, appendice, amygdales).
Au niveau du MALT, on a une prépondérance de la réponse humorale avec des IgA sécrétoires,
c’est à dire capables de traverser les muqueuses et donc d’en assurer leur protection,
intervenant ainsi de manière importante dans les réactions immunitaires locales.
Son développement est tardif car c’est un système lié à l’environnement et capable de s’adapter
en permanence.
On peut individualiser différents systèmes:
Nasopharynx : NALT (Nasopharynx Associated Lymphoïd Tissue)
Voies aériennes supérieures : BALT (Bronchus Associated Lymphoïd Tissue)
Tube digestif : GALT (Gut Associated Lymphoïd Tissue) : contient à lui seul plus de
cellules immunitaires que le reste de l’organisme. En ce moment beaucoup de recherches
sont menées quant au rôle immunitaire du GALT.
Glande mammaire: synthèse des IgA sécrétoires du lait maternel pour la protection du
tube digestif du nouveau-né
Note : On peut traiter les lymphomes de l’estomac avec des antibiotiques. En effet, les
pathologies du MALT sont des stimulations locales avec, au niveau de l’estomac l’implication de
la bactérie Helicobacter Pylori qui entraine des gastrites chroniques si elle n’est pas traitée par
antibiotique (augmentin par exemple). Le but du traitement est donc d’empêcher le phénomène
de prolifération clonale et de transformation lymphocytaire. Abréviations :
OL : Organe Lymphoide
OLP : Organe Lymphoide Périphérique
MO : Moelle osseuse
Mot du RT Cours de 1h, ce sont des rappels d’immuno de P2 pour la majorité du cours. Je vous ai mis quelques diapos de lames histologiques qui sont là surtout pour vous montrer l’intérêt des marquages des molécules immunologiques dans les organes lymphoïdes. Bon courage !
FICHE RECAPITULATIVE Les organes lymphoïdes ont un rôle immunitaire prépondérant. Ils participent non seulement à la synthèse et la maturation de cellules immunitaires, mais également à leur stockage et à leur différenciation avec la rencontre antigénique. On distingue les OL primaires (ou centraux) (thymus et moelle osseuse) des OL secondaires (ou périphériques) (rate, ganglions et MALT). Les OL centraux participent à la production, au développement et à la sélection des lymphocytes alors que les OL périphériques sont le lieu d’initiation de la réponse immunitaire adaptative. La production des LT et des LB se fait dans la moelle osseuse, puis la maturation des LB se poursuit dans la moelle alors que celle des LT se fait dans le thymus (organe au rôle surtout embryonnaire et fœtal qui involue à la puberté). Les lymphocytes naïfs sont ensuite activés dans les OL périphériques, amorçant ainsi la réponse immunitaire.