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2000 ANS AVANT J.-C. ANCIENNE ÉGYPTE 3. Les pantières de Pharaons On croyait les pantes des sols traditionnellement ancrées dans l’histoire de la palombe gasconne. Et les pantières verticales tout aussi solidement maillées dans le terroir basque. Une fresque, datant de l’époque des Pharaons, les relie en fait à l’Égypte ancienne. On sait que l’on compte dans notre Sud-Ouest deux types de chasse traditionnelle de la palombe au filet. Et elles totalisent d’ailleurs, l’une et l’autre, quelque quatre siè- cles d’histoire qui remontent à Henri IV dans l’ensemble formé par les cinq départements des Pyrénées-Atlantiques, de la Gironde, des Landes, du Gers et du Lot-et-Garonne. Il faut attendre les premiers Grecs pour voir apparaître les palom- bes sous le stylet d’Aristote. Cela dit, on sait par les auteurs latins que les Romains la chassaient également au moins deux siècles avant Jésus-Christ avec les prémices de ce qui deviendrait les pantes et pantières. En Gaule, l’arc met d’abord en joue le ramier puis l’arquebuse des gentilshommes, aux seizième et dix-septième siècles. Gascogne et Pays basque On sait que les traditions se sont perpétuées mais peuvent diamé- tralement s’opposer. Ainsi en Pays gascon, on s’en remet au subtil ballet des appeaux, véritables marionnettes sur leur semet pivotant à la cime des pins et

ANCIENNE ÉGYPTE - Aquitaine OnLine : Portail d ... · la lointaine Égypte des Pharaons de détenir le recours aux pantes et pantières. Sur le mur peint du tombeau de Chnemhotep,

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2000 ANS AVANT J.-C.

ANCIENNE ÉGYPTE

3. Les pantières de PharaonsOn croyait les pantes des sols traditionnellement ancrées dans

l’histoire de la palombe gasconne. Et les pantières verticales tout aussi solidement maillées dans le terroir basque. Une fresque, datant de l’époque des Pharaons, les relie en fait à l’Égypte ancienne.

On sait que l’on compte dans notre Sud-Ouest deux types de chasse traditionnelle de la palombe au fi let.

Et elles totalisent d’ailleurs, l’une et l’autre, quelque quatre siè-cles d’histoire qui remontent à Henri IV dans l’ensemble formé par les cinq départements des Pyrénées-Atlantiques, de la Gironde, des Landes, du Gers et du Lot-et-Garonne.

Il faut attendre les premiers Grecs pour voir apparaître les palom-bes sous le stylet d’Aristote.

Cela dit, on sait par les auteurs latins que les Romains la chassaient également au moins deux siècles avant Jésus-Christ avec les prémices de ce qui deviendrait les pantes et pantières.

En Gaule, l’arc met d’abord en joue le ramier puis l’arquebuse des gentilshommes, aux seizième et dix-septième siècles.

Gascogne et Pays basqueOn sait que les traditions se sont perpétuées mais peuvent diamé-

tralement s’opposer.Ainsi en Pays gascon, on s’en remet au subtil ballet des appeaux,

véritables marionnettes sur leur semet pivotant à la cime des pins et

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des chênes, orchestré depuis la palombière par tout un réseau de pou-lies et de fi ls. La technique, en roucoulant au besoin comme lui, est de faire se poser l’oiseau dans une clairière, le fameux « sol » appâté de glands et de grains de maïs et armé d’une pante que de puissants ressorts font se rabattre horizontalement.

Pour résumer, on s’efforce de mettre l’oiseau en confi ance en le prenant à la gourmandise.

Au Pays basque, on le trompe tout aussi savamment mais, en l’effrayant et en lui donnant la peur de sa vie et en lui faisant croire qu’un rapace l’attaque.

Une manière d’opérer que l’on dit, dans ces contrées atlantiques, liée à la légende qui veut qu’un moine ou un berger, s’amusant à faire des ricochets sur l’eau d’un lac de montagne, avec un caillou blanc, vit fondre sur lui tout un vol de palombes.

C’est vrai que l’autour des palombes le bien-nommé a l’habitude d’attaquer les vols par le dessous en déployant son blanc plumage.

Le seul recours des oiseaux menacés est alors de plonger du ciel en piqué pour perturber la manœuvre et la montée en fl èche des rapaces meurtriers.

Du coup on a appris depuis des lustres au Pays basque à imiter l’Apalatza, l’autour avec, selon les secteurs, des raquettes chaulées ou des massues peintes en blanc, lancées dans le ciel. Pour parfaire la manœuvre, les rabatteurs de leur poste de guet surveillent les vols et parviennent ainsi, en les mitraillant d’illusion, à freiner leur course dans les cols et à les diriger dans les couloirs des Sareak, les pantières qui sont au Pays basque ce que les pantes sont au Pays gascon, les fi lets mais cette fois verticaux qui barrent la route des oiseaux et que l’on rabat quand ils s’y engouffrent.

Pour mieux désorienter encore les vols, les rabatteurs sont pré-cédés des Chatars, des tours de guet où l’on agite de drôles d’épou-vantails, comme des fl éaux de battage du blé d’autrefois, garnis de grandes plumes d’oie que les chasseurs font virevolter au-dessus de leur tête, pour imiter encore l’autour.

Les fi lets de la lointaine ÉgypteEh bien, ni les Gascons ni les Basques ne semblent détenir le

brevet d’invention originel de leur chasse respective.

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Les premiers pourront, de rage, en piétiner leur béret et les seconds, frapper le bois de la table des pommeaux en corne de leur makila ou le sol de sa pointe, ils n’empêcheront pas les chasseurs de la lointaine Égypte des Pharaons de détenir le recours aux pantes et pantières.

Sur le mur peint du tombeau de Chnemhotep, près de Bei Has-san, qui date de 1900 avant J.-C., on voit un chasseur qui attrape du gibier à plumes et des oiseaux d’eau dans un fi let. Le chasseur est assis, dissimulé par un écran de roseaux. Il tient une corde nouée à un fi let ouvert. Lorsque les oiseaux s’y engouffrent il tire le fi lin et le fi let se referme sur eux.

Derrière lui, on peut voir un second chasseur muni d’une sorte de boomerang australien destiné une fois lancé à dérouter les vols d’oiseaux et à les diriger vers une aire appâtée de nourriture, racon-tent les hiéroglyphes.

En fi n de compte l’origine inattendue de nos pantes et pantières et l’une et l’autre des techniques, gasconne et basque, associées pour chasser l’oiseau au fi let.

Le Dieu fauconGascons et Basques pourront jurer les grands dieux païens de la

forêt, ils ne sont pas, même en matière de chasse, prophètes en leur pays, face aux esprits divins des bords du Nil et au roi Horus, Dieu… faucon. Ça ne s’invente décidément pas !

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L’ancêtre égyptien du Chatar,pour imiter le rapace dans les mains du chasseur

de l’époque des Pharaons.

Caché derrière une haie de roseaux,le chasseur égyptien déclenche le fi let quand les oiseaux déroutés,

ou appâtés par la nourriture, s’y engouffrent.

XVIe SIÈCLE

ROYAUME DE FRANCE

7. Avec tambours et trompettesOn chassait la palombe « à beau bruit »Il était une chasse traditionnelle de la palombe aujourd’hui dis-

parue. Elle se pratiquait à l’époque d’Henri II, l’hiver et à la nuit tombée, du XVIe au XVIIIe siècle. Selon trois méthodes : le tintamarre de tambours et casseroles, les gaules dont on frappait les arbres, ou encore les fi lets en forme de pantières.

Vers 1792, au XVIIIe siècle, une chasse traditionnelle de la palombe était toujours pratiquée.

Un auteur cynégétique de l’époque, nous en dit plus. Magne de Marolles qui se référait lui-même à Claude Gaucher auteur de Plaisirs des champs écrit en 15831, explique que cette chasse était pra-tiquée à l’automne ou l’hiver et à la nuit tombée, à ce qu’on appelait le « coucher des ramiers », et se nommait le « Tintamarre ».

Vers 8 et 9 heures le soir« On commençait pendant le jour à s’assurer du canton d’une

forêt où les ramiers viennent passer la nuit et, à cet effet, on envoie vers le soir, en quête du bois, plusieurs paysans qui remarquaient les arbres où ils se juchent et cela s’appelle “coucher des ramiers”.

Lorsqu’on est assuré du lieu où les ramiers passent la nuit, vers les 8 ou 9 heures du soir, une bande plus ou moins nombreuse s’ache-

1. Magne de Marolles : La chasse au fusil (1788)

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mine vers la forêt. Cette horde est composée de 8 à 10 paysans por-tant poêles, chaudrons de cuivres, tambours et trompettes propres à faire grand bruit et en outre 7 ou 8 chasseurs armés de fusils. On porte aussi une lanterne et par précaution les ustensiles nécessaires pour faire du feu.

Dès qu’on aborde la forêt, on commence le “tintamarre”. Enten-dant de loin ce grand bruit approcher, peu à peu sans se mettre à chercher lieu plus sûr, à la fi n, les palombes ne s’en soucient.

Lorsqu’on arrive sous les arbres où sont juchés les ramiers, on allume du feu au milieu de ces arbres afi n de pouvoir les découvrir et les tirer tout en continuant le tintamarre. Les coups de fusils ne font pas bouger de place les palombes qui ne font que passer d’une branche à l’autre. »

Avec des gaules et palettesLe nom « fusil » n’était apparu qu’au XVIe siècle, il est évident que

la méthode de chasse de Magné de Marolles précède celle qui avait recours à l’arc et l’arbalette et même plus anciennement à des gaules « dont on frappait arbrisseaux et arbres où reposaient les oiseaux. Cela en faisant un grand bruit, les oiseaux accouraient à l’éclat des lumières. Ils se posaient sur des branches qu’on leur présente. On les tue alors à coups de palettes ».

La technique de la rafl eOu bien, on les attrape à la rafl e.Une espèce de trémail ou de pantière contremaillée. Un chasseur

tient un fl ambeau, un autre bat buissons et arbres.Un autre placé dans le lieu tranquille, obscur et perfi de, entre

bruit et lumière, où les oiseaux se précipitent, soutient une pantière qu’il laisse tomber sur le gibier. Lequel est alors pris vivant.

Dans les uns ou les autres cas de fi gure, une nuit de cauchemar assurée pour les palombes.

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La chasse de nuit des palombes, à l’époque d’Henri II.