Anciens Théatres de Paris - G. Cain

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GEORGES

CA.XIST.

ANCIENS

DE

PARIS.

LE LES

BOULEVARD THTRES DU

DU

GRIME.

BOULEVARD.

EUGNE FASQUELLE, DITEUB, 11. 11, RUEDEGRENELLE, 1906.

ANCIENS DE

THTRES

PARIS

Il a t lire de cet ouvrage : 2a exemplaires numrots sur papier du Japon.

I.'AFKICIIEUII.

GEORGES

CAIN

ANCIENS

THTRES

DE

PARIS

LE BOULEVARD TEMPLE DU LES THTRES DU BOULEVARD

Orn le370 reproiluclIonK (lonumciilsanciens de

PARIS LiiiiiAiniK CHARPENTIER ET FASQUELLE DITEUR EUGNE FASQUELLE, I 11, HUE DE GHENKLLE, l 1906 Tousdroits rservs

Au MAITRE

VICTORIEN

SARDOU

En tmoignage de profonde reconnaissance et de respectueuse affection. Mars 1906. G. C.

Au MATRE

VICTORIEN

SARDOU

En tmoignage de profonde reconnaissance respectueuse affection. Mars 1906.

et de

G. C.

AVANT-PROPOS

mon aimable Au moment de remettre diteur le bon tirer dfinitif de ce petit volume, j'ai le trs agrable devoir de dire un grand merci tous ceux publiquement qui ont bien voulu me prter le concours de leur esprit, de leur science, de leurs souMM. A. Pouvenirs, de leur documentation. gin, A. Soubies, L. Pricaud, ces parfaits rudu thtre n'a pas de, dits pour qui l'histoire dont les Annales secrets, E. Nol et Stoullig, si documentes sont des guides prcis et pret haute artiste Mmc Pasca, cieux, grande MmesPierson et Bartet, racontant intelligence, avec autant d'esprit que de grce leurs souvede nirs d'hier, alors que je leur parlais tous ont t si leurs triomphes d'aujourd'hui, aimables et si accueillants, que j'en reste confus autant que charm. J'ai interrog le bon acteur Lassouche, qui,

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AVANT-PROPOS

rajeuni, m'a dpeint le boulevard du Crime; l'excellent Pricaud m'a fait revivre le thtre cher nos pres ; M. Henry des Funambules, Lecomte a mis ma disposition ses remarsavoir, quables collections et son impeccable et M. Masset m'a confi les amusants manuscrits de son pre ; Frdric Febvre m'a cont comme il sait conter sa joyeuse jeunesse ; Bonnat, Massenet, H. Ileugel, Ch. Malherbe ont battu le rappel de leurs souvenirs dramatiques, et Dtaille a bien voulu mimer pour nos lecteurs les combats l'hach et la Prise du Drapeau qui avaient charm sa prime jeunesse. Henri Lavedan, Maurice Donnay, A. Capus, R. de Jacques Normand, Pierre Decourcelle, Fiers, A. de Caillavet, Michel Provins, qui me font l'honneur de leur amiti, m'ont cont les ressenties impressions personnelles pendant ces soirs de bataille qui furent pour eux des soirs de victoire. MM. C. Goquelin et L. Guitry, trs grands artistes et causeurs exquis, aprs avoir t acclams sur la scne, voulurent bien de l'interview, comme subir le supplice Porel et Albert Carr, qui parlent thtre avec autant d'esprit et de science qu'ils en dploient pour triompher dans l'art si difficile de la mise en scne !

AVANT-PK0P0S

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et je m'en excuse, J'en oublie certainement, qui gracieuseparmi ces aimables collaborateurs ment se sont faits mes complices. D'ailleurs, Paris a pour son cher thtre des indulgences Petits et grands, et des grces particulires. tous l'ont aim, l'aiment ou l'aimeront. Nos grands-parents, nos parents le chrissaient, beaucoup des vieux amis de notre famille taient des auteurs clbres ; mon frre et moi les coutions avec ravissement, et ce sont ces amusantes causeries qui avaient berc notre enfance que je me suis efforc de rappeler. Enfin MM. Victorien Sardou, Ludovic Halvy, et Jules Claretie, avec une affectueuse bont, dont je ne saurais jamais assez les remercier, m'ont fait la faveur de me guider dans mon travail. J'voquais leur glorieuse carrire, et ils voulurent bien ne pas rpondre Assez ! alors ils se laissrent que je disais Encore?; de si bonne grce, que j'en abusai interroger et l meilleur de ce petit livre est indignement, certainement fait de leurs souvenirs. Ai-je besoin d'ajouter que jamais je n'eus l'ide prsomptueuse d'crire en ces pages lgres F Histoire du Thtre ! Loin de moi cette prtention ; mon but est tout autre. J'ai vis l'anecdote le presque uniquement amusante, menu fait, 1' ct ; j'ai bien souvent re-

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AVANT-PHOPOS

gard dans la coulisse plutt que sur la scne, et mon unique ambition serait que le public thtrales le plaisir prit lire ces historiettes les crire, sous la dicte de que j'prouvais ces conteurs avec exquis que Paris applaudit tout son coeur mu et toute son infinie reconnaissance. Georges Mars 1900. GAIN.

LE

BOULEVARD

DU

TEMPLE

Les origines du boulevard du Temple. Nicolet et le thtre des Grands-Danseurs du Roi. Le Grimacier. Le thtre des Associs. Mme Saqui.

En 1670, Louis XIV par un arrt en date du 8 juin ordonna la continuation du Cours qui, traversant l'enclos et le marais du Temple, parlait de la porte Saint-Antoine pour aboutir la rue des Fillcs-du-Calvaire. On combla les fosss, on planta des arbres, on leva un rempart, et la promenade se poursuivit jusqu' la porte Saint-Martin; ce fut l'origine de ce boulevard du Temple, qui

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D ANCIENS TIIEATHKS E PARIS

devait tenir une si belle place dans l'histoire du thtre Paris. Ce nom de Quartier du Temple venait des Templiers ces soldats religieux qui avaient tabli sur ces vastes terrains le sige de leur Ordre. Le 13 octobre 1307, le roi de France, Philippe le Bel, pouss par le Pape Clment, dcide leur suppression : le grand-matre Jacquesdc Molay est arrt, et, aprs un effroyable et inique procs, brl vif, ainsi que Guy, grand-prieur de Normandie, dans l'le du Palais, la pointe de la Cil;elde tous ces tragiques souvenirs un nom seulement survivait : boulevard du Temple, ce lieu de plaisirs, de rires, d'amuscmenls, d'balled'lonnemenls, celle foire menls, celle kermesse perptuelle, populaire, celle terre classique du calembourg, du coq--1'ne, de la rclame, des parades et des pitreries, donl Dsaugiers crivait vers 1820 : La seul' proin'nade qu'a du prix, La seule donl j'suis pris, La seule oj'm'en donne, o je ris, C'est l'bouTvard du Temple Paris! En peu de temps, celle belle avenue plante d'arbres, spacieuse, verdoyante, devint un but de runion. Ce fut le rendez-vous de la meilleure socit, cl aussi de la pire, qui se pressait A la Promenade des Remparts. Vers quatre heures, les voilures dfilaient, entre le boulevard des Filles-

I.i; BOULEVARDU TEMPLE D

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du-Calvaire el la Bastille, ce point nombreuses qu'elles ne pouvaient avancer qu'au pas. Les pri-

sonniers de la clbre forteresse qui jouissaient de la faveur des terrasses ne manquaient jamais

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DE ANCIENS THEATRES PARIS

de s'y rendre ce moment choisi et, de loin, ils avaient le plaisir de lorgner el de saluer leurs belles amies. nous Une dlicieuse gravure de Saint-Aubin montre ce fameux coin de Paris rempli de mouvement, dbordant de vie; les cabriolels s'y croisent, les marchandes d'oublis, de gteaux de Nanlerre, de sucres d'orge y circulent; les marchands de coco les badauds s'y y dbitent leur marchandise, pressent; les grandes dames y dploient leurs grces cl les jolies filles s'y affichent, tmoin celle amusante gravure de modes que, le dessinateur Brion commente ainsi : L'agaante Julie reposant sur le boulevard, en attendant bonne fortune, elle est. en robe du malin avec un chapeau la chasseresse aa.v cwurs volants. Fanchon la Vielleuse y fredonne les chansons de Coll, de Panard cl de l'abb de C'est l'aube du succs qui se lve Lattaignanl. sur le boulevard du Temple. Les saltimbanques el les bateleurs, attirs par le publie, y installrent bientt leurs parades, elle sieur Camion, un vtran de la foire Saint-Germain, y tablit la premire baraqu. Gandon comptait dans sa troupe un sujet remarquable, le pre Nicolcl, qui tenait l'emploi des Arlequins; ce Nicolel avait un fils, pitre el acrobate, qui voulut son tour tenter fortune et, lui aussi, s'improvisa directeur forain en 1760 ; le succs favorisa vile son entreprise : bientt le thtre devint trop

son lude si prcieuse et si documente sur le boulevard du Temple, Brazicr nous apprend qu'on y reprsentait des pantomimes, qu'on y voyait des sauteurs, des danseurs de corde, qu'on y applaudissait les Alcides les plus tonnants, les quilibrisles les plus adroits. Wr^X,c'tait toujours de plus fort en plus fort chez Nicolel. L'expression a travers les temps, et l'heureux Nicolel. aprs avoir l'ait salle comble, en 1707. vivra dans la mmoire des hommes. Son singe, son fameux singe, qu'il employait aux parades de la porte, divertissait tout Paris, lorsque, revtu d'une robe de chambre ayant appartenu Mole de la ComdieFranaise, alors malade, il contrefaisait avec force grimaces les lies et les gestes convulsifs de cet acteur la mode.- On lit mme, sur celte amusante parodie, une chanson donl voici deux couplets : Si la Mort tendait son deuil Ou sur Voltaire ou sur Clioiseuil, Paris serait moins en alarmes Et rpandrait bien moins de larmes Que n'en ferait verser Molet Ou le silice de Nicolel !

LE BOULEVARDU TEMPLE D Peuple ami des colifichets, Qui porte toujours des hochets, Rends grces la Providence, Qui, pour amuser ton enfance, Te conserve aujourd'hui Molel Ou le sinue de Nicolel! Le succs rend audacieux : Nicolel remplaa ses marionnettes et ses saltimbanques par des acteurs

vivants el s'adressa, pour composer ses petites piees comiques, un sieur Taconncl : c'tait avoir la main heureuse. Taconncl, machiniste l'OpraComique, tait un gai compagnon, plein de verve populacire, d'esprit railleur el bon enfant, gai, original, un peu ivrogne, ayant coutume de dire

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RE ANCIENS THTRES PARIS

pour manifester son plus profond ddain : Je le mprise comme un verre d'eau. C'tait, en somme, raulcur rv pour celte petite scne, moiti baraque, moiti thtre, o les gens du beau monde aimaient aller s'encanailler cl o la brave populace parisienne s'amusait si fort. En moins de dix ans, Taconncl composa plus de soixante pices, qui presque toutes russirent. Il y eut bien l'ternelle jalousie des grands directeurs de thtres privilgis, qui s'efforcrent de ruiner On vit, l'Opra jaloux du thtre l'entreprise. Mais Nicolel. n'tait pas des Grands-Danseurs! homme baisser facilement pavillon. De plus forten plus fort lail toujours sa devise. Il le prouva mieux quejamaisen 1770, lorsqu' prs un incendie immqui dtruisit son thtre il le, reconstruisit diatement el finalement obtint, l'inespre faveur de mettre sur sa faade : Thtre des Grandso sa Danseurs du Roi! aprs une reprsentation troupe s'tait couverte de gloire, Choisy, devant Louis XV et M"": Dubarry. el se composait d'arlequinades Le rpertoire d'ouvrages spectacle; des acrobates, des quilibrisles, des pitres remplissaient, les entr'acles. Dans sa trs intressante tude sur les Thtres echeen "bonne"humeur. liertaux.) (DuiiifSsis thtre de Taconncl, s'levait une autre baraque, le thtre des Associes. Vers 1769, un balelcur, du nom deVienne, dit Beau visage, obtenait, boulevard du Temple, un immense succs. La foule groupe aulour de lui se tordait,de rire : c'tait le Grimacier, personnage trange, fantastique, stupfiant, dont les contorsions, les simagres, les contractions,

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ANCIENS THTRES PARIS DE

provoquaient la plus folle gaiet. Au cours de la sance, le Grimacier faisait passer sa scbille, el la recette tait toujours fructueuse, ce point que ce saltimbanque, lui aussi, voulut possder sa baraque. 11y gagna de l'argent, el la cda bientt un entrepreneur de marionnettes, sous celle seule condition qu'il resterait toujours grimacier en chef et san ; partage . Il paraissait dans les entractes. D'o ce litre : thtre des Associs. Prs de l se dressa, vers JSl-'i, el avec l'autorisai ion le Louis XVI IL le thtre de AV'Saqui,\;\ clbre danseuse de corde, ans, devait encore qui, ge de quatre-vingts tre applaudie Paris, vers 1863, l'Hippodrome d'Arnaiill, dansant sur la corde raide, en costume de Minerve, el c.isquc en tte! C'est en haincel par jalousie de M""'Saqui que lui construit, en J8I6, le thtre des Funambules. Entre ces deux tablissements rivaux et voisins, c'lail la guerre. L'excellent Prieaud, qui est non seulement un artiste de talent, mais encore un remarquable crivain thtral, a consacr un livre charmant el dfinitif l'histoire du thtre des Funambules, o il nous raconte par le menu ces luttes piques. Une anecdote entre cent: Un jour Bertrand, le directeur, l'ail afficher au foyer une ordonnance par laquelle il est interdit, dans toutes les dpendances du thtre des Funambules, de prononcer le nomilcM'" Saqui,M. Bertrand considrant l'appellation de ce nom comme une rclame faite, un thtre mprisable par les gens qui le dirigent :

D LE BOULEVARDU TEMPLE

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des amendes svres seront appliques ceux qui cet ordre de l'administration . Le enfreindraient lendemain, on put lire au bas de la pancarte directoriale ces mots de rvolte : Un directeur n'a pas le droit de boucler la bouche d'un artiste. Nous ne sommes pas des esclaves. Je parlerai, au

Carnavalet.) GRAND AI.EXAMIIIE. (Muse CAFE thtre cl au dehors, de M""! Saqui, tant que je voudrai, el j'engage mes camarades faire comme moi. La rponse tait anonyme. Le soir mme, M. Bertrand ripostait : Celui ou celle qui a rpondu si malhonntement Vordre que j'ai donn n'est qiun drle. Je m engage publiquement, donner 50 francs de rcompense celui qiri viendra me dire son nom. Un quart d'heure aprs, un pauvre diable nomm Gustave, qui remplissait, les

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ANCIENS THTRES PARIS DE

fonctions de second Cassandre ! se prsente timidement au cabinet, directorial. Monsieur Bertrand, donnez-moi les 50 francs. C'est mal ce que je vais l'aire, mais le besoin m'y pousse : je viens dnoncer le coupable.

DF.S TIIKATIIE FUNAMIIIJI.ES. Aile, nommez-le-moi. Pas avant d'avoir louch mes 50 francs! Vous n'avez donc pas confiance en moi"? Si l'ait, mais j'aime autant les toucher avant. Les voici : parlez vile. Eh bien, monsieur Bertrand, l'infme c'est, moi! Misrable ! Je vous chasse du thtre ! Je m'en doutais, aussi ai-je tenu loucher d'avance ! Vous savez que je vous mcls dehors.

DU LE BOULEVARD TEMPLE

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a m'est gal, il y a huit jours que,je suis engag par M'" Saqui. Gredin, je vais vous... Gustave, en dfense, put s'esquiver. Dix minutes plus lard, Bertrand, fou de colre, raconlail Deburaurcxculion qu'il venait de faire de ce mprisable Gustave. Mais il n'est srement, pas le coupable... l'ail Deburau. Puisque je le dis qu'il m'a avou, lui-mme, lre l'auteur de la rponse injurieuse... Impossible! Il ne sail ni lire ni crire, il ne voulait que loucher les 50 francs.

I.APARADE BOUI.KVARI) DU DUTF..MIM.F. APARIS.

Les Dlassements-Comiques. Le thtre del Malaga. Le boulevard du Temple. Le muse de cires du sieur Curlins. Le thtre Patriotique et les boniments de Sal. llobche et Galimafr. Une lettre de M. Ludovic Halvy. L'Ambigu-Comique. Les troupes d'enfants. I.Wubcrt/edes Adrets el FrdricLemaitre. L'incendie de 1827.

En 1785, entre l'Ambigu el la porte, du Temple, s'lve une nouvelle salle, le Dlassement-Comique. Un sieur Plancher-Valcouren tait la fois ledirecleur, l'auteur, l'acteur, le rgisseur. Cet homme actif el intelligent aurait vu certainement son entre-

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THEATRES PARIS DE ANCIENS

prise prosprer, si un incendie, en 1787, n'lailvenu dvorer le thtre. Valcour reconstruit une nou l'oeuvre. velle scne cl se remet courageusement Le public s'intresse ses efforts; puis, comme toujours, les voisins prennent ombrage du succs naissant ; une fois de plus ils proleslenl, rclament, intriguent cl obtiennent du lieutenant de police lleslenjoinl Lenoir une ordonnanceparlaquclle: au directeur du thtre des Dlassements-Comiques de ne reprsenter l'avenir que des pantomimes, de n'avoir jamais que Irois acteurs en scne et d'lever une gaze entre eux el le public. En mme temps que celle malencontreuse ordonnance, clata la Rvolution, cl, suivant la jolie expression de Duchcsne dans 1"Almanach des Spectacles, le voile de gaze fut dchir par les mains de la Libert . A ct Au Dlassemenl-Comique, une banquisle, Mademoiselle Malaga , avait install ses trteaux. C'tait une charmante danseuse de corde qui compta il un grand nombre d'admirateurs; avant chaque sance, la jolie saltimbanque apparaissait, pendant la parade, dans un costume paillet, presque toujours rouge, et trs dcollele, el la foule mue se pressait dans sa baraque. En I7'.)J, un dcret de l'Assemble nationale proclame la libert des thtres. Quel vnement! Quelle motion ! Brazier nous apprend que le boulevard du Temple ne resta pas en arrire ; aussi, en l'espace le deux ans, vit-on s'ouvrir sur ce boule-

D LE BOULEVARDU TEMPLE

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vard une foule de nouveaux spectacles : les Elves de Thalie, les Petits-Comdiens franais, le thtre

LESIILASSKMKNTS-COMIQUF.S. Minerve, le caf Yon, le caf Godet, le caf dbita- ' Victoire o l'on jouait la comdie, sans comra^Vr'

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ANCIENS THTRES PARIS DE

les marionnettes, les cabinets de physique cl de curiosit. J'tais enfant, bien enfant, raconte Brazier, mais je me rappelle encore combien ce boulevard tait anim. A midi, les parades commenaient : peine un Paillasse avait-il fini qu'un autre lui succdait deux pas plus loin. On entendait le son aigre d'une clarinette, le bruit, sourd de la grosse caisse, les cymbales qui vous brisaient le tympan, cl puis les cris des marchands el des marchandes : Ma belle orange !... Ma fine orange!... a brle... a brle!... A la frache, qui veut boire.!... C'tait tourdissant... c'tait fou... mais original... vari... C'tait palpitant.... c'tait vivant ! >El pendant bien des annes encore ce joyeux boulevard amusa Paris. Boulevard du Temple galement se trouvait le Muse- de cire dit sieur Curlitts. A la porte. Xaboyeur en earrick collets conviait grands cris le publie venir contempler les plus grandes clbrits dans tous les genres . Curlins avait install son principal muse au Palais-Royal, mais avait fond une succursale au milieu de celte fle populaire permanente. C'est mme dans ce dernier tablissement que, le 12 juillet 1789, un beau dimanche ensoleill, la foule, remplissant le boulevard du Temple, envahit le salon de Curlius, en arrache les bustes de NecUer et du duc d'Orlans, el les transporte triomphalement dans les rues, recouverts d'un voile noir. On sait le

LE BOULEVARD U TEMPLE D

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reste : le cortge fut arrt, place Vendme, par un dtachement du Royal-Allemand ; l'image de Necker eut la tte fendue, cl celui qui la portait, le sieur Ppin, colporteur de mercerie, demeurant

rue les Vertus, n M, reut une balle dans la jambe, un coup de sabre la poitrine el tomba ct du buste bris. Aprs avoir t ainsi ml aux premiers vnements de la Rvolution, le boulevard du Temple, qui apprciait, fort celle re de libert, el o tous les thtres avaient fait relche le jour de la mort

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ANCIENS THTRES PARIS DE

de Mirabeau, s'empressa de clbrer le rgime nouveau. Le thtre des Associs prend le nom de thtre Patriotique : il avait alors pour directeur un sieur Salle qui, comme ses confrres, joua il les principaux rles dans sa troupe; borgne, il prfrait toutefois l'emploi des Arlequins dont le masque dissimulait son infirmit, mais il ne ddaignait pas de remplir l'office plus modeste d'aboveur; tmoin ce boniment qu'il hurlait, la porte de son thtre : ... Entrez, entrez, prenez vos billets. M. Pompe, premier sujet de a troupe, jouera ce soir avec toute sa garde-robe... Faites voir l'habit du premier acte. (On montrait l'habit.) Entrez... entrez... M. Pompe changera douze fois de costume; il enlvera la fille du commandeur avec une veste cl sera foudroy avec un habit brandebourgs paillettes... Ce mme Salle, nous apprend toujours Brazier, ennuy des rclamations des Messieurs de la Comdie-Franaise qui, par huissier, lui avaient l'ail dfendre de reprsenter sur son thtre aucun ouvrage de leur rpertoire, leurcrivail : Messieurs, je donnerai demain dimanche une reprsentation de Zare ; je vous prie d'tre assez bons pour y envoyer une dpulalion de votre illustre compagnie, el, si vous reconnaissez la pice de Vollairc aprs l'avoir vue reprsente par mes acteurs,je consens mriter votre blme et m'engage ne jamais la faire rejouer sur mon thtre. Lekain, Prville el

LE BOULEVARDU TEMPLE D quelques-uns de leurs camarades se rendirent

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LAl'AHAllE liOHKCIli:DE HE KT C.AI.I.MAFII. celle amusante invitation el s'y divertirent si fort qu' l'avenir les Comdiens-Franais permirent

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ANCIENS THTRES E PARIS D

Salle de reprsenter les parodies de toutes les tragdies du rpertoire ! Aprs la mort de Salle le thtre Patriotique changea encore de nom el se nomma Thtre sans Prtention , c'est sous cette dernire appellation qu'il disparut dfinitivement, en 1807, emport par le Dcret Imprial qui supprima tant de petits thtres Paris. Plus lard, Bobche et Galimafr font la joie du boulevard. Gais, spirituels, amusants, mlant la btise voulue la fine raillerie qui cingle el souligne les ridicules du jour, ces deux saltimbanques eurent un tel succs que les groupes se formaient devant l'estrade o ils paradaient avant l'heure fixe pour leur apparition en public. Souvent mme l'autorit dut intervenir, el Bobche et Galimafr furent, vertement lancs pour leurs incartades de langage ; mais Paris les acclamait ; le bon Nodier s'arrtait longuement poulies couler, avant de regagner la Bibliothque de l'Arsenal; Bobche et Galimafr laienl clbres et savouraient les ivresses du succs ! Nous avions pass trs rapidement,- trop rapidement, sur cet amusant thtre des Dlassements-Comiques. Le matre Ludovic Halvy a bien voulu rectifier cette insuffisante citation, el la lettre exquise el spirituelle, qu'il nous a si aimablement adresse remet les choses au point. C'est une bonne forlune pour nos lecteurs el un grand honneur pour notre petit livre.

DU LE BOULEVARD TEMPLE MON CHERAMI,

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J'ai lu avec le plus grand plaisir les preuves de votre trs intressant et trs spirituel volume sur les Thtres du Boulevard, mais il est, ce me semble, un thtre auquel vous avez fait trop troite mesure : les Dlassements-Comiques. Ce tout petit thtre a t, en effet, grce son directeur mon ami Lon Sari, un des spectacles les plus curieux el les plus amusants de Paris. C'est au commencement du Second Empire, en 1855, que Sari fut nomm directeur des Dlassements-Comiques. Nous nous tions rencontrs, Sari et moi, au ministre d'tat. J'lais attach au secrtariat gnral, el Sari au service des thtres, plac sous la direction de Camille Doucel. Sari tait le fils d'un personnage historique ; son pre, un brave marin du premier Empire nous l'appelions le vieux guerrier - lail second bord du brick VInconstant qui avait, en 1815, ramen Napolon de l'le d'Elbe au golfe Juan. Lon Sari taitun tre charmant. Bon, spirituel, d'esprit original et inventif, de coeur gnreux, la main toujours ouverte trop ouverte car il est morl pauvre, aprs avoir brass des millions. Sari n'avait qu'une ambition : devenir directeur de thtre. Celait au temps des privilges ; le ministre d'tat alors M. Achille Fould gou-

21 vernail

DE ANCIENS THTRES PARIS

souverainement les scnes parisiennes, grandes et petites : il nommait le directeur de l'Opra el le directeur de Bobino. Deux thtres devinrent vacants en 1855 : l'Odon et les Dlassemenls-Com iques. Sari demanda l'Odon; les.Tuileries naturellement s'intressaient au fils de l'officier de VInconstant, mais Camille Doucel, dans sa prudence, pensa la solennit que Sari troublerail classique de l'Odon, et c'tait bien son intention. On offrit seulement les Dlassements-Comiques Sari; il accepta cl, en un tour de main, fil de cet obscur petit thtre une des scnes les plus brillantes el. les plus bruyantes de Paris. Les Dlassements-Comiques devinrent immdiatement un thtre la mode : ses premires reprsentations taient, des vnements parisiens ; on y voyait, les deux Dumas, Henry Murger, Edmond Lambert Aboul, Meilhac, Roqueplan, Barrire, Thiboust, Aurlien Scboll, Gustave Claudiu, Xavier Aubryct, etc., etc. monSari, avec infinimenl.de got ctd'lgance, tait de petites feries, des revues de fin d'anne; il avait une troupe srieuse el solide d'une dizaine de comdiens el. comdiennes, qui savaient leur mtier... et qui taient escorls d'un escadron de jeunes et jolies filles, dont le grand mrite lail de n'avoir jamais paru sur aucun thtre... Elles jouaient et chantaient au petit bonheur... Cela lail

LE BOULEVARDU TEMPLE D

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dlicieux quelquefois... cl quelquefois aussi dtestable, mais toujours amusant. Aussi quelles scnes extraordinaires dans celte, petite salle : on applaudissait, sifflait, trpignait, riait, criait, hurlait, vocifrait; on faisait baisser la toile, on la faisait relever... Celaient des dialogues fantastiques entre les petites actrices et les petits gandins de l'orchestre... des bourrasques de colre et des ouragans de rire... Assez!... assez!... elle chante trop Non... non... bravo!... bravo!... contifaux!... nuez!... Non!... au rideau!... au rideau!... el l'orcbeslre de s'arrter. Souvent les pauvres pelites, ahuries, perdues, affoles, avaient en scne des crises de larmes, des attaques de nerfs, se sauvaient dans les coulisses... Mais souvent d'autres, plus crnes, tenaient fle au public, criaient au chef d'orchestre : Reprenez... Reprenez... Je veux continuer... et l'orchestre reprenait... Les cris alors redoublaient... On rehurlail et relrpignait de plus belle... On cassait les banquettes... Le commissaire de police souvent intervenait et faisait vacuer les avant-scnes qui donnaient toujours le signal des Ces vacarmes taient la joie de la insurrections. salle et la fortune du thtre. Un soir, Edmond About et moi, nous avons conduit Gustave Flaubert aux Dlassements. Il n'y tait jamais entr, bien que demeurant l, tout prs, boulevard du Temple. Nous fmes servis souhait. Le tapage fut effroyable. En entrant,. 3

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ANCIENS THTRES PARIS DE

nous entendons des applaudissements forcens. Une dbutante tait en scne, jolie, gaie, drlelle; elle chaulait un rondeau d'une voix si audacieuse et si fausse que le public transport le lui faisait sans cesse recommencer... Elledul le dire trois fois, quatre fois... A la fin... glorieuse, mais puise, elle demanda grce : on lui aurait fait chanter son rondeau pendant loiilelanuil. Flaubert lail. enthousiasm : C est admirable, disait-il, je n'ai jamais entendu tant applaudir el chanter si faux . et il criait : Illl'illl.llOCIIE. Bis! bis! avec toute la salle. Les pices des Dlassements atteignaient presque mais le toujours leur centime reprsentation, dbut de Rigolboche fut le grand vnement de la direction Sari. Rigolboche lail une artiste, une vritable artiste, une grande danseuse. On n'a jamais su pourquoi cl comment elle s'appela Rigolboche ;

D LE BOULEVARDU TEMPLE

2/

son nomet ail MarguerilcBadel. Elle dbut a, en 1858, dans une trs amusante pice intitule : Folichons el Folichonnelles, de MM. Arthur et Paul Delavigne, el qui ne ressemblait aucunement au Don Juan d'Autriche de leur oncle Casimir Delavigne. Rigolboche eut un succs fou... Elle lail absolument le dbardeur de Gavarni : petite blouse de soie flollanle, chapeau gris bossue el dfonc... Sa danse tait la chose du monde la plus audacieuse el la plus fantaisiste. C'tait bien le cancan, mais non le cancan brutal el, violent des bals de barrire... Quand je danse, disait-elle, je me sens inspire; tues bras ont le vertige, mes jambes deviennent folles. C'tait, d'ailleurs, une femme trs inlelligenle. Elle avait, une grande admiration pour Louis Veuillol. Elle disait sans cesse Ciustave Olauilin qui connaissailVeuillol : Amenez-le-moi donc un de ces soirs . mais cela ne put s'arranger. Louis Veuillol. n'est jamais venu aux Dlassemen ts-Comiques. Ernest Blum, qui a donn au thtre de Sari de trs charmantes pices, a racont dans un trs spirituel petit, volume l'histoire des DlassementsComiques. Il cite une lettre exquise d'une des petites pensionnaires de Sari. Elle entra un soir au foyer des artistes, indigne... Un Monsieur, donl elle ne connaissait pas le nom, l'avait invite sans faon souper, pour le soir mme minuit. Mais coulez, dit-elle, coulez ce (pie je lui ai rpondu ,

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THTRES PARIS DE ANCIENS

et alors, avec un lgitime orgueil, elle lut haute voix la lettre suivante: Monsieur, vous voulez me faire souper el ni entretenir. Cela n'est pas possible, car, en ce moment, je suis l'une el l'autre. Je ne trouverai jamais, cher ami, un meilleur mol. de la fin. Bien affectueusement, Ludovic HALVY.

El voil en quelques pages dlicieuses, pleines de gal, le charme et, d'vocation, remis en pleine lumire, cet amusant thtre des Dlass' Coin c'est ainsi qu'on l'appelait familirementmais je doute que jamais, l'on ne dpensa sur celle petite scne autant, d'esprit que n'en prodigue notre cher matre Ludovic Halvy, en nous contant la plaisante histoire de ce bouiboui parisien.

malgr son titre plein de L'Ambigu-Comique, gai l, lut de tout temps le thtre o les larmes tombrent le plus volontiers des yeux de spectateurs attendris. A l'Ambigu-Comique se jourent les mlodrames terrifiants, les drames ruisselants de sang, pleins de coups de couteau, d'enfants vols, d'orphelines perscutes ! Ce fui le troisime thtre install boulevard du Temple : il fut fond le!) juillet 1769 par Audinol, qui, aprs avoir conquis ses premiers lauriers aux foires Saint-Germain el o il dirigeait un thtre de BamSaint-Laurent, boches, obtint l'autorisation de mler de jeunes

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enfants ses marionnettes de bois. La faveur publique se porta immdiatement vers celle nouvelle entreprise : Les amateurs, disent les Mmoires 'de Bachaumonl l'anne 1771, sont enchants de voir la foule aller l'Ambigu-Comique, pour applaudir une troupe d'enfants qui y fait fureur. En 1772, le mme Bachaumonl crit : elils Thtres de Paris', qui sont, pour l'histoire du boulevard du Temple le plus prcieux, le plus indispensable des guides, Brazicr montre par maints exemples de quelle libert jouissaient sous l'ancien rgime ces petites scnes; on leur tolrait mme l'extrme licence ; l'essentiel pour elles lail de ne jamais empiter sur les privilges des thtres royaux; ce que l'on voulait, c'tait que leurs ouvrages ne ressemblassent en rien une oeuvre dramatique, qu'ils n'eussent ni plan, ni conduite, ni style... Quant, la morale, on s'en riait. Prissent les moeurs plutt qu'un principe dramatique ! 1. Bra/.ier, Chroniques des petits Thtres du Paris. Paris, Allardin,183".

LE BOULEVARD TEMPLE DU

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En 1777, le boulevard du Temple se transforme quelque peu : les visileurs y aflluenl, des maisons neuves s'y lvent; bref, devant les exigences de la population, en mme temps (pic l'on reculait l'enceinte de Paris, on dcide que les boulevards Saint-Antoine et du Temple seront pavs, que les

THEATRE .1IX.NES ELEVES. IlES fosss, glacis el contrescarpes seront dtruits et combls, (pic les rues du Faubourg-du-TcmpIe cl d'Angoulmc seront ouvertes. En 1779, un sieur 'fessier, voulant, utiliser les lves du Conservatoire de l'Acadmie de Musique, fil construire une petite salle de spectacle sur le boulevard, vis-vis la rue Chariot. Quatre-vingts lves, garons et, filles, en taient les acteurs cl les actrices. La Jrusalem dlivre, grande pantomime spectacle, fui joue pour l'ouverlure cl allira beaucoup de

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monde. Ce fut le Thtre des lves pour la danse de l'Opra. Le nomm Parisau, guillotin en 1793, devint ensuite le directeur de ce thtre, qui priclita et qu'une ordonnance royale fil fermer en septembre 1780. Il reparut pendant la Rvolution, el, lorsque les Varits-Amusantes devinrent Thtre-Franais, c'est--dire lorsque Lcluze, le directeur qui, avait jou les pitres aprs avoir t dentiste, quittant la rue de la foire Saint-Germain, Le Bondy vers 1785, s'installa au Palais-Royal. lilre fut repris par le Thtre des Jeunes Elves, el le nommLazari, crilBachaumonl.dans ses Mmoires, un mime italien qui s'lail l'ail une grande rputation d'esprit, de talent el de lgret dans les Arlequins, en devint le directeur . en 1798. Le Ce petit thtre devait disparatre 31 mai, un incendie le, dvora, caus par la pluie de feu qui accompagnait le dernier acledu Festin de Pierre. Lazari, ruin par le sinistr, se brla la cervelle. Le thtre des Varits-Amusantes, fut fond par Lcluze l'angle de la rue de Bondy el de la rue de Lancry. Aprs avoir fait faillite en 1779, Lcluze prit des avec ses cranciers, et c'est alors arrangements que la Fortune daigna sourire sa baraque crapuleuse. Dans les Mmoires secrets on peut lire, la dale

LE BOULEVARDU TEMPLE D

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du 13 juillet 1779, celle note sur les Varits-Amusantes : La troupe du sieur Lcluze est devenue la mode; c'est la fureur du moment. Malgr les grossirets dont ce thtre Csl infect, les femmes les plus qualifies, les plus sages, en raffolent; les les voques y vont en loges graves magistrats, grilles ; les ministres y sont alls, le comte de Maurepas en lte. Un acleur surtout, faisant les niais, du nom de Volange, y est singulirement admir. El le 23 septembre : La reine el la famille royale ne pouvant dcemmenl aller chez Lcluze pour voir les Battus payent l'amende, la troupe entire est venue donner une reprsentation Versailles, chez M"c Monlansier. Mais les frais taient trop considrables el Lcluze fut mis en faillite. Ses successeurs luttrent de leur mieux contre la mauvaise fortune, puis finirent par traiter avec le Duc d'Orlans el transportrent leur entreprise thtrale au Palais-Royal en 1785.

I.EROi~i.EV.ua> ne TEMPLE 1S:>. VERS

Les cals du boulevard du Temple. Frederick LemaUie dbute aux Varits-Amusantes. Le Panorama-Dramatique. Thtre du Cirque. Aslley. Franconi. Frederick Lcmailrc au Cirque. Le thtre des 'troubadours. Le mouvement dramatique en 1S30. L'Fpope napolonienne. L'attentat de Fieschi. Ce (pie l'on jouait Paris le 28 juillet I83;i. et Le Cirque Olympique. Mac-Moc le cal des l'icdxIItimides. C'est 1830 qui marqua l'apoge du boulevard du Temple, cl c'est celle date que nous referons nouveau la nomenclature de lotisses thtres; mais,

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ANCIENS THTRES PARIS DE

avant de terminer l'lude des annes antrieures, il convient d'indiquer les cales, les cabarets, les concerts en plein air, les divertissements de loulcs sortes, les types bizarres qui s'taient groups autour de ces nombreux thtres et qui bnficiaient de l'attrait qu'exerait sur Paris, toujours amoureux de spectacles, de, parades, de boniments, do gal, cette runion d'attractions. En 1816, il y avait le Caf Yon, au coin de la rue d'Angoulnie tout prs de la maison o Fieschi devait placer sa machine infernale o chantait Dduit (chansonnier national); le Thtre du Lyce dramatique, appel aussi le Thtre des Panlagoniens, o trnait le pre Rousseau, le. roi des paillasses ; le Thtre du Waux-Hall, cl. le Thtre du Caf Godet, situ entre le Thtre des Associs el le Thtre Las sari, qui, aprs avoir l un spectacle de chiens savants, reprenait le titre abandonn de Varits-Amusantes cl devenait thtre d'acrobates el de pantomimes. C'est aux Varits-Amusantes seconde manire que dbuta le grand, l'illustre Frederick Lcmalre, nous apprend M. Henry Lecomlc dans les deux volumes si documents, si prcieux pour l'histoire du thtre, qu'il a consacrs au plus grand acleu r du xix''siclc . En 180!),son pre, Al.Lemail re, architecte cl. conservateur du llilrc du Havre, 1. Frederick l.emalir, par 11.Lecomlc, 10, rue du Dme, Paris.

LE BOULEVARDU TEMPLE D

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fil une chute cl mourut en quelques semaines. Sa veuve se relira ^Paris. Le jeune Prosper Lemailre, qui avait vu [Rouen des comdiens, s'lail pris de passion pour l'art, dramatique ; il rsolut de se faire acteur, cl la plus infime scne de Paris lui sembla la meilleure pour commencer. C'est aux le thtre de Bobche : Varits-Amusantes

qu'il se prsenta. Le directeur Lazzari, sduit par son admirable physique c'tait en 1816, et Frederick avait seize ans, lui fit. le meilleur accueil. Vous voulez devenir mon pensionnaire, c'est parlait ; vous dbuterez aprs-demain... Mais mon rle?... Ne sera pas long apprendre; criez un peu

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ANCIENS DE THEATRES PARIS

pour voir? Frederick poussa un hurlement qui fil. trembler les vitres. " Bravo ! bravo ! vous ferez un lion magnifique. < Comment, un lion ? Je vais donc commencer par... Par rugir, oui. mon jeune ami. VA Frederick remplit la peau du lion apparaissant dans I'yrameel Thisb. une pantomime babylonienne! Aprs ce dbut quatre pattes. Frederick tint plusieurs rles aux 1 arits-Amusanlcs : on le vil dans le Prince Ramoneur el dansfc Grand Juge; puis M. Bertrand, dirccleur des Funamllalleurs de bules, l'engagea aux appointements 13 francs par semaine. C'est alors que Prosper l.emalre il s'appelait simplement Prosper aux Varits-Amusantes prit le nom de M. Frdric/;. Citons encore parmi les petits thtres qui charmaient la foule des badauds vers 1822 le Thlie du Panorama-Dramatique, qui n'eut qu'une existence phmre el qui comptait, cependant dans sa troupe quelques excellents acteurs : Serres qui devait plus lard jouer Bertrand, le side de Robert Macaire, avec infiniment de succs; Francisque an et Saint-Ernest, deux futures gloires de l'Ambigu; el surtout. Bouff, qui devait faire au Cvmnase une si belle carrire. Ouvert le 14 avril 1821, le Thtre du Panorama-Dramatique dut fermer ses portes le 21 juillet, 1823.

DU LE BOULEVARD TEMPLE

'(O

Vers 1786,un Anglais nomm Astley avait fond dans le faubourg du Temple un spectacle questre sous le nom *Amphithtre Anglais. La reproduction d'une de ses affiches (page 41) dira mieux

F CIRiJl'KI1ANC0NI. (pic loul la nature de ses spectacles; plus lard, les exercices sont modifis et d'autres attractions annonces au public, par exemple le 1er aot 1787 : dimanche, jour des Rameaux, la septime division des exercices annoncs commencera par le Cochon savant cl se terminera par les exercices des chiens avec le Chteau assig cl plusieurs tours

il) diffrents

THTRES PARIS DE ANCIENS

le Pont cl surprenanls, particulirement ROYALE fera plusieurs questre, sur lequel la TROUPE sauts. N. B. Le pool est port par huit chevaux dresss exprs par le sieur Aslley pre. Pendant la Rvolution, Aslley cda son exploitation Franconi, qui lit fortune el perfectionna encore les exercices si amusants imports par Aslley. L'Amphithtre Anglais prit, le nom de Cirque Olympique, cl Franconi passa au Jardin des Capucines, mais finalement revint au faubourg du Temple dans une salle rpare el agrandie. Tout marchait au mieux, cl le Cirque Olympique lail. la mode : des ours savants, d'aimables pachydermes, des lions, des tigres, des panthres ajoutaient l'clat du spectacle. Les gravures de l'poque clbrent les exploits de VIncomparable cerf dit Nord nomm Asor ou Nouvelle Ascension qui n'a jamais exist compare celles de nos plus fameux danseurs de corde : dernier chef-d'oeuvre de M. Franconi pre, lequel lui a cot deux ans cl ou reprdemi de travail, etc., Vide elerede; sentent le Cerf Coco franchissant huit hommes etquatre chevaux, M. Franconi tirant deux coups de jnstolet entre les bois du cerf Coco, les serins tenant conseil de guerre, l'lphant jouant de la vielle ou eu quilibre sur un fort disque de bois. Franconi avait mme l'ail annexer sa pisle une petite salle de thtre o se jouait la pantomime. En 1S07, tout Paris vient y applaudir la Lanterne

D LE BOULEVARDU TEMPLE de Diogne ; le vieux philosophe

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cynique finissait,

la lgende, contrairement homme... Napolon !

par

dcouvrir

un

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(.""estau Cirque que se placent les vritables dbuts du grand Frederick Lemnilrc, qui, aprs avoir aux Varils-Amusanles, jou les quadrupdes et les tratres aux Funambules, fut, en 1817,

engag par Franconi aux appoinlemenl s de 80 francs par mois, en mme temps que Michelol, professeur le au Conservatoire et artiste du Thtre-Franais, prenait comme lve dans sa classe de tragdie. Dans l'ouvrage de M. Henry Lecomlc nous trouvons rmunration et le rsum des pantomimes diaOthello, la Mort logucs qu'il eut interprter: de Klber, le Soldai laboureur, Ponialoicshi, etc. ;

D LE BOULEVARDU TEMPLE

-i!>

on l'y applaudit jusqu'en 1820, poque laquelle Frederick Lemaitre fui admis l'Odon. Franconi se contenta de rpondre son jeune pensionnaire, qui, tout joyeux, venait lui annoncer son engagement :

FRANCONI. ClRI.il.~E

E. (Colleet. Retaille.)

.1 Les thlres populaires ont du bon; peuttre, mon cher Fred, serez-vous heureux d'y revenir un jour. Franconi lail. un sage;, qui continuait diriger heureusement son thtre quand, le 16 mars 1826, aprs une reprsenlalion de l'Incendie de Salins, le C'est alors qu'il dcida feu dvora rtablissement.

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de reconstruire le Cirque-Olympique sur le boulevard mme, prs de l'Ambigu. Ce nouveau thtre, de vastes dimensions, s'leva sur les terrains occups jusqu'alors par le Thtre de la Malaga, les Ombres-Chinoises d'Hurpic et le o l'on jouait Thtre des Nouveaux-Troubadours, la comdie et surtout la tragdie. Ce thtre obtint mme, un jour, un succs qui, depuis, ne s'est, je. crois, jamais renouvel. C'tait le 12 messidor an VIII : on jouait la Nouvelle inattendue, ou la Reprise de l'Italie. Le public avait cl acclamait encore la trpign d'enthousiasme comdie patriotique qui s'achevait : soudain parait Cambacrs, le Second Consul ; les spectateurs en masse rclamrent cl exigrenl que l'on recommenai la pice, qui l'ut joue deux l'ois dans la mme soire; les bravos furent encore plus nourris la seconde fois que la premire, el. Desaix mourant ses dernires paroles : Allez dire dut bisser au Premier Consul que je meurs avec le regret de n'avoir pas l'ail assez pour la Postrit! Les thtres s'laient solidariss avec le CirqueOlympique; des reprsentations bnfice avaient t donnes; le Roi, la famille royale, la cour, les ministres, le prfet de la Seine avaient, souscrit des sommes importantes qui permirent dmnera bien les travaux de reconstruction, el, le 31 mars 1827, le Cirque fut, de nouveau ouvert au public : une pice en trois actes, le Palais, la Guinguette el le

D LE BOULEVARDU TEMPLE L AUaaue c/u Con.vot

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CIRQUE-OLYMPIQUE (182S).

E. (Collecl. Dtaille.)

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Champ de bataille, rsumait par son triple litre le genre hroque, populaire cl militaire auquel comptait se vouer celte nouvelle scne. La Rvolution de 1830modifia totalement le got public au thtre. Il semblerait que l'ancienne esthtique dramatique, ail disparu avec l'ancien rgime.

i (A.Tcsanl lel.) LETHEATRE lT~-OI.Y.V.PIt~K. lllu Les Npomucne Lemercier, les Arnaull, les Anpatents drieux, les Monvel el. les fournisseurs effarants, des dernires annes; les mlodrames les vaudevilles doucetres, les tyrans froces, les orphelines perscutes, les enfants au berceau, les colonels de trente ans, les muets, les idiols, les vertueux, les bergres dos Alpes, les brigands ruisselant d'or, hommes masqus, les souterrains les Pillais de Venise, furent en partit; dlaisss.

CRIME. HL~ LEIIULTKVARIi

passion, l'observation, l'esprit forme littraire... C'est par eux que le boulevard du Temple connut les plus belles heures de ses triomphes; ce fut la priode hroque du Draine romantique. En mme temps refleurissait l'pope napolonienne, et partout l'on ressuscita le Grand Homme. A la Cail, l'Ambigu, chez Franconi, comme l'Odon, l'Opra-Comique, la Porle-Sainl-Marc'est. Bonalin, aux Varits cl au Palais-Royal, parte ou c'est Napolon. Djazel chante Bonaparte Brienne, Frederick Lemailre est empereur l'Odon ; Cazol, empereur aux Varits ; Gnot, Edmond, empereur empereur l'Opra-Comique; chez Franconi; Cobcrl, empereur la Porle-SainlMarlin. Coberl, Edmond, Cazol cl Prudent qui doublait Coberl, ressemblaient,, parat-il, tonau vainqueur d'Auslcrlilz ; tous ceux namment lotis les vieux qui avaient, connu l'Empereur, braves qui avaient servi sous ses ordres, tous les bourgeois qui avaient pu contempler son profil en revoyant. Goberl, de mdaille, tressaillaient

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ANCIENS TIIATRLS PARIS DE

Cazol, Edmond et Prudent ; ces bons acteurs, d'ailleurs, avaient l les premiers se prendre au srieux. Goberf parcourait gravement le boulevard, le, sourcil crisp, les mains derrire le dos, le chapeau en bataille; Edmond lissait sa mche et noblement son tabac dans la poche prenait double de cuir de son gilet; Cazol pinait solennellement l'oreille du costumier quand sa culotte de casimir blanc allait bien : Soldat, je suis coulent de vous! Pour habiller avec exactitude le Napolon de YAmbigu-Comique, Gosse, le peintre, obtint de Marchand, l'ancien valet de chambre de l'Empereur, l'autorisation de dessiner d'aprs nature le chapeau el la clbre redingote grise de la lgende ! Consultons le Courrier des Thtres la date du 20 octobre 1830. Nous serons difis sur la place inoue que lient Napolon au Thtre: Vaudeville: Bonaparte, lieutenant, d'artillerie , comdie-vaudeville en deux actes; Varits : Napolon Berlin ou la Redingote grise (Cazol), comdie historique en un acte ; Nouveauts : LTicolicr de Bi'ienne ou le Pelil Caporal (Djazel) ; Ambigu : Napolon , mlodrame en Irois parties, ml de chants el suivi d'un pilogue ; Thtre de la PorleSaint-Martin : Napolon ; Cirque Olympique : Passage du mont Saint-Bernard , gloire militaire en sept tableaux ! Il nous a l donn de connatre un vieux modle

D LE BOULEVARD U TEMPLE

Ot

pour peintres, survivant de celle poque lgendaire : il s'appelait Briand el avait jou les pelils rles au Cirque vers 1835 ; il se souvenait encore taient acde quelles clatantes manifestations cueillis Napolon et aussi ceux qui l'cnlouraicnl : Pour moi, conlail-il, j'tais du dernier acte... Sainlc-Hlne , el j'avais remplir le rle ingrat, j'ose le dire, d'Hudson Lowe. Vous n'avez aucune ide, Messieurs, des injures que l'on me prodiguait; mais un vritable artiste doit savoir traduire tous les sentiments, je voulais inspirer de la haine... Je l'inspirais, ce point, et je considre le fait, regrettable en lui-mme, comme l'honneur de ma carrire dramatique, ce point, dis-je, qu'un soir le public m'allendil la sorlic du thtre, se saisit, de moi et me jeta dans le bassin du Chteaud'Eau aux cris de : Vive l'Empereur! 11 faisait grand froid, je faillis en mourir; mais n'importe ! j'lais fier de moi! j'avais incarn mon personnage ! Aprs avoir transform, rajeuni, modifi leur rpertoire, les thtres du boulevard du Temple se rajeunirent, se modifirent, se transformrent eux-mmes matriellement : les pavs qui bordaient leurs abords taient remplacs par des de bois permettaient aux dalles, des barrires spectateurs de faire, sans cohue, la queue la porte avant l'ouverture des bureaux, c'est--dire avant cinq heures du soir, les spectacles commenant six heures ; des auvenls les prservaient de la

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pluie ; les masures qui avoisinaienl toutes les salles de spectacle disparaissaient; les dbits de vin, les bibines, les boutiques en plein vent taient remplacs par de belles maisons, d'lganls de choix, le Cadran-Bleu, cafs; des restaurants Bonvalel, s'taient groups autour du Jardin Turc qui continuait tre un des rendez-vous de la fashion ; les marchandes d'oranges taient installes sur de commodes venlaires, prserves, par un vaste parapluie rouge, du soleil, le jour, et de la pluie, la nuit; les marchands de coco, le tricorne sur la tle, portaient leurs lgantes fontaines surmontes de gnies dors, ou de lions ails et agitaient gaiement leurs clochettes : A la frache! qui veut boire? Les marchands de marrons promenaient leur marchandise : Chauds, chauds les marrons de Lyon ! Et les dbitantes de chaussons aux pommes el de gteaux de Nanlerre circulaient, lestes et provocantes, autour des portes des thtres; on offrait des contremarques moins chres qu'au bureau ; on vendait des programmes, des biographies d'acteurs, des recueils de calembours; des cercles se formaient autour de chanteurs en plein vent; les marchands d'amadou cl de briquets phosphoriques criaient leur marchandise; el tout un monde affair: acteurs, figurants, machinistes, danseuses, femmes de thtre, habilleuses, claqueurs, saltimbanques el filous, jolies filles el bons bourgeois, circulait sur ce gai boulevard amusant, spirituel, frondeur, terrible,

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bruyant, dbordant de vie, d'activit, de mouvement. En 1835, ce joyeux boulevard fut ensanglant par un crime horrible. Celait le 28 juillet, cinquime anniversaire de la rvolution qui avait lev LouisPhilippe au trne : le roi, entour de ses fils el d'un nombreux tal-major, passait en revue la garde nationale et toute la garnison de Paris, chelonnes le long des boulevards. La huitime lgion de la garde nationale occupait le boulevard du Temple devant la faade du Caf Turc, dont la terrasse lail littralement remplie de femmes lde bons bagantes, de joyeux consommateurs, dauds; des familles entires taient masses sur les trottoirs. Ppin, le complice de Fieschi, avait mme pris l'horrible prcaution de faire promener aux enlours du Caf Turc sa pelite fille, donl la prsence seule devait carter tous les soupons qui auraient pu peser sur lui. Les tambours battaient aux champs, le roi arrivait. Soudain, d'une misrable maison portant le numro 50, voisine de YEstaminet des Mille Colonnes et faisant face au Jardin Turc, une effroyable vole de mitraille. Celait l partit en effet que, derrire la jalousie baisse d'une fentre situe au troisime tage, au-dessus de l'annonce du Journal des Connaissances utiles, A francs par an, Fieschi avait install les 25 canons de fusils bourrs de balles qui constituaient sa machine infernale ; une rigole pleine de poudre reliait les 25 lumires. L'picier Morcy, qui avait

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aid prparer cet effroyable engin de meurtre, avail mme pris l'utile prcaution d'avarier quatre des canons de fusils donl" l'clatement devait supprimer Fieschi lui-mme. Ppin, aulre complice, avait pass el repass plusieurs fois cheval el au petit pas devant la fatale fentre, et Fieschi, excellent tireur corse, avait pu tout son ais;; viser et mettre au point exact la mire de son effrayant instrument de mort. Ce fut une affreuse tuerie, la vole de balles renversant femmes, enfants, spectateurs, tal-major, officiers, soldats, escorte, effleura seulement le chapeau cornes que portait le roi dont le cheval reoit une chevrotine dans le cou; les chevaux du duc de Nemours et du prince de Joinvillc sont blesss l'un au jarret, l'autre au liane. Le boulevard ruisselait de sang. Le marchal Mortier tombe frapp mort ; le gnral Lchasse, le colonel Rafle, le lieulenanlcolonel Rieussec, dix officiers, vingt soldais expirent au milieu des chevaux vcnlrs cl des innombrables blesss que l'on emporte au Caf Turc transform en ambulance. Fieschi, bless, fut arrt dans l'arrire-cour d'une maison voisine, au moment o il tentait de s'enfuir parla rue Basse; le 19 fvrier 1836, il montait l'chafaud avec ses complices Ppin cl Morey. Il est curieux pour l'histoire du thtre de noter le programme des spectacles parisiens celle date. Le 28 juillet 1835, jour de l'attentat : Opra : relche; - Thtre-Franais : le Consentement forc ; les

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Deux Frres; Opra-Comique : Fra Diavolo; Aida ; Vaudeville : Elle est folle; Mon bonnet de : Prova; Est-ce un nuit; Arwed; Palais-Royal rve? Varits : Ma femme el mon parapluie; l'Uniforme; les Danseuses l'Ecole; Folies-Dramaliques : l'Heure du rendez-vous ; Ambigu : Ango ; Cirque-Olympique : la Traite des noirs ; Thtre Comte : la Maison isole; Mille cus; Diorama : Messe de minuit; Fort Noire ; Bassin de Gand (prix : 2 fr. 50); Panorama d'Alger (40, rue des Marais) (prix : 2fr. 50) ; Champs-Elyses : concert tous les soirs (t fr.) ; Jardin Turc : concert tous les soirs, sous la direction de M. Tolbecque. Un dtail trange : le Charivari du dimanche (le jour mme de l'attentat) publiait celle note : Carillons : Hier, le Roi ciloycn est venu de Neuilly Paris, avec sa superbe famille, sans tre aucunement assassin sur la roule , et l'illustration qui accompagne ce numro reprsente le du de M" 0 de Morel, l'hrone nigmatique portrait procs La Roncire ! le En 1827, avons-nous racont prcdemment, reconslruit aprs l'incendie de Cirque-Olympique, 1826, avait rouvert ses portes. Il jouait des pices populaires et militaires. de quelques litres prouve que ce L'numration genre de spectacle plaisait, puisque, pendant des annes, l'affiche ne varia gure : la Rpublique, l'Empire et les Cent Jours, les Pages de Empereur,. 6

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le Prince Eugne et VImpratrice Josphine, Auslerlilz, le Gnral Foy, le Soldat de la Rpublique,

LE

PRINCE ET

EUGNE

L'IMPRATRICE JOSPHINE TROIS DOUZE ACTES, TABLEAUX, LXOUET.I.ABROUSSE, rr PAR FERDINAND IttM. tv* rot Lt itriMit mots, 17 rou, u tcr^tiS. htuiLfjh, i-T.Lit risis, u TIITI-I IB l UISTIU LA UT DE ritXE. !(>*< KM. UC OLONEL rrctxt. ; M, fcoit. r.iTdBT. US CNEflAt IIIKUVT UNOLOSEL C RUSSE HL'SSE TKMUIT. Wit*tii. US CU (.OUAIS l-Miut-r. C r.KOfttltT Titui. UN FRANAIS... |>.itu.it IIOMMt VAtOTlS rUI~LE ixCESEIUL ncritoi -......". su. UMniMESTlgrE & UNIUEDECAMIA Lt! riU5lI5. Letoii' Ltr.t.>iE>xiLAL.(;tr.iJkU * Aca-iti. LECEWEKlLLErUI.E TWIIOT. IN 1IOVVE ILL-LE ". Fu". tolJ.l fil'ELEl, r"' SWOX S-* l'in-ii CwtMKM. JOSEMIINE. MlLr.ltr.rtf; SARTI Ci'ULitac. N.ri.i. 11El AI CWKOfAtU. AINE. Crt i.. t*i. K*IUNO t..i.a. ALL\A>DIL, FIOLO Uuit'lMi CEI-.OM1NO Conut. tAI.UINA '...'..'..'.'.'.'.'.'."". ft* Qui iVtKi. HIGOS>ET,t , tXCOt"EftSURtiE.fcOSILnua Twnw. MONSIEUR HESTEXEIS. l''IUUIERX ALII.IIK IJI ion. LE ENERAL MAf.EClUL NEY DESOCEM CL..s latent. USE 11'IIOS.MUR C FRANAIS G IiAUE i^ll( Conslanline, Mural, la Ferme de Monlmirail, Mazagran, Massna VEnfant chri de la victoire, Bonaparte en Egypte, Bricnne, Schoenbrunn el SaialeJllne, etc. C'est l'une de ces reprsentations, m'a

DU LE ROL'LEVARD TEMPLE

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EN EGYPTE riCE ES ACTE TAElEit KJLITMRE ET C1S"0 WS-llClT tA* M.FABRICE LABUOUSSB ME L FtiSf. VZ wtU, CHEt~T PE AtBtCT. M. M. *tSHH.E t>ECOS l'LYOIft, fiVOtMli tMt^EMtX rota L rCF.M'! SCT1IATI>E CIIQCi),DCIUMIE A IS5I. FOIS, FJMS,LE IATIOSIL tEC3 (waE *- DE DISTStpCTICtPii:cc Sl.TAttt.~iM. RANSUAT UU.Ftm. DOSREDON BONAPARTE. KLEBER a-n.c-~~-.ttti. TOllASl Aconit. CAFARELU UCFALGA Biutost. RAPHAL TOIINOI. AiraoM. US HEVALIER C HEY BON Ac*iu.. BESTHtEB Son.. EcMost. HEKOD Etcfctt yOURAD DMEZZAR Gniti. BEKER BFAUHARNA1SCIHwci. ABOU H* MAI. IBRAHIM EU-CESE BEAIXIII'. DAI 8EY DESGENLTTES S!U. Ucout. NtuviT. KORA1M DENOS CuiLuLtior. ONCE Po-ttossit CAD! KAOIR TottaoT. TKBAUT Fiiouic LESEUH Siesot. UAfiCEU FA-titot- DEU Cociti. VICTOR BLONDEAU \Vitu** EL MOWH M"*ira DITOM. FARIGOUL Lut*. MAH1AU SI" A*. W FIIVII. PRUDHOWyE A.-LUI. HLNE. A~nt.it ROSALIE EDGABD Root. M-^Rott .FKCCTIDOR BENJAM1K ltCiai*. N CIRCASSIESSE JfntmiM. LAMBERT SMITHWU.BoiixiuUNEt SOLDAT* AIT SIAIIA. GEORGIENNE Jet PACUVI. LE COMMODORE S1DSEY Jitif* M*. Oinaat 'Aiti*vruifin, HT GNRAI CT Ptri,111 Slitit, N DE OSIPESC. JI.IVIL t-s tuCnlt, -SOLDA F.itLitti mo,FELLIU*, FERDINAND H OSIOM BONAPARTE racont mon excellcul ami Jules Clarclie, qu'un vieux grognard s'vanouit de douleur au tableau

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ANCIENS THTRES PARIS DE

de Sainte-Hlne cl fut emport mourant ; du reste mon grand-pre Cain, Nicolas-Toussainl-Augusle (|ui avait l'ail les campagnes d'Italie el. d'Espagne el. avait l bless Waterloo, ne consentit aller au thtre que pour revoir son Empereur et la Redingote grise; tous les vieux soldats pensaient comme lui... Quelles salles hroques devaient former ces braves, Ces Acltilles d'une Iliade Qu'Homre n'inventerait pas! Les auteurs de ces grands drames militaires taient presque toujours Ferdinand Laloue el FaC'est dans Bonaparte ou les brice Labrousse. Premires Pages d'une grande Histoire que dbuta l'aclcur Taillade qui, plus lard, et avec un grand lalent, devait tenir une si belle place dans le monde dramatique. ressemblance, Sa fabuleuse avec lt; Premier Consul lui avait l'ail, assigner le rle de Bonaparte. 11 y fui d'ailleurs excellent el, comme il le savait, il se fit du jour au lendemain on assurait au doubler ses appointements; boulevard du Crime que Taillade, lui aussi, avait, russi son -18 Brumaire! Pendant des annes, les drames militaires succdrent, aux drames militaires. L''Histoire d'un drapeau, de Dcnncry, donn au Thtre Imprial du Cirque en 18G0, lail le prototype de ces reprsentations spciales o la poudre

DL'TEMI'LF. LE ROL'LEVARI)

C>

L'HISTOIRE

DRAPEAU D'UN ItOl'Zl". GUiSK MILITAIRE tMtASIE EN VAUEE.O'X

M.ADOLPHE DT.NNKI1Y M. Ki'J-un*ini~tii. i-E.ct-i-ts. t'E iiLrti ait~-.LT Cipc::rts M. I>L I.-4LUT -.ooi. ':.. v fLcOFi> n . fctr.AM i~.i.ii.M_>it "!*, .tu-LE r-ii-Lsm ir.r-Af.w 1SC0. f'i*. if-tvit-M i-.ir.t_-~, IA TKATM: -.^it. :>V 11 M>\nr. HLAriKHN SlSI.].~iTiT.*iLtC. U'IBICIHEN l.tcit. FUANOIS l'N OFFlClKfi SIM.I.iseioa. OFncil.R AllTRICHIFS KilLULttU: WOl.F JtsMiu. DEI'XlMi: RONAl'A!:Ti: M unuO.-IE LorisCIII.F:n~?.\(.n;Es GIIUOT. t lIlil.iNr.niiN Coit-niv l'N OLDAT UN OMMi: S in: l-EITLE VCVNr.V1> F~>tu. IMH'HIMCC Wtts.1. H AMHU: CIIIVT L'N woi.rFIHNUS.Tcit. Jr-t. l;N lit" COMMAMiVNTM&.Ati*>i-Mn.-v. .. JEiiOMi: i.ri;ot-s tn.i>. SIAOAMI: SATntNis r.i.s.u' i;i~m. ANTOINETTE EW-OHCLMM-M. u:i-i;i:ii:i PAM-I St.WilE Ttibr. ANTOIM: M>CI>. L0U1?K. Reu>. .. LE r.titiK... i:.r.viiivD. JEANNE AstEi-c. LE MAKLCHAl. NEW.. Non. CLUM-. GiiTKlUi: LE V.AI'RUIS VIM,M. N1SA I:I;M:HAIC*i**r>. LANNK-s N-Iuivcr. lrN -ILIUT JEUNE >'tPATS V-^IUMM-. UNlH.ONl.L C AL-TKIttltENdcaii. miiv.M* , CAtLl , "SIAllltt HABITANT? US FIFRE M RiarAi-w. TA1-3UI..-K ir.i>C.M~s..IOt'A~t:Ej fLAlltr. t. K, COfAOlCS, lttll?, AITAIOIILN-J. UN RunuGEOIS UAI-III'A-IMI UISit.lMi IL>iC, Ctt>(>CLt:. VUAPITAINE C FttANAIs ISAAMI.I. alternait, avec les calembours des loustics chargs d'gayer les spectateurs el de donner aux machi-

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ANCIENS THTRES E PARIS D

nistcs le temps matriel de changer les dcors. L'numralion seule des tableaux dil la lenue gnrale de l'oeuvre : Un Atelier de brodeuses, le Plateau de Rivoli, la Batterie couverte, la Prise du 'pont d'Arcole, la Bataille des Pyramides, la Fle du Nil, l'Entre Vienne, Un drame dans une chaumire russe, les Neiges du Nord, les Deux Dra'peaux, le Retour de l'Ile d'Elbe, Solfrino. Les principaux rles taient jous par Laferrire, Jenncval, Colbrun et Clarisse Miroy. La scne cl une partie de la salle taient occupes par les volutions des des chevaux, des soldais. Trois tals-majors, quatre cents comparses manoeuvraient, el. c'laienl des charges la baonnette, tics redoutes prises el reprises, des chevaux sauvant le drapeau, des feux tic bivouac, des batteries emportes d'assaut, des tratres fusills cl des nations prisonnires! L'orgueil national d'ailleurs s'en mlait et."point que chaque figurant acceptait sans discussion la somme le un franc pour reprsenter nu soldat franais, mais c'tait cinquante centimes de supplment pour faire le Russe, l'Autrichien el l'Anglais ! C'est dans une de ces pice que Colbrun, le petit Colbrun (il avait la taille d'un enfant de quatorze ans), entour par plusieurs cavaliers cosaques, s'criait, alors qu'un officier lui jetait : Brave Franais, rendez-vous! ... Si le gnral Cambronne lail l, je sais bien ce qu'il vous rpondrait... La salle clatait en applaudissements et Colbrun dispersait ses ennemis.

LE ROULEVARO TEMPLE DU

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Les exercices questres, qui avaient l'ait autrefois la gloire el la fortune du thtre de Franconi, n'avaient plus de place avec les drames militaires. Le Cirque-Olympique avait mme perdu son litre et,

i.t: CLOWX Aiatioi.. en 18't8, il avait pris le nom de Thtre-National ; mais l'ancien Cirque renaissait bientt sur le boulevard des Fillcs-du-Calvaire ; c'est le Cirque qui existe encore, o nos pres nous ont amens toul enfants, le Cirque o Irnaienl autrefois la famille Lalanne, la famille Loyal, M"" Lejard, Pauline Cuzanl, Coralie Dumas, le fameux Auriol, un clown

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ANCIENS DE THTRES PARIS

prestigieux", parat-il, elqtii faisait la joie du public parisien. A Auriol seul il tait rserv, rapporte Poitgin d'aprs un journal de 1860, d'lever son mtier la hauteur d'un art. Sauler en l'air en piroucllanf trois ou quatre fois sur lui-mme; franchir laide du tremplin huit chevaux mouls par leurs cavaliers, ou i'i soldais avec la baonnelle au bout du fusil, s'lancer au travers d'un feu d'artifice, ou d'un cercle hriss de pipes sans en briser une: improviser mille folies, tout cela semblait, n'tre pour lui qu'un jeu, qu'une rcration. Impossible enfin d'accomplir avec plus de facilit des choses paraissant surnaturelles. C'tait, paral-il, un rire dans toute la salle ds qu'on percevait le bruit lger des grelots sems sur sou costume taillad! 11existe toujours, ce vieux Cirque-Olympique; il n'a pas chang el reste immuable avec ses L~ Ti;.MI'I.E 18G0VEIIS

THEATRE

DE

LA

GAITE

l.e thtre de la Gat. Jlarlainvillc et le l'ied de mouton. L'incendie de 183.Kouverliire.l'aillasse. Paulin Mnicr et le Courrier de Lyon. lui 1795, Nicolel mourut; sa veuve lui succda du Boi, qui. et le thtre des Grands-Danseurs ds les premiers jours de la Rvolution, s'tait prit le lilre dfinitif appel Thtre d'Emulation, de Thtre de la Gail. 11conserve ses quilibrisles, sa grande voltige el sa tourneuse , ses pantomimes burlesques el, profilant de la libert des thtres, adjoint Molire la muse populacire 1

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THEATRES PARIS DE ANCIENS

de Ribi. On y joua le rperloire de la Comel celle fois sans avoir eu die-Franaise, de l'illustre solliciter l'autorisation compagnie. Georges Dandin, le Mdecin malgr lui y furent acclams. Chaque fois le public populaire demandait l'auteur!... l'autour!! lui revanche, Tartufe y lail conspu... Ah! le sclrat! Ah! le coquin ! H faut le faire arrter ! !... On voulait le traner la section! Malgr loul, la Gail priclilail : on avait beau offrir aux spectateurs le, Brulus de Voltaire, le, Fnelon de M. .1. Chnier, les Victimes Clotres de Monvel, etc.. le public se faisait rare; un grand succs d'un genre loul. nouveau releva sa fortune, ce fut. le Pied de Mouton, par Marlainville. jou en 180.";. Ce Marlainville. lail un singulier personnage : hbleur, dbraill, spirituel, brave, entreprenant, persifleur, il avait, bien jeune encore, l'ail ses preuves de courage et d'esprit. Voici ce que l'on peut lire dans le Moniteur du 19 ventse an 11 (10 mars 179'.): Tribunal Rvolutionnaire. Marlainville, g de quinze ans, demeurant au collge de l'Egalit, rue Saint-Jacques, convaincu d'avoir coopr la rdaction d'un crit en huit pages d'impression intitul : Tableau du maximum des denresel marchandises, divis en cinq sections, a t acquitt cause de son jeune ge. C'est devant ce terrible tribunal que cet enfant de seize ans osa rpondre au prsident qui l'ap-

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de Marlainville : Je me nomme Marlainpelail ville loul court, cl non de Marlainville; n'oublie me racpas, citoyen prsident, que lu es ici pour courcir el non pour me rallonger. El les juges de rire, ce qui n'lail pas leur habitude.

TI1ATIIE CIIIOLE, ISGO. DU YEIIS Ce fut donc le Pied de Mouton qui releva la forlune de la Gail; celte vieille ferie csl toujours populaire. Quel csl celui de nous qui n'a pas, loul enfant, applaudi aux aventures de Guzman qui ne connat pas d'obslaclcs > el ri aux larmes aux blises de Lazarille el de iN'igaudinos ! Ce thtre, dans son ancienne forme, vcut jus-

/>

ANCIENS THEATRES PARIS DE

qu'en 1805. A celle date, Bourguignon, gendre et successeur de la veuve Nicolel, le lil rebtir aprs le dcret imprial de 1807, qui supprimait vingtcl assignait aux survivants des cinq thtres la Gal se donna rgles strictes el restrictives; entirement au mlodrame. V. Ducange el Guilberl de Pixrcourl en furent les fournisseurs presque attitrs, cl,c'est .alors que sont reprsents: l'Ange lullaire ou le Dmon femelle, la Tte de Bronze, Minis/ii ou le Tribunal de famille, Victor ou l'Enfant de la fort, d'autres encore, dont les litres seuls sont parvenus jusqu' nous; mais ces litres sont suggestifs : VHomme de la. Fort-Noire,le Prcipice, les Ruines de Babylone, enfin le Chien de Monlargis. C'tait la premire l'ois qu'un chien jouait un rle sur un llilre. Dragon (c'tait, le nom auquel il aboyait) eut un norme succs. Pixrcourl qui cependant tait un vritable rudil, ami de Ch. Nodier, el comme lui passionn bibliomlodrames. C'est phile, a crit d'extraordinaires lui qui, le 5 septembre 1815, fil reprsenter la Gal Christophe Colomb ou la Dcouverte du Nouveau Monde, el c'est inou ce qu'il y a dans celle pice ! D'abord une prface, qui dbute par celle phrase : Le gnie de l'homme n'a rien conu de plus tonnant, rien excut de, plus hardi que la dcouverte de l'Amrique. Puis, Pixrcourl, raconte la gense de sa pice el termine en ces termes : Le public pensera sans doute, comme moi, qu'il etl l compltement ridicule

D LE BOULEVARDU TEMPLE de prler noire langage, mme dfigur,

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hommes

qui voient, pour la premire fois, des Europens. Bien certain que celle innovation ne

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ANCIENS THTRES PARIS DE

pouvait qu'tre approuve par les gens de got, j'ai donn aux habitants de l'le Guanahani l'idiome des Antilles, que j'ai puis dans le Dictionnaire Carabe compos par le R. P. Raymond Breton, imprim Auxerre en 1655. On trouvera dans ma pice l'explication de tous ces mots, dont j'ai cru, nanmoins, devoir user avec sobrit. El nous lisons cet trange dialogue : ACTE lit (SCNElit) PUIS (ORANKO, KAItAKA, SAUVAGES, KEnEI)F.K) Oranko Karaka Cati louma ! Karaka Amoulika Azakia Kerebek (Oranko hosilc.) Oranko Itialiki Chicalainai. Itara a moutou Koule oiiekelli ?... et la scne se poursuit ainsi. N'est-ce pas fantastique? J'ajoule que le franais de Christophe Colomb rappelle le carabe d'Oranko ! Le 17 janvier 1818, un petit vnement se passe la Gal. On jouait l'Enfant du Rgiment, de Dubois et Brazier ; ce petit vaudeville avait obtenu le meilleur accueil ; mais certains spectateurs crurent y rencontrer quelques allusions politiques : Celait le roi de Rome que les auteurs avaient mis en scne el, dplus, une gravure avail donn au hros de la pice, berc sur les genoux d'un vieux soldai, une ressemblance suspecte avec le fils de Napolon.

D LE BOULEVARDU TEMPLE

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La police inquite d la Restauration donna l'ordre d'arrter l'ouvrage et de saisir l'image; la pice fut el interdite aprs quarante-cinq reprsentations, les mlodrames les plus saugrenus el les plus sinistres se succdrent jusqu'en 1830. Les reprsentations commenaient six heures et demie; mais, le dimanche, la Gal, comme les autres thtres, devait lever le rideau cinq heures el demie prcises. Une ordonnance de police l'exigeait (septembre 1811) : La plus grande population de Paris n'a que le dimanche pour jouir des spectacles, el il ne faut pas que les heures auxquelles ils commencent et finissent ce jour-l puissent conlrarier les occupations auxquelles elle doit se livrer le lundi. C'est un dimanche, la sortie d'un mlo histoamiral Bing, que fut rique narrant la trahison de Y chang ce stupfiant dialogue entre deux titis : On allait commencer le dernier acte et la sonnette rappelait le public : Eh! Polyle, tu rentres pas? Non, il m'embte, l'amiral Bing. Moi aussi, mais c'esl justement cause de a que je remonte... Il m'a trop ras, j'veux l'voir fusiller! En 1834, Laiude ou Trente-cinq Ans de captivit fait courir tout Paris la Gat... La pice tait amusante, bien faite ; elle mettait en scne des vnements rcents encore ; de plus, la direction avait expos, dans le foyer mme du thtre, les instruments qui avaient servi au prisonnier pour percer

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THTRES PARIS DE ANCIENS

les redoutables murailles de la Bastille; l'chelle elle-mme, la fameuse chelle qui lui avait permis de s'vader, figurait au nombre des objets exposs. Ce fut le grand succs; la Gal faisait d'admirables recolles, cl quatre-vingts reprsentations n'avaient pas lass la euriosil du public quand un horrible incendie vint dtruire le thtre, pendant une rptition gnrale de Bijou ou VEnfanlde Paris. Tout Paris s'mut, cl une immense sympathie entoura le directeur Bernard Lon, un brave estim el aim, qui venait d'acheter arlislc, 500.000 francs le thtre. Des reprsentations furent organises son bnfice, des concours pcuniaires el artistiques lui vinrent en aide, lanl el si bien que, le 19 novembre 1835, le Thtre de la Gail put rouvrir ses portes au public, aprs avoir l dtruit par l'incendie le 21 fvrier de la mme anne. Le spectacle d'ouverture se composait de trois pices: Vive la Gail! un prologue; la Tache de Sang, un mlodrame; el les Tissus d'horreurs, une folie-vaudeville. Depuis, la Gal obtint une longue suite de succs donl quelques-uns sont encore populaires : le Sonneur de Sainl-Paul, de Bouchardy ; la Grce de Dieu, de Deniiery,qui rappelait une vieille pice, Fanchon la Vielleuse. La Grce de Dieu, commande en toute hte, au lendemain d'un insuccs cl crite en huit, jours, russit fort, et Paris s'prit des malheurs des

D LE BOULEVARDITTEMPLE pelils Savoyards sur l'air clbre de M"" LosaPugel Adieu, ma fille, adieu! A la i't'ce de Dieu!

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I.ES TYPES>E 1ANCII0X YIEI.LIXSK 1 I.A ->. ainsi que de la conslancc de Pierrot, qui avait ramen de Paris en Savoie sa bicn-aimc recu-

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ANCIENS THEATRES PARIS DE

Ions, el en jouant de la vielle . La Grce de Dieu fut reprise bien des fois; une de ses dernires interprtes tait la charmante M""- V. Lafonlainc qui y fut acclame. Dennery tait un homme infiniment spirituel el ses mots furent clbres. Il n'assistait jamais aux premires reprsentations de ses confrres el s'en excusait par celle phrase pique : Si leur pice a du succs..., ca .m'ennuie : si c'est un four, je m'embte ! A ii n a m i qui s'criait : < J'adore les enfants des autres , il rpondait avecbonhomie : " Mariezvous. 11 considrait Molire comme un ennemi personnel : C'est vrai, expliquand on quait-il, le vient d'applaudir I.AFONTAISK Ylr.TOllIA on se Misanthrope, m: > DANS LAGHAI:E inm; -. croit toujours forc de dire : Quel brigand qui; ce Dennery! 11nous a l donn d'assister la plus amusante des discussions : Henri Bocheforl. venait de perdre contre son vieil ami Dennery une forle partie de piquet, et Rocheforl, llchissanl sous la honte d'un

LE BOULEVARD TEMPLE DU

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MARCEAU oc LES ENFANTS DE LA RPUBLIQUE t>ft*Mt ACTES TABLEAUX DIX EK CINQ ET MM. AMCET BOURGEOIS ETMICHEL MASSON ii et LA Lttl 164S. iiiiiit.iit,rcv rAtaittt A te atA-iAt C*IT. ICI* ton, r*iu, LtT eiATRttt'Ttom LA rite** ti"Aiij. UONTOURNOIS Hy. EMCAI*. MMARCEAU E-nisett. DOUHtsOTTE .'. .-. Csi.it..roi KLKUEII CAPITAINE. AUTRICHIENllirroL. i. DEL Ecefc*. UNOLONEL UONAl'AHTK C Liiwt. L'AiiHE tsEAl'UEU St*iii*. UN OTAIRE. l-ASCAL N EMISHK. tl-tuo-rr. UN USSARD LE DE NAItOtlS UN SUTT-MA-A. DE H FAUVF.L U-HENRI 1 PELOSTANGE,p-:rK>r!niEcmutt. I1EAUUEU MAI. LEOSTis-e. Nctiux. GENEVIEVE CROQUETTE.., IlEAVGESC CORNEUA F*-CIMI~&. GALOUBET CatiA. GALOUDET LA EMME MREPEUPLE. I'OTIML KoutiTAL.VA TaiU.t>r. SE ri ici fxeux- TE-~>~~.EI-Ari VoLOStiiAtSOLDATI KORESP1EBRE... Gorctt. COCHEGRU Lwcfcm. rUXCAIl.AITtlICHlE-IJ. ROREBT Cai*T. sretu iOBIteitrttt Bubicon, couvrait d'injures son partenaire, l'accusant des pires infamies : reprises dans l'cart,

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ANCIENS THEATRES1E PARIS I

renonces, etc., etc. Jamais Bocheforl n'avait l plus amusant, nous nous tordions de rire; Dennery impassible, les yeux presque clos, avait reu celle effroyable borde, el quand Bocheforl se lui: Monsieur Bocheforl. lui riposla-l-il gravement. les injures d'un ancien forat ne sauraient m'ai leind re ! Moi, repril alors Bocheforl, j'en suis sorti : vous, vous y seriez encore... el maintenant, affreux filou, battez, coupez, nia revanche, el lche/, de ne plus I ficher ! I::II:K IXMAITIII-: des plus honntes de DANS IIOIIKKT IIIE .MAC.A . son parti ! M.ircea.u ou les Enfants de la Rpublique triomphe le 22 juin 18't8. La distribution des rles porte celle trange dsignation : Henri de Loslange (personnage muet). Fualdcs, qui met en scne le drame nigmaliqiie de Bottez, a le don le passionner le public parisien. On si l'Ile, on se dispute, on applaudit ; c'est un succs.

D LE BOULEVARDU TEMPLE Le ) novembre 18o0, Dennery

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el Marc Four-'

CARTOUCHE Tin-r.iit ACIL- t-tr.-ef Oeisa (m ) >OL-HO FERDINAND DUGU D'ENNRItY ADOLPHE LT MM. I8&8 LA tt r fAfu,LI c (iniaMt LALviutA te* TvltTuccure, 'jMtctstuE rou'K n.-is, PREMIER BOURGEOIS MU.JIASMS. CARTOIXHE MU.DiriAwr. VietMB. C0URCE0I5 r-f-Ai. DEUXIME CRlfUCHON Uiu.tr. PiHt- L'OFFICIER BEAUDOHN Cil. FRANOIS Mr~A. MMCLAL. JEANNETTE LE OMTE C DORDESSAN I.*euti. DE GRANDL1EU DMOII. LE ilu ntl MARQUIS.' rtitti- Df-mn. L01J15E ut. UNE PAYSANNE Ht MARCHANDE M-MILM. lier G DEGRANDIJEU, PREMIRE ALUMPII. CHARLOT, rijiia Ltmr. DEUXIMELEURS Uontu vcleur L'VEILLE, HeMiEiic. F MARCHANDE USE PAYSANNE tAmJtS, FIASCH-JCS t>r AtlCQAMStt, ftlttltstij, jtuot-SoLSAIS DE HTSAM, i>!tm DOUBLEMAIN, ET, IrnL-tf LHJ-CIL!.- AiCttl-Otl, tUCll WTOUFLET, 0C1GC0IJ, GERM AIN Ami. VU OLEUR V timn CEMAIIW. ttmtteiie* Bthll (.rrttrMUli.nfirt*rt nier firent reprsenter la Gail le drame clbre, Paillasse oit Frederick Lcmalre obtint un immense succs. Gel admirable acteur, qui tenait 8

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ANCIENS THTRES PARIS DE

sans conteste

le premier rang parmi les artistes de son poque, avait d quitter le dramatiques thtre tic la Porle-Sainl-Marlin aprs une faillite de la direction. Kngag la Gail, Frederick y avait transport son rpertoire : le Chiffonnier de Paris. Don Csar de Bazan, Trente Ans ou la Vie d'un joueur. Paillasse ; la pice nouvelle lui permit d'enregistrer un nouveau triomphe. Il faut lire les loges i|tie prodiguent FrdricU les critiques d'alors, pour comprendre quelle plaire tenait ce prodigieux artiste sur ht scne parisienne : < 11 faudrait, lit A. Vacqtierie dans l'Evnement, un gnie, gal celui le Frederick pour traduire en paroles frappantes sa cration comme il a traduit celle les auteurs en sanglots dchirants el on gestes inous. " La pice, s'crie dans le Sicle Maillait d tle Fiennes, c'est Frederick... Cet homme, avec le gnie du cieur, a gagn hier au soir, devant le peuple, la cause le l'humanit. Allez voir Paillasse, crit enfin .1. Janiu dans les Dbats, et vous serez comme la salle entire, attentive, excite, curieuse, suspendue aux lvres tle cet homme... C'est, un vnement, ce Frederick, dans ce nouveau rle! Il est remont d'un seul bond toute sa hauteur ! Quel homme ! Paillasse obtint cent conscutives, succs jusqu'alors reprsentations sans prcdent ! Puis vint le fameux Courrier de Lyon, le triomphe de Paulin Mnier. Ce drame si pittoresque, si amusant, fut reprsent le 10 mars 1850 : admirable-

D LE BOULEVARD U TEMPLE

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ment jou cl mis en scne, il passionna Paris. C'csl que Paulin Mnier avait cr, dans Chopard (ma-

LE

LYON DE COURRIER DRAME ACTES TABLEAUX BN HUIT CINQ ET

r MM.MORE,VU, S1IUUDIN DELACOUK LA ro.HA*. otn cuti, 1 trnt-iTt. r*wiUA u rot-AT-Li ttii834roc* DISTHIBtlTIO't DE PICE.. LA UX. OtitErit M US ARON ........ .MMu G DtFERME /EHOMELBCRQITFS t.tM*-..iUNORmiE*. pt Rient Ct-niLn UNAfcl-O* C OGECR DF. CAIB. : SUF^C.^1!^" : : : : : : : 1 R. ?;\'.'.'. '-'.'.' Fisc.* Coran OS GFJ.T. V DIOSF.R. '. .'."-".'." Ai*. UN Rwwn A fOUOUET. Hi-iai. . A'o.iin UNOURREAU Roi-n -GIULIER. LAMftF.RT. UN H DBXONT. tur t tt-tc. H An Rimi DIUX GENDARMES MAGUURF. *Fiui P=IJ2ILI Lttetil. SCMILII USRLTRE F DAPP-ESTON r.Jir.it JEAf.SE i,iai.,iit ctiorpAHD. . . rw Bten. JULIE MAURE . . . WFi..MO. COURRIOL. BIWUT. DU DEtjsreF*3ssu. p Aiixiitit LALfSl'KQUES K uLU: r*ap son personnage et dessiner une silhouette de la plus pittoresque faon, atteignit dans celle cration de. Chopnrd la perfection dramaliipie. Plusieurs milliers de repr-

DU LE IJOULEVARD TEMPLE

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senlalions n'ont pas puis la vogue lu Courrier de Lyon, cl Paulin Mnicr s'y est fait applaudir jus-

LES COSAQUES ENINQ ET FJT N DKAY;ACTES T.\UI>\IX C JUD1CIS .T ARNAUXTLOUIS MAI. ALIII. vntttir 165J. tt LA L ktrilii.Mt. A ro. riAI, rittiTar mit.it 21 toi rMmLnA it DrLA prcepxsTniB-D-noN MARIE LI OMTE MM. A"it. i usGARON ( MM. C UANZARQFF o-. DEJOURNAUX.-H.U-.^ US ARCIUND | CAF. MicRice. *nm. .tru. UN DE X OCUVEAC FAtir>Mr>ii timit PANEL Am M. | UNlNrAST NIPL.A>MILT ; ..M V OUA rin lAOJCEVIN Ci.-mMT.Jttt. E**- M" RO>VTCH ULANCHARD . U.icn LZ OLOSEL C ARQUIS luMIU-ContiT-l. LOUISE LE DE EAUFEU -T*n*. H M Ii>*tr MARIONBORODINO M. fcUSCOK Jeu A*^.. >. Ceuis'. t1* KROKATOICOFF *"'J*"* o l"i)Ut>, -!, J.pfojJ. OSEUSE-HOMME LmuA. Fitnirr Hmilrm-j niatt-n-ri. J AUlMOPE. TB.UAT.- AU H Ii-nwi io-li.UFj-..a.. Htm-en Fts.j,. t* Ult.Trc^ti. **TANIEJT . - ." . R"* fart.on /ftriir i UVOFFiaEIlDECOSAQUES. HJHIM

qu' sa mort en 1898. Lon Nol, qui reprit son rle, a fidlement copi son illustre devancier, et nous

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ne saurions trop en fliciter ce comdien de talent; ct de Paulin Mnier, Lacressonnire crait, tle merveilleuse faon le double rle de LcsurcjueDubosc cl ce remarquable artiste, y obtint le plus lgitime succs. Puis la Gal repri'senla el nous ne citons que les grands succs le Mdecin des enfants, avec Laferrirc, et les Cosaques, o Paulin Mnier traa d'une faon remarquable la silhouette d'un vieux grognard picpie. On raconte qu'un soir o le thtre donnait une reprsentation qui comportait non seulement les Cosaques, mais encore, le Sonneur de SainlPauldix actes! la troupe s'y tait prpare par un copieux djeuner. Quelques llcs taient visiblement l'envers, quelques langues taient, lourdes, si bien que le public s'en aperut; l'on murmurait; un grincheux s'cria mme: "C'est honteux! Un Lili indulgent sauva la situation par ce mol plein de bonhomie : Eh bien cjuoi !... a arrive tout le monde... N't'pale pas cl vas-y, mon vieux Bedforl ! Cartouche, la Petite Pologne, les Pirates de la Savane, les Crochets du pre Martin, le Canal Saint-Martin, les Bohmiens et, enfin, d'amusantes feries, dont les Sept Chteaux du Diable, les Cinq Cents Diables, etc., amnent pendant de longues annes le public la Gal. A ct du thAlre il y avait, bien entendu, le Caf de la Gail, o se runissaient les artistes du thtre, les petites femmes de la figuration, les amateurs, les marchands de billets, etc., cl Fr. Febvrc nous conte

LE BOULEVARD TEMPLE DU avec infiniment d'esprit une charmante donl ce caf fui l'objet.

91 anecdote

FUALDS ML-UCZ CTES, EH A ETUIT dSQ S TABLEAUX YAK MM-DUPEUTYET GRANGE CEAATTX, ISIS. LC AUiEsnit rUMiticA se* THEATHEU1* roi* u Miunr rots,mis, tr ELA MI-milCTIO!! riscti 1 Huc-iii rrAii'ES M.CIAUWAAP.MA^ON BASTiUE fillePicc.1 Jl 'AI. le Sctmu. MADAME JAl-SION INVIT EaaAKcu. MADELEINE, .-.UM. LE OUTE C PASCAL DEA1ST-ANDE01_ S &OCT. PnEMIER DEUXIEME UPIERRE DitA-mi. UNE INVITE .....1 ItoiuT. 0REFF1ER ANDRE, 4c oilJf> Piti*. jootnr F .. Dfctuctm. IISDAME. d'oi-pie Atx-ifB UNAMBOUR". f FMWI T OMESTIQUE M- rM** uniteir REMV, SAUVEIERRE BAHOST.US 5U1PIJCE. FAI11*1 L CMA-ALCTD KitAetpll, 11. AISL GA3MASU, LA BANCAL FF.UME Km' tc-ni Itadtt, 4SI7 te ptttt tu *An Lrkonvet. U Laippirtient deI r41i I on 'Anlolfioei. druai rti A Le&le BAOCJI remploi r de Aj |>rtmj. contrer chez nous... Ce sont nos Irlandais, Madame! On se rptait son observation au directeur, qui, en sa prsence, avait successivement obtenu d'un jeune homme, fort riche el prt tous les sacrifices pour arriver se voir reprsent, une subvention, des dcors neufs, tin prt immdiat, d'argent. Le malheureux^ auteur ayant finalement, loul accept, tout sign^"' o 1^

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loul donn, allait sortir du cabinet directorial. Frederick alors se prcipita devant la porte el cria, les bras en croix : Comment vous laissez d''j sortir Monsieur... el. il a encore sa montre!... C'est lui, toujours lui, qui, le soir d'une premire interreprsenta lion, roge son (ils, respecel admirai if. tueux Comment m'avez-vous trouv, mon fils? Admirable. El. que pensait la salle? Elle vous admirait. Alors vous ne voyez aucune observation me faire, aucune crilique m'adresser ? Pas une. vous fuies parfait. Hien non plus FlIKDKIIir.K DANS I.EMAITIIK, . L'AI:III:UC.E HESAIUIKTS redire aux costumes? Splcndides el pittoresques! Cherchez bien. Mon Dieu ! peut-tre le parapluie que vous portiez sous le bras tait-il d'un bleu un peu criard... Hein! quoi! le bleu de mon parapluie criard!! Ce fut ma meilleure trouvaille, tu n'y connais rien... F... le camp, imbcile! Robert Macaire obtint le plus vif succs, et les Folies-Dramatiques

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connurent les ivresses du maximum. Mourier, le directeur, fil. fortune et mourut en 1857. Tom Ilarel,

LOEIL

CREVE ACTES. MCSIC\LE TROIS BOUFFONNERIE EN PAROLES& MUSIQUEDE M. HERV. LE 12OCTOBRE 18G7. AU FOLIE S,Al'ARIS, H~RSNTE FOISTHEATRE S-DRAMATIQUE POUR U--M-REMIRE DES eicr do JOBEAC-S.VlVt AUTTS.d"orcbe*tre. SI. SI. DlreeUoo l._- Atcxandr-E Cf>aO^.S3CE>5^|-5^r^C2a^21S3 3 CcstL LA . AUIi CROMMIL r.cxt. MAIQU15 XAMCC LE .... MILBM. COPEAU tu.axt. iJ..*.tr. ni oi:n ECLOMNE tMe T MAftQllS MMCIL. ROI'SSIN Mikiti. MAUETTF. ALEMMiI(lVOR . SfBMicu. L^ni-: LE BAILLI IlLutit.. 1.Al-YMJ.LE FRANOISE t:*o S ir.u__ IlutxuCM. ERNEST covMts. u;r.iu:n SIM"" Coins t MMWiMTTF. A ne Am. LE nrc REMK.I, bl lu Ur-pili. FIJMI, Sot CHAVASSUS DE NOULESSE. Arlnltri5,pjysiniw. JuU* 8**. .iLMM. FLEL'H A etUjnJfetijua le neveu de la clbre M"'; George, lui succda; c'est sous sa direclion (]ue, le 15 juillet 1862, les Folies-Dramatiques donnrent leur dernire reprsentation au boulevard du Temple. Ce thtre

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dut disparatre devant le pic tles dmolisseurs el fut transport, -iO, rue tle Bondy, sur l'emplacement qu'il occupe encore actuellement. - Frederick Lematre y l'ail une nouvelle apparition, reprend une partie de ses anciens mies el y cre le Pre Gchette, le 13 juin 1867. Pendant des annes le thtre cherche sa voie, jouant les comdies, les feries, des mlodrames, jusqu'au jour o l'oprelle s'y installa! (.'."est l qu'Herv triompha avec l'Oiil crev, le Petit Faust, les Turcs, Chilpric.'... Que de jolies opretles oui vu le jour sur celle petite scne : la Fille de Madame Angol, les Cloches de Corneville, Jeanne, Jeannette et Jcannelon el, pour ne citer que le (dus rcent succs, nommons le Billet de logement, o Jeanne Leriche fui si spirituellement amusante. C'est le la farci; un peu lourde, un peu vulgaire, mais pii nous rappelle les gais propos tle Taconnel, le Panant el de Vad qui triomphrent, jadis aux premires heures tle succs du boulevaril du Temple. Le boulevard du Temple, on le voit, lail noblement partag. A celle poque, une vritable pliade d'artistes de talent s'y tlispulaienl la laveur du public. Le premier de Ions, e'lail, bien entendu, Frederick Lematre, celle vivante incarnation de l'art dramatique; puis venaient Bocage, Laferrire, Mlingue, alors ses dbuis; Ligier, Lockroy, Jemma, Sainl-Ernest, Francisque, an, Francisqm; jeune, Delaislrc, Moessard, Chilly, Paulin Mnier, Boulin, M1"- George, M""- Dorval, M""--Moreau-

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Sainti, M"c Ida, M"e Noblel, Clarisse Miroy, Lontinc, Thodcrine Mliiiguc, elc. Les petits thtres, si amusants jadis, avaient disparu ; les baraques avaient t supprimes, les parades ne racolaient plus les badauds de Paris. Finiscesdialogucs tranges dont Bobche cl Galimafr avaient ilonn de si bizarres chantillons: abolis, ces vaudevilles stupfiants dont l'un commenait parcelle phrase reste lgemlaire, el cjue proun domesnonait liepie seul en scne au lever du rideau : Allons, bon, encore une punaise suTbcurre ! Main" la Marquise qu'est si sur sa bouche, qu'est-ce qu'elle .M.UOEUOISEI.l.E LASSEXY. va dire en apprenant L'OEII. CltEVK . a ! ! Ou encore (c'tait au Pelil-Lazari el le marquis (quel marquis!!) saluait en ces termes la comtesse (c(uclle comtesse!!) : Ah! comlesse, tous mes compliments, la belle fle! un municipal la porle, des llcurs dans l'escalier, du veau l'entresol ! ! El toujours votre loge l'Ambigu... Mtin! Quel luxe! 9*

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Tout le rpertoire, nous apprend le trs aimable et trs rudit Arthur Pougin, tait dans ce got. MmeSaqui seule demeurait et continuait dans son petit thtre, compris entre les Funambules et le promener sur la corde qui traverPetit-Lasary, sait le thtre, reliant la scne la galerie sula prieure, brouette clbre renfermant son enfant, aux frntiques applaudissements des spectateurs. M"'e d'ailSaqui, leurs, ajoute encore Pougin ', ne badinait pas MADAHF SAQUI. avec son public. Celte femme originale, doue d'une rare force musculaire, n'hsitait pas, si elle entendait quelque bruit ou quelque querelle, aller elle-mme rtablir l'ordre troubl. Une pelisse jete sur son costume, elle empoignait le perturbateur, le secouait avec vigueur et le jetait la porte avec tous les gards dus a son rang. i. A. Pougin, Acteurs el Actricesd'autrefois. Juven, 10,rue Saint-Joseph.

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Hugo et Dumas triomphaient la Porte-SaintMartin. Les deux thtres de drame du boulevard du Temple, la Gal et l'Ambigu, avaientaussi leurs auteurs succs, leurs spectateurs fidles, et une troupe vraiment exceptionnelle : Bouchardy, Anicet Bourgeois, Paul Foucher, Michel Masson, Alboize et Dennery faisaient reprsenter pendant vingt ans tous ces drames clbres dont bien des noms ont survcu : Lazare le Paire, le Sonneur de Saint-Paul, Gaspardo le pcheur, Jean le Cocher, Paris le Bohim'ettfirentla fortune de Bouchardy, dont les drames crits la hte, mais d'une vritable puissance dramatique, captivaient l'me des spectateurs. Il faut avouer que le dialogue tait parfois trange. C'est cette phrase dans l'un d'eux que l'on entendait qu'a retenue Ludovic Halvy : Prends pour fuir ce sentier connu de Dieu seul. Ou encore : Dieu m'a donn deux armes terribles pour combattre mes ennemis : la fuite et la rsignation. Th. Gautier disait de lui : Bouchardy tait une puissante individualit, une nature vraiment originale; il avait au plus haut degr le gnie de la combinaison dramatique... Ce qui lui manqua toujours,c'est le style, cet mail qui rend ternelles les oeuvres qu'il revt. Toute proportion garde, il tait peu prs Hugo ce que Marlowe est Shakespeare.

Thtre des Funambules. Le grand Deburau. Cli. Deburau.

Depuis 1830, le nombre des salles de spectacle avait encore augment : le Thtre Lazari s'tait ouvraient leurs agrandi, les Folies-Dramatiques portes le 22 janvier 1831, et ds 1810 l'ancien Th/ilre des Chiens savants, o jouaient de vritables chiens en costumes du xvinc sicle, marquis museau noir, duchesses pattes blanches, mousquetaires ttes de grillons, tait devenu Thtre des Funambules. On y dansait sur la corde, on y jonglait, on y excutait le jeu les couteaux et la grande baloudc anglaise ; puis on y mla des combats outrance, au sabre et l'hache, cl c'est une des causes premires du mlodrame en France ! car ces combats eurent un succs fou. Nous reproduisons,

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d'aprs le beau livre de.J. Janin, l'Histoire du the'dtre quatre sous pour faire suite l'histoire du Thtre Franais, une des affiches la main de celle poque. GRANDTHTRE DES FUNAMBULES I-AII Ai;joi;iui"iii:i. EXTISAOISIUNAIUE IX IXl.NXKIt.X Ismi.l.AXTK CM: HEl'IiSENlATION DU DU SIGE CHATEAU PANTOMIME MILITAIRE PYKOTECIINI ET OUE nr.NV: iiiicoim xi:u/:< .n DE IU-:I'I;SI-:XTENT UNE MOXJACXI: AYE'-. CIIA.\";K.MICNT A VIE TRAVESTISSEMENTS ETMTAMnliPIl'SlCS SAIME OiSTEMES AVE:CY>.1//;.17>'J7 A 'JEATHE XEUES MAI'.CIIES FANIAUES. ICYfiI.li'IOXS MILITAIP.ES ET icxi'i.axiox AI: TA LE H AI: JIXA/.E Il y aura une reprsentation :i heures une ;> une 7 el une i ENTISEZ. MESSIIXIS,... Vijlli;A 1"AUT Puis, le spectacle se modifia ; soudain le succs s'abattit sur ce petit thtre, et les Funambules ne dsemplissaient pas. C'est qu'un artiste admirable avait su passionner Paris. Dans une petite salle, mal claire, mal are, mal odorante, un acteur tait justement acclam. On venait admirer Pierrot : Pierrot, celait le beau,

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Deburau. le gracieux, le svclle Jean-Gaspard Cet incomparable comdien, crit Th. de Banville dans ses Souveni?-s, avait loul ce qu'il faut pour charmer le peuple, car il tait peuple par sa naissance, par sa pauvret, par son gnie, par sa

I.Kiiori.KV.\i:i) TEMPLE IS20. nu VEISS navet d'enfant: mais aussi il rpondait au besoin d'lgance et de splendeur qui existe dans les mes primitives, et il n'y eut, jamais duc ou prince qui sut aussi bien (pie lui baiser la main d'une femme... Les gamins du paradis lui jetaient des oranges et il les ramassait, les mettait dans ses poches avec une joie enfantine, heureux de faire mnage avec eux et, de jouer la dnette, cl, la minute d'aprs, il tait un prince ddaigneux, un magnifique don Juan, jouant la scne avec Charlott