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| ve. 2 juin 20h | récital – en partenariat avec les grands interprètes ANNE QUEFFÉLEC SATIE & COMPAGNIE

ANNE QUEFFÉLEC SATIE & COMPAGNIE | ve. 2 · Érik Satie (1866-1925) Gnossienne n° 1 Maurice Ravel (1875-1937) À la manière de… Emmanuel Chabrier Érik Satie Gymnopédie n°

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Page 1: ANNE QUEFFÉLEC SATIE & COMPAGNIE | ve. 2 · Érik Satie (1866-1925) Gnossienne n° 1 Maurice Ravel (1875-1937) À la manière de… Emmanuel Chabrier Érik Satie Gymnopédie n°

| ve. 2 juin 20h | récital – en partenariat avec les grands interprètes

ANNE QUEFFÉLECSATIE & COMPAGNIE

Page 2: ANNE QUEFFÉLEC SATIE & COMPAGNIE | ve. 2 · Érik Satie (1866-1925) Gnossienne n° 1 Maurice Ravel (1875-1937) À la manière de… Emmanuel Chabrier Érik Satie Gymnopédie n°

Interlude propose un service de bar et de restauration légère avant et après le concert et pendant l’éventuel entracte.

Nous vous rappelons néanmoins qu’il est interdit d’emporter toute boisson et toute nourriture en salle.

Retrouvez Luc Hernandez et ses invités dans «Les Trésors cachés de l’ONL» sur RCF (88.4 & RCF.fr) les deux premiers lundis de chaque mois à 20 heures.

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L’Auditorium-Orchestre national de Lyon est un établissement de la Ville de Lyon, subventionné par l’État, soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.Licences n° 1064009–1064010–1064011 – Photo couverture : Nelson Freire © M. Hennek

Érik Satie (1866-1925)Gnossienne n° 1

Maurice Ravel (1875-1937)À la manière de… Emmanuel Chabrier

Érik Satie Gymnopédie n° 1

Francis Poulenc (1899-1963)«Pastourelle», extraite de L’Éventail de Jeanne

Déodat de Séverac (1872-1921)«Où l’on entend une veille boîte à musique», extrait d’En vacances

Érik Satie Gnossienne n° 3

Reynaldo Hahn (1875-1947)«Hivernale» et «Le Banc songeur», extraits du Rossignol éperdu

Claude Debussy (1862-1918)«Clair de lune», extrait de la Suite bergamasque

Gabriel Dupont (1878-1914)«Après-midi de dimanche», extrait des Heures dolentes

Érik SatieGymnopédie n° 3

Charles Koechlin (1867-1950)«Chant de pêcheurs», extrait de Paysages et marines, op. 63

Florent Schmitt (1870-1958)«Glas», extrait de Musiques intimes, op. 29

— Entracte —

Maurice RavelMiroirsI. Noctuelles / II. Oiseaux tristes / III. Une barque sur l’océan /

IV. Alborada del Gracioso / V. La Vallée des cloches

Anne Queffélec, piano

1re partie : 50 min

2e partie : 30 min

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«Je suis venu au monde très jeune dans un temps très vieux.» Cet aphorisme d’Érik Satie introduit parfaitement ce programme dédié à des pages célèbres ou secrètes du piano français choisies par Anne Queffélec. Les premières œuvres pour piano de Satie, composées à la fin du xixe siècle, semblent aussi modernes que celle de ses collègues plus jeunes et continuent à fasciner actuellement. Ce compositeur pétri de paradoxes jouit de nos jours d’une célébrité qu’il n’aurait jamais espérée de son vivant. Ses Gymnopédies et certaines Gnossiennes figurent parmi les œuvres les plus jouées par les concertistes comme les pianistes amateurs, et sont populaires auprès d’un public bien plus large que celui de la «musique classique» (on les trouve même comme musiques de jeux vidéo !). Sans doute leur aspect méditatif, dépouillé et hors du temps séduit-il l’oreille de nos contemporains.

Satie était en en décalage avec la musique de son temps, si l’on songe à la surcharge «fin de siècle» d’une certaine musique française, de Chausson à Vincent d’Indy (auprès de qui Satie est pourtant retourné se former, à l’âge de presque quarante ans, à la Schola Cantorum !). Il admirait son contemporain Debussy, qui

apportait un véritable renouveau en faisant entrer la lumière des paysages impressionnistes dans les salles de concert, le son de la flûte du faune «le cul dans l ’herbe» et «le vent qui passe et nous raconte l ’histoire du monde…». Debussy avait de l’estime pour Satie, au point d’orchestrer deux des trois Gymnopédies pour faire mieux connaître son ami, «musicien médiéval et doux, égaré dans ce siècle». Mais Satie n’était pas dupe et ressentait douloureusement la distance qui le séparait de son contemporain  : «Pourquoi ne veut-il pas me laisser une toute petite place dans son ombre ? Je n’ai que faire du soleil.» De ses renoncements intimes, Satie a fait vertu de simplicité, par l’ascèse et l’humour. Plus tard, en 1911, il est redécouvert par Ravel, qui joue ses œuvres au piano, qui en orchestre certaines et voit en lui un «précurseur» de la nouvelle musique. Satie devient en quelque sorte malgré lui le porte-drapeau de nouvelles esthétiques qu’il n’a pas inventées, mais auxquelles il apporte sa caution bienveillante et quelque peu désabusée. Les «Nouveaux Jeunes» de 1917, devenus ensuite le groupe des Six, et plus tard les compositeurs de l’école d’Arcueil, fondée en 1923, se réclament de lui. Après avoir dans sa période mystique côtoyé les Symbolistes, il

sera associé à la modernité «surréaliste» (dixit Apollinaire) du ballet Parade, en collaborant avec Cocteau, Picasso et les Ballets russes de Diaghilev (1917), et au mouvement dada, en composant la musique du ballet Relâche, argument et décors de Francis Picabia (1924). Plus tard, d’autres avant-gardes se réclameront encore de lui (minimalisme, musique répétitive, ambient music…), attestant de son actualité toujours vivante.

Dans ce programme, Anne Queffelec met en regard quelques pages parmi les plus célèbres pour piano d’Érik Satie avec des pièces de ses contemporains, miniatures choisies avec délectation. C’est aussi l’occasion de découvrir de petites merveilles imaginées par des compositeurs moins connus de la Belle Époque de la musique française. On y retrouvera, écrit-elle, «ce que l ’on a coutume d’appeler le génie français, concision, délicatesse, clarté, retenue, refus de la boursouflure, rien en elles “qui pèse ou qui pose”».

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Érik SatieGymnopédies (1888) et Gnossiennes (1890)Érik Satie n’avait que vingt-deux ans quand il composa ses trois Gymnopédies, bientôt suivies pas les Gnossiennes. Ces titres énigmatiques et précieux ont beaucoup intrigué. Le terme de «gymnopédie» désigne dans l’Antiquité une danse exécutée à Lacédémone par des hommes ou des enfants nus. Mais il s’y joue surtout ici une mélancolie profonde (indications «Lent et triste», «Lent et grave»), sur un rythme obsédant et invariable de valse lente. La frêle mélodie modale qui va nue sur des accords juxtaposés aux dissonances non résolues habite à jamais nos mémoires. La signification de «gnossienne» reste non élucidée  : elle a peut-être rapport avec la connaissance, ou plutôt sa recherche («Questionnez», demande la première…). Sur la partition commencent à apparaître des indications énigmatiques, des injonctions incongrues à l’intention du pianiste  : «Très luisant», «Postulez en vous-même» «Ouvrez la tête»… La notation fascine par l’absence de barres de mesure, alors que le rythme de la main gauche, d’une absolue régularité, est profondément lancinant. L’harmonie à base

d’accords parfaits mineurs juxtaposés est on ne peut plus dépouillée. Les mélodies graciles se teintent de mélismes orientaux qui agissent sur l’auditeur comme par hypnose.

Maurice RavelÀ la manière de… Emmanuel Chabrier (1912-1913)Alfredo Casella, qui avait été un condisciple de Ravel au Conservatoire de Paris, avait composé une série de pastiches musicaux pour piano, forts réussis. Pour une deuxième série, il sollicita son ami Ravel, qui se prit au jeu et écrivit deux «à la manière de» d’après des compositeurs qu’il admirait : le Russe Alexandre Borodine et le très Français Emmanuel Chabrier. C’était «une façon de leur rendre avec humour ce qu’il a pu jadis leur emprunter» (Guy Sacre). Cet exercice demande une compréhension affûtée du style de chacun, des dons de caméléon, et suppose chez l’auditeur une connivence musicale nourrie de souvenirs précis. Le goût du pastiche, qui est comme une seconde nature chez Ravel (dans l ’Enfant et les Sortilèges par exemple), va très loin à propos de Chabrier. La pièce est sous-titrée «Paraphrase sur un air de Gounod». En effet, Ravel imagine que Chabrier s’est emparé du thème des couplets

de Siebel au deuxième acte de Faust, «Faites-lui mes aveux…», et qu’il le traite à sa manière, avec beaucoup de charme, coquetterie et humour. Il s’agit donc du «pastiche d’un pastiche», pour notre plus grand plaisir !

Francis PoulencPastourelle (1927)Cette pièce est tirée de L’Éventail de Jeanne, œuvre qui réunit dix pièces de Maurice Ravel, Pierre-Octave Ferroud, Jacques Ibert, Roland-Manuel, Marcel Delannoy, Albert Roussel, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Georges Auric et Florent Schmitt. À l’origine, il s’agissait d’un ballet commandé par Jeanne Dubost, professeur de danse, pour un petit spectacle donné par ses élèves. La création de cet «Éventail» eut lieu chez Jeanne, avec Ravel au piano, le 16 juin 1927. Les jeunes élèves portaient des costumes de contes de fées. Le ballet fut ensuite orchestré et créé à l’Opéra de Paris en 1929. La «Pastourelle» est une mélodie ingénue et naïve qui peut faire penser aux scènes pastorales stylisées sur de la toile de Jouy. Mais, au moment de conclure, le Poulenc ennemi de tout rubato apparaît, et s’éclipse dans un mystérieux staccato.

Déodat de SéveracOù l’on entend une veille boîte à musique (1911)Ce compositeur formé auprès de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum quitta Paris le lendemain de la fin de ses études pour retourner s’installer dans son midi natal, affirmant résolument son régionalisme. Sa musique ensoleillée fleure bon les senteurs de la terre occitane, les «lauriers roses» ; on y rencontre des «baigneuses au soleil» et on imagine de délicieuses vacances. En vacances est précisément le titre d’un recueil dédié à l’enfance qu’il compose en le plaçant sous l’ «Invocation à Schumann» (première pièce). Ces scènes d’enfants situées «Au château et dans le parc» voient arriver de «Petites voisines en visite», on se déguise, on joue à la ronde sous le regard bienveillant de Grand-maman. Et puis, on découvre un petit trésor : le son ténu et cristallin d’une vielle boîte à musique qui suscite l’émerveillement.

Reynaldo HahnHivernale – Le Banc songeur (1908-1910)Reynaldo Hahn n’est pas seulement l’auteur de l’opérette Ciboulette et le compositeur de mélodies françaises pleines de charme qu’il chantait dans les salons parisiens en s’accompagnant lui-même au piano. Il composa également pour le piano solo, essentiellement pendant la Belle Époque, et Le Rossignol éperdu est son œuvre majeure en ce domaine. Ces cinquante-trois pièces sous-titrées «Poèmes», regroupées en quatre suites, sont de véritables mélodies sans paroles, scènes de genres, croquis de voyages, fragments de journal intime… «Ce recueil est presque entièrement écrit avec des larmes» confiait-il à ses proches. Une mélancolie profonde s’exprime dans l’extraordinaire «Hivernale» (n° 52), page au rythme hésitant et transi (notée à 7 temps) et dans «Le Banc songeur» (n° 49), contemplation immobile.Quel plus bel hommage pouvait-être rendu au compositeur que celui de son ami Marcel Proust  : «Cet “instrument de musique de génie” qui s’appelle Reynaldo Hahn étreint tous les cœurs, mouille tous les yeux, dans le frisson d’admiration qu’il propage au loin et qui nous fait trembler, nous courbe tous l ’un après l ’autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation des blés sous le vent.» (Le Figaro, 11 mai 1903)

Claude DebussyClair de lune (1890) Il n’est plus besoin de présenter cette page célébrissime qui est connue sous de multiples arrangements qui parfois la dénaturent. Dans sa simplicité délicate, la version originale pour piano, extraite de la Suite bergamasque, exprime toute la poésie verlainienne de ce «paysage choisi».

Gabriel DupontAprès-midi de dimanche (1903-1905)Les Heures dolentes, d’où est extraite cette pièce, est la plus importante des deux suites pour piano composées par Gabriel Dupont. Les quatorze moments qui la composent (près d’une heure de musique) évoquent les heures vécues par un malade reclus dans sa chambre, sensible aux

«Cette promenade dans un

jardin à la française musical

ne se veut pas un parcours

raisonnable et mesuré,

respectant un ordre donné

mais une flânerie dans un

paysage riche de fantaisie, de

rêve, de chemins secrets, de

“plaisirs furtifs”, de clairs-

obscurs, d’émotion... Maîtres

du mystère en pleine lumière,

les musiciens français nous

invitent à traverser les

“Miroirs”. Sous les “Reflets”,

les eaux sont profondes.»

(A. Q.)

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une belle prend bien garde de se montrer. Les crépitements des notes répétées, les rythmes de danse faisant claquer les talons, l’éblouissante virtuosité pianistique traduisent la fièvre, l’ivresse, toute la passion de l’Andalousie. Enfin, «La Vallée des cloches» est une étude d’espace sonore habitée de douces résonances et de tintements épars. Le titre fait penser à une vallée alpine, mais Ravel a raconté que l’idée lui en était venue en entendant les cloches des différentes églises parisiennes sonnant à midi. —Isabelle Rouard

Anne Queffélec, pianoConsidérée unanimement comme l’une des pianistes les plus remarquables de notre temps, Anne Queffélec jouit d’une notoriété internationale et d’un rayonnement exceptionnel sur la vie musicale.Après des études au Conservatoire de Paris, elle reçoit à Vienne l’enseignement de Paul Badura-Skoda, de Jörg Demus et surtout d’Alfred Brendel. Les succès remportés dans les concours internationaux de Munich et Leeds ne tardent pas à faire d’elle une soliste invitée à travers le monde.Plébiscitée en Europe, au Japon, à Hong-Kong, au Canada, aux États-Unis, elle joue sous la direction de grands chefs et avec des orchestres tels que les Orchestres symphonique, philharmonique et Philharmonia de Londres, l’Academy of St. Martin-in-the-Fields, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, l’Orchestre de chambre de Pologne, l’Orchestre de chambre de Lausanne, l’Orchestre symphonique de la NHK (Tokyo), l’Ensemble Kanazawa, l’Orchestre philharmonique de Hongkong, l’Orchestre national de France, l’Orchestre philharmonique de Radio France, l’Orchestre philharmonique de Prague, la Kremerata baltica.Elle a participé à la bande sonore d’Amadeus, sous la direction de Neville Marriner, a donné l’intégrale des sonates de Mozart en direct sur France Musique lors du Festival de La Roque-d’Anthéron, confirmant son affinité passionnée avec l’univers mozartien. Anne Queffélec est à l’affiche de nombreux festivals français et étrangers.À la scène comme pour ses enregistrements, Anne Queffélec cultive un répertoire éclectique qui va de Händel à Dutilleux. Elle a réalisé plus de trente enregistrements chez Erato, Virgin Classics et Mirare.Parmi ses derniers disques, citons Satie & Compagnie chez Mirare (Diapason d’or de l’année 2013), un double CD Ravel/Debussy/Fauré (Erato, 2014) et Ombre et Lumière, consacré à Domenico Scarlatti (Mirare, 2015). Ces derniers disques rencontrent eux aussi un immense succès et ont été distingués tous deux par un Diapason d’or.

moindres variations de la lumière, aux bruits de la maison, au temps qu’il fait dehors. Parfois une visite amicale ou le moment des soins viennent rompre la monotonie du temps qui s’écoule trop lentement. Parfois aussi, la douleur est là, la mort rôde avec le délire et la fièvre. C’était le destin de Gabriel Dupont, emporté par la tuberculose à l’âge de trente-six ans. L’«Après-midi du dimanche» est évoqué «Dans un sentiment de mélancolie intime», mais bientôt le joyeux carillon des vêpres tinte dans le lointain, comme un souvenir ou un rêve.

Charles KoechlinChant de pêcheurs op. 63 n° 10 (1916)«L’esprit de mon œuvre et celui de toute ma vie est surtout un esprit de liberté.» Cette épitaphe que Charles Koechlin a voulu faire graver sur sa propre tombe résume la démarche de ce créateur farouchement indépendant de toute école et de tout système. Son érudition et sa science orchestrale, qu’il a transmises par ses œuvres et de monumentaux traités qui font toujours référence de nos jours, laissent dans l’ombre une production pour piano plus secrète, dépourvue de virtuosité extérieure. La lenteur, l’immobilité, le mystère, l’espace entre les notes, les sonorités harmoniques inédites, l’étrangeté de la notation souvent étagée sur trois portées et dépourvue de barres de mesures surprennent le pianiste qui découvre le recueil Paysages et Marines. L’une des sources d’inspiration de Kœchlin est le chant populaire : «Les sources folkloriques, écrit le compositeur, désaltèrent et rafraîchissent, comme une eau de jouvence délicieuse.» Le Chant des pêcheurs ressasse une mélodie fruste et obsédante, sur une houle d’accords qui enfle peu à peu puis décroît comme la marée.

Florent SchmittGlas, op. 29 n° 6 (1904) Voici un autre musicien «indépendant», inclassable et fécond. Il a rassemblé dans deux recueils de Musiques intimes quelques pages d’un style personnel, aux titres laconiques et mystérieux, qui évoquent souvent des sonorités orchestrales. Glas fait effectivement entendre une cloche funèbre qui se rapproche peu à peu, d’où

naît un motif obsédant doublé d’harmoniques suraigus d’une étrange fausseté, et une «mélopée plaintive et lointaine» d’une tristesse infinie.

Maurice RavelMiroirs (1904-1906)«Les Miroirs forment un recueil de pièces pour le piano qui marquent dans mon évolution harmonique un changement assez considérable pour avoir décontenancé les musiciens les plus accoutumés jusqu’alors à ma manière. [...]. Le titre des Miroirs a autorisé mes critiques à compter ce recueil parmi les ouvrages qui participent du mouvement dit impressionniste. Je n’y contredis point, si l ’on entend parler par analogie. Analogie assez fugitive d’ailleurs, puisque l ’impressionnisme ne semble avoir aucun sens précis en dehors de la peinture. Ce mot de miroir en tout état de cause ne doit pas laisser supposer chez moi la volonté d’affirmer une théorie subjectiviste de l ’art.» (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928)Les cinq pièces qui composent ce recueil sont autant de «sites auriculaires» paradoxaux, élaborés avec la plus grande minutie en vue de créer des effets inouïs. Le magicien Ravel y déploie toute sa science des harmonies, des sonorités, des rythmes et des résonances. «Noctuelles» peint le vol imprévisible et feutré des papillons de nuit, d’une légèreté impalpable. «Oiseaux tristes» évoque, d’après Ravel «des oiseaux perdus dans la torpeur d’une forêt très sombre, aux heures les plus chaudes de l ’été». L’atmosphère étouffante des harmonies dissonantes évoque une jungle vénéneuse, des frôlements, des appels, des attentes, un accablement général. «Une barque sur l’océan» est la pièce la plus impressionniste du recueil, évoquant l’élément liquide, le vent, l’écume et le miroitement de la lumière. Toute ruisselante d’arpèges, c’est une étude de fluidité, de flux et de reflux, de scintillement. La pièce la plus célèbre du recueil, «Alborada del Gracioso», tranche nettement avec ces sortilèges impalpables par sa netteté truculente. Ravel renoue avec son inspiration espagnole pour faire le portrait-charge d’un bouffon maigre et sec, pinçant les cordes de sa guitare et lançant un chant emphatique et ridicule sous un balcon où

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Pour mener à bien l’ensemble de ses missions, l’Auditorium-Orchestre national de Lyon bénéficie du soutien d’une nouvelle fondation, la Fondation philharmonique.

fondation philharmoniqueCercle des mécènes de l’Auditorium- Orchestre national de Lyon

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Fondation philharmonique Auditorium-Orchestre national de Lyon 84, rue de Bonnel – 69003 Lyon

Contact mécénat : Céline [email protected]

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LUNDI 19 JUIN

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ABONNEMENTS & RÉSERVATIONS 04 78 95 95 95

| me. 7 juin 20h | je. 8 juin 20h

| ve. 9 juin 20h | sa. 10 juin 18hciné-concertTHE ARTIST LIVE IN CONCERT

Michel Hazanavicius The ArtistFrance, 2011, 1h40, N&B / avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell, Penelope Ann MillerMusique originale de Ludovic Bource

Orchestre national de Lyon Ernst van Tiel, direction

Tarif : de 16 € à 48 € / réduit : de 8 € à 41 €

| ve. 16 juin 20hsymphoniqueANNE-SOPHIE MUTTER LEONARD SLATKIN

Edward Elgar Symphonie n° 1, en la bémol majeur, op. 55 Tōru Takemitsu Nostalghia, pour violon et orchestre à cordes Felix Mendelssohn Bartholdy Concerto pour violon en mi mineur, op. 64

Orchestre national de Lyon Leonard Slatkin, direction Anne-Sophie Mutter, violon

Tarif : de 30 € à 68 € / réduit : de 8 € à 62 €

| ma. 27 juin 20hjeune publicCHANTIERS DE LA CRÉATION MUSICALE

La Clé d’argentMusique de Fabien Waksman

Écoles Les Anémones, François-Auguste-Ravier et Anatole-France de Lyon Musiciens de l’Orchestre national de Lyon

Gratuit

www.auditorium-lyon.com

prochainementSauf mention contraire, les concerts ont lieu à l’Auditorium.

The Artist © La Petite Reine - Studio 37 - La Classe américaine - JD Prod / DR