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ARCHIAS, ᾿Αρχίας. Cicéron, dans son discours pro Archia, nous a transmis les principales circonstances de la vie de ce poète. A peine Archias était sorti de l'enfance, qu'il s'essaya dans l'art d'écrire. Antioche vit ses premiers succès. Né dans cette ville de Syrie, 119 ans avant notre ère, il éclipsa de bonne heure ses rivaux par l'éclat de ses talents. Bientôt les autres contrées de l'Asie et de la Grèce se disputèrent l'honneur de le posséder et de l'entendre. Alors florissaient dans toute l'Italie les sciences et les arts de la Grèce. Aussi Tarente, Rhége, Naples, s'empressèrent d'accorder à Archias, avec le droit de cité, tous les privilèges qui en dépendent. Âgé de moins de dix-sept ans, mais précédé de la plus brillante réputation, il vint à Rome sous le quatrième consulat de Marius (1). La maison des Lucullus l'y accueillit ; et ce qui fait l'éloge de son caractère et de ses vertus, c'est au sein de cette même famille qu'il parvint à la vieillesse, honoré de l'amitié des plus illustres personnages de la république. A vingt- sept ans, Archias suivit en Sicile Lucius Licinius Lucullus, et en revint avec lui par Héraclée. Comme cette ville tenait le premier rang parmi les villes fédérées, il désira d'y être inscrit au nombre des citoyens. Ce fut sans peine qu'il obtint cette faveur. C'est alors sans doute que, par reconnaissance pour son illustre patron, il prit le nom de Licinius, et se fit appeler Aulus-Licinius Archias. Trois ans après, il fut porté une loi qui accordait le titre et les droits de citoyen romain à tous ceux qui, inscrits sur les registres civiques d'une des villes fédérées, auraient leur domicile en Italie, et feraient, dans le délai de soixante jours, leur déclaration au préteur. Archias fit sa déclaration et devint citoyen romain. Il partit l'année suivante pour l'Asie avec le même Lucullus, nommé questeur, et y resta sept ans. Il l'accompagna encore dans la guerre contre Mithridate (2). Depuis vingt-huit ans il jouissait du droit de cité romaine, lorsqu'un de ses ennemis lui contesta son titre. L'affaire fut portée devant le prêteur Q. Cicéron, frère du

ARCHIAS

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ARCHIAS, ᾿Αρχίας.Cicéron, dans son discours pro Archia, nous a transmis les principales circonstances de la vie de ce poète. A peine Archias était sorti de l'enfance, qu'il s'essaya dans l'art d'écrire. Antioche vit ses premiers succès. Né dans cette ville de Syrie, 119 ans avant notre ère, il éclipsa de bonne heure ses rivaux par l'éclat de ses talents. Bientôt les autres contrées de l'Asie et de la Grèce se disputèrent l'honneur de le posséder et de l'entendre. Alors florissaient dans toute l'Italie les sciences et les arts de la Grèce. Aussi Tarente, Rhége, Naples, s'empressèrent d'accorder à Archias, avec le droit de cité, tous les privilèges qui en dépendent. Âgé de moins de dix-sept ans, mais précédé de la plus brillante réputation, il vint à Rome sous le quatrième consulat de Marius (1). La maison des Lucullus l'y accueillit ; et ce qui fait l'éloge de son caractère et de ses vertus, c'est au sein de cette même famille qu'il parvint à la vieillesse, honoré de l'amitié des plus illustres personnages de la république. A vingt-sept ans, Archias suivit en Sicile Lucius Licinius Lucullus, et en revint avec lui par Héraclée. Comme cette ville tenait le premier rang parmi les villes fédérées, il désira d'y être inscrit au nombre des citoyens. Ce fut sans peine qu'il obtint cette faveur. C'est alors sans doute que, par reconnaissance pour son illustre patron, il prit le nom de Licinius, et se fit appeler Aulus-Licinius Archias. Trois ans après, il fut porté une loi qui accordait le titre et les droits de citoyen romain à tous ceux qui, inscrits sur les registres civiques d'une des villes fédérées, auraient leur domicile en Italie, et feraient, dans le délai de soixante jours, leur déclaration au préteur. Archias fit sa déclaration et devint citoyen romain. Il partit l'année suivante pour l'Asie avec le même Lucullus, nommé questeur, et y resta sept ans. Il l'accompagna encore dans la guerre contre Mithridate (2). Depuis vingt-huit ans il jouissait du droit de cité romaine, lorsqu'un de ses ennemis lui contesta son titre. L'affaire fut portée devant le prêteur Q. Cicéron, frère du grand orateur; celui-ci défendit Archias son maître et son ami, et il est probable qu'il gagna la cause. On ignore la suite de la vie de ce poète, mais on sait qu'il paya la généreuse adoption de Rome en célébrant ses grands hommes et ses victoires. La guerre Cimbrique, la guerre de Mithridate, l'éloge de Roscius, le consulat de Cicéron sont ses principaux ouvrages ; mais le temps ne nous en a rien laissé que les titres. Ce serait une perte peu regrettable s'il en fallait luger par les trente-cinq épigrammes recueillies et conservées dans les Anthologies de Planude et de Céphalas. Les seules vraiment saillantes sont : sur un sanglier de Calydon en bronze (3) ; sur une statue de Priape élevée près du Bosphore de Thrace (4), sur une hirondelle qui avait fait son nid dans un tableau de Médée (5); sur Diogène le Cynique, voulant passer l'Achéron (6). Le reste est faible d'idée, de style, et sans originalité. Archias pourtant jouissait à Rome d'une réputation immense comme poète ; c'est que sans doute il y était regardé comme le panégyriste de la gloire nationale. Cicéron lui-même, chanté par Archias, a pu s'abandonner aux illusions de la reconnaissance et de la vanité. Assurément sans le plaidoyer prononcé pour sa défense, et qui renferme la plus belle apologie de la poésie et des lettres, la mémoire du poète d'Antioche serait presque oubliée, et chose assez remarquable, c'est à Cicéron qui lui-même fondait sur les vers d'Archias ses espérances d'immortalité, que ce poète doit toute sa gloire.

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ARCHIAS,

ARCHIAS, .

Cicron, dans son discours pro Archia, nous a transmis les principales circonstances de la vie de ce pote. A peine Archias tait sorti de l'enfance, qu'il s'essaya dans l'art d'crire. Antioche vit ses premiers succs. N dans cette ville de Syrie, 119 ans avant notre re, il clipsa de bonne heure ses rivaux par l'clat de ses talents. Bientt les autres contres de l'Asie et de la Grce se disputrent l'honneur de le possder et de l'entendre. Alors florissaient dans toute l'Italie les sciences et les arts de la Grce. Aussi Tarente, Rhge, Naples, s'empressrent d'accorder Archias, avec le droit de cit, tous les privilges qui en dpendent. g de moins de dix-sept ans, mais prcd de la plus brillante rputation, il vint Rome sous le quatrime consulat de Marius (1). La maison des Lucullus l'y accueillit ; et ce qui fait l'loge de son caractre et de ses vertus, c'est au sein de cette mme famille qu'il parvint la vieillesse, honor de l'amiti des plus illustres personnages de la rpublique. A vingt-sept ans, Archias suivit en Sicile Lucius Licinius Lucullus, et en revint avec lui par Hracle. Comme cette ville tenait le premier rang parmi les villes fdres, il dsira d'y tre inscrit au nombre des citoyens. Ce fut sans peine qu'il obtint cette faveur. C'est alors sans doute que, par reconnaissance pour son illustre patron, il prit le nom de Licinius, et se fit appeler Aulus-Licinius Archias. Trois ans aprs, il fut port une loi qui accordait le titre et les droits de citoyen romain tous ceux qui, inscrits sur les registres civiques d'une des villes fdres, auraient leur domicile en Italie, et feraient, dans le dlai de soixante jours, leur dclaration au prteur. Archias fit sa dclaration et devint citoyen romain. Il partit l'anne suivante pour l'Asie avec le mme Lucullus, nomm questeur, et y resta sept ans. Il l'accompagna encore dans la guerre contre Mithridate (2). Depuis vingt-huit ans il jouissait du droit de cit romaine, lorsqu'un de ses ennemis lui contesta son titre. L'affaire fut porte devant le prteur Q. Cicron, frre du grand orateur; celui-ci dfendit Archias son matre et son ami, et il est probable qu'il gagna la cause. On ignore la suite de la vie de ce pote, mais on sait qu'il paya la gnreuse adoption de Rome en clbrant ses grands hommes et ses victoires. La guerre Cimbrique, la guerre de Mithridate, l'loge de Roscius, le consulat de Cicron sont ses principaux ouvrages ; mais le temps ne nous en a rien laiss que les titres. Ce serait une perte peu regrettable s'il en fallait luger par les trente-cinq pigrammes recueillies et conserves dans les Anthologies de Planude et de Cphalas. Les seules vraiment saillantes sont : sur un sanglier de Calydon en bronze (3) ; sur une statue de Priape leve prs du Bosphore de Thrace (4), sur une hirondelle qui avait fait son nid dans un tableau de Mde (5); sur Diogne le Cynique, voulant passer l'Achron (6). Le reste est faible d'ide, de style, et sans originalit. Archias pourtant jouissait Rome d'une rputation immense comme pote ; c'est que sans doute il y tait regard comme le pangyriste de la gloire nationale. Cicron lui-mme, chant par Archias, a pu s'abandonner aux illusions de la reconnaissance et de la vanit. Assurment sans le plaidoyer prononc pour sa dfense, et qui renferme la plus belle apologie de la posie et des lettres, la mmoire du pote d'Antioche serait presque oublie, et chose assez remarquable, c'est Cicron qui lui-mme fondait sur les vers d'Archias ses esprances d'immortalit, que ce pote doit toute sa gloire.

De l'introduction au discours pro Archia par M. Victor Leclerc, nous extrayons un passage o se rvlent le got, le talent du spirituel et savant traducteur de Cicron, o surtout Archias est apprci sa juste valeur.

Archias se montre de temps en temps le digne successeur de Lonidas, d'Antipater et de Mlagre. Il a peu d'invention, et il copie ses devanciers; mais on lui accorde l'lgance et la puret du style. Ce n'est pas une chose aise de donner une ide de ces petites compositions ; presque toutes, formes d'ides communes, et ne valant que par le choix et l'arrangement des mots, chappent au traducteur dont la langue ne peut pas toujours rendre ce luxe d'harmonie et ce calcul de syllabes. J'essayerai cependant quelques imitations.

Hercule vainqueur du lion, , Planude, 94.

Habitants de Nme, enfin des jours plus doux

Dans le calme et la paix vont s'couler pour vous.

Le lion, qui longtemps dsola ce rivage,

Exhale aux pieds d'Alcide une impuissante rage.

Allez, pasteurs; rendez la voix des chos

Le bruit de vos chansons, les bonds de vos troupeaux.

Et toi, dont les mortels bnissent la victoire,

Que Junon te contemple et pardonne ta gloire.

Ces souvenirs mythologiques, trop commodes pour une imagination paresseuse, font quelquefois place, dans les pigrammes d'Archias, des ides morales nergiquement exprimes.

, VIII, 139.

Hector tomba ; Pergame oublia la victoire.

Alexandre n'est plus ; Pella pleure sa gloire.

Un hros de son peuple est l'honneur et l'appui ;

Le hros disparat et son peuple avec lui.

Ailleurs, c'est une petite scne philosophique dj saisie par d'autres potes ; mais dans le texte l'imitateur a peut-tre surpass ses modles.

, VIII, 68.

Nocher des morts, toi que charment les pleurs,

Toi qui nous fais passer le fleuve des douleurs,

Quoique ta barque semble pleine,

Diogne t'attend ; prends aussi Diogne.

Tiens, voici mon bton, mon manteau, ma besace;

J'ai mme une obole pour toi ;

Mais c'tait tout mon bien, et chez l'humaine race

Je ne laisse rien aprs moi.

"Combien de fois, dit Cicron en parlant d'Archias, l'ai-je vu exprimer les mmes choses en changeant les mots et les phrases ! " C'est l un bien petit mrite. Il nous reste un exemple de cette facilit.

Offrandes Pan, , VI, 16, 179, 180, 181.

Trois frres, trois chasseurs, que l'amiti rassemble

Sont venus, dieu Pan, te consacrer ensemble

Les instruments de leurs travaux :

Pigrs, les lacs trompeurs o tombent les oiseaux ;

Damis, ses toiles redoutables ;

Et Clitor, les filets qu'il lana sur les eaux.

Daigne, dieu Pan, leur rendre favorable

L'air, la terre et les flots.

Croirait-on que le pote a la patience de rendre cette mme ide de quatre manires diffrentes, dans quatre pigrammes conscutives, o il abuse des synonymes de la plus riche des langues pour rebattre ces frivolits ? Telle tait donc alors cette nation qui avait produit Homre et Alexandre ! Virgile naissait. Cicron disputait Athnes la palme de l'loquence, Csar songeait l'empire du monde, et le Grec oisif cherchait des paroles pour ne rien dire.

(1) 103 ans av. J. C.

(2) 75 ans av. J. C.

(3) Anth.plan. 94.

(4) Anth. palat, X, 7.

(5) IX, 346.

(6) Vlll, 68.

1. 5.58

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58. ARCHIAS. - Petit amour, tu me cribles outrance. Sur mon coeur puise donc ton carquois, sans y laisser un seul trait, afin que seul je prisse sous tes coups, et que, si tu veux blesser quelque autre coeur, tu n'aies plus de flche.

2. 5.59

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59. LE MME. - Fuis l'Amour. Peine inutile ! Comment pied chapper un dieu qui pour te poursuivre a des ailes ?

3. AHON, 5.98

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98. ARCHIAS. - Tends ton arc, Cypris, mais vise un autre but : je n'ai pas un endroit que tu n'aies cribl de tes traits.

4. 6.16

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16. ARCHIAS. - A toi, Pan, sont offerts par trois frres ces dons divers de trois sortes de filets : Damis, te ddie ses filets de chasse ; Pigrs, ses filets d'oisellerie ; Clitor, ses filets de pche. Que, grce toi, l'un soit habile et heureux dans l'air, l'autre sur les flots, l'autre dans les bois.

5. 6.39

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39. ARCHIAS. - O Minerve, les filles de Xuthus et de Mlit, Satyr, Hracle, Euphro, toutes trois de Samos, te consacrent l'une, sa longue quenouille, avec le fuseau qui obissait ses doigts pour se charger des fils les plus dlis ; l'autre, sa navette harmonieuse qui fabrique les toiles au tissu serr ; la troisime, sa corbeille avec ses belles pelotes de laine, instruments de travail qui, jusqu' la vieillesse, ont soutenu leur laborieuse vie. Voil, auguste desse, les offrandes de tes pieuses ouvrires.

6. 6.179

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179. ARCHIAS. - Trois frres ont suspendu cette rustique statue de Pan les filets qui les font vivre dans leur diverse profession. Pigrs a offert un lacet dont les noeuds bien travaills saisissent par leur cou les oiseaux ; Damis a offert des rets o se prennent les quadrupdes des bois ; et Clitor, un pervier fatal aux poissons. Dieu propice, envoie-leur ton tour dans l'air, dans la mer et sur terre, une abondante proie qui tombe dans leurs filets.

7. 6.180

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180. LE MME. - Trois frres t'ont consacr, Pan, les attributs du mtier par eux exerc sur les montagnes, dans l'air et sur les flots. Clitor t'a offert ces filets de pche ; Pigrs , ces filets d'oiseleur ; Damis, ces filets de chasse. Dans leurs explorations terrestres, ariennes, maritimes, dieu des chasseurs, sois-leur, comme par le pass, propice et secourable.

8. 6.181

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181. LE MME. - O pan, qui habites la montagne, trois frres t'ont consacr ici chacun les instruments de sa profession : Pigrs, ses filets d'oisellerie ; Damis, ses filets de chasse ; Clitor, ses filets de pche. Que l'un dans les bois, que l'autre dans les chasses ariennes, que le troisime dans les flots aient des filets qui ne manquent jamais leur proie.

9. 6.192

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192. ARCHIAS. - Phintyle consacre Priape ces vieux dbris de filets, ces nasses, un hameon crochu attach son crin de cheval, pige inaperu des poissons, un trs long roseau, un lige qui surnage toujours, indicateur des engins de pche cachs sous les eaux. Car il ne foule plus de ses pieds les roches de la plage, il ne dort plus sur les bords de la mer, bris qu'il est par les fatigues et par l'ge.

10. 6.195

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195. ARCHIAS. - Miccos de Pallne consacre Minerve la Troyenne cette flte de Mars aux sons clatants, avec laquelle nagure il a charm les oreilles au thtre et dans les combats, soit qu'il donnt le signal de la guerre, soit qu'il jout les fantares de la paix.

11. 6.207

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207. ARCHIAS. - Bitinna offre ces sandales ; Philnis, le rseau de pourpre qui retenait ses longs cheveux ; la blonde Anticle, l'ventail qui tempre par des brises l'excs de la chaleur ; Hracle, son voile aussi transparent et lger que la toile d'Arachn; Aristotlie, la fille d'Aristote, le beau serpent entortill dont elle parait le bas de sa jambe. Telles sont, Cypris, desse de l'hymne, les brillantes offrandes que te consacrent de jeunes filles, du mme ge et du mme pays, du nome de Naucrate.

12. 7.68

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68. ARCHIAS. - Nocher de Pluton, que rjouissent les larmes des passagers que tu transportes sur les eaux profondes de l'Achron, bien que ta barque soit dj charge d'ombres, ne me laisse pas sur la rive, moi Diogne le chien. Je n'ai qu'une fiole, un bton, un manteau et l'obole pour te payer mon passage. Mort, je n'apporte ici rien de plus que ce que j'avais vivant : je n'ai rien laiss sous le soleil.

13. 7.140

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140. ARCHIAS. - Stle, dis-nous le pre du dfunt, son nom, sa patrie, quel. destin il a succomb. - Son pre est Priam ; sa patrie Ilion ; son nom Hector ; il est mort en combattant pour sa patrie.

14. 7.147

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147. ARCHIAS. - Seul en ligne, couvrant les morts de ton bouclier, tu as soutenu, Ajax, un rude combat prs de la flotte contre l'arme troyenne. Tu n'as recul ni devant le bruit des pierres, ni devant la grle des flches, ni devant le feu, ni devant les javelots, ni devant le choc des pes ; mais tu es rest l aussi ferme qu'un roc, qu'une citadelle, bravant l'ouragan de la mle. Si la Grce ne t'a pas dcern les armes d'Achille comme une rcompense proportionne ton courage, la faute en est aux Parques qui l'ont ainsi voulu, afin que tu ne tombasses sous les coups d'aucun ennemi, afin que tu ne prisses que de ta propre main.

15. [ , ] 7.165

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165. LE MME ou ARCHIAS. -Dis, femme, qui es-tu ? - Praxo. - De qui es-tu fille ? - De Callitle. - O es-tu ne ? - A Samos. - Qui t'a construit ce monument ? - Thocrite, celui lui me prit pour pouse. - Comment es-tu morte ? - En couches. - Ayant quel ge ? - Vingt-deux ans. - Laisses-tu un enfant ? - Un tout petit enfant, Callitle qui a trois ans. - Puisse-t-il arriver au terme de la carrire dans la classe des vieillards ! - Et toi, passant, que la fortune te donne tout ce qu'on souhaite en cette vie !

16. 7.191

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191. ARCHIAS. - Moi qui tant de fois ai rivalis avec les chansons des bergers, des bcherons et des pcheurs, et dont la voix railleuse a si souvent contrefait, comme un cho, leurs paroles et leurs chants, me voil, pauvre pie, gisante, muette et sans voir, ne pouvant plus rien imiter.

17. 7.213

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213. ARCHIAS. - Nagure pose sur un vert rameau de pica ou sur la cime ombreuse d'un pin harmonieuse cigale, tu chantais ton air aux bergers sur tes flancs, avec tes pattes, plus agrablement que sur une lyre ; mais des fourmis t'ont rencontre sur leur route, t'ont vaincue, et maintenant les tnbres inopines du Styx t'enveloppent. Si tu as succomb, il ne faut pas trop s'en indigner : le prince des potes, Homre n'a-t-il pas t tu par des nigmes de pcheurs ?

18. 7.214

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214. LE MME. - En traversant comme un trait l'abme bouillonnant des mers, dauphin, tu n'effrayeras plus les bandes de poissons ; tu ne feras plus jaillir l'onde amre autour des navires en dansant aux sons d'une flte harmonieuse ; tu ne prendras plus sur ton dos couvert d'cume les Nrides, tu ne les transporteras plus aux limites de l'empire de Tthys ; car, dans une affreuse tempte, le vent du midi t'a jet sur la plage, o tu ressembles un dbris du promontoire de Male.

19. 7.278

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278. ARCHIAS. - Moi Thris, naufrag que les flots ont jet la cte, je n'oublierai pas mme aprs ma mort les rivages o l'on ne peut dormir. Car sous des rochers battus par les vagues, prs de la mer en fureur, j'ai obtenu de mains trangres un tombeau. Mais toujours, et jusque chez les morts, infortun j'entends le bruit odieux de la mer frmissante. L'enfer mme ne me donne pas le calme et le sommeil ; car seul, mme aprs le trpas, je ne repose pas dans un tombeau tranquille.

20. [] 7.696

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696. ARCHIAS. - Te voil pendu, malheureux, ce pin pais o ta dpouille velue est le jouet des vents. Pendu ! aussi pourquoi as-tu provoqu Apollon une lutte ingale, Satyre, toi qui habites [non le ciel, mais] les rochers de Clnes ? Et nous, Nymphes, nous n'entendrons plus sur les monts phrygiens, comme autrefois, les doux sons de ta flte.

21. [] 9.19

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19. ARCHIAS. - Le coursier qui autrefois, digne de son nom d'aigle, clipsait tous ses rivaux, qui devanait le vol des vents ails, dont les jambes taient pares de bandelettes triomphantes, que Pytho, clbre par son oracle, que Nme, la nourrice du lion terrible, que Pise et l'Isthme au double rivage ont honor de leurs couronnes, maintenant enchan par le cou un carcan en guise de frein, broie les pis de Crs sous une rude pierre qu'il trane. Son sort est semblable celui d'Hercule : ce demi-dieu, aprs avoir accompli de nombreux exploits, n'a-t-il pas subi le joug de l'esclavage ?

22. , 9.27

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27. ARCHIAS ou PARMNION. - En silence ou en m'invoquant passe devant moi cho, qui parle et ne parle pas : je rpte ce que j'entends. Oui, je te renverrai le mot que tu auras dit, et ton silence je rpondrai par le silence. Est-il une langue plus loyale que la mienne ?

23. , 9.64

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64. ASCLPIADE OU ARCHIAS. - Les Muses t'ont vu, Hsiode, conduisant tes troupeaux par d'pres montagnes, en plein midi, et toutes, pour te protger contre la chaleur, t'ont prsent un rameau sacr d'olivier avec son beau feuillage. Elles t'ont donn aussi boire de l'eau de la fontaine d'Hlicon que fit jaillir autrefois le pied du cheval ail ; et c'est abreuv de cette onde que tu as chant la race des immortels, les travaux des champs, et la gnalogie des anciens hros, demi-dieux.

24. 9.91

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91. ARCHIAS. - Mercure, qui habites la ville de Coryce, dieu puissant, salut ! Accepte avec un sourire propice cette modeste offrande.

25. [] 9.111

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111. ARCHIAS. - Louons les Thraces qui pleurent sur leurs fils, lorsque, du sein de leur mre, ils arrivent la lumire du jour, et qui, au contraire, prconisent le bonheur de tous ceux qu'enlve avant le temps le Trpas, ministre des Parques. Ceux en effet, qui vivent, passent travers des maux de toute sorte, et ceux qui meurent en ont trouv l'infaillible remde.

26. [] 9.339

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339. ARCHIAS. - Un corbeau aux noires ailes, du haut des airs o il planait, vit un scorpion qui sortait de terre, et s'lana pour le prendre. Mais au moment o il touchait la terre, le scorpion, qui n'est pas lent, le pique la patte de son dard acr ; et de cette blessure il mourut aussitt. Voil comme, en machinant la mort d'un autre, de cet autre mme l'infortun a reu la mort.

27. 9.343

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343. ARCHIAS. - Un merle et deux grives, poursuivis par dessus une haie, entrrent dans les rseaux peine visibles d'un filet. L'invitable noeud se resserra sur les grives, le merle seul s'chappa. Sainte et privilgie est la race des chanteurs. Aussi les piges mmes, tout sourds qu'ils sont, ont grandement soin des oiseaux qui chantent.

28. 9.750

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750. ARCHIAS. Sur des boeufs en cachet. - En regardant ton doigt les boeufs et le jaspe de cette bague, tu croirais voir les uns respirer et l'autre verdir comme du gazon.

29. 10.7

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7. ARCHIAS. - Sur ce rocher que battent les flots, des matelots m'ont plac, moi Priape, comme gardien du Bosphore de Thrace. Que de fois, passant, je suis venu leur aide quand ils m'invoquaient, amenant le doux zphyr dans leurs voiles ! Aussi tu verras que mon autel, et c'est justice, ne manque ni de la fume des sacrifices ni de couronnes printanires, mais que le feu y brle sans cesse, que sans cesse l'encens le parfume. Or ce que les dieux prfrent aux hcatombes, c'est un culte permanent.

30. 10.8

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8. LE MME. - Moi, humble et petit Priape, j'habite une jete que la mer baigne de ses flots, et jamais les mouettes n'ont eu peur de moi ; avec une tte pointue, et sans pieds, je suis tel que, sur une plage solitaire , pouvaient me sculpter de pauvres pcheurs ; mais si quelque pcheur au filet ou la ligne m'appelle son secours, j'arrive plus prompt que le vent ; je surveille aussi les navires en pril sur les flots. Assurment c'est par leurs services, non par leur forme, que les dieux se font connatre [et aimer].

31. 10.9

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9. ANONYME. - Pcheurs, qui avez garni de ses avirons la petite barque,... [implorez-moi, moi] Priape, dont la statue peu haute est domine par les joncs ; puis allez dployer en mer vos filets ; et lorsque vous aurez pris beaucoup de bogues et de scares, sans parler des sardines, honorez le dieu glauque, plac dans la fort [de joncs], qui vous signale la proie, et offrez-lui une assez bonne part de votre pche.

32. [] 10.10

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10. ARCHIAS LE JEUNE. - Les pcheurs m'ont plac sur cette roche unie, moi Pan, le Pan protecteur des rivages, ici le gardien de criques d'un accs facile. Aussi je prends soin tantt des nasses et des filets, tantt des pcheurs mmes de ces parages. Allons, tranger, double cette roche et longe la cte. En reconnaissance de l'hommage que j'ai reu, je t'enverrai en poupe un vent doux et propice.

33. 15.51

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34. 16. 94

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94. ARCHIAS. Sur Hercule vainqueur du lion de Nme. - Laboureurs de la plaine de Nme, ne redoutez plus les rugissements du lion qui dvorait vos boeufs : il est tomb sous l'treinte d'Hercule, touff dans ses bras vigoureux. Conduisez aux champs vos troupeaux. Que de nouveau la desse qui habite la valle solitaire, cho, entende leurs mugissements et toi qui t'es par de la peau du lion, de nouveau prends le bouclier, et par d'autres exploits calme la colre de ta martre Junon.

35. [, ] 16. 154

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154. LUCIEN ou ARCHIAS. - Passant, tu vois cho qui se plat dans les rochers, la compagne et l'amie de Pan, qui rpte les mots, en reproduit le son, image parlante de toutes les voix, doux jeu des bergers. Ayant entendu ce que tu auras dit, va-t'en.

36. 16.179

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179. ARCHIAS. - Apelles vit Cypris, toute nue, sortant du sein des ondes o elle avait t conue, et il l'a reprsente pressant encore de ses belles mains les tresses de sa chevelure toute humide de l'cume des mers.

37.

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ACRATUS, .

Acratus le grammairien ne nous est connu que par le ttrastique sur Hector que l'Anthologie lui attribue, , VII, 138. C'est une pigramme d'une facture ingnieuse.

38. AKHATO AMMATIKO 7.139

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138. ACRATE LE GRAMMAIRIEN. - Hector que citent chaque page les posies homriques comme la plus forte tour du rempart bti par les dieux, avec toi Monide a suspendu ses chants. A peine as-tu cess de vivre que le pome de l'Iliade s'arrte et se tait.

139. ANONYME. - Troie mourut avec Hector ; elle ne lutta pas plus longtemps avec les Grecs qui l'assaillaient. Pella prit avec Alexandre. Les cits sont glorifies par les hommes ; nous autres hommes, nous ne le sommes pas par les cits.