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ARCHYTAS FRAGMENTS. FRAGMENTS MÉTAPHYSIQUES.[1] FRAGMENT 1. Il y a nécessairement deux principes des êtres, l'un renfermant la série des êtres ordonnés et finis, l'autre la série des êtres désordonnés et infinis. L'une susceptible d'être exprimée par la parole, et dont on peut rendre compte,[2] embrasse les êtres, et en même temps détermine et ramène à l'ordre le non être. Car toutes les fois qu'elle s'approche des choses du devenir, elle les amène à l'ordre et à la mesure, et les fait participer à l'essence et à la forme de l'universel. [3] Au contraire la série des êtres qui se dérobent à la parole et à la raison, porte atteinte aux choses ordonnées, détruit celles qui aspirent à l'essence et au devenir ; car toutes les fois qu'elle s'approche d'elles, elle les assimile à sa propre nature. Mais puisqu'il y a deux principes des choses de genre contraire, l'un principe du bien, l'autre principe du mal, il y a nécessairement aussi deux raisons, l'une de la nature bienfaisante, l'autre de la nature malfaisante. C'est pourquoi[4] et les choses qui doivent leur naissance à l'art et celles qui la doivent à la nature doivent avant tout participer de ces deux principes : la forme et la substance.[5]

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ARCHYTASFRAGMENTS.FRAGMENTS MÉTAPHYSIQUES.[1] FRAGMENT 1.Il y a nécessairement deux principes des êtres, l'un renfermant la série des êtres ordonnés et finis, l'autre la série des êtres désordonnés et infinis. L'une susceptible d'être exprimée par la parole, et dont on peut rendre compte,[2] embrasse les êtres, et en même temps détermine et ramène à l'ordre le non être.Car toutes les fois qu'elle s'approche des choses du devenir, elle les amène à l'ordre et à la mesure, et les fait participer à l'essence et à la forme de l'universel.[3] Au contraire la série des êtres qui se dérobent à la parole et à la raison, porte atteinte aux choses ordonnées, détruit celles qui aspirent à l'essence et au devenir ; car toutes les fois qu'elle s'approche d'elles, elle les assimile à sa propre nature.Mais puisqu'il y a deux principes des choses de genre contraire, l'un principe du bien, l'autre principe du mal, il y a nécessairement aussi deux raisons, l'une de la nature bienfaisante, l'autre de la nature malfaisante.C'est pourquoi[4] et les choses qui doivent leur naissance à l'art et celles qui la doivent à la nature doivent avant tout participer de ces deux principes : la forme et la substance.[5]La forme est la cause de l'essence:[6] la substance est le substrat qui reçoit la forme. Ni la substance ne peut par elle-même participer à la forme, ni la forme par elle-même s'appliquer à la substance ; il est donc nécessaire qu'il y ait une autre cause qui meuve la substance des choses et l'amène à la forme. Cette cause est première au point de vue de la puissance, et la plus excellente de toutes. Le nom qui lui convient est Dieu. Il y a donc trois principes, Dieu, la substance des choses, la forme. Dieu est l'artiste, le moteur; la substance est la matière,[7] le mobile; l'essence est comme l'art et ce à quoi la substance est amenée par le moteur. Mais puisque le mobile contient des forces qui lui sont contraires à lui-même, — ce sont celles des corps simples—et que les contraires ont besoin d'un principe qui établisse en eux l'harmonie et l'unité, il doit nécessairement recevoir les vertus efficaces et les proportions des nombres, et tout ce qui se manifeste dans les nombres et les formes géométriques, vertus et proportions capables de lier et d'unir dans la forme les contraires qui existent dans la substance des choses. Car, par elle-même, la substance est informe : ce n'est qu'après avoir été mue vers la forme, qu'elle devient I formée et reçoit le rapport rationnel de l'ordre. De même, si le mouvement existe, outre la chose mue, il faut qu'il existe un premier moteur:[8] Il y a donc nécessairement trois principes, la substance des choses, la forme et le principe qui se meut soi-même, et qui est par sa puissance le premier;[9] ce principe non seulement doit être une intelligence: il doit être au-dessus de l'intelligence, et ce qui est au-dessus de l'intelligence, nous l'appelons Dieu.[10]

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Page 1: ARCHYTAS

ARCHYTAS

FRAGMENTS

FRAGMENTS MEacuteTAPHYSIQUES[1]

FRAGMENT 1

Il y a neacutecessairement deux principes des ecirctres lun renfermant la seacuterie des ecirctres ordonneacutes et finis lautre la seacuterie des ecirctres deacutesordonneacutes et infinis Lune susceptible decirctre exprimeacutee par la parole et dont on peut rendre compte[2] embrasse les ecirctres et en mecircme temps deacutetermine et ramegravene agrave lordre le non ecirctre

Car toutes les fois quelle sapproche des choses du devenir elle les amegravene agrave lordre et agrave la mesure et les fait participer agrave lessence et agrave la forme de luniversel[3] Au contraire la seacuterie des ecirctres qui se deacuterobent agrave la parole et agrave la raison porte atteinte aux choses ordonneacutees deacutetruit celles qui aspirent agrave lessence et au devenir car toutes les fois quelle sapproche delles elle les assimile agrave sa propre nature

Mais puisquil y a deux principes des choses de genre contraire lun principe du bien lautre principe du mal il y a neacutecessairement aussi deux raisons lune de la nature bienfaisante lautre de la nature malfaisante

Cest pourquoi[4] et les choses qui doivent leur naissance agrave lart et celles qui la doivent agrave la nature doivent avant tout participer de ces deux principes la forme et la substance[5]

La forme est la cause de lessence[6] la substance est le substrat qui reccediloit la forme Ni la substance ne peut par elle-mecircme participer agrave la forme ni la forme par elle-mecircme sappliquer agrave la substance il est donc neacutecessaire quil y ait une autre cause qui meuve la substance des choses et lamegravene agrave la forme Cette cause est premiegravere au point de vue de la puissance et la plus excellente de toutes Le nom qui lui convient est Dieu Il y a donc trois principes Dieu la substance des choses la forme Dieu est lartiste le moteur la substance est la matiegravere[7] le mobile lessence est comme lart et ce agrave quoi la substance est ameneacutee par le moteur Mais puisque le mobile contient des forces qui lui sont contraires agrave lui-mecircme mdash ce sont celles des

corps simplesmdashet que les contraires ont besoin dun principe qui eacutetablisse en eux lharmonie et luniteacute il doit neacutecessairement recevoir les vertus efficaces et les proportions des nombres et tout ce qui se manifeste dans les nombres et les formes geacuteomeacutetriques vertus et proportions capables de lier et dunir dans la forme les contraires qui existent dans la substance des choses Car par elle-mecircme la substance est informe ce nest quapregraves avoir eacuteteacute mue vers la forme quelle devient I formeacutee et reccediloit le rapport rationnel de lordre De mecircme si le mouvement existe outre la chose mue il faut quil existe un premier moteur[8] Il y a donc neacutecessairement trois principes la substance des choses la forme et le principe qui se meut soi-mecircme et qui est par sa puissance le premier[9] ce principe non seulement doit ecirctre une intelligence il doit ecirctre au-dessus de lintelligence et ce qui est au-dessus de lintelligence nous lappelons Dieu[10]

Il est donc eacutevident que le rapport deacutegaliteacute sapplique agrave lecirctre qui peut ecirctre deacutefini par le langage et par la raison Le rapport dineacutegaliteacute sapplique agrave lecirctre irrationnel et qui ne peut ecirctre fixeacute par le langage cest la substance voilagrave pourquoi tout devenir et toute destruction se produisent dans la substance et ne se produisent pas sans elleFRAGMENT 2[11]

Les philosophes en reacutesumeacute ne commenccedilaient que par des principes pour ainsi dire contraires mais au-dessus de ces deux eacuteleacutements ils en connaissaient un autre supeacuterieur comme latteste Philolauumls qui dit que Dieu a produit ὑουστῆσαι reacutealiseacute le fini et linfini et montreacute quagrave la limite se rattache toute la seacuterie qui a une plus grande affiniteacute avec lUn et agrave linfiniteacute celle qui est au-dessous Ainsi au-dessus des deux principes ils ont placeacute une cause unifiante et supeacuterieure agrave tout Cette cause cest dit Archeacutenegravete[12] la cause avant la cause αἰτίαν πρὸ αἰτίας et dit Philolauumls le principe universelFRAGMENT 3[13]

De quelle uniteacute veux-tu parler est-ce de luniteacute suprecircme ou de luniteacute infiniment petite qui se montre dans les parties En un mot les pythagoriciens distinguent luniteacute et la monade dont un grand nombre des anciens pythagoriciens ont parleacute par exemple Archytas qui dit Lun et la monade ont une affiniteacute de nature mais cependant ils diffegraverent entre euxFRAGMENT 3 bis[14]

Archytas[15] et Philolauumls donnent indiffeacuteremment agrave luniteacute le nom de monade et agrave la monade le nom duniteacute La plupart cependant ajoutent au mot de monade la deacutetermination de premiegravere monade parce quil y a une monade qui nest pas premiegravere et qui est posteacuterieure agrave la monade en soi et agrave luniteacute[16]FRAGMENT 3 ter[17]

Lacircme de lhomme dit Pythagore est un teacutetragone agrave angles droits Archytas au contraire au lieu de donner la deacutefinition de lacircme par le

teacutetragone la mettait dans le cercle par la raison que lacircme est ce qui se meut soi-mecircme et est par une conseacutequence neacutecessaire le premier moteur or le premier moteur est un cercle ou une sphegravere[18]FRAGMENT 3 quater[19]

Platon et Archytas et les autres pythagoriciens preacutetendent quil y a trois parties dans lacircme quils divisent en raison courage et deacutesir[20]FRAGMENT 4[21]

Le commencement de la connaissance des ecirctres est dans les choses qui se produisent en eux De ces choses qui se produisent en eux les unes sont intelligibles les autres sont sensibles celles qui sont intelligibles sont immobiles les autres qui sont sensibles sont mues Le criteacuterium des choses intelligibles est le monde ὁ κόσμος[22] le criteacuterium des choses sensibles est la sensation

Des choses qui ne se manifestent pas dans les ecirctres mecircmes les unes sont la science les autres lopinion la science est immobile lopinion est muable

Il faut en outre admettre ces trois choses le sujet qui juge lobjet qui est jugeacute la regravegle dapregraves laquelle cet objet est jugeacute Ce qui juge est lesprit (ὁ νόος) ou la sensation ce qui est jugeacute est lessence rationnelle (ὁ λόγος)[23] la regravegle du jugement est lacte mecircme qui se produit dans lecirctre[24] qui est ou intelligible ou sensible Lesprit est juge de lessence soit quil se porte vers un ecirctre intelligible soit quil se porte vers un ecirctre sensible Lorsque la raison recherche les choses intelligibles elle se porte vers leacuteleacutement intelligible quand elle recherche les choses sensibles elle se porte vers leacuteleacutement des choses sensibles Voilagrave dougrave viennent ces fausses repreacutesentations graphiques dans les figures et dans les nombres quon voit en geacuteomeacutetrie ces recherches sur les causes et les fins probables qui ont pour objet les ecirctres sujets au devenir et les actes moraux et quon poursuit dans la physiologie et dans la politique Cest en se portant vers leacuteleacutement intelligible que la raison connaicirct que lharmonie[25] est dans le rapport double mais ce fait que le rapport double est consonnant ne nous est attesteacute que par la sensation Dans la meacutecanique la science a pour objet des figures des nombres des proportions cest-agrave-dire des eacuteleacutements rationnels les effets sont perccedilus par la sensation car on ne peut les eacutetudier et les connaicirctre en dehors de la matiegravere et du mouvement En un mot il est impossible de connaicirctre le pourquoi διὰ τί dune chose individuelle si lon na pas dabord saisi par lesprit lessence de la chose individuelle τὸ τί ἐντι ἔκσατον La connaissance de lexistence ὅτι ἔντι et de la qualiteacute οὕτως ἔχει appartient agrave la raison et agrave la sensation agrave la raison toutes les fois que nous exposons la deacutemonstration dune chose par un syllogisme qui conclut

neacutecessairement agrave la sensation tontes les fois que nous faisons attester lessence dune chose par la sensation[26]FRAGMENT 5[27]

La sensation se produit dans le corps la raison dans lacircme Lune est le principe des ecirctres sensibles lantre le principe des ecirctres intelligibles Car la multitude a pour mesure le nombre la longueur le pied la pesanteur et leacutequilibre la balance la regravegle et la mesure de la rectitude dans le sens vertical comme dam le sens longitudinal cest langle droit

Ainsi la sensation est le principe et la mesure des corps la raison le principe et la mesure des ecirctres intelligibles Lune est le principe des ecirctres intelligibles et premiers par nature lrsquoautre le principe des choses sensibles et secondes par nature Car la raison est le principe de notre acircme la sensation le principe de notre corps[28] Lesprit est le juge des objets les plus nobles la sensation des plus utiles La sensation a eacuteteacute creacuteeacutee en vue du corps et pour le servir la raison en vue del lacircme et pour y faire naicirctre la sagesse La raison est le principe de la science la sensation de lopinion δόξα Lune tire son activiteacute des choses sensibles lautre des choses intelligibles Les objets sensibles participent au mouvement et au changement les objets intelligibles participent de limmuabiliteacute et de leacuteterniteacute[29] Il y a analogie entre la sensation et la raison car la sensation a pour objet le sensible et le sensible se meut change et nest jamais identique agrave lui-mecircme aussi comme on peut le voir il devient plus et moins meilleur et pire La raison a pour objet lintelligible or lintelligible est par essence immobile cest pourquoi on ne peut concevoir dans lintelligible ni plus ni moins ni meilleur ni pire et de mecircme que la raison voit lecirctre premier et le paradigme de mecircme la sensation voit limage et le second La raison voit lhomme en soi la sensation voit en eux et le cercle du soleil et les formes des objets artificiels[30] La raison est parfaitement simple et indivisible comme luniteacute et le point il en est de mecircme de lecirctre intelligible Lideacutee[31] nest ni la limite ni la borne du corps elle nest que la figure de lecirctre ce par quoi lecirctre est tandis que la sensation a des parties et est divisible

Des ecirctres les uns sont perccedilus par la sensation les autres par lopinion une troisiegraveme cateacutegorie par la science une derniegravere par la raison

Les corps qui offrent de la reacutesistance sont sensibles lopinion connaicirct ceux qui participent aux ideacutees et en sont comme les images Ainsi tel homme participe de lideacutee dhomme tel triangle de lideacutee de triangle La science a pour objet les accidents neacutecessaires des ideacutees ainsi la geacuteomeacutetrie a pour objet les proprieacuteteacutes des figures la raison connaicirct les ideacutees elles-mecircmes et les principes des sciences et de leurs objets par exemple le cercle le triangle la sphegravere en soi Il y a de mecircme en nous dans notre acircme quatre sortes de

connaissances la penseacutee pure ὁ νόος la science lopinion la sensation deux sont principes du savoir ce sont la penseacutee et la sensation deux en sont la fin ce sont la science et lopinion

Cest toujours le semblable qui est capable de connaicirctre le semblable la raison sait les choses intelligibles la science les choses connaissables lopinion les choses conjecturales la sensation les choses sensibles[32]

Cest pourquoi[33] il faut que la penseacutee seacutelegraveve des choses sensibles aux choses conjecturales des choses conjecturales aux choses connaissables des choses connaissables aux choses intelligibles et celui qui veut connaicirctre la veacuteriteacute sur ces objets doit reacuteunir dans un ensemble harmonieux tous ces moyens et objets de la connaissance[34] Ceci eacutetabli on peut se les repreacutesenter sous limage dune ligne diviseacutee en deux parties eacutegales et dont chacune de ces parties est agrave son tour diviseacutee de la mecircme maniegravere seacuteparons donc ainsi le sensible et divisons-le en deux parties dans la mecircme proportion ces deux parties se distingueront lune par la clarteacute lautre par lobscuriteacute Lune des sections du sensible renferme les images des choses et celles quon aperccediloit dans les eaux et celles quon voit dans les miroirs la seconde section repreacutesente les plantes et les animaux dont la premiegravere donne les images Lintelligible reccediloit une division analogue ougrave les diverses espegraveces de sciences repreacutesentent les images car les geacuteomegravetres commencent par eacutetablir par hypothegravese limpair et le pair les figures les trois espegraveces dangles et tirent de ces hypothegraveses leur science quant aux choses elles-mecircmes ils les laissent de coteacute comme sils les connaissaient quoiquils nen puissent rendre compte ni agrave eux-mecircmes ni aux autres ils emploient les choses sensibles comme images mais ces choses ne sont ni lobjet ni la lin quils se proposent dans leurs recherches et leurs raisonnements qui ne poursuivent que le diamegravetre et le carreacute en soi La seconde section est celle de lintelligible objet de la dialectique elle ne fait pas veacuteritablement dhypothegraveses elle pose des principes dougrave elle seacutelegraveve pour arriver jusquagrave linconditionneacute jusquau principe universel ensuite par un mouvement inverse sattachant agrave ce principe elle descend jusquau terme du raisonnement sans employer un objet sensible et se servant uniquement dideacutees pures On peut aussi par ces quatre divisions analyser les eacutetats de lacircme et donner le nom de Penseacutee au plus eacuteleveacute de Raisonnement au second de Foi au troisiegraveme dImagination au quatriegravemeFRAGMENT 6[35]

Archytas tout au commencement de son livre sur la Sagesse donne ces conseils Dans toutes les choses humaines la sagesse est aussi supeacuterieure que la vue est supeacuterieure aux autres sens du corps que lesprit est supeacuterieur agrave lacircme que le soleil est supeacuterieur aux astres sur la vue est de tous les sens celui qui eacutetend le plus loin son action et nous donne les ideacutees les plus nombreuses Lesprit placeacute au rang suprecircme accomplit son opeacuteration leacutegitime par la raison et le

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 2: ARCHYTAS

corps simplesmdashet que les contraires ont besoin dun principe qui eacutetablisse en eux lharmonie et luniteacute il doit neacutecessairement recevoir les vertus efficaces et les proportions des nombres et tout ce qui se manifeste dans les nombres et les formes geacuteomeacutetriques vertus et proportions capables de lier et dunir dans la forme les contraires qui existent dans la substance des choses Car par elle-mecircme la substance est informe ce nest quapregraves avoir eacuteteacute mue vers la forme quelle devient I formeacutee et reccediloit le rapport rationnel de lordre De mecircme si le mouvement existe outre la chose mue il faut quil existe un premier moteur[8] Il y a donc neacutecessairement trois principes la substance des choses la forme et le principe qui se meut soi-mecircme et qui est par sa puissance le premier[9] ce principe non seulement doit ecirctre une intelligence il doit ecirctre au-dessus de lintelligence et ce qui est au-dessus de lintelligence nous lappelons Dieu[10]

Il est donc eacutevident que le rapport deacutegaliteacute sapplique agrave lecirctre qui peut ecirctre deacutefini par le langage et par la raison Le rapport dineacutegaliteacute sapplique agrave lecirctre irrationnel et qui ne peut ecirctre fixeacute par le langage cest la substance voilagrave pourquoi tout devenir et toute destruction se produisent dans la substance et ne se produisent pas sans elleFRAGMENT 2[11]

Les philosophes en reacutesumeacute ne commenccedilaient que par des principes pour ainsi dire contraires mais au-dessus de ces deux eacuteleacutements ils en connaissaient un autre supeacuterieur comme latteste Philolauumls qui dit que Dieu a produit ὑουστῆσαι reacutealiseacute le fini et linfini et montreacute quagrave la limite se rattache toute la seacuterie qui a une plus grande affiniteacute avec lUn et agrave linfiniteacute celle qui est au-dessous Ainsi au-dessus des deux principes ils ont placeacute une cause unifiante et supeacuterieure agrave tout Cette cause cest dit Archeacutenegravete[12] la cause avant la cause αἰτίαν πρὸ αἰτίας et dit Philolauumls le principe universelFRAGMENT 3[13]

De quelle uniteacute veux-tu parler est-ce de luniteacute suprecircme ou de luniteacute infiniment petite qui se montre dans les parties En un mot les pythagoriciens distinguent luniteacute et la monade dont un grand nombre des anciens pythagoriciens ont parleacute par exemple Archytas qui dit Lun et la monade ont une affiniteacute de nature mais cependant ils diffegraverent entre euxFRAGMENT 3 bis[14]

Archytas[15] et Philolauumls donnent indiffeacuteremment agrave luniteacute le nom de monade et agrave la monade le nom duniteacute La plupart cependant ajoutent au mot de monade la deacutetermination de premiegravere monade parce quil y a une monade qui nest pas premiegravere et qui est posteacuterieure agrave la monade en soi et agrave luniteacute[16]FRAGMENT 3 ter[17]

Lacircme de lhomme dit Pythagore est un teacutetragone agrave angles droits Archytas au contraire au lieu de donner la deacutefinition de lacircme par le

teacutetragone la mettait dans le cercle par la raison que lacircme est ce qui se meut soi-mecircme et est par une conseacutequence neacutecessaire le premier moteur or le premier moteur est un cercle ou une sphegravere[18]FRAGMENT 3 quater[19]

Platon et Archytas et les autres pythagoriciens preacutetendent quil y a trois parties dans lacircme quils divisent en raison courage et deacutesir[20]FRAGMENT 4[21]

Le commencement de la connaissance des ecirctres est dans les choses qui se produisent en eux De ces choses qui se produisent en eux les unes sont intelligibles les autres sont sensibles celles qui sont intelligibles sont immobiles les autres qui sont sensibles sont mues Le criteacuterium des choses intelligibles est le monde ὁ κόσμος[22] le criteacuterium des choses sensibles est la sensation

Des choses qui ne se manifestent pas dans les ecirctres mecircmes les unes sont la science les autres lopinion la science est immobile lopinion est muable

Il faut en outre admettre ces trois choses le sujet qui juge lobjet qui est jugeacute la regravegle dapregraves laquelle cet objet est jugeacute Ce qui juge est lesprit (ὁ νόος) ou la sensation ce qui est jugeacute est lessence rationnelle (ὁ λόγος)[23] la regravegle du jugement est lacte mecircme qui se produit dans lecirctre[24] qui est ou intelligible ou sensible Lesprit est juge de lessence soit quil se porte vers un ecirctre intelligible soit quil se porte vers un ecirctre sensible Lorsque la raison recherche les choses intelligibles elle se porte vers leacuteleacutement intelligible quand elle recherche les choses sensibles elle se porte vers leacuteleacutement des choses sensibles Voilagrave dougrave viennent ces fausses repreacutesentations graphiques dans les figures et dans les nombres quon voit en geacuteomeacutetrie ces recherches sur les causes et les fins probables qui ont pour objet les ecirctres sujets au devenir et les actes moraux et quon poursuit dans la physiologie et dans la politique Cest en se portant vers leacuteleacutement intelligible que la raison connaicirct que lharmonie[25] est dans le rapport double mais ce fait que le rapport double est consonnant ne nous est attesteacute que par la sensation Dans la meacutecanique la science a pour objet des figures des nombres des proportions cest-agrave-dire des eacuteleacutements rationnels les effets sont perccedilus par la sensation car on ne peut les eacutetudier et les connaicirctre en dehors de la matiegravere et du mouvement En un mot il est impossible de connaicirctre le pourquoi διὰ τί dune chose individuelle si lon na pas dabord saisi par lesprit lessence de la chose individuelle τὸ τί ἐντι ἔκσατον La connaissance de lexistence ὅτι ἔντι et de la qualiteacute οὕτως ἔχει appartient agrave la raison et agrave la sensation agrave la raison toutes les fois que nous exposons la deacutemonstration dune chose par un syllogisme qui conclut

neacutecessairement agrave la sensation tontes les fois que nous faisons attester lessence dune chose par la sensation[26]FRAGMENT 5[27]

La sensation se produit dans le corps la raison dans lacircme Lune est le principe des ecirctres sensibles lantre le principe des ecirctres intelligibles Car la multitude a pour mesure le nombre la longueur le pied la pesanteur et leacutequilibre la balance la regravegle et la mesure de la rectitude dans le sens vertical comme dam le sens longitudinal cest langle droit

Ainsi la sensation est le principe et la mesure des corps la raison le principe et la mesure des ecirctres intelligibles Lune est le principe des ecirctres intelligibles et premiers par nature lrsquoautre le principe des choses sensibles et secondes par nature Car la raison est le principe de notre acircme la sensation le principe de notre corps[28] Lesprit est le juge des objets les plus nobles la sensation des plus utiles La sensation a eacuteteacute creacuteeacutee en vue du corps et pour le servir la raison en vue del lacircme et pour y faire naicirctre la sagesse La raison est le principe de la science la sensation de lopinion δόξα Lune tire son activiteacute des choses sensibles lautre des choses intelligibles Les objets sensibles participent au mouvement et au changement les objets intelligibles participent de limmuabiliteacute et de leacuteterniteacute[29] Il y a analogie entre la sensation et la raison car la sensation a pour objet le sensible et le sensible se meut change et nest jamais identique agrave lui-mecircme aussi comme on peut le voir il devient plus et moins meilleur et pire La raison a pour objet lintelligible or lintelligible est par essence immobile cest pourquoi on ne peut concevoir dans lintelligible ni plus ni moins ni meilleur ni pire et de mecircme que la raison voit lecirctre premier et le paradigme de mecircme la sensation voit limage et le second La raison voit lhomme en soi la sensation voit en eux et le cercle du soleil et les formes des objets artificiels[30] La raison est parfaitement simple et indivisible comme luniteacute et le point il en est de mecircme de lecirctre intelligible Lideacutee[31] nest ni la limite ni la borne du corps elle nest que la figure de lecirctre ce par quoi lecirctre est tandis que la sensation a des parties et est divisible

Des ecirctres les uns sont perccedilus par la sensation les autres par lopinion une troisiegraveme cateacutegorie par la science une derniegravere par la raison

Les corps qui offrent de la reacutesistance sont sensibles lopinion connaicirct ceux qui participent aux ideacutees et en sont comme les images Ainsi tel homme participe de lideacutee dhomme tel triangle de lideacutee de triangle La science a pour objet les accidents neacutecessaires des ideacutees ainsi la geacuteomeacutetrie a pour objet les proprieacuteteacutes des figures la raison connaicirct les ideacutees elles-mecircmes et les principes des sciences et de leurs objets par exemple le cercle le triangle la sphegravere en soi Il y a de mecircme en nous dans notre acircme quatre sortes de

connaissances la penseacutee pure ὁ νόος la science lopinion la sensation deux sont principes du savoir ce sont la penseacutee et la sensation deux en sont la fin ce sont la science et lopinion

Cest toujours le semblable qui est capable de connaicirctre le semblable la raison sait les choses intelligibles la science les choses connaissables lopinion les choses conjecturales la sensation les choses sensibles[32]

Cest pourquoi[33] il faut que la penseacutee seacutelegraveve des choses sensibles aux choses conjecturales des choses conjecturales aux choses connaissables des choses connaissables aux choses intelligibles et celui qui veut connaicirctre la veacuteriteacute sur ces objets doit reacuteunir dans un ensemble harmonieux tous ces moyens et objets de la connaissance[34] Ceci eacutetabli on peut se les repreacutesenter sous limage dune ligne diviseacutee en deux parties eacutegales et dont chacune de ces parties est agrave son tour diviseacutee de la mecircme maniegravere seacuteparons donc ainsi le sensible et divisons-le en deux parties dans la mecircme proportion ces deux parties se distingueront lune par la clarteacute lautre par lobscuriteacute Lune des sections du sensible renferme les images des choses et celles quon aperccediloit dans les eaux et celles quon voit dans les miroirs la seconde section repreacutesente les plantes et les animaux dont la premiegravere donne les images Lintelligible reccediloit une division analogue ougrave les diverses espegraveces de sciences repreacutesentent les images car les geacuteomegravetres commencent par eacutetablir par hypothegravese limpair et le pair les figures les trois espegraveces dangles et tirent de ces hypothegraveses leur science quant aux choses elles-mecircmes ils les laissent de coteacute comme sils les connaissaient quoiquils nen puissent rendre compte ni agrave eux-mecircmes ni aux autres ils emploient les choses sensibles comme images mais ces choses ne sont ni lobjet ni la lin quils se proposent dans leurs recherches et leurs raisonnements qui ne poursuivent que le diamegravetre et le carreacute en soi La seconde section est celle de lintelligible objet de la dialectique elle ne fait pas veacuteritablement dhypothegraveses elle pose des principes dougrave elle seacutelegraveve pour arriver jusquagrave linconditionneacute jusquau principe universel ensuite par un mouvement inverse sattachant agrave ce principe elle descend jusquau terme du raisonnement sans employer un objet sensible et se servant uniquement dideacutees pures On peut aussi par ces quatre divisions analyser les eacutetats de lacircme et donner le nom de Penseacutee au plus eacuteleveacute de Raisonnement au second de Foi au troisiegraveme dImagination au quatriegravemeFRAGMENT 6[35]

Archytas tout au commencement de son livre sur la Sagesse donne ces conseils Dans toutes les choses humaines la sagesse est aussi supeacuterieure que la vue est supeacuterieure aux autres sens du corps que lesprit est supeacuterieur agrave lacircme que le soleil est supeacuterieur aux astres sur la vue est de tous les sens celui qui eacutetend le plus loin son action et nous donne les ideacutees les plus nombreuses Lesprit placeacute au rang suprecircme accomplit son opeacuteration leacutegitime par la raison et le

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 3: ARCHYTAS

teacutetragone la mettait dans le cercle par la raison que lacircme est ce qui se meut soi-mecircme et est par une conseacutequence neacutecessaire le premier moteur or le premier moteur est un cercle ou une sphegravere[18]FRAGMENT 3 quater[19]

Platon et Archytas et les autres pythagoriciens preacutetendent quil y a trois parties dans lacircme quils divisent en raison courage et deacutesir[20]FRAGMENT 4[21]

Le commencement de la connaissance des ecirctres est dans les choses qui se produisent en eux De ces choses qui se produisent en eux les unes sont intelligibles les autres sont sensibles celles qui sont intelligibles sont immobiles les autres qui sont sensibles sont mues Le criteacuterium des choses intelligibles est le monde ὁ κόσμος[22] le criteacuterium des choses sensibles est la sensation

Des choses qui ne se manifestent pas dans les ecirctres mecircmes les unes sont la science les autres lopinion la science est immobile lopinion est muable

Il faut en outre admettre ces trois choses le sujet qui juge lobjet qui est jugeacute la regravegle dapregraves laquelle cet objet est jugeacute Ce qui juge est lesprit (ὁ νόος) ou la sensation ce qui est jugeacute est lessence rationnelle (ὁ λόγος)[23] la regravegle du jugement est lacte mecircme qui se produit dans lecirctre[24] qui est ou intelligible ou sensible Lesprit est juge de lessence soit quil se porte vers un ecirctre intelligible soit quil se porte vers un ecirctre sensible Lorsque la raison recherche les choses intelligibles elle se porte vers leacuteleacutement intelligible quand elle recherche les choses sensibles elle se porte vers leacuteleacutement des choses sensibles Voilagrave dougrave viennent ces fausses repreacutesentations graphiques dans les figures et dans les nombres quon voit en geacuteomeacutetrie ces recherches sur les causes et les fins probables qui ont pour objet les ecirctres sujets au devenir et les actes moraux et quon poursuit dans la physiologie et dans la politique Cest en se portant vers leacuteleacutement intelligible que la raison connaicirct que lharmonie[25] est dans le rapport double mais ce fait que le rapport double est consonnant ne nous est attesteacute que par la sensation Dans la meacutecanique la science a pour objet des figures des nombres des proportions cest-agrave-dire des eacuteleacutements rationnels les effets sont perccedilus par la sensation car on ne peut les eacutetudier et les connaicirctre en dehors de la matiegravere et du mouvement En un mot il est impossible de connaicirctre le pourquoi διὰ τί dune chose individuelle si lon na pas dabord saisi par lesprit lessence de la chose individuelle τὸ τί ἐντι ἔκσατον La connaissance de lexistence ὅτι ἔντι et de la qualiteacute οὕτως ἔχει appartient agrave la raison et agrave la sensation agrave la raison toutes les fois que nous exposons la deacutemonstration dune chose par un syllogisme qui conclut

neacutecessairement agrave la sensation tontes les fois que nous faisons attester lessence dune chose par la sensation[26]FRAGMENT 5[27]

La sensation se produit dans le corps la raison dans lacircme Lune est le principe des ecirctres sensibles lantre le principe des ecirctres intelligibles Car la multitude a pour mesure le nombre la longueur le pied la pesanteur et leacutequilibre la balance la regravegle et la mesure de la rectitude dans le sens vertical comme dam le sens longitudinal cest langle droit

Ainsi la sensation est le principe et la mesure des corps la raison le principe et la mesure des ecirctres intelligibles Lune est le principe des ecirctres intelligibles et premiers par nature lrsquoautre le principe des choses sensibles et secondes par nature Car la raison est le principe de notre acircme la sensation le principe de notre corps[28] Lesprit est le juge des objets les plus nobles la sensation des plus utiles La sensation a eacuteteacute creacuteeacutee en vue du corps et pour le servir la raison en vue del lacircme et pour y faire naicirctre la sagesse La raison est le principe de la science la sensation de lopinion δόξα Lune tire son activiteacute des choses sensibles lautre des choses intelligibles Les objets sensibles participent au mouvement et au changement les objets intelligibles participent de limmuabiliteacute et de leacuteterniteacute[29] Il y a analogie entre la sensation et la raison car la sensation a pour objet le sensible et le sensible se meut change et nest jamais identique agrave lui-mecircme aussi comme on peut le voir il devient plus et moins meilleur et pire La raison a pour objet lintelligible or lintelligible est par essence immobile cest pourquoi on ne peut concevoir dans lintelligible ni plus ni moins ni meilleur ni pire et de mecircme que la raison voit lecirctre premier et le paradigme de mecircme la sensation voit limage et le second La raison voit lhomme en soi la sensation voit en eux et le cercle du soleil et les formes des objets artificiels[30] La raison est parfaitement simple et indivisible comme luniteacute et le point il en est de mecircme de lecirctre intelligible Lideacutee[31] nest ni la limite ni la borne du corps elle nest que la figure de lecirctre ce par quoi lecirctre est tandis que la sensation a des parties et est divisible

Des ecirctres les uns sont perccedilus par la sensation les autres par lopinion une troisiegraveme cateacutegorie par la science une derniegravere par la raison

Les corps qui offrent de la reacutesistance sont sensibles lopinion connaicirct ceux qui participent aux ideacutees et en sont comme les images Ainsi tel homme participe de lideacutee dhomme tel triangle de lideacutee de triangle La science a pour objet les accidents neacutecessaires des ideacutees ainsi la geacuteomeacutetrie a pour objet les proprieacuteteacutes des figures la raison connaicirct les ideacutees elles-mecircmes et les principes des sciences et de leurs objets par exemple le cercle le triangle la sphegravere en soi Il y a de mecircme en nous dans notre acircme quatre sortes de

connaissances la penseacutee pure ὁ νόος la science lopinion la sensation deux sont principes du savoir ce sont la penseacutee et la sensation deux en sont la fin ce sont la science et lopinion

Cest toujours le semblable qui est capable de connaicirctre le semblable la raison sait les choses intelligibles la science les choses connaissables lopinion les choses conjecturales la sensation les choses sensibles[32]

Cest pourquoi[33] il faut que la penseacutee seacutelegraveve des choses sensibles aux choses conjecturales des choses conjecturales aux choses connaissables des choses connaissables aux choses intelligibles et celui qui veut connaicirctre la veacuteriteacute sur ces objets doit reacuteunir dans un ensemble harmonieux tous ces moyens et objets de la connaissance[34] Ceci eacutetabli on peut se les repreacutesenter sous limage dune ligne diviseacutee en deux parties eacutegales et dont chacune de ces parties est agrave son tour diviseacutee de la mecircme maniegravere seacuteparons donc ainsi le sensible et divisons-le en deux parties dans la mecircme proportion ces deux parties se distingueront lune par la clarteacute lautre par lobscuriteacute Lune des sections du sensible renferme les images des choses et celles quon aperccediloit dans les eaux et celles quon voit dans les miroirs la seconde section repreacutesente les plantes et les animaux dont la premiegravere donne les images Lintelligible reccediloit une division analogue ougrave les diverses espegraveces de sciences repreacutesentent les images car les geacuteomegravetres commencent par eacutetablir par hypothegravese limpair et le pair les figures les trois espegraveces dangles et tirent de ces hypothegraveses leur science quant aux choses elles-mecircmes ils les laissent de coteacute comme sils les connaissaient quoiquils nen puissent rendre compte ni agrave eux-mecircmes ni aux autres ils emploient les choses sensibles comme images mais ces choses ne sont ni lobjet ni la lin quils se proposent dans leurs recherches et leurs raisonnements qui ne poursuivent que le diamegravetre et le carreacute en soi La seconde section est celle de lintelligible objet de la dialectique elle ne fait pas veacuteritablement dhypothegraveses elle pose des principes dougrave elle seacutelegraveve pour arriver jusquagrave linconditionneacute jusquau principe universel ensuite par un mouvement inverse sattachant agrave ce principe elle descend jusquau terme du raisonnement sans employer un objet sensible et se servant uniquement dideacutees pures On peut aussi par ces quatre divisions analyser les eacutetats de lacircme et donner le nom de Penseacutee au plus eacuteleveacute de Raisonnement au second de Foi au troisiegraveme dImagination au quatriegravemeFRAGMENT 6[35]

Archytas tout au commencement de son livre sur la Sagesse donne ces conseils Dans toutes les choses humaines la sagesse est aussi supeacuterieure que la vue est supeacuterieure aux autres sens du corps que lesprit est supeacuterieur agrave lacircme que le soleil est supeacuterieur aux astres sur la vue est de tous les sens celui qui eacutetend le plus loin son action et nous donne les ideacutees les plus nombreuses Lesprit placeacute au rang suprecircme accomplit son opeacuteration leacutegitime par la raison et le

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 4: ARCHYTAS

neacutecessairement agrave la sensation tontes les fois que nous faisons attester lessence dune chose par la sensation[26]FRAGMENT 5[27]

La sensation se produit dans le corps la raison dans lacircme Lune est le principe des ecirctres sensibles lantre le principe des ecirctres intelligibles Car la multitude a pour mesure le nombre la longueur le pied la pesanteur et leacutequilibre la balance la regravegle et la mesure de la rectitude dans le sens vertical comme dam le sens longitudinal cest langle droit

Ainsi la sensation est le principe et la mesure des corps la raison le principe et la mesure des ecirctres intelligibles Lune est le principe des ecirctres intelligibles et premiers par nature lrsquoautre le principe des choses sensibles et secondes par nature Car la raison est le principe de notre acircme la sensation le principe de notre corps[28] Lesprit est le juge des objets les plus nobles la sensation des plus utiles La sensation a eacuteteacute creacuteeacutee en vue du corps et pour le servir la raison en vue del lacircme et pour y faire naicirctre la sagesse La raison est le principe de la science la sensation de lopinion δόξα Lune tire son activiteacute des choses sensibles lautre des choses intelligibles Les objets sensibles participent au mouvement et au changement les objets intelligibles participent de limmuabiliteacute et de leacuteterniteacute[29] Il y a analogie entre la sensation et la raison car la sensation a pour objet le sensible et le sensible se meut change et nest jamais identique agrave lui-mecircme aussi comme on peut le voir il devient plus et moins meilleur et pire La raison a pour objet lintelligible or lintelligible est par essence immobile cest pourquoi on ne peut concevoir dans lintelligible ni plus ni moins ni meilleur ni pire et de mecircme que la raison voit lecirctre premier et le paradigme de mecircme la sensation voit limage et le second La raison voit lhomme en soi la sensation voit en eux et le cercle du soleil et les formes des objets artificiels[30] La raison est parfaitement simple et indivisible comme luniteacute et le point il en est de mecircme de lecirctre intelligible Lideacutee[31] nest ni la limite ni la borne du corps elle nest que la figure de lecirctre ce par quoi lecirctre est tandis que la sensation a des parties et est divisible

Des ecirctres les uns sont perccedilus par la sensation les autres par lopinion une troisiegraveme cateacutegorie par la science une derniegravere par la raison

Les corps qui offrent de la reacutesistance sont sensibles lopinion connaicirct ceux qui participent aux ideacutees et en sont comme les images Ainsi tel homme participe de lideacutee dhomme tel triangle de lideacutee de triangle La science a pour objet les accidents neacutecessaires des ideacutees ainsi la geacuteomeacutetrie a pour objet les proprieacuteteacutes des figures la raison connaicirct les ideacutees elles-mecircmes et les principes des sciences et de leurs objets par exemple le cercle le triangle la sphegravere en soi Il y a de mecircme en nous dans notre acircme quatre sortes de

connaissances la penseacutee pure ὁ νόος la science lopinion la sensation deux sont principes du savoir ce sont la penseacutee et la sensation deux en sont la fin ce sont la science et lopinion

Cest toujours le semblable qui est capable de connaicirctre le semblable la raison sait les choses intelligibles la science les choses connaissables lopinion les choses conjecturales la sensation les choses sensibles[32]

Cest pourquoi[33] il faut que la penseacutee seacutelegraveve des choses sensibles aux choses conjecturales des choses conjecturales aux choses connaissables des choses connaissables aux choses intelligibles et celui qui veut connaicirctre la veacuteriteacute sur ces objets doit reacuteunir dans un ensemble harmonieux tous ces moyens et objets de la connaissance[34] Ceci eacutetabli on peut se les repreacutesenter sous limage dune ligne diviseacutee en deux parties eacutegales et dont chacune de ces parties est agrave son tour diviseacutee de la mecircme maniegravere seacuteparons donc ainsi le sensible et divisons-le en deux parties dans la mecircme proportion ces deux parties se distingueront lune par la clarteacute lautre par lobscuriteacute Lune des sections du sensible renferme les images des choses et celles quon aperccediloit dans les eaux et celles quon voit dans les miroirs la seconde section repreacutesente les plantes et les animaux dont la premiegravere donne les images Lintelligible reccediloit une division analogue ougrave les diverses espegraveces de sciences repreacutesentent les images car les geacuteomegravetres commencent par eacutetablir par hypothegravese limpair et le pair les figures les trois espegraveces dangles et tirent de ces hypothegraveses leur science quant aux choses elles-mecircmes ils les laissent de coteacute comme sils les connaissaient quoiquils nen puissent rendre compte ni agrave eux-mecircmes ni aux autres ils emploient les choses sensibles comme images mais ces choses ne sont ni lobjet ni la lin quils se proposent dans leurs recherches et leurs raisonnements qui ne poursuivent que le diamegravetre et le carreacute en soi La seconde section est celle de lintelligible objet de la dialectique elle ne fait pas veacuteritablement dhypothegraveses elle pose des principes dougrave elle seacutelegraveve pour arriver jusquagrave linconditionneacute jusquau principe universel ensuite par un mouvement inverse sattachant agrave ce principe elle descend jusquau terme du raisonnement sans employer un objet sensible et se servant uniquement dideacutees pures On peut aussi par ces quatre divisions analyser les eacutetats de lacircme et donner le nom de Penseacutee au plus eacuteleveacute de Raisonnement au second de Foi au troisiegraveme dImagination au quatriegravemeFRAGMENT 6[35]

Archytas tout au commencement de son livre sur la Sagesse donne ces conseils Dans toutes les choses humaines la sagesse est aussi supeacuterieure que la vue est supeacuterieure aux autres sens du corps que lesprit est supeacuterieur agrave lacircme que le soleil est supeacuterieur aux astres sur la vue est de tous les sens celui qui eacutetend le plus loin son action et nous donne les ideacutees les plus nombreuses Lesprit placeacute au rang suprecircme accomplit son opeacuteration leacutegitime par la raison et le

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 5: ARCHYTAS

connaissances la penseacutee pure ὁ νόος la science lopinion la sensation deux sont principes du savoir ce sont la penseacutee et la sensation deux en sont la fin ce sont la science et lopinion

Cest toujours le semblable qui est capable de connaicirctre le semblable la raison sait les choses intelligibles la science les choses connaissables lopinion les choses conjecturales la sensation les choses sensibles[32]

Cest pourquoi[33] il faut que la penseacutee seacutelegraveve des choses sensibles aux choses conjecturales des choses conjecturales aux choses connaissables des choses connaissables aux choses intelligibles et celui qui veut connaicirctre la veacuteriteacute sur ces objets doit reacuteunir dans un ensemble harmonieux tous ces moyens et objets de la connaissance[34] Ceci eacutetabli on peut se les repreacutesenter sous limage dune ligne diviseacutee en deux parties eacutegales et dont chacune de ces parties est agrave son tour diviseacutee de la mecircme maniegravere seacuteparons donc ainsi le sensible et divisons-le en deux parties dans la mecircme proportion ces deux parties se distingueront lune par la clarteacute lautre par lobscuriteacute Lune des sections du sensible renferme les images des choses et celles quon aperccediloit dans les eaux et celles quon voit dans les miroirs la seconde section repreacutesente les plantes et les animaux dont la premiegravere donne les images Lintelligible reccediloit une division analogue ougrave les diverses espegraveces de sciences repreacutesentent les images car les geacuteomegravetres commencent par eacutetablir par hypothegravese limpair et le pair les figures les trois espegraveces dangles et tirent de ces hypothegraveses leur science quant aux choses elles-mecircmes ils les laissent de coteacute comme sils les connaissaient quoiquils nen puissent rendre compte ni agrave eux-mecircmes ni aux autres ils emploient les choses sensibles comme images mais ces choses ne sont ni lobjet ni la lin quils se proposent dans leurs recherches et leurs raisonnements qui ne poursuivent que le diamegravetre et le carreacute en soi La seconde section est celle de lintelligible objet de la dialectique elle ne fait pas veacuteritablement dhypothegraveses elle pose des principes dougrave elle seacutelegraveve pour arriver jusquagrave linconditionneacute jusquau principe universel ensuite par un mouvement inverse sattachant agrave ce principe elle descend jusquau terme du raisonnement sans employer un objet sensible et se servant uniquement dideacutees pures On peut aussi par ces quatre divisions analyser les eacutetats de lacircme et donner le nom de Penseacutee au plus eacuteleveacute de Raisonnement au second de Foi au troisiegraveme dImagination au quatriegravemeFRAGMENT 6[35]

Archytas tout au commencement de son livre sur la Sagesse donne ces conseils Dans toutes les choses humaines la sagesse est aussi supeacuterieure que la vue est supeacuterieure aux autres sens du corps que lesprit est supeacuterieur agrave lacircme que le soleil est supeacuterieur aux astres sur la vue est de tous les sens celui qui eacutetend le plus loin son action et nous donne les ideacutees les plus nombreuses Lesprit placeacute au rang suprecircme accomplit son opeacuteration leacutegitime par la raison et le

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 6: ARCHYTAS

raisonnement il est comme la vue et comme la puissance[36] des objets les plus nobles le soleil est lœil et lacircme des choses de la nature car cest par lui que toutes elles sont vues engendreacutees penseacutees cest par lui que les ecirctres qui viennent de racines ou qui viennent dune semence[37] se nourrissent se deacuteveloppent et sont doueacutes de la sensation

De tous les ecirctres lhomme est de beaucoup le pi lissage car il est en eacutetat de contempler les ecirctres et dacqueacuterir de tout science et connaissance Cest pour cela que la diviniteacute a graveacute en lui et lui a reacuteveacuteleacute le systegraveme de la parole qui seacutetend agrave tout systegraveme dans lequel se trouvent classeacutes tous les genres de lecirctre[38] et les significations des noms et des verbes Car les sons de la voix ont pour siegraveges deacutetermineacutes le pharynx la bouche le nez De mecircme que lhomme est naturellement organiseacute pour produire les sons par lesquels sexpriment et se forment les noms et les verbes de mecircme il est naturellement destineacute agrave contempler les notions que renferment les objets visibles et telle est suivant moi la fin pour laquelle lhomme est neacute et a eacuteteacute fait et pour laquelle il a reccedilu de Dieu ses organes et ses faculteacutes

Lhomme est neacute il a eacuteteacute creacuteeacute pour connaicirctre lrsquoessence de la nature universelle et la fonction de la sagesse est preacuteciseacutement de posseacuteder et de contempler lintelligence qui se manifeste dans les ecirctres

La sagesse na pas pour objet un ecirctre quelconque deacutetermineacute mais absolument tous les ecirctres et il ne faut pas quelle commence agrave chercher les principes dun ecirctre individuel mais bien les principes communs agrave tous les ecirctres La sagesse a pour objet tous les ecirctres comme la vue a pour objet toutes les choses visibles Voir dans leur ensemble et connaicirctre les attributs universels de tous les ecirctres cest le propre de la sagesse et voilagrave comment la sagesse deacutecouvre les principes de tous les ecirctres

Celui qui est capable danalyser tous les genres et de les ramener et de les reacuteunir[39] par une opeacuteration inverse en un seul et mecircme principe celui-lagrave me parait ecirctre le plus sage le plus proche de la veacuteriteacute il semble avoir trouveacute cet observatoire sublime du haut duquel il pourra voir Dieu et toutes les choses qui appartiennent agrave la seacuterie et agrave lordre du divin maicirctre de cette route royale son esprit pourra seacutelancer tout droit en avant et arriver au bout de la carriegravere en liant les principes aux fins des choses et en connaissant que Dieu est le principe le milieu la fin de toutes les choses faites dapregraves les regravegles de la justice et de la droite raison[40]

FRAGMENTS PHYSIQUES ET MATHEacuteMATIQUES

FRAGMENT 7[41]

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 7: ARCHYTAS

Archytas[42] agrave ce que rapporte Eudegraveme faisait cette question Je me suppose placeacute agrave la limite extrecircme et immobile du monde pourrai-je ou non eacutetendre la main ou une baguette au dehors Dire que je ne le puis pas est absurde mais si je le puis il y a donc quelque chose en dehors du monde soit corps soit lieu Et peu importe comment nous raisonnerons il reviendra toujours par le mecircme raisonnement agrave cette limite il sy posera toujours et demandera encore y a-t-il quelque autre chose sur quoi puisse porter la baguette alors eacutevidemment linfini existe Si cest un corps notre proposition est deacutemontreacutee Est-ce un lieu Mais le lieu est ce en quoi un corps est ou pourrait ecirctre et il faut alors sil existe en puissance le placer au nombre des choses eacuteternelles et linfini serait alors un corps drsquoun lieu[43]FRAGMENT 8[44]

Le propre du lieu est que toutes les autres choses sont en lui tandis que lui-mecircme nest en rien Car sil eacutetait dans un lieu il y aurait un lieu dans un lieu et cela irait agrave linfini Il est donc neacutecessaire que toutes les autres choses soient dans le lieu et que le lieu ne suit en rien Il est aux choses dans le mecircme rapport que la limite est aux choses limiteacutees car le lieu du monde entier est la limite de toutes les chosesFRAGMENT 9[45]

Les uns disent que le temps est la sphegravere du monde tel eacutetait le sentiment des pythagoriciens dapregraves ce que rapportent ceux qui avaient sans doute entendu Archytas donner du temps cette deacutefinition geacuteneacuterale Le temps est lintervalle de la nature du toutFRAGMENT 9 bis[46]

Le divin Iamblique dans le premier livre de ses Commentaires sur les Cateacutegories dit quArchytas deacutefinissait ainsi le temps Le temps est comme le nombre du mouvement ou en geacuteneacuteral lintervalle de la nature du tout[47]FRAGMENT 9 ter[48]

Il faut reacuteunir ces deux deacutefinitions en une seule et faire le temps agrave la fois continu et discret quoiquil soit plus proprement continu Cest ainsi quIamblique preacutetend quArchytas enseignait la distinction du temps physique et du temps psychique[49] Cest ainsi du moins quIamblique interpreacutetait Archytas mais il faut reconnaicirctre que lagrave et souvent ailleurs il ajoute beaucoup dans son commentaire afin de faciliter lintelligence des choses[50]FRAGMENT 10[51]

Le quand et le temps ont en geacuteneacuteral pour essence propre decirctre indivisibles et insubstantiels Car le temps preacutesent eacutetant indivisible sest eacutecouleacute en mecircme temps quon lexprime et quon le pense il nen subsiste plus rien devenant continuellement le mecircme il ne

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 8: ARCHYTAS

subsiste jamais numeacuteriquement mais seulement speacutecifiquement En effet le temps actuellement preacutesent et le futur ne sont pas identiques au temps anteacuterieur Car lun est eacutecouleacute et nest plus lautre seacutecoule en mecircme temps quil est produit et est penseacute Et ainsi le preacutesent nest jamais quun lien il devient change et peacuterit perpeacutetuellement mais il reste cependant identique en son espegravece

En effet tout preacutesent est sans parties et indivisible cest le terme du temps passeacute le commencement du temps agrave venir de mecircme que dans une ligne briseacutee le point ougrave se produit la brisure devient le commencement dune ligne et la fin de lautre Le temps est continu et non point discret comme le sont le nombre la parole lharmonie

Dans la parole les syllabes sont des parties et des parties distinctes dans lharmonie ce sont les sons dans le nombre les uniteacutes La ligne lendroit le lien sont des continus en effet si on les divise leurs parties forment des sections communes Car la ligne se divise en points la surface en lignes le solide en surfaces Donc le temps est continu En effet il ny avait pas de nature quand le temps neacutetait pas il ny avait pas de mouvement quand le preacutesent neacutetait pas Mais le preacutesent a toujours eacuteteacute il sera toujours et ne fera jamais deacutefaut il change perpeacutetuellement et devient autre suivant le nombre mais reste le mecircme selon lespegravece La ligne diffegravere des autres continus en ce que si lon divise la ligne lendroit et le lieu les parties en subsistent mais dans le temps le passeacute a peacuteri le futur peacuterira Cest pourquoi ou le temps nest absolument pas ou il est agrave peine et na quune existence insensible Car de ses parties lune le passeacute nest plus lavenir nest pas encore comment le preacutesent sans parties et indivisible pourrait-il avoir une vraie reacutealiteacute[52]FRAGMENT 11[53]

Platon dit que le mouvement est le grand et le petit le non ecirctre lineacutegal et tout ce qui revient agrave ces mecircmes caractegraveres il vaut mieux dire comme Archytas que cest une cause[54]FRAGMENT 12[55]

Pourquoi tous les corps naturels prennent-ils la forme spheacuterique Est-ce comme le disait Archytas parce que dans le mouvement naturel se trouve la proportion de leacutegaliteacute car tout se meut avec proportion et cette proportion de leacutegaliteacute est la seule[56] qui lorsquelle se produit engendre des cercles et des sphegraveres parce quelle revient sur elle-mecircmeFRAGMENT 13[57]

Celui qui sait doit avoir appris dun autre ou trouveacute seul ce quil sait La science quon apprend dun autre est pour ainsi dire exteacuterieure ce quougrave trouve seul nous appartient agrave nous-mecircmes et en propre Trouver sans chercher est chose difficile et rare trouver ce quon

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 9: ARCHYTAS

cherche est commode et facile ignorer et chercher (ce quon ignore) est impossible[58]FRAGMENT 14[59]

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me paraicirct juste et ils me semblent avoir porteacute un jugement exact sur lessence de chacune delles Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient eacutegalement bien voir la nature essentielle des parties De larithmeacutetique de la geacuteomeacutetrie de la spheacuterique ils nous ont laisseacute des theacuteories certaines et eacutevidentes il en est de mecircme de la musique Car toutes ces sciences paraissent ecirctre sœurs en effet les deux premiers genres de lecirctre reviennent lun sur lautre[60]FRAGMENT 15[61]

Les premiegraveres lignes reproduisent presque textuellement le fragment preacuteceacutedent

Lopinion (des pythagoriciens) sur les sciences me semble juste et ils ont porteacute un jugement exact sur chacune Ayant su se former une ideacutee juste de la nature du tout ils devaient bien voir aussi la nature essentielle des parties Sur la vitesse des mouvements des astres sur leurs levers et leurs couchers ils nous ont laisseacute une science ainsi que sur la geacuteomeacutetrie larithmeacutetique et de mecircme sur la musique car ces sciences paraissent ecirctre sœurs

Dabord ils ont vu quil neacutetait pas possible quil y eucirct bruit sil ne se produisait un choc de corps lun contre lautre il y a choc disaient-ils lorsque des corps en mouvement se rencontrent et frappent lun contre lautre Les corps mus dans lair dans une direction opposeacutee et ceux qui sont mus avec une vitesse ineacutegale (il faut sous-entendre dans une mecircme direction) ces derniers lorsque ceux qui les suivent les rejoignent[62] produisent un bruit parce quils sont frappeacutes Beaucoup de ces bruits ne sont pas susceptibles decirctre perccedilus par nos organes les uns agrave cause de la faiblesse du choc les autres agrave cause de leur trop grand eacuteloignement de nous quelques-uns par lexcegraves mecircme de leur intensiteacute car les bruits trop grands ne sintroduisent pas dans nos oreilles comme on ne peut rien faire entrer dans les vases agrave goulot eacutetroit quand on veut y verser trop agrave la fois

De ceux qui tombent sous la prise de nos sens les uns mdash ce sont ceux qui nous parviennent rapidement des corps choqueacutes mdash paraissent aigus ceux qui nous arrivent lentement[63] et faiblement paraissent graves En effet si quelquun agite un objet lentement et faiblement le choc produit un son grave sil lagite vivement et fortement il est aigu Ce nest pas la seule preuve de ce fait dont nous pouvons nous assurer encore quand nous parlons et chantons quand nous voulons parler fort et haut nous employons une grande force de souffle Il en est ici comme des traits quon lance si on les lance fort ils vont loin si on les lance sans force ils tombent pregraves

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 10: ARCHYTAS

car lair cegravede plus aux corps mus dun mouvement fort et moins agrave ceux mus dun mouvement faible Ce pheacutenomegravene se reproduit eacutegalement dans les sons de la voix car les sons produits par un souffle eacutenergique sont aigus ceux qui sont produits par un souffle faible sont faibles et graves Nous pouvons encore reconnaicirctre la veacuteriteacute de cette observation dans la force du signal donneacute dun lieu quelconque[64] si on prononce fort nous lentendons de loin si on prononce le mecircme signal bas nous ne lentendons pas mecircme de pregraves Et encore dans les flucirctes le souffle pousseacute de la bouche et qui se preacutesente aux trous les plus voisins de lembouchure produit un son plus aigu parce que la force dimpulsion est plus grande plus loin ils sont plus graves Il est donc eacutevident que la vitesse du mouvement produit lacuiteacute la lenteur la graviteacute du son La mecircme chose se manifeste encore dans les toupies magiques[65] quon fait tourner dans les Mystegraveres celles qui se meuvent lentement font un bruit grave celles qui se meuvent vite et fort font un bruit aigu Citons encore le roseau si lon bouche lextreacutemiteacute inteacuterieure et quon soucircl fie dedans il rendra un certain son[66] et si on le bouche jusquagrave la moitieacute ou agrave lextreacutemiteacute anteacuterieure ce son sera aigu Car le mecircme souffle en parcourant un plus long espace saffaiblit et en en parcourant un plus court reste fort Et apregraves avoir deacuteveloppeacute cette opinion que le mouvement de la voix est mesureacute par des intervalles il reacutesume sa discussion en disant que les sons aigus soient le reacutesultat dun mouvement plus vite les sons graves dun mouvement plus lent cest un fait que de nombreuses expeacuteriences nous rendent eacutevidentFRAGMENT 15 bis[67]

Eudoxus et Archytas oui cru que la raison des symphonies[68] eacutetait dans les nombres ils saccordent agrave penser que ces raisons consistent dans les mouvements le mouvement aigu eacutetant vile parce que lagitation de lair est continue et la vibration plus rapide le mouvement grave eacutetant lent parce quil est plus calme[69]FRAGMENT 16[70]

Archytas sexpliquant sur les moyens eacutecrit ceci Il y a dans la musique trois moyens le premier est le moyen arithmeacutetique le second est le moyen geacuteomeacutetrique le troisiegraveme est le moyen subcontraire quon appelle harmonique[71] Le moyen est arithmeacutetique lorsque les trois termes sont dans un rapport analogue exceacutedant cest-agrave-dire tels que la quantiteacute dont le premier surpasse le second soit preacuteciseacutement celle dont le second surpasse le troisiegraveme[72] dans cette proportion il se trouve que le rapport des plus grands termes est plus petit le rapport des plus petits plus grand[73] Il y a moyen geacuteomeacutetrique lorsque le premier terme est au second comme le second est au troisiegraveme[74] ici le rapport des plus grands est identique au rapport des plus petits termes Le moyen subcontraire que nous appelons harmonique existe lorsque le premier terme deacutepasse le second dune fraction de lui-mecircme identique agrave la fraction de lui-mecircme dont le second deacutepasse le

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 11: ARCHYTAS

troisiegraveme dans cette proportion[75] le rapport des plus grands termes est plus grand celui des plus petits plus petit[76]

FRAGMENTS DE MORALE

FRAGMENT 17[77]

1 Il faut savoir dabord que lhomme de bien[78] nest pas neacutecessairement par cela mecircme heureux mais que lhomme heureux est neacutecessairement un homme de bien car lhomme heureux est celui qui meacuterite des eacuteloges et des feacutelicitations lhomme de bien ne meacuterite que des eacuteloges

On loue un homme agrave cause de sa vertu on le feacutelicite agrave cause de ses succegraves Lhomme de bien est tel agrave cause des biens qui viennent de la vertu lhomme heureux est tel agrave cause des biens qui viennent de la fortune On ne peut enlever agrave lhomme de bien sa vertu il arrive agrave lhomme heureux de perdre son bonheur La puissance de la vertu ne deacutepend de personne celle du bonheur au contraire est deacutependante Les longues maladies la perte de nos sens fanent la fleur de notre bonheur[79]

2 Dieu diffegravere de lhomme de bien en ce que Dieu non seulement possegravede une vertu parfaite[80] pure de toute affection mortelle mais jouit dune vertu dont la puissance est indeacutefectible indeacutependante comme il convient agrave la majesteacute et agrave la magnificence de ses œuvres

Lhomme au contraire non seulement possegravede une vertu infeacuterieure agrave cause de la constitution mortelle de sa nature mais encore tantocirct par labondance mecircme des biens tantocirct par la force de lhabitude[81] par le vice de la nature par dautres causes encore il est incapable datteindre agrave la vraie perfection du bien

3 Lhomme de bien suivant moi est celui qui sait agir comme il faut dans les circonstances et les occasions graves il saura donc bien porter la bonne et la mauvaise fortune dans une condition brillante et glorieuse il se montrera digne delle et si la fortune vient agrave changer il saura accepter comme il faut son sort actuel Pour exprimer ma penseacutee briegravevement et la reacutesumer lhomme de bien est celui qui en toute occasion et suivant les circonstances joue bien son rocircle et sait non seulement bien se disposer agrave cela lui-mecircme mais y disposer aussi ceux qui ont confiance en lui et sont associeacutes agrave sa vie

4 Puisque parmi les biens les uns sont deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose les autres sont deacutesirables pour autre chose et non pour eux-mecircmes il doit y avoir neacutecessairement une troisiegraveme

espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

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espegravece de biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose[82] Quels sont donc ces biens[83] qui sont naturellement deacutesirables pour eux-mecircmes et non pour autre chose Il est eacutevident que cest le bonheur car cest la fin en vue de laquelle nous recherchons toute chose tandis que nous le recherchons uniquement pour lui-mecircme et non en vue de rien autre En second lieu quels sont les biens quon choisit pour une autre chose et non pour eux-mecircmes Il est eacutevident que ce sont ceux qui sont utiles[84] et qui sont les moyens de nous procurer[85] les vrais biens qui deviennent ainsi les causes des biens en soi deacutesirables par exemple les fatigues corporelles les exercices les eacutepreuves qui nous procurent la santeacute la lecture la meacuteditation leacutetude qui nous procurent la vertu et les qualiteacutes de lhonnecircte homme[86] Enfin quels sont les biens qui sont agrave la fois deacutesirables pour eux-mecircmes et pour autre chose Ce sont les vertus et la possession habituelle des vertus les reacutesolvions de lacircme les actions et en un mot tout ce qui lient agrave lrsquoessence du beau Ainsi donc ce qui est agrave deacutesirer pour lui-mecircme et non pour autre chose cest lagrave le seul lunique bien Maintenant ce quon recherche et pour lui-mecircme et pour autre chose se divise en trois classes lune qui a pour objet lacircme lautre le corps la troisiegraveme les choses exteacuterieures[87] La premiegravere comprend les vertus de lacircme la seconde les avantages du corps la troisiegraveme les amis la gloire lhonneur la richesse Il en est de mecircme des biens qui ne sont deacutesirables que pour autre chose une partie dentre eux procure des biens agrave lacircme lautre qui concerne le corps des biens au corps les biens du dehors nous fournissent la richesse la gloire lhonneur lamitieacute Que cest le propre de la vertu decirctre deacutesirable pour elle-mecircme on peut le prouver comme il suit en effet si les biens naturellement infeacuterieurs je parle de ceux du corps sont rechercheacutes par nous pour eux-mecircmes et si lacircme est meilleure que le corps il est eacutevident que nous aimons les biens de lacircme pour eux-mecircmes et non pour les effets quils peuvent produire

5 Il y a dans la vie humaine trois circonstances celle de la prospeacuteriteacute celle de ladversiteacute et une intermeacutediaire Puisque lhomme de bien qui possegravede la vertu et la pratique la met en pratique dans ces trois circonstances agrave savoir ou dans ladversiteacute ou dans la prospeacuteriteacute ou dans une situation intermeacutediaire puisquen outre dans ladversiteacute il est malheureux dans la prospeacuteriteacute il est heureux dans leacutetat mixte il nest pas heureux mdash il est eacutevident que le bonheur nest autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute[88] Je parle ici du bonheur de lhomme Lhomme nest pas seulement une acircme cest aussi un corps lecirctre vivant est incomposeacute des deux et lhomme eacutegalement car si le corps est un instrument de lacircme il est aussi une partie de lhomme comme lacircme Cest pourquoi parmi les biens les uns appartiennent agrave lhomme les autres aux parties qui le composent Le bien de lhomme est le bonheur mdash parmi ses parties inteacutegrantes lacircme a pour biens la prudence le courage la justice la tempeacuterance le corps a la beauteacute la santeacute la bonne disposition des membres leacutetat

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 13: ARCHYTAS

parfait de ses sens[89] Les biens externes sont la Les biens externes sont la richesse la gloire lhonneur la noblesse naturellement avantages de surcroicirct de lhomme et naturellement subordonneacutes aux biens supeacuterieurs

Les biens infeacuterieurs servent de satellites aux biens supeacuterieurs lamitieacute la gloire la richesse sont les satellites du corps et lacircme la santeacute la force la perfection des sens sont les satellites de lacircme la prudence le courage la tempeacuterance la justice sont les satellites de la raison de lacircme la raison est le satellite de Dieu celui-ci est le Tout-Puissant le maicirctre suprecircme Cest pour ces biens que les autres doivent exister car larmeacutee obeacuteit au geacuteneacuteral les matelots au pilote le monde agrave Dieu lacircme agrave la raison la vie heureuse agrave la prudence Car la prudence nest autre chose que la science de la vie heureuse ou la science des biens qui appartiennent agrave la nature de lhomme

6 A Dieu appartiennent le bonheur et la vie parfaite lhomme ne peut posseacuteder quun ensemble de la science de la vertu et de la prospeacuteriteacute formant comme un seul corps[90] Jappelle sagesse σοφίαν la science des dieux et des deacutemons prudence la science des choses humaines la science de la vie car il faut appeler science les vertus qui sappuient sur des raisons et sur des deacutemonstrations et vertu morale lhabitude excellente de la partie irrationnelle de rame qui nous fait donner le nom de certaines qualiteacutes correspondantes agrave nos mœurs cestmiddotagrave-dire les noms de libeacuteraux de justes de tempeacuterants et jappelle prospeacuteriteacute cette affluence des biens qui nous arrivent sans la raison et sans que la raison en soit cause[91] Puis donc que la vertu et la science deacutependent de nous et que la prospeacuteriteacute nen deacutepend pas puisque le bonheur consiste dans la contemplation et la pratique des belles choses et que la contemplation et laction quand elles rencontrent des obstacles nous precirctent un appui neacutecessaire quand elles vont par une route facile nous apportent la distraction elle bonheur puisquenfin cest la prospeacuteriteacute qui nous donne ces bienfaits il est eacutevident que le bonheur nest pas autre chose que lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute

7 Lhonnecircte homme est dans ses rapports avec la prospeacuteriteacute[92] comme un homme dun corps sain et robuste car lui aussi est en eacutetat de supporter le chaud et le froid de soulever un grand fardeau et dendurer facilement beaucoup dautres misegraveres

8 Puis donc que le bonheur est lusage de la vertu dans la prospeacuteriteacute parlons de la vertu et de la prospeacuteriteacute et dabord de la prospeacuteriteacute Des biens les uns ne sont pas susceptibles dexcegraves par exemple la vertu car il ny a jamais dexcegraves dans la vertu et on nest jamais trop homme de bien la vertu en effet a pour mesure le devoir et est lhabitude du devoir dans la vie pratique[93] La prospeacuteriteacute peut peacutecher par excegraves et par deacutefaut cet excegraves engendre certains maux il fait sortir lhomme de son assiette naturelle de

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 14: ARCHYTAS

faccedilon agrave le mettre dans un eacutetat contraire agrave la vertu et il en est ainsi non seulement de la prospeacuteriteacute mais dautres causes plus nombreuses encore produisent cet effet Il ne faut donc pas seacutetonner de voir dans lAuleacutetique certains artistes impudents neacutegligeant lart veacuteritable seacuteduire par une fausse image les ignorants mais croit-on que cette race nexiste pas en ce qui concerne la vertu Au contraire plus la vertu est grande et belle plus il y a de gens qui feignent de sen parer Il y a en effet bien des choses qui deacuteshonorent lapparence de la vertu lune est la race des gens faux qui la simulent les autres sont les passions de la nature qui laccompagnent et parfois ploient en sens contraire les dispositions de lacircme dautres encore sont les mauvaises habitudes que le corps a enracineacutees ou quont deacuteposeacutees en nous la jeunesse ou la vieillesse ou la prospeacuteriteacute ou ladversiteacute ou mille autres circonstances De sorte quil ne faut pas du tout seacutetonner si on juge quelquefois tout de travers parce que la vraie nature de lacircme a eacuteteacute fausseacutee en nous De mecircme que nous voyons un artiste qui parait excellent se tromper dans les ouvrages exposeacutes agrave nos yeux et de mecircme le geacuteneacuteral le pilote le peintre et tous les autres en geacuteneacuteral se peuvent tromper sans que pour cela nous leur enlevions le talent acquis de mecircme il ne faut pas compter parmi les malhonnecirctes gens celui qui a eu un instant de faiblesse ni parmi les honnecirctes gens celui qui a fait une seule bonne action mais il faut tenir compte pour les meacutechants du hasard pour les bons de lerreur et pour porter un jugement eacutequitable et juste ne pas regarder une seule circonstance ni une seule peacuteriode de temps mais la vie tout entiegravere[94]

De mecircme que le corps souffre et de lexcegraves et du deacutefaut mais que cependant lexcegraves et ce quon appelle les superfluiteacutes engendrent naturellement de plus grandes maladies de mecircme lacircme souffre et de la prospeacuteriteacute et de ladversiteacute quand elles arrivent agrave contretemps et cependant les maux les plus grands lui viennent de ce quon appelle une prospeacuteriteacute absolue parce que semblable au vin elle jette dans livresse la raison des honnecirctes gens

9 Cest pour cela que ce nest pas ladversiteacute mais la prospeacuteriteacute quil est le plus difficile de supporter comme il faut Tous les hommes quand ils sont dans ladversiteacute pour la plupart du moins paraissent ecirctre modeacutereacutes et modestes et dans la bonne fortune ambitieux orgueilleux superbes Car ladversiteacute sait rabattre lacircme et la ramener en elle-mecircme la prospeacuteriteacute au contraire leacutelegraveve et lenfle cest pourquoi tous les miseacuterables sont dociles aux conseils et prudents de conduite le gens heureux sont hardis et aventureux

10 Il y a donc une mesure une limite de prospeacuteriteacute cest celle que lhonnecircte homme doit deacutesirer avoir pour auxiliaire dans laccomplissement de ses actions de mecircme quil y a une mesure agrave la grandeur du navire et agrave la longueur du gouvernail cest celle qui permet au pilote expeacuterimenteacute de traverser une immense eacutetendue -de mer et de mener agrave bonne fin un grand voyage

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 15: ARCHYTAS

Lexcegraves de la prospeacuteriteacute fait que mecircme chez les honnecirctes gens lacircme nest pas la maicirctresse mais au contraire que la prospeacuteriteacute est la maicirctresse de lacircme de mecircme quune trop vive lumiegravere eacuteblouit les yeux de mecircme une prospeacuteriteacute trop grande eacuteblouit la raison de lacircme En voilagrave assez sur la prospeacuteriteacuteFRAGMENT 18[95]

Je soutiens que la vertu est suffisante pour ne pas ecirctre malheureux que la meacutechanceteacute est suffisante pour empecirccher decirctre heureux si nous savons bien juger du veacuteritable eacutetat de lacircme dans ces deux conditions car neacutecessairement le meacutechant est toujours malheureux quil soit dans labondance[96] mdash car il sait mal en user mdash ou quil soit dans lindigence comme un aveugle est toujours aveugle quil soit dans la clarteacute et la lumiegravere ou dans lobscuriteacute Mais lhomme de bien nest pas toujours heureux car ce nest pus la possession de la vertu qui constitue le bonheur cest lusage quon en fait en effet celui qui a la vue ne voit pas toujours si la lumiegravere ne leacuteclaire pas il ne verra pas

Deux chemins sont comme perceacutes dans la vie lun plus rude que suivit le patient Ulysse lautre plus agreacuteable ougrave marcha Nestor je dis que la vertu deacutesire lun mais peut aussi suivre lautre Mais la nature crie bien haut que le bonheur cest la vie en soi deacutesirable et dont leacutetat est assureacute parce quon y peut reacutealiser ses desseins en sorte que si la vie est traverseacutee par des choses quon na pas deacutesireacutees on nest pas heureux sans ecirctre cependant absolument malheureux[97] Quon nait donc pas la hardiesse de soutenir que lhomme de bien est exempt de la maladie de la souffrance quon nose pas dire quil ne connaicirct pas la douleur[98] car si nous laissons quelques causes de douleur au corps nous en devons laisser aussi agrave lacircme Les chagrins des insenseacutes sont deacutepourvus de raison et de mesure tandis que ceux des sages sont renfermeacutes dans la mesure que la raison donne agrave toute chose[99] mais cette insensibiliteacute tant vanteacutee[100] eacutenerve le caractegravere de geacuteneacuterositeacute de la vertu quand elle brave les eacutepreuves les grandes douleurs quand elle sest exposeacutee agrave la mort agrave la souffrance agrave la pauvreteacute car il est facile de supporter les petits malheurs Il faut donc pratiquer la meacutetriopathie de maniegravere agrave eacuteviter linsensibiliteacute comme la trop grande sensibiliteacute agrave la douleur et ne pas enfler en paroles notre force au-dessus de la mesure de la nature humaine[101]FRAGMENT 19[102]

On peut dire que la philosophie est le deacutesir de savoir et de comprendre les choses elles-mecircmes uni agrave la vertu pratique inspireacutee par lamour de la science et reacutealiseacutee par elle Le commencement de la philosophie est la science de la nature le milieu la vie pratique le terme la science mecircme Cest une chance heureuse decirctre bien neacute davoir reccedilu une bonne eacuteducation davoir eacuteteacute habitueacute agrave obeacuteir agrave une regravegle juste et davoir des mœurs conformes agrave la nature Il faut en

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 16: ARCHYTAS

outre avoir eacuteteacute exerceacute agrave la vertu avoir eacuteteacute entre les mains de parents de gouverneurs de maicirctres sages Il est beau de simposer aussi agrave soi-mecircme la regravegle du devoir de navoir pas besoin dune contrainte decirctre docile agrave ceux qui nous donnent de bons conseils en ce qui concerne la vie et la science Car une heureuse disposition de la nature une bonne eacuteducation sont souvent plus puissantes que les leccedilons pour nous conduire au bien il ny manque que la lumiegravere efficace de la raison que la science nous donne[103] Il y a deux directions rivales de la vie qui se disputent la preacutefeacuterence la vie pratique et la vie philosophique[104] La plus parfaite de beaucoup est celle qui les reacuteunit toutes deux et dans chaque voie diffeacuterente se precircte et sharmonise aux circonstances Nous sommes neacutes pour une activiteacute rationnelle que nous appelons pratique La raison pratique nous conduit agrave la politique la raison theacuteorique agrave la contemplation de luniversaliteacute des choses Lesprit lui-mecircme qui est universel embrasse ces deux puissances neacutecessaires au bonheur que nous deacutefinissons lactiviteacute de la vertu dans la prospeacuteriteacute ce nest exclusivement ni une vie pratique qui exclurait la science ni une vie speacuteculative qui exclurait la pratique La raison parfaite incline vers ces deux principes tout-puissants pour lesquels lhomme est neacute le principe de la socieacuteteacute et le principe de la science car si ces principes opposeacutes paraissent dans leur deacuteveloppement se choquer lun contre lautre les principes politiques deacutetournant de la politique les principes speacuteculatifs deacutetournant de la speacuteculation pour nous persuader de vivre dans le repos neacuteanmoins la nature rapprochant les fins de ces deux mouvements nous les montre unis en un seul car les vertus ne sont pas contradictoires et antipathiques les unes aux autres nulle harmonie nest plus harmonieuse que lharmonie des vertus Si lhomme degraves sa jeunesse sest soumis aux principes des vertus et agrave la loi divine de lharmonie du monde il megravenera une vie dun cours facile et si par son propre penchant il incline vers le mal et quil ait le bonheur de rencontrer des guides meilleurs il pourra rectifiant sa course arriver au bonheur comme des passagers favoriseacutes par le sort achegravevent une heureuse traverseacutee gracircce au pilote et lheureuse traverseacutee de la vie cest le bonheur Mais sil ne peut connaicirctre par lui-mecircme ses vrais inteacuterecircts sil na pas la chance de rencontrer des directeurs prudents quimporte quil ait dimmenses treacutesors car linsenseacute eucirct-il pour lui toutes les autres chances est eacuteternellement malheureux Et puisquen toute chose il faut avant tout consideacuterer la fin mdash (cest ce que font les pilotes qui ont toujours preacutesent agrave lesprit le port ougrave ils doivent faire aborder le vaisseau les cochers qui ont toujours lœil sur le terme de la course les archers et les frondeurs qui regardent le but mdash car cest le but ougrave doivent concourir tous leurs efforts) il faut neacutecessairement que la vertu se propose un certain but un certain objet qui soit comme lart de vivre et cest le nom que je lui donne dans les deux directions quelle peut prendre Ce but cest pour la vie pratique le meilleur pour la vie philosophique[105] le bien parfait que les sages dans les affaires humaines appellent le bonheur Ceux qui sont dans la misegravere ne sont pas capables de juger du bonheur

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 17: ARCHYTAS

suivant des ideacutees exactes et ceux qui ne le voient pas clairement ne sauraient le choisir Ceux qui placent le souverain bien dans le plaisir en sont punis par la folie ceux qui recherchent avant tout labsence de la douleur reccediloivent aussi leur chacirctiment et pour tout dire en un mot cest sexposer agrave tous les tourbillons de la tempecircte que de mettre le bonheur de la vie dans les jouissances du corps ou dans un eacutetat de lacircme ougrave elle ne reacutefleacutechit plus Ils ne sont pas beaucoup plus heureux ceux qui suppriment le Beau moral en eacutecartant toute discussion toute reacuteflexion agrave ce sujet et recherchant en les honorant comme le beau mecircme le plaisir labsence de la douleur les jouissances physiques primitives et simples[106] les inclinations irreacutefleacutechies du corps comme de lacircme car ils commettent une double faute en rabaissant le bien de lacircme et ses fonctions supeacuterieures au niveau de celui du corps et en eacutelevant le bien du corps au haut degreacute que doit occuper la jouissance de lacircme Par un discernement exact de ces biens il faut mesurer agrave leacuteleacutement divin et agrave la nature agrave chacun sa part Pour eux ils nobservent pas ce rapport de digniteacute du meilleur au moins bon Mais nous le faisons nous en disant que si le corps est lorgane de lacircme la raison est le guide de lacircme tout entiegravere la maicirctresse du corps cette tente de lacircme et que tous les autres avantages physiques ne doivent servir que dinstruments agrave lactiviteacute intellectuelle si lon veut quelle soit parfaite en puissance en dureacutee en richesse[107]FRAGMENT 20[108]

Voici quelles sont les conditions les plus importantes pour devenir un homme sage dabord il faut avoir reccedilu du sort un esprit doueacute de faciliteacute agrave comprendre de meacutemoire et ami du travail il faut ensuite exercer son intelligence degraves la jeunesse par la pratique de largumentation par les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes[109] Puis on doit eacutetudier la saine philosophie apregraves quoi on peut aborder la connaissance des dieux des lois et de la vie humaine Car il y a deux moyens darriver agrave cet eacutetat quon appelle la sagesse lun est dacqueacuterir lhabitude du travail intellectuel et le goucirct du savoir lautre est de chercher agrave voir beaucoup de choses de se mecircler freacutequemment aux affaires et de les connaicirctre soit directement et par soi-mecircme soit par quelque autre moyen Car ni celui qui degraves sa jeunesse a exerceacute sa raison par les raisonnements dialectiques les eacutetudes matheacutematiques et les sciences exactes nest encore apte agrave la sagesse ni celui qui a neacutegligeacute ces travaux et na fait queacutecouter les autres et se plonger dans les affaires Lun est devenu aveugle quand il sagit de juger des faits particuliers lautre quand il sagit de saisir le geacuteneacuteral De mecircme que dans les calculs cest en combinant les parties quon peut obtenir le tout de mecircme dans la pratique des affaires la raison peut bien vaguement eacutebaucher la formule geacuteneacuterale mais lexpeacuterience seule peut nous permettre de saisir les deacutetails et les faits individuelsFRAGMENT 21[110]

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 18: ARCHYTAS

La vieillesse est dans le mecircme rapport[111] agrave la jeunesse La jeunesse rend les hommes eacutenergiques la vieillesse les rend prudents elle ne laisse jamais eacutechapper par imprudence une penseacutee elle reacutefleacutechit sur ce quelle a fait elle considegravere mucircrement ce quelle doit faire afin que cette comparaison de lavenir avec le preacutesent et du preacutesent avec lavenir lui permette de bien se conduire Elle applique au passeacute la meacutemoire au preacutesent la sensation agrave lavenir la preacutevoyance car notre meacutemoire a toujours pour objet le passeacute la preacutevoyance lavenir la sensation le preacutesent Il faut donc que celui qui veut mener une vie honnecircte et belle ait non seulement des sens de la meacutemoire mais encore de la preacutevoyance

FRAGMENTS POLITIQUES

FRAGMENT 22[112]

1 Aux lois[113] des meacutechants et des atheacutees sopposent les lois non eacutecrites des dieux qui infligent des maux et des chacirctiments terribles agrave ceux qui ne leur obeacuteissent pas Ce sont ces lois divines qui ont engendreacute et qui dirigent les lois et les maximes eacutecrites qui sont donneacutees aux hommes

2[114] La loi est par rapport agrave lacircme et agrave la vie de lhomme ce que lharmonie est par rapport agrave louiumle et agrave la voix car la loi instruit lacircme et par lagrave regravegle la vie comme lharmonie en faisant leacuteducation de loreille regravegle la voix Toute socieacuteteacute suivant moi est composeacutee de celui qui commande de celui qui est commandeacute et en troisiegraveme lieu des lois Parmi les lois lune est vivante cest le roi lautre est inanimeacutee cest la lettre eacutecrite La loi est donc lessentiel cest par elle que le roi est leacutegitime que le magistrat est reacuteguliegraverement institueacute que celui qui est commandeacute conserve sa liberteacute que la communauteacute tout entiegravere est heureuse Quand elle est violeacutee le roi nest plus quun tyran le magistrat est sans droit celui qui est commandeacute tombe en esclavage la communauteacute tout entiegravere dans le malheur Les actes humains sont comme un tissu mecircleacute et formeacute du commandement du devoir de lobeacuteissance et de la force capable de vaincre la reacutesistance Le commandement appartient essentiellement au meilleur ecirctre commandeacute est le fait de linfeacuterieur la force appartient agrave tous deux car la partie raisonnable de lacircme commande et ι la partie irrationnelle est commandeacutee toutes les deux ont la force de vaincre les passions Cest de la coopeacuteration harmonieuse de ces deux parties que naicirct la vertu qui en la deacutetournant des plaisirs et des tristesses conduit lacircme au repos et agrave lapathie[115]

3[116] Il faut que la loi soit conforme agrave la nature quelle exerce une puissance effective sur les choses et soit utile agrave la communauteacute politique car si lun de ces caractegraveres ou deux ou tous lui manquent ce nest plus une loi ou du moins ce nest plus une loi

parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

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parfaite Elle est conforme agrave la nature si elle est limage du droit naturel qui se proportionne et attribue agrave chacun suivant son meacuterite elle est puissante si elle est en harmonie avec les hommes qui lui doivent ecirctre soumis car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas aptes agrave recevoir ce qui est par nature le premier des biens et qui ne sont en eacutetat de pratiquer que le bien qui est en rapport avec eux et possible pour eux[117] car cest ainsi que les gens malades et souffrants doivent ecirctre soigneacutes La loi est utile agrave la socieacuteteacute politique si elle nest pas monarchique si elle ne constitue pas des privilegraveges si elle est faite dans linteacuterecirct de tous et simpose eacutegalement agrave tous Il faut aussi que la loi ait eacutegard aux pays et aux lieux car tous les sols ne sont pas en eacutetat de donner les mecircmes fruits ni toutes les acircmes humaines les mecircmes vertus Cest pourquoi les uns fondent le droit aristocratique les autres le droit deacutemocratique les autres le droit oligarchique Le droit aristocratique fondeacute sur la proportion subcontraire est le plus juste car cette proportion donne aux plus grands termes les plus grands rapports et aux plus petits termes les plus petits rapports Le droit deacutemocratique est fondeacute sur la proportion geacuteomeacutetrique dans laquelle les rapports des grands et des petits sont eacutegaux Le droit oligarchique et tyrannique est fondeacute sur la proportion arithmeacutetique qui opposeacutee de la subcontraire attribue aux plus petits termes les plus grands rapports et aux plus grands termes les plus petits rapports Telles sont les espegraveces de proportions[118] et lon en aperccediloit limage dans les constitutions politiques et dans les familles car ou bien les honneurs les chacirctiments les vertus sont attribueacutes eacutegalement aux grands et aux petits ou bien ils le sont ineacutegalement dapregraves la supeacuterioriteacute soit en vertu soit en richesse soit en puissance La reacutepartition eacutegale est le fait de la deacutemocratie la reacutepartition ineacutegale celui de laristocratie et de loligarchie

4[119] La loi et la constitution la meilleure doit ecirctre un composeacute de toutes les autres constitutions et avoir quelque chose de deacutemocratique quelque chose doligarchique quelque chose de monarchique et daristocratique comme cela avait lieu agrave Laceacutedeacutemone car les rois y eacutetaient leacuteleacutement monarchique les geacuterontes y repreacutesentaient laristocratie les eacutephores loligarchie les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes la deacutemocratie Il faut donc que la loi soit non seulement belle et bonne mais encore que ses diffeacuterentes parties se fassent mutuellement opposition cest ainsi quelle sera puissante et durable et par cette opposition jentends quune mocircme magistrature commande et soit commandeacutee comme dans les sages lois de Laceacutedeacutemone car la puissance des rois yest balanceacutee par les eacutephores celle des eacutephores par les geacuterontes et entre ces deux puissances se placent les geacuteneacuteraux de la cavalerie et les jeunes hommes[120] qui aussitocirct quils voient prendre trop de preacutepondeacuterance agrave un parti vont se porter de lautre cocircteacute

Il faut que la loi statue dabord sur ce qui concerne les dieux les deacutemons les parents en un mot sur tout ce qui est honnecircte et

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 20: ARCHYTAS

estimable en second lieu sur ce qui est utile Il est de lordre que les regraveglements secondaires viennent apregraves les meilleurs et que les lois soient inscrites non dans les maisons et sur les portes mais dans les profondeurs de lacircme des citoyens Car mecircme agrave Laceacutedeacutemone qui a des lois excellentes on nadministre pas lEacutetat par de nombreuses ordonnances eacutecrites La loi est utile agrave la communauteacute politique si elle nest pas monarchique et na pas pour but un inteacuterecirct priveacute si elle est utile agrave tous eacutetend agrave tous son obligation et dans les chacirctiments vise agrave faire honte au coupable et agrave le marquer dinfamie plutocirct quagrave lui enlever ses richesses Si en effet cest par lignominie quon cherche agrave punir le coupable les citoyens sefforcent de mener une vie plus sage et plus honnecircte pour ne pas encouru le chacirctiment de la loi si cest par les amendes peacutecuniaires ils estimeront par-dessus tout les richesses comprenant que cest le meilleur moyen de reacuteparer leurs fautes Le mieux serait que lEacutetat fucirct organiseacute tout entier de telle sorte quil neucirct besoin en rien des eacutetrangers en ce qui concerne sa vertu et sa puissance ni pour quelque autre cause que ce soit De mecircme que la bonne constitution dun corps dune maison dune armeacutee cest davoir en soi-mecircme et non en dehors de soi le principe de son salut car par lagrave le corps est plus vigoureux la maison mieux ordonneacutee larmeacutee nest ni mercenaire ni mal exerceacutee Les ecirctres ainsi organiseacutes sont supeacuterieurs aux autres ils sont libres affranchis de la servitude sils nont pas besoin pour se conserver de beaucoup de choses mais nont que peu de besoins faciles agrave satisfaire Par lagrave lhomme vigoureux devient en eacutetat de porter de lourds fardeaux lathlegravete de reacutesister au froid car les eacuteveacutenements et les malheurs exercent les hommes Lrsquohomme tempeacuterant qui a mis agrave leacutepreuve son corps et son acircme trouve agreacuteables toute nourriture tout breuvage mecircme un lit de feuilles Celui qui a mieux aimeacute vivre dans les deacutelices et comme un sybarite finit par deacutedaigner et rejeter loin de lui mecircme la magnificence du grand roi Il faut donc que la loi peacutenegravetre profondeacutement dans les acircmes dans les mœurs des citoyens elle les rendra contents de leur sort et donnera agrave chacun suivant son meacuterite ce qui lui appartient Cest ainsi que le soleil en parcourant le cercle du zodiaque distribue agrave tout ce qui est sur la terre la geacuteneacuteration la nourriture la vie dans la mesure qui convient et institue cette sage leacutegislation qui regravegle la succession des saisons Cest pourquoi on donne agrave Jupiter les noms de Νόμιος de Νεμήῖος et on appelle Νομεύς (pacirctre) celui qui distribue leur nourriture aux brebis cest pourquoi on appelle Νόμοι les vers chanteacutes des citharegravedes car ces vers mettent lordre dans lacircme parce quils sont chanteacutes suivant les lois de lharmonie du rythme de la mesureFRAGMENT 23[121]

Le vrai chef doit non seulement avoir la science et la puissance de bien commander il faut encore quil aime les hommes car il est contradictoire quun berger haiumlsse son troupeau et soit animeacute de sentiments hostiles pour ceux quil eacutelegraveve Il faut en outre quil soit leacutegitime cest seulement ainsi quil pourra soutenir la digniteacute du chef Sa science lui permettra de bien discerner sa puissance de

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 21: ARCHYTAS

punir sa bonteacute de faire du bien et la loi de tout faire suivant la raison Le meilleur chef serait celui qui se rapprocherait le plus de la loi car il nagirait jamais dans son inteacuterecirct et toujours dans linteacuterecirct des autres puisque la loi nexiste pas pour elle-mecircme mais pour ceux qui lui sont soumisFRAGMENT 24

V plus haut Fragm 22 1FRAGMENT 25[122]

Lart de reacutefleacutechir quand on leut deacutecouvert a fait cesser les dissensions et augmenter la concorde lorsquon le possegravede lorgueil de la preacutedominance fait place au sentiment de leacutegaliteacute Cest par la reacuteflexion que nous arrivons agrave nous reacuteconcilier dans les conventions agrave lamiable car cest par elle que les pauvres reccediloivent des riches que les riches donnent aux neacutecessiteux chacun ayant confiance quil possegravede leacutegaliteacute des droitsFRAGMENT 26

La reacuteflexion est comme une regravegle qui empecircche et deacutetourne les gens qui savent reacutefleacutechir de commettre des injustices parce quelle les convainc quils ne pourront rester ignoreacutes sils exeacutecutent leurs projets et la peine qui frappe ceux qui nont pas su sabstenir les fait reacutefleacutechir et les empecircche de reacutecidiver[123]

FRAGMENTS LOGIQUES

FRAGMENT 27[124]

La logique[125] compareacutee aux autres sciences lemporte de beaucoup sur elles et reacuteussit mieux mecircme que la geacuteomeacutetrie agrave deacutemontrer ce quelle se propose lagrave ougrave la deacutemonstration geacuteomeacutetrique eacutechoue la logique y arrive et en outre la logique si elle traite des genres traite aussi des accidents du genre[126]FRAGMENT 28[127]

Cest agrave mon sens une erreur complegravete de soutenir quil y a sur toute chose deux opinions contraires lune agrave lautre et qui sont eacutegalement vraies Et dabord je considegravere comme impossible que si les deux opinions sont vraies elles soient contraires lune agrave lautre et que le beau soit contraire au beau le blanc au blanc Il nen peut ecirctre ainsi mais le beau et le laid le blanc et le noir voilagrave des contraires De mecircme le vrai est contraire au faux et lon ne peut pas produire deux opinions (contraires) ou vraies ou fausses lune est vraie lautre est fausse En effet celui qui loue lacircme de lhomme et accuse son corps ne parle pas du mecircme objet agrave moins quon ne preacutetende que parler du ciel soit la mecircme chose que parler de la terre Mais non ce sont lagrave deux termes et non un seul Que veux-je donc ici montrer Cest

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 22: ARCHYTAS

que celui qui dit que les Atheacuteniens sont des gens habiles de beaucoup desprit et celui qui dit quils ne sont pas reconnaissants ne soutiennent pas des opinions contraires car les contraires sont opposeacutes lun agrave lautre sur un mecircme objet et ici il γ a deux objets[128]FRAGMENT 29

Les dix notions universelles drsquoArchytas[129] mdash Dabord toute espegravece dart porte sur cinq choses la matiegravere linstrument la partie la deacutefinition la fin La premiegravere notion la substance est une chose existant et subsistant par soi-mecircme et na pas besoin dune autre chose pour son essence quoiquelle soit soumise agrave la geacuteneacuteration en tant quelle est une chose qui naicirct car le divin seul est increacuteeacute et veacuteritablement subsistant par lui-mecircme cest parce que les autres notions sont consideacutereacutees par rapport agrave la substance que celle-ci par opposition agrave elles est dite une chose subsistant par elle-mecircme mais elle ne lest pas par rapport au divin Les neuf notions paraissent et disparaissent sans entraicircner la perte du sujet du substrat et cest lagrave ce quon appelle laccident laccident universel Car un mecircme objet qui devient grand ou petit selon la quantiteacute ne perd pas pour cela sa propre nature Ainsi un trop bon reacutegime donne au corps un deacuteveloppement et une grosseur excessifs la sobrieacuteteacute et la privation de nourriture lamaigrissent mais cest toujours le mecircme corps le mecircme substrat De mecircme encore les hommes qui de lenfance passent agrave la jeunesse sont toujours les mecircmes quant agrave la substance et ne diffegraverent que de quantiteacute Le mecircme objet qui devient tantocirct blanc tantocirct noir change pour la vue de qualiteacute[130] sans changer dessence Le mecircme homme tantocirct mon ami tantocirct mon ennemi change dans ses dispositions et dans ce quon appelle la relation mais ne change pas dans son essence ecirctre aujourdhui agrave Thegravebes demain agrave Athegravenes ne change rien agrave lecirctre substantiel De mecircme encore on reste aujourdhui le mecircme sans changement quant agrave lessence quon eacutetait hier le changement na eu lieu que dans le rapport du temps[131] lhomme qui est debout est le mecircme qui eacutetait assis il na changeacute que de situation[132] ecirctre en armes ecirctre sans armes nest quun changement de possession celui qui frappe et qui coupe est toujours le mecircme homme quant agrave lessence il na changeacute que dacte celui qui est frappeacute ou coupeacute mdash ce qui appartient agrave la cateacutegorie de la passion mdash garde sans changement son essence

Les diffeacuterences des autres cateacutegories sont plus claires celles de la qualiteacute de la possession de la passion preacutesentent quelques difficulteacutes dans les diffeacuterences car on heacutesite sur la question de savoir si avoir la fiegravevre frissonner se reacutejouir appartiennent agrave la cateacutegorie de la qualiteacute de la possession ou de la passion Il faut distinguer si nous disons cest la fiegravevre cest le frisson cest la joie nous exprimons la qualiteacute si nous disons il a la fiegravevre le frisson il a de la joie cest la possession La possession diffegravere agrave son tour de la passion en ce que la possession peut se concevoir par elle-mecircme sans lagent La passion est un rapport agrave lagent et ne se comprend

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 23: ARCHYTAS

que par celui qui la produit si nous disons il est coupeacute ou battu nous exprimons le patient si nous disons il souffre nous exprimons la possession

Nous disons quil a dix notions universelles et pas davantage[133] comme on peut sen convaincre par la division suivante lecirctre est dans un sujet (une substance) ou nest pas dans un sujet celui qui nest pas dans un sujet forme la substance[134] celui qui est dans un sujet ou est conccedilu par lui-mecircme ou nest pas conccedilu par lui-mecircme celui qui nest pas conccedilu par lui-mecircme constitue la relation car les ecirctres relatifs qui ne sont pas conccedilus par eux-mecircmes mais qui amegravenent forceacutement lideacutee dun autre ecirctre sont ce quon appelle les rapports σχέσεις Ainsi le terme de fils amegravene forceacutement la notion de pegravere celui desclave celle de maicirctre et de mecircme tous les ecirctres relatifs πρός τι sont conccedilus dans un lien neacutecessaire avec autre chose et non par eux-mecircmes Lecirctre qui est conccedilu par soi-mecircme ou bien est divisible et alors il constitue la quantiteacute ou il est indivisible et alors il constitue la qualiteacute Les six autres notions sont produites par le meacutelange des premiegraveres La substance mecircleacutee agrave la quantiteacute si elle est vue dans le lieu constitue la cateacutegorie du ougrave si elle est vue dans le temps constitue celle du quand Mecircleacutee agrave la qualiteacute la substance ou bien est active et forme la cateacutegorie de laction ou elle est passive et forme celle de la passion Combineacutee avec la relation ou bien elle est poseacutee dans un autre et cest ce quon appelle la situation ou elle est attribueacutee agrave un autre et cest ce quon appelle la possession Quant agrave lordre des cateacutegories la quantiteacute est placeacutee apregraves la substance et avant la qualiteacute parce que par une loi naturelle toute chose qui reccediloit la qualiteacute reccediloit aussi la masse et que cest dune chose ainsi deacutetermineacutee[135] quon peut affirmer et exprimer la qualiteacute A son tour la qualiteacute preacutecegravede la relation parce que lune est par soi-mecircme lautre par un rapport et il faut dabord concevoir et exprimer une chose par elle-mecircme avant deacute la concevoir et de lexprimer dans un rapport A la suite de ces universaux viennent les autres Laction preacutecegravede la passion parce quelle est une force plus grande la cateacutegorie de la situation preacutecegravede celle de la possession parce qursquoecirctre poseacute est une chose plus simple quecirctre attribueacute et quon ne peut concevoir une chose attribueacutee agrave une autre sans concevoir la premiegravere comme poseacutee quelque part Celui qui est poseacute est aussi dans une situation dans une situation quelconque soit debout soit assis soit coucheacute Le propre de la substance est de ne pas admettre le plus et le moins mdash lhomme nest pas plus animal que le cheval par la substance mdash et de ne pas admettre les contraires Le propre de la qualiteacute est dadmettre le plus et le moins car on dit plus et moins blanc plus et moins noir Le propre de la quantiteacute cest dadmettre leacutegal et lineacutegal car la palme nest pas eacutegale agrave larpent et trois fois quatre doigts[136] valent la palme cinq nest pas- eacutegal agrave dix et deux fois cinq est eacutegal agrave dix Le propre de la relation est de reacuteunir les contraires car sil y a un pegravere il y a un fils et sil y a un maicirctre il y a un esclave Le propre du ougrave est denvelopper du quand de ne pas demeurer de la situation

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 24: ARCHYTAS

decirctre poseacute de la possession decirctre attribueacute Le composeacute de la substance et de la quantiteacute est anteacuterieur au composeacute de la qualiteacute le composeacute de la substance et de la qualiteacute est agrave son tour anteacuterieur agrave celui de la substance et de la relation Le ougrave preacutecegravede le quand parce que le ougrave suppose le lieu qui a fixiteacute et permanence le quand se rapporte au temps et le temps toujours en mouvement na aucune fixiteacute et le repos est anteacuterieur au mouvement Laction est anteacuterieure agrave la passion la situation agrave la possession

1 Cateacutegorie de la substance

La substance se divise en substance corporelle et substance incorporelle la substance corporelle en corps animeacute et corps inanimeacute les corps animeacutes en corps doueacutes de sensation et corps priveacutes de sensation les corps doueacutes de sensation en animaux et zoophytes lesquels ne se divisent plus par des diffeacuterences opposeacutees[137] Cependant lanimal se divise en raisonnable et irraisonnable lanimal raisonnable en mortel et immortel le mortel dans les subdivisions enfermeacutees sous lespegravece telles que homme bœuf cheval et le reste Les espegraveces se divisent en individus qui nont aucune valeur propre[138] Chacune des sections que nous avons obtenues plus haut par des divisions opposeacutees est susceptible decirctre eacutegalement diviseacutee agrave son tour jusquagrave ce quon arrive aux individus indivisibles et qui ne sont daucun prix[139]

2 Cateacutegorie de la quantiteacute

La quantiteacute se divise en sept parties la ligne la surface le corps le lieu le temps le nombre le langage La quantiteacute est ou continue ou discregravete il y a cinq quantiteacutes continues et deux discregravetes le nombre et le langage Dans la quantiteacute on distingue celle qui est composeacutee de parties ayant position les unes par rapport aux autres[140] telles que la ligne la surface le corps le lieu et celles dont les parties nont pas de position comme le nombre le langage et le temps car quoique le temps soit une quantiteacute continue cependant ses parties nont pas de position parce quil nest pas permanent et que ce qui na pas de permanence ne saurait avoir de position La quantiteacute a donneacute naissance agrave quatre sciences la quantiteacute continue immobile constitue la geacuteomeacutetrie mobile lastronomie la quantiteacute discregravete immobile constitue larithmeacutetique mobile la musique

3 Cateacutegorie de la qualiteacute

La qualiteacute se divise[141] en maniegravere decirctre ἕξιν et affection διάθεσιν qualiteacute passive et passion puissance et impuissance figure et forme La maniegravere decirctre est laffection agrave un eacutetat de tension eacutenergique cest la permanence la fixiteacute provenant delagrave continuiteacute et de leacutenergie de laffection cest laffection devenue pour ainsi dire la nature une seconde nature enrichie On appelle aussi maniegravere decirctre les qualiteacutes que la nature nous donne et qui ne viennent ni de

laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

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laffection ni du progregraves naturel de lecirctre comme la vue et les autres sens La qualiteacute passive comme la passion est accroissement intensiteacute affaiblissement On rapporte agrave la qualiteacute passive et agrave la passion la colegravere la haine lintempeacuterance les autres passions vicieuses les affections maladives la chaleur et le froid mais tantocirct on les range dans la cateacutegorie de la maniegravere drsquoecirctre et de laffection tantocirct de la qualiteacute passive et de la passion[142] On peut dire quen tant que laffection est communicable on peut lappeler maniegravere decirctre en tant quelle cause une passion on peut lappeler qualiteacute passive mot qui se rapporte agrave sa permanence et agrave sa fixiteacute Car une modification renfermeacutee dans la mesure sappelle passion πάθος Ainsi de celui agrave qui elle est communiqueacutee la chaleur tirerait le nom de maniegravere decirctre ἕξιν de la cause qui produit la modification[143] on dira que cest la qualiteacute passive ou la puissance de la passion comme lorsquon dit de lenfant quil est coureur en puissance philosophe en puissance et en un mot lorsquagrave un moment donneacute lecirctre na pas la force dagir mais quil est possible quapregraves une peacuteriode[144] de temps eacutecouleacutee cette puissance lui appartienne Limpuissance cest lorsque la nature se refuse agrave la possibiliteacute drsquoaccomplir certains actes comme lrsquohomme est impuissant agrave voler le cheval agrave parler lrsquoaigle agrave vivre dans lrsquoeau et toutes les impossibiliteacutes naturelles

On appelle figure une conformation drsquoun caractegravere deacutetermineacute forme la qualiteacute se montrant exteacuterieurement par la couleur ou la beauteacute ou la laideur se montrant agrave la surface par la couleur et en un mot toute forme apparente deacutetermineacutee sautant aux yeux Il y en a qui limitent la figure aux choses inanimeacutees et reacuteservent la forme aux ecirctres vivants Les uns disent que le mot figure donne lrsquoideacutee de la dimension de profondeur et que la forme ne srsquoapplique qursquoagrave lrsquoapparence superficielle mais vous avez eacuteteacute instruits de tout cela[145]

4 Cateacutegorie de la relation

Les relatifs se divisent drsquoune maniegravere geacuteneacuterale en quatre classes la nature lrsquoart le hasard la volonteacute Crsquoest une relation de nature que celle du pegravere au fils drsquoart que celle du maicirctre au disciple de hasard que celle de lrsquoesclave au maicirctre de volonteacute que celle de lrsquoami agrave lrsquoami et de lrsquoennemi agrave lrsquoennemi quoi qursquoon puisse dire aussi qursquoelles sont toutes naturelles[146]

5 Cateacutegorie du ougrave

La vision la plus simple est en six le haut le bas en avant par derriegravere agrave droite agrave gauche Chacune de ces subdivisions a des varieacuteteacutes ainsi dans le haut il y a de nombreuses diffeacuterences dans lair dans les astres jusquau pocircle au delagrave du pocircle et ces diffeacuterences se reacutepegravetent dans le bas les lieux eux-mecircmes infiniment

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 26: ARCHYTAS

diviseacutes sont soumis en outre agrave une infiniteacute de diffeacuterences mais ce point tregraves ambigu sera expliqueacute

6 Cateacutegorie du quand

Le quand se divise en preacutesent passeacute futur Le preacutesent est indivisible le passeacute se divise en neuf subdivisions le futur en cinq nous en avons parleacute plus haut

7 Cateacutegorie de laction

Laction se divise en acte discours penseacutee laction en œuvre des mains œuvre des broches[147] et outils œuvre des pieds et chacune de ces divisions se divise elle-mecircme en œuvres propres qui ont aussi leurs parties Le langage se divise en langue grecque et langue barbare et chacune de ces divisions a ses varieacuteteacutes cest-agrave-dire ses dialectes La penseacutee se divise en un monde infini de penseacutees qui ont pour objet les unes le monde les autres les choses hypercosmiques Le langage et la penseacutee appartiennent vraiment agrave laction[148] car ce sont des actes de la nature raisonnable en effet si on nous dit que fait un tel nous reacutepondons il cause il converse il pense il reacutefleacutechit et ainsi du reste

8 Cateacutegorie de la passion

La passion se divise en passions de lacircme et passions du corps et chacune en passions qui proviennent de laction dun autre comme par exemple lorsque quelquun est frappeacute et en passions qui naissent sans lintervention active dun autre lesquelles reccediloivent mille formes diverses

9 Cateacutegorie de la situation

La situation se divise en trois ecirctre debout assis coucheacute[149] et chaque division est agrave son tour subdiviseacutee par les diffeacuterences de place Car on est debout ou sur ses pieds ou sur le bout des doigts ou le jarret tendu ou le genou courbeacute la station diffegravere encore soit que les pas sont eacutegaux ou quils soient ineacutegaux quon marche sur ses deux pieds ou sur un seul Etre assis a les mecircmes diffeacuterences car eacutetant assis on peut ecirctre droit pencheacute renverseacute la position des genoux peut faire un angle droit ou un angle obtus les pieds peuvent ecirctre poseacutes lun par-dessus lautre ou autrement Etre coucheacute de mecircme car on est coucheacute agrave la renverse la tecircte pencheacutee en avant ou de cocircteacute le corps eacutetendu ou preacutesentant soit une figure courbe soit une figure angulaire Ces divisions sont loin decirctre uniformes elles sont au contraire tregraves varieacutees La position est encore sujette agrave dautres divisions car un objet peut ecirctre reacutepandu comme le bleacute le sable lhuile leau et tous les autres solides susceptibles de position et tous les liquides que nous connaissons Cependant ecirctre eacutetendu appartient agrave la position comme la toile et les filets

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 27: ARCHYTAS

10 Cateacutegorie de la possession

Avoir se dit des choses quon met sur soi comme se chausser sarmer se couvrir des choses quon met dans dautres et on lapplique au boisseau agrave la bouteille aux autres vases car on dit que le boisseau a de lorge que la bouteille a du vin il se dit aussi de la richesse des possessions on dit quil a de la fortune des champs des bestiaux et autres choses de mecircme nature[150]FRAGMENT 30[151]

Lordre des cateacutegories est le suivant au premier rang est placeacutee la substance parce quelle seule sert de substrat agrave toutes les autres quon peut la concevoir seule et par elle-mecircme et que les autres ne peuvent ecirctre conccedilues sans elle car tous les attributs ont en elle leur sujet ou sont affirmeacutes delle La seconde est la qualiteacute car il est impossible quune chose ait une qualiteacute sans avoir une essenceFRAGMENT 31[152]

Toute substance physique et sensible par sa nature mecircme doit pour ecirctre conccedilue par lhomme ou bien ecirctre placeacutee dans les cateacutegories ou ecirctre deacutetermineacutee par elles et ne peut ecirctre conccedilue sans ellesFRAGMENT 32[153]

La substance a trois diffeacuterences lune consiste dans la matiegravere lautre dans la forme la troisiegraveme dans le mixte de lune et de lautre[154]FRAGMENT 33[155]

Ces notions ces cateacutegories ont des caractegraveres communs et des caractegraveres propres Je dis que ce sont des caractegraveres communs agrave la substance de ne pas recevoir le plus et le moins car il nest pas possible quon soit plus ou moins homme Dieu ou plante de ne pas avoir de contraires car lhomme nest pas le contraire de lhomme ni le Dieu dun Dieu il nest pas non plus contraire aux autres substances decirctre par soi et de ne pas ecirctre dans un autre comme la couleur glauque ou bleue est le propre de la substance de lœil puisque toute substance est par soi Toutes les choses qui lui appartiennent intimement ou les accidents sont en elle ou ne peuvent ecirctre sans elle agrave la qualiteacute conviennent plusieurs des caractegraveres delagrave substance par exemple de ne pas recevoir le plus ou moinsFRAGMENT 34[156]

Cest le propre de la substance de rester identique agrave elle-mecircme une en nombre et decirctre susceptible des contraires La veille est contraire au sommeil la lenteur agrave la vitesse la maladie agrave la santeacute et le mecircme homme un numeacuteriquement est susceptible de toutes ces diffeacuterences Car il seacuteveille dort se meut lentement ou vite est bien

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 28: ARCHYTAS

portant malade peut en un mot recevoir tous les contraires semblables pourvu que ce ne soit pas en mecircme tempsFRAGMENT 35[157]

La quantiteacute a trois diffeacuterences lune consiste dans la pesanteur comme le talent lautre dans la grandeur comme la double coudeacutee lautre dans la multitude comme dixFRAGMENT 36[158]

La substance est neacutecessairement premiegravere ainsi que ses accidents mdash et cest ainsi quils sont dans un certain rapport agrave autre chose apregraves la substance viennent les rapports des qualiteacutes accidentelles[159]FRAGMENT 37[160]

Une proprieacuteteacute commune quil faut ajouter agrave la qualiteacute cest dadmettre certains contraires et la privation La relation reccediloit le plus et le moins car cest ecirctre plus que decirctre plus grand et plus petit quune autre chose et cependant lecirctre reste toujours le mecircme mais tous les relatifs nen sont pas susceptibles[161] car on ne peut pas ecirctre plus ou moins pegravere fregravere fils par ougrave je nentends pas exprimer les sentiments des deux parents ni quel degreacute de tendresse les ecirctres du mecircme sang et les fils des mecircmes parents ont les uns pour les autres[162] je veux parler uniquement de la tendresse qui est dans la nature de ces rapportsFRAGMENT 38[163]

La qualiteacute a certains caractegraveres communs par exemple de recevoir les contraires et la privation le plus et le moins se retrouvent dans les passions Cest pour cela que les passions sont marqueacutees du caractegravere de lrsquoindeacutetermination parce quelles sont dans une mesure indeacutetermineacutee plus ou moins forteFRAGMENT 39[164]

La relation est susceptible de conversion et cette conversion est fondeacutee ou bien sur la ressemblance comme leacutegal et le fregravere ou sur la dissemblance comme le plus grand et le plus petit Il y a des relatifs qui ne se convertissent pas par exemple la science et la sensation car on dit[165] la science de lintelligible la sensation du sensible[166] et la raison cest que lintelligible et le sensible peuvent exister indeacutependamment de la science et de la sensation et que la science et la sensation ne peuvent exister sans lintelligible et le sensible Le propre des relatifs cest dexister simultaneacutement les uns dans les autres et decirctre causes les uns des autres car si le double existe neacutecessairement existe la moitieacute si la moitieacute existe neacutecessairement existe le double cause de la moitieacute comme la moitieacute est cause du doubleFRAGMENT 40[167]

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 29: ARCHYTAS

Puisque toute chose mue se meut dans un lieu que laction et la passion sont des mouvements en acte il est clair quil faut quil y ait un lieu premier dans lequel soient et lobjet agissant et lobjet patientFRAGMENT 41[168]

Le propre de lagent est davoir en lui-mecircme la cause du mouvement le propre de la chose faite du patient est de lavoir dans un autre Car le statuaire a en soi la cause de faire la statue le bronze a la cause de la modification quil subit et en lui-mecircme et dans le statuaire Il en est de mecircme des passions de lacircme car il est dans la nature de la colegravere quelle seacuteveille agrave la suite dune autre chose quelle soit exciteacutee par une autre chose externe par exemple par le meacutepris le deacuteshonneur loutrage et celui qui agit ainsi envers un autre a en lui-mecircme la cause de son actionFRAGMENT 42[169]

Le degreacute le plus eacuteleveacute de laction est lacte il y a trois diffeacuterences agrave observer dans lacte car ou il saccomplit dans la contemplation des astres ou dans le faire ποιέν comme de gueacuterir de construire ou dans lagir πράσσεν comme de commander une armeacutee dadministrer les affaires de lEacutetat Lacte a lieu mecircme sans raisonnement comme dans les animaux sans raison Ce sont lagrave les contraires les plus geacuteneacuterauxFRAGMENT 43[170]

La passion diffegravere de leacutetat passif car la passion est accompagneacutee de sensation comme la colegravere le plaisir la crainte tandis quon peut souffrir quelque chose sans sensation par exemple la cire quand elle se fond la boue quand elle se segraveche De mecircme lœuvre faite diffegravere aussi de leacutetat passif car la chose faite a subi une certaine action mais tout ce qui a subi une certaine action nest pas une chose faite car une chose peut ecirctre dans un eacutetat passif par suite de manque et de privationFRAGMENT 44[171]

Il y a dun cocircteacute lagent de lautre le patient par exemple dans la nature Dieu est lecirctre qui fait la matiegravere lecirctre qui souffre les eacuteleacutements sont lun et lautreFRAGMENT 45[172]

Le propre de la possession est decirctre une chose adventice decirctre une chose corporelle seacutepareacutee de lessence ainsi la voile les chaussures sont distinctes de celui qui les possegravede et ce ne sont pas lagrave des proprieacuteteacutes naturelles ni des accidents essentiels comme la couleur bleue des yeux et la rareacutefaction car ce sont lagrave deux proprieacuteteacutes incorporelles tandis que la possession se rapporte agrave une chose corporelle et adventiceFRAGMENT 46[173]

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 30: ARCHYTAS

Puisque les signes et les choses signifieacutees ont un but que lhomme qui se sert de ces signes et de ces choses signifieacutees doit remplir la fonction parfaite du discours achevons ce que nous avons dit en eacutetablissant que lensemble harmonieux de toutes ces cateacutegories nappartient pas agrave lhomme en soi mais agrave un certain homme deacutetermineacute Car de toute neacutecessiteacute cest un homme deacutetermineacute et qui existe quelque part qui a qualiteacute et quantiteacute et relation et action et passion et situation et possession qui est dans un lieu et dans un temps Quant agrave lhomme en soi il ne reccediloit que la premiegravere de ces expressions je veux dire lessence et la forme mais il na pas de qualiteacute il na pas dacircge il nest pas vieux il ne fait ni ne souffre rien il na pas de situation il ne possegravede rien il nest pas dans le lieu il nexiste pas dans le temps Tout cela ce sont des accidents de lecirctre physique et corporel mais non de lecirctre intelligible immobile et enfin indivisibleFRAGMENT 47[174]

Parmi les contraires les uns sont dits opposeacutes lun agrave lautre par convention et par nature ainsi le bien au mal le malade agrave lhomme sain la veacuteriteacute agrave lerreur les autres comme la possession est opposeacutee agrave la privation tels que la vie et la mort la vue et la ceacuteciteacute la science et lignorance les autres comme les relatifs ainsi le double et la moitieacute celui qui commande et celui qui est commandeacute le maicirctre et lesclave les autres comme laffirmation et la neacutegation comme ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre honnecircte et ne lecirctre pasFRAGMENT 48[175]

Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement simultaneacutement il est impossible que le double soit et que la moitieacute ne soit pas ni que la moitieacute soit et que le double ne soit pas et si quelque chose devient double il faut quen mecircme temps la moitieacute devienne et si le double est deacutetruit que la moitieacute soit aussi deacutetruiteFRAGMENT 49[176]

Des relatifs les uns se reacutepondent lun agrave lautre dans les deux sens comme le plus grand le plus petit le fregravere le semblable les autres se reacutepondent mais non pas dans les deux sens Car on dit eacutegalement la science de lintelligible et la sensation du sensible mais on ne dit pas la reacuteciproque lintelligible de la science le sensible de la sensation La raison cest que lobjet du jugement peut exister indeacutependamment de celui qui juge par exemple le sensible peut exister sans sensation lintelligible sans la science tandis quil nest pas possible que le sujet qui porte un jugement existe sans lobjet dont il juge par exemple il ne peut y avoir de sensation sans objet sensible ni de science sans objet intelligible Des relatifs qui se reacutepondent reacuteciproquement les uns se reacutepondent indiffeacuteremment comme le semblable leacutegal le fregravere Car celui-ci est le semblable de celui-lagrave comme celui-lagrave est le semblable de celui-ci celui-ci est leacutegal de celui-lagrave comme celui-lagrave est leacutegal de celui-ci Il en est qui se reacutepondent reacuteciproquement mais non pas indiffeacuteremment car celui-

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 31: ARCHYTAS

ci est plus grand que celui-lagrave et celui-lagrave est plus petit que celui-ci celui-ci est le pegravere de celui-lagrave et celui-lagrave est le fils de celui-ciFRAGMENT 50[177]

Ces opposeacutes se divisent en espegraveces qui se tiennent les unes aux autres car des contraires les uns sont sans terme moyen ἄμεσα les autres en ont un Il ny a pas de moyen terme entre la maladie et la santeacute le repos et le mouvement la-veille et le sommeil le droit et le courbe et les autres contraires Mais entre le beaucoup et le peu il y a la juste mesure entre laigu et le grave le consonnant entre le rapide et le lent leacutegaliteacute de vitesse entre le plus grand et le plus petit leacutegaliteacute de mesure Des contraires universels il faut quil y en ait un qui appartienne agrave ce qui les reccediloit car ils nadmettent pas de moyen terme Ainsi il ny a pas de moyen terme entre la santeacute et la maladie tout ecirctre vivant est neacutecessairement ou malade ou bien portant ni entre la veille et le sommeil il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit ou eacuteveilleacute ou endormi ni entre le repos et le mouvement il faut neacutecessairement que tout ecirctre vivant soit en repos ou en mouvement Les opposeacutes dont ni lun ni lautre ni lun des deux nappartient pas neacutecessairement au sujet qui les peut recevoir ont des termes moyens entre le blanc et le noir il y a le fauve et il nest pas neacutecessaire quun animal soit ou blanc ou noir entre le grand et le petit il y a leacutegal et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou grand ou petit entre le rude et le mou il y a le doux au toucher et il nest pas neacutecessaire quun ecirctre vivant soit ou rude ou mou Il y a dans les opposeacutes trois diffeacuterences les uns sont opposeacutes comme le bien lest au mal par exemple la santeacute agrave la maladie les autres comme le mal lest au mal par exemple lavarice agrave la deacutebauche les autres comme neacutetant ni lun ni lautre par exemple comme le blanc est opposeacute au noir le pesant au leacuteger Des opposeacutes les uns ont lieu dans les genres de genres[178] car le bien est lopposeacute du mal et le bien est le genre des vertus le mal celui des maux Dautres ont lieu dans les genres des espegraveces la vertu est lopposeacute du vice et la vertu est le genre de la prudence et de la tempeacuterance le vice est le genre de la folie et de la deacutebauche Dautres ont lieu dans les espegraveces le courage est lopposeacute de la lacirccheteacute la justice de linjustice et la justice et le courage sont des espegraveces de la vertu[179] linjustice et la deacutebauche des espegraveces du vice Les genres premiers que nous appelons genres de genres peuvent ecirctre diviseacutes les derniegraveres espegraveces qui se rapprochent immeacutediatement de lobjet sensible ne sauraient plus ecirctre genres et ne sont quespegraveces Car le triangle est le genre du rectangle de leacutequilategravere et du scalegravene[180] lespegravece du bien[181]FRAGMENT 51[182]

51 Les opposeacutes diffegraverent les uns des autres en ce que pour les uns les contraires il nest pas neacutecessaire quils naissent en mecircme temps et quils disparaissent en mecircme temps Car la santeacute est le contraire de la maladie le repos celui du mouvement cependant chacun deux ne naicirct ni ne peacuterit en mecircme temps que son opposeacute La possession et

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 32: ARCHYTAS

la privation de la production diffegraverent en ceci cest quil est dans la nature des contraires quon passe de lun agrave lautre par exemple de la santeacute agrave la maladie et de la maladie agrave la santeacute il nen est pas ainsi de la possession et de la privation de la possession on passe bien agrave la privation mais la privation ne revient pas agrave la possession le vivant meurt mais le mort ne revit jamais En un mot la possession[183] est la persistance de ce qui est suivant la nature la privation en est le deacutefaut la deacutefaillance Les relatifs naissent et disparaissent neacutecessairement en mecircme temps car il est impossible que le double existe et que la moitieacute nexiste pas que la moitieacute existe et que le double nexiste pas si quelque double vient agrave naicirctre il est impossible quil ne naisse pas la moitieacute et si quelque double est deacutetruit que la moitieacute ne soit pas deacutetruite Laffirmation et la neacutegation sont des formes de proposition et elles expriment eacuteminemment le vrai et le faux Etre homme est une proposition vraie si la chose existe fausse si elle nexiste pas Il faut en dire autant de la neacutegation elle est vraie ou fausse suivant la chose exprimeacutee[184]

En outre entre le bien et le mal il y a un milieu ce qui nest ni bien ni mal entre le beaucoup et le peu la juste mesure entre le lent et le vite leacutegaliteacute de vitesse entre la possession et la privation il ny a pas de milieu Car il ny a rien entre la vie et la mort entre la vue et la ceacuteciteacute A moins quon ne dise que le vivant qui nest pas encore neacute mais qui naicirct est entre la vie et la mort et que le petit chien qui ne voit pas encore est entre la ceacuteciteacute et la vue En sexprimant ainsi on reacutepond par un terme moyen accidentel et non suivant la vraie et propre deacutefinition des contraires

Les relatifs ont des termes moyens car entre le maicirctre et lesclave il y a lhomme libre entre le plus grand et le plus petit il y a leacutegaliteacute entre le large et leacutetroit la proportion convenable on pourrait trouver de mecircme entre les autres contraires un milieu quil ait ou nait pas de nom

Entre laffirmation (et la neacutegation[185]) il ny a pas de contraires par exemple entre ecirctre homme et necirctre pas homme ecirctre musicien et necirctre pas musicien En un mot il est neacutecessaire daffirmer ou de nier On appelle affirmer lorsquon montre de quelque chose quelle est un homme par exemple ou un cheval ou un attribut de ces ecirctres comme de lhomme quil est musicien du cheval quil est belliqueux on appelle nier lorsquon montre de quelque chose quelle nest pas quelque chose pas homme pas cheval ou quelle na pas un attribut de ces ecirctres par exemple que lhomme nest pas musicien que le cheval nest pas belliqueux et entre cette affirmation et cette neacutegation il ny a rienFRAGMENT 52[186]

La privation et ecirctre priveacute est pris dans trois sens car ou lon na pas du tout la chose comme laveugle na pas la vue le muet la voix lignorant la science ou bien on ne la quen quelque sorte comme

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 33: ARCHYTAS

lhomme qui a loreille dure a louiumle lhomme qui a les yeux malades a la vue ou bien on peut dire quen quelque sorte on ne la pas comme on dit dun homme qui a les jambes torses quil na pas de jambes dun homme qui a une mauvaise voix quil na pas de voix

[1] Stobeacutee Elog Phys I 712 Heer Meineke t I p 194 du livre περὶ Άρχων des Principes

[2] Λόγον ἔχοισαν que je crois mal traduit par rationit particeps

[3] Je lis avec Meineke τῷ au lieu de το καθ ὅλῳ

[4] Ce διὰ τοῦτο nest justifieacute par rien et semble annoncer que ce morceau est composeacute de plusieurs fragments juxtaposeacutes entre lesquels il y a certaines lacunes Il ny a pas de lien entre les deux principes eacutenonceacutes dans la 1egravere partie et les quatre eacutenonceacutes dans la 2e

[5] Τᾶς ὠσίας est ici pris pour matiegravere

[6] Αἰτία τῶ τόδε τι ἤμεν ou εἴμεν la quidditeacute aristoteacutelique laquo Ut certum quid sit res raquo

[7] Τὰν ὕλαν

[8] Le texte est corrompu Jadopte la restitution de Muumlllach celle de Meineke diffeacuterente dans les mots donne un sens identique

[9] Il y a encore ici une restitution de Meineke que jaccepte Au lieu drsquoἀόρατον δύναμιν (Jacobs conjecture sans raison ἀόριστον) Meineke lit καὶ πράτον ce qui me paraicirct plus logique

[10] Je suis encore ici les ingeacutenieuses et heureuses corrections de Meineke

[11] Ap Syrian au commencement de son commentaire sur la Met dAristote XII p 102 Bœckh (p 149) ne connaissait pas le texte grec de ce fragment qui na eacuteteacute publieacute que par Brandis De perditis Arist libris 1823 p 35 La version latine de Bagolini (Venise Ald 1558 f 202 a) est preacuteceacutedeacutee de ces mots laquo Substantiarum enim principia super substantialia esse oportet raquo

[12] Bagolini le nomme Archenenis et Bœckh propose de lire Archytas

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 34: ARCHYTAS

[13] Ap Syrian ad Vet Arist XIII 8

[14] Theacuteon de Smyrne Arithm p 27

[15] Stob Ecl phys I p 58 reacutepeacutetant Plut Plac Phil I 8 laquo Pythagore dit que les principes sont dabord la monade qui est Dieu et le Bien (νόος Plutarque donne τοῦ ἑνός) qui est lessence de lintelligence mecircme et ensuite la dyade indeacutefinie qui est un deacutemon le mal et qui a rapport agrave la quantiteacute mateacuterielle raquo Cependant Theacuteon de Smyrne (Arithm p 24) nous affirme que ce sont les pythagoriciens posteacuterieurs qui ont useacute de ces mots la monade et la dyade Alexandre dAphrodise dans Simplicius (in Arist Phys f 104 b) dit laquo Platon posa comme principes de la dyade lUn et le grand et le petit Il preacutetendait que la dyade indeacutefinie participait elle-mecircme du grand et du petit raquo Et un peu plus loin il ajoute laquo Les nombres sont les principes de tous les ecirctres en sorte que le principe de tout est lUn et le grand et le petit cest-agrave-dire la dyade indeacutefinie car chaque nombre en tant quil se divise et est une multitude appartient agrave la dyade indeacutefinie middot

Cf Sext Emp Adv Math X 249-263 qui attribue ces termes et ces ideacutees agrave Pythagore Elles ne sont ni de lui ni de Platon elles paraissent ecirctre neacutees dans lEacutecole des successeurs immeacutediats de Platon qui tombaient dans le pythagorisme

[16] Il ny a pas positivement de contradiction entre ces deux fragments Il reacutesulte seulement de lagrave que lemploi des mots eacutetait assez libre ou pour mieux dire encore vague Archytas semble avoir distingueacute deux sortes duniteacutes luniteacute suprasensible Dieu la cause avant la cause et luniteacute reacuteelle qui enveloppant en elle linfini porte agrave trois le nombre de ses principes agrave moins quon ne veuille admettre que lUniteacute suprecircme contient en soi les deux contraires du fini et de linfini du pair et de limpair

[17] Joh Lydus de Mensibus VI p 21 ed Schow

[18] Claudien Mamert de Statu Anim II 7 middot Archytas Tarentinus idemque Pythagoricus in eo opere quod magnificum de rerum natura produit post multam de numeris utilissimam (ou subtilissimam) disputationem ldquoAnima inquit ad exemplum unius composite est quaelig sic illocaliter dominatur in corpore sicut unus in numerisrdquo Plut Plac Phil IV 2 laquo Pythagore deacutefinissait lacircme un nombre se mouvant lui-mecircme Il prend le nombre pour lacircme raquo Plutarque (de Gen Anim I) attribue cette deacutefinition agrave Xeacutenocrate Cic (de Nat D I 11 laquo Pythagoras censuit animum esse per naturam rerum omnem intentum et commeantem (mouvement) ex quo nostri animi carperentur

[19] Stob Ecl Phys I p 878

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 35: ARCHYTAS

[20] Cic Tusc IV 5 laquo Veterem illam equidem Pythagoraelig primum deinde Platonis descriptionem sequar qui animum in duas partes dividunt alteram rationis participem faciunt alteram expertem raquo

Plut de Plac Phil IV 4 laquo Pythagore et Platon ont deux divisions Par lune ils divisent lacircme en deux parties lune raisonnable et lautre irraisonnable mais par une analyse plus attentive et plus exacte ils la divisent en trois subdivisant la partie irraisonnable en courage et deacutesir raquo

Id IV 5 13 laquo Pythagore place le principe vital au cœur le principe intellectuel et rationnel dans la tecircte raquo

Stobeacutee (Eclog I 848) attribue agrave Areacutesas cette division de lacircme en νόος qui produit la penseacutee et la science en θύμωσις qui produit la puissance et la force en ἐπιθυμία qui engendre lamour et le goucirct du plaisir et (Serm I p 9) il la reacutepegravete comme venant des livres de la pythagoricienne Theacuteano

Diogegravene de Laeumlrte VIII 30 dans son reacutesumeacute de la doctrine pythagoricienne quil tire probablement dAlexandre Polyhistor dit laquo Ils divisent lacircme de lhomme en trois parties la raison la penseacutee (αἱ φρένες) le courage La raison et le courage appartiennent agrave tous les animaux la penseacutee nappartient quagrave lhomme raquo Il reacutesulterait de cette analyse que la raison aurait eacuteteacute mal distingueacutee de la sensation Aristote dit en effet (Magn Moral c ii) que Platon est le premier qui ait distingueacute dans la connaissance la connaissance sensible et la connaissance rationnelle et pure

Sext Emp (adv Math VII 92) dit que la raison qui vient des matheacutematiques et qui est capable de connaicirctre la nature des ecirctres a eacuteteacute pour les pythagoriciens le κριτήριον cest-agrave-dire la source et la reacutegie de la connaissance

[21] Stob Ed I p 722

[22] Jacobs conjecture au lieu de κόσμος quil faut lire ὁ νόος qui reacutepond mieux agrave αἴσθησις Mais la leccedilon ordinaire quOrelli et Meineke ne peuvent digeacuterer suivant le mot dHartenstein sexplique cependant parla theacuteorie pythagoricienne Le monde est le principe et la regravegle de la connaissance parce quen dehors de lui il ny a nul ordre nulle deacutetermination nul nombre nulle fin et que la connaissance est tout cela V Bœckh Philol p 49

[23] Cest du moins ce que jentends par le mot ὁ λόγος qui reccediloit dans la phrase suivante un sens neacutecessairement diffeacuterent car ici il est lrsquoobjet du jugement ἐπικρίνει ὁ νόος τὸν λόγον et une ligne plus bas il en est le sujet περὶ νοητῶν ματεύηται ὁ λόγος Je croirais volontiers agrave une fausse leccedilon Hartenstein entend par τὸ

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 36: ARCHYTAS

κρινόμενον non lobjet du jugement mais le jugement mecircme abstraction faite de son sujet et de son objet le jugement logique qui se diviserait naturellement en jugements ayant rapport aux choses intelligibles et jugements ayant rapport aux choses sensibles

[24] En effet la reacutealiteacute mecircme la nature des choses est la vraie mesure de la connaissance

[25] Cest comme on sait le nom grec de loctave

[26] Οκα έπιμαρτυρώμεθα τὸ λόγσν διὰ τἄς αἰσθάσιος On pourrait entendre encore toutes les fois que la sensation vient fournir son teacutemoignage agrave la raison Le mot λόγος est freacutequemment envoie dans ce passage et souvent avec des sens tregraves divers Lemploi du mot syllogisme inconnu dans sa forme substantive et son sens logique et technique mecircme agrave Platon les quatre causes dAristote qui se preacutesentent ici avec ses propres formules prouvent eacutevidemment lorigine posteacuterieure du fragment

[27] Ce fragment est composeacute de deux extraits tireacutes lrsquoun de Stobeacutee (Ecl Phys Ι 784) le second agrave partir des mots Διόπερ ὤν δεῖ emprunteacute agrave louvrage dIamblique intituleacute Περὶ κοινῆς μαθεμ se trouve dans les Anecdota graeligca de Villoison l II p 199) Cette derniegravere partie nest presque que la reproduction litteacuterale dun passage de la Reacutepublique de Platon (l VI 509-511) Dans Stobeacutee comme dans Iamblique louvrage dArchytas dougrave le fragment est extrait porte le titre identique De la raison et de la tentation dont lobjet suivant Iamblique eacutetait laquo de distinguer les criteacuterium des ecirctres et drsquoeacutetablir quel est le criteacuterium le plus propre des matheacutematiques raquo

[28] Le texte tout agrave fait mutileacute ne peut avoir de sens quen reacutetablissant quelques mots par pure conjecture Jai adopteacute la restitution dHeeren accepteacutee par Meineke

[29] Je suis les restitutions tregraves intelligentes de Meineke

[30] Passage mutileacute et quaucune restitution nest parvenue agrave rendre clair

[31] Ou plutocirct la forme τὸ εἶδος On ne sait trop ce que vient foire cette deacutefinition de lrsquoεἴδος

[32] Ici se termine la citation de Stobeacutee

[33] Ici commence lextrait dIamblique

[34] Le texte des manuscrits (ταῦτα δὲ σύμφωνα ποιητὰ θεωρονμενα διrsquo αὐτῶν ἀλάθειαν) me paraissant inintelligible jadopte la restitution de Mullach qui lit ποιητέα θεωροῦντα

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 37: ARCHYTAS

[35] Tireacute dIamblique Προτρεκτικόν cap iv p 39 eacuted Kiessl Le fragment est citeacute par Iamblique comme emprunteacute agrave un livre dArchytas intituleacute Περί σοφίας et cest sous ce titre que le deacutesigne eacutegalegraverent Porphyre dans son commentaire sur lHarmonique de Ptoleacutemeacutee I 215 Stobeacutee (Sermon I p 63) nous a conserveacute quelques extraits dun ouvrage de la pythagoricienne Peacuterictyoneacute qui porte le mecircme titre et reproduit souvent le texte mecircme dArchytas mais le tour et ordre des ideacutees nest pas tout agrave fait celui que nous rencontrons dans notre fragment

[36] Δύναμις Cest la theacuteorie dAristote lesprit est en puissance objet mecircme quil saisit et comprend agrave moins quon naime mieux voir dans les mots ὄψις καὶ δύναμις la figure ἐν διὰ δύοιν et les traduire ainsi la faculteacute de voir

[37] Ῥιζωθέντα ἤ γιννηθέντα

[38] Εἴδεα τοῦ ἐόντος

[39] Les manuscrits donnent συναριθμήσασθαι le fragment de Peacuterictyoneacute donne εὐρυθμίαασθαι Muumlllach corrige et lit συναρθμήσασθαι que jadopte

[40] Leacuteleacutement platonique qui se manifeste agrave tous les yeux dans ce morceau ne suffirait pas agrave en reacutefuter lauthenticiteacute puisquArchytas contemporain et ami de Platon a ducirc ne pas ecirctre eacutetranger agrave ses doctrines Mais leacuteleacutement aristoteacutelicien qui se reacutevegravele dans la formule toute scolastique middot laccident universel de lecirctre middot τα καθόλβ πᾶσι ξυμβεβακότα est une preuve irreacutefutable de la falsification

[41] Tireacute de Simplicius in Phys Arist f 108 a

[42] Ici commence le groupe de fragments que Hartenstein classe sous le titre de Fragments Physiques Matheacutematiques

[43] Les pythagoriciens admettaient cela est constant linfini bon du monde (Aristot Phys III 4) Aristote dit Simplicius (l I l 107) dit bien que cet argument eacutetait tregraves ancien Ὁ δὲ Ἀριστοτελη ὣς ἀρχαιοτέρου μέμνηται τοῦ λόγου Lautoriteacute dEudegraveme semble garantir lauthenticiteacute sinon du texte du moins de largument qui cependant a un tour bien subtil et bien deacutelieacute pour un vieux pythagoricien

[44] Tireacute de louvrage Περὶ τοῦ παντός et citeacute par Simplicius in Categ Aristott f135

[45] Citeacute par Simplicius in Phys Aristt f 165 a

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 38: ARCHYTAS

[46] Simplicius reproduit dans le mecircme ouvrage (f 186 b) mais dapregraves Iamblique cette mecircme deacutefinition quil fait preacuteceacuteder dune autre tout aristoteacutelique quil attribue eacutegalement agrave Archytas (f 129 b)

[47] Cest-agrave-dire le principe de distinction de discreacutetion

[48] Simplicius affirme (in Phys 186 a) que le pythagoricien Archytas est le premier philosophe connu qui ait chercheacute agrave deacutefinir lessence du temps La doctrine des pythagoriciens qui ramenaient les intervalles agrave des rapports numeacuteriques permet de consideacuterer ce fragment comme authentique

[49] Τὸν ψυχικόν

[50] Ce double temps sexplique disait-on par le double infini lun sensible lautre intelligible quadmettaient les pythagoriciens (Simplic in Phys 104 b) Mais Aristote (Phys III 4) disant que les pythagoriciens mettent linfini parmi les choses sensibles mdash ce qui ne saccorde guegravere dailleurs avec son interpreacutetation du pythagorisme contenue dans la Meacutetaphysique I 5 mdash ne justifie pas cette opinion de lopposition de deux infinis Toutefois on semble apercevoir lideacutee que lespace et le temps sont en tant que notions pures infinis et que en tant que reacutealiseacutes dans des choses qui coexistent ou se succegravedent ils rentrent dans la cateacutegorie du fini

[51] Simplicius in Phys f 186 a et in Categ f 130 b avec peu de changement On retrouve dans ce fragment suspect toute la theacuteorie dAristote sur la nature du temps (Phys IV 14-20)

[52] Il suffit de lire les chap xiv-xx du IVe livre de la Physique dAristote pour rejeter avec toute certitude ce fragment qui en reproduit et les ideacutees et les expressions

[53] Tireacute dEudegraveme dans Simplicius in Phys f 98 b

[54] Les pythagoriciens seacutetaient sans doute occupeacutes du mouvement puisquau dire dAristote (Meacutet I 7) διαλέγονται καὶ πραγματεύονται περὶ φύσεων πάντα Hais leurs principes ne lexpliquaient guegravere comme le leur reproche Aristote Sil faut en croire Eudegraveme (Simpl in Phys 98 b) les pythagoriciens comme Platon le ramenaient agrave linfini Dans ce cas Archytas se sera eacutecarteacute des principes de lEacutecole

[55] Arist Probl XVI 9

[56] Cest peut-ecirctre en partant de ce principe agrave priori que les pythagoriciens sont arriveacutes agrave leur theacuteorie de la sphegravere et du mouvement spheacuterique Cf Bœckh Phil p 94

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 39: ARCHYTAS

[57] Tireacute de louvrage Περὶ μαθημάτων κοίνων citeacute par Iamblique Villoison Anecdot graeligc II p 202) Stobeacutee le cite eacutegalement (Floril XLIII 135 t II p 140 Meineke)

[58] Stobeacutee lie agrave ce fragment une suite de reacuteflexions morales qui nont pas rapport aux principes poseacutes et quHartenstein a placeacutees dans une autre cateacutegorie de fragments

[59] Tireacute de Nicomaque Institut arithmet I 3 p 70 eacuted Ast

[60] Τὰν ἀναστροφὰν ἔχει Dans Iamblique (Villois Anecd p 197) au lieu de ce texte obscur on lit laquo sont sœurs et se tiennent les unes les autres comme les anneaux dune chaicircne raquo Platon (Rep VII 630 d) atteste que cette image qui marque si vivement le lien des sciences appartient aux pythagoriciens Ως οῖ τε Πυθαγόρειοί φασιν καὶ ἡμεῖς

[61] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harmon Wallis Opp Math tom III p 236-238 Oxford 1699

[62] Le texte de Muumlllach et dOrelli diffegravere sensiblement de celai dHartenstein

[63] Νωτρῶς leccedilon dEtienne dans les Opuscula Aristot et Theophrasti Paris 1557 p 80 au lieu de ὀρθῶς que donnent Orelli et Muumlllach et de ὠρθρῶς que donne Wallis

[64] Le texte est alteacutereacute Καὶ τοῦτο κατείδομες ἰσχυρῷ τόπῳ σαμήῳ

[65] Appeleacutees aussi στρόμβοι (Il XIV 413) ou στρόβιλοι (Plat Legg IV 436)

[66] Orelli et Muumlllach donnent au lieu de τινά la conjecture βαρεῖαν qui est ameneacutee par la neacutecessiteacute de lopposition des termes de lexpeacuterience

[67] Tireacute de Theacuteon de Smyrne de Music eacuted Bouillaud p 94

[68] Des sons qui sont entre eux dans un rapport conformant

[69] Nicom (Arithm l 1 p 70) comme on la vu cite ce fragment en le faisant preacuteceacuteder de ces mots laquo Archytas de Tarente au commencement de son traiteacute dharmonie dit agrave peu pregraves οὕτω πὼς λέγες middot Porphyre lamegravene par ces mots laquo comparons maintenant la theacuteorie dArchytas le pythagoricien dont les eacutecrits passent en geacuteneacuteral pour ecirctre authentiques raquo On voit que si le fond de la doctrine est pythagoricien le texte de la reacutedaction pourrait bien appartenir agrave un auteur plus reacutecent

[70] Tireacute de Porphyre in Ptolem Harm p 267

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 40: ARCHYTAS

[71] Cf Bœckh Philol p 84 Iambl (in Nicom p 141) dit que le nom dharmonique a eacuteteacute donneacute agrave cette proportion par Archytas et Hippasus

[72] Proportion par diffeacuterence 6 4 2 ougrave lon a 2 pour diffeacuterence de 6 agrave 4 comme de 4 agrave 2

[73] En effet 64 = 32 = 1 + frac12

42 = 21 = 2 plus grand que 1 + frac12

[74] Proposition par quotient ougrave lon a les rapports 84 = 42

[75] Soit 12 8 6

12 = 8 + 4 8 = 6 + 2

4 = 123 2 = 63

[76] En effet 128 =1 + frac12 86 = 1+ 13 plus petit que 1 + frac12

[77] Citeacute par Stobeacutee Sermon I p 12 et tireacute de louvrage de Stobeacutee De lhomme de bien et heureux

[78] Ce fragment qui contient la preuve que lauteur a connu les deacutefinitions du bien et du mal des stoiumlciens et des eacutepicuriens et ougrave Aristote est largement mis agrave contribution est eacutevidemment apocryphe

[79] Cette distinction soutenue par les peacuteripateacuteticiens contre les stoiumlciens et marqueacutee par les termes subtilement opposeacutes ἐπαίνετος et de μακαρίστος est emprunteacutee agrave Aristote (Eth Nic I 12 Magn Mor I 1 Eth Eud II 1)

[80] On sait que les stoiumlciens faisaient leur sage eacutegal agrave Dieu on aperccediloit donc encore ici lopposition agrave leur doctrine

[81] Ces mots ne se trouvent pas dans le texte dHartenstein ni dans celui dOrelli qui chose singuliegravere en donne cependant la traduction

[82] Cette division commune aux peacuteripateacuteticiens et aux stoiumlciens se trouve dans Aristote (Ethic Nic I 5) Zeller sur ce passage preacutetend quAristote la emprunteacute aux pythagoriciens ce qui est difficile agrave admettre

[83] Les manuscrits donnent τίνων ὦν quon ne peut construire Je lis avec Muumlllach τίνα

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 41: ARCHYTAS

[84] Cest-agrave-dire qui ont un rapport agrave une fin

[85] Hartenstein donne προαιρετικά avec les manuscrits mais ce mot sexplique mal Canter lit ποιητικά qui preacutesente agrave peu pregraves la mecircme ideacutee que παρεκτικά preacutefeacutereacute par Muumlllach

[86] Τῶν καλῶν

[87] Cette division ternaire se retrouve litteacuteralement dans Aristote (Ethic Nic I 8)

[88] Cest la deacutefinition infime rapporteacutee agrave Aristote par Stobeacutee (Ed II 70) χρῆσις ἀρετῆς ἐν βιῳ τελείῳ et par Diogegravene de Laeumlrte (VI 1 30) dans les mecircmes termes Aristote lui-mecircme (Ethic Nic I 9) est moins affirmatif

[89] Ce sont agrave peu pregraves les mecircmes termes et les mecircmes classifications que celles que Stobeacutee extrait des platoniciens (II 60) Πρῶτα δ ἐστί κατὰ φύσιν περὶ μὲν τὸ σῶμα ἕξις κίνησις σχέσις ἐνέργεια δύναμις ὄρεξις ὑγίεια ἰσχὺς εὐεξία εὐαισθησία κάλλος τάχος ἀρτιότης αἱ τῆς ζωτικῆς ἁρμονίας ποιότητες περὶ δὲ τὴν ψυχὴν εὐσυνεσία εὐφυΐα φιλοπονία ἐπιμονὴ μνήαη τὰ τούτοι παρακλησία Cependant il faut bien reconnaicirctre quelques nuances Cette analyse remontait au moins agrave Socrate et il nest pas certain que ce ne sont pas les pythagoriciens qui lont au moins eacutebaucheacutee

[90] Stob Ed II 114 Εν σῶμα πᾶσαι ἀρεταί

[91] Le pythagoricien Theacuteagegraves dont Hartenstein par une singuliegravere inadvertance qui ne serait pas pardonneacutee agrave un Franccedilais a fait la pythagoricienne Theacuteago deacutefinit la vertu lharmonie des parties irrationnelles de lacircme avec la partie raisonnable (Stob Serm A p 27 Hein)

[92] Εὐτυχίαν Le sens semblerait exiger ἀτυχίαν

[93] Le mecircme Theacuteagegraves citeacute plus haut deacutefinit aussi la vertu ἕξις τις τοῦ δέοντος (Stob Serm A p 25 Mein)

[94] Cest le mot charmant et si connu dAristote un seul beau jour ou la premiegravere hirondelle ne fait pas le printemps (Ethic Nic I 6)

[95] Tireacute de Stob (Serm 170) sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ἠθικῆς (Mein 11 p 28)

[96] Expression assez eacutetrange αἴτε ἔχη ὕλαν

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 42: ARCHYTAS

[97] Ὥστε ἅ μὴ δήληταί τις παριόντα passage corrompu quon a corrigeacute de plusieurs maniegraveres sans produire un texte plus clair et plus correct

[98] Cest une eacutevidente allusion agrave lapathie stoiumlcienne ce qui deacutetruit lauthenticiteacute du morceau

[99] Ὁρίδδων pour ὁρίσδων ὁρίζων

[100] Άπαθεία

[101] Malgreacute le caractegravere suspect de ce fragment il faut cependant reconnaicirctre quil saccorde parfaitement avec les fragments dHippodamus de Thurii et dEuryphamus Conf Stob Serm A 103 27 t IV p 10 et 103 26 t IV p 6

[102] Extrait de Stob Serm Append t IV p 206 Mein e ms Flor Joan Damascii sous le titre Έκ τοῦ περὶ παιδεύσεως ήθικῆς

[103] Au lieu de τὸν ἐν τείθη τῆ ἐπιστάμα que donnent les manuscrits et Hartenstein je lis avec Meineke τον ἐντίθητι ἐπιστάμα

[104] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[105] Jajoute ici avec Gaisford au texte τῶ δὲ βίω le mot φιλοσόφω qui me semble comme agrave lui neacutecessaire au sens

[106] Ce sont ici les eacutepicuriens qui sont mis agrave profit et pris agrave partie

[107] Ce sont manifestement ici des distinctions emprunteacutees agrave lEacutecole peacuteripateacuteticienne

[108] Extrait de Stob Serm 3 76 t 1 p 85 Mein Ἐκ τοῦ περ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ εὐδαίμονος

[109] Κατ ἀκρίβειαν θεωρίαις

[110] Extrait de Stob 115 27 t IV p 75 Mein du mecircme ouvrage que le fragment preacuteceacutedent

[111] Dont on a parleacute preacuteceacutedemment dans une partie de louvrage qui est perdue

[112] Extrait de Stobeacutee 43 120 t II p 135 Mein sans titre mdash Le fragment 1 appartient probablement comme les suivants agrave louvrage intituleacute Περὶ νόμου καὶ δικαιοσύνης Il forme le ndeg 24 dans la collection dHartenstein

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 43: ARCHYTAS

[113] Jai ajouteacute au texte de Gaisford et de Meineke le mot νόμοις comme Muumlllach

[114] Extrait de Stob 43 132 t II p 136 Mein du mecircme ouvrage

[115] Labsence de douleurs Cest le mot et lideacutee stoiumlcienne que nous avons vus plus haut critiqueacutes

[116] Extrait de Stob 43 138 t II p 136 Heineke Mecircme titre que le fragment preacuteceacutedent

[117] Passage tregraves obscur

[118] Ταὶ μὲν οὖν ἰδέαι τᾶς διανομᾶς Sur quoi Hartenstein laquo Ideas quidem earumque imagines largimur Archytaelig An Plato cum eo sua obiter communicaverit raquo Quel rapport y a-t-il entre les ideacutees de Platon et ces diffeacuterentes formes ou espegraveces de proportions

[119] Extrait de Stob 43 131 t II p 138 Meineke

[120] Κόρει

[121] Extrait de Stob 46 61 t II p 227 Mein

[122] Stob 43185 t II p 140 Meineke met ce fragment et le suivant agrave la suite de celui qui forme le ndeg 13 dans la collection dHartenstein et nen fait quun seul sous le titre Περὶ μαθημάτων Hartenstein les seacutepare trouvant que le commencement sen lie mal avec le milieu et la fin Cest en effet un lien bien exteacuterieur que celui qui-forme le mot εὑοεθείς qui rappelle lrsquoἑχευρόντα du ndeg 13

[123] Les fragments politiques nont rien de suspect ni dans le fond ni dans la forme On pourrait seacutetonner peut-ecirctre de la preacutecision technique de la classification des trois formes politiques mais fondeacutee sur les proprieacuteteacutes essentielles des trois formes de proportions elle sexplique et il serait difficile quelle ne fucirct pas dun pythagoricien

[124] Extrait de Stobeacutee Ecl Phys I 4 p 12 Mein p 3 sous le titre ἘEx τῶν διατριβῶν

[125] Je lis λογικά au lieu de λογιστικά quon pourrait dailleurs conserver en lui donnant le sens de logique

[126] Tout ceci est peu clair et encore on nobtient cette obscure clarteacute quavec des hardiesses dinterpreacutetation dangereuses et quil est de toute neacutecessiteacute de confesser

[127] Extrait de Stob Ed Eth II 4 p 24 Mein

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 44: ARCHYTAS

[128] Il ny a rien qui puisse faire suspecter ces deux fragments et le mot dAristote (Met I 6) que les philosophes anteacuterieurs agrave Platon ne seacutetaient pas occupeacutes de dialectique ne suffit pas pour en faire rejeter lauthenticiteacute Ce nest pas ici une theacuteorie systeacutematique ce sont des remarques et des observations assez geacuteneacuterales pour avoir pu ecirctre faites par les pythagoriciens

[129] On cite une eacutedition de Venise 1561 ou 1571 sous le titre Archytaelig decem praeligdicamenta Dom Pizimentio Vib interprete dont lexistence mecircme est mise en doute Ce texte a eacuteteacute publieacute par Cameacuterarius Leipz 1564 sous le titre Αρχύτου φερόμενοι δέκα λόγοι καθολικοί sur un manuscrit donneacute par Bessarion agrave Jean Brasiator (J Frankenstein le premier docteur en theacuteologie (1410) de Leipzig) Comment Bessarion en eacutetait-il devenu possesseur cest ce quon ignore Aucun des anciens ne mentionne louvrage et historiquement comme au point de vue critique on nen peut soutenir un instant lauthenticiteacute

[130] Il y a dans le texte ποσότατι que conservent Orelli Hartenstein Muumlllach cest eacutevidemment une erreur de copiste ameneacutee par le ποιότατι de la ligne preacuteceacutedente Je lis ici ποιότατι ou plutocirct ποὁτατι comme plus loin

[131] Litteacuteralement du quand τοῦ πότε λόγου

[132] Τοῦ κεῖσθαι

[133] Aristote na jamais fixeacute ce nombre quil ne produit pas toujours complet comme une loi neacutecessaire de lentendement Cest une exageacuteration qui reacutevegravele le fanatisme dun disciple

[134] Il est sujet substrat substance lui-mecircme

[135] Cest-agrave-dire que dans lordre logique des deacuteterminations de lessence il faut pour quune chose ait qualiteacute quelle soit deacutejagrave placeacutee dans la cateacutegorie de la quantiteacute Cet ordre est tout agrave fait eacutetranger agrave Aristote qui nen donne et nen fait pressentir aucun sauf pour la substance qui occupe neacutecessairement et naturellement toujours la premiegravere place dans les passages ougrave il eacutenumegravere les cateacutegories Hegel seul a essayeacute dexposer la geacuteneacuteration agrave la fois logique et reacuteelle des cateacutegories qui dans son systegraveme sont agrave la fois les genres de lecirctre et les genres de la penseacutee

[136] Παλαίοται petite palme de quatre doigts

[137] Si je comprends bien οὐκ ἀντιδιαιρούμενος μέν cela veut laquodire quon ne peut plus diviser ce genre en espegraveces car cest lespegravece qui divise le genre par des diffeacuterences opposeacutees

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 45: ARCHYTAS

[138] Lespegravece demeure et subsiste les individus meurent et disparaissent

[139] Il ny a ici comme on le voit aucune discussion sur la nature de la substance cest une simple partition des cateacutegories eacuteclaircie par des exemples Ces divisions se trouvent deacutejagrave dans Porphyre Introd agrave lrsquoOrgan dAristote c iii

[140] Tout ceci est tireacute dAristote cateacuteg VI laquo La quantiteacute est discregravete ou continue lune est composeacutee de parties qui ont une position les unes par rapport aux autres lautre de parties qui nen ont pas La quantiteacute discregravete cest par exemple le nombre et le langage la quantiteacute continue cest par exemple la ligne la surface le corps etc raquo

[141] Les manuscrits donnent διακεῖται que conservent Orelli et Hartenstein Il me paraicirct eacutevident comme agrave Muumlllach que cest une erreur de copiste pour διαιρεῖται

[142] Toutes ces deacutefinitions sont tireacutees des Cateacutegories dAristote c viii

[143] Muumlllach substitue sans neacutecessiteacute ἀλλοιωθέτος agrave la leccedilon des manuscrits ἀλλοιοῦντος

[144] Je lis περιόδοις au lieu de παρόδοις que je ne puis comprendre

[145] Μεμαθήκατε Ce mot comme quelques autres qursquoon rencontrera plus bas semble prouver que nous nrsquoavons ici qursquoune compilation de professeur destineacutee agrave servir de canevas agrave des leccedilons

[146] Crsquoest encore la theacuteorie drsquoAristote Cat c vii Les relatifs semblent en mecircme temps ecirctre naturels et si cela nrsquoest pas exact de tous cela lrsquoest de la plupart

[147] Δι ὀβέλων Hartenstein propose ingeacutenieusement ὅπλων

[148] Je lis τοῦ ποιεῖν οὖσιν au lieu de ὑπὲρ τοῦ

[149] Ce sont aussi les exemples dAristote Cateacuteg 7

[150] Cf Arist Cateacuteg 15 Si nous navions que ce texte eacutevidemment falsifieacute nous naurions aucun doute sur la prioriteacute dinvention et dexposition systeacutematique des dix cateacutegories Mais Simplicius et Iamblique en affirmant quArchytas en est le premier auteur font naicirctre des soupccedilons plus justifieacutes dautant plus que le premier cite des fragments deacutetacheacutes de louvrage du pythagoricien quil avait certainement sous les yeux et dont il nous fait connaicirctre le titre laquo Archytas dit-ilmdash et cela dans son Commentaire sur les Cateacutegories

dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

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dAristote f 2b mdash Archytas a distingueacute les dix notions geacuteneacuterales premiegraveres dans le livre intituleacute Περὶ τοῦ παντός il a eacuteclairci la theacuteorie par des exemples montreacute lordre dans lequel elles sont les unes par rapport aux autres les diffeacuterences speacutecifiques de chacune delles leurs proprieacuteteacutes communes et propres Iamblique aux endroits neacutecessaires a citeacute louvrage dArchytas a reacuteuni avec intelligence les fragments disperseacutes et en a fait ressortir laccord avec la theacuteorie dAristote Les diffeacuterences mdash et elles ne sont pas nombreuses mdashont eacuteteacute mises par lui sous les yeux du lecteur On peut donc dire que partout Aristote na voulu que suivre les traces dArchytas raquo On ne peut pas nier quon retrouve dans Platon quelques traces des cateacutegories mais sil les avait connues dans ce deacuteveloppement et avec cette preacutecision technique il est difficile de croire quil ne nous leucirct pas laisseacute voir Il est certain du moins quau temps dIamblique louvrage passait geacuteneacuteralement pour ecirctre dArchytas et jouissait dune grande autoriteacute puisque lui et Simplicius lui font lhonneur de le comparer agrave celui dAristote et assureacutement lautoriteacute de ces deux eacutecrivains consideacuterables meacuterite quelque respect La question est donc moins certaine quon ne le suppose ordinairement et il reste encore dans lesprit du critique impartial quelques doutes tregraves leacutegitimes Cest le sentiment ougrave persiste le savant M Egger et quil avait deacutejagrave soutenu dans sa thegravese citeacutee plus haut p 192 n 1

[151] Simpl in Categ f 28 a

[152] Simpl in Categ f 28 b

[153] Simpl in Categ f 34 a

[154] Crsquoest la theacuteorie si connue et si originale dAristote

[155] Simpl in Categ f 34 b

[156] Simpl in Categ f 43 a

[157] Simpl in Categ f 48

[158] Simpl in Categ f 58

[159] Les accidents essentiels sont susceptibles de rapports mais ils ne peuvent avoir de rapports quen tant quils appartiennent agrave la substance συνυπάρχοντα mdash Outre les accidents essentiels il y en a daccidentels agrave la substance επίκτητα qui eacutevidemment ne peuvent venir quen seconde ligne

[160] Simpl 11 f 67 a

[161] Le texte dit ἄλλως πως ἐχόντων Il me parait neacutecessaire de lire comme dans la ligne preacuteceacutedente ποτ ἄλλο πῶς ἐχόντων

[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

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[162] Au lieu de ποτ ἄλλως que je ne puis entendre je lis ποτ ἀλλήλως

[163] Simpl 11 f 106 b

[164] Simpl 11 f 68 b

[165] Il faut sous-entendre sans pouvoir renverser et convertir les termes Cf Fragm 49

[166] Je lis encore ici τοῦ αἰσθητοῦ au lieu de τᾶς αἰσθάσιος

[167] Simpl 11 f 108 b

[168] Simpl 11 f 115 b

[169] Simpl 11 f 116 b

[170] Simpl 11 f 121 b

[171] Simpl 11 f 122 b

[172] Simpl 11 f 135 b

[173] Simpl 11 f 140 a

[174] Extrait dun autre ouvrage dArchytas que Simplicius intitule Περὶ ἀντικειμένων et dont il dit in Categ f 141 b laquo Aristote paraicirct encore dans ce chapitre sur les oppositions avoir profiteacute du livre dArchytas intituleacute Sur les Opposeacutes que celui-ci navait pas fondu avec le Traiteacute sur les cateacutegories mais dont il avait fait le sujet dun livre agrave part Voici quelle est la division que propose Archytas Parmi le contraires etc raquo

[175] Simpl 11 f 142 a

[176] Simpl 11 f 142 a

[177] Simpl 11 145 a

[178] Lauteur veut parler des genres geacuteneacuteralissimes πρῶτα εἴδη ou γενικώτατα

[179] Au lieu de εἰ δέ ἁ δικαιοσύνα μὲν καὶ ἀδικία τᾶς ἀρετάς je lis εἴδη δὲ δικαιοσύνα καὶ ἀνδρεία

[180] Toute cette theacuteorie est dAristote cateacuteg VI et V

[181] Ce commencement de phrase na aucun sens

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a

Page 48: ARCHYTAS

[182] Simpl 11 f 151 b

[183] Simplicius (ad cap xv des Cateacutegories dAristote) donne une autre deacutefinition dArchytas laquo Cest pour cela quArchytas dans le passage ougrave il traite avec une exactitude rigoureuse du genre dit que la possession cest decirctre maicirctre des attributs adventices κράτησίν τινα τῶν ἐπικτήτων raquo

[184] Le texte est incertain le sens plus incertain encore On retrouve ici des redites des pueacuteriliteacutes du moins apparentes car on ne peut guegravere juger de ces fragments ainsi deacutetacheacutes et isoleacutes

[185] Mot que jajoute pour compleacuteter le sens

[186] Simpl 1 L 155 a