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1 > ARGU FLASH < 14 octobre 2011 « DÉMONDIALISATION » : LA DANGEREUSE UTOPIE DU PS La primaire PS a mis Arnaud Montebourg dans une position de « faiseur de roi ». Et le problème des faiseurs de roi, c’est qu’on doit les courtiser. François Hollande et Martine Aubry se sont donc lancés dans une surenchère pour séduire l’électorat de Montebourg en reprenant à leur compte le concept de « démondialisation ». I. La « démondialisation » : un concept pompeux, trompeur et dangereux. Personne ne nie les excès de la mondialisation lorsqu’elle est sans contrôle. Il faut à l’évidence réguler l’économie et le système financier (avec par exemple une taxe sur les transactions financières, le recul des paradis fiscaux ou l’encadrement des bonus défendus par N. Sarkozy), voire une dose de protection (comme avec la taxe carbone aux frontières de l’Europe portée par la France). Mais la démondialisation d’A. Montebourg, c’est un mot creux pour habiller un protectionnisme d’antan basé sur une avalanche de taxes et barrières aux frontières de l’Europe. La démondialisation, c’est un danger pour la France et les Français pour 4 raisons : 1/ Tout n’est pas à jeter dans la mondialisation qui crée de l’emploi et du pouvoir d’achat : Sans mondialisation, pas de débouchés pour nos entreprises et peu d’emplois en France. 1/4 des salariés français vivent de l’export : comment A. Montebourg justifie-t-il le protectionnisme devant les ouvriers d’Airbus dont les débouchés sont internationaux ? Que leur dit-il s’agissant des 180 A320, vendus à la compagnie indienne IndiGo, pour plus de 15 milliards de dollars ? Quel discours tient-il devant les 400 000 salariés du secteur agro-alimentaire dont le solde commercial est positif (6,2 milliards d’euros en 2010) ? Sans mondialisation, les produits de base seraient infiniment plus chers : la production à bas coûts à l’étranger de certains produits manufacturés permet de faire baisser les prix. Le jour où nous imposons unilatéralement des taxes à nos frontières, c’est l’explosion du prix du pétrole, des ordinateurs, du cacao, du café... 2/ Mettre en place du protectionnisme de manière unilatérale, c’est s’exposer à des représailles dont les Français payeront le prix : les autres pays ne peuvent pas accepter qu’on taxe leurs produits sans qu’ils taxent les nôtres en retour. Le risque est de se lancer dans une guerre commerciale mondiale, dont rien ne nous assure que nous en sortirions gagnants, et qui pourrait déboucher sur la fragilisation de nos secteurs exportateurs et une crise économique internationale. C’est ce qui s’est passé en 1929 : face à la crise chaque pays avait cédé à la tentation du protectionnisme entraînant une régression mondiale du libre échange (entre 1929 et 1933 le commerce mondial s’était ainsi contracté de 2/3) sans que cela permettre de sortir de la crise, au contraire cela avait aggravé le mal… 3/ Le constat d’Arnaud Montebourg sur la mondialisation n’est pas juste : il voudrait faire croire que l’Europe est ouverte à tous vents. C’est faux, l’Union Européenne est moins ouverte que le Japon ou le Canada. Elle est la troisième utilisatrice de droits anti-dumping au monde (des instruments de défense commerciale) derrière l’Inde et les Etats-Unis et la

Argumentaire UMP - « Démondialisation » : la dangereuse utopie du PS

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Argumentaire UMP - « Démondialisation » : la dangereuse utopie du PS

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> ARGU FLASH < 14 octobre 2011

« DÉMONDIALISATION » : LA DANGEREUSE UTOPIE DU PS

La primaire PS a mis Arnaud Montebourg dans une position de « faiseur de roi ». Et le

problème des faiseurs de roi, c’est qu’on doit les courtiser. François Hollande et Martine

Aubry se sont donc lancés dans une surenchère pour séduire l’électorat de Montebourg en

reprenant à leur compte le concept de « démondialisation ».

I. La « démondialisation » : un concept pompeux, trompeur et dangereux. Personne ne nie les excès de la mondialisation lorsqu’elle est sans contrôle. Il faut à

l’évidence réguler l’économie et le système financier (avec par exemple une taxe sur les

transactions financières, le recul des paradis fiscaux ou l’encadrement des bonus défendus

par N. Sarkozy), voire une dose de protection (comme avec la taxe carbone aux frontières de

l’Europe portée par la France). Mais la démondialisation d’A. Montebourg, c’est un mot

creux pour habiller un protectionnisme d’antan basé sur une avalanche de taxes et barrières aux frontières de l’Europe.

La démondialisation, c’est un danger pour la France et les Français pour 4 raisons :

1/ Tout n’est pas à jeter dans la mondialisation qui crée de l’emploi et du pouvoir d’achat : � Sans mondialisation, pas de débouchés pour nos entreprises et peu d’emplois en

France. 1/4 des salariés français vivent de l’export : comment A. Montebourg justifie-t-il

le protectionnisme devant les ouvriers d’Airbus dont les débouchés sont internationaux ?

Que leur dit-il s’agissant des 180 A320, vendus à la compagnie indienne IndiGo, pour plus

de 15 milliards de dollars ? Quel discours tient-il devant les 400 000 salariés du secteur agro-alimentaire dont le solde commercial est positif (6,2 milliards d’euros en 2010) ?

� Sans mondialisation, les produits de base seraient infiniment plus chers : la production

à bas coûts à l’étranger de certains produits manufacturés permet de faire baisser les

prix. Le jour où nous imposons unilatéralement des taxes à nos frontières, c’est

l’explosion du prix du pétrole, des ordinateurs, du cacao, du café...

2/ Mettre en place du protectionnisme de manière unilatérale, c’est s’exposer à des représailles dont les Français payeront le prix : les autres pays ne peuvent pas accepter

qu’on taxe leurs produits sans qu’ils taxent les nôtres en retour. Le risque est de se lancer

dans une guerre commerciale mondiale, dont rien ne nous assure que nous en sortirions

gagnants, et qui pourrait déboucher sur la fragilisation de nos secteurs exportateurs et une

crise économique internationale. C’est ce qui s’est passé en 1929 : face à la crise chaque pays avait cédé à la tentation du protectionnisme entraînant une régression mondiale du libre échange (entre 1929 et 1933 le commerce mondial s’était ainsi contracté de 2/3) sans que cela permettre de sortir de la crise, au contraire cela avait aggravé le mal…

3/ Le constat d’Arnaud Montebourg sur la mondialisation n’est pas juste : il voudrait faire croire que l’Europe est ouverte à tous vents. C’est faux, l’Union Européenne est moins ouverte que le Japon ou le Canada. Elle est la troisième utilisatrice de droits anti-dumping

au monde (des instruments de défense commerciale) derrière l’Inde et les Etats-Unis et la

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Politique Agricole Commune (PAC) est l’une des politiques commerciales les plus

protectrices au monde !

Montebourg veut laisser croire que notre problème est la concurrence « déloyale » avec la

Chine ou l’Inde… La vérité, c’est que 2/3 des importations dans l’Union européenne se réalisent entre pays européens et seules 10% des importations proviennent de pays à bas salaires. S’il y a des délocalisations en France, ce n’est donc pas tant une question de

concurrence déloyale avec la Chine ou l’Inde, mais un problème de compétitivité avec nos propres voisins européens, à commencer par l’Allemagne. Plutôt que de chercher à trouver

un coupable à l’extérieur, ayons le courage de nous interroger sur nos propres faiblesses !

4/ La France fait partie de l’Union Européenne, elle doit se conformer à une politique commune : on ne peut pas unilatéralement, décréter qu’on va construire des barrières aux frontières ! La politique commerciale commune est une compétence exclusive de l'Union

européenne où les décisions sont largement prises à l’unanimité... En outre la France doit

aussi se conformer aux règles de l'OMC. Comment Montebourg compte-t-il convaincre un

partenaire européen comme l’Allemagne, dont la croissance est tirée par le commerce

extérieur (plus de 150 Mds€ d’excédents commerciaux en 2010), d’accepter des mesures de

protectionnisme qui saperaient sa prospérité ? Nos partenaires européens n’accepteront

jamais de faire de l’Europe une forteresse démondialisée.

II. La démondialisation séduit avant tout l’extrême gauche et l’extrême droite. La démondialisation n’est rien d’autre qu’une idée populiste et simplificatrice. Faut-il

s’étonner que les partis extrémistes de notre pays la soutiennent sans complexe ?

� Marine Le Pen est un soutien de choc de Montebourg ! Avant même la primaire, elle

avait déclaré sur BFM le 7 octobre 2011: «Celui qui se rapproche le plus des positions qui

sont les miennes, c'est Montebourg.». Elle a confirmé sa position le 11 octobre : « Il faut

le reconnaître : il y a à l’évidence des points de convergence entre les projets économiques de Marine Le Pen et d’Arnaud Montebourg ».

� Une proximité dont se réclame aussi Jean-Luc Mélenchon, qui s’est dit lors d’un

déplacement en Corrèze, le 11 octobre « prêt » à accueillir M. Montebourg au sein du

Front de gauche, en faisant même un « premier-ministrable » !

� C’est la preuve s’il en était besoin que les deux extrêmes se rejoignent ! C’est surtout la preuve que F. Hollande et M. Aubry sont prêts à s’accorder sur des thèses qui plaisent aux extrémistes de gauche comme de droite, pour attirer l’électorat de Montebourg ! Alors que jamais la droite n’a conclu d’alliance avec le FN, le PS fait là face

à un vrai problème de conscience. La ligne de M. Aubry est-elle réellement « tout à fait

compatible avec les principales thématiques défendues par Montebourg » comme le

déclarait L. Fabius sur France Info le 10 octobre ? Hollande a-t-il vraiment « entendu » le

message du 3ème

homme comme il le disait sur RTL le même jour ?

� Arnaud Montebourg a fait un marketing efficace pour surfer sur les peurs légitimes des Français, générées par une mondialisation et un système financier aux excès dangereux, en inventant le mot de « démondialisation » et en promettant la mise sous

tutelle des banques. La vérité, c’est qu’aucune de ces deux promesses n’est réaliste et

réalisable sans détruire nos emplois. Il faut arrêter de mentir aux Français, le vrai problème de notre économie, ce n’est pas la mondialisation, c’est le manque de compétitivité. Le vrai problème de nos comptes publics, ce ne sont pas les banques, c’est

la dépense publique que nous avons laissée filer depuis plus de 30 ans. La solution est de

passer à une économie financée par le travail et l’innovation et pas par la dette publique.