ARIUS ET LA PLANÈTE MAGIQUE

Arius et la planète magique

Jeunesse

Ariane Grais

Éditions Persée

© Éditions Persée, 2016

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Illustrations : G. Constant

« La Planète peut se passer de nous mais nous ne pouvons nous passer d’ELLE… »

(Nicolas Hulot)

À Raphaël, Titouan, Maël

À Léo (†)

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A u cœur du cosmos… À des années lumière de notre

galaxie… dans un autre système solaire…

Horia, petite planète tranquille abritait un monde très diffé-rent de celui que nous connaissons.

Arius, un jeune Horien vivait sur cette planète.Comme tous les habitants de sa planète, c’était un être fili-

forme. Il avait des cheveux rouges, de grands yeux clairs, et côtoyait les robots qui répondaient à tous leurs besoins : aider, soigner, dépanner, protéger ou être utilisés comme simples compagnons de jeux des enfants.

Arius aimait beaucoup sa planète en dépit de ses désagréments.Il faut dire qu’il n’y poussait aucune fleur, aucun arbre. Le ciel

était gris parsemé de quelques nuages orangés. La température n’excédait jamais les 5° et le sol était aride. En fond de paysage, se dressaient des montagnes de couleur rouge émaillées de grands poteaux fluorescents munis de générateurs imposants. Ces derniers recueillaient l’énergie dont les Horiens avaient besoin pour vivre, se nourrir ou se déplacer dans les vaisseaux issus de leur technologie très avancée.

L’accès à ces poteaux était interdit aux habitants d’Horia, par souci de sécurité et parce que cette énergie bien que non polluante, était si intense qu’il fallait l’utiliser à bon escient.

Cependant, un matin, Arius avait échappé à la vigilance de ses parents et était malencontreusement tombé dans un des geysers d’énergie de la montagne interdite…

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Il y avait eu plus de peur que de mal mais il en était ressorti… très… très différent… !! Et cette différence allait s’avérer d’une utilité essentielle dans sa vie future… !!!!

Dans le ciel, le ballet incessant de navettes intersidérales offrait un spectacle éblouissant et insolite à la fois. Elles n’émet-taient aucun son, aucune fumée, et pouvaient passer d’une vitesse très lente à une vitesse démesurée, en toute sécurité. Des barrières de métal cristallin sécurisaient des plate-formes rondes d’embarquement qui permettaient aux Horiens et leur famille d’accéder aux navettes. Ils pouvaient ainsi voyager, explorer leur planète ou l’espace, admirer les feux d’artifice ou les innombrables jeux de lumière des explosions galactiques, tout en écoutant les chants cosmiques des astres…

Horia était une planète austère certes, mais Arius ainsi que les habitants de cette planète vivaient dans une harmonie totale avec la réalité quotidienne, dans l’acceptation du temps et des forces du firmament…

Leurs demeures ressemblaient à des dômes immenses tels de gigantesques igloos. Le matériau souple qui les composait était imperméable pour les protéger de la température extérieure et brillait de reflets lumineux comme pour refléter un soleil qu’ils n’avaient pas ou peu…

Les Horiens étaient rationnels, logiques et surtout bienveil-lants. Ils possédaient une intelligence hors du commun ainsi qu’une prodigieuse mémoire du présent et du passé de l’uni-vers planétaire. Ils transmettaient leur savoir à leurs enfants qui s’instruisaient grâce aux murs tactiles de leur habitation. Le virtuel n’avait d’ailleurs plus aucun secret pour eux.

Ils programmaient sur ces murs les images qui les inté-ressaient, de la naissance des galaxies à l’histoire des autres planètes et particulièrement celle de la planète Terre qui engen-drait beaucoup d’interrogations à son sujet. Depuis qu’il était

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petit, il avait donc appris la genèse de cette petite étoile qui s’était transformée, avait évolué… depuis la disparition des dinosaures après l’impact d’une météorite et le feu des volcans, jusqu’à la renaissance de la végétation et l’apparition de l’homme en même temps que son besoin de domination…

Les Horiens avaient d’ailleurs beaucoup de difficultés à comprendre l’attitude belliqueuse des humains… Les combats qui avaient existé au long des siècles, perduraient encore sur la planète Terre. Les Horiens trouvaient cela dérisoire et inutile. La Terre leur semblait si belle avec ses paysages multicolores, ses mers, ses rivières, ses fleurs et sa lumière féérique qui la magni-fiait tel un bijou dans son écrin…

Pourquoi les Terriens ne vivaient-ils pas comme eux ? Comme un peuple pacifique qui, depuis des milliards d’années, baignait dans une plénitude acquise sur le partage des connaissances et le respect d’autrui ?

Arius était brillant et avide de connaissances quel que soit le domaine. Mais il était surtout passionné d’astronomie, et grâce à son télescope astral, il observait chaque jour l’évolution des planètes et particulièrement celle de la Terre qui l’intriguait avec ses jolies couleurs bleues. Il aurait tant aimé l’étudier de plus près…

Chaque jour il rêvait accoudé sur la rambarde d’une des plate-formes d’embarquement, contemplant les arrivées et départs des navettes, imaginant quitter un jour Horia pour rejoindre la planète Terre !

Et plus le temps passait, et plus Arius désirait mettre son projet à exécution…

Le peuple Horien était très uni et parlait le même langage, sans notion de nation d’aucune sorte contrairement à la Terre. Les Horiens communiquaient dans toutes les langues de l’uni-vers et avaient cette particularité « magique » de percevoir les pensées de l’autre ou lire dans leur regard. Cette faculté leur permettait de se mélanger aisément aux habitants des autres

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planètes lors de missions de reconnaissance ou de recherches scientifiques.

Arius possédait aussi ce don de la télépathie mais depuis son accident survenu dans l’enfance, il s’était rendu compte qu’il avait acquis une énergie « inépuisable », une forme de pouvoir magnétique et surnaturel sur les choses et les êtres vivants… Il avait grandi avec ce secret et avait vu se développer son « génie inventif ». C’est ainsi qu’il avait créé… un laser magique !!… capable de tout analyser et d’apporter des solutions aux problèmes rencontrés.

C’était une véritable prouesse aux yeux des Horiens, admira-tifs de cet adolescent ingénieux, qui s’interrogeait souvent quant à l’utilité de son pouvoir et de son magic’laser ! Il y avait tant à faire dans ce prodigieux cosmos !

Il eut soudain une idée lumineuse. Pourquoi ne rejoindrait-il pas « Planètes sans Frontières » cette organisation au service d’autrui, qui utilisait son courage et sa force dans la sauvegarde des planètes. Il décida de s’y inscrire et fit part de son projet qui fut approuvé à l’unanimité.

La communauté lui apporterait le soutien logistique dont il aurait besoin ainsi qu’une solide formation avant d’entreprendre cette expédition.

Arius profitant du retour d’un joli voyage interstellaire qu’il avait effectué avec ses parents, les informa de son dessein et leur dit : « Chers parents, il est temps pour moi de réaliser mes rêves, d’explorer d’autres galaxies, de découvrir le monde et surtout celui des humains. J’aimerais connaître leurs façons de vivre, leurs difficultés, afin de les aider grâce à mon pouvoir, à mon magic’laser et à notre technologie. Avec mon permis interplané-taire et ma formation réalisée à « Planètes sans Frontières », je pourrais désormais entreprendre cette odyssée ».

Les parents d’Arius savaient que leur fils était plein de bon sens et ne faisait pas les choses « à la légère ». De plus, son côté aventurier correspondait bien à son désir profond d’élargir ses connaissances scientifiques. Pour quelles raisons d’ailleurs empêcheraient-ils leur fils d’être heureux dans l’accomplisse-

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ment de son rêve ?… et ce, malgré les dangers… Ils approuvèrent son choix.

Arriva enfin le jour « J » du voyage intergalactique !

Arius revêtit son équipement spatial et se rendit à la plate-forme d’embarquement de sa navette, heureux d’effectuer ce grand voyage qu’il pressentait déjà inoubliable !

Après les dernières vérifications de la navette et de tous les instruments nécessaires, il n’oublia surtout pas d’emporter son magic’laser, quelques éléments dont il aurait besoin pour se fondre aux diverses populations terriennes, sans éveiller l’atten-tion, ainsi qu’un émetteur d’invisibilité qu’il avait aussi inventé. Il l’utiliserait pour camoufler sa navette.

Il s’installa au poste de commande de sa navette intergalactique.

Paré !!! Direction : la Terre !

Quelque temps plus tard, il côtoyait les étoiles…

Il traversa des galaxies inconnues, évitant les météorites, les chaleurs infernales, et emprunta la jolie voie lactée ! Arius savait que le voyage durerait un long moment… il programma donc sa destination, et prit le temps cependant d’admirer la beauté de cet océan cosmique avant de sombrer dans le monde onirique…

Quelques mois plus tard…

Arius sortit de son sommeil artificiel. Son regard fut attiré par une lumière indéfinissable… à travers sa capsule transpa-rente… il était subjugué ! Il volait sur les coussins des cieux puis

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la navette s’immobilisa et descendit doucement sur un terrain plat et verdoyant…

Une voix synthétique lui annonça : Arrivée Terre !

Il sortit lestement. Il troqua sa combinaison spatiale contre un vêtement à capuche « très tendance sur terre » (il s’était renseigné…) qui lui permettrait de cacher ses cheveux rouges, ne voulant effrayer personne en restant discret. Il avait une mission à accomplir.

Autour de lui… Tout était magnifique !… des couleurs comme il n’en voyait pas sur sa planète, un tapis de verdure comme il en rêvait, des arbres comme il en rêvait, des fleurs comme il en rêvait et ce bleu au-dessus de sa tête l’enivrait plus qu’il ne saurait le dire…

Où avait-il atterri ? Sur terre bien évidemment… quel joli paysage se dit-il…

Il fut surpris des sons qui lui parvenaient ; des bruissements, des chuchotis, des claquements d’air… et du gazouillis des oiseaux. Il les connaissait depuis qu’il était petit par l’intermé-diaire de sa télé astrale mais n’imaginait pas qu’un jour il pour-rait les voir et entendre même leur chant mélodieux !!! Quelle chance avaient ces terriens, se dit-il…

Il fit disparaître sa navette grâce à son émetteur d’invisibilité.

Soudain son pouvoir télépathique lui fit tourner la tête…Près d’un pommier se tenait un enfant, recroquevillé sur

lui-même.

Il s’approcha et s’agenouilla alors près de lui

— Bonjour, Pourquoi es-tu triste ?— Comment sais-tu que je suis triste ?— Parce que je lis dans ton cœur et dans ton esprit— Qui es tu ?— L’ami de tes pensées ou de tes rêves, je m’appelle Arius et

je viens de très loin pour t’aider— Mais… tu ne peux pas faire grand-chose !— Dis toujours…

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— Eh bien, Arius, dans les champs cultivés de mon grand père vivent mes amies les abeilles mais depuis quelque temps, elles se reproduisent moins et disparaissent…

Grand père est en colère car le fermier qui vit près de chez nous n’utilise que des pesticides qui empoisonnent les fleurs dans le champ voisin et aussi nos pauvres abeilles travailleuses. Elles ne retrouvent plus leur essaim ou succombent aux infections… Même nos gentilles coccinelles qui détruisent les pucerons, sont atteintes par ce fléau… ! De plus, le frelon asiatique décime nos abeilles !

Tu sais, Arius, les abeilles butinent le nectar, transportent le pollen de fleur en fleur et sont essentielles à la fécondation et la reproduction des végétaux, fruits, légumes, plantes, ou toutes cultures dont l’homme se nourrit.

J’ai peur Arius, car… s’il n’y a plus d’abeille, notre planète est en danger. Nos ruches seront vides. Il n’y aura plus de miel, plus de culture… et l’homme aura faim !

Arius, Que peux-tu faire ?

Alors Arius lui sourit.Il sortit son magic’laser et le dirigea vers les prés et les ruches

presque vides. La reine d’une des ruches était sortie sur le « palier » et Arius perçut son message triste : « Aide-moi Arius ».

Alors… comme par magie… des centaines d’abeilles rejoi-gnirent les ruches voisines, puis il dirigea son laser vers les prai-ries attenantes et multiplia à l’infini les fleurs qui y poussaient. Une palette de couleurs fantastiques ! Soudain, il entendit un gros bourdonnement près de sa tête encapuchonnée : il savait que la reine voulait le remercier !

Il dit à l’enfant captivé par cet étrange sortilège :— Comment te nommes-tu ?— Léo !— Eh bien Léo, veux-tu devenir le messager des abeilles dans

ton pays et sur la terre ? apprendre aux hommes à respecter les