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8/9/2019 Arrêt Cour d' appel de Toulouse- Octavien Ngenzi contre CPCR
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25/02/2015
ARRÊT N° 261/2015
N° RG: 14/06106PHD/CC
Décision déférée du 03 Novembre 2014 -Président du TGI de Toulouse ( 14/01591)
Octavien NGENZI
C/
Alain GAUTHIERAssociation COLLECTIF DES PARTIESCIVILES POUR LE RWANDA
Grosse délivrée
e
à
REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
***COUR D’APPEL DE TOULOUSE
3eme Chambre Section 2***
ARRÊT DU VINGT CINQ FEVRIER DEUX MILLE QUINZE***
APPELANT
Monsieur Octavien NGENZIMaison d’arrêt de Fleury Mérogis91705 Sainte Geneviève des BoisReprésenté par Me Françoise MATHE, avocat au barreau deTOULOUSE(bénéficie d’une aide juridictionnelle totale numéro 31555-2015-001554du 30/1/2015 accordée par le bureau de TOULOUSE)
INTIME
Monsieur Alain GAUTHIER61 avenue Jean Jaurès51100 REIMSReprésenté par Me Stéphane SOULAS de l’AARPI DIALEKTIK AVOCATS, avocat au barreau de TOULOUSE(bénéficie d’une aide juridictionnelle totale numéro 31555-2015-000574du 16/1/2015 accordée par le bureau de TOULOUSE)
Association COLLECTIF DES PARTIES CIVILES POUR LERWANDA61 avenue Jean Jaurès51100 REIMSReprésentée par Me Stéphane SOULAS de l’AARPI DIALEKTIK AVOCATS, avocat au barreau de TOULOUSE
COMPOSITION DE LA COUR
En application des dispositions des articles 786 et 907 du code deprocédure civile, l’affaire a été débattue le 26 janvier 2015 en audiencepublique, les avocats ne s’y étant pas opposés, devant P. DELMOTTE,conseiller chargé du rapport. Ce magistrat a rendu compte desplaidoiries dans le délibéré de la cour composée de :
P. DELMOTTE, président A. MAZARIN-GEORGIN, conseiller
A. BEAUCLAIR, conseiller Greffier , lors des débats : M. BUTEL
ARRET :
- contradictoire- prononcé publiquement par mise à disposition au greffe après avisaux parties- signé par P. DELMOTTE, président, et par M.L. DUFLOS, greffier dechambre
8/9/2019 Arrêt Cour d' appel de Toulouse- Octavien Ngenzi contre CPCR
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Exposé du litige
M. Ngenzi, bourgmestre, jusqu’au mois d’avril 1994, de lacommune de Karabondo au Rwanda, a fait l’objet d’une ordonnance de miseen accusation devant la cour d’assises de Paris des chefs de génocide etcrime contre l’humanité. Un arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris du 28 mai 2014 l’a renvoyé devant la cour d’assises de
Paris de ces deux chefs ; cette décision fait l’objet d’un pourvoi, actuellementpendant devant la chambre criminelle de la Cour de cassation.
Parmi les parties civiles constituées dans cette procédurepénale figure l’association dénommée Collectif des parties civiles pour leRwanda (le Collectif) dont M. Gauthier est le président.
Le 14 mai 2014, M. Gauthier a fait publier sur le site Internet duCollectif un article intitulé “Octavien Ngenzi et Tito Barahira bientôt devant lacour d’assises ?” dans lequel figurait la phrase suivante “Octavien Ngenzi etTito Barahira ont participé au génocide des Tutsi dans l’ancienne préfecturede Kibungo, est du Rwanda, et plus précisément à Karabondo”.
Estimant que cet article violait la présomption d’innocence dontil bénéficie, M. Ngenzi a, par acte d’huissier du 4 août 2014, saisi le juge desréférés du tribunal de grande instance de Toulouse sur le fondement del’article 9-1 du code civil à l’effet de voir ordonner la suppression de l’articlelitigieux, la publication d’un communiqué rectificatif et la condamnationsolidaire de M. Gauthier et du Collectif à lui payer la somme de 10.000 € enréparation du préjudice subi.
Par ordonnance du 3 novembre 2014, le juge des référés, quia relevé que la phrase litigieuse avait été modifiée, dès le 5 août 2014, pour
être transformée ainsi : “Octavien Ngenzi et Tito Barahira sont suspectésd’avoir participé au génocide des tutsi dans l’ancienne préfecture deKibongo, est du Rwanda, et plus précisément à Karabondo”, a donné acteà M. Ngenzi du désistement de sa demande tendant à voir ordonner lasuppression de l’article litigieux sous astreinte, a dit n’y avoir lieu à référé sur les autres demandes présentées par M. Ngenzi et a condamné M. Ngenzi àpayer à M. Gauthier et au Collectif la somme de 2.000 € en application del’article 700 du code de procédure civile.
Par déclaration du 4 novembre 2014, M. Ngenzi a relevé appelde cette décision.
Vu ses conclusions RPVA du 24 décembre 2014 demandantà la cour - d’infirmer la décision entreprise- de dire que l’article intitulé « Octavien NGENZI et Tito BARAHIRA bientôtdevant la cour d’assises ? » rédigé par M. Gauthier, édité par leCollectif sur son site internet, viole la présomption d’innocence dont ilbénéficie- de lui donner acte du fait que la phrase litigieuse a fait l’objet d’unesuppression à réception de l’acte introductif d’instance et que la demande desuppression de l’article litigieux sous astreinte définitive est désormais privée
d’objet- d’ordonner la publication, aux frais des intimés sur la page d’accueildu même site jusqu’à l’intervention d’une décision définitive sur l’actionpublique et dans deux quotidiens de diffusion nationale, du communiquésuivant : « Par arrêt en date du (la date de l’arrêt à intervenir), la cour
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d’appel de Toulouse statuant a constaté que Monsieur Alain GAUTHIERet le Collectif des parties civiles pour le Rwanda ont porté atteinte à laprésomption d’innocence dont bénéficie Octavien NGENZI en publiantsur le site http://www.collectifpartiescivilesrwanda.fr le 14 mai 2014 unarticle intitulé « Octavien NGENZI et Tito BARAHIRA bientôt devant la cour d’assises ? » dans lequel il est présenté comme ayant participé au génocidedes Tutsi dans l’ancienne préfecture de KIBUNGO, est du RWANDA,et plus précisément à KABARONDO », et ce dans un délai de quinze jours à compter de la date de l’ordonnance à intervenir sous astreinte
définitive de 200 € par jour de retard à compter de la notification de ladécision- de condamner solidairement M. Gauthier et le Collectif à lui verser lasomme de 10.000 € en réparation du préjudice qu’il a subi en raison del’atteinte causé à la présomption d’innocence par l’article susvisé- de les condamner sous la même solidarité à lui verser la somme de 5.000 €sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile.
Vu les conclusions RPVA de M. Gauthier et du Collectif du 21 janvier 2015 demandant à la cour - de dire que l’article publié le 14 mai 2014 sur le site http://www.collectifpartiescivilesaurwanda.fr ne porte pas atteinte à la présomption d’innocence de M Ngenzi- de confirmer l’ordonnance déférée- de rejeter les demandes adverses et de condamner M. Ngenzi à leur verser la somme de 5.000 € au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Motifs de la décision
Attendu que l’article incriminé s’inscrit dans le cadre d’uneinformation générale donnée aux membres de l’association “Collectif desparties civiles pour le Rwanda” et à toute personne intéressée sur l’état
d’avancement de la procédure pénale engagée contre M. Ngenzi et M.Barahira ; qu’il relate dans le premier paragraphe le sens du réquisitoiredéfinitif du procureur de la République de Paris et le cheminement possiblede l’affaire à l’issue de ce réquisitoire ; qu’on ne s’arrêtera pas à l’usage del’expression “deux présumés génocidaires” tant l’emploi du terme “présumé”associé à une qualification correctionnelle ou criminelle a été galvaudé etdétourné, de façon habituelle, de son véritable sens dans la presse écritecomme parlée, et est même utilisé par des élus de la République ; quel’appelant a d’ailleurs lui-même admis dans son acte introductif d’instanceque cette expression était désormais utilisée à contre emploi dans le langagecourant ;
Attendu que le deuxième paragraphe de l’article retrace leparcours de MM.Ngenzi et Barahira après leur départ du Rwanda et lesdiligences effectuées par le Collectif pour retrouver ceux-ci ; que la phraselitigieuse “Octavien Ngenzi et Tito Barahira ont participé au génocide desTutsi...”, pour maladroite que soit sa formulation, ne doit pas être priseisolément mais analysée en fonction de son contexte et de l’article dans saglobalité ; qu’à cet égard, loin d’être rédigé dans des termes outranciers ouexprimant un préjugé délibéré de l’auteur sur la culpabilité de M. Ngenzi,l’article est présenté sous un titre neutre, à la forme interrogative, excluantd’emblée l’affirmation de la culpabilité inéluctable de M. Ngenzi, et retrace,
dans un but d’information du public, les aléas d’une procédure pénale et lescirconstances présidant au renvoi éventuel de M. Ngenzi devant une cour d’assises ; qu’ainsi que l’a retenu le premier juge, par des motifs que la cour adopte, les termes et le contenu de l’article ne sont donc pas de nature àcaractériser une atteinte à la présomption d’innocence dont jouit M. Ngenzi ;
8/9/2019 Arrêt Cour d' appel de Toulouse- Octavien Ngenzi contre CPCR
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Attendu qu’il sera observé surabondamment que le juge desréférés n’est pas le juge du fond et que M. Ngenzi ne peut solliciter, dans lecadre d’une procédure de référé, des dommages et intérêts mais seulementune provision de sorte que la demande en paiement d’une somme de10.000 € se heurte, là encore, à une contestation sérieuse ; PAR CES MOTIFS
La cour
Confirme l’ordonnance déférée, sauf en ce qu’elle a condamné M. Ngenzi aupaiement d’une somme de 2.000 € au titre de l’article 700 du code deprocédure civile ;
Condamne M. Ngenzi aux entiers dépens ;
Vu l’article 700 du code de procédure civile,
Rejette les demandes de M. Ngenzi, de M. Gauthier et du Collectif desparties civiles pour le Rwanda.
LE GREFFIER LE PRESIDENT
M.L DUFLOS P. DELMOTTE.