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Arrt de la Cour dappel de Nyabisindu du 21 mai 1997

GATORANO c/ M.P.

CRIME CONTRE LHUMANITE APPEL ARTICLES 12 ET 24 DE LA LOI

ORGANIQUE DU 30/O8/96 (interprtation) PEINE -DEUXIEME CATEGORIE -

DROIT DE LA DEFENSE (conditions dexercice).

1. Condi tions de recevabil i tde l appel I nterprtati on de l arti cle 24 alina 2 de la loiorganique.

2. Peine justi f ie au regar d des infractions dclares tabl ie Deuxime catgorie

3. Droi ts de la dfense Condi tion du respect Dmarches entames pour bnfici er del assistance d un avocat (non) Atteinte (non).

1) En vertu de larticle 24 de la loi organique, et conformment linterprtation que

lui en donne le Ministre public, lappel doit tre dclar irrecevable ds lors

quaucune erreur de fait flagrante ni violation de la loi na t commise dans le

jugement. Lappel est rgulier en la forme car introduit dans les quinze jours fixs

par larticle 24 mais dclar irrecevable au vu de labsence de manquement constat.

2) Larrt constate que la condamnation prononce par le premier juge nest pas

excessive au regard des infractions dclares tablies par lui et qui classent le

prvenu dans la deuxime catgorie.

3) Il napparat aucun lment au dossier tablissant que lappelant avait entam les

dmarches utiles pour bnficier de lassistance dun avocat en premire instance et

que le tribunal lui aurait refus ce droit. Largument de latteinte au droit de la

dfense est ds lors non fond.

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(traduction libre du kinyarwanda)

RPA 05/l/97/NZA RP0002/l/GIRO R.M.P.A.2/4153/PROGERAL

RMP97854/S2/HJD/NCY

LA COUR D'APPEL DE NYABISINDU, SIEGEANT A NYABISINDU, Y SIEGEANT EN

MATIERE PENALE POUR JUGER DES INFRACTIONS CONSTITUTIVES DU CRIME DE

GENOCIDE OU DE CRIMES CONTRE L'HUMANITE, A RENDU EN SECOND DEGRE

L'ARRET SUIVANT :

EN CAUSE :

Ministre Public.

et Mukeshimana Batrice et Munyampirwa (parties civiles)

Contre :

GATORANO Jrmie fils de Shyiramunda et de Mukambuga, n en 1964, Kibumbwe, Secteur

Kibumbwe, Commune Karambo, Prfecture Gikongoro, y rsidant, mari Mukasharangabo, pre de

trois enfants, agriculteur, sans antcdents judiciaires connus, en dtention prventive depuis le

12.12.1995.

PREVENTIONS :

Avoir Kibumbwe, commune Karambo, Prfecture de Gikondo en Rpublique Rwandaise, vers la fin

du mois de Mai 1994 en tant qu'auteur, coauteur ou complice, assassin -NIYIRORA et

NZISUNGIMANA. Fait prvu et puni par l'article 312 du deuxime livre du code pnal rwandais.

Avoir, dans les mmes circonstances de temps et de lieux, assassin Niyirora et Nzisungimana dans le

cadre du plan prexistant destin tuer les Tutsi et tous les opposants au rgime en place. Faits prvus

et punis par la loi organique n 8/96 du 30/8/1996 organisant la poursuite des infractions constitutives

du crime gnocide ou de crimes contre l'humanit commises partir du 1er octobre 1990.

LA COUR

Vu que les enqutes prliminaires cette affaire ont t effectues par le Parquet de laRpublique de Gikongoro sous le numro RMP97854/S2/PROPE/HJD/NCY ;

Vu qu' la fin de ces enqutes le dossier fut transmis au tribunal de Premire Instance,

Chambre spcialise de Gikongoro, par lettre n 97854/S2/PROPE/HJD/NCY du 08/l/1997 et que le

greffier l'enrla sous le nRP02/96/GIRO ;

Vu que cette affaire ft fixe au 28.01.1997 ;

Vu la citation tablie le 13.01.1997 notifie ce jour Gatorano dans la prison de Butare o il

tait dtenu et sa signature pour rception, les deux infractions tant libelles la citation ;

Vu que Mukeshimana Batrice et Munyampima Joseph se sont constitus parties civiles ;

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Vu la comparution en date du 28.01.1997 du prvenu Gatorano Jrmie, des parties civiles

Mukeshimana et Munyapima, la tenue des dbats en audience publique en prsence de lOMP Rukaka

Gallican ;

Vu quen date du 4/2/1997 le jugement a t rendu et prononc publiquement en ces termes :

Dit recevable laction du ministre public car rgulire en la forme et la dclare fonde ;

Dit tablies linfraction de gnocide et linfraction dassassinat charge de Gatorano et quil doit

tre condamn conformment larticle 312 du livre II du code pnal et de larticle 2 de la loi n8/96

du 30.8.1996 sur lorganisation des poursuites du crime de gnocide ou de crimes contre lhumanit.

Dit galement recevables les actions civiles puisque rgulires mais dclare ne pas pouvoir les

examiner car les parties civiles nont pas pu prouver les relations existant entre elles et les victimes

quelles pourraient leur succder.

DECLARE GATORANO COUPABLE

LE CONDAMNE A L'EMPRISONNEMENT A PERPETUITE

Le condamne aux frais judiciaires arrts comme suit

* 200F pour l'inscription au rle

* 1.000F pour les ordonnances du prsident (celle de fixation du jour d'audience, et celle ordonnant la

dtention prventive)* 900F pour le procs-verbal d'audience

* 300F pour le mandat d'arrt provisoire

* 4500F pour les procs-verbaux d'enqute payer dans les dlais lgaux, une sinon dicte contrainte

par corps de 30 jours suivie de

Condamne Gatorano la dgradation civique et perptuelle prvue l'article 66 alinas 2, 3 et de

pnal rwandais;

Dclare disjointes les actions civiles, celles-ci seront poursuivies ultrieurement quand les parties

seront en mesure de prouver leurs relations avec la victime des infractions commises par expliqu ci -

haut.

Rappelle que le dlai d'appel est de 15 jours suivant le prononc.

Vu que Gatorano Jrmie, non satisfait de cette dcision, a interjet appel en date du 07/02/1997 , que

cet appel a t inscrit au tribunal ayant rendu le jugement, que l'appel est bas sur les motifs suivants

:

Le tribunal na pas tenu compte des preuves que j'ai avances et m'a condamn excessivement ;

sans que soit indiqu l'endroit dans ma proprit o j'aurais enterr les victimes ;

Les tmoins affirment avoir entendu mais qu'ils ne m'ont pas vu en train de tuer ces victimes; J'ai plaid sans l'assistance d'un avocat ;

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Vu la transmission du dossier la cour par le greffier par sa lettre n00382/06.04/05 du 31/3/1997,

dossier reu par cette cour le 3/4/1997 o il fut enrl sous le n RPA 05/1/97/NZA ;

Vu que le dossier a t transmis au conseiller rapporteur ;

Vu l'ordonnance du Prsident de cette cour fixant l'audience au 14/05/1997 ;

Vu la transmission du dossier au Ministre Public ;

Vu qu'au jour fix, l'audience n' a pas pu se tenir suite l'indisponibilit du Ministre public, que

l'affaire fut reporte au 21/5/1997 jour o les dbats eurent lieu publiquement pour examiner la

recevabilit de l'appel form par Gatorano dans ses moyens crits figurant l'acte d'appel ;

Entendu le rapport du conseiller rapporteur ;

OUI le conseiller-rapporteur donner les motifs d'appel de Gatorano tels qu'ils figurent au 8 "Vu"

Attendu que prenant la parole, l'OMP dclara que les motifs d'appel avancs par Gatorano n'ont aucun

rapport avec ce qui est prvu l'article 24 de la loi organique rprimant le crime de gnocide, que ds

lors aucune faute n'a t commise dans le jugement attaqu, termina en demandant de dclarer

irrecevable l'appel interjet ;

Attendu qu' la question pose au Conseiller-rapporteur Musonera Alexis de dire si le dossier

renseigne que Gatorano aurait demand tre assist par un Avocat, il rpondit qu'il n'avait rien vu de

tel dans le dossier ;

Attendu que les dbats furent dclars clos ;

Aprs quoi la cour mit l'affaire en dlibr et rendit l'arrt suivant

Constate que l'appel form par Gatorano est rgulier puisque le dlai de 15 jours fix par l'article 24 de

la loi organique n8/96 du 30/8/1996 organisant les poursuites du crime de gnocide et des crimes

contre l'humanit commis depuis 1er octobre 1990 a t respect, ceci tant prouv par le fait que le

jugement RP.0002/I/GIRO dont appel a t rendu le 04/02/1997 et qu'il interjeta appel le 17/2/1997,

soit 13 jours aprs seulement ;

Constate que le premier motif de Gatorano est qu'il a t condamn excessivement ;

Constate que ce motif n'est pas fond, puisque le tribunal a dcid que l'infraction sa charge tait

tablie, l'a plac dans la catgorie 2 prvue l'article 2 de la loi organique sus-mentionne, alors quel'article 14 de cette loi prvoit que les personnes places dans cette catgorie sont passibles de

l'emprisonnement perptuit, peine qui lui a t inflige, le tribunal n'a enfreint aucune loi en le

condamnant cette peine;

Constate que dans son 4me motif, Gatorano Jrmie avance qu'il n'a pas t autoris tre dfendu

par un avocat;

Constate que ce motif non plus n'est pas fond puisque l'autorisation n'est accorde ou refuse qu' la

personne qui l'a sollicite conformment la loi, Gatorano ne pouvant pas s'en prvaloir puisqu'en

vrit il n'apparat nulle part qu'il a demand tre assist par un avocat et que le tribunal le lui aurait

refus ;

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Constate que les 2 et 3 motifs stipulent que le jugement attaqu n'a pas bien examin les preuves

avances dans l'intention de demander cette cour d'examiner cette affaire au fond alors que doit

d'abord tre examine la recevabilit de son appel comme prvu par l'article 24 de la loi organique n

8/96 du 30/8/1996 dj voque, en son troisime alina ;

Constate que comme expliqu dans les motifs relatifs au l et au 5 moyens d'appel de Gatorano, sonappel ne peut pas tre reu puisqu'il a dj t tabli qu'aucune disposition lgale n'a t enfreinte dans

le jugement attaqu ou que des erreurs y aient t commises puisque l'appel n'est reu que s'il est fond

sur des questions de droit ou des erreurs de fait flagrantes comme le prvoit l'article 24 alina 2 de la

loi organique n 8/96 du 30/8/1996 prcite, que de la sorte il n'est pas possible d'examiner cette

affaire au fond comme il le demande par ses 2 et 3 motifs d'appel ;

PAR CES MOTIFS

Vu l'accord de paix d'Arusha en son protocole sur le partage du pouvoir dans le cadre d'un

gouvernement de transition base largie en ses articles 25 et 26 ;

Vu la constitution de la Rpublique Rwandaise du 10/06/1991 spcialement en ses articles 33, 93, 94

et 95.

Vu la loi organique n08/96 du 30/8/1996 sur l'organisation des poursuites des infractions constitutives

du crime de gnocide ou de crimes contre l'humanit commises partir du 1er octobre 1990,

spcialement en ses articles 2, catgorie 2, 14, 24 al. 1, 2, et 3, 36 et 39;

Vu le dcret-loi n 09/80 du 07/07/1990 portant code d'organisation et de comptence judiciaires

spcialement en ses articles 13, 14, 17, 109, 151, 200 et 201;

Vu la loi du 23/2/1963 portant code de procdure pnale telle que modifie par le dcret-loi n' 07/82

du 7/l/1982 surtout en ses articles 62, 80, 83, 84, 90, 103, 104, 107 al. 1;

Dclare non recevable l'appel form par Gatorano Jrmie,

Le dboute de son appel

Le condamne aux frais

Met les frais d'instance fixs 3.375F sa charge, payer dans les dlais lgaux, sinon dicte une

contrainte par corps de 30 jours suivie de l'excution force, ces frais tant arrts comme suit :

* inscription au rle 300F

* Acte d'Appel 600F* Ordonnance de fixation 750F

* Citation 450F

* Procs verbal d'audience 450F

* Rquisitions du M.P. 375F

* Signification d'arrt 450F

Confie l'excution du prsent arrt au Parquet Gnral prs la Cour d'Appel de Nyabisindu.

AINSI JUGE ET PRONONCE EN AUDIENCE PUBLIQUE CE 21/5/1997. PAR LA COUR

D'APPEL DE NYABISINDU, SEANT A NYABISINDU, COMPOSEE DE : KAYITARE Jean

Pierre, Prsident, KAYONGA J.- Npomuscne, conseiller, MUSONERA Alexis, Conseiller,KAMANZI KIBIBI, OMP et UWAMUNGU Emmanuel, greffier.

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Conseiller Prsident Conseiller Greffier

Kayonga J; Npomuscne Kayitare J.Pierre Musonera Alexis Uwamungu

Emmanuel

(S) (S) (S) (S)

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